Actu Santé Actu Santé juillet • septembre 2015 • 1,50 €
# 140
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ACTUALITÉS DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
Dossier
CENTENAIRE de la grande guerre 1914 - 1918
14 juillet 2015 : le SSA à l'honneur
Management et qualité de vie au travail
Les marins formés au sauvetage au combat
Réseaux sociaux, suivez le SSA !
# 140
SOMMAIRE ACTU SANTÉ juillet • septembre 2015 Actualités
4-8 Désengagement du CTS • 14 juillet 2015 • 25 ans EPPA • RMBS 2015 • etc. .......................................................................................
Activités opérationnelles 9 10
Aide médicale à la population malienne Chammal : former les formateurs
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DOSSIER
Centenaire de la Grande Guerre 1914-1918
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11-25 FORMATION
Les marins formés au sauvetage au combat
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Activités opérationnelles Afflux de blessés tchadiens à N’Djamena Dentiste « de l’avant »
Info transfo
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Femmes et hommes du SSA Management et qualité de vie au travail
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Réseaux sociaux Suivez et partagez le SSA!
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26 DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information Fort neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux - 75614 Paris Cedex 12 - Tél : 01 41 93 27 07 bcissa@dcssa.fr
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Actualités
Désengagement
du CTS
Le 7 juillet 2015, sur la base aérienne principale de Conakry a eu lieu la cérémonie de clôture du centre de traitement des soignants (CTS) de Conakry, en Guinée.
P
résidée par monsieur Cochery, ambassadeur de France, cette cérémonie s’est déroulée en présence d’autorités guinéennes parmi lesquelles maître Camara, ministre délégué à la Défense, et le docteur Keita, coordonnateur de la lutte contre la maladie à virus Ebola. Dans son ordre du jour, le médecin en chef Boutin, commandant le détachement, a rappelé le bilan du centre : « Nous pouvons être fiers de ces visages d’hommes et de femmes qui ont été guéris, et la présence de certains d’entre eux redonne de l’espoir à tous ceux qui sont encore hospitalisés dans un centre de traitement Ebola ». L’ambassadeur de France a quant à lui rappelé que la fermeture du CTS ne marquait pas la fin de la participation de la France à la lutte contre l’épidémie Ebola.
Un défi interarmées réussi Le CTS a rassemblé toutes les compétences de nos armées en Guinée. Il a été conçu par le SSA puis déployé dans l’urgence en quatre semaines en décembre par les armées françaises. L’ensemble des 5 composantes du SSA (hôpitaux, médecine des forces, recherche, formation et ravitaillement sanitaire) se sont mobilisées pour mettre en œuvre un dispositif spécifique de soins au profit, pour la première fois, de malades atteints d’Ebola. Au cours de cette mission, près de 200 soignants du service se sont succédé au chevet des patients en zone rouge d'hospitalisation.
Si le cœur de métier du SSA est de déployer une chaîne santé complète au profit des blessés de guerre, la mission Tamarin a rappelé son niveau d’expertise dans la gestion des crises sanitaires et sa capacité à adapter cette chaîne complète et autonome au profit d’une population confrontée à une maladie émergente hautement contagieuse et à très forte létalité. Le CTS a rappelé l’adaptabilité du SSA et sa capacité à innover. C’est aussi l’illustration de l’engagement courageux du personnel du service.
BCISSA
BILAN
61 soignants pris en charge, 26 ayant contracté la maladie, 18 guéris, 8 décès
Le CTS proposait une offre spécifique de soins aux soignants exposés en première ligne, c’està-dire à tous les acteurs de santé du public ou du privé intervenant directement dans la lutte contre Ebola, ainsi qu’aux membres d’ONG nationales ou internationales.
4 • Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015
G.Gesquière©armée de Terre
Soigner les soignants
Les acteurs de la lutte contre Ebola ont été mis à l'honneur sur les Champs-Elysées. Parmi eux, un détachement du Centre de traitement des soignants de Conakry et du Régiment médical aux côtés de la BSPP et de l'UIISC n°7.
14 juillet 2015
Les écoles (EVDG, EPPA, ESA)
© ECPAD
© ESA
© ECPAD
© ESA
© ECPAD
Le personnel du SSA à l'honneur
©J.Salles -ECPAD
J.Redouane-ECPAD
Actualités
Actualités
25 ans EPPA Le 1er juillet 2015, l’École du personnel paramédical des Armées (EPPA) a célébré ses 25 ans. Elle a été créée par décision du ministre de la Défense en 1990, initialement pour assurer la formation paramédicale des personnels sous-officiers, officiers mariniers et militaires du rang des Armées. Depuis 1998, elle prépare, en 3 ans, les futurs infirmiers à l’obtention du brevet d’état en alternant cours théoriques, stages pratiques en HIA et sorties terrain pour préparer les élèves à leurs futurs conditions d’exercice, notamment en opérations extérieures. © EPPA
Prochaine échéance : le déménagement progressif de l’école sur le site de Lyon Bron à partir de 2016.
RMBS 2015 Du lundi 1er au samedi 27 juin 2015, 62 militaires blessés ont participé à la 4e édition des RMBS organisée à Aubigny-sur-Nère et Bourges (Cher). Aux côtés des blessés, une cinquantaine de praticiens et paramédicaux du Service venus de toute la France ont contribué à la réussite de ce stage. Le personnel soignant est présent tout au long des étapes de la reconstruction des blessés : depuis la blessure sur les théâtres d'opérations jusqu'à leur réinsertion professionnelle. Une belle occasion pour le grand public de découvrir le dévouement des médecins et des infirmiers militaires mais aussi le courage des blessés. La blessure étant un risque inhérent au métier de militaire, le suivi et l'accompagnement des blessés constituent l'une des priorités du ministère de la Défense. Les RMBS font partie du « pack sportif » proposé aux blessés dans le cadre de leur parcours de soin. L'objectif est de leur faire découvrir la pratique d'activités sportives adaptées à leur handicap et de leur permettre d'échanger, dans un contexte différent, avec les acteurs du suivi médico-social qui les accompagnent au quotidien.
6 • Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015
Actualités
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À la rencontre des bacheliers L’Association CiDAN (Civisme Défense Armée Nation) a décerné son « Trophée Civisme et Défense 2015 » à la direction régionale de Saint-Germainen-Laye pour l’action originale de l’un de ses réservistes pour le recrutement de candidats du niveau Bac au profit du concours de l'École du Service de santé des armées.
Le Trophée Civisme et Défense est destiné à récompenser les meilleures réalisations de citoyenneté et de solidarité entre la société civile et les armées. Il a été remis au MC (R) Hamon le 18 juin dernier, dans les salons de l’Hôtel de Lassay, par le Président de l’Assemblée Nationale, M. Claude Bartolone. Celui-ci a salué « les diverses et nombreuses initiatives qui rencontrent le succès, comme l’ouverture du Service de santé des armées vers la Société Civile. »
Élève de l'ESA lors du défilé du 14 juillet
© CCH C. Fiard - DICo D
La DRSSA de Saint-Germain-en-Laye est à l’honneur grâce à l’un de ses réservistes. Le MC (R) Patrick Hamon, réserviste depuis 1989, actuellement médecin angiologue à l’HIA Bégin, ne se contente pas de sa consultation hebdomadaire. Il mène également chaque année depuis 2009, au proLe MC (R) Hamon entouré par les Médecins Chef des Services Cueff, fit de la DRSSA, une large Rouhart, Rigal Sastourne et le Médecin en Chef Colcombet. campagne d'information et de recrutement pour le concours d'admission à l’ESA. En binôme avec un représentant de l'Éducation nationale, ils ont visité près de 120 lycées publiques et privés d’Île-de-France et rencontré 3 750 jeunes lycéens. 430 d’entre eux se sont inscrits au concours, soit près d’un quart des inscrits sur le plan national, et un peu plus de 30 % des admissibles.
Le plasma de l'urgence récompensé
L'hémorragie aïgue est la première cause de décès « évitable » en polytraumatologie de guerre ou civile. Seul le PLYO, se présentant sous forme de poudre à reconstituer en moins de 6 minutes avec l'eau fournie dans le kit, permet la transfusion salvatrice immédiate en cas de choc hémorragique. Le PLYO est donc le plasma de l'urgence militaire et civile. Il peut être utilisé sans connaître le groupe sanguin du receveur ; il est disponible
en tout temps, en tous lieux et en toutes circonstances ; il a prouvé son efficacité au combat (Afghanistan, Mali, Centrafrique...) y compris au sein d'armées étrangères, dont les forces spéciales américaines, ainsi qu'au sein des hôpitaux d'instruction des armées en France. Son usage est recommandé dans toutes les situations d'urgence vitale, militaire et civile (SMUR, sites médicalement isolés...). Le plasma lyophilisé est un produit validé et
© JJ.Chatard - DICoD
Le ministère de la Défense, représenté par le centre de transfusion sanguine des armées, a reçu le prix spécial du jury lors de la 7e édition des Trophées du Management de l'Innovation, organisée par BearingPoint, L'Expansion et l'Ecole des Ponts Paris Tech, pour le PLYO ou plasma lyophilisé. Le jury a souhaité récompenser la démarche originale et audacieuse, la recherche de réduction des coûts et d'amélioration ainsi que l'ouverture remarquable vers des partenaires internationaux.
autorisé par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Il est une spécificité du Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA). Pour la recherche de production à moindre coût et d'extension de ses débouchés, le CTSA a reçu le soutien de la mission pour l'innovation participative du ministère de la Défense. Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015 •
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© S. Barreau - HIA Legouest
Actualités
Le SSA solidaire Une action de solidarité au profit des orphelins de la Défense et de leurs familles s'est déroulée le samedi 6 juin 2015 à Metz, organisée par le gouverneur militaire. Les fonds récoltés, grâce à la mobilisation du public lorrain et à l'attention qu'il a toujours témoigné à sa communauté militaire, sont intégralement reversés à l'Association pour le Développement des Œuvres d'entraide dans l'armée (ADO). L'HIA Legouest et le CMA de Metz ont participé à cette journée d'action en présentant la mission principale du SSA : la prise en charge du soldat en France et en OPEX, le parcours de soins du blessé jusqu'à la rééducation, la réadaptation et sa réinsertion professionnelle et sociale. Avec la trousse individuelle du combattant, les visiteurs ont découvert le sauvetage au combat dont la formation est délivrée par le SSA à chaque soldat projeté. La chaîne santé et son efficacité a séduit le public qui s'est également vu
présenter l'offre de soins de l'HIA Legouest. L'HIA Legouest est un des acteurs majeurs de la santé publique territoriale et il s'est particulièrement illustré récemment au travers de la mission Ebola, la participation du SSA aux plans gouvernementaux de crises sanitaires. L'ensemble de la composante Défense de la région était représenté au travers d'une quinzaine d'unités militaires de Lorraine ainsi que par la présence de matériels les plus modernes, récemment engagés sur les théâtres d'opérations extérieures, comme par exemple l'hélicoptère d'attaque TIGRE ou le Véhicule Blindé de Combat d'Infanterie (VBCI). Le fil rouge de cette journée était le 70e anniversaire de la libération de la France avec la présence de véhicules militaires américains de la seconde guerre Mondiale. Source : Samanta Barreau, chargée de communication de l'HIA Legouest
La médecine militaire à la fac de Nancy Le 6 mai dernier, a eu lieu la remise des diplômes de l'enseignement optionnel « Médecine en milieu militaire » de l'Université de Lorraine. Ce module, où intervenants d'active et de réserve présentent les spécificités du SSA (prise en charge des blessés de guerre, identification des victimes de catastrophe, médecine aéronautique, expertise...), permet des échanges entre le monde médical civil et le monde médical militaire. Il favorise de plus le recrutement au sein de la réserve opérationnelle du SSA. 8 • Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015
Une centaine d'étudiants des facultés de médecine, dentaire et pharmacie ont reçu leur diplôme au cours d'une cérémonie qui s'est déroulée dans le salon d'Honneur du gouverneur militaire de la place de Nancy. Les diplômes ont été solennellement remis par le directeur régional du service de santé des armées de Metz et par des autorités locales ou médicales.
À cette occasion, le MP (R) Schjoth, chef du département de chirurgie cardiaque de Metz, s'est vu remettre la médaille des services militaires volontaires, en récompense de ses activités de médecin embarqué.
activités opérationnelles
Aide médicale
à la population malienne Fort du succès des précédentes aides médicales à la population d’Hamachache en date des 29 janvier et 19 mars 2015, le DLAO 5 montant a décidé de renouveller cette opération.
U
ne recherche internet nous a permis de récupérer des documents médicaux issus du carnet de santé français (courbes de croissance, examen pédiatrique systématique) et des affiches de prévention. L'organisation d'une AMP ne peut s’envisager qu’en s’appuyant dans la mesure du possible sur les structures de soins locales, pour assurer une certaine continuité des soins. Dans le cadre de la mission de liaison et d’appui opérationnel du DLAO 5, c’est tout naturellement que le médecin du Bataillon tchadien s’est joint à nous avec deux infirmiers. Basé sur la Pfdr de Tessalit, il assure le soutien médical des troupes tchadiennes. Il est également sollicité par la population d'Hamachache pour des consultations. Il est un relais connu et apprécié par la population. Régulièrement, nous lui délivrons des conseils médicaux et le dépannons, ponctuellement, en médicaments. Le médecin malien du centre de soins communautaires de Tessalit a également une nouvelle fois répondu présent. Représentant l'échelon étatique malien de la santé, il est à l'origine des campagnes de vaccinations dans la région. Pour la Force, il est une source de renseignements médicaux sur l'état sanitaire de la population. Il
nous a ainsi alertés sur une épidémie en cours de rougeole et de grippe.
L'état de santé des nourrissons examinés était très bon. Qautre échographies ont été réalisées.
121 patients de 1 mois à 80 ans ont été pris en compte en 4 heures. 60 enfants scolarisés à Hamachache ont bénéficié d'une visite médicale. L'état général des enfants était plutôt bon, sans pathologies carentielles notables. L'état bucco-dentaire était globalement satisfaisant. Chaque enfant est reparti avec un bonbon et une pomme. Un don d'affiches pédagogiques a été fait au profit de l'Ecole. Nous avons examiné à la demande des médecins tchadiens et maliens certains de leurs patients suivis par leurs soins au long cours.
Un moment fort pour les médecins militaires français.
MDA Simon-Pierre Corcostegui Médecin du DLAO 5 - CPA 30 Antenne médicale de Poitiers MDA Pierre Rajoelison
Médecin du Sous-Groupement Tactique Désert Ouest Jaune - 21e RIMa Antenne médicale de Fréjus
Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015 •
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dossier :
Centenaire de la Grande Guerre
1914-1918
En 1914 comme en 2015, le blessé est le combat du Service de santé des armées. Il est aussi celui de la Nation toute entière. En effet, que ce soit par la réorganisation entreprise sous la pression des événements de la 1re guerre mondiale ou au travers de la transformation réfléchie et concertée mise en œuvre par le modèle SSA 2020, le but reste le même : améliorer encore et toujours la prise en charge du blessé de guerre.
L
e désastre sanitaire des premiers mois de la Grande Guerre a rapidement obligé le Service de santé, mal organisé, mal équipé et brutalement sollicité sur le territoire national, à procéder à une vaste réorganisation. Dès la fin de l’année 1914, le Service de santé innove afin de faire face à l’afflux massif de blessés. Le dossier thématique de ce numéro d’Actu Santé illustre quelquesunes des avancées médicales, techniques et organisationnelles qui en ont découlé. Le SSA tel que nous le connaissons aujourd'hui, et plus encore celui du modèle SSA 2020, sont à bien des égards les héritiers de ces évolutions. Se préparer, s’adapter, innover L’entrée de la France dans la guerre en 1914 a été un véritable choc. Il faudra beaucoup de courage et d’acharnement pour faire face au drame humain qu’elle va engendrer. En 2015, le contexte sécuritaire et les nouvelles menaces sanitaires obligent le SSA à s’interroger à nouveau sur son organisation et l’évolution de sa chaîne santé opérationnelle. Il doit être en mesure d’assurer le contrat opérationnel pour lequel il est dimensionné. Quel que soit le contexte, il doit remplir sa mission de soutien des armées et garantir sa participation à la gestion de crises dans un cadre interministériel. Construire un SSA capable de s’adapter à tous types de situations graves et souvent imprévisibles est l'un des fondements du modèle SSA 2020. En effet, une nouvelle surprise stratégique est toujours possible et il faut donc prévoir un système adaptable, réactif et innovant pour y faire face.
Ensemble avec le monde civil de la santé De 1914 à 1918, l’effort unanimement consenti par les acteurs de la santé (civils, réservistes et militaires d'active) pour œuvrer ensemble au soutien des combattants était indispensable. Tout le
pays s’est mobilisé pour la Nation. Le rapprochement du monde civil de la santé et du Service de santé des armées était obligatoire et nécessaire mais il n’était pas préparé. En 1914, au front comme à l'arrière, c'est bien toute la communauté nationale de santé qui, au nom de valeurs patriotiques et humanistes, s'est unie pour le bien commun et cela sans distinction d'uniformes et de conditions. Les professionnels de santé de l'époque y ont ajouté un sens éthique particulier et une vision de leur action au profit de l'humanité qui forceront l'admiration et contribueront plus tard à servir de base aux Conventions de Genève. En 2015, les menaces protéiformes et persistantes rendent encore plus nécessaire le besoin de travailler ensemble et autrement. C’est dans cette perspective que l’ouverture vers le monde civil de la santé est l'un des principes fondateurs du modèle SSA 2020. Elle a pour objectif de développer de manière pragmatique toutes les synergies possibles, dans le respect des identités de chacun. Le blessé de guerre, une préoccupation majeure Le musée du Val-de-Grâce est riche de l’illustration de cette prise en charge des blessés de la Grande Guerre, de leur handicap et des séquelles physiques ou psychiques. Les témoignages de l’époque sont nombreux. Ils montrent l’extrême dureté des combats et le lourd tribut payé par nos soldats : amputations, « gueules cassées », « névrose traumatique »… 100 ans plus tard, le parcours de soins du blessé de guerre depuis sa prise en charge initiale jusqu’à sa réadaptation et sa réinsertion demeure la préoccupation majeure du Service puisque c’est un axe prioritaire de la transformation actuelle.
MC Chantal Roche,
d’après les propos recueillis auprès du MGA Debonne, Directeur central du Service de santé des armées Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015 •
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dossier : Centenaire de la grande guerre
La chaîne d’évacuation des blessés
Contestée dans les premiers mois de la Grande Guerre, l’organisation de la chaîne des évacuations des blessés est rapidement adaptée par les médecins aux contraintes de la guerre, dès lors qu’ils peuvent en assumer la responsabilité logistique. Sous leur impulsion, tout est alors mis en œuvre pour hâter la prise en charge thérapeutique et l’évacuation des blessés, faisant de la chaîne d’évacuation du Service de Santé français un exemple unanimement salué.
Blessé chargé dans un camion sanitaire
M
algré des évolutions doctrinales et des adaptations circonstancielles enregistrées au cours de la guerre, liées à l’expérience acquise et aux progrès techniques, on peut retenir une organisation schématique moyenne de la chaîne d’évacuation des blessés en regroupant les différentes opérations de soutien sanitaire en trois grandes étapes.
Les « opérations de relèvement des blessés » Les « relais de blessés » organisés sur la ligne de front, permettaient le regroupement des blessés relevés par les brancardiers, en général dans des conditions extrêmes. Des infirmiers 12 • Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015
Premiers soins sur le champ de bataille
prodiguaient les premiers soins, posaient les premiers pansements. Les blessés étaient acheminés alors aux postes de secours des bataillons et des régiments. En mouvement de combat, ceux-ci étaient sommairement déployés dans un abri, une cave, une école, une église autant que dans une tranchée ou au bord d’un talus. Quand les délais le permettaient, on s’installait pour durer, au mieux des circonstances. Le poste de secours était alors situé à 1 000 ou 1 500 mètres des premières lignes. Malgré leur précarité, ces postes, tenus par des médecins, permettaient une première prise en charge médicalisée des blessés et des malades avant leur évacuation. Il fallait éviter tout
dossier : Centenaire de la grande guerre
engorgement à leur niveau, même si dans certains cas, certains gestes urgents, en particulier d’hémostase, y furent réalisés. La séparation entre éclopés, blessés Transport d'un blessé au poste de secours marchants, blessés couchés, blessés intransportables et plus tard intoxiqués par les gaz s’effectuait dès les postes de secours. Pour les médecins qui arment ces postes de secours ainsi que pour leurs subordonnés le quotidien est fait de courage, d’abnégation mais aussi d’ingéniosité et d’adaptation permanente aux circonstances et à la précarité de leurs installations. Nombre d’entre eux tomberont, victimes du devoir.
loin, vers les hôpitaux de l’Intérieur, où ils recevraient, tardivement et au prix de pertes considérables, le premier traitement adapté à leur état. À partir de 1915, la modification de la dotation en matériel chirurgical des HOE permit d’accroître la compétence technique de ces formations afin d’améliorer la régulation des flux des évacuations. Assurant toujours la mission d’embarquement dans les trains sanitaires, ils représentaient désormais de véritables centres de traitement pour les blessés les plus graves. Souvent, furent annexées à ces hôpitaux d’évacuation des formations dites « complémentaires temporaires » pour les gazés, contagieux, neurologiques, psychiatriques. Au delà de la zone des Armées, le nombre de ces formations d’accueil (hôpitaux militaires mais surtout hôpitaux mixtes militarisés, complémentaires ou auxiliaires) fut considérable : en 1915, on dénombrait 5 305 formations offrant un potentiel d’hospitalisation théorique de 507 562 lits.
Les « opérations de ramassage » Au delà, le service de santé divisionnaire, avec ses groupes de brancardiers et ses sections de voitures sanitaires, assurait le « ramassage » ou « premier transport ». Les blessés étaient pris en charge aux postes de secours. Le terrain et la permanence des combats interdisaient en général l’approche des véhicules à moins de 1 ou 2 km du poste de secours, imposant un portage dans des conditions souvent si difficiles qu’il fallait organiser des relais tous les 400 à 500m. Chargés dans les véhicules de transport, les blessés étaient Brocourt (Meuse) - Ambulance alors acheminés, soit vers les ambulances divisionnaires où étaient effectués le triage et le traitement des intransportables, soit vers la première ligne des « hôpitaux d’origine d’étape » où ils trouveraient un train sanitaire. Assez rapidement, face au grand nombre de blessés, la notion de « triage » s’est imposée, distinguant les « évacuables » des « intransportables » et des « éclopés » qui restaient dans les ambulances. Il ne sera effectué dans une formation spécialisée qu’à partir de 1917 lorsqu’il deviendra le pivot de l’organisation de la chaîne des évacuations.
Hôpital complémentaire à Compiègne - Salle commune
Les « opérations d’évacuations » Les évacuables gagnaient les formations hospitalières déployées dans la « Zone des Etapes ». Ces « hôpitaux d’origine d’étape » (HOE) étaient également qualifiés « d’hôpitaux d’évacuation ». On y arrêtait les blessés et les malades devenus intransportables. Au début de la guerre, les HOE implantés auprès HOE d’une gare n’assuraient que la mise à bord des trains sanitaires des blessés, pour lesquels commençait alors un acheminement au
Le Service de Santé a démontré sa capacité d’adaptation pour atteindre l’excellence, mais sa contribution à la Victoire fut aussi celle du lourd tribut qu’il paya en morts et en souffrances. Ses pertes au cours de la Grande Guerre témoignent de l’héroïsme de tout le personnel médical et paramédical. Plus de 1 600 médecins tombèrent au champ d’honneur. Très naturellement, l’essentiel d’entre eux servait « à l’avant ». Comme l’écrira après la guerre Justin Godard, sous secrétaire d’Etat au Service de santé : « Ils venaient, dans la bataille qui ne les épargnait point, pour veiller sur la vie des autres. Et, négligeant la leur, ils pansaient, ils opéraient, la mort furieusement déchaînée les menaçant et les frappant sans distinguer ». Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015 •
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dossier : Centenaire de la grande guerre
Évacuations sanitaires par voie ferrée
Au cours de la guerre, le parc des trains sanitaires a dû être réorganiser pour transporter près de 5 millions de blessés ou malades, dont plus de 900 000 dans la seule période de mars à novembre 1918.
A
u début des hostilités, le parc se composait de cinq trains dits permanents « hôpitaux roulants » pour 128 à 256 blessés couchés, de 115 trains improvisés à wagons couverts, sans intercirculation, ni chauffage ni éclairage d’une capacité de 396 blessés et de 30 trains ordinaires pour le transport de 1 200 à1 500 blessés assis. Les évacuations réalisées dans les premières semaines de la guerre furent qualifiées de désastreuses : les blessés, seulement pansés, étaient envoyés vers les zones géographiques les plus éloignées ce qui aggravait les blessures et entraînait fréquemment des gangrènes. De plus, on eut recours à des trains « de fortune » dans lesquels les blessés repartaient vers la zone de l’Intérieur couchés sans accompagnement ni brancards, allongés sur du fourrage le plus souvent non désinfecté, pour des trajets extrêmement longs. Enfin, la décision de mise en route des évacuations sanitaires par voie ferrée relevait du seul Commandement, sans qu’aucun représentant du Service de santé ne contribue à sa mise en œuvre. Selon le règlement de 1910, le parcours du train sanitaire dans la zone de l’Intérieur devait transiter par une ou plusieurs stations de transition pourvues d’une infirmerie de gare où les blessés dont l’état s’était aggravé pouvaient être débarqués et dirigés vers une formation hospitalière voisine. Le train se dirigeait ensuite vers une gare point de répartition où étaient débarqués les blessés destinés aux hôpitaux temporaires, mixtes, auxiliaires, hospices civils. Après recomplètement en matériel et désinfection, le train repartait à vide vers une gare qui lui avait été désignée. Dès octobre 1914, un nouveau type de train sanitaire fut mis en œuvre : le semi-permanent, formé de voitures à intercirculation pour blessés couchés et assis (dits « mixtes ») de 35 à 37 véhicules avec chauffage, éclairage et tisanerie. Au nombre de 55 à l’origine, ils pouvaient emporter 150 à 300 blessés couchés et 400 à 500 blessés assis, selon leur composition. Les trains sanitaires improvisés, eux, furent améliorés par l’adjonction d’un fourgon-tisanerie et d’une voiture d’accompagnement pour le personnel ; autant que possible leur emploi fut limité aux courts parcours entre l’hôpital d’évacuation et la gare régulatrice. En août 1915 on comptait 6 trains sanitaires permanents, 167 trains sanitaires semi-permanents et 52 trains sanitaires improvisés qui correspondaient approximativement à une capacité totale de 25 000 places couchées et 59 000 places assises. Les évacuations par voie ferrée concernèrent alors essentiellement des blessés déjà opérés, et le principe du remplissage « par le fond », appliqué au début du conflit, avait été abandonné. La régulation des évacuations avait fait l’objet
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d’améliorations sensibles grâce aux médecins régulateurs inclus dans le dispositif mis en place par le commandement. Dans la dernière phase de la guerre, des trains sanitaires improvisés pouvaient utiliser, pendant le trajet, des « marches express » qui permettaient de diminuer la durée du parcours. Ces évacuations massives, réalisées dans des conditions de préparation, de transport et d’accompagnement améliorées, ont permis l’évacuation de blessés non opérés vers des formations accessibles en 10 à 12 heures.
Col (CR) JP Capel
dossier : Centenaire de la grande guerre
Les navires hôpitaux
dans la chaîne des évacuations sanitaires Durant le Premier conflit mondial, 21 navires-hôpitaux furent mis en ligne, alors même qu’en 1914, les armées ne disposaient d’aucun bâtiment récent ou valable. Si les évacuations sanitaires par voie maritime furent essentielles au cours des opérations d’Orient, le rôle du Service de santé de la marine avait déjà apporté, dès octobre 1914, un soutien déterminant sur le front des Flandres. Navire Hopital La France à Salonique Navire-hôpital La France - Salle d'opération
Le front des Flandres À Dixmude, sur le front de l’Yser, du 16 octobre au 15 novembre 1914, les combats furent acharnés, héroïques et meurtriers, face à 40 000 soldats allemands du Corps de Falkenhayn. Le personnel sanitaire, médecins, infirmiers et brancardiers, paya un lourd tribu. Plusieurs médecins furent tués à l’exemple de Félix Chastang dont le nom sera attribué à un torpilleur en hommage à son courage et à son dévouement. Les blessés furent évacués à Dunkerque par voie de surface où ils furent mis à bord des navires-hôpitaux pour rejoindre les hôpitaux du Havre, de Cherbourg, de Brest et de Nantes. Le Duguay-Trouin, la Bretagne, le Tchad, le Ceylan ou encore l’Amiral Duperré participèrent à l’évacuation de 35 000 blessés entre le 23 octobre et le 31 décembre 1914. Leur rôle fut capital, permettant de s’affranchir de la voie ferrée et offrant, pendant le transport, des conditions de prise en charge médicalisée de qualité.
En Orient Les navires-hôpitaux furent engagés sans relâche sur le front d’Orient. D’abord pour soutenir les forces débarquées dans la presqu’île des Dardanelles où le nombre de blessés fut considérable, imposant de faire appel au renfort de paquebots réquisitionnés, à l’exemple de l’Atlantique IV, du Sphinx, de l’André Lebon ou du Flandre. Les navires-hôpitaux embarquaient les blessés sous le feu des canons turcs, puis se dirigeaient vers l’hôpital maritime déployé sur l’île de Lemnos d’où les blessés pouvaient rejoindre la France ou bien les hôpitaux de la région de Bizerte, sans aucune rupture de leurs soins médicaux et chirurgicaux.
Ils le furent ensuite en Adriatique, où ils servirent à évacuer vers Bizerte près de 20 000 militaires de l’armée Serbe, atteints massivement par le typhus, après sa retraite à travers les montagnes du Monténégro et d’Albanie. Enfin, ils le furent à Salonique à partir d’octobre 1915, alors que le paludisme et la dysenterie faisaient des ravages dans les troupes engagées, s’ajoutant aux nombreux blessés. Les navires-hôpitaux, transportèrent 216 000 malades et blessés de toutes nationalités, soit directement vers Marseille et Toulon, soit vers Alexandrie, Bizerte ou l’Algérie.
De la Grance Guerre à aujourd’hui Durant la Première Guerre mondiale, trois navires-hôpitaux désarmés furent remis en service et modernisés : le Duguay-Trouin (ex-Tonkin), le Bien-Hoa et le Vinh-Long. Pour faire face aux besoins, des paquebots et des cargos mixtes furent réquisitionnés, comme le France IV, le Tchad mais aussi le Sphinx et le Canada qui reprirent du service en 1939 comme navires-hôpitaux, alors rejoints par d’autres paquebots réquisitionnés. Les navires-hôpitaux furent logiquement engagés en soutien de la guerre d’Indochine jusqu’en 1954 mais également dans l’opération de Suez en 1956. Plus récemment, dans les années 1980, le Rance devenu bâtiment « de soutien santé », fut employé en particulier au Liban, à Beyrouth et à Saïda, mais également au cours de la guerre du Golfe à Yanbu ainsi qu’à Dubrovnik au cours de la guerre des Balkans. Depuis 2006, ce sont aux bâtiments de projection et de commandement (BPC) Mistral, Tonnerre et Dixmude qu’il revient d’assurer le rôle d’hôpital flottant grâce à leurs installations hospitalières et leurs équipements techniques de pointe. Ils apportent les secours médicaux aux soldats engagés en opérations extérieures au loin, mais également aux civils victimes de catastrophes, lorsqu’ils sont accessibles depuis la mer, notion singulièrement élargie grâce aux capacités de transport des hélicoptères embarqués à leurs bords.
MGI (2S) Raymond Wey
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dossier : Centenaire de la grande guerre
Les évacuations aériennes Avec la mise en œuvre du module Morphée, les évacuations par voie aérienne des blessés et malades ont atteint un degré de sophistication tout à fait exceptionnel : c’est l’aboutissement des évolutions technologiques d’un projet qui prit naissance au cours de la guerre 1914-18.
L
es performances et la fiabilité des premiers avions d’avantguerre et du début du conflit ne permettaient guère de les utiliser à des fins médicales. Le commandement militaire ne s’y intéressait pas et aucun projet d’avion ambulance n’avait abouti. Mais l’idée était dans l’air, et conduisit le médecin aide-major de 2e classe Eugène Chassaing, médecin de réserve mobilisé et député du Puy-deDôme, à tenter de la mettre en application. Son statut d’élu lui permit de s’affranchir de la voie hiérarchique dont il connaissait l’hostilité au projet, pour emprunter la voie politique.
Les premières évacuations C’est ainsi que grâce à Justin Godart, sous-secrétaire d’Etat au Service de santé, lui fut attribué en juillet 1917 un avion « Dorand AR » qu’il fit transformer, avec l’aide du Capitaine Dalsace, en ambulance volante pour de 2 brancards. À la fin de l’année 1917, il fut en mesure de réaliser plusieurs démonstrations avec des blessés fictifs. La première eut lieu le 25 septembre devant Justin Godart et en présence de la presse qui lui décerna aussitôt le titre de « père de l’avion sanitaire ». En octobre 1917, la présentation à Moulin Laffaux au commandement de la 6e Armée reçut un accueil favorable : six nouveaux Dorand lui furent attribués pour être transformés en ambulance en 1918, mais leur mise en service réelle intervint trop tard pour être utilisée avant la fin des hostilités. Les deux premières et les seules évacuations réalisées avec le Dorand AR eurent lieu en janvier et mars 1919 au Maroc. Cependant, ce qui n’était qu’une idée en 1917 était devenu réalité. Soutenu par le Maréchal Lyautey, Chassaing obtint en 1919 la récupération et l’aménagement d’une soixantaine de Bréguet XIV, rendus disponibles par la fin de la Grande guerre. Ils permirent à la France d’être, à partir de 1921, le premier pays au monde à utiliser en milieu opérationnel les avions à des fins sanitaires sur une grande échelle, au Maroc et au Levant, où près de 7 000 patients furent transportés. En métropole, deux ans plus tard, Robert Picqué se fit le promoteur de leur emploi au profit de l’ensemble de la population, en mettant en place, sur la base aéronautique de Cazaux, avec le soutien des autorités civiles locales, une organisation pour assurer des évacuations sanitaires aériennes dans le Sud-Ouest de la France.
De la Grande Guerre à aujourd’hui Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les appareils de transport américains effectuèrent des évacuations massives. Pour ce faire, une formation mobile de 100 à 400 lits, destinée à être implantée au plus près des pistes d’atterrissage des avions (holding hospital ou « hôpital de transit air »), fut créée. Son principe fut repris par le service de santé français qui, avec l’ambulance médico-chirurgicale de l’Air n°401, évacua à partir de Mengen (Bade-Wurtemberg) en mai 1945 près de 2 000 patients de la 1re armée française. L’apparition de l’hélicoptère dans le ciel indochinois représente une 16 • Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015
étape capitale en matière d’évacuation par voie aérienne. L’armée de l’Air ne disposant pas d’appareil de ce type, c’est le MG Robert qui prit en 1950 l’initiative d’acheter 2 Hiller 360 américains et de financer la formation de pilotes et mécaniciens. C’est aussi à cette époque que furent réalisées les premières perfusions en vol et le rapatriement aérien sur la France d’un poliomyélitique sous assistance respiratoire. Pratiquement toutes les techniques de réanimation furent par la suite adaptées au transport aérien, durant la guerre d’Algérie. Enfin, la création des Samu, en 1967, généralisa l’aviation sanitaire à l’ensemble du territoire national. Fruit d’une collaboration étroite entre les aviateurs et le corps médical, l’aviation sanitaire a bénéficié tout au long du XXe siècle des progrès de la réanimation médicale et des avancées de la technique aéronautique. Développée d’abord dans un contexte militaire, elle s’est désormais imposée comme une nouvelle discipline médicale au bénéfice de toutes les populations. nt d’un blessé à bord Démonstration du chargeme d’un avion «Dorand AR»
dossier : Centenaire de la grande guerre
L’organisation de la chaîne médicale en opération :
un siècle après, un héritage bien présent
L’organisation du Service de santé des armées est l’héritage de plus de trois siècles de soutien médical de guerres et d’opérations militaires et humanitaires. Si un certain nombre de principes d’action actuellement utilisés sont antérieurs au premier conflit mondial, celui-ci a grandement contribué à faire progresser les savoir-faire du Service de santé des armées.
Une chaîne de soins graduée et différenciée En 2015, la prise en charge des blessés en opérations est organisée selon une continuité fonctionnelle et thérapeutique nommée « chaîne médicale », allant de la réalisation des premiers gestes de sauvetage au combat sur le lieu de la blessure, jusqu’au traitement définitif et à la reprise du service. La chaîne médicale s’organise en quatre niveaux de prise en charge croissante, du Rôle 1 au Rôle 4. Cette prise en charge de façon graduée, selon des niveaux de technicité croissante, est l’héritière de la chaîne de relevage et d’évacuation des blessés qui, selon le règlement de 1910, distingue trois zones de prise en charge des blessés. En zone régimentaire, les blessés sont regroupés au sein de nids puis transportés vers un premier échelon médicalisé, le poste de secours. À quelques kilomètres du front, la zone divisionnaire ou de corps d’armée, constitue l’échelon chirurgical avec des ambulances et des hôpitaux d’évacuation (aussi appelés Hôpitaux d’étapes « HoE »). Enfin, à l’arrière, les hôpitaux militaires, civils ou mixtes offrent aux blessés une prise en charge médico-chirurgicale plus globale.
trop peu nombreux) est en outre l’illustration de la médicalisation balbutiante des vecteurs. La chaîne d’évacuation structurée est donc déjà sur pied, utilisant un panel large de vecteurs, et la séquence « relevage (niveau régimentaire) - ramassage (niveau divisionnaire) - évacuation » n’est pas sans évoquer fortement la séquence « forward MEDEVAC - TACEVAC - STRATEVAC » adoptée actuellement.
L’avènement de la chirurgie de l’avant
Avant 1915, le principe qui prévaut est de traiter le moins possible à l’avant et d’évacuer le plus vite et le plus loin possible. Mais l’afflux de blessés au début de la guerre met ce précepte à mal : s’il y a bien des postes de secours installés au front, les vagues successives de blessés conduisent à des évacuations vers l’arrière sans aucun diagnostic. De nombreux blessés décèdent pendant le transport. Il faut alors s’adapter et se réorganiser. La plupart des blessés au front le sont par des éclats d’obus souillés par la terre, à l’origine d’infections sévères. L’amélioration de leur survie passe par un traitement plus précoce et plus proche des blessés, et notamment par le parage Des moyens d’évacuations variés adaptés pour chirurgical des plaies. Le dogme de l’évaune évacuation séquencée cuation systématique des La prise en charge de technicité croissante implique le transport blessés est alors modifié des blessés entre les différentes unités pour donner une plus grande de traitement. Si les progrès techplace à la chirurgie. Les niques nous permettent aujourd’hui premières ambulances de nous appuyer sur des moyens chirurgicales automoessentiellement aériens, il en est biles, ou « autochir », dont la autrement en 1914. Tout au long de la première fut inventée par le Dr Maurice guerre, de nombreuses solutions sont Marcille, constituent alors un tournant développées, utilisant la voie maritime, dans la prise en charge chirurgicale des la voie ferroviaire, ou encore les moyens blessés. Le centre de gravité médicohippomobiles, les seuls utilisables au chirurgical se déporte ainsi vers l’avant, plus près de la ligne de front. L’exisalors qu’en aval, à l’autre extrémité tence préalable au déclenchement de la chaine d’évacuation, les cadu conflit de wagons sanitaires pacités d’hospitalisation se multiBrancardiers - École du Val-de-Grâce dédiés (bien que rapidement plient et se diversifient. Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015 •
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dossier : Centenaire de la grande guerre
1915
Ligne de front Brancardiers régimentaires
ZONE RÉGIMENTAIRE
2015
Zone de contact
Poste de secours Médecins (tri sommaire)
Poste médical Rôle 1
Voiture hippomobile (Groupe de brancardiers divisionnaire)
Assurer la survie du blessé
Antenne chirurgicale
Groupement médico-chirurgical
er
Ambulance (1 tri) Voiture automobile Hôpital d’évacuation (HoE) e (2 tri)
ZONE DIVISIONNAIRE
Gare d’évacuation
Rôle 2 Les urgences du théâtre
Unité médicale de transit
Rôle 3 Hospitalisation, évacuation
Train sanitaire Falcon e
© BCISSA/DCSSA
Gare régulatrice (3 tri)
Évacuation médicalisée vers la France
ZONE DES ARMÉES Rôle 4 Hôpitaux civils, militaires, auxiliaires, etc.
ZONE DE L’INTÉRIEUR
Hôpital d’instruction des armées
Reconnaissance des savoir-faire du Service de santé Le triage devient systématique : sommaire au niveau des postes médicaux, plus complet au niveau des ambulances et des HoE. Un médecin régulateur priorise désormais les évacuations, ouvrant la voie à ce qui deviendra près d’un siècle plus tard le PECC (Patient Evacuation and Coordination Cell). En 1917, les médecins font leur apparition comme conseillers dans les états-majors. Pendant la Grande Guerre, la chaîne de ravitaillement repose sur une pharmacie centrale, à Paris, et sur des pharmacies régionales dont le nombre augmentera pendant le conflit afin de gagner en proximité et en réactivité. La présence des pharmaciens devient systématique dans les ambulances et les HoE, actant la reconnaissance de leur savoir-faire spécifique, tant dans la préparation que dans la distribution des médicaments et du matériel médical. La direction des marchés et des approvisionnements, l’ancêtre de la direction des approvisionnements en produits de santé des armées, est créée en 1917. Le premier conflit mondial a été l’occasion de progrès considérables, encore visibles aujourd’hui, dans la prise en charge du blessé de guerre, sur le plan technique mais également sur le plan organisationnel. La Grande Guerre aura notamment souligné l’importance d’une direction médicale pour garantir la cohérence de la prise en charge du blessé tout au long de la chaîne médicale. En rappelant les principes de la chirurgie des plaies des parties molles, qui avaient déjà été édictées en leur temps par Ambroise Paré, ce conflit a par ailleurs rappelé que la place de la chirurgie était bien à l’avant, au plus près de la ligne de front.
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MC Gwion Loarer – MP Julie-Anne Weber
dossier : Centenaire de la grande guerre
Guerre chimique : la première attaque
Le 22 avril 1915, 180 tonnes de chlore, libérées par l’armée allemande, atteignaient les lignes alliées et faisaient environ 10 000 morts et blessés. Un siècle plus tard, retour sur la première véritable attaque chimique de l’Histoire.
L
ors de la stabilisation du front, fin 1914, la réduction du saillant de la région d’Ypres, en Belgique, qui subsiste au terme de la « Course à la mer » est devenu l’un des objectifs majeurs de l’armée allemande. Après plusieurs semaines de préparation, l’état-major allemand décidait d’initier une toute nouvelle forme de guerre allant à l’encontre des termes de la conférence de La Haye de 1907 « concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre » qui interdit d’employer du poison ou des armes empoisonnées. Sous l’impulsion d’un chimiste de renom, le Dr Fritz Haber, et grâce au quasi-monopole allemand sur de nombreux produits chimiques fabriqués par une puissante industrie, des nappes de gaz dérivantes devaient être produites pour recouvrir les tranchées ennemies et permettre enfin une percée du front. Mais le régime des vents dominants sur le front occidental n’était pas favorable à ce type d’attaque.
Steenstraat, 22 avril 1915 : première attaque chimique Par une belle journée de printemps, le 22 avril 1915, en fin d’après-midi, les vents permettent enfin la libération du gaz. « Il faisait une journée de printemps radieuse ; un léger vent du Nord soufflait. Tout était si calme que nous ne pensions plus à la guerre » raconte un grenadier belge présent ce jour-là à Steenstraat *, lieu de la première attaque chimique. Quelques 150 tonnes de chlore se dégagent de près de 6 000 bouteilles de gaz amenées dans les tranchées allemandes au prix d’efforts conséquents. Un front de 6 à 7 km est touché, de Steenstraat sur le canal de
l’Yser jusqu’à l’est de Poelcapelle. Les troupes françaises sont la cible principale. Le résultat de cette attaque est principalement psychologique - le nombre de tués par les gaz ne dépassant probablement pas 1 400 soldats et celui des intoxiqués entre 2 000 et 3 000. Ces chiffres sont à comparer avec la journée la plus meurtrière pour l’armée française, le 22 août 1914, pendant laquelle 27 000 soldats français ont péri. Ou avec les quelques 19 000 morts britanniques du premier jour de l’offensive de la Somme, le 1er juillet 1916. La riposte de la Triple-Entente est rapide. Dès le 25 septembre 1915, la première offensive britannique utilisant des nappes dérivantes de chlore est lancée à Loos. Par la suite, les Britanniques privilégient ce mode d’action et lancent près de 300 attaques similaires. Français et Allemands développent plutôt l’artillerie. Plus d’une cinquantaine de composés chimiques sont testés, et certains vectorisés. En juillet 1917, les Allemands doivent tester une nouvelle arme chimique dans la région d’Ypres : le sulfure d’éthyle dichloré ou ypérite, une redoutable arme d’attrition contaminant le sol et les matériels. Elle reste de nos jours une menace militaire ou terroriste crédible et est responsable de quelques accidents sur les vieilles munitions.
Une menace toujours présente Durant la Première Guerre mondiale, le Service de santé des armées a participé pleinement, non seulement à l’effort de défense contre ces armes nouvelles, mais également au développement des armes chimiques de riposte. Au final, par comparaison avec les autres causes de décès, l’arme chimique n’aura entraîné que peu de morts (environ 8 000 à 10 000 décès dans chacun des trois pays luttant sur le front occidental). Mais ce sont les 100 000 à 180 000 gazés retournés dans chacun de ces pays qui ont frappé les esprits, du fait de leur longue agonie ou des séquelles visibles des années plus tard. Lors de son discours de réception du prix Nobel de chimie en 1920, pour ses travaux antérieurs à la Première Guerre mondiale, Fritz Haber n’hésite pas à déclarer : « Dans les guerres futures, les militaires ne pourront pas ignorer les toxiques chimiques. C’est un moyen supérieur de tuer ». Il faudra attendre 1993 pour qu’une convention internationale d’interdiction des armes chimiques soit signée à Paris.
Pharmacien en chef Frédéric Dorandeu
Chef du Département de Toxicologie et risques chimiques Institut de recherche biomédicale des armées
* Willy Breton, Les combats de Steenstraat
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dossier : Centenaire de la grande guerre
La Verrerie - Postes de secours Reims
Transport de blessés en Argonne 1914
Les pharmaciens militaires pendant la Grande Guerre Le ravitaillement sanitaire et la production pharmaceutique militaire Face à la réalisation d'achats au jour le jour et mettant plus en concurrence les magasins et les hôpitaux que les intermédiaires, le sous-secrétariat d'Etat au Service de santé militaire décide la création de la « Direction des marchés et des approvisionnements du Service de Santé » (DMASS) le 24 juin 1917, à l'origine de la DAPSA, ayant pour mission de passer les marchés et de constituer des approvisionnements « Santé ». Les pharmaciens organisent et supervisent alors la fabrication de médicaments et de thermomètres médicaux dans les établissements militaires, ainsi que de catguts, pansements individuels et bandes plâtrées dans les locaux de l'École de Pharmacie de Paris.
La lutte contre les gaz de combat Les pharmaciens ont été les premiers à lutter contre les gaz asphyxiants employés par l'ennemi sur le champ de bataille. En charge du recueil d'échantillons, de l'analyse des toxiques, et de l'identification de substances protectrices, ils ont aussi activement participé à l'élaboration d'équipements de protection, à la formation des personnels ainsi qu'aux opérations de décontamination. 20 • Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015
Certains ont même contribué à l'élaboration de nouveaux gaz destinés à « contre-battre » ceux de l'ennemi. Après l'attaque allemande du 22 avril 1915, c'est le laboratoire de toxicologie de la Xe armée qui identifiera le chlore ainsi que la substance protectrice utilisée par l'ennemi. La fourniture à l'armée de 3 642 kg de coton hyposulfité, le 5 mai suivant, marquera le début de la lutte contre les gaz asphyxiants.
L'analyse alimentaire Depuis mai 1915, c'est le pharmacien affecté dans chaque laboratoire de corps d'armée qui, outre la centralisation des informations relatives au gaz, avait en charge les analyses alimentaires et bactériologiques. Ce sont les laboratoires de toxicologie qui assuraient quotidiennement l'analyse des matières alimentaires proposées aux soldats afin d'identifier toute nourriture avariée ou falsifiée. C'est aux pharmacies régionales
que revenait l'analyse des denrées alimentaires entreposées dans les dépôts de corps de troupe. Le service de la répression des fraudes en matière de denrées alimentaires aux armées était aussi placé sous la direction des pharmaciens militaires. Si 150 pharmaciens d'active ou de réserve sont tombés au front, d'autres sont morts à leur poste dans les hôpitaux de l'arrière, victimes du devoir. La preuve du dévouement et du courage des pharmaciens est donnée par les nombreuses croix de la Légion d'honneur, citations et médailles des épidémies qui leur ont été attribuées. C'est le corps pharmaceutique tout entier qui doit être honoré pour le rôle joué pendant la Grande Guerre par les pharmaciens, civils et militaires, d'active et de réserve qui, grâce à leurs actions, ont jeté les bases de l'industrie pharmaceutique d'après-guerre.
À la déclaration de guerre, le nombre total de pharmaciens passe à 2 318, dont 2 192 réservistes. Si 800 sont affectés dans les formations de campagne et 718 dans les hôpitaux et services de l'intérieur, 800 restent « disponibles ». Un an après le début de la guerre, l'effectif total des pharmaciens passe à 2 442. En janvier 1916, les pharmaciens auxiliaires étaient au nombre de 1 880 dont 680 désignés pour l'avant. Deux ans plus tard, on comptait 2 131 pharmaciens dont 795 auxiliaires. En septembre 1918, les effectifs sont en baisse avec 1 928 pharmaciens dont 694 auxiliaires.
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Le service vétérinaire de l’armée
Opération d’un cheval dans un HVA
En 1914, l’armée compte 522 vétérinaires militaires d’active pour assurer les soins aux 175 000 chevaux de l’armée du temps de paix. La mobilisation fait appel à 3 000 vétérinaires, officiers de réserve ou vétérinaires auxiliaires et à près de 500 000 chevaux réquisitionnés pour tous les transports des vivres, munitions et fourrages au plus près des premières lignes. Pendant toute la guerre, la mission principale des vétérinaires militaires demeure le soutien des effectifs équins de l’armée de l’ordre d’un million de chevaux.
C
hacun des 91 régiments de cavalerie (800 à 1 200 chevaux) et des 62 régiments d’artillerie (1 100 à 1 500 chevaux) est doté d’un service vétérinaire avec trois vétérinaires d’active. Le service vétérinaire régimentaire est dirigé par un vétérinaire major de 2e classe dans la cavalerie et par un vétérinaire major de 1re classe dans l’artillerie. Ces vétérinaires sont secondés par les vétérinaires effectuant leur service militaire qui obtiennent le grade de vétérinaire auxiliaire après un an de service et ont alors rang d’adjudant. Les vétérinaires sont employés au sein des unités avec pour seul matériel une cantine à pansements dotée de petits matériels de chirurgie et de quelques solutions antiseptiques. Seule la mise en place de dépôts temporaires de chevaux malades avec des vétérinaires détachés de leurs unités est envisagée. Le service vétérinaire est présent dans les unités combattantes les services et la logistique. Un régiment d’infanterie comptant pas moins de 219 chevaux, un vétérinaire auxiliaire est affecté à chaque brigade d’infanterie. La guerre de mouvement entraîne l’épuisement et la perte de 128 000 chevaux. Par la suite, avec la stabilisation du front, les mauvaises conditions d’entretien, la sous-alimentation et un travail excessif fragiliseront les animaux et favoriseront de multiples affections entraînant la perte de 1 140 000 chevaux durant les quatre années de guerre. Face à ses pertes coûteuses de plus en plus difficiles à compenser, le service vétérinaire va être progressivement réorganisé pour mieux remettre en condition les chevaux malades ou blessés. Dès octobre 1914, des dépôts de chevaux malades sont créés en arrière du front. En avril 1917, ils deviennent des hôpitaux vétérinaires d’armée. En novembre 1917, le dispositif d’évacuation est étoffé et rationalisé avec la création d’ambulances vétérinaires et de sections vétérinaires d’évacuation. Les chevaux nécessitant plus de 45 jours de traitement sont évacués à l’arrière vers des hôpitaux vétérinaires de l’intérieur. C’est au vétérinaire inspecteur Jean Fray que l’on doit l’amélioration de l’efficacité du service vétérinaire grâce à sa plus grande autonomie avec la direction par les vétérinaires des ambulances vétérinaires et hôpitaux vétérinaires d’armée.
Le conflit favorisera certains progrès techniques comme le dépistage des chevaux morveux par la malléination intradermo-palpébrale qui permettra de juguler la propagation de cette maladie contagieuse. Faute de moyens de traitement adaptés aux grands effectifs, le service vétérinaire de l’armée aura de grandes difficultés à maîtriser la gale de 460 000 équidés (19 % des effectifs en 1918) jusqu’à la mise au point d’un traitement par sulfuration gazeuse qui sera généralisé fin 1918. La guerre de 1914-18 est également le premier conflit où les chiens sont significativement employés : chiens sanitaires pour la localisation des blessés, chiens porteurs, estafettes ou sentinelles, soit 15 000 au total. Les vétérinaires seront employés à leurs soins ainsi qu’à l’inspection vétérinaire des viandes des animaux abattus par ou pour l’armée et à la surveillance des fabrications de conserves. Inspection des viandes par le vétérinaire
Au cours de la Première Guerre mondiale, 134 vétérinaires militaires ont perdu la vie, tués au combat ou morts des suites de blessures, d’accidents ou de maladie. Le rôle majeur de la profession vétérinaire pendant le conflit sera officiellement reconnu par la citation à l’ordre de l’armée des écoles nationales vétérinaires d’Alfort, de Lyon et de Toulouse et par l’attribution de 1 600 Croix de guerre et de 270 Croix de la Légion d’honneur au cours de la guerre.
Vétérinaire en chef Emmanuel Dumas
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dossier : Centenaire de la grande guerre
Les pathologies des tranchées Boyau de Mareuil Transport d'un blessé
Soumis au froid, à l’humidité, à l’insalubrité, en compagnie des poux et des rats, les soldats sont atteints de diverses pathologies. Certaines, comme la fièvre des tranchées ou le pied des tranchées, sont spécifiques des armées en campagne et peuvent avoir de graves conséquences sur le plan humain, mais aussi pour le Commandement dont le souci majeur est de conserver les effectifs aptes à combattre.
La fièvre des tranchées La fièvre des tranchées a fait de véritables ravages dans les armées alliées. Dès 1915, elle est identifiée comme étant une septicémie bactérienne fébrile non mortelle. La forme aigüe, la plus fréquente, présente une triade symptomatique : fièvre à 40°, céphalées intenses, douleurs musculaires et osseuses, notamment pré-tibiales (fièvre tibialgique). Les symptômes évoluent par récurrence tous les cinq jours (fièvre quintane). La maladie peut guérir rapidement ou passer à une forme prolongée subaigüe avec une asthénie invalidante entravant les forces du combattant. Il s’agit d’une maladie contagieuse dont l’agent responsable est Bartonella quintana, petit bacille gram négatif. Le réservoir est l’homme et le pou du corps son vecteur. Les mesures thérapeutiques sont sommaires : repos, bains chauds, et nourriture reconstituante. Une désinfection concomitante est effectuée pour tuer les poux. Cette Bartonellose réapparait durant la Seconde Guerre mondiale. De nos jours, elle touche les populations défavorisées des grandes métropoles urbaines surpeuplées. Chez le sujet immunocompétent, on peut voir des formes asymptomatiques ou des bactériémies fébriles. Chez l’immunodéficient, les tableaux sont plus graves, avec une angiomatose et une péliose bacillaires voire une endocardite.
Les pieds des tranchées Le pied des tranchées est connu depuis la description de Dominique Larrey à la bataille d’Eylau, sous le nom de « gelure des pieds » ou « froidure des pieds ». Les 22 • Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015
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premiers pieds gelés sont constatés dès octobre 1914. « C’était une nouveauté, écrivait le docteur Javal. Personne ne connaissait la question […]. Les hommes atteints de gelure des pieds étaient-ils des malades ou des blessés ? Toujours est-il que les pieds gelés arrivaient par centaines et qu’on ne savait plus où les mettre ». Les pieds gelés, soumis au triage, sont traités sur place ou évacués. À la suite de multiples controverses étiologiques, Paul Sainton précise en 1916 que le pied des tranchées est « un syndrome caractérisé par des troubles sensitifs, moteurs, vasculaires et trophiques localisés aux membres inférieurs, consécutifs au séjour plus ou moins prolongé dans les tranchées pendant la saison froide ». Le pied des tranchées devient alors un tableau clinique autonome et ce terme est aussi adopté chez les Alliés. De façon sporadique, le pied des tranchées reste d’actualité dans les armées françaises. C’est le cas d’un jeune militaire de 30 ans qui
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1 - Pied de tranchées, gangrène humide, coll. du Dr. F. Debat 2 - Gelure des mains - Musée SSA 3 - Gelure des pieds - Musée SSA
a présenté, lors de manœuvres militaires, un tableau d’ischémie aigüe des deux pieds après un séjour prolongé au froid et à l’humidité, le patient n’ayant pas quitté ses « Rangers » même lors des nuits passées sous la tente. Les lésions des extrémités étaient identiques à celles décrites au cours de la Grande Guerre. (HIA Sainte-Anne, 2008). Face à la mort de masse, aux blessures ou à la peur, ces pathologies des tranchées peuvent paraître bénignes sinon dérisoires. Cependant, ces maux sont une souffrance supplémentaire omniprésente dans les tranchées. L’Etat-major et le Service de santé ont tenté d’apporter des solutions afin d’améliorer l’état physique des combattants pour diminuer leur souffrance mais aussi pour réduire leur temps d’indisponibilité : avec la guerre qui se prolonge, le combattant doit être à son poste sur la ligne de feu.
MGI (2S) Olivier Farret
dossier : Centenaire de la grande guerre
Poste de secours installé dans les ruines - Herbécourt
Les progrès médicaux et chirurgicaux au cours de la Grande Guerre
Durant la Grande Guerre, des avancées parfois spectaculaires ont lieu dans différentes spécialités médicales et chirurgicales. Afin de traiter les blessés au plus près du front, le chirurgien n'est plus isolé. Il doit être entouré d'équipes spécialisées, notamment en anesthésie, en radiologie, en bactériologie mais également en ophtalmologie, en oto-rhino-laryngologie ou en neurologie.
L'
évolution de la chirurgie de guerre est permise essentiellement par une meilleure connaissance de l'évolution biologique des plaies, dont les méthodes de stérilisation ont permis un traitement précoce et efficace. Le pronostic des plaies abdominales, pulmonaires et articulaires évolue favorablement : là où l’abstention était la règle en début de conflit, les traitements ont progressé. La transfusion sanguine se développe à partir de juillet 1917 mais les questions d'incompatibilité entre le donneur et le receveur d'une part, et de la conservation du sang d'autre part, ne seront résolues qu'après la guerre.
Prise en charge des gueules cassées Les greffes des nerfs, de peau ou osseuses ont également connu de grandes évolutions durant le conflit, notamment pour les deux dernières, à travers le traitement des blessures de la face et du crâne. Devant l’absence de services spécialisés pour traiter ce type de lésions, deux centres sont ouverts dès le débute de la guerre à Paris (Val-de-Grâce,
hôpital Lariboisière) pour accueillir ces blessés. Le 15 septembre 1915, des centres sont ouverts à Lyon et Bordeaux. La réparation des pertes de substances tégumentaires a été l'une des plus grandes épopées de la chirurgie durant la guerre de 1914-1918. Lorsque le traitement chirurgical atteint ses limites, les blessés maxillofaciaux peuvent bénéficier d’un traitement prothétique pour réparer••• Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015 •
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dossier : Centenaire de la grande guerre
••• le préjudice esthétique, afin de redonner une identité à ces blessés qui avaient socialement cessé de vivre.
© CCH E. Chérel - BCISSA/DCSSA
Jusqu'en 1918, une dizaine de centres annexes sont créés à Paris et on comptera 17 centres interrégionaux et une équipe maxillo-faciale mobile dans chaque armée.
Systématisation de la radiologie Dans les hôpitaux de l’avant et de l’arrière, l'examen radiologique systématique de toutes les blessures devient une obligation pendant la guerre. Il renseigne le chirurgien sur la présence et la localisation exacte des balles, éclats ou corps étrangers, sur l'intégrité des os ou, en cas de fracture, sur le type de celle-ci et surtout sur la position des fragments osseux et le nombre des esquilles, et permet les contrôles jusqu'à la guérison. Le Médecin Major Jules-Eugène Hirtz (titulaire de la chaire de radiologie en 1920), Antoine Béclère et Marie Curie sont à l'origine de la diffusion de cette technique. Béclère forme près de 200 médecins et à partir de 1917, une école de manipulatrices, annexe du Val-de-Grâce, est ouverte par Marie Curie. Dès le 6 août 1914, la radiologie est disponible dans les hôpitaux du front et à bord de camions munis de matériels performants. À la fin de juillet 1918, le Service de santé dispose de 100 camions de radiologie et de stérilisation, 50 équipages de radiologie, 153 postes fixes de radiologie et 2 postes semifixes.
Musée du SSA
Découvertes psychiatriques On notera également les avancées importantes en psychiatrie. En effet, de nombreux troubles sont décrits pendant la Grande Guerre, mais l'individualisation de la névrose hystérique constitue certainement l'apport majeur. La doctrine du début du conflit, affirmant l'absence de lésion anatomique et niant le rôle de l'émotion, se traduit par une attitude thérapeutique volontiers répressive dans le but de démasquer les simulateurs. S'y oppose, dès le début de 1915, la notion de psychonévrose émotionnelle ou d'émotion-choc, qu'il convient de traiter précocement dans la zone de l'Avant. En 1916, une commission de neurologie distingue la névrose traumatique, le trouble hystérique suggestif et les simulations.
Voiture radiologique de la 2e armée
Les 28 centres de neuropsychiatrie créés entre 1915 et 1917 dans la zone des armées permettent aux sourds, aphasiques et confus mentaux d'être traités rapidement, avant que la pathologie ne soit fixée.
Malade hallucinant
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Centre de fracture de Zuytcoote - Salle de fractures
dossier : Centenaire de la grande guerre
Amélioration du traitement des fractures En 1914, 35 % des fractures évoluent vers la gangrène et l’amputation. Grâce à l’immobilisation précoce et à la stérilisation progressive de la plaie, les résultats orthopédiques se sont particulièrement améliorés puisque les amputations ne représentent plus que 5 % des cas en 1918. En mars 1918, il existe au moins un service spécialisé dans le traitement des fractures dans chaque armée, et des services analogues sont ouverts dans tout l'intérieur, permettant un traitement spécialisé continu jusqu'à la guérison. La rééducation fonctionnelle est réalisée dans des services de physiothérapie créés dès le 24 octobre 1914. Pour les mutilés de guerre, on crée en juin 1916 les centres dans lesquels sont réalisés en un même lieu l'appareillage et la rééducation.
CNE XavierTabbagh
Exposition Après le désastre sanitaire des premières semaines de guerre, une direction générale du service de santé, aux larges attributions et désormais confiée à un médecin, est créée. Cette nouvelle organisation permet au service de santé de s’adapter rapidement aux conditions du conflit : d’abord par une accélération de la relève des blessés et de leur évacuation puis par une réorganisation des hospitalisations. Parallèlement, on assiste à des avancées majeures dans différentes spécialités médicales et chirurgicales. Exposition temporaire jusqu'au 4 octobre 2015, incluse dans la visite du musée Ouvert mardi, mercredi, jeudi, samedi, dimanche de 12 h à 18 h Tarifs habituels : 5 € plein tarif, 2,50 € tarif réduit
Ce sont ces deux aspects que le musée du Service de santé des armées, à travers près de 400 œuvres, objets, photographies et documents d’archives, présente dans l’exposition Une armée qui soigne.
La rédaction d’Actu Santé remercie les contributeurs qui ont participé à ce dossier ; en particulier les membres de l’AAMSSA
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Formation
Les marins formés
au sauvetage au combat
Brancardage du blessé
Développer le savoir-faire Durant ces quatre journées, les équipes médicales de chaque bâtiment de surface ont été mises en situation opérationnelles pour entraîner l’ensemble de l’équipage au Sauvetage au combat en milieu maritime de premier niveau (SCMM1). La Frégate antiaérienne (FAA) Cassard et la Frégate légère furtive (FLF) La Fayette ont ainsi pu simuler des combats lors d’exercices de maîtrise des capacités opérationnelles (MACOPEX) et observer le déroulement de la chaîne santé de la prise en compte du nid de blessés à l’évacuation aérienne médicalisée (MEDEVAC). Trois médecins et neuf infirmiers ont vécu, grâce à des blessés grimés ou via un mannequin de simulation haute-fidélité, des situations de prise en charge de blessés au combat simulé.
Partenariat stratégique Marine/SSA
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Infirmiière et brancardiers
phase de combat maritime. Pendant ce temps, le Transport de chalands de débarquement (TCD) Siroco a accueilli à son bord des médecins et infirmiers des unités embarquées pour parfaire leurs connaissances sur la méthode de mise en condition de survie du blessé de guerre, (SAFE MARCHE RYAN). Ils ont ainsi pu parfaire leurs habiletés techniques (technical skills) en effectuant des gestes sur des mannequins de simulaiton.
du personnel médical aux équipages de la force d’action navale et de la force océanique stratégique était ainsi réaffirmée.
IaCaS Alexandre Schauer EVDG - DPMO
L’enseignement du secourisme dans la marine Nationale est une composante à part entière de la préparation de chaque combattant à sa mission opérationnelle. Le 30 avril dernier, le SSA et la Marine nationale ont signé un accord cadre portant, entre autres, sur la formation. L’intégration
CSS FAN et Pacha du la Fayette
Objectifs pour les formateurs : renforcer la coordination et la communication entre les différents acteurs de la chaîne santé (équipes médicales), l’équipage (sauveteurs SCMM1) et les éléments de la chaîne de commandement (chefs de zone, cellule MACOPS et commandants) en
Photos : © DPMO
© DPMO
Du 18 au 21 mai 2015, l’école du Val-de-Grâce a dispensé le premier stage de Médicalisation en milieu hostile (MEDICHOS) aux équipages de deux frégates de la Marine nationale. L’objectif : que chaque marin embarqué sache pratiquer les premiers gestes de secourisme adaptés à l’état du blessé en attente d’une prise en charge médicale.
Pacha du Cassard EVDG DPMO et CeSimMO
activités opérationnelles
Afflux de blessés tchadiens à N’Djamena Le 15 juin 2015, N’Djamena (Tchad) est frappée par un double attentat-suicide qui a fait 33 morts et plus d’une centaine de blessés. Le Groupement Médico-Chirurgical (GMC) du camp Kosseï, les urgences de l’opération Barkhane, participe à la prise en charge des victimes. À 11h30, le plan MASCAL (Mass Casualties) est déclenché par le directeur médical de la force Barkhane. L’ensemble des équipes soignantes du poste médical (Rôle 1) et de l’Antenne Chirurgicale (Rôle 2) sont immédiatement mobilisées. Un point de rassemblement des victimes est organisé pour faciliter leur triage et les orienter vers la zone de déchoquage où quatre postes d’accueil des urgences vitales ont été préparés et équipés sans délai. À 12h20, quatre blessés graves et un blessé léger arrivent simultanément, transportés par des ambulances civiles. Après catégorisation et mise en condition de survie, un scanner « corps entier » permet de réaliser un bilan lésionnel
exhaustif. Moins de 30 minutes après leur arrivée, les quatre blessés graves bénéficient d’une prise en charge chirurgicale d’urgence au bloc opératoire. L’équipe médicale applique le damage control surgery pour arrêter les hémorragies et traiter les lésions les plus graves.
amputation de sauvetage et autres techniques de damage control orthopédique et abdominal. Pour faire face aux hémorragies, une collecte de sang total est déclenchée sur dix militaires français volontaires pour prélever puis transfuser sept poches de sang total.
Vers 15 heures, deux nouveaux blessés, polycriblés, exsangues, arrivent au GMC, en état de choc hémorragique avancé. Après une réanimation initiale intensive (damage control resuscitation), ils sont pris en charge au bloc opératoire. Les équipes chirurgicales assurent alors des interventions de sauvetage pendant plus de 12 heures d’affilée. Les gestes opératoires sont nombreux : parages de plaies par éclat,
Dentiste « de l’avant » Les militaires déployés en opérations extérieures sont soumis à des contraintes jouant sur la santé bucco-dentaire. Une pathologie peut représenter pour les médecins en opérations une difficulté diagnostique ou thérapeutique. L'expertise du dentiste militaire s'avère alors plus que nécessaire, notamment en situation d’isolement. Explication du dentiste du Rôle 2 venu consulter sur la Plate-forme désert relais de Tessalit La Pfdr est une emprise en situation d'isolement médical : trois jours de convoi routier sont nécessaires par temps sec, soit quatre heures de vol en hélicoptère ou une heure trente en avion de
transport tactique depuis Gao, où est basé le Rôle 2. Malgré une visite de contrôle avant départ pour chaque militaire, certaines pathologies peuvent évoluer défavorablement en situations extrême ou isolée. La venue du dentiste a été très profitable pour l'ensemble des intervenants. Deux traitements topiques fluorés ont été réalisés ainsi que quatre pansements provisoires, huit détartrages et un rescellement provisoire. Certains militaires ont bénéficié de simples conseils
de prévention, d'autres ont été rapidement orientés vers le dentiste de théâtre en raison de pathologies évolutives. Cette consultation leur a permis également d'être sensibilisés à l'importance de l'hygiène bucco-dentaire en opérations extérieures. Pour le dentiste, elle a été l’occasion d'évaluer les besoins du théâtre et de donner une appréciation générale de la bonne santé bucco-dentaire des militaires déployés. Les médecins des forces ont bénéficié d'une mise en application pratique des enseignements délivrés à l'Ecole du Val-de-Grâce. Certains aspects ont pu être approfondis aux côtés du dentiste : systématisation de l'examen buccodentaire, caractéristiques cliniques des pathologies rencontrées, conseils divers sur l’anesthésie loco-régionale, l’hygiène, etc.
Chirurgien dentiste en Chef Clin
Antenne Médicale de Tarbes-Soult Médecin Simon-Pierre Corcostegui Antenne Médicale de Poitiers Médecin Pierre Rajoelison Antenne Médicale de Fréjus Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015 •
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info transfo
Ouverture et partenariats
Partenariat CMA Evreux - SAU du Centre Hospitalier Eure-Seine
d’Evreux : un appui territorial pour le maintien des compétences
Au CMA d’Evreux, des actions concrètes d’échanges et d’ouverture concourent à l’enrichissement mutuel des pratiques professionnelles et à la préparation opérationnelle du personnel. Ainsi, le 17 juin 2015, personnel soignant du CMA d’Evreux et des urgences du centre hospitalier Eure-Seine Evreux ont été formés conjointement à la prise en charge de l’arrêt cardio-respiratoire. Quinze soignants civils et militaires ont été formés : médecins, infirmiers et auxiliaires-sanitaires du CMA ainsi que trois internes civils des urgences du Centre hospitalier (CH). Cette demijournée de formation a consisté à une présentation des recommandations de la prise en charge des arrêts cardio-respiratoires, à des ateliers sur la gestion des voies aériennes sur mannequins, sur la réanimation cardio-pulmonaire, sur l’utilisation d’un Défibrillateur Automatisé Externe et sur l’organisation de l’équipe d’intervention ainsi que trois simulations de mise en pratique. Cette formation illustre le partenariat durable établi entre le CMA et les urgences du CH. Six actions de formations mutualisées (cours et simulations) ont été réalisées. De plus, le personnel médical et paramédical du CMA participe régulièrement aux activités des Urgences du CH.
En retour, des visites sont organisées au CMA d’Evreux et à la base aérienne 105 pour le personnel des urgences du CH. Le simulateur de vol, la visite d’un C 160 Transall, du contrôle aérien, de l’escadron de protection et l’escadron de sécurité d’incendie et de sauvetage ont été très appréciées et permettent de mieux cerner l’environnement spécifique que constitue l’aéronautique de défense. Ce rapprochement des deux entités a permis de recruter deux infirmiers réservistes, d’améliorer la prise en charge et les transmissions des patients transférés aux urgences et enfin d’harmoniser les prises en charge. Un bureau d’Infirmier d’Accueil et d’Orientation a été mis en place au sein du CMA avec la même échelle de tri et de gravité que les Urgences du CH. Un projet d’accueil pour les auxiliaires sanitaires
devrait avoir lieu au second semestre 2015 lors du stage aux urgences. Prochaine échéance : la présentation mutuelle d’ateliers au XI es Journées du Collège de Médecine d’Urgence Normand qui aura lieu le 20 novembre 2015 au centre des congrès de Caen. ICS Alexandre Bunn - CMA Evreux
Dr Arnaud Depil-Duval - CHI Evreux
Legouest : inauguration de l’unité d’hospitalisation polyvalente
Cette unité de 14 lits, implantée dans les locaux de l'HIA, a pour mission la prise en charge de patients adultes, en provenance de services d'urgences ou directement adressés par leur médecin traitant lorsque le projet thérapeutique nécessite une hospitalisation courte (moins de 8 jours) avant un retour à domicile ou un transfert vers un service spécialisé ou un SSR. Le concept de service polyvalent, recevant des patients post urgences ou directement hospitalisés
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À venir en 201
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par leur médecin traitant, est encore rare en France. C'est une nouvelle façon d'envisager le lien ville-hôpital, de structurer le réseau de soin et le parcours du patient. Cette réponse ajustée de la prise en charge des patients ne pouvant rester à domicile évite également la saturation des structures hospitalières. Deux médecins généralistes civils, détachés du CHR, exercent dans cette unité, rattachée par ailleurs au Service de Maladies Infectieuses et ➔ 25 septembre Inauguration Irba
© S. Barreau - HIA Legouest
L'hôpital d'instruction des armées (HIA) Legouest et le CHR Metz-Thionville ont inauguré le lundi 22 juin 2015 une nouvelle unité d'hospitalisation : l'Unité d'Hospitalisation Polyvalente (UHP). Systémique (SMIS) de l'hôpital d'instruction des armées Legouest. Les équipes civilo-militaires travaillent en pleine collaboration et réalise une garde commune. Cette unité concrétise un point de plus du partenariat qui unit l'HIA Legouest et le CHR Metz-Thionville.Très attendue par les acteurs de santé du territoire, elle répond à un besoin local important des médecins généralistes et des services d'urgences, confirmé par l'Agence Régionale de Santé. ➔ 15 octobre Batiment d'ingénierie biomédicale
Femmes et hommes du SSA
Management
et qualité de vie au travail Les liens entre bien-être du personnel soignant et performance hospitalière sont étroits. Leur prise en compte dans l’encadrement des équipes au quotidien est essentielle. Témoignage d’une infirmière en fonction de cadre de santé en réanimation où l’amélioration de la Qualité de vie au travail (QVT) occupe une place majeure.
Reconnaissance et respect En réanimation, il est important que les professionnels connaissent et reconnaissent réciproquement leurs compétences et leurs limites. En urgence, cela permet de trouver rapidement des automatismes et la place de chacun, d’apporter une certaine sérénité pour gérer les situations, d’instaurer une relation de confiance. Cette relation particulière se traduit aussi par une réduction des barrières « hiérarchiques », une proximité qui participe à la QVT. Le cadre de santé doit intégrer cette relation pour faciliter cet esprit d’équipe. Cette familiarité apparente n’empêche pas le respect ni la reconnaissance de la fonction de chacun.
Formation et partage des savoirs Le développement des compétences « cœur de métier », processus long en réanimation, nécessite un investissement particulier de tous avec le cadre de santé comme chef d’orchestre. Il formalise et organise la phase d’accueil et de prise de repères. Il s’appuie sur le personnel le plus expérimenté, désigne des référents et planifie des temps d’évaluation. Des apports théoriques, avec l’implication de médecins et paramédicaux, doivent compléter les temps de pratique et de mise en situation. Ce management « participatif » valorise les acteurs et favorise leur investissement au service de la performance individuelle et collective.
Communication et écoute Le cadre de santé doit faciliter l’écoute à travers des temps d’échanges formels et informels, permettant à tous de s’exprimer librement, de libérer la parole, notamment après le vécu de situations douloureuses. Il se montre disponible, encourage la cohésion, la bienveillance et l’absence de jugement. Il doit favoriser les échanges et la transmission des nombreuses informations avec l’ensemble du personnel (de jour, de nuit…). Pour cela, il
ANCRER LA QVT DANS LE MANAGEMENT DES ETABLISSEMENTS DE SANTE : UN ENJEU INCONTOURNABLE Né aux Etats-Unis, le concept de qualité de vie au travail (QVT) est apparu en France dans les années 1970 avec un intérêt grandissant ces dernières années. Il regroupe les dispositions d’organisation du travail permettant de concilier les modalités de l’amélioration des conditions de travail et de vie pour les salariés et la performance collective de l’entreprise. Aujourd’hui, 68 % des salariés affirment que la QVT s’est fortement dégradée au cours des 5 dernières années. L’équilibre vie privée-vie professionnelle s’est altéré pour 34 %. Au total, 38 % déclarent être démotivés par leur travail. Les professionnels de santé ne sont pas épargnés par ce mal-être et ces difficultés à conserver leur motivation, même lorsque soigner est leur « vocation ». La Haute Autorité de santé (HAS) intègre la QVT comme une des dimensions
prises en compte dans la certification des établissements de santé. Elle publie différents documents et rapports afin de promouvoir la QVT pour l’amélioration de la qualité des soins*. Ces éléments rejoignent le concept américain de certification « magnet hospitals », qui reconnaît l’association d’une haute qualité des soins avec un niveau élevé de satisfaction professionnelle des infirmières**. La QVT optimise l’engagement et la créativité, favorise l’ouverture et la coopération des collaborateurs. Elle améliore la performance globale des organisations : diminution de l’absentéisme et du turnover, augmentation de la productivité et de la qualité. * Rapport : La certification, la qualité des soins et la qualité de vie au travail - Novembre 2013 ** Cannasse S. Comment rendre un hôpital attractif ? - Octobre 2008
utilise différents supports, par exemple un cahier de liaison et des staffs réguliers, ouverts à toutes les catégories du personnel.
Ergonomie, environnement et rythme de travail Des locaux conviviaux favorisent une bonne QVT. De même, le matériel doit être adapté. Le cadre de santé doit être sensible à ces éléments. Il doit aussi favoriser la participation du personnel aux formations en lien avec ces problématiques. Par ailleurs, il doit être attentif à la gestion des rythmes de travail, à la répartition des horaires de nuit, des week-ends, à leur récurrence. Il est de son rôle de prévenir et de détecter l’épuisement professionnel. Cette vigilance aura un impact positif sur l’absentéisme, la motivation et sur le bien-être des personnels.
QVT et statut militaire Le personnel soignant est amené à participer à des opérations extérieures, en tout temps, tout lieu, loin de leurs proches et dans des conditions d’exercice souvent difficiles. Dans ce cadre, la QVT fait référence au développement d’une culture militaire. La rigueur, la confiance, la cohésion voire l’esprit de « famille » sont indispensables et améliorent grandement le déroulement des missions. Le cadre de santé doit entretenir ces valeurs, favoriser l’entraide et le partage d’expérience entre le personnel. Il a aussi un rôle à jouer dans l’accompagnement de la mobilité, car le militaire change régulièrement d’affectation et doit s’adapter à une nouvelle région et à un nouvel environnement de travail, à chaque mutation. Enfin, autre élément important qui contribue à la QVT, à la motivation du personnel et à la fierté d’être militaire : les récompenses. En effet, les décorations, témoignages de satisfaction et lettres de félicitations apportent de la reconnaissance, valorisent les parcours et les compétences.
Hélène Prot (FF cadre de santé),
Fabrice Ledoux (cadre de santé), pôle Bloc opératoire-Anesthésie-Réanimation-Urgences, HIA Clermont-Tonnerre, BREST (29) Actu santé • # 140 • juillet - septembre 2015 •
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Ouvert fin octobre 2014, le compte Twitter @santearmees est aujourd’hui suivi par plus de 1 250 abonnés. Son objectif est de promouvoir les expertises, compétences et capacités du SSA, auprès notamment des journalistes, professionnels de santé, partenaires… et de tenir informés de l’actualité du Service et de sa présence dans les médias tous ceux que cela intéresse.
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Pour la communication du Service sur Facebook, le compte du ministère de la Défense est un appui. Récemment, nous y avons promu, en photos, les infirmiers militaires, lors de la journée internationale de l’infirmière, notre expertise en gestion des crises sanitaires au travers de l’expérience Ebola, la prise en charge des blessés de guerre à l’hôpital Percy, à l’occasion des RMBS. Le compte Youtube Service de santé des armées, est ouvert depuis le mois d’avril. Nous espérons pouvoir l’enrichir régulièrement.
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BCISSA