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CLIPCLAP

Pi Ja Ma

Les Sites De Rencontres

ILLUSTRATION/ANIMATION: ALICE MONVAILLIER

→ L'histoire

Le clip raconte l’expérience de Pauline (Pi Ja Ma) lorsqu’elle cherchait l’amour sur les sites de rencontre. La première partie parle de la galère que peuvent représenter ces sites : profils identiques à la pelle, côté additif des applis, rendez-vous foireux, etc. La deuxième partie quant à elle parle de l’après, lorsque Pauline rencontre enfin l’amour, dans la vraie vie cette fois !

→ La réalisation

La première partie du morceau raconte la galère que peut être la recherche d’un·e amoureux·se sur les sites de rencontres, en opposition à la deuxième partie qui parle du sentiment de légèreté ressenti lors du début d’une relation amoureuse, le personnage ayant trouvé l’amour entre les deux parties. J’ai donc voulu que cette dualité soit également présente dans l’animation. Pour les deux parties, je n’ai pas vraiment fait de storyboard, j’avais les idées principales en tête, et j’ai laissé mon imagination se développer au fur et à mesure de la conception du clip. Pour la première partie, j’avais la possibilité de faire boucler certains passages, car la musique présentait des répétitions. En termes de temps, je pouvais donc faire de l’animation traditionnelle en dessinant toutes les images, technique très chronophage mais que j’aime particulièrement. La musique était très rythmée, j’ai donc essayé de caler les images sur ce rythme pour garder l’esprit très dansant de cette partie. Au niveau des éléments dessinés, je suis restée assez proche de ce qui est raconté dans les paroles, des choses très concrètes sur l’expérience de Pauline. La deuxième partie est plus vaporeuse au niveau de la musique, et plus abstraite et poétique au niveau des paroles. Je voulais exprimer ce sentiment de flottement, de lâcher-prise qu’on peut ressentir lors d’une rencontre. J ’ai donc choisi d’utiliser un logiciel d’animation qui me permettait d’avoir des mouvements plus lents et fluides que pour la première partie. C ’était aussi un moyen d’accélérer mon rythme de production des animations : j’avais cinq semaines pour réaliser un clip qui dure presque cinq minutes, un sacré défi ! Les couleurs sont également différentes. Pour la première partie, j’ai choisi une palette de couleurs très précise ; pour la deuxième, j’ai voulu créer un univers plus psychédélique, l’éventail de couleurs est beaucoup plus large.

→ Les inspirations

L’univers de Pauline, qui mélange des registres assez drôles, poétiques et un peu enfantins, m’a tout de suite parlé pour imaginer le clip. J ’ai très rapidement imaginé des personnages rigolos, des formes simples, arrondies, qui collent bien avec la voix douce de Pauline. J ’avais aussi envie que l’esthétique du clip ait un petit côté rétro, avec des couleurs qui ressemblent à celles des dessins animés des années 80, pour ajouter un côté décalé. J ’avais aussi à cœur que l’animation fonctionne avec la rythmique du morceau, la musique en elle-même a donc été le principal guide lorsque j’ai dû imaginer les scènes et les mouvements.

PEARL AND THE OYSTERS FT. LAETITIA SADIER READ THE ROOM

ILLUSTRATION /ANIMATION : MICKEY MILES

→ L'histoire

Compte tenu du peu de paroles, la musique n’offrait pas beaucoup de possibilités narratives. Il y a juste la phrase « read the room » qui se répète pendant toute la durée du morceau. En plus de ça, le groupe m’a donné la liberté de faire ce que je voulais. Ils m’ont juste dit de rester dans une veine rétro-scientifique comme j’ai l’habitude de faire. Presque immédiatement m’est venue l’idée d’en faire une expérience de réalité augmentée. Le personnage principal a le choix de se brancher sur un monde spécifique et de l’expérimenter de fond en comble. Que ce soit une croisière vers une destination relaxante, un casino avec des machines à sous, un château qu’il faudrait défendre face à un dragon ou des extra-terrestres qu’il faudrait combattre dans un jeu vidéo. J’ai interprété le titre de la chanson de la même manière qu’un ordinateur pourrait « lire » un logiciel.

J’ai aussi façonné le personnage principal à partir de moi-même pour montrer la façon dont j’ai imaginé ces images quand j’ai écouté la musique. La première fois que j’ai expérimenté la réalité virtuelle, j’ai immédiatement pensé au rêve lucide. C’est l’immersion ultime...

→ La réalisation

J’aime à penser que mon approche consiste à utiliser des méthodes traditionnelles avec des outils modernes. Le type d’animation que je réalise aurait pu être facilement accompli par un petit studio dans les années 70, mais en tant qu’artiste indépendant, j’ai besoin d’utiliser des outils comme mon iPad pour accélérer le processus.

Je suis autodidacte, donc les mouvements dynamiques et compliqués sont quelque chose que j’ai encore du mal à maîtriser. Au lieu de cela, je me concentre sur ce que je peux faire, c’est à dire accorder plus d’attention à la composition d’une scène et trouver un moyen de captiver ou d’engager le public dans les limites de mes compétences techniques. J’ai passé ma vie à analyser de l’animation, à regarder attentivement chaque scène, parfois image par image. Toutes mes animations sont réalisées grâce à un support numérique, mais j’applique les mêmes règles qu’un animateur traditionnel.

Toutes les animations que j’ai réalisées ont été illustrées dans Procreate. L’arrière-plan est regroupé en couches, placé derrière les personnages et les autres objets. J ’utilise la méthode du « pelage d’oignon » pour les éléments mobiles de la scène. Une fois que le cadre est prêt, j’exporte l’ensemble de l’image au format JPEG. Je n’ai pas d’ordinateur portable et je suis donc limité à mon iPad, ce qui signifie que je ne peux pas utiliser des logiciels comme Adobe Premiere, qui faciliteraient vraiment le processus d’édition. J ’utilise une application de montage vidéo simple et gratuite qui me permet d’importer chaque image et d’ajuster chaque image à 0,10 image par seconde. Cela signifie que je monte image par image et que si j’ai besoin de changer quelque chose, je dois identifier les images exactes et recomposer la scène dans Procreate.

Au cas où vous seriez curieux d’en savoir plus sur le temps que ça me prend, j’ai réussi à animer cinq secondes du clip en une journée de travail et j’ai terminé « Read the Room » en moins d’un mois.

→ Les inspirations

Les « créatures » sont souvent non réfléchies, je me tiens loin de tout ce qui est trop conceptuel. Si j’intellectualise mon travail en l’effectuant, je finis avec une page blanche. Mon envie première était de me dépoussiérer le subconscient et de laisser sortir les petits troglodytes de la caverne encéphalique.

Pour vivre la lecture de ce papier de façon optimale, allez donc voir nos sélections mensuelles des clips animés sur kiblind.com. Avec le son et l’image, c’est plus sympa quand même.

Propos recueillis par : É. Quittet

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