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L E VAISSEAU FANTÔME S UR GR AND(S ) ÉCR A NS U N O P É R A D E WA G N E R E N D I R E C T D U T H É ÂT R E G R A S L I N ANGERS Place du Ralliement NANTES Place Graslin et Place Royale RENNES Place de la Mairie et dans de nombreuses villes des Régions Pays-de-la-Loire et Bretagne
angers-nantes-opera.com #LeVaisseaufantôme Production du Theater Hagen. Reprise de production en coréalisation Angers Nantes Opéra et Opéra de Rennes
-Eugène Isabey, Naufrage du trois-mâts "L'Emily" en 1823 (Photo © RMN-Grand Palais / Gérard Blot) - Jean-Jacques Henner, Portrait de Laura Leroux (détail) (Photo © Musées d’Angers, P. David) - maquette : jerome-pellerin.com 2019
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FA C E À FA C E
Les Machines pour vous, rêve de gosse ou voie royale ? n Ni l’un ni l’autre.
François zière Delaro w recto...
Je ne suis ni geek, ni fou de robots. Plutôt que les machines, ce qui m’intéresse, c’est le mouvement et le vivant.
l’intervie
ULT INTERVIEW / PATRICK THIBA KOSTAR PHOTOS / TANGUI JOSSIC POUR
Quel est le principal atout de vos machines ? n
Qu’est-ce qui vous inspire ? n Le vivant. Le paysage
Provoquer la rencontre et favoriser les échanges émotionnels. Partager les émotions et les échanger, c’est ce qui fait l’huma-
m’inspire énormément. L’architecture, les matières, une musique, un film, un regard, un échange avec une personne, une œuvre qui m’a ému.
nité !
Araignée ou éléphant ? n Araignée et élé-
Quelle histoire racontezvous ? n Je ne suis pas
phant : j’aime autant les Machines de l’Île que celles de spectacles. Je ne fais pas de hiérarchie. Pareil pour la taille, ce n’est pas parce qu’un animal est plus grand qu’il va provoquer plus d’émotion.
un grand narrateur. Mon expression est plus plastique, proche de la danse ou de ce type d’expressions. Je pratique une narration de l’image. Derrière chaque geste ou chaque intention, il y a toujours une histoire.
Quelle est la part de la technique et de l’artistique ? n La technique
De quoi êtes-vous le plus fier ? n Je ne
recherche pas la fierté. Quand on va au bout, on est heureux de provoquer de l’émotion mais c’est un retour nécessaire pour donner du sens à ce qu’on fait.
fait partie de l’expression artistique. C’est un outil merveilleux qui peut être source d’expression. Je rejoins Duchamp qui disait que l’art est partout, tout le temps et à la portée de tous.
Êtes-vous fier que l’Éléphant soit le symbole de Nantes ? n L’éléphant est
Comment produit-on de l’émotion avec une machine ? n Par le mouvement
et la façon dont on utilise le langage du mouvement. Le mouvement exprime la vie et c’est la vie qui génère de l’émotion.
LES MACHINES DE L’ÎLE, NANTES. LES ANIMAUX DE LA PLACE, LA ROCHE-SUR-YON
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l’un des premiers centres d’intérêt mais le Petit Beurre LU en est le symbole. Nous n’avons pas à préempter l’imaginaire d’une ville, nous ne l’avons jamais voulu. n
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recto n François Delarozière / P3 Sommaire n / P4 Ours n / P6 Cover boy n Arthur Kostadinoff / P8 le k de kostar n Aloïse Sauvage / P10
actus n / P12 Chef oui chef n Virginie Giboire / P16
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actus n / P22 Dossier n La nouvelle garde rennaise / P26 Étienne Bernard / P28 n Jean-Roch Bouiller / P30 Fair(e) / P32 n Corinne Poulain / P33 Matthieu Rietzler / P34 Le printemps des festivals P36 Portefeuille artistique n L’humeur des figures par Irma Kalt / P52 Le moi dernier n par Pierrick Sorin / P58 une ville ailleurs n Antigua par Estelle-Sarah Bulle / P60 verso n François Delarozière / P66
23 04 — 23 0426 04 2019
DANSE ARTISTE ASSOCIÉ — 26 04 2019
VESSEL VESSEL DAMIEN JALET DAMIEN JALET KOHEI NAWA KOHEI NAWA Théâtre National de Bretagne Théâtre National de Bretagne Direction Arthur Nauzyciel T-N-B.fr Direction Arthur Nauzyciel 02 99 31 12T-N-B.fr 31 M/M (PARIS) 1099109 et 1099110 / 1099108 / 1099111 M/M (PARIS)
DANSE ARTISTE ASSOCIÉ
02 99 31 12 31
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Q U I F A I T Q U O I ?
KOSTAR, magazine cultures et tendances de l'ouest, est édité par Médias Côte Ouest, SARL de presse au capital de 30 794,70 euros Directeur de la publication et de la rédaction n Patrick Thibault Graphisme et maquette n Damien Chauveau Développement n Pierre-François Leroux, Patrick Thibault. Publicité n pub@kostar.fr SECRÉTAIRE DE RÉDACTION n Cécile You Diffusion n Virginie Fouchard… Rédaction n redaction@mcomedia.fr Studio graphique n damien@mcomedia.fr Merci à tous ceux qui ont participé à ce numéro Rédacteurs n Vincent Braud, Estelle-Sarah Bulle, Matthieu Chauveau, Fédelm Chéguillaume, Antonin Druart, Barbara Le Guillou, Pierrick Sorin, Patrick Thibault. Photographes n Tangui Jossic, Yann Peucat, Pierrick Sorin. GRAPHISTES / Illustrateurs / artistes plasticiens n Irma Kalt, Arthur Kostadinoff (couverture, ours, sommaire, une ville ailleurs, custom des titres), Pierrick Sorin. Remerciements n Tous nos lecteurs, partenaires et annonceurs Imprimé en CEE n Dépôt légal à parution n © Kostar 2019 KOSTAR est adhérent au SPG2I (Syndicat de la Presse Gratuite Indépendante d'Information Imprimée) www.kostar.fr Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. n Abonnement annuel 20 euros Médias Côte Ouest, 2 ter rue des Olivettes, CS33221, 44032 NANTES CEDEX 1 n + 33 (0)2 40 47 74 75. ISSN : 1955-6764 Nos lecteurs et internautes sont informés que l’envoi à la rédaction, par leurs soins, de photographies représentant leur image et destinées à être publiées au sein de la rubrique « Sur son 31 », entraînent de facto leur acceptation : pour diffusion au sein du magazine « KOSTAR » édité par la société « Médias Côte Ouest », pour diffusion au sein des plateformes numériques « www.kostar.fr » et « www.facebook.com». Cette autorisation est valable sans limitation de durée. La rédaction s’engage en contrepartie à ce que les éventuels commentaires ou légendes accompagnant la reproduction ou la représentation de ces photographies ne portent en aucune façon atteinte à leur réputation ou à leur vie privée.
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WWW.LEVOYAGEANANTES.FR PHOTOS : MATTHIEU CHAUVEAU, PHILIPPE PIRON, DAVID GALLARD, LVAN
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Couverture / P01 n Sommaire / P04 n Ours / P06 n Tendances / P12 n Cultures / P22 n Une ville ailleurs / 62 Custom des titres / P08, 10, 17, 26, 28, 30, 32, 33, 34, 36, 52, 59, 60. PHOTO / TANGUI JOSSIC POUR KOSTAR
De Kostar à Kostadinoff, il n’y a qu’un pas que votre magazine préféré n’hésite pas à franchir. Rassurez-vous, il ne suffit pas d’avoir un nom qui commence par “Kosta” pour habiller Kostar. L’univers de ce jeune artiste nous a séduit d’emblée pour ses couleurs, son dessin, les personnages de son bestiaire et son cynisme. n Après une licence en histoire de l’art à Lille, Arthur Kostadinoff est passé par l’AGR, école de l’image, à Nantes. Ensuite ? « J’avais une proposition pour intégrer un studio mais j’avais envie d’un parcours plus artistique. » Alors, avec un collectif d’artistes, il part pour Pachacamac au Pérou. Puis, ça sera l’Amazonie où il travaille sur la question du genre. Avec toujours un livre en cours de réalisation « autour du mythe de la légende et de la croyance ». n La jungle amazonienne ne l’a jamais vraiment quitté. Celui qui avoue vivre entouré d’animaux convie tout un bestiaire dans son œuvre. « Mon ambiance artistique, ce sont les animaux et la forêt. » Pour Kostar, l’idée de départ était « un camping en mode catastrophe avec des personnages très lookés ». Il imagine cette une « avec deux filles choquées par l’arrivée d’une météorite que ça incite à l’aventure ». La communauté de la forêt prend le pouvoir. Les grenouilles de la page sommaire seraient tombées du sac à main d’une des filles, insectes et chenilles sont au rendez-vous, tout comme ce garçon qui, dans l’ours, danse avec une peau de bête. Avec des couleurs qui a priori ne vont pas ensemble et qui vibrent un peu : « Ça m’attire ! ». n HTTPS://WWW.INSTAGRAM.COM/ ARTHUR_KOSTADINOFF/
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EXPOSITION DU 15 FÉVRIER AU 12 MAI 2019
www.museedartsdenantes.fr
#Elogedelasensibilite
Musée d’arts de Nantes - Nantes Métropole. Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de femme, vers 1787 © mba Quimper / Photographie : B. Galéron
ÉLOGE DE LA SENSI -BILITÉ
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“J’AIMERAIS ÊTRE À MA MODE.” INTERVIEW / PATRICK THIBAULT
PHOTO / MELISSA PHULPIN (TOMBOY-LAB)
Vous êtes quelqu'un de stylé, depuis quand faites-vous attention à votre look ? n Il n’y a pas si longtemps et c’est assez naturel. Je faisais du break alors j’avais un jogging dans mon sac : pour danser, c’est facile. J’ai besoin d’être en mouvement alors je suis un peu street wear. J’aime les couleurs et les vieilles vestes de friperie années 90. Maintenant, je peux pousser mon style comme j’en ai envie. Avec une certaine recherche d’élégance et singularité en restant assez naturelle. Pensez-vous avoir le costume de l’emploi ? n Oui. Je fais une musique un peu urbaine. Je danse, je viens de banlieue. Je suis de cette nouvelle chanson qu’on n’arrive plus trop à caser. Je laisse les gens débattre mais je fais attention à ne pas arriver sur scène en pyjama. Comment choisissez-vous votre costume de scène ? n Il faut que ça soit pratique. Là, je veux pouvoir changer sans m’enfermer. Sinon on devient Christine and The Queens, Jain ou Stromae même si, lui, il a un style dans lequel il peut évoluer. Quels rapports entretenez-vous avec la mode ? n Un rapport de plus en plus curieux. Je ne suis pas à l’aise dans les défilés et ne suis pas tentée par la haute couture. Je ne vais pas craquer pour un sac Gucci mais j’ai envie de m’habiller comme j’ai envie qu’on me voit. Je réfléchis à ce que ça signifie. J’aime les petites marques, les ateliers. Avec Cannes l’an passé où j’étais juré pour un prix, j’ai dû m’habiller et j’ai mis un pied dedans. Pensez-vous être à la mode ? n J’aimerais être à ma mode ! Que ça devienne à la mode ou pas, peu m’importe. Dans tous les cas, si on cherche à être à la mode, on n’a rien compris. C’est le piège. Pourtant, on suit tous des tendances, de manière consciente ou inconsciente. Être à la mode, c’est quoi pour vous ? n Ce rapport à la masse – on plaît à la foule –, ça a des côtés positifs et anxiogènes mais je ne sais pas ce qui est à la mode. Trouver son vêtement, c’est ne pas se sentir déguisé. À mon premier Cannes, j’étais déguisée ! PA G E 0 1 0
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Avez-vous déjà retourné votre veste ? n Jamais. C’est pour ça que j’ai mis du temps. Naïvement, je ne fais pas de la musique pour être vue. Je suis très utopiste. Avez-vous pris des vestes ? n J’en prends plein des vestes mais j’avance. J’essaie d’aller à la rencontre de moi-même, de me construire. Quand on est dans une pensée créatrice et persévérante, les choses arrivent. Qu’y a-t-il dans votre valise quand vous partez en tournée ? n Ce dont j’ai besoin, c’est mon casque, mon téléphone, mon ordinateur, un carnet, un livre. C’est dire si mon intérêt pour la mode n’est pas lié au travail. À qui voudriez-vous tailler un costard ? n À ceux qui se cachent pour critiquer de manière brutale, sans intelligence du propos. C’est souvent violent. Quel est le comble du chic ? n Quand on ne voit que toi alors que tu es juste toi-même, sans avoir réfléchi. Tu pourrais même lancer une mode. Là, c’est jusqu’au bout des ongles. Le comble du mauvais goût ? n J’ai un problème avec les cols en V mais ça n’est pas franchement le comble du mauvais goût ! Quelle personnalité voudriez-vous relooker ? n J’ai envie de dire Donald Trump : sa coiffure et ses costards, c’est pas possible ! Mais je le déteste tellement que si c’est le relooker pour le rendre beau, je passe mon tour. Qui rêveriez-vous de déshabiller ? n Nicolas Huchard : un danseur magnifique qui chorégraphie beaucoup d’artistes. Il a travaillé avec Angèle et il est sur la tournée de Chris. n ALOÏSE SAUVAGE PREMIER EP JIMY LE 29 MARS. MYTHOS, RENNES, 30 MARS, SALLE JEAN CARMET, ALLONNES, 26 AVRIL, ART ROCK, SAINT-BRIEUC, 8 JUIN.
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GUINGUETTE DU BELVÉDÈRE © BARREAU ET CHARBONNET
CONTRIBUTEURS DU CAHIER TENDANCES BARBARA LE GUILLOU
Guinguette sur Loire En bord de Loire, à Nantes, le quai Doumergue s’est métamorphosé pour devenir un véritable lieu de vie, là où le fleuve était plutôt caché. La Guinguette du Belvédère y surgit sur les berges. Structure de bois et de métal sur pilotis, elle a été imaginée par les paysagistes de BASE. L’univers a été développé par les designers nantais Barreau et Charbonnet. Printemps et été, la guingette ambitionne de devenir “une étape chaleureuse et vivante, une place de village où les gens se rencontrent, échangent, bricolent, chantent et dansent”. Dont acte ! n LA GUINGUETTE DU BELVÉDÈRE, QUAI DOUMERGUE, NANTES. OUVERTURE LE 5 AVRIL, OUVERTURE DU RESTAURANT EN MAI.
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TOUS DROITS RÉSERVÉS © CLÉON SAS FRANCE / SAC À DOS AVIATEUR
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Christian Le Squer, chef de gare ! © CLAIRE LE FOURN
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Ghost bag ! Diplômée de l’École Européenne Supérieure d’art de Bretagne en 2010, Sarah Chantrel est designer. Elle imagine des objets, accessoires et petits mobiliers. Elle questionne les usages et leur fonction tout en insistant sur le côté fonctionnel. On a flashé sur ses sacs qui ont trouvé le parfait équilibre entre les formes, les matières et les couleurs. Le Ghost Bag de sa marque Bravo est “un sac urbain qui répond aux exigences du quotidien. Il possède une ligne moderne, une forme simple et graphique, un format compact.” S’il se décline en noir et en jaune, toujours en alternance avec la transparence, le bleu semble avoir la cote. On le porte sur l’épaule comme un totebag, à la main ou comme un sac à dos. Fait main, fabrication rennaise avec un modèle pour les kids en préparation ! n GHOST BAG BRAVO, WWW.BRAVOBRAVO.FR PA G E 0 1 4
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Élémentaire : le Paris-Brest fait escale à Rennes. Disons même qu’il y élit domicile avec le restaurant de Christian Le Squer qui prend place au cœur de la nouvelle gare de Rennes. À partir de mai, le chef triplement étoilé y propose une cuisine qui réinterprète les produits de sa région natale. C’est le jeune chef breton Benjamin le Coat qui sera à la tête de l’établissement rennais. Au menu, qui se veut “moderne et décontracté”, Kouign Amann salé en soupe de lait tomate ou Pâté en croute de coucou de Rennes, foie gras et chutney d’oignons de Roscoff, caviar de hareng et chou fleur, pièce de lieu jaune de petite pêche poché au lait ribot… Ou pour finir en beauté fine barre glacée de chocolat, cacahuète à la crème de carambar. Le chef du Cinq, à Paris, promet “une cuisine avec des matières premières de proximité, simples et pas chères pour faire voyager les clients dans l’élégance des saveurs”. La décoration est signée Patrick Jouin qui évoque “un restaurant de gare dans son aspect romantique”. Formule express à partir de 24 €. n LE PARIS-BREST BY CHRISTIAN LE SQUER, GARE DE RENNES, À PARTIR DE MAI 2019.
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9 RUE SCRIBE - NANTES 02 28 02 56 26 LA GALERIE DES MACHINES. LES MACHINES DE L’ÎLE © JEAN-DOMINIQUE BILLAUD / LVAN
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RACINES INTERVIEW BARBARA LE GUILLOU
PHOTOS YANN PEUCAT POUR KOSTAR
« La chef a du talent à revendre ! Elle compose une cuisine intelligente et limpide, qui tombe toujours juste… Jeux de textures intelligents, subtilité des associations de saveurs… » C’est par ces mots que le Guide Michelin 2019 présente la cuisine de Virginie Giboire. Jeune chef du restaurant Racines, à Rennes, qu’elle a repris à la suite d’Aozen il y a un an et demi, elle est donc naturellement l’une des nouvelles étoiles de la gastronomie. Comment définissez-vous votre cuisine ? n Féminine, végétale et axée sur les produits de la mer. Qu’est-ce qu’il y a de féminin dans votre cuisine ? n Le choix des produits, la manière de les travailler, le dressage. J’aime que ça soit visuellement beau car on mange d’abord l’assiette avec les yeux. Je ne laisse jamais les saveurs en dehors. La cuisine féminine, c’est une touche, un détail en plus qu’on a chacune. Mais je me vois d’abord chef et pas femme chef. Ça n'est pas qu’un métier d’homme, tout le monde a sa chance.
« ÇA N'EST PAS QU’UN MÉTIER D’HOMME, TOUT LE MONDE A SA CHANCE. » C’est quand même paradoxal que les chefs soient surtout des hommes comme si c’était leur affaire quand c’est noble alors qu’on relègue les femmes en cuisine lorsque c’est quotidien, comme si c’était une punition… n C’est vrai, la société voit encore les choses comme ça ! Il faut se rendre compte que c’est un métier physique. On porte beaucoup, il y a la chaleur, on est debout toute la journée. Moi, je commence à 7h et je termine à 1h30, il faut tenir le coup. PA G E 0 1 7
Est-ce plus dur pour une femme de s’imposer comme chef ? n À partir du moment où on a des enfants, oui. Il faut faire ses preuves. On doit toujours prouver qu’on a notre place. À Paris, j’étais la seule fille dans des brigades de 20 garçons ! Vous avez dit végétale… n Oui, je veux dire aromatique. J’aime toutes les petites pouces qui apportent une touche végétale et de fraîcheur. Le pourpier, la cardamine, le fenouil que j’utilise en entier (base confite, en sorbet avec les fanes…), les pouces de pois, les fleurs de bourrache. À la saison où on arrive, c’est fabuleux. Vous avez un parcours prestigieux, quels sont ceux qui vous ont le plus inspirée ? n J’ai commencé avec Guy Martin. J’y suis restée trois ans et il m’a poussée à aller vers le haut. Ensuite, Thierry Marx chez qui je suis restée six ans. J’ai fait son ouverture à Paris, trois ans au Sur Mesure. Thierry m’a fait confiance et donné des responsabilités. Il m’a appris le métier de chef et la créativité. Pourquoi ce retour aux sources à Rennes ? n C’est d’abord une histoire de couple : avec Fabien (Hacques), nous voulions monter quelque chose tous les deux. Quand on a visité Aozen, on a eu un coup de cœur. On s’est dit que c’était l’occasion et le K O S TA R
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ENTRÉES LE CHOU RAVE, ARAIGNÉE DE MER, GRANNY SMITH ET PERSIL. LES RAVIOLES D’OIGNONS DE ROSCOFF, CHAMPIGNONS BRUNS, FOIE GRAS ET POURPIER. PLATS LE CABILLAUD, CHOU FLEUR, GRENOBLOISE ET ORANGE. LA JOUE DE BŒUF, CAROTTES, CORIANDRE ET GRAINES DE MOUTARDE. DESSERTS LE TIRAMISU, BAVAROISE CAFÉ, BISCUIT CUILLÈRE ET MASCARPONE. LE FRUIT DE LA PASSION, SABLÉ BRETON, CREAM CHEESE ET CARAMEL.
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moment. Nous avons notre famille ici. Avec deux garçons de 6 et 3 ans, c’est précieux. Rennes nous plaît pour sa taille et la position qu’elle occupe dans la gastronomie.
mon fils, on mange une galette-saucisse. C’est l’odeur et le goût breton. À Paris, Olivier Belin avait apporté, pour un événement, un beurre au sarrasin, j’adore.
Poisson ou viande ? n Si je pouvais, je ferais une carte sans viande. J’adore cuisiner le poisson depuis le départ, la cuisson au beurre. Je passe 500 g de beurre par service mais ça n’est pas gras pour autant. J’aime l’arroser, ça le nourrit. Côté poissons, on est très bien servis ici. En ce moment, je prépare Saint-Jacques, lotte et cabillaud.
Quels sont vos producteurs ? n Annie Bertin pour les légumes. J’aime sa démarche, elle est dans le bio, elle est nature. On se téléphone tous les jeudis et je vais chercher mes légumes aux Lices parce qu’elle ne livre pas. Hélène Reglain d’Angers (La ferme d’Artaud) fait des légumes avec quelques graines japonaises. On a accroché car elle respecte vraiment les saisons et ses produits sont magnifiques. Grâce à elle, j’ai redécouvert le goût du navet. Côté poisson, La marée pour tous et Marie Lux, une femme chef d’entreprise. C’est pêché la nuit et le soir dans l’assiette. Et pour la viande, JA Gastronomie d’Angers. Avec Julien Lemarié, on fait des commandes communes.
Pas de cuisson basse température ? n Non. Vous savez, j’ai une toute petite cuisine. Je fais presque une cuisine à l’ancienne. Je reviens aux bases. La joue de bœuf, elle cuit tout l’après-midi sur le fourneau. Une saveur ? n Mon truc du moment, c’est le sarrasin. Je pourrais en mettre dans tous les plats. Pour moi, c’est le goût et l’odeur de la galette, le souvenir de la galette complète du vendredi midi. Le samedi, aux Lices avec SAISON 13 / NUMÉRO 65
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Salé ou sucré ? n À manger, sucré. À faire, salé. Mais, ça dépend des moments. Sou-
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vent, les cuisiniers n’aiment pas faire les desserts mais je veux finir sur de belles touches. C’est important. Qu’est-ce que ça fait d’être deux étoilés à 30 mètres l’un de l’autre ? n Julien dit que c’est la rue la plus étoilée de Bretagne ! On ne fait pas du tout la même cuisine mais on travaille ensemble sur les fournisseurs. Je suis assez classique française, lui plus sur des saveurs asiatiques.
« LES CUISINIERS N’AIMENT PAS FAIRE LES DESSERTS MAIS JE VEUX FINIR SUR DE BELLES TOUCHES. » L’étoile Michelin, vous l’attendiez ? n On l’espérait. Ça change la vie. C’est une communication énorme. Maintenant nos réservations sont ouvertes sur deux mois et le samedi, ça se remplit tout de suite. Avec la cuisine ouverte, l’image qu’on a de vous, c’est penchée et complètement concentrée sur le dressage… n En fait quand le service commence, on se met PA G E 0 2 0
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dans une bulle. C’est comme un spectacle avec parfois des tables de deux qui nous regardent beaucoup. Et nous, on se parle peu, ça coule. Les photos de cuisine font le buzz sur les réseaux sociaux, est-ce que vous êtes làdedans ? n J’essaie, mon frère a lancé ça. Mais je trouve toujours que mes photos ne sont pas très pros. Il faudrait plus de temps. Qu’est-ce que vous pensez apporter à Rennes ? n La ville bouge beaucoup sur le plan gastronomique. Les ouvertures sont nombreuses dans des styles très différents. Nous avons tous un rôle à jouer dans la complémentarité. Comment voyez-vous l’avenir de Racines ? n Si possible, on pousse les murs à côté. C’est notre projet. Sinon, j’ai l’impression que ma vie est une course perpétuelle, j’aimerais me poser et faire mes cartes un peu plus tranquillement. n RACINES, 12 RUE DE L’ARSENAL, RENNES.
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RÉDACTEURS DU CAHIER CULTURES VINCENT BRAUD, MATTHIEU CHAUVEAU, FÉDELM CHEGUILLAUME ANTONIN DRUART, PATRICK THIBAULT
Base de culture
Lorient vient d’ouvrir sa nouvelle salle de musiques actuelles. Hydrophone a pris place à Lorient La Base, symbole de renaissance sur la zone portuaire, aux côtés de la Cité de la Voile Éric Tabarly, face au sous-marin. L’équipement impressionnant permet d’accueillir concerts mais aussi artistes en résidence dans les studios de répétition. Noël Frocrain, architecte du projet, a su conserver le côté brut et sa charge émotionnelle tout en réalisant un équipement chaleureux et accueillant. n HYDROPHONE, LORIENT LA BASE. PA G E 0 2 2
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ACTUS
Écran total
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Arrivé à la tête d’Angers Nantes Opéra, Alain Surrans, l'ex-directeur de l’Opéra de Rennes, déploie son dispositif de retransmission d’opéra en extérieur sur les trois villes mais aussi en région. Le Vaisseau Fantôme de Wagner sera ainsi présenté dans plus de 30 villes de Bretagne et Pays de la Loire, en direct depuis le Théâtre Graslin. La mise en scène des Allemandes Rebecca Beverly Blankenship ambitionne d’être vue par plus de 40.000 personnes places du Ralliement à Angers, Graslin et Royale à Nantes, Mairie à Rennes… Un dispositif annoncé sans précédent en Europe. n
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ORANGE BLOSSOM X FRANCOIS DELAROZIÈRE © ROD MAURICE
LE VAISSEAU FANTÔME SUR ÉCRAN(S), JEUDI 13 JUIN À 20H.
Créateurs à l’appel !
Host Call est un nouvel appel à candidatures international destiné à la jeune création des arts visuels. Initié par Annie Fillon, il bénéficie déjà de nombreux partenariats de qualité. À la clé, une exposition collective des candidats sélectionnés, aux Beaux-Arts de Nantes, dans la galerie Open School. Une exposition personnelle du lauréat à la galerie Mélanie Rio Fluency, l’intégration au Voyage à Nantes 2020 et 4000 euros de prix. De quoi montrer directement son travail dans des conditions professionnelles. Notez que le président du premier jury est un certain Bruno Peinado ! n HOST CALL, DOSSIER À RENVOYER AVANT LE 30 AVRIL. HOSTCALL.FR
Orange machine
Pour son retour, Orange Blossom ne s’est pas contenté d’un nouveau tour du monde pour s’inspirer. Le groupe a eu l’idée d’inviter François Delarozière qui a conçu deux machines qui participent au concert. Porteuses de lumière, cracheuses de fumée ou plus poétiquement tombeuses de neige, ces deux machines s’imposent comme deux personnes supplémentaires sur scène en plus des cinq Orange Blossom. Pari réussi pour un spectacle qui multiplie les tableaux comme autant d’escales de voyages. n ORANGE BLOSSOM, CENTRE CULTUREL JACQUES DUHAMEL, VITRÉ, 27 AVRIL ; LA CARRIÈRE, SAINT-HERBLAIN, 4 MAI. LES 3 ÉLÉPHANTS, LAVAL, 22 MAI. PA G E 0 2 3
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THE ARTIST © WARNER BROSS
ACTUS
Oscar symphonique
L’Orchestre National des Pays de la Loire renoue avec le ciné-concert. L’originalité consiste à avoir choisi un film muet contemporain pour l’accompagner. Plaisir de retrouver The Artist, le succès international de Serge Hazanavicius qui réunit Bérénice Béjo et Jean Dujardin. Un film tourné en noir et blanc, à la manière du muet qui a remporté cinq Oscars, dont celui de la musique composée par Ludovic Bource. Avec les musiciens de l’ONPL, sous la baguette de Ernst Van Tiel, on va véritablement redécouvrir le film. n
PERFORMANCE "TENUE DE SOIRÉE » PAR LE DUO DE CHARME © ALISSON SCHMITT ET MORGAN AZAROFF
THE ARTIST EN CINÉ-CONCERT, ONPL, AMPHITÉA, ANGERS, LE 12 MAI ; LA CITÉ, NANTES, 14 ET 15 MAI.
THE COLOR OF TIME © ARTONIK
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Art in Breizh
Loire et danse
Pour sa seconde édition, l’événement Débord de Loire déborde d’imagination et irrigue les rives… de SaintNazaire à Mauves-sur-Loire. Événement nautique, il constitue un rassemblement de bateaux d’exception. Clou du spectacle, une parade nautique avec deux trois-mats de légende : le Bélem et l’Hermione. Événement artistique et festif, il célèbre la danse sous toutes ses formes, sur les rives et sur l’eau. Carte blanche à la compagnie Yvann Alexandre… Soul Train Line Geante de la Cie Engrenages (pont Anne de Bretagne à Nantes (25 mai). Et, dimanche 26, le CCNN programme la parade The Color of Time ! n DÉBORD DE LOIRE, 23 AU 26 MAI. PA G E 0 2 4
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Art Contemporain en Bretagne nous propose L’Art du Week-end. Une invitation à reprendre les sentiers de l’art un peu partout en Bretagne pour découvrir une scène artistique riche et stimulante lors de rencontres et événements privilégiés. Vernissage Dewar et Gicquel (galerie Raymond Hains, SaintBrieuc, le 26 19h), à 40mcube, aux Arts à la Pointe (Plozévet, le 27)… Finissage à Passerelle (Brest, le 27)… Festival L’Œil d’Oodacq à Saint-Malo, weekend inaugural au centre GwinZegal avec spectacle (Guingamp)… Rencontre avec Daniel Pontoreau (Kerguehennec, le 28 15h), Performance à La Criée (Rennes, le 26, 17h à 19h)… n L’ART DU WEEK-END, 50 ÉVÉNEMENTS D’ART CONTEMPORAIN EN BRETAGNE, LES 26, 27 ET 28 AVRIL. ARTCONTEMPORAINENBRETAGNE.ORG
ZHU HONG RIKA TANAKA EXPOSITION / 28 AVRIL > 9 JUIN 2019 DU MERCREDI AU VENDREDI > DE 14H À 17H30 LE SAMEDI ET DIMANCHE > DE 14H À 18H FERMÉ LE 1ER ET 8 MAI, OUVERT LE JEUDI DE L’ASCENSION
CENTRE D’ART CONTEMPORAIN PONTMAIN
8 BIS RUE DE LA GRANGE 53220 PONTMAIN T // 02 43 05 08 29 / 02 43 08 47 47 WWW.CENTREDARTPONTMAIN.FR
Pierrick Naud - 29 mars / 14 juin 2019
Galerie 5 (BU Belle-Beille)
5 rue Le Nôtre - Angers | Entrée libre www.univ-angers.fr/culture www.bu.univ-angers.fr Galerie 5
© ZHU HONG, ERDRE 1332 (DÉTAIL), 2018
RÉSIDENCES 2019
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Depuis l’arrivée d’Arthur Nauzyciel à la tête du TNB, il y a deux ans, de nouvelles directions s’installent aux Champs libres, à l’Opéra, au Musée des beaux-arts ou au FRAC. Rennes se retrouve donc avec un paysage culturel quasi totalement renouvelé. Kostar a voulu partir à la rencontre de cette nouvelle garde rennaise afin de lever le voile sur ce qui nous attend. INTERVIEWS / PATRICK THIBAULT
« C’est comme un alignement de planètes et elles se sont plutôt bien alignées », raconte Corinne Poulain, nouvelle directrice des Champs libres après avoir dirigé les affaires culturelles de Rennes. Arrivée après l’élection de Nathalie Appéré à la Mairie, elle a su très vite qu’il y aurait toutes ces successions à gérer : François Le Pillouer arrivait en fin de mandat au TNB, les directrices du Frac et du Musée des beaux-arts faisaient valoir leurs droits à la retraite, Alain Surrans quit-
DES PLANÈTES PLUTÔT BIEN ALIGNÉES tait l’Opéra de Rennes pour Angers Nantes Opéra. Corinne Poulain a participé au recrutement des nouveaux directeurs du TNB, de l’Opéra et du Musée des beaux-arts. Elle parle de sa chance « d’avoir pu écouter le meilleur de ce qu’on peut avoir pour l’art et la culture dans notre pays. Chaque recrutement s’est fait comme une rencontre. Parmi beaucoup PA G E 0 2 6
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PHOTOS / YANN PEUCAT POUR KOSTAR
de gens bien, il y en avait toujours un parmi eux dont on se disait que c’était la bonne personne pour Rennes. » n Benoît Careil, adjoint à la culture, ne cache pas sa satisfaction d’élu de « pouvoir actionner ces leviers puissants pour faire bouger la vie culturelle de la ville. » Ce renouvellement permettant de faire aboutir la réorientation du projet culturel à la suite des États généraux de la culture. n Cette nouvelle garde rennaise est donc invitée à « ouvrir, pratiquer diversité et transversalité, penser action culturelle et éducation, donner une place à la jeunesse, permettre plus de participation des habitants, imaginer une vie culturelle plus variée qui sort des temples et lieux habituels. » n À l’évidence, les nouvelles directions sont ravies de participer à ce mouvement. Elles disent leur satisfaction d’arriver ensemble au bon moment et leur volonté de faire bouger les lignes. Premier arrivé, Arthur Nauzyciel parle d’une ville « où le public accueille les nouveaux avec méfiance et curiosité mélangées. Quand on succède à des gens qui ont
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été là longtemps, qui ont construit des choses très solides avec leur équipe et le public, c’est toujours un moment délicat. » n Le directeur du TNB explique qu’après la prise de risque le concernant, il avait envie que ces nominations soient complémentaires, « qu’il y ait un désir de faire des choses ensemble, qu’on soit animés de mêmes valeurs d’engagement auprès des artistes et du public ». Concrètement, les choses sont en train de changer. Le collectif Fair(e) travaille avec le TNB et projette de réunir un maximum de structures rennaises
CONCRÈTEMENT, LES CHOSES SONT EN TRAIN DE CHANGER. autour d’un festival de danse. L’Opéra joue l’ouverture à de nouvelles disciplines. Les nouveaux arrivants parlent à L’Antipode, aux Transmusicales, au Triangle, à La Paillette, à la Criée… et travaillent concrètement à multiplier échanges et collaborations, comme si la vie culturelle était décomplexée. Les logiques participatives sont naturelles et générationnelles. n Benoît Careil insiste sur « l’attention qui a été apportée aux compétences managériales, à l’humanité et aux capacités à créer des dynamiques collectives. » Enjeu du mandat, la parité serait, pour lui, au rendez-vous si on ajoute l’équipe très féminine de la direction PA G E 0 2 7
à la culture emmenée par Rachel Fourmentin et Claire Gatti, nouvelle directrice des Archives municipales. n À la lecture des entretiens qui suivent, on est frappé non seulement par la volonté de chacun d’être en phase avec la société mais aussi par l’urgence de changer de gouvernance. Et c’est peut-être là que l’on trouve la plus grande rupture avec le passé. Premier collectif à être nommé à la tête d’un centre chorégraphique national, Fair(e) insiste sur « la volonté de partager le pouvoir décisionnaire et de mettre l’outil à la disposition de la danse et non d’un chorégraphe. » n Alors, Rennes est-elle en train de reprendre la main ? « Je l’espère bien, on est attendu sur notre capacité d’invention », répond Corinne Poulain. Benoît Careil précise, lui, que son but a toujours été de libérer les énergies créatives : « J’ai toujours été convaincu qu’elles étaient aussi présentes mais ne trouvaient pas le moyen de s’exprimer. Depuis 5 ans, on a vu le foisonnement créatif des années 90 refleurir. » Arthur Nauzyciel ajoute qu’il y a « une envie de prendre en compte des projets qui s’inscrivent très fort dans leur temps, liés à la création contemporaine. Ça peut produire une synergie et porter une dynamique forte et créative ». Alors, comme on dit du côté du Roazhon Park, allez Rennes ! n
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« Je suis un premier de la classe qui ne l’a jamais vraiment été » Directeur de Passerelle à Brest, co-commissaire de la dernière Biennale de Rennes, Étienne Bernard est le dernier de cette nouvelle garde rennaise à être nommé. Il prend ses fonctions à la tête du FRAC Bretagne le 1er juillet et annonce une nouvelle gouvernance. la classe qui ne l’a jamais vraiment été. Je crois fondamentalement aux différents axes qui ont été énumérés dans mon dossier. L’inclusion, l’ouverture à la diversité, ça peut paraître abscon et hors-sol mais c’est la seule chose qu’on pouvait dire avant de connaître mon programme. J’ai la volonté de faire quelque chose de plus horizontal comme on l’a fait pour la Biennale avec notamment Art Week-end, investir des terrains de recherche. Rendez-vous à Noël pour faire le point. © AURELIEN MOLE
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En quoi le FRAC version Étienne Bernard sera-t-il différent de celui de Catherine Elkar ? n L’idée, c’est d’être dans une nouvelle vague mais aussi dans la continuité. Catherine a fait un travail fantastique sur la structuration de la collection et du territoire. J’ai envie d’inscrire l’institution dans l’histoire de celles d’aujourd’hui. Ouvrir la gouvernance et installer des logiques participatives. Le FRAC a des atouts et une faiblesse : son bâtiment qui est une grosse boîte noire qui ne donne pas forcément envie d’y rentrer. Pour le FRAC, qu’est-ce qui compte le plus, le régional ou l’international ? n Le FRAC est un lieu et une collection qui se construisent sur un territoire et s’en nourrissent. Mais s’il ne raccroche pas ses actions à ce qui se passe ailleurs au niveau national et international, il reste dans son coin. Il a une nécessité impérieuse d’être une des fenêtres ouvertes sur l’international. Un billet de Ouest-France vous a reproché les mots de votre dossier. N’est-ce pas un travers des gens de l’art contemporain d’avoir toujours les meilleurs dossiers du monde ? n Ça m’a fait rire. La presse a bien raison d’être poil à gratter. Je suis un premier de PA G E 0 2 8
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Pouvez-vous nous parler de vos goûts et de votre sensibilité artistique ? n J’ai des tropismes mais depuis que je me suis installé à Brest, j’ai fait en sorte d’ouvrir mon regard et d’aller plus loin. Il y a de grands axes de la collection du FRAC Bretagne qui me parlent : la peinture abstraite, la photographie documentaire, la question du paysage. La Biennale donne une bonne idée : quelque chose de diversifié, international, qui touche tous les médiums ou presque. C’est le boulot d’un directeur de FRAC d’être éclectique ! Passer de Passerelle au FRAC, n’est-ce pas abandonner une ville qui monte ? n Il faut toujours savoir quand partir d’une institution. Six ans, c’est bien. Brest est une ville que j’adore avec cette sorte d’écosystème du bout du monde mais j’avais envie de diriger une collection. J’ai appris à découvrir Rennes pour la Biennale. C’est une ville qui me plaît, j’aime son immensité mais Brest n’en a pas fini avec moi. Je quitte Brest pour mieux y revenir avec le FRAC. Comment allez-vous travailler avec cette nouvelle garde rennaise ? n C’est toujours chouette d’accompagner un mouvement. On va découvrir ensemble un terrain à travailler. Je suis le dernier de la liste. Je connais JeanRoch Bouiller, j’ai eu une petite collaboration avec Arthur Nauzyciel. J’ai hâte de rencontrer le CCNRB et Matthieu Rietzler. Nous avons la chance d’arriver dans des institutions qui tournent après des gens qui ont structuré une offre culturelle. Si le FRAC Bretagne est l’un des cinq plus gros de France, c’est grâce au travail accompli. n
# FA I R E CO L LE C T I F # FA I R E DA N S E R # F A I R E PA R T A G E R # FA I R E LA F Ê T E 3.4 .5 MAI→RENNES
COLLECTIF FAIR—E CENTRE CHORÉGRAPHIQUE N AT I O N A L D E R E N N E S E T D E B R E TA G N E Le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, dirigé par le collectif FAIR[E] est une association subventionnée par le ministère de la Culture (Direction régionale des Affaires culturelles / Bretagne), la Ville de Rennes, le Conseil régional de Bretagne et le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine. Licences d’entrepreneur : 1-1110488, 2-1110486, 3-1110487.
du 6 avril au 26 mai 2019 La Criée centre d’art contemporain – place Honoré Commeurec – 35 000 Rennes 02 23 62 25 10 – www.la-criee.org – métro : République – bus : La Criée – entrée libre du mardi au vendredi : 12 h - 19 h – samedi, dimanche & jours fériés : 14 h - 19 h – fermée le 1er mai
identité visuelle © Lieux Communs – image : Ana Vaz, Atomic Garden (capture du film), 2018
WWW.CCNRB.ORG
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« nous avons besoin d'une offre qui s'étoffe » Il a pris la direction du Musée des beaux-arts de Rennes début 2019. À 44 ans, Jean-Roch Bouiller arrive de Marseille où il était conservateur en chef responsable du secteur art contemporain du Mucem. on a eu à cœur de ne pas diaboliser les expos grand public. Il faut concevoir le tout comme un ensemble. Vous avez annoncé vouloir impulser des expositions d’envergure, en aurez-vous les moyens ? n Pas tout seul. La question des moyens se pose à tous avec la nécessité d’une stratégie commune. Nous avons l’obligation de nous entendre sinon nous sommes condamnés à faire des choses plus restreintes. Pouvez-vous inventer le musée de demain sans restauration et agrandissement ? n Je pense qu’inventer, c’est d’abord réfléchir à notre rapport au visiteur. Dans nos murs et hors les murs. Je ne pense pas que la question de la restauration soit centrale. Il y a d’autres moyens pour inventer le musée de demain. Par contre, je ressens la rénovation comme un besoin.
Quelle est votre feuille de route à la tête du Musée des beaux-arts de Rennes ? n J’ai d’abord un travail de fond avec l’équipe sur la réorganisation. Ensuite, je suis convaincu que le modèle du “musée des beauxarts” est en questionnement. Les musées évoluent vite, comme la société, et nous avons besoin d’une offre qui s’étoffe, s’élargit et se diversifie. Je m’inscris dans la continuité sur la question de la valorisation des collections. Il faut faire dialoguer les expos temporaires avec les espaces plus pérennes. On parle peu des expositions rennaises sur la scène de l’art contemporain, comment allez-vous y remédier ? n Je n’y répondrai pas seul. Le musée a beaucoup travaillé avec La Criée et le FRAC. J’espère vivement continuer avec Sophie Kaplan et Étienne Bernard. Avec l’École des beaux-arts, 40mcube aussi. La mise entre parenthèse de la Biennale est un pavé dans la mare mais il y a l’arrivée du Couvent des Jacobins et son partenariat avec la Fondation Pinault. Au Mucem, PA G E 0 3 0
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Comment allez-vous travailler avec cette nouvelle garde rennaise ? n Les premiers contacts sont établis avec Matthieu Rietzler à l’Opéra. Nous pensons déjà mutualiser en terme de mécénat. Le TNB est venu à nous pour le projet de Mohamed El Khatib et Valérie Mréjen, qui veulent travailler sur la posture du gardien de musée. Je n’ai pas encore rencontré le Centre Chorégraphique mais j’ai un goût pour le hip-hop et l’art urbain sur lequel j’ai travaillé au Mucem. Nous partageons tous une même envie. On vous sait proche de l’art contemporain, quels sont vos goûts ? n La question de l’art participatif m’intéresse beaucoup chez des artistes comme Jeremy Deller qui construit son travail sur le dialogue. Bertille Bach aussi. Il y a ensuite un tropisme lié à l’identité du Musée, autour de l’art abstrait aujourd’hui. Je vais citer Farah Atassy qui n’est pas que de la pure abstraction. J’aime aussi le sculpteur Francisco Tropa et son œuvre qui mélange attraction et fiction. Votre œuvre préférée au Musée ? n La salle de l’art abstrait et Aurélie Nemours. Pour des raisons personnelles, de l’ordre de la retrouvaille. Je m’en étais éloigné et je retrouve avec plaisir. n
EXPOSITION
Hervé Le Nost De Concert Galerie de l’artothèque Salle du Temple, place Notre-Dame, 35500 Vitré
Hervé Le Nost
Du 2 mars au 19 mai, du vend. au dim. de 14h00 à 18h00 Tél. : 02 99 75 07 60 et 02 99 75 89 15
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« à la disposition de la danse et non d’un chorégraphe » Le Collectif Fair(e) a pris, début 2019, la suite de Boris Charmatz à la tête du Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne. Les huit directeurs – Bouside Ait Atmane, Iffra Dia, Johanna Faye, Céline Gallet, Linda Hayford, Saïdo Lehlouh, Marion Poupinet, Ousmane Sy – défendent un changement de gouvernance et prônent l’ouverture. Au-delà du hip-hop, qu’est-ce qui vous réunit ? n Le projet ! Chercher à diriger avec ce fonctionnement de gouvernance à huit directeurs qu’on expérimente dans cette année de préfiguration. Nous avons une nécessité de faire et dire ensemble, une vision et une philosophie communes. Qu’est-ce qui se passera si vous ne vous entendez pas ? n C’est évident qu’on ne s’entendra pas toujours sur tout. Et tant mieux : ça engage des remises en question. Si la route est droite, il n’y a pas de raison de créer. On doit à un moment ne plus s’entendre. On ne doit pas toujours penser pareil. C’est là qu’on prendra les meilleures décisions pour le Centre.
Qu’est-ce qui va concrètement changer à la tête du CCNRB ? n Ce qui a déjà changé, c’est que nous sommes 8 : un collectif avec une diversité de 6 artistes qui rayonnent dans le champ du hip hop. Ça ne s’est jamais vu à la tête d’un Centre Chorégraphique National. Nous voulons recentrer l’outil en le mettant à la disposition de la danse et non d’un chorégraphe. L’objectif étant de valoriser la danse à tous les niveaux et de la mettre à la disposition de tous. Le hip-hop, est-il maintenant à la base de tout et en tout ? n Il est notre dénominateur commun. Puisque c’est un mouvement contemporain inclusif qui intègre la transmission, la curiosité, les autodidactes, on a le sentiment qu’une génération peut s’y rallier. En terme de collectif, nous sommes forts de ça mais cette forme peut réduire. Nous la voulons ouverte, diverse, variée plutôt que monochrome, sans oublier l’exigence de qualité. PA G E 0 3 2
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Comment être certain que vous n’allez pas trop vous prendre au sérieux ? n (éclat de rire général). Notre visage à ce moment-là vaut une réponse, non ? Nous avons été éduqués avec une vision différente du fonctionnement des institutions. Mais à la tête du CCN, il faut aussi qu’on arrête d’être dans ce que les gens attendent de nous. On veut juste continuer à faire bouger et surtout pas devenir des politiques. On apprend en faisant des choses qui ne nous ressemblent pas. Comment allez-vous travailler avec les autres nouveaux directeurs rennais ? n Chacun a déjà rencontré la majorité des nouveaux. Des projets sont en construction, d’autres déjà concrets comme ce cycle Ciné-corps avec le Ciné-TNB. Tous les nouveaux ont un intérêt pour réfléchir et construire ensemble. Une de nos valeurs, c’est partager avec tous les partenaires avec lesquels on s’entend d'ailleurs déjà très bien. Ce renouvellement permettra de faire rayonner la danse de manière plus large. L’urgence des urgences ? n L’ouverture, les 3, 4 et 5 mai. On sera dans le vif. On est content de pouvoir présenter, rencontrer, parler vivement et clairement. Et danser : c’est ce qu’on fait de mieux ! n
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« Nous ne sommes pas dans une posture de notable » Elle était à la direction de la culture de Rennes et elle a largement contribué au renouvellement des directions. En septembre dernier, Corinne Poulain a choisi d’atterrir aux Champs Libres pour participer aux transitions à opérer dans ce lieu issu d’un pari sur l’éducation et fondé sur des valeurs humanistes. Vous étiez à la direction de la culture de Rennes, avez-vous choisi de diriger les Champs Libres parce que vous avez l’ambition d’en faire l’institution rennaise dont on parlera le plus demain ? n Oui, j’y crois assez. Je pense que le potentiel des Champs Libres ne s’est pas totalement révélé. Nous avons une forte fréquentation mais c’est aussi le bon endroit pour inventer, réfléchir à l’institution de demain en complément des champs de programmation. Ça doit devenir le lieu de culture où on a envie d’aller tous les jours. Pourquoi avoir choisi de renforcer le champ du savoir et du débat ? n Un bâtiment comme celui-là ne peut pas faire sans son territoire. La question des savoirs, ce qui se vivait en silo ou aux Champs Libres entre les différents secteurs, nécessite – maintenant – une approche globale face aux urgences climatiques et autres qui nous font face. Le projet évolue en même temps que le monde et j’ai l’ambition d’en faire une institution utile. Allez-vous abandonner le champ de l’art contemporain ? n Oui et non. La salle Anita Conti n’avait pas de rendez-vous fixes. Nous allons prioriser les expositions de longue haleine sur le créneau art-science, inscrire le lieu à l’échelle européenne. Elle est assez contrainte mais offre cette capacité d’immersion. L’entrée par la photographie contemporaine avec un commissariat extérieur est le bon angle. C’est le regard posé sur la société sans en faire quelque chose de trop illustratif. D’un point de vue architectural, Les Champs Libres reste un bâtiment emblématique. Mais sont arrivés Les Capucins à Brest, la bibliothèque de Caen, qu’est-ce que ça vous inspire ? n Ce qui est intéressant, c’est que ces nouveaux équipements passent un cran en jouant la place publique, Portzamparc n’est pas allé jusqu’au bout de cet aspect aux Champs Libres. Je
rêve de voir les étudiants et lycéens qui préparent leurs examens rester tard. C’est une façon de refaire le lien entre la culture et la ville. C’est juste et pertinent. Isoler la culture qui est par excellence une production humaine m’apparaît presque comme une anomalie. Nous avons à inventer. On va pas rester scotché à Malraux. Comment allez-vous travaillez avec cette nouvelle garde ? n Nous partageons tous un engagement, une foi, une envie, du désir ! Nous ne sommes pas dans une posture de notable comme ce fut le cas à une époque mais partie prenante. Nous ne créons pas de zone de pouvoir à notre endroit, nous avons envie d’être là où l’énergie passe et aucun d’entre nous n’a pas le sentiment d’avoir raison. J’espère qu’on va créer des réunions informelles, ça ne passe pas que par des programmations communes. n
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« L’identité rennaise sera préservée » À 38 ans, Matthieu Rietzler est déjà passé par plusieurs maisons et villes. Secrétaire général à l’Opéra de Lille, puis de la Maison de la danse à Lyon, il a succédé à Alain Surrans qui a pris la direction d’Angers Nantes Opéra. Angers Nantes Opéra a engagé le directeur de l’Opéra de Rennes dans le but de réunir les opéras. Dans ces conditions, comment préserver l’identité rennaise ? n L’identité rennaise sera préservée puisque les deux maisons vont rester indépendantes. Mais nous avons intérêt à collaborer. Chaque saison lyrique aura quatre productions communes : deux de l’ANO et deux de Rennes. Elles seront jouées sur l’ensemble du territoire. Ce fonctionnement, j’y crois beaucoup. On va réussir à diffuser plus largement. C’est plus économique et plus satisfaisant pour les artistes. Comment se passe la collaboration ? n On est dans un dialogue de qualité. Nous n’avons pas les mêmes goûts mais des valeurs communes. Nous sommes là pour défendre la dimension fédératrice de l’opéra. Du baroque au contemporain, nous devons travailler sur l’ensemble du répertoire. Nous voulons une vision “modélisante” à l’échelle nationale et nous sommes partis pour. L’Opéra de Rennes aura-t-il les moyens de rester une maison de production ? n Oui, mais l’objectif c’est d’en faire moins. Nous aurons deux productions avec l’ANO et nous avons rejoint la Co(opéra)tive qui réunit les opéras de Dunkerque, Compiègne, Quimper et Besançon. C’est un moyen de penser la production différemment et d’aller vers des scènes pluridisciplinaires. À moins de 40 ans, vous êtes l’un des plus jeunes directeurs, comment voyez-vous l’opéra de demain ? n J’ai été marqué par l’expérience de l’Opéra de Lille à sa réouverture en 2003. L’opéra doit être ouvert, connecté, généreux dans son rapport au public. L’opéra de demain nécessite de s’appuyer sur l’équilibre entre un lieu fédérateur et de fête sans perdre de vue l’excellence. J’espère montrer que l’opéra est une chose réjouissante, accessible et profonde. Acheter un billet doit être aussi simple qu’au cinéma. Comment allez-vous travailler avec cette nouvelle garde rennaise ? n C’est assez grisant d’arriver à ce moment-là : on sent qu’on fait partie d’une belle aventure commune. Il est essentiel de travailler ensemble. PA G E 0 3 4
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Rennes a un tissu culturel extrêmement riche mais chacune des structures est un peu petite dans son domaine. Chacun a besoin des autres. S’il n’y a pas d’egos, on travaillera bien ensemble. On va être observé, c’est un cas d’école avec une petite audace. Quels seront les principaux changements ? n Une ouverture à la danse. Contemporaine mais aussi classique et néoclassique. Nous aurons une place pour les formes pluridisciplinaires avec un opéra tango l’an prochain, une pour les écritures du XXIè siècle, une comédie musicale. La collaboration avec l’ANO fait gagner du temps de plateau et permet des levers de rideaux supplémentaires. Si je vous demande de citer 3 opéras… n The Rake’s Progress de Stravinsky, l’un des grands ouvrages du XX e siècle, politique, néoclassique et parfait pour le plateau de Rennes. Un opéra de Mozart car nous avons un écrin pour ça et pour les XVIII e et début XIX e. Trois contes de Gérard Pesson dont je suis fier de proposer la création mondiale, à Rennes, dans deux ans. n
Frontière Écritures dans la ville
27 — 30 juin 2019
N°6
Binic / Étables-sur-Mer
Lyncéus Festival
CRÉATIONS THÉÂTRALES HORS-LES-MURS
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Qu'ils se caractérisent par leur éclectisme (Art Rock, Les 3 Éléphants, Les Embellies, Les Résonances Saint-Martin), leur spécialisation (Panoramas, Made, Paco Tyson, Hellfest) ou les deux à la fois (Variations, L'Ère de Rien, Wine Nat / White Heat), les festivals de l’Ouest affichent une forme resplendissante dès le printemps.
CLARA LUCIANI @ MANUEL OBADIA-WILLS
DOSSIER RÉALISÉ PAR MATTHIEU CHAUVEAU
THE GOOD, THE BAD AND THE QUEEN © PENNIE SMITH
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Bêtes de scène
French touche
ART ROCK, SAINT-BRIEUC, DU 7 AU 9 JUIN.
LES 3 ÉLÉPHANTS, LAVAL, DU 22 AU 26 MAI.
"Plutôt Beatles ou Stones ?", a-t-on coutume de se demander entre fans de pop anglaise. À Art Rock, cette année, ce questionnement existentiel se décline ainsi : plutôt Damon Albarn ou Bobby Gillespie ? Le premier se produit le vendredi avec son "super groupe" The Good, The Bad & The Queen (un Blur donc, mais aussi un Verve, un Clash et le batteur de Fela Kuti) qui ouvre grand les portes de la pop, comme les Fab Four en leur temps. Le second fait rugir son indéboulonnable Primal Scream aux guitares toujours stoniennes en diable, 37 ans après ses débuts, bien que volontiers enrichies de sonorités synthétiques. Sans parler de cette voix puissante et sexy comme celle d'un Mick Jagger éternellement jeune... À mille lieues des susurrements de l’intrinsèquement classe Charlotte Gainsbourg et du chant de velours du phénomène Angèle, non moins attendues par le public de Saint-Brieuc pour cette édition intitulée Animal(s). n
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3 Éléphants, troisième venue... Le pape de la french touch Étienne de Crécy est un familier des festivaliers mayennais qui ne s'en lassent pas. Et surtout pas lors de cette nouvelle édition puisque qu'après la présentation de son projet Superdiscount 3, l'ex-Motorbass revient avec un fringant Space Echo live pensé à la mesure de sa carrière couvrant déjà un quart de siècle. Mais pour devenir une légende, il faut bien débuter. Le festival de Laval l'a bien compris, en invitant trois futurs… éléphants de l'électro-pop hexagonale : l'incontournable dégoupilleuse de grenades musicales (mais aussi textuelles) Clara Luciani, le mystérieux et obsédant Malik Djoudi et le déjà culte Flavien Berger. Notre main à couper que de Crécy a été plus que séduit par son petit chef-d'œuvre Contre-temps, sorti l'an dernier. n
présentent
Festival Variations
ans dates
Musiques pour 23 — 30 Nantes piano et claviers avril 2019 le lieu unique
Invitation à Mozart ENSEMBLE CRISTOFORI & VINCENT GRAPPY Jeudi 4 avril à 20 heures
San Giovanni Battista ANGERS NANTES OPÉRA Lundi 29 et mardi 30 avril à 20 heures
Dandrieu, l’Angevin oublié LE CONSORT Vendredi 10 mai à 20 heures
ORIGAMI Miniatures
1 semaine, 30 concerts, 8 lieux Yaron Herman trio / Nitai Hershkovits / Étienne Jaumet / Unicorn (Melaine & Elie Dalibert) / Samuel Boré joue Thelonious Monk et Gustav Mahler / Maya Dunietz joue Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou / Aum Grand Ensemble et ensemble 0 jouent Julius Eastman et Arthur Russell / Dead Can Dance / Terry Riley & Gyan Riley / Gisèle Vienne / Vicky Chow joue Tristan Perich / Ève Risser / Freddy Eichelberger joue Jean-Sébastien Bach / Nicolas Horvath joue Karlheinz Stockhausen / Pierre Rigal / Villeneuve & Morando feat. Vacarme / Gabriel Kahane / James McVinnie joue David Chalmin et Jean-Sébastien Bach / Michaël Levinas / Eklekto et ensemble 0 jouent Tristan Perich / Célimène Daudet & Jacopo Babini Schilingi / Stradivaria – ensemble baroque de Nantes / Hama / Ahmedou Ahmed Lowla / Gäelle Coulon / Saloli / Apparat
Billetterie : en ligne sur festival-variations.fr au lieu unique, Quai Ferdinand Favre, Nantes ou au 02 40 12 14 34
Suite de Figaro, 2015 © Vera Molnar
CIE YVANN ALEXANDRE Mardi 14 mai à 20 heures
Au long de la Loire
ENSEMBLE JACQUES MODERNE & LA MAÎTRISE DES PAYS DE LA LOIRE Jeudi 23 mai à 20 heures
L’ambition d’être tendre CIE LA PARENTHÈSE / CHRISTOPHE GARCIA Mardi 28 mai à 20 heures
Promenade à la collégiale
CCN DE NANTES |AMBRA SENATORE & LE REC Jeudi 6 juin à 20 heures
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2 MANY DJ'S © ROB WALBERS
Les DJs qui sauvent la vie
Y'aura t-il "trop de DJs" cette année à Panoramas ? Oui pour le bon mot, car les virtuoses du mashup (art de faire se caramboler des morceaux n'ayant a priori pas de rapport entre eux) 2 Many Dj's sont une des têtes d'affiche du festival. Non en vérité, car des as des platines, il n'y en a jamais assez dans un événement où le Graal consiste à emmener les spectateurs jusqu'au petit matin. Ce à quoi le duo Acid Arab, roi des nuits parisiennes un pied sur le dancefloor, la tête dans les étoiles orientales, s’affère parfaitement. Non également parce que l'électro, c'est aussi du live, même si on l'oublie trop souvent. Et quoi de plus vivant qu'un concert des très délurés Salut c'est cool (avant qu'on ne découvre leur appartenance à une quelconque variante de la Ligue du LOL) ? Ou de plus incarné qu'un show du classieux Arnaud Rebotini, de retour à Morlaix avec un live "100% analogique" (comprenez : sans ordinateur, mais avec beaucoup de fils) ?. n PANORAMAS, MORLAIX, 12 ET 13 AVRIL.
VOYOU / DR
YARON HERMAN © BASTIEN BURGER
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Voyons Voyou Piano can dance
Ils ne sont pas nombreux, les festivals à investir aussi bien une salle arty autogérée (Ateliers de Bitche) qu'une haute adresse du clubbing (Warehouse), une chapelle ou encore la Cathédrale de Nantes. Ils sont également peu à être nés d'un partenariat entre une scène nationale (LU) et la fondation d’une banque (BNP Paribas). Dédié au clavier sous toutes ses formes (du piano à l'ordinateur en passant par l'harmonium ou même l'accordéon…), Variations est un succès depuis trois éditions, déjà réitéré cette année avec un concert de Dead Can Dance complet depuis belle lurette. Mais pas de panique, on se rue tout aussi volontiers sur le jazz jarrettien du pianiste Yaron Herman, les synthés modulaires tapissés de cordes de Benoît de Villeneuve, Benjamin Morando et Vacarme ou encore sur la musique minimaliste d'un des pères du courant, Terry Riley, également papa du musicien qui l'accompagne : Gyan Riley. n VARIATIONS, NANTES, DU 23 AU 30 AVRIL. PA G E 0 3 8
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On l'avait repéré alors que son nom s'écrivait encore Voyov, un premier EP tout juste sous le coude… Deux ans plus tard, le "v" final s'est mué en "u", mais le Nantais Thibaud Vanhooland n'a pas renié la recette initiale. "Seul sur son tandem", l'ex-Rhum for Pauline propose une pop toujours aussi multicolore et tubesque, mais également touchante (formidable ballade Il neige, issue de son premier album sorti début 2019). Logiquement, les festivals s'arrachent cette star en devenir. n VOYOU, STEREOLUX NANTES (5 AVRIL), PANORAMAS (12 AVRIL), PAPILLONS DE NUIT (7 JUIN), ART ROCK (8 JUIN), UN SINGE EN ÉTÉ (MAYENNE, 29 JUIN), POUPET (1ER JUILLET).
Pure colère Camille Lepage / Galerie Dityvon
Exposition du 2 mai au 2 juillet 2019
Galerie Dityvon - Université d’Angers [BU St Serge] | Accès libre
Galerie Dityvon www.univ-angers.fr/culture
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Airs du futur
C'est assez rare pour être souligné. L'Ère de Rien est de ces festivals qui a chaque édition font carton plein sur la seule foi de leurs talents de défricheurs. Sous le chapiteau implanté en bord de Sèvre, se succèdent des groupes dont on ignorait jusqu'alors l'existence et qui souvent foulent pour la première fois le sol français. Essentiellement des formations anglo-saxonnes oscillant entre rock arty (Lady Bird, Wives), indie pop douce-amère (Fur) et, de plus en plus, RnB et hip-hop. Dans cette dernière catégorie, impossible de manquer la future grande Lava La Rue et surtout Easy Life, qui se produit dans l'un des plus gigantesques festivals au monde (Coachella) six jours avant de débarquer à Rezé. L'air de rien, L'Ère de Rien a le nez creux ! n
L'AIR DE RIEN / ESAY LIFE / DR
L'ÈRE DE RIEN, REZÉ, 26 ET 27 AVRIL.
Tu peux mettre Garneau !
CHRIS GARNEAU / DR
"Tu peux mettre Marie !" On imagine le sourire sur les lèvres des programmateurs des Embellies en ajoutant Puts Marie ("Mets Marie") à l'affiche de leur festival implanté Théâtre du Vieux Saint-Étienne, soit dans une ancienne église du XIIe siècle. Sans doute pour compenser, l'équipe fait voisiner le formidable et inclassable – phrasé hip-hop sur noisy-pop jazzy – groupe suisse avec une formation du nom de… Cannibale. Venue de Normandie, elle joue un garage mâtiné de groove à la moiteur tropicale de haute volée. Certes un cran en dessous de la folk-pop orchestrale du génial Chris Garneau, notre tête d'affiche à nous : imaginez la rencontre idéale entre le lyrisme d'un Jeff Buckley et l'onirisme d'un Sufjan Stevens… n LES EMBELLIES, RENNES, DU 2 AU 4 MAI.
Belle est SebastiAn
Aux manettes du moins bon album de Philippe Katerine (Magnum) comme du meilleur disque de Charlotte Gainsbourg (Rest), SebastiAn est un musicien plutôt insaisissable. Son premier – et unique album – est sorti il y a déjà 8 ans ! Cela n'empêche pas le protégé de Pedro Winter d'être hyper-sollicité par les festivals, son electro multifacettes faisant immanquablement mouche sur scène. Reste à savoir si le beatmaker joue sa BO du film Le monde est à toi de Romain Gavras qui, l'an dernier, osait le télescopage de morceaux de Jul, Voulzy, PNL et même Sardou. n
SEBASTIAN / DR
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SEBASTIAN, LES 3 ÉLÉPHANTS (24 MAI), ART ROCK (8 JUIN). SAISON 13 / NUMÉRO 65
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Tyson pas KO
En deux éditions, Paco Tyson s'était imposé comme un événement des musiques électroniques à l’Ouest (Laurent Garnier et quelques 20 000 spectateurs l'an dernier). La troisième s'annonçait du même niveau (Oscar Mulero, Chris Liebing ou encore Matthew Herbert). Patatras, un problème administratif et plus de site pour accueillir les clubbers sous chapiteau. Le festival a lieu dans une version multi-pistes à travers Nantes. Notamment, au Warehouse. Le vendredi, place à la techno-house sous le double patronage du maître nippon DJ Nobu et du génial touche-à-tout Mathew Jonson (l'introspection sur le dancefloor, c'est possible). Le samedi, place à la transe-house avec le psychédélisme explosif des diablement bien nommés Infected Mushroom… n PACO TYSON, NANTES, DU 18 AU 21 AVRIL.
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CHRISTOPHE MAUBERQUÉ
INFECTED MUSHROOM / DR
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Electro concerné
Qu'elle soit techno, house ou expérimentale, la musique électronique peut, à force d'abstraction, passer pour une discipline totalement détachée du monde réel. Deux artistes invités à la quatrième édition de Made cette année nous rappellent qu'il n'en est rien : La Fraîcheur d'abord, DJette française basée à Berlin qui colore sa techno d'un discours social et politique, n'hésitant pas à sampler la militante féministe Angela Davis. Dax J, également, as britannique des platines qui fut condamné à un an de prison ferme par contumace (et menacé de mort…) pour avoir mixé un sample de l’appel à la prière lors d'un festival tunisien, en 2017. n MADE, RENNES, DU 23 AU 26 MAI.
COLUMBINE BY SOPHIE HEMELS
Un groupe qui comte
En découvrant le titre (et surtout le clip) de Vicomte en 2015, on n'aurait pas parié grand chose sur Columbine. Le collectif rennais parodiait les codes du rap, en les réintégrant dans le milieu d'une jeunesse dorée dont on se demandait s'il était oui ou non le leur. Si la question n'est toujours pas tranchée aujourd'hui, Columbine s'est peu à peu mué en groupe de hip-hop qui compte dans l'Hexagone. Pour preuve cet Adieu Bientôt, troisième album sorti l'an dernier dont les productions cloud, aux inspirations rock, électro et même jazz, s'avèrent hautement addictives. n COLUMBINE, PANORAMAS (12 AVRIL), LES 3 ÉLÉPHANTS (25 MAI), POUPET (3 JUILLET), BEAUREGARD (6 JUILLET), FRANCOFOLIES (12 JUILLET), VIEILLES CHARRUES (18 JUILLET). PA G E 0 4 1
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10 ans déjà que résonne chaque printemps sous les voûtes de la splendide collégiale Saint-Martin (la plus ancienne église d'Angers) un programme faisant honneur à la créativité des artistes locaux, qu'ils soient musiciens ou chorégraphes. L'établissement culturel fête cet anniversaire en dix dates, dont une moitié résultant de résidences de création in situ. C’est le cas de la chorégraphe Ambra Senatore qui, accompagnée de deux danseuses et d’un musicien, nous entraîne dans une promenade gestuelle en osmose avec l'architecture du lieu. Ou encore du quatuor Le Consort, emmené par le claveciniste Justin Taylor (premier prix du prestigieux Concours international de Bruges), qui révèle des sonates inédites du compositeur Jean-François Dandrieu, réputé pour être le Couperin angevin. n LES RÉSONANCES SAINT-MARTIN, ANGERS, DU 7 MARS AU 6 JUIN.
JEANNE ADDED © JULIEN MIGNOT
ALL RIGHTS RESERVED.
AMBRA SENATORE © CCNN - BASTIEN CAPELA
Les années collégiale
© ZZ TOP.
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Divine comédie
Êtes-vous plutôt Dream Theater (le vendredi), ZZ Top (le samedi) ou Slayer (le dimanche) ? S'il est un peu tard pour se poser la question (le Hellfest affichait complet, comme chaque année, dès l'ouverture de la billetterie), on relève la diversité de l'esthétique en apparence monolithique défendue à Clisson depuis bientôt 20 ans. Le premier groupe donne dans un metal progressif volontiers mélodique, le second dans un blues-rock heavy mais pop, le troisième dans un trash metal aussi radical (satanisme et tueurs en série au programme…) que l'ambiance du festival est bon enfant. n HELLFEST, CLISSON, DU 21 AU 23 JUIN. PA G E 0 4 2
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Addition de talents
Artiste féminine et album rock de l'année aux dernières Victoires de la musique, Jeanne Added aurait pu tout aussi bien remporter le prix de la tournée de l'année. Son dernier disque, Radiate, plus lumineux et charnel que son précédent, semble en effet avoir été pensé pour le live. Ce que confirment les nouveaux concerts, magnétiques, de la chanteuse. Sa voix pure, aussi douce que puissante, y fait des merveilles, tout comme son jeu de basse hypnotique et les nappes de claviers planantes des deux musiciennes qui l'accompagnent. n JEANNE ADDED, MYTHOS (4 AVRIL), CHABADA (12 AVRIL), 3 ÉLÉPHANTS (25 MAI), 7ÈME VAGUE (31 MAI), ART ROCK (9 JUIN), BEAUREGARD (7 JUILLET), VIEILLES CHARRUES (20 JUILLET), LES ESCALES (27 JUILLET). AV R I L - M A I 2 0 1 9
DÉBORD DE LOIRE 2ÈME ÉDITION
The color of time Cie Artonik
Spectacle chorégraphique et participatif
© G.Sadet
17h30
DIMANCHE 26 MAI - NANTES Pont Anne-de-Bretagne Gratuit
ORELSAN FRANZ FERDINAND JEANNE ADDED CHARLOTTE GAINSBOURG BERNARD LAVILLIERS LOMEPAL THE AVENER DJ SET HOCUS POCUS MANU DIBANGO THYLACINE KIDDY SMILE LIVE MUTHONI DRUMMER QUEEN PONGO LA YEGROS AERIAL DANCE BATTLE LA FRAICHEUR DJ SET MICHELLE DAVID & THE GOSPEL SESSIONS FOCUS SÃO PAULO SEPULTURA DATE UNIQUE EN FRANCE TROPKILLAZ CÉU DEMÔNIOS DA GAROA TÁSSIA REIS EDGAR L_CIO LIVE JOYCE MUNIZ DJ SET TETO PRETO
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© YOSHIKAZU INOUE
SCÈNE
Sur le même bateau
À Rennes et nulle part ailleurs. C’est un joli coup qu’a réussi le directeur du TNB en décrochant une quasiexclusivité française pour ce spectacle. Seules autres dates, au 104 à Paris. Il faut dire que Damien Jalet et Arthur Nauzyciel ont découvert ensemble le travail de Kohei Nawa au Japon. La scénographie, comme la musique signée Mahiriko Hara, plonge le public de Vessel dans une atmosphère irréelle : quelque chose qui tiendrait de l’avant et de l’après, du dessus et du dessous. Ils sont sept, sur le plateau, à nous embarquer dans une pièce marquée par la mythologie japonaise. Une histoire d’eau et d’os à la fois, tant notre nature est indissociable de cet élément qui nous compose. Damien Jalet poursuit ici son exploration de ces diversités culturelles qui font la richesse de notre humanité. Un rappel qui n’est pas inutile en ces temps troublés. n VESSEL, TNB, RENNES, 23 AU 26 AVRIL.
Double jeu
Créée en collaboration avec Musique et danse en Loire-Atlantique, Para Doxa s’apprête à vivre sa vie. Pour cette pièce dansée, David Rolland a réuni autour de lui quatre danseuses. Tous les cinq vivent sur scène une expérience collective de création qui les amène à choisir, décider, voter ! Pas si simple, à moins qu’on ne choisisse de convier humour et mathématiques. Inspiré du procédé de Mon oncle d’Amérique, le film d’Alain Resnais, Para Doxa cultive l’art de l’opposition et du décalage avec pour seul but de déconstruire les idées reçues et penser par soi-même. n
© CEDRIC MARTIGNY
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PARA DOXA, TU, NANTES, 25 ET 26 AVRIL. K O S TA R
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Au-delà de la chute
On n’oublie pas le travail de Raphaëlle Boitel. Chaque spectacle est un voyage. Metteure en scène et chorégraphe, elle aime croiser les disciplines. Théâtre, cirque, danse… tout ce qui se joue, en images et en musique, est au cœur de sa démarche. Avec ses habituels complices, Tristan Baudoin pour la musique, Arthur Bison pour les costumes, Raphaëlle Boitel ne s’interroge pas sur le sexe des anges. Nous sommes toutes et tous concernés. C’est en effet du temps présent dont elle nous parle. Les temps sont graves mais, au-delà de la chute, c’est d’un hypothétique rebond dont le monde a vraiment besoin. Pas de discours, simplement des êtres en mouvement qui explorent notre nature humaine. Avec, en fil rouge, la seule question qui vaille : la façon dont on se relève. n LA CHUTE DES ANGES, LE GRAND R, LA ROCHE-SUR-YON, 24 ET 25 AVRIL ; LE GRAND T, NANTES, 17 AU 23 MAI.
et aussi THÉÂTRE, OPÉRA… ESQUIF, SURNATURAL ORCHESTRA, CIRQUE INEXTREMISTE/CIE BASINGA, LE GRAND T, NANTES, 4 AU 6 AVRIL. LE MISANTHROPE, ALAIN FRANÇON, LE QUAI, ANGERS, 23 AU 25 AVRIL. CIRQUE PLUME, LA DERNIÈRE SAISON, LE QUARTZ, BREST, 23 AU 29 AVRIL. KÉVIN, PORTRAIT D’UN APPRENTI CONVERTI, AMINE ADJINA, JEAN-PIERRE BARO, TNB, RENNES, 24 AU 26 AVRIL. CHICANES, ANNE-CÉCILE RICHARD & ANTOINE MALFETTES, LA PAILLETTE, RENNES, 25 AVRIL. PRICE, STEVE TESICH ET RODOLPHE DANA, GRAND THÉÂTRE, LORIENT, 26 ET 27 AVRIL.
DANSE…
BLABLABLA, ENCYCLOPÉDIE DE LA PAROLE, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 30 AVRIL. DRIFTWOOD, CIE CASUS CIRCUS, LA FLEURIAYE, CARQUEFOU, 30 AVRIL. TRISTESSES, ANNE-CÉCILE VANDALEM, GRAND THÉÂTRE, LORIENT, 14 ET 15 MAI. IPHIGÉNIE, CHLOÉ DABERT, TNB, RENNES, 15 AU 22 MAI. MÉDINA MÉRIKA, ABDELWAHEB SEBSAF, CIE NOMADE IN FRANCE, LE GRAND T, NANTES, 27 ET 28 MAI. FUTURO ANTICO, MARTIN PALISSE, LA PASSERELLE, SAINT-BRIEUC, 13 ET 14 JUIN.
CROWD, GISÈLE VIENNE, LIEU UNIQUE, NANTES, 23 ET 24 AVRIL. TRAPTOWN, WIM VANDEKEYBUS, LE QUAI, ANGERS, 30 AVRIL. LA FIGURE DU BAISER, COMPAGNIE PERNETTE, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 7 MAI. VIA KANANA, VIA KATLEHONG ET GREGORY MAQOMA, LE GRAND T, NANTES, 13 ET 14 MAI ; LE GRAND R, LA ROCHE-SUR-YON, 16 MAI. (OSCILLARE), ÉRIC FESSENMEYER, CIE LA CAVALE, LE TRIANGLE, RENNES, 14 ET 15 MAI. ALLEGRIA, KADER ATTOU, LE QUAI, ANGERS, 17 MAI. UNE AUTRE PASSION, BALLET DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE, LA PASSERELLE, SAINT-BRIEUC, 28 MAI. TOUT BRÛLE, SO WHAT ?, CÔME DE BELLESCIZE, LE QUAI, ANGERS, 5 ET 6 JUIN. UNA NOCHE DE BOLEROS, ODILE DUBOC / ALBAN RICHARD, LE QUAI, ANGERS, 11 ET 12 JUIN.
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Retours de flamme
C’est un petit bijou de théâtre que la pièce de Fredrik Brattberg. Le jeune auteur norvégien, aujourd’hui traduit dans une vingtaine de langues, n’a commencé à écrire pour le théâtre qu’en 2008. Et depuis, on se l’arrache. Retours, c’est l’histoire d’un couple qui se désespère de la disparition d’un jeune fils victime d’une avalanche. Sauf que ce fils, un jour, revient… Un papa, une maman… C’est autour de ce schéma classique que Brattberg interroge notre regard. Sur le couple et la sacro-sainte famille. Frédéric Bélier-Garcia a choisi de présenter non pas une mais deux “comédies catastrophes” où l’enfant tient une place centrale. Et il s’appuie sur une brillante distribution, de Camille Chamoux à Jean-Charles Clichet en passant par un jeune talent de la scène, Dimitri Doré. n
RETOURS © SOLANGE ABAZIOU
RETOURS, LE QUAI, ANGERS, 20 AU 29 MAI.
« Baby you can drive my car ! »
Guillaume Bariou et sa bande de Biche prod ne se satisfont pas des processus scéniques ordinaires. Après une adaptation de Mantra, le roman métaphysique de Rodrigo Fresan, et porté par un appétit non dissimulé pour l’art cinématographique, le metteur en scène se lance en quête d’une nouvelle manière de regarder le théâtre, à travers le concept du drive-in. Dans un terrain vague, les spectateurs assistent, à bord de leur véhicule, aux confidences et introspections de trois protagonistes, et perçoivent le son sur leur propre auto-radio. Pièce pour 78 personnes et 26 voitures, Radio on transforme le texte de l’Allemand Falk Richter, fable sur les rêves d’enfants abandonnés à l’âge adulte, en un véritable événement ! n RADIO ON, PARC DE LA GOURNERIE, SAINT-HERBLAIN, 15 AU 25 MAI ; CARRÉ D’ARGENT, PONTCHATEAU, 28 ET 29 MAI ; LE QUAI, ANGERS, 5 AU 8 JUIN.
et aussi
MUSIQUE
LA MAISON TELLIER, 6PAR4, LAVAL, 3 AVRIL ; LE VAUBAN, BREST, 2 MAI ; ECHONOVA, SAINT-AVÉ, 3 MAI ; UBU, RENNES, 4 MAI ; LE CHABADA, ANGERS, 14 MAI. FLAVIEN BERGER, ECHONOVA, SAINT-AVÉ, 4 AVRIL ; MYTHOS, RENNES, 5 AVRIL ; FUZZ’YON, LA ROCHE-SUR-YON, 6 AVRIL. GEORGIO, LIBERTÉ, RENNES, 4 AVRIL ; STEREOLUX, NANTES, 5 AVRIL, LA CARÈNE, BREST, 6 AVRIL. BRIGITTE FONTAINE + MATHIEU BOOGAERTS, LA NOUVELLE VAGUE, SAINT-MALO, 12 AVRIL.
ODEZENNE, LA CARÈNE, BREST, 25 AVRIL. CABALLERO & JEANJASS, L’ÉTAGE, RENNES, 25 AVRIL ; STEREOLUX, NANTES, 26 AVRIL ; LE CHABADA, ANGERS, 27 AVRIL. JAY-JAY JOHANSON, VIP, SAINT-NAZAIRE, 7 MAI. CHRISTOPHE EN SOLO, THÉÂTRE DE CORNOUAILLE, QUIMPER, 10 MAI. YOUSSOUPHA, STEREOLUX, NANTES, 10 MAI. ARCHIVE, STEREOLUX, NANTES, 14 MAI.
MINUIT, FUZZ’YON, LE VAUBAN, BREST, 11 AVRIL ; LA ROCHE-SUR-YON, 12 AVRIL ; LA CITROUILLE, SAINT-BRIEUC, 19 AVRIL.
VAUDOU GAME, FUZZ’YON, LA ROCHE-SUR-YON, 15 MAI, VIP, SAINT-NAZAIRE, 16 MAI.
EAGLE EYE CHERRY, STEREOLUX, NANTES, 15 AVRIL.
BROKEN BACK, LA NOUVELLE VAGUE, SAINT-MALO, 18 MAI.
VEGEDREAM, STEREOLUX, NANTES, 16 AVRIL ; LIBERTÉ, RENNES, 25 AVRIL.
FÊTE EXTRA, L’EXTRAGROUPE, REPRISES DE LÉO FERRÉ PAR LA SOUTERRAINE, LIEU UNIQUE, NANTES, 25 MAI.
SARAH MCCOY, STEREOLUX, NANTES, 17 AVRIL.
KEREN ANN ET L’OSB, TNB, RENNES, 28 ET 29 MAI.
COLUMBINE, STEREOLUX, NANTES, 20 AVRIL.
SHELLAC, LE CHABADA, ANGERS, 4 JUIN.
LOU DOILLON, STEREOLUX, NANTES, 24 AVRIL.
MESSE DU COURONNEMENT, MOZART, ONPL, CENTRE DE CONGRÈS, ANGERS, 2 ET 3 JUIN ; LA CITÉ, NANTES 5 ET 6 JUIN.
IC3PEAK, STEREOLUX, NANTES, 24 AVRIL. PA G E 0 4 6
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RADIO ON © KARIM BOUHEUDJEUR
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SORTEZ DE L’ORDINAIRE
S • CINÉMA
ESTOS • EXPOS • LOISIR CONCERTS • SPECTACLES • BARS/R
ne cherchez plus, wik a choisi le meilleur
SOONJA HAN & accueille MITSOUKO MORI
EXPO
GÉ MÉTRIES 05 AU 27 AVRIL 2019
Photo © Kaspars Grinvalds / Ffotolia
du mercredi au samedi de 13h à 19h #suivezleguide magazine papier web • mobile
LE REZ DE CHAUSSÉE 7 rue Paul Pélisson - 44000 Nantes Quartier des Olivettes - Parking Allée Baco 06 83 47 98 44 - contact@lerdc.fr - LeRDCNantes
EXPOS
© PIERRICK NAUD MIRAGE OBSCUR - 2017 - GRAPHITE ET VERNIS SUR PAPIER
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créatures de légende
C’est un artiste dont on apprécie particulièrement le travail. Pierrick Naud a un sens exceptionnel du trait et un dessin. D’abord noir et blanc, il amène peu à peu de la couleur “aussi discrète qu’efficace” comme le note Olivier Delavallade. Derrière ses dessins qui semblent toujours trouver une nouvelle dimension, se cache tout un monde de personnages riches et complexes, reflet d’une humanité qui reste à explorer. “On peut se raconter beaucoup d’histoires en regardant les dessins de Pierrick Naud”, écrit Dominique A avant d’ajouter “les personnages sont opaques et familiers : ils nous rappellent à d’autres, créatures de légendes, de bestiaires fantastiques, mais rechignent à nous livrer le secret d’un visage, le récit d’une origine.” n PIERRICK NAUD, SOUS LES PAUPIÈRES UN SILLAGE, GALERIE 5, BU BELLE-BEILLE, ANGERS, 29 MARS AU 14 JUIN.
VUES DE L’EXPOSITION © MUSÉE D’ARTS DE NANTES. PHOTO : C. CLOS
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Éloges pluriels
Éloge de la sensibilité à Nantes, Éloge du sentiment à Rennes : ne nous demandez pas d’établir une hiérarchie. Ça n’aurait aucun intérêt puisque le but de ces deux expositions est de présenter les plus importants tableaux français du XVIIIe, conservés dans les institutions de Bretagne. À Nantes, on célèbre la peinture de genre (portraits, paysages, natures mortes) et à Rennes, place à la grande peinture d’histoire, entre grand siècle et néoclassicisme. Issues des musées de Nantes, Rennes, Quimper et Brest, les œuvres gagnent à être réunies dans une scénographie qui contribue à montrer à quel point cette peinture s’inscrit dans un tournant majeur de la société. n ÉLOGE DE LA SENSIBILITÉ, MUSÉE D’ARTS, NANTES, JUSQU’AU 12 MAI. ÉLOGE DU SENTIMENT, MUSÉE DES BEAUX-ARTS, RENNES, JUSQU’AU 12 MAI.
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Réveiller l’animal
© HIROSHI SUGIHARA
Art Rock fait figure d’exception. Là où les festivals se contentent le plus souvent de réunir des noms pour une juxtaposition de concerts, le festival briochin fut pionnier sur la restauration par des chefs avec Rock’ N Toques. Chaque année, il continue de choisir une thématique et de décliner un volet art plastiques soigné. L’édition Animal(s) convie une faune d’artistes au musée de Saint-Brieuc pour étudier la place de la bestialité dans le processus créatif. On y mélange les espèces futuristes à celles en voie de disparition. Pour la première fois en France, deux artistes japonais : Hiroshi Sugihara et ses bestioles automates, Yasuaki Kakehi et ses vers métalliques en mouvement incontrôlés. People on the fly est une installation de Laurent Mignonneau & Christa Sommerer qui joue avec l’image et l’amour propre du visiteur. À l’étage, le duo d’artistes Cod.Act et son installation reptilienne monumentale surprenante. n ART ROCK : ANIMAL(S), C’EST AUSSI UN MUSÉE !, MUSÉE, SAINT-BRIEUC, 4 AU 16 JUIN.
Parenthèse enchantée
EVARISTE RICHER, MASQUE À FAIRE TOMBER LA NEIGE #1, 2010 CALCITE, 37 X 31 CM COLLECTION SCP AMARANTE – CATHERINE HELLIER DE VERNEUIL
À l’heure du zapping et d’une vie précipitée en accéléré avec toutes les inquiétudes que ce rythme engendre, La Criée répond par une exposition qui s’inscrit en contradiction. Personne, pas même la pluie, n’a de si petites mains fait référence à un poème de l’Américain E. E. Cummings écrit en 1931. Elle réunit des œuvres d’artistes qui s’intéressent à l’invisible et au fugace. Une exposition à vivre lentement, entre sensation et sentiment. Dove Allouche, Basma Alsharif, Burkard Blümlein, CharbelJoseph H. Boutros, Maggie Madden, Anthony McCall, Evariste Richer, Yoan Sorin et Florian Sumi, Stéphanie Saadé, Ana Vaz nous invitent à prendre le temps. À partir de là, allez savoir ce qui peut se passer… n PERSONNE, PAS MÊME LA PLUIE, N’A DE SI PETITES MAINS, EXPOSITION COLLECTIVE, LA CRIÉE, RENNES, JUSQU’AU 26 MAI. PA G E 0 4 9
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EXPOS
The color show
Au premier coup d’œil, c’est une exposition de bande-dessinée. Couleurs vives, narration, découpage en cases… Tous les codes du genre sont ici réunis. Pourtant, à regarder de plus près les grands formats, on perçoit vite le glissement. S’il a été formé à la BD, Louis Granet a besoin de jouer avec l’espace et les formats. Sur les toiles, des éléments figuratifs de son quotidien (produits alimentaires, tags, dessins d’enfants…). Techniquement, l’artiste photographie ce qui l’entoure et fait partie de notre vie. Ensuite, il dessine, compose et recompose, retravaille ses dessins numériquement, puis s’attaque à la toile. Derrière la surcharge des motifs et l’explosion de couleurs, à chacun de se projeter avec humour et décalage. n
© LOUIS GRANET
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LOUIS GRANET, CARTOON OPTIMIST, ATELIER D’ESTIENNE, PONT-SCORFF, 30 MARS AU 2 JUIN.
et aussi
EXPOS
ANCA BENERA & ARNOLD ESTEFAN, THE LAST PARTICLES, 40MCUBE, RENNES, JUSQU’AU 13 AVRIL.
ÉTIENNE POULLE, RESTER DE MARBRE, MUSÉE DES BEAUX-ARTS, ANGERS, JUSQU’AU 19 MAI.
CHARLES FRÉGER, CIMARRON, CHÂTEAU DES DUCS DE BRETAGNE, NANTES, JUSQU’AU 14 AVRIL.
RENÉ LAUBIÈS, MUSÉE DE L’ABBAYE SAINTE-CROIX, LES SABLES D’OLONNE, JUSQU’AU 19 MAI.
ANNE LE TROTER, GRAND CAFÉ, SAINT-NAZAIRE, JUSQU’AU 21 AVRIL.
COLLECTION. LA COMPOSANTE PEINTURE, FRAC BRETAGNE, RENNES, 30 MARS AU 26 MAI.
MITCHELL/RIOPELLE, UN COUPLE DANS LA DÉMESURE, FONDS HÉLÈNE & ÉDOUARD LECLERC, LANDERNEAU, JUSQU’AU 22 AVRIL.
JOSÉPHINE MECKSEPER, HAB GALERIE, NANTES, JUSQU'AU 21 AVRIL ; FRAC PAYS DE LA LOIRE, LA FLEURIAYE, CARQUEFOU, JUSQU’AU 26 MAI.
CLARA + CLÉMENCE, 90 MOGETTES, SITE SAINT-SAUVEUR, ROCHESERVIÈRE, JUSQU’AU 22 AVRIL STÉPHANE THIDET, CHAPELLE DU GENÊTEIL, CHÂTEAU-GONTIER, JUSQU’AU 24 AVRIL.
DANIEL PONTOREAU, MICHEL MOUSSEAU, LA MAISON, DOMAINE DE KERGUÉHENNEC, BIGNAN, 31 MARS AU 2 JUIN.
SOONJA HAN ET MITSOUKO MORI, GÉOMÉTRIES, GALERIE LE REZ DE CHAUSSÉE, NANTES, 5 AU 27 AVRIL.
CONSTANCE BOULAY, INTIMES TEXTILES, MUSÉE D’ART NAÏF ET D’ARTS SINGULIERS, LAVAL, 13 AVRIL AU 2 JUIN.
RAZVAN BOAR, LENIO KAKLEA, ALISSON SCHMITT, VIRGINIE BARRÉ, ROMAIN BOBICHON & JULIEN GORGEART, PASSERELLE, BREST, JUSQU’AU 27 AVRIL.
ZHU HONG ET RIKA TANAKA, CENTRE D’ART CONTEMPORAIN, PONTMAIN, 28 AVRIL AU 9 JUIN.
NOUVELLES ACQUISITIONS, ARTOTHÈQUE, ANGERS, JUSQU’AU 11 MAI.
CAMILLE LEPAGE, PURE COLÈRE, GALERIE DITYVON, ANGERS, 2 MAI AU 2 JUILLET.
COMME UN BOOMERANG, CHRONOGRAPHE, REZÉ, JUSQU’AU 12 MAI.
MOBILIER PEINT, TOUT CELA N’EST RIEN, C’EST LA VIE, 40MCUBE, RENNES, 26 AVRIL AU 20 JUILLET.
HERVÉ LE NOST, DE CONCERT, ARTOTHÈQUE, VITRÉ, JUSQU’AU 19 MAI.
MIRCEA KANTOR, ÎNAINTE, MUSÉE D’ARTS, NANTES, JUSQU’AU 15 SEPTEMBRE.
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LE CRÉDIT MUTUEL DONNE LE
CONCERTS - ARTS DE LA RUE - SHOWCASES - RENCONTRES PRO JEUNE PUBLIC - INSTALLATIONS - PLUS PLUS JEANNE ADDED - ETIENNE DE CRECY « LIVE» COLUMBINE - KOBA LAD - THYLACINE CABALLERO & JEANJASS - JOSMAN - SEBASTIAN CLARA LUCIANI - FLAVIEN BERGER - LYSISTRATA FLOHIO - PENELOPE ISLES - EKITI SOUND ATOEM - MALIK DJOUDI - PHOENICIAN DRIVE PION - THE PSYCHOTIC MONKS - MAXENSS GUERILLA TOSS - ZED YUN PAVAROTTI - JUICY NOVA MATERIA - OKTOBER LIEBER GHOST DANCE - FARAJ SULEIMAN - MOONSHINE FANG THE GREAT - SOJA TRIANI SIMS & MAY DIN DJ SET - ERWAN PERRON x CHATOUNE DJ SET - ANAIS LESZCYNSKA DJ SET SHARING - MULTI-PISTES ARTS DE LA RUE / LE NOM DU TITRE - MR LE DIRECTEUR CARNAGE PRODUCTIONS - FIVE FOOT FINGERS - CIE N°8 COLLECTIF JAMAIS TROP D’ART ! - CIE ICI’BAS FANFARE JO BITHUME - CIRCO ZOÉ - GROUPE DÉJÀ CIE BENOIT CHARPE - CIE ÉPHÉMÈRE LIGERIAN SOCIAL CLUB - RÂVE
Thomas Langmann presente
ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE DIRIGE PAR
ANGERS AMPHITÉA
Dimanche 12 mai 17H00
NANTES LA CITÉ
Mardi 14 mai | Mercredi 15 mai 20H00 De 7 à 35 € Angers 02 41 24 11 20 Nantes 02 51 25 29 29
PLUS PLUS / À VENIR ... INSTALLATIONS / GRAND GÉANT - ARCHI COMBI - CHAT EL’VIS & CO
WWW.LES3ELEPHANTS.COM Association Poc Pok / Licences : 1-1091762 / 2-1091763 / 3-1091764 Illustration : Quentin Monge
ENST VAN TIEL
www.onpl.fr
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CARTE BLANCHE À UN ARTISTE
L’HUMEUR DES FIGURES PAR
TEXTE / DAVID LECERF
Elle travaille autour de la ligne et du motif et s’applique à construire et déconstruire. Irma Kalt propose pour Kostar de découvrir un aspect de son travail autour des papiers peints, terrain de jeu favori pour d’infinis possibles. L’humeur des figures : avec un titre pareil, on aura compris qu’Irma Kalt entend souligner l’expression et le mouvement de ses œuvres. Sculpture, dessin, installation… sa pratique artistique est protéiforme. « J’ai réduit le vocabulaire à des formes simples, des lignes et des cercles uniquement. » Pas de quoi s’enfermer pour autant. Son travail consiste à explorer l’infini des possibles. n Cette idée des papiers peints lui est venue lors d’une résidence lointaine, en Corée du Sud. Elle permettait de ne pas avoir de souci de transport des œuvres. « Je les crée toujours par rapport à un espace, j’aime ensuite y accrocher des dessins encadrés qui donnent la mesure du papier. » Ainsi, pour La Chambre (trois pages suivantes), on retrouve sur les anneaux noirs des dessins de grilles de carrelages au pochoir à l’encre pure forte en pigments et posée au doigt : « loin d’un aplat, c’est vivant ». n « La couleur me parle beaucoup : je continue à explorer le noir qui est très important pour moi mais j’aime aussi les mélanger même si c’est difficile. » Pour Harlequin Tanz (deux dernières pages du portfolio), elle a donc traité la couleur en matière transparente : « Tout le papier a été écrit avec des gestes, les cercles corresPA G E 0 5 2
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pondent à l’échelle de mes bras, ce qui rapproche ma pratique de la danse. » Elle pensait faire performer l’installation par des danseurs. Mais chacun peut s’emparer de la chemise posée sur la chaise, elle aussi recouverte des mêmes motifs, pour endosser le rôle d’Arlequin. n Née dans une famille d’artistes à Strasbourg, Irma Kalt travaille à Nantes où elle a été diplômée de l’École des beaux-arts en 2012 et a obtenu le Prix des Arts Visuels de la Ville en 2018. Il suffit de regarder la liste des expositions qui suit cet article pour comprendre qu’il va falloir compter avec elle. n DRAWING NOW ART FAIR - SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN, GALERIE MODULAB, PARIS, 28 AU 31 MARS. RENDEZ-VOUS À SAINT-BRIAC, EXPOSITION COLLECTIVE, LE JARDIN ATELIER, GALERIE CAPSULE, SAINT-BRIAC, 30 MAI AU 2 JUIN. EXPOSITION DUO AVEC EVA TAULOIS FRAC PAYS DE LA LOIRE, ABBAYE, SAINT-FLORENT-LE-VIEIL, 22 JUIN AU 1ER SEPTEMBRE. EXPOSITION PERSONNELLE, ESPACE MIRA, NANTES, SEPTEMBRE 2019. EXPOSITION COLLECTIVE, PRIX DES ARTS VISUELS DE LA VILLE DE NANTES, L’ATELIER, NANTES, AUTOMNE 2019.
LA CHAMBRE, 2017 INSTALLATION IN-SITU PAPIER PEINT, PEINTURE NOIRE SÉRIE DE QUATRE DESSINS AU POCHOIR CHEMISE, IMPRESSION SÉRIGRAPHIE SUR TISSU DE SOIE
HARLEQUIN TANZ, 2017 INSTALLATION IN-SITU, FORMAT 410 X 410 X 375 CM PAPIER PEINT, PEINTURE COLORÉE CHEMISE, IMPRESSION SÉRIGRAPHIE SUR TISSU DE SOIE HULA HOOP, PVC
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LE TRAVAIL DU NANTAIS PIERRICK SORIN EST MONDIALEMENT CONNU. DEPUIS NOVEMBRE 2006, IL NOUS RACONTE SON QUOTIDIEN DE CRÉATEUR. SIGNÉ SORIN, NATURELLEMENT. DESSIN / PIERRICK SORIN
Le dessin est épinglé sur un mur de mon atelier. Il est là, parmi d’autres, comme aidemémoire. Quand une idée de création me vient à l’esprit, pour peu qu’elle me semble digne d’être, un jour, réalisée, je procède ainsi : un croquis et quelques mots sur une feuille que j’affiche, en évidence, histoire qu’elle ne sombre pas dans un fond de tiroir en forme d’oubliettes. Certaines idées sont ambitieuses : mises en scène d’images monumentales, porteuses d’interrogations sur la place de l’humain face aux technolo-
« LE TRUC, C’EST QUE CE DESSIN EST ACCROCHÉ AU MUR... DEPUIS TREIZE ANS... » gies envahissantes, conception d’un spectacle musical où les spectateurs seraient involontairement les producteurs de l’univers sonore… n D’autres sont plus modestes ou simplement ludiques. Elles relèvent du gag, du “jeu de mot visuel”. C’est le cas pour ce dessin : projet d’une séquence filmique, très brève, qui tournerait en boucle, sans début ni fin. Un type est attablé à une terrasse, cigarette à la main, l’air absent. C’est le soir, un éclairage en contre-jour accroche la fumée qui s’échappe de sa bouche. La main d’un serveur entre dans le cadre et pose devant lui un verre d’alcool. Le type porte la cigarette à
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ses lèvres et s’en sert comme d’une paille. Il aspire d’un trait le contenu du verre, recrache de la fumée et tire de nouveau sur la cigarette demeurée sèche et incandescente. Le serveur lui apporte un nouveau verre plein. L’action se répète… Un cas d’école pour truquiste expérimenté, car, pour que l’effet de la “cigarette devenant paille” fonctionne, un réalisme parfait est exigé.. n Pas très “profonde”, cette histoire, à première vue. Mais elle exprime quand même, avec un peu d’humour, le repli du type dans la mécanique répétitive de l’addiction, sa résignation à une déchéance qu’un geste absurde rend supportable. Le truc, c’est que ce dessin est accroché au mur… depuis treize ans… Je me dis parfois qu’il est bien possible que cette idée, comme d’autres, reste au stade de l’esquisse, que je déserterai ce monde sans lui avoir donné vie. L’idée de la mort me paraît en soi relativement acceptable. C’est celle de partir sans avoir réalisé certaines choses qui est un tant soit peu agaçante. Il faudrait que je torde le cou à la procrastination, que je me botte les fesses pour m’y mettre avant qu’il ne soit trop tard, mais c’est plus facile de fumer des clopes en sirotant du whisky. En même temps, je suis foutu d’avoir une “super idée” quelques minutes avant de rendre l’âme… Il y aura toujours une part de “jamais”… Générique, sur fond de violons. n
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ESTELLE-SARAH BULLE Le printemps ramène avec lui le festival de littérature Étonnants Voyageurs qui, lui-même, accueille une palette exceptionnelle d’écrivains à Saint-Malo. Après Wilfried N’Sondé l’an passé, c’est Estelle Sarah-Bulle qui nous fait partager sa vision d’Antigua au Guatemala. Née d’un père guadeloupéen, elle est l’auteur de Là où les chiens aboient par la queue. Un premier roman remarqué qui embrasse le destin de toute une génération d’Antillais pris entre deux mondes.
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En l’an deux mille, j’ai passé une semaine à Antigua au Guatemala. J’arrivais de Mexico et avais atterri à Guatemala City où j’ai attendu le bus pour Antigua dans l’avenue principale de la ville, sale et trépidante. Les voyageurs fuyaient Guatemala City à cause de la forte probabilité d’agression distillée par les guides touristiques. On arrivait dans cette capitale pour en repartir PA G E 0 6 0
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aussitôt. J’avais une pointe de regret quand même ; toutes les villes ont leurs attraits, tapageurs ou cachés. On devrait pouvoir passer outre le visage ingrat, bétonné, de Guatemala City, pour débusquer ses charmes. À l’époque, je n’en avais pas le temps. n Je voulais voir Antigua, ce fantasme caché à l’ombre d’un volcan. Le bus a démarré. Une femme assise à côté de moi m’a
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dit qu’elle n’avait jamais vu la ville aristocratique, située à une heure seulement de la capitale. Elle descendait toujours bien avant, en banlieue de Guatemala City. Notre rencontre était aussi ténue que l’idée d’effleurer le XVIIe siècle à Antigua : j’avais mon passeport de tourisme, du temps libre et le plaisir de la découverte ; ma voisine prenait tous les jours le bus entre sa banlieue et la boutique d’aéroport où elle travaillait. Guatemala City trempait dans la réalité. Antigua baignait dans le rêve. n J’ai découvert que, pour les milliers de touristes qui arpentent chaque année ses pavés bleutés, Antigua demeure aussi un mirage. C’est qu’il est difficile de toucher du doigt une idée. Antigua, c’est l’idée d’un temps préservé, d’une époque oubliée puis retrouvée. Celle de la victoire et de la puissance. Un souvenir du Nouveau Monde, lorsque cette ville était la capitale d’un empire colonial qui s’étendait bien au-delà des frontières actuelles du Guatemala. Lorsque des femmes en mantilles et des nonnes en drap se faufilaient dans les jardins intérieurs des couvents, prenaient le frais au bord de fontaines murmurantes, entassaient dans leurs demeures sombres les domestiques et les missels. n Au cours de mes déambulations le long de ses arcades, j’essayais d’imaginer ce qu’avait été Antigua trois ou quatre cents ans plus tôt : soldats en armes devant les palais, passage de cavaliers sous les porches sculptés, Alcalde en expédition vers l’un des trois volcans bordant la ville. Je me suis efforcée de songer à l’exaltation de la Conquête, la résistance des Mayas, la fureur des fantassins espagnols. Mais rien, dans la ville, ne m’y
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ramenait véritablement. Antigua est figée dans sa propreté contemporaine et sa surnaturelle splendeur. Elle possède la beauté d’une favorite de harem : immobile et parée. Sa pierre est brossée, ornée de bougainvillées roses, ses ferronneries sont lustrées, ses rues balayées, ses nobles édifices repeints à la chaux tous les six mois. n Durant une semaine, j’étais ravie de m’immerger dans le calme fleuri de ses rues élégantes, mais j’ai dû taire la sensation d’enfermement qui m’a envahie. Les rues d’Antigua sont peuplées de riches Américains et d’éternels étudiants censés apprendre l’espagnol. En réalité, personne n’est là pour étudier la langue des conquistadors. On erre en toute sécurité dans une ville déchue à contempler, à deux cents PA G E 0 6 1
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ans de distance, les ravages de tremblements de terre (le dernier a produit quelques élégantes ruines). On vient pour l’Histoire muséifiée, les patios subtilement décorés, le wifi et le café produit localement. Et parce que les guides touristiques, à l’unanimité, désignent Antigua comme la plus belle ville du pays. Les seuls Guatémaltèques que j’y ai croisés sont les serveurs des innombrables restaurants. J’y ai mangé des plats typiques aussi bien que des pâtes à la bolognaise. n J’ai aimé Antigua comme un tableau trop minutieux. J’étais toujours pressée d’en sortir. Depuis la chambre épurée de mon élégante « posada », je regardais sans cesse, dans l’horizon gazeux, la ligne parfaite des volcans. n À la fin de la semaine, j’ai été reprise en main par la vie. Sur la route menant au lac Atitlan, le candidat d’une élection locale m’a fait monter dans son pick-up. Il s’appelait Victor Hugo ! Un haut-parleur scandait son nom tandis qu’à mes côtés, des musiciens embauchés pour l’occasion entonnaient inlassablement une chanson à sa gloire. n Les murs d’Antigua se sont estompés dans la poussière de la route. J’ai cru l’oublier. Mais vingt ans plus tard, je conserve le souvenir de sa beauté trop évidente. Si vous voulez savoir comment le tourisme embaume les villes mortes, volez vers Antigua. Mais essayez, au passage, de faire connaissance avec Guatemala City. n ÉTONNANTS VOYAGEURS, SAINT-MALO, 8, 9 ET 10 JUIN. LÀ OÙ LES CHIENS ABOIENT PAR LA QUEUE, ESTELLE-SARAH BULLE. PA G E 0 6 2
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Y ALLER
Nombreux vols, au départ de Paris. Avec Air-France, via New York, en partenariat avec Delta et Aeromexico. À partir de 600 € aller/retour selon période. Nombreuses navettes entre Guatemala City et Antigua. On peut leur préférer, un “chicken bus”, ces anciens cars scolaires recyclés et colorés. Et en une heure, on a fait les 40 km !
Y SÉJOURNER
Très touristique, la ville dispose d’un vaste parc hôtelier. On peut s’y loger confortablement, dans le centre, pour tout juste 50 € la nuit. La Barbara’s Boutique Hostel ou, un rien plus cher, la Casa de Eunice peuvent être d’agréables points de chute. Plus cosy, la junior suite de la jolie Casa Santa Rosa est à 150 € la nuit.
Y VOIR
Antigua est la ville de tous les superlatifs. Si le tremblement de terre de 1773 a failli la rayer de la carte, l’ancienne capitale, aujourd’hui restaurée, a retrouvé son lustre d’antan. Au rayon des incontournables, la Quinta avenida et son arche Santa Catalina, église San Francisco, témoin baroque de l’activité sismique, l’imposante église de La Merced, le couvent des Capucines, les lavoirs de la place Tanque La Union et, pour une vision globale de la ville, le Cerro de la Cruz. n
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Anciens numéros en vente à la rédaction
Département de Maine-et-Loire, dir. de la communication, A. Tsvétoukhine, photo © É. Jabol, mars 2019
Conformément à la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978, relative à l'Informatique, aux Fichiers et aux Libertés, vous disposez d'un droit d'accès et de rectification des données à caractère personnel vous concernant.
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HISTOIRES D’EAU On y compte aujourd’hui près de 150 brasseries et les bières de Wallonie sont sans doute parmi les meilleures au monde. Mais pas de bonnes bières sans des eaux de grande qualité. Ce pays est donc (aussi) celui de l’eau. Soucieux de leur bien-être, les Romains ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Pline le Jeune lui-même évoque les thermes de Spa.
ELLEZELLES, MOULIN DU TORDOIR © C. CARDON - VISITWAPI - CLEMENCE PELTIER
ASCENSEUR À BATEAUX DE STREPY-THIEU © WBT-S.WITTENBOL
SPA,THERMES © ERIC MARTIN - LE FIGARO MAGAZINE
PAR TOUTATIS
CIRCUIT À SPA
Pas de Romains sans… Astérix. Rien de plus normal donc que le personnage de Goscinny et Uderzo ait, lui aussi, passé la frontière. Parmi les vestiges laissés par les Romains en Wallonie, on trouve, à Erquelinnes, un pont restauré qui voisine avec la chaussée, romaine elle aussi, de Bavay-Cologne. Plus tard, la main de l’homme a donné de nombreux moulins et vieux ponts lavoirs transformés en gites, musées, restaurants. Depuis 250 ans, les gargouillis des jeux d’eau se font entendre aux Jardins d’Annevoie (sud de Namur). La nature s’y anime sans machinerie, tantôt dans les jardins à la française, tantôt dans des jardins d’inspiration italienne ou française.
Les fanas de Formule 1 s’y retrouveront fin août/début septembre. Le temps d’un weekend, les rugissements de moteurs feront oublier la tranquillité habituelle d’une ville qui, depuis le XVIIIe, doit beaucoup à la qualité de ses eaux et à la réputation de ses thermes. Spa fut même la première ville à exporter son eau en bouteilles un peu partout dans le monde. Pas de ville d’eau sans casino et celui de Spa abrite (aussi) un superbe théâtre. Il existe bel et bien un circuit des sources d’eau. Un dîner au Manoir de Lébioles et la nuit sera belle.
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DINANT-MEUSE-CITADELLE-COLLEGIALE NOTRE-DAME © WBT- ANIBAL TREJO
FROIDCHAPELLE, NATURA PARC, LLEH © C. REMY-MT PAYS DES LACS
AU FIL DE L’EAU
ATOUT SPORTS
Rien de plus plaisant que de découvrir la Wallonie au fil de l’eau. En partant, par exemple, de Chaudfontaine. À vous la découverte des vallées de la Vesdre, de la Sambre et de la Meuse en suivant ces fameuses “voies vertes”, remarquablement aménagées sur d’anciennes voies de halage ou de chemin de fer. On peut aussi opter pour la rando. Accessible à tous et avec l’embarras du choix. Ou plus sportive, le long des lacs de Nisramont, Robertville et des rivières souvent tortueuses (Ninglinspo, Semois, Vesdre, Ourthe, Warche, Hoyoux…) avec des points de vue remarquables.
Si le football est très populaire, la Wallonie propose une large palette d’activités de plein air. Avec des sports nautiques, évidemment. Les lacs de l’Eau d’Heure (on en compte cinq) en sont un petit paradis : ski nautique, voile, spincable, golf, vélo, pêche ou… farniente sur les plages. Pour la navigation, ou tout simplement la croisière, embarquement dans les ports de Liège ou Mons. Départ de bateaux et location de petits bateaux électriques sans permis depuis Dinant… C’est dans cette ville, sur la Meuse, que se déroule, en août, la très sérieuse Régate de… baignoires. On pratique raft et kayak sur Ourthe, Lesse, semois. Et paddle, blob Jump sur la Meuse à Namur.
INFORMATIONS PRATIQUES
INSOLITE
Wallonie Belgique Tourisme walloniebelgiquetourisme.fr – info@wbtourisme.fr
Des bateaux qui prennent l’ascenseur depuis le XIXe siècle au Canal du Centre, ou des tapis roulant à Ronquières pour racheter la dénivellation ; un barbecue flottant sur le lac de Robertville, un pont en bois reconstruit chaque année à Vressesur-Semois, des lodges au-dessus de l’eau pour admirer les poissons à Maredsous ; des régates de baignoires à Dinant.
Y aller En avion au départ de Nantes. www.brusselsairlines.com Bon plan : le « Hi Belgium Pass », une formule de voyage qui permet de découvrir les villes wallonnes pour la somme de 169 €. Le pass comprend : un voyage aller-retour en avion, tous les déplacements en train depuis l’aéroport de Bruxelles et des activités dans 2 villes.
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TTC
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DOS À DOS
Que dites-vous à ceux qui considèrent que vous avez créé un parc d’attractions ? n Je
sioçnarF erèizoraleD
les incite à retourner à Disneyland ou au Puy du Fou, puis à revenir croiser le regard des gens au réveil de l’éléphant ou lors du mouvement des machines. On peut rendre ça péjoratif ou y trouver une noblesse extraordinaire.
... l’interview verso
ULT INTERVIEW / PATRICK THIBA KOSTAR PHOTOS / TANGUI JOSSIC POUR
On a dit que l’arbre aux hérons sera la Tour Eiffel de Nantes, n’est-ce pas un peu exagéré ? n L’arbre
À La Roche-sur-Yon, vous rêviez de vous mesurer à Napo-
ne s’exprime pas dans sa monumentalité. C’est plutôt une matière ciselée, sensible, comme un bijou à l’échelle d’une ville. Une perle ouvragée qui devrait avoir la puissance d’un diamant.
léon ? n Plutôt que de
s’y confronter, avec Alexandre Chemetoff, on a essayé de prendre dans Napoléon ce qu’il y avait de plus riche et constructif pour une société. Intégrer l’histoire dans l’aventure.
L’arbre aux hérons ouvrira-t-il en 2022 comme prévu ? n Probable-
ment pas. Il faut plus de temps pour le faire. 2023 ou 2024 : ça dépend de la prise décision et de l’engagement financier.
De quoi êtes-vous le moins fier ? n De ne pas
avoir réussi à créer un téléporteur et de ne pas avoir le don d’ubiquité.
Avez-vous les moyens de vos ambitions ? n Non,
j’ai souvent trop d’ambition pour les moyens qui permettent de réaliser un projet. Seul, un sur dix que je dessine voit le jour. À l’échelle à laquelle je travaille, sans ambition à tous les niveaux, ça n’aurait plus de sens.
On parle de vous à Toulouse, pourquoi cette infidélité à Nantes ? n
Je suis touché que des Nantais se sentent un peu trahis, ça prouve leur attachement à mon travail. Je les en remercie mais il est difficile de circonscrire le travail d’un artiste à un territoire.
Des machines pour Orange Blossom, c’est votre caution culturelle ? n J’ai réalisé ce pro-
jet par envie et plaisir. Je ne cherche pas la caution culturelle. Je ne cherche pas non plus une reconnaissance en tant qu’artiste. PA G E 0 6 6
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Quels sont vos prochains terrains de jeux ? n Calais
LES MACHINES DE L’ÎLE, NANTES. LES ANIMAUX DE LA PLACE, LA ROCHE-SUR-YON
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qui va installer des machines dans toute la cité. La Chine, Ottawa mais aussi le centre de la Bretagne, autour de Lanrivain avec le festival Lieux Mouvants. n
ET L ES
NOUS AUTRES
2019
26 mars 12 juillet
illustration : © Noma Bar
des pré jugés au r acism e
Hôtel du Département
3 quai Ceineray - Nantes loire-atlantique.fr/nousetlesautres
UNE EXPOSITION DU DÉPARTEMENT Une exposition conçue par le Muséum national d'histoire naturelle - Musée de l'Homme