KIBLIND Magazine
Numéro Bla Bla Bla
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HIVER-PRINTEMPS 2024 — KIBLIND MAGAZINE N°85
MELEK ZERTAL
TINY SPLENDOR PRINT 4
BLA BLA BLA — EN COUVERTURE
L’INÉDITE
Pour cette couverture, elle laisse une nouvelle fois son héroïne s’empêtrer dans une situation intermédiaire. Sans but, avec pour obstacle les différences de langues qui viennent saper le principe même d’échange d’informations inhérent à la discussion, cet échange est pourtant nécessaire pour prouver à l’autre notre appartenance à la même espèce, notre envie de commun. Cette référence au voyage était aussi une demande de notre part, le magazine KIBLIND franchissant pour la première fois la barrière de la langue pour être distribué en Amérique du Nord et en Europe. Dans cette grande traversée, il ne manquait que vous : bienvenue à bord.
BELMORE CAF ET ERIA
Les œuvres de Melek Zertal sont remplies de ces échanges anodins, petits bitchings et anecdotiques small talks qui soudent les amours et les amitiés. Peu d’artistes savent comme elle récolter ces hésitations, ces gênes, ces émotions soudaines et ces automatismes qui font la sève de nos discussions quotidiennes. Cela fait d’ailleurs partie d’un tout, tant ses bandes dessinées semblent recueillir tout ce qui fait notre époque. Disponibles chez Perfectly Acceptable, Fidèle et Colorama, ses histoires sont remplies d’esprits désabusés voués à une surconsommation vaine et qui mettent toute leur énergie, finalement, à entretenir des relations humaines solides. Pour ce faire, la native de Constantine, installée entre Paris et la Californie, tresse entre ses personnages des moments d’interstices, de pas grand-chose, bien plus révélateurs sur notre nature que les grandes épopées et les drames tapageurs. Son trait suit ce désir d’honnêteté, ne rangeant pas forcément ses traces dans sa poche, laissant les sentiments affleurer sans vouloir se protéger.
TODAY’S SPE C I A L
@ MELEKZER TA L
X KIBLIND
Les nouvelles couleurs de Paris Une illustration par KIBLIND réalisée avec les crayons pastels secs iconiques Conté à Paris
Conté à Paris est la marque française experte en crayons et pastels depuis 1795. Choisie par les plus grands maîtres, les étudiants des Beaux-arts et les artistes amateurs pour la qualité de ses produits. Conté à Paris est devenue la référence pour les artistes du monde entier, offrant la plus large variété de techniques et d’effets possibles pour le dessin, l’esquisse ou le pastel.
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Direction artistique: KIBLIND Agence
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LE PRINTEMPS DU DESSIN CÉLÈBRE LE DESSIN CONTEMPORAIN PARTOUT EN FRANCE !
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Ourou, 2022, Étagère, Merisier, 241 × 34 × 287 cm, Projet réalisé avec l’artisan Antoine Rivière et l’Association Rhizome (Ouroux-en-Morvan) dans le cadre d’une résidence en juin 2022 . Crédits photographiques : Guillaume Bloget
Être là Guillaume Bloget
Exposition à la Cité du design du 15.02 au 23.06.2024
Les humains s’expriment, c’est même une de leurs spécificités. Il n’y a pas de quoi être particulièrement fier·e. Le tombereau d’âneries qui nous tombe dessus chaque jour suffit à rester humble. Sans crâner, donc, on peut tout de même s’arrêter sur cette drôle de caractéristique : l’échange langagier. À y regarder de plus près, cette faculté a tout du miracle. Le circuit sinueux qui naît dans quelques synapses obscures pour ensuite fricoter avec des nerfs électriques et se faire pulser par des muscles arrogants est une mécanique d’une précision diabolique. L’arbre de l’évolution des espèces, parmi les millions de branches qui le constituent, nous a donné à nous ce bourgeon magique. C’est à célébrer tout de même. Il faut espérer aussi. Espérer qu’il n’y a personne qui gouverne la culture de cet arbre, personne pour voir ce que nous faisons de ce don si rare quand il est perfectionné à ce point, personne pour nous entendre mâchonner ce « ouh, fait pas chaud aujourd’hui » qui débute chacune de nos conversations hivernales et qui fait beaucoup de mal à l’évolution du vivant. Il est temps de douter, chers humains. Pourquoi parle-t-on ? Par quels moyens ? Pour se dire quoi ? En voilà de grandes et belles questions absolument insolubles. Parfaites pour les poser à des artistes plus intelligent·es que nous, parfaites pour le nouveau numéro de Kiblind. Que disons-nous, un nouveau numéro ? Une nouvelle maquette, une nouvelle formule, une nouvelle périodicité, une nouvelle diffusion ! Une révolution, rien de moins. On dit bonjour au nouveau format et à ses nouvelles pages si nombreuses ; on dit coucou aux nouvelles rubriques ; on dit hello à nos nouvelles·aux lecteur·rices internationaux·ales, des États-Unis, du Québec et de l’Europe réunis ; on dit salut à la fréquence semestrielle ; et on dit bienvenue aux nouveaux talents de l’illustration auxquels notre soutien ne bouge pas d’un iota. Lui au moins. 11
HIVER-PRINTEMPS 2024 — KIBLIND MAGAZINE N°85
SOMMAIRE
KIBLIND est un magazine gratuit. Ne peut-être vendu !
Directeur de la publication : Jérémie Martinez Direction Kiblind : Jérémie Martinez - Jean Tourette - Gabriel Viry Comité de rédaction : Agathe Bruguière Maxime Gueugneau - Elora Quittet - Jérémie Martinez Jean Tourette - Gabriel Viry Coordination éditoriale : Elora Quittet Team Kiblind : Noémie Arensma - Guillaume Bonneau Romane Chevallier - Magda Chmielowska - Léa Coissard Emma Consalvo - Edmée Garcia-Mariller - Chloé Girot Léa Guiraud - Mélodie Labbé - Rachel Lafitte Lætitia Lafort - Marie Lascaux - Romane Lechleiter Anne-Capucine Lequenne - Rosalie Massé Céline Montangerand - Lara Mottin - Zoé Paille Guillaume Petit - Morgane Philippe - Charlotte Roux Déborah Schmitt - Éva Spalinger - Paloma Stéfani Sara Thion - Olivier Trias Réviseur : Raphaël Lagier Traducteur·rices : Anita Conrade - Mark McGovern Direction artistique : Kiblind Agence Imprimeur : Musumeci S.p.A. / musumecispa.it Papier : Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni / Symbol Freelife E/E49 Country 250g Arena natural Bulk 90g / Symbol Freelife Gloss 130g Freelife Oikos 115g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Freight Text (Joshua Darden) Illustrations personnages BlaBlaBla : Magda Chmielowska Édité par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon - FRANCE 27 rue Bouteille - 69001 Lyon / 69 rue Armand Carrel 75019 Paris - 04 78 27 69 82 / KIBLIND c/o Spaces - 5455 av. de Gaspé - H2T 3B3 Montréal QC Le magazine est publié en version française et anglaise. kiblind.com / kiblind-atelier.com ISSN : 1628-4146 Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteur·rices. Tous droits strictement réservés. Merci à Matthieu Sandjivy. THX CBS. Bienvenue Aimée, c'est ce qu'il y a de plus beau. Contact : magazine@kiblind.com
CRÉATIONS ORIGINALES Melek Zertal, par son talent pour allier illustration et texte, pourrait être la porte-parole d’une époque : avec ces hésitations qui rythment le discours, ces raccourcis inconscients, ces phrases suspendues qui terminent dans un silence entendu. Bla Bla Bla X @melekzertal Chloé Farr n’est pas seulement l’illustre réalisatrice de Ketchup et co-réalisatrice d’Au revoir Jérôme. Elle est aussi une sacrée dessinatrice au trait déviant et à la palette psychédélique. Blahblahblah X @chloe_farr_ Le Chilien Alexander Medel ne s’embarrasse pas tant que ça avec la figuration. Il lui préfère le conflit et l’harmonie que peuvent créer entre elles des formes basiques, des volutes graphiques et des couleurs éclatantes. Blah, blah, blah X @alexandermedel En deux-trois lignes mignonnes, quelques rondeurs chauffantes et une série de blagues potaches, l’Irlandais Ruan Van Vliet vole l’amour des gens. En fait c’est même pire, on le lui donne de bon cœur. Negotiation Comic X @ruan_van_vliet Tout est toujours dans le trop chez Mathilde Paix et c’est précisément ce qui est formidable : son trait transperce, ses couleurs attaquent, ses perspectives cisaillent et ses personnages se dézinguent à qui mieux-mieux. Jouissif. Big Bluff X @mathildepaix Il ne faut pas beaucoup de traits à Hugo Le Fur pour que ses images dansent. Une fois ceux-là tracés d’une main volage, ses compositions épurées peuvent bavarder sans peine avec les limites de l’abstraction. Le robinet à conneries X @hugo.travail Mélange fin de couleurs douces, d’esprit enfantin et de compositions tonitruantes, le travail de la Japonaise de Leipzig, Yuka Masuko, est un choc aigre-doux toujours déroutant, toujours passionnant. BlahBlahBlah X @y.massco L’Anglais Tom Dearie ne se sent bien qu’entouré de paysages fantastiques et d’architectures légendaires. Et puis il prend un malin plaisir à en casser la grandiloquence par un trait fin et souriant. Small Talk X @tommydearie La magie de Lucie Penaud est de savoir allier le foisonnement de couleurs et d’éléments divers à une lisibilité confondante, faite de lignes claires et de perspectives tirées au cordeau. Et de construire ainsi une histoire dans chaque image. Oi(e)siveté X @l_pnd_
Vous croiserez dans cette entrée quelques objets rencontrés par bonheur ces der derniers mois lors de nos pérégrinations visuelles. 2
1 mbrance mpidou de Do Pour le clip Po e ud → Par Olivier La om
l.bigcartel.c X supermegacoo ce an X @dombr
Norm the worm → Par Bobbi Rae
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X bobbirae.co.uk
Vinyle (LP) Éclats de Matías Enaut
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(Grand Musique M anagement / Modulor) → Par Alex
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is Jamet & Manon Cezaro
X alecsi.com X manoncezaro.co m X matiasenaut.bandcamp.com
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X neoneo.ch X blackmovie.ch
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Festival Black Movie → Par Neo Neo
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5 → Par Manon Rey
X manonrey.bigcartel.com
6 → Par Jake Foreman
X jakeforeman.com
5 → Par ZEBU
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X zebu.bigcartel.com
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→ Colorée, illustrée, kawaii, la marque indonésienne Liunic On Things est LIUNIC ON THINGS une invitation à ne pas garder raison. X liuniconthings.com On a posé quelques questions à Liunic, sa créatrice et à Owi Liunic, sa sœur illustratrice. Salut Liunic et Owi Liunic ! Vous avez collaboré ensemble pour la collection Heart Space de Liunic On Things. Pouvez-vous nous parler de vos rôles ?
Liunic b Liunic On Things est une marque artistique principalement gérée par moi, Liunic. Pour la c ollection Heart Space, ma sœur, Owi Liunic, s’est occupée de toutes les illustrations et je me suis occupée du design et de la c ampagne. Au début de la marque, ma sœur m’a é galement aidée mais nous avons des intérêts différents désormais, donc c’était un bon moyen de se réunir ! Owi Liunic b Mon rôle a été d’illustrer et de créer les visuels en 3D qui se retrouveraient sur les vêtements et accessoires. J’ai été v raiment contente de voir le rendu de cette collection. Owi Liunic, tes dessins sont très reconnaissables grâce à leurs couleurs et à leur touche kawaii. Quelles sont tes inspirations dans la vie de tous les jours ?
Owi Liunic b Mon enfance est une grande source d’inspiration. J’aimais beaucoup regarder des séries de mangas japonais et surtout, les dessiner sur les murs de ma maison… Je trouve également mon inspiration dans le chaos que je rencontre. Ici, à Jakarta, tout est assez pollué et les tons de la ville sont très ternes. J’aime donc mettre dans mon travail des couleurs que je ne vois pas souvent dans ma vie de tous les jours. Comment décririez-vous la scène de l’illustration à Jakarta ?
Owi Liunic b Je pense que les milieux de l’illustration et de l’art se soutiennent de plus en plus. La communauté se développe et il existe des marchés d’art auxquels nous pouvons participer, où nous pouvons nous rencontrer et nous connecter. Quel est votre projet rêvé ?
Liunic b J’adorerais concevoir des meubles, des jouets et m’occuper de l’aménagement et du design d’un parc public ou d’un terrain de jeux.
BLA BLA BLA — IN THE MOOD
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Owi Liunic b Mon rêve est de voir mes illustrations sur des objets de mobilier comme des chaises, mais aussi, dans un autre genre, de réaliser la pochette d'album de mon artiste préféré un jour !
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→ Par Bao London
X baolondon.com X para-para.world
9 Festival Ici Demain → Par Antoine Djack
X @antoine_djack X @icidemainfestival
10 → Par Kyle Platts pour Jumbo Press
X kyleplatts.com X shop.jumbo-press.com
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11 Festival Peckam Playground → Par Oat Studio & How Do You Agency
X @we.are.oat X @howdoyoudo_agency X peckhamplayground.com
11 → Par Eden Clifton
X edenclifton.com
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13 Vinyle (EP) Emotional Damage de Alyhas & Occibel
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(Increase The Groove)
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→ Par Rister
X @rister___ X @alyhasmusic X @occibel___ X increasethegrooverecords.bandcamp.com
→ Par Eureka
X eurekartstudio.art
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15 Exposition La Villa de Yukiko Noritake à la Slow Galerie → Par Yukiko Noritake
X yukikonoritake.com
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Artwork single Inhibitions de Bored At My Grandmas House → Par Niamh Cawdell
X @_niamhcawdell
17 → Par Evaa Offredo
X @eva.offredo
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→ Par Adèle Verlinden
X adeleverlinden.fr
18 → Par Paul Rhodes & Michael Mascarenas
X paulrhodes.club X @michaelmascarenas
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→ Par Max Machen
X maxmachen.com
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21 Book Friday organisé par Reisedepeschen → Par Kati Szilágyi
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X katiszi.com X reisedepes chen.de
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→ Il y a les gens qui ne savent pas quoi faire de leurs dix doigts, et puis il y a Adèle Prost. Pourvue d’un talent certain pour l’illustration, d’un cerveau plein à ras bord d’idées et d’un savoir-faire indéniable, Adèle Prost réalise de merveilleux objets en céramique. Ça valait bien un petit excès de curiosité.
ADÈLE P ROST X @adele.pr ost
Hello Adèle, comment t’es-tu initiée à la céramique ?
J’ai pu tester la céramique en fin de troisième année quand j’étais aux Beaux-Arts à Épinal, ça m’a tout de suite plu ; alors après mon diplôme, j’ai décidé de prendre des cours du soir pour approfondir mes connaissances. Qu’est-ce que ce médium t’apporte ?
C’est un moment où je lâche prise et où je ne me concentre que sur une tâche. À travers la terre, j’ai un rapport plus physique au médium qu’en dessinant sur du papier ; j’ai aussi pu me réconcilier avec les pinceaux en peignant les décors colorés de mes céramiques. Et puis bien sûr, c’est un plaisir de voir mes dessins sur un objet en relief ! Sais-tu à l’avance ce que tu vas dessiner sur chaque objet ou te laisses-tu porter ?
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En général, je regarde dans mes illustrations et carnets pour trouver l’inspiration, et puis dans la foulée, je fais un petit crayonné directement sur la pièce mais je me laisse ensuite porter par les couleurs, et les éléments se précisent au fur et à mesure. Ton univers est peuplé d’animaux et de créatures féeriques. Qu’est-ce qui l’a nourri jusqu’à présent ?
Je puise beaucoup mon inspiration dans les planches encyclopédiques, les vieux imagiers, l’illustration jeunesse ou les expositions d’arts décoratifs. Je collecte des éléments et puis quand je cherche des nouvelles idées, je pioche dedans ; en changeant les échelles, en dupliquant les formes, en les associant entre elles et en y ajoutant de nouvelles couleurs, je me constitue mon univers. Quel est ton projet de rêve en céramique ?
Mon projet de rêve en céramique serait de pouvoir changer d’échelle et m’essayer à des projets plus immersifs en personnalisant toute une pièce avec par exemple une salle de bain ; réaliser la vasque du lavabo, les carreaux des murs et du sol, la baignoire, etc. !
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Infos sur cinecourtanime.fr
Soutenu par
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Création graphique et illustration : Clément Lefèvre
www.s-y-n-d-i-c-a-t.eu
Blah rr_ @chloe_fa
RR CHLObÉlaFhAblah
INTRO
Pour les d’avoir un Alors,ondiraquec’estun qui inventa le joli terme sarc aujourd’hui synonyme d’une l dire. Nous avons voulu restau lui mettre un joli et l’affic le blabla est pris ici comme plus précieuses facultés : la p BLA BLA BLA — INTRO
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moyens d’expression sont a
d’Histoire,c’est toujours bien n·e inventeur·rice unique. ,lejournaliste PaulGordeaux, castique de « blabla ». Il est langue qui s’agite pour ne rien urer ce blabla, le dépoussiérer, cher au mur. Fini le sarcasme, e le symbole d’une de nos parole. Et dans un où les
aussi rapides que nombreux, 25
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celle-ci n’a jamais été aussi f Nous sommes allé·es à sa d’un podcast jusque chez le par les studios de doublage Nous avons cherché le blab en écoutant de la et en omniprésent comme là où Il est aussi passé par la mouli etparles desillustrateur·ric parcours pour celui qui est sort
foisonnante et polymorphe. rencontre, depuis le micro les futurs , en passant e et les affiches publicitaires. abla dans le et la BD, n jouant aux ; là où il est ù il brille par son absence. inette graphique de nos ces,pourlemagnifier.Unbeau rti de notre sans y penser. 27
HIVER-PRINTEMPS 2024 — KIBLIND MAGAZINE N°85
W Do you sp eak web ? L E GOA
T:L qui s’invite ’histoire du GOAT, c’est l’illust à ration qui finalem la table, se plie en quatre po ent s’insc ur s’inté rit dans u On vous ra n nouveau conte. 1974 sen , le the greate st of all tim boxeur Muhammad s com e. » Pas fo Ali dit : humble. S rcém a fe arriver dép mme qui flaire la ré ent faux ni forcé ose l’expre cupération ss comme et crée la licence G.O ion comme propriét é intellect .A.T Inc., le rappeur en 1992. H LL Cool J uit ans plu sort un sin « G.O.A.T s gle inspiré ». Le mot de la légen s’inscrit ra américain de pidement e, parce q u’on aime d partout, to bien dire q ans la cul ut le temp ui est le m s (qui est pâtisserie eill le GOAT d ?). En 2024 e l’h , on re-tro les vidéos uve des em umour ? d de perform ojis chèvre ances rem lités inspir so arquables antes. Oui et parce qu’à ça veut dir la base, « go de personn e « chèvre ». Et c’est connoté fr ainsi que l’ at » en angla omage et image d’un crottin dev des mots. anim ient stylée . Aaah le p ouvoi BANGER : la peau go Vous voyez la sauci sse à hotnfl dog, plose un p e lorsqu’elle cuit et eu ? En an qui éventu celle dont glais brita ellement Outre-Atl nnique, c’ antique, c’ exest ça, un est une vo point de ch banger. iture très arcutaille bruyante. ni d banger c’es Mais t une musi e mécanique par ici, que qui fait de nos jou mière éco rs un secouer le ute. Empru s têtes dès nté au « h tête signe la preea de grande qualité son dbang », le hochem et de ses ent de ore dans la pratiquan culture har ts, les « h plique mai d-rock eadb ntenant à tout type m angers », le banger à d’autres s’apusical et s’ domaines est même , notammen Un banger, étendu t dans le je ça pète, ça u vi donne envi d une émoti on e de bouge éo, sur LoL. r, velle form positive, c’est un su ccès en dev ça provoque ule KIBLIN D, c’est un enir. « La noup banger ! » Oui, on sa 1337 : Si vou it. r s lisez ça co que vous n m me le nu ’êtes pas as ig sez branch méro du père Noël, LE chiffre c’est é culture w d’internet eb, car 1337 qui se lit 5P34K ». E c’est Leet pour h oui, le la Leet speak ngage alph Vi3), qu’on « 1337 anumériq lor pensait ét ue codé (H ein a un nom 3ll0 m4 exe . C’est mêm t avec les skyblogs m ai e avec différe s en fait no ultra-répan niq n, nts niveau du dans le x de lisibil une box Fre d’ic ité. Vous av monde geek, e ? Elle affi ez ch ça comme déjà branch e 13h37 à l’ une année allumage. é , vous êtes un b00m3r Si vous avez lu J . L’ART ASCII de c co n si st e à « dessi plexes que endo ner » des im de ages plus co typograph simples émoticônes perdr m iques. L’ill ustration ve avec l’usage de caract èr En p rsion clavie r, en somm es DITES-LE A e. C’est c Qu’on se le VEC DES LETT RES « bjr/jtm dise, c’est un non, sa sms à l’un /on s’apl » ASAP uf si vous ité, ça don : payez enco ne l’air to garde les ab re vos le plus o ta le réviations m en t d és po intéressé. devenu plu qui l’écr O s cynique) ur le lexique de l’hu mour (md n , du jeu (G vail (BRB r/lol, G pour go en arrièr be right b o ac d game), du k/bientôt traduit par était un m de retour) tr ces abrévi . Finalemen aations tou si on se vo t ce qui se yait. Malin rait du non t, on . -verbal BLA BLA BLA — DATAS
WORDING Métro bou lot dodo L’argot du bureau, ça
n du mot égrer et peut être u brasser de ne vraie pla mmun. l’ai ie. C’est l’ar d’autres so r avec des mots. C t de ertains so : « I am nt le sign nt accepta al dans le Lar qu’il faut bles, partir élev zac ément er des chèv res erciale A F T E R W tuelle O R K : anglicisme vail ». On l’accepte ca p tard, r il s’agit so our dire « après le lègues). trauvent d’ap e Ali : éros (entr e collture ÊTRE CHAR RETTE : avan leur, Beaux-Art t, les s tr de la l’école avec ansportaient leurs re élèves architectes d es ndus des at d es petites char ous eliers jusq rendu sur rettes et te u’à le trajet. A rm in ai naujourd’hu ent parfois métros. Plu i plus de ch leur sd arrette, m ais, l’afterwork e toiles mais une ex ais des cu . se en béto mal n pour refu ser ir LES TRACA NCES : Les le plus traî tracan tre durant ses de l’histoire modern ces, c’est le mot-vali e. C’est le vacances. fait de trav se Vo t c’est plus ailler des vacance ilà, vous cernez l’en tou s, même si passer pou on vous fe rloupe. Donc r un chance ra tout de ux de reto n’aurez ja même ur au bure mai au alors qu reux, car d s débranché. Et en p e vous urant la ré lu s fa udra av u en visio vo us aviez bea oir l’air heuu temps. FAIRE U on n’a pas NE PROPALE : d ans les bo le temps d îtes qui ta e dire « pro « propositi ffen on comm erciale ». T position », encore m t, ça vite fait rop long. o bien fait, et Alors on tr ins on fait une bosseur, al onque propale. Ç ors qu’on p a résente le nouveau m fait pro, ça fait enu de la ca RE : « re-bon ntine. jour ». Un peut enco de trop do re se com n c. L’utiliser à prendre p rière son éc l’écrit our m ran. Ceux qui l’utilise arquer un retour d gnorés. ernt à l’oral méritent d ’être
RSVP (RÉ
rsqu’on sa PONDEZ S’IL VO it tr US PLAÎT) emple : « Q ès bien que person ne ne va ré : s’utilise ui souhaite pondre. P s’occuper que et fair ar du pot de e des amu départ de se-b ci demain Mo? RSVP ». C ouches vegan pour 39 ’est presqu e triste et c’ personnes est non. JDCJDR (JE DIS ÇA JE consonnes D IS RIEN) et autr : si l’on p eut pense ormis sur es suites r que vou votre clav s vous êt ie r ou que re au Scrab es vous êtes ble en plus perso , c’est que l’abrévi ation est tr train de nne ne co op lo m contre-pro ductif. Viv prend, il faudra ex ngue. e les voyell pliquer. es.
(AS SOON
officiellem AS POSSIBLE) : l’acronym ent détesté e anglais par ceux q rivent save ui le reçoiv nt qu’ils se ent. Ceux ront détes re possible tés sans au . Si cun re mot, elle se la boss de Le Diabl e s’habille en tour rait « ASAP Prada ».
PA R L É A G U
IR A U D , M O R
G A N E P H IL IP P E & N O É M IE A R E N SM A
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PAR SARA THION & EVA SPALINGER
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En 1933, L’expression « alphabet soup » sert de moquerie antibureaucratique critiquant la surabondance d’acronymes et d’abréviations de la centaine d’institutions – les « alphabet agencies » – instaurées dans le cadre de la politique de New Deal menée par Franklin D. Roosevelt pour lutter contre la Grande Dépression. Son exécution était alors jugée trop « brouillon » et « illisible », comme si on avait choisi des lettres arbitraires flottant dans sa soupe alphabet. La métaphore s’emploie encore aujourd’hui.
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Fréquence d'apparition des lettres sur le corpus de Wikipédia en français. Laboratoire CLLE-ERSS de l'Université de Toulouse, 2018.
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5,02 S % 5,92 O 4,49 % % T 3,67 4,96 U % % D L 3,18 M % 1,11 C % 1,11V % H 0,34 % J 0,31 % ¡
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BLA BLA BLA — DATAS
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1. I bref (Cyrillique), 2. Qaf (Arabe), 3. Paix (Cherokee), 4. B (Ougaritique), 5. Aleph (Hébreu), 6. Psi (Grec), 7. Pêcheur (Rongorongo), 8 15. H (Tifinagh), 16. Mem (Hébreu), 17. B (Morse), 18. J (Hangeul, Coréen), 19. Q (Tifinagh), 20. H (Sheikah, Zelda), 21. P (Georgien), 29. K (Phénicien), 30. N (Sémaphore), 31. Pi (Grec), 32. Ni (Maya), 33. Univers (Cherokee), 34. Écrevisse (Rongorongo), 35. Ayin (Hébreu
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néerlandais
ang lai s
0%
espéranto
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allemand
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Diagramme cuillère de la fréquence d’apparition des lettres dans 5 langues.
espagnol
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8. Duafe (Adinkra), 9. R (Simlish), 10. N (Latin), 11. C (Langue des signes), 12. E (Maya), 13. D (Clickwise), 14. P (Hiéroglyphe), 22. E (Latin), 23. Abe Dua (Adinkra), 24. Y (Hiéroglyphe), 25. K (Kiblind Font), 26. L (Géorgien), 27. Y (Braille), 28. V (Copte), u), 36. R (Sanskrit), 37. O (Morse), 38. Y (Arabe), 39. I (Ougaritique), 40. B (Hiéroglyphe), 41. Y (Braille), 42. B (Sémaphore).
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HIVER-PRINTEMPS 2024 — KIBLIND MAGAZINE N°85
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PAR LÆTITIA LAFORT, DÉBORAH & MÉLODIE LABBÉ
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l et t we make tha w ill op t be s t E folks in Russ e ng h t ia, l l la an la l n d Te Ch d that it's tim in a w o n k ou , t oo e to y t get n' on board Do And let this train keep on riding, riding on through Pe 't need no mon op don le a ey ll over the world (you ) icket, co ot n ) n d Joi e eo n h an ds (c o m ne lo 't ve n o tr (d ain , love t rain
Th e
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BLA BLA BLA — DATAS
On peut difficilement faire plus littéral que « Love Train » qui invite le monde entier à « se donner la main et à démarrer un train de l’amour ». Bien qu'elle n'ait pas été créée avec un message anti-guerre à l'esprit, ses nombreuses reprises depuis sa sortie l’ont été et en font donc, un incontournable des chansons de paix (et de love).
St
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gh
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Ce morceau de 1993, à l'instar de l'œuvre du groupe arnarcho-punk britannique Chumbawamba, est un appel urgent à la lutte collective et à la résistance contre le fascisme et les injustices. On frissonne encore à chaque écoute, et on se lève.
on)
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ity is here and u t un nit yw tha i ll g ow to make t ro h w, fl e w fas Flo cis tm a lack and whit nk So b e ta no w ke a d s t a n n d an fe d a ll t ry t o de nt us in the past y You bur ou kn o ain w it won't happen ag
ink right s don't th leader But fight because the le all unite, not peop the ake nough om is e gt W e n s a a n s g a d n gh ou en
et
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gh is e n o u g h
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Une double page conçue pour serment musical que nos artist adoré répété : donnons une cha paroles, en rythme, et avec des fle
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Et puis parfois, écrire des de protestatio on peut env bienveillance C’est ce que fait« 1975, avec un de les plus pa sympathique « Why c
Car a pour
I
Simple, mais puissante, Jackie DeShannon publie « What the world needs now is Love » en 1965, en réponse à l’assassinat de John F. Kennedy et à la guerre du Vietnam.
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hate is
, because only love can c onq swer u e t an r hat lovin' here today, yea e ome h ng s bri e've got to find a now w w You k There's far too many of y B o r o ud t h er, b yin roth e r , b roth er
To
e rld ne e wo h t t of o o l i l e ha here's just t t t a h t W g n i h t the only It's W hat the world needs now is love t , sweet 's love t he o n l y th ing that t here's just too li le o
1971: Profondément marqué par le retour de son frère de la guerre de Vietnam, Marvin Gaye fait vibrer son serment musical avec une prose engagée qui ouvrira la voie à d’autres chansons du label Motown.
hy Why c a n't we be
ity mos g ani n i l d o a v e e r , p w s e La We only g ity ck ot o un of m ne und o r And some f wo erst anding way thi rl d leading us a ng ,
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w i t h i t.
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Where is the love?
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Sing with me
om fr
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W
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Autant d’interprétations mémorables que de rappels obligatoires à chaque refrain : après tout, ce qu’ils souhaitent dire, c’est donnez une chance à la paix.
frère mon oi ô t tà e khmer lu eupl oi p t à lgérien ut toi l'A tà u l Sa e Tunisien t à toi l Salu Salut à toi Bangladesh S al u S a t à toi peuple grec lu t à to i petit I tà ndien Salut à t toi oi le p Sa Sal d u i nk ira ssi lut ut à de nien to à t à to nt i re i le oi b le e ll e a Ch fghan p' ilie tit n M
Devenue une véritable icône, cette chanson, John Lennon la lançait comme son tout premier bijou solo en 1969, faisant d’elle la quintessence de l’appel à la paix.
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w h a t I' m t a l
can't we
now
Why can't we be frie
But yet I k
g a lr ig h a b o u t t
, pourquoi s chansons ons quand voyer de la à souhait ? « War » , en es hymnes acifistes et es qui soit : can’t we be friends ? » après tout, rquoi pas ?
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H SCHMIT T
ed to the va happen lues ath ce ver of Father, F an ate hu h d i ma W u g e nit e s u t q i o e n m i n t Se n d s o m ' go y? , e m t o g h e t f o a e t i r l d n e e p n s e s o p e a nd eq ap ' Ca u s e p h r e v e u ality What
faire groover le tes préféré·es ont ance à la paix, en eurs s’il vous plait.
l u alu Sa S
Guerre, bavures policières, obsession pour l’argent et intolérance raciale : les Black Eyed Peas se demandent qu’est-ce qui ne va pas avec le monde (mama) mais ils ont quand même eu envie d’y répandre un peu d’amour.
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an git le p eu ip tà lu à to ien a S lut iop Sa oi l'Eth àt dien Salut tcha Salut à toi le ns … Salut à vous les Partisa
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La douce poésie de Billy Joel nous guide à travers les rues de Vienne et calme l'impatience de la jeunesse. Il y aura le temps, pour tout. Calmons nos esprits effrénés et remercions Billy pour ses mots apaisants.
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C’est l’apogée de la scène punk à Paris, c’est les Bérurier noir, et c’est un appel à la fraternité entre tous les peuples et communautés qui sont citées ci-après.
HIVER-PRINTEMPS 2024 — KIBLIND MAGAZINE N°85
8 B lac ack kbe berrry Blackberry CCurve urve 2007 2007 Canada Canada
Le cimetière des moye de l’électronique et
DDyna yna T ac Tac 8000 8000
« Les premiers « Les premiers ASMR ASMR des petites des petites touches touches de clavier de clavier » »
1983 1983 États-Unis États-Unis
MS MSN N MSN 1995 1995→→2014 2014 États-Unis États-Unis
««La Labelle belleaffaire… affaire… »»
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««Mon Moninterface interfaceest est visible visibledans danslelefilm film LOL de Lisa Azuelos, Lol de Lisa Azuelos, àà18 18min minetet30 30sec sec»»
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M iniitel in Minitel 1980 1980→→2012 2012 France France
««L’avant-Tinder L’avant-Tinder etetInternet Internet»»
b Mes services ont été coupés la même année que la sortie du titre « Call me maybe » de Carly Rae Jepsen… b Commercialisé par le service Vidéotex, je peux visualiser des données sur un ordinateur via le réseau téléphonique. Ma première version est gratuite, mais mes services sont facturés en moyenne 1 franc la minute, ce qui correspond à plus de 20 euros de l’heure. Environ 30 % de mes connexions étaient destinées à des services libertins et messageries de rencontre.
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Saurez retrouver dépouille a chaque t
A B
b Réputé pour être incassable et infatigable, j’ai été vendu à plus de 126 millions d’exemplaires. Depuis, de nombreux memes et des playlists Spotify à la nostalgie des années 2000 m’ont été dédiés.
b Développé par Microsoft Network, je suis un portail web offrant de multiples services. Je peux notamment envoyer des Wizz, dont un cochon dansant. Star des messageries, j’ai même été mentionné par Vitaa dans « Confessions nocturnes ».
C
b Je suis une petite construction isolée dans l’espace public munie d’u téléphone permettant d passer des appels en pay à la minute ou avec une carte prépayée.
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RÉPO
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T elett ettrrofono Telettrofono 1849 1849 États-Unis États-Unis
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««Une Unelongue longue controverse, controverse,mais maisça, ça, c’est vraiment c’est vraimenttoi toi »»
ens de communication t de l’informatique
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TTélégraphe élé él égra grap phe éélectrique lectrique
No Nok kia 3310 Nokia 3310 2000 2000→→2005 2005 ressuscité ressuscitéen en2017 2017 Finlande Finlande
1840 2007 → 2008 États-Unis États-Unis
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««Solide Solidecomme comme un unrock rockààla la technologie technologieT9 T9 »»
««−··· −·············−−− −−−··− ··−»»
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1881 1881 Allemagne Allemagne
««La LaBatmobile Batmobiledu du Docteur DocteurWho Who »»
z-vous r à quelle appartient tombe ? E
Cabine Cabine ttéléphonique éléphonique
H b Je suis le premier prototype de téléphone développé par Antonio Meucci. Mon invention ayant longtemps été attribuée à Graham Bell, ce n’est qu’en 2002 que la Chambre des représentants des ÉtatsUnis me reconnaît.
b Inventé par Samuel Morse, je suis un système permettant d’envoyer des messages sur de longues distances par l’intermédiaire de points et de traits.
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G b Adoré des cadres et des jeunes, je fais partie des premiers téléphones à disposer de la fonction « push » pour les mails. J’ai été développé par Mike Lazaridis et plus de 85 millions de personnes m’ont utilisé entre 2009 et 2010.
b J’ai été fabriqué par Motorola et le docteur Martin Cooper, je suis le premier téléphone mobile commercialisé. Je dispose d’une heure d’autonomie pour 10 heures de chargement, je pèse plus d’un kilo et à ma sortie, je coûte 3 995 dollars.
PAR GUILLAUME BONNEAU & EMMA CONSALVO
ONSES 1F – 2E – 3D – 4A
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PAR ZOÉ PAILLE & CÉLINE MONTANGERAND
SYMPA, 88% des utilisateur·rices d’émojis ressentent davantage d’empathie envers quelqu’un qui va aussi utiliser des émojis : Le principe de mimétisme augmente la confiance et l’humain ressent une affinité avec celui ou celle qui agit de la même manière que lui.
LANGAGE UNIVERSEL qui permet de surpasser les barrières de la langue et de représenter le monde : 70% des utilisateur·rices d’émojis reconnaissent que le caractère inclusif et diversifié des émojis les aident à partager et mieux communiquer sur leur identité ou leur culture.
BLA BLA BLA — DATAS
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La GEN’Z connectée envoie en moyenne une centaine d’émojis par jour et environ 40% des messages sont composés seulement d’émojis.
Dans le monde des réseaux sociaux et des apps, les émojis sont un véritable LANGAGE CORPOREL NUMÉRIQUE ; 72% des utilisateur·rices vont s’en servir dans leurs conversations pour flirter, dater, se faire des potes… on est plus à l’aise pour exprimer ces émotions grâce aux émojis.
Strasbourg, World book capital UNESCO 2024, celebrates illustration from 24th April to 19th May.
Blah @alexandermedel
R MEDEL ALEXAN,DE blah, blah
double jeu PAR AG ATHE BRUGUIÈRE & ÉLORA QUIT TET
DOROTHÉE POUSSEO Vous me connaissez pour mes personnages de Barbie, Sharon Tate, Harley Quinn mais en France, je suis sûre que ma voix cassée vous évoque plein d’autres souvenirs. Derrière elle se cache la comédienne Dorothée Pousseo. Elle a incarné tous mes personnages. À mon tour de vous raconter son histoire.
Alors qu’elle a tout juste 24 ans, Disney lui propose de s’occuper de la DA des Sorciers de Waverly Place et de Manny et ses outils. S’ensuivront de nombreux autres projets en DA comme Playmobil, le film, le jeu vidéo Cars 2, la série Young Sheldon et le film Free Guy, etc.
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À l’aube des années 80, la petite Dorothée a la chance de naître dans une ville au terrain artistique plutôt fertile : Paris. Hyperactive, Dorothée partage son temps entre l’école des enfants du spectacle où elle est scolarisée à mi-temps, ses cours de théâtre et ses cours de danse à l’Opéra de Paris. Flairant son potentiel à plein pif, sa prof de théâtre lui fait passer son premier casting.
BLA BLA BLA — REPORT
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PAS DE VACANCES POUR LES VRAI·ES
En 2023, Dorothée décide d’ouvrir sa propre école avec sa collègue et amie, Kelly Marot. La DUB School naît à Paris, avec l’ambition de former des comédien·nes déjà confirmé·es à l’art du doublage.
MORTELLE ADÈLE Triple disque de platine
En plus de me prêter généreusement sa voix depuis 2013 dans des films tels que Babylon, Barbie, Suicide Squad ou encore Le loup de Wall Street, Dorothée double pléthore d’autres actrices, à l’instar d’Elsa Pataky et de Lacey Chabert.
Au même titre que les parfums Yves Rocher et que la Gameboy Advance, la voix de Dorothée a sa place réservée dans une petite partie du cœur de nombreux·ses Français·es. Pas étonnant lorsque l’on sait tous les dessins animés cultes qu’elle a doublés. Diana Lombard dans Martin Mystère, Dee Dee dans Le Laboratoire de Dexter, Horace dans Kid Paddle, Yvonne dans Tom Tom et Nana, Mortelle Adèle… C’est elle.
MINI BN + CAPRISUN + DESSIN ANIMÉ = ENFANCE RÊVÉE
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À la période où toutes les petites filles à pinces papillon des années 90 rêvent de leur ressembler, Dorothée a la chance de devenir la voix des sœurs Marie-Kate & Ashley Olsen. Les Jumelles s’en mêlent, Les jumelles font la fête, Les Aventures de Marie-Kate et Ashley… La Olsenmania emporte tout, et Dorothée avec.
OP
À huit ans déjà, Dorothée partage l’affiche avec des grands du théâtre, Michel Bouquet en tête de liste. L’acteur deviendra son mentor et sera vite suivi de près par Claudio Ventura, directeur artistique bien connu dans le milieu du doublage. Ni une ni deux, Dorothée se frotte aux studios et décroche ses premiers rôles.
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LA DUB SCHOOL
→ 10 comédien·nes déjà professionnel·les trié·es sur le volet et sélectionné·es sur CV pour chaque formation.
AH AH AÏE EEEY HU AÏE AÏE MTS - OUVERTURE DE BOUCHE AH - INSPIRATION HH - RESPIRATION
Danseur et chanteur dans la comédie musicale Peter Pan et Robin des bois Jeune comédienne ayant “le même timbre que Camille Donda”
→ Un·e comédien·ne de doublage/directeur·rice artistique différent·e chaque jour pour conseiller et accompagner les élèves.
Actrice, danseuse, claquettiste, ayant déjà doublé des séries TF1
DUB SCHOOL CANNES
Journaliste et animatrice radio
e ouvertur e! prochain
Voix derrière Reese dans Malcolm, Titeuf, Spiderman… et même derrière les slogans de la radio NRJ, Donald Reignoux a roulé sa bosse et intervient, au milieu d’un casting cinq étoiles, à la DUB School.
BLA BLA BLA — REPORT
On donne souvent les voix qu’on imagine en voyant la tronche du personnage, mais c’est finalement souvent le jeu qui nous emmène à la voix. Hésite pas à respirer le texte ! Elle a la voix de Vanessa Paradis jeune, vous trouvez pas ?
ÉO USS
Beaucoup de gens sont mous, donc c’est très bien d’être péchu·es !
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Bon, vous l’aurez deviné, cette phrase introductive n’a pas été prononcée exactement comme ça. Force est de constater que Donald Reignoux et Titeuf sont bien deux personnes à part entière. La preuve, Donald Reignoux n’a placé le mot « slip » dans aucune de ses phrases ce jour-là.
DOROTHÉ E PO
Tchô les pédoncules du slip, c’est moi qui vais vous donner cours aujourd’hui !
DON
NOUX REIG ALD
Les Disney, c’est du caviar. C’est redoutable dans ce que tu peux apporter aux personnages.
Il faut que ce soit encore plus ridicule, qu’un gros bonhomme comme ça soit le canard de l’univers ! S’entraîner à faire les voix, vous avez pas besoin de stage pour ça, mais pour bosser l’intention, si.
Reese, je me suis toujours amusé car c’était le chtarbé de la série.
→ Des bandes rythmo et timecodes de films, dessins animés, séries, jeux vidéos, documentaires, et pubs qui s'enchaînent de 9h à 18h. → Un studio meublé d’un écran et d’une barre derrière laquelle les comédien·nes se positionnent pour lire leurs répliques.
Actrice 1 Voix off Actrice 2
→ GESTUELLE : Le doublage ne se cantonne pas à la voix, c’est tout le corps qui est engagé. Chaque émotion du personnage (qu’il soit réel ou fictif) est incarnée par le·la comédien·ne pour l’aider à se mettre dans la peau du personnage.
BLABLA DES DA
Hello ! Qui a des plans pour une voix jeune pour la DA de mon prochain film d’animation ? Je devrais avoir ce qu’il te faut. Je t’envoie son profil Voicematch dans deux minutes. Qu’est-ce que t’as pensé du comédien dont je t’ai parlé samedi d’ailleurs ? C’est un très bon comédien, mais pas très aguerri en technique, petit rôle seulement.
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De nos jours, les contenus nécessitant une voix se sont démultipliés. En plus des traditionnels films, séries, jeux vidéo et pubs, se sont ajoutés les podcasts, livres audio et audioguides. Chacun d’entre eux ne requiert pourtant pas la même technique. Dans le dessin animé, le lip sync est beaucoup moins strict, moins synchrone qu’au cinéma, et permet donc aux acteur·rices d’inventer du texte, voire d’en rajouter. Au contraire, au cinéma, les comédien·nes de doublage chercheront plutôt à rendre hommage à l’acteur·rice initial·e et à se rapprocher le plus possible de sa façon de jouer. Alors que les comédien·nes peuvent s’appuyer sur des contenus visuels existants dans les deux cas précédents, lorqu'il s'agit d'un jeu vidéo, iels doivent le plus souvent poser leur voix sans image. Les documentaires sont eux aussi un cas particulier, car pour les doubler, les professionnel·les utilisent un timecode et non une bande rythmo.
BLA BLA BLA — REPORT
Il a été un doubleur star du milieu du cinéma en France. PALMARES → Bruce Willis, Kyle MacLachlan, Tom Cruise…
EY
IV PATRICK PO
Comme beaucoup de personnalités publiques connues, Alain Chabat s’est également prêté au jeu du doublage avec Shrek. Il n’est pas rare que des acteur·rices, YouTubeur·euses, chanteur·euses, etc. soient sollicité·es pour doubler des personnages de films d’animation. Ça a même un petit nom : le « star talent ». « Pour la promo du film, c’est génial d’être doublé par un comédien qui a une actu. Franck Dubosc, quand il fait la promo de son film, il parle aussi de la sortie de Némo », nous affirme Dorothée Pousseo.
ALAIN C
HABAT
Comédienne culte, elle a bercé l’enfance de nombre d’entre nous grâce aux personnages animés qu’elle s’est appropriée. PALMARES → Oui Oui, Son Goku enfant, BRIGITT E LECOR DIER Nicolas dans Bonne Nuit les petits…
Vous, vous êtes une femme Barbara Gould
Dans le doublage c omme au cinéma, les rôles d’hommes sont largement majoritaires par rapport aux rôles de femmes. Seulement 1/4 des rôles sont destinés aux femmes.
DU MEC LA VOIX UB P A DE L RA GOULD BARBA
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Mésestimé, le doublage était considéré comme le parent pauvre de la comédie voilà quelques décennies. Il est pourtant essentiel de ne pas oublier que les comédien·nes de doublage sont avant tout des comédien·nes. Ainsi, on peut tout à fait donner des représentations au théâtre, être sociétaire de la Comédie-Française, apparaître à l’écran et exercer en parallèle une activité de doublage. De par sa polyvalence et sa formation, le ou la comédien·ne sait placer son corps et sa voix, quel que soit l'exercice.
ÉCHELLE DE LA RECONNAISSANCE
UNE VOIX, DIFFÉRENTES VOIES
BULEUX A F E D N O M E L S N A D E U N E BIENV DE L'INTERMITTENCE E ARTISTIQUE
DIRECTEUR·RIC
use en scène ·de la metteurer·e ent Équivalent durig un en gistrem nt ea di a de ciném ou de voice-over. Iel a enie de doublage tâche de diriger la part é des théorie pour l’enregistrement (qualitmais s, etc.), artistique de ion d’acteur·rice t (casting prises, directga ation en amon nis or n so i ien·nes, etc.). éd auss m co s de g des voix, plannin
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IX VO NSDIE É M CO E5 RCH ture posée annir ! E H a àb REC E → voix m & PUB → 0K UR MO P3 32 TESSITTYPE PRO TER → RUTE en M A VOIX CANDID re voix B POUR istrer vot enreg
VOICE-OVER À l’origine, adaptation sous la forme d’une voix off diffusée par-dessus le son original, ce dernier étant atténué en fond sonore. Cette technique, initialement utilisée à la radio, est aujourd’hui la norme pour la plupart des documentaires et des émissions étrangères de type télé-réalité.
SYNCHRONE S e dit d’une adaptation doublée qui s’attache autant que possible à faire coïncider le son des dialogues avec les mouvements de bouche des comédien·nes présent·es à l’image.
GESTUELLE Beaucoup de données sont à prendre en compte lorsqu’on veut adapter un film d’un pays à un autre. La synchronie kinésique (ou gestuelle) est par exemple bien différente si l’on se trouve en Amérique ou en Italie. Alors que les acteur·rices américain·es expriment leur agacement d’une telle manière, les doubleur·euses italien·nes vont l’exprimer d’une autre manière (impliquant souvent les mains, oui). Pour pallier ce problème propre à l’image, les doubleur·euses doivent ainsi rivaliser d’ingéniosité.
Source • Glossaire de l’Association des traducteurs/adaptateurs de l’audiovisuel
À PARIS ET 7 00 ENTRE 6 000 DE DOU 0 COMÉDIEN·N BLAGE ES En
Pour éviter toute ambiguïté, des dialogues peuvent par exemple être ajoutés à des scènes muettes où l’on estime que la gestuelle des personnages risque d’être mal interprétée.
2007 d’un pro , une étude* fr entraîne gramme en versançaise a prouv Aujourd r une chute d’a ion sous-titré é que la diffusio n restent ’hui encore, les udience d’envire pouvait Dorothé très attaché·es Français·es que on 30 %*. inventé e Pousseo, « ce au doublage. C nous sommes très pro le doublage et sont les Françaomme l’expliqu e la ches de nos racin bande rythmois·es qui ont , donc on es. ». C’est en est qui a ou effet l’appari au doub vert la voie aution du cinéma se doub lage. À cette é x versions mu parlant en 19 a ensuit laient eux·elle poque, les com ltiples, puis 29 product e évolué avec s mêmes. Une édien·nes Avec se ions américain l’arrivée des p pratique qui et est t s voix emblém es dans les an remières oujours a n une cha tiques, la Fran ées 30. ce mpionn e de la disa été *Les beso cipline. de doublageins et les pratiques de et de so l’indus us-titrage,
trie Media Cons audiovisuelle euro pé ulting Grou p, 14 nove enne en matière mbre 2007 .
ACCENT En grande majorité, les types d’accents américains sont supprimés lors des doublages français, car le décor suffit déjà à situer géographiquement l’action.
RÉCIT Selon le contexte et le ton de l’œuvre, les comédien·nes français·es peuvent se laisser aller à quelques ajouts personnels et à quelques digressions lorsqu’iels estiment que cela peut apporter quelque chose. La série Starsky et Hutch en est un bon exemple : gros bide aux États-Unis, la série a été un succès en France grâce à ses touches d’humour et à la manière dont elle a été réinterprétée. Même si désormais, les sorties de route sont moins souvent autorisées, l’animation permet encore un certain détachement du jeu des comédien·nes originel·les pour se concentrer davantage sur l’image. Une technique qui a fonctionné par exemple pour Martin Mystère passé d’un dessin animé sérieux à « une série complètement burlesque dont l’univers n’existait pas en anglais », selon Dorothée Pousseo.
PRENEZ GARDE, UN MONSTRE !
OLALALAAAA, MAIS REGARDEZ CE MONSTRE QU'EST QU'IL EST LAAAAAAID !
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PAR G ABRIEL VIRY
BLA BLA BLA — REPORT
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S’il y a bien un endroit où l'on se raconte, sans se la raconter, c’est à Montréal. Dans la capitale mondiale de l’humour, on blablate sur soi pour faire rire et cela s’apprend même dans une école supérieure soutenue par l’État.
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BLA BLA BLA — REPORT
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Dans une petite salle de Place des On y retrouvera les douze apprent is humoArts, immense complexe culturel au cœur ristes et leurs histoires personn elles, caractédu « Quartier des spectacles », Mathilde Perdon ristiques du stand-up, entre une expérience de enchaîne les « blagues scientifiques extrême- camping + saxophone raconté e par Mathieu ment nichées », à l’image de son personnage Bougie, la myopie de Frédéri c Madore ou le intello-freak qui utilise le darkweb pour pi- numéro d’Audrey Saurette sur son frère en rater des raretés littéraires et se divertit prison… à la lecture d’un article sur le traitement du cancer. Son humour, qu’elle consomme Épicentre du rire assez noir, est alimenté directement par son parcours, après douze ans de théâtre et un cursus de pharmacie démarré à Marseille. Qu’il s’agisse de La Mecque ou d’une terre « Savez-vous dans quelle direction les cel- promise, Montréal est la capitale mondiale lules des épithéliums font la prière ? La MEC, de l’humour. Les raisons sont lointaines la matrice extra-cellulaire… C’est excellent ! ». et plurielles, sans risquer la mauvaise chute : Le numéro est généreusement applaudi, la culture orale, longtem ps prédominante au au même titre que les douze participants Québec ; la proximité avec les États-Unis et de cette « sortie publique » programmée sa longue tradition du stand-up ; l’influence par l’École nationale de l’humour (ENH). de certaines commu nautés, notamment Leonardo De Hemptinne a également tra- juive et nord-africaine ; la place du théâtre versé l’Atlantique, en 2022, pour intégrer d’improvisation, inventé à la fin des années l’établissement dans une forme d’écho à sa soixante-dix sur le modèle des compétitions future camarade de promo : « Pour l’humour, de hockey… Quant à la joie de vivre, présuMontréal c’est la Mecque ! ». Originaire de la mée, des Québécois·es, elle semble autant région de Rome, ce jeune Belgo-Italien pra- relever du cliché que d’une certaine réalité tique le stand-up depuis quatre ans. « Je ne dans une métropole acclimatée aux cultures serais jamais arrivé ici sans le Covid car, depuis « joyeuses », égalem ent capitale mondiale du la pandémie, les sélections peuvent se faire à dis- cirque et des festival s. Depuis 1983, sur ce tertance. Il y a une première phase sur vidéo puis un rain fertile, Juste pour rire (et Just for Laughs) stage d’une journée qui aboutit à la cohorte des s’est rapidement imposé comme le plus grand douze candidats retenus ». Inspiré par le réel festival d’humour au monde et la vitrine d’une et par ses modèles américains (Jerry Seinfeld, véritable multinationale de la bonne humeur, Louis CK, Dave Chappelle), Leonardo présente aux quatre coins du globe. En 2017, pioche ce soir dans ses voyages pour rire son groupe est revendu en catastrophe suite des origines, du racisme ou des gens qui se aux accusations visant son fondateur, Gilbert plaignent des bébés en avion : « T’étais un Rozon, qui aurait abusé unilatéralement d’un bébé rationnel, toi ? À quatre mois, tu disais : oui mauvais proverbe (« femme qui rit… ») ; mais oui, c’est une question de dépressurisation de six ans après le séisme, le festival continue de la cabine qui chatouille un peu au niveau des faire le plein avec plus de 1,2 million de spectatrompes d’Eustache juste au-dessus du rhino- teur·ices en 2023. Accomp agné de son événepharynx ? ». À en croire l’applaudimètre ment off très influent , le Zoofest, il constitue comme le débit sonore du spectateur-mys- un immense trempli n et un véritable marché tère qui rit toujours un peu plus fort que les pour tous·tes les profess ionnel·les de l’huautres, la soirée est un succès et une répétition mour. Sur son site, hahaha .com, le festival se générale avant celle programmée, la semaine targue d’avoir lancé de nombreuses carrières suivante, au Club Soda, à trois rues de là. internationales, comme les Américains Kevin
Hart, Jo Koy, Hasan Minhaj ou Virginie Fortin, Ève Côté, Jean-Marc Parent, côté canadien… Plus largement, avec ses lieux, son public, ses grands événements et ses initiatives alternatives (Minifest, Dr. Mobilo Aquafest), Montréal forme une scène complète et une sorte de passage à niveaux. En France, par exemple, la plupart des figures actuelles de l’humour ont une histoire avec la ville, qui peut être l’aventure d’un soir ou le fruit d’une passion bien plus longue. Jamel Debbouze s’y fait remarquer, en 1992, lors d’une rencontre internationale d’improvisation. Gad Elmaleh y a vécu quatre ans durant ses études de sciences politiques à McGill. Kyan Khojandi, Blanche Gardin, Fary ou Panayotis Pascot ont fait sensation, chacun·e, au Zoofest et ailleurs dans la ville. Quant à Roman Frayssinet, il a d’abord été bénévole à Juste pour rire, à l’âge de 16 ans, avant d’intégrer l’ENH quelques années plus tard. On connaît la suite, de retour en France, avec son immense succès tous azimuts, qui a aussi suscité une certaine curiosité pour l’apprentissage du rire : « J’ai toujours été très bonne élève, explique Mathilde. J’ai besoin d’apprendre mes leçons et de rendre mes devoirs à l’heure. Quand j’ai entendu parler de l’École dans une interview de Roman, je me suis dit que ça me conviendrait bien pour articuler ma personnalité avec ma passion ».
De retour à l’école Nichée au septième étage d’un immeuble pas très fun le long de Sherbrooke, l’ENH a été créée en 1988 dans le giron de Juste pour rire avant de s’autonomiser, progressivement, pour devenir une école supérieure soutenue par le ministère de la Culture. La trêve hivernale a eu raison de la visite, au moins pour la vue à 360 degrés – réputée imprenable, ou pour le Wall of fame des affiches de spectacles de ses anciens élèves, comme Martin Matte, Katherine Levac, Adib Alkhalidey et bien d’autres. Avec deux formations principales
(création et écriture) et des programmes de perfectionnement, le trombinoscope revendique plus de 700 diplômé·es ; on y retrouve par hasard la photo de Michel Courtemanche, figure de l’humour et du mime dans les années 80, dont le succès avait traversé l’Atlantique à une époque où les imitations de Chinois·es faisaient beaucoup rigoler les Français·es… Après des études de théâtre, Magali Saint-Vincent, originaire de Terrebonne, a bifurqué vers le rire. Durant la crise sanitaire, ses vidéos TikTok sur les haters circulent bien et un cours du soir à l’ENH finit de la convaincre ; elle intègre alors la première cohorte paritaire, ce qui n’est pas anodin dans un milieu très masculin, largement secoué par la version québécoise du #moiaussi. « L’enseignement est très différent du théâtre où tu apprends à enlever tes scories pour pouvoir te fondre dans n’importe quel personnage. Dans l’humour, c’est l’inverse : on appuie sur ce qui te rend unique, ce qui explique aussi que les univers de chacun·e soient très différents malgré cette formation en commun de deux ans… ». À l’image des cours, les enseignements sont très variés, souvent prodigués par d’ancien·nes élèves : français, écriture, histoire de l’humour, actualités, hygiène vocale, animation, etc. Et puis chaque semaine, les étudiant·es préparent un « cinq minutes » interprété le vendredi, devant les autres. Diplômée en 2023, la jeune femme s’est assez facilement insérée dans sa drôle de vie active : elle joue plusieurs fois par mois dans les comédie-clubs, anime une soirée à Victoriaville, fait de la radio, écrit des chroniques pour Urbania. « Au Québec, la place des humoristes est très large et beaucoup de gens y ont recours ! ». « L’ENH, c’est un vrai laboratoire», confirme Brian Piton, autre révélation de la scène actuelle. «C’est une grande introduction à plein de sujets, qui te permet de te découvrir et de faire plein de choses… ». Issu de la promo 2017, il vit de l’humour depuis quatre ans, en solo ou à plusieurs, sur scène et ailleurs, à travers la pub, la voix ou la création de contenus. Avec plus de 300 humoristes professionnel·les,
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le Québec a ainsi construit une véritable filière du rire, dont l’ENH forme un maillage essentiel à l’instar de son emblématique fondatrice, Louise Richer. Depuis 35 ans, cette ancienne comédienne, diplômée de psychologie, n’a eu de cesse de développer son projet, qui propose aujourd’hui des services aux entreprises, un observatoire de recherche scientifique, un partenariat avec les Archives nationales sur la collecte du patrimoine ou un dispositif avec Netflix au service de la jeune création. Avec trois consœurs, Louise Richer préside également l’incontournable Association des professionnels de l’industrie de l’humour, qui représente tous les grands corps de métier (artistes, producteur·rices, diffuseur·rices, etc.) et organise chaque année le célèbre Gala des Oliviers. De retour en Europe pour les fêtes, Leonardo et Mathilde retrouvent les petites scènes de leurs clubs d’adoption, à Bruxelles et à Marseille. Durant l’année scolaire, ils font de même à Montréal, même si la formation, coûteuse, constitue la priorité absolue (20 000 CA$, soit 13 600 € pour deux ans). « Oui, je confirme, ta question est complètement nulle…» s’amuse Leonardo, « Mais il est évident qu’on adore tous·tes jouer ! En plus, c’est une vraie famille : sur les douze de la cohorte, six partagent le même toit et on s’est constitué en collectif, à côté de l’école, pour jouer et financer une prochaine tournée à Marseille ». Dans l’immédiat, le retour aux températures négatives introduira la quatrième et ultime session de formation, ponctuée par la fameuse « Tournée des finissant·es » : une trentaine de dates au printemps dans tout le Québec.
Terminal H C’est le dernier « Vendredi stand-up » de l’année au Terminal. L’étage de ce bar-restaurant du Plateau est rempli à ras bord, pour la deuxième fois de la soirée, avec un concept qui fait recette depuis son lancement en 2019 : 1 anima-
teur·rice, 5 stand-uppers, 5 minutes chacun·e. Fondé dans la continuité des soirées animées par Arnaud Soly, une autre figure locale du rire, le lieu a pris une sérieuse place dans l’agenda du stand-up à Montréal. Jake Warren, l’un de ses propriétaires, ne sait même plus combien d’humoristes sont passé·es derrière le célèbre micro solitaire, tellement il y en a eu… « Nous les accueillions presque tous·tes » : artistes en rodage ; jeunes talents de « la relève » ; amateur·rices en verve lors des « Dimanche open mic » ; âmes voyageuses comme celles de Paul Mirabel et Nordine Ganso, bien connues des Français·es, venues tester «d’autres blagues », en novembre dernier, devant une petite centaine de personnes… Le Terminal, Club Soda, le Bordel, l’Abreuvoir, etc. Monuments historiques ou nouveaux venus, les lieux de stand-up pullulent à Montréal, sans compter les autres salles de spectacles et les bars de quartier qui, un peu partout, proposent également des soirées. « Tout est codifié en minutes de jeu (5, 60) », nous aiguille Mathilde, après avoir évoqué son expérience de 30/30, en France, avec une amie religieuse.… Pour le reste, la terminologie est assez homogène (comédie club, open mic, gong show), même si certains lieux se positionnent sur des cases ciblées. Chaque mardi, par exemple, l’Abreuvoir organise ses fameuses soirées GHB (Gore Hard et Brutal) auxquelles Leonardo s’est déjà mesuré avec un numéro « super salace », bien différent de ses récits habituels… Sur la scène du Terminal, Magali s’élance en troisième position, après le final de Pascal Cameron sur les gens nuls en anglais qui balancent tout leur vocabulaire en parlant de leur chien, genre « Caramel is on the table » … Dans son numéro, la jeune femme raconte son parcours avant de diverger sur les préoccupations de sa génération face à celles de son grand-père qui a débarqué au Beach Club de Normandie en 1944 … « Je dirais que mon humour est assez politique et fonctionne
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¦ Tournée des finissant·es de l’École nationale de l’humour : au printemps, dans tout le Québec - enh.qc.ca ¦ Dr. Mobilo Aquafest : en juin, à Montréal – drmobilo.com ¦ Minifest : en juin, à Montréal – festivalminifest.com
¦ Festival d’humour émergent : du 24 au 30 juin, en Abitibi-Témiscamingue – fheat.ca ¦ Juste pour rire, Just For Laughs, Zoofest : du 12 au 28 juillet, à Montréal – hahaha.com ¦ ComediHa ! : du 31 juillet au 24 août, à Québec – comediha.com
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agali Saint-Vincent ¦M ¦ École nationale Insta & TikTok de l’humour @magali.saintvincent enh.qc.ca concertium.ca ¦ Mathilde Perdon ¦ Brian Piton @mathilde_perdon @pitonbrian linktr.ee/mathildeperdon brianpiton.com ¦ Leonardo de Hemptinne @ilmionomesuinsta_ campsite.bio/liodehemi
Bientôt …
Infos
souvent en deux temps. J’adore quand on me tout ainsi que des formations spécialisées ; dit “oh, t’es conne !” mais en se disant plus en France, Mélanie et Frédéric Biessy, protard que ce n’est pas si con, notamment sur ducteur·rices et propriétaires du théâtre mes sujets de prédilection comme la honte La Scala à Paris, s’apprêtent même à lanou les relations femmes-hommes… ». Pour la cer une école supérieure d’humour à Aviparité, on repassera un autre soir, mais gnon, en partenariat avec… l’ENH. « C’est les choses avancent selon elle dans le pas facile de se projeter après le diplôme» bon sens car « tout le monde aujourd’hui confirme Mathilde. «J’ai tout quitté pour veut des filles sur les shows ». C’est au tour l’école, je me suis endettée et même si la scène de Martin Lauzon de se saisir du micro locale est très dynamique, l’humour reste un avec son allure, certainement bien tramilieu assez précarisé dans un pays qui provaillée, de celui qui n’a rien préparé et va pose moins de soupapes, comme l’intermitsoudainement partir en vrille en imagitence, pour les artistes ». Les opportunités nant une croisière entièrement composée de l’inconnu pourraient la faire changer de pédophiles, jusque dans l’équipage… d’avis mais, comme pour bien d’autres exÀ Montréal, les règles sont assez claires : on patrié·es de l’humour en français, l’Europe peut rire de tout et avec tout. Brian Piton reste la suite logique du boomerang : il y a entre alors en scène avec sa guitare et son davantage d’opportunités qu’avant pour univers incongru, enchaînant une chanson exercer et le bassin de population francosur les races de chiens (qui l’ont mordu) et phone est dix fois plus important qu’au une conversation imaginaire avec un toasQuébec ! Quoi qu’il en soit, celles et ceux teur… « J’ai démarré par l’impro mais j’ai calé qui sont passé·es par ici adorent généralemon univers dans l’écriture et l’absurde car ça ment revenir, tester leurs spectacles, parme convenait davantage plutôt que de parler fois découvrir des concepts à exporter à de moi-même ». Son numéro est un extrait l’image des recettes pompettes… Comme de son troisième one-man-show en rodage, Monsieur Poulpe, l’humoriste youtubeur Joe Spectacle, qu’il termine ce soir par un Yvick Letexier, alias Mister V, s’est fait slam, imposé par la voix du toasteur, sur connaître avec le Studio Bagel, un collectif un joli petit fond de piano… français qui porte le nom du totem culinaire de Montréal. Sa vidéo sur le Québec Dans quelques mois, Le Terminal accueilest une véritable lettre d’amour, lue plus de lera sans doute les nouveaux diplômés 22 millions de fois, qui s’amuse de toutes les de l’ENH dans le cadre de ces soirées où idées reçues sur la belle province : l’accent, chaque artiste est rémunéré (environ les insultes religieuses (câlice de tabar75 CA$). « À Montréal, les trois quarts des pros nak), les agent·es immobiliers sur les billsont passés par l’École », avance Leonardo, boards et les Québécois·es, définitivement qui s’imagine plutôt revenir en Europe, trop sympas, qui se battent en riant avant où la place de l’humour a également bien de déplorer l’état de leur chandail suite grandi, largement aidée par les plateformes à un coup de couteau dans l’abdomen… vidéos, YouTube et les réseaux sociaux. « Oh non… c’est embêtant lo ! ». Des comédie-clubs ouvrent un peu par-
Concerts, shows, installations…
Relive IRCAM’s latest creations on its YouTube channel @Ircam_Paris.
IRCAM, the Factory of Sonic Dreams ircam.fr
Negotiatio @ruan_van_vliet
IET RUAN VANnVL Comic
IMAGIER
PAR MAXIME GUEUGNEAU, ÉLORA QUIT TET & JÉRÉMIE MARTINEZ
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Communiquer instantanément et par-delà la distance : le téléphone est un tour de magie. Il est ici au cœur de ces productions, piochées dans l'œuvre d'artistes adoré·es et de ces textes, qui s'en inspirent librement. Ces quelques pages sont extraites d'un imagier à paraître sous peu aux éditions Kiblind. Merci à Jasmine Floyd, María Jesús Contreras, Dagou, Adriana Lozano et Elliot Gray d'avoir bien voulu nous confier leurs images.
TÉLÉPHONE
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DOMINIC KESTERTON
SHIN HASHIMOTO
A E E MI
A L I C E WI E TZE L
A NA POPE SC U
LONY M ATH I S
Réveil sensible Ce n’est pas que les réveilles-matin d’antan suscitaient particulièrement notre sympathie. C’est juste que les smartphones sont des objets très désagréables pour commencer la journée. Dans ce sens, ils peuvent faire penser à cet ami insupportable avec lequel nous partons en vacances et qui, dès le petit matin, s’insère dans notre moelle épinière comme l’aiguille d’une seringue pleine de Bisphénol A, nous proposant une randonnée suivie d’une via ferrata suivie d’une partie de Trivial Pursuit suivie d’une inévitable rupture amicale. Mais les smartphones coûtent bien trop cher pour qu’on puisse s’en débarrasser. Alors, chaque matin, le nôtre nous réveille. Et comme il est dans notre main, nous en profitons pour vérifier si nous avons eu des messages, des DMs, des Telegram, si les gens sont toujours aussi fous sur Twitter, si la NBA a bien joué au basket cette nuit et si notre gouvernement est toujours de droite. Les informations remplissent chacun de nos pores, débordent et se mettent à suinter. Notre épiderme est alors recouvert dans son entier d’une couche graisseuse d’anxiété mortifère. Et il n’est que sept heures du matin.
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Jas
smine Floyd @JASMINEFLOYD 59
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Not today Satan Compact, léger, incurvé, le smartphone a toutes les caractéristiques pour se greffer parfaitement dans une main humaine. À croire que ça a été fait exprès. Il faut dire que la main, pas protestataire pour un sou, l’accueille bien volontiers et ordonne même à ses cinq doigts de se recroqueviller sur ledit objet. Ne reste alors plus qu’à totalement corrompre le cerveau, à tabasser la vision, à stimuler l’écoute, et le tour est joué : le smartphone devient un prolongement du corps humain. À tel point qu’il est là à chaque étape de la vie : dans le bus, aux toilettes, en réunion, en soirée… Le smartphone s’immisce dans l’intime et brouille les relations sociales. Il est devenu si ubiquiste qu’on cherche désormais à le bannir des événements afin de mieux profiter de l’instant T. Soirées en club prônant la déconnexion électronique, célébrités interdisant l’utilisation de smartphones pendant leurs concerts à l’image de Beyoncé, Kendrick Lamar ou Jack White, start-up californienne mettant en place des pochettes verrouillées dans lesquelles glisser l’objet… Vade retro satanas création luciférienne ! Et laisse-nous faire n’importe quoi saoul·es sans que le monde entier le sache.
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María Jesú
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Le lever de soleil
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« – C’est quand même bizarre, non ? – Quoi, les gens qui portent des bérets Kangol couleur crème ? – Non… C’est quand même bizarre, cette tendance qu’on a de vouloir systématiquement immortaliser le souvenir d’un moment « beau » avec un outil numérique, alors que la magie opère grâce à notre sensibilité d’humain. – C’est normal, non ? Regarde comme il est trop beau, ce lever de soleil. – Mais là, tu regardes pas le lever de soleil… Tu me montres une vidéo… Et au lieu d’être dans l’instant présent, de profiter de l’émotion suscitée par ce moment, de tes sens en éveil excités par les couleurs, les odeurs, et la quiétude des éléments qui nous entourent, t’appuies juste sur un bouton. Le pire, c’est que ça rend jamais rien en photo ou en vidéo ces moments… Ça fait des fichiers qui pèsent un bras et qui végètent ensuite dans un serveur qui contribue à nous mener tout droit vers une catastrophe climatique inéluctable… – T’as déjà essayé les bérets ? »
Dagou @_DAGOU 63
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Maudits vocaux Dans sa grande bonté, Dieu – ou plus probablement un ingénieur informatique californien – nous a offert les vocaux. Les plus de 60 ans ne lui en demandaient pas tant. Ils s’excusent d’ailleurs de n’avoir toujours pas avoir trouvé les mots justes pour le remercier et lui casser les doigts dans le même élan. Car après avoir mis une vingtaine d’années à prendre en main les textos, les voilà soumis à un renversement de situation inattendu. Alors quoi ? Tout ça n’a donc servi à rien ? Ils ont inventé une nouvelle grammaire, magnifié la ponctuation, révolutionné l’abréviation ; seuls eux pouvaient savoir combien de points d’exclamation nécessitaient une invitation à déjeuner, seuls eux pouvaient nous envoyer ensuite des « t’as pas vu mon mess ? » avec l’émoji aubergine ponctuant l’information selon laquelle la moussaka serait prête « ds ps lgtps........... ». Ils perdaient, choquaient et fascinaient le lecteur à chaque discussion anodine. Et patatras. Toutefois, rassurons tout le monde : les vocaux, ça ressemble vachement au répondeur.
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Adri
iana Lozano @ADRIANA_LOZANO_ROMAN 65
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Bébé CEO
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Matin de Noël 1971, l’horloge Vedette indique huit heures tapantes. Steven dévale les escaliers, s’empare du premier carton qui se dresse sur sa route et arrache le papier cadeau Sesame Street qui l’entoure comme si sa vie en dépendait. Sous cet emballage futile, le Graal de tout enfant des années soixante-dix : un téléphone à roulettes personnifié, mi-mignon mi-prêt à exterminer l’humanité toute entière. Invitant les enfants à reproduire les mimiques de leurs parents, le susnommé « Chatter Phone » de Fisher-Price pousse les marmots du monde entier à pratiquer l’art de la parole et du small talk. Héritier de la famille des jouets dit « d’imitation », il compte pour consœurs et confrères des inventions aussi curieuses que le chariot de ménage et la cuisinière. Clou du spectacle, la firme américaine commercialise en 2021 le coffret de jouets « My Home Office » constitué d’un ordinateur, d’un mug, d’un casque micro et d’un smartphone, offrant ainsi une promesse pleine d’espoir à tous les enfants de ce bas monde : « devenir leur propre patron ». Bah oui Léo, comment veux-tu devenir le CEO de ta start-up demain si tu remplaces pas ton Nesquik par un latte de chez Starbucks, et tes contes à la con par les courbes de la Bourse dès aujourd’hui ? Le dessin animé (d’anticipation ?) Baby Boss nous avait déjà mis·es en garde : bientôt, notre société sera abandonnée aux mains de bébés en cravate et en monowheel.
Elliot Gray @HOLOSUITES 67
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MELEK ZERTAL
KINE ANDERSEN
SARAH BOET TCHE R
C ONXI TA HE RRE RO
L I SA C A RPAGNA NO
H I P P OLY TE JAC QUE T
Jisu Choi
B aix @mathildep
DE PAIX MATHIL ig Bluff
Si la rhétorique est l’art de savoir bien dire quelque chose, il y a aussi un art de savoir bien montrer. Et comme ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, il est tout aussi admissible qu’une illustration claire puisse être une alliée précieuse dans la conception d’une idée. Bonne ou mauvaise d’ailleurs. Car appliquer avec dextérité l’art d’illustrer, avec son champ lexical, ses figures de style, ses rythmes et ses césures, c’est être capable de dire à peu près tout, et sans un seul mot. • Illustrer un propos, une pensée, défendre une idée ou la dénoncer, promouvoir, vendre, manipuler… • On peut parler pour ne rien dire : avec des lettres, de la typographie, du dessin de caractère.• Et ne rien dire pour parler : sans un mot, sans une parole, avec un pur dessin d’idée. • Bref, on tourne toujours autour de deux éléments qui entretiennent une relation intime: le mot et l’image. Et quand on les détourne, et qu’ils se mettent à tourner dans tous les sens, propres et figurés, ils retournent à leur liberté première, leur jouissance, leur fantaisie.
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PAR NOÉMIE ARENSMA , EDMÉE GARCIA-MARILLER, CHLOÉ GIROT, ROMANE LECHLEITER, CHARLOTTE ROUX, ET JEAN TOURETTE
La plan des signeète s
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Depuis trè s longtem sommes so ps, nous umis·es à n syllabiques otre envie trôlée de c (un signe incon- al omprendre = un son phabé et de repré ter le mon ) et sen- posé tiques (un signe = un de qui nou son décom). Le A qu’o s entoure. cette quête n connaît b Dans né , un outil re ien est ainsi d’une tête ste : le sign pourrait co de bœuf e e. On po nsidérer le t s’ u est changé r si gne, protéif beaucoup p et polysém , orme ve ar paresse, ique, comm rs e n tête rené e, en aleph e l’atome molécule. U d’une , e ne petite u n alpha, puis Son aspect nité qui, da lustration en A. témoigne d ns l’ilappliquée, e la simplifi fa it beaucou ça, les grap ca tion p. Et histes l’ont bien compri jouent ave s : ils c nos perc epti en sachant qu’à lui seu ons visuelles l, le signe long. Exit le en dit extrême d s slogans et es signes le est ici quest s bavardage dans l’écrit s, il base du lang ion de l’un ure : la age doit êtr it é la moins tuelle, et p e un tex- être mieux m eut-être, la aniée, tordu ivoque pour plus signif iante. Dans le mê e et manipu En tant qu me temps, lée. ’outil de c la ca P rte de visite at ri ck o mmunicati signe évolu B at e de m an on, le no dans Amer e avec nos us rappelle ican Psycho sociétés. M son histoir au ême si ca ssi toute la e commenc chée derriè symbolique e il naires, lors re la manière que nos an y a des millé- sinon d o n t nous dess c ces caractère êtr mencé à re s. présenter le es ont comurs expérie et leurs cro Cette sacra nc yances sous lisation du forme d’anim es le signe te carac aux, tique a, pou l qu’on les r un temps, tère alphabée n tend est ap ru bien aprè relégué l’im pa- au simple rô s les grotte age s de Lascau le d’ornem c’est avec lu ent. Pourt x. Et les symbole i que nous a s nt, av fi ons comme guratifs so à fixer le lan n ncé essentiels do gage et don nt la richess t des signes c à commun iquer. n’est plus e sémiolog C’est bien l’ ique à démontre écriture qu r. Dans sa té à re i té p capacirésenter le mier lieu d moigne en pre- vient, e l’importa monde tel nce du sign qu’il nous le signe p nos modes e dans un ic tu de pensée. ral est eff iv e rs E icace et n effet, les el. Bien m tures cunéif aniée, l’im écri- fit à ormes, chin a g e e o ll ises et hiéro se sufphiques se e gly- pas sc -même : quel enfant sont répan dues d’abo n o e tc près des éru h reste é d e v ant un Pin rd au- an dits puis au gu muet d nées quatr près du « pu en permett es e -v ingt, saisis blic », narr ant la diffu sant toute ation ? Facil sion d’idée fixation de la e , vous direz s, la se su s pensées d … les signe ans le temp ccèdent en chivage et s s, l’ar- sec le partage onde sur plu dizaines d’images pa de croyanc pourrait les r si e eurs minute s. On croire naïfs, s. mais ces pe signes dess tits Mais qu’en e inés ont gra st -i n l quand il fa dement pa cipé à la co rti- ser le plus g ut sensibilinstruction rand nomb de nos soc modernes. re, raconte iétés marque et r une fédérer le chaland au d’une imag tour e, fixée qua Ces systè nt à elle po mes idéo sieurs ann graphiques u r é p signe = un o e lus ? San v(un pictu bjet pour le ral demeure s surprise, le signe pictogramm une idée la star des e/ cations pour l’idéo communimarketing gram bien évolué et instituti et nos écrit me) ont Avec le te onnell mps et à fo ures se son divisées e t les pom rce de répé es ! n plusieu m tition, rs systèm es : s’ancre es croquées et autres nt dans nos virgules esprits. ↓
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IE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉ ↓↑ Extraits de L'homme et ses signes d'Adrian Frutiger ↑ Happy Macintosh par Susan Kare
mes pictogram s s le t n o ui, ce s tient dan Aujourd’h invasion r u e rL petits la i. t nt fo abiten urs plus fo h jo i o u c u q to ls ls ’i ue qu nicaraspaces vis tion de la commu os typog Et bien e g s lo e d s le ple : s et avec ialisa , par exem égement à sont lu s et une mond ts r -l o s e p s n n ig a s s tr s pr no ces . Prenez le t été les graphiste phiques, s malgré n e o ·t ti s u to hique par is on pictograp gaï tes. États-Un compris e n s g e r a le g fé n if la d n ien te de Sha rs de ce cultures b ition curseu et au pilo d m n bul. r o n e c p ta i Is u le q simp rein à e derne e s o e tr é m r g o a p n s p a is i, r Car ou e un atter ous fait jours, ignes. de fair sapiens n s o s m le o untry tou ue t o ’H c n d e la m e é d n e ommu , au pays formatiq ne courb hender c Plus tard anise l’in 16 pixels. gique d’u m lo u rio h e p m é e n s r O a × L’analyse seule le vertige... Susan K face de jeu de 16 r e e avec u ll n s l’utilie g e e à li r n e d u e n n n c n e u e do av ant : r mme . iv o e u c it s o s r p le d t m s essible çoit le te uche et le futur à u sol Le défi e ines » acc h c a m a a « g s s à d e prele passé ue les pie au ciel sation d nd nombre (com lo c s u o n a r é tête basse au plus g La gravit erche la dre la ba p à n t e s v u u o to it n o n t d o e pted : faç nez : on (le bas) enge acce es ll nc que de a o h d C à il . ) o e V r en mass (le haut). gée : s caricatu e et parta nspire dee cle et desll ’i e s r n tu a a s n u S siè fait s du XIX rreaux française petits ca à r Pas ie p a p de croix. t sine sur in o p n lui cofaço s d’Apple s icônes ·e le r te u n e ie sc n e é D ing transpontée, 4. ches, les itor pour a d ute, 3. Mo v E h C n . o 2 , Ic n l r un tour icie 1. Élévatio ant que ran. Et pa ent le log e c d g é l’ ta r r a u s p s les des foncphe mboles. illeurs en er ses gra réussit à résumer y s s ’a d s t e s d ’e c iversels : nt lle Et boles un devienne Mais le e force, e m . d s y s e s n te r n ig e e s c s , déplace. erd des ince ramène ons de n , la main e ti re est m i è u q im ti r n p o te p fr o u s p atiques, La corbeille ée : des es inform uel et ’est ce·tte ir la c m o s , m a le r n o g e b o é is id sym ances langage v xemple Avec ces ses croy venté un ent par e in sonnel, m r a r e toujours e p fo r s it a r a n u K a er ordinate un tr ui tr usan q S n e s e n c 1 o n a ti le y a , cro stell Lisa touche permis à d’une con ous. … là ! On là t le dessin E er chez n . e it é ir v n o n n r ’i o c s d u e e p d r it de caractè signe qu’on aura itiquer, du ose le cr i u à la limite q il r u Silencieux mais non mo nt : po ses mais ins baomnipote beaucoup de cho s in o m var ds, e les r signes sont les témoins de it o c d tif. En c e notre le signe ff e e s ir o s histoire collective. Ils illu pouv sœur strent notre can’a pas de rminer nos âmes pacité à transformer l’ab éte strait en concret, celui de d de naissance… le complexe en simple. No te a d r u le s modes de n lo communication continue nt d’évoluer et les signes avec eux. Alors, après les emojis, quels seront nos signes demain et à quoi ressemblera notre A ? De s questions en suspens mais une certitu de, chère Susan : les signes resteront de s outils de communication visuelle, au moins aussi longtemps que l’on communiq uera.
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HIVER-PRINTEMPS 2024 — KIBLIND MAGAZINE N°85
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BLA BLA BLA — RÉTROGRAPHIE
↑ Orangina
sociée
t i parlen isuels qu forme v s n a g ables slo urs mais d’une , de vérit aille ceptible n io t e imper t fond pas d’un unica m m n m o m o n o c c n e le de ais ausauté, vu me devie s afQui par signes m selon de be réel. Alors la for le t e e d , is le t r pa otre n sen lent, n ie u e b enic d h s t é visuelle o v esqui es m us, avec m u o s t lq e e e t d g u e a q t s m ute lité. par autan si d’i abet. lent à to é, avec universa r h , tout a e lp p a m s r e n fo h fic leur tres d’u t efficacit n e les let siasme e u o s h t a unicatio p t sages qu la comm e d’une is n’es a e d m s t n o lo m ip rele princ grands ja est sans nger sa L’image e permet de plo s une vi- Les e sont posés et des signes marell arvisuell ociée à eur dan muette : pour inc . arde ass ransn regard t t v o n a i s e b s lu u e é o e r g e d a ue nip im ire, gardeus vient om un projet politiq , imagina simple magie e d u o s t e n ll a e u nte qu la sion, ré arque o age par le gagna l’idée m s u , s s e e m e n r m ir u fo a n r n mettre u epuis des millé e a d’ail- ne me pour toute t la liberté artis i.D t e ard om des sens e qui soit bav tes foules, C normes naissen les premiers aff s g a a it s s v a e d ris u’à e d’une im is de parler aux lphabètes. i caracté peu à peu jusq u q e a u m n iq r t e rnard ou a leurs pe ’amenuis commande. Be ait s lettrées t s n e t ie is o h s s c e stricte opuliste e, déclar qu’elles esques p ns qui limiter à un fin de sa carrièr us avons fr s e c e e s, no t, à la iers d europé affichiste e pays était u- Villemo s e ic Les hérit nds affichistes t tr r u a a p s L gra rts, en si : « Nou endre le maquis. sont les Beaux-A r iner de ain s p g e ting. » a e e d d k im s r t é a g r n s’inspire t nouveau, pou municantes été obli r les armées du m m Ar pa elles lier de l’ illustrations co informatifs. occupé issées, u q s e s s s e e s afign nouvelle s norm rnées. Alors le er , d’Euelques s le a u h q c t u ô à M it s u S éto nse form associée d’Alpho hile-Alexandre t être d euvent se trans n e e u v q u o e p p é p sp renant C’est l’ de Théo rtistique t politique, rep mude Tou, a i t r s e e n s e s h a c r ’H fi d la com gè ne G agemen ’une l Colin, ation d ui en un eng nt les codes de , de Pau m in ir e que le ff a in l’ e t e q S de et art de ru oriirem , a l’ t c n t e n r E io t lo t . u o c e a v e ir thé ita coll louse-L univers. n public autres artistes, devient e io r t a i p u o ic r q n p moyen re on image dre, ent pose au omme le c un ec elle s n o c v r a a s p 0 s 2 e a t t 9 r e 1 C o s transp ie l’art s année rs un erdu ave til cité côto leurs, ve ait dès le er le contact p ble ou La publi hemin vers l’ail les, sensible s v formida etrou r n c u e o t d b n n « u m ie y ignes et es . dev public t force, s n regard arsemé d public » e u p e é n é t g e v r r , ê e la r le b e li . mond préhensib rler avec citoyens ent com he pour pa x citoyennes et lp o d A et aisém , c u a d Savign assandre, images, a Raymon C t n e r it in d Puis v uron rnard mel, Be rie Mo Jean-Ma u, Charles Lem ées d’écart, n rua et lques an René G ui, à que rt entre l’image q t o m o re p t p Ville n a e r e, ment le t la form sime d n fo transfor le pparente s, entre les signe l’idée. Par une a , ils tracent t e os le dessin lignes et du prop es plicité d
rde as
bava our image résent p d’une vient omnip ique. » rinciprequants de rojet polit « ...elsespignes mnea marque ou un p d à ru incarne
Illustration e e u q i l app
a, Raymon Savignac, 1964 ↓ Tefal, Raymon Savignac, 1958
HIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ R
↓ Encre L. Marquet, Eugène Grasset, 1892 ↑ Orangina, Bernard Villemot, 1974
e g a m i ' l : 8 6 i Ma au pouvoir
L’art pour le beau oui mais l’art La pour faire passer un force de ces affiche message fort, auss s réside égalemen i ! dans leur sp t on ta né ité : elle s viennent C’est avec cette am formuler des ré bition que, le 14 m ponses quasi in ai ta 1968, les étudiant·e stannées à certains fa s de l’École nationa its d’actualité ou le ce supérieure des be à rtaines allocutions aux-arts de Paris , les rendant ains décident d’occuper i percutantes et à pr l’université et cr opos. C’est le cas éent l’Atelier populaire de celle portant l’ins . C’est ici que se cription « La chie ront réalisées et impr nlit, c’est lui » créée su imées des centain ite à une déclaration es d’affiches entre m du général de Gaulle ai et juin 1968. . Chacun·e – artis La première créatio tes aguerri·es co n est imprimée en mme amateur·rices – es lithographie – métho t libre de proposer de d’impression m un e jo création. Elles so aritaire à cette époq nt ensuite présen ue – et porte l’ins tées en assemblées gé cription « Usines, nérales et sélectio Universités, Unio nnées selon deux pr n », comme un appel incipaux critères : à la convergence il lu faut que l’idée polit des ttes. Rapidement, ique soit juste et qu cette technique va e êt cette idée soit ef re remplacée par ficacement retrans la sérigraphie qui - l’a crite, dans l’affich a vantage d’être moi e. Les affiches de ns M coûteuse, plus raai pi 68, c’est l’art du pe de et plus facilem uple pour le peuple ent transportable ! ca en s d’intervention de « Peindre la colère s forces de l’ordre du monde », pour au sein de l’u niversité. Ces affic reprendre l’expre hes dession de Gérard viennent de véritables outils de Fromanger, devie communt la préoccupa- nication de masse, placardées tion n° 1 des étud dans les iant·es et artistes rues, les univ ersités, les usines qui veulent souten et autres ir le mouvement. lieux de soulèv ement. Ces affiches illus trées deviennent le Le moyen d’expressio s affiches de cette n privilégié pour période ont égale diffuser les reve ndications, avec ment marqué les esprits du fait de leur comme thématiq ues principales le esthétique unique ayant su mêler messoutien des grév sages forts et créa istes au sein de tivité graphique. s entreprises, la dé nonciation des ré - Textes et imag pressions policièr es sont habilemen es, la critique d’un t associés avec des sloga pouvoir politique ns percutants, souv conservateur et ent provocateurs et une forte remise en parfois humoristiq question de l’inues, écrits en gras et m formation avec de anuscrits. La typo s slogans tels que graphie, simple, cont « Presse – ne pas av raste avec la compl aler », « La police exité et l’importance vous parle tous les des idées exprim soirs à 20 h », L’u ées. tilisation du style « Attention, la radi direct afin d’invite o ment ». En rér la population à se sumé, les deux pr mobiliser est quas incipales targets iment systématique sont les CRS et le gé . néral de Gaulle.
BLA BLA BLA — RÉTROGRAPHIE BASIQUES
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« Press
o ment
»
e «–A ne p ttentio as n, la ra ava di
ler »
« La p olice v « Usin ous es, U
s uvent rouge sont vives, so srs u an le tr u re co Les ière de e autre man et noires : un et la volonté re ai ntestat co t ri p es l’ e crir e. Les illustra t de l’époqu en e, m xt ge te an le r ch de pléte t tantôt com s tions viennen cer grâce à des dessin la p m nt autantôt le re e et ne laissa u q o iv u éq s ns. simples, san revendicatio r l’objet des usu so te t u n o d so n cu de Gaulle al ér n gé le odique Les CRS et manière par e d e, èn sc r ces vent mis en de ridiculise in af : ée ou détourn d’une France symboliques s té ti en x deu et répressive. conservatrice n prionc le moye d t es n o ti créaIci, l’illustra ne réponse u r le u rm fo ritaire vilégié pour juste et auto in é ét ci so . Ce tive à une ment radical ge an ch n u es et proposer ormes établi nverser les n e re tt e d ce t e u ai q h u so la rupture s an d t en es se lit égalem avec les norm ouvelle crée n e u iq ét th es e l’époque. artistiques d 79
HIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ R
s parl Unive e tous le rsités s soir , Unio s à 20 n» h»
BLA BLA BLA — RÉTROGRAPHIE
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↑ «The Judge,
e mèm
1921.
du Éloge s drôle ème, le plu prinm r u le il e acité r le m pour crée ntifiable. Son effic ments : in l’ plus ide tion de ux fonde e circula ce et le s’appuie sur de our) et la Une libr eb, une émergen ipale de l’hum c r u e w e h c d n le viralité). écle bres n sur l’affect (d éclencheur de la mprend mages li ’i formatio d e s is e u m othèq giciel de moire (d rnaute co texte des bibli ké à un lo -ci, l’inte dé- mé s c e a to con ll h u e ’a s c è d c à c e e dans un Grâce e dos m n t. è droit, l’a n m o la b u r d e u po changean mie et un parfaite nscesse la polysé a e s en page tt t e e c n n e ta u r r u st la à cela ciétal po frision : c’e n mème. Ajoutez ap- so a r fe ts socio-a ’u d le e c t, qui portemen e donne n naissan m e o d u c é a s c e x é r d u ans p du mèm aux socia ra- Révélatrice viralité s e ras les rése é étorique u n h r é to G r la , u , s lité qui s -Z a fs n u e ti c G id , fe iv ls d paraître nnia noir une in des Mille communautés d’i alors à v berceau s u e d tr e u a ir to a et brève his conte. l suction Alph ur sur la uoi un te image q to r e e u n R o u . P s « − te e ag crée me ternau ment l’ad » prend tout t qu’il se ans le mè s m d e o i c e o c u S r o fo , ots sa ques mème arce que les, politi e mille m i. P u ia q c ? s o x s è u c s e ie r so teurs ntiè vaut m le récit de là des fro Si les sites généra nt e s n -d a u d a s n son se torique − omiques. retentissa velle rhé . Créé ou écon ont eu un succès u o u’ils n e n d’u que mes ue, c’est q iq r é m u n Anatomie cement, la généti kins en de mè u cesen aw s débuts d source ac n Au comm tifique Richard D u gène. dans le nus la nouvelle ce. E ien open sour deve pire d n t s e n n e o ’i s s ir » -d par le sc à e st, il e de la ot « mèm à tous, c’e iologique ne cultur b u le s e ib e s u m g ê 1976, le m lo o aîtrisé ux-m son hom es capacités de ré nt ainsi m nt pour e a o é s r c te u a Comme d n n Il ritique inter lui de gra ion (de viralité). sociale, c ision, les r e é r d ti a g porte en S . t ta cit oi, Inet de con entrement opéran propre ré rision et récit de s r u le plication c é ous é e sur le d e et le sen ue, autod s mèmes comme n r fonctionn premier de l’imag ende et politiq le oube illi ens la lég et a accue ur viralité vient ad née n ia r v te r u entre le s te i o e ur ar son au écit de s langage. L é de l’image déto attribué p lus souvent un r it e veau c é ment a e m ic ir u s ff ta s e a n p l’ n volo fois e la u à d n e incarne le ec une autodérisio r u alité e l’autoav is le milie l’individu lisation d a t e tr â moqueur, ée. Populaire depu é s th e la dances d iqu le. Là où et revend 990, il suit les ten e risib h c lâ e r 1 s s n des année qui rivalisent sa s te u a n r inte
Le mème, old news ? − Certes lié aux réseaux sociaux, le mème trouve ses racines ailleurs. Un des premiers formats proches de l’objet numérique est l’illustration dans la presse, comme en 1921 avec une publication dans la revue The Judge. Avec des mécanismes similaires (autodérision, détournement du sens, diffusion à grande échelle), le format de 1921 n’est pas sans rappeler les mèmes « expectations vs reality » qui ont déferlé sur les ré-
seaux sociaux 100 ans après. Parmi d’autres exemples, le Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis de Pierre Desproges publié en 1985 repose sur le même principe : une seule image et des dizaines de légendes différentes. Mais là où notre objet de curiosité dépasse le simple discours humoristique, sa popularité est liée à l’appropriation individuelle de l’image. Old news peut-être, mais jusqu’à un certain point. Le mème incarne un récit de soi renouvelé car partagé dans une communauté sans frontières apparentes, témoin d’une nouvelle sociologie dont l’ampleur culturelle ne doit surtout pas être occultée. ← « Add your meme text here » , issu d'un site générateur de mème ↓ Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis, Pierre Desproges
HIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ R
dérision appartient traditionnellement à celles et ceux qui maîtrisent les codes du langage et du récit (film, livre, stand-up), le récit de soi a trouvé un nouveau souffle de créativité.
n. o i t a ét r un
e base r d’un i t r a p t e par r , il fau nce parlant nde e t r i a n f e o e re em Pour c d’une réfé le, tout le m m à ourn as, p il t p e f m u é n n e n e x u n d , co e ar e , vu déo l p i e : v , n , i i e e t a r l u m u polia ê O musiq hoto à elle-m Tintin ou M un discours elle é De la p rature et la rnement u t l ouv ou a déjà itté tou , ou éc quille à la n l é e s d s a o l r odim e r e u l é a édi au d ne b le à m i m ’e u c l s a sant p riation et e f e l m s r nm les tous op ue. Co rence est alo part d’inatte ment, q i t m l’appr sents dans e d i é réf une e lais s. Év ré . idée, la d’y insuffler décalé. Et d sont p les domaine tre en reste e ’ê n i d d s f , a et tou els sont loin et- fier onique e en m u du, d’anachr érer. su i g a v s s s t e r ura m o op le déto e é d’un al des mots - ser la magie i t i s l i , e b i t i s d la li com littér t de su pie et Altérer ôté le sens utôt chose ire tou fois de la co t. Car t d u e b l c l t p e e a l Autan relève à la plagi c’est tant d tique, pas du é. Bien que image, monde artis ntion. Jeux nt e t e s m n e ’e ’u n n d te e il um d’un nir l’at ar un dans l runt, qu’ass profit est mune étant de rete els contrés p ur- l’emp nt est plus u a é r nt bs squ ru su premie non-sens vi réotypée et a rus, l’emp l soit confi détourneme e. Il a , g é s e n t l t i o n s g o p o , ri e ri st ue nc de m e l’o veau messag omme une e rire, à , intrig s et textes i u e g t n x a e l t c nou iché sous à fair ensé ux de ages-cl tout p t des e mais e nivea dité, im de tons et d és rusés son ion. avant pas à vendr s deux. e éd e at ne vise échir, voire l ruptur ’autres proc t la mémoris étou l f d e é r e n h e e et le d ve i c r i o m a r r f c e et b p c p ’a le qui pour l’a la nou car il s armes origina d’accueil à rante ionne ge de rét e c s n a o b f La ent alors rassu baga s des ineux nt sert ournem croche is v Le dét notre volum i fait de nou urs neme mme une ac elle idée, ma o e v a r qu idée. C oici une nou r vous conn d’amat puie su communes roupe mmunes V a g c « s : e n s t e c u i u d n a / d r e er nc r di ays fér s co z pas p ». Il s’agit do éjà in s / un p les référence nction du e r n i e a s m e n fo – hu ager rs d n-bière rges en discou e mess ite vide Pico ou moins la ment souha ’un déjà l ens sur un ours emprun s d c ne lus ter du age ou le dis sont p ue le détour velle lecture u m q o ’i mplè dans l groupe r offrir une n t connu. pas co n t s e u e o ’y ’u n ser – p déjà proposé étée d rérence compl dénatu e que le l La réfé g s a s i s i a s o f e m r m a , se est de c odifiée ierait p in de n oubl urs son gra age, le m veau. L’idée ale pour en ’o u q e s n u o c i s j r r o g e r u i a n P to ou or d’un m pour ême p sition r met cepteu terprétation son public ant propo , qui elle-m ’autres. d de ’in pt dans l ment prend ses. En com eut secon es dizaines en e u p d mais t n b a r j n r s u o e a e o r , r t i d r u é p u s e d ’a a te le des e, ça n l est : p t récep rassur uvre origina e un p ce qu’i flexion dudi ir ré ces. acer l’œ l’inscr e. sur la n sens f contraire, à référen ir u s e l r u d u s p r po a r au ose e joue u p r e o u r t p l t , u s n neme De plu ssage dans la c détour t une ation. ent es our Oui, le e l’interprét prend le me r la m e n r u d oi to m e, p aiguisé celui qui co action « d’av de Le dé par le peupl yeu r f e i s v u i i o t o s a v a s a s S re s – ux celle il y a la t les jeunes. montre p e ramène pa techniq , é n r u s n ne déto dise o, ça nque t has omme le kit quelco ste l’eg ref », c parle, ça boo as totalemen en- à une ement, c’est nt i p n s n détour ne se veut ni quoi o t cultivé·e ou à ce qui nou i e re u s e ss sage, q ant, c’est d’êt qu’on u’on s’intére t r q L’impo been et . e r u to
e su epos
r
! f e r a l é t a r i a ’ j , n Mama t n e m e n r u o t é d L’art du
sen
d
BLA BLA BLA — RÉTROGRAPHIE
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uisé g i a s
terp n i ’ l e
↑ « Marseille : exagération sur le Vieux-Quai. »
urelle e qui vous aissez rajouintégré nté.
nt èteme os n prop e n urer u ne u r e cré insra en se Qu’on fàe ndance ais, m esprits fort s u l peu p
que ex techni . Elle ple r le peu ciété – s a o ux de l ique. Le ist que art nu mesve tsch de ni beau. el, tellectu ·e. ↓ ris e comp
↑ « Martine ne comprend rien à Twitter » ↓ « “Monojis” par Monoprix et l’agence RosaPark »
HIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ RÉTROGRAPHIE ⁂ R
l à
↑ « — On a apporté le dessert, une galette industrielle à 7€90... — Vous vous êtes pas fait chier la bite... »
Car une m une poé ême civilisation sie de C peut pro har du chanson paillarde les Baudelaire e ire Le détou rnement t , u et une c u est donc ouvertur ne peinture de B ne prétation r e une réin a du Tout cela qu du Journ teral de Mic e une discus monde qui no fait part u ie sion à l’ Le déto k intérieu s entoure, urnemen d’une même cu ey. de signes r d’un r lt e t revien toutes c éseau t à mé ure. naison d t de significatio es référe n e la n s. La co s n c pour tra s e g ig s e , r n a if fi ic n de les m un nouv ations e nsmettr utilis eau rése ngendre bie le ciété sur au de se a lors ce qu’ell s réactions d’un er ns. e vit à un e pas pour instant T so- Bien que le d vocation om . Il d mais d’ê tre le mir e durer dans le t n’a thore d’exemp aine dispose d’u emps, poss oir des q les, il e ne pléactuels s ib uestionn face à u ements dét le de dater préc t quasiment im ne figur chemin ourn isém e do trop trac é, une n minante, un techn ement. Évidem ent le premier caractèr o iq me rme e r ues d’im pression nt, plus les est l’exp éjouissant, le d . Sous son plus les étournem ression se répa r é fé renc ndent, de l’esp l’état de rit critiq ent tantes, plus le es visuelles son veille p t u d e im é , t o d po e A et ceux ur e r insi l’arr qui le p manent de ce ivée d’in nement est prés rll r a t e li e ernet et tiquent comme s nt. té de dé des défe nseurs d en agissant ment a tourner des ima de la possibie la réfle g ouvert le es numé On peut xion. riqu champ d rassemb e s possible eD ler, sous e du détou R s. im baud la ba rne : parodie ment, des procé nnière ment textu (détournement dés varié , satire, e s les iconiq l) à Warhol en exclusiveca nal est ues Pier passant manipulé ricature... L’orig re Desp i- bara Kru ,r sa form roges ou par ger qui o e initiale aillé, détaché de n nt ouver Barombreux , pour e une lec t la port n donne détourn ture dif e à F e r a de férente urs com bcaro, U une pris – souve e de pos nt Le Gora n Faux Graphis me Banksy, ition qui dérision fi, le te ou en tou ce qu’ell core e veut dé rne en roir grossis détournement s est un m noncer. a n t de la s sel sur le iociété, s quand o bobos du quotid qui met du n se sen ien. Ça p t visé, m drôle à v ais sinon ique oir. , c’est
Lexique du détournement Substitution textuelle : remplacer un texte original par un autre, inventé Substitution iconique : c’est l’inverse, on garde le texte mais on change l’image associée Hybridation : mixer un texte et une image existant l’un sans l’autre pour créer un nouveau sens (un slogan avec un autre logo par exemple)
BLA BLA BLA — BASIQUES
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Carte blanche à to
HUGO LE FUR ies Le robinet à conner @hugo.travail
BLA BLA BLA — DISCUSSIONS
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Link ne parle pas, Mary Alice Young parle trop et les Last Poets parlent quand il ne faut pas. C’est l’anarchie, rien de moins. Que se passe-t-il dans les jeux vidéo, les séries et la musique quand le blabla (ou son absence) fait des siennes ? Trois spécialistes de ces terrains viennent remettre de l’ordre dans ce fatras.
LA LANGUE & LE RAP, ENTRE
AMOUR & STÉRÉOTYPES PAR NICOLAS ROGÈS
De Grenoble à Compton,
il n’y a qu’un pas. Auteur, journaliste et conférencier, Nicolas Rogès a fait du rap son dada. Auteur passionné derrière les ouvrages Kendrick Lamar : de Compton à la Maison-Blanche chez Le Mot et le Reste et Boulogne – Une école du rap français chez JC Lattès, Nicolas Rogès nous conte ce que le rap doit aux mots, et inversement. C’est l’éternel débat : quand et comment la culture hip-hop est-elle née ? Si la date du 11 août 1973 est son acte de naissance officiel, sa dimension parlée, ce que l’on nommera le rap, a des origines diverses. Alors que le genre domine les chiffres d’écoute dans le monde entier, zoom sur ce que le rap doit à la langue, ce qu’il lui a apporté, mais aussi les clichés qui en découlent. ↓ ↓
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« dozens »
Au début des années quarante, la discipline des se répand comme une traînée de poudre au sein de la communauté afro-américaine. Aussi drôles que violents, aussi inoffensifs qu’inflammables, ces duels verbaux opposent deux adversaires s’insultant jusqu’à ce qu’un vainqueur soit désigné. Il n’y a alors plus de règle de bienséance : il s’agit d’être le plus féroce et le plus habile. Avec les dozens, c’est tout un jeu de langage qui se dévoile, de l’argot, des attitudes de défi, de l’humour et des rimes par dizaines. À tel point qu’ils seront considérés comme les ancêtres des « battles » que le rap fera siennes et, dans une moindre mesure, des freestyles. Le rap en tirera son affection pour le langage parlé, et une forme d’autodérision. Une trentaine d’années après l’émergence des dozens, dans la fournaise de Watts, un quartier de Los Angeles, le quotidien est rythmé par le racisme institutionnalisé, des bavures policières et un trafic de drogue exponentiel. En 1965, des émeutes, parmi les plus violentes que le pays ait connues, avaient fini de précipiter Watts et une partie de la Californie dans un climat d’insurrection. Quatre ans plus tard, un groupe s’échappe du chaos ambiant et fait entendre sa voix sur un album au titre évocateur : The Black Voices : On the Streets in Watts. Ses trois membres se nomment les Watts Prophets ; des prophètes d’un temps nouveau, armés de rimes et d’instrumentaux s’inspirant de funk, de soul et de jazz. Sur disque, ils parlent, émaillent leurs chansons de bribes de conversation, et de bruits d’une région en feu. Ils ne rappent pas mais font du , un art oral hérité de la poésie. La quasi-totalité des rappeurs qui les écouteront reconnaîtront que sans eux, le rap n’aurait pas eu les mêmes couleurs.
« spoken word »
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De l’autre côté du pays, l’auteur et poète Gil Scott-Heron, avec sa voix grave, qui semble partir de tréfonds de son âme, et son débit lent, comme s’il mesurait chaque mot, contribue lui aussi à donner une conscience politique aux rappeurs. Avec « The Revolution Will Not Be Televised » (1971), sa chanson la plus connue, il s’impose comme un des plus fins observateurs des temps agités des années soixante-dix. À la force de quelques albums, livres et poèmes, Gil Scott-Heron s’impose comme un virtuose de la langue. Pourtant, et c’est là tout le charme des légendes, il se montre critique vis-à-vis du rap. Dans « Message to the Messengers » (1993), il regrette que des rappeurs n’accordent pas assez d’importance à leurs mots et se complaisent dans des postures. Voilà des artistes dont la voix compte, dont les messages ont un impact, qui ne font rien de leur pouvoir, se dit-il. Il finira par faire un virage à cent quatre-vingts degrés, sensible, entre autres, à l’engagement de Public Enemy et aux rimes incendiaires de KRS-One. Ces mêmes artistes, comme des dizaines d’autres, lui rendront hommage à sa mort en 2011, désignant ce maître du spoken word comme un des pères fondateurs du rap, voire comme le « parrain » du hip-hop.
Tout aussi engagés, The Last Poets agissent eux aussi comme un contre-pouvoir. Au même moment que les Watts Prophets, ils publient une série d’albums où le spoken word se mêle à une conscience sociale héritée de décennies d’oppression. Leur influence est considérable : Common, les N.W.A, A Tribe Called Quest, Nas, Notorious B.I.G, les Little Brother et tant d’autres incorporent dans leurs chansons des extraits de poèmes des Last Poets. À tel point qu’en 2018, la journaliste Rebecca Bengal écrit dans le Guardian à propos du hip-hop :
« Vous pouvez retracer sa naissance [...] quand les membres fondateurs des Last Poets se sont tenus ensemble dans le parc Mount Morris [...] à Harlem et ont déclamé leurs premiers poèmes en public. » L’étroite relation entre le rap, les dozens, Gil Scott-Heron, les Watts Prophets et The Last Poets a permis au genre de se développer et de se trouver une identité linguistique. Mais elle a aussi entraîné nombre de clichés. En premier lieu, la propension de certains observateurs à le comparer à la littérature ou la poésie. Comme s’il ne pouvait pas exister par lui-même, avec ses propres formules, son propre argot et ses propres nuances. Envisager le rap comme un objet littéraire permettrait de le légitimer auprès de ses détracteurs, ou de lui donner des prétendues lettres de noblesse. C’est un contre-sens historique. Le rap s’est, dans son essence, construit sans ces références. Il s’est bâti seul, à la force de quelques soirées pendant lesquelles le langage, et donc les rappeurs, n’étaient rien d’autre que des faire-valoir pour des DJ qui, eux, étaient les attractions de la fête. Il a fallu quelques années avant que la langue ne devienne une composante indispensable à la culture hip-hop. Un séisme secoue le petit monde du hip-hop quand le rappeur Rakim, aussi surnommé le « GodMC », révolutionne la manière de rapper et de placer ses mots sur l’album Paid In Full (1987). Une foule d’artistes lui emboîte le pas, comprenant qu’il est non seulement possible de dire des choses avec du sens, mais aussi de le faire avec style et élégance. Le rap devient alors autant un langage codifié qu’un art virtuose. En Amérique du Nord comme en Europe, le rap a créé et continue d’inventer des mots, des manières de parler, un argot et une façon à lui de déclamer des textes. C’est un « bla-bla » universel et novateur, qui semble ne se fixer aucune limite. Et qui regarde autant vers l’avenir que dans le rétroviseur pour défricher de nouveaux terrains d’expression. Visuels par ordre d'apparition : Rogès Nicolas, Boulogne, une école du rap français, Paris, éd. Lattes, 2023 / Rogès Nicolas, Kendrick Lamar, de Compton à la Maison-Blanche, Marseille, éd. Le mot et le reste, 2020 / Watts Prophets, The Black Voices : On the Streets in Watts, 1969 / Gil Scott-Heron, Don’t give up / Message to the Messengers, 1993 / Gil Scott-Heron, The Revolution will not be televised, 1974 / Public Enemy / KRS-One / The Last Poets, The Last Poets, 1970 / Rakim, Paid in full, 1987
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LES VOIX
«DOUDOUS» DES SÉRIES
2000
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PAR LÉA MICHAUT
Éditorialiste
pour France TV, Léa Michaut raconte et décrypte les chefs-d’œuvre et les grandes heures du cinéma et de la télévision dès qu’elle en a l’occasion. Pour ce numéro Bla Bla Bla, ce sont les séries cultes qu’elle passe au radar, et en particulier les narrateur·rices qui leur ont donné une saveur si particulière.
Grey’s Anatomy, How I Met Your Mother, Desperate Housewives, Scrubs, Gossip Girl… avez-vous un faible pour les séries qui vous parlent ? C’est le début des années 2000, Instagram et TikTok n’existent pas. Sur les portables, on peut seulement jouer à Snake ou télécharger, non sans fierté, le refrain d’une chanson de Britney Spears. Dans nos salons, on se dispute la télécommande pour suivre les amours tumultueux des internes du Grey’s Hospital ou encore les dernières trouvailles de Veronica Mars. Si on manque la diffusion d’un épisode un certain jour à une certaine heure, on se retrouve à essayer de comprendre le récap la semaine d’après et à demander à l’école ou au travail qui a embrassé qui. Les épisodes sont nombreux par saison et leur mode de narration assez différent de celui des séries d’aujourd’hui. Étant donné qu’on ne pouvait pas binger, tout reposait sur l’attente créée par le format morcelé du sériel et ça, les producteurs l’avaient bien en tête. Ils savaient pertinemment qu’il fallait multiplier les actions et les cliffhangers pour s’assurer de nous rendre assez accro. En créant des rendez-vous quotidiens, les séries se font peu à peu une place dans nos vies jusqu’à devenir des éléments culturels à part entière. En nous liant aux autres, en nous parlant, elles ont réussi à intégrer leurs fictions et leurs références dans notre univers jusqu’à devenir des histoires avec lesquelles nous avons grandi. C’est justement par envie de replonger dans ce connu, ce passé fantasmé, qu’on décide parfois aujourd’hui, malgré une multitude de nouveautés sur les plateformes, de se refaire l’intégralité d’une vieille série qu’on connaît par cœur. Le réconfort qu’elles produisent sur nous est un véritable effet « doudou ». Effet préservé par un mode de narration bien particulier naissant dans les années 1990-2000 : la présence des voix off qui se normalise, se propage et fait parler nos héros. ↓
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Faisons un saut dans le temps pour rencontrer Ted Mosby avec sa maladresse attachante, ses histoires d’amour ratées et son récit en guise d’héritage. Le héros décoiffé de How I Met Your Mother est banal, un peu comme nous, il a un travail, des ami·es et plein d’histoires à raconter. Si la série ressemble sur bien des points à Friends (un groupe d’ami·es que l’on suit au quotidien), elle se différencie par son mode de narration. Ted raconte à ses deux enfants en 2030 comment il a rencontré leur mère au début des années 2000. Chaque épisode commence par ce fameux « kids » ou encore « And that, kids, is how I met your mother » pour nous rappeler la véritable ambition de ce récit non linéaire : la rencontre. Cette narration nous donne l’impression d’écouter quelqu’un·e dans un bar, à qui viennent les histoires en fonction de sa mémoire sans construction chronologique. La voix de Ted est notre seul repère, on doit s’y fier, lui accorder notre confiance malgré ses multiples digressions. S’imbriquent alors dans son récit les péripéties de Lily, Marshall, Barney et Robin. Tout cela participe à notre croyance de l’effet papillon selon laquelle chaque histoire, même la plus dénuée de sens, a son importance et entraîne cette fameuse rencontre. Il s’adresse à ses enfants comme il s’adresse à nous, dans le futur, qui sommes assis sur un canapé à l’écouter. Ted nous accompagne, nous guide, nous perd. Sa voix commentant, nuançant et introduisant chaque histoire participe à ce fameux « effet doudou ». Nous partageons la vie intime et l’évolution de Ted et de ses amis pendant des années. Nous voilà fictionnellement liés même si nos émotions, elles, sont réelles. Qui n’a pas ressenti ce petit pincement au cœur à la toute fin d’une série ? Une sensation d’avoir perdu des proches et cette envie de revenir sur la banquette chaleureuse du MacLaren’s : même si l’on connaît le dénouement et le visage de la femme de Ted, on veut retrouver le plaisir de redécouvrir chaque anecdote qui nous a fait rire.
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En 1998, on décide de donner un premier coup de masse dans la distance fictionnelle qui sépare spectateur·rice et personnage avec Sex and the city. La série se construit avec la voix complètement assumée d’une narratrice, aussi personnage : Carrie Bradshaw qui nous parle comme elle écrit aux lecteur·rices de ses chroniques dans le New York Star. Le premier épisode annonce d’ailleurs la couleur. En la voyant taper « Once upon a time » sur l’écran de son ordinateur, elle s’instaure comme la conteuse de sa propre histoire. En suivant les frasques newyorkaises de Carrie et de ses amies, on entre dans l’intimité des femmes. Chaque aventure est commentée par la voix de l’héroïne qui, en s’inspirant de ses propres expériences, tire des généralités :
« Peut-être que nos amies sont nos véritables âmes sœurs et que les hommes sont juste des personnes avec qui on prend du bon temps. » Un type de narration qui reprend les codes de lecture du journal intime ou du blog, et qui sera souvent attribué à des personnages et à des voix féminines (Revenge, Ally McBeal, The Mindy Project…) Le cliché de la commère exclusivement féminine sera d’ailleurs la base du cliffhanger de fin de la série Gossip Girl. Dès le premier épisode, on entend une voix mystérieuse que les sériephiles reconnaîtront car il s’agit de la voix de Kristen Bell, aussi personnage narrateur dans Veronica Mars. Cette première familiarité passée, on comprend qu’elle s’instaure comme LA narratrice de la série. Ses nombreuses interventions ont comme support son blog, qui lui permet de garder l’anonymat tout en divulguant tous les secrets et les ragots de l’Upper East Side. Son identité insidieusement pensée comme féminine sera découverte à la fin de la série par les fans qui apprendront qu’il s’agissait du garçon solitaire Dan. Cette parfaite peste au ton sarcastique se détache de tout ce que nous connaissions avec son style de récit bien personnel comme l’illustre sa signature : « Xo Xo Gossip Girl ». Tout cela façonne l’identité de la série et crée des références populaires accrocheuses et singulières. Une des voix emblématiques des années 2000 reste cependant celle de Mary Alice Young dans Desperate Housewives. Là, ce n’est pas un personnage principal ou secondaire qui nous parle mais une femme morte que l’on côtoie rarement au cours de la série. Son identité est connue dès le début, il s’agit d’une amie des héroïnes qui s’est suicidée. Son pouvoir est extraordinaire, elle semble tout savoir, même sa propre mort qu’elle évoque avec ce style détaché :
« Je fus enterrée le lundi suivant. Après les funérailles, tous les habitants de Wisteria Lane vinrent présenter leurs condoléances. » Mary Alice, c’est la parfaite narratrice omnisciente qui connaît tout sur les actions passées ou à venir à Wisteria Lane. Sa voix tranquille et sage donne un rythme en ouvrant, et en clôturant presque toujours les épisodes. Elle a l’absolue maîtrise de l’histoire. Elle nous serre quelques indices, ironise et dévoile les pensées des femmes au foyer les plus connues du monde. ↓
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D’ailleurs, qui n’a jamais rêvé de lire dans les pensées de quelqu’un : Cette transparence à la fois drôle et embarrassante fait tout le charme de Scrubs. La série qui raconte le quotidien du personnel de l’hôpital Sacré-Cœur est principalement axée sur le héros, J.D., narrateur de sa propre histoire. Il se perd facilement dans ses pensées, imagine des scènes inspirées de sa réalité mais tourne souvent au burlesque les situations qu’il rencontre. La voix off de J.D. nous emporte dans le flux de sa pensée, produisant un effet comique entre son imaginaire et le réel. Ainsi, quand J.D. est face à un couple heureux (et que la femme est sur le point d’accoucher), sa voix off nous introduit dans une scène imaginaire où il explique sans détour les réalités de l’accouchement : « Vous allez péter, pisser, vomir et pousser devant une dizaine de parfaits inconnus qui garderont les yeux fixés sur votre vagin qui, soit dit en passant, a 90 % de chances de se déchirer. » Une tirade hilarante pour le spectateur qui se retrouve complice des évasions chimériques de J.D. Si la série est avant tout comique, la narration sait être polyvalente. Elle adopte un ton plus sérieux à la fin de la plupart des épisodes pour faire un bilan. Cette contextualisation donne un cadre mais aussi une dimension plus généralisée, parfois même à visée philosophique quand cela touche des thèmes comme la mort ou l’amitié. Cette idée de contextualiser l’action en début et en fin d’épisode est souvent reprise, le meilleur exemple est d’ailleurs celui d’une autre série médicale : Grey’s Anatomy. La première voix que l’on entend ouvrir la plupart des épisodes est celle de l’actrice Ellen Pompeo qui interprète l’héroïne Meredith Grey. Une manière de mettre au centre la chirurgienne et d’en faire un repère pour le spectateur dès le premier épisode :
« Ma mère avait tous les atouts, c’était une des meilleures. Moi au contraire, je suis mal partie. »
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Lorsque cette voix laisse sa place à une autre, les spectateur·rices comprennent que l’épisode se centrera sur un autre personnage comme dans l’épisode 22 de la saison 5 où Izzie Stevens parle depuis son lit d’hôpital alors qu’elle est atteinte d’un cancer. Hormis quelques exemples anarchiques, nous sommes toujours portés par le même principe de narration, celui d’une réflexion tenue par la voix connue et reconnue de Meredith Grey. Elle offre aux fans la satisfaction d’une introduction dans un univers familier et va jusqu’à s’adresser directement aux spectateur·rices :
« Vous vous souvenez quand vous étiez petits et que votre plus grande préoccupation, c’était de savoir si vous auriez un vélo pour votre anniversaire ou des cookies au petit-déjeuner ? ». En créant cette proximité, elle abat le quatrième mur, celui qui nous sépare de la fiction. Ce procédé était déjà bien connu du cinéma, atteignant même le stade de la métafiction. Dans Lord of War par exemple, Nicolas Cage s’adressait directement à nous par la voix de la caméra subjective :
« On estime à environ 550 millions le nombre d’armes à feu actuellement en circulation. Autrement dit, il y a un homme sur douze qui est armé sur cette planète. La seule question, c’est : comment armer les onze autres ? » Dans l’univers des séries et des sitcoms, Abed, personnage chouchou de Community, use de ces mêmes jeux narratifs. Il sait qu’il est un personnage autour duquel se déroule l’action. En fan de séries et de cinéma, il connaît les mécanismes de la fiction, les critique et les commente. Nous sommes à son niveau, il en sait même plus que nous et le répète : nous sommes ensemble pour « six saisons et un film ». Est-ce le cadre qu’offre la voix de nos personnages qui nous séduit ou plutôt sa manière anarchique de débouler dans les histoires ? Témoignages sages ou sarcastiques, les narrateur·rices savent donner le ton. Indissociables de nos séries les plus emblématiques et ayant contribué à construire leur identité, ces voix ont su être notre parfait complice. On parle de séries « doudous », mais n’avons-nous pas aussi des conteur·rices « doudous » qui contribuent à nous donner envie de revoir et de réécouter ces mêmes histoires ? Si le recours de la voix off est fréquent dans les séries du début des années 2000, d’actuelles séries telles que Riverdale ou 13 Reasons Why n’ont pas hésité à s’en inspirer. Familières, omniscientes, intérieures, complices ou pleines de sagesse… Une chose est sûre, c’est que les voix de nos séries n’ont pas fini de nous parler. Visuels par ordre d'apparition : Gabrielle Solis, Desperate Housewives / Mary Alice Young, Desperate Housewives / Abed, Community / Carrie Bradshaw, Sex And The City / Penny et Luke, How I Met Your Mother / Gossip Girl / Carrie Bradshaw, Sex And The City / Meredith Grey, Grey’s Anatomy / Yuri Orlov, Lord Of War / Abed, Community / How I Met Your Mother / John Dorian, Scrubs / Bree Van de Kamp, Susan Delfino et Lynette Scavo, Desperate Housewives
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HÉROS SANS VOIX & MONDES OUVERTS PAR VICTOR MOI SAN Quand le jeu vidéo spécialisé dans les jeux prive ses personnages Journaliste-critique vidéo et le cinéma, Victor Moisan est égalede parole ment l’auteur de l’essai Zelda : le jardin et le
monde. À travers la figure de l’aventurier silencieux Link, héros de la célèbre saga de Nintendo, il évoque le rapport ambigu entre pouvoir et parole chez les personnages de jeu vidéo.
Link, le héros en tunique verte et aux oreilles pointues de The Legend of Zelda, est l’archétype du protagoniste muet de jeu vidéo. Au cours de ses trente-huit années d’existence, nous n’avons jamais entendu autre chose de sa bouche que des râles et des soupirs ponctuant ses efforts. Or, il ne faut pas croire que le valeureux guerrier ne s’exprime jamais, mais plutôt constater que nous, joueur·euses, n’avons pas accès à ce qu’il dit. Lors des conversations, ses yeux écarquillés le rendent volontiers expressif. Nous le regardons boire les récits de personnages non jouables comme un enfant absorbé par une parole d’autorité – en l’occurrence, celle du jeu lui-même et de tous les guides de l’aventure. Son créateur, Shigeru Miyamoto, a parfois expliqué que le personnage avait été baptisé « Link » parce qu’il incarnait le lien entre les joueur·euses et le monde de Zelda. Autrement dit, c’est un héros purement fonctionnel, qui ne doit pas laisser sa personnalité se mettre en travers de notre sacrosainte légitimité à nous abandonner dans l’illusion immersive de ce jardin virtuel. S’il cherchait à concevoir un personnage transparent – l’équivalent d’un tétromino de Tetris ou du pointeur en forme de main du jeu à énigmes Myst –, alors Miyamoto a échoué, car Link est entre-temps devenu l’un des protagonistes les plus iconiques de l’histoire du média. Il faut donc comprendre autrement ce que le concepteur nomme « lien », c’est-à-dire ce dont Link est justement l’icône : un avatar au sens pur du terme, avec sa panoplie de possibilités et de limitations garantissant aux joueur·euses d’être à la fois au-dedans et au-dehors, de se concentrer sur ses actions ludiques tout en recueillant le spectacle enchanteur de son parcours.
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Souvent rattaché à la philosophie vulgarisée par l’expression « école du gameplay » (soit, le jeu avant tout), ce mutisme de principe se retrouve dans une majorité de titres développés par Nintendo. Hormis une poignée d’interjections et de formules fanfaronnes criées à tue-tête, les frères Mario et Luigi, par exemple, sont pratiquement muets.
Dans les jeux, ces sémillantes mascottes sont avant tout des systèmes d’action dont la fonction est de sauter, glisser, grandir, rapetisser et traverser la tuyauterie des niveaux. La parole ne ferait que les ralentir, car elle s’oppose au principe de dynamisme libre et transgressif qui règle les capacités de transformation débridées de ces jeux. Mais même lorsque Nintendo se fait bavard, les développeur·euses usent d’astuces pour se maintenir à distance de la langue. Dans Animal Crossing, qui est avant tout un jeu social conçu autour de la notion de communauté, les personnages s’expriment ainsi à l’aide d’un charabia inventé, l’Animalese (parfois appelé Yaourt), qui colore d’une anthropomorphisation enfantine nos interactions avec les villageois. Ce langage oral possède un son élastique, conçu à partir d’un enregistrement accéléré et déformé du texte lu, qui souligne la malléabilité des relations factices que nous tissons dans ce monde simulacre, miroir ludique d’une microsociété réelle. Contre tout artifice de ce type, les succès critiques de jeux tels que The Witcher 3 : Wild Hunt, Disco Elysium ou encore Baldur’s Gate 3 ont consacré des récits arborescents faisant la part belle aux logorrhées ainsi qu’aux choix personnels par lesquels les joueur·euses deviennent maîtres·esses de leur propre histoire. Ces dernier·es s’accordent avec la parole et le tempérament des personnages qu’ils ou elles incarnent et ont l’impression d’être celles ou ceux qui parlent. Ces dernières années, les mécaniques du jeu de rôle ont investi la plupart des grandes licences à succès. Zelda, malgré son esthétique sibylline, n’a pas échappé à cette tendance. En témoigne, dans ses deux plus récents épisodes, la place accordée à l’équipement, aux statistiques, à la collecte de ressources et à la confection ingénieuse d’objets. Plus encore, la quantité de dialogue (souvent fastidieuse) qui accompagne les quêtes annexes dans Tears of the Kingdom illustre le désir de faire du royaume d’Hyrule un monde perpétuel et vivant. Mais malgré ces changements, Link demeure invariablement muet. Il eût pourtant été tentant pour les concepteurs de Zelda de se rapprocher des conventions en vigueur dans le jeu grand public, à grand spectacle et à grands espaces. Songeons par exemple à Uncharted qui, face à des panoramas sensationnels, préfère attirer notre attention distraite sur le va-et-vient conversationnel entre ses chasseur·euses de trésors. Ces échanges incessants sont la marque d’une rythmique chère au studio Naughty Dog, passé maître dans l’art de reproduire l’illusion d’un spectacle vivant. D’une manière similaire, dans la série GTA, la traversée d’un monde ouvert fourmillant et de ses distances étirées a lieu sous des tunnels de conversations facétieuses, à la manière d’un buddy movie quelque peu assommant. Malgré l’ampleur de son cadre, le jeu refuse que nous nous abandonnions à la contemplation de la route. Alors que tous ces jeux abondamment dialogués ont fait recette, le fait de privilégier des protagonistes muets peut sembler un archaïsme. Le passage de la saga Zelda à l’ère moderne avec son premier épisode en 3D polygonale (Ocarina of Time, en 1998) avait pourtant entériné ce choix. Le mutisme de Link y devenait un parti pris faisant du héros de légende l’équivalent d’un errant, un étranger silencieux voyageant entre les différentes contrées où le mène la providence sans qu’il ne s’y attache durablement. Car Link est un « sans-terre », ainsi que l’entend Henry David Thoreau lorsqu’il prête à l’expression une origine étymologique de l’anglais « saunterer », c’est-à-dire le promeneur flâneur. En effet, la marche est l’action principale du jeu. Elle est habitée par « l’esprit chevaleresque et héroïque » d’antan qui, selon Thoreau, a survécu chez le marcheur. Cette activité libre n’est pourtant pas immotivée, ce qui a conduit Nintendo à inventer des personnages de guides pour nous escorter dans notre quête. ↓ 99
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Le plus célèbre de ces médiateur·rices est la fée Navi d’Ocarina of Time, dont les interventions intempestives et la volubilité déplaisante contraignent les joueur·euses à suivre la direction établie par les concepteurs. Entre le protagoniste muet et la voix du jeu, il y a donc une contradiction qui agit comme un transfert de parole : ce que l’un ne peut pas dire, l’autre le martèle. Ce paradoxe coïncide avec l’entrée de la série dans la 3D et s’accentue par la suite. La présence de « guides parlants » devient alors si décriée que Nintendo renoue, dans Breath of the Wild, avec la pureté laconique de l’épisode originel de la série. Ce que nous rappelle l’aspect naturel et empirique de Breath of the Wild, c’est que la parole n’est pas la seule manière de s’exprimer dans un jeu vidéo. Au contraire, on y parle beaucoup à travers les affrontements : les œuvres de FromSoftware (Dark Souls, Elden Ring) qui reposent sur une dialectique du combat aussi impitoyable qu’entêtante sont aussi de grands jeux mutiques. Dans le cas de Zelda, le dialogue avec le jeu se crée encore davantage à travers les énigmes. Celles-ci nous poussent à adopter un regard original s’accordant avec un langage audiovisuel propre. De la même manière, le développeur Jonathan Blow imagine dans The Witness une île truffée de mystères à élucider : son personnage n’est pas seulement muet mais aussi transparent et anonyme, car le véritable protagoniste est l’île elle-même. Cet environnement, qu’il faut regarder avec une attention perçante, contient la clé des énigmes. Dans Breath of the Wild également, c’est le paysage qui parle aux joueur·euses, et non l’inverse. Pourtant, ces dernier·eres sont doué·es d’un pouvoir immense : pouvoir transformer l’environnement et le modeler à leur guise selon le libre usage des outils fournis par les concepteur·rices. Dans Ocarina of Time, un air joué à l’ocarina suffit à faire lever le soleil ou à remonter le temps. Dans The Wind Waker, une baguette de chef d’orchestre permet de faire tourner les vents marins. Le langage musical remplace la parole et les instruments deviennent la voix de Link. Dans ces jeux, tous les exploits du personnage, de son épée sacrée ou de ses objets fétiches contribuent à rendre le territoire praticable. Une bombe sur une fissure ouvre une grotte. Un grappin métallique lance un pont entre deux rochers. Une graine fait pousser une plante ascenseur, et ainsi de suite. Se dessine alors une nouvelle carte du royaume, produite par nos actions éloquentes. N’oublions pas que, d’un épisode à l’autre, la quête de Link consiste toujours à recoller les morceaux d’une relique brisée, à réparer un monde en lambeaux et à ressouder les peuples. Sorti récemment, le jeu d’aventure Chants of Sennaar raconte l’ascension d’une tour de Babel où le joueur est chargé d’apprendre les langues des cinq communautés qui l’habitent. Bien que son personnage soit muet, ce dernier est capable de décrypter les écritures ; il peut écouter, récolter les histoires et raccommoder les peuples de la tour. À la fin, tous les étages communiquent à nouveau.
Énigmatique et épuré, Chants of Sennaar appartient donc à la même famille que Zelda : s’il prive son héros de parole, c’est pour mieux lui permettre de faire parler le monde.
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Visuels par ordre d'apparition : Zelda / Myst / Super Mario Bros / Animal Crossing / The Witcher / Disco Elysium / GTA / Ocarina of time / Elden Ring / The Witness / Wind Waker / Chants of Sennaar
MARS � JUIN THEATRE13.COM
ALEXANDRA TOBELAIM HUGUES DUCHÊNE RAOUF RAÏS PRIX T13 LÉO COHEN-PAPERMAN
Blah @y.massco
KO YUKABMlaAhSUBlah
PAR MAXIME GUEUGNEAU
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Il est temps de revenir aux fondamentaux : la bande dessinée. Histoire d’illustrer ce nouveau numéro sur la parlote, nous avons choisi de vous présenter deux bouts d’œuvres dont les rapports au texte sont radicalement opposés. Quand Mœbius la boucle, Salomé Lahoche s’épanche et ça donne une drôle de discussion.
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BLA BLA BLA — LES BASIQUES RETRO — MŒBIUS
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BLA BLA BLA — LES BASIQUES RETRO — MŒBIUS
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Arzach, Mœbius, Les Humanoïdes Associés, 1976
Il nous tardait de réentendre le bruissement du vent caressant les ailes du ptérodactyle. Alors, au milieu du brouhaha qui constitue la sève de ce numéro, nous avons choisi d’emprunter un temps le tunnel de son exact opposé, le mutisme. Profitez donc de ce moment où la bouche reste close, où elle ne bave ni la banalité, ni l’absurdité, où elle ne dicte rien de ce que vous devez penser. Pas une seule parole ne vient parasiter votre cerveau en marche. Seul face à des pages aussi époustouflantes qu’intrigantes, il prend vite la poudre d’escampette. Face à elles, le voilà libre d’en planter le contexte, d’en formuler l’avant et l’après, de lui prêter un ton, d’en préciser les intrigues. En choisissant ces quelques planches d’Arzach, de Mœbius, nous avons voulu montrer ce qui arrive quand la bande dessinée se dévêt d’un de ses éléments a priori cardinaux : le texte. Pas de bulle, pas de voix off, pas d’indication. La fameuse alliance du texte et de l’image qui définit fréquemment le neuvième art se retrouve amputée de sa moitié. Et pourtant, ça marche drôlement. Comment Mœbius accomplit-il ce miracle en cette belle année 1976 quand paraît l’album Arzach aux Humanoïdes associés ? Déjà, parce qu’il ne s’agit pas d’un miracle. Si l’un des piliers de la bande dessinée est effectivement le texte, elle peut adapter son architecture pour tenir debout malgré son absence. Le verbe ne définit pas la bande dessinée. Son inexistence est d’autant moins excluante que le manque de parole est une évolution bien plus qu’une amputation. Il s’agit d’une épuration qui laisse la séquence d’images être enfin seule maîtresse de la narration.
Ce n’est pas un miracle, deuxième partie. Mœbius est en fait loin d’être le premier à jouer au plus malin avec la bande dessinée. L’idée de se passer de texte ne date pas d’hier puisqu’on retrouve la trace des premières bandes dessinées sans parole dans des périodiques allemands de la moitié du XIXe siècle. Même en France, Caran d’Ache publie ses premiers strips muets dès les années 1880. Longtemps cantonnée aux petites BD pour journaux, la BD silencieuse voit son premier long format sortir en 1930 avec le He done her wrong de Milt Gross (édité en France en 2019 par La Table ronde). Là encore, Mœbius n’est pas pionnier. Il y a pire. Alors qu’il pourrait s’enorgueillir d’avoir sorti du grand monde de la blague ce genre cantonné à l’humour, il est en fait le deuxième à le faire. Les douze planches de Raymond Poïvet parues dans le magazine Comix 130 en 1971 transportaient déjà la BD muette dans le domaine de la science-fiction. Une innovation que Mœbius ne pouvait ignorer puisqu’il dessina la couverture du numéro.
BLA BLA BLA — LES BASIQUES RETRO — MŒBIUS
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Alors quoi ? Pourquoi nous bassiner avec Arzach ? Parce qu’après sa parution dans la revue Métal Hurlant n° 1 en 1975, cette bande dessinée est la première du genre
à paraître en album ; parce qu’en plus, il se vend bien ; parce qu’elle symbolise l’audace et le renouveau porté par une génération d’auteurs qui veut imposer la bande dessinée comme un art majeur ; parce qu’Arzach aura une résonance mondiale et imprimera sa marque dans l’imaginaire de nombreux auteurs et autrices en Europe, aux États-Unis et même au Japon. Avec Arzach, Jean Giraud/Mœbius réussit à repousser les limites connues de la bande dessinée grâce au mutisme mais aussi grâce à un dessin et une composition des pages proprement confondants. Et si miracle il y a, il se situe bien là : tout en écartant les murs de la chambre du 9e art, il parvient à rendre ces expérimentations digestes voire attractives pour le grand public qui se rue sur cet album bizarre, sans parole, sans scénario, construit en chapitres qui ne se suivent pas forcément et avec un héros dont l’orthographe du nom change constamment – s’il s’agit bien de son nom, d’ailleurs. La bande dessinée sans parole peut à présent bomber le torse et se ranger sans rougir aux côtés de ses copines parlantes. Mœbius a tout simplement prouvé que c’était possible. La porte était alors ouverte. Bien des artistes de grand talent se sont ensuite glissés dans l’entrouverture. Les facétieux associés des années 1990, Lewis Trondheim en tête (La Mouche, 1995, Seuil), ne sont pas les derniers à avoir goûté aux délices du dessin taiseux. On peut citer également Étienne Lécroart (Et c’est comme ça que je me suis enrhumé, 1998, Seuil), Pia-Mélissa Laroche (Mandoline, Matière, 2023) ou encore de Nicolas Presl (ses albums chez Atrabile à partir de 2012). Mais il n’y a pas qu’en France qu’on déguste la BD sans parole puisqu’on peut voir l’Argentin Alberto Breccia se taire dans son Dracula de 1982 (1992 pour l’édition française chez Les Humanoïdes associés), tout comme les Suisses Thomas Ott (Exit, 1997, Delcourt, entre autres) et Helge Reumann (sa série d’albums depuis 2017 chez Atrabile, lui aussi), les Américains Peter Kuper (Le Système, 1996, réédité en France par Nada en 2023) et Jim Woodring (la série Frank, parue en France chez L’Association) ou encore la Belge Aurélie Wilmet et son Rorbuer (2020, Super Loto Éditions). Ce name-dropping pour constater que la brèche ouverte – ou du moins largement expoPOUR LIRE + sée – par Mœbius continue de laisser passer la lumière. → Deux manches et la belle de Milt Gross, La Table ronde, La bande dessinée muette n’est pas qu’une marge expérimentale, prise en main par deux-trois laborantins zinzins coincés dans leur cave. Il s’agit d’une grammaire alternative, d’une déviation syntaxique sans laquelle il serait impossible de montrer certains paysages, de parler certaines langues. Au fil des ans, et grâce à des Champollion du genre Mœbius, les auteur·rices et les lecteur·rices ont su prendre en main ce dialecte particulier mais ô combien salvateur de la bande dessinée moderne.
2019 (1930). → Frank de Jim Woodring, L’Association, 1998 (1994). → SUV de Helge Reumann, Atrabile, 2019. → Rorbuer d’Aurélie Wilmet, Super Loto Éditions, 2020. → Mandoline de Pia-Mélissa Roche, Éditions Matière, 2023. POUR EN SAVOIR + → « Une histoire de la bande dessinée muette », article de Thierry Groensteen, Neuvième Art nos 2-3, 1997-1998, revu en octobre 2015. Disponible sur citebd.org/neuvieme-art. → « La bande dessinée muette », article de Jessie Bi, Du9.org, juin 2006. Disponible sur du9.org/dossier/bande-dessineemuette-1-la
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La Vie est une corvée, Salomé Lahoche, Exemplaire, 2023
Il peut arriver que la bande dessinée soit un poil bavarde. Il peut arriver que les lecteur·rices, assailli·es par toutes ces lettres et tous ces mots et toutes ces phrases lâchent l’affaire pour se concentrer sur sa somnolence subite. Il peut arriver qu’il soit en train de lire un Blake & Mortimer. Mais avalanche de texte ne veut pas forcément dire ronfleries en cascade. Salomé Lahoche, dont on vient de parcourir un extrait de sa première BD, La Vie est une corvée, issue de ses publications sur Instagram, fait ici du texte la force motrice de ses planches. Le dessin – par ailleurs très intelligemment composé – doit se faufiler entre les bulles et la voix-off omniprésentes pour ajouter sa pierre à l’édifice. Mais qu’il reste dans le wagon, c’est l’écrit qui conduit la loco. Eh bien même avec tout ça, la paupière ne s’affaisse pas. Mais que peut bien raconter Salomé pour nous tenir en haleine de la sorte ? Elle glose sur elle, sur nous tou·tes, sur son quotidien, sur ce qu’elle en pense, sur ce qu’elle voit des autres et du monde. C’est d’ailleurs en grande partie cette hypersubjectivité et cette impression de franchise totale qui nous tient éveillé·es. Et aussi le fait que ses histoires sont courtes, aussi. Car Salomé Lahoche tranche sa vie en plein de mini-épisodes d’une drôlerie remarquable et d’une honnêteté perçue comme totale. Et comme de tout bon feuilleton, nous sommes devenu·es accros. Le travail de Salomé Lahoche se situe au croisement de deux genres à peu près bien définis de la bande dessinée. Il y a d’un côté la tradition pluriséculaire (ou presque) du strip humoristique à retrouver selon un rythme à peu près régulier. Pilier de la bande dessinée des débuts, la petite blagouze à retrouver dans le journal a, de fait, développé en grande partie cet art tout jeunot – ou au moins payé ses premiers artistes. Cham, Steinlein, Caran d’Ache en France ou Outcault aux États-Unis ont illuminé les journaux de leur temps grâce à un sens de la poilade bien affûté. Salomé Lahoche s’inscrit dans cette lignée-là, qui a tout de même évolué un chouïa depuis le temps. En publiant sur Instagram, Salomé Lahoche conserve de cette époque à la fois les contraintes fortes d’un média au format gravé dans la roche – 10 slides max et un format de cases très peu malléable – et une certaine régularité dans ses publications, en plus de la « mission » divertissante de ce genre de publication symbolisé par son humour présent même dans ses récits les plus introspectifs. Car oui, la spécificité du travail de la jeune autrice – qu’elle partage avec d’autres de sa génération à l’instar de Maëlle Réat ou de Félix Auvard – est qu’elle n’hésite pas à révéler de nombreux aspects de sa vie, même les moins reluisants. En cela, elle vient s’inscrire dans une autre catégorie de la bande dessinée, celle de l’autobiographie. Bien moins âgée que le principe du gag périodique, cette sous-catégorie↓
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du 9e art vit pourtant, depuis quelques décennies, sa meilleure vie. Edmond Baudoin, Fabrice Neaud, David B., Dominique Goblet, Joe Matt et Alison Bechdel, entre autres, ont donné ses lettres de noblesse à un style qui s’acoquine bien joliment avec la bande dessinée. Il fleurit d’autant plus aujourd’hui à l’heure où la mise en scène de soi et la diffusion ultra-rapide permises par Internet se sont mariées pour le pire et le meilleur. C’est peut-être d’ailleurs l’ère des « blogs BD », marquée par l’avènement de Pénélope Bagieu, qui serait le parent plus direct du travail effectué par ces auteurs et autrices qui ont fait d’Instagram le déversoir de leurs angoisses et bonheurs. Cela dit, la « patte » Salomé Lahoche est indéniable et, à notre humble avis, terriblement savoureuse. On l’a dit, l’une des particularités de l’Angoumoisine est cette parole omniprésente. Avec une voix off en forme de journal intime et des bulles qui viennent soit illustrer soit décaler le propos, le texte donne l’architecture des strips de La Vie est une corvée. C’est lui principalement, grâce une science de l’écriture assez rare, qui fait le sel drolatique des histoires. Cynisme et autodérision sont au cœur de l’humour de la jeune autrice, n’hésitant pas à se moquer d’elle comme elle se moque des autres et de l’époque en général dans une sorte de nihilisme militant mais dont les failles révèlent encore une once d’espoir. Toutefois, il ne faut pas oublier que le médium choisi par Salomé Lahoche est la BD, et donc un art charpenté par le rapport texteimage. Et le dessin, ici, vit bien avec le groupe. Par son accessibilité et son aspect brut, il accompagne la franchise du texte et l’honnêteté des épanchements. Comme le récit écrit, le dessin semble lui aussi s’être dévêtu des filtres de la bienséance et de la pudeur, il se donne l’air de venir naturellement, aussi directement que la confession nous est narrée. Les couleurs vives et la palette à grosse tendance jaune-violet maintiennent une vivacité qui permet la séduction mais aussi – de façon purement biologique – l’accroche pour un lecteur qui est avant tout, sur Instagram, un scroller. Pas étonnant, donc, que Salomé Lahoche ait surnagé parmi ses contemporains francophones, autant par la qualité supérieure de son travail que par son expertise du dispositif dans lequel elle publie.
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La Vie est une corvée est issu d’un maillage entre des évolutions technologiques, de nouvelles habitudes de lectures et une ascendance où se marient deux genres, l’autobiographie et le strip humoristique. Mais elle est surtout le POUR LIRE + fait d’une autrice qui a su se servir de l’environnement dispo- → Journal, T.1-T.4, Fabrice Neaud, Ego comme X (réédités chez 1996-2002. nible pour adapter la bande dessinée à sa sauce. Son travail au- Delcourt), → Fun Home, Alison Bechdel, Denoël Graphic, 2013 (2006). tour d’un rapport texte-image a priori déséquilibré lui donne → L’Ascension du Haut Mal, David B., L’Association, 1997. → Ma Vie est tout à fait fascinante, Pénélope Bagieu, Éditions la possibilité de tracer son propre chemin et de faire de cette Jean-Claude Gawsewitch, 2007. entorse aux règles classiques la force première des épisodes de → Savoir vivre, Félix Auvard, Robert Laffont, 2023. vie qu’elle nous raconte. Pour son nouveau projet, Ernestine, elle POUR EN SAVOIR + rebat ses propres cartes puisqu’elle s’est lancée dans un long → Le Bouquin de la bande dessinée, entrée « Autobiographie », Groensteen (dir.), Robert Laffont, 2020. format, sans prépublication sur Internet et sans parler d’elle. Thierry → Génie de la bande dessinée, Benoît Peeters, Collège de France éditions, 2022. Et, à première vue, moins prolixe.
ARTISTE INVITÉE → NINA BOURAOUI LYON | VILLEURBANNE | OULLINS | VALENCE | ST-ÉTIENNE | SAINT-FONS | RILLIEUX-LA-PAPE
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Design graphique et photographie : Clément Sanna
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BiennAlE dEs musiques exPlorAtoiREs
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ARIE TOMmDallETalk
PROPOS RECUEILLIS PAR MAXIME GUEUGNEAU & ELORA QUIT TET
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INSOMNIE
MAËLLE REAT Exemplaire (2023)
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INAVOUABLE
THÉOPHILE SUTTER Hachette Heroes (2023)
BLA BLA BLA — INTERVIEW CROISÉE
bar de rugbymen fermé.
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effraction dans un Une nuit bourré, je suis entré par « Secret#15 - La coupe est pleine nt exposés. » étaie y qui ées troph reux nomb des J’ai chié dans un
Quoi qu’on en dise, on aime son prochain. Ou en tout cas, il nous plaît beaucoup de savoir ce qui lui arrive. On veut l’entendre parler de lui, de ses joies, de ses peines et, plus prosaïquement, de son quotidien. Ces narrations de l’intime se sont multipliées ces dernières années, prenant mille formes et bénéficiant d’une diffusion jamais vue. Nous sommes devenu·es, peu à peu, les confident·es d’une masse toujours plus grande de gens qu’on ne connaît pas. Et ça nous plaît beaucoup. Le succès des podcasts de témoignages, des strips autobiographiques sur Instagram ou des concours d’anecdotes en tout genre en sont les preuves irréfutables. Mais pourquoi, bon sang ? Et comment ces témoignages parviennent-ils jusqu’à nous ? Comment met-on la vie en récit ? Comment parler de soi ? Comment reproduit-on la parole des autres ? Pour résoudre ces mystères de notre monde moderne, nous avons pris le temps de la discussion avec Maëlle Reat, autrice de la BD autobiographique Insomnie, sortie aux éditions Exemplaire, Benjamin Saeptem Hours, cofondateur et président de TDA prod, responsable éditorial chez Slate.fr pendant cinq ans, s’occupant notamment des podcasts Première et dernière fois, C’est compliqué et Transfert dont il assure toujours la production éditoriale et, enfin, Théophile Sutter, auteur et illustrateur dont le dernier livre Inavouable, sorti chez Hachette, recueille et retravaille des anecdotes honteuses qui lui ont été racontées. Deux bédéastes et un journaliste pour nous parler de la façon dont on travaille cette drôle de matière qu’est le témoignage. 121
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KIBLIND
Pourquoi avoir choisi le témoignage
comme axe central de vos productions respectives ? Je pense que c’est quelque chose qui s’est fait naturellement. J’avais des choses à évacuer et je l’ai fait par le biais des réseaux sociaux. Parce que c’est surtout comme ça que j’ai commencé. Je fais un peu partie de la nouvelle génération qui utilise ce médium-là. Au début, c’était comme une espèce de journal de bord ou de journal intime que je tenais. L’éditrice et dessinatrice Lisa Mandel m’a ensuite repérée par rapport à mes posts sur les réseaux. C’est comme ça que j’en suis venue à me dire que je pouvais éditer ces histoires et, finalement, leur donner un autre format autre que celui d’un petit téléphone. MAËLLE RÉAT
mon travail autour de la comédie et des histoires qu’on se raconte pour rire autour d’une table. Mon premier album, Le Roi Honnête, était plutôt dans cet esprit-là, autour du thème de la cuisine. Pour le faire, j’avais mis une boîte à secrets dans mon café préféré, avec comme concept « un café contre un secret ». Mais finalement, les meilleurs secrets que j’ai retenus, c’est des trucs qu’on m’a racontés oralement. Je trouve que les gens se lâchent plus à l’oral. Ils se sentent plus libres et donnent plus de détails. Il se passe des trucs dans la vie de tous les jours qui dépassent souvent ce qu’on pourrait imaginer dans le cadre de la fiction. C’est ça qui est incroyable et que je trouve hyper beau. Nous, c’est quelque chose qu’on nous demande souvent : si les témoignages sont réels. Transfert existe depuis 2016, on a fait quasiment 300 épisodes et on a encore des gens qui nous demandent si les histoires sont vraies. Oui, elles sont toujours vraies. Et c’est bien les gens qui les ont vécues qui les racontent et pas des comédiens. C’est toujours la personne à qui l’histoire est arrivée qui vient la raconter. Transfert, ce sont des histoires extraordinaires qui arrivent à des gens ordinaires. Dans une vie, il peut se passer des choses que tu ne peux même pas imaginer si tu essaies de les inventer.
BSH
Et vous, de votre côté, pourquoi
s’intéresser à la vie des autres, la vie des gens ordinaires ? Chez Slate, ça fait partie de l’ADN depuis le départ. Quand je suis arrivé pour développer le podcast, ça faisait partie de la ligne édito. L’idée, c’est de raconter la société à travers les témoignages des gens, des gens « lambda » que tu pourrais croiser à la boulangerie le matin. Le projet, c’est de parler d’un petit bout de la société à travers un témoignage auquel tu peux t’identifier. Ou alors au contraire, un témoignage très éloigné de ta vie et qui te raconte quelque chose que tu ne connaissais pas. BENJAMIN
SAEPTEM
HOURS
Moi, pour le coup, ça s’est fait un peu par hasard. C’était une continuité de mon album précédent qui parlait du thème des secrets et de la vie privée. Pour animer un peu le lancement de l’album précédent, j’avais mis une boîte à secrets pour que les gens qui viennent au vernissage s’amusent. C’est mon éditrice qui a eu l’idée d’en faire un livre et j’ai trouvé l’idée vraiment excellente. Globalement, j’aime bien orienter THÉOPHILE SUTTER
BLA BLA BLA — INTERVIEW CROISÉE
On a souvent tendance à confondre l’ordinaire avec le banal, alors qu’il y a une grande différence entre les deux. Il y a une vraie force extraordinaire dans l’ordinaire.
MR
KIBLIND
Le recueil de témoignages ou l’autofiction
sont des formats qui fonctionnent bien en ce moment. À votre avis, pourquoi ça intéresse tant les gens, la vie des autres ? Il y a un côté voyeur déjà, se dire « je suis tellement heureux que ça me soit pas arrivé à moi ». Et puis il y a la réaction des gens qui font face à un truc qui sort de l’ordinaire.
TS
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KIBLIND
Je pense que ça dépend vraiment du ton et de l’angle que tu prends. Il y a le côté « si c’est pas moi, tant mieux ». Mais aussi « qu’est-ce que j’aurais fait ? ». Tu as un côté un peu voyeuriste selon les sujets et les thématiques. Nous, on cherche de l’universel. Dans Transfert, c’est parfois difficile parce qu’il y a des histoires qui sont très spécifiques et auxquelles tu ne peux pas t’identifier directement. Mais tu te projettes en te disant « est-ce que, moi, je l’aurais vécu pareil ? ». BSH
Personnellement, j’ai plusieurs hypothèses sur le sujet, mais j’ai l’impression que, d’un côté, il y a ce besoin de se raconter soi et, de l’autre, de lire des gens qui se racontent. On peut y trouver une forme de réponse aux questions « qui suis-je ? », « qu’est-ce que je cherche ? », « est-ce que les autres sont comme moi ? », « est-ce que je suis bizarre ? », etc. Mais il y a aussi ce côté « heureusement que ça ne m’est pas arrivé ». MR
Ce genre de témoignages peuvent aussi aider les autres. Ces témoignages peuvent leur permettre de prendre du recul sur ce qu’ils vivent eux-mêmes, non ? KIBLIND
Oui, c’est sûr. Moi, comme je fonctionne beaucoup avec les réseaux sociaux, ça m’a beaucoup touchée d’avoir des réponses de lecteurs. Je parle de deuil amoureux, du passage à l’âge adulte, de plein de thématiques que beaucoup de gens sont amenés à connaître dans leur vie. Je ne me rendais pas compte que mes petits posts faisaient du bien à certaines personnes. Elles ont pu voir qu’elles n’étaient pas les seules à traverser ces choses. C’est déjà une petite victoire. MR
Moi encore une fois, c’était vraiment dans le cadre d’un livre que je voulais le plus drôle possible donc j’avoue que je ne me suis pas vraiment posé ces questions-là. Le but, c’était de faire le livre le plus absurde et rigolo possible. ↓
TS
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BSH
Faire rire les gens, c’est déjà les aider.
Ouais, après, moi je vois mes albums comme des trucs qu’on lit pour penser à autre chose.
KIBLIND
Tu parlais de la volonté de ne pas en
faire trop : quelles sont les limites que vous vous imposez quand vous racontez une histoire ?
TS
Moi, c’est celle de l’anonymat. Du moment qu’il est respecté, je pense qu’on peut tout raconter. Dans le cadre de l’album que j’ai fait, les histoires les plus savoureuses étaient celles qui repoussaient le plus les limites de ce qui peut arriver aux gens. Je trouvais ça intéressant de se mettre le moins de freins possible pour rendre la chose la plus exubérante possible. TS
On reçoit souvent des messages de gens qui nous disent « ça fait complètement écho avec ce que je suis en train de traverser : ça fait du bien parce que je me dis qu’il y a une lumière au bout », mais c’est pas le but de Transfert. On raconte des histoires. Si ça peut aider, tant mieux, mais c’est pas le but.
Il n’y a pas une histoire où tu t’es dit « j’aimerais trop la mettre... mais je peux pas » ?
BSH
Non, j’avais plutôt tendance à penser que les histoires étaient un peu sages en fait. Il y en a que je n’ai pas raconté parce qu’elles étaient assez trash, mais je les garde peut-être pour un tome 2.
TS
BSH
Il n’y a pas de tabous, quoi.
Non, au contraire. Je trouve que plus ça sort de ce qu’on peut imaginer de la vie, plus c’est intéressant. TS
Sur Transfert, notre limite première, c’est qu’on fait six podcasts par mois ; donc on évite par exemple les récits qui se répètent trop. On n’a pas de limite particulière sur les types d’histoires. Ce qui va nous arrêter, c’est plus l’état d’esprit de la personne qui la raconte. On prend des gens qui ont déjà absorbé ce qu’ils nous racontent. S’ils nous disent « c’est arrivé la semaine dernière, et ça va faire tellement du bien d’en parler, comme une thérapie », on leur dit « bon on va attendre un an, du coup ». Concernant l’anonymat, pendant un temps, on le faisait un peu à géométrie variable selon la personne qui témoignait. Maintenant – à de très rares exceptions, pour des gens qui sont déjà dans la sphère publique – on anonymise totalement et tout le temps. BSH
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C’est un problème qu’on a eu parfois sur Transfert, c’est qu’il y a des sujets qui peuvent revenir, la maladie, les accidents, etc. On essaie de ne pas en faire trop. Parce que justement, tu écoutes aussi pour penser à autre chose. BSH
Parce qu’il y a des centaines de milliers de personnes qui écoutent et donc il y a toujours quelqu’un qui va essayer de venir creuser d’une manière ou d’une autre. Dans l’album, j’avais aussi un choix éditorial où je ne voulais pas trop me répéter. Il y a le sujet scatologique qui, c’est vrai, arrive souvent en premier quand on demande aux gens de nous raconter un secret inavouable. Je voulais éviter cet écueil, même si j’étais quand même obligé de mettre un peu des trucs sexuels et compagnie, parce que ce sont les histoires les plus gênantes. Mais je voulais que plus de la moitié de l’album n’ait rien à voir avec ça, sinon ça aurait été un peu bas de plafond.
KIBLIND
D ans tout ce que vous faites, il y a une mise en récit. Même dans les témoignages de Transfert, il y a un remodelage, du montage, etc. Comment met-on sa vie, ou celle des autres, en récit ?
TS
Moi, c’est une question à laquelle je n’ai pas encore répondu. Quand j’ai fait Insomnie, je n’ai pas vraiment réfléchi aux limites. C’était plutôt un journal intime. Mon prochain livre est sur l’histoire de ma mère qui est séropositive. Je raconte son histoire mais toujours en lui demandant son accord ; sur ce qu’elle a envie de raconter et sur la façon dont on peut le raconter. Dans Insomnie, il y avait zéro limite, et c’est tant mieux parce que c’est ce qui fait que ça sonne vrai. J’ai tout écrit à vif. J’y parle de mon premier deuil amoureux, de ma première relation avec une fille… Pour mes prochains albums, je réfléchis vraiment à ce qu’on donne de soi et pourquoi on le donne.
MR
Il y a une différence entre la BD d’un côté et le podcast, le documentaire ou le cinéma, de l’autre. Au-delà de changer les prénoms, il y a un filtre qui se met place. On n’entend pas les voix, on ne voit pas l’apparence. C’est plus aux lecteurs de s’imaginer les choses. Pour moi, à partir du moment où ça devient un livre, ça devient de la fiction même si c’est du réel. Dans la BD, il y a un écran qui rend les choses plus anonymes encore.
Sur Transfert, c’est beaucoup d’écriture en amont. Le processus, en règle générale, c’est que les gens nous écrivent pour nous dire qu’ils aimeraient témoigner sur tel sujet et nous font un résumé de leur histoire. Une fois que ça a été sélectionné par le comité, on dépêche un ou une journaliste pour une première très grosse interview qui sert à avoir tous les détails possibles et imaginables. On peut ensuite écrire tout le plan de l’histoire, qui est à 99 % chronologique. L’idée de Transfert, c’est que quand tu écoutes une histoire d’une personne, tu la vis toi aussi. On pousse beaucoup ceux qui témoignent à parler au présent de narration, ce qui permet une immersion plus forte. Ensuite, ils reviennent en studio et ils racontent leur histoire. Il y a forcément du montage, car c’est très dur de raconter son histoire tout seul pendant une heure : les gens font des pauses, ils se reprennent, etc. Mais on déplace très peu de choses. On nettoie juste. Il y a aussi la musique qui vient ajouter un peu de texture, d’accompagnement. On l’utilise par petites touches, quand il faut faire une légère pause, par exemple, ou pour soutenir une émotion, mais sans l’écraser ou la forcer dans les oreilles des auditeurs. Ce qui compte, c’est la voix de la personne et ce qu’elle est en train de raconter. ↓
BSH
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Le but, c’était d’essayer le truc qui me faisait le plus rire. Alors, ce qui est un peu particulier quand on fait de l’humour en bande dessinée, c’est qu’on est seul : quand on rit, on se dit : « Est-ce que c’est vraiment drôle ou c’est moi qui suis débile ? ». MR
L’idée c’était avant tout de me dire : « Qu’est-ce que je peux imaginer avec cette histoire ? ». J’étais totalement libre de mettre en scène ces histoires dont je n’avais pas été témoin. Tous les éléments de décor, tous les personnages, j’étais libre de les imaginer. Je me demandais ce que je pourrais faire d’encore plus rigolo avec cette matière brute.
TS
KIBLIND
Déjà, j’essaie toujours de penser aux albums comme des objets graphiques complets, avec les couleurs, le format, le papier, etc. Ça donne déjà une sorte de cahier des charges qui définit le travail en amont. Ensuite, je me demande quelle est la manière la plus impactante de raconter chaque histoire. Il y a des histoires où je reprenais mot à mot le texte de la personne et ça pouvait se traduire par une pleine page comme une affiche avec juste quelques mots qui n’étaient pas du tout retravaillés. Il y avait aussi des histoires un peu plus longues où j’essayais aussi de ne presque pas retoucher le texte. Enfin, il y avait des histoires qui étaient tellement longues et incroyables que ça me donnait des idées de blagues parallèles, que je rajoutais pour mettre un peu de sel. L’idée, c’était de ne jamais modifier l’histoire en elle-même, mais je me suis autorisé beaucoup de digressions. TS
BLA BLA BLA — INTERVIEW CROISÉE
Dans tout ce que vous faites, il y a une
part de vérité que vous cherchez à transmettre mais aussi, forcément, une dose de subjectivité. Comment faites-vous pour placer une part de vous-mêmes dans ces témoignages ?
D’autant plus que la BD, c’est un art de
l’ellipse. Théophile, toi dans ton livre, il y a même des histoires qui sont résumées en une seule image. Comment on construit ça ?
Je comprends tellement.
Moi, j’ai l’impression que quand je rajoute des choses, j’essaie de faire en sorte que le lecteur arrive à comprendre que c’est un ajout comique qui est de mon fait, et que ce n’est pas dans l’histoire. Il faut que ce soit suffisamment bien agencé pour qu’on comprenne que c’est un gag annexe, et que ça n’ait pas d’impact sur la véracité de l’histoire. J’essaie toujours de jongler entre l’authenticité de l’histoire et les ajouts comiques qui rendent la lecture encore plus rigolote.
TS
Quand je parle avec des gens qui ont lu ce livre, ils savent que c’est un jeu. Ça reste un livre. J’ai donc plutôt des retours sur des scènes, des parties comiques ou tragiques mais ils n’en parlent jamais en me disant : « tu l’as vécue comment ? ». C’est surtout : « Ah, cette partie du livre, ça m’a trop parlé. » Ils restent dans l’objet, en fait. Ça me rappelle que tout est un peu fiction, une fois que c’est dans un livre. Ce n’est plus toi.
MR
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C’est marrant parce que moi aussi, pour l’album Insomnie, j’avais tout écrit au passé, et mon éditrice m’a dit qu’il fallait tout mettre au présent de narration, pour avoir l’impression d’être vraiment dedans et de vivre l’aventure avec les personnages. C’est quelque chose que j’ai gardé aussi. Au-delà de ça, comment on se raconte soi et comment on raconte les autres ? Moi, je dirais que c’est guidé de manière naturelle par l’émotion. J’ai toujours trois carnets avec moi quand j’écris un bouquin. J’ai un carnet qui s’appelle « Dialogues » où je note plein de petites phrases que j’avais gardées en tête. À côté de ça, il y a mon carnet « Structure » où je détaille les plans, le squelette global, et ensuite, j’ai donc le carnet « Storyboard ». Tout commence par les dialogues, et ensuite comme tu dis, Benjamin, on nettoie, on filtre. MR
KIBLIND
Surtout que votre dessin, à vous deux,
n’est pas du tout réaliste. Est-ce que le style de dessin peut jouer ? Est-ce que vous jouez de ça ? Oui, carrément. Moi je sais que j’utilise beaucoup les distorsions pour évoquer les émotions. La tête du personnage va gonfler ou ses doigts vont s’allonger... Je dis n’importe quoi mais on voit qu’on n’est plus dans le réel pur et dur et que, donc, on peut tout se permettre. Je prends l’exemple de Manu Larcenet dans Le Combat Ordinaire. Même s’il a un dessin détaillé, il parvient à adoucir la réalité dans le dessin. On peut, grâce à ce genre de style, aborder des choses qui pourraient paraître indigestes et les rendre plus digestes. On peut « détendre » le lecteur, en quelque sorte, par rapport à ce qu’il va lire et qui parfois peut sembler trop gros ou incroyable ou triste. MR
Je me suis servi de ça pour assouplir le rapport qu’on peut avoir à certaines histoires un peu trash. J’ai essayé d’avoir ce graphisme assez épuré et assez pop. Je ne voulais pas faire l’ambiance gros dégueulasse de Reiser, c’était pas l’influence. Même si j’adore Reiser. Je voulais faire quelque chose où la saleté n’était pas du tout retranscrite dans les dessins pour désamorcer le côté un peu scato qu’il peut y avoir dans certaines anecdotes. Cet aspect-là devait être lissé par l’aspect graphique de l’objet.
TS
KIBLIND
On parle d’histoires vraies, qui sont ar-
rivées à de vraies personnes: comment est-ce qu’on fait pour respecter cette parole malgré la transformation médiatique inhérente à votre travail ? Chez nous, c’est au cœur du sujet. Sur Transfert, par exemple, c’est la personne qui raconte sa propre histoire. Donc, l’interprétation qu’on en a, en tant que journaliste ou producteur, est limitée. On fait tout pour que la personne raconte son histoire de la meilleure des façons. BSH
Idéalement, en tout cas. C’est comme si elle te rencontrait dans un bar et qu’elle te disait « eh, au fait, tu sais ce qui m’est arrivé ? » et qu’elle te racontait son truc. Et le respect est poussé au maximum. Les gens viennent se confier et tu ne peux pas les trahir derrière. Tu prends leur parole et tu essaies de la retranscrire le mieux possible et en douceur. Nous, on est des journalistes à la base. Bien qu’il y ait forcément un angle, on essaie de retranscrire quelque chose qui est vrai. Quand il y a une part d’interprétation, on l’annonce. Alors, ce n’est pas aussi direct que vous, parce que quand vous dessinez, on sent tout de suite qu’il y a votre point de vue. ↓
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Moi, j’avais ce souci de respecter les gens qui me confiaient leur secret. Je ne voulais pas qu’en lisant le livre, ces gens se disent « mais il me prend vraiment pour un crétin, celui-là ! ». J’ai voulu faire en sorte que ce soient les situations qui soient amusantes, pas les gens à qui elles arrivaient. Je pense qu’il y a un ton qui permet de rire avec eux, pas d’eux. J’avais envie que les gens qui se reconnaissent – parce que j’ai eu pas mal de témoignages oraux, en fait – soient amusés et ne se sentent pas humiliés. Je ne voulais pas me foutre de leur gueule, pas du tout.
Pour le livre que je suis en train d’écrire sur l’histoire de ma mère, je discute beaucoup avec elle au sujet des gens qu’elle souhaite voir apparaître. Et toutes les personnes qui apparaissent et qui sont encore de ce monde, j’essaie de les contacter et d’obtenir leur accord. Parce que là, ce n’est plus ma voix off, ce n’est plus moi qui raconte. On va entrer dans le deep des personnes, il y a du détail. Insomnie est plus dans le burlesque. C’est du comique de situation avec une voix off qui vient plutôt se confier. Alors que là, on va être sur du fait réel sans même un travail graphique de distorsion. Ça va être plus terre à terre. Donc, oui, il faut bien s’assurer qu’on ne vend pas l’histoire de l’autre et qu’il n’y a pas de transformation de l’histoire.
TS
MR
Insomnie, c’est différent parce que ça parle de moi et c’est motivé par mes émotions à moi. La voix off, c’est moi qui parle. Dans mon livre, on n’a accès qu’à mon intériorité. On n’a pas accès à l’intériorité des autres personnages. On ne sait pas vraiment d’où ils viennent, qui ils sont. Je n’approfondis par leur histoire à eux, je ne vends rien d’eux. C’est juste des personnages qui passent. Donc à ce niveau-là, je n’ai pas eu de problème particulier.
KIBLIND
MR
Pour revenir sur ce respect des témoins: Benjamin, quand tu as affaire à des histoires très intimes, comment parviens-tu à mettre en confiance les témoins qui sont des gens qui, souvent, n’ont pas l’habitude de raconter leur vie?
Ça se fait en plusieurs phases. Le plus important, c’est le lien entre la personne qui fait l’interview et celle qui vient témoigner. Ça se crée en prenant du temps, beaucoup de temps. Sur Transfert, la pré-interview sert à ça. C’est un moment où il n’y a pas d’enjeu. La personne nous raconte son histoire mais ce n’est pas enregistré pour être diffusé. C’est vraiment juste « donne-nous tous les détails », pour qu’on sache où on va. Il y a donc du temps avec la personne mais il y a aussi un temps beaucoup plus long d’expérience du ou de la journaliste. Par exemple, il y a une journaliste avec laquelle j’ai beaucoup travaillé, qui s’appelle Lucile Bellan. Ça fait des années que son travail c’est l’intime et le témoignage. Et donc les gens lui font confiance a priori. Elle ou nous, il y a déjà un catalogue en fait. Les témoins peuvent entendre comment ça se passe.
Ce sont de vrais gens quand même ?
Oui, oui, bien sûr, ils existent. Mais, par exemple, il y a un passage avec mon père dans Insomnie et je sais qu’il ne l’a pas mal pris. C’est toujours une vision externe et c’est mon interprétation. Donc il était plutôt du style « ah bon, mais tu penses ça de ça ? » mais c’est tout. Ça reste des saynètes très globales, très peu détaillées. La règle du jeu est claire : c’est mon ressenti et voilà.
MR
On fait attention à ça aussi. Parce que ton histoire, c’est rarement seulement ton histoire : elle implique d’autres personnes. Nous, on vérifie que ceux qui sont dedans sont d’accord aussi. Il y a le respect de la personne qui raconte mais aussi le respect de tous les protagonistes autour, dans la mesure du possible. Pour éviter que ces gens tombent un jour sur le podcast et qu’ils se rendent compte qu’on parle d’eux sans leur demander leur avis. BSH
BLA BLA BLA — INTERVIEW CROISÉE
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BSH
KIBLIND
Sur le moment, il y a simplement de la relation humaine aussi. Tu es obligé de créer un lien donc tu es obligé de t’impliquer si tu es la personne qui interviewe. Et ce n’est pas grave de ne pas être détaché. Bien au contraire. Tu demandes à quelqu’un de livrer une histoire qui est hyper compliquée. Donc il faut que tu montres que tu recueilles le témoignage en tant qu’être humain. Il ne faut pas le faire froidement avec ton petit micro et ta petite ambition de le faire écouter à plein de gens. Il n’y a pas de recette magique. Il faut juste un peu de temps et de compassion. KIBLIND
T oi aussi, Théophile, c’est ce que tu as fait, recueillir des témoignages d’autres personnes. Tu n’as pas de formation de journaliste, comment ça s’est passé pour toi ? D’autant que ton sujet n’était pas forcément évident...
Encore une fois, les histoires que j’estime les plus réussies sont celles que j’ai recueillies oralement. Donc c’était des gens que je connaissais. C’était toujours dans des cadres très décontractés. Je leur expliquais le principe de l’album et ils trouvaient ça plutôt rigolo. J’aime beaucoup ces ambiances de tablées où on se raconte des trucs pour rire. C’était un peu cette sensation que j’avais envie de transmettre dans le livre. Quelque chose de positif du genre « écoute ça, tu vas bien rigoler ». C’est pas du tout le même prisme par lequel on regarde les histoires, entre Benjamin et moi. Quand quelqu’un accepte de raconter quelque chose sur soi pour amuser la galerie, il y a déjà une distance qui est installée par le narrateur. Il se projette déjà presque comme un personnage de comédie. Tout le principe de l’album était fait pour souligner l’aspect comique et léger des histoires. Les facettes un peu graves étaient volontairement gommées ou traitées de telle manière que ça ne soit pas humiliant ou pesant ni pour le lecteur, ni pour la personne qui raconte l’anecdote. TS
Et puis la moitié du chemin est déjà faite quand les gens veulent venir raconter. Dès le départ, ils ont envie de le faire. On ne les force pas. On ne vient même pas forcément les chercher, c’est eux qui viennent. Donc ça fait une grosse part de la « facilité » avec laquelle on récupère les témoignages. Ça nous est arrivé plusieurs fois – voyant que la personne avait du mal à raconter son histoire – d’avoir des enregistrements où tout le monde sort sauf le ou la journaliste qui conduit l’entretien. Il ne reste donc plus que deux personnes qui se connaissent déjà un peu puisque le ou la journaliste a déjà conduit la pré-interview. Ça nous est arrivé aussi d’éteindre complètement la lumière. Certaines personnes étaient plus à l’aise dans le noir. BSH
C’est vrai, je trouve, qu’il y a une véritable pression et une difficulté à raconter les histoires des autres. Je ne dis pas que c’est facile de se raconter soi. Mais tu te dis : « Bah de toute façon, c’est mon interprétation, ça me regarde. ». Là, c’est un cadeau que te donne celui qui se confie. Et c’est à toi, ensuite, d’en faire quelque chose. Ça fait d’autant plus peur. Tu te dis : « Est-ce qu’il ou elle l’a vécu vraiment comme ça ? Est-ce que j’ai bien compris ? Est-ce que je l’ai bien orienté·e ? ». Je trouve que c’est une pression supplémentaire. ↓ MR
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Non, mais parfois quand t’es chez toi, il y a une personne qui prend ton livre. Et là t’as envie de te suicider. TS
C’est horrible, il ne dit rien ! Je comprends très bien. Là, sur Internet, j’avais le retour en direct, donc ça me boostait un peu quelque part. À côté de ça, j’avais deux choses un peu plus inconfortables. C’étaient d’une part les personnes qui considéraient qu’elles me connaissaient vraiment. Donc j’avais des messages tous les jours de gens que je ne connaissais pas. C’était gentil au début mais par exemple, j’avais quelqu’un qui me souhaitait une bonne journée tous les jours. Genre : « J’espère que ça va ? » Tous les jours. Il se glissait dans mon intimité alors que moi je faisais des blagues. C’est le genre de choses que j’avais parfois, des gens qui avaient l’impression de me connaître. Et d’autre part, j’avais des critiques pas très sympas. Mon histoire parle aussi du fait que je découvre que j’aime les femmes. Et j’ai eu des commentaires du style : « Va brûler en enfer. » Ou même des critiques « bienvenues » de certains messieurs sur mon style graphique en mode « les filles, elles savent pas dessiner » ou « vous êtes pas du tout dans la technique ». Avec les réseaux, les gens se permettent de donner leur avis. Alors que quand il y a juste le livre en librairie, ça ne se passe pas. MR
T u en parlais tout à l’heure, Maëlle: le fait d’exposer sa vie ou celle des autres sur Internet, ça appelle forcément des commentaires de parfaits inconnus. Comment on arrive à gérer ça ?
Ça dépend. En fait, d’un côté c’est trop cool. Comme je prépubliais mes histoires sur Instagram, je n’étais pas toute seule dans ma chambre à raconter des blagues comme tu disais, Théophile. Donc j’avais déjà un micro-public et ça me poussait à avancer. J’avais un lien direct avec les lecteurs, chose qu’on n’a pas, normalement, quand on est dessinateur. On peut juste regarder, parfois, en librairie un type qui feuillette et voir « ah, il a rigolé ». MR
TS
Ah oui, c’est horrible ça.
Vous faites vraiment ça ? D’aller en librairie pour voir si des gens rigolent ?
BSH
BLA BLA BLA — INTERVIEW CROISÉE
Toi tu lis les commentaires ? Moi je pense que je ne pourrais pas. TS
En fait, au début, ça a été cool. Après, ça a été dur, dans le sens où j’arrivais plus à avoir du recul. J’étais en mode « là j’ai l’impression que sur cette partie j’ai été vachement jugée donc pour la prochaine fois, je serai peut-être plus sur la réserve sur ce sujet-là ». Après, j’en ai discuté avec Lisa Mandel, mon éditrice qui publie elle aussi sur les réseaux. Elle, elle avait eu comme un micro-burn-out à ce niveau-là. C’était à une échelle beaucoup plus grande parce qu’elle est beaucoup plus suivie.
MR
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KIBLIND
Mais elle était dans cette fameuse addiction à la dopamine des réseaux sociaux. Elle m’a dit « c’est normal que tu ressentes ça et ça peut même parfois être malsain ». En fait, ça m’a un peu vaccinée des réseaux. Donc maintenant, je publie et je quitte l’application sans répondre aux commentaires. KIBLIND
ujourd’hui, on a une multiplicité du témoiA gnage sous toutes ses formes. Comment peuton garder la singularité de ces existences qui nous sont racontées ?
En fait, moi, tout dépend de la manière dont on va raconter ça. Comment on va soi-même essayer d’avoir un ton qui nous est personnel et donner un prisme intéressant. Parce qu’effectivement, l’autofiction et les choses comme ça sont assez en vogue en ce moment. La question la plus fondamentale en tant qu’auteur, c’est « comment je vais parler de ça et le rendre singulier ». Tout ça en gardant une forme d’éthique pour ne pas devenir voyeur ou malsain et essayer d’apporter un cadrage qui n’appartient qu’à nous-mêmes en tant qu’« artiste », entre guillemets. TS
Je pense même que ce n’est pas forcément conscient. Là, en en parlant, on prend un certain recul. Mais en étant parfaitement honnête, j’ai l’impression que le moteur principal, c’est l’envie de faire un bouquin. Ça sort de manière un peu naturelle, modérée par une certaine éthique et en se souvenant que ça va être lu. Ça sera forcément singulier puisque c’est toi qui le fais et que ça reste ton interprétation. MR
Pour cet album – comme c’était presque un hasard que je tombe sur ce sujet – j’ai juste trouvé que c’était une matière super excitante à manipuler. Je ne sais pas si, dans le futur, j’en ferais un autre. Ce n’est pas récurrent comme vous. C’était juste un prétexte pour faire un album qui m’a vraiment beaucoup amusé. TS
BSH
C’est déjà pas mal !
Ouais, ouais, c’est cool ! Mais en fait, après c’est la question du sujet. Une fois qu’on trouve un sujet, on a l’impression d’être libre de dérouler. Je trouve toujours que le moment le plus compliqué, c’est le moment où on n’a pas le sujet, où il faut trouver le carburant pour faire un livre. Personnellement, je pense que le prochain livre que je ferai, ce sera quelque chose de beaucoup plus fictionnel, qui ne se nourrira pas forcément du témoignage. TS
Dans le podcast, c’est assez spécifique parce que des émissions qui racontent la vie des gens, il y en a des centaines et de plus en plus. Pourtant, on continue à avoir de plus en plus de gens qui écoutent Transfert. Le format est reproductible, beaucoup plus que la bande dessinée où personne ne va avoir votre trait. Des personnes qui racontent leur histoire à la première personne, il y en a plein qui l’ont refait après, ou qui essaient. Notre singularité, elle va venir purement des choix édito en amont. C’est-à-dire quelles histoires on prend, pourquoi on les prend, comment on les construit parce qu’il y a une forme d’écriture qui est la nôtre. Avec ça vont les choix musicaux et les compositeurs avec lesquels on travaille. Mais le format pur peut être refait. Tout vient donc des choix édito faits par Christophe, Sarah et moi. BSH
Pour d’autres podcasts, la question, c’est de savoir à quel point tu peux infuser dans ton émission tes propres idées. C’est le pendant de votre façon de dessiner. Ce que tu mets de toi dans ton sujet, c’est ça qui fait que les gens peuvent s’attacher à ce que tu vas raconter. C’est ta façon de faire qui va résonner. C’est très dur, parce que ça rejoint un travail d’auteur mais c’est ça qui permet d’imprimer une singularité à ton programme mais aussi de sauvegarder la singularité des histoires qui t’ont été confiées.
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HIVER-PRINTEMPS 2024 — KIBLIND MAGAZINE N°85
LES 3 BD AUTOBIOGRAPHIQUES PRÉFÉRÉES DE MAËLLE RÉAT
L’ARABE DU FUTUR
RIAD SATOUFF Allary (depuis 2014)
On ne peut que citer L’Arabe du futur tant il est devenu une référence dans le domaine de l’autobiographie. Son propos est toujours sans filtre et sans pitié, tout en gardant justesse et précision dans ses mémoires. Il est la preuve que la force de parler de soi, c’est de prendre le risque de parler à n’importe qui. 2
PUCELLE
FLORENCE DUPRÉ LATOUR Dargaud (2020) Avec la série Pucelle, Florence Dupré Latour arrive à replonger dans ses souvenirs d’enfance avec un recul à la limite de la thérapie, avec une poésie toute singulière et un ton aigredoux dont on ne se lasse pas. À travers ses propres névroses, nous nous questionnons sur les nôtres. 3
UNE ANNÉE EXEMPLAIRE
LISA MANDEL Exemplaire (2020)
Ici, Lisa Mandel se lance le défi de faire un strip en ligne par jour. J’aime voir cette facette du récit autobiographique comme un récit de proximité avec son lecteur, à la limite du journal intime.
BLA BLA BLA — INTERVIEW CROISÉE
DE THÉOPHILE SUTTER
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RETOUR AU COLLÈGE
RIAD SATTOUF Hachette (2005)
C’est l’album qui m’a donné envie de me mettre au dessin. Tout y avait l’air simple et évident, et c’est la première fois qu’un livre parlant de mon époque m’a autant captivé. Ce n’est pas un récit autobiographique à proprement parler, mais l’auteur y distille des anecdotes sur sa vie qui offrent un contrepoint parfait à son étude hilarante de la jeunesse dégénérée dont il dresse le portrait. 2
MAUS
ART SPIEGELMAN Flammarion (1991) Cet album a été une claque absolument magistrale, je le relis souvent. Malgré la violence cauchemardesque du sujet, il se dégage quelque chose de très ordinaire, presque léger de cet album. Cette dichotomie se ressent même dans le dessin, ou le noir et blanc très rude sert à illustrer des personnages enfantins dépeints sous la forme d’animaux. 3
LES BD DE
ROBERT CRUMB Cornelius J’ai toujours adoré les rééditions de Crumb publiées par la maison Cornelius. Beaucoup de planches sont de courtes histoires autobiographiques où l’auteur expose ses névroses sans aucun filtre ; j’avoue me reconnaître dans certains de ses travers. Par ailleurs, étant un immense fan de l’Amérique années 1960, je ne peux qu’adorer le cadre de ces saynètes. 132
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kiblind-atelier.com
Illustration : Simon Bailly
Oi(e)siv @l_pnd_
UD LUCIE PENA eté
CHRONIQUES
BLA BLA BLA — CHRONIQUES
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Parce que la pile de livres à lire n’est jamais assez haute et qu’il faut toujours dépenser l’argent qu’on n’a pas, voici quelques BD, micro-éditions et livres jeunesse d’extrême qualité et sortis récemment. Voyage fantastique, zizis poétiques et images nostalgiques sont notamment au programme de ce numéro.
ETHE
R
b Dans le grand jeu de la bande dessinée, Étienne Chaize a choisi la stratégie de la triche : le coquin sait dessiner comme personne. C’est peu dire qu’il en profite crânement – et nous aussi – à chacune de ses sorties. Et voilà-t-y pas qu’il sort des livres en grands formats, avec des doubles pages géantes, dans lesquelles il fait preuve d’un talent immense. En témoignent les impressions laissées par les paysages époustouflants d’Hélios ou ceux, fantastico-démonstratifs, de Boule de Feu. Pour Ether, il a choisi d’élever son niveau de jeu. Il a poussé loin de lui les ordinateurs et autres logiciels assistants et tout fait (ou presque) à la main. En regardant le livre, on a du mal à y croire.
ETIE NNE CH @etie nnech AIZE aiz e
Parce qu’il est là, l’atout premier d’Ether, dans cette prouesse technique et cet effet « claque visuelle » qui sévissent à chaque nouvelle page tournée. Mais la virtuosité ne suffit pas à elle seule à raconter des histoires. Et quelle histoire. Sa mission ici sera de nous raconter le périple d’une troupe d’exilés, chassés de chez eux par la guerre et l’anéantissement de leur ville. De leur foyer, ils n’ont gardé qu’une flamme sacrée qu’il s’agit de protéger tout au long des territoires et des années que ces pauvres bougres vont traverser dans l’espoir d’atteindre la cité légendaire d’Agartha. En jouant des contrastes d’échelle, le fameux dessin d’Étienne Chaize rend la puissance de ce décor qui écrase les errants à chacun de leurs pas. Les personnages y sont rikikis, leur vie se déroule au microscope et leur fragilité est à chaque fois surlignée par la monumentalité de ce qui les entoure. Même les traits qui les forment semblent bien silencieux par rapport à la tonitruance des espaces qu’ils traversent. Et puis il y a la lumière, cœur du travail de l’ancien diplômé de la HEAR. Une lumière qui se fait rarement consolatrice et bienfaisante. Le blanc vient ici au choix aveugler ou s’immiscer perfidement. Surnaturel, il inquiète ; trop naturel, il attaque. Les brindilles humaines qui parcourent ces pages et ces terres n’avaient pas besoin de ça à rajouter à la souffrance de l’exil. Une autre lumière, pourtant, les porte : celle du feu originel, jaune orangé, celle qui réchauffe et accueille d’autres âmes perdues, celle qui représente l’espoir de toute une tribu de refaire sa vie ailleurs. Le dessin d’Étienne Chaize transmet ça aussi. Et se place alors bien au-delà du simple savoir-faire. → Ether d’Étienne Chaize, Éditions 2024, 60 pages, 32 € → editions2024.com
BOOKS PAR MAXIME GUEUGNEAU
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HIVER-PRINTEMPS 2024 — KIBLIND MAGAZINE N°85
E C A F DAY R E THTYECROWTH
KIT
ther row c y t t @ki
b Carnet de recherche, galerie de personnages, trombinoscope, dessins sous emprise, bestiaire ou simple réunion entre amis : difficile de définir cette embardée de Kitty Crowther dans le monde des ouvrages pour adultes. Mais la vedette du livre jeunesse (Poka et Mine, Alors ?, Annie du lac, etc.) a su trouver un terrain de jeu pour emmener son dessin sur de nouveaux chemins. Avec sa ribambelle de têtes face caméra qui s’affichent page après page, Face the day est ce genre de livre qui ne raconte rien mais duquel on ressort l’esprit rempli de petites étincelles. Et surtout, avec plein de nouveaux·elles ami·es. C’est lors du deuxième confinement de février 2021 que la dessinatrice belge s’est mise à réaliser des portraits de gens tout à fait recommandables, bien que légèrement monstrueux, si on a l’esprit un peu trop cartésien. Explosions de traits, contours bulbeux et couleurs hallucinées se croisent et s’entrechoquent sur les visages de ces pauvres diables qui se retrouvent coincés là, les mirettes fixes, pointées vers nous. Tous nous regardent et nous les regardons tous, les uns après les autres, page après page. Tous différents mais tous avec le même étonnement, la même stupeur de voir un humain les observer, eux qui dormaient paisiblement sur les feuilles volantes remplies par Kitty Crowther. Les voilà kidnappés, édités et diffusés, coincés dans un livre et soumis aux yeux de celles et ceux qui en sont désormais les propriétaires : nous. Les yeux, comme nous l’indique l’artiste elle-même dans sa postface, sont au cœur de son travail : réalisés au tout début de son dessin, ils sont aussi au commencement de notre lecture de l’image, évidence graphique irrésistible. À coups de cercles concentriques, de traits centripètes et de contrastes ravageurs, le dessin nous aspire vers ces deux points cardinaux qui bientôt nous hypnotiseront comme le boa Kaa charmait Mowgli. La magie ne cessera d’opérer jusqu’à la fermeture du livre. Car s’ils sont au début de notre épopée visuelle, ils en sont aussi le point final, dernier élément qu’on regarde avant de trouver la force de tourner la page et de fermer enfin leurs yeux. L’avertissement aperçu sur la page de garde continuera longtemps de trotter dans la tête : « Qui regarde qui ? ».
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→ Face the day de Kitty Crowther, Fotokino, 112 pages, 24 € → shop-fotokino.org
La Falaise de Manon Debaye sortait en français chez Sarbacane en 2021. Perle de justesse sur le mal-être adolescent, elle avait alors marqué bon nombre de gens de goût. À l’occasion de sa traduction en anglais chez Drawn & Quarterly, nous avons voulu revenir avec elle sur ses intentions. Tu as longtemps gardé cette histoire en tête. Quel a été le déclic pour en faire une BD ?
MD : Je ne pense pas qu’il y ait eu un déclic. J’ai souvent plusieurs histoires en tête. La plupart sont mauvaises et je n’y pense qu’une fois. D’autres reviennent me titiller même après plusieurs années. Dans le cas de La Falaise, j’avais le sentiment que je ne pourrais pas passer à autre chose avant d’avoir donné vie à ces deux jeunes filles. Alors je me suis mise à l’écrire naturellement ! Qu’est-ce qui t’a intéressée dans la période de l’adolescence ?
MD : Il y a quelque chose de très beau dans la période de l’adolescence parce que c’est un âge extrêmement fragile, de construction de soi, où l’on fait face à des choix importants. Pour une grande partie d’entre nous, cette période se fait avec bruit et fracas. Il y a souvent des événements plus ou moins traumatisants qui nous mettent face à un choix symbolique : grandir ou mourir. C’est ce dont je parle dans La Falaise. Situer une partie de l’histoire dans le cadre du collège, sorte de réplique miniature de notre société, me permettait par ailleurs de reproduire certains rapports de violence et de domination (de genre, de classe...) et de voir quel impact ces rapports exercent sur mes personnages. Peux-tu nous parler de ton prochain projet ?
LA FAL
AISE
MAN ON D @mano EBAYE n.deb aye
MD : Je travaille sur une nouvelle bande dessinée : je n’avais pas fini d’explorer la cassure de l’adolescence ! J’accompagne un groupe d’amies à deux périodes importantes de leur vie, je creuse leurs relations et surtout l’impact qu’a le patriarcat sur leur construction en tant qu’individus. Il y aura de la campagne normande, des posters, des guitares et la figure d’un artiste monstrueux, comme on en connaît beaucoup.Ce sera aussi assez sombre car je crois que pour le moment, je ne sais pas faire autrement. J’avoue que les récits qui me marquent profondément sont ceux qui viennent remuer des sentiments intimes, douloureux et troubles. Mais c’est ce qui me passionne aussi : essayer de comprendre les humains. Elle sortira en 2025, aux éditions Sarbacane qui m’accompagnent une nouvelle fois. → La Falaise de Manon Debaye, en français chez Sarbacane, 160 pages, 25 € The Cliff, en anglais chez Drawn & Quarterly, 22,95 $
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S L R I G N A ME CLUBSHKA
b Avant de clamer que le savoir est une arme, le philosophe de bisHE ka ANryanhesh Y trot ferait bien de s’intéresser de plus près aux 22 long rifle. En voilà, une R @ artillerie digne de ce nom, capable de renverser les hiérarchies, les dominations et même le patriarcat, tiens. C’est avec ce genre de pétoire – et quelques autres – que la bande du Mean Girls Club sème une pagaille émancipatrice dans les rues de la ville dirigée par le perfide Shlomo. Mais quand celui-ci, rongé par la haine et son avidité, met en place un plan diabolique pour faire chuter le gang, cet embryon de révolution féministe est salement touché. Cette sombre histoire de trahison et de chantage les mène, elles et leur supercar Black Betsy, au bord du précipice. Quel miracle pourrait les sortir de là et consacrer, enfin, le pouvoir des femmes ? On dirait un pitch de série B et c’est reconnu fièrement. Ryan Heshka, sublime dessinateur rétrofuturiste, sortait en 2018 chez Nobrow ce Mean Girls rempli de flingues, d’alcool, de bolides, de gens très méchants et d’héroïnes badass. Dans leur grande générosité, les éditions Requins marteaux ont traduit en français ce petit bijou de feu et d’action. Il est évident que l’auteur canadien avait en tête les pulp d’antan (revues américaines de la première moitié du XXe siècle, très kitsch, à bas coût, et spécialisées dans la littérature de genre) et peut-être bien deux-trois films de Russ Meyer et John Waters pour l’aider à fignoler ce qui, entre ses mains, est bien plus qu’un exercice de style. Le dessinateur, dans sa carrière, s’est fait une spécialité de reprendre à son compte et pour son époque les obsessions d’une certaine période de la pop culture américaine. Science-fiction, polar, faits divers : Ryan Heshka a tout avalé et le recrache avec brio. Mean Girls Club est une mise en pratique des fascinations de son auteur, sur le temps long et avec une certaine maîtrise des arts de la bande dessinée. Le découpage dynamique entraîne une plongée en apnée du lecteur dans une action sans pause ou presque, son dessin d’une élégance surannée fait la part belle à l’efficacité graphique et offre une mise en contexte immédiate et les textes s’enchaînent comme à la fête foraine : punchline sur punchline. Un livre aussi explosif qu’une petite bombe : comme quoi, le savoir pourrait bien être une arme au final. → Mean Girls Club de Ryan Heshka, en français chez Les Requins marteaux, 96 pages, 25 € / en anglais chez Nobrow, 20,95 $ → lesrequinsmarteaux.com
AVEC SON OPÉRA ATTIS E LES FLAMMTION SWNW CW, TEL ES DE LA PEUR AVECUN CRAN D'ARR UNE EFFIC ÊT ROSE, LE ACITÉ REDOU CLUB PILLE LA VILLE TABLE ET ... ET UN PLAIS BLACK IE, IR BRUTA L. LA PICOL TU T'OCC UPES E MAIS TU DE LAISS ES NOUS EN WAND A ET ! WEND Y, GASOI L RAZZI A SUR ! LE AUTRE S... ET PASSE Z PREND JE VOUDR RE LES BISE À QUELQ AIS U'UN DE FAIRE UNE SPÉCI AL !
MCQUA LUDE, SUR LES LÉSIN E PAS MUNIT IONS !
OHÉ... TOI CIGAR ETTE !! ÉTEIN S TA ! ÇA VA QUOI ?? PAS OU
BOUGE Z TROUS DU DE LÀ, CUL !!!
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b Tiens, il ne nous l’avait jamais fait, ce coup-là. Antoine Cossé, qui n’aime rien d’autre que de changer d’univers à chacune de ses bandes dessinées, n’avait en effet que très peu touché au thème de la déception amoureuse. C’est chose faite avec Nwai, mini-BD de la nouvelle collection « Kim » de Cornélius et traduction de son livre éponyme paru chez Breakdown Press en 2014. Après la science-fiction de Metax (Cornélius/Fantagraphics, 2022), le road-trip de Showtime (Les Requins marteaux/Breakdown Press, 2019) et la piraterie de La Baie des mutins (L’Employé du moi/Breakdown Press, 2014), le voilà épris avec Nwai d’un nouveau genre. Mais avant de foncer tête baissée dans ce petit livre fort aimable, il faut bien savoir une chose : Antoine Cossé ne fait jamais rien comme on l’attend. Dans ses précédents livres, il s’amusait à croiser les domaines bien balisés qu’il annonçait en grande pompe avec d’autres thèmes plus discrets et toujours étonnants : la magie, la virologie, l’écologie ou encore la psychologie. Nwai joue de même sur deux tableaux qui, a priori, ne discutent pas souvent ensemble : la séparation d’un couple et l’architecture. La majestueuse villa Noailles de Hyères sert ainsi de punchingball au désespoir grandiloquent d’un homme qui perd en raison et gagne en absurdité. La narration est le fait du héros lui-même, racontant son quotidien dépravé au répondeur de la jeune femme qui a quitté les lieux. Seul dans cet ancien palais de l’amour, notre héros en souille la piscine, en barbouille les murs, en brise tous les miroirs et s’imagine vivre avec un tigre géant. Le bâtiment fait également office, pour Antoine Cossé, d’album-photo de souvenirs déchirants. Les images de la femme aimée en sa demeure viennent, grâce à des petites pastilles, se superposer en couleurs sur le noir et blanc de la dépression masculine.
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Ainsi, les lecteur·rices dans un perpétuel entre-deux : entre le rire et la compassion, entre le gris et la couleur, entre le passé et le présent, entre le réel et la palabre, entre le concret et l’halluciné. Ce n’est pas la ligne claire de l’auteur, proche de celle de Tardi, qui va l’aider à choisir son camp : grotesque et précise, fantastique et erratique, elle préférera toujours la sinuosité interprétative à la vérité des lignes droites. Rien que pour ce sol mouvant, la lecture de Nwai est une expérience rare. Sans être le livre d’une vie, Nwai est une porte entrouverte par Antoine Cossé pour découvrir le travail sans pareil d’Antoine Cossé. Et c’est déjà beaucoup. → Nwai d’Antoine Cossé, en français chez Cornélius, 32 pages, 13 €/ en anglais chez Breakdown Press, 10 £ → cornelius.fr/breakdownpress.com
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b Dans le grand Nord canadien, au milieu du XXe siècle, la nature peut être chatouilleuse pour une postière en coucou. La pilote Violette se crashe donc et doit survivre dans le froid, seule au milieu de rien. Aurélie Wilmet, qu’on sait amoureuse des terres froides depuis son précédent et norvégien Rorbuer, navigue ici entre chamanisme et épreuve de survie. Ses grands aplats de marqueurs et de crayons, splendides, disent l’implacable dureté des lieux. Le texte, épars, laisse parvenir jusqu’à nous le souffle du vent glacial. Aurélie Wilmet joue habilement des manettes de la bande dessinée pour nous larguer dans une zone où la rationalité occidentale n’a plus cours et où la seule chance de s’en sortir est de discuter avec ses rêves. Et de danser avec les ours. → Épinette noire d’Aurélie Wilmet, Super Loto Éditions, 208 pages, 29 € → superlotoeditions.fr
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b C’est rep Brecht Evens a sorti u bandes dessinées du di particulier qu’à chaqu monde nous éclate a fait de formes, de mo l’accouplement vertigi dessin toujours aussi – époustouflant, il y a l’h l’histoire de ce garço paranoïa de son père finale du bien contre le Arthur, nous somme folie furieuse, assénée deur du texte que par l’illustre. Et ce n’est qu
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parti pour un tour. un nouvel album. Les iable rouge ont ceci de ue page un nouveau au visage, un monde otifs et de couleurs à ineux. Au-delà de son – voir de plus en plus – histoire du Roi Méduse, on embarqué dans la et préparé à la guerre e mal. Comme le petit es pris·es dans cette e aussi bien par la canla furie graphique qui ue le premier tome.
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b Benoît Prêteseille est un bédéaste que l’oubli obsède. Nageant à travers la poussière que le temps dépose sur nos existences, il en sort les objets trouvés que la société étourdie avait laissés quelque part. Il les plante ensuite, grâce à son dessin délicat, dans les herbiers qui lui servent de livres. Ici, rien n’est différent. Au prétexte d’un reportage dans lequel « beaucoup de choses sont vraies, pas toutes », le narrateur – invisible – se rend chez une célébrité – anonyme – oubliée de toutes et tous pour l’interviewer chez elle. Un chez-soi que la vieille dame a bâti comme une bibliothèque de choses. Dans la conversation, les objets se mêlent à la vie, l’Histoire aux histoires et les légendes à la réalité. Une bande dessinée d’une finesse et d’une justesse infinies. → L’Oubliée de Benoît Prêteseille, Atrabile, 120 pages, 20 € → atrabile.org
use t. 1 de Brecht Evens, Sud BD, 288 pages, 32 € → actes-sud.fr
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b Après La Perle, sublime récit muet réalisé avec Mathias Arégui et sorti en 2021 chez La Partie, IN Anne-Margot Ramstein retrouve la littérature TE jeunesse et sort Me Manque, chez le même éditeur. S AM R Ce nouveau livre est conçu comme un albumn T ei GOgotramst R souvenir et une déclaration d’amour à une île, La Réunion, A ar E-M@annem que l’autrice a quittée à sa majorité. Un album sur ces terres N AN d’enfance qui nous façonnent, servi par un dessin époustouflant.
ME UE Q N A M
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Quelle place occupe l’île de la Réunion dans ton imaginaire ? Me manque
Anne-Margot Ramstein : L’île de La Réunion influence la fabrication de mes images. Mes gammes de couleurs sont conditionnées par la lumière dans laquelle j’ai baigné entre ma naissance et mes 18 ans. À La Réunion, les couleurs sont vives, saturées, les ombres sont fortes et nettement dessinées. Ces contrastes sont constitutifs de mon esthétique. Par ailleurs, certains paysages réunionnais sont des références visuelles dont je ne pourrais pas me défaire. Par exemple, lorsque je dois dessiner une forêt, c’est la forêt de Belouve qui me vient à l’esprit. Il en va de même des montagnes, du volcan, des plages…
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Pourquoi avoir souhaité faire du livre, en tant qu’objet, un élément de votre narration ?
AMR : À ce jour, le livre reste l’outil le plus efficace pour la compilation, l’organisation et le partage de la mémoire. Pourtant, consulter des albums photos, rédiger un journal, ou lire le témoignage d’une vie passée n’apaise jamais tout à fait le manque de mémoire. Trouer le livre était une façon de signifier cette absence qui résiste à la mémoire. Mais je ne voulais pas associer de gravité à ce manque. Il ne s’agissait pas de signifier une blessure ou un arrachement. Ainsi le petit manque tout rond au centre du livre, qui rappelle les livres-jeux, est moins dramatique.
PAR MAXIME GUEUGNEAU Me manqu
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Comment avez-vous construit tes illustrations dont on sent qu’elles sont en équilibre entre la figuration et la sensation ? ent
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→ Me Manque d'Anne-Margot Ramstein, La Partie, 40 pages, 22€ → lapartie.fr BLA BLA BLA — CHRONIQUES
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AMR : Comme le livre est construit autour de ce trou, je le plaçais évidemment sur ma planche avant de commencer l’esquisse. Ensuite je composais l’image d’après des souvenirs. La difficulté dans ce cas consistait à choisir. Plutôt que de faire un arrêt sur image en sélectionnant un instant T à représenter, j’ai préféré faire une synthèse. Par exemple pour la plage, les scènes sont des scènes vécues à des âges différents de ma vie, cet arbre au premier plan et l’arrière-plan proviennent d’endroits différents. Ainsi je compose l’image d’un souvenir plus que je ne la traduis.
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b La toute neuve maison d’éditions jeunesse Matita, italienne de son état, s’est fixé trois contraintes : une identité graphique aussi belle qu’intrigante, des architectes à l’écriture ou au dessin et l’absence totale de texte. Ainsi en est-il de ce premier album silencieux storyboardé par Stefania Agostini et Luca Mostarda et illustré superbement par Catherine Cordasco qui nous raconte en images la vie d’un individu, depuis sa naissance dans les années 1980 jusqu’à sa propre parentalité. Frise chronologique de nos styles de vie en même temps que récit touchant sur le grand cycle de la vie, il vient piquer la nostalgie des plus grand·es et la curiosité des plus petit·es. → 1 Viceversa de Stefania Agostini, Luca Mostarda et Catherine Cordasco, Matita edizioni, 48 pages, 19 € → matitaedizioni.com
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b Il y a plusieurs inconvénients à n’avoir que troisquatre ans. Comme par exemple celui de ne savoir rien faire. Ou celui de ne rien comprendre. Mais c’est également un âge porté par cette sensation unique et renversante d’avoir devant soi un immense espace à découvrir. C’est précisément cette curiosité-là que Krocui est allé chercher dans son livre. À l’aide de ses dessins tout ronds, à la fois très accessibles et aux limites de l’abstraction, il nous décrit les scènes du quotidien d’un enfant pour qui tout est nouveau et multiple. Le monde sera ainsi tour à tour petit, câlin, malade, collant et plein de monde. Il sera surtout, c’est sûr, le cadre de la plus belle aventure qui soit: la vie. → Le Monde est petit de Krocui, éditions Sens dessus dessous, 64 pages, 14,90 €. Sortie le 13 mars. → sens-dessus-dessous-editions.fr
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b Damien Poulain est un habitué des jeux graphiques et de la manipulation des formes. Il y a peu, il s’est pris d’amour pour la branche pêle-mêle de la littérature jeunesse, ces petits albums cartonnés dont les pages sont coupées en deux pour permettre à l’enfant de manipuler et créer lui-même les illustrations, en offrant de choisir quel haut va avec quel bas. Birds est ainsi fait : les éléments s’adaptent les uns aux autres pour former des oiseaux de toutes sortes, chasseurs de nuits ou gais pinsons. Triangles, parallélogrammes et cercles deviennent les éléments-clés d’une ornithologie symbolique plus que scientifique, mais dont les effets visuels sont fascinants. → Birds de Damien Poulain, Éditions du Livre, 16 pages, 15 € → editionsdulivre.com
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b Il y a, dès le premier regard, le dessin de Lucie Penaud. Coincé entre la pureté des lignes et l’exubérance des décors, il joue de ce contraste pour se faire aussi aguicheur que perturbant. C’est évidemment sans peine qu’il se fond dans la thématique de ce DILD/WILD consacré aux rêves conscients. Dans une zone floue, non loin du surréalisme, nous voyons Clémentine s’acoquiner avec une sirène des égouts, une copie de statue et ce qui ressemble à une Renault Supercinq rouge. L’impression en risographie des éditions Pain perdu finit de faire tomber les minces frontières entre le fantasme et la réalité, pour nous envoûter tout à fait. Troublant.
Rouge Séoul Saehan Parc e André Derainn
→ DILD/WILD de Lucie Penaud, Pain perdu, 52 pages, 17 € → painperdu.bigcartel.com
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b André Derainne aime peindre ce qu’il voit. Saehan Parc aime faire fleurir la fantaisie. Lorsque les deux se baladent ensemble à Séoul, le dialogue devient passionnant. Le jeune homme déploie ses peintures à l’huile silencieuses, représentant là un coin de rue, ici des échoppes fermées et plus loin la nuit coréenne. La dessinatrice manie les feutres et les ovales pour faire poper la vie dans ces instants de contemplation, par petites touches d’abord puis par une méthode invasive bien ficelée. Et c’est toute une ville qui prend de la substance, alliage de béton et de chair, de réel et d’hallucination. → Rouge Séoul d’André Derainne et Saehan Parc, auto-édition, 28 pages, 10 € → @andre.derainne ; @saehan.parc
b Il y a deux choses importantes à savoir sur Luciole. Numéro 1: il est l’œuvre d’Adèle Verlinden, dessinatrice qu’on révère pour le mélange de candeur et d’exubérance de son trait et les histoires folles qu’elle nous raconte. Ici, c’est celle de Luciole qui reçoit le don de la foudre mais qui a un peu de mal à le maîtriser, alors elle sait pas trop quoi en faire et puis, tiens, elle croise des insectes volants. La deuxième chose importante, c’est qu’il a été imprimé par les éditions Matière grasse grâce à la technique traditionnelle et néanmoins japonaise du moku hanga et que ça donne un objet à se pâmer. → Luciole d’Adèle Verlinden, éditions Matière grasse, 28 pages, 40 € → matieregrasse.fr
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PAR MAXIME GUEUGNEAU
b À la veille de l’été 2023, nous tombions sur un bien étrange post Instagram. Le Bruxellois et néanmoins Français Erwan Roussel y annonçait la sortie de son nouveau fanzine Phallucinations, où chaque page dépeint le zizi dans un état différent, divin ou enchaîné, émancipé ou désespéré. Loin de la vulgarité qui guettait ce genre de sujet, le dessinateur réussit, par la beauté de son trait, à donner un nouveau visage à l’organe pendant, troquant ses oripeaux crus pour une iconographie au bord de la mystique. De quoi, en tout cas, poser quelques questions à l’intéressé.
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Quel drôle de sujet, tout de même, que le zizi...
Erwan Roussel : En fait, c’était une blague à la base. Mes ami·es me raillent assez souvent sur le fait que je dessine des bites tout le temps. Un jour, je me suis dit, « foutu pour foutu, je vais faire un livre que de ça ». Histoire de persister et signer sur ce thème. Malgré le sujet qui peut paraître un peu trivial, il y a une vraie envie de poésie dans ce livre. Comment as-tu arrangé la rencontre entre les deux ?
ER : Les dessins sont venus très naturellement en fonction des idées un peu saugrenues que je pouvais avoir ou de mes références. Il y a par exemple des références à certains kink, à certaines pratiques sexuelles. Je me suis dit aussi que la bite était un organe sur lequel on superpose tellement de sens, tellement de symboliques, que ce n’était pas un organe comme les autres. Donc j’ai pu la prendre comme une matière, un motif pour m’amuser. J’ai essayé de mettre le zizi dans des situations où il est tout mignon ou au contraire pas très bien traité. Il y avait l’idée de l’objectiver encore plus que ce qu’il n’est déjà. C’était vraiment expérimental, au gré de mes envies.
Par rapport à ton dessin, vous jouez avec une ligne très claire et des volumes tout en dégradé. Comment vous articulez les deux ?
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ER : C’est vrai que je travaille principalement à la ligne claire parce que c’est ce que je maîtrise le mieux. Mais ça fait que j’ai l’impression que mes dessins sont toujours très plats. Les dégradés étaient là pour donner un peu de relief, de sculpturalité dans des endroits précis du dessin. Je ne considère pas que ce soit un choix très virtuose. Et puis, je savais que j’allais travailler en riso. Je prends toujours en compte la façon dont je vais imprimer mon dessin avant de le réaliser. Je savais aussi que je voulais un livre très cheap et j’ai par exemple réduit ma palette à deux couleurs seulement. → Phallucinations d’Erwan Roussel, autoédition, 24 pages, 12€ → @erwanrssl
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Quand le clip vient sublimer une musique qui est déjà de toute beauté, alors là, l’extase est maximale.Tous les deux mois, sur notre site kiblind.com, nous célébrons le clip musical animé. Qu’il soit en 2D, en 3D, en stop-motion, ou encore dessiné à la mano, le clip illustré est partout et il a fière allure. On vous présente ici deux clips illustrés qui nous ont coupé la chique ces derniers temps. Et pour en parler, qui de mieux que les personnes qui les ont illustrés et animés ? ILLUSTRATION/ANIMATION b Taku Mikami L’HISTOIRE b J’ai associé les paroles de « 50/50 » de Miso Extra à la
«croissance de la conscience de soi, de la méditation et de la pratique». Les nouilles ramen japonaises du début m’ont fortement impressionnée en tant qu’image symbolique de l’identité de Miso. La conscience se dissout dans le bouillon clair et délicieux et c’est à partir de là que commence le voyage de la méditation. La protagoniste grandit et trouve sa propre utopie dans un monde qui change constamment, comme une fleur qui s’épanouit et finit par tomber.
LA RÉALISATION b Miso a vu ma page Instagram, l’a aimée et m’a proposé de travailler sur ce grand projet. Jusque-là, je n’avais fait que des animations courtes, comme des GIF, et j’étais donc un peu nerveuse, mais Miso et moi échangions souvent des idées par le biais de chats vidéo. Je suis japonaise et Miso-san est moitié japonaise, moitié anglaise. Nous pouvions donc communiquer en japonais, ce qui était un grand avantage pour moi, car mon anglais n’est pas génial. Elle m’a envoyé le son et les paroles, et c’est à partir de là que j’ai conçu le storyboard, qui a été rapidement validé. Il m’a fallu environ quatre mois pour le terminer, car je travaillais également sur d’autres projets. LES INSPIRATIONS b Selon moi, les mangas et l’animation
constituent l’un des principaux attraits du Japon. J’ai inclus de nombreux hommages à Ghibli et à Akira, que Miso et moi-même respectons. La scène qui rend hommage à la moto d’Akira est ma préférée. (Le grand chien blanc assis dans la scène finale du monde idéal est Moro, la déesse louve de Princesse Mononoké de Ghibli). Depuis mon enfance, j’aime lire les magazines de manga japonais des années soixante-dix, et plus généralement, j’aime le design et le style à la fois rétro et futuriste des années soixantedix. Écouter de la musique de différentes époques est une autre source d’inspiration. J’écoute souvent de la musique néo-soul et de la musique électronique lorsque je dessine des illustrations. Il y a aussi des références à Kill Bill de Quentin Tarantino dans les paroles ; je pouvais donc facilement imaginer Miso tenant une épée et se livrant à un combat. Ces idées me sont venues l’une après l’autre, et il a été difficile de les faire tenir dans une vidéo de trois minutes. J’ai éprouvé un grand sentiment d’accomplissement en voyant les idées que j’avais imaginées en mouvement grâce à l’animation.
PAR ÉLORA QUIT TET
@mis oextra
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CLIP CLAP
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50/50
MI @mik SO EXT ami_ta RA ku &
ILLUSTRATION/ANIMATION b Romane Granger L’HISTOIRE b Compte tenu de la poésie des paroles, il me semblait important que le clip soit narratif, et assez rapidement, une histoire a émergé. Celle d’un personnage sur le point de mourir et qui revoit une dernière fois l’enfant qu’il a été pour lui dire adieu, dans la dernière seconde figée de sa vie. Dès la première écoute du titre, j’ai été frappée par les thèmes évoqués, puisqu’ils sont au cœur de mon travail. En effet la nostalgie, la mémoire perturbée et la quête d’identité à travers la recherche de souvenirs sont des sujets qui m’obsèdent, et qui me semblent être des obsessions universelles. Je me suis déjà penchée sur la question de l’idéalisation des souvenirs d’enfance avec mon court-métrage Richie, et dans ma bande dessinée Bettica Batenica, j’imaginais l’histoire d’une femme qui invente une formule magique permettant d’effacer ses souvenirs. Ce clip m’a permis de traiter d’un autre sujet en lien avec la mémoire et qui me tient à cœur : la quête de l’enfance perdue. LA RÉALISATION b Le clip de « Bambino » a été le premier projet
depuis ma sortie d’école que j’ai pu réaliser avec une carte blanche, c’était donc quasiment un projet personnel. Dans un premier temps, je me suis donc mise dans une sorte de bulle, en écoutant en boucle le morceau pendant des jours, en faisant des recherches iconographiques, des croquis de plans/décors… Une fois que j’avais quelques idées de tableaux, j’ai travaillé un storyboard qui me permettait de lier toutes ces scènes, et l’histoire de ce personnage qui court après son enfance s’est précisée. Après ces différentes phases de recherches, j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec des animateur·rices très talentueux·ses, ce qui m’a permis de moins me limiter en termes d’animation, puisque ce n’est pas le domaine que je maîtrise le mieux. Donc après avoir terminé l’animatique, c’est Nicolas Verdier qui a animé le film en « rough » pendant un mois, ce qui a permis d’avoir une vision d’ensemble du clip! Tamerlan Bekmurzayev a ensuite animé la plupart des scènes où l’enfant apparaît, il parvient très bien à représenter la douceur, l’espièglerie. Marine Corbineau a été d’une aide précieuse sur les décors, puisqu’elle a fait une bonne partie des layouts à partir de mes brouillons. Enfin, Gabriel Raffoux m’a assisté sur l’animation clean, et s’est aussi chargé de l’éclosion des petites fleurs à la fin du clip.
LES INSPIRATIONS b Avec ses paroles poétiques et ses sonorités
médiévalo-futuristes, le morceau possède déjà un univers onirique original. Pour répondre graphiquement à cet univers, j’ai voulu mêler des éléments rappelant le Moyen Âge à des références au Space Age et à l’art nouveau. Avec ces différentes inspirations, je voulais créer une atmosphère fantasy-futuriste, le cadre du conte que nous narrent les Bellboy.
BINY O BABM O ELLB
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Pour vivre la lecture de ce papier de façon optimale, allez donc jeter un œil à nos sélections bimensuelles de clips animés sur kiblind.com. Avec le son et l’image, c’est plus sympa quand même.
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FILMS INSTABLES JOÃO GONZALEZ @_joao_gonzalez
b Et si tout ne tenait qu’à un fil ? Une maison accrochée à une falaise de glace, une quille lestée en pleine mer, un visage au creux d’un songe. Et puis… le vent, les vagues, la pesanteur, le vide, le réveil. Le temps. Oui tout ne tient qu’à un fil, si fragile, sur lequel on tire, on se suspend, on grimpe, on s’accroche, on rêve, comme des acharné·es, en voulant tout donner ; et qu’on finit malgré tout par rompre, sans le vouloir pourtant, avec l’énergie du désespoir. Parce que c’est comme ça, et qu’au bout d’un moment ça ne sert à rien d’insister. Dans les films de João Gonzalez, il y a ce temps qui dure, dure depuis on ne sait combien de temps justement, mais depuis trop longtemps c’est sûr, qui fixe et qui immobilise, qui bloque, qui met en cage, et qui nourrit une sorte de routine précaire, d’instabilité invisible, presque ordinaire, jusqu’à la rupture. Et après ? Tracées comme des partitions, les histoires de João Gonzalez racontent des mélodies de vie, des séquences rythmiques de gestes, écrites avec une précision orchestrale et exécutées avec dextérité. Sans doute parce que leur auteur est pianiste avant d’être réalisateur. Son père était professeur de piano, et sa toute première formation artistique, musicale et démarrée très jeune, joue certainement dans son art de l’animation. Cet amour du piano ne l’a jamais quitté, et s’est tendu et relâché comme une corde tout au long de son parcours, qui l’a finalement conduit vers le design graphique, le dessin, l’illustration et l’animation, d’abord à l’ESMAD de Lisbonne, puis au prestigieux Royal College of Art de Londres.
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Ice Merchants, 2022
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PAR JEAN TOURET TE
La musique est naturellement très présente dans ses films ; mais pas comme on l’imagine, pas comme une simple bande-son. Plutôt comme une signature discrète, une sensation, une parole qui vient remplacer les mots absents de la solitude, ou ceux qu’on ne dit pas parce qu’on ne sait plus dire. On parle ici avec des sons et des images, des couleurs, des lignes. Et c’est très beau. Le dessin est épuré, au trait fin, presque comme des estampes, et usant toujours de très peu de couleurs, trois ou quatre, choisies selon l’ambiance souhaitée et l’argument du film. Et surtout, toujours cette maîtrise incroyable du rythme, du tempo. L’influence de la cadence. Les films de João Gonzalez parlent de solitude, d’isolement, de tristesse, d’obsession, de vertige, de peine, et reposent fondamentalement sur une question d’instabilité. Dans Nestor, son film de fin d’études, on assiste au traumatisme quotidien d’un personnage en proie à un trouble obsessionnel compulsif d’ordre, de rangement et d’alignement, et qui vit par une cruelle ironie sur une sorte de maison-bateau au milieu de la mer, perpétuellement tremblante et vacillante comme un culbuto. Dans Ice Merchants, les deux personnages vivent dans une cabane accrochée à une falaise de glace… L’histoire de ce film, sublime et bouleversant, est celle d’un père et de son fils qui vivent sur ce flanc de montagne, suspendus à presque rien, mais si tendrement et solidement attachés l’un à l’autre. Chaque jour, ils quittent leur nid d’oiseaux en sautant dans les airs, pour Nestor, 2019 aller vendre au village tout en bas les quelques morceaux de glace qu’ils ont récoltés sur leur balcon, là-haut à moins de zéro degré. Puis ils remontent chez eux, regardent le gouffre, remplissent le réservoir d’eau, préparent le repas, mettent la table, dînent en silence, attendent que l’eau se change en glace, que le jour se termine, qu’un autre recommence. Une routine ordinaire, implacable, régulière, et tristement mélancolique. Parce qu’il manque quelqu’un, qui n’est pas là, qui n’est plus là, et dont la place vide alimente tristement ce drame à répétition, comme le mouvement d’une balançoire au-dessus du précipice. Et l’instabilité est permanente, silencieuse. Car fatalement, à un moment, quelque chose doit arriver. Si le talent du jeune réalisateur avait déjà été remarqué et récompensé, Ice Merchants a propulsé João Gonzalez dans la dimension internationale de l’animation : primé à la Semaine de la critique de Cannes, à Melbourne, à Chicago, Vila do Conde, Palm Springs, Animafest à Zagreb, Anima à Bruxelles, aux b FILMOGRAPHIE Annie Awards, etc., et sans compter une quarantaine de sélections - The Voyager (2017) internationales, dont une nomination dans le club très fermé - Nestor (2019) des Oscars en 2023. - Ice Merchants (2022) Les extraits des films de João Gonzalez sont visibles sur Kiblind.com
Un grand chef-d’œuvre de 14 minutes, et au passage une petite leçon sur la vie, glissée en toute humilité une fois que tout est détruit : ça va aller.
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b 3. 3 . The House de Niki Lindroth Von Bahr, Emma De Swaef et Marc Roels, et Paloma Baeza (2021)
Je suis vraiment déçue que cette trilogie n’ait pas pu circuler en salle parce que les droits négociés avec une grande plateforme de streaming étaient exclusifs. Mais ce film en trois parties vaut vraiment le coup. Quelle maestria dans le stop motion, dans les lumières, les textures… Et le scénario du film de Niki Lindroth Von Bahr me hante encore !
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Cinq coups de cœur d’animation, cinq best-of du moment ou de tous les temps, de tous les pays, de toutes les humeurs. Une carte blanche présentée et commentée dans ce numéro par Dominique Seutin, directrice et programmatrice du festival international ANIMA à Bruxelles, le seul festival de Belgique exclusivement dédié à l’animation.
b 4. Beurk ! de Loïc Espuche (2023) Beurk ! est un exemple parfait du film tout public : tout le monde va y trouver son compte, avec ces bouches pailletées et ces histoires d’amour tendres. C’est rassembleur, subtil et limpide. L’univers du camping, des vacances sous tente, me rappelle plein de bons souvenirs, et le final m’a mis les larmes aux yeux !
b 1. Le moineau qui ne sait pas siffler de Siri Melchior (2009) Ici, on est dans un film purement pour enfant qui me procure un bien-être incroyable. Sa composition musicale sur mesure, l’orgie des couleurs, la précision de la peinture animée et le message si feelgood me font chavirer. J’aime défendre ce genre d’œuvres qui ont tendance à être déconsidérées par les adultes parce que c’est trop « bébé », mais je pense sincèrement qu’il faut un immense talent pour réussir ce genre de film !
b 5. 5 . Do Not Feed the Pigeons de Antonin Niclass (2021)
Chaque année, je regarde beaucoup de films étudiants. Ils ont souvent le même défaut : ils manquent de maturité. Ici c’est tout le contraire : le réalisateur donne l’impression qu’il a posé discrètement sa caméra dans une gare de bus, et qu’il a réussi à capter l’essence de l’humanité dans toute sa diversité. Un travail remarquable, d’une grande poésie.
b 2. The Race de Michael Le Meur (2015) Il m’a fallu longtemps pour comprendre que la raison pour laquelle j’adorais certains films était leur crescendo. Ils commencent calmement, et puis ils montent en puissance petit à petit avec un montage qui s’accélère. Et ici le crescendo que l’on croit d’abord purement formel, autour du rond, nous embarque dans un discours philosophico-écologiste qui me fait me sentir moins seule !
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ANIMA FESTIVAL, animafestival.be
Organisé tous les ans par l’ABSL Folioscope, le Festival international du film d’animation de Bruxelles, aka ANIMA, propose des films d’animation, et exclusivement d’animation ! Tournées image par image et réalisés en dessins animés, marionnettes, pâte à modeler ou numérique, les créations présentées arrivent du monde entier, sont de toutes les longueurs du format pub ou clip au long-métrage et pour tous les publics, des jeunes enfants aux adultes et aux professionnel·les. Soigneusement sélectionnés par l’équipe du festival, ces films sont répartis en plusieurs programmes, dont les fameux Best of Shorts, C’est du Belge, et Focus. Habilité à désigner ses candidats à l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation, ANIMA est l’un des plus importants festivals d’animation en Europe et dans le monde. Il est aussi réputé pour son ambiance très conviviale et... ses crêpes ! C’est dire si la qualité est là. Et cette année, c’est Cyril Pedrosa qui signe l’affiche de la déjà 43e édition. THE BRUSSELS INTERNATIONAL ANIMATION FILM FESTIVAL
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BLA BLA BLA — CHRONIQUES
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THÉÂTRE MARNI, FLAGEY,
PALACE, CINEMATEK.
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LYON VILLE-LIVRE VU PAR KIBLIND LYON VILLE DE LITTÉRATURE, MEMBRE DU RÉSEAU DES VILLES CRÉATIVES UNESCO
Maintenant que KIBLIND Magazine traverse l’océan Atlantique direction les États-Unis, nous voilà complètement jetlagué·es. D’autant plus lorsqu’il faut passer à table : est-ce que c’est l’heure du goûter ou du souper ? On mange sucré ou salé ? Trop tard pour un café ? Trop tôt pour l’alcool ? On ne sait plus. Dans le doute, on a créé deux recettes, et on y a tout mis.
Le gâteau depapor mmemttrese lede terre
Commencez garder beurre à fondre et le ntempéré. Puis recomme r cez. Si vous hésitez su ’il qu st c’e és, tit les quan n’y en a pas assez. Dans le doute mettez à nouus veau du beurre. Si vo e ett qu pla tre vo finissez ut-être de beurre, il y en a pe assez. ur re d’amande au mixe 2 Passez la poud pa finesse. Peut-être s pour lui donner de la blagues, mais rapproautant que dans nos ssible. chez-vous-en le plus po es de terre ou obligez 3 Épluchez les pomm ur vous grâce au chan quelqu’un à le faire po ire puis mettez-les à cu tage affectif. Lavez-les sjours. Égouttez-les, pa entre 20 minutes et 2 s gro puis au chinois (en sez-les au presse-purée ). ué n, c’est pas compliq faites une purée maiso nde d’œufs, la poudre d’ama 4 Ajoutez les jaunes z ute tout à la spatule. Ajo et le sucre, mélangez le t en terre. Versez doucem la purée de pommes de jus le Incorporez ensuite le beurre et mélangez. z autant de sucre que de d’orange. Astuce : mette e équilibré. beurre pour un équilibr ajoules blancs d’œufs et 5 Battez en neige ke Beurrez un moule à ca tez-les à la préparation. et n . Versez la préparatio et chemisez-le de sucre r fou de sucre. Cuisez au saupoudrez à nouveau ou 3 minutes à 1 800 °C 30 minutes à 180 °C, auulez à chaud. Ajoutez 3 jours à 18 °C. Démo it. cessaire, sky is the lim tant de topping que né mythe. Bon appétit. 6 Le diabète est un
PAR NOÉMIE ARENSMA
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1 Optez pour votre verre favori. S’il est à laver, pre nez-en un autre. Humidifiez les bords du verre avec quelques glaçons et une partie du jus de citron. 2 Trempez les bor ds du verre dans un mélange de sucre en poudre (100 %) et de sel (20 %) pour un effet givré. 3 Dans un shaker , versez le café froid, la tequila et le jus de citron. Les quantités sont instinctives, ne vous mente z pas. 4 Shakez ça avec panache, filtrez la préparation et versez la boi sson dans le verre propre. 5 Glouglouglou.
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avec une part de gâteau aux pommes de terre, et recommencez l’opération autant de fois que nécessaire.
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BLA BLA BLA — FOOD
La Margarita au café
E X P O S I T I O N , A RT S V I VA N T S , D É B AT S D ’ I D É E S , AT E L I E R S ...
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