Kiblind#31

Page 1

Kiblind magazine Gratuit

NumĂŠro 31 Juin-Juillet 10

Culture Blender www.kiblind.com





SOMMAIRE

ÉDITO

7

VU PAR... François Hébel

8

REVUE DE PRESSE Pompompidou

10

ANACHRONIQUE Insurrection

12

DOSSIER Roman graphique

14

GLOBE Festivals animés

20

PAGES BLANCHES Concours Étudiants Chaumont The Bouil’Hot art show Rudy Guedj Alain Delorme Victor Castillo

23

KIBLIND N°31 JUIN - JUILLET 10 COUVERTURE / GEOFFROY PITHON-ENSAD PARIS Geoffroy Pithon est le premier lauréat du concours « Étudiant, tous à Chaumont ! », organisé chaque année par l'illustre Festival international de l’affiche et du graphisme. Pour l'édition 2010, la question à laquelle devaient répondre les participants était « Qu’est-ce que le graphisme ? ».Le festival se poursuit jusqu'au 20 juin. www.chaumont-graphisme.com

STAFF /

Avec la participation de : Arnaud Giroud (pitayadesign.com) + Kinga Sofalvi (kingasofalvi.com) + Simon Bournel-Bosson (simonbournel.blogspot.com) + Marie Bienaimé (blog.mariebienaime.fr) Relecture > Frédéric Gude  Directeur de la communication > Gabriel Viry Directeur commercial > Jean Tourette Agent commercial> Anthony Planche

INFOS/

Imprimerie JM. Barbou / ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex / 01 48 02 14 14 / contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 30 000 exemplaires par Kiblind Corp. / SARL au capital de 15 000 euros / 507 472 249 RCS Lyon / 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon / 04 78 27 69 82 / www.kiblind.com  Le magazine est diffusé à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Bruxelles et Genève. Ce numéro comprend un supplément spécial pour la région Rhône-Alpes. ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Vous n'auriez pas trouvé un sac noir ? Contact : redaction@kiblind.com

Directeur de la publication > Jérémie Martinez  Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Maxime Gueugneau + Olivier Trias + Matthieu Sandjivy + Marine Morin. Merci à Anaïs Bourgeois + Franz Bone + Jean-Louis Musy/Librairie Expérience + Guillaume Vonthron Cahier Mode > Direction artistique : Baptiste Viry  + Photographe : Boris Ovini + Styliste : Ines Fendri + Assistante : Mara Zampariolo + Make-up & hair : Morgane Goupy + Modèle : Armelle + Texte : Emilie-Alice Fabrizi Direction artistique > Klar (agence-klar.com)

MATHS

35

PRINT One Possible Catalyst Le Rayon de la mort + Collection + Speaking of art + Mes plans sur la comète + Santa Riviera + Animal Catastrophe

36

ÉCRAN Summertime + Looking for Ken + Papi fait de la résistance + Prête à tout ? + Rentrée chez vous + Pomme vapeur + Obsédés des RPG + N&B

40 This is the end ? +À quoi sert 3D ? + The man you loved t hate + Game over + Veneti + Babel Rising + PrisThe Conspiracy

CAHIER MODE Gipsy souvenir Armelle’s guardians

45

BAZART

62

LOUCHE ACTUALITÉS

66

Post it

05



ÉDITO

Cannes s’achève, la na-palme est tombée après une conversation secrète entre les murs du palais. 4 mois, 3 semaines et 2 jours plus tard tout le monde l’aura oublié mais c’est la dure loi de l’élitisme. On a regardé ça en mangeant un Knack et un peu de mâche, attendant le tournant décisif, l’épreuve finale, la dernière chance en somme… Malheureusement les meilleures intentions ne sont pas toujours couronnées de succès. Alors, on a tombé le smoking à la tombée des marches. On voulait un peu plus de sexe, et moins de mensonges ou de vidéos. Sur une affiche du festival de Chaumont on lit que le volcan s’est calmé. Après une aussi longue absence, le vent se lève emportant avec lui un ruban blanc, l’éternité et un jour. Mais telle est la loi du Seigneur et à moins d’un miracle à Milan, ou ailleurs, personne ne pouvait faire quoi que ce soit à part attendre que passent les cigognes ou que tout explose. Apocalypse now pour les uns, l’ouverture des portes de l’enfer pour d’autres, à mon sens rien de plus que des chroniques des années de braises. Dès lors un homme et une femme ou ces messieurs dames peuvent souffler car les affaires reprennent. Ainsi à Annecy, l’animation reprend, et à New York, la vie continue. Les chauffeurs de taxi ont connu Fahrenheit 9/11, alors, sous le soleil de Satan qui s’annonce cet été, ils continuent leur mission, amenant papa en voyage d’affaires pour Paris, Texas, ou bien l’enfant chez le pianiste, pour sa leçon de piano bien sûr. Alors qu’il pourrait prendre le métro, l’ « underground », comme dit Marty. À Mandelieu Lanapoule en revanche, les vacances commencent. Slip de bain, alcool et week-end à Arles le temps d’une interview. Avec un peu de chance Armelle nous rejoindra. Je n’en dis pas plus, maintenant, je me tais. Apres le générique, le rideau : que le spectacle commence !

T/ M. Sandjivy I/ S. Bournel-Bosson

07


FRANÇOIS HÉBEL ARLES N’EST PAS SEULEMENT LA PATRIE DES GIPSY KINGS MAIS LA CAPITALE MONDIALE DE LA PHOTOGRAPHIE D’ART. À ÉCOUTER FRANÇOIS HÉBEL, DIRECTEUR DES RENCONTRES, CE N’EST PAS UN CLICHÉ… Itw / G. Viry Visuel : Affiche du festival 2010 réalisée par Michel Bouvet

Kiblind / Quelles sont les nouveautés des 41e Rencontres ? François Hébel / Pour moi, la « nouveauté » est partout, surtout quand vous regardez ce qui se passe ailleurs, par exemple à Paris, entre Erwitt, Ronis ou Doisneau ! Arles essaye d’être un contrepoint systématique. La nouveauté consiste parfois à ressortir des choses oubliées, comme les travaux d’Ernst Haas avec le kodachrome, ou faire découvrir des artistes connus dans une autre région du monde ou un milieu donné. C’est le cas des photographes argentins qui occupent, cette année, une large partie du programme. À quatre-vingt-dix ans, Léon Ferrari connaît une sorte de couronnement, entre la Biennale de Venise, le Moma de New York, la Reina Sofia à Madrid, etc. Mais pour le public français, il reste une découverte… C’est un peu pareil pour Marcos Lopez, dont les nouveaux travaux, formidables, restent inconnus. Et d’autres photographes, très intéressants, n’ont jamais été présentés sous cette forme : Marcos Adandia, sur les Folles de la Place de Mai ; Gabriel Valansi avec sa réflexion sur la mémoire et l’image historique, etc. K / Quelle place accordez-vous à la jeune création ? FH / Elle est au cœur du festival. En 2003, par exemple, on a été les premiers à montrer la jeune création chinoise avec une vingtaine d’artistes. En 2004, l’année où Martin Parr était commissaire, on a montré des jeunes photographes dans le domaine documentaire ainsi que des russes complètement déjantés. Il y avait notamment les oeuvres d’Oleg Kulik qui ont été interdites, en 2008, à la FIAC. On fait donc une place importante à cette création « nouvelle » même si, personnellement, je n’ai pas trop la conviction du jeunisme. Pour un artiste, c’est long d’arriver à une certaine notoriété avant d’être projeté sur une scène internationale, souvent impitoyable. N’oublions pas qu’un photographe va commencer la photo à 17 ans quand un pianiste a commencé le piano à 6 ans !


VU PAR

K / « Du lourd et du piquant » : s’agit-t-il d’un thème ? FH / C’est plutôt un titre, donné a posteriori, que l’on retrouve sur l’affiche. Quand la plupart des musées et centres d’exposition cherchent à couvrir une période, l’époque d’une œuvre ou une thématique, je fonctionne un peu à l’envers : je sélectionne des travaux, grâce à des réseaux d’information dans le monde entier et après, je regarde ce que ça dit. Si le résultat n’était destiné qu’aux professionnels, on pourrait montrer les œuvres une par une, sans les relier entre elles. La problématique est différente quand on s’adresse à un autre public : il faut parfois raconter l’histoire d’un programme, fédérer un contenu avec un titre. Il collait en plus avec le visuel : un rhinocéros, dessiné par Michel Bouvet… K / Cette année, contrairement à d’autres, vous n’avez pas « invité » de personnalité… FH / En effet, il n’y a pas un commissaire hégémonique, mais vingt-cinq commissaires, extrêmement qualifiés, chacun dans leur domaine : Emma Lavigne, sur le rock ; Clément Chéroux, du Centre Pompidou sur le tir photographique forain, avec Erik Kessels, etc. C’est un peu paradoxal : les années où j’ai invité Martin Parr, Raymond Depardon ou Christian Lacroix, certains disaient : « on va au people ! ». Ce sont souvent les mêmes qui disent aujourd’hui « on n’a pas de personnalité », alors que le festival n’a jamais reçu autant de spécialistes ! Selon moi, il n’y a pas de festival au monde qui ait la qualité d’expertise proposée à Arles cette année. K / Comment percevez-vous la multiplication des événements autour de la photo ? FH / Il y a quelques années, une étudiante avait recensé près de quatre-vingt festivals en France, sans compter tout ce qui se passe à l’étranger. Il y a évidemment des choses très différentes. À Hyères, c’est la photo de mode. À Perpignan, le photoreportage. À Biarritz ou Honfleur, le voyage. À Lille, les transphotographiques. À Arles, j’ai même découvert qu’il y avait un autre festival sur la photo de nu ! Finalement, c’est un peu comme le cinéma ou d’autres disciplines : à côté de Cannes, il y a le festival du film fantastique, le film américain, le film policier, etc. La multiplication de ces initiatives participe en tous les cas à l’engouement très massif du public pour la photographie. C’est donc très positif à partir du moment où ces manifestations apportent un minimum de qualité.

K / Les programmes d’Arles s’exportent régulièrement à l’étranger, comme récemment, à Pékin… FH / C’est une longue tradition. Il y a deux moyens d’évaluer le succès d’une édition : la fréquentation du public et la reprise, à l’étranger, de programmes créés par et pour le festival. Ainsi, chaque année, un certain nombre de nos expositions circule à travers le monde. C’est le cas, par exemple, de la Nuit de l’Année, qui vient d’être exportée à Tbilissi en Géorgie, après trois présentations à Phnom Penh au Cambodge. Avant de diriger le Festival, j’allais justement à Arles pour faire mon « marché », repérer des artistes, porter des choses ailleurs, etc. Et tout le monde fait cela : Arles, c’est un vivier… À Pékin, c’était un peu différent : Photo Spring, un nouveau festival, nous a demandé de former un programme « arlésien », autour de quatre expositions, un colloque, des débats. Ils recherchaient surtout une « parole ». Ça a très bien fonctionné, l’initiative va être reconduite. K / En quoi consiste la collaboration, amorcée cette année, entre les trois grands festivals de la région : Avignon, Arles et Aix-en-Provence ? FH / Curieusement, en 40 ans d’existence, il n’y a jamais eu de dialogue avec Avignon et Aix (art lyrique). Or, nos équipes respectives sont relativement nouvelles et les études de publics révèlent certains recoupements. Le public d’Avignon, par exemple, vient beaucoup à Arles. Celui d’Aix, un peu moins, mais les organisateurs sont très demandeurs pour proposer quelque chose en journée. Pour faire simple, on essaie de faciliter la vie du public et des journalistes. Et cela commence, symboliquement, par l’organisation d’un colloque dans les trois villes, sur le thème des personnes empêchées, de la prison au handicap, dans l’accès à la culture. Il n’y a pas encore d’échanges artistiques, même si on a envisagé à un moment de faire quelque chose entre notre « promenade sur le rock » et l’événement proposé à Avignon autour de Rodolphe Burger. Cela ne s’est pas fait. Ce qui est important, c’est qu’on commence à parler.... + d'infos / Les 41e Rencontres Internationales de la Photographie : à Arles, du 3 juillet au 19 septembre 60 expositions, 6 promenades thématiques : Argentine, Rock, Argentique, Fondation Luma, Passages de témoins, Prisons. Arles, c’est aussi : une douzaine d’expositions « hors promenades » (No scoop, Galerie Vu !, etc.), le festival Voies Off, un colloque, des projections nocturnes, des séances de formation (ateliers photographiques, stages, etc.), tout le contraire d’une arlésienne… www.rencontres-arles.com 09


CES TO 44 « PLA S E L I M DU R VERTURE METZ PA U IT O A L’ S S C A E L V ES C QR, A LE NY TIM OUR LA P NE MERVEILLE… EN 2009, ERS LE MONDE. P » ENT U la vanille AV T CARRÉM S e tourte à ien tour’E n C u GO » À TR « , ; U ) en ab OMPIDO (Le Parisi courtepaille qui , Metz Le Répu « CENTRE P ne messe ce. Pour ?) ou un

u ( ran iel vaut bien Ouest France s Ouest F rnal offic « Si Paris né », dan ain, sorte de jou e mai, la ur o P u . d » s s e d orr alist n Pari blicain L urant tout le mois hitectes. 00 journ vaut bie d rc presse (5 obilisés), l’inaue a tr s la e n e d te C e u h r ouc et to été m tz du ment pou rt de la b idou-Me ntier ont vérité so mondiale , n u monde e u Centre Pomp o n s n n rt o a a c c , 3 d S. Ban ence en r rsion : 3 u rg e o v P ’u n d x o guration e c s cite à la christ), la ses construction importante que l’ s n s (CPM) in bourg (l’âge du e in g n o e Faites e est m au voir des de après Be e, plus habituée à de Arte, la form des visages : « : fugiés ou s in n s n a ré io ce o rr Sour press émissi isse de ville lo etz g x a in u M s’ iv ’a siteurs : l d vi u ’i e q de n u li q p usé n. U i-million e sourire, « Un dem es », La Dépêch on accom les trer l’acc surrectio la ag Parisien ». Missi ramatique pour e à la ré pour Soul i, 11/3 ; « Metz à e is rs L u m e it d », ro id n e is p M ur a v d u du st e e Q r tr rchitect u . is l'a é te g n c de ; « Le pointe rait , dire té le re atin, 25/3 enfant se ner Alain Seban faire un a quit Vosges M Pompidou se Centre e ig ine », atiques. o m rra m lo m o m g rre té o fait lise en te Faire rd zy c’est c o (« N décentra ien/AFP, 1/5 ; « rg ), u » st o Le Paris lbao », L’E randir de Beaub le futur Bi Le Centre ils sont heu garder g LE BILaBi,AleO de Metz IB ; « B ants : « messins A it ain, 1/5 s rait L b t et le re , a n a h ss fa e Républic dou de Metz au n x n e m mie au La e Va veauPompi à Lille », s’intéress Depuis la té le copain d e un nou construit 5 ; Benoît s ir m lu la m p c o dû être É c 1/ ra a d, u p Nor Metz le CPM il y a « La m Voix du , exce t « x : n u Quand le le : « re il il rt, e e d m c u be n, n c ac Gaudi Fra it publicai stade e r la fa », L’Est Ré lo) ne vo ce des ns Ouest ompidou qu’au ns oublie g a a s’éveille g d S ’a . de Fran d ur » / é to té in n tit at le musée cien e à P 4/5 ; « Pe ns », Vosges M munau u apa (l’an s de mond z tous les autres, (la Com p animatio ec son nouvea n e voit a L m Av ). « ve le ; rê ) ; clair y t (… AFP, 5/5 . Che Metz se ce, mpidou, Nord É un défau ) est en extase (… par- foot » la c . é (« u Centre Po du Nord », L’Alsa a it » im e n h de c a l’un mpidou en Bilbao Metz tivités revan e it c « e d fa ll e e Centre Po public », o d c ir Le e a « s m ; e m 9/5 and ), co me e form » (l resse vre au gr ert Reilhac, Metz ou n redoré » gtemps s parents uve d’une « tend la même un d so n u 9/5 ; Gilb la do ra b pi g m n Po L’Union, d’u lon ffet t pre donc e », ise sur l'e promesse e : « On nous a « Metz m remettre en scèn s aires) fon Plus belle serait n te De i« ., elant les in rn L pour se a U. ; ce, 10/5 le de g ous app ère ». ez Mart il n li h c ur de la u v s n « ic e cœ La Proven e rt s au n a ’ li n p ce, œuvre action de ancie la res- ignorés ou sa n », L’Alsa y, ‘chefs-d’ La satisf oments expositio ém uand une r la sidérurgie et » q i. n ie première ; Simon Barthél fi v le st ’e sm able insi 11/5 e formid », ectée pa Boches. C nt également de t énètre a ban : Un ser son », aff « Alain Se achine à expo tion, don vie ilitaire, p culturelles » ra ts m m u n g a ançois n u Fr it o a ; b ti /5 a in s ra h l’ , 11 le e tu u a d c e de it u e p rs L’Alsace it tr s ca baptêm on, lo la Nu C'est le urg de fermé de d’excepti hex Twin pour le Simon, « is rc e le Beaubo 11/5 ; m c a ur « po s rt ). rt l'a p d’a d le ance, du Nord Ouest Fr musées le live d’A es musées, quan ctes », Le n Metz », (La Voix ux archite , 11/5 ; grands les d e Ardisso t s e « Les de e n ic n rrain d o tr n Lo d e a n r é é , ai a p B ic in st t ro avec n ra in n re l’ o Républ ie ’u ltu p a u p cu m À le ure q se ta se, rtage la u conte « Paris pa ce », Centre Pres n à Metz, arisiens cela ne d p s i e io S n derne o e sé . o o is p m la provin « Décentralisat te la e x n a cha dP nt e rd un 12/5 ; uphiné au Gran st Républicain », Le Da st d’abo uettes so rq o ’e a d c n , culturelle istian Furling, m e u n e o a ll id Je ’E e u, /5 ; Chr n et Pomp temps, L n : Metz, « la b Libéré, 12 n beau chapea de igeru Ba nouveau « Sous so z s'ouvre par un specmati e et rêve e par Sh n rn u le u e ç , Met d », n gn o re st o ur io e o C m sit c bo « i. rt ilh a Beau e B d'expo l’ rc tr e « a vr n à ; e eu e /5 eille le C e un le pre chef-d'o Nord, 12 mie, s’év La Voix du s prochains astines, ace) ou : rs », tell G u ls s e it e d ’A le d n fa s s : (L é s ra en h e n g » -L c publicai « Louvre ppel d accro velles i seul u s ra lu o t re », Le Ré n à t, v ti k e u c le P n c ’œ . sur la liste Mickael Tassar ta 12/5 ; 0 chefs d ateur. Le CPM bao du Nord » uggenheim de Fra e, pétitivité Lorrain, de com r des 75 d u G n ie sq le m fo a « Le pôle maintenu », La , b c e 997 ille hite is est is, de thèm Boulonna t boulonna ovni arc ue créé en 1 étamorphosé la v ls dans le en guise ffe ent un « q Semaine ers nava m m ping : l’e n ti ts a le am n je u C a b « ry h se ; c h ai ’o s e d a 12/5 s G p e public » le m Ré st s Le « e m ’e n : u », upar ffecté ne so Pompido /5 ; « Pompido identifier 15 arquée nes désa , mais u à m » si u u l t d oile », Le Lorrain, n s ra ét e n e le h o tu un n ti t rc Metz, che stalla hes e es d’u in, 16/5 ; ain Lorra journaux chaussures coiffé Ma- en fric epuis l’in ble résurD s Républic on et Sébastien ). le n ti a ar ta es Gaelle C La revanche de oîtes à (Vosges m connaît une véri ur Vosg Leroy, « « trois b ngtemps n de is », po lle o o s trop lo e is , in a e /5 ; h c 18 m sé territoire ir, u e u la n m ,u , Nord Éc utre pari chapea oubliés » l’a ue » mpignon r Parcs : blicain « Cente un « cha e lanterne magiq ; Le Répu dou n », ti é gn pi ga Pom pfs, un 22/5 ; « Le Lorrain, cassé », schtroum mpidou in, 22/5. casé Po ain Lorra

Républic


REVUE DE PRESSE e le Centr , e c a ls L’A o1, selon musée n Dès 201 va lancer « un s re v e u n u ’œ t an ou efs d eaux, form lle est Pompid ur exposer ses ch rbains ». iv n s le s u o tou lture es » p ds centr rection, à do : « l’offre cu able du made rands des gran re rn c ré, les g u rs é e o to ib d h n L o e « c é in in sort h r Mu). p u n u le te io a D ée : (L’Un un fac Dans Le ur tourn uences, à e ville » le devenue n e i d ’u ss t d u a t a n m cli eme font Confl développ orraine n’a pas le ique du ducs ille ; les es, à L à Marse st e Soulag a, ri la sé u M u s, to E e m C rt it e d ra Ce p , tt t a is je v a l’ ti ro in) m le p ospec e n e ni « républica ’autre Lyon ; ente rétr o c l’Espagn st ti ré si ’E o la (L p t x n l e (« ue » z, do ième tr a u n q pays basq veau Center Parc messine Rode la ti a la cré o a été « nou fecture depuis risienne . » ré i) p e outre le id té a la n M e p ), du équ un « né… » la plus fr rg (La Dépêche touts » : le pari gag s ’a n d ix a o s d a V e u p a o nque » (L emain eaub « ne ma tonnant que La S - de B croire ulturel é er de re rd, alors c o ti presque n e N a it in h u o c ra A fe e trim st s e a u v tr o n n in mo s pré ais ) ; un ux, ce Boulonn ng est désormais e u e (burea du Nord q in , a té tz ra rb e a u st tion Jack L sition ge, à M e o sa u p is q e n rn n e qualifica u v e ro ; s co s r un l’est d rès, etc.) ccupé pa uits de la mer, le Parmi o ris, entre a P de Cong e rg d u . mbo prod uséal. 80 min , le Luxe CPM par les corail m gique, à our llemagne aussi le le A t l’ n r, poque, p a e e , é c e d l’ c n n e n e à tt m a s, m e o é la Fra c le lt r il rs 0 visiteu les consu au Pompidou, L ique. Pou e et la Belg lir plus de 200 00 un des les vil rd), v o u o N le n ix du eil « l’ accueillir » (La Vo llier, mais e doit accu ée et devenir h s c té o n c e u le e é éq ann « manqu Nancy ou Montp s plus fr e chaque liste » (L rovince le is l’ouverture, n, p e la a e r C d su c s e e e v u in a p a e e h ll musé c D e r u , ro ). o p 2 e 201 « la cés. P rovenc Lens est ain). Fin avec une éjà dépla » (La P rr d  : o e t L n n g si so in 2, un s’y blica Louvre ns ain, c’est 100 000 t Répu ueillir le 50 millio c licain lorr g municipal son 1 c b a t u e p it é o te R d n e in tz, n Le e p a m M a rm e à n pe es du c collectio t. Comm e tes g les « allé s »… c d e u it b h rc de ine à des a é d’euros fi n o quasi ple n c e été imm se projet a sur une le ), A A a N ÉTIES e, c’est nouveau : « P ». japonais (SA elle, avec un fol esp, opirou :r PROPeH dustri le voir rovince tre Press friche in avec la p Il faudra Pour C n . e re d n u st une o t lt ti n u c c a e u e la arq surr raphie e e ris partag le premier fait m èrement la ré e. Si la muséog lle éloign est le croir c’est qu’e tres prorelle : enti u , lt n Le CPM t u e io c g t n li n o eme e re d’au alisati du financ puyer, nouvell émons, même si mo la décentr r le plan d p que Mo a x su s’ u , rs e a ie lo v rr m u A o s o le t. p n il ce, , se auton n n is te ra o n ppara uest F grammati « la plus importa phètes a , dans O me M de la pro u P r in la C su il ra , u le o ’Union ntemp parait te », G o n c m t la o e c o v e e rn d’après L e e de sortir ucoup d’art mod vres) ». C’est un xemple une « so e à r a u p collection œ t la rtrand toire de e (65 000 hias vien ventures de Be e la en Europ ortante dans l’his e Ouest Matt A s g e a p il im in rBD, L s qu laquelle te « étape im urelle » d’un pay presque une s a n tr a x d e , s n e cult par d eufteria re », « e o K c sé n u pe e politique m ju r ! ie u Nord » ar si la ction d geait, « h Corée du arrière destru Prions, prions. C t, vaut une France ju la e u q n tralisé restres ! R ont un om-pi-da esse… aussi cen de la PQ n, pom-p ngoufm e s ly e le ri n x si a u u is a n M m rn ie e Si les s d vaut b le , les jou e tz r e h e c c M n n a , la e v re r ba soutan goût de aine pou uiche lorr q la t n e fr es. es fourné prochain

PO

U O D I P MPOM

. Vir y

Texte: G

11


INSURRECTION INFILTRATION DANS LA GUÉRILLA ARCHITECTURALE DE STÉPHANE MALKA. Texte / J. Tourette Visuel / Auto-Défense ©Laurent Clément Photographe + Michaël Kaplan Images de synthèse + Stéphane Malka Architecture

Activiste. Ex-poseur de bombes de peinture, Stéphane Malka planifie des stratégies d’exploration urbaine, dictées par une architecture engagée. Son champ de bataille est la ville : « panser la ville, penser l’architecture », en s’appuyant sur les prédispositions inexploitées d’un site pour le transformer en lieu chargé de sens. « Para-cité » : proposer une extension ou une mutation du patrimoine existant plutôt que de prôner la table rase du bâti, stimuler son effervescence, sa vitalité, et concevoir de nouveaux potentiels à usage collectif. Cet engagement artistique remonte à la fin des années 80, quand il arpente les terrains vagues à la recherche de bâtiments en ruine. Il peint des fresques à Belleville, aux « Frigos » du XIIIe (les anciens ateliers frigorifiques de la SNCF reconvertis en squat d’artistes) ou signe des pochoirs et collages à New York, Rio, Londres et Tel-Aviv, pour le projet « La Peau des murs ». À Mar-

seille, sa ville natale, des throw-up portent son empreinte, qu’il répand jusqu’à la friche de la Belle de Mai. L’expérience du graffiti forge son intérêt pour les espaces marginaux, son goût de l’insurrection citoyenne et un certain sens de l’urgence. Considérant l’architecture comme une fédération de l’art et du design dans la ville, un prolongement du graffiti sur un support en 3D, il décroche son premier cycle à l’École de Marseille Luminy, et intègre en 1999 les Ateliers Jean Nouvel. Il travaille sur de grands projets internationaux comme la Torre Agbar de Barcelone, le Guthrie Theatre de Minneapolis, l’Expo 02 en Suisse, ou encore la scénographie de la rétrospective AJN au Centre Pompidou. En 2000, il remporte le concours « Paris en 80 » organisé par la Ville de Paris et commence à développer une théorie du renouveau urbain fondée sur des interventions architecturales dans les « porosités urbaines », telles que les dents


ANACHRONIQUE

creuses, les murs pignons, les toits ou le dessous des ponts. Il s’agit de « Graffitectures » : graffiti actions et architectures du possible, « des interventions qui transposent l’expérience du graffiti aux confluences de l’architecture ; qui portent en elles l’insoumission populaire, le regard critique sur les institutions dépassées, mais aussi la spontanéité du geste créatif pour l’amélioration du quotidien et le désir d’une ville en réelle mutation citadine. »

blanche de panneaux de bois cintrés se présente comme un « acte volontariste » pour conquérir un terrain urbanistique encore vierge. « L'architecture ne peut plus exister sur un système unilatéral. » Dès lors, chaque nouvelle étude est pensée comme un élément d’un grand projet synthétique, dévoilant successivement un pan d’une démarche architecturale globale : détourner les matériaux (Yoba, 2005), transformer le pa-

« TIRER PARTI DU POTENTIEL EXISTANT DE CHAQUE ESPACE INDIGENT, COMME LES FRICHES URBAINES, LES DENTS CREUSES, SOUS LES PONTS OU LES VOIES RAPIDES, SUR LES FAÇADES EXISTANTES OU LES MURS PIGNONS ; RÉACTIVER TOUS CES LIEUX HISTORIQUES AUJOURD’HUI DÉSUETS. » Les faits d’arme du graffitecte s’inscriront à présent dans un plan global : Le Petit Pari(s). En réaction au Grand Paris, qui ambitionne de fédérer 240 communes jusqu’au Havre, Stéphane Malka se concentre sur l’importance de la petite échelle, le rapport à l’individu et sa place dans la ville, de même que sa valorisation sociale et citoyenne. Tout juste diplômé de l’École d’Architecture de Parisla-Villette, il fonde son agence en 2003 et se met à l’ouvrage. Son premier acte prend place sur le toit des Galeries Lafayette : Haut-Nid est un bar panoramique destiné à coloniser un espace en altitude laissé inoccupé, exil entre le ciel et le panorama parisien. Réalisée en trois jours, cette construction

trimoine (Lycée Jean-Jacques Rousseau, 2006), diminuer la pollution de l’air (Bio-Box, jardins suspendus, 2006), recomposer la ligne d’horizon (Tour Low-Tech, 2006), écrire le temps (Alef Bet, 2007), habiter les murs (Colombarium sur Seine, 2007), préserver la colline (Montabo, 2008), occuper le dessous des ponts (Galerie Bunker, 2009), densifier les dents creuses (BuroActif, 2009)… Et surtout : réagir à une crise éthique, avec la volonté de présenter une alternative aux modèles sociaux. L’architecte imagine alors Auto-Défense, une poche de résistance active sous l’arche de La Défense. « Ce projet de guérilla architecturale entreprend de pirater la “grande arche

de la fraternité” en accueillant tous les mécontents, en fédérant les délaissés, les marginaux, les réfugiés, les manifestants, les dissidents, les hippies, les utopistes et autres apatrides. » Complexe organisé en modules colorés sur toute la hauteur de la paroi latérale, véritable bastion révolutionnaire, Auto-Défense met en péril la crise de l’individualité à l’échelle de la ville et la nécessité de créer de la mixité. C’est là la condition d’une véritable dynamique urbaine, « l’ultime bastion du Romantisme moderne ». Récompensé cette année au concours des NAJAP (Nouveaux Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes), Stéphane Malka collabore parallèlement avec de grands architectes, comme Rem Koolhaas et Kilo, en dirigeant la cellule de conception du concours du Musée National de l’Archéologie des Sciences et de la Terre. Son agence travaille également sur une étude de faisabilité pour un lieu récréatif sous la voie rapide d’Issy-les-Moulinots, développe des projets d’extension sur des parcelles publiques et continue de mener les études du Petit Pari(s). Une force qui va.

+ d’infos www.stephanemalka.com Exposition des Nouveaux Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes 20092010, à partir du 10 juin à la Cité de l'architecture En septembre, exposition à la cathédrale Smolny Sobor de SaintPétersbourg et installation aux Transculturelles de Casablanca

13


ROMAN GRAPHIQUE ENFANT ILLÉGITIME DES ARTS GRAPHIQUES ET DE LA LITTÉRATURE, LA BANDE DESSINÉE SOUFFRE D’UN MANQUE DE RECONNAISSANCE. RANGÉE AVEC PARESSE AU RAYON « DIVERTISSEMENT » D’UN COIN DU CERVEAU, SA NOBLESSE EST DISCRÈTE ET SES TALENTS SECRETS. POUR LA METTRE EN VALEUR IL FALLAIT UN ROMAN, GRAPHIQUE. MAIS SILENCE…


DOSSIER / ROMAN GRAPHIQUE

Texte / J. Tourette Illustration / K. Sofalvi d'après Silence de Comès © Casterman

Cinéma, cinéma. Quand les frères Hughes s’emparent de l’excellente BD d’Alan Moore et Eddie Campbell, From Hell devient au générique (et en VO) « a graphic novel ». Idem avec Sin City et 300 de Franck Miller, l’illustre auteur décrochant même dans la bande-annonce spartiate le titre de « grafic novelist ». Avec nos bases d’anglais scolaire, on a d’abord trouvé que c’était assez pompeux : « 300 par le romancier graphique Franck Miller », voire limite 1900’s. S’agissait-il d’un effet de style, ou alors simplement d’un lexique plus large que comics pour définir « bande dessinée » à l’anglo-saxonne ? Une piste sans doute. Le temps et la production notable de fascicules ont donné au mot comics un emploi très restrictif, alors qu’à l’origine il englobait outre-atlantique tous les genres du 9e art. Avec le « roman graphique » le bédéphile doit a priori saisir qu’il ne sera pas face à un illustré rempli de héros costumés, pour enfants ou ados. Mais devant quelle BD ? Ce que le 7e art apprend alors sur le 9e, c’est qu’une traduction littérale peut semer le doute dans un univers qui peine déjà à faire valoir son autonomie artistique auprès du grand public. Surtout lorsque la bande dessinée est considérée à demi-mot comme l’enfant illégitime des arts graphiques et de la littérature.

HYBRIDATION

Quand une langue manque de vocabulaire, elle s’exprime par combinaison. En associant « roman » et « graphique », elle a forgé un concept hybride qui reste assez vague à première vue. Les romans illustrés entrent-ils dans ce cercle, comme lorsque Tardi accompagne Céline tout au long de Voyage au bout de la nuit ? À l’inverse, un album de dessins légendés, tel

que L’Attrapeur d’images d’Alexandre Kha, est-il encore un roman ? Dans ces deux cas, il semblerait que non, les formes étant nettement séparées. Mais que dire d’une véritable adaptation, de L’Île au trésor par Hugo Pratt ou du Procès par Chantal Montellier et David Zane Mairowitz ? Et plus encore des BD sans texte à la manière de 7330423-4153-6-96-8 de Thomas Ott et de Flood ! d’Eric Drooker ? Selon Scott McCloud, qui théorise cet Art invisible : « C’est une erreur de ne voir en la bande dessinée qu’un genre hybride entre les arts graphiques et le récit littéraire. » Les spécialistes sont unanimes : l’obstacle est de considérer le texte et l’image de façon séparée, alors que le fondement réside sur leur interdépendance. C’est pourquoi ils voient tous sa première manifestation authentique dans les « romans en estampes » de Rodolphe Töpffer, autour de 1830 en Suisse. Ses histoires en images légèrement satiriques présentent des dessins à l’intérieur des cases, jouant sur l’interdépendance inédite des deux media. C’est la création d’un moyen d’expression qui tenait à la fois du dessin et de l’écriture, sans être réductible à chacun d’eux. « Un langage autonome. » Mais si cette caractéristique est celle de la bande dessinée tout entière, qu’estce qui fait la spécificité du roman graphique ? Töpffer rencontra un vif succès auprès des intellectuels de son temps, qui reconnurent immédiatement le génie de son art. Certains en virent les immenses potentialités. Goethe remarqua à son égard que « s’il choisissait, à l’avenir, un sujet un peu moins frivole, il ferait des choses qui dépasseraient l’imagination. » Mais la frivolité et l’humour devinrent pourtant les registres officieux de cette 15


nouvelle expression. La BD naissante, qui se répandit largement au XXe siècle, se vit frappée du sceau du divertissement

de maturation intellectuelle accrédite la frivolité d’un univers pictural réservé aux enfants. Pour être prise au sérieux par les adultes, la bande dessinée doit se « SI UNE BANDE DESSINÉE EST UNE MÉLODIE, UN ROMAN choisir des sujets qui les touchent. Et GRAPHIQUE PEUT ÊTRE UNE SYMPHONIE ». WILL EISNER quand des éditeurs estampillent « BD comique. Autodénigrée par ses propres pour adultes » en couverture, c’est sans auteurs, qui préférèrent se décrire « des- équivoque sur un autre sentier narratif sinateurs humoristiques » plutôt qu’ar- qu’ils mènent l’imagination. tistes, elle ne put accéder au panthéon des La barrière est officiellement franchie arts majeurs. Son manque de « sérieux » en 1978, lorsque Will Eisner tamponne la rangea de fait dans les rayons infan- sur la jaquette de sa nouvelle création : tiles, élargissant le fossé qui la séparait « a graphic novel ». Un Pacte avec Dieu En 1992, Art Spiegelman reçoit le Prix Pulitzer avec des bibliothèques garanties « Culture ». rompt radicalement avec la tradition héMaus. D’abord publié Goethe l’avait compris : il fallait changer roïque qui a fait le succès de l’auteur améen extrait dans la revue de sujet. ricain (The Spirit), en offrant à la critique Raw, de 1981 à 1991, un sujet réaliste : l’ouvrage présente des ce récit biographique d’un survivant DESSINE-MOI UN ROMAN histoires pas franchement drôles, qui se d’Auschwitz fait de Plus on grandit, moins les livres ont jouent dans le Bronx près du 55 Dropsie Spiegelman le « parrain d’images. Cette métaphore du processus Avenue, et « décrivent la vie telle qu’elle du roman graphique ». était dans ces immeubles pendant les années 30... Les méchantes années trente ». Eisner prend le soin de préciser : « Ces histoires sont toutes véridiques. Seules la narration et la peinture des personnes et événements en font de la fiction. » La bande dessinée entre donc dans la cour des grands en s’attaquant à des sujets non fictionnels. Et ce, sous la bannière raffinée du « roman graphique »*. Pourtant, ce cap avait déjà été franchi depuis bien longtemps au Japon. Et si l’appellation différait quelque peu, le contenu des Gekigas, littéralement « dessins dramatiques », n’avait rien d’amusant. Forgé par Yoshihiro Tatsumi en 1957, le terme contient l’idée de violence, de force, d'intensité, pour décrire le climat traumatique de la société japonaise post-Hiroshima. Cette forme, qui se distinguait des mangas traditionnels par la Maus, Art Spiegelman © Flammarion


DOSSIER / ROMAN GRAPHIQUE

Persepolis, Marjane Satrapi © L’Association

noirceur de sa trame et le réalisme de son intrigue, répondait à une demande forte d’un lectorat adulte et se développa au cours des décennies suivantes sous les traits de Yoshiharu Tsuge, Kazuichi Hanawa et Hiroshi Hirata. En Europe, c’est un autre format. Hugo Pratt termine La Ballade de la mer salée (première apparition de Corto Maltese) en 1969. Quand Casterman en donne la traduction en 1975, la maison d’édition la classe dans la collection « Les grands romans de la bande dessinée ». L’expression est significative : elle soulève le talent à la fois esthétique et romanesque de son auteur, qui n’aurait pas à rougir d’être comparé à un Conrad ou un Stevenson ; mais elle souligne également qu’avec ce beau volume noir et blanc de 170 pages, on est très loin des albums franco-belges habituels qui répondent à la norme éditoriale économique du « 48 CC » : le 48 pages cartonné couleur, cher aux Asterix. Pour qu’un roman s’exprime en images, il faut lui laisser du souffle. Et pour donner du fond à la forme, La Ballade reçut l’année suivante le Prix de l’œuvre réaliste étrangère au Festival d'Angoulême. Sur cette ouverture éditoriale, Casterman lance en 1978 le mensuel (À Suivre), dirigé par Jean-Paul Mougin et maquetté par Étienne Robial, destiné à donner ses Lettres au « roman dessiné ». Le style se veut totalement libéré (crayon, encre, peinture ou noir et blanc) et la revue devient le point de rencontre de l’avantgarde et des nouveaux talents. Regroupées ensuite dans la collection des « Romans (À Suivre) », des pièces incroyablement somptueuses apparaissent, telles que Silence de Comès, en 1980. D’autres maisons s’aventurent sur le terrain de la rupture : Futuropolis (avec le même Étienne Robial), fer de lance de la

création d'auteur des années 80 ; la collection « Romans Aire libre », chez Dupuis en 1988, avec comme base line « le lieu où le roman se dessine » ; L’Association en 1990, et ses expérimentations alternatives ; Le Lombard et sa collection « Signé » en 1993, pour « rassembler des romans graphiques personnels, exigeants : des œuvres d'auteurs ».

BULLE VIDE

La BD change, c’est incontestable. Mais pour que le grand public l’admette, il faut une reconnaissance de taille. Cette consécration mondiale survient en 1992, lorsque Art Spiegelman décroche le Pulitzer avec Maus. L’œuvre est grave, biographique et historique : Spiegelman livre le récit de son père, survivant de la Shoah. Que les personnes soient figurées par des animaux ne minimise pas la puissance de l’ensemble ; on est bien devant une œuvre artistique majeure.

Initialement paru en quatre volumes, entre 2000 et 2004, ce roman (autobio) graphique a réussi à capter l’intérêt d’un public non bédéphile à travers sa reconstitution sincère de l’Iran des années 80. Il s’est vendu à plus de 1,3 millions d’exemplaires dans le monde. L’adaptation en long métrage par Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi a obtenu le Prix du jury à Cannes en 2007.

17


DOSSIER / ROMAN GRAPHIQUE

Le roman graphique s’établit donc officiellement comme une catégorie de la bande dessinée, distincte des comics et des albums humoristiques franco-belges traditionnels. Sa forme généralement plus volumineuse le classe hors des formats classiques et les sujets qu’il aborde sont sérieux. La « qualité supérieure » des romans graphiques est attestée par : la sub-

LE MANIFESTE DU ROMAN GRAPHIQUE PAR EDDIE CAMPBELL (EXTRAITS) - « Roman graphique » est un terme inapproprié, mais nous continuerons à l'utiliser, entendu que graphique ne signifie pas qu'on ait affaire à de l'art graphique ni roman à des romans. […] - Puisque nous ne nous rapportons en aucun cas à la littérature romanesque traditionnelle, nous ne tenons pas à ce que les romans graphiques aient les mêmes dimensions ou le même poids qu'elle […] : nous forgeons un nouvel art qui ne doit pas être lié par les règles arbitraires d'un autre plus ancien. - « Roman graphique » qualifie plus un mouvement artistique qu'une forme. […] - Puisque le terme définit plus un mouvement, ou un événement en cours, qu'une forme, il n'y a rien à gagner à le définir ou à le « jauger ». […] - L'objectif du romancier graphique est de prendre les formes de la bande dessinée (comic book), devenues embarrassantes, et de les élever à un niveau plus ambitieux et porteur de sens. […] - Au contraire de « livre de poche », « hardcover » ou « édition de luxe », le terme « roman graphique » ne doit pas servir à caractériser un format de vente. […] - Tout ce qui concerne la vie concerne le romancier graphique, la sienne incluse. […] - Les romanciers graphiques n'utiliseront jamais entre eux le terme « roman graphique » mais parleront seulement de leur « dernier livre », de leur « livre en cours », de « ce travail alimentaire à la con » ou même de leur « bande dessinée », etc. […] Les éditeurs peuvent l'utiliser encore et encore jusqu'à ce qu'il signifie encore moins que le rien qu'il signifie déjà. - Le romancier graphique se réserve le droit de dénier l'un ou tous les points ci-dessus si cela lui permet de vendre vite et beaucoup.

18

tilité de la narration, la sophistication de l’intrigue, la profondeur psychologique des personnages, l’importance des thèmes abordés, la conservation des éléments traditionnels du roman (exploitation des techniques narratives, chapitrage, etc.). Mais sans doute faudrait-il en faire un courant littéraire indépendant, qui ne serait autre que le processus de maturation de la bande dessinée elle-même. Et le contraindre dans une définition bien carrée semble diamétralement opposé à cette longue démarche d’affranchissement des codes : doit-on en exclure les BD sans texte (Pinocchio de Winshluss), les formes courtes (Attends de Jason), les formats classiques (Le Surcis de JeanPierre Gibrat, Les Passagers du vent de François Bourgeon), les trade paperback ou intégrales (Black Hole de Charles Burns), la fantasy (La Quête de l’oiseau du temps de Loisel, Les Compagnons du crépuscule de Bourgeon) ? Finalement, c’est toujours du 9e art dont on parle. Le label « roman graphique » ne servirait-il pas en fin de compte qu’à déculpabiliser les adultes bédéphiles qui craignent le regard réprobateur de leurs pairs plus « sérieux » ; ou encore d’étiquette pour faire mousser les intellos, que les éditeurs épinglent en choeur ? Pour en finir avec la querelle d’une définition de facto vide de sens, Eddie Campbell rédige en 2004 un Manifeste (voir encadré). Pour une fois, le propos ne se situe pas du côté du lectorat, mais de celui des artistes : le roman graphique n’est pas une forme, c’est un mouvement. Un mouvement artistique en marche, où la BD est prise au sérieux. *Le paternité de l’expression revient à Richard Kyle, dans le bulletin de l’Amateur Press Association de novembre 1964 ; mais c’est avec Eisner qu’elle prend effectivement vie.



FESTIVALS ANIMÉS ALORS QU'ANNECY REVET POUR LA 34E ANNÉE SES HABITS DE GRAND MAÎTRE DU FILM D'ANIMATION, PETIT TOUR DU MONDE DES MANIFESTATIONS CONSACRÉES À LA CRÉATION ANIMÉE. Sujet/ O. Trias & J. Martinez

ANIMA MUNDI

HIROSHIMA INTERNATIONAL ANIMATION FESTIVAL

Hiroshima/Japon | www.hiroanim.org Créé en 1985 par l’ASIFA, 40 ans après l’explosion nucléaire + un des festivals d'animation les plus respectés + événement biennal, les années paires + au Aste Plaza, près du Hiroshima Peace Memorial Park + Sayoko Kinoshita, directrice du festival et présidente de l'ASIFA + Les grands gagnants deviennent membres du jury pour le festival suivant + « For the World Peace » + 13e édition et 25e anniversaire : du 7 au 11 août 2010.

Rio de Janeiro & São Paulo/Brésil | www.animamundi.com.br Depuis 1992 + le plus grand festival de films d'animation d'Amérique du Sud + À Rio de Janeiro au Centro Cultural Banco do Brasil (CCBB), Casa França Brasil, Cine ODEON, et d'autres lieux autour de la ville + À São Paulo au Latin American Memorial + Anima Escola + Anima Mundi Intinerante + Anima Mundi Web & Cell + workshops : pixelisation, stop motion, dessins à la main + 18e édition : du 16 au 25 juillet à Rio de Janeiro, du 28 au 1er aout à Sao Paulo.


CINANIMA

GLOBE

Espinho/Portugal | www.cinanima.pt Depuis 1976 + Espinho, petite station balnéaire, à 17 km au Sud de Porto + un des plus anciens festivals d'animation dans le monde + programme diversifié et avant-gardiste + rempli les lignes directrices ASIFA + Grand Prix Cinanima 2009 : The Spine de Chris Landreth (Canada) + 34e édition : du 8 au 14 novembre 2010.

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D’ANIMATION

ANIMA - BRUSSELS ANIMATION FILM FESTIVAL

Annecy/France | www.annecy.org Depuis 1960 + la référence mondiale du cinéma d'animation + Le Marché international du film d'animation (Mifa) + 3 000 m2 d'exposition+ à L'Impérial Palace + Le Carrefour de la création + Cristal du longmétrage 2009 : Coraline (États-Unis), Mary And Max (Australie) + Cristal du court métrage 2009 : Slavar (Suède) + 34e édition : du 7 au 12 juin 2010.

SEOUL INTERNATIONAL CARTOON & ANIMATION FESTIVAL

Seoul/Corée du Sud | www.sicaf.org Depuis 1995 + à l'Université Konkuk au Séoul Lotte Cinema + exposition et congrès au COEX Convention Hall à Samseongdong + un festival progressif et évolué + trois grandes catégories : "adults", "manias" and "family" + 100 ans d'histoire de la bande dessinée coréenne (manhwa) + Exposition avec en vedette Marvel Comics + Internet Animation & Machinima + SICAF est un festival ASIFA + 14e édition : du 21 au 25 juillet 2010.

Bruxelles/Belgique | www.animatv.be Depuis 1982 + créé par Philippe Allard, Philippe Moins et André Pint + Folioscope, l'association organisatrice + les salles du Flagey 2D, 3D, crayonné, pâte à modeler + les Animatins + la Nuit animée + Futuranima, les journées professionnelles + concours Cosplay + Grand Prix Anima 2010 du meilleur court métrage dans la catégorie internationale : Divers in the rain de Olga et Priit Pärn (Estonie) + 30 000 visiteurs + 30e édition : du 4 au 13 mars 2010.

CHINA INTERNATIONAL CARTOON AND ANIMATION FESTIVAL

Hangzhou/Chine | www.cicaf.com Depuis 2005 + le plus grand festival d’animation en Chine + L'expo industrielle + 300 institutions et entreprises (Dreamworks, Shueisha…) + plateforme pour les échanges internationaux + 10,6 milliards de yuans de transactions + Monkey-King Award + Cosplay Super Show + street parade + Le prix du billet : 35 yuans, 25 yuans pour les enfants de moins de 1,30 m + 1,61 millions de visiteurs + 7e édition : avril/mai 2011.

21


GLOBE

MELBOURNE INTERNATIONAL ANIMATION FESTIVAL

Melbourne/Australie | www.miaf.net Depuis 2001 + à l’Australian Centre for the Moving Image, Federation Square + Autour de Minuit Showcase + Late Night Bizarre Siggraph Wrap-Up + 10 Years of MIAF Highlights + L'entrée est limitée à un public de plus de 18ans + séances spéciales pour les enfants et les adolescents + 10e édition : du 19 au 27 juin 2010.

OTTAWA INTERNATIONAL ANIMATION FESTIVAL (FIAO)

Ottawa/Canada | www.animationfestival.ca Depuis 1976 + le plus grand événement du genre en Amérique du Nord + au ByTowne Cinema, National Gallery of Canada, Canadian Museum of Civilization, Empire Theatres Rideau Centre et Arts Court Theatre + meet the filmmakers sessions + The Television Animation Conference + Grand Prize 2009 : Mary and Max, d’Adam Elliot (Australia) + 30 000 visiteurs + 35e édition : du 20 au 24 octobre 2010.

ANIMAFEST ZAGREB

SPIKE AND MIKE'S FESTIVAL OF ANIMATION

États-Unis | www.spikeandmike.com Fondé en 1977 par Craig Spike Decker et Mike Gribble + à La Jolla, et une douzaine de villes nord-américaines + visites dans les festivals, les théâtres, les campus universitaires + Mellow Manor Productions, Inc. + The Sick and Twisted Festival of Animation Festival controversé et politiquement incorrect + The New Generation Animation Festival + Avant-gardiste + les premiers films d'animateurs tels que Nick Park, Marv Newland, Tim Burton, John Lasseter…

Zagreb/Croatie | www.animafest.hr Depuis 1972 + le deuxième plus ancien festival en Europe + Approuvé par l'ASIFA + Festival biennal devenu annuel + Années impaires consacrées aux longs métrages + Années paires consacrées aux courts métrages + festival orienté vers les films d'auteur + Grand Prix : Valse avec Bachir, Ari Folman (Israël / Allemagne / France) + édition court métrage : Du 1er au 6 juin 2010.

INTERNATIONALES TRICKFILM FESTIVAL

Stuttgart/Allemagne | www.itfs.de Depuis 1982 + un des plus grands et des plus importants festivals d'animation + biennal jusqu’en 2005 + maintenant annuel + Grand Prix 2010 : A family portrait, de Joseph Pierce, UK + Jusqu’à 50 000 spectateurs + 18e édition : mai 2011.


PAGES BLANCHES

Ouverture /... 23



PAGES BLANCHES

25



PAGES BLANCHES

27



PAGES BLANCHES

29



PAGES BLANCHES

31



PAGES BLANCHES

33


PAGES BLANCHES

CHAUMONT 2010 / CONCOURS ÉTUDIANT

Chaque année, le Festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont organise un concours étudiant. Quelque 1200  y ont participé, cette année, en réalisant une affiche sur le thème : « Qu’est-ce que le graphisme ? ». Après quelques remous, l’équipe du festival a décidé de présenter l’ensemble des affiches à l’entrepôt des Subsistances de Chaumont et de décerner trois prix. Geoffroy Pithon (Ensad Paris), en couverture du magazine, ainsi que Delphine Sigonney (Enba Lyon) et Florent Dégé (Esad Strasbourg), ont été récompensés. Festival de l’affiche et du graphisme de Chaumont : du 29 mai au 20 juin. www.chaumont-graphisme.com

THE BOUIL’HOT ART SHOW

Ambiguous Clothing remet à la mode la traditionnelle bouillotte. La marque a envoyé aux quatre coins de l’Europe des centaines de véritables bouillottes Damart® en vue de customisation. Un grand nombre d’artistes ont répondu à l’appel, et parmi eux, La Pieuvre et Moka, dont les pièces originales seront présentées au cours d’une exposition itinérante : Barcelone, Galerie Vallery, du 6 au 31 juillet // Berlin, Bright tradeshow, du 8 au 10 juillet Paris, Galerie Obliq, du 4 au 30 septembre // Toulouse, CoreZone, du 1er au 30 novembre San Sebàstian, Noventa Grados, du 1er au 30 novembre // ... www.ambiguousclothing.com

RUDY GUEDJ

Jeune artiste, graphiste, tantôt rêveur de mondes imaginaires, tantôt lucide et radical, Rudy Guedj (KMLN) utilise le dessin pour imager son propre monde peuplé de contes et mythes. Pour sa première exposition personnelle, The End in a Box, au sein de la galerie All Over, il présentera ses figures rêvées, ses collages mentaux, qui révèlent la pulsion de faire se superposer une multitude d’univers. Expo du 24 juin au 24 août à la galerie All Over (Lyon) http://rudyguedj.blogspot.com www.all-over.eu

ALAIN DELORME

Il a reçu en 2007 le Prix Arcimboldo de la photographie numérique pour sa série Little Dolls qui, depuis, a été exposée à travers le monde. Il nous dévoile ici sa série Totems, réalisée à l'issue de deux résidences à la Ailing Foundation de Shanghaï en 2009 et 2010, et nous offre une vision singulière de la Chine, à l'heure de l'Exposition Universelle. Parallèlement à sa carrière artistique, Alain contribue régulièrement au cahier mode de Kiblind. Il est représenté par la galerie Magda Danysz. www.alaindelorme.com www.magda-gallery.com

VICTOR CASTILLO

Victor Castillo est né en 1973 à Santago du Chili, où il faisait partie du collectif artistique Caja Negra. Son œuvre révèle la violence de la vie quotidienne et dénonce l'universalité de la rationalité incarnée par des figures diaboliques d’animaux ou d’humains. À l’heure actuelle, il vit et travaille à Barcelone. Il sera présent, en compagnie d’autres artistes internationaux, dans le cadre de l’exposition All In !, du 22 mai au 17 juillet 2010, à la galerie GHP à Toulouse. http://victor-castillo.blogspot.com www.espaceghp.com Pages Blanches n°31 Crédits


MATHS

35


PRINT

ONE POSSIBLE CATALYST CHARLOTTE CHEETHAM, TÊTE PENSANTE DU BLOG GRAPHIQUE MANYSTUFF, PUBLIE LE PREMIER NUMÉRO DES ÉDITIONS DU MÊME NOM. APRÈS UN NUMÉRO 0 EN FORME DE FOCUS, ONE POSSIBLE CATALYST SE DÉCLINE AUTOUR DE TROIS THÈMES : LA TRANSMISSION, SUPPORT GRAPHIC DESIGN ET LESS/MORE. UN SEUL OBJECTIF : UTILISER LE SUPPORT PAPIER COMME LABORATOIRE D'EXPÉRIMENTATION DÉDIÉ AU DESIGN GRAPHIQUE. T / J.Martinez Visuels/ Magali Forey + Samuel Bonnet

One Possible Catalyst surprend d'abord par son format très grand (340 mm x 460 mm) et sa monochromie (noir). Si Maël Fournier-Comte et Samuel Bonnet, à qui Charlotte a confié la direction artistique, ont choisi ces orientations graphiques (y compris le titre de la revue), c'est d'abord pour rendre hommage à un « magazine de pages » édité par Jos Tilson. Publié en 1971, Catalyst avait alors pour vocation de faire cohabiter, réagir ensemble des « propos éphémères et des pages imprimées ». L'idée du studio SA/M/AEL, fondé en 2009 entre Paris et Londres, énoncée dans un non-édito introductif, est ainsi de témoigner par la forme de la nature-même du contenu de la publication : réflexion, échange, pluralisme, fragilité, work in progress, etc. L'austérité et le sérieux apparents, s'ils renvoient immédiatement à l'image du laboratoire, s'explique également par la première thématique abordée : Less/More.

MORE OR LESS

Lorsque Charlotte Cheetham décide de démarrer son projet de publication, elle lance un appel à contribution en forme de questionnement : « Un contraste visuel semble évident entre un graphisme grandiloquent, fondé sur une communication excessive, l'abondance de signes, et un graphisme minimal, aux images épurées, basé sur l'économie de moyens. Il s'agit ici de s'attarder sur cette dernière pratique du design graphique : antinomique avec la communication excessive, la surenchère graphique et l'abondance de signes, qu'en est-il de ce procédé de communication ? (...) ».


2wBOX Set E, “Funny Bunny” de Archer Prewitt

LIVRE I BD I REVUE

À l'aide d'un questionnaire envoyé à des contributeurs triés « LA VRAIE QUESTION EST DOIT-ON – EN TANT QUE sur le volet (Rikard Heberling, DESIGNER VISANT À RÉDUIRE, OU À EMBELLIR LA FORME Ivor Williams, Olivier Marcellin, Hannes Gloor & Stefan – CHERCHER À INFLUENCER LEUR FINALITÉ ? TOUS CES Jandl, etc.), Charlotte livre CALCULS EXIGENT UNE RÉPONSE, AUTREMENT ÇA brutes, quelques-unes des réN'EN VAUT PAS LA PEINE ». (IVOR WILLIAMS) ponses obtenues auprès de ces différents praticiens du « Less is more ». Cette devise, rendue célèbre par l'architecte allemand Ludwig Mies van NOTICE der Rohe, membre du Bauhaus, est une ode au minimalisme (il y ajoutait la formule Manystuff #1, One catalyst « God in the details »...). Plus qu'un réel débat théorique entre deux écoles, la ques- possible English/Français tion posée ici permet de comprendre, au gré des différentes contributions, pourquoi Format: 34×46 cm cette manifestation du design graphique revient avec vigueur aujourd'hui, en réaction (34×23 cm) au graphisme d'addition qui gouverne toujours majoritairement la communication. 52 (104) p. 10 euros Apologie de la rigueur et du détail, et accordant une place importante au langage, le courant Design Minimal pourrait même devenir à terme, comme l'explique Olivier Graphic design: Marcellin, une sorte d'avenir écologique de la pensée graphique, loin des excès de la SA|M|AEL http://sa-m-ael.com surconsommation de masse. Avec cette première thématique, entre textes et images, la revue avance au fil des pages Distribution: et des contributions. Elle évolue par la suite vers des exemples de scénographie d'ex- Motto Berlin store positions (Support Graphic Design) et accorde dans ses dernières pages une large place Motto Zürich store à des entretiens placés sous le signe de la transmission (entre élève et professeur, entre www.manystuff.org graphistes eux-mêmes). Ce Manystuff Issue 1 est un bel objet d'études en cours, réservé à un public averti. Il n'en demeure pas moins un petit goût de reviens-y minimal. 37


PRINT

LE RAYON DE LA MORT

SPEAKING OF ART !

Andy garçon solitaire, limite asocial, survit dans un paysage peuplé par ses contemporains qu’il juge insipides, hanté par un sentiment d’injustice et de vengeance. Il passe le plus clair de son temps avec son meilleur et seul ami : Louie. Vivant dans une banlieue sans histoire, ils s’inventent un « perfect world » avec leurs codes et leurs sensibilités. Louie initie son pote au Punk Rock, à la clope, et cette dernière va avoir sur Andy des effets pour le moins inattendus, puisqu’il va se changer en une sorte de super héros doté d’un force surhumaine. Mais comment utiliser ce pouvoir dans un environnement aussi plat que cette ville de l’Amérique profonde ? Dernier opus d’Eightball, le comic book d’où sortent les classiques que sont devenus Ghost World et David Boring (à lire absolument, toujours chez Cornélius !), Dan Clowes nous fait partager l’histoire de ce criminel tout en utilisant les artifices esthétiques des récits populaires de super héros. Dans Le Rayon de la mort, comme à son habitude, l’auteur rend un hommage teinté de dérision aux adolescents torturés en pleine mutation et à la bande dessinée de genre. Et puis, ne pas oublier le travail fantastique d’un des derniers éditeurs de bande dessinée tant sur le fond que sur la forme. Les livres sont beaux, le papier, les couleurs et les choix éditoriaux, tout est soigné, la classe.

Issues des archives du magazine Audio Arts, quarante-trois interviews révèlent dans ce livre un morceau du cheminement de ces figures qui ont façonné l’histoire de l’art moderne et contemporain, telles que Joseph Beuys, Frank Stella, Ed Rusha ou Wolfgang Tillmans. Mais loin d’une compilation parmi tant d’autres, ces interviews sont à lire comme vous écouteriez une cassette. À la moitié du livre il vous faudra le retourner pour accéder à la Face B. Et pour cause, Speaking of Art est la retranscription d’échanges animés par W. Furlong et diffusés dès 1973… sur cassettes, bien entendu. Pensé comme une construction inachevée, le projet Audio Arts est à comprendre comme une œuvre de W. Furlong, apparentée à la fois au concept de « sculpture sociale » de J. Beuys ainsi qu’à celui de « dialogisme romanesque » de M. Bakhtin. À la manière d’un linguiste, W. Furlong pratique par le truchement de ces enregistrements une véritable expérimentation du discours dont Speaking of Art réussit un brillant écho, avec pourtant le son en moins. La mise en page épurée de Kobi Benezri pousse le raffinement de l’évocation de la K7 vintage jusqu’aux couleurs des gardes et pages d’ouverture de chaque face : lorsqu’un marron brillant évoque les bandes magnétiques pour les unes, un orange très seventies suggère pour celles-là les autocollants de ces mêmes K7.

T / J.-L. Musy

+ d’infos : Le Rayon de la mort Daniel Clowes Éditions Cornélius Sorti mai 2010 56 pages / 16 euros

T / M. Morin

COLLECTION T / M. Gueugneau

On sait que le tyrosémiophile tombe amoureux de la rusticité qui se dégage des boîtes de fromage normand, mais qu’en est-il de l’artiste collectionneur de dessin ? Esthète protéiforme ou psychisme compulsif, la question n’est pourtant pas là. Le thème de la revue Collection est de magnifier un panorama certain du dessin actuel. Balayant tour à tour l’art contemporain, le graphisme ou encore la bande dessinée, l’équipe de Collection possède dans les tréfonds de son âme une volonté d’éclectisme. Et comme dirait l’autre : peu leur importe la discipline, pourvu qu’il y ait le beau. Ce dernier évidemment complété par un peu de babillage entre artistes, car l’Art, même dessiné, s’enhardit de la discussion intertalents. Pour ce premier numéro ont été conviés, entre autres, à la table des réjouissances : Ruppert & Mulot, Christian Aubrun, Stéphane Prigent, Ludovic Boulard Le Fur, Charles Burns, Corentin Grossmann, Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau, Pimp My Life, etc. Il semble qu’ils ont des choses à dire. + d’infos : Revue Collection #1 164 pages / 21 euros www.collectionrevue.com

+ d’infos : Speaking of Art : Four Decades of Art in Conversation William Furlong Phaidon Press 272 pages / 35 euros


LIVRE I BD I REVUE

SANTA RIVIERA T / J. Tourette

MES PLANS SUR LA COMÈTE Quelques ombres noircies au feutre et puis beaucoup de blanc. Du vide, ou plutôt de l’espace laissé à la libre projection d’un scénario qui expliquerait, contextualiserait les bribes de scènes qu’Emmanuel Régent aime à dessiner. Sculptés par la lumière, des files d’attentes interminables ici, des manifestants là, des barques pleines à craquer ailleurs, tous voient gommée la signification de leur présence par un traitement dépouillé, finement ajouré comme un travail de dentelle. Seule l’attente est perceptible. La dimension du « temps perdu », que ce soit celle du pêcheur qui espère la prise ou celle sous-jacente au Chemin de mes rondes, est un élément constitutif du travail de l’artiste qu’il puise principalement lorsqu’il pêche. La même idée de vacuité sous-tend ses sculptures qui « contiennent » toutes un élément manquant, fugitif. Mes plans sur la comète en sont le paroxysme : de grandes feuilles de dessin roulées qui sortent de tout leur long d’une corbeille à papier évoquent autant la dispersion que la disparition de projets abandonnés ou inachevés. Publiée sous ce même titre à la fois poétique et fort d’autodérision, cette première monographie de l’artiste réussit à troubler le lecteur quant à la nature de ses interventions. Catalogue agrémenté d’une interview menée par Daria de Beauvais et d’un très beau texte de Caroline Smulders.

Mieux qu’un feuilleton : une saga. Rodrigo mène à grand train une liaison avec Mathilda, qui l’incite quotidiennement à révéler leur aventure au grand jour en quittant Carmen, sa tendre épouse et employée modèle. Celle-ci n’est pas dupe et confie sa peine à Cassandra, confidente intime secrètement éprise de Paul-Christian, l’informaticien coincé qui traîne avec un gauchiste en sandales fumeur de pipe prénommé Freddy. Pendant ce temps, Peter Mc Guillan, le patron de Carmen, ne se remet pas du décès de sa femme. D’autant plus que sa fille, Ashley, fricote avec Pedro, jeune portoricain aux revenus précaires. Quant à Stevie, le barman de chez Sam’s, il semblerait qu’il trempe dans quelques histoires pas très nettes sur lesquelles Bronson, ancien du Vietnam, est en train d’enquêter. Sous-titré « Le venin des passions », Santa Riviera parodie grassement le soap à l’eau de rose d’après-midi décérébré. Pour coller au réalisme télé, l’histoire se déroule en 8 épisodes entrecoupés de pages de pub d’un cynisme sans bornes, délicieusement méchantes et noires à souhait. Au casting, on félicite Lady Diana et ses conclusions de chapitre toujours bien senties ; sans oublier un Charles Bronson au meilleur de sa forme, qui sait toujours poser les bonnes questions. La production est signée Les Requins Marteaux, avec le duo Morvandiau/Mancuso à la réalisation et Magali Arnal à la direction de la photographie. « Une saga pleine de romantisme, d’action, de sentiments… et de tanks ! »

+ d’infos : Mes plans sur la comète Emmanuel Régent Monografik éditions / I Love My Job Juin 2010 32 pages / 15 euros

+ d’infos : Santa Riviera Morvandiau, Mancuso et Arnal Les Requins Marteaux Sorti en mai 2010 56 pages / 13 euros

T / M. Morin

ANIMAL CATASTROPHE T / M. Gueugneau

Artistiquement, le Do It Youself ne donne aucun blanc seing aux artistes qui ont choisi ce mode de production. Mais seule la microédition permet la diffusion d’œuvres marginales où les auteurs possèdent une liberté absolue. De l’art décroissant dit-on par là. Animal Catastrophe est donc un de ces objets rares qui bénéficie de l’imagination sans barrière des dessinateurs. Utilisant pour Marion Balac l’encre de Chine et pour Jérémy Naklé le graphite, ils ont réalisé un bestiaire qui tend, avec l’air de ne pas y toucher, vers le véritable fantastique. Par petites touches – qui deviennent plus grosses par moments – ils établissent un paysage animalier troublant. Entre beauté et absurdité, entre un style purement descriptif et une envolée du trait, le lecteur devient Blanche-Neige quand son esprit se peuple des ces millions d’amis parfois traîtres selon leur degré de vraisemblance. Une interprétation toutefois laissée à la seule raison du spectateur grâce à l’émancipatrice absence de ligne directrice. Il faut la faire soi-même. + d’infos : Animal Catastrophe, Marion Balac et Jérémy Naklé sorti le 8 avril 82 pages / 12 euros animalcatastrophe.blogspot.com

39


Crédits : Tapirworks

SUMMERTIME Les écrans de l’été ne se réduisent pas à la Fête du Cinéma ni à Kung Fu Fanny. Les festivals sont si nombreux qu’on peut trouver beaucoup mieux… . Vonthron & G. Viry Textes / G.

FILMER LA MUSIQUE

Créé en 2007 à l’initiative du collectif MU, le festival est organisé, début juin, à Paris. Pendant 5 jours « et 5 nuits », il propose une sélection pointue de films musicaux qui nous transportent, cette année, du Berlin libertaire des eighties à « la musique des ghettos 2.0. », branchée sur les lignes haute tension. « La principale nouveauté, explique Marine, c’est la présence de personnalités, comme Stuart Baker, Uli Schüeppel ou Adam Bhala Lough ». À côté des projections, Filmer la musique, c’est aussi des concerts (Xiu Xiu, Mustang, Zombie Zombie, etc.), des performances ou le Stream Club, un night club aussi futuriste qu’FMR… Du 8 au 13 juin, au Point FMR et Mk2 Quai de Seine + d’info : www.filmerlamusique.com

POCKET FILM FESTIVAL

Créé en 2004, dès que les caméras ont intégré les téléphones, y compris chez Alcatel, ce festival a largement contribué à la création d’œuvres cinématographiques sur mobiles. Plus de 800 films, réalisés dans le monde entier, se sont présentés pour l’édition 2009. Outre la compétition internationale, le Festival propose une programmation riche : ateliers, projections thématiques, conférences, etc. « Le leitmotiv

de l’édition 2010, c’est la participation du public », explique Jeff Bledsoe, directeur de la production événementielle au Forum des Images. « Après avoir demandé à trois artistes de réaliser un film sur la comédie musicale, l’horreur et l’espionnage, nous proposons aux spectateurs de s’en inspirer pour faire de même, avec leur téléphone, dans des studios de poche ». + d’info : du 18 au 20 juin, au Forum des Images (Paris) www.festivalpocketfilms.com

FESTIVAL DU FILM À LA CON

Quand on reçoit un communiqué, qui porte ce nom, une irrésistible envie se produit : en parler. « Il s’agit d’un festival de films cons, qui ne prend pas les gens pour des cons » explique sagement Florent, membre d’une association de court métrage, Label Vie d’Ange. « Il y a plein de façons de mettre en scène la connerie, de manière drôle et artistique, sans tomber dans le jackass ni le vidéogag. » Entre fausses scènes de guerre ou de combat, over-acting et détournements de la vie quotidienne, le festival récompense, chaque année, une sélection de fictions « à la con ». Les projections sont organisées à Thônes (Haute-Savoie), en septembre. En cas d’idée lumineuse, vous avez jusqu’au 18 juin pour faire un film... + d’info : www.festival-film-ala-con.com


ÉCRAN

LOOKING FOR KEN

Un petit cataclysme vient d’être provoqué dans l’industrie cinématographique à l’initiative du très engagé Ken Loach. En effet, le britannique a mis à disposition une grande partie de son œuvre cinématographique sur Youtube, gratuitement et légalement. C’est une bonne nouvelle pour la liberté culturelle. Un peu moins pour le distributeur français qui vient d’obtenir l’interdiction des visionnages, jugés « clandestins ». Concrètement, quelques jours après la mise en ligne des films, l’accès aux vidéos a été coupé pour toutes les adresses IP venant du territoire. Shit !

PAPI FAIT DE LA RÉSISTANCE

Heureux anniversaire, Le Soupirant, Yoyo, Le Grand Amour… À cause d'un imbroglio juridique, les films de Pierre Etaix sont parfaitement invisibles depuis vingt ans. À 81 ans, après s’être battu pendant des années devant les tribunaux, le fils spirituel de Jacques Tati a obtenu gain de cause : il récupère les droits de ses œuvres. Ainsi, les 8 poèmes burlesques d’Etaix (5 longs métrages et 3 courts) pourront enfin être vus ou revus, dès cet été, sur grand écran. Le Grand Amour, par exemple, ressort en salle le 7 juillet. Pour les plus fainéants, il faudra attendre la prochaine sortie DVD, prévue pour la rentrée. + d’info : www.lesfilmsdetaix.fr/

PRÊTE À TOUT ?

Décidément, Nicole Kidman est une actrice qui a les noisettes. Après Fur, Nadia ou Dogville, l’ex-madame Cruise continue de se mettre en danger, bien loin des sentiers hollywoodiens. Son nouveau projet ? Produire et jouer dans le prochain film de Lasse Hallström, The Danish girl, biopic sur la vie d’Einar Wegener. Kidman interpréterait le rôle de cet homme qui se travestissait pour servir de modèle à son épouse portraitiste (Uma Thurman), avant d’y prendre goût. Il/elle finira par se faire opérer pour devenir la première personne intersexuelle ayant subi une chirurgie de réattribution sexuelle. Pour remonter à Jours de tonnerre, il faut changer de siècle...

41


RENTRÉE CHEZ VOUS L’été passe trop vite. Eh bien en tant que gamer, on aimerait le zapper complètement. Alors c’est vrai qu’on pourrait s’acheter une Wii pour jouer à Super Mario Galaxy en attendant le plat de résistance ou encore, si ce n’est pas déjà fait, passer prestige 10 à Modern Warfare 2. Mais vous ne Texte / M. Sandjivy leurrerez personne. Textes / M. Sandjivy, A. Giroud & G. Viry On ouvre les hostilités par la fin d’une attente interminable. On en parle depuis un peu plus de 6 ans. On a eu des vidéos, des releases des nouvelles unités, des arts books, des conférences bla bla bla mais voilà enfin le retour de notre Confrérie Terrienne, nos Protos et autres Zerg. Oui, Starcraft 2 voit enfin le jour sur PC. Les plus acharnés sont déjà sur la version bêta depuis quelques semaines et les commentaires sont unanimes : enfin, et merci. Car ils ont bien bossé chez Blibli, chaque race bénéficie de nouvelles unités ainsi que de nouvelles améliorations. Mais le point central à notre avis réside dans le côté RPG. En effet, vous disposez maintenant d’un quartier général où sont situés votre armurerie et votre laboratoire. Augmenter les capacités se fera donc à coup de crédits et de « points » amassés en réussissant les objectifs secondaires des missions. De plus, il vous faudra faire des choix réfléchis lors des « level up » car chaque amélioration se fait au détriment d’une autre. Et oui, soit on augmente les PV soit on installe une tourelle automatique ; mais pas les deux mon général ! Côté PS3, après un prologue de 2 ans et demi, Gran Turismo 5 arrive enfin sur la boîte noire. Ce n’est peut être pas la plus grosse attente de la rentrée (Ezio Auditore di Firenze revient lui aussi), mais une fois n’est pas coutume c’est une exclusivité Sony. L’un des rares jeux où dès la sortie du premier volet, on passait autant de temps à jouer qu’à regarder le ralenti

de la course. Selon nos sources à la Gamescom « aucun autre jeu du genre ne semble de taille à rivaliser ». Parmi les nouveautés et upgrade un moteur de modélisation a été ajouté ainsi que des rétroviseurs « fonctionnels » et non d’apparat pour les joueurs en manque de drogue qui joue en vue intérieure. Alors, il est temps de sortir votre tétralogie de Fast and Furious pour vous mettre dans l’ambiance.

RÉMOULADES On termine avec la X-Box qui comme ses compagnons joue la carte de l’« exclusivité qui défonce », avec le dernier volet de la mythique série développée par Bungie. Halo Reach version bêta multijoueur vous y jouez déjà depuis le mois de mai et vous y jouerez sans doute tout l’été avant la sortie du jeu, fin octobre. On pourrait vous parler de la possibilité de customizer votre exosquelette (ce qui est cool) mais on s’est dit que l’apparition de « classe de perso » pourrait vous intéresser (ce qui est encore plus cool). Alors on se calme, on est pas dans la franchise Battlefield, mais si votre armement ne change pas, chaque classe ouvre un pouvoir spécial particulier : sprinter, invisibilité partielle, bouclier, roulade et autres jet-packs. On entend déjà les rageux : « Il est sérieux lui avec ses roulades là ??! ». Y’a des jeux comme ça pour lesquels on a envie d’acheter une console. Gear of Wars en faisait partie (et en fait toujours partie), de même qu’Halo.


ÉCRAN

POMME VAPEUR

Créé en 2003 par l’éditeur américain VALVE (Half Life, Counter Strike,TF, Left 4 Dead, etc.), Steam est une plateforme de distribution de contenu en ligne, axée principalement sur les jeux vidéo. Pour un gamer, elle propose à peu près autant de fonctionnalités qu’un couteau à un amateur de Laguiole : téléchargements de jeux, contenus additionnels, patches, news, communauté en ligne, etc. À l’ère du jeu dématérialisé, Steam est une sorte de monde idéal, à une exception près : il excluait, jusqu’alors, les utilisateurs de Mac. Depuis mai dernier, VALVE a renversé la vapeur : sa plateforme est désormais accessible aux croqueurs de pomme et devrait poursuivre sa mue en développant une version pour Linux. Le monde a changé : outre l’accès à Steam, certains « must play » vont progressivement être développés pour Mac. (Half Life 2, Team Fortress 2, Left 4 Dead 1 et 2...). Il sera également possible de commencer une partie sur PC et la poursuivre chez Steve Jobs ou de jouer, en multiplayer, avec les différents systèmes d’exploitation. Comme si la guerre n’avait jamais eu lieu ou qu’elle se jouait, désormais, sous d’autres cieux : pour ceux qui préfèrent Cortal Consort à Gamekult, la capitalisation boursière d’Apple a dépassé, fin mai, celle de Microsoft. Le monde a changé…

OBSÉDÉS DES RPG

En quelques années Obsidian Entertainement est devenu un mastodonte du jeux vidéo, sans doute grâce au soleil de Californie qui passe toujours mieux que le ciel surplombant Atari. Après Kotor 2 (Star Wars) ou Neverwinter Nights 2, l’éditeur poursuit sa course dans le Role Playing Game, en sortant Alpha Protocol, un jeu de rôle contemporain, dont le mérite est de sortir de l’univers traditionnellement attaché aux RPG (fantasy et SF) pour investir un nouveau terrain : l’espionnage. Le jeu est au moins aussi attendu que Fallout New Vegas programmé, toujours chez Obsidian, pour la fin de l’année. Le retour d'un monument précédemment sacrifié en 2008 sur l'autel du casual consoleux (cf. Fallout 3). + Plus d'infos : www.alphaprotocol.com www.obsidianent.com

+ Plus d'infos : www.steampowered.com

N&B

On peut être apprenti graphiste et geek fini. À plus forte raison, les premiers apprécieront la sortie, cet été, de Limbo, accessible, dans un premier temps, sur le X-Box Live. Édité par les Danois de PlayDead, ce jeu indépendant est un véritable bijou, dont la valeur repose largement sur l’esthétique et l’univers graphique, faits entièrement de noir et blanc. Que Limbo soit un jeu de plateforme à l’ancienne, cela suffira peut être aux gamers pour ne pas regretter le potentiel chromique de leur dernier écran. Pour tous les autres, y compris les jurés du 12th Independant Games Festival à San francisco (pour lequel il a gagné le prix d'excellence graphique et le prix d'excellence technique en mars dernier), c'est juste beau ! + Plus d'infos : www.limbogame.org

43



CAHIER MODE

45


GIPSY SOUVENIR C’est un souvenir. Ce qu’il reste d’une aventure d’enfant, les traces des premières amours, le goût d’un baiser, les vers d’un poème ou encore la mémoire d’un lieu. C’est une histoire que l’on s’approprie ou que l’on revit en découvrant les accords de Byredo. Cette jeune marque de parfum lancée en 2006 se présente comme un « concept olfactif ». L’idée, révéler les facettes olfactives d’un souvenir et les mettre en flacon. Une sorte d’alchimie des sens et de la mémoire. D’où son nom - Byredo - dérivé de by redolence [par évocation, ndlr], qui a rapidement séduit les concept-stores, Colette à Paris et Liberty à Londres en tête. Depuis, Byredo a tracé son sillage en Europe, s’offrant au passage un pied-à-terre à Stockholm. Au 6 Mäster Samuelsgatan, caché derrière une devanture noire, c’est un espace blanc et épuré, habillé de parois de verre et de béton ciré qui magnétise l’oeil. Un contraste simple, mais toujours efficace, qui donne aussi la mesure du produit. Fraîchement ouverte, la boutique est la première de Byredo. Une façon d’affirmer les racines suédoises de son fondateur. Né à Stockholm, un père canadien, une mère indienne, Ben Gorham est un enfant du monde qui a grandi entre la Suède et le Canada. Un maverick aussi, un touche-à-tout. Alors qu’adolescent, il accumule les compétitions de basket à New York, il décide un jour de tout plaquer pour entrer aux Beaux-Arts de Stockholm. Il essaie la sculpture, la peinture ou encore la photographie, puis tombe dans la marmite parfumée. De là, il se lance dans l’aventure pour fonder sa marque. Aidé de quelques nez cultes, dont Jérôme Epinette, Ben Gorham a ainsi donné naissance à des senteurs éclectiques et raffinées, pour homme comme pour femme. Des jus, neuf au total, qui fascinent l’imagination, mélanges de sous-entendus subtils et de simplicité. Des senteurs d’initiés en quête d’audace, loin des effluves capiteuses. Certains optent pour le boisé, comme Bal d’Afrique qui met en scène, entre autres, le vétiver ; d’autres se composent de notes florales comme Pulp, Green ou encore Rose Noir qui déclinent un accord bien pesé de rose patchouli. Une cologne plutôt masculine, teintée d'agrumes et de notes boisées se cache derrière Fantastic Man tandis que Gipsy Water offre des notes plus orientales. Tulipe est le dernier-né de la gamme, qui insuffle un souffle green aux compositions du printemps. E. A


CAHIER MODE

47



CAHIER MODE

49



CAHIER MODE

51



CAHIER MODE

53



CAHIER MODE

55



CAHIER MODE

57



CAHIER MODE

59


CAHIER MODE

60



KARAOCAKE / Paris Le luminescent pouvoir de Karaocake est d’accélérer les démarches de l’être humain dans sa quête spirituelle du point Ω. Son nouvel album, Rows & Stitches, sorti sur Clapping Music, tente patiemment de faire évoluer la pellicule de pensée qui entoure notre Terre, cette planétisation que nous connaissons tous si laide, vers la parfaite spiritualité. Créer quelque chose de grand pour la communauté avec des moyens individuels infimes, voilà le défi qui semble ici être relevé par Camille Chambon, Tom Gagnaire et Stéphane Laporte (alias Domotic). L’instrumentalisation sobre due à une qualité lo-fi assumée n’empêche en rien l’envolée harmonieuse de l’auditeur vers les cieux du Christ cosmique. Mieux : elle la sert. Cueillons alors tous ensemble les grenades antioxydantes qui ne manqueront pas de jalonner notre parcours vers la convergence des esprits, au cours de laquelle les accords simples et mélodieux de la musique de Karaocake nous accompagneront sans aucun doute.

a

+d’actu : Karaocake, Rows & Stitches, Clapping Music, sorti le 2/06 ; Release Party le 9/06 à La Machine (Paris). +d’info : www.myspace.com/karaocake ; www.clappingmusic.com

FRANCOFOLIES / La Rochelle

Fidèle à sa tradition, le festival de musiques francophones de La Rochelle dresse en ce mois de juillet 2010 un panorama ambitieux de la variété française. Gérard Pont, Gérard Lacroix et Frédéric Charpail ont depuis quelques années les coudées franches pour proposer une programmation alliant une certaine exigence dans ses découvertes à une approche plus grand public, capable de renouer avec la qualité populaire de l’événement qui fit son succès sous l’ère Foulquier. Ainsi cette année verra se succéder sur les différentes scènes Enzo Enzo, Kent, Dominique A, Pony Pony Run Run, Jacques Higelin, Jacques Dutronc ou encore Jil is Lucky, révélation de ce dernier semestre. Gad Elmaleh rejoint ce casting pour le moins éclectique et ferme la boucle. La Grande Boucle. +d’actu : Francofolies de La Rochelle du 13/07 au 18/07 avec également Diam’s, Revolver, Emilie Simon, Alain Souchon, General Elektriks, Arnaud Fleurent-Didier, Jeanne Cherhal, Sexy Sushi, Féfé, Tété, Miossec, M, Vanessa Paradis, Camelia Jordana, … +d’info : www.francofolies.fr

IMPOSSIBLE : L’EXPOSITION A L’OFR / Paris

La bande dessinée, comme un navire quittant la côte, est l’aboutissement de rêves et de passions. Philippe Dupuy et Charles Berberian, glorifiés pour les produits ô combien finis que sont les Monsieur Jean et autres Boboland, sont ainsi des auteurs qui, avant de penser la finalité, savourent les moyens. Et le moyen en bande dessinée, c’est bien sûr le dessin. Accompagnés de l’inusable et néanmoins fougueux journaliste touche-à-tout Joseph Ghosn, ils ont souhaité rendre hommage à cette recherche graphique par la diffusion d’Impossible, fanzine témoin de leurs amours protéiformes. Arts Factory, galerie nomade, nous propose de glisser un œil dans l’univers de la parution, et donc de ses trois auteurs à l’Ofr. Galerie. Une occasion de percevoir les quelques obsessions qui travaillent l’âme de ces artistes. +d’actu : du 9 au 19/06, exposition Impossible, par Philipe Dupuy, Charles Berberian & Joseph Ghosn à l’Ofr. Galerie. +d’info : www.artsfactory.net ; www.ofrsystem.com


z

a VOIES OFF / Arles

MUSIQUE LARGE / Paris

Lorsqu’il est venu à l’esprit de Christophe Laloi de créer le Festival Voies Off, dont il est encore le directeur artistique, il lui importait d’ouvrir un chemin pour la nouvelle création. L’art photographique a ceci de particulier qu’il est accessible à tous par ses moyens et ses techniques, et seul l’obscur périple permettant d’accéder à la visibilité peut se révéler un frein à l’éclosion du talent. Depuis maintenant quinze ans le Festival Voies Off se veut la rampe d’accès vers une exposition artistique d’envergure pour les photographes émergents au cœur des Rencontres d’Arles. Une semaine suffit pour démontrer la valeur de ceux-ci, sélectionnés à partir d’un appel à candidature réunissant plus de 1 100 dossiers, et pour sanctionner le plus prometteur par le Prix Voies Off. Mais par bien d’autres biais (expositions thématiques, projection, soirée,…) le festival devient le Pygmalion de cette jeunesse dont on ne cessera de dire qu’elle manque de repères. Spécialement dans le vieux Monde de l’Art.

Musique Large fait partie de ces labels qui goûtent 2010 en tirant atout de toutes les époques musicales passées. Véritables enfants des temps, les tenanciers de Musique Large se trouvent paradoxalement en phase avec les coordonnées spatio-temporelles de nos cœurs et nos envies. On a dû synchroniser nos montres, sans doute. Oubliant de verser dans la perversité d’une fidget house flattant le corps mais trop peu l’esprit, Fulgeance et Débruit, les piliers originaux du label, optent pour une musique qui caresse la piste de danse en laissant soin de ne pas la briser par un accès de stupidité animale. Un esthétisme électronique que l’on retrouve dans le dernier projet de Musique Large, les sorties digitales Tour de Table, où chaque intervenant prend le temps d’extérioriser les tréfonds de son âme. Le premier exercice échoit à l’Etasunien Charlie Trees qui sort le 29 mai The Dream EP, confidences juvéniles au fort accent 80’s. Un projet qui permet à Musique Large de le devenir plus encore.

+d’actu : Festival Voies Off du 3/07 au 10/07 avec comme invité d’honneur Michel Poivert. Le tout durant les Rencontres d’Arles du 3/07 au 19/09. +info : www.voies-off.com ; www.rencontres-arles.com

+d’actu : Soirée Sonotown x Large, le 12/06 au Trabendo (Paris) avec Débruit, Fulgeance, Baron Retif & Concepcion, etc. ; Débruit aux 3 Eléphants le 11/06, aux Vielles Charrues le18/07, à Dour le 17/07 ; Fulgeance au Kiosk (Lille) le 19/06. +d’info : musiquelarge.blogspot.com

MONTREUX JAZZ FESTIVAL / Suisse

Aux confins de l’Orient rhônalpin, par-delà la barrière péri-téthysienne qui a vu, en son temps, passer des pelletés du plus impressionnant des mammifères, se niche une place où le froid et la faim n’ont pas droit de citer. Au-delà d’une application posthume du très cher souhait de Coluche, cet Eden post-moderne peut produire une synergie entre les peuples par le biais le plus artistique qui soit : la musique. Le Montreux Jazz Festival réunit depuis 1962 les âmes attachées à la rencontre de l’autre. Pour effectuer cette symbiose quasi mystique, cette année se retroussent les manches Vanessa Paradis, Phil Collins, Quincy Jones, Herbie Hancock, AIR, Roxy Music, Missy Elliott, Tricky, De La Soul, Gil Scott-Heron, Cocorosie et bien d’autres évidemment. Du labeur, de la volupté et de l’émotion. +d’actu : du 2 au 17 juillet Montreux Jazz Festival, avec également Keith Jarret, Angélique Kidjo, Katie Melua, Tech N9ne, Simply Red, Diana Krall, Mumford & Sons, … +d’info : www.montreuxjazz.com

BAZART par M. Gueugneau

63


A MAX LE DARON / Bruxelles

C’est officiel, le monde n’attendait qu’une seule chose pour danser toujours plus loin, plus fort, plus vite : la tropicale qui, pour faire vite, peut s’entendre comme la réorchestration électronique de la musique des ghettos du monde. Et à ce petit jeu, la Belgique ne reste pas les bras ballants. Max le Daron, 23 ans et membre du MDD Party Crew, n’a de cesse de rendre le blason outre-quiévrain plus humide. La récente sortie de Ravecumbiation, EP que l’on qualifiera au moins de sud-américain, et le travail en collaboration avec le label de musique du monde Akwaaba bordent ainsi nos cœurs d’une langueur qui rarement fut aussi excitante. Cumbia, electro, baile funk et bien d’autres sont autant de dagues que Max le Daron lance à l’envie dans diverses chaumières accueillantes du nord de la France et de la Belgique. De bien chaleureuses soirées où, dans une ambiance conviviale, on travaille tour à tour les petits fessiers, les moyens fessiers et les grands fessiers. +d’actu : Ravecumbiation disponible gratuitement sur Soundcloud ; en concert le 5/06 au Supermarket à Lille, le 25/06 au K-Nal à Bruxelles.

Festival des Arts Multiples et de Danse / Marseille Dans la société urbaine, il est des jours où le temps déborde et circule lentement dans les petites rigoles du caniveau. Trop de temps, trop de pulsations, trop de séquences desquelles il ressort ce que d’aucuns nomment la vérité, plus vraisemblablement la réalité. Une réalité saccadée : soixante secondes par minute, soixante minutes par heure, vingt-quatre heures par jour. Autant de bornes sur lesquelles chacun d’entre nous bute de manière aléatoire. Il y a beaucoup de cela dans la thématique du 15e Festival de Danse et des Arts Multiples de Marseille, qui se penche cette fois sur le temps de la vie. Attaché à jouer de sa pluridisciplinarité (danse, musique contemporaine, installation, etc.), il enveloppe cette année encore Marseille d’une belle atmosphère artistique. Au total dix-neuf propositions dont quatre pièces inédites en Europe, trois en France et deux créations. En sus des créateurs venus de fuseaux horaires indifférenciés (Ginette Laurin du Canada, Sabura Teshigarawa du Japon, l’Autriche avec Willi Dorner, etc.), le GMT+1 marseillais reste à l’honneur avec les propositions du Marseille Objectif Danse et du GRIM. Mais le FDAMM est surtout le temps d’une réflexion unique sur l’art en territoire urbain marseillais. Un festival porteur de résonances dont le spectateur ne peut être le réceptacle passif. +d’actu : Festival des Arts Multiples et de Danse de Marseille du 17/06 au 6/07, avec Christophe Haleb, Josef Nadj, Paul-André Fortier, Christian Rizzo, Jérome Bel, Hommage à Merce Cunningham, etc. +d’info : www.festivaldemarseille.com

FEROMIL / Dunkerque Tendre l’oreille et sombrer. Tendre l’oreille sur le rejeton déprimant de notre patrimoine industriel. Celui qui fut porté aux nues puis détesté et aujourd’hui misérablement moqué, celui dont on ne sait plus quoi faire. Le parasite. Féromil est le transit, traduisant le langage du métal hurlant, le dernier d’une lignée qui sut comprendre ce qu’il disait. Domptant le détecteur de métaux comme Steve Stevens sa guitare, il harmonise les cris de la rouille. Il ordonne, juge et torture cette ferraille, sous le joug des démons vernaculaires qui hantent le port mort de Dunkerque. Le son de cette musique inouïe ramène le spectateur à son état d’esclave de son environnement oxydé. Dans une perspective fantasmagorique, c’est du rudement bon boulot. +d’actu : En concert le 7/08 à la Nuit des Soudeurs de Granville, le 22/08 au Festival ça s’joux au Château à Pontarlier. +d’info : www.myspace.com/monsieurtrickster


BAZART par M. Gueugneau

En utilisant la perturbante technique de la carte à gratter l’illustrateur Thomas Ott navigue dans un monde dont les couleurs oscillent entre le noir et le gris foncé. L’exposition est unique et le travail galvanisant. À la galerie Martel (Paris 10e) du 11/06 au 17/07.

Dans le cadre de la Biennale des Ateliers de Rennes, le Centre d’Art Contemporain La Criée expose le dispositif Garbage Truck Bomb du plasticien sonore Damien Marchal. Ou quand notre camion fait Boum. Jusqu’au 18 juillet.

Pour les Transphotographiques de Lille, la galerie Lasécu a concocté une double exposition de Sébastien Godéré et Satoru Toma, tous deux enclins à percevoir les anomalies des paysages urbains. Jusqu’au 3 juillet. 65


LOUCHE ACTUALITÉS

En partenariat avec Imaginez Maintenant Du 1er au 4 juillet 2010 www.imaginezmaintenant.com

66




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.