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Le module de chirurgie vitale
Le module dechirurgie vitale
Le Module de chirurgie vitale (MCV) est une nouvelle unité médicale opérationnelle destinée à soutenir des actions de forces spéciales, limitées dans le temps, l’espace et le nombre de personnels engagés.
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Le MCV offre, lors d’actions isolées, une capacité chirurgicale qui permet de réaliser, moins de deux heures après la blessure, un geste de sauvetage sur une hémorragie non compressible. Il répond à une demande des forces spéciales, dont les actions peuvent se dérouler à une distance importante de la France, voire de toute structure hospitalière, comme dans le cas des opérations de contre-piraterie dans l’océan Indien.
Caisses Tarpon
Compact mais complet
MCV sur le salon Eurosatory 2010
© Dicod
Table opératoire modulable
Le MCV doit être en mesure de traiter chirurgicalement trois ou quatre blessés hémorragiques au maximum, avec des contraintes de poids et de volume importantes : quatre mètres cubes et moins d’une tonne. Ces contraintes s’expliquent par la nécessité d’une empreinte logistique minimale pour pouvoir être employé au sein des forces spéciales. Ce contexte d’emploi spécifique justifie sa capacité à être aérolargué à la mer (dans le cadre d’opérations Tarpon) ou à terre, ainsi que la possibilité d’être déployé dans un avion de transport tactique. Pour les mêmes raisons, le personnel est réduit au minimum : un chirurgien, un médecin anesthésiste-réanimateur, un infirmier de bloc opératoire et un infirmier anesthésiste. Son lot technique (LCV) regroupe essentiellement une tente gonflable de dix-huit mètres carrés, des équipements de réanimation et d’anesthésie (respirateurs, appareils de monitoring et laboratoire miniaturisés, extracteurs d’oxygène, banque de sang), une aspiration chirurgicale et cinq boîtes d’instruments chirurgicaux. Il est complété par du matériel médicochirurgical à usage unique. Si certains de ces matériels ont été choisis parmi ceux déjà utilisés dans des unités médicales opérationnelles, d’autres ont été sélectionnés ou élaborés spécifiquement pour le LCV. Il s’agit par exemple des scialytiques ou de la table opératoire, qui consiste en un porte-brancard pouvant supporter le brancard à différentes hauteurs et positions.
Une utilisation polyvalente
Le lot est conditionné dans huit caisses dites Tarpon, étanches et munies d’une valve de dépression. Ces conteneurs sont ceux habituellement utilisés par les commandos marine. Le montage de la tente et le déploiement du matériel demandent moins de trente minutes. Le MCV est utilisable sur des frégates légères furtives type Lafayette et sur des frégates de surveillance type Surcouf, comme celles qui participent à la mission Atalante dans l’océan Indien. Différents tests de validation ont été réalisés : largage par la porte latérale à la mer et à terre, largage par issue arrière, déploiement dans la soute d’un avion de transport tactique type C130.
Du fait de sa conception et de son emploi, le MCV comble le « vide » qui était apparu, pour de nouvelles missions opérationnelles, dans la chaîne de traitement et d’évacuation des blessés. Il faut souligner que cette structure a une capacité de traitement très limitée, et surtout n’a aucune possibilité ni d’hospitalisation ni de stérilisation. Son utilisation n’est que ponctuelle. Le MCV impose qu’une évacuation immédiate du blessé soit possible après le geste chirurgical. Il ne peut en aucun cas se substituer aux missions des antennes chirurgicales, y compris parachutistes.
Médecin en chef Paul Balandraud HIA Laveran - Marseille
Activités opérationnelles les équipes de déminage Soutenir
Depuis 2008, la Force intérimaire des nations unies au Liban (FINUL) est engagée dans la mise en place d’une ligne de partage visible entre le Liban et Israël, baptisée blue line. De 1974 jusqu’aux années 1990, les forces de défense israéliennes ont disposé un champ de mines situé à proximité immédiate de cette ligne. Aujourd’hui, un détachement français du génie de l’opération Daman est chargé d’ouvrir, du côté libanais, un couloir de trois mètres de large dans ce champ. Récit du praticien responsable du soutien médical du détachement.
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Le but est de permettre à une commission tripartite (1) de matérialiser par des bidons bleus, visibles de tous, cette ligne de partage en respectant l’intégrité de chaque pays. Ainsi, la blue line est définie à l’aide de coordonnées GPS. Ce chemin est tracé au milieu du champ de mines. Les munitions trouvées dans cette zone sont de deux types : soit des mines anti-personnel contenant 180 g d’explosif qui se déclenchent lors d’une pression de plus de 5 kg, soit des mines anti-char contenant 10 kg d’explosif qui se déclenchent lors d’une pression de 150 kg.
Une équipe, un équipement
Une section de déminage se compose de trente-trois militaires : un
1 et 2 : Exercice d’évacuation de blessé par les démineurs
officier chef de chantier, cinq sousofficiers et vingt-sept militaires du rang appelés basic deminer. Chacun dispose d’un équipement individuel de 25 kg constitué d’un pantalon, d’un gilet, d’un tablier et d’une visière. Ces tenues répondent aux standards OTAN. Elles offrent une protection qui permet de stopper un éclat métallique de 1,102 g ayant une vitesse initiale de 450m/s.
Chaque matin, l’officier ou son adjoint ouvre le chantier à déminer. La section travaille cinq jours sur sept, de six heures du matin à quatorze heures. Une fois habillé et équipé d’un détecteur, le sapeur se rend sur la zone de déminage et travaille durant trente minutes. Lorsque la température extérieure dépasse 50°C comme en été, ce temps peut être réduit à vingt voire dix minutes. Le chef de groupe qui l’assiste est, quant à lui, relevé toutes les heures. Ces deux militaires travaillent au-delà d’une « ligne rouge » qu’il est strictement interdit de franchir dès lors que le chantier est ouvert. Cette consigne reste valable même si un accident survient.
Procédures de secours
Le poste médical est installé derrière la « ligne rouge », à la sortie du couloir de déminage. Quatre sapeurs, formant l’équipe de sauvetage de combat, sont désignés à tour de rôle pour intervenir en renfort à tout moment, sur ordre du chef de chantier. Ils sont placés à
Camp à proximité de la zone de déminage
au Liban
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côté du poste médical, équipés de leur pantalon, veste et casque à portée de main. Les démineurs qui travaillent sont constamment en liaison radio avec le chef de chantier ou son adjoint. Ils pratiquent régulièrement des exercices d’évacuation de blessé, en moins de quinze minutes, de la zone de l’accident jusqu’au poste médical. Ces entraînements sont adaptés au contexte : blessures par explosion ou plaies par arme à feu, relief escarpé et rocailleux, composé de nombreux petits arbustes et de broussailles où s’abritent serpents et scorpions. La température élevée et le poids de l’équipement rendent le travail physiquement éprouvant et exposent au risque de coup de chaleur. Chaque démineur est équipé d’un garrot tourniquet et d’une syrette de morphine. Sur le site, une équipe composée d’un médecin, d’une infirmière et d’un auxiliaire sanitaire, est présente en permanence durant les heures de travail. Un véhicule de l’avant blindé équipé sanitaire doit être stationné à moins de cinq minutes et une plateforme de poser d’hélicoptères est aménagée à deux kilomètres de la zone de travail. L’évacuation d’un blessé du site de déminage se ferait soit vers le service médical du camp français à dix kilomètres, soit vers l’hôpital de la FINUL à Naqoura à 50 kilomètres. La dernière solution resterait l’hélicoptère italien stationné à Naqoura, équipé en version sanitaire et à dix minutes de vol de l’hôpital civil de Saïda.
Contrôle et accréditation
L’Organisation des nations-unies (ONU) a mis en place un centre de coordination des actions de lutte antimines qui supervise les opérations de déminage et contrôle la qualité des contingents engagés dans cette mission. Chaque unité de déminage reçoit une accréditation, après une semaine d’entraînement et, chaque semaine, sur le site à déminer. À l’issue, un document quality assurance form est rédigé. Il contrôle tous les aspects du chantier : soutien médical, moyens de communication, marquage, mesures de sécurité, travail des démineurs. En parallèle, un officier français veille à la stricte application des procédures en assurant les contrôles internes à l’aide de ce même document.
L’équipe médicale s’exerce de façon très fréquente à la prise en charge d’un blessé sur la zone d’entraînement des démineurs, puis sur le site lui-même. Avant d’être opérationnelle, l’équipe passe un examen d’accréditation avec simulation de prise en charge de blessé, dès sa réception sur plan dur jusqu’à l’héliport par l’équipe française d’évacuation sanitaire aérienne (AMET) de Naqoura.
Médecin en chef Hélène Lantres Base aérienne 117 - Balard
“Pour cette activité opérationnelle, le soutien médical n’est possible qu’au prix d’une organisation très lourde et pérenne.
Mine anti-personnel
Mine anti-char
Bilan du mandat Daman XII
• 265 mètres carrés de terrain explorés sur 50 mètres de long en 12 semaines.
• 9 mines anti-char et 1 mine antipersonnel trouvées et détruites sans accident.
• Incident : malaises liés à la chaleur en fin de matinée et piqûres de guêpes.