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Vie du service

Vie du service Un partenariat unité-hôpital pour le dépistage des cancers cutanés

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Grâce à une consultation de dermatologie organisée sur la base aérienne de Salon-de-Provence, plusieurs cancers de la peau ont pu être dépistés et soignés.

Àl’occasion de la journée nationale de dépistage des cancers cutanés et à l’initiative du médecin-chef de la base aérienne de Salon-de-Provence, une consultation dermatologique délocalisée a été organisée le 27 mai 2010 avec la participation du chef de service de dermatologie de l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Laveran et de son interne de médecine générale.

Après une conférence sur les facteurs de risque et les méthodes de dépistage des cancers de la peau (carcinomes et surtout mélanomes), cinquante consultants représentatifs des multiples professions du site ont été vus. Du fait probablement d’un biais de sélection (incitation à cette visite par les praticiens du service médical ou sujets se connaissant à risque), onze personnes, soit plus de 20 % des consultants, ont été invitées à faire pratiquer l’exérèse d’une ou plusieurs lésions ou à faire assurer une surveillance rapprochée. Quatre cancers de la peau (deux mélanomes et deux carcinomes basocellulaires) et plusieurs lésions pré-cancéreuses ont ainsi été dépistés. Faute de temps, de nombreux personnels qui s’étaient portés volontaires n’ont pu être vus et une nouvelle consultation délocalisée est déjà programmée pour le deuxième semestre.

Cette expérience est particulièrement riche. Elle permet un rapprochement entre la médecine d’unité et la pratique hospitalière. Elle contribue à la meilleure connaissance des HIA parfois moins fréquentés par les militaires et personnels civils de la Défense, en raison notamment de l’éloignement des régiments et des bases. Enfin, la délocalisation en unité de la consultation, particulièrement motivante, incite les personnes à consulter sachant que le délai d’attente, en France, pour une consultation de dermatologie s’allonge actuellement de manière significative, du fait de la diminution des effectifs médicaux et de l’augmentation exponentielle des tumeurs cutanées. Une thèse de médecine générale, récemment primée, a objectivé que l’incidence des mélanomes dans les armées était plus importante qu’en milieu civi, pour une population globalement plus jeune.

Quatre cancers de la peau dépistés

© BA 701

© DR Cette lutte contre les cancers cutanés, qui reçoit le soutien de la Caisse nationale militaire de sécurité sociale (CNMSS) et de la mutuelle UNÉO, mérite d’être développée et étendue aux autres régions.

Médecin en chef Jean-Luc Arnould Base aérienne 701 - Salon-de-Provence Médecin en chef Jean-Jacques Morand Interne des hôpitaux des armées Anne-Camille Pastre HIA Laveran - Marseille

Dossier LA DRSSA de Lyon

Bastion Saint-Laurent

Située sur les hauteurs du quartier de la Croix-Rousse depuis 1936, la direction régionale du SSA de Lyon est implantée au sein du bastion

Saint-Laurent, très ancien site militaire.

Dans l’avenir, elle devrait quitter La

Croix-Rousse pour rejoindre le quartier général Frère avec les autres directions et l’état-major de soutien de la Défense.

MGI Di Schino

© Photos : DRSSA Lyon

Héritière d’une lignée de directions, à partir de 1991, elle devient la direction du SSA de la région militaire de défense Méditerranée, puis en 2001, direction en région terre Sud-est. En 2005, elle prend son appellation de Direction régionale du service de santé des armées (DRSSA) de Lyon, à vocation interarmées. Elle voit sa responsabilité recentrée sur le territoire de la Zone de défense Sud-est (ZDSE), regroupant les régions Rhône-Alpes et Auvergne.

Échelon déconcentré du Service, la DRSSA de Lyon, avec une quarantaine de personnes, a pour vocation essentielle d’assurer la tutelle des services médicaux placés auprès des forces pour contribuer à leur disponibilité opérationnelle. Elle organise et contrôle ce soutien. Son action s’exerce au profit de 35 000 personnes par l’intermédiaire de 60 médecins, 4 vétérinaires, 1 dentiste et 75 infirmiers auxquels s’ajoutent les autres personnels.

La montagne, une spécificité

Les unités soutenues appartiennent à l’armée de terre, à l’armée de l’air, à la DGA et à la gendarmerie. Une des particularités de la ZDSE est de compter la quasi-totalité des unités de la 27 e Brigade d’infanterie de montagne (27 e BIM) qui, outre ses missions spécifiques, est particulièrement impliquée dans les opérations sur le théâtre afghan (1) . La DRSSA gère également la réserve opérationnelle tant au profit de la © DR médecine d’unité que pour le 3 e Régiment médical (RMED) de La Valbonne et les établissements du Service implantés dans sa zone de responsabilité. Il s’agit à Lyon, de l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Desgenettes, de l’École du service de santé des armées (ESSA) et du Centre de préparation aux opérations extérieures (CPOPEX), à Grenoble, de l’antenne de © DR l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA).

En situation de crise, la DRSSA assure la coordination de la ressource en personnel d’active et de réserve appartenant aux différents organismes qui viennent d’être cités. C’est ainsi que, de fin 2009 à début 2010, pour renforcer les centres civils de vaccination contre la grippe A(H1N1), la DRSSA a mobilisé des équipes provenant des services médicaux mais également de l’ESSA et les internes de l’HIA Desgenettes.

La grippe A(H1N1) en quelques chiffres

• 88 médecins (active, réserve, internes) : 550 vacations (9 ETP / 2 mois) • 57 infirmiers (active, réserve) : 300 vacations (4 ETP / 2 mois) • 46 centres de vaccination • 88 000 km parcourus.

Le dispositif 2010 qui relève de la DRSSA de Lyon se compose de :

La DRSSA de Lyon encadre avec pragmatisme les restructurations de la médecine au profit des forces en s’appuyant sur les médecins-chefs des Centres médicaux des armées (CMA) aux responsabilités élargies. Trois CMA ont accompagné le déploiement de trois bases de défense en 2009 : ceux de Clermont-Ferrand, de Valence et de La Valbonne. La finalité des CMA reste centrée sur l’engagement opérationnel des forces et de leur personnel. 2011 verra la création de deux nouvelles bases de défense : Lyon-Mont Verdun et VarcesGrenoble. Cette dernière englobera en particulier toutes les unités de montagne de la zone. Tous les acteurs dévolus au soutien médical des forces sont concernés par les OPEX : de la visite médicale d’aptitude pour tous à organiser avant le départ jusqu’au soutien sur le terrain, voire au retour, la prise en charge d’éventuelles séquelles organiques ou psychotraumatiques. Si les témoignages d’opex sont présentés dans ce numéro par le personnel santé des unités alpines, ils ne doivent pas masquer la forte mobilisation de l’ensemble du personnel santé projetable en ZDSE. • 3 centres médicaux des armées pilotes, • 13 services médicaux d’unité, • 1 département d’expertise médicale, • 5 centres de médecine de prévention, • 1 secteur vétérinaire,

CMA- Lyon – Mont Verdun et ses antennes

Lyon – Quartier général Frère (7 RMAT ; Les CMA en Zone de Défense Sud-Est GSBDD) Lyon-Bron (ESA ; HIAD/Med personnel) Mont-Verdun (BA 942) Bron Sathonay (Gend) Expertise initiale à QGF 2011 CMA- La Valbonne et son antenne CMPA à QGF Implanté à La Valbonne il assure le soutien du Antenne vétérinaire à Rillieux La Pape 3 e RMED, du 68 e Régiment d’artillerie d’Afrique (RAA) et de multiples détachements rattachés à la BdD et possèdera en 2011 une antenne à la CMA- Clermont-Ferrand Moulins Base aérienne (BA) 278 d’Ambérieux. et ses antennes Implanté à Clermont-Ferrand quartier Desaix et disposant de 4 antennes : Clermont-Ferrand (Frobert), Issoire, AUVERGNE Varennessur-Allier Clermont-Ferrand Montluçon Roanne Poleymieux-auMont-d'Or Ambérieuxen-Bugey RHÔNE-ALPES Annecy ChamonixMont-Blanc Montluçon et Varennes-sur-Allier. Principales formations soutenues : 92 e Régiment d’infanterie (RI), le Issoire Lyon La Valbonne Chambéry 28 e Régiment de transmissions (RT), le Détachement air (DA) 277, l’école de gendarmerie de Montluçon et la région de gendarmerie Auvergne (Antenne CMA - Valence et son antenne Implanté à Valence il dispose d’une Saint-Étienne Valence Varces-Allièreset-Risset Grenoble CMA-Varces et ses antennes © BCISSA CMPA Clermont Le Brezet (AIA), antenne à Valence-Chabeuil. Antenne CMPA Clermont (13 BSMAT), Antenne CMPA Moulins. Il soutient principalement le 1 er Régiment de spahis, le GAMSTAT Chabeuil Varces (93 RAM ; 7 BCA ; GSBDD ; Gend) Grenoble (EPA 749) (Groupement Aéromobilité de la Chambéry (13 BCA ; Gend) Section Technique de l’Armée de Terre), des éléments de la gendarmerie Annecy (27 BCA ; Gend) Chamonix (EMHM ; PGHM) 2011 et l’établissement logistique du commissariat de l’armée de l’air.

Transformation du SSA : réforme structurelle pour le soutien des forces

• 1 secteur dentaire. Pour exercer la mission opérationnelle de façon optimale, chacun a à cœur, par la formation et l’entraînement, de maintenir et de développer ses capacités techniques et physiques pour s’adapter aux spécificités de milieu et d’armée. Au total, deux axes d’effort se dégagent : la préparation opérationnelle et la réussite de la transformation de la médecine d’unité en veillant à maintenir la nécessaire qualité des liens tissés entre le Service et les forces armées.

Médecin général inspecteur Michel Di Schino Directeur régional du service de santé des armées - Lyon

Le BER :entre suivi, terrain et expertise

Le Bureau équipement - ravitaillement (BER) de la DRSSA organise, conduit et suit l’équipement et le ravitaillement sanitaire destinés aux centres médicaux et aux Services vétérinaires (SV).

Ce bureau assure également la surveillance technique et le contrôle de l’application de la réglementation des stupéfiants destinés à la médecine humaine ou vétérinaire ainsi que dans le domaine de la matériovigilance, de la pharmacovigilance, et de l’environnement.

Suivi et gestion des inventaires de matériels

Le BER tient à jour les inventaires techniques des équipements des centres médicaux. Avec l’aide du vétérinaire en chef Martin, la DRSSA a développé un dispositif original de suivi et de gestion des inventaires. Chaque matériel santé se voit affecter une étiquette code-barres qui est lue à l’aide d’une “douchette”, lors des inventaires quadriennaux ou à la demande. Dans le logiciel sont rentrées les informations nécessaires pour la comptabilité matière du bureau « affaires administratives et finances » et tous les éléments utiles au BER. Cet outil permet de disposer de l’historique complet des matériels présents dans les unités et d’anticiper leur renouvellement.

Des visites de terrain

Le pharmacien participe aux Visites de surveillance administrative et technique (VSAT) pour contrôler le respect de la réglementation pharmaceutique et conseiller les praticiens et infirmiers. L’expertise pharmaceutique auprès des Centres médicaux des armées (CMA) et des Services médicaux d’unités (SMU) ne se cantonne pas au simple contrôle des stocks ou à la vérification des stupéfiants. Le BER s’inscrit dans la mise en œuvre d’une politique d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité du circuit des produits de santé. Le pharmacien doit être considéré, sur ce point, comme le correspondant régional des vigilances sanitaires et responsable des démarches qualité appliquées aux produits de santé. Sa présence, à ce titre, garantit un approvisionnement sous responsabilité pharmaceutique.

Ses actions s’exercent également dans le domaine de la vigilance sanitaire au travers du recueil et de la transmission d’informations de pharmacovigilance et de matériovigilance, mais aussi dans la démarche qualité. La collaboration entre le BER et le cadre de santé, référent « qualité-soins », est essentielle. La prise de conscience, par les personnels des unités, de l’obligation de répondre aux exigences du code de la santé en matière de sécurité de prise en charge des patients et de traçabilité, s’accompagne d’une plus forte implication de leur part. À ce titre, le BER participe à la rédaction et au contrôle des documents qualité relatifs au fonctionnement des appareils (1) des SMU et CMA.

Conseil et expert

Dans une zone où sont implantées des centrales nucléaires et une industrie de la pétrochimie, le pharmacien est le conseiller du directeur régional pour les risques nucléaires, radiologiques et chimiques. Il apporte son expertise dans le domaine de l’hygiène et est impliqué dans les aspects environnementaux. Il rédige le plan d’action environnemental et veille à l’application des directives qui s’appliquent au recyclage et à la protection de l’environnement. Dans cette période où s’élabore la nouvelle gouvernance du SSA et où se pose la question de l’architecture des échelons déconcentrés du Service, il apparaît clairement qu’une expertise « équipement-ravitaillement » de proximité est un atout dans le pilotage des activités des CMA.

Pharmacien chef des services Yves Chancerelle Chef du bureau équipement-ravitaillement

(1) Mise en œuvre, étalonnage, contrôle, sécurité…

Dossier

sur le terrain Médecine de prévention Soudeur au 13 e

BSMAT

Au sein du ministère de la Défense, l’application de la réforme de la médecine de prévention au profit des personnels militaires s’oriente vers un accompagnement et une supervision des médecins d’unité par le conseiller expert régional.

En dehors d’une activité technique nécessaire au maintien de sa compétence, le médecin Conseiller et expert régional en médecine de prévention (CERMP) de la DRSSA de Lyon se déplace dans les unités et les Centres médicaux des armées (CMA). Il y rencontre les médecins militaires qui exercent la médecine de prévention au profit des personnels militaires, placés en Surveillance médicale renforcée (SMR). Il conseille également ceux qui ont en charge cette mission au profit des personnels civils.

Partie intégrante de la médecine d’armée

Exercée sur un mode dérogatoire, la médecine de prévention doit être considérée par les médecins d’unité comme une composante à part entière de la médecine d’armée. Dans ce cadre, le CERMP apporte un soutien technique et réglementaire aux médecins des forces et assure ainsi la cohérence de leurs actions. Il partage avec eux son expérience du milieu : organisation d’une visite d’atelier, réalisation de mesures d’ambiance, évaluation des risques professionnels, recherche des points sensibles en termes de sécurité et de prévention des accidents du travail. L’implication systématique du chargé de prévention de l’unité permet de compléter l’information sur les conditions de travail. Sa connaissance du terrain est

© Photos : DRSSA Lyon

Relevé du niveau sonore

un élément important pour l’identification des actions à mener. Au sein du service médical, le conseiller régional sensibilise le personnel paramédical qui assiste le médecin de prévention, sur l’intérêt de la tenue des différents registres et sur la cohérence des données recueillies, indispensables pour un suivi de qualité des activités de médecine de prévention.

Déclinaison en régions Rhône-Alpes et Auvergne

Dans le cadre des restructurations du ministère de la Défense, une nouvelle organisation de la médecine de prévention au profit des personnels civils a été mise en place à titre expérimental depuis le 1 er juin 2010. Un Centre régional de médecine de prévention des armées (CRMPA), directement subordonné à la DRSSA de Lyon et placé sous l’autorité du CERMP, est créé au sein du service

régional de médecine de prévention. Dans les régions Rhône-Alpes et Auvergne, il s’appuie sur l’ossature du Centre de médecine de prévention (CMPr) de Lyon. Les autres CMPr sont érigés en antennes du centre régional. Ils sont situés, à Clermont-Ferrand au sein de l’atelier industriel aéronautique et du 13 e Bataillon de soutien du matériel de l’armée de terre (BSMAT), et au détachement air de Moulins. Étant tous implantés sur l’emprise de la base de Défense de ClermontFerrand, ils sont adossés à son CMA. Ces trois antennes sont placées sous la tutelle technique du médecin chef du CRMPA de Lyon, dans le respect de l’indépendance technique inhérente à l’exercice de la médecine de prévention. Le CMA de ClermontFerrand assure l’intégralité de leur soutien et son médecin-chef est leur interface unique avec la base de Défense.

Médecin en chef Joëlle Boucheron-Clary Conseiller expert régional

Vétérinaire face aux crises de santé publique

Les catastrophes sanitaires, naturelles ou technologiques peuvent avoir des conséquences graves sur les populations humaine et animale, l’économie d’un pays ou l’environnement. L’expertise vétérinaire du Service de santé des armées (SSA), dans la préparation et la réponse aux crises majeures de santé publique est souvent recherchée.

Professionnel de la santé animale, le vétérinaire est également un acteur de la santé de l’homme et de la protection de l’environnement, dans la maîtrise des risques liés aux aliments, à l’eau ou aux zoonoses. Il contribue aux différentes phases du traitement d’une situation de crise : anticipation, préparation, réponse opérationnelle et réhabilitation.

Une coopération pluridisciplinaire et interministérielle

La gestion efficace d’une crise majeure fait appel à une coopération pluridisciplinaire, placée sous l’autorité du préfet. La nature ou l’ampleur de l’évènement peut justifier que celuici émette des demandes de concours ou des réquisitions de moyens militaires. En effet, lorsque les moyens civils s’avèrent inexistants, insuffisants, inadaptés ou indisponibles (1) , ou lorsque l’urgence le justifie, les armées sont susceptibles d’être appelées en renfort, selon les priorités définies par le gouvernement. Cette démarche s’effectue en accord avec le Centre de préparation et de conduite des opérations (CPCO) de l’État-major des armées (EMA).

La place des vétérinaires militaires

Dans le cadre de sa mission, le SSA coopère avec la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Ainsi, les autorités civiles ont bénéficié du renfort de vétérinaires militaires lors de plusieurs crises sanitaires. On peut citer la lutte contre l’épizootie de fièvre aphteuse en Grande-Bretagne en 2001, l’enquête épidémiologique menée suite à un cas de rage canine importée en Gironde en 2004 ou encore, la crise liée aux foyers d’Influenza aviaire hautement pathogène dans l’Ain et les

Bouches-du-Rhône en 2006.

Cette coopération vétérinaire est formalisée par un protocole d’accord, signé en 2007 entre la Direction centrale du service de santé des armées (DCSSA) et la DGAL. Ce document suppose, pour le Service, de disposer d’une expertise technique dans le domaine des risques et des crises de sécurité civile, dès que la santé publique vétérinaire est mise en jeu sur le territoire national ou à l’étranger. Cette expertise s’appuie sur l’acquisition d’une formation spécifique, l’intégration d’un réseau de spécialistes et la participation régulière au dispositif de planification et d’exercices, afin de constituer une interface privilégiée avec les étatsmajors militaires.

En zone Sud-est

L’échelon zonal de sécurité civile est particulièrement adapté à cette coopération car sa position permet la mutualisation des ressources des départements et facilite le recours aux forces armées. En zone de Défense et de sécurité Sud-est, la Direction régionale du service de santé des armées (DRSSA) de Lyon a été un élément précurseur en impliquant les vétérinaires militaires dans la rédaction du dispositif zonal d’Organisation de la réponse de sécurité civile (ORSEC). En 2009, ce travail a abouti à l’élaboration d’un ordre zonal d’opérations « santé publique vétérinaire ». Fruits d’une collaboration civilo-militaire étroite sur plusieurs années, les résultats obtenus illustrent la fédération des compétences vétérinaires des différents services de l’État à l’échelon zonal.

Vétérinaire principal Jean-Paul Demoncheaux Secteur vétérinaire - Rillieux-la-Pape Vétérinaire en chef Philippe Martin Bureau vétérinaire

Dossier Le futur centre d’expertise médicale initiale

Implanté au quartier général Frère, au centre de Lyon, le Département d’expertise médicale (DEM) du Groupement recrutement sélection (GRS) assure la Visite médicale initiale (VMI) de tous les candidats à l’engagement. Il est l’un des cinq DEM que compte la métropole.

Le DEM est doté d’un plateau technique de qualité et fonctionnel. Il regroupe seize personnels (six médecins, trois infirmiers, trois militaires du rang et quatre personnels civils dont deux secrétaires) et peut compter sur trois médecins de réserve.

La visite médicale initiale

Une séance d’information précède la VMI, expliquant son contenu et ses attentes. Elle se déroule en quatre temps et permet aux jeunes candidats de bénéficier d’un examen médical complet. Il commence par un questionnaire médico-biographique renseigné par le candidat. Le bilan paraclinique comprend biométrie, analyse d’urine, ECG, audiogramme, dépistage ophtalmologique (1) et, si cela s’avère utile, une spirométrie. Un examen clinique complet, précédé d’une information, est réalisé

Bilan paraclinique

© Photos : DRSSA Lyon

conformément aux règles des bonnes pratiques. Si l’interrogatoire rend nécessaire un examen gynécologique, celui-ci sera réalisé à l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Desgenettes. Enfin, un entretien, guidé par le questionnaire médico-biographique et un test de vulnérabilité psychologique, est mené à la recherche des antécédents médicaux, chirurgicaux ou psychologiques, ainsi que des facteurs de risques et de conduites addictives.

Une aptitude pour tous

Grâce à ce bilan complet, le médecin examinateur détermine, en fin de chaîne, l’aptitude du candidat. Il l’informe de sa décision, en la motivant. Le passage du candidat au DEM se termine par une information sur le dépistage des conduites additives. Dès 2011, le département quittera la responsabilité directe du GRS pour être adossé au centre médical des armées de Lyon. Il deviendra alors un centre d’expertise médicale initiale, organisme du SSA.

Médecin en chef Alain Jaouen Département d’expertise médicale - Lyon

(1) Test d’acuité visuelle et réfractométrie, vision binoculaire et vision des couleurs

Répartition de l’activité en 2009

Armée de terre 70 % Marine nationale 16 % Armée de l’air 10 % Grandes écoles 4 %

Infirmier de montagne :des formations nécessaires

Pour servir comme infirmier au 27 e Bataillon de chasseurs alpins (BCA), il est indispensable d’acquérir des compétences spécifiques à la montagne en suivant deux formations. L es Formations d’adaptation hiver (FAH) et été (FAE) sont d’avalanches (ARVA), l’évacuation de blessés en traîneau et une nuit en igloo. La FAE, d’une durée similaire, est axée sur la pratique de la montagne en été validées par l’obtention du Le souvenir de cette nuit reste avec un passage en école de glace et Brevet d’alpinisme et de skieur militaire impérissable, en raison des difficultés l’apprentissage de l’escalade. À l’issue, (BASM). Cette qualification représente liées au froid et à la construction d’un les candidats doivent effectuer un le minimum nécessaire pour assurer le abri de qualité. parcours de 1200 mètres de dénivelé soutien d’activités en montagne. En parallèle, un enseignement avec épreuve de cramponnage et théorique est dispensé sur la nivologie (1) , d’escalade, en moins de trois heures La FAH dure trois semaines. Ce stage les risques d’avalanche, les pathologies trente à quatre heures selon les tracés. est destiné à tous, y compris aux liées au froid, les règles de vie en débutants sans expérience de la montagne, etc. Pour obtenir le brevet Infirmières de classe normale montagne. Il permet l’apprentissage de skieur militaire, il faut parcourir, en Solène Putz et Sarah Bouchara du ski de randonnée et du ski de moins de quatre heures, 1200 mètres Sergent Émilie Dumay descente. Cette formation est complétée de dénivelé positif en ski de randonnée 27 e BCA - Cran Gevrier par différentes instructions spécifiques sur environ quatorze kilomètres. Lors (1) Étude des caractéristiques de la neige et des couches comme le “tir en neige”, l’utilisation de la FAH, les températures avoisinent neigeuses au sol d’Appareils de recherche de victimes parfois les -20°C.

La haute montagne militaireà Chamonix

EMHM, PGHM et GMHM, des sigles très proches pour des unités très différentes. Toutes ont deux points en commun : la haute montagne et le soutien par le Service de santé des armées.

Chamonix, capitale mondiale de l’alpinisme, regroupe plusieurs unités militaires et de gendarmerie qui évoluent toutes en montagne avec des missions et des buts très distincts. Leur soutien est assuré par le service médical de l’École militaire de haute montagne (EMHM), qui suit tous les personnels en médecine de prévention et médecine générale. Au-delà de ce socle commun, le soutien médical apporté à chacune de ces entités est très varié.

Le GMHM en action

L’EMHM forme

La mission principale de cette école, créée en 1920, est de former les cadres des troupes de montagne. La montagne est un lieu d’apprentissage et d’entraînement pour acquérir les règles de progression et de vie en milieu difficile. L’école a pour objectif un aguerrissement des personnels et l’acquisition des savoir-faire techniques, dans un but de préparation opérationnelle. Les instructeurs civils et militaires représentent le cœur de métier de l’école qui est la maisonmère des troupes de montagne et le pôle d’expertise technique montagne de l’armée de terre. Formation, expertise, soutien sur le terrain sont les principales contributions « montagne » des médecins de l’EMHM.

Le PGHM secourt

Le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) est au cœur du secours dans le massif du Mont-Blanc.

Cette unité, opérationnelle 24h/24 toute l’année, assure les secours aux alentours de Chamonix.

© EMHM Ce peloton est constitué de gendarmessecouristes qui sont généralement guides de haute montagne. Ceux-ci effectuent des gestes de premiers secours sur le terrain, récupèrent des alpinistes bloqués en montagne et assistent le médecin-urgentiste dans les cas les plus graves. Chaque jour, un médecin du SMUR de Chamonix prend la permanence avec l’équipe de gendarmes-secouristes. Les médecins de l’EMHM participent à cette mission.

Le GMHM rayonne

Petite unité constituée d’une dizaine de grimpeurs militaires de haut niveau, le Groupe militaire de haute montagne (GMHM) a pour mission la maîtrise des conditions extrêmes sur tous les continents. À ce titre, c’est une vitrine de l’armée de terre. Ses membres s’entraînent dans les Alpes et réalisent régulièrement des expéditions sur les territoires les plus hostiles tels que l’Antarctique, l’Himalaya ou le Groenland. Ces missions sont régulièrement soutenues par les médecins de l’EMHM, ce qui leur demande un entraînement intensif et une préparation très spécifique.

À Chamonix, les acteurs militaires de la montagne remplissent donc des missions diversifiées, toutes soustendues par un haut niveau de technicité et une prise de risque omniprésente dans cet environnement particulier. La participation médicale à toutes ces missions constitue un savoir-faire précieux pour la connaissance des pathologies d’altitude et la médicalisation en milieu hostile.

Médecin en chef Damien Cabanes École militaire de haute montagne - Chamonix

Secours en montagne

A BC e © 27

chez Un interne les chasseurs alpins

Au cours de leur cursus, les internes de médecine générale effectuent un stage de six mois en Service médical d’unité (SMU) pour développer les compétences nécessaires à l’exercice de leur métier. L’interne des hôpitaux des armées Hajek a passé ce semestre au sein du 27 e Bataillon de chasseurs alpins (BCA).

Ce stage permet de mettre en pratique mes connaissances en situation réelle, au sein du SMU ou lors des nombreuses activités sur le terrain qui sont la spécificité de notre profession. Cette immersion en unité est l’occasion de travailler en équipe et de vivre des expériences fortes dans des situations extrêmement variées.

À travers l’activité quotidienne du service médical, je découvre les différentes démarches médico-administratives et je donne mes premières consultations autonomes de médecine générale avec un large éventail de pathologies. La difficulté initiale est de parvenir à concilier les activités de soins et de médecine de prévention en évaluant les conséquences professionnelles pour le patient et pour l’institution.

Des sorties régulières en montagne rythment le déroulement du stage. Sur le terrain, je participe à des soutiens d’activités à risque. Je découvre à cette occasion les difficultés inhérentes à leur organisation pratique : choix du matériel à transporter, stratégie à adopter pour faire courir un minimum de risque aux combattants... Le médecin exerce souvent en situation isolée, dans des conditions climatiques parfois défavorables, rendant indispensable le développement de ses capacités physiques et de ses connaissances de la montagne. La formation d’adaptation hiver est donc capitale. Du fait de l’exercice en milieu alpin, le médecin est également amené à prendre en charge des pathologies spécifiques comme les gelures ou les hypothermies.

Enfin, ce stage est l’occasion d’apprécier le travail en équipe dans des situations extrêmement variées permettant de vivre des expériences fortes. Interne des hôpitaux des armées Valentin Hajek Stage de médecine praticienne 27 e BCA - Cran Gevrier

apprivoiser la montagne Apprendre à

Les médecins du 27 e Bataillon de chasseurs alpins (BCA) d’Annecy suivent un stage de quatre semaines de qualification montagne hiver à l’École militaire de haute Montagne (EMHM) de Chamonix. Son but, devenir autonome.

Ce stage s’insère entre la formation d’adaptation hiver, qui atteste de la capacité « à suivre » en montagne, et le stage chef d’unité de haute montagne hiver qui valide l’aptitude à diriger des hommes en milieu montagnard.

Un tel stage se prépare physiquement. Pendant les mois qui le précédent, plusieurs sorties de ski de randonnée permettent d’acquérir l’endurance nécessaire au passage du test d’entrée. Cette préparation s’effectue aussi “ Adapter le personnel santé à son milieu bien avec le concours du bureau montagne du bataillon qu’avec celui du club alpin français, le week-end à titre privé. d’intervention. Le stage de qualification a pour but d’acquérir une certaine autonomie en montagne. Il comprend deux types d’enseignement. Le premier, théorique, porte sur la nivologie, les avalanches, le déplacement et le stationnement en montagne et la géographie alpine.

La partie pratique regroupe des séances de ski technique en station, des courses en montagne, la progression sur glacier et une nuit en igloo.

Au printemps dernier, la neige a été capricieuse : tantôt absente, obligeant à monter skis sur le dos, tantôt agressive, tombant à l’horizontale, givrant les masques et gelant le moindre carré de peau apparente. Au final, ce stage est une expérience enrichissante, qui permet de démystifier les risques de la montagne en hiver et de mieux connaître le milieu dans lequel évoluent les chasseurs alpins.

Médecin principal Hugues Michel 27 e BCA - Cran Gevrier

ELMOS 2009, catastrophe souterraine

Située au nord de Lyon, la Base aérienne (BA) 942 axe ses missions sur la conduite des opérations, la surveillance et le contrôle des activités aériennes. Près de 300 personnels travaillent dans cet ouvrage enterré, de huit kilomètres de galeries. Tout incident engendre une gestion particulière des secours locaux et extérieurs. L’Exercice local majeur d’organisation des secours (ELMOS) de novembre 2009 a permis d’appréhender ces difficultés.

17 novembre 2009, le déclenchement d’une alarme fait suspecter un feu dans la centrale électrique qui alimente l’ensemble des installations enterrées. Après confirmation et une tentative vaine pour le maîtriser, les pompiers ordonnent l’évacuation du bâtiment. Malheureusement, une explosion survient dans la centrale avant que le bâtiment soit vidé de ses occupants.

Devant la gravité de l’incident et la présence de probables victimes, le « PC crise » est activé. La préfecture du département y dépêche un représentant. Ce PC regroupe les principaux décideurs de la base, dont le médecin-chef qui devient directeur des secours médicaux (DSM). Un premier bilan fait état de plus de dix blessés dont certains graves, justifiant de faire appel aux moyens de secours civils. Pendant que les sauveteurs organisent l’extraction des blessés, les véhicules sanitaires du service médical prennent position à la sortie du souterrain pour constituer un point de regroupement des victimes. Un Comme en 2009, le raid national des réserves du Service de sante des armées (SSA) s’est déroulé sur le camp de La Valbonne, du 21 au 25 juin dernier. animée par le chirurgien-dentiste en chef de réserve Laurent Ferrachat. Le 3 e Régiment médical (RMED) était médecin assure leur catégorisation et organise leur évacuation vers le Poste médical avancé (PMA), implanté dans un hangar.

L’arrivée des secours médicalisés civils renforce l’efficacité de la petite noria. Le PMA est équipé par le matériel en

Intervention du SDIS

Catégorisation par le médecin

Le raid 2010 des réserves du ssa

La DRSSA de Lyon en a assuré le pilotage et le financement, avec une équipe de marque © Photos : BA 942 corps support de cet exercice. Le Raid 2010 a regroupé plus de 70 participants représentant les différentes catégories de personnels, engagés sur une douzaine d’ateliers et encadrés par du personnel de réserve. Il s’est terminé par une cérémonie sur la place d’armes du 3 e RMED, présidée par le médecin général inspecteur Di Schino.

Lieutenant-colonel (R) Jacques Studer dotation au SDIS 69 (1) . Dix-huit blessés, dont quatre urgences absolues, sont pris en charge au PMA. Une noria est prévue pour les évacuer vers l’hôpital d’instructions des armées Desgenettes, par voie terrestre ou héliportée.

Cet exercice de grande ampleur a permis d’atteindre les objectifs fixés. La BA 942 a revalidé et amélioré le processus de gestion d’une situation accidentelle à l’intérieur de l’ouvrage enterré. Le personnel du service médical a entretenu ses actions réflexes et s’est entraîné à la coordination des équipes d’intervention avec les secouristes sauveteurs et les moyens civils. La mise en place effective d’une chaîne complète d’évacuation a montré la complexité de l’organisation de secours faisant appel à de nombreux intervenants : commandement, gendarmerie, préfecture, moyens de secours et hôpitaux.

Médecin en chef Bruno Rosier Base aérienne 942 - Lyon-Mont Verdun

(1) Services d’incendie et de secours du Rhône

© LCL (R) Studer

Dossier La préparation opérationnelle avant projection en Afghanistan

À la fin de l’année 2010, le 7 e Bataillon de chasseurs alpins (BCA) fournira l’ossature du Groupement tactique interarmes (GTIA) Allobroges, composé d’environ 850 hommes qui seront déployés en Kapisa. Ils seront soutenus par six postes médicaux répartis sur les deux bases opérationnelles avancées (1) de Tagab et Nijrab. Les six médecins, six infirmiers et vingt-quatre auxiliaires sanitaires qui les composent ont suivi une préparation opérationnelle avant projection.

© Photos : MC Letourneur

Entraînement avant projection du GTIA

La mise en condition avant projection du GTIA dure six mois pendant lesquels les éléments du service de santé sont intégrés aux trois phases d’entraînement opérationnel et d’évaluation. La phase collective décentralisée est dédiée à l’entraînement qui commence, en avril et mai, par une période bloquée de cinq semaines à Mourmelon et au centre d’entraînement tactique de Mailly le Camp. Elle se poursuit, en juin et juillet, par trois semaines à Canjuers. Fin septembre, deux semaines sont consacrées à la validation avant projection. Un stage Medichos (2) est organisé à cette occasion par le Centre d’instruction des techniques de réanimation de l’avant (CITeRA) de Lyon. Un certain nombre de formations complémentaires sont également proposées aux volontaires comme l’apprentissage des gestes techniques de réanimation ou de la perfusion intra-osseuse. Le personnel du SSA doit en outre suivre de l’instruction militaire : tir au combat, connaissances techniques militaires, condition physique, etc. Il participe également à la préparation des auxiliaires sanitaires au stage Sauvetage au combat du 2 e niveau (SC2) et à leur formation continue, à la formation des moniteurs de SC1 et des « sauveteurs de combat référents » au sein de chaque groupe de combat.

Des pratiques et un langage communs

Ces six mois de mise en condition opérationnelle se traduisent par douze semaines d’absence avant une mission d’un semestre. Il est indéniable que les contraintes d’un engagement en Afghanistan rendent nécessaires une préparation intense afin d’aguerrir médecins et infirmiers. Cela permet aussi d’harmoniser les pratiques de toutes les catégories de soignants pour optimiser leur complémentarité. Les enseignements du CITeRA de Lyon et du CISAT permettent à tous de parler

couramment le MARCHE RYAN (3) avec une efficacité déjà palpable lors des phases d’entraînement et qui ne se dément pas au quotidien de la mission.

Médecin en chef Franck Letourneur 7 e BCA - Bourg Saint Maurice

(1) FOB : Forward operating base

(2) Médicalisation en milieu hostile

(3) SAFE MARCHE RYAN: méthode standardisée de prise en charge des blessés de guerre

phase individuelle décentralisée

• Médecins - 1 semaine au CITeRA de Lyon - 1 semaine au bloc opératoire

• Infirmiers - 1 semaine au CITeRA de Lyon - 1 semaine dans un service de grands brûlés

• Auxiliaires sanitaires - 4 semaines au CISAT pour le SC2 - 1 semaine à la BSPP

Aide à la population au poste médical de Nijrab

Le soutien des forces reste la mission prioritaire du Service sur les théâtres d’opérations extérieures. Ses personnels développent également une Aide médicale aux populations (AMP). Le poste médical de Nijrab en Kapisa est de mieux en mieux doté en matériels et médicaments. Les équipes en place de décembre 2008 à juin 2009 dressent le bilan de leur investissement auprès des populations les plus démunies.

© MC Cardinale

L’ intérêt d’une telle pratique médicale hors de nos frontières est double, politique et médical. Il s’agit de mieux faire accepter la présence de la force à la population locale en lui proposant un accès, de qualité et à titre gratuit, à la consultation et aux soins. Cette activité permet d’élargir notre champ d’exercice professionnel à des catégories de population qui ne sont pas notre quotidien en France, comme les nourrissons, les enfants et les personnes âgées. Ceci contribue à parfaire nos connaissances et nos savoir-faire techniques.

Des contraintes de sécurité à respecter

Dans notre poste médical, nous ouvrons la consultation à la population tous les matins à partir de 9 heures hormis le dimanche. Toutefois, une urgence militaire ou civile à toute heure de la journée ou de la nuit reste prioritaire. Les consultants sont fouillés à l’entrée du camp et dirigés sous une tente pour être conduits par un auxiliaire sanitaire ou un infirmier jusqu’au poste médical. Ils doivent être munis d’un ticket sur lequel figurent leur nom et la date de présentation au camp. Nous adressons ces tickets aux équipes sanitaires des dispensaires et hôpitaux environnants qui les remettent aux consultants.

Une coopération avec les structures sanitaires locales

Nous tenons à montrer que nous ne nous substituons pas aux moyens locaux et que nous symbolisons seulement une main tendue vers ces structures. Sans ticket et sauf urgence, les consultants sont orientés depuis le poste de garde vers un médecin afghan. Au cours de cette mission de six mois, nous avons réalisé 1 618 actes, dont 906 médicaux et 712 paramédicaux. Les enfants ont constitué 55 % de consultants. Les principaux motifs de consultation s’orientent vers la dermatologie, par défaut d’hygiène, et la traumatologie. Les soins visent des infections, des brûlures et des plaies anciennes. Le traitement des teignes du cuir chevelu n’est plus pris en charge : en effet, l’absence d’hygiène au domicile rend les soins inefficaces.

Un réconfort pour le patient

L’activité a baissé dans les deux derniers mois de notre mandat. Cela peut s’expliquer par la lutte contre la falsification des tickets de consultation grâce à l’instauration d’un code couleur. Aux dires des médecins afghans, l’activité des structures locales s’est accrue comme si nous avions contribué à relancer une dynamique de recours aux consultations et aux soins. Quel que soit le contexte, nous sommes toujours parvenus à décrisper des visages et à obtenir des sourires. Il nous est arrivé de nouer des conversations de soignant à patient, voire d’établir des liens presque amicaux. Outre cette expérience humaine, que dire de la plus-value technique apportée par des prises en charge parfois très difficiles. Isolés, nous pouvions être guidés par téléphone grâce à la voix conseillère d’un confrère de l’hôpital médicochirurgical de KAIA.

Médecin en chef Fabien Cardinale 27 e BCA - Cran Gevrier Médecin en chef Michel Regard 93 e RAM - Varces Infirmière de classe normale Gaëlle Teyssier 3 e RMED - La Valbonne

Dossier Évaluation des conséquences médicales au retourd’Afghanistan

Près de 500 militaires du 27 e Bataillon de chasseurs alpins (BCA) ont passé six mois en Kapisa en 2008-2009. À leur retour d’Afghanistan, 95% d’entre eux ont été vus en consultation à la recherche de signes d’état de stress post-traumatique mais également d’apparition ou d’aggravation de rachialgies (1) . En effet, la charge liée au port quotidien d’effets encombrants et lourds a été élevée y compris chez des sujets particulièrement entraînés. Bilan de cette évaluation.

Près de 10 % des consultants sont atteints de troubles anxieux transitoires. 5 % souffrent de troubles psychiatriques avérés dont la majorité a bénéficié d’un congé de maladie dès son retour d’OPEX. Tous ces personnels nécessitent un suivi.

BCA e © 27

Plus d’un tiers des militaires déclarent des problèmes rachidiens. La préparation physique générale ne semble pas être en cause chez les chasseurs alpins, qui, en outre, ne présentent aucun cas de surcharge pondérale. À partir d’un questionnaire standardisé rempli par chaque patient, le médecin définit la cause, la topographie, l’intensité des douleurs, leurs conséquences fonctionnelles et les mesures correctrices et préventives à prendre avant un nouveau départ en mission.

Plusieurs causes sont identifiées : le port de charges (quarante kilos en moyenne), le manque de repos physique entre les missions, les conditions de déplacement en

Soldat français équipé

véhicule de l’avant blindé (VAB) (2) , la literie, la somatisation éventuelle d’un problème psychologique sous-jacent, le manque de préparation physique spécifique avant la mission. La topographie des douleurs se répartit entre 90 % au niveau de la région lombaire, 8% en dorsolombaire et 2% en cervicale. Deux cas de hernie discale, dont un a nécessité un rapatriement sanitaire, sont aussi pris en charge.

Ces pathologies sont à l’origine d’une augmentation des congés de maladie et des e x e m p t i o n s a v e c r e t e n t i s s e m e n t s u r l’aptitude. Un certain nombre de consultants est adressé à des kinésithérapeutes ou des ostéopathes pour effectuer de la rééducation. Afin d’évaluer les mesures correctrices et préventives avant un nouveau départ opérationnel, il est prévu de comparer

une population témoin, dite “indemne”, et les 120 à 130 militaires actuellement symptomatiques.

Ce retour d’expérience aura une incidence sur les conseils à la pratique du sport en général, la préparation spécifique dans l’année précédant le départ en mission puis au retour, l’entretien physique sur le théâtre d’opérations et la nécessité d’impliquer des moniteurs de sport. D’autres pistes méritent d’être explorées comme la présence d’un kinésithérapeute sur les théâtres d’opérations, l’amélioration de la literie, l’allègement des équipements…

Médecin en chef Michel Pleche Médecin en chef Fabien Cardinale Médecin principal Hugues Michel 27 e BCA - Cran Gevrier

(1) Douleur siégeant le long de la colonne vertébrale

(2) Une à trois heures de transport quotidien

Vie du service Les écoles de Coëtquidan s’entraînent en montagne

Du 28 août au 2 septembre, les 300 élèves officiers du premier bataillon de l’École spéciale militaire (ESM) et de la première brigade de l’École militaire interarmes (EMIA) organisent leur rentrée autour d’un exercice d’envergure dans les Alpes, sur le plateau du Retord.

Secourisme au combat

Évacuation héliportée

Cette semaine de manœuvre en terrain libre s’organise en partenariat avec d’autres unités ; 800 militaires participent à des exercices de prise de territoire en terrain montagneux. Le soutien médical est assuré par un médecin, un infirmier et un auxiliaire sanitaire du Centre médical des armées (CMA) de Vannes Coëtquidan, renforcé par deux auxiliaires sanitaires du 27 e Bataillon de chasseurs alpins (BCA), unité hôte.

Cet exercice permet aux élèves de faire connaissance avec les unités partenaires, de tisser des liens, avant de choisir, à la fin de l’année, l’arme dans laquelle ils serviront. Il renforce l’esprit d’équipe du CMA qui a fait la connaissance des personnels du 27 e BCA dont l’expérience en milieu montagnard, notamment des auxiliaires sanitaires, a été précieuse.

Un contexte opérationnel

Durant l’année, tout élève officier passe le brevet de secourisme au combat de 1 er niveau (SC1) mais il n’a guère la possibilité de mettre en pratique cette formation. Cette activité est l’occasion de se remettre à niveau, dans un contexte opérationnel. Durant cet exercice, les connaissances et les nerfs sont mis à rude épreuve : des blessés fictifs sont inclus dans les diverses phases de combat en localité, comme lors de déplacement en convoi.

Cet entraînement reflète au mieux la réalité opérationnelle, en particulier du théâtre afghan. Les élèves apportent les premiers soins et demandent l’évacuation des blessés. D’autres élèves organisent le PC et gèrent les moyens héliportés. Ces EVASAN prennent une allure très réaliste par la présence du 3 e Régiment d’hélicoptères de combat (RHC).

De la fiction à la réalité

Affairés à réaliser des pansements de petite traumatologie, un message nous apprend qu’un véhicule blindé léger (VBL) du 4 e Régiment de chasseurs (Rch) s’est retourné sur la route à quelques kilomètres. Parmi les trois soldats à son bord, deux se tiennent habituellement en tourelle, le haut du corps exposé. Deux véhicules sanitaires sont dépêchés sur les lieux.

Sur site, nous constatons que les trois victimes conscientes ont été extraites du véhicule par leurs camarades et sont allongées. Les personnels du 4 e Rch, bien préparés au SC1, ont parfaitement maîtrisé les premiers secours. Devant un premier bilan médical rassurant, nous transférons les trois blessés vers le poste médical. Deux d’entre eux rejoignent leur compagnie. Par contre, le chef de bord est évacué pour un bilan de poly traumatisme suite à son éjection du véhicule.

Cette mission de terrain, enrichissante, a permis de mettre en avant plusieurs points. En six jours, nous avons reçu vingt et un consultants dont un accès palustre chez un élève africain pour lequel nous n’avions pas de traitement adapté. Nous avons pu apprécier le professionnalisme des équipes prêtes pour intervenir en cas d’urgence. Le partage d’expériences a été source d’amélioration des compétences.

Médecin Thomas Erauso Centre médical des armées - Vannes Coëtquidan

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