2 minute read

La culture comme outil de réinsertion

Pour les aider dans leur réinsertion et les projeter dans un futur nouveau, le SPIP de la Marne encourage les détenus à échanger, notamment via des actions culturelles qui se développent de plus en plus.

Le rôle du SPIP tient dans son acronyme : Service pénitentiaire d’insertion et de probation. Dans la Marne, et sous la hiérarchie du ministère de la Justice et de la DISP Grand Est, deux antennes, à Reims et à Châlons, œuvrent au quotidien auprès des personnes sous main de justice. Plusieurs conseillers se relaient et travaillent de concert avec les maisons d’arrêt et partenaires pour accompagner détenus et probationnaires à avancer dans leurs peines, à préparer leurs sorties, à se réinsérer sereinement dans la société. Un suivi de longue haleine donc, jalonné, parfois, de nombreuses embûches tant les profils humains et les dossiers sont uniques dans leurs combinaisons et leurs spécificités. Au-delà du suivi judiciaire, de la gestion des aménagements de peines et de l’administratif, un service du SPIP est dédié aux actions culturelles. « Notre but premier est bien de pouvoir lutter contre la récidive, en ce sens les activités socioculturelles sont un outil voire un levier permettant de contribuer à un retour à une vie sociale et ci- toyenne », explique le directeur pénitentiaire d’insertion et de probation en charge d’une mission départementale sur la culture et l’insertion. Ainsi, plusieurs activités sont organisées tout au long de l’année, co-portées par le personnel du SPIP et des intervenants extérieurs qui ont, au préalable, présenté un projet précis. En avril, par exemple, sept détenus volontaires ont participé à un atelier d’écriture épistolaire. Une des éditrices des éditions rémoises

Advertisement

Des moments de rencontres propices au dialogue

Fulbert First est entrée à la maison d’arrêt de Reims avec des courriers issus d’un appel à textes national, et au cours de six ateliers, chacun des détenus a répondu à son courrier, avec attention.

Le fruit de cet échange sera publié dans un petit recueil en micro-édition, vendu au profit d’une association choisie par les détenus. L’atelier sera réitéré en août et en octobre. Derrière ces activités, il n’y a pas de but d’occupation contre l’ennui ni de confort de vie. Ces moments de créativité sont même parfois à contre-courant avec les habitudes et les savoirfaire des détenus. Pour l’atelier précédemment cité, rester concentré pendant trois heures, lire, écrire, s’ouvrir, se livrer n’est pas chose aisée. Les aléas des humeurs de la vie en communauté et en détention rendent aussi l’exercice parfois périlleux. Pourtant, ces moments de rencontres sont propices au dialogue. L’intervenant peut devenir médiateur neutre et accueillir la parole relative au parcours judiciaire, à l’infraction, à la culpabilité ou à la révolte. Un premier pas vers la justice restaurative, qui, dans sa plus grande application — des groupes d’échange entre détenus et victimes — a pour objectif la responsabilisation, la reconnaissance de la souffrance des victimes et la réintégration dans la société. Aujourd’hui, le SPIP de la Marne aimerait développer ce pôle d’action, en formant ses agents à la justice restaurative et en aménageant des temps dédiés. Et pour avancer collectivement, comme une chaîne vertueuse, sur la voie de ces apprentissages, une projectiondébat du film de Jeanne Herry, « Je verrai toujours vos visages », est organisée pour les équipes des SPIP de Reims et Châlons, et les juges d’applications des peines, le 3 mai à la Comète, à Châlons. Car tout écho et toute inspiration sont forcément fédérateurs et générateurs de progrès.

Agathe Cèbe

This article is from: