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Une serre à 8 M€ pour des vignes plus résistantes

C'est inédit, la Champagne, la Bourgogne et le Beaujolais s'associent pour la construction, à Oger, d'un bâtiment innovant qui servira à produire le matériel de base des plants de vigne certifiés.

C’est un projet absolument essentiel pour l’avenir de nos vignobles de Champagne, de Bourgogne et du Beaujolais. Trois régions et six départements qui participent à la création d’un équipement chez nous, c’est rarissime. » C'est ainsi que le président de l’agglomération d’Épernay, Franck Leroy, s’est réjoui de voir aboutir le projet Qanopee (Quart nord-est de prémultiplication collective), présenté lors du dernier conseil communautaire.

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Pour la première fois en France, trois vignobles vont s’associer dans leur activité de prémultiplication, étape préliminaire et essentielle à la production de plants de vigne certifiés que les vignerons acquièrent auprès des pépiniéristes.

« Cette production stratégique est menacée pour des questions sanitaires, en lien avec le climat, en raison de l’extension ou de l’émergence de certaines maladies, a expliqué Pascal Desautels, vice-président en charge du tissu viticole. Le projet Qanopee consistera en la construction d’une serre bioclimatique « insect-proof » (anti-insectes) et d’un bâtiment d’exploitation. »

Ce chantier à 8 M€ doit démarrer en juin prochain sur un terrain de 5 000 m² de la zone d’activités d’Oger mis à disposition par le Comité Champagne. Une serre de haute technologie de 8 mètres de haut, accompagnée d’un bâtiment d’exploitation, sortiront de terre après douze mois de travaux. L’agglo espère un outil exemplaire en matière énergétique, avec notamment une autoconsommation collective grâce à des panneaux photovoltaïques. La construction d’une deuxième et d’une troisième tranche est d’ores et déjà envisagée pour agrandir cette serre, au fur et à me- sure des besoins.

L’an passé, l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), l'organisme de recherche de la filière vitivinicole, a publié un nouveau schéma de prémultiplication pour l’ensemble de la profession, afin « de préserver le matériel végétal des maladies actuelles, dont l’expansion est inquiétante, et des maladies émergentes », mais aussi « d’accélérer la mise à disposition de matériel végétal innovant ou à des fins d’adaptation ». L’enjeu est donc sanitaire et environnemental, les deux aspects étant inextricablement liés. « La rapidité du réchauf- fement climatique amène l’ensemble des acteurs des vignobles français à se pencher sur l’impact des phénomènes climatiques sur la vigne et le vin, a détaillé Franck Leroy. On peut se réjouir que ces équipements voient le jour sur nos territoires, car ce projet nous assure une approche innovante sur les vignes du futur, ce qui est extrêmement important. »

Ce projet verra le jour grâce à une importante dotation européenne (4,8 M€), le reste étant apporté par différentes collectivités du Grand Est, mais aussi des régions Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. L’ambition du projet Qanopee est de produire des références technicoéconomiques pour l’ensemble de la filière de prémultiplication en France.

Simon Ksiazenicki

Vers un écosystème de la recherche et l'innovation ?

À 5 kilomètres du futur emplacement du projet Qanopee, le groupe Moët Hennessy a inauguré, en 2021, à Oiry, le centre de recherche Robert-Jean-deVogüé. En investissant 20 M€ dans la recherche et le développement, la filiale du groupe LVMH espère trouver des solutions pour réduire son impact environnemental et s’adapter au changement climatique. Franck Leroy, président de l’agglo, veut voir dans ces deux projets (et d’autres à venir) l’émergence d’un « écosystème ». Il a aussi ajouté que le Comité Champagne prévoyait d'augmenter son budget d’environ 50 % dans la décennie à venir afin de développer la recherche et l’innovation.

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