bakchich N° 20

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Bachelot accro aux labos | P. 3

bakchich

N° 20 | du SAMEDI 17 au vendredi 23 avril 2010 | informations, enquêtes et mauvais esprit

pasqua le procès qui fait Sarko ressuscite l’ORTF | P. 5 En poussant le jeune patron d’Europe 1 Alexandre Bompard à la tête de France Télévisions, Nicolas Sarkozy réaffirme sa mainmise sur les médias français.

foot

La triche, une passion mondiale | P. 10 internet

WikiLeaks, le site qui affole la CIA | P. 11 pipole

Benjamin n’a Biolay aucun secret | P. 15

L 13723 - 20 - F: 1,00 

portrait

Bel : 1,50€ - CH : 2,50FS

François Baroin cheval de Troyes | P. 16 Et sur Internet

Pages 6 à 8


Apéro progrès

parisot dans les choux L

cette peur qui rend docile

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ans son film Dure journée pour la reine, René Allio montre une femme de ménage qui, après lecture de la presse du cœur, se fait du souci pour la cour d’Angleterre. Aujourd’hui, alimentée par des bons experts, la presse sans cœur nous assène que nos retraites n’ont plus d’avenir. Mais sachez que, comme la femme de ménage d’Allio, on nous prie de pleurer sur un sort qui n’est pas le nôtre. Pourquoi ? Parce que d’autres experts, tout aussi pertinents mais qui ne font pas partie du sérail, nous disent qu’il n’y a pas le feu, que le déficit abyssal annoncé pour 2050 – soit 2 600 milliards – n’a que peu de pertinence à un tel horizon (lire ci-dessous). Pourquoi cet affolement ? Un homme qui a peur devient docile. Il accepte la flexibilité, c’est-àdire l’emploi en miettes qui le tient à merci et permet de le payer à l’heure de travail, comme l’illustre le magnifique reportage au long cours de Florence Aubenas, le Quai de Ouistreham. Bonne conseillère, la peur engendre l’individualisme contre la solidarité. À l’Élysée, c’est la solidarité qui, apparemment, prime. Le président de la République voudrait faire cadeau du service public télévisuel à ses amis Stéphane Courbit, Alain Minc et Alexandre Bompard, des « entrepreneurs », qui souhaitent produire les programmes et diriger France Télévisions (lire page 5). Pour la liberté, restera le bulletin météo ✹

la rédaction

Qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Si y en a un qui me pollue véritablement, c’est Nicolas Hulot !

L’acteur Gérard Depardieu, après que les journalistes de 7 à 8 (TF1) lui ont fait remarquer qu’il s’était baigné dans une rivière polluée pour son dernier film.

Bercy bat en retraites e rapport du conseil d’orientation des retraites (COR) – qui annonce un déficit cumulé de 2 600 milliards d’euros en 2050, à raison de 100 milliards par an – aura eu deux mérites : d’abord faire découvrir cet organisme à la population, qui a du mal à identifier toutes les « autorités » sans pouvoir. Ensuite, ramener les débats politiques sur un terrain connu. Comme les retraites vont être « la mère des réformes » du quinquennat, ce rapport vient à point nommé. Que les prévisions à 2050 soient à peu près aussi fiables que les ineffables anticipations des climatologues n’a guère de conséquences. Les retraites occupent désormais le devant de la scène. On est de retour dans un monde connu, avec réunions entre partenaires sociaux où chacun joue sa partition. Ce classicisme est reposant après les années d’élucubrations lors de divers Grenelle où des saltimbanques à la Nicolas Hulot venaient se faire une notoriété sur le dos des institutionnels. Le COR, les retraites, la CGT, SUD-Rail, la SNCF en grève pen-

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les trophéEs La riche idée de la semaine

En Argentine, depuis que le parti au pouvoir a perdu la majorité au Sénat, les absences répétées des parlementaires paralysent le Congrès. Le vice-président du pays et président de la Chambre haute, Julio Cobos, vient de trouver la parade : il publie les noms des élus fantomatiques. Et une nouvelle loi a été adoptée : chaque absentéiste verra son indemnité parlementaire réduite de 20 %. Accoyer pourrait faire ça… mais elle n’est pas assez haute, sa voix.

Le pirate de la semaine

La Sacem le dit sur son site : « Depuis 2002, le téléchargement illégal a eu des effets désastreux sur l’économie de la filière musicale, dont les revenus ont chuté [de 19,9 % en 2008, ndlr]. » Larmes de croco : les sociétés qui collectent et répartissent les droits des artistes ne souffrent pas, elles, de la crise. Parachutes dorés, salaires mirobolants, frais de gestion très élevés, le rapport 2010 de la commission de contrôle frappe fort. Ce rapport, on le télécharge ?

Le cerveau de la semaine

coup de boule

L

coulisses

dant quinze jours, voilà du connu. Que tout le monde soit contre les conclusions du COR est sans importance. Ce qui compte, c’est la façon d’être contre. C’est elle qui vous positionne sur l’échiquier politique. D’autant qu’en visant l’horizon 2050 on peut tout dire. En revanche, la Sécurité sociale fait eau, avec 30 milliards de déficit, une dette accumulée qui atteint 8 % du PIB. Face à ce problème immédiat, Bercy ne sait comment s’y prendre. Les syndicats imaginatifs style CGT, relayés par la « vraie gauche », ont pourtant la solution : faire payer les riches. Le trésor caché et sans limites existe : les profits financiers. En face, le Medef a une réponse digne du « poumon de Molière » : comme toujours, nos maux viennent des charges sociales, « écrasantes ». Donc il est impossible de les augmenter. Si vous avez une idée pour éviter de rajouter, cette année, 30 milliards à la dette de la Sécu, appelez Bercy. Pour 2050, inutile de vous mobiliser, il y a déjà du monde sur le créneau ✹ alceste

Bakchich Hebdo N°20 | du samedi 17 au vendredi 23 avril 2010

« Beau et con à la fois »… La chanson de Jacky, de Brel sied à merveille à André Reithebuch, alias Mister Suisse, depuis sa participation à un jeu TV. « La Seconde Guerre mondiale a commencé vers 1900 », a soutenu le bellâtre qui n’a, d’après le quotidien alémanique Bilk, su répondre qu’à la question : « Qu’est-ce que le clitoris ? » Bien assez pour être présentateur télé.

L’homophobe de la semaine

Tarcisio Bertone, le numéro 2 du Vatican qui a assimilé homosexualité et pédophilie, s’est fait devancer dans son audace. Mike Huckabee, candidat à l’élection présidentielle américaine de 2008, s’est illustré en comparant les personnes favorables au mariage homosexuel à des militants qui prôneraient la légalisation de l’inceste, de la polygamie ou de la toxicomanie… Quant à l’adoption : « Les enfants ne sont pas des chiots », a aboyé l’ex-gouverneur de l’Arkansas. À la niche !

Mot à Mot

Quand on est polonais, cul-bénit, grand inquisiteur et copain du pape, on ne devrait pas avoir peur de prendre un avion présidentiel à l’heure de la messe. Sauf à dire que Dieu n’existe pas, ou alors, pas celui des Polonais, ou alors, à la différence des enfants de chœur irlandais, ses voies sont vachement impénétrables. Le divin chef d’un pays où il faut un certificat de baptême pour passer son CAP de médecin ou son doctorat de plombier, devrait au moins pouvoir se fier à sa

religion totalitaire ! Remarquez, la Grèce, elle, est orthodoxe à donf, mais pas ses finances. Et je ne dirai pas que les bousculades meurtrières de La Mecque ou les séismes d’Indonésie font mauvaise pub au prophète, pour ne pas passer pour un islamophobe. Mais je le pense. J’en ai marre des phobies. Marre d’être papophobe si j’écris que, voyant sans sourciller que seuls ses prêtres pratiquent encore régulièrement le jeune pendant le carême, notre berger allemand – je veux dire : notre pasteur germanique, qui met la capote à l’index comme un vrai gland – est trop peu pédophilophobe. D’être homophobe si j’estime que la Gay Pride arrive, en matière de mauvais goût et de musique nulle, juste après le défilé du carnaval de Nice, ou qu’il est tout de même un peu contrariant de voir l’hé-

aurence Parisot va donc être réélue à la présidence du Medef pour un deuxième mandat. Il y a quelques semaines, cette libérale de choc s’inquiétait encore car tout le monde lui voulait du mal : les grosses fédérations patronales comme l’UIMM ou l’Ania (agro-alimentaire), les rivaux potentiels (Geoffroy Roux de Bézieux, Thibault Lanxade, Sophie de Menthon), sans oublier les collaborateurs qui ont fini par claquer la porte. La brave Laurence, conseillée par la papesse de la com Anne Méaux, est aujourd’hui en route pour une réélection qui s’annonce tout sauf triomphale. Elle va gagner, mais les grands patrons pensent qu’elle n’est pas au niveau. Certains la trouvent même caricaturale dans sa défense de la politique de Super Sarko. Des attaques machistes, sans aucun doute. Selon quelques dirigeants des cercles patronaux, le Medef a perdu toute personnalité depuis Parisot et il ne sait pas quel discours adopter, voulant plaire surtout aux petites et moyennes entreprises, alors que son financement provient des multinationales. Le plan B est donc déjà en préparation : des patrons pensent que les grandes entreprises doivent avoir leur propre organisation qui regrouperait diverses structures comme l’Afep (Association française des entreprises privées, présidée par Maurice Lévy), le Cercle de l’industrie, etc. Le tout soutenu par de grosses fédérations comme l’UIMM, où la brave Laurence ne compte que des amis depuis qu’elle a voulu kärchériser ces messieurs, au prétexte que des enveloppes circulaient. Quid du Medef  ? Les plus charitables pensent qu’il devrait se rapprocher de la CGPME, qui défend, elle aussi, les PME. Si ce plan est exécuté comme prévu, Parisot risque de se retrouver à la tête d’une coquille vide. C’est pas de chance ✹

gari john

téro refoulé de certains bars du Marais à peine plus poliment que Mohamed du Macumba. D’être judéophobe parce que le mur anti-Arabes me révulse, anglophobe les jours de Grand Chelem, claustrophobe quand je redoute la panne de l’ascenseur social, hexakosioihexekontahexaphobe tous les 666 du mois, et triskaidekaphobe le 13. Qui n’a pas sa phobie ? Normal, on n’arrête pas de nous faire peur : peur de la crise, de la dette, du chômage, du cancer du côlon, du réchauffement climatique, des radars, de la censure, des inondations, de la rumeur, et même, pour rire, de la grippe mexicaine. Bref, si, vous aussi, vous êtes sarkophobe, rassurez-vous : c’est moins pire qu’être sarcophage ✹

jacques gaillard


Apéro

Bachelot et labos, relations coupables grippe A Un courrier du ministère de la Santé au laboratoire GSK révèle que des millions de doses de vaccins étaient commandées, un mois avant l’officialisation de l’état de pandémie.

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rois mois que la grip« renforcer la confiance que les pe A a rendu son dernier Français doivent avoir dans l’expertise scientifique ». souffle. Première vaccinée, Roselyne Bachelot, Un malheur n’arrivant jamais ministre de la Santé et des Sports, seul, Bakchich s’est procuré un souffre pourtant d’effets seconcourrier du directeur de cabinet de Bachelot daté du 14 mai 2009, daires. La faute à la commission d’enquête menée au Parlement adressé à Hervé Gisserot, le présur la campagne de vaccination sident de GSK France, principal contre le virus. Auditionnée le industriel pharmaceutique pro23 mars par la Chambre haute, ducteur de vaccins. Le courrier dame Bachelot confirme « l’intention du gouétait tenue de Des contrats dormants v er nement de justifier l’achat procéder à la de 94 millions de liaient l’État aux labos commande de doses de vaccin : pharmaceutiques. 50 millions de « Nous ne savions pas comment doses contre le viallait évoluer la grippe. » Avant rus A/H1N1. Cette commande fera l’objet d’une réservation immédiad’ajouter que « c’est une chance de pouvoir s’appuyer sur une experte dont le coût sera facturé 1,50 euro tise », et de conclure qu’il faut hors taxes par dose de vaccin, soit

la somme de 75 millions d’euros hors taxes. » Or ce n’est que le 11 juin qu’est donnée l’alerte de la pandémie virale, avec le passage en phase 6 annoncé par la porteparole de l’Organisation mondiale de la santé, Fadela Chaib. Le gouvernement français fait alors mine de se tourner vers le Haut Conseil de la santé publique pour une expertise en vue de l’organisation d’une campagne de vaccination. Une consultation pour du beurre car, dans le courrier du 14 mai cité plus haut entre les services de la ministre de la Santé et l’un des principaux laboratoires, la messe est dite : « le planning de livraison indicatif  : 15 millions de doses au plus tard le 31 octobre 2009, 15 millions le 15 novembre et 20 millions le 31 décembre ». Pour Gérard Bapt, député PS et membre de la commission d’enquête, c’est la preuve qu’il y avait « bien plus qu’une déclaration d’intention ». « Quand on consent à verser 75 millions, on comprend que des contrats dormants liaient les États aux producteurs de vaccins. Tout cela fait dans la précipitation. » Didier Houssin, directeur général de la Santé, eut bien du mal à justifier l’existence de cette lettre aux députés : « En avril, mai et juin, nous avons noué des contacts avec les industriels. Mais ce n’étaient que des lettres d’intention. » Un simple procès d’intention, donc ✹ louis cabanes www.bakchich.info

Un rappel de vaccination contre les dommages collatéraux de la grippe A : http://minu.me/23hw

revanche

le forum de monsieur cécilia

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epuis ses épousailles, le 23 mars 2008, avec Cécilia ex-Sarkozy, rien ne va plus pour le célèbre publicitaire Richard Attias. Sa société PublicisLive, une entité de Publicis, se passe brutalement de ses services, sans lui donner la moindre explication. Pur hasard, le groupe Publicis est réputé proche du locataire de l’Élysée. Richard Attias a pourtant fait le succès le fameux forum de Davos, qui voit converger dans les montagnes suisses, à la fin janvier, tout ce que la planète compte de chefs d’État, patrons de multinationales, starlettes et crapules notoires. Congédié sans ménagement, mais nullement découragé, Richard reprend par la main l’ex Mme Sarkozy et s’installe

à New York. Cette fois, son nouveau projet, « The Experience », semble tenir la route. Il va créer, les 21 et 22 juin prochains, le forum de New York, avec le soutien du New York Times notamment. « On ne peut s’empêcher de voir dans le Forum de New York une étrange similitude avec celui de Davos. Une réponse du berger à la bergère », constate la primesautière presse helvète. Les grands décideurs de la planète pourraient préférer se retrouver dans la plus grande ville américaine plutôt que de se geler dans une station de ski perdue au beau milieu des Alpes suisses. Et Richard Attias de tenir sa vengeance. À la fois vis-à-vis de Davos et de Publicis✹ lara mace

chef scoop Hortefeux dans le collimateur

Entre Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy, rien ne va plus. Le Président, qui estime « modestement » avoir « tué le job » comme ministre de l’Intérieur, reconnaît désormais publiquement que son ami n’est pas à la hauteur, place Beauvau. Il s’en est ouvert auprès de certains responsables départementaux de l’UMP : « Je sais que vous n’êtes pas contents du travail du ministre de l’Intérieur sur la sécurité. On aime beaucoup Brice, mais ça ne va pas, il n’est pas au niveau, je vais reprendre les choses en main. » De plus, Sarkozy en veut beaucoup à son copain de s’être planqué pendant toute l’affaire de la rumeur sur le couple présidentiel, alors que ce sont ses services qui ont mené l’enquête. « La firme Charon-Hortefeux-Lefebvre roule des mécaniques, s’est-il emporté, ils gonflent leurs muscles, ils font les frimeurs en disant qu’ils me protègent mais, dès qu’il y a trop de vent, ils sont sous la table en train de trembler. » ✹

Une breloque pour Dati

Sarkozy ne veut pas Tremblay

Pendant la chute, les grandes manœuvres continuent dans la maison Poulaga. Et Sarko Ier, en chute dans les sondages, de réenfiler le képi de premier flic de France. Tandis que la Seine-Saint Denis se met à Tremblay (encore quatre bus brûlés le 14 avril), le squatter de l’Élysée installera lui-même le nouveau préfét du département, l’ex-patron du Raid, Christian Lambert. Une petite visite à Bobigny, prévue le 26 avril, qui promet.

La police se contente de peu

Les syndicats de policiers, réunis place Beauvau le 8 avril, sont ressortis ravis de leur entretien avec Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale : « Il est sur la même ligne que nous sur la réforme de la procédure pénale. » En gros, la copie est intégralement à revoir et le texte inapplicable en l’état. Pas grave. La Basque Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice, a l’habitude de l’imprévu et du rugby, où l’on ne sait jamais comment le ballon va rouler.

Ségolène, la villa marocaine

À Essaouira, Ségolène Royal a honoré de sa gracieuse présence un colloque sur le thème de « La place de la femme dans le monde méditerranéen ». En réalité, si Ségolène est venue raconter sa vie, elle a passé très peu de temps au colloque. Surtout, elle a profité de l’invitation pour prospecter l’immobilier, si chic, des environs d’Essaouira avec son compagnon André Hadjez. Comme cette très belle villa proche de la mer et du terrain de golf. Dans la ville fortifiée, Ségolène n’est pas dépaysée. Cette cité est, historiquement, celle des corsaires, elle, la pirate du PS.

Morin prend ses distances

Alors qu’un projet de loi sur le voile intégral viendra probablement en discussion à l’Assemblée, le ministre de la Défense Hervé Morin prend ses distances : « Je suis curieux de voir comment on appliquera une loi sur la burqa dans les banlieues ou dans certains magasins de luxe des Champs-Élysées », a-t-il noté, le 10 avril, sur Twitter.

Une nouvelle breloque pour Rachida Dati. L’ancienne garde des Sceaux va recevoir le 23 avril le Wissam Alaouite (l’équivalent de la Légion d’honneur) dont les insignes lui seront remis par Mustapha Sahel, l’ambassadeur du Maroc en France. Encore un signe de la bonne tenue des réseaux de dame Dati au royaume enchanté, après son invitation aux fiançailles de Brahim Fassi-Fihri. Le bling-bling a un avenir de l’autre côté de la Méditerrannée.

Botul bat BHL

Les livres de Jean-Baptiste Botul, philosophe inventé par un groupe d’espiègles de la pensée, réalise des ventes bien supérieures aux ouvrages de l’homme qui l’a rendu célèbre bien malgré lui, Bernard-Henri Lévy. De la guerre en philosophie, de BHL, est seulement 17e du classement des ventes de Philosophie Magazine d’avril 2010, quand la fiction sur Botul, la Vie sexuelle d’Emmanuel Kant, plastronne en 4e position. S’il n’existait pas, BHL serait-il un meilleur philosophe…

Le faux passeport ne passe pas

Longtemps réfugié en France, l’ancien barbouze syrien Zouheir Siddiq vient de révéler qu’en 2006, le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, lui a remis un faux passeport tchèque. Après l’assassinat de Rafic Hariri, en 2005, Siddiq, soudoyé par des opposants et « devenu millionnaire », a désigné le président syrien Bachar Al-Assad comme « responsable de l’attentat ». Et c’est de bon cœur que Jacques Chirac a abrité le faux témoin. En 2009, l’espion se fait prendre à Abou Dhabi, qui le condamne à six mois de prison pour l’utilisation de sa pièce d’identité frauduleuse. Une affaire levée par le site France-Irak Actualité. Après le scandale des exécuteurs du Mossad à Dubaï, cette histoire de passeport franco-tchèque fait désordre.

La finance ne banque plus

Même les cols blancs de la finance commencent à éprouver des sueurs froides pour leur job. C’est le cas chez Oddo, une grosse banque indépendante et gestionnaire de fortune. « L’ambiance est des plus charmantes. On nous fait comprendre qu’on commence à coûter très cher par rapport à nos collègues tunisiens », souffle un cadre sup parisien. Machiavélique, début 2009, Oddo a monté une filiale à Tunis, embauchant plusieurs dizaines d’analystes financiers à moindre coût. Les banquiers vont-ils mettre le feu au coffre ?✹

du samedi 17 au vendredi 23 avril 2010 | Bakchich Hebdo N°20

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Apéro grève du samu social

hôpital

ces médecins qui passent à l’acte ment un médecin âgé de 62 ans, qu’une femme d’origine africaine avec trente-huit années vécues s’est présentée pour un poste de ici, en vient à se mettre en l’air. praticien hospitalier, le patron, Commençons par les urgences, ne jugeant pas la dame à sa convepar où transitent presque tous nance, a convoqué l’inspection les 12 500 patients, la plupart très générale. Finalement, elle n’obâgés, qui se rendent à Stell. Sous la tient le poste qu’après avoir été, baguette du Dr Jacques Fogelman, dit-elle, « diffamée ». ce service est Cerise sur le militaire. Nos pansement, l’hôTentative de suicide, témoins raconpital touche un tent que, jusnouveau direcdépressions… À Stell, qu’au der nier teur, Yannick le bilan social est terrible. moment, le planLorentz, qui, « contrairement ning de travail aux vases, ne communique pas », est tenu quasi secret. Difficile de prendre des vacances en famille, affirment nombre de ses sujets. la vie sociale se limite au boulot. Ayant bien intégré les rêves En réanimation, aussi sous la de Roselyne Bachelot, Lorentz coupe d’airain du Dr Fogelman, flanque une quarantaine de perrien n’est simple non plus. Lorssonnes à la porte. Bizarre, cette purge ne guérit pas l’ambiance. La vie à Stell est si peu apaisée qu’il arrive aux médecins de base de tomber en dépression. Cet hosto n’avait qu’à s’engager dans l’armée, un secteur où la santé ne fait pas d’économies. Selon la Cour des comptes, en 2008, nos neuf hôpitaux militaires ont cumulé un déficit de 310 millions d’euros, contre 575 pour l’ensemble des établissements civils de France. C’est peutêtre pour cette raison qu’à Stell le personnel marche au pas ✹ URBA NEAL

bab’ el web Un bon tchat en famille

En une semaine, deux études plutôt flippantes sur les vertus de la communication technologique ont été publiées. La première, analysée par le Daily Mail, montre qu’un tiers des utilisateurs britanniques de Facebook préfèrent communiquer virtuellement avec leur famille plutôt qu’en face à face. Soit. Mais c’est surtout l’enquête menée auprès d’Allemands de moins de 25 ans, publiée sur le Huffington Post, qui interpelle. Onze pour cent des jeunes utilisant les réseaux sociaux auraient vérifié leur messagerie sur Facebook pendant leurs ébats sexuels. Coïtus non interruptus ?

Délation électronique

À qui le quotidien du Vatican a-t-il donné « l’absolution complète » ? A. Aux prêtres pédophiles qui ont avoué leurs pêchés. B. Aux Beatles, qui s’étaient dits « bigger than Jesus ». C. À Jean-Marie Bigard, pour son Lâcher de salopes. D. Au numéro 2 du Vatican, qui a lié pédophilie et homosexualité. Réponse : B. 44 ans après la déclaration de John Lennon, le Saint-Siège a ajouté que le groupe « n’était pas le pire exemple pour la jeunesse de l’époque ».

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i coquet établissement d’une banlieue si chic, l’hôpital Stell de Rueil-Malmaison (92) cache-t-il, derrière ses murs blancs, un volcan social ? Dans la nuit du 25 au 26 février, un vétéran de l’hosto, le Dr Didier Bricout, a tenté de se suicider en s’injectant de l’insuline. Depuis cette date, il survit dans une forme de coma. Même si l’interprétation de ce geste est compliquée, des témoins, qui affrontent chaque jour l’ambiance de cet établissement décrite comme « rude », désignent le comportement des managers et autres mandarins de l’hôpital. Avant de commettre son geste, Didier Bricout a rédigé trois courriers, dont des copies existent, pour expliquer com-

Les services de contrôleurs fiscaux se mettent à l’heure du Web dans les municipalités du Danemark, selon le site Presseurop.eu (http://minu.me/23e2). À l’initiative du maire de Copenhague, un site Internet va s’ouvrir pour que chacun puisse tranquillement dénoncer son voisin qui travaille au noir ou bénéficie d’allocations sans en avoir le droit. La balance (une sorte de baise-personnes) est à la mode.

L’étalon républicain

Pour les armes à feu, contre l’avortement et les impôts, le multimillionnaire américain Carl Paladino est, d’après ses dires, « le seul républicain à s’engager à 100 % avec des valeurs conservatrices ». Ce tout frais candidat au poste de gouverneur de New York voit sa campagne plombée par le site WNYMedia.net, qui vient de publier quelquesuns de ses mails. L’envoi de vidéos racistes semble être l’activité préférée du sexagénaire. Exemple puant : le clip intitulé la Répétition de l’intronisation d’Obama montre des danses de tribus africaines. Paladino, qui voit le mâle partout, partage aussi avec ses amis des vidéos pornos mettant en scène des femmes soumises ou en train de copuler avec un cheval. Il n’aime plus son éléphant ? ✹

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Bakchich Hebdo N°20 | du samedi 17 au vendredi 23 avril 2010

bien vu

TF1 au piquet… de grève

Rachida Dati, la nuisible

L’info. « Rachida Dati s’est occupée d’un certain nombres de dossiers sensibles auprès de Sarko (...), elle sait donc beaucoup de choses. » Un ministre dans le Canard Enchaîné du 14 avril. Le décryptage. Ce n’est pas la première fois que cette allusion aux nuisances potentielles que pourrait provoquer Rachida Dati est évoquée dans la presse. Ainsi, en décembre 2008, le Point écrivait : « Des âmes charitables affirment qu’à l’heure de la curée Rachida Dati, qui connaît les histoires de famille du département des Hauts-de-Seine pour s’être occupée pendant quelque temps, en 2005, du secteur sensible des marchés publics, saura, le cas échéant, se rappeler aux bons soins de son protecteur. » Des propos dont elle s’était publiquement indignée à l’époque. Cette fois, la brève de l’hebdomadaire satirique est passée aussi facilement qu’un appel d’offres dans le 92.

Une bonne paire de Clark

L’info. Dans son émission Comme on nous parle, sur France Inter, Pascale Clark recevait Françoise Hardy pour la sortie de son dernier album (13 avril). Le décryptage. Dédiée, à l’origine, à la communication, l’émission de Pascale Clark prend depuis quelque temps une tournure plus culturelle. Y ont défilé la photographe Bettina Rheims, les chanteurs Julien Doré et Alain Souchon, ou encore le musicien-animateur André Manoukian. Une émission aux accents culturels, donc, juste après une émission… culturelle, Pascale Clark passant à l’antenne après Esprit critique de Vincent Josse. Un doublon ? De là à penser que Philippe Val prépare des ajustements sur la matinale d’Inter…

L’info. « TF1 : une grève coup de semonce le 3 mars dernier ? » Télé2semaines.fr, le 29 mars. Le décryptage. Une grève sur la Une ? En voilà une bien bonne. Tellement bonne qu’aucun média ne s’en est fait l’écho. À part le site Internet de Télé 2 semaines. Pourtant, le 3 mars dernier, une équipe de vidéomobiles (cars VHS pour les directs) de TF1 a bien cessé le travail pendant plusieurs heures pour protester contre les licenciements à venir de deux leaders syndicaux. On attend toujours le compte-rendu de la grève dans le JT de Jean-Pierre Pernaut, présentateur du 13 heures… et élu CFTC.

« 20 Minutes » amnésique

L’info. « Immobilier : la loi Scellier crève le plafond », titre 20 Minutes, précisant : « en vigueur depuis 2009, elle permet de réduire ses impôts » (le 8 avril). Le décryptage. Le dispositif Scellier a été sévèrement critiqué ces derniers mois. Beaucoup d’acquéreurs de logements neufs se retrouvent en réalité avec des appartements inlouables aux prix escomptés. Visiblement, le quotidien gratuit est passé à côté de la controverse. Peut-être aveuglé par les pubs des organismes de crédit et les promoteurs immobiliers qui ont gavé ce numéro ? Au choix : Nexity, Crédit logement, Crédit foncier… Les principaux bénéficiaires de la loi…

Une belle histoire d’amour

L’info. « Pascal Thomas signe une comédie atypique et savoureuse », Le Journal du dimanche du 7 avril, à propos du film Nous allons vivre… Le décryptage. Carlos Gomez, l’auteur de l’article, en fait des tartines sur Nous allons vivre une très, très belle histoire d’amour, le dernier film de Pascal Thomas, très moyennement apprécié par la critique. Sans doute parce que le même Gomez, sentant le vent tourner dans son canard, essaie de se reconvertir : il a écrit un scénario qu’il veut à tout prix refiler à… Pascal Thomas ✹


Filouteries audiovisuel Alexandre Bompard a fait ses preuves en Sarkozie. Si bien qu’à seulement 38 ans, le patron d’Europe 1 est fortement pressenti pour être nommé à la tête du mastodonte France Télévisions par le chef de l’État – une première. Un Bompard en avant, un bon pas en arrière.

Sarkozy à la télécommande de France Télé

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ilence radio. Depuis sur les droits du foot, l’une des la fuite de son nom mamelles de la chaîne cryptée. dans la presse comme Ce qui lui vaut l’appréciation probable successeur du boss Bertrand Méheut, mais de Patrick de Carolis pas la place de second, trustée à la tête de France par Rodolphe Bellmer. Ce dernier surnomme Bompard « PenTélévisions, Alexandre Bomtium XII » : une analyse rapide, pard, l’actuel patron d’Europe 1, ne répond plus. une prise de décision franche et Rue François-Ier, au siège de la un côté inhumain, tel le procesradio, « on ne le voit plus depuis seur informatique. quelques jours », confie un élu du Une intelligence froide, mais quel personnel. Le temps, disent cernez, toujours ! Pile au moment où tains, de constituer son état-major Bompard quitte Canal, en 2008, pour prendre les rênes de l’audioSarko I er tance publiquement les patrons de la chaîne : « Alors, visuel public. À 38 ans, Alexandre M. Méheut, sur votre chaîne, on se Bompard deviendrait le plus jeune plaît à me railler aux Guignols de président de France Télévisions. Mieux, le premier à être directel’info, à parler de ma vie privée, ment nommé par le président de mais quand le couple Gaccio-Royal la République, après l’adoption de parade dans les journaux people, la loi de mars 2009 sur la réforme pas un mot ! » Il était grand temps de l’audiovisuel public voulue par pour un Bompard fils de baron Après deux ans de magistère, Que Carla Bruni décide de mettre Sarko. « Un sacré coup de poker », RPR savoyard, de diriger une crèdes lauriers attendent Alexandre fin aux rumeurs sur les infidélités raille un rival d’une station privée merie un chouia plus sarkozyste. Bompard, avant même son évendans son couple, c’est sur Europe 1 tuelle sortie d’Europe 1. Les et pas franchePar chance, qu’elle le fait. Avec ses exigences. ment gauchiste. s’ouvre la hommes qu’il a relancés n’en Sans caméras et en léger différé. Mission : mettre « Passer d’une disent que du bien. De « l’intelporte d’Europe Bompard obtempère. Quand Stél’audiovisuel public radio de 200 perlectuel » Nagui au « journaliste » 1, la radio d’Arphane Courbit tente d’arrêter sonnes à 9 % naud LagarFogiel. Les audiences ont suivi, la polémique sur la vente de la en ordre pour 2012. d’audience au dère, le pote du paraît-il. « Il s’en va avant que régie publicitaire de France Télémonstre France le soufflet retombe », persifle un Président. visions, il ne s’exprime qu’une Télévisions… La mission assi« Il s’est toujours tourné vers les confrère patron. Et d’ajouter : seule fois. Sur Europe 1. puissants, raconte un ancien « Se payer des stars pour booster gnée est claire. Mettre en ordre À France Télévisions, le futur l’audimat, tout le monde sait le pour 2012. » Et si le Stéphanois confrère. C’est un tueur sympapatron, quel qu’il soit, aura du pain sur la planche : 11 000 sala(de naissance) était un peu vert thique qui sait s’adapter au niveau faire. » Certes. Mais dérouler, pour le poste ? de son interlocuteur. » Capable de avec un tel doigté un si seyant riés, des syndicats puissants et « Alexandre a un destin », assure passer du vouvoiement à une distapis rouge sous les petons de nombreux chantiers, comme pourtant un proche de ce pascussion pipi-caca avec le trublion de la Sarkozie relève d’un art par exemple la restructuration en sionné de De Gaulle. Les seuls d’Europe 1, Laurent Baffie. consommé de la prise de risque. entreprise unique. Jean-François revers qu’il admire sont ceux de Roger Federer. « À part sa famille, le seul être humain qui peut détourner son attention est le champion de tennis », confesse un ami. Bompard n’hésite pas à ’est pas possible ! Quelqu’un dans l’entourage liés tant à Neuilly qu’à la Savoie. Nouvelle tête de faire un aller-retour express à de Sarko va-t-il se réveiller pour lui dire que pont, Bompard, donc, quasi sûr d’arriver à bon port, cela se voit ? » Pas franchement du genre à New York, histoire de zyeuter un est talonné de très près par l’ex-boss d’Endemol Stématch de Federer. manifester le couteau entre les dents pour défendre phane Courbit, Neuilléen d’adoption, Tropézien l’été De sauts de puce médiatiques le service public, ce haut cadre d’une chaîne privée et Courchevelois l’hiver. Caché derrière les sièges en calculs politiques, Alexandre n’en revient toujours pas. Alexandre Joubertdu fond, Bruno Patino, l’actuel patron de France Bompard n’a récolté que des satisBompard, 38 ans tout mouillé, favori pour prendre Culture. Et dans les hautes sphères financières, le la tête du mastodonte France Télévisions ! fecit. Une messe de compliments Haut-Savoyard Jacques Veyrat, à la tête du groupe prompte à ravir ce bon catho. Louis-Dreyfus, empire de Robert, l’ancien patron de « Brillantissime », « intègre », l’axe neuilly-savoie l’OM décédé le 4 juillet dernier. « fidèle », « charismatique », « bosÀ croire que les natifs de Saint-Étienne ne sont pas Prudents, les quatre compères, qui savent que Minc seur »… Du cousu main pour cet tous promis à la mine, pour peu qu’ils passent par n’a pas souvent réussi ses coups, ont déjà noué leurs inspecteur des Finances passé les cases Savoie ou Haute-Savoie, entre la chicisaffaires et protégé leurs arrières. Avant son retour par la même promotion à l’ENA sime station de Courchevel et Megève, bourgade où en grâce élyséenne, Pierre Charon, conseiller en que Chantal Jouanno (Cyrano de le petit Alexandre a grandi. Des lieux si chers au com de Sarko Ier, a œuvré jusqu’en 2008 en tant que Bergerac, 1999). Une formation Président qu’une autoroute semble désormais les consultant pour Endemol France, alors présidée par qui lui donne assez de nez pour relier au pouvoir sarkozien. Une sorte d’axe NeuillyCourbit. À l’abri des sunlights médiatiques, Veyrat préférer Canal+ à la direction du Savoie. a fait entrer Courbit dans la société d’électricité cabinet de Fillon en 2007. Dans le rôle du conducteur de bus, le sémillant Alain Direct Énergie. Et Courbit a signé avec l’Europe 1 Durant son passage à la chaîne Minc, conseiller du Président et homme de tous les de Bompard un accord sur les paris en ligne. cryptée (2003-2008), Bompard rebonds. Parmi les passagers, comme Minc le laisse De la belle ouvrage que l’Élysée ne demande qu’à voir prospérer ✹ x. m. mène à bien deux appels d’offres entendre, quatre farfadets de l’industrie médiatique,

les bons amis de bompard «

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Téaldi, porte-parole de la CGT, le syndicat majoritaire du groupe, prévient : « Le soir du premier tour des régionales, on a prouvé qu’on pouvait tenir la grève et faire plier la direction. Ces occasions peuvent se représenter, il y a RolandGarros, le Tour de France… » À bon entendeur ✹

xavier monnier et simon piel

Carolis défend son bifteck

Patrick de Carolis n’a pas dit son dernier mot. À défaut de racines solides, le PDG de France Télévisions a retrouvé des ailes. Mardi dernier, avec l’aval de la majorité de son conseil d’administration, et contre les représentants de l’État, Carolis a suspendu les négociations exclusives lancées avec Stéphane Courbit sur la privatisation de la régie publicitaire publique. En découvrant, des mois après l’examen de l’appel d’offres, un possible conflit d’intérêts entre l’ancien patron d’Endemol et l’un de ses mentors, Alain Minc. Pour mémoire, c’est Minc qui a soufflé la fin de la pub à Sarkozy. C’est également lui qui pousse la candidature d’Alexandre Bompard, proche de Courbit, à la tête de France Télévisions. Comme l’a révélé Mediapart, tout cela n’a rien de désintéressé puisque Minc possède des parts dans la holding de Courbit. En freinant le Meccano télévisuel sarkozien, Carolis est entré en résistance. « C’est son baroud d’honneur », lâche un cadre de la maison ✹ S. P.

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Filouteries

Charles PASQUA condamné JUSTICE À 83 ans, Charles Pasqua risque de payer très cher ses frasques. Impliqué dans des affaires de détournement de fonds publics alors qu’il occupait la fonction régalienne de ministre de l’Intérieur, il est jugé par la Cour de justice de la République. Historique.

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écidément, monsieur le juge, Durant son instruction sur les liens troubles entre le vous y allez un peu fort. » Le clan Pasqua et l’Angola, le juge Courroye découvre 29 novembre 2000, la perquisid’autres malversations, autrement plus graves, tion rondement menée au conseil puisque commises alors que Charles Pasqua était général des Hauts-de-Seine vient ministre de l’Intérieur, entre 1993 et 1995 : attribution de s’achever. Patron de l’assemsuspecte du casino d’Annemasse à ses amis corses, blée départementale, Charles Pasqua est dans une versements illégaux de commissions lors de passacolère noire. Sans états d’âme, tion de marchés par une société le juge Philippe Courroye lui d’État, la Sofremi, ou encore pour Sauf s’il arrive à mettre annonce son intention de faire un l’acquisition d’un siège social à tour à son domicile. L’affaire dite GEC Alstom (lire page de droite). les rieurs de son côté, de « l’Angolagate » débute. Autant de pots-de-vin versés, deux Môssieu Charles risque Une bataille judiciaire féroce fois sur trois, via son ami Étienne s’engage entre l’un des monstres Leandri (lire l’encadré ci-dessous). jusqu’à dix ans de prison. de la politique française, Charles Les trois dossiers vont être jugés, Pasqua, le vendeur de Ricard à partir du lundi 19 avril, devant la devenu ministre d’État (lire ci-dessous), et Philippe Cour de justice de la République, composée de douze Courroye, brillant magistrat instructeur nommé, sénateurs et députés. Exceptionnelle, la procédure depuis, avec l’onction de l’Élysée, procureur de n’a été utilisée de façon décisive que dans l’affaire Nanterre. du sang contaminé contre les anciens ministres Dix ans après ce bras de fer, les condamnations socialistes Laurent Fabius, Edmond Hervé et Geordevant les tribunaux ordinaires pleuvent contre gina Dufoix, tous trois relaxés. Cette fois, et sur la le malheureux Pasqua. Octobre 2009 : trois ans de base de dossiers accablants, Charles Pasqua risque prison, dont un an ferme, pour avoir reçu des fonds dix années de prison. Sauf si, entre truculence et des Angolais. Avril 2010 : dix-huit mois définitifs, menaces, il arrive, une fois encore, à mettre les rieurs de son côté. Il lui faudra bien du talent ✹ dans un dossier de financement de la campagne des européennes de 1999. dossier réalisé par nicolas beau

UNE PIEUVRE DANS L’ÉTAT

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ontrairement à Jacques Chirac, Charles Pasqua n’est pas connu pour ses demeures somptueuses, sa vie sentimentale débridée, son penchant pour les palaces de luxe… Et c’est peu dire que son épouse, la fidèle Jeanne, ne l’a jamais poussé à la dépense. L’opinion publique ne s’y est pas trompée, qui n’a jamais considéré l’ancien ministre de l’Intérieur comme un nanti.

amis riches

Si Charles Pasqua a laissé ses proches s’enrichir dans son sillage, il l’a toujours fait en toute discrétion. Du moins, jusqu’à ces trois semaines d’audience de la Cour de justice de la République (CJR), qui vont jeter une lumière crue sur les méthodes d’enrichissement du clan Pasqua. Charles Pasqua n’aime pas particulièrement l’argent. Mais, à la façon d’un François Mitterrand, il n’aime pas en manquer. Et pour une raison simple : les valises de billets, qu’il aura traînées toute sa vie, lui ont permis d’arroser ses compagnons de bonne fortune, d’entretenir des fidélités, de construire sa carrière politique. Et l’ambition de l’ancien vendeur de pastis du quartier des abattoirs à Marseille aura été, à peu près, sans limites. « Pasqua n’aime qu’une chose, le pouvoir et les ficelles du pouvoir, c’est la seule chose qui le fasse jouir », explique son ami et membre du Conseil constitutionnel, Michel Charasse, qui, en matière d’influence, en connaît un rayon (1).

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Pour arriver à ses fins, Charles Pasqua a constitué un des plus fantastiques réseaux d’influence de la Ve République. Et sans illusion excessive sur l’âme humaine, Charlie y a mis le prix. Comment trouver de l’argent sans en posséder soi-même ? Rien de plus simple. « Ce n’est pas la peine d’être riche, a-t-il coutume de déclarer, l’important, c’est d’avoir des amis riches. » Des amis riches, Môssieu Charles en a eu un paquet, qui évoluent dans le pétrole, les casinos, l’armement et l’immobilier. Des enfants de chœur ? Sûrement pas. Des bandits ? Le plus souvent. Mais Charles Pasqua n’est pas un moraliste. « Mieux vaut, disait-il, être pris pour un voyou que pour un con. »

prébendes

Au fond, la vraie matrice politique de Pasqua aura été le Service d’action civique (SAC), ce mélange épicé de barbouzes et de voyous qui se mit au service de la République gaulliste en guerre contre l’Organisation armée secrète. Le futur ministre de l’Intérieur a construit ses réseaux à l’ombre de l’État et de ses prébendes. Homme fort du RPR, patron du groupe au Sénat et par deux fois ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua n’a jamais hésité à se montrer serviable en distribuant généreusement l’argent public. Chez lui, l’esprit de clan prime sur la loi commune. La plupart de ses relations ont abondamment profité des largesses de l’homme politique qu’il est devenu. Ainsi Étienne

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Leandri, le mentor (lire ci-contre), le préfet Jean-Charles Marchiani, le fiston, Pierre Pasqua, ainsi que les casinotiers Michel Tomi et Robert Feliciaggi. Lesquels Tomi et Feliciaggi seront mis en cause dans le dossier du casino d’Annemasse, jugé par la CJR.

gâteries

La fameuse affaire Elf avait déjà révélé que le vrai « parrain » d’Alfred Sirven, le grand dispensateur des gâteries pétrolières, était en fait Charles Pasqua. « Charles, je n’y toucherai jamais », devait expliquer Sirven aux flics qui l’interrogeaient. Sur la liste des emplois fictifs financés par Elf International figurent les plus proches collaborateurs de Pasqua. Lequel échappait, miraculeusement, à toute mise en cause par la juge Eva Joly, fausse valeur s’il en est. La justice n’a jamais montré d’acharnement contre ce bon M. Pasqua. À l’automne 2003, le juge Courroye transmettait à sa hiérarchie les trois dossiers mettant en cause Pasqua ministre. Il fallut attendre sept ans pour que la CJR soit convoquée ✹ (1) Cette citation provient de La Maison Pasqua, par Nicolas Beau (Plon, 2002). Un ouvrage qui a valu à son auteur une vingtaine de procès de Charles Pasqua et de ses amis.

www.bakchich.info

La fiche anisée des Renseignements généraux sur Môssieur Charles : http://minu.me/23ht

Pépé Étienne Leandri, le parrain corse

Dans deux des trois dossiers de la Cour de justice de la République, apparaît le nom d’un Corse de légende, Étienne Leandri. À ne pas confondre avec le brigadier Daniel Leandri, dit « le tondu », l’homme à tout faire de Charles Pasqua. Jusqu’à son décès, en 1995, Étienne Leandri aura été le grand argentier du clan Pasqua. Du haut de son mètre quatre-vingt-trois, « le Pépé » dominait son interlocuteur d’un regard de vieux séducteur. Tout, chez cet intime de Pasqua, était réglé comme du papier à musique. Du bon ! Un petit porto au début du repas, un petit cointreau après le café, et encore, allongé d’un glaçon. Le dimanche, le bel Étienne se rendait à la pâtisserie des Délices, plaine Monceau, dont il affectionnait les petits pâtés. Du grand ! Étienne est le seul dont la justice suisse ait retrouvé la trace bancaire dans l’affaire, désormais célèbre, des rétro-commissions des frégates de Taïwan. Le seul aussi à entretenir avec le groupe Thomson, la tirelire de la classe politique française, des relations aussi suivies. Du très lourd ! Durant la dernière guerre, ce play-boy avait fricoté avec l’occupant, ce qui lui valut, le 21 juin 1948, une condamnation par contumace à vingt ans de travaux forcés pour intelligence avec l’ennemi. Réfugié à Milan, Étienne Leandri se fait d’utiles relations. Dont les industriels du groupe Richard Ginore, soupçonnés de liens avec les banquiers du Vatican ou encore le mythique parrain sicilien Lucky Luciano. Blanchi en 1957 grâce aux réseaux anticommunistes, Étienne Leandri apprend vite les recettes du gaullisme immobilier. Ce natif de l’île de Beauté est naturellement au mieux avec les Corses du RPR : Achille Peretti, René Tomasini, et naturellement Charles Pasqua, qu’il rencontre via l’ancien président du Sénat, Christian Poncelet, dans les années soixante-dix. Les deux hommes ne se quitteront plus ✹


Filouteries

au banc de l’infamie ANNEMASSE, L’ENFER Du JEU

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30 mars 1993, passe outre un ’ai des amis corses, et alors ? Ce n’est pas un délit. » Cette quatrième avis défavorable de la confidence émouvante de commission des jeux et attribue Charles Pasqua au journal Corsela licence d’exploitation à son Matin traduit son affection parami Feliciaggi. Lequel, dans la ticulière pour deux familles de foulée, revend les droits d’exploil’île : les Feliciaggi et les Tomi. tation du casino d’Annemasse à Originaires de Corse du Sud, ces un autre groupe hôtelier, empodeux familles de notables sont chant cent millions de francs au alliées depuis toujours. Les Tomi passage, versés successivement et les Feliciaggi ont pêché dans en 1995, 1997 et 1998. les mêmes eaux troubles de la Plus tard, le juge Philippe CourFrançafrique, investissant dans roye va être conduit à s’intéresser les gisements pétroliers et les au financement de la campagne cercles de jeu, aussi bien au Gabon du mouvement de Pasqua, le RPF, qu’au Congo et au Cameroun. lors des élections européennes de 1999. Que découvre le juge ? Au cinéma, les amis corses de Charlie auraient volontiers joué Qu’une certaine Marthe Madole rôle des mauvais garçons : de lini, patronne du PMU au Gabon, lourdes paupières, des lèvres finance en grande partie la camépaisses et une impassibilité à pagne de Pasqua. Cette Marthe toute épreuve, traversée parfois n’est autre que la fille de Michel d’une lueur d’intelligence que Tomi. L’aide qu’elle apporte au l ’ o n b ap t i s e, RPF de Pasqua dans l’île, « le n’est pas liée, Malgré les avis défavorables, vice du berger », comme elle l’a Charlie autorise l’ouverture p r é t e n d u a u ou encore, c’est selon, « le vice du casino de son ami corse. départ, à une du renard ». vente de Sicav, Le premier des mais aux fonds dossiers traités par la Cour de issus de la vente du casino d’Anjustice de la Répubique, celui nemasse. Le magot a en effet été des conditions d’attribution du transféré du compte de Feliciaggi casino d’Annemasse, met justesur celui de Michel Tomi, pour ment en cause deux des grands atterrir, in fine, chez la fille de ce amis de Charlie, Michel Tomi et dernier, Marthe Mondolini. Robert Feliciaggi. Les amis corses de Charles À la fin des années 80, Robert Pasqua vont réagir vivement Feliciaggi envisage d’ouvrir un aux mises en cause judiciaires. casino à Annemasse. Longtemps, Les versements de Robert Felicette banale bourgade savoyarde ciaggi à Michel Tomi dans une discrète banque monégasque ? fut plus connue pour la pêche à l’écrevisse sur les bords de l’Arve Ils correspondraient, d’après les que pour sa vie nocturne. Le pari déclarations de Tomi au journal le Monde, à des ventes d’actifs du casino repose sur la venue de la clientèle huppée qui séjourne dans les PMU africains. Et le à Genève, la capitale suisse dissoupçon de blanchiment, émis à tante de quelques kilomètres. l’époque par un juge d’instruction monégasque ? Ce serait une Seulement voilà, l’ouverture d’un tel casino doit tout d’abord preuve, toujours d’après Tomi, « du racisme anticorse ». accueillir l’avis consultatif de la commission supérieure des Un regret : la Cour de justice de la jeux, auquel se conforme, généRépublique ne pourra pas, hélas, ralement, le ministre de l’Intéentendre le témoignage central de rieur. Cette dernière émet trois Robert Feliciaggi. Il a été abattu, le 10 mars 2006, sur le parking de avis défavorables à la création du casino, compte tenu de la personl’aéroport d’Ajaccio d’une balle nalité de Robert Feliciaggi et de dans la tête. l’absence de transparence des Il n’est pas interdit, comme le capitaux venus d’Afrique. dit justement Charles Pasqua, Sauf que Charles Pasqua, d’avoir des amis devenu ministre de corses. On s’exl’Intérieur le pose seulement à les perdre prématurément ✹

la boîte de pandore de la sofremi

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es nombreuses cagnottes d’Étienne Leandri, l’homme d’affaires et intime de Charles Pasqua, et de Pierre Falcone, le courtier en armes mis en cause dans l’Angolagate, étaient notamment approvisionnées par la Sofremi, un organisme d’État dépendant du ministère de l’Intérieur et chargé de vendre des matériels de sécurité à l’étranger. Pierre Joxe l’avait créé lors de son passage place Beauvau, Charles Pasqua a donné à cette noble institution ses véritables assises, entre 1986 et 1988, alors qu’il était pour la première fois ministre de l’Intérieur.

monsieur propre

Redevenu patron des flics en 1993, Pasqua nomme à la tête de la Sofremi deux obligés, Bernard Dubois et Bernard Poussier. On voit cet organisme, mis sous tutelle politique, verser de jolies gâteries à Étienne Leandri : 6 millions de francs le 27 juillet 1993, 5 millions le 20 octobre 1993, 4 millions le 16 décembre 1993 et 6 millions le 18 novembre 1994 – soit 21 millions au total (3,2 millions d’euros). « Aucune des personnes entendues dans le cadre de cette affaire, note un rapport du parquet de Paris, n’a été en mesure de détecter une quelconque activité d’Étienne Leandri, à l’exception d’une société en 1994, Net Clean, qui avait pour objet la distribution d’un détergent mais qui n’a jamais eu réellement d’activité. » « Le Pépé » en Monsieur Propre, il fallait y penser !

Quinze millions de francs seront discrètement attribués, durant l’année 1994, à Pierre Falcone dans le cadre d’un contrat avec la Colombie. Sur ces 15 millions, 9,8 millions seront versés, via deux sociétés écrans, sur un compte à l’IBZ Genève appartenant à Pierre Pasqua, le fils de Charlie.

paradis du jasmin

Ces fonds seront largement réinvestis, mais à perte, dans une société de téléphonie établie en Tunisie, où réside le plus souvent le fils de l’ancien ministre de l’Intérieur. Au paradis du jasmin du bon président Ben Ali, les honnêtes gens comme les Pasqua père et fils ne sont pas persécutés par la justice ✹

alstom, une commission pour être exaucé

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orsque Charles Pasqua était à l’Intérieur entre 1993 et 1995, le ministre avait également sous sa tutelle la Datar, l’organisme d’État en charge de l’aménagement du territoire. Or, en 1994, le groupe GEC Alstom souhaite quitter la tour Neptune à la Défense pour installer 14 000 mètres carrés de bureaux à Saint-Ouen (93), où une de ses usines fabrique des transformateurs. Encore lui faut-il un agrément du comité de décentralisation de la Datar.

république bananière

Or, à la grande surprise du président de GEC Alstom, Pierre Bilger, l’autorisation tarde à venir. Un intermédiaire habituel du groupe, Christian Roos, prend rendez-vous, le 14 mars 1994, avec Pierre-Henri Paillet, patron de la Datar et proche collaborateur du ministre. « Charles Pasqua pense que Le Havre serait un meilleur choix », explique Paillet aux responsables de GEC Alstom, fort surpris.

Un second entretien est demandé à Pierre-Henri Paillet. Lequel se fait plus explicite : si le groupe voulait obtenir l’autorisation souhaitée pour la délocalisation de son siège, explique-t-il benoîtement, il fallait verser une commission de 5,2 millions de francs à un ami du ministre et intermédiaire flamboyant, Étienne Leandri. « Nous nous trouvions dans une véritable République bananière », a estimé le directeur financier du groupe Alstom devant les enquêteurs. Les 5,2 millions de francs de commissions occultes aboutirent sur deux comptes qu’Étienne Leandri possédait à la banque suisse IBZ. Le premier, baptisé Global Realty, reçoit 1,2 million. Le second, du nom de Felton, est bénéficiaire de 4 millions. Un mois plus tard, jour pour jour, 4 millions atterrissent sur un compte que Pierre Pasqua, fils de Charles, possède dans le même établissement IBZ.Du trafic d’influence, simple et de bon goût ✹

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Filouteries les otages de france 3

confidences « France-Soir » et la rumeur

Le quotidien est le seul journal à avoir livré les détails de l’infâme rumeur sur la vie privée du couple Sarkozy. Le président de la République portera-t-il pour autant plainte contre France-Soir ?

Le dégoût de Guigou

Émue par les révélations de Bakchich à propos des trois voitures de fonction de Rachida Dati, Élisabeth Guigou, garde des Sceaux entre 1997 et 2000, a réagi sur son blog. « Cette dernière essaie de faire passer ses avantages personnels pour un usage. » Avant d’ajouter : « Les anciens ministres de la Justice ne conservent ni voiture de fonction, ni chauffeur, ni officiers de sécurité. Lorsque j’ai quitté le gouvernement Jospin en 2002, je suis partie à pied avec les membres de mon cabinet, et je n’ai bénéficié en aucun cas de tels privilèges. »

Aubenas et les députés

les amis de charlie ont disparu L’HUMEUR DE PROBST Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité. C’est Charles Pasqua qui, dans les années 80, avait imprudemment déclaré qu’il fallait envoyer François Mitterrand devant la Haute Cour de justice. C’est l’époque où Bruno Tellem, le frère pas franchement gauchiste de Karl Zero, lui écrivait ses discours. Charlie avait dû s’excuser auprès de celui qui était le chef de l’État. Plus tard, il gagnera l’estime de Mitterrand qui le qualifiait de « vrai républicain ». Cette semaine, c’est Pasqua qui comparaît devant la Cour de justice de la République. Est-ce que Claude Guéant, son ancien bras droit place Beauvau en 1993 et 1994 qui doit être entendu, va se porter à son secours ? Une certitude, Charlie va compter ses amis. Lorsque j’ai vu Charlie communier lors de la messe d’enterrement de Philippe Séguin sous le regard impassible de Chirac, j’ai eu un petit pincement au cœur. Et la semaine dernière dans Bakchich, je découvre que le grand Jacques et sa fille Claude ne le saluent pas lorsqu’ils le croisent à la brasserie Lipp un dimanche à déjeuner. Cette scène m’a rappelé un combat de rhinocéros auquel j’ai assisté au Kenya. Le choc de leurs cornes faisait un bruit mat, déchirant. Ils se sont aimés, ils se haïront.

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Des brouilles, il y en a toujours eu entre Pasqua et Chirac. Déjà, Bernadette n’a jamais aimé le vendeur de pastis que Charles était resté à ses yeux. C’est lui, pensait-elle, qui ramenait les gonzesses à son Jacques. Après le putsch raté sur le RPR que Charlie tente avec Séguin en 1991, il y a eu un petit froid. Pasqua aurait alors dû se faire élire président du Sénat, il connaîtrait aujourd’hui une vieillesse heureuse. La vraie sortie de route, c’est quand Pasqua prend le parti de Balladur en 1995. Encore que trois mois après son élection à l’Élysée, le grand Jacques décore Charles de la Légion d’honneur et nomme Marchiani préfet du Var. Lequel Marchiani veillait au grain quand Chirac s’échappait du fort de Brégançon, l’été, pour rejoindre Claudia Cardinale. Autant de bons souvenirs… Enfin, les velléités de Pasqua de se présenter en 2002 ont fini par exaspérer Chirac. Charlie a toujours caressé, mais jamais assumé, un destin national. Ses proches y ont toujours cru davantage que lui-même. Et si Pasqua était un faux dur ?✹ www.bakchich.info

Jean-François Probst vous stimule ? Dégustez ses chroniques Web : http://minu.me/1vbh

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Lors des délibérations sur le prix du livre politique décerné par les parlementaires, les députés ont récusé l’ouvrage de Florence Aubenas, le Quai de Ouistreham, quasiment en se bouchant le nez. Ils n’ont pas du tout aimé le mélange des genres entre la journaliste connue à Paris et l’auteur faisant des ménages en Normandie pour écrire son livre.

Dati a-t-elle vu Sarkozy ?

Pour expliquer le changement de ton de l’Élysée à son endroit, Rachida Dati a fait croire à ses proches qu’elle avait rencontré Nicolas Sarkozy en tête à tête. Information démentie. Ce n’est pourtant pas le genre de Dati de se faire mousser.

nouveau centre

le parti… de rien

A

l’entendre, on croirait centre furent pour le moins hésiqu’il s’agit d’un hypertants. Aux législatives de 2007, l’enjeu était de taille : faire plus marché. À le voir, le Noude 1 % dans 50 circonscriptions veau centre ressemble plus à une supérette politique. Il suffit de pour toucher le pactole du finanfaire l’inventaire du rayon « procement public des partis, soit duits du parti » : 22 parlemen1,63 euro par voix récoltée. Sans taires, 11 sénateurs, 3 députés troupe, Hervé Morin a eu une européens, 74 conseillers régioriche idée : placer des candidats naux, 40 conseillers généraux et bidons un peu partout, histoire de quelque 2 000 élus locaux sur les tenter le coup. On y retrouve des 36 000 communes françaises. secrétaires, des chauffeurs et un Le 10 avril, Hervé Morin, taulier patronyme qui revient souvent : de la maison et ministre de la Catherine Morin, Philippe Morin, Défense à l’occasion, réunissait Lisa Morin, Julien et Micheline ses troupes en conseil national Morin. Malheureusement, seuls pour faire un point sur la situa43 d’entre eux ont dépassé la barre tion post-régionales. Pas franchefatidique des 1 %, pas assez pour ment rassurante. obtenirlamanne « Sur les affiches publique. Dépendant, invisible, de campagne, au C’est donc du le parti de Morin est premier tour, il y côté des tropiavait un énorme ques que la ruée tout à la botte de l’UMP. logo de l’UMP et, vers l’or prit fin. en dessous, sept En Polynésie petits logos, dont le nôtre. Au second française, grâce aux pépètes d’un tour, on a carrément disparu », iroparti de Papeete, le Fetia Api. Le tour de magie était simple : nise Bruno Genzana, élu en Paca. « On n’a pas la gueule de bois, mais s’affilier au groupuscule pour quand même », c’est la version lenbénéficier de la gâterie politique demain de fête de Damien Abad, réservée aux partis ultra-marins. député européen. Chèque-emploi qui permet de toucher 45 000 euros annuels Exister avec l’UMP tout en s’émancipant de Sarkozy, tel est pour chaque député élu en métrole chemin de croix du Nouveau pole. Avec 23 parlementaires afficentre depuis sa création, en liés, le calcul est vite fait : plus 2007. Un choix politique accouché de 1 milllion d’euros perçu. Cela dans la douleur de la présidenexplique que la famille siège dans tielle. Après les 18 % de François le VIIe arrondissement parisien, Bayrou au premier tour, deux rue de Grenelle, à quelques encalogiques se sont affrontées : faire blures du Palais-Bourbon. Pour cavalier seul et s’émanciper de 2010, dix nouveaux élus se sont la tutelle de l’UMP – choix du agrégés, faisant grimper l’aide publique à 1 447 391 euros. petit François –, ou vivre au sein du foyer de la majorité, avec le Tout cela sous le regard bienrisque de servir de domestique veillant de l’UMP et de Papa – choix du petit Hervé. Les preSarko: croissez et multipliezmiers pas politiques du Nouveau vous… ✹ l. c.

Hervé Morin, centriste dans les veines

Soumaré se fait porter pâle

« Ali Soumaré est en congé maladie depuis quinze jours, ce qui ne l’empêche pas de passer à la télé », balance à Bakchich le cabinet de la mairie de Sarcelles. Chargé de mission pour cette belle cité de gauche, notre Grand corps malade était en effet l’invité, le 8 avril, de deux émissions. L’une sur BFM, l’autre sur Public Sénat, à 22 heures. Et, magie, Ali se porte à merveille. Alors pourquoi se faire porter pâle ? Une source sarcelloise évoque que Soumaré serait sur le départ à la suite d’un différend avec le maire, François Pupponi. Joint par Bakchich, Soumaré ne nie pas l’abandon de ses fonctions, ni d’ailleurs son congé maladie, mais réfute toute brouille avec Pupponi. S’il part, « c’est pour se consacrer à ses nouvelles fonctions à la région ». Pas cumulard pour un sou, le malade ✹

Président du groupe UDF à l’Assemblée nationale de 2002 à 2007, Hervé Morin désespérait les journalistes parlementaires : cet ancien administrateur du Palais-Bourbon n’avait jamais rien d’intéressant à leur dire. Ministre de la Défense depuis 2007, il consterne parfois les militaires : même s’il se dit, reprenant la formule de Jacques Chirac, « fana mili », il manque d’allure et Michèle AlliotMarie, qui le précédait à l’hôtel de Brienne, a laissé des regrets chez les galonnés. Sur les champs de course, où il aime venir voir courir ses chevaux (qui lui font gagner pas mal d’argent), les spécialistes le comparent méchamment à son ancien ami François Bayrou : « Bayrou, lui au moins, il s’y connaît. »

Mais voilà : malgré tous ces handicaps et le fait qu’on n’arrive jamais à retenir de lui une formule ou une idée forte, Hervé Morin, 48 ans, a de l’ambition. Il rêve de récupérer le sigle « UDF » (que lui dispute Bayrou) pour être candidat en 2012. Pour cela, il est même prêt à quitter le gouvernement, et Dieu sait pourtant s’il aime être ministre. La seule chose à laquelle Morin ne s’habitue pas, c’est l’annonce de chaque mort français en Afghanistan. Son objectif à la présidentielle : faire au moins 5 % des voix, à apporter sur un plateau à Nicolas Sarkozy entre les deux tours, histoire de négocier 50 circonscriptions pour ses troupes. Mais, plus que tout, Morin rêve de faire oublier la génération précédente. Courage, Hervé, avec le temps, tu feras aussi bien que François ! ✹

AMÉDÉE SONPIPET


Bazar haïti Criminels en liberté, retour des gangs, incurie des forces de l’ordre… Voilà le cocktail explosif auquel goûtent les 300 000 habitants de Cité Soleil, le plus grand bidonville du pays, en banlieue de Port-au-Prince. Après le séisme du 12 janvier, la population ne compte que sur elle-même.

Bienvenue dans l’enfer de

Cité Soleil D

ans les rues de sence policière. « Depuis la catastrophe, des prisonniers se sont Cité Soleil, sous un évadés du commissariat et cersoleil de plomb, des tains se cachent dans le quartier. marchandes surDans les transports en commun, veillent faroucheles usagers se font régulièrement ment leurs étals. racketter. Gare à celui qui se proÀ l’entrée d’un hôtel de passe mène avec un téléphone de grande mal famé, des prostituées fanées marque ! » attendent les clients, minijupes taille 14 ans, gros ventres à l’air Pendant de nombreuses années, et mines décrépites. Un peu plus Cité Soleil a été aux mains de loin, de jeunes hommes s’activent chefs de gang armés. Pour y à la reconstruction d’un enclos. entrer, il fallait l’autorisation L’école reprendra bientôt ici, il d’Amaral Duclona, accusé d’avoir faut délimiter la zone pour les assassiné Paul Moural, le consul élèves. honoraire de France au Cap-HaïÇà et là, des riverains ont retapé tien. Le quartier était qualifié de des cahutes avec de la tôle à côté cité interdite. « Nous étions pris en de maisonnettes encore debout. otage, beaucoup ont décidé de partir Selon Wilnaire, et de retourner dans leur vilun jeune homme Sur place, les soldats et les d’une vingtaine lage », explique policiers de l’ONU n’agissent Pierre, habitant d’années qui habite à Cité du quartier et pas. Alors, les habitants S o l e i l , « c e s ancien journacréent des milices. petites maisons liste à la radio bleues font partie communautaire d’un projet de l’ONG catholique Radio Boukman (lire l’encadré). américaine Hands Together. Nous Pour assurer la sécurité en sommes assaillis par des ONG en Haïti et maintenir l’ordre dans tout genre, sans parler des œuvres les camps de Cité Soleil, Unpol, caritatives ou des sectes bizarla police des Nations unies, souroïdes, mais nous ne voyons jamais tient la police nationale. Et les de résultats concrets. Les projets soldats de la mission des Nations d’assainissement, cela consiste à unies pour la stabilisation en prendre un tas de détritus ici et à le Haïti (Minustah) doivent théomettre un peu plus loin. » riquement veiller sur la populaMais, pour Wilnaire, « le plus tion. Théoriquement seulement. grand problème ici, c’est l’insécu« Quand la Minustah passe, ils parlent de sécurité en violant les rité ». Dans les rues, pas de pré-

droits des autres. Ils arrivent, bastonnent les gens, comme la police nationale. Allez dans un camp vers huit heures du soir et dites-moi s’il y a quelqu’un de la Minustah ou de la police nationale. Tout ça, c’est de la politique et du lobbying. Nous vivons une paix très fragile à Cité Soleil. Les armes sont présentes, il n’y a aucune action réelle de développement, rien pour la création d’emplois ou d’entreprises. Tout ce qui est entrepris est aussitôt abandonné. Les fonds débloqués n’arrivent jamais à destination », commente, amer, Jean-Leslie Hilaire, directeur des programmes de Radio Boukman. « Juste en face de l’endroit où se trouvaient les soldats de la Minustah, il y avait des panneaux solaires. Ils ont tous été volés sous leur nez. Vous pensez vraiment que ces gens-là peuvent assurer la sécurité ? Il paraît que beaucoup d’efforts sont faits par la police nationale et la Minustah dans les camps. Moi, je ne vois rien. Je dois être aveugle. » Radical, Jean-Leslie Hilaire soutient que « les autorités disposent de toutes les informations nécessaires pour mettre hors d’état de nuire les délinquants. Si rien n’est fait, c’est parce que les autorités ont tout intérêt à ce que la situation reste ainsi ». Du même avis, Pierre ajoute : « Quand les autorités ont voulu se débarrasser

Malgré les difficultés, le micro de Radio Boukman reste ouvert « Notre radio existe à Cité Soleil depuis bientôt quatre ans. Incendie, foudre et maintenant tremblement de terre, à plusieurs reprises, nous avons dû tout recommencer. » JeanLeslie Hilaire, directeur des programmes de Radio Boukman, station communautaire de Port-au-Prince, nous fait visiter ce qu’était sa radio avant le séisme. « Ici, c’était le studio de production, là, la salle des nouvelles. » Le bâtiment blanc est bien entretenu. Sur les murs fissurés restent accrochés photos d’archives, drapeaux américain et haïtien. C’est désormais à l’intérieur de trois grandes tentes installées dans la cour que les émissions sont produites. « Après le 12 janvier, nous avons arrêté d’émettre pendant deux semaines. Nous avions des problèmes d’énergie. Puis nous avons tendu un bout de drap pour protéger le matériel et recommencé notre travail, raconte-t-il. Cet événement a modifié notre façon de penser, il a fallu adapter nos

programmes aux besoins de la population, au manque de personnel et d’électricité. » « Nous ne voulions pas tomber dans le piège du marketing humanitaire. On entend parfois : nous avons donné à manger à 10 000 personnes. Dans les faits, il s’agit de quelques gâteaux et d’un peu d’eau, ce n’est pas à manger », s’insurge Hilaire. En tant que directeur des programmes, il a préféré laisser le micro ouvert à la population. « Tous les soirs, nous recevions des appels de personnes en détresse. Certains utilisaient la radio pour dénoncer des malversations, d’autres simplement pour parler. Nous avons joué un rôle de gendarme. Avant d’agir, certains escrocs pensaient : “Si je fais quelque chose, Radio Boukman va me dénoncer.“» Dans la grande cour, Jean-Leslie nous reçoit dans une bicoque montée à la hâte avec des planches de bois. « Nous reprenons timidement nos activités », assure-t-il ✹ s. k.

des chefs de gang comme Dread Wilmè, ils ont su où le trouver pour l’abattre. Même chose pour l’arrestation et l’extradition vers la France d’Amaral. Cité Soleil n’a jamais été une priorité ; avec le tremblement de terre, nous serons encore moins considérés, d’autant plus que les dégâts matériels sont inférieurs au reste de la ville. » Wilnaire est également très critique : « La Minustah n’est pas là pour régler nos problèmes, ils se dorent la pilule à la plage, c’est tout ce qu’ils savent faire. » Si les gangs ont disparu, les habitants sont encore loin de se sentir tranquilles. « Juste après la catastrophe, nous avons reçu à la radio un appel d’un habitant de la zone de Boston [quartier de Cité Soleil, ndlr]. Il était sous son lit à cause d’échanges de tirs dans son quartier. La même chose nous a été rapportée de Cité Lumière [quartier de Cité Soleil, ndlr]. Les délinquants reviennent peut-être récupérer leurs territoires », raconte le directeur des programmes de Radio Boukman. Alors, dans les camps de Cité Soleil, les Haïtiens ont décidé d’assurer leur propre sécurité. Ils organisent des brigades de

vigilance. Sceptique, Jean-Leslie Hilaire n’approuve pas ce système : « Si on reprend l’histoire d’Haïti, on observe que la question des “chimères” [surnom des hommes de main de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide qui ont semé la terreur en Haïti, entre 2001 et 2005, ndlr] a son origine dans ce type de brigade. Il faut s’en méfier car on s’organise mal. La population s’adapte. Le soir, on ne sort pas et on cache ses bijoux. » Pour Wilnaire, au contraire, « la population est plus violente qu’avant le séisme. Avec le traumatisme, les conditions de vie sont encore plus difficiles, les habitants n’ont plus de patience. Les évadés de prison circulent impunément, le commerce est au point mort, les gens n’ont rien à manger. Nous ne faisions déjà pas partie des priorités nationales, maintenant nous n’existons plus » ✹ saran koly www.bakchich.info

Quand la France sauvait le champagne de son ambassadeur en Haïti : http://minu.me/23hz

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Bazar foot

Qui sont les plus immatures ?

Truqueurs sans frontières

E

n Chine, la police vient d’arrêter trois arbitres soupçonnés d’avoir faussé plusieurs matchs. Les médias chinois affirment que Lu Jun a touché des pots-de-vin, qu’il aurait partagés avec ses confrères, Huang Jun Ji et Zhou Wei Xin. Ces arrestations sont une nouvelle gifle pour la Fédération chinoise, dont l’exsecrétaire général, le sémillant Nan Yong, a été licencié l’an dernier après sa mise en cause dans plusieurs affaires de matchs truqués et de paris clandestins… En Turquie, une enquête anti corruption s’est conclue, il y a quinze jours, par l’arrestation de 46 personnes. Parmi elles, Fatih Akyel, défenseur du club de troisième division Tepecik Spor. On reproche à Akyel une série de fraudes et l’appartenance à une organisation un brin criminelle. La police a également écroué son coéquipier Ali Riza Güntekin, D’après le quotidien british The son président de club, Temel EyuIndependent, l’enquête sur ces poglu, et Recep Ozturk, gardien de quatre rencontres prolongerait but du club de deuxième division celle portant sur un réseau criKonya Spor, d’excellente réputaminel de matchs truqués d’orition (le gardien, pas le club). gine croate… qui aurait mené aux Pendant ce temps-là, en Italie, les arrestations turques. experts de l’UEFA se sont penchés En Suisse, c’est Geoffroy Serey sur les paris de quatre matchs, Die, milieu de terrain ivoirien dont le fameux Chievo-Catane. du FC Sion, qui est dans la tourLes bookmakers m e n t e. S o n anglais avaient président de En Chine, Turquie, Italie suspendu les club, Christian enjeux après Constantin, qui Suisse ou France, une avoir constaté Serey même passion : la triche. rémunère que plus de Die à vil prix, a 2 millions de été étonné de le livres (2,26 millions d’euros) voir arriver à l’entraînement, à avaient été misés sur un match la fin de l’année dernière, dans nul, et des centaines de milliers une Porsche Cayenne flambant de livres sur le 1-1. Étrangement, neuve. Et le malheureux joueur la partie s’est terminée sur ce de nier tout rapport avec un gros score grâce à un penalty litigieux. pari portant sur le match du

la mauvaise foi de monnier on, les footballeurs ne sont pas N de grands enfants. En tout cas, ce n’est pas parce que le sélectionneur

de l’équipe de France est obligé de les gronder, façon pion dans une cour d’école, pour qu’ils obéissent (« La menace de Domenech », l’Équipe du 13 avril).Non plus parce qu’ils passent presque toujours à travers les mailles du filet (judiciaire). Principal bénéficiaire de salaires déguisés, de contrats truqués ou de montages financiers exotiques imaginés par leur club et leurs agents, le footballeur connaît rarement la case tribunal. Qu’il s’appelle Laurent Blanc, coach de Bordeaux (mes condoléances pour le championnat bientôt perdu), dont le transfert a occupé une

bonne partie du procès des comptes de l’Olympique de Marseille. Ou Ronaldinho, le roi du coup de rein brésilien, dont l’arrivée au PSG a émoustillé juges et avocats lors du jugement des transferts du Paris Saint-Germain. Même le président de la cour s’en était ému, regrettant l’absence à la barre des joueurs du club le plus drôle du monde… Si les footeux demeurent de grands enfants, après avoir passé leur jeunesse à courir derrière une baballe, c’est qu’il leur en faut peu pour être pardonnés. Tant ils donnent à rêver. Et c’est sans doute pour cela qu’oligarques russes, milliardaires chinois et émiratis dollarisés se bousculent pour les combler. Eux aussi sont restés de grands gamins ✹

Baballe

17 mars 2009, entre son équipe et les Grasshoppers Zurich. En France, malgré les aveux de plusieurs protagonistes de l’affaire, la justice sportive vient de classer le dossier du match truqué de la fin de saison dernière, entre Neuves-Maisons et Lunéville, en Division d’honneur. Une pantalonnade qui s’était soldée 6-1, moyennant une prime de défaite de 70 euros aux perdants et qui aura permis à Neuves-Maisons d’accéder en CFA2 ✹ WOODWARD ET NEWTON www.bakchich.info

La planète du ballon rond vue depuis le satellite Bakchich : http://minu.me/23i2

albion

le pouvoir aux supporteurs anglais

D

e peur d’échouer aux prochaines élections législatives, les travaillistes anglais sortent le grand jeu. D’après le quotidien The Guardian, le parti de Gordon Brown s’apprête à inclure dans son programme une loi obligeant les clubs de football à céder jusqu’à 25 % de leur capital à leurs supporteurs. Projet qui porte également sur la création d’une clause de changement de propriétaire qui devrait permettre aux associations de supporteurs de lancer une OPA sur leur club si celui-ci venait à être mis en vente ou tomberait en procédure collective. Interrogé par le Guardian, Michel Platini n’a pas caché son enthousiasme : « Je pense que c’est une très bonne idée que les supporteurs investissent dans leur club, parce que, finalement, ce sont eux qui défendent son identité, eux qui sont toujours là quoi qu’il arrive. » L’annonce du projet a également réchauffé le cœur de Supporters Direct, l’organisation financée par des fonds publics pour aider

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les supporteurs à prendre des participations financières significatives dans leur club. Son président, Dave Boyle, s’est réjoui : « C’est la reconnaissance, certes tardive, du constat selon lequel les clubs ne sont pas des entreprises comme les autres. Nous attendons donc du prochain gouvernement qu’il mette les supporteurs au cœur du jeu et nous nous associerons à ces efforts pour faire de ce projet une réalité. » Hugh Robertson, futur ministre des Sports si les conservateurs l’emportaient, reste plus nuancé : « Après treize longues années d’inactivité sur un sujet si sensible, je crains que l’annonce gouvernementale ne soit rien de plus qu’un argument pré-électoral. » Au-delà de l’éventuel caractère opportuniste du projet travailliste, l’idée d’une telle mesure n’est pas sans rapport avec les déboires financiers que connaît l’élite du foot anglais. Les vingt clubs de Premier League ont récemment été pointés du doigt par un rapport de l’UEFA. En cause ? Une toute petite dette de… 3,8 milliards d’euros ✹ w. et n.

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bakchich c’est tous les jours sur internet ! informations, enquêtes et mauvais esprit


Bazar

Ces fuites qui paniquent la cia

bruits de la ville

web WikiLeaks.org met le feu aux poudres. Ce site s’est donné pour mission de révéler les secrets les mieux gardés de la planète. Une tâche qui n’est pas du goût du gouvernement américain, qui cherche à éliminer la machine à scoops.

J

ulian Assange, un Aussont équipées d’armes lourdes. tralien dégingandé d’une Ce que les images démentent forquarantaine d’années, joue mellement. avec le feu. Figure embléLe gouvernement américain et matique du site WikiLeaks.org, ses agences (CIA, NSA…), qui dont la vocation est de publier des font l’objet du plus grand nombre documents hautement sensibles de fuites divulguées par le site, et confidentiels, Assange s’est commencent à perdre patience. récemment plaint d’avoir fait La preuve en est produite, dans l’objet de filaun document de tures lors de son 32 pages classé WikiLeaks s’apprête à dernier séjour confidentiel daté du 18 mars en Islande. publier la vidéo d’un Les choses ne 2008 émanant massacre de civils afghans. vont, hélas, pas du ministère de s’améliorer la Défense amépour lui, après la mise en ligne ricain, où un certain Michael D. d’une vidéo où l’on découvre comHorvath, analyste du programme ment, en juillet 2007, douze civils de renseignement militaire, dont deux employés de l’agence couche sur papier une réflexion Reuters, ont été assassinés en sur la meilleure manière de Irak à coups de canon de 30 mm se débarrasser de WikiLeaks embarqué à bord d’un hélicop(« Wikileaks.org – An Online tère Apache. Sur ce film, téléReference to Foreign Intelligence chargé par des centaines de milServices, Insurgents, or Terrorist Groups ? »). Une bonne fois pour liers d’internautes, on entend les tireurs affirmer à leur centre de toutes. Comme on pouvait s’y commandement que leurs cibles attendre, ce rapport pourtant

Nuit de Chine, opéra tragique écolo façon nicolino Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concession sur l’environnement, Planète sans visa. on, vous n’avez jamais entendu B parler de Lois Medaing Gorongo. C’est un fait. Maintenant, imaginez que lui, ce soit vous. Vous êtes le représentant de deux peuples papous, les Tong et les Ongeg. Et vous voilà interrogé par le quotidien en ligne de Port Moresby, Post Courier. Vous n’êtes pas content car, là-bas, en PapouasieNouvelle-Guinée, comme désormais

en bien des lieux lointains, les Chinois font la loi. À Madang, la China’s Metallurgical Construction Corporation (MCC), qui exploite la mine de nickel de Ramu, veut faire d’un fabuleux récif de corail un dépotoir. Un lieu où l’on déverserait par milliers de tonnes les déchets de l’exploitation. Mais avant cela, les Chinois entendent bien faire exploser le récif à la dynamite pour y

ultra-confidentiel s’est retrouvé… sur WikiLeaks ! L’argument principal est tout trouvé : « Une telle information peut être du plus grand intérêt pour des forces militaires, des services de renseignement (…) et pour des réseaux terroristes afin de leur permettre de planifier des actions contre les forces américaines. » Avec une pudeur bien compréhensible, l’analyste yankee rappelle à ses lecteurs que « le but avoué du site WikiLeaks.org est de mettre en lumière les pratiques contraires à l’éthique des régimes oppressifs d’Asie, de l’ancien bloc soviétique, d’Afrique sub-saharienne et du Moyen-Orient… » C’est vrai qu’il aurait été difficile à un employé du contreespionnage militaire américain d’évoquer les écarts de conduite de l’Oncle Sam. Pour faire bonne mesure, l’analyste observe que « les gouvernements de Chine, d’Israël, de Corée du Nord, de Russie, de Thaïlande, du Zimbabwe »

faire un peu de place. Ils prétendent que ce récif est mort, de toute façon, mais vous, Lois, qui connaissez les lieux, vous déclarez : « Mais non ! Il n’y a pas de récifs morts dans cette zone. Ceux de Madang sont en bonne santé. Ils abritent des poissons et d’autres créatures de la mer dont nous avons besoin pour vivre. » Disons-le franco, le dynamitage a commencé. Deux détails. Et d’un, MMC est une propriété d’État. Et de deux, Madang est le plus gros investissement minier de Pékin à l’extérieur des frontières chinoises. Appelons cela un fer de lance. Appelons cela, malgré le paradoxe apparent, un mastodonte. Il n’est pas interdit de voir dans l’affaire un résumé de l’opposition désormais frontale entre destruction accélérée du monde et conscience des limites de la planète. D’un côté, l’industrie, bar-

et d’autres pays ont déjà bloqué l’accès au site par le passé. L’honneur démocratique est sauf. Quant aux modes opératoires envisagés pour tirer un trait sur WikiLeaks, on apprend avec un certain soulagement qu’il n’est nullement question de canon de 30 mm : « WikiLeaks.org utilise la confiance qu’il inspire comme centre de gravité, en assurant à ses informateurs et à ceux qui entrent en contact avec les journalistes du site qu’ils resteront anonymes. L’identification des sources du site serait donc de nature à dissuader d’autres personnes d’utiliser WikiLeaks.org. » Le site, qui peine à boucler son budget de fonctionnement (il n’en fait d’ailleurs aucun mystère), a même vu son compte PayPal bloqué pendant quelques jours, le temps de vérifier que les contributions qui lui étaient destinées ne constituaient pas un dispositif de blanchiment ! Le côté croustillant de cette affaire réside dans les accusations proférées régulièrement contre WikiLeaks dont l’auteur du rapport se fait d’ailleurs l’écho sans vraiment s’en réjouir : « Les efforts de quelques individus et d’organisations domestiques et étrangères pour discréditer le site WikiLeaks.org portent notamment sur les allégations selon lesquelles il autorise la publication d’informations non recoupées, est utilisé comme instrument de propagande, et est une organisation contrôlée par la CIA. » WikiLeaks s’apprêterait à mettre en ligne la vidéo du massacre d’une centaine de civils afghans par les troupes américaines. Une nouvelle fuite qui pourrait bien mettre définitivement le feu aux poudres… ✹ gari john

barie en marche. De l’autre, l’écologie, et une poignée de pégreleux se couchant devant le rouleau compresseur. Il y a une autre morale. La Chine n’est pas seulement l’Occident d’il y a un siècle. Elle est notre présent frénétique. Nous échangeons des bagnoles, des centrales nucléaires contre des vêtements, des clés USB. Si la Chine écrase à ce point les pays où elle envoie par milliers ses ingénieurs et ses ouvriers modèles, c’est parce qu’elle veut nous ressembler. En 1985, elle ne comptait pratiquement pas d’autoroutes. En 2005, elle en totalisait 52 000 km. En 2015, elle devrait dépasser les 100 000. Beau marché, non ? Rien de tout cela n’arriverait sans nous, qui adorons tant la pacotille, les ordinateurs made in China. Ce n’est plus un reproche. Tout juste un rappel ✹

Barbarie

François Busnel, l’art du recyclage

Patron du magazine Lire, chroniqueur à l’Express, animateur de la Grande Librairie sur France 5 et d’À livre ouvert sur France Info, François Busnel, 41 ans, a un secret pour gérer toutes ces casquettes. Il recycle sa prose. Pour le numéro d’avril de Lire, Busnel a photocopié sa chronique de l’Express du 25 février sur le livre Incidences, de Philippe Djian. Avant de ressortir une interview de l’auteur déjà réalisée pour la Grande Librairie. Tous les magiciens ont leurs petits trucs.

Be Be flop

Be, le nouvel hebdo féminin de Lagardère, est « en phase avec les objectifs annoncés », a avancé le groupe dans un communiqué du 9 avril, avec près de 220 000 exemplaires achetés pour le premier numéro du 19 mars. Dès le deuxième opus, les ventes ont chuté autour des 160 000 acheteurs. Bien loin des ventes du concurrent Envy, qui flirte avec les 300 000 ventes. « Marre des régimes », a titré Be pour son lancement. Pas faux.

Lundi pipole au tribunal

Ballet de rumeurs à la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, lundi 12 avril. Benjamin Biolay assignait la chaîne France 24 pour avoir relayé les rumeurs sur sa prétendue liaison avec Carla Bruni. Et Henri Proglio, le patron le plus sarkozyste du moment, reprochait à Closer d’avoir publié une photo de son auguste personne en compagnie de Rachida Dati. Rien de mieux pour attirer les journalistes. Et attiser les rumeurs.

Allez les Verts

En difficulté économique (et sportive), l’Association sportive de Saint-Étienne racle les fonds de tiroir. Une chance, la justice vient de condamner pour contrefaçon un malandrin qui avait fait imprimer bonnets et écharpes frappés du vieux slogan « Allez les Verts ». Un ballon d’oxygène pour les charbonneux grâce aux quelques milliers d’euros d’amende récupérés. L’impétrant a même écopé de deux mois de prison avec sursis. Supporter les Verts peut conduire à la mine ✹

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Bazar agriculteurs

ÉCHOS DES CABAS

quand l’époque se met à poil

silence, ils se suicident

les petites fables d’angelina Angelina chronique les grandes et les petites histoires du quotidien entre militance, humour et informations sérieuses. out se perd, ma bonne dame, même T le militantisme à la papa. Pour attirer l’attention aujourd’hui, il faut se mettre en

Le chiffre qui énerve

L

a rumeur court. Les agrisions de la grande distribution, culteurs se suicideraient en l’année 2009 a effectivement été masse, sans que personne en celle d’une crise sans précédent parle. Le 6 avril, LePost.fr reprepour les producteurs de lait. Tous nait, dans un article, les propos les observateurs s’accordent à tenus par Didier, producteur de parler d’un pic de suicides, sans lait dans la Manche, qui témoique personne puisse les chiffrer avec certitude : « Les agriculteurs gnait sur RMC : « Récemment, j’ai entendu parler d’un agriculteur sont aujourd’hui la catégorie proqui s’est immolé par le feu dans le fessionnelle la plus touchée par le Finistère. C’est le genre de chose suicide, nous le savons et menons qu’on entend toutes les semaines et des actions de prévention, indique qui ne sont pas la MSA. Mais mises au grand chiffrer les cas Un producteur de lait jour. » Ce drame est impossible, finistérien s’immole et tout car les lieux de daterait de septembre 2009, en travail et de vie le monde s’en moque ? pleine crise du des agriculteurs se confondent : lait. Un acte de désespoir rapporté par l’AFP et impossible d’établir un lien entre repris brièvement par le Parisien un suicide et un contexte professionnel. » et le Figaro, sans conditionnel et sans plus de précisions. Un proLe sociologue Guillaume Granducteur de lait s’immole et tout le dazzi a mené une enquête dans le Sud-Manche sur le sujet : « Le monde s’en moque ? Jean-Michel Burel, de l’Association des prosuicide sur le lieu de travail est un ducteurs de lait indépendants phénomène nouveau, facilement (Apli) du Finistère reconnaît : visible dans une entreprise comme « Oui, j’en ai entendu parler, bien France Télécom. Avec les agriculsûr. Mais de là à vous dire où teurs, on est dans le flou total. On ça s’est passé… » La Mutualité parle d’un suicide par jour, mais le sociale agricole (MSA) du Finisdéni est entier. » Les producteurs se tère ou l’association solidarité suicident seuls, dans leur grange, paysans, elles, n’en savent rien. souvent par pendaison. Pas de Même son de cloche du côté de chiffres, pas d’études, juste un resla presse locale : « Je n’y crois senti très fort de la part du monde pas », avance d’emblée Jean-Paul rural. Relayée par les syndicats, Louedoc, du quotidien Ouestla question du suicide devient un France. « Pour éviter le côté chaenjeu pour tenter de transformer rognard, on ne parle que des cas un profond malaise en problème de suicide qui ont lieu en public, collectif et réveiller les politiques. devant témoins. Et une immolaInventer une immolation, c’est tion, on en aurait eu des échos. » appeler au secours ✹ Baisse générale des revenus, pres ANNE STEIGER

Selon le rapport de la Cour des comptes publié cette année, 965 176 amendes ont été annulées à Paris, en 2007, soit 15 % du total. Au fait, qui nous avait promis la fin des pistons ?

Grandes surfaces : baisse virtuelle Lors du vote de la loi de modernisation de l’économie, en 2008, les grandes surfaces promettaient une chute des prix des produits de grandes marques de 2 à 3 %. Un an et demi après, les prix ont augmenté… de 0,34 %. Même l’UMP Patrick Ollier, rapporteur à l’Assemblée, reconnaît que le bilan est modeste. C’est dire.

Carlsberg saoule ses employés

Les 800 employés du brasseur Carlsberg, à Copenhague, ont fait grève pendant cinq jours après que leurs patrons ont décidé de leur sucrer les bières au travail. Jusque-là, les manufacturiers pouvaient consommer à l’œil les canettes, à condition de ne pas être ivres. Crise oblige, le patron ne paie plus sa tournée.

Se teindre plus pour gagner plus

Le journal Economics Letters a publié une étude de chercheurs australiens montrant que les blondes sont, à compétence égale, mieux payées de 7 % que les brunes ou les rousses. L’International Association of Blondes (oui, ça existe) a justifié cette différence salariale par un humour plus développé chez les femmes aux cheveux dorés… ✹

une DRôLE D’ONG CHINOISE EN AFRIQUE

I

mplanté à Nairobi (Kenya) depuis plus de trente ans, le bureau régional de l’agence de presse chinoise Xinhua Chine nouvelle a inauguré, en janvier 2007, un desk français composé de quatre journalistes. Même les Chinois délocalisent. Ces nouveaux effectifs proviennent en fait du bureau parisien de Xinhua, qui s’est du coup réduit comme un ravioli desséché. Cap sur l’Afrique ! Le bureau de Nairobi est en réalité le QG de Xinhua pour le continent. Du logisticien au cuisinier, en passant par la dizaine de « vrais » journalistes, les quarante membres du personnel sont dûment enregistrés en tant que journalistes. Nairobi contrôle l’ensemble des activités journalistiques des quelque 150 correspondants de l’agence officielle chinoise répartis en Afrique. Information ? Renseignement ? Officiellement, Xinhua s’enregistre sous le statut d’organisation non-gouvernementale (ONG). Ce qui prête à sourire pour ce super-organe placé sous l’autorité directe du département de la propagande du comité central du Parti communiste et du ministère de l’Information. Et dont les employés se déplacent tous en voiture… diplomatique ✹ Henry de Saint-Clair

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Bakchich Hebdo N°20 | du samedi 17 au vendredi 23 avril 2010

scène, attirer l’œil, l’objectif et faire buzzer. Se mettre à poil est une stratégie radicale avec de fortes chances de retour sur investissement. À croire que notre société ne se lasse pas de consommer de la chair, sous toutes ses formes : ferme, flasque, adipeuse, épilée, jeune, en débandade, blanche, mate, burinée, peu importe le flacon, tant qu’on a l’ivresse. Ainsi, pour faire entendre leur voix, des femmes ont récemment défilé seins nus dans plusieurs villes de l’État du Maine aux États-Unis pour revendiquer le droit de se balader torse dénudé dans la rue, comme les hommes. La manifestation a enregistré un certain succès même si l’organisatrice s’est dite choquée par les centaines d’hommes aux regards concupiscents qui entouraient le cortège.

En France, ce sont les salariés de NiceMatin qui se préfèrent à poil plutôt que déplumés. Ils protestent contre la vente du siège du journal en posant derrière une double page du quotidien pour cacher leur vertu. À Paris, le mois de juin nous promet une nouvelle offensive de cyclonudistes. À vélo ou en rollers, ils manifestent contre l’invasion des engins motorisés « hostiles, dangereux et pollueurs » et offrent leur nudité en métaphore de leur vulnérabilité. Sur leur site Internet, des jeunes femmes affirment s’être senties à l’aise de défiler nues dans la rue, ne ressentant aucun voyeurisme chez les passants, et se félicitent même d’avoir réussi à en entraîner quelquesuns dans leur sillage. Le corps est-il donc devenu un nouvel instrument de revendication ? Ou bien nous acheminons-nous vers à une réhabilitation assumée de ce corps trop longtemps occulté ? ✹

Voyeurisme

conso

le discount plus très hard

L

’ennui, avec les pauvres, c’est qu’ils sont pauvres. Et l’ennui, avec les magasins de hard-discount – comprenez pas chers, pour ne pas dire cheap –, c’est qu’ils ont tendance à l’oublier. Pourtant, la crise, ils la voyaient arriver avec des yeux ronds d’excitation. Les seuls, sans doute, à espérer pouvoir en profiter… Lidl, Aldi, Ed, Leader Price ou Netto s’en mordent aujourd’hui les doigts. Leur chiffre d’affaires explore les abysses, aux alentours de – 10 % l’année dernière. Jusquelà, hormis pour les emplois, souvent précaires, qui se trouvent menacés, on serait tenté de dire : ils ont joué, ils ont perdu, tant pis pour eux. Sauf que, et c’est là où le bât blesse, ces amateurs de roulette russe misent désormais sur une montée en gamme, dont le principal objectif est, pour faire simple, de presser les pauvres pour qu’ils crachent le peu d’argent qu’il leur reste.

douloureux

Leader Price propose une gamme de 200 produits bio dans ses rayons ? C’est bien, le bio, mais c’est plus cher que le produit classique, dont il prend la place. Entre 5 à 20 % de plus, selon les cas. Lidl, Ed ou Netto vendent désormais des marques comme CocaCola, Nutella ou Kronenbourg ? Formidable… mais, encore une fois, bien plus douloureux pour le porte-monnaie que la bonne vieille sous-marque d’antan. Les enseignes dépensent 200 millions

d’euros, en 2009, pour faire leur pub ? Parfait, mais ces euros perdus, il faut bien, ensuite, les rattraper quelque part. Où ça ? Dans les prix, bien sûr. La valse des étiquettes, dans les magasins de hard-discount, est assez rock’n’roll : + 2,1 %, en moyenne en 2009. Plutôt important si l’on compare aux chiffres de l’inflation globale en France sur la même période : 1,3 %. Et carrément exorbitant à côté des petits copains des supermarchés et hypermarchés, de type Leclerc ou Carrefour : + 0,5 %. Quatre fois plus ! Et rien, mais alors rien du tout, pour justifier un tel écart. Si ce n’est, donc, tous ces pseudoefforts marketing qui viennent surenchérir les coûts. Aux dépens des clients les plus modestes, qui ont tendance soit à se serrer encore davantage la ceinture, soit à aller voir ailleurs si le prix bas y est encore. D’où le succès, d’ailleurs, des enseignes de déstockage Noz, Bravo les affaires ou Skotomani : vous savez, ces magasins planqués au milieu de nulle part, dans les banlieues de banlieues. Cachez ce pauvre que je ne saurais voir… ✹ Hugo Hélette


Un peu de culture LITTÉRATURE Né à Paris, George Steiner a grandi aux États-Unis et vit en Grande-Bretagne. Cet écrivain, philosophe et critique publie un recueil de ses chroniques parues dans le très exigeant magazine américain New Yorker, entre 1967 et 1997. Un esprit libre et moqueur qui vise juste.

George steiner, le maître à lire

C

e cher Daniel CohnBendit devrait s’intéresser à George Steiner. Cet écrivain appartient à une espèce plus menacée que le grand Tatras. Le dernier rapport de notre bureau de vérification, chargé de mesurer l’épaisseur du talent, comme le publicitaire Jean-Louis Étienne le fait pour la couche de glace de la banquise, nous indique que Steiner est le dernier de son espèce. Allons-nous le cloner ?

combattant littéraire

Dans Bakchich, la semaine dernière, je vous ai encouragés à lire Doris Lessing, 90 ans… Puisque Steiner n’en a que 81, remarquez que ma gérontophilie se calme. Comment faire entrer Steiner dans une boîte, comme ces femmes que scient les illusionnistes au music-hall ? Pas commode, surtout sans égoïne. Ce qui tombe bien puisque ce George est un homme sans ego, ni en « ine » ni en « isme ». Si ce dernier Mohican était un appartement, on dirait qu’il est de plain-pied : on peut entrer dans ses pensées sans frapper à la porte. Ce Franco-Anglo-Américain est, officiellement, un spécialiste de « littérature comparée et de théorie de la traduction ». ça n’a pas manqué, le parcours du combattant littéraire l’a conduit au cœur du fourneau de la nature humaine, là où les mots peuvent se changer en philosophie. Dans la collection « Arcades », Gallimard publie une sélection des chroniques adressées de 1967 à 1997 par Steiner au magazine,

pur intello américain, le New Yorker. Un hebdomadaire dont on ne publiera jamais l’équivalent en France, par la faute du choc des ego, de la résonance des chapelles vides et de l’importance des passages chez Giesbert ou Ruquier.

slalom géant

Athée, mais issu d’une famille juive, Steiner respecte la culture et les traditions de cette religion. Hanté par l’Holocauste, il dénie à Israël le droit de se constituer en un pays militaro-policier : « Il serait, je crois, scandaleux (mot de provenance théologique) que les millénaires de la révélation, d’appels à la souffrance, que l’agonie d’Abraham et d’Isaac, du mont Moriyya à Auschwitz, aient pour dernière conséquence l’instauration d’un État-nation, armé jusqu’aux dents, d’un pays livré à

la Bourse et aux mafiosi, comme toutes les autres terres. » Voyez si ce sage est compliqué. Pour ceux qui suivent encore la piste de mon slalom, et qui veulent quand même découvrir le pur penseur, lisez Errata que Steiner a publié en 1998, bouquin plein d’idées paradoxales : « Tout au long de ma vie, j’ai essayé de jouer les agents doubles ou triples, cherchant à suggérer à une grande langue et à une grande littérature la nécessaire présence de l’autre. » Comme le dirait Gaston, Steiner est un berger. Son slalom à lui, dans son livre de chroniques, est géant : Antony Blunt, Webern et Vienne, Albert Speer, Orwell, Karl Krauss, Brecht, Céline, Malraux, Nabokov, Russell, Lévi-Strauss… Cela vous suffit-il ou dois-je ajouter la tare, pour faire le poids, Foucault, Soljenitsyne ? La pensée est de première main, tel un

bouquin

haro sur daniel cohn-bendit

P

lus orange que verte, l’Europe Écologie de Dany Cohn-Bendit serait « une machine de guerre » pour saper les Verts et dénaturer le mouvement écologiste en faisant glisser peu à peu ses valeurs vers la droite. Le ralliement d’Antoine Waechter ou de Corinne Lepage sur les listes des régionales semble l’attester, écrit Paul Ariès, penseur de la décroissance, qui signe, avec la journaliste Florence Leray, une biographie pamphlétaire du député européen. « Le “ni droite ni gauche” est d’abord le fonds de commerce de l’idéologie fasciste avant de devenir le slogan de la droite honteuse », catapultent les auteurs, en référence à l’ouvrage de Zeev Sternhell Ni droite ni gauche, l’idéologie fasciste en France (Seuil, 1983). « Cohn-Bendit est pour la privatisation de La Poste, pour le travail le dimanche, pour le Smic jeune… »

Les arguments pleuvent pour confondre la « gauche moderne » de l’emblématique écolo, qui serait donc de droite, et « Dany le Rouge », une imposture héritée de Mai 68 dont il est resté le symbole réducteur. Mais « Dany le Vert », aussi, serait un mensonge, à lire ses contradictions de productiviste qui croit au capitalisme du moment que l’on passe aux technologies propres. Les bobos devraient peut-être se méfier du stratège à l’éternel air poupin capable de dire le 21 avril 2009 dans Corriere della Sera : « Les Verdi [Verts italiens] ont un train de retard parce qu’ils ont peur d’être aspirés par Berlusconi. Il faut se risquer, se mélanger, on ne peut pas rester toujours du même côté. » Mais peut-on parler réellement d’imposture quand Dany Cohn-Bendit, assume son « libéral-libertaire », sans réellement cacher ses cartes et son dessein ? ✹ Katie de la Hutte Cohn-Bendit, l’imposture, par Paul Ariès et Florence Leray, éd. Max Milo, 256 pages, 17 euros.

témoin questionné par TF1 face à l’auto victime du verglas, Steiner a assisté à tous les accidents de l’histoire, et ses bonheurs aussi, il a connu les hommes dont il parle. En vingt-cinq pages, il passe Orwell dans l’un de ces scanners qui ornent maintenant les aéro-

ports de la peur, et termine par une question : « L’homme peut-il tuer le temps sans attenter à l’éternité ? » Orwell a tenté de « tuer » son temps, celui de la barbarie. Le prix à payer est que sa guérilla l’a éloigné de la beauté durable : 1984 ne sera jamais l’Éducation sentimentale. Dans Céline, Steiner qui « préfère un SS cultivé à un garçon de plage », décèle trois personnages. Le plus important est Bébert, le chat, l’autre est Céline, le nouveau Rabelais ; quant au Dr Destouches, postillonnant antisémite, il le laisse « pourrir en rayons ». Malraux, qui n’est plus celui du début mais le ministre qui fait de Paris une Alger, ville blanche, n’attire pas Steiner : le « Malraux sur l’art, la mort, l’esprit immortel de l’homme ou l’esthétique du pouvoir n’est que rhétorique ». Malraux est comme Céline, ce qu’il y a de meilleur en lui, c’est le chat ✹ jacques-marie bourget Lectures, par George Steiner, éd. Gallimard, 404 pages, 18 euros.

Bédé Zombie futé ans que vous soyez les S frères Bogdanov, ni leur chirurgien, la poussée d’Archi-

mède doit vous dire quelque chose, même si vous avez toujours préféré Zidane à Einstein. « Tout corps plongé dans un fluide au repos […] subit une force verticale, dirigée de bas en haut. » Cette force, appliquée à un liquide particulier, le Fluide glacial, journal des voluptueux où l’on jouit avec son feutre, atteint de nouveaux cieux avec la sortie de la BD The Zumbies. Non par honte, mais par pudeur de la découverte d’une crétinerie qui se déverse comme du goudron chaud sur votre ennui, les deux auteurs ont choisi l’anonymat. On les comprend. Voyez plutôt cette histoire fendue avec une grande hache : 2023, en banlieue parisienne, quatre jeunes cons, morts comme des cons, ressuscitent plus cons qu’ils n’étaient, en zombies. Pourquoi pas. Leur meilleur des mondes nage dans un éther d’encens. Or, une guilde de cruels de la croix traque le péquin païen. Mal barrés, les petits gars à la peau sur les os n’ont qu’un opium pour séduire le peuple : quelques guitares, du punk dans les veines et la soif de sang divin. L’album débite de la gaudriole effrénée à en avoir un mal de foi. C’est trash, excessif, ça sent la vieille chaussette à soulever les soutanes. Le tout est servi à l’encre noire sur fond vert, plus proche du vomi de fin de soirée que de l’émeraude. Un bon parti pris qui ne vous réconciliera pas avec votre concierge, mais battra le fer de votre imaginaire. Le plus noble des combats ✹ L. C. The Zumbies, par Fluide glacial, éd. Fluide glacial-Audie, 48 pages, 14 euros.

du samedi 17 au vendredi 23 avril 2010 | Bakchich Hebdo N°20

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Un peu de culture Musique Wicked Symphony - Angel of Babylon Avantasia

Après le classique et le metal, voici le metal symphonique d’Avantasia. Mais qu’est-ce que c’est ? Un groupe horrible venu d’Allemagne créé par Tobias Sammet, vague sosie des Tokio Hotel, doté d’un organe vocal pour le moins outrancier. Habitué à convier au micro de vieux débris chevelus (Stratovarius, Kiss, Alice Cooper…), il publie simultanément un quatrième et un cinquième album. Au menu : des solos de guitares au kilomètre, des batteries du diable et des effets de violons pires que ceux d’André Rieu. Down the Way Angus et Julia Stone

L’histoire d’Angus et Julia Stone fait rêver. Angus, c’est le barbu romantique à la voix d’ange et Julia, sa jolie fée mélancolique de sœur. Nés en Australie, ils ont fait le tour du monde avant de poser leurs valises dans une scierie de Cornouailles pour composer Down the Way. Mâtiné de guitares champêtres et d’arrangements de cordes à pleurer, cet album est une petite merveille. Chacun y chante à son tour, faisant vaciller l’ensemble, de la pop la plus harmonieuse au folk le plus dénudé. I Learned the Hard Way Sharon Jones et The Dap-Kings

Ce n’est pas un hasard si Sharon Jones a grandi à Augusta (Géorgie), la ville natale de James Brown. Depuis 2001, cette digne héritière d’Aretha Franklin perpétue brillamment l’esprit soul et rythm’n’blues de la grande époque. La diva revient livrer son troisième album aux côtés du groupe orchestral The Dap-Kings (cuivres, guitares, basse, congas, batterie, chœur). Luxuriant, chaud comme la braise, I Learned the Hard Way n’a rien de nostalgique. Son intemporalité laisse pantois. Novö Piano Maxence Cyrin

Musicien classique à la base, Maxence Cyrin est fan de rock indé, d’electro et de new wave. Sa spécialité ? En réinterpréter les standards au piano. Si l’exercice de style n’est pas nouveau (Philip Glass ou Brad Meldhau s’y sont déjà collés), difficile de ne pas succomber à ses reprises de Where Is My Mind ? (The Pixies), Kids (MGMT), D.A.N.C.E (Justice) ou Triangle (Jacno). Fluide, sensible, son Novö Piano confère une fraîcheur inédite à tous ces tubes que l’on croyait galvaudés à force de les avoir trop écoutés. J’accuse Damien Saez

En 2001, Damien Saez chantait Jeune et con, un tube si navrant qu’on l’a pris au pied de la lettre. Neuf ans plus tard, ce n’est toujours pas gagné. Son nouvel album a beau faire référence au pamphlet de Zola entre deux slogans altermondialistes, difficile de supporter sa voix de crécelle enragée et son goût douteux pour la provoc. « Faut du gasoil dans la bagnole, la carte bleue dans la chatte », braille-t-il sur J’accuse. Classe ✹

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Mammuth

énorme et gracieux ciné Un retraité enfourche sa moto pour collecter ses points retraite. Un road-movie poétique déconnant. Rencontre avec un des réalisateurs grolandais, Benoît Delépine. Bakchich Hebdo : Une odieuse rumeur certifie que vous seriez l’amant d’une certaine Carla S… Benoît Delépine : (Il se marre) Non, Bakchich, ce n’est pas moi et je n’aimerais pas être à la place du mec. Je dois préciser que Gustave (Kervern, autre réalisateur grolandais de Mammuth, NDLR) et moi sommes tous deux de bons pères de famille.

B. H. : Et Isabelle Adjani ? B. D. : Formidable. Sur le tournage, c’était comme avec une copine de classe. Elle était attentive, toujours dispo, elle tournait elle-même ses plans en caméra subjective.

B. H. : Plus grave, Mammuth est estampillé « film du mois » par le magazine Première. Pas trop la honte ? B. D. : Tant mieux, même si je pense que les gens ne lisent plus trop la presse papier. En tout cas, c’est mieux que d’avoir trois bonshommes qui vomissent dans Télérama.

nos films, ni rien. On lui raconte l’histoire pendant vingt minutes : B. H. : Pour Mammuth, comment il comprend tout, il y voit plus une avez-vous convaincu Gérard histoire d’amour qu’autre chose, Depardieu ? il connaît la Mammuth… Ensuite, B. D. : À l’origine du film, il y il doit partir, mais il nous dit qu’il a une image : e s t d ’ a c c o rd Depardieu, les pour le film. Je « Depardieu était cheveux longs, finis de manger, heureux, ça lui rappelait mais je me dis sur une vieille moto allemande, que ce n’est pas les Valseuses. » une Mammuth, possible ! Je l’apen quête de ses pelle sur le porpoints retraite. Sans Depardieu, table pour être sûr qu’il fait bien on ne faisait pas le film ! Avec Gus, le film et il me lance : « Mais enfin, on a galéré comme des dingues j’ai dit oui, j’ai dit oui. C’est pas pour obtenir son portable. Arrivés entre pompiers qu’on va se marcher sur le tuyau ! » On n’avait dans son restaurant, on découvre même pas parlé d’argent ! qu’il ne connaît ni Groland, ni

une overdose de raufer LA ZApPETTE de bourget ’opération d’un cor au pied vous L a jeté à l’hôpital… Que faire sinon regarder la télé ? Dans ce cas,

le 13 avril était un jour de double peine, condamné que vous étiez à vous farcir deux fois en quelques heures un dénommé Xavier Raufer, première salve, sur France 5 à C dans l’air, la seconde sur France 3 dans Ce soir ou jamais. Thèse, antithèse, foutaise, ce Raufer, placier en philosophie d’extrême droite, nous gonfle. Qu’Yves Calvi, qui n’est pas un mauvais bougre, demande l’avis de Xavier Raufer, abonné au gaz, pourquoi pas. Mais quand il nous livre ce type comme un « criminologue » capable de dire le vrai et le faux en matière de délinquance, c’est non. Si

Raufer est utile pour la Santé, il n’est pas bon pour la nôtre. Après avoir cofondé le mouvement fascisant Occident, Raufer s’est abrité sous les jupes d’Albertini, un collabo rescapé qui finançait, grâce au patronat, tout type d’action et de pensée anti-gauche. Raufer est un vieux marchand de peur dont le rêve est de voir l’avènement d’un État policier. Il y a trente ans, je l’ai croisé alors qu’il vendait « le danger » des « autonomes », qui devaient vite anéantir la patrie… Puis, il est passé à la cible socialo-communiste, avant de s’apercevoir que Mitterrand avait fait un passage à Vichy. Petit à petit, Raufer s’est sculpté un statut de « criminologue » autoproclamé. Alors qu’en réalité, même s’il

Criminologue ?

Éléonore Colin

Bakchich Hebdo N°20 | du samedi 17 au vendredi 23 avril 2010

B. H. : Comment s’est déroulé le tournage ? B. D. : Comme un rêve de cinq semaines. Nous sommes une équipe d’une dizaine de personnes. On peut changer une scène avec la découverte d’un lieu, d’un acteur. C’est ce qui donne de la vie dans nos films. Sur le tournage, Depardieu est un monstre qui hurle et raconte des conneries plus grosses que lui. Puis tu te rends compte que c’est pour ne pas penser à ce qu’il va faire, comment il va jouer. Dès qu’il y a le clap, il est le personnage. Il était concentré, sobre, volontaire – les assurances ne voulaient pas qu’il conduise sa moto ! – et on sentait que sa performance serait exceptionnelle. Dès le deuxième jour, il gueulait que ça lui rappelait les Valseuses. Il était heureux.

B. H. : Et ensuite ? B. D. : Comme nous bossons toute l’année sur Groland, nous devions absolument tourner Mammuth l’été, en juillet-août. En deux mois, nous avons écrit le scénario chacun de notre côté, Gus et moi. Malgré Gérard Depardieu et Isabelle Adjani au générique, nous n’avions pas le financement et le film s’est arrêté plusieurs fois car il nous manquait la moitié de notre budget, soit 1 million d’euros. Depardieu, dont le salaire était de zéro euro, nous épaulait à chaque galère et Gérard a réussi à convaincre tout le monde.

trempe à longueur de temps dans le sang du crime, son plus fort diplôme est un parchemin de géographe. Sur France 5, on a bien compris que Raufer n’est pas un ennemi des heureux marchands de vidéosurveillance, ni de ceux qui en assurent la coûteuse maintenance. L’obsession de Raufer, en dehors du business, c’est la banlieue pleine de gens pas bien. Notre Xavier, dont la pureté scientifique ne recule devant rien, a même exprimé cette monstruosité : il n’existe aucun lien entre misère sociale et délinquance ! Donc, si nous trouvons en prison plus de lascars du 9-3 que de petits gars de Neuilly, c’est que les premiers cités ont vraiment un mauvais fond. Voire un chromosome dézingué ? Chez Taddeï, que ça faisait rire, Raufer venant à l’aide de Zemmour, lance carrément : « Allez donc à Fleury-Mérogis à l’heure des visites, vous verrez qui fait la queue devant la prison ! » Autrement dit, que des nègres et des bougnoules. Pas assez enfermés puisque le si neutre savant Raufer souhaite que l’on enchriste 27 000 types de plus. Des évadés fiscaux ? ✹

B. H. : Mammuth, c’est le film anti-bling-bling par excellence, une œuvre politique et forte sur « la France d’en bas ». Pourquoi cet amour pour le prolétariat ? B. D. : En ce moment, je présente le film dans les salles de province. Eh bien, en train, il m’est impossible de monter en première, j’ai l’impression d’être avec des morts-vivants. Impossible ! On parle du prolétariat car c’est ce que l’on connaît. Je ne sais pas trop d’où viennent les autres réalisateurs français ✹ RECUEILLI PAR marc godin Mammuth, de Benoît Delépine et Gustave Kervern, avec Gérard Depardieu, Isabelle Adjani, Yolande Moreau, Benoît Poelvoorde. En salles le 21 avril.

la bakchich team Directeur de la publication : Xavier Monnier • Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • Conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget • Rédacteurs en chef : Cyril Da (Web), PierreGeorges Grunenwald (édition), • Chroniqueurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Laurent, Patrice Lestrohan, Fabrice Nicolino, Jean-François Probst, Alain Riou • Maquette : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Élodie Bui, Tatiana Weimer • Rédaction : Monsieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Éric Laffitte, Anthony Lesme, Laurent Macabies, Simon Piel, Enrico Porsia, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Verzaux • Dessinateurs : Avoine, Bar, Baroug, Bauer, Essi, Giemsi, Goubelle, Ray Clid, Khalid, Klub, Lacan, Ludo, Magnat, Mor, Morvandiau, Nardo, Noël, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Revenu, Roy, Soulcié, Thiriet • Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris • Téléphone : 01.40.09.13.25 CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France Offset Direction des ventes : Thierry Maniguet/ tmaniguet@scpe.fr/01.70.39.71.05 Publicité : pub@bakchich.info Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.


Un peu de culture Covoiturage gouvernemental

Le pipole de la semaine benjamin ne l’a pas biolay

le billet d’alain riou

Habitué des Victoires de la musique, de la pommade des critiques et un peu moins du succès public, Benjamin Biolay touche désormais à la politique. Enfin, tout juste. En attaquant les médias qui titillent sa vie privée et colportent d’odieux ragots. Carla Bruni dans le lit du chanteur ! Un bruit relayé en France, notamment par la chaîne France 24. Assignée le 12 avril. La rumeur a provoqué un scandale d’État, une enquête de police, les commentaires d’un conseiller présidentiel et ceux d’un patron des services du renseignement. Avant que le chef de l’État luimême s’y colle. « Je ne suis pas là pour choquer le bourgeois », plaidait, dans les Inrocks du 15 novembre, la mèche lyonnaise. Alors cocufier le Président… Le garçon a juste participé aux arrangements de Comme si de rien n’était, dernier album de la première dame, en 2008. Et encore, sur un seul titre, l’Amoureuse. « Monomaniaque tracassé par seulement deux ou trois choses, dont la relation amoureuse et le sexe » (toujours selon les Inrocks), le libidineux troubadour s’est donc trouvé un nouveau dada : les procédures en atteinte à la vie privée. La couverture de Voici du 10 avril l’a sans doute inspiré. Une photo le montrait, soutenant Laura Smet au sortir du bar branché Le Montana. Et le magazine de livrer un scoop avarié : « Ensemble ». Raté ! En tout cas, une promesse de procès à la clé. Débarqué d’un avion vers Barcelone en début de mois pour cause de surbooking, débarqué l’an dernier par sa maison de disques, EMI, Biolay est au moins bien embarqué en justice ✹ X. M.

Journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma. algré des relations apaisées avec M le couple présidentiel, Mme Dati a perdu ses voitures de fonction. Bakchich nous a même révélé l’existence d’une troisième auto secrète. Des voix s’élèvent pour suggérer qu’elle prenne le métro. L’idée n’est pas sans pertinence. À l’heure des économies d’argent et de carbone, le budget transports de nos élus peut être mis sur la sellette. Cela dit, le métro peut induire des effets pervers. Suivant les lignes assignées par leurs fonctions, nos dirigeants pourraient être conduits à favoriser leurs compagnons de wagon habituels : tentation d’une politique élitaire pour ceux qui, comme M. Claude Goasguen, député du XVIe arrondissement, emprunteraient surtout la ligne 2 (Étoile, Victor-Hugo, Porte-Dauphine), la 9 (La Muette, Jasmin, Ranelagh) ou la 10 (Mirabeau, Chardon-Lagache, Église-d’Auteuil). Attrait, en revanche, du populisme pour Mme Lagarde, que sa mission entraînerait inévitablement vers une 6 roturière (Dugommier, Quai de la Gare, Bercy). Conservons donc les voitures de fonction, mais en mettant en pratique l’ini-

tiative si courageusement promue par Mme Pécresse lors de la campagne des régionales : le covoiturage. Il s’agirait de ne pas faire n’importe quoi. Une commission ad hoc serait constituée pour former des synthèses bénéfiques. Mme Alliot-Marie, par exemple, si inutilement sèche, gagnerait sans aucun doute à partager son siège avec l’onctueux M. Bertrand. M. Douillet, l’homme fort du régime et qui prend de la place, ferait banquette commune avec M. Woerth, si maigre qu’on dirait une subvention à la culture. M. Apparu, ministre du Logement qui cherche d’urgence 70 000 appartements en Ile-de-France, compagnonnerait de la façon la plus heureuse avec Georges Tron, qui connaît les bons plans. Pour M. Joyandet, qui n’a que trop pollué avec ses jets privés, un Vélib’ à deux places, avec M. Borloo. Mme Dati retrouverait donc une voiture, mais flanquée de Mme Morano, qui s’habille si mal et à qui elle pourrait montrer les meilleures boutiques, en passant. Restent ceux qui ne peuvent s’entendre avec personne : on les mettrait dans la voiture du Président ✹

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business

c’est toujours la même chanson

L

es chanteurs du bon vieux – Mais alors, le vieux CD tient-il toujours la rampe ? temps, comme le regretté Jean Ferrat, sont, pour l’in– Pas du tout. Avant 2008, on dustrie du disque, l’équivalent du attribuait un disque d’or pour 100 000 exemplaires vendus. Téléthon (cette généreuse stupidité sur écran plat qui énerve Pierre Aujourd’hui, c’est 50 000. ContraiBergé, notre cosaque du don) : une rement au cinéma, passé du VHS sorte de vache à au DVD puis lait. Les entreau Blu-ray, en Règle de base : 20 % des prises durables, vingt-huit ans, comme celle des le CD n’a pas artistes d’un label font Enfoirés, sont bougé. Bizarre, vivre les 80 % restants. aussi un joli mais dire que le soutien éconodisque se porte mique. Le dernier opus de ces chomal semble faire le jeu de l’indusristes associés s’est vendu à plus trie musicale puisque, pendant de 300 000 exemplaires. Eh oui, la que coulent les larmes, le numésurvie de la musique enregistrée rique est une manne financière. est entre les mains des vieux, – Les marchands de musique seraient des hypocrites ? même si le jeune Renan Luce a écoulé plus de 800 000 copies de son – Des sites comme Deezer ou SpoRepenti. Les maisons de disques tify proposent des abonnements à tiennent-elles vraiment comme un catalogue regroupant des milune dent sur une vieille racine ? liers d’artistes. À chaque clic, ces Pour en avoir le cœur net, je propose à Christophe, responsable dans une major, de nous livrer les secrets de son business, à la terrasse d’un café sous un soleil plein de vitamine D. « Dans l’industrie de la musique, comme pour le cinéma, on nous apprend une règle élémentaire, celle des 80/20 : 20 % des artistes d’un label font vivre les 80 % restants. Si certains patrons, ne croyant pas cette loi, avaient cessé d’éditer des artistes après leur premier titre, quelques grands auraient été des talents inconnus. Je pense à Alain Bashung, qui entama sa carrière en 1966, pour ne connaître son premier succès qu’en 1981. Quinze années de désert… Sa maison de disques a tenu grâce à l’argent gagné avec d’autres chanteurs.

plateformes reversent des sous à la maison de disques. On considère qu’iTunes c’est 10 % de la vente d’un musicien. Pour Christophe, les maisons de disques ont de belles années numériques devant elles, et le développement du merchandising, où les grandes enseignes vendent de la musique avec les méthodes éprouvées pour les barils d’Ariel, doit stabiliser les ventes de CD. En plein soleil, la bière devient chaude. – Et encore, je ne t’ai pas parlé des back catalogues, ces fonds de roulement de chanteurs morts. En cessant simplement de respirer, Jean Ferrat a vendu plus de 10 000 disques. » C’est toujours dans les vieux pots pas pourris qu’on fait les meilleures recettes ! ✹ Renaud Santa Maria

du samedi 17 au vendredi 23 avril 2010 | Bakchich Hebdo N°20

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Ben la der

François BAROIN le fisc prodigue portrait C’est plus fort que lui: le nouveau ministre du Budget, François Baroin, ne peut pas être sectaire quand il s’agit de gouverner.

L

e masochisme qu’il faut pour être ministre ! Et aux postes les plus exposés ! Le nouveau titulaire du Budget, François Baroin, vient d’en donner à son tour une illustration. Il n’y a pas deux mois, les mesures gouvernementales qui agréaient à cet entreprenant garçon se comptaient sur les doigts d’une main. Le débat sur l’identité nationale ? « La ficelle est trop grosse. » La désignation, par l’Élysée, du patron de France Télévisions ? « Un recul de vingt-cinq ans. » L’équipe Fillon ? « Un gouvernement d’apparatchiks. »

HARRY POTTER

François l’a raconté, à sa façon, à Paris-Match : il n’aura fallu qu’un rendez-vous avec le Président avant le second tour des régionales et un coup de fil du même, quelques jours plus tard, pour vaincre ces préventions outrancières. Une semaine de plus, et, nouvelle éminence du régime, le maire de Troyes le jurait, aux Échos cette fois : le bouclier fiscal répond à « un principe d’équité ». Pour les intéressés, sans aucun doute. Avec le Budget, portefeuille périlleux et souvent dévolu à un inconditionnel du chef de l’État, Baroin, 45 piges en juin, accède à son quatrième maroquin. Déjà député, il décroche le premier à 29 ans, un record inégalé depuis Mitterrand (à la Libération). Fugitif porte-parole du premier gouvernement Juppé (juin-octobre 1995), il fait à l’époque sourire jusque dans son parti, le RPR : « François », c’est à l’époque surtout « Harry Potter », « Tintin », ou bien encore « le p’tit Baroin ».

Par opposition au « grand » Baroin, son père, Michel, disparu dans un accident d’avion en 1987, patron de la GMF et de la Fnac, dignitaire du Grand Orient, ami personnel de Chirac, lui-même premier tuteur politique de François. Le « p’tit » ne réapparaît au gouvernement que douze ans plus tard, sous Villepin. À l’Outre-mer d’abord, puis, pour moins de deux mois, à l’Intérieur, quand Nicolas part en campagne présidentielle (officielle). Déjà, son affabilité naturelle, ou étudiée, aidant, notre ami se révèle adaptable. Bébé Chirac donc, il joue, dès 2004, les porte-parole (encore !) de Sarkozy à la présidence de l’UMP. Parole assez soporifique, d’ailleurs.

SOPORIFIQUE

Une surprise : jeune journaliste (sur Europe 1), il était assez vif. Surtout, ce pêcheur du dimanche (dans les rivières de la Creuse) répète qu’il est « chiraco-villepino-sarkozocompatible ». Le goût du risque, certainement. Suppression de quelques niches fiscales ? Création d’une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu ? Sortie de la CSG et du RDS du bouclier fiscal ? En cette fin de semaine, pour apaiser les parlementaires en grogne, le gouvernement n’avait pas encore tranché, mais on est bien tranquilles : quelle que soit la formule retenue, le très « compatible » et un rien « pipolisé » Baroin viendra de toute façon nous expliquer, plus rad-soc’ que churchillien, qu’elle répond à « un principe d’équité » ✹ Patrice Lestrohan

reprise du dialogue à la sncf

Le droit dans l’œil

Docteur Juppé et Mister aïe

Candidat déclaré à d’éventuelles primaires à droite, Juppé se livre, dans le Monde (11 et 12 avril), à une pénétrante analyse des déboires actuels de Sarkozy : « On ne peut pas tout faire en même temps, en bousculant trop d’habitudes à la fois. » Tout le contraire de ce qu’avait « fait », à l’automne 1995, le Premier ministre Juppé, en tentant de réformer, « en même temps » et « à la fois », la Sécu, la SNCF, les régimes spéciaux de retraite… Taux maximal de mécontentement. « Les gens oublient », disait souvent Mitterrand. Raison de plus pour leur rafraîchir la mémoire.

Échecs et stigmates

Les médias en font trop sur les suicides de France Télécom, tragédie dont vient de se saisir la justice. Un bourrage de crânes qui révulse le nouveau patron du groupe, le très sarkozyste Stéphane Richard (l‘Express du 8 avril) : « [Notre entreprise] n’est pas le symbole du stress. (…) Des managers sont stigmatisés et en souffrent à leur tour. Beaucoup de gens, à France Télécom, ont le sentiment d’un acharnement contre nous. » Pourvu que, désespéré par cet « acharnement », l’état-major de la maison ne se résolve pas à un suicide collectif !

La Ferme célérité

Incroyable, tout ce qu’a pu faire le poète Villepin, en visite chez des fermiers de Haute-Saône, clientèle électorale à récupérer… peut-être. Le Parisien du 10 avril écrit : « Les photographes l’immortalisent en train de traire une montbéliarde, de papouiller un agneau, de donner un biberon à un veau, de caresser une jument, de s’asseoir au volant d’une moissonneuse-batteuse. » « Je suis né dans une ferme », se justifie Dominique, lequel, question écuries, s’est surtout fait connaître dans celle de Chirac, au Château ! Et par de drôles de « papouilles » !

Confits et confidences

À peine débarquée dans l’arène, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, nous fait le coup de ces vieux briscards qui ne rêvent, à les en croire, que d’aller ouvrir une crêperie en Bretagne. Cécile donc, au Point du 8 avril : « C’est quand même une tuerie, cette activité politique. » Elle irait bien, poursuit l’hebdo, « [se] reposer dans les Landes », « réparer [sa] 4 L, manger du confit de porc et faire des compotes ». Oui, mais dès qu’on a mis le doigt dans le pot de confiture politique…

Candidate non élue du FN dans les Yvelines, Marion Le Pen, petite-fille de Jean-Marie, « tout juste 20 ans » (le Parisien du 10 avril), poursuit sa deuxième année de droit. Sans idée précise sur son avenir professionnel : « C’est pour ça que je suis en droit, car on dit que ça mène à tout. » Son collègue Jean Sarkozy, qui mène exactement le même cursus, pourrait la prévenir : « À tout, sauf à la présidence de l ‘Epad ! »

Martine à l’école

L’indication est donnée par le Journal du dimanche (11 avril) : au nombre des intellectuels que fréquente assidûment la première secrétaire Aubry, on trouve « la jeune économiste Maya Bacache-Beauvallet, auteur de Stratégies absurdes, comment faire pire en croyant faire mieux ». À vrai dire, dans son histoire fournie, le PS n’a pas toujours eu besoin d’un ouvrage théorique pour en arriver là.

Kaboul chinoise

Alors que, depuis huit ans, les forces de l’Otan peinent à contenir l’offensive talibane, à 35 km de Kaboul, les Chinois « s’apprêtent à extraire le cuivre d’un des gisements inexploités les plus riches au monde », révèle le New York Times – repris par Courrier international (8 avril). Une gigantesque opération assortie de la construction de mosquées et d’écoles. Commentaire d’un « prestataire » local : « Les Chinois sont très malins. Lorsque nous sommes allés parler aux habitants, ils se sont habillés en civil et se sont montrés très amicaux. » Des visiteurs « amicaux » en Afghanistan ! On comprend que « l’habitant » soit surpris !

Des gamelles et un bidon

Giscard n’a pas toujours été hanté par des fantasmes d’amours princières. À l’Élysée, il affichait ainsi, et au moins pour la galerie électorale, de solides intérêts animaliers. Veuve du fondateur de l’émission Trente millions d’amis, Reha Hutin se souvient (l’Express du 8 avril) qu’il fut, en 1976, le premier homme politique « à solliciter les caméras » de son mari. À seule fin de « présenter aux téléspectateurs une portée de chiots : le Président courait à quatre pattes, distribuait les gamelles, on voyait qu’il aimait ça. » À tel point que, cinq ans plus tard, à la présidentielle de 1981, il prenait la pâtée.

Des gnons pour Matignon

Tout va trop vite. Il n’y a pas trois semaines, les gazettes nous répétaient que le Premier ministre était au zénith de sa popularité (à droite) ; à l’Assemblée, les députés l’acclamaient debout. Or, que nous dit le Figaro (12 avril) ? « François Fillon repasse dans l’ombre. (…) En retrait depuis dix jours, (…) il voit sa popularité pâlir. » C’est curieux comme, dans certains titres, l’actualité se conforme aux souhaits de Sarko… ✹ P. L.

Où trouver Bakchich Hebdo ? Vous avez harcelé votre kiosquier, menacé les Relay H ? Mais sans succès ? Pour toute réclamation ou information, contactez tmaniguet@scpe.fr

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