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Près de 20 M€ pour réorganiser le centre de tri de la Veuve
À l'horizon 2024, l'unité de valorisation des déchets implantée à La Veuve accueillera, en plus des collectes sélectives de 342 000 Marnais, celles de la Meuse et de la Haute-Marne. Sa restructuration, chiffrée à 19,6 M€, comprend aussi la modernisation de son process face aux nouvelles règles de tri.
Depuis le 1er janvier, tous les emballages ménagers, propres ou souillés, en plastique, en métal ou en carton, mais également tous les papiers, se jettent dans la poubelle jaune. Plus simple pour les citoyens, beaucoup moins pour les structures qui gèrent ensuite ces déchets. À la Veuve, le centre de tri des collectes sélectives du Syvalom (Syndicat de valorisation des ordures ménagères de la Marne) a investi 340 000 euros, dont 100 000 financés
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Objectif : capter 95 % des matières valorisables par l'éco-organisme Citeo, dans un système aspirant capable d'extraire les films plastiques souples et les opercules des déchets désormais triés ensemble. Il dispose aussi depuis 2016 de cinq trioptiques programmés et pilotés par ordinateur pour identifier, grâce à des faisceaux lumineux, les différents types d'emballages (bouteilles en plastique, briques alimentaires, cartonnettes) puis les séparer lorsqu'ils arrivent sur la ligne automatisée de tri. « Des bulles d'air comprimé soufflent les matières pour les diriger vers les goulottes qui leur correspondent, explique Etienne Anquetin, ingénieur au Syvalom. C'est très rapide. Sur un créneau de sept heures, on trie ainsi entre 40 et 50 tonnes de déchets. » Le tri manuel en cabine reste une étape obligatoire pour éviter les erreurs. Car malheureusement, on trouve encore de tout dans les sacs jaunes, y compris de la nourriture, des encombrants, de l'électronique, des carcasses d'animaux, etc. Contrairement aux idées reçues, les éventuels résidus de matières organiques présents sur les emballages jetés (graisse, sauce ou autres petites miettes) ne gênent en rien le bon déroulement du process. Les éléments solides, en revanche, doivent impérativement être enlevés avant le tri. « Les morceaux de pizza ou les contenants encore pleins sont proscrits », illustre l'expert. Tout juste acté, un partenariat entre le Syvalom et les syndicats de la Meuse (SMET 55) et de la Haute-Marne (SDED 52) vise à mutualiser, en 2024, le tri de leurs collectes sélectives respectives sur le centre de La Veuve. Excepté le bassin rémois, qui possède sa propre infrastructure, les déchets de plus de 342 000 Marnais transitent sur place pour l'heure. Demain, ce site concernera environ 630 000 habitants des trois départements. D'où la vaste restructuration qui s'y dessine, estimée à 19,6 M€, dont la conception, la réalisation et la maintenance sont confiées au groupe Suez, nouvel exploitant des lieux. « Le centre va être repensé dans sa globalité, précise Julien Valentin, le président du Syvalom. L'objectif, c'est de moderniser l'outil, de l'adapter au nouveau geste de tri et de mutualiser nos coûts. » Au programme : la réorganisation des flux de circulation, l’extension de la zone de stockage aval des plastiques, qui passera de 500 à près de 1 500 m², le réaménagement du stockage amont et la mise en place d'un nouveau process. Avec à l'arrivée six tri-optiques supplémentaires et la capacité de capter 95 % des matières valorisables parmi les déchets. Côté finances, l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) du Grand Est financera le chantier à hauteur de 1,1 M€, dans le cadre du plan France relance, et Citeo apportera une pierre de 850 000 euros à l'édifice.
3 euros de plus par an et par habitant
Le Syvalom compte amortir le reste à charge sur sept ans, moyennant logiquement une refacturation à ses confrères haut-marnais et meusiens, ainsi qu'aux collectivités avec lesquelles il traite. De quoi craindre une répercussion sur le porte-monnaie des habitants ? « Forcément, mais elle restera limitée, car la hausse des coûts sera partagée entre nous trois, répond Julien Valentin. L'optimisation du centre, notamment le fait de passer en auto-consommation électrique, nous permettra aussi de réaliser une économie annuelle de 200 000 euros pendant neuf ans. On a tablé sur 236 euros la tonne refacturée aux collectivités pour les sacs jaunes. On devrait donc arriver à environ 3 euros de plus par an et par habitant, nonobstant les choix politiques des collectivités. » Certaines pourraient opter pour des taxes – encore plus - incitatives.
Sonia Legendre
Des déchets plus volumineux depuis l'extension
Depuis les nouvelles règles de tri, le Syvalom constate une augmentation de 30 à 50 % du volume des déchets issus des collectes sélectives. « Pour à peine 20 % de poids supplémentaire, complète son président, Julien Valentin. On passe de 44 à 51 kg de déchets par habitant, sachant que tout le monde n'a pas encore adopté les bons réflexes. Aujourd'hui, on trie ces déchets par taille. Demain, grâce au nouveau process, on sera en mesure de séparer les corps creux des corps plats, et donc de travailler sur cette volumétrie. »
Aucun déchet exporté à l'étranger
En écho au reportage diffusé sur M6 la veille de cette présentation aux partenaires et aux médias, qui dénonçait les pratiques illégales de certains exploitants consistant à déposer nos déchets à l'étranger, Julien Valentin a rappelé l'exemplarité de la Marne en la matière. « Nous avons, par le passé, envoyé des déchets en Belgique, concède-t-il. Mais ce n'est plus le cas et ce cercle vertueux est en place depuis déjà plusieurs années. Toutes les collectes sélectives prises en charge sont restées sur le territoire national. » De façon transitoire, le temps des travaux, une partie de ces déchets sera transportée au centre de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne).
En chiffres l Le centre de tri des collectes sélectives s'étend sur 7 000 m² et gère 30 000 tonnes de déchets par an issus de la Marne (excepté Reims). l Jusqu'à 28 000 tonnes de biodéchets et 110 000 tonnes de déchets non recyclables peuvent transiter par le site de La Veuve chaque année. l 37 personnes sur les 70 que compte actuellement l'unité de valorisation travailleront au sein du centre rénové, dont 14 trieurs en insertion, recrutés et formés via l'association Agicac. l 5 créations d'emplois (équivalents temps plein) sont prévues d'ici 2024.