Kostar 38 issuu

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CHORÉGRAPHIE GREGORY MAQOMA

02 51 88 25 25 / leGrandT.fr Spectacle proposé dans le cadre de Transcendanse et des Saisons Afrique du Sud – France 2012 & 2013 - www.france-southafrica.com

Licences spectacles 1-142915 2-142916 3-142917

EXIT/EXIST

2013/14

PHOTO © JOHN HOGG

26 - 27 NOV - LE GRAND T


FA C E À FA C E

SETH GUEKO w recto... l’intervie

KOSTAR PHOTOS / THOMAS DORÉ POUR

Pourquoi aimez-vous autant la langue française ? n

Elle est riche, vivante et évolue dans la rue. C’est un dictionnaire en mouvement dans lequel je pioche pour rendre ludique ma musique. En règle générale, j’ai l’amour des mots que je tords et je déforme pour créer de petites énigmes. Je fais un rap imagé et un peu complexe, à l’inverse de la musique pré-mâchée d’aujourd’hui.

La punchline dont vous êtes le plus fier ? n Je ne suis pas

mécontent de mon « je vais me tatouer love sur les phalanges pour te frapper avec amour ». C’est une image percutante, donc une punchline. Après, pas la peine de lâcher Les Chiennes de Garde, car il ne faut rien y voir d’autre que le sens de la formule.

Avec Shalom Salam Salut, vous faisiez un clin d’œil au Salut à toi des Bérus. Seriez-vous donc davantage punk que rappeur ? n On va dire

que je suis un rappeur avec une âme rock’n’roll.

Finalement, vous êtes un gentil ? n C’est certain que je

suis plus un gentil qu’un mec avec un mauvais fond.

Votre définition du rap ? n Un

ramassis de faux-jetons !

LE 13 DÉCEMBRE, LE CHABADA, ANGERS. WWW.LECHABADA.COM

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K O S TA R PA R L E M E N U

recto... n Seth Gueko / P3 Cover BoyS n Studio LVL / P8 le k de kostar n Peter Van Poehl / P10 Guide me five n P12 les objets du désir n P14 Chef oui chef n David Etcheverry / P16 au tour de la table n P18 business classe n Wiseband / P20 portefeuille n Mascarades Obsessions par Evor / P58 TêteS de série n India Hair / P27 n Dan / P28 n François Feutrie / P30 n San Carol / P32 Sur son 31 n P31 entretiens n François Tanguy / P34 n Mélanie & Anthony Rio / P38 Le moi dernier n par Pierrick Sorin / P42 une ville ailleurs n Liverpool par Franck Gérard / P58 Guide Kostar n P51 / Expos, spectacles, festivals, soirées… à Angers, Nantes, Rennes et plus loin. verso... n Seth Gueko / P66

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LES COSMOPOLITES Les Cosmopolites est une proposition imaginée par Le Grand T, théâtre de Loire-Atlantique et le lieu unique, scène nationale de Nantes. Les spectacles du cycle sont présentés en version originale sur-titrée.

NELLA TEMPESTA – Compagnie Motus 27 - 28 NOV 2013 | LE LIEU UNIQUE

Tempête économique, tempête sociale, tempête intergénérationnelle, tempête citoyenne… Nella Tempesta se pose en agent de résistance à la déshumanisation.

TOWNSHIP STORIES – Paul Grootboom 06 - 07 DÉC 2013 | LE GRAND T

Théâtre, musique et danse pour retracer les aventures urbaines de personnages évoluant dans une société pleine de promesses, aussi vibrante que violente, aussi injuste que généreuse.

BEFORE YOUR VERY EYES – Collectif Gob Squad & Campo 08 - 10 JAN 2014 | LE LIEU UNIQUE

Lumineuse, sensible, drôle, troublante… cette création bouscule tous nos repères et remet en cause la sagesse de l’âge et l’innocence de la jeunesse.

EL PASADO ES UN ANIMAL GROTESCO – Mariano Pensotti 21 - 23 JAN 2014 | LE GRAND T

Licences spectacles 1-142915 2-142916 3-142917

Quatre comédiens interprètent une douzaine de personnages, une performance de jeu où des multitudes d’histoires se croisent, une saga aux allures de telenovela.

www.LeGrandT.fr – 02 51 88 25 25 www.lelieuunique.com - 02 40 12 14 34 PA G E 0 5

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Q U I F A I T Q U O I  ?

KOSTAR est édité par Médias Côte Ouest, SARL de presse au capital de 30 794,70 euros Directeur de la publication n Patrick Thibault. coordination rédaction n Arnaud Bénureau. Graphisme et maquette n Damien Chauveau. CHEF DE PRODUCTION MEDIA n Céline Jacq. Développement n Marc Grinsell, Patrick Thibault. Publicité pub@kostar.fr SECRÉTAIREs DE RÉDACTION n Céline Jacq, Cécile You. COMPTABILITÉ n Alexandra Benzouaoui, Bénédicte Da Costa. Rédaction n redaction@kostar.fr Studio graphique n damien@mcomedia.fr Merci à tous ceux qui ont participé à ce numéro. Rédacteurs n Arnaud Bénureau, Vincent Braud, Matthieu Chauveau, Antonin Druart, Franck Gérard, Marie Groneau, Céline Jacq, Mathieu Perrichet, Pierrick Sorin, Patrick Thibault. Photographes n Julien Bourgeois, Joan Casanelles, Thomas Doré, Lucie Etchebers, Ludovic Failler, Franck Gérard, Francis Guillard, Kiwichao, Fred Lombard, Pégase, Yann Peucat, Philippe Piron, Gildas Raffenel, Pierrick Sorin. PA G E 0 6

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GRAPHISTES / Illustrateurs / artistes plasticiens n Evor, Studio LVL (couverture, ours, sommaire, Objets du désirs, circuit Une ville ailleurs, couverture Guide, custom des titres), Pierrick Sorin. Remerciements n Chris de La Suite 21. Tous nos annonceurs. Imprimé en CEE n Dépôt légal à parution n © Kostar 2013 www.kostar.fr www.facebook.com/magazineKostar Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. n Abonnement annuel 30 euros. Médias Côte Ouest, 2 ter rue des Olivettes, CS33221, 44032 NANTES CEDEX 1 n + 33 (0)2 40 47 74 75. ISSN : 1955-6764 Nos lecteurs et internautes sont informés que l’envoi à la rédaction, par leurs soins, de photographies représentant leur image et destinées à être publiées au sein de la rubrique « Sur son 31 », entraînent de facto leur acceptation : pour diffusion au sein du magazine « KOSTAR » édité par la société « Médias Côte Ouest », pour diffusion au sein des plateformes numériques « www.kostar.fr » et « www.facebook.com». Cette autorisation est valable sans limitation de durée. La rédaction s’engage en contrepartie à ce que les éventuels commentaires ou légendes accompagnant la reproduction ou la représentation de ces photographies ne portent en aucune façon atteinte à leur réputation ou à leur vie privée.

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Noël, No stress !

Et pour vous simplifier le stationnement, un accueil parking est assuré tous les mercredis et samedis de décembre. Joyeux Noël, n’est-ce pas ?

centre-beaulieu.com

- Photo : Istock

Habillé pour l’occasion, Beaulieu vous invite à préparer Noël le plus agréablement du monde : 120 boutiques, les plus belles marques et des idées cadeaux par milliers, la nouvelle carte cadeau de 15 à 150 € pour faire plaisir à coup sûr, vos cadeaux emballés gratuitement et le Père Noël en personne pour les enfants.


K O S TA R H A B I L L É PA R …

Kostar # 38 habillé par...

Couverture / P01 n Sommaire / P04 n Ours / P06 n Objets du désirs / P14 n Circuit Une ville ailleurs / P49 n Couverture Guide / P51 n Custom des titres / P8, 10, 16, 20, 22, 27, 28, 30, 32, 35, 39, 44 PHOTO / LUDOVIC FAILLER POUR KOSTAR

Depuis peu, LVL Studio, microstructure nantaise créée en 2009 par Romaric Dabin et Fabien Landry, n’existe plus. Pourtant, l’entité Label LVL est toujours bien vivante. n On ne compte plus les collaborations et expositions pilotées et initiées par les deux touche-àtout du design graphique : art work de l’album Tetra de C2C, la venue des Anglais de La Boca ou des Belges de Hell’O Monsters, leur univers Amigos Locos, leurs tshirts et shootings pour Sixpack… n Aujourd’hui, LVL est dans les starting-blocks, prêt à remettre une touche de “green” dans Le Voyage à Nantes 2014, avec un projet ludique et pop à rendre complètement fou Jean Blaise. n LVL Studio est mort, vive LVL Studio ! n WWW.LVL-STUDIO.COM PA G E 0 8

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U N E P E R S O N N A L I T É À L A M O D E PA R L E D E M O D E

« J’AI TOUJOURS ÉTÉ ASSEZ COQUET » INTERVIEW / ARNAUD BÉNUREAU

PHOTO / JULIEN BOURGEOIS

Faites-vous attention à votre look ? n J’ai toujours été assez coquet. Et encore plus en ce moment. J’ai la chance d’avoir une styliste qui me fait de très jolis costumes sur mesure. Du coup, Laetitia Ivanez des Prairies de Paris a décidé de lancer très récemment une collection homme à partir de mes costumes. Comment s’est passé la rencontre avec Les Prairies de Paris ? n Laetitia était fan de mes disques. Et à la fin d’un concert à La Cigale, elle est venue me voir en me disant qu’elle serait ravie de me faire un costume. J’ai sauté sur l’occasion. Comment faisiez-vous avant ? n J’ai toujours été plus ou moins fauché. J’avais donc tendance à aller dans les friperies. Que signifie être à la mode ? n Ça ne veut rien dire. Les artistes que j’admire l’ont été à un moment et parfois plus. De mon côté, j’ai raté des choses à la mode. Finalement, c’est quelque chose qui m’importe peu. Quel est le comble du chic ? n Miriam Makeba ! J’ai revu récemment un concert qui m’avait marqué lorsqu’il était passé à la télévision suédoise. Et je trouve que dans sa robe panthère, elle est d’une élégance rare. Et je ne vous parle même pas de ses musiciens. Et du mauvais goût ? n Sur mon premier album, j’ai travaillé avec un copain trompettiste. Il était trop bon. Je lui ai alors mis dans les mains un cor anglais qui ne sonnait pas du tout juste. Cela s’entend d’ailleurs sur le dernier morceau du disque. Tout cela pour dire que je suis pour les fausses notes et le mauvais goût. Je trouve ça excitant dans le sens où il n’y a plus de limites.

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Avez-vous déjà pris des vestes ? n Lorsque vous avez 12 ans en Suède, vous jouez soit au football, soit au hockey sur glace, soit dans un groupe. Depuis cet âge-là, je ne compte plus le nombre de vestes que je me suis prises. Mais je suis quelqu’un de persévérant donc j’insiste toujours. Avez-vous retourné votre veste ? n Oui. Un jour, je suis content de ce que je fais et le lendemain, non. Dans ma musique, j’aime avoir cette possibilité-là. Depuis quelque temps, Paris compte un autre exilé suédois. Qui de Zlatan Ibrahimovic ou de vous a le plus la classe ? n C’est rigolo, mais je vais faire une interview pour un magazine sportif. J’étais donc en train de regarder un documentaire sur Ibrahimovic qui, comme moi, vient de Malmö. Et ce film est assez émouvant. Peut-être mais vous ne répondez pas à la question… n Ah oui ! C’est certainement lui. Il a les moyens d’être mieux habillé que moi. Et cette barbe de trois jours, à quand remonte-t-elle ? n Comme je suis un peu fainéant, je me rase toutes les semaines. C’est pratique. Mais la vraie explication, c’est que je suis très peu poilu. n LE 26 NOVEMBRE, SALLE PAUL FORT-LA BOUCHE D’AIR, NANTES. WWW.LABOUCHEDAIR.COM LE 7 FÉVRIER, FEST FOLK EN SCÈNE, DONGES. WWW.PETERVONPOEHL.COM

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N SI OU G V NE E AU

OU 5 ÉVÉNEMENTS INCONTOURNABLES EN PLUS OU MOINS 50 MOTS

© JOHN HOGG

C’est quoi ? Partout où elle est jouée, cette version moderne du Lac des cygnes fait un tabac. Avec Swan Lake, la jeune chorégraphe sud-africaine Dada Masilo évoque de manière joyeuse l’homophobie de la société sud-africaine tout en prônant la tolérance et l’ouverture. C’est quand ? Les 26 et 27 novembre au Grand R à La Roche-sur-Yon et les 29 et 30 novembre au Grand T à Nantes. n

N G OU ÉN V ÉR EL AT LE IO N

WWW.LEGRANDR.COM / WWW.LEGRANDT.FR

© PHILE DEPREZ

C’est qui ? Le collectif germano-britannique Gob Squad enferme des gamins de 8 à 14 ans dans une sorte de panic room et livre le spectacle à ne pas rater en ce début de nouvelle année. Before your very eyes met en scène des personnages qui, à peine sortis de l’enfance, se cognent déjà à l’âge adulte. Drôle et poignant. C’est quand ? Du 8 au 10 janvier au lieu unique à Nantes et du 14 au 18 janvier au TNB à Rennes. n

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WWW.LELIEUUNIQUE.COM / WWW.T-N-B.FR

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N AN OU

C’est quoi ? Cette année pour basculer dans la nouvelle année et s’envoyer en l’air en même temps, c’est au sommet de la Tour Bretagne que ça se passera. Les Américains d’In Flagranti se chargeront de lancer les confettis électro disco. Pour les Birdy, c’est une belle première partie de saison qui s’achève. C’est quand ? Le 31 décembre au Nid, Nantes. n

N SA OU IS VE O L N LE

WWW.LEVOYAGEANANTES.FR

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C’est quoi ? Das Plateau présente Notre printemps, triptyque où théâtre, cinéma et danse sont au service des deux ans de la vie d’un couple à la fin des années 70. Ça commence par un film, ça se poursuit par une respiration dansée et ça se finit en compagnie des comédiens du film qui, sur le plateau, continuent leur histoire, entre réel et fantasme. C’est quand ? Le 22 janvier à Onyx, Saint-Herblain. n

N AIR OU E VE

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WWW.ONYX-CULTUREL.FR

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C’est quoi ? Voisin des Halles de La Roche-sur-Yon, La Gâterie est un petit espace qui ne cesse de promouvoir la création contemporaine. Aujourd’hui, c’est au tour de Geoffroy Terrier d’habiter le lieu. Son installation, Paper Island, est une fiction de papier, éphémère et fragile. C’est quand ? Du 23 novembre au 11 janvier à La Gâterie, La Roche-surYon. n WWW.LAGATERIE.ORG

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NÉCESSAIRES ACCESSOIRES

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UN CUISINIER SUR LE GRILL

LE SAISON Venu du pays basque, David Etcheverry est heureux en Bretagne. Pour lui, “la cuisine, c’est une histoire à raconter”… quelle que soit la saison. TEXTE / VINCENT BRAUD

PHOTOS / FRANCIS GUILLARD POUR KOSTAR

En 2003, vous avez ouvert Le Saison. Qu’est-ce qui vous a amené en Bretagne ? n J’y ai rencontré le bonheur, c’est aussi simple que ça. Et je m’y suis installé avec d’autant plus de plaisir qu’on PA G E 0 1 6

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a le privilège d’avoir ici des produits de première qualité. Le marché des Lices, c’est mon jardin. J’y trouve des poissons, bien sûr, mais aussi des volailles, des légumes exceptionnels…

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UN CUISINIER SUR LE GRILL

Comme se dessine un plat, une assiette en cuisine ? n C’est l’inspiration d’un instant, une association de produits, de textures… C’est à la fois simple et complexe car il faut trouver l’harmonie, le juste équilibre qui va surprendre et laisser un souvenir qu’on espère inoubliable. J’ai l’habitude de dire qu’il y a la vérité d’un homme derrière un produit. À découvrir

Des jeunes navets en émulsion de colonnata, homard breton au rhum n Le bar de ligne en vapeur de foin, chou-fleur vanille et jeunes poireaux n Kouign-amann et girolle de brebis pour une glace au pain brûlé

Lorsque revient la saison des coquilles Saint-Jacques, par exemple, j’imagine qu’on vous réclame un de vos “classiques”… n Non, je me garde cette liberté. C’est une relation de confiance que nous avons avec nos clients. Ils attendent d’être surpris, qu’on les fasse voyager. La cuisine, ce n’est pas une démonstration, ça doit rester ludique. Associer, par exemple, un légume pauvre comme le navet au homard, ça peut sembler risqué. C’est pourtant une pure merveille. Il reste qu’en dix ans le regard sur la cuisine a changé… n Bien entendu et il faut

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en tenir compte. J’ai toujours été attentif à l’équilibre alimentaire. Je ne vais pas faire des légumes parce que c’est la mode mais parce que c’est bon. Il y a le savoir-faire qui nous vient du passé et le plaisir de réinventer, de revisiter, de donner à un menu une architecture globale. Avez-vous un plat qui serait votre madeleine à vous ? n Honnêtement, il y en a trop. J’ai eu la chance de recevoir une bonne éducation. Ce sont des souvenirs très simples, comme les légumes dans le jardin familial. Après, j’ai eu l’occasion de découvrir de belles choses chez de grands chefs, ou des amis tout simplement. Et le chef a-t-il une saison préférée ? n Elles sont toutes belles par les produits qu’elles nous offrent. Il y a le temps des langoustines, celui de l’agneau de lait ou encore des figues. n LE SAISON, IMPASSE DU VIEUX BOURG, SAINT-GRÉGOIRE (35). WWW.LE-SAISON.COM

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NOUS C’EST LE GOÛT

SERVICE GAGNANT Marie Aline, journaliste gastronomique pour le magazine GQ, a cuisiné 45 chefs afin qu’ils nous révèlent leur savoir-faire et leur technique. n De Bertrand Grébaut à Inaki Aizpitarte, de la nouvelle cuisine à la street-food, les chefs emblématiques de la cuisine française contemporaine passent à table. n GQ, MUST EAT ! (ÉDITIONS DE LA MARTINIÈRE). 35€

LE ROI D’ARIBERT Christophe Aribert, chef doublement étoilé des Terrasses à Uriage-les-Bains près de Grenoble, se révèle sous la plume du journaliste Pierrick Jégu et l’œil du photographe Benoît Linéro. Malgré les 50 recettes proposées, Aribert est une plongée dans l’univers d’un chef qui livre son cheminement, ses sources d’inspiration, comme témoignages de l’évolution de sa cuisine. n

T’ES À LA MENTHE ?! La Maison Giffard profite des fêtes de fin d’année pour habiller sa liqueur mythique. À cette occasion, la Menthe-Pastille se décline dans une sérigraphie inédite et pop pour une édition évidemment collector. n WWW.GIFFARD.COM

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CAPITAINE CROCHET Croisé au Châtelet dans le cadre d’un orchestre pour légumes du potager et vendu en exclusivité sur colette.fr, MyuM, ce sont des peluches naturelles et végétales, 100% coton et made in France. n Ces jouets en formes de fruits et de légumes sont à consommer sans modération. n DR

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SE7EN À l’occasion des fêtes de fin d’année, l’agitateur de papilles Vincent Guerlais s’associe à l’univers acidulé de l’illustratrice Adolie Day pour donner une touche très “Betty Boop” à une nouvelle collection de bûches déclinée autour des 7 péchés capitaux. n WWW.VINCENTGUERLAIS.COM


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UNE ENTREPRISE, UNE SAGA, UNE HISTOIRE

ARTISTES À LA CARTE TEXTE / MATHIEU PERRICHET

Empêtrée dans une crise qui semble sans fin, l’industrie musicale se cherche un nouveau souffle. Avec la plateforme Internet Wiseband, Henri-Pierre Mousset, directeur de la start-up installée en Vendée, propose une alternative séduisante en utilisant le modèle du “Direct To Fans”. À la croisée des chemins entre le mélomane, le geek et l’entrepreneur au nez fin, HenriPierre Mousset s’est lancé, en 2007, dans une aventure alors inédite dans l’Hexagone. Son pari ? Permettre aux artistes de bénéficier des outils professionnels nécessaires pour créer leurs produits et les vendre directement au public via le web. Adios donc les distributeurs ! « L’idée a germé en 2001 lorsque j’ai créé mon label Yotanka. Avec mon collaborateur, nous avons décidé de vendre les disques de nos artistes par le biais de leur site Internet. Une alternative éconoPA G E 0 2 0

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miquement intéressante pour le label mais aussi pour les musiciens. » n Le parcours de cet « originaire du bocage vendéen », âgé de 42 ans, commence sur les bancs d’une école de commerce à Nantes. Puis, durant dix ans, il « travaille aux ressources humaines dans le secteur du transport routier ». Passionné par Internet et « son potentiel d’ouverture sur le monde », il finit par se lancer en autodidacte comme développeur web. Également musicien amateur depuis ses 17 ans et engagé dans une fanfare afro-cubaine basée dans la cité des ducs, Henri-Pierre

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UNE ENTREPRISE, UNE SAGA, UNE HISTOIRE

4 DÉCEMBRE 1993 AUX ÉTATS-UNIS, IL APPREND LA MORT DE FRANK ZAPPA. 2001 CRÉATION DE YOTANKA ET SORTIE DU PREMIER ALBUM DE MEÏ TEÏ SHÔ. 15 NOVEMBRE 2002 NAISSANCE DE SA PREMIÈRE FILLE. 1ER JUILLET 2007 CRÉATION DE YOZIK, ANCÊTRE DE WISEBAND. 1ER MAI 2013 MISE EN LIGNE DU SITE WISEBAND.

Mousset en vient à allier ses deux amours en créant d’abord son label, puis la société Yozik devenue Wiseband. n La start-up de dix salariés brasse aujourd’hui un chiffre d’affaire sannuel de 500 000 euros. « Une somme qui, depuis 2007, double chaque année. » Il faut dire que sa plateforme, offrant aux amateurs comme aux professionnels la possibilité de créer leur propre boutique en ligne – avec disques et produits dérivés –, a déjà su séduire plus de 15 000 artistes. Parmi lesquels, évidemment, des signatures du label Yotanka : Zenzile, Von Pariahs ou The Procussions. « Avec ce système, chacun développe son propre business tout en établissant et en entretenant un lien privilégié avec son public, commente le directeur pour justifier ce succès. L’artiste, ou le label, reçoit en personne les commandes et peut même envoyer par mail des news. Il est propriétaire de sa fan

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base, ravie quant à elle de ce contact avec ses musiciens préférés. » n Ainsi, en vendant son savoir-faire, Wiseband répond « complètement » à un marché moribond. « L’artiste fixe lui-même les prix et est rémunéré directement. Cette méthode transforme aussi la façon de consommer du public qui est prêt à payer plus cher que dans un magasin traditionnel. » n Évoluant déjà dans la cour des grands parmi des concurrents allemands, anglais et quelques mastodontes américains – à l’image de Bandcamp – bien implantés dans l’Hexagone, le frenchie Wiseband a encore de l’ambition à revendre. Henri-Pierre Mousset ne se la joue pas fausse humilité et langue de bois, l’avenir pour son entreprise, c’est « être leader européen dans ce nouveau métier ». Sans, pour autant, aller plus vite que la musique. n WWW.WISEBAND.COM

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CARTE BLANCHE À DES ARTISTES

PAR EVOR TEXTE / VINCENT BRAUD

PHOTOS / KIWICHAO

« Sous le masque, un autre masque. Je n’en finirai jamais de soulever tous ces visages. » L’artiste s’amuse à citer Claude Cahun. Sans pour autant y chercher une justification d’un travail ou d’une démarche. Car Evor n’avance pas masqué : il revendique le droit de jouer – avec d’autres matériaux, d’autres supports –, de travailler avec d’autres corps de métier, d’investir le champ du luxe et de la mode, de titiller notre imagination par des propositions fantasmatiques. Il en est ainsi de cette série de masques qu’il vient de réaliser à la demande d’un grand magasin parisien. Une présence remarquée du Nantais au Salon maison & objet aura suffi pour que l’artiste relève le défi. Une livraison de 37 000 clous de tapissier et quelques dizaines d’heures d’un travail d’orfèvre plus tard, onze masques venaient habiller autant de mannequins. L’art y côtoie la haute couture et le masque se fait bijou. Le matériau de base, un clou de tapissier de 4 mm à 2,5 cm, est ici détourné et sublimé. Le masque participe à la fois du jeu et de la séduction qui, eux-mêmes, peuvent se… piquer au jeu. Qui se cache vraiment ? Qui regarde qui ? « C’est le fantasme qui m’intéresse, le désir que ça suscite… », répond l’artiste qui joue, ici, du mystère et de la séduction, tant il est vrai que le premier degré ne l’intéresse pas. n Ces pièces uniques, conçues comme d’imposants bijoux faciaux, attirent l’œil aussi efficacePA G E 0 2 2

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ment qu’elles captent la lumière pour mieux la renvoyer. Avec ces masques, ce sont en fait des centaines d’yeux qui nous regardent, interrogeant chacun sur sa part de mystère. Il y a là un jeu de faux-semblant qui flirte avec l’érotisme, avec sans doute une pointe de perversion ludique : « J’adore séduire, mais il y a le côté inaccessible qui me plaît énormément. » n Ces mascarades obsessions renvoient bien entendu à d’autres travaux, des sculptures en particulier, tout aussi mystérieuses et précieuses, que l’artiste recouvrait de centaines, de milliers de clous. Cette parade festive mènera-t-elle Evor vers d’autres expériences ? L’artiste ne cache pas son envie d’explorer d’autres territoires. Sans en dire davantage. Il emprunte à Oscar Wilde une ultime pirouette : « Donnez un masque à l’homme et il vous dira toute la vérité… » n MASCARADES OBSESSIONS, PRINTEMPS HAUSSMANN, PARIS. JUSQU’AU 2 JANVIER 2014 WWW.EVOR.FR

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SAISON 07 / NUMÉRO 35

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GALERIE DE PORTRAITS

COMME ELLE VIENT TEXTE / ARNAUD BÉNUREAU

PHOTO / LUCIE ETCHEBERS POUR KOSTAR

L’ancienne du Conservatoire de Nantes et nominée aux Césars 2013 dans la catégorie Meilleur espoir féminin pour Camille redouble fêtera la nouvelle année en étant à l’affiche du très attendu Riad Sattouf, Jacky au royaume des filles. Au début, par mail, India Hair nous fait le coup du oui mais non. « Je serais ravie de faire partie du numéro de novembre, mais je n’ai pas d’actualité en ce moment ». C’est vrai que de terminer presque à l’instant le tournage des Brèves de comptoir de Jean-Michel Ribes ou d’être à l’affiche du prochain Sattouf, c’est peanuts. n Puis, au téléphone, la comédienne lancée sur les planches par le metteur en scène nantais Hervé Guilloteau, son « idole avec Marilyn Leray », prévient qu’elle n’est pas forte au jeu de l’interview. Plusieurs fois, elle nous demandera si tout ce qu’elle dit n’est pas « trop teubé ». Évidemment non. n India Hair est une jeune femme à l’aise dans ses baskets. Et ce depuis ses débuts. « Jouer la comédie n’est pas un acte de rébellion. Ma mère est sculptrice et mon père, céramiste. Non, j’avais été complètement émue par la Maison de poupée de Thomas Ostermeier que j’avais vu sur Arte. Je ne savais pas que l’on avait le droit de jouer avec autant de chair et de violence tout en étant heureux sur scène ». Lorsqu’en 2009, elle passera à l’acte, India le fera en compagnie de Guilloteau. « Travailler avec Hervé, c’était une

joie ». n Aujourd’hui, la comédienne, malgré les appels du pied de plus en plus nombreux du cinéma, n’oublie pas d’où elle vient. « Je fais la prochaine création de Marilyn Leray », poursuit celle qui participe aussi activement au Gangsta Théâtre du Nantais Tanguy Bordage. Voilà pourquoi le cinéma continue peutêtre de la surprendre. « Je ne savais pas que ça m’était possible ». Pareil pour sa nomination aux Césars. « J’étais contente d’en être. Après, il était évident que je ne l’aurai pas ». India joue sans pression et ne la connaît pas encore. « Par rapport à la sortie du prochain Riad Sattouf, je n’en ai aucune. Il y a beaucoup de têtes d’affiche sur le film (Charlotte Gainsbourg, Lacoste, Hazanavicius, Lvovsky…, NDLR). Par contre, je n’ai jamais vu un truc pareil ». n India Hair n’est finalement pas encore titulaire, mais sa vista, son naturel et son sens du jeu devraient lui empêcher de se brûler les ailes sur un grand écran souvent violent pour des comédiennes prises dans le tourbillon des paillettes. n DIVIN LE 15 JACKY LE 29

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ENFANT D’OLIVER DORAN, JANVIER EN SALLE. AU ROYAUME DES FILLES DE RIAD SATTOUF, JANVIER EN SALLE.

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GALERIE DE PORTRAITS

LES SENTIERS DE LA GLOIRE TEXTE / MATTHIEU CHAUVEAU

PHOTO / PÉGASE

La vingtaine tout juste entamée, les quatre hipsters nantais de DAN se produisent aux Trans Musicales et sortent leur premier album l’an prochain. Retour sur un parcours assez fulgurant. L’histoire commence d’une manière plutôt banale. Tout juste sortis du lycée, quatre gosses se décident à former un groupe, avec une passion commune pour le rock planant des 70’s et rien de bien concret alors – des petites démos bancales que chacun enregistre de son côté. Des histoires comme ça, on en connaît tous. Et ça donne souvent, au mieux, deux-trois représentations hasardeuses lors de fêtes de la musique bruyantes et une formation qui se sépare à l’unanimité au bout de quelques mois. n Pour DAN, au contraire, les choses prennent forme très vite. À peine un mois après la création du groupe, ils ont un choc en assistant au concert des alors méconnus Tame Impala au lieu unique : « Il y avait un son de ouf, ça ressemblait à notre musique. C’était cool, ça fonctionnait bien. C’était une putain de révélation. » n On est en 2010 et la machine DAN est alors lancée, à toute vitesse : des concerts dans les bars nantais, alors que le nom du groupe est à peine trouvé. Ils décident DAN, vite fait, parce que le chanteur s’apPA G E 0 2 8

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pelle Jordan : « À l’époque tout le monde l’appelait Dan, c’était plus facile. Et c’est par rapport au délire Michael Jordan dans les années 90. Jordan, ça reste un putain de blase des 90’s avec Kevin, Brenda et Joyce ! ». n De là, ils cherchent un acronyme parce que DAN, googlisé, ça ne donne pas grand-chose... Ce sera donc Disco Anti Napoleon. Un nom qui claque, avec une arrogance post-adolescente salvatrice, à l’image de leur musique entêtante et puissante. n Un nom, des petits concerts, et tout s’enchaîne : des dates bien senties dans des salles indé parisiennes, un concert à Bourges, un autre bientôt aux Trans, et un album déjà dans la boîte, enregistré entre Nantes et Pornic et signé chez Futur (Minitel Rose, Pégase), à sortir courant 2014. n DAN, une success story qui n’a rien de banal, finalement. n DAN, LE 29 NOVEMBRE, LE CARGÖ, CAEN. LE 6 DÉCEMBRE, L’ÉTAGE, TRANS MUSICALES, RENNES. HTTP://DISCOANTINAPOLEON.BANDCAMP.COM

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GALERIE DE PORTRAITS

FEUTRIE SÉLECTIF TEXTE / ANTONIN DRUART

PHOTO / JOAN CASANELLES POUR KOSTAR

Rencontre avec l’œuvre protéiforme de François Feutrie, graphiste, plasticien et compilateur compulsif. Entretien, mode d’emploi. Matériel : un photographe compétent, quelques bières, un vélo qui tient la route pour rejoindre l’atelier lointain. n La veille, survoler le site Internet de Feutrie. Appréhender son travail de façon statistique. Constater que les notions de norme et de standard s’accouplent de façon récurrente (6x), que le terme architecture revient 22 fois, mode d’emploi 42 fois, et le mot graphisme 71. En tirer des conclusions hâtives. n Une fois sur place, faire fi des têtes de cerfs empaillées, en rien révélatrices de la démarche de l’artiste. Se focaliser sur la minutie de l’agencement. Demander à notre hôte de déplier son C.V : DEUG Sciences de la Terre et de l’Univers, licence Arts plastiques, diplômes de design graphique et communication aux Beaux-Arts de Rennes. n Passer en revue les 14 expositions, les 5 résidences et les 3 workshops, de New York à Concarneau, en passant par la Bolivie. Être impressionné. n Tenter de décrire une pratique plastique normative et contextuelle qui s’appuie, entre autres, sur un remodelage artéfactuel des formes in situ naviguant entre l’Histoire et la fiction. Étayer d’exemples pour paraître moins nébuleux. En silPA G E 0 3 0

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lonnant les États-Unis et l’Amérique du Sud, François s’inspire de l’architecture présente (silos, nids géants) pour créer des modules similaires à partir de matériaux trouvés sur place, tout en compilant et archivant les résultats. À Pont-Aven, il reproduit le plan d’un atelier en ponçant puis compactant les stigmates laissés par 130 années de pratiques artistiques. Il prend au mot Le Corbusier dans son parallèle entre architecture et architecture du livre en transfigurant une mise en page en volume. Penser à l’avenir en évoquant les projets en cours, comme cette collision entre géologie et aménagement d’intérieur. n Mettre en abyme son obsession pour les modes d’emploi. Ceux d’Ikea en tête ! n Saluer l’artiste. n JUSQU’AU 7 FÉVRIER, RÉSIDENCE À LA PASSERELLE, BREST. DU 1ER JANVIER AU 6 JUIN 2014, COURIR LES RUES, LA CRIÉE, RENNES. DU 20 MARS AU 30 AVRIL, EXPOSITION INDIVIDUELLE, PHAKT – CENTRE CULTUREL COLOMBIER, RENNES. WWW.FRANCOISFEUTRIE.COM

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GALERIE DE PORTRAITS

HAUT LA MAIN TEXTE / ARNAUD BÉNUREAU

PHOTO / FRED LOMBARD

Derrière San Carol, se cache un étudiant qui s’emmerde un peu en fac d’éco et qui se verrait bien instit’. Derrière San Carol, se cache surtout un jeune Angevin qui, avec La Main invisible sorti chez Ego Twister, donne une magnifique leçon de musique électronique. « Je m’ennuyais un peu chez moi », explique d’emblée Maxime, 22 ans, qui a commencé la musique à l’adolescence suite à un pari. Ne sachant pas trop quoi faire, entre ses études et job alimentaire à la caisse d’un Carrefour, il décide de créer San Carol, projet éloigné de ses premiers amours. « Grosso modo, je suis un gros fan de techno à l’ancienne, d’électronica, d’ambient et de techno minimale. Au final, La Main invisible est un disque de musique électronique qui n’a pas été composé comme tel. C’est comme si j’avais fait des chansons avec des synthés ». Et ces chansons pas comme les autres font mouche. Rubin Steiner fait comité de soutien. Les magazines Technikart et Magic suivent le mouvement. « Ça n’a aucun effet sur les ventes, mais cela prouve que je fais partie d’un truc, souligne ce grand lecteur de la presse musicale. Ça laisse une trace. » Et ça bouffe du temps PA G E 0 3 2

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de jouer des coudes pour trouver sa place sur ce plateau de Risk où l’on ne compte même plus le nombre de sorties par semaine. « J’adorerais ne faire que ça, mais ça me fait un peu peur. C’est pour cela que je continue mes études. Car vous vous rendez compte rapidement que ce qui prend le plus de temps, ce n’est pas de composer, mais de cultiver son réseau et trouver des dates. » n Avec ce premier album réussi de fond en comble, San Carol devrait moins galérer que prévu pour tourner. La Main invisible est vainqueur aux poings, voilà comment le garçon va aborder 2014. n SAN CAROL, LA MAIN INVISIBLE (EGO TWISTER RECORDS) LE 24 JANVIER, LE LIEU UNIQUE, NANTES. LE 25 JANVIER, LE BAR’HIC, RENNES. LE 29 JANVIER, LE CHABADA, ANGERS. HTTPS://SANCAROL.BANDCAMP.COM

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L’HUMANITÉ TOUT SIMPLEMENT INTERVIEW / VINCENT BRAUD ET PATRICK THIBAULT

PHOTOS / YANN PEUCAT POUR KOSTAR

Le spectacle aurait pu s’appeler Noces et Banquets mais c’est Passim qui est sorti de la Fonderie. Aux fourneaux, François Tanguy et le Théâtre du Radeau. Un metteur en scène dont on parle beaucoup mais qui s’exprime peu. François Tanguy est un homme de parole. Et de paroles. Si, au soir de la première de Passim, il vous prend par l’épaule pour vous dire « à demain, 13 heures », il sera au rendez-vous. Mais il n’y vient pas seul : Charles Péguy, Paul Celan, Robert Antelme et bien d’autres compagnons de route restent à portée de main et de regard. Si le metteur en scène n’aime pas les interviews, s’il n’est jamais bavard sur son travail, il est intarissable pour évoquer ces rencontres qui ont compté pour lui et qui tissent discrètement, inconsciemment et indéfiniment son travail. Alors, l’échange peut commencer. Et le temps est comme suspendu. n « Nous ne nous sommes jamais répétés, ce n’est pas à notre âge que nous allons commencer…» François Tanguy aime reprendre ce texte de Péguy.

« POURQUOI DÉTERRER TOUT ÇA ? PARCE QUE C’EST DEVANT NOUS... » Comme pour mieux rappeler que l’Histoire, elle, a une fâcheuse tendance à le faire. Lorsqu’il s’agit du seul sujet qui vaille à ses yeux – l’humanité – il convoque à chaque fois de nouveaux témoins. Un spectacle mis en scène par François Tanguy ne ressemble à aucun autre. Alors, inutile de parler plus précisément de Passim. Un spectacle, c’est un voyage, une traversée et des rencontres. De textes, de musiques et d’images. Entre cris et chuchotements, monologues et étranges conciliabules… Les mots glissent et se croisent à l’instar des éléments

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du décor, et le canapé rouge sans fond peut se transformer en un étrange castelet. n Lorsqu’il parle d’Histoire, François Tanguy évoque « trois cas de figures ». « Robert Antelme qui revient des camps, passé par le stalag et le goulag, Julius Margolin qui revient du goulag… Paul Celan, lui, de retour de Tchernobitch et il parle en allemand… Il y a un sens en 1947, enfin, de l’abomination… Il refait le chemin dans la langue de ceux qui ont détruit son nom, ses parents, ses amis, il inscrit dans la langue qui a décapité ses tulipes… » S’en suivent une nouvelle citation de Celan et un silence. « Alors pourquoi déterrer tout ça ? Ben, c’est pas pourquoi, parce que c’est devant nous, face à face, face contre face. La parole peut le moindre. » n Ce sont les drames, les massacres de l’Histoire dont parle le théâtre de François Tanguy. Il rappelle ce titre de la Pravda de 1937, « abattre les chiens enragés trotskistes », revient à la Révolution puis à Napoléon avant d’évoquer Guerre et Paix de Tolstoï. « Une épopée qui traverse tout ça, courant d’air qui était une aspiration à la liberté et qui s’est retrouvé en dictature impériale. » n Remontent alors des souvenirs plus personnels à Vitry-surSeine. « Quand on était petit, mon père était au parti communiste, c’était comme ça. On avait des disques qu’on écoutait sur un microphone, les soldats de l’Armée Rouge tout ça, il y avait Les bateliers de la Volga, Le Chant des forêts qui était une pièce affreuse de Chostakovitch. Quand t’es enfant, tu es pétrifié d’émotion… Tout ce labeur, cette souffrance qui s’expri-

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mait, pour nous, c’était poignant. » Le père, Dédé, surveillant général, la mère, Jeannette, assistante sociale, « on ne les a pas vus, enfin à peine, parce que c’était jour et nuit. » Au travail s’ajoutaient les réunions de cellules, le syndicat, le cinéma de quartier. Et, comme si cela ne suffisait pas, « ils ont fait du théâtre avec Jacques Lassalle ».

« C’EST PAS UNE UTOPIE, C’EST UNE DÉCISION... » « Bon, les gars, on va aller plus vite… En 1982, on arrive au Mans. Avec Laurence (ndlr Chable), on décide de faire un campement. Enfin, on décide, ça se fait comme ça. C’était un mélange de communisme primitif… » Mais ce n’était pas encore La Fonderie. « C’était un lieu qui servait pour les services techniques du Mans, un immense garage construit par les usines Renault après la guerre sur les bases d’une fonderie… Avec François Le Pillouër et Jacky Ohayon, on se retrouvait de temps en temps parce qu’on façonnait d’autres lieux que des lieux de pouvoir avec les risques aussi parce que, parfois, il faut réagir… » La Fonderie est ainsi devenue ce lieu de résidence et de création pour des compagnies en dehors de toutes contraintes. Appel

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à Jean Rochereau pour revivre ces débuts. Et François Tanguy de s’amuser de la coquille de René Solis (dans Libé) qui a parlé de 38 compagnies passées à La Fonderie en 2013 alors que c’est 83. « C’est même pas le chiffre. Simplement les gens quand ils sont là, ils prennent le temps dans le temps et dans l’espace avec les moyens du bord, les moyeux (sic). » n François Tanguy l’avoue, « fondation, fonderie, j’ai du mal avec ces termes-là ». Reste qu’il tient à cette démarche. « Ne pas construire une salle de répétition avec des horaires et des fiches de contrôle, c’est ouvert. Mais ouvert, c’est pas une utopie, c’est une décision. Et d’entretenir ça. La Fonderie c’est ça aussi. Donc ça ne peut pas être un territoire au sens on a les clés. Et selon la capacité, le potentiel de chacun, d’y circuler. Ce mouvement, ça c’est aussi la tache de la Fonderie. De s’inviter mutuellement. Les musiciens, ceux qui écrivent, qui peignent, qui essaient… Ce que l’on peut dire et, ça, il faut le dire : il faut que la Fonderie, ça tienne. » n Ce qui nous ramène naturellement au mystère de la création : comment se construit le théâtre de François Tanguy ? « Comme je te dis. Si je construis pas, y’a pas une intention… Il y a les faits et les circonstances. Il y a certains faits dont on peut témoigner. Et puis les durées qui témoignent. » n La durée, justement, pour mon-

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ter Passim ? « l y a trois semaines, on a tout foutu par terre. On fait pas comme ça, on passe pas par là… Ce sont les efforts accumulés et on ne peut pas les quantifier… C’est des mouvements… Les textes, les vocables, ils viennent à la rencontre, on ne va pas les chercher parce qu’on a besoin d’un commentaire. Ils viennent à

« JE NE SAIS PAS PARLER DE CES TRUCS-LÀ... » la rencontre. Et il faut s’écarter pour les laisser passer et faire rentrer autre chose que l’ingénierie décor. Avec les sons c’est encore plus tortueux. C’est une coulée, il faut irriguer. Mais je ne sais pas parler de tous ces trucs-là. » n Ce qu’il fait à merveille, par contre, c’est lire Charles Péguy et il se glisse dans cette prose inspirée et volubile avec un plaisir évident. On comprend que le cinéma – qui nous vient en mémoire durant le spectacle – n’est pas une source d’inspiration. « Au cinéma, tu vas à gauche à droite de l’écran, ça bouge pas. Dans l’espace scénique, si tu vas à droite à gauche, c’est jamais pareil. » Pour autant les références cinématographiques nous ramènent au communisme puisque c’était les seuls films autorisés durant sa jeunesse. Et François de raconter cette projection du Miroir de Tarkovski au Saint-André-des-Arts, avec Dédé, son père, qui ronflait à ses côtés. n La conversation, à peine interrompue par l’arrivée de pompiers (en tournée de calendriers !) et invités sur le champ à venir au spectacle le soir même, aurait pu se prolonger. De quoi nous parle Passim ? « Quand t’es ni juif ni marxiste, t’es hôte de quoi, de quelle appartenance ? n L’humanité… » Tout est dit. n

passim Après la création lors du festival Mettre en Scène au TNB à Rennes, Passim, la nouvelle production du Théâtre du Radeau sera représentée en décembre à la Fonderie (Le Mans), du 5 au 14. Et puisque 2014 sera l'année du Théâtre du Radeau en Pays de la Loire, le spectacle sera en tournée au Grand R (La Roche-sur-yon) du 14 au 17 janvier, au lieu unique (Nantes) du 22 au 30 janvier, avant Le Théâtre (Saint-Nazaire) en septembre et à d'autres dates qui seront annoncées prochainement. n

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D’ART D’ART INTERVIEW / PATRICK THIBAULT

PORTRAIT / GILDAS RAFFENEL POUR KOSTAR

Lui est l’architecte de la réhabilitation de la Mabilais, bâtiment emblématique des années 70 à Rennes. Elle, a géré l’installation artistique de Bruno Peinado qui envoie des signaux dans le ciel rennais depuis la Mabilais, parallèlement à son activité de galeriste à Nantes. Rencontre avec un couple de passionnés d’art.

Que représentait pour vous le bâtiment de la Mabilais ? n Anthony : Étudiant, quand je suis arrivé à Rennes, je me suis installé au pied de ce bâtiment. Il y a donc quelque chose de l’ordre de la psychanalyse. En y retournant, j’avais un rapport extrêmement affectif comme si je touchais un moment de ma propre histoire. Quelle était la plus grande difficulté dans la réhabilitation ? n Anthony : La grande question des architectes – des bâtiments de France et de la Ville de Rennes – c’était l’antenne, le phare. Puisque l’art contemporain fait partie de notre vie avec Mélanie, j’ai eu l’idée de lancer une consultation internationale. n Mélanie : Il était impossible de détruire cette antenne tellement visible et présente dans la ville. Il fallait lui donner une autre symbolique. Pourquoi Bruno Peinado a-t-il gagné ? n Mélanie : Sa proposition était très généreuse. Et c’était la meilleure réponse car il a pris toute l’histoire du bâtiment de Louis Arretche, tout l’univers des années 70, la SF, la BD. Il s’en est PA G E 0 3 9

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inspiré pour son œuvre. Bruno a ré-enchanté. n Anthony : Cette ouverture aux artistes, elle nous ressemble. Avec Mélanie, nous avons toujours l’envie de nous inscrire dans un territoire et de sortir des murs. C’est plutôt rare ce discours dans une époque où chacun joue plutôt perso… n Mélanie : Mais la galerie est à Nantes. L’art contemporain, ça n’est qu’un petit milieu. Je suis la seule galerie privée d’art contemporain. Je ne peux pas faire sans le FRAC, l’École des beaux-arts. Il faut que je regarde un peu ce que font les étudiants. J’ai besoin d’être reconnue à Nantes comme un acteur important. Jouer collectif va aussi nous aider pour redéployer notre projet sur l’île de Nantes. Est-ce que vous avez eu peur du bâtiment à un moment ? n Anthony : Je n’ai pas peur au moment où on construit mais au moment où on donne le projet au public. Le projet final de la Mabilais, c’est mon premier croquis et pour moi c’est toujours celui qui compte. C’est pour

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PHOTOS / PHILIPPE PIRON

ça que je retarde le plus possible ce moment-là. Il faut prendre le temps de la réflexion. Contrairement aux jeunes archis de l’agence qui modélisent avant de savoir comment ça marche.

« ON EST EN TRAIN DE FAIRE DES SAPINS DE NOËL ARCHITECTURAUX... » Ça nous ramène à l’image en architecture ? n Anthony : C’est le problème aujourd’hui : les architectes sont d’abord de grands producteurs d’images de synthèse. La question, c’est comment on va séduire, et de manière vulgaire ? Comment on va rendre sexy un projet ? Je suis très gêné par ça. On est dans ce dispositif de séduction avant de regarder comment ça fonctionne. Vous avez des exemples… n Anthony : Le FRAC à Rennes, ces images absolument fabuleuses d’Odile Decq. Et quand on regarde l’idiotie architecturale et la manière dont ça fonctionne, c’est vraiment la caricature de l’architecture d’aujourd’hui. Quand on arrive, on cherche l’entrée. Quand elle interdit les bornes wifi à l’intérieur parce qu’elles ne sont pas suffisamment esthétiques, quel fascisme ! En parallèle, je regarde l’approche de Jean-Claude Pondevie, le rapport qualité-prix est ce qui va faire qu’on réussira demain. PA G E 0 4 0

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Ça nous ramène au FRAC, celui des Pays de la Loire… n Anthony : Absolument. C’est un immeuble modeste, intelligent et dans un coût modéré. L’école d’archi de Nantes, c’est un manifeste d’architecte qui a dit « j’en fais plus pour moins », mais c’est une catastrophe au niveau des coûts de fonctionnement et impossible à chauffer. D’où l’importance de regarder les coûts de fonctionnement avec les coûts de construction… n Anthony : Tout à fait. Si on veut faire du développement durable, il faut savoir en quoi on en fait. Dans l’imaginaire collectif, le matériau le plus écolo, c’est le bois. Et le béton pas du tout. Alors que c’est exactement l’inverse. Les bois de construction sont traités. Ils ne sont pas recyclables alors que le béton est recyclable à l’infini. J’essaie d’avoir une vision claire et différente des choses. On est en train de faire des sapins de noël architecturaux. On récupère les eaux, on fait du photovoltaïque. Mais si le coût est largement supérieur, à quoi ça sert ? Ça n’est pas courant un architecte qui parle d’abord d’utilité… n Anthony : L’image ne doit pas être une obsession. Je suis fier du bâtiment qu’on a fait au Clos Toreau, à Nantes. J’ai dit aux gens du quartier que je voulais leur redonner de la dignité et on a fait ça dans une économie maîtrisée. Quand j’y retourne, il m’arrive d’être remercié par les gens. C’est un immeuble qui

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n’a absolument aucun tag. Il y a une vraie utilité de l’objet architectural. Être beau ou moche, ça n’est pas la question. Comment fait-on pour se distinguer parmi les architectes d’aujourd’hui ? n Anthony : Je n’en sais rien, il faut être soi-même et avoir une histoire à raconter. Lacaton et Vassal ont peutêtre raté l’école d’archi à Nantes mais leur travail est sublime au Palais de Tokyo. Il y a une vraie utilité, une vraie économie comme un coureur de fond. À côté, il y a le Musée des beaux-arts de Nantes. Je ne veux pas en parler. Ça va coûter une fortune, c’est juste complètement dingue.

« L’ART ÇA N’EST PAS UTILE, C’EST JUSTE INDISPENSABLE » Qu’est-ce qu’on apprend de l’architecture des années 70 ? n Anthony : L’utopie. Je suis encore scandalisé par la destruction du tripode de Parent sur l’île de Nantes. En plus l’argument, c’était l’amiante. Mais on a enlevé l’amiante avant de l’imploser. Pourquoi n’a-ton pas eu le courage de garder un bâtiment intelligent de ce patrimoine là qui faisait référence à quelque chose de fort dans l’histoire. Surtout quand on voit ce que de Portzamparc a construit à la place.

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Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ? n (Gros fou rire). Anthony : Dans un salon de l’immobilier. Pendant mes études, j’étais associé avec un archi et on faisait de la maison individuelle. n Mélanie : Moi j’étais étudiante et le week-end, je travaillais dans l’immobilier, ça n’a rien de très romantique. Et qu’est-ce qui vous a réuni ? n Mélanie : L’intérêt pour l’architecture, l’art. On a passé du temps à faire les expos et à parler de tout ça. Comment intervenez-vous dans le travail de l’autre ? n Mélanie : Moi je regarde les images justement. Anthony m’envoie des images. Et je gère ce qui est financier. Et lui n’intervient pas sur l’art contemporain ? n Mélanie : Oh si. Très critique. n Anthony : 95 % des choses qu’on aime, on les aime en commun. Mais j’aime que l’art soit utile. n Mélanie : Qu’est-ce que tu entends par utilité ? L’art, ça n’est pas utile, c’est juste indispensable. n Anthony : Oui, mais je déteste l’art marketing, j’aime qu’une œuvre ait un sens audelà d’une valeur marchande. Mais on n’a plus le temps d’échanger. n Mélanie : C’est quand on voyage qu’on se décide. En Asie, et là on a le temps de discuter de là où on veut aller. Les projets naissent quand on arrive à s’extraire du quotidien. n WWW.AGENCE-UNITE.COM WWW.RGALERIE.COM

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par

pierrick sorin LE TRAVAIL DU NANTAIS PIERRICK SORIN EST MONDIALEMENT CONNU. DEPUIS NOVEMBRE 2006, IL NOUS RACONTE SON QUOTIDIEN DE CRÉATEUR. SIGNÉ SORIN, NATURELLEMENT.

PHOTO / P.SORIN

Marseille. Grand soleil sur le Vieux-Port, tandis qu'en ce mois de novembre, nos villes de l'Ouest font grise mine. J'ai élu domicile dans la cité phocéenne pour une quinzaine de jours, le temps de mettre en place une exposition très « fournie » qui occupe environ 1 000 mètres carrés, dans divers espaces du Théâtre de la Criée. À l'exposition s'ajoutent des interventions de musiciens, avec lesquels j'ai eu l'occasion de collaborer, quelques représentations de 22H13, l'unique spectacle théâtral que j'ai créé, et une petite nouveauté : une sorte de « conférence » donnée par « deux universitaires nantais, fins connaisseurs de l'œuvre de Pierrick Sorin et qui ont récemment eu accès aux archives de jeunesse de l'artiste ». Ces archives sont constituées de bandes dessinées, de photos réalisées dès l'âge de neuf ans, de petits essais filmiques balbutiants, de poèmes d'adolescence… Les « conférenciers » – interprétés par deux comédiens nantais, Nicolas Sansier et Patrice

... CE PHOTO-MONTAGE ARGENTIQUE DE 1972, DANS LEQUEL JE SUPERPOSAIS À MON CORPS DE PRÉ-ADO, LE VISAGE DE MA GRAND-MÈRE... Boutin – établissent des liens entre ces « œuvres de jeunesse » et mes travaux plus « mûrs ». Ils mettent en lumière des thèmes ou des « questionnements intellectuels » récurrents, tentent de démontrer que l’artiste, contrairement à l'image de joyeux luron de l'art contemporain véhiculée par certains, est avant tout un être cérébral à tendances suicidaires, dont la névrose se manifeste en particulier par la réitération symbolique d'actes déjectionnels (crachats, défécation, éjaculation). Sur ce point, ils s'appuient sur l'exemple d'une bande dessinée de 1972 intitulée Un PA G E 0 4 3

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MONTAGE / K.PAIN

Dollar pour un Mollard : dans un « saloon », un cow-boy avale le contenu visqueux d'un crachoir avant de tout recracher au visage d'un de ses congénères. Sur la question du suicide, ils citent un poème extrait du recueil Solipsis (1977), dont la couverture montre un homme, nu et difforme, marchant douloureusement sur des lames de rasoir géantes. n Le petit fou, à la fenêtre Las de n'être qu'un fou Et chaque jour de naître fou Se fout en l'air Par la fou-naître Leur discours est assez pertinent et l'authenticité effective des documents présentés confère à leur intervention un caractère sérieux qui surprend un peu le spectateur, lequel s'attendait plutôt à assister à une sorte de petit « spectacle ». Cependant, les constructions intellectuelles alambiquées, l'ironie presque méchante qu'ils expriment parfois à mon endroit, la multiplication de tics de comportements propres au conférencier un peu trop « à l'aise »… tout cela fait rapidement naître un doute quant à la crédibilité de ladite « conférence ». Elle devient alors un objet incertain, brouille les limites, provoque une désorientation assez jubilatoire. n Mais bon… cette « vraie-fausse conférence » est peut-être surtout un prétexte à présenter de vieilles photos argentiques, des « polaroïds » aux couleurs passées, des écrits dactylographiés à la Remington portative… Autant de documents qui distillent un charmant parfum de nostalgie et dont la naïveté, autant que la maladresse, incite à de tendres sourires. Tout comme ce texte n'est sans doute que prétexte à montrer ce photo-montage argentique (page de gauche) de 1972, dans lequel je superposais à mon corps de pré-ado, le visage de ma grand-mère… n

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U N E V I L L E V U E PA R U N A R T I S T E

par

Franck Gérard

DEPUIS LE TEMPS QUE NOUS LUI COURONS APRÈS, LE PHOTOGRAPHE FRANCK GÉRARD, REPRÉSENTÉ PAR LA GALERIE MÉLANIE RIO, A FINI PAR CRAQUER. DU COUP, L’ANCIEN DES BEAUX-ARTS DE NANTES QUI REVIENT TOUT JUSTE DE PARIS PHOTO, PREMIÈRE FOIRE DE PHOTOGRAPHIE AU MONDE, VOUS OFFRE UNE VISITE DE LIVERPOOL COMME VOUS NE L’AVEZ JAMAIS VUE. MERCI POUR LE GUIDE.

Liverpool, a hard day’s night. n J’aime profondément cette île, l’Angleterre et particulièrement Leeds, Manchester et Liverpool. Ce jour d’août où je suis arrivé dans le centre-ville de Liverpool a été un grand bonheur. Je ne connaissais que de nom cette ville. Elle a pour point commun avec Nantes d’avoir été l'un des plus grands ports négriers d’Europe, mais cela est le passé. n La première chose que je fais, lorsque j’arrive dans une ville inconnue, c’est acheter une carte. n Je suis ici pour une quinzaine de jours. Je commence toujours par arpenter le centre-ville puis je choisis une direction, au hasard, et dérive. Je me retrouve là pour faire des images, invité par Polly M. n Je suis ici un touriste mais ne me considère pas comme tel. Je ne suis que peu allé dans des musées ou monuments, j’ai préféré aller dans des pubs, des gares, des rues, des quartiers, des magasins, des parcs, des cimetières… n Je suis ici PA G E 0 4 4

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pour produire des images comme à mon habitude. Je me retrouve dans un immense appartement avec vue sur la mer au nord de Liverpool, à Waterloo. Lorsque je regarde de la fenêtre de la cuisine, j’aperçois au loin dans un jardin, la cabine téléphonique du Dr Who ; je souris, je suis bien en Angleterre. n Après m’être promené, je suis allé dans un pub et inévitablement en tant que « Froggy » j’y ai fait des rencontres. Au début, je ne comprenais pas vraiment leur anglais ; là-bas, on parle le « scouze », un anglais à l’accent radical et qui mange les syllabes : Comprenez « Take me to the ozzy » comme « Take me to the hospital » ; si la personne tombe sur un touriste, il aura tout le temps de mourir, je pense ; un peu d’humour anglais ne fait pas de mal. n Donc j’ai pris un « bevy » (comprenez un drink) et j’ai parlé toute la soirée avec les liverpudliens qui m’ont raconté leurs vies et leurs villes. J’ai sorti la carte et il me l’ont annotée. n Je

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me suis fini dans un « fish and chips » et quel plaisir. n Il y a une poésie inhérente à chaque ville, une « musique » et dans celle-ci je me suis retrouvé happé. Le berceau des Beatles, Liverpool, et dire que je l’ignorais… n J’ai donc commencé à traverser la ville de long en large commençant par le centre-ville. On peut y voir de magnifiques architectures, mais aussi des « verrues » à commencer par un gigantesque espace commercial nommé PA G E 0 4 5

le « Liverpool One ». Si vous allez à Liverpool pour faire vos courses, pas de problème, vous trouverez tout ce que vous voulez. Ce que j’ai toujours trouvé étrange en Angleterre c’est l’opulence des centres, en terme de commerces, de galeries marchandes, alors que dès que l’on s’éloigne un tant soi peu de ces endroits, la vie réelle reprend le dessus. Il y a quelque chose de l’ordre de la fiction dans ces centres villes du nord de l’Angle-

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terre. n Les premiers « vrais » quartiers que j’ai traversés se nomment Everton et Anfield. Dès que l’on s’éloigne du centre, on sent la pauvreté et la dureté de la vie. Ce qu’il y a de plus impressionnant, c’est le nombre de maisons et de bâtiments abandonnés, dont certains magnifiques comme d’anciennes casernes de pompiers ou la bibliothèque d’Everton par exemple. Lorsque l’on commence à marcher et que la ville se déplie devant PA G E 0 4 6

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nous, on peut comprendre ce qu’est réellement cet espace ; c’est cela qui m’intéresse, à travers les rues, les architectures et surtout les habitants qui la peuplent. n Dans le quartier d’Anfield c’est terrifiant : des rues entières sont condamnées, les fenêtres des maisons bardées de métal dans l’attente d’une hypothétique construction de stade qui n’aboutit pas. En face, le premier stade, le « Anfield football stadium », siège du FC

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Liverpool est comme une soucoupe volante qui aurait atterri au sein de ce quartier. Ici le football est une religion comme au Brésil et la « religion engendre du pouvoir » ! Peu importe de « virer » les gens et de détruire leurs maisons ; l’argent et le pouvoir feront le ménage ! n Dans ces rues abandonnés, je me suis fait arrêter par la police ; ils m’ont juste dit de faire attention à moi. Mais sinon, ce sont des quartiers populaires riches de vie où les gens sont aimables, de mon point de vue. n Bref, j’ai traversé de nombreux quartiers comme celui de « Toxteth », le quartier noir et musulman. En Angleterre, les clivages et les communautés sont beaucoup plus forts qu’en France. C’est toujours étonnant de traverser un quartier où l’on se retrouve en situation de « minorité » et où l’on est « regardé » car personne ne fait cela. J’ai discuté avec des enfants qui jouaient au foot… n Il y a à Liverpool une profusion de parcs tous plus magnifiques les uns que les autres ; j’aime aussi beaucoup toutes ces couleurs, la couleur de la brique particulièrement, tous ces rouges et ces oranges qui se côtoient ; en photographie c’est extrêmement graphique. n Le seul quartier où je suis allé accompagné est « Norris Green » où des gangs sévissent ; j’ai rencontré un homme formidable qui s’occupe d’un centre pour les enfants et les ados ; c’est un essai d’éloignement des gangs et cet endroit est riche d’activité en tout genre. Ce lieu a été totalement rénové récemment grâce à une émission de téléréalité, et pour une fois, j’ai trouvé un sens à ces PA G E 0 4 7

émissions. C’est comme la culture en Angleterre, ils ont eu l’intelligence de la faire financer en grande partie par la loterie nationale ; à chaque fois que l’on achète un ticket, un pourcentage va à l’art ! Je dis bravo ! n Et puis, je me devais de vous en parler, il y a la fameuse « Mathew street » et le mythique « Cavern Club » où les Beatles ont joué maintes fois. Je vous conseille d’y aller un soir de week-end, c’est socialement hallucinant. Des myriades de jeunes filles ou femmes plus âgées viennent dans les pubs faire la fête avec des chaussures à talons des plus hauts et des plus fantaisistes, des « Mary Quant » de folie et des maquillages à faire pâlir les geishas ! n La seule chose que je pourrais vous dire, c’est que j’aime profondément cette ville et qu’elle me manque ! Allez-y et faites votre propre « Liverpool » car à l’instar de la psychogéographie, chaque personne trace ses propres chemins dans la ville. n

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Franck Gérard travaille actuellement sur Manifester en l’État, commande publique de photographie du ministère de la Culture et de la Communication – CNAP Centre national des arts plastiques. La série a été réalisée à Marseille. n De leur temps (4), exposition collective, jusqu’au 5 janvier, Hab Galerie, Nantes. n Jusqu’à fin 2013, résidence au CHU de Nantes au service de chirurgie maxillo-faciale. n À partir de janvier, résidence au Domaine de la GarenneLemot, Gétigné. Exposition personnelle en juillet. n Exposition personnelle, vernissage fin janvier, Galerie Mélanie Rio, Nantes. WWW.FRANCKGERARD.EU PA G E 0 4 8

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Entre Ansfield et Penny Lane Energy and creativity : pas besoin de traduire pour comprendre que la ville, frappée par le déclin industriel des années 70, a su rebondir. Liverpool n’est d’ailleurs pas sans rappeler Nantes. Elle aussi a bâti sa fortune, au XVIIIe siècle, sur le commerce des esclaves. Mais on y parle plus volontiers aujourd’hui de football ou des Beatles… Y ALLER n En fonction des saisons, prenez un vol pour Liverpool ou Manchester.

S’Y LOGER n Ville port, capitale touristique et culturelle, Liverpool dispose d’un vaste parc hôtelier. Pour profiter de la ville à pied,optez pour un hôtel ou B&B pas trop éloignée de l’Albert Dock ou des bords de la Mersey : à défaut du kitschissime Titanic Boat (300€/ nuit), on trouve des chambres à partir de 62€ au Dolby hôtel (sur Chanalor st.).

CIRCUIT KOSTAR n Toutes proportions gardées, Liverpool et Manchester, c’est Nantes et Rennes. PA G E 0 5 0

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Si les villes sont plus proches, les supporters du LFC et de MU s’apprécient tout aussi cordialement que ceux des jaunes et verts et des rouges et noirs. Les amateurs sauront retrouver le stade historique d’Anfield road aussi sûrement que les nostalgiques des quatre garçons dans le vent feront un tour du côté de Penny Lane et du Cavern Club. n Un tour du côté de l’Albert Dock permet de prendre la mesure de ce qui a été fait pour redonner le moral à une ville secouée par la désindustrialisation. Cet imposant ensemble architectural, restauré et réaménagé, abrite aujourd’hui une Tate gallery (à ne pas manquer), ainsi que des restaurants et boutiques…

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Capitale européenne de la culture (en 2008), la ville compte de nombreux musées dont la Walker gallery et l’International Slavery Museum. n En remontant des docks vers l’université, on traverse Chinatown (la ville possède le plus ancien quartier chinois du pays) et le quartier branché d’Hope street. Avant de s’éclater à l’East village Arts club (qui accueillera The Fly awards en 2014), on peut se restaurer au Host qui propose une cuisine fusion d’inspiration asiatique. Prévoyez une escapade à Crosby Beach pour découvrir Another place, l’impressionnante et émouvante installation de sculptures dans la mer d’Antony Gormley. n



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LA FOLK JOURNÉE – THE HEALTHY BOY

« NE SURTOUT PAS SINGER TOM WAITS » INTERVIEW / ARNAUD BÉNUREAU * PHOTO / EMMANUEL LIGNER

Alternative à La Folle Journée, cette première édition s’intéresse au folk des années 60 et 70. Alors que Cascadeur jouera Nick Drake et Forever Young, Neil Young ; The Healthy boy, moitié moustachue du Belone Quartet, revisitera les deux premiers albums de Tom Waits.

IL EST DIFFICILE D’ATTRAPER UN CHAT NOIR... Chat alors Avec son titre à rallonge, la création très visuelle du jeune Tommy Milliot est une adaptation de l’album jeunesse, La Règle d’or du cachecache, de Christophe Honoré, cinéaste-metteur en scène associé au Théâtre de Lorient. Il est difficile d’attraper un chat noir… est l’histoire de Katell qui voit des choses que les autres ne voient pas. Bienvenue dans son monde et aussi dans celui d’Honoré. n A.B. IL EST DIFFICILE D’ATTRAPER UN CHAT NOIR DANS UNE PIÈCE SOMBRE (SURTOUT LORSQU’IL N’Y EST PAS), DU 9 AU 21 DÉCEMBRE, THÉÂTRE DE LORIENT. WWW.LETHEATREDELORIENT.FR

la cage au folk

projet, Cyril (programmateur musical du lieu unique, NDLR) voulait que je joue le Songs from a Room de Leonard Cohen. Ça ne me branchait pas pour la simple et bonne raison que Cohen ne fait pas partie de mon éducation musicale. Pourquoi Tom Waits alors ? n Je

trouvais intéressant de proposer un répertoire autour de ses deux premiers albums, Closing Time et The Heart of a Saturday Night. Sur le premier, il fait son truc de folkeux qui a besoin de liberté. Le deuxième disque est inspiré par le Kerouac de Sur la route et le Louis Armstrong de What a Wonderful World. Je veux faire découvrir au public cette partie de son œuvre qu’il a, par la suite, reniée. Malgré tout, allons-nous assister à un concert de The Healthy Boy ? n Je

ne vais surtout pas singer Tom Waits. Même si je suis souvent comparé à lui et qu’il m’accompagne depuis

© EMMANUEL LIGNER

© ALAIN FONTERAY

Comment êtes-vous arrivé sur cette Folk Journée ? n En me présentant le

mes 15 ans, Tom Waits n’est pas ma première influence. Le défi que je dois relever est de retranscrire deux albums musicalement riches dans une formule dépouillée guitare/voix. n BELONE QUARTET, LE 3 DÉCEMBRE, LE FERRAILLEUR. WWW.LEFERRAILLEUR.FR LA FOLK JOURNÉE, LE 20 DÉCEMBRE, LE LIEU UNIQUE, NANTES. WWW.LELIEUUNIQUE.COM

© FRANÇOISE PERRICHET

L’IDÉAL CLUB Bienvenue au club Ni un dîner ni un souper, mais une bonne tranche de rire. Un spectacle de la compagnie 26 000 couverts, ça tient toujours du repas de famille : quand mémé veut chanter au dessert ou que l’oncle tient à en raconter une dernière. Sauf que c’est nettement plus drôle. Des numéros qui s’enchaînent, l’air de rien, à un rythme soutenu sur des airs de Johnny Cash ou des Floyd, tout y passe. Une soirée de music-hall, poétique, burlesque et forcément rock’n’roll. n V.B. L’IDÉAL CLUB, DU 8 AU 18 DÉCEMBRE, LE GRAND T, NANTES. WWW.LEGRANDT.FR


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capitaine dirk

LA DERNIÈRE FÊTE – DIRK OPSTAELE

« UNE CÉLÉBRATION DE L’ŒUVRE DE TCHEKHOV » INTERVIEW / ARNAUD BÉNUREAU * PHOTO / DR

Pour sa nouvelle création, une coproduction entre Angers Nantes Opéra et l’Ensemble Leporello, le Belge Dirk Opstaele relève le défi de réunir en un spectacle cinq tubes de Tchekhov. Comment est né le projet de cette Dernière fête ? n Depuis longtemps,

je voulais faire un Tchekhov. Mais je ne savais pas quelle pièce choisir. Alors pourquoi ne pas décortiquer très clairement ses œuvres les plus connues (Oncle Vania, La Mouette, Ivanov, Les Trois Sœurs et La Cerisaie, NDLR) pour en faire une sorte de théâtre de poche. C’était facile d’avoir cette idée ; la réaliser, non. En quoi était-ce difficile à réaliser ?

n Il était hors de question que je fasse un spectacle de 12 heures. Avec l’Ensemble Leporello, nous avons décidé alors de proposer un Tchekhov comme il n’avait jamais été présenté auparavant. On a raccourci les pièces, on les a chantées en n’oubliant jamais ce fil rouge que l’on retrouve dans toutes les pièces : les personnages. Ici, chaque comédien joue cinq personnages. Peut-on, comme dans l’électro, parler d’un remix ? n C’est exactement ça !

Ne craignez-vous finalement pas d’irriter les puristes ? n Je ne pense pas

puisque mon approche est tellement différente de celle d’un metteur en scène. Dans La Dernière Fête, on chante du début à la fin. C’est du théâtre en mouvement, une célébration de l’œuvre de Tchekhov. n LA DERNIÈRE FÊTE, LES 19, 21, 23, 24 ET 26 JANVIER, THÉÂTRE GRASLIN, NANTES. LES 13, 14 ET 16 FÉVRIER, LE GRAND THÉÂTRE, ANGERS.WWW.ANGERS-NANTES-OPERA.COM

DÉCOUVREZ LA NOUVELLE CRÉATION

DU THÉÂTRE DU RADEAU

En 2014, la Région des Pays de la Loire met à l’honneur le théâtre du Radeau de François Tanguy. Installé à la Fonderie, au Mans, son travail se construit comme une sorte d’opéra visuel, dans lequel texte, image et décor se confondent. • DU 5 AU 14 DÉCEMBRE 2013 à la Fonderie, au Mans, en partenariat avec l’Espal. Réservations : 02 43 50 21 50 • DU 14 AU 17 JANVIER 2014 au Grand R, à La Roche-sur-Yon. Réservations : 02 51 47 83 83 • DU 22 AU 30 JANVIER 2014 au Lieu Unique, à Nantes, en partenariat avec le Grand T. Réservations : 02 40 12 14 34

Et des rendez-vous tout au long de l’année en région. PLUS D’INFOS SUR culture.paysdelaloire.fr ou Théâtre du Radeau - Tél : 02 43 24 93 60

ANNÉE DU THÉÂTRE

du RADEAU EN PAYS DE LA LOIRE


SPECTACLE VIVANT

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NATHALIE BÉASSE - TOUT SEMBLAIT IMMOBILE

« PLUS THÉÂTRAL ET MOINS DANSÉ » INTERVIEW / ARNAUD BÉNUREAU * PHOTO / NATHALIE BÉASSE

La nouvelle création de Nathalie Béasse marque un tournant dans la carrière de la chorégraphe qui se présente aujourd’hui davantage comme une metteuse en scène.

© HERMAN SORGELOOS

le conte est bon

Que s’est-il passé depuis votre précédente création, Wonderful world ?

PARTITA 2 SEI SOLO Bach in town Le temps d’une rencontre au sommet, deux pointures de la danse, Anne Teresa De Keersmaeker et Boris Charmatz, s’invitent, en compagnie de la musicienne Amandine Beyer, sur un plateau dépouillé pour voyager au cœur de la Partita 2 pour violon de Johann Sebastian Bach. n A.B. PARTITA 2 SEI SOLO, LES 17 ET 18 JANVIER, LE LIEU UNIQUE, NANTES.

KING AUTOMATIC © SEBASTIAN WEIDENBACH

WWW.LELIEUUNIQUE.COM

n Wonderful world n’a pas été assez diffusé. Cela vient d’un tournant. Sans le vouloir, j’ai été classifiée danse ; alors que je venais des arts plastiques. Ce mélange des genres peut se révéler très positif, mais il crée également des scissions de réseaux. Aujourd’hui, avec Tout semblait immobile, je vais vers quelque chose de plus théâtral et de moins dansé. Avec Tout semblait immobile, vous remixez l’univers des contes… n Un

peu, oui. Au début, je voulais travailler sur un seul conte, Le Petit Poucet ou Hansel et Gretel. Je n’ai pas réussi à choisir. J’ai alors envisagé d’aborder ce spectacle sous l’angle du rite de passage à l’âge adulte, de l’imagerie de la forêt, de la perte.

Où se situe la danse ? n Je ne sais

pas. Aux Beaux-Arts, j’étais ainsi. Je faisais de la vidéo, des performances. L’année prochaine, je monte Richard III. Et peut-être que dans deux ans, je réaliserai un film. Je cherche avant tout un langage. La forme n’est jamais le point de départ de mon travail.

TOUT SEMBLAIT IMMOBILE DU 11 AU 13 DÉCEMBRE, LE GRAND R, LA ROCHE-SUR-YON. LES 17 ET 18 DÉCEMBRE, SCÈNE DE PAYS DES MAUGES, BEAUPRÉAU. DU 16 AU 18 JANVIER, TU-NANTES. LE 4 FÉVRIER, THÉÂTRE DE L’ENTRACTE, SABLÉ-SUR-SARTHE. LES 24 ET 25 MARS, THÉÂTRE DE L’ÉPHÉMÈRE, LE MANS. DU 12 AU 16 MAI, LE QUAI, ANGERS. WWW.CIENATHALIEBEASSE.NET

LES 5 ANS DE KIZMIAZ RECORDS L’âge de déraison Une chose est sûre, cette soirée sera placée sous le signe du rock. Celui qui sent la transpi et la décadence. Un rendez-vous anniversaire qui célèbrera le nouveau projet du label nantais, entre musique et bande dessinée, en hommage aux Cramps. The Magnetix ou encore King Automatic assureront l’ambiance. n M.P. LES 5 ANS DE KIZMIAZ RECORDS, LE 7 DÉCEMBRE, LE LIEU UNIQUE, NANTES. WWW.LELIEUUNIQUE.COM


SPECTACLE VIVANT

© KARIM SADLI

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WOODKID Épique L’un des hipsters les plus connus de la planète raboule une fois de plus sa barbe fournie, ses sons puissants et son univers léché dans le Grand Ouest. Une nouvelle fournée du Golden Age Tour avec en prime, la promesse d’un spectacle visuel inédit qui en mettra à coup sûr plein les mirettes. n M.P. WOODKID, LE 26 NOVEMBRE, ZÉNITH, NANTES. LE 15 FÉVRIER, LE LIBERTÉ, RENNES.

DR

WWW.OSPECTACLES.FR

PERTURBATION

PERTURBATION, LES 11 ET 12 DÉCEMBRE, LE LIEU UNIQUE, NANTES. WWW.LELIEUUNIQUE.COM/"WWW.LELIEUUNIQUE.COM

10 - 18 JAN - LE GRAND T

SOPHOCLE | ROBERT DAVREU MISE EN SCÈNE WAJDI MOUAWAD

02 51 88 25 25 / leGrandT.fr

2013/14

AJAX / ŒDIPE ROI

Licences spectacles 1-142915 2-142916 3-142917

DES HÉROS ILLUSTRATION SOPHIE JODOIN

Zone de turbulences Krystian Lupa, metteur en scène polonais revendiquant un théâtre d’exploration et de transgression, continue d’explorer l’œuvre de Thomas Bernhard. Avec ce livre de jeunesse, il redécouvre un auteur qu’il a déjà mis en scène. Perturbation plonge le public dans un monde en crise. Entre tournée de médecin de campagne et confrontation à l’inquiétude du lendemain d’un châtelain vieillissant : nul n’aperçoit d’issue dans un décor qui transpire la fin d’un monde. n Vincent Braud


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FORDAMAGE

« ON A FAIT LE TOUR DE LA QUESTION » INTERVIEW / ARNAUD BÉNUREAU * PHOTO / MÉRIADEC ORGEBIN

3 albums et 300 concerts en 10 ans de carrière. Voilà en quoi consiste l’aventure noise Fordamage qui s’arrête le 21 décembre prochain. Amélie Grosselin et Vincent “My name is Nobody”, moitié du groupe, reviennent sur cette histoire furieusement indé.

putain 10 ans !

Pourquoi avoir décidé d’arrêter Fordamage ? n Tout le

monde a d’autres projets. On n’arrivait plus à répéter et à composer de nouveaux morceaux. Nous n’habitons pas dans les mêmes villes. Au début, cette situation nous aidait. Aujourd’hui, non. C’est comme dans un couple, on a fait le tour de la question. Quels souvenirs gardez-vous des débuts du groupe ? n

Le premier concert a eu lieu le 10 février 2005 à Bressuire. On avait 5 morceaux. Le concert avait duré 13 minutes. À cette époque, il y avait une certaine frénésie. En une répétition, on avait un morceau. Même si nous ne calculions rien, le label Kythibong a voulu sortir notre premier album. Nous, nous voulions simplement faire du bordel. Vos meilleurs souvenirs ? n Le Fouloir en 2011. C’était

pour la fermeture du lieu et ça a été un de nos concerts les plus dingues. Il y a aussi le concert avec The Ex et la tournée avec Enablers. Emily Loizeau nous a même acheté un disque. Elle avait pris une claque en nous voyant sur scène. Et le pire ? n L’été dernier à Ottawa. On a joué devant

une personne. n FORDAMAGE, LE 12 DÉCEMBRE, LA PÉNICHE EXCELSIOR, ALLONES. LES 13 ET 14 DÉCEMBRE, LE BAR’OUF, CHOLET. LE 21 DÉCEMBRE, LE FERRAILLEUR, NANTES. HTTP://FORDAMAGE.BANDCAMP.COM


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© L. FRIQUET

© MICHEL CAVALCA

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PRÉLUDE À L’AGONIE KÄFIG BRASIL

À mourir de rire Sophie Perez et Xavier Boussiron, à la conception, la mise en scène et la scénographie des spectacles de la compagnie du Zerep, ont déjà commis quelques forfaits (Oncle Gourdin…). Mais de là à les imaginer monter un western… Ils le font à leur manière. Ça commence comme du Courteline et ça dérape en joyeuse parodie d’une fresque sauce spaghetti. Avec un saloon et des girls, bien entendu, et ce qu’il faut de coups de feu. Bref, ce Prélude à l’agonie n’est pas triste ! n V.B.

Hop hop hop !!! Sur scène, onze danseurs de hip hop cariocas mettent en mouvement les univers bien distincts de quatre chorégraphes. Entre mimes et capoeira, les séquences, tantôt explosives, tantôt tout en souplesse, s’enchaînent avec rythme. Une petite pépite de la compagnie Käfig à découvrir dans le cadre des Trans Musicales. Qui a dit que les Brésiliens ne savaient danser que la samba ? n Mathieu Perrichet

PRÉLUDE À L’AGONIE, DU 18 AU 20 DÉCEMBRE, NTA, ANGERS.

KÄFIG BRASIL, LES 6 ET 7 DÉCEMBRE, LE TRIANGLE, RENNES.

WWW.NTA-ANGERS.FR/"WWW.NTA-ANGERS.FR

WWW.LETRIANGLE.ORG

20 décembre 2013

à 20h30

La Folk Journée Cascadeur plays Nick Drake

Forever Young plays Neil Young

The Healthy Boy plays Tom Waits

saison

2013/2014

le lieu unique scène nationale de Nantes

de 11 à 20 euros www.lelieuunique.com

© Davy Khau


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DR

© JEAN-LOUIS FERNANDEZ

festen

ORPHELINS – CHLOÉ DABERT

« NI MÉCHANT NI GENTIL » DES HÉROS Salades grecques Wajdi Mouawad aime les grandes fresques. Quand il ne les écrit pas lui-même (Littoral, Incendies…), il les adapte. On a ainsi découvert Les Trachiniennes, Antigone et Électre. Sophocle est, pour lui, « une matrice de la littérature occidentale ». C’est donc à cette source qu’il est allé puiser à nouveau. Et ce sont deux héros et deux destins qu’il nous invite à redécouvrir : Œdipe qui, après avoir tué son père, se retrouve époux de sa mère, et Ajax qui lave son déshonneur dans le suicide. n Vincent Braud DES HÉROS, DU 10 AU 15 JANVIER, LE GRAND T, NANTES. WWW.LEGRANDT.FR

INTERVIEW / ARNAUD BÉNUREAU

Grâce à son dispositif en quadrifrontal offrant au spectateur différents points de vue, Chloé Dabert autopsie un couple bien sous tous rapports dont le dîner aux chandelles implose avec l’irruption d’un frère couvert de sang. Qui sont ces Orphelins ? n Est-ce qu’ils sont le nœud de l’histoire ? Oui, mais ce n’est pas la première chose de racontée. On le comprend ce quelque chose lié à l’enfance au fur et à mesure de la pièce. Ces Orphelins sont ce jeune frère qui arrive couvert de sang et sa sœur vivant dans le confort à Chelsea. Après ADN, vous mettez en scène une nouvelle pièce de Dennis Kelly, connu pour être l’auteur des séries Pulling et Utopia. Qu’est-ce qui vous intéresse tant chez lui ? n Son écriture qui est centrée sur le rythme et la parole. Comme dans Utopia, l’univers qu’il décrit est d’abord très formel. Un côté bizarre qui interroge. Puis, les per-

sonnages deviennent de plus en plus humains. Orphelins fonctionne sur le même principe. Les personnages se dessinent progressivement. Pourquoi avoir choisi ce dispositif en quadrifrontal ? n Chez Dennis Kelly, il n’y a ni méchant ni gentil. Il pose des faits sur lesquels chacun se fait son propre jugement. J’ai essayé de pousser ça à l’extrême avec ce dispositif. Selon l'endroit où le spectateur se trouve, il n’a pas le même point de vue sur ce thriller qui se déroule devant lui. n ORPHELINS, DU 19 AU 21 NOVEMBRE, LE QUARTZ, BREST. WWW.LEQUARTZ.COM DU 17 AU 19 DÉCEMBRE, LA PASSERELLE, SAINT-BRIEUC. WWW.LAPASSERELLE.INFO

© LUDMILLA CERVENY

MATT ELLIOTT L’Œil électrique Dans une autre vie, Matt Elliott régnait sur la drum’n’bass anglaise. Mais ça, c’était dans une autre vie. Aujourd’hui, il est un artiste rare et précieux dessinant, disque après disque, un folk qui entraperçoit aujourd’hui la lumière. La preuve avec son nouvel album et le morceau d’ouverture de plus de 17 minutes, The Right on Cry, est à tomber par terre. n A.B. MATT ELLIOTT, LE 15 DÉCEMBRE, L’ANTIPODE, RENNES. WWW.ANTIPODE-MJC.COM


FESTIVALS

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TRANS MUSICALES

LA RECETTE BROSSARD INTERVIEW / ARNAUD BÉNUREAU * PHOTO / JEM GOULDING

Faire London Grammar juste après leur passage au festival des Inrockuptibles, n’est-ce pas rageant ? n Même si cela n’arrive pas souvent, je me permets parfois d’avoir un groupe qui fait aussi Les Inrocks. Et puis, lorsque je les ai vus jouer dans une église lors du dernier Great Escape à Brighton, j’ai immédiatement tenu à les faire à Rennes.

qui m’avait fait écouter Rhume l’année dernière. J’ai tout de suite flashé sur les textes, la musique. C’est un groupe qui a un avenir incroyable. Avec les Brésiliens de Gang Do Eletro, vous célébrez la prochaine Coupe du Monde avant l’heure ? n Attention, je ne suis pas très foot. J’ai vu une vidéo d’eux. J’ai bien aimé leur tecno-brega. Et le samedi à 4 heures du matin dans le Hall 4, c’est le bon groupe au bon moment.

Bon, et vous, de quel groupe auriezvous voulu nous parler ? n Le Vasco. C’est François and The Atlas Mountain qui me les a faits découvrir. En janvier dernier, je les ai programmés à l’Ubu. Ils ont un sacré charisme. Et je crois beaucoup en ce groupe de la nouvelle vague française. n TRANS MUSICALES, DU 4 AU 8 DÉCEMBRE, RENNES. WWW.LESTRANS.COM

© STÉPHANE BEIN

CATE LE BON © DR

Vous avez choisi Rhume parce que Fauve vous rend malade ? n Mais non ! C’est Fred du collectif Iceberg

© JEM GOULDING

Nous avons soumis trois groupes de cette édition 2013 à Jean-Louis Brossard. Beau joueur, on a laissé au directeur des Trans Musicales le choix tir groupé du dernier.

LE FESTIVAL INVISIBLE Invisible, mon œil ! Alors que l’on peut reprocher à certains festivals de se la jouer pépère, Invisible sort du lot avec son affiche multiple (ciné-concert, happening sonore, impromptus et loufoqueries…). Au rayon concerts, on retiendra la popfolk psyché de Cate Le Bon, le rock garage et au poil de Cheveu ou encore Gallon Drunk dans lequel on retrouve un Bad Seeds. n A.B.

ON THE ROCK ! Rock academy Pendant trois jours, Le Théâtre va vivre au son du rock. Et ce qu’il soit joué en live (La Face cachée de la lune évidemment consacré à Pink Floyd), tourné en dérision (la stand up conférence très drôle de Stéphane Malfettes, American road trip) ou encore performé (Le tour de chant Janis Joplin / Jim Morrison de Corinne Cicolari). n A.B.

LE FESTIVAL INVISIBLE, DU 20 AU 23 NOVEMBRE, BREST.

ON THE ROCK !, DU 27 AU 30 NOVEMBRE, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE.

WWW.FESTIVALINVISIBLE.COM

WWW.LETHEATRE-SAINTNAZAIRE.FR


CLUBBING

© RANDOLPH QUAN

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CHRONIQUES DU DANCE-FLOOR

Birdy Party n En attendant la soirée bonne année et surtout la santé du 31 décembre (voir Guide me 5), les Birdy continuent de filer à un train d’enfer : Trus’me (21 novembre), Carlos Nilmmns (12 décembre), La Pastille (19 décembre). Et le 16 janvier, Môme, programmateur des Birdy, fête son anniversaire. TOUS LES JEUDIS, LE NID, NANTES.

Kölsch n Attention, Kölsch, ce n’est pas qu’une marque de bière, c'est aussi un Danois à qui l’on doit l’hymne house Calabria. LE 22 NOVEMBRE, L’ESCALIER CLUB, SAINT-MALO. Visite/Visite n À l’invitation de Jankola, le Snuff Crew vient défendre en live son Behind the Masks récemment sorti chez BPitch Control. LE 30 NOVEMBRE, ALTERCAFÉ, NANTES.

Prins Thomas n Pour la dernière de l’année, la Crab Cake trace vers le Nord et fait venir à Rennes le Norvégien Prins Thomas, pote de Todd Terje et grand artisan du space disco. LE 20 DÉCEMBRE, L’UBU, RENNES. Modern Factory n Tellement culte qu’on ne présente plus le pilier du Berghain et du Panorama Bar. LE 20 DÉCEMBRE, LE CHABADA, ANGERS.

Club Nuit n Ce nouveau Club Nuit vous emmène au Paradis, duo français signé sur Beats in Space, en compagnie de Gwen de Space Breaks Records. LE 21 DÉCEMBRE, LE LIEU UNIQUE, NANTES.

Now n Pour cette nouvelle Now, Raphaël de Fragil programme FunkinEven, le producteur électro funky limite lo-fi qui aura incontestablement marqué 2013. LE 21 DÉCEMBRE, ALTERCAFÉ, NANTES.

Optimo n Désormais habitués des nuits rennaises, ce sont les deux Écossais d’Optimo qui assureront la fête de fin de chantier de ces Trans 2013. Évidemment, il n’y en aura pas pour tout le monde. LE 8 DÉCEMBRE, L’UBU, RENNES. Space Breaks – André Lodemann n Pour fêter ses 6 ans, Space Breaks, label et donc soirée, invite André Lodemann à sortir de sa house berlinoise pour venir souffler les bougies. LE 14 DÉCEMBRE, ALTERCAFÉ, NANTES.

Anja Schneider n La boss du label berlinois Mobilee et proche d’Ellen Allien, entourée d’une fine équipe de Dj’s du cru, viendra jouer techno et house. LE 27 DÉCEMBRE, L’ESCALIER CLUB, SAINT-MALO.

Bordello a Parigi n Bordello a Parigi n’est pas qu’un film italien olé olé de la fin des 70’s, c’est aussi un excellent label hollandais branché italo disco. LE 17 JANVIER, LES CAVES DU CASTEL, NANTES.


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EXPOSITIONS

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LES RÊVEURS

© LUCIE LOM

Autour de Lucie Le Château des Ducs de Bretagne renouvelle l’opération Noël au Château en faisant appel cette année à l’Atelier Lucie Lom. Aussi bien graphistes que scénographes, le duo angevin propose une plongée dans des mondes intrigants et oniriques. n Installés dans l’enceinte du château, Les Rêveurs de Lucie Lom est un ensemble de cinquante personnages à l’attitude paisible et lunaire qui participera à l’atmosphère magique du lieu tout en offrant une occasion supplémentaire de se laisser émerveiller par ces périodes de fêtes à l’heure où les opportunités de rêver se font plus rares. n M.G. LES RÊVEURS DE LUCIE LOM, DU 3 DÉCEMBRE AU 5 JANVIER, CHÂTEAU DES DUCS DE BRETAGNE, NANTES.

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EXPOSITIONS

© ZIAD ANTAR COURTESY GALERIE ALMINE RECH, PARIS / BRUXELLES

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Safe Sound

L'URGENCE AU QUOTIDIEN

safe in the city

TEXTE ANTONIN DRUART

Les images de Ziad Antar offrent à voir et à entendre, hors de danger, la voix d’un grand artiste libanais. « Des fois je vidéo, dès fois je vis des bas. » L’extrait de ce refrain de Marc Drouin, québécois libre penseur, membre du cercle des poètes réapparus grâce à la pertinence culturelle sévissant sur les moteurs de recherche (remember Pierre Billon), colle à merveille au travail de Ziad Antar. Ses vidéos lui servent de Doux post-It Yourself, de touches de vies à la musicalité empressée. Économie des moyens, cadrage archaïque, ses captations se pensent comme autant d’impressions à saisir sur le champ, de mines atouts personnelles, capsules mémorielles à l’ombre des balles. Car en tant qu’enfant né au Liban, revendiquant sa formation de paysan, Antar à dû tutoyer la guerre très tôt. « l’image comme idée » dicte sa démarche, comme la musique, omniprésente. Tout est bon à prendre, un plan sur un plat de lentilles, le son qui l’accompagne, comme le chant d’un enfant. Sauve qui peut (la vie). n SAFE SOUND PAR ZIAD ANTAR, DU 13 DÉCEMBRE 2013 AU 16 FÉVRIER 2014, LA CRIÉE, RENNES. HTTP://WWW.CRIEE.ORG

Une aventure cosmique à découvrir dès 6 ans

du 6 au 22 décembre à la Plateforme Intermédia

Entrée libre

du lundi au vendredi : de 13h à 17h30 le samedi et le dimanche : de 10h à 11h30 et de 14h à 18h30

www.stereolux.org Co-production Antipode, l’Aramda Productions et cultures Electroni[k] Stereolux à la Fabrique 4 bd Léon-Bureau 44200 Nantes

Label scènes de musiques actuelles


EXPOSITIONS

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CHAISSAC-DUBUFFET : ENTRE PLUME ET PINCEAUX

BRUTS ET TENDRES

double messieurs

TEXTE / MARIE GRONEAU

DELPHINE GIGOUX-MARTIN, COMBAT DE LA CHOUETTE ET DU ARA, 2013

Si Chaissac est l’une des figures incontournable de la Vendée, le musée le met une fois de plus à l’honneur en soulignant la singularité du personnage. En effet, son influence dans l’histoire de l’art est majeure, pourtant rien ne garantissait que la qualité du travail de cet artiste retiré à Vix soit reconnue à sa juste valeur. Au milieu des années 1940, a lieu la rencontre avec Dubuffet. Si, a priori, ils n’ont rien en commun, une relation particulière s’installe entre les deux hommes qui correspondront jusqu’à la mort de Chaissac. Plus de 400 lettres seront échangées entre les deux artistes. Ils partagent un intérêt commun pour les objets hétéroclites expérimentant l’intégration de pierres brutes, coquillages et fragments d’os pour l'un, se concentrant autour des textures et des empreintes pour l’autre. L’exposition met alors en relief ces modestes génies, véritables ovnis du monde de l’art. n Marie Groneau

PAR UNE NUIT D’HIVER

PAR UNE NUIT D'HIVER, DELPHINE GIGOUX-MARTIN ET UNE SÉLECTION D'ŒUVRES DE LA COLLECTION DU FRAC DES PAYS DE LA LOIRE, DU 6 DÉCEMBRE AU 2 FÉVRIER, DOMAINE DE LA GARENNE-LEMOT, GÉTIGNÉ.

CHAISSAC-DUBUFFET : ENTRE PLUME ET PINCEAU, JUSQU’AU 26 JANVIER, MUSÉE DE L’ABBAYE SAINTE-CROIX, LES SABLES D’OLONNE. WWW.LEMASC.FR

Trance Boa

© JEAN-PHILIPPE BRETIN

Les Fables de la Garenne La taxidermie est de mise cette année à la Garenne-Lemot. Après Chasse, chassé, le domaine accueille Delphine Gigoux-Martin qui y consacre une large place dans son travail. En effet, elle intègre à ses recherches des animaux naturalisés propulsés dans un contexte fictionnel auquel elle intègre dessin ou encore projection. Ses dispositifs traduisent un attachement profond pour cette nature aux allures magiques qui transparaît dans nombre de contes et légendes. n À la proposition de l’artiste s’associera également un accrochage d’une sélection d’œuvres issues de la collection du FRAC. Les pièces dialogueront pour clore cette thématique de la nature dans l’art qui aura rythmé la programmation de l’année. n M.G.

-GASTON CHAISSAC, SANS TITRE, 1954, HUILE SUR BINETTE, 8 X 16,5 CM, COLLECTION PARTICULIÈRE

Chefs de file de l’art brut, Chaissac et Dubuffet sont de nouveau réunis pour une exposition au MASC des Sablesd’Olonne, projet artistique et intime révélant les relations entre ces deux artistes qui ont considérablement marqué leur temps.

À la trace Jean-Philippe Bretin, graphiste, peintre et dessinateur, affabulateur enfantin, créateur de chimères agitées, déballe son attirail de comique strip moqueur dans le garage habité par les galeristes déchainés du 126. Si vous ne connaissez pas (encore) ce tout nouveau lieu d’exposition atypique, épique et inratable, venir se frotter à des œuvres libres et affranchies est une bonne occasion d'y remédier. n A.D. JEAN-PHILIPPE BRETIN, DU 29 NOVEMBRE AU 10 JANVIER, GALERIE 126, RENNES. HTTP://GALERIE126. TUMBLR.COM/


L’HIVER TE DEMANDERA CE QUE TU AS FAIT L’ETE EXPOSITIONS

PA G E X V / D É C E M B R E 2 0 1 3 - J A N V I E R 2 0 1 4

Benoît-Marie Moriceau du 11 octobre au 30 novembre 2013

les frères jullien

LE GRAND DEBALLAGE

PLATEAU TÉLÉ PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE GRONEAU

« C'est l'histoire de Slim, un personnage de dessin animé dont l'ennemi, Decré, s'échappe par un portail qui l'emmène sur d'autres chaînes de télévision. Slim le poursuit aux travers des divers programmes dans l'espoir de le ramener à bon port. »Tel est le pitch d’Adventures in Front of the TV Set, épopée créative et électronique des frères Jullien. Jean nous raconte. « Avec Niwouinwouin, L'Antipode et l'Armada à Rennes nous ont approché pour nous proposer de créer un spectacle tout public. Nico et moi avons grandi avec la télé, les jeux vidéos et nous voulions faire quelque chose dans cette veine. L'occasion était donc parfaite. Nous avons fait des résidences à L'Antipode et travaillé avec leur équipe, ce qui fut une super expérience (…). On planche actuellement sur un nouveau spectacle réutilisant la structure d'Adventures ». n Après L’Olympic, c’est Stereolux qui les accueille, sans compter Le Nid pour Jean: « C'est un vrai honneur et j'espère bien avoir d'autres projets à Nantes. C'est une ville unique qui met vraiment l'accent sur la culture. » n Pour la suite, « on travaille sur le nouvel album de Nico, sous le nom de The Coward. Nouvelle direction pour ce nouveau nom. À côté de ça, j'ai une expo/pop up avec le magazine Fricote, une collection avec la marque japonaise Édifice. Je travaille sur la couverture de l'annual pour New York Magazine, une installation aux Champs Libres, une série de livres pour Phaidon, l'identité visuelle d'un festival à Oslo et pleins d'autres choses, mais je m'arrête là ! ». n ADVENTURES IN FRONT OF THE TV SET, DU 6 AU 22 DÉCEMBRE, STEREOLUX, NANTES. WWW.STEREOLUX.ORG

‘‘economie de marché’’. 2005

ADVENTURES IN FRONT OF THE TV SET

Franck Gérard

DR

du 13 décembre 2013 au 11 janvier 2014

galerie melanieRio, 34 bd Guist’hau, 44000 Nantes www.rgalerie.com / info@rgalerie.com / 02 40 89 20 40 horaires d’ouverture : du mercredi au samedi de 15h à 19h et sur rendez vous


DOS À DOS

HTES OKEUG

... l’interview verso

Au lieu du rap, Skyrock aurait-elle mieux fait de tuer qui d’autre ? n Justin

KOSTAR PHOTO / THOMAS DORÉ POUR

Bieber.

Booba et la chatte à Mc Doom. Vous et La Chatte à Mireille. Qu’est-ce que vous avez tous avec les chattes ? n C’est

tout simple, j’aime bien les chats. C’est mon côté 30 millions d’amis. C’est mon côté Mabrouk.

La punchline dont vous avez le plus honte ? n Aucune.

Elles ont toutes été longtemps travaillées dans mon cerveau avant que je ne les couche sur papier. Et sachez que je n’ai honte de rien.

Sur votre dernier album, Bad Cowboy, le temps d’un interlude, vous invitez Jean-Marie Bigard. N’y allez-vous pas un peu fort dans le côté franchouillard ? n

Ah non ! Bigard, c’est le summum des blagues de tontons. C’est aussi pour expliquer aux gens que je ne suis pas plus vulgaire qu’un Bigard qui remplit le Stade de France.

Vous passez votre temps en Thaïlande. Est-ce pour échapper au fisc ? n Non,

j’adore ce pays. Là-bas, il y a ma femme et mon fils. Et n’hésitez pas à venir dans mon bar, vous y serez bien accueilli.

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