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de Saint-Nazaire
Pistes de luge & Patinoire gratuites Fête foraine, Projections lumineuses Marché de Noël... DU
15 décembre
AU
6 janvier
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FACE À FACE
Jean-Paul ve to... Rouvie w rec
Pourquoi Ludivine Sagnier et José Garcia pour interpréter vos frère et sœur ? n
l’inter
J'aime la fragilité de José, au-delà du côté comique qu'on connaît. Pour le rôle de Ludivine, j'ai vu beaucoup d'actrices entre 35 et 40 ans. Je voulais ce mélange de douceur et de force et je ne l'ai retrouvé que chez elle.
INTERVIEW ET PHOTOS / R MATTHIEU CHAUVEAU POUR KOSTA
Vos comédiens semblent à contre-emploi... n Je ne
sais pas ce que cela veut dire, "à contre-emploi". Il y a des bons et des mauvais acteurs, c'est tout. Et un bon acteur peut tout faire.
Êtes-vous famille ? n
Sans doute pas trop puisque, pour moi, les amis et la famille, c'est un peu la même chose. Pareil dans mes films où ce qui me plaît, ce sont les relations humaines. Ça passe essentiellement par le prisme de la famille mais je ne dis pas que ce sera toujours le cas.
Sheller, Souchon, Goldman... Il y a beaucoup de variété française dans Lola et ses frères. Podium vous manque ? n Mettre des
musiques parce qu'elles sont à la mode, ça n'est pas mon truc. Les chansons ne sont pas là pour faire joli : c'est du dialogue. Il faut que ça résonne avec la situation.
Deuxième collaboration avec David Foenkinos. Qu'aimez-vous chez lui ? n Son humour et
sa façon de regarder les petites choses de la vie.
Le père de Lola, ça n'est donc pas Jacques Demy ? n C'est fou parce que
je déteste les comédies musicales, sauf celles de Jacques Demy ! Pourtant c'est tout le contraire de ce que j'aime : les choses réalistes. J'ai aussi aimé La La Land mais le réalisateur s'est inspiré de Demy. n
Préférez-vous être sur les planches, devant ou derrière la caméra ? n C'est tellement
différent... Les planches, ce n'est pas ce que je préfère mais j'aime être devant et derrière la caméra. J'ai la chance d'avoir trouvé cet équilibre et j'en suis heureux.
LOLA ET SES FRÈRES, EN SALLE LE 28 NOVEMBRE
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KOSTAR PAR LE MENU
recto n Jean-Paul Rouve / P3 Sommaire n / P4 Ours n / P6 Cover Team n Ladyboy / P8 le k de kostar n Les Louanges / P10
actus n / P12 Tête de série n Huneak / P16 Chef oui chef n Éric Guérin / P18 PAGE 04
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actus n / P22 Têtes de séries n Simon Le Moullec / P26 n Amala Dianor / P32 n RexRegis, Atoem, The Blind Suns, Colorado et Praa pour les Trans Musicales / P38 entretiens n Stanislas Nordey / P25 n Dominique A / P42 festivals n Trajectoires / P30 n Trans Musicales / P38 n Premiers Plans / P46 Portefeuille artistique n Pionniers par JERONIMO / P52 Le moi dernier n par Pierrick Sorin / P58 une ville ailleurs n Hambourg / P60 verso n Jean-Paul Rouve / P66
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Q U I F A I T Q U O I ?
Remerciements n Tous nos lecteurs, partenaires et annonceurs Imprimé en CEE n Dépôt légal à parution n © Kostar 2018 KOSTAR, magazine cultures et tendances de l'ouest, est édité par Médias Côte Ouest, SARL de presse au capital de 30 794,70 euros
KOSTAR est adhérent au SPG2I (Syndicat de la Presse Gratuite Indépendante d'Information Imprimée)
Directeur de la publication et de la rédaction n Patrick Thibault Graphisme et maquette n Damien Chauveau Développement n Pierre-François Leroux, Patrick Thibault. Publicité n pub@kostar.fr SECRÉTAIRE DE RÉDACTION n Cécile You Diffusion n Virginie Fouchard…
www.kostar.fr
Rédaction n redaction@mcomedia.fr Studio graphique n damien@mcomedia.fr
Médias Côte Ouest, 2 ter rue des Olivettes, CS33221, 44032 NANTES CEDEX 1 n + 33 (0)2 40 47 74 75. ISSN : 1955-6764
Merci à tous ceux qui ont participé à ce numéro Rédacteurs n Vincent Braud, Matthieu Chauveau, Fédelm Chéguillaume, Antonin Druart, Barbara Le Guillou, Christophe Martin, Pierrick Sorin, Patrick Thibault. Photographes n Joan Casanelles, Matthieu Chauveau, Tangui Jossic, Pierrick Sorin. GRAPHISTES / Illustrateurs / artistes plasticiens n JERONIMO, Ladyboy (couverture, ours, sommaire, une ville ailleurs, custom des titres) Pierrick Sorin. PAGE 06
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Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. n Abonnement annuel 20 euros
Nos lecteurs et internautes sont informés que l’envoi à la rédaction, par leurs soins, de photographies représentant leur image et destinées à être publiées au sein de la rubrique « Sur son 31 », entraînent de facto leur acceptation : pour diffusion au sein du magazine « KOSTAR » édité par la société « Médias Côte Ouest », pour diffusion au sein des plateformes numériques « www.kostar.fr » et « www.facebook.com». Cette autorisation est valable sans limitation de durée. La rédaction s’engage en contrepartie à ce que les éventuels commentaires ou légendes accompagnant la reproduction ou la représentation de ces photographies ne portent en aucune façon atteinte à leur réputation ou à leur vie privée.
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KOSTAR HABILLÉ PAR…
Couverture / P01 n Sommaire / P04 n Ours / P06 n Tendances / P12 n Cultures / P22 n Une ville ailleurs / 60 Custom des titres / P08, 10, 16, 19, 25, 26, 30, 33, 38, 40, 43, 52, 59. PHOTO / TANGUI JOSSIC POUR KOSTAR
Derrière le pseudo Ladyboy se cache un duo, Davina et Max. Un couple à la vie comme à la scène. Elle, autodicate de la musique mais avec de solides références côté dj sous le pseudo salade tomate oignon. Lui, illustrateur de formation, sorti de l’école Pivault il y a dix ans. Lorsqu’ils se rencontrent, elle explore les tréfonds d’internet à la chasse aux choses un peu ghetto. Lui, signe des illustrations alternatives en noir et blanc sous le pseudo Hetok. n Il se recentre vers quelque chose de plus minimaliste et plus rapide, des dessins qui se prêtent à des tattoos flash. « Peu à peu, Davina qui est à fond dans les tendances, m’a donné des idées. » Le studio Ladyboy naît en 2016. À fond dans l’ignorant style, Davina se met à dessiner aussi. Des punchlines bien senties, volontiers politiquement incorrectes qui interpellent et le buzz est au rendez-vous. n Puisqu’il s’agit de se démarquer, en s’attaquant à l’habillage de Kostar, ils ont voulu une Une qui soit tout de suite « identifiable par sa différence ». Un castor pour Kostar ? « Juste une blague au départ. » Beaucoup de blanc minimaliste, l’esthétique des tattoos pour les titres. De la couleur à l’intérieur pour des dessins « toujours un peu stupides » comme le retour de la Nike Requin TN ! So… n INSTAGRAM.COM/LADYBOYSHIT/ PAGE 08
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UNE PERSONNALITÉ À LA MODE PARLE DE MODE
« J'AI ENVIE D'AVOIR UN BON LOOK » INTERVIEW / MATTHIEU CHAUVEAU
PHOTO / JEAN-FRANÇOIS SAUVÉ
Vous êtes quelqu'un de stylé, depuis quand faites-vous attention à votre look ? n J'essaie de l'être mais je n'ai jamais paniqué autour de la chose. Ça ne fait pas longtemps que j'ai un minimum de budget pour donner des moyens à ma vision : depuis que j'ai commencé Les Louanges, il y a deux ans. Pensez-vous avoir le costume de l’emploi ? n Je me pose souvent la question, même musicalement. J'évolue à mi-chemin entre différents styles. L'autre jour, des gros rappeurs français m'ont écrit sur Instagram. Ils étaient chauds pour faire une collaboration avec moi, alors que je n'ai pas l'étoffe d'un gangsta pour deux sous ! Comment choisissez-vous votre costume de scène ? n Au début, je m'inspirais beaucoup de Leonardo diCaprio dans Roméo + Juliette. Pour la sortie de l'album, j'ai essayé d'être un peu plus urbain, plus "preppy", genre polo Tommy et jeans. C'est en progression ! Quel rapport entretenez-vous avec la mode ? n Quand j'arrive sur un "stage", j'ai envie d'avoir un bon look. Je vois donc la mode comme une nécessité. Dans le processus, ça me pèse un peu mais après, quand je vois des photos et que je "look" bien, je me dis que finalement, c'est "worth it" ! Pensez-vous être à la mode ? n Si vous me dites que je suis quelqu'un de stylé, c'est que j'ai quand même un peu réussi à l'être (rire). Être à la mode, c’est quoi pour vous ? n C'est être assez sensible pour comprendre ce qui se passe autour de soi, mais aussi “avoir les couilles” d'y ajouter un petit accroc. Avec mes gros souliers Puma, je suis bien content. Genre Retour vers le futur : flashy avec plein de couleurs. Avez-vous déjà pris des vestes ? n En arrivant à Montréal en 2016. Je viens de la région de la ville de Québec, j'avais un peu de reconnaissance. Je pensais que ça allait être facile mais j'ai pris une veste en pleine gueule, devant enchaîner les travaux manuels pour pouvoir payer mon loyer. PAGE 010
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Qu’y a-t-il dans votre valise quand vous partez en tournée ? n Des tee-shirts blancs. C'est pratique, ça peut se mettre avec n'importe quoi. Une paire ou deux de souliers assez colorés pour contraster avec le reste. J'y mets aussi du "weed", maintenant légalisé au Canada. On peut même en demander dans les salles ! À qui voudriez-vous tailler un costard ? n En "québ", on dirait plutôt donner une volée ! Je n'ai de "beef" avec personne et tout le monde crie déjà trop fort partout. Comme si c'était la seule manière pour se faire entendre… En politique et sur tous les plans, les gens semblent tous vouloir se tailler un costard. Moi non. Quel est le comble du chic québécois ? n La canadienne avec des poils d'animaux et une chemise à carreaux. Non, je blague… Pour être franc, le comble du chic québécois ne doit pas être si différent du vôtre. Nous sommes tous des occidentaux américanisés. Donc, je dirais le streetwear. Le comble du mauvais goût québécois ? n On a aussi nos "rednecks" ou nos beaufs pour le dire en français... Le beauf québécois, c'est un peu la même chose que le beauf français mais la tecktonik n'a pas eu le temps de traverser l'Atlantique (rire). Quelle personnalité voudriez-vous relooker ? n Mettre un "hoodie" à Macron ? Hum, c'est "poche" comme réponse ça… En vrai, j'ai envie de laisser les gens s'habiller comme ils veulent. Qui rêveriez-vous de déshabiller ? n Ils ne sont pas de chez vous mais les deux rois de la pop belge, les deux frères et sœurs Roméo Elvis et Angèle, je les trouve bien "cute". n VINCENT ROBERGE ALIAS LES LOUANGES, LA NOUVELLE SENSATION QUÉBÉCOISE. ALBUM JE SUIS UNE PANTHÈRE ET EN CONCERT AUX TRANS MUSICALES EN 1ÈRE PARTIE DE ALOISE SAUVAGE, L’AIRE LIBRE, 5 AU 9 DÉCEMBRE.
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© FAGOSTUDIO / L'AUTRE MARCHÉ-NANTES
CONTRIBUTEURS DU CAHIER TENDANCES BARBARA LE GUILLOU, CHRISTOPHE MARTIN, PATRICK THIBAULT
Noël en marchés Rassurez-vous, Kostar n’envisage pas forcément de vous prescrire une visite dans un de ces chalets rouge, vert, blanc ou simplement couleur bois. La création n’est hélas pas toujours au rendez-vous de ces marchés de Noël même si les exceptions existent avec notamment les marchés équitables (L’autre marché à Nantes, marché bio & gourmand de Rennes tous les mercredis jusqu’au 9 janvier, marché de Noël de SaintNazaire…). Pour vos cadeaux, songez à vos boutiques préférées où l’on saura vous conseiller. Vous pouvez aussi dénicher ici ou là des marchés de créateurs. À Nantes, le Làchezvous réunit mode, bijoux, accessoires, lifestyle et photos (Metal Corner, 7 au 9 décembre). Parmi une sélection de créateurs bien choisis, on ne se lasse pas de retrouver les travaux de Framee qui avait illustré le Kostar n°52. Samedi 15 décembre, retour du Marché de Noël de la rue Drouet aux allures de portes ouvertes chez les éditeurs, illustrateurs et designers nantais. On y retrouve l’Atelier Radar (Kostar 51). Du 1er au 22 décembre, Accesstory & By Méliana reprennent du service pour Le Garage de Noël au… Garage, la galerie nantaise du même nom, rue Scribe. PAGE 012
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CO LLIA U X O P T ICIE N S, 1 1 R UE MAR ÉC HAL JOFFR E, 3 5 0 0 0 R ENNES WWW.COLLIAUX-OPTICIENS.FR 02 99 78 24 66 W W W.C HANTALC OLLIAUX .FR COL LI A UX OPTICIENS, 1 1 RUE MARÉCH A L J O F F RE, 35000 REN N ES 0 2 9 9 7 8 2 4 6 6 WWW.CH A N TA L CO L L IA U X .F R
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Bonne impression L’atelier Fishbrain investit le centre d'Angers et ouvre sa boutique. Derrière ses allures de pop-up store trendy, elle offre une autre visibilité sur des collections de textiles imprimés ou brodés, originales et responsables. Si on y privilégie le coton éthique et durable, on soutient avant tout la création locale. Les pièces sont imprimées artisanalement à l’atelier et habillées par des visuels uniques signés par un collectif d’illustrateurs et graphistes talentueux et prometteurs, Jean Djack (originaire de Nantes), Candice Roger (Kostar n°56), Nelly Garreau, Joe Popi (de Rennes) ou encore le Nantais Hametism qui signe le visuel "Angers Paradise" en écho à "Nantes Paradise". Leurs univers cultivent un certain esprit pop, mêlant écritures et cultures, entre graphisme contemporain, street et do it yourself. Ils dessinent l’âme d’une marque en devenir. n BOUTIQUE FISHBRAIN, 31 RUE SAINT-MARTIN, ANGERS. ATELIER, 18 RUE D’IÉNA, ANGERS. WWW.FISHBRAIN.FR
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Broderie made in Bretagne Jeune Rennaise de 22 ans, Marie Perrigault a franchi le cap : créer sa propre marque de vêtements. Des pièces forcément uniques qui lui ressemblent. Tosew est un clin d’œil à “To sew”, coudre qui évoque une sonorité proche du tissu. Sur des sweet, t-shirts et sacs en toile, elle brode à la main un dessin de son univers créatif. Graphiste de formation, elle envisage la broderie comme un motif parfaitement contemporain et conçoit ses travaux d’aiguille comme un tatouage sur le tissu. Des motifs d’inspiration classique en lien avec sa passion pour l’Antiquité, le kitsch du disco et des clins d’œil à l’histoire de l’art pour un univers à la fois discret, flashy et classe. Ouverte à l’échange, elle aime personnaliser sa broderie en fonction des goûts de ses acheteurs. n TOSEW, MARQUE DE VÊTEMENTS BRODÉS À LA MAIN. HTTP://TOSEW.BIGCARTEL.COM/ PAGE 014
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7 RUE SCRIBE NANTES 02 40 69 32 57 14 RUE BOILEAU NANTES 02 40 48 64 01 MEMBRE DU LABEL EYE-LIKE
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TÊTE DE SÉRIE
© SONIA BELFER PHOTOGRAPHE NANTES
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PARFAITEMENT UNIQUE ! TEXTE / PATRICK THIBAULT
Professionnel de la chaussure artisanale faite à la main, le Nantais Hugo Lambert lance la marque HUNEAK, une collection de sneakers personnalisables, réparables et donc durables. Il y a chez Hugo Lambert une forme de discrétion qui colle parfaitement à sa démarche : « Ce que la mode induit, ça n’est pas mon truc. Je ne suis pas là pour faire consommer plus mais pour avoir une utilité sociale ». Ce cordonnier d’origine a pourtant gravi tous les échelons qui mènent à la création. Demandez-lui si c’est un métier artistique et la modestie reprend ses droits : « Je suis un artisan et je voulais avoir un travail qui ait du sens ». D’abord, il y a eu la marque ArtHpied qui est aussi le nom de son atelier depuis quinze ans. Là encore, des chaussures qui ont du sens dans la mesure où elles sont réparables, ressemelables et garanties dix ans. n L’aventure HUNEAK s’appuie sur la même exigence : cuir de haute qualité, semelles cousues qui assurent un confort parfait avec une triple mousse et semelles intérieures en latex. Particularité séduisante, il PA G E 0 1 6
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est possible, à l’atelier ou sur le site, de personnaliser sa paire de basket en choisissant la matière, les textures, les couleurs de cuir, d’œillets, de lacets ou de semelles. « Toute paire de chaussures qui sort de l’atelier passe entre mes mains », insiste Hugo Lambert. Elle est donc signée et numérotée. n S’il faut compter entre 240 et 380 euros pour une paire, Hugo insiste sur le fait que sa clientèle est variée : « Je n’ai pas que des bobos mais des gens qui font des choix de consommation ». Comble du chic, il organise même des ateliers où chacun repart avec la paire qu’il a fabriquée. UNEAK on vous dit. n WWW.HUNEAK.COM EN VENTE À L’ATELIER, 67 RUE DU MILLAU, NANTES ET BOUTIQUE PAS QUE BEAU, SAINT-NAZAIRE.
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© SAMUEL DUHI
9 RUE SCRIBE - NANTES 02 28 02 56 26
© PATRICE MOLLE
© SAMUEL DUHI © PATRICE MOLLE
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LA CUISINE ÉMOTIONS INTERVIEW / PATRICK THIBAULT PORTRAIT / PATRICK GÉRARD PHOTOS PLATS / FRED RADIDEAU (SAUF MENTION)
Après avoir créé La Mare aux oiseaux, Éric Guerin se démultiplie sur trois adresses. Le Jardin des Plumes à Giverny, également un macaron au Michelin et Le Café du Musée d’arts à Nantes. C’est un chef à la sensibilité artistique affirmée qui revendique l’engagement et, en cuisine, le mouvement perpétuel. Comment définissez-vous votre cuisine ? n C’est une cuisine vivante, de contrastes et d’émotions. Elle est un peu autobiographique dans le sens où elle n’est pas figée et dit ma vie et mon état d’esprit. Elle raconte mon aventure de cuisinier et d’homme engagé dans la vie. Je dirais qu’elle s’inspire de tout sauf de la cuisine, d’où mon besoin de rencontres, de voyages, de terres différentes. Pas pour aller à la rencontre de la cuisine mais pour m’en nettoyer, me nourrir d’autres textures et de mots différents. Vous dites que votre cuisine raconte une histoire. Quelle histoire racontez-vous ? n Ça peut être très personnel. Ça peut aussi être des messages sur l’environnement, la société, les plaisirs de la vie qui me sont propres. Je m’invente beaucoup de contes, de choses chimériques et poétiques pour garder mon monde d’enfant et une créativité permanente. Vous parlez aussi de cuisine d’auteur, vous considérez-vous comme un artiste ? n Je parle de cuisine d’auteur dans le sens où je ne veux pas être à la mode. Dans un monde d’images, il y a une véritable mode pour les produits travaillés et la façon de les présenter. Je ne veux pas tomber dedans mais continuer à évoluer. J’ai une âme d’artiste car j’ai été élevé dans ce monde-là. Mon regard part de l’image et de la volonté de créer avec mes doigts et ma tête et pas du produit. Je pars d’un tableau émotionnel PA G E 0 1 9
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et culturel, de contrastes, de couleurs et de choses qui sont l’effet du moment. Ensuite, j’utilise ma région comme palette de peintre pour retrouver les couleurs et les émotions. Les chefs sont aujourd’hui davantage considérés comme des artistes… n Pour moi, ça n’est pas vraiment un métier d’artiste, on fait juste de la cuisine. L’artiste, c’est quelqu’un de barré qui n’est jamais content de lui. Je ne dénigre pas mais les chefs qui ont deux ou trois macarons sont souvent posés sur un modèle et prennent peu de risques. La cuisine peut dire qu’elle est artistique seulement si elle laisse une empreinte. Quels sont les chefs qui, pour vous, laissent cette empreinte ? n Pierre Gagnaire qui pour moi est le plus grand. Alain Passard. Des chefs qui ont à la fois une véritable sensibilité et une vraie force de caractère. Alexandre Gauthier de La Grenouillère qui a tout pour lui. Il inspire un lieu, a une façon de présenter avec à la fois un côté brut et une délicatesse. C’est une vraie signature. Chez vous, un plat commence toujours par un dessin… n Toujours. J’ai les mots clés dans ma tête, je les dessine et quand je pose le trait, j’ai le visuel. Je construis en 3D avec l’odeur et les saveurs. Quand je transmets le dessin, il y a un flou qui pourrait être artistique. Mes gars ont chacun leur interprétation. Chacun apporte sa petite touche.
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PHOTO : ÉRIC GUÉRIN
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JARDIN D'HIVER, CREME DE QUINOA, PETITS GRIS
Comment est-ce qu’on s’inspire des lieux ? n Je suis un grand contemplatif. Il y a 24 ans que je m’émerveille en faisant les mêmes 200 mètres qui séparent la maison du restaurant. Je m’inspire des couleurs, du temps, des odeurs, de l’humidité ou du froid. Dans les trois restaurants, cette inspiration est forte car je me noie dans l’environnement. J’aime le village de Giverny pour son inspiration artistique et sa végétation. La Mare aux oiseaux, c’est une terre de marais d’eau douce et d’eau salée, une île qui invite au voyage, une terre de contrastes et de lumière. À Nantes, je suis au service de la ville, de la culture et du patrimoine. C’est une cuisine plus urbaine, plus construite au niveau de la forme et de la lumière, pour s’approcher d’un aspect plus artistique.
« JE NE VEUX PAS ÊTRE À LA MODE. » Quelle est la part d’improvisation dans votre cuisine ? n Je suis moins toucheà-tout et pars moins dans tous les sens. Je peux assaisonner plus, changer le sens de rotation d’une sauce, la forme mais pas le fond. À La Mare, on a un vrai objectif de création avec un menu inspiration de 5 plats complets réinventés chaque semaine en fonction de l’état d’esprit du moment. Chaud ou froid ? n Chaud et froid. J’adore le contraste et je joue beaucoup là-dessus. Les contrastes cuit-cru, ça crée du relief. PA G E 0 2 0
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HOMARD BRETON, POMME, OURSIN
Salé ou sucré ? n Salé sans équivoque. J’aime le sel et je mange de la fleur de sel pendant les services. Le sel m’inspire. J’ai abandonné les desserts depuis que j’ai un très bon chef pâtissier. Il faudrait que je travaille beaucoup sur moi pour me replonger dans le sucré. La gourmandise est salée. Terre ou mer ? n Je mets un point d’honneur à travailler la viande car c’est plus difficile de lui donner à la fois un côté aérien et terrien. Le poisson qui flotte entre deux eaux, c’est plus simple. J’aime les plats terre-mer. Je joue sur mon dos de barbue-feuille de veau de lait élevé sous la mère. Jeu de mots, jeu entre terre et eau. Quels sont vos plats emblématiques ? n Mon but est de ne pas avoir de plats signatures car ça fige la cuisine. Or, le sens de la cuisine, c’est l’évolution. Alors il y a quelques plats : le poireau façon morta inspiré du bois et de l’histoire de la Brière, le tartare de pigeon fumé à la tourbe, vinaigrette civet parfumée cassis. Et le Chocotruffe. Disons 5 plats en 24 ans ! Une couleur ? n Le bleu et le noir. Qu’est-ce qui a changé en cuisine depuis que vous avez commencé ? n Beaucoup de choses, c’est un métier en perpétuelle évolution. Ça a changé dans les assiettes. On est passé d’un mijoté artistique d’une cuisine un peu bourgeoise d’où je viens à une cuisine plus light, plus vite faite et dé-
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JARDIN D'AUTOMNE, BANANE, AVOCAT, PISTACHE
BALADE EN FORÊT
complexée. On s’appuie sur les bases de la grande cuisine française mais on l’a dégraissée, nettoyée. Par contraste et opposition, la cuisine est devenue nature et locavore. Tout le monde se cherche et c’est parfois compliqué car on ne se fédère pas.
“ LA GOURMANDISE EST SALÉE. ” Pouvez-vous nous parler des enfants de La Mare aux oiseaux qui ont ouvert en région ? n Nicolas Guiet de L’U.Ni a su prendre ce que j’avais de fougueux mais en version plus calme et posée. Il a été le pionnier de cette nouvelle génération de jeunes chefs arrivés à Nantes. Avec Laetitia, ils ont ouvert une jolie maison. Jean-François Pantaleon de Roza est un garçon sensible et intelligent qui a la tête bien structurée. Son retour en région est réussi. Guillaume Maccotta de Lamacotte me touche par son courage. Il a un parcours atypique car il vient de la salle avant d’avoir repris la cuisine et c’est symbolique. Il y a aussi Swann Robin qui a compris l’énergie et l’essentiel pour trouver sa place en ouvrant le food truck qui cartonne Paws Hot Dog. Et l’équipe du Café du Musée… n Bien sûr. Claire Habchi me bluffe. Elle a un caractère de mec mais une sensibilité féminine incroyable avec une touche de fragilité et de douceur que je n’arrive pas à reproduire. Elle y fait une cuisine artistique qui a sa place au Musée. PA G E 0 2 1
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On dit que vous rêvez de faire autre chose… n J’ai largement exploité le filon de la cuisine. J’ai d’autres choses à dire et à faire : écrire, faire de la photo, la peinture, la sculpture… J’aimerais sortir de ma zone de confort mais pas tout de suite. Je suis très attaché, je me suis construit pendant 24 ans à travers cette baraque. J’aimerais changer de continent, j’ai pensé à Cape Town. Dans ma nouvelle vie, je ne ferai pas la cuisine et ça sera plus artistique. Quels sont vos goûts en matière de culture ? n Je suis plutôt musique française, j’aime les paroles qui donnent un sens. Gainsbourg et Daho, l’électro et des choses plus pointues comme Kazy Lambist. Je suis allé voir le spectacle Jean-Paul Gautier aux Folies Bergères, l’exposition Basquiat/Schiele à la Fondation Vuitton. Je suis proche des peintres Cedrix Crespel et Olivier Masmonteil. J’aime le savoir faire et le mouvement, à l’opposé des natures mortes. Même si ça doit être posé sur des bases, il faut être sincère, toujours soi-même, avoir le cœur grand ouvert. Je suis engagé dans tout ce que je fais, je ne fais jamais les choses à moitié. n
LA MARE AUX OISEAUX, SAINT-JOACHIM LE CAFÉ DU MUSÉE D’ARTS, NANTES LE JARDIN DES PLUMES, GIVERNY. ERIC-GUERIN.FR
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RADULOVIC NEMANJA © B. DE DIESBACH
RÉDACTEURS DU CAHIER CULTURES VINCENT BRAUD, MATTHIEU CHAUVEAU, FÉDELM CHEGUILLAUME ANTONIN DRUART, PATRICK THIBAULT
Carnets de voyages Après une édition consacrée à l’exil, La Folle Journée 2019 se consacre aux compositeurs qui ont écrit des œuvres intemporelles lors de voyages. Mozart, Liszt, Berlioz, Mendelssohn, Rossini, Tchaïkovsky, Dvorak, Rachmaninov, Saint-Saëns, Ravel, Granados, Gershwin, Glass, Bernstein, Messiaen… La liste des compositeurs est longue, celle des œuvres ne l’est pas moins. Parmi les artistes, on ne rate pas de jeunes prodiges tels Nemanja Radulovic, Anastasia Kobenika, Maria et Nathalia Milstein ou David Chalmin. On y reviendra dans le prochain numéro mais attention, la billetterie ouvre le 15 décembre à 9h. n LA FOLLE JOURNÉE 2019, RÉGION PAYS DE LA LOIRE, 25 AU 27 JANVIER ; NANTES, 30 JANVIER AU 3 FÉVRIER. PA G E 0 2 2
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Intérêt national !
HENRY MOORE CET ÉTÉ À LANDERNEAU
On le sait, l’Ouest est un territoire plutôt bien doté sur le plan de l’art contemporain. Preuve supplémentaire, la création récente du label Centre d’art contemporain d’intérêt national par le ministère de la Culture. Il a récompensé quatre structures de Bretagne et Pays de la Loire sur les six premiers labels attribués. Après Passerelle à Brest, Le Grand-Café à SaintNazaire, Le Carré à Château-Gontier et La Criée à Rennes sont les heureux bénéficiaires d’un label qui soutient les lieux engagés dans la création, la production et la diffusion des arts visuels contemporains. n
Joyeux Noël
Top des expos Si Debout !, l’exposition de la collection Pinault au Couvent des Jacobins à Rennes a réuni 93 260 visiteurs, le Fonds Hélène & Édouard Leclerc a fêté cet été son million de visiteurs depuis l’ouverture en 2012. Après Henry Moore, Landerneau nous met l’eau à la bouche avec une exposition Joan Mitchell/JeanPaul Riopelle (16/12 au 22 avril). Trêve de chiffres, si vous ne l’avez pas encore vue, une visite s’impose à l’exposition Argos de Richard Fauguet à La Collégiale Saint-Martin d’Angers (jusqu’au 6 janvier). Invité par le FRAC Pays de la Loire, l'artiste présente des œuvres contemporaines qui se mêlent parfaitement à l’architecture classique du lieu. Magique ! n PA G E 0 2 3
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CALENDRIER AVENT CHATEAU BARONNE © AURORE PETIT
EXPO MERIEM BENNANI, LA CRIÉE - RENNES
ACTUS
Si Noël est une période d’intense activité commerciale, le marché peut être aussi artistique. Ainsi, on peut découvrir la collection 2018 des Christmas prints de Lendroit à Rennes jusqu’au 22 décembre. Rennes, qui propose aussi le marché de Noël de l’EESAB le 12 décembre. Noël est à nouveau l’occasion d’un temps fort artistique à Fontevraud où les céramistes de l’atelier Polyhèdre dressent la table de Noël. À Nantes, Le Château des Ducs présente cette année encore son Calendrier de l’Avant. Une histoire un brin loufoque signée Aurore Petit à découvrir sur les fenêtres du Harnachement tandis que Noël aux Nefs se déploie sur le site des Machines de l’Île. n
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SCÈNE
CAMARADES / COMPAGNIE LES MALADROITS © DAMIEN BOSSIS
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Les Maladroits, bons camarades TEXTE / FÉDELM CHEGUILLAUME
Issue de la région nantaise, cette compagnie qui monte a décidé d’aborder l’action politique sous l’angle de l’ancrage territorial. Et le territoire le lui rend bien, puisque les quatre comédiens-metteurs en scène commencent une tournée impressionnante dans le grand Ouest. À peine sorti du succès public de Frères, leur précédente création qui faisait la part belle au théâtre d’objets pour traiter de la guerre d’Espagne, le collectif se nourrit d’entretiens pour mettre en route Camarades, une fable qui retrace des portraits intimes des révoltés de Mai 68. Et c’est d’abord auprès de proches qu’ils recueillent leurs précieux matériaux d’enquête. « À travers les récits de vies se dessinent des notions, des réflexions, des concepts et, surtout, des questions. » n C’est par exemple l’histoire de Colette, une femme née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à Saint-Nazaire. « Nous racontons son enfance, sa jeunesse à Nantes, ses voyages et son engagement. Avec elle, nous traversons l'utopie d'une période révolutionnaire, certaines luttes féministes des années 1970, notamment celle pour l'avortement libre et gratuit. » n PA G E 0 2 4
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Ce regard original, qui s’attache à conter les singularités, vient aussi contraster avec l’instrumentalisation ou le mépris porté par les institutions au sujet de cette lutte fondatrice. « Il s'agit également de déplacer l'histoire de Mai 68 à Nantes, une histoire singulière, et d'oublier la parole des leaders politiques, pour la donner à des personnes moins médiatisées. » Un hommage tendre et poétique qui révèle toute l’actualité de l’esprit de révolte en démontrant le pouvoir émancipateur de la scène ! n CAMARADES, LES MALADROITS TU, NANTES, 3 AU 7 DÉCEMBRE ; CŒUR EN SCÈNE, ROUANS, 15 DÉCEMBRE ; QUARTIER LIBRE, ANCENIS, 15 FÉVRIER ; CAP NORT, NORT-SUR-ERDRE, 1ER MARS ; HENNEBONT, 12 MARS ; THÉÂTRE, LORIENT, 14 AU 16 MARS ; CENTRE CULTUREL, AURAY, 19 MARS ; LE GRAND R, LA ROCHE-SUR-YON, 21 ET 22 MARS.
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RENCONTRE / SCÈNE
« J'aime le plaisir de me perdre chaque soir » INTERVIEW / PATRICK THIBAULT
Quels sont les démons de Mesa ? n C’est quelqu’un d’écartelé car il veut se donner entièrement. D’abord à Dieu qui va le rejeter mais, selon lui, parce qu’il n’a pas su se donner entièrement. C’est donc quelque chose de difficile pour lui. Son démon principal est une forme d’incomplétude, d’indécision, d’impossibilité de choix véritable. Avoir un désir d’absolu et constater que, pour tout homme mortel, atteindre l’absolu, c’est finalement difficile à concrétiser dans la réalité, c’est dur. En quoi est-ce un rôle différent ? n Je ne me pose pas ces questions-là. La langue de Claudel est différente. Une poésie concrète, simple mais parfois une pensée complexe, savante et pleine de références bibliques. En tant qu’acteur qui travaille presque uniquement sur des auteurs contemporains même s’ils sont littéraires, c’est pour moi différent. Cette langue a une identité du fait du temps, une forme de préciosité et je ne dis pas ça dans un sens péjoratif. L’autre différence, c’est quelque chose de l’ordre du chant dans l’écriture. Que vous a appris ce rôle ? n Ça bouge tout le temps parce que ça brasse tellement de choses. Ça fait partie de ces écritures sans fond qui sont des cadeaux pour les acteurs, des langues qu’on peut réinventer tous les soirs. Si ces grandes œuvres ont résisté au temps, c’est parce qu’elles plongent dans des abimes. Dès le départ, dans la proposition d’Éric Vigner, j’étais intéressé par le gouffre que ça offrait. J'aime le plaisir de me perdre chaque soir. Quand je m’adresse à Dieu aux portes du ciel, c’est un bonheur infini car ça offre des pistes d’entrée et de jeu infinis. Le point fort de la pièce, c’est la langue ? n Avec Éric Vigner, la langue de Claudel n’est pas dogmatique sur la façon de dire le verbe. On a pu inventer ensemble la respiration possible. C’est une langue extrêmement travaillée et en, même temps, elle coule. On a l’impression qu’il était lui-même acteur, comme s’il avait écrit pour le corps. L’acteur se jette dedans. C’est une pièce autobiographique, jouer le rôle de Claudel, est-ce que c’est un plus ? n Honnêtement, je PA G E 0 2 5
PARTAGE DE MIDI / ERICVIGNER © JEAN-LOUIS FERNANDEZ
Retour à Rennes pour Stanislas Nordey. Le directeur du Théâtre National de Strasbourg est le Mesa d’Éric Vigner pour cette nouvelle version de Partage de Midi de Paul Claudel. La presse est enthousiaste. Rencontre.
m’en fous un peu car ça n’est pas un bonhomme qui me fascine. J’essaie comme à chaque fois de me l’approprier, de le ramener à moi et de voir ce que ça dit de moi. N’auriez-vous pas voulu monter la pièce vousmême ? n J’ai eu un projet qui ne s’est pas réalisé. Lorsqu’on me propose de jouer dedans, j’oublie que j’ai voulu monter la pièce sinon c’est impossible. Quand j’ai voulu monter Partage de midi, c’était pour faire un cadeau à des acteurs que j’aime. Laurent Sauvage, Emmanuelle Béart et moi en Mesa. N’est-ce pas difficile quand on est metteur en scène de jouer pour quelqu’un d’autre ? n Je suis l’acteur le plus docile au monde. Ce qui me plaît c’est de me déprendre de mon regard de metteur en scène, me glisser dans le rêve et l’esthétique de quelqu’un d’autre. C’est comme des vacances et je m’abandonne d’autant plus que j’ai la chance de pouvoir choisir des gens dont j’aime l’univers. n PARTAGE DE MIDI, TNB, RENNES, 12 AU 19 DÉCEMBRE.
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SCÈNE / TÊTE DE SÉRIE
SIMON LE MOULLEC / DR
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Prison Break TEXTE / FÉDELM CHEGUILLAUME
Du haut de son jeune âge et armé de ses expériences en tant qu’élève à la fameuse école du TNB, Simon le Moullec affiche des convictions sans faille lorsqu’il s’agit de définir la direction artistique de son dernier projet. Il faut dire que l’enjeu est grand, puisque le metteur en scène embarque aujourd’hui dans son sillage sa toute récente compagnie (Les Éclaireurs, créée en 2016) et le très beau texte de Samuel Gallet, amené de manière tout à fait inédite sur une scène de théâtre. Dans ce récit inspiré du Lysistrata d’Artistophane, la grève du sexe qui a originellement pour dessein de faire cesser la guerre entre les hommes n’est plus engagée par des femmes. Trois prisonniers-comédiens, participant à un atelier de théâtre, entendent incarner ces figures antiques et peut-être modifier l’issue de la fable, à défaut de pouvoir changer leur statut de condamnés. n On notera que le Nantais connaît bien l’univers carcéral, pour l’avoir découvert et PA G E 0 2 6
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expérimenté aux côtés de Christine Le Tailleur pendant plusieurs années, lors d’ateliers réalisés à la Centrale pénitentiaire pour femmes de Rennes. La fiction et la réalité trouveraient-elles ici leur point de chute ? Oui, mais pas seulement, puisque cette adaptation permet aussi au créateur d’ouvrir des débats ensommeillés en donnant la parole à ceux qui ne l’ont que rarement, voire jamais. Une manière d’amener au plateau un maximum de sincérité et d’engagement, et une occasion d’observer de quelle manière la nouvelle génération, auteur comme metteur en scène, se montre capable et désireuse de se serrer les coudes. n ISSUES, CRÉATION DE SIMON LE MOULLEC, TU, NANTES, 8 AU 12 JANVIER.
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FESTEN © SIMON GOSSELIN
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Secret de famille en live Après s'être attaqué au (nouveau) monde du travail dans Nobody, Cyril Teste et le (vaste) collectif MXM s'interrogent sur la mémoire. Avec Festen, une fête de famille qui tourne au drame sous le coup d'une révélation choc. Le chefd'œuvre cinématographique du Dogme95 – mouvement qui impose à ses membres des conditions de tournage ultra-réalistes – repasse ici par une série de contraintes qui sont autant d'outils pour parvenir à faire de cette performance filmique un live éblouissant où le spectateur voit naître la fable visuelle en direct. Dispositif impressionnant et sensible, le sujet n'en est pas moins bouleversant d'intimité et de violence ! n FESTEN, LE GRAND R, LA ROCHE-SUR-YON, 9 ET 10 JANVIER ; LE GRAND T, NANTES, 15 AU 18 JANVIER ; LES QUINCONCES, LE MANS, 26 ET 27 MARS.
À VIF, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 16 ET 17 JANVIER ; LE QUARTZ, BREST, 29 ET 30 JANVIER.
À VIF © NATHADREAD PICTURES
Les terres à vif Succès monumental de 2017, la pièce qui oppose le musicien et poète Kery James au comédien Yannik Landrein n’en finit pas de remplir les salles. Abordant le thème, rabâché et délicat, du «vivre-ensemble», ce tribunal éphémère a l’allure des très officiels concours d’éloquence et de plaidoirie qui font la réputation des grandes écoles et de leurs étudiants les plus licencieux. Hors de question cependant de tomber dans le pur divertissement ou la simple prouesse verbale avec cette mise en scène de Jean-Pierre Baro. Le rappeur et son compagnon, vêtus de leurs robes de maître, n’épargnent ni ne protègent jamais notre système démocratique, pointant notamment la responsabilité de l’État dans le sort réservé aux banlieues. Immanquable, que l’on souhaite s’interroger sur l’exclusion ou assister au sacre de ces deux magiciens de la rhétorique ! n
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TRISHA BROWN GROOVE & COUNTERMOVE © STEPHANIE BERGER 2017 JOYCE THEATRE
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Il était une fois Trisha Brown Une soirée Trisha Brown est forcément un événement. La chorégraphe, qui a marqué l’histoire de la danse et inspiré nombre de créateurs, a laissé derrière elle une œuvre considérable. Au point d’entrer dans le répertoire des plus prestigieux plateaux de danse. “Laissez-vous jouer…” disait-elle volontiers aux danseurs pour les inviter à s’abandonner au mouvement. Que ce soit sur des musiques de Rameau dans L’amour au théâtre, de Sciarrino dans Geometry of quiet ou de Dave Douglas dans Groove & Countermove, ce sont des pièces des années 2000 qui composent le programme. De quoi mettre en lumière l’extraordinaire modernité de Trisha Brown et le talent des danseurs de sa compagnie. n TRISHA BROWN DANCE COMPANY, 25, 26 JANVIER, LE QUARTZ, BREST ; 29, 30 JANVIER, THÉÂTRE DE LORIENT.
et aussi SCÈNE SOLEIL BLANC (JULIE BERÈS/CIE LES CAMBRIOLEURS), LE GRAND T, NANTES, 5 AU 7 DÉCEMBRE. LE CARNAVAL DES ANIMAUX, ALBIN DE LA SIMONE, VALÉRIE MRÉJEN, TNB, RENNES, 5 AU 15 DÉCEMBRE. SAÏGON, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 12 ET 13 DÉCEMBRE. MY LADIES ROCK, JEAN-CLAUDE GALLOTTA, LE GRAND R, LA ROCHE-SUR-YON, 18 DÉCEMBRE. FOCUS SUR CLAUDE BRUMACHON, THÉÂTRE SAINT-LOUIS, CHOLET, 20 DÉCEMBRE. LA DOUBLE INCONSTANCE (OU PRESQUE), ADAPTATION JEAN-MICHEL RABEUX, LE GRAND T, NANTES, 7 AU 11 JANVIER. UN AMOUR IMPOSSIBLE (CHRISTINE ANGOT/CÉLIE PAUTHE), TNB, RENNES, 9 AU 23 JANVIER. LA REPRISE, HISTOIRE(S) DU THÉÂTRE, MILO RAU, LIEU UNIQUE, NANTES, 9 AU 11 JANVIER. DANSER CASA (KADER ATTOU/MOURAD MERZOUKI), LA FLEURIAYE, CARQUEFOU, 13 JANVIER. FESTIVAL DANSE SOLO, LE QUAI, ANGERS, 15 AU 22 JANVIER. LA COLLECTION (PINTER/LUDOVIC LAGARDE), TNB, RENNES, 16 AU 25 JANVIER. MAINTENANT, GEORGE BERNANOS/JONATHAN CAPDEVIELLE, GRAND THÉÂTRE, LORIENT, 23 ET 24 JANVIER. CEUX QUI M’AIMENT (PATRICE CHÉREAU/PASCAL GREGGORY), TNB, RENNES, 29 JANVIER. PA G E 0 2 8
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30 nov — 01 déc
Translucent mould of me Laurent Millet
Exposition du 18 oct. au 20 déc. 2018 Galerie Dityvon | Bibliothèque universitaire St-Serge 11 allée F. Mitterrand 49000 Angers | Accès libre
crédits image : Malte Martin
Galerie Dityvon
Danse
verniss√ge vend®edi 30 πov dès 19h
Kalakuta Republik Serge Aimé Coulibaly
÷ Médiathèque Charles-Gautier-Hermeland ÷ Rue François Rabelais 44817 Saint-Herblain www.la-bibliotheque.com ÷ 02 28 25 25 25
Photo © Doune
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Lignes croisées PAR / VINCENT BRAUD
C’est à un état des lieux de la danse que nous invite, durant neuf jours, le festival Trajectoires, initié par le Centre Chorégraphique National de Nantes. Cette seconde édition se propose de confronter les esthétiques et d’explorer les nouvelles formes d’expression de la danse en ce début 2019. Une vingtaine de propositions pour une vingtaine de lieux (en salles mais pas que…) au fil d’un parcours où les trajectoires se croisent pour “un clash des styles et des époques”. Un festival qui invite à se mettre en mouvement(s). Alors, circulez, il y a tout à voir. FESTIVAL TRAJECTOIRES NANTES, HAUTE-GOULAINE, SAINT-HERBLAIN, 19 AU 27 JANVIER. FESTIVAL-TRAJECTOIRES.COM
THE SEA WITHIN © DANNY WILLEMS
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Fusionnel Pour la première fois, Lisbeth Gruwez vient présenter son travail à Nantes. The sea within (1), la chorégraphe flamande l’a présenté à Montreuil en mai dernier. Sur le plateau, dix danseuses portées par une musique minimaliste de Maarten Van Cauwenberghe, compositeur complice de la chorégraphe. Corps et musique semblent, ici, en fusion, pour une plongée dans une mer intérieure propice à la méditation. The sea within donne véritablement à entendre ce que nous voyons. “C’est une ode à la féminité tribale…” selon Catherine Blondeau, la directrice du Grand T. n PA G E 0 3 0
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Radical CHEPTEL © FRÉDÉRIC DESMESURE
C’est une histoire de transmission qui est, ici, proposée. Lucinda Childs (2) a marqué la danse contemporaine américaine (mais pas que…) au siècle dernier. La chorégraphe a transmis ses solos emblématiques des 70’s à sa nièce, Ruth Childs. On retrouve donc ce que fut cette danse radicale et minimaliste qui créa l’événement au festival d’Avignon en 1975. Elle y dansait un solo, Einstein on the beach de Philip Glass. Tout aussi radicale (3) l’interpellation de huit ados (de 12 à 15 ans) dans Cheptel sous la direction de Michel Schweizer. n
Naturel
NATURES / DR
Sofian Jouini fait partie de cette génération de danseurs et chorégraphes née de la vague hip hop. Son chemin a croisé ceux de Yasmin Rahmani et Brice Bernier. « Je veux faire de l’art à partager, à percevoir, à appréhender… ». Natures (4) est une invitation à entrer dans un territoire imaginaire. Comme un retour à une nature primaire, à un individu débarrassé « des images, des postures et des diktats de la société ». Pas question pour autant de prise de tête. La danse de Sofian Jouini est aussi une fête. Naturellement. n
Interactif
WAVING © VINCENT POUPLARD
Elles sont deux chorégraphes, Laurie Peschier-Pimont et Lauriane Houbey, à avoir imaginé cette rencontre entre six danseuses professionnelles et une centaine d’amateurs. Waving (5), c’est à la fois une danse chorale et un mouvement qui surfe sur des vagues musicales. Une chorégraphie qui se construit autour de la notion de “maysage”, le paysage en mouvement. Cette édition de Trajectoires multiplie ainsi les invitations à entrer dans le mouvement. On peut ainsi retrouver Willi Dorner pour un Tanz Karaoké (5) dans une ambiance Saturday night fever. n
(1) THE SEA WITHIN, 23, 24 JANVIER, LE GRAND T, (2) QUATRE PIÈCE DE LUCINDA CHILDS, 25, 26, 27 JANVIER, LE LIEU UNIQUE, (3) CHEPTEL, 22 ET 23 JANVIER, LE LIEU UNIQUE, (4) NATURES, 25, 26 JANVIER, NOUVEAU STUDIO THÉÂTRE, (5) WAVING, 25, 26 JANVIER, THÉÂTRE UNIVERSITAIRE. PA G E 0 3 1
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TÊTE DE SÉRIE / DANSE
LE PAS DE CÔTÉ TEXTE / VINCENT BRAUD
PHOTOS / JEF RABILLON
La danse a toujours fait partie de sa vie. Au Sénégal, son pays d’origine, elle était de tous les événements familiaux… Et, à l’école, Amala Dianor n’était jamais le dernier à jouer les Michael Jackson. Au point que son institutrice alerta ses parents sur ce jeune talent. Un danseur était né. « Mes copains jouaient au foot ou au volley. Moi, c’est la danse qui m’intéressait. » De là à imaginer en faire un métier, il y avait quelques pas que le jeune Amala n’imaginait pas franchir un jour. C’est à Angers, et au CNDC, qu’il entre vraiment dans la danse. Un peu complexé toutefois. Le hip hop n’avait pas encore tout à fait droit au plateau. « Je dois beaucoup à Régis Obadia et Joëlle Bouvier… » La danse devenait un espace de liberté. n Pour Amala Dianor, la danse reste une histoire de rencontres. Entre un chorégraphe et un danseur, entre les danseurs eux-mêmes. « Ce que j’essaie de faire, c’est révéler un interprète, un individu. Le danseur ne doit pas s’effacer. Il y a une proposition mais ensuite chacun s’approprie le geste et l’enrichit de sa propre histoire… et là, ça devient intéressant. » Alors, les créations s’enchaînent, révélant un chorégraphe de grand talent. n La culture street et le hip hop, Amala Dianor ne les a pas oubliés. Du hip hop, il conserve l’état d’esprit : peace, love, unity and having fun. « Le battle, c’est une confrontation et, en même temps, le respect de l’autre… » Cet état d’esprit, on le retrouve, par exemple, dans Quelque part au milieu de l’infini. Une pièce qui lui vaut une avalanche de critiques élogieuses et un statut d’artiste associé au Centquatre à Paris. Une pièce saluée, au Triangle à Rennes, lors du récent Festival TNB, par un public debout. Et on retrouve cette même générosité dans les propositions du chorégraphe pour le festival Trajectoires. « J’attache la même importance aux pièces PA G E 0 3 3
de grande envergure et à ces moments de proximité avec le public. J’ai créé Deux Si Bell pour un espace très particulier, sous un dôme art déco. C’est important aussi d’amener la danse dans des espaces qui ne lui sont pas destinés. » n Avec The Falling Stardust, c’est un autre défi qu’Amala Dianor s’apprête à relever. Une création ambitieuse (pour 9 danseurs) où la danse classique pourrait entrer dans une autre galaxie. Comme un nouveau trait d’union (!) entre des esthétiques que tout semble séparer. Pour un tel projet, il a fallu travailler deux ans pour trouver des partenaires de coproduction et des danseurs classiques qui comprennent la démarche d’un chorégraphe bien peu… classique. n C’est peu dire que cette création est attendue à Strasbourg, mi-janvier, avant une tournée qui passera par Lyon, Marseille, Montpellier mais d’abord par Baupréau-en-Mauges, Saint-Nazaire et La Roche-sur-Yon. Autant d’occasions de découvrir un chorégraphe adepte du pas de côté. n
THE FALLING STARDUST, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 22 JANVIER ; SCÈNE DE PAYS DANS LES MAUGES, BAUPRÉAU, 29 JANVIER ; LE GRAND R, LA ROCHE-SUR-YON, 5 ET 6 FÉVRIER. DEUX SI BELL, FESTIVAL TRAJECTOIRES, COUPOLE CGA, NANTES, 21 JANVIER. PAS SEULEMENT, FESTIVAL TRAJECTOIRES, ÉCOLE D’ARCHITECTURE, NANTES, 22 JANVIER. AMALADIANOR.COM
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MUSIQUE
MOLÉCULE © VINCENT BONNEMAZOU
120 degrés par minute Pour sa nouvelle soirée à la Carène, Astropolis entend souffler le chaud brûlant et le (très) froid avec trois invités de marque. D'un côté, le producteur breton Molecule qui revient du Groenland avec un -22.7°C sous la parka, album aux sonorités techno, acid et ambient glacées sans être glaçantes. De l'autre, The Driver aka Manu le Malin et sa techno hardcore chauffée à blanc. Entre les deux, le désormais césarisé Arnaud Rebotini, légende de la scène électronique hexagonale, dont la fameuse relecture du Smalltown Boy de Bronski Beat oscille idéalement entre aridité électro et chaleur analogique. n ASTROCLUB : MOLECULE -22.7°C LIVE + ARNAUD REBOTINI + THE DRIVER, LA CARÈNE, BREST, 14 DÉCEMBRE.
La femme 2018 « Prends garde, sous mon sein la grenade ». Dès l'ouverture de son premier album, le bien nommé Sainte Victoire, Clara Luciani annonce la couleur. Celle d'une artiste prête à en découdre, chantre (et chanteuse) d'un féminisme nouvelle génération, c'est-à-dire n'ayant pas peur du féminin. Ni de La Femme d'ailleurs, groupe dans lequel elle a fait ses débuts. En solo, la grande brune à frange épate surtout par la variété (un terme qui ne rebute plus la nouvelle scène branchée – coucou Juliette Armanet) de couleurs de ses morceaux, entre ballades intimistes et pop des années 2010, donc un peu des années 80. n CLARA LUCIANI, FUZZ’YON, LA ROCHE-SUR-YON, 7 DÉCEMBRE ; L’ENTRACTE, SABLÉ, 8 DÉCEMBRE ; STEREOLUX, NANTES, 24 JANVIER ; L’ARCHIPEL, FOUESNANT, 7 FÉVRIER ; THÉÂTRE ANNE DE BRETAGNE, VANNES, 22 MARS. PA G E 0 3 4
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CLARA LUCIANI © MANUEL OBADIA-WILLS
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La joie pour nouvel ordre
PETER HOOK / ALBERT HALL SE29T2018 © JODY HARTLEY
La reformation est presque devenue un passage obligé pour les groupes cultes. Entouré de sa formation The Light, Peter Hook invente un nouveau concept : celui du musicien fâché avec ses anciens compères, décidé à se réapproprier sous son propre nom les morceaux de son groupe passé. Enfin, de ses groupes, puisque Hooky a tenu la basse aussi bien dans Joy Division que dans New Order. Un musicien au jeu mélodique reconnaissable entre mille, et qui n'est pas étranger à la réussite d'un titre comme Love Will Tear Us Apart. Un sacré bon vivant également dont la bonhomie se transcrit sur scène, la basse tombant sur les genoux, loin, très loin du ténébreux Ian Curtis. n
CHASSOL © ALAIN SACREZ
PETER HOOK & THE LIGHT, STEREOLUX, 17 JANVIER ; LA NOUVELLE VAGUE, SAINT-MALO, 18 JANVIER.
Comme un Ludi Après La Nouvelle-Orléans (Nola Chérie), l'Inde (Indiamore) et la Martinique (Big Sun), le surprenant pianiste Chassol est de retour avec un projet beaucoup moins balisé géographiquement. Ludi, présenté en première mondiale au LU et inspiré du roman de Hermann Hesse, Le Jeu des perles de verre, a été imaginé entre Paris et Tokyo. Imaginé et même filmé, puisque l'ex-accompagnateur de Phoenix et Sébastien Tellier a la particularité de toujours jouer sur des images qui, par un procédé d’harmonisation vocale, viennent interférer en direct avec sa musique. Rencontre rêvée de Steve Reich et d'Herbie Hancock… n CHASSOL, CRÉATION DE LUDI, LIEU UNIQUE, NANTES, 19 JANVIER. PA G E 0 3 5
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MUSIQUE
Symphonies et du beau monde Quel lien entre Clarika, Sanseverino, Cyril Mokaiesh et Romain Didier ? Tous sont fans d'Alain Leprest, qu'ils reprennent accompagnés de l’ONPL. Un formidable écrin pour les chansons hautement poétiques du chanteur disparu en 2011 mais qui s'imposait puisqu'il fait écho au disque posthume de l'artiste, Leprest Symphonique. Dans ce chef-d'œuvre crépusculaire, Sanseverino et le compère de toujours Romain Didier donnaient déjà justement de la voix. Un album aux arrangements dignes de ceux d'un autre regretté, Gérard Jouannest (Brel, Greco…), dont on est forcément pressé d'entendre la version live. n LEPREST SYMPHONIQUE, SALLE PAUL FORT LA BOUCHE D’AIR, NANTES, 25 AU 27 JANVIER ; CENTRE DE CONGRÈS, ANGERS, 14 JUIN.
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et aussi MUSIQUE OTZEKI + LENPARROT, STEREOLUX, 4 DÉCEMBRE. GRAND BLANC + REQUIN CHAGRIN, LA BARAKASON, REZÉ, 6 DÉCEMBRE. ANGÈLE, LE CHABADA, ANGERS, 6 DÉCEMBRE ; STEREOLUX, 30 JANVIER. DEROBERT & THE HALF TRUTHS, VIP, SAINT-NAZAIRE, 6 DÉCEMBRE. KERY JAMES, STEREOLUX, 7 DÉCEMBRE. HILIGHT TRIBE, CHABADA, ANGERS, 7 DÉCEMBRE. THERAPIE TAXI, STEREOLUX, 8 DÉCEMBRE. CHARLOTTE GAINSBOURG, STEREOLUX, 9 DÉCEMBRE. FEU ! CHATTERTON, STEREOLUX, 13 DÉCEMBRE. MUNGO’S HIFI, CHABADA, ANGERS, 14 DÉCEMBRE. WINSTON MCANUFF + FIXI, LA NOUVELLE VAGUE, SAINT-MALO, 15 DÉCEMBRE. LES ROCKEURS ONT DU CŒUR, STEREOLUX, 15 DÉCEMBRE. LORD ESPERANZA, CHABADA, ANGERS, 15 DÉCEMBRE. FRANÇOISE FABIAN, TNB, RENNES, 18 ET 19 DÉCEMBRE. BIRTH OPF JOY, UBU, RENNES ; 18 DÉCEMBRE. JESSICA93 + THE DIZZY BRAINS, LA NOUVELLE VAGUE, SAINT-MALO, 20 DÉCEMBRE. CARTE BLANCHE À VINCENT SEGAL, AUDITORIUM/LA SOUFFLERIE, REZÉ, 10 AU 12 JANVIER. COLUMBINE, LIBERTÉ, RENNES, 17 JANVIER. ISLA, SALLE PAUL FORT LA BOUCHE D’AIR, 17 JANVIER. NO TONGUES, LES VOIES DE L’OYAPOCK, PANNONICA SALLE PAUL FORT, NANTES, 18 JANVIER. SARAH MCCOY, CHAPELLE SAINT-SAUVEUR, SAINT-MALO, 19 JANVIER. FAIR, LE TOUR, INÜIT + HALO MAUD, LA CARÈNE, BREST, 24 JANVIER. RHODA SCOTT LADY QUARTET, CAPELLIA, LA CHAPELLE-SUR-ERDRE, 24 JANVIER. HER, LA NOUVELLE VAGUE, SAINT-MALO, 25 JANVIER ; LA CARÈNE, BREST, 26 JANVIER. GRINGE + TERRENCE, FUZZ’YON, LA ROCHE-SUR-YON, 26 JANVIER. HAILEY TRUCK, LA FLEURIAYE, 30 JANVIER. BALOJI, LE CHABADA, ANGERS, 31 JANVIER. PA G E 0 3 6
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Pick Up Production présente
du 14 FEV au 3 MARS
2019 NANTES & AGGLO
23 — 24 janv
GREMS DISIZ / PLK ALPHA WANN JARREAU VANDAL EVIL NEEDLE BATTLE OPSESSION HOMEBOY SANDMAN & EDAN / ALFA MIST XL (SADAT X & EL DA SENSEI) KIKESA INFINIT’ GROS MO EMMANUEL JAL & NYARUACH BLU SAMU BASTARD PROD DOPE SAINT JUDE POCKEMON CREW DJ PHAROAH invite MARC HYPE JOE LUCAZZ EKLIPS TEAM PUNK END OF THE WEAK DJ STRESH K.S.A. ODOR SKUNA DISQUETTE SOFTWARE AS TEC BABY BLACK TERENCE
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M U S I Q U E / F E S T I VA L T R A N S M U S I C A L E S
LA CARTE DE TRANS TEXTE / ANTONIN DRUART
Des Trans aux Bars du même nom, il n'y a qu'un pas que nous franchissons en chanson, plus aisément que le Rubicon. Outre l'alignement de perles internationales, les deux entités proposent un panel de joyeux joyaux locaux. Loin de la célébration des 40e que nous ne boudons pas, petit filtrage au tamis des pépites qui vous mettront au tapis. 40 E TRANS MUSICALES, RENNES, DU 5 AU 9 DÉCEMBRE LESTRANS.COM / BARSENTRANS.COM
Régis est un bon Le projet de l'ancien Wankin' Noodles Régis Thomas, ceinturé par de savants énervés du rock rennais, plonge son spleen dans une moite noirceur, et c'est réjouissant. Ne pas confondre avec Rex Regis le rappeur anglais. RexRegis from Rennes, ce serait plutôt comme un Polnareff contaminé par la folie des Stranglers puis violenté dans une cabine téléphonique par les larsens lascifs des débuts du Velvet. Un Christophe qui prostitue ses marionnettes contre un shoot de guitare/basse/batterie dans un caniveau new-yorkais. Un Balavoine enroué et balafré à qui on aurait dérobé tous ses coûteux synthés doucereux avant de l'enterrer vivant dans un caveau ajouré, laissant s'écouler ses mélopées lancinantes. REXREGIS LE TAMBOUR, 5 DÉCEMBRE ; L’ÉTAGE, VENDREDI 7 DÉCEMBRE. REXREGISMUSIC.BANDCAMP.COM
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ATOEM DE SAVOIR Finie la house filtrée aux doigts boudinés, places aux serres crochues d'Atoem, totem asservi à la vie viscérale plutôt qu'au vide ordurier. Une électro organique et grouillante comme on les sème, qui offre des verres d'éther servis par ses deux anticorps de métier, qui savent déverser de la sauce salace sur leur drôles de machines, d'avides airs bidouillés plus subtils que David Douillet, moulinets rusés jouant à la roulette russe usinée, fous du violent autant que de l'important vent planant, synthés tisés dans des gobelets en plastique en sortie de barres d'ennuis, à la recherche de l'after promis. ATOEM HALL 9, PARC DES EXPOSITIONS, VENDREDI 7 DÉCEMBRE. ATOEM.BANDCAMP.COM
HAUTS SOLEILS Adulé par l'Angleterre et les ÉtatsUnis, le trio des Blind Suns diffuse sans réserve ses airs de réverb, naviguant à vue entre psychédélisme et son pop-rock. Fermez les yeux. Ne soyez pas les seuls à porter le deuil. Le soleil n'est pas mort, pas seul non plus. Ils sont plusieurs, aveugles, certes, mais pas sourds pour un sou, et encore moins manchots. Ces bandits vous réchauffent les oreilles, au creux desquelles colle encore un doux sable californien. Une chanteuse polonaise et deux musiciens angevins vous transportent dans leur Combi orange entre Big Sur et Palo Alto, là où le temps surfe sur les sixties. THE BLIND SUNS L'ÉTAGE, JEUDI 6 DÉCEMBRE. + LE JARDIN DE VERRE, CHOLET, 16/12 ; LA SOUFFLERIE, REZÉ, 22/02 THEBLINDSUNS.BANDCAMP.COM
Colorado Kids Signés sur le label Elephant&Castle, au même titre que Praa ou Maximilien, qu'ils invitent en featuring sur certains de leurs titres, les post-post-ados de Colorado délivrent les clés d'une électro pop colorée. Trop souvent réduits à leur influence Métronomyque, les deux de Colorado, Martin Audrezet et Charles Urvoy, savent s'aventurer dans des paysages plus variés, dignes de l'état américain du même nom. Non contents de longer des plaines planantes à base de nappes frénétiques, ils peuvent aussi partir dans des montées escarpées dignes des Rocheuses, parfaites pour inciter au dancefloor et arrondir les faims de moite par leur sensualité. COLORADO LES BARS EN TRANS, CAFÉ DES CHAMPS LIBRES, SAMEDI 8 DÉCEMBRE.
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MUSIQUE / TÊTE DE SÉRIE
WOMAN IN THE MIRROR TEXTE / ANTONIN DRUART
PHOTO / JOAN CASANELLES POUR KOSTAR
Tubes icôniques clipés, précocité impressionnante issue d'un berceau mélomane fécond, empirisme musical... On ne sait pas quand Praa aura droit à son expo au Grand Palais mais elle emprunte une voie tracée par des empreintes de souliers vernis marchant à reculons vers la lune, des dalles s'illuminant sur son passage. On grossit les traits pour rendre hommage à Michael Jackson, l'une de ses idoles, mais son destin s'annonce très prometteur. Naissance à Valence, pour suivre ensuite le mouvement des parents à Lorient. Marion a douze ans et s'inscrit au conservatoire, pour se spécialiser dans le chant lyrique et le gospel, elle qui fredonne et crée des spectacles depuis son tout jeune âge. Un an après, elle fait partie des précurseurs des vidéos Youtube et Dailymotion en postant des reprises de Clapton et consorts. Devenue Mayer, Marion se produit dans les bars dès quinze ans, puis intègre le Same Old Band, qui jouera (déjà) aux Trans et aux Vieilles Charrues. Aiguisant son registre folk en affûtant ses textes et ses compositions, Marion Mayer jouera aussi en première partie d'Arthur H, entre autres. n Mais elle ne compte pas en rester là, saisissant vite les limites du rite guitare sèche voix, et décide de passer de l'acoustique à l'analogique. C'est à Rennes qu'elle rencontre son Quincy Jones à PA G E 0 4 0
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elle, en la personne de Julien Vignon, AKA Timsters. À eux deux, ils créent le son de Praa, un R'n'B résolument moderne piochant dans le meilleur du groove et de l'électro, qu'elle joue en live accompagnée d'une poignée de musiciens expérimentés. L'écriture s'abreuve d'observation du réel autant que de références cinématographiques, pour se muer en message universel sur la place de la femme dans notre société, la volonté de se réaliser, et l'amour aussi. Praa porte-parole ? « Je porte ma parole en tout cas. » L'alchimie prend si bien qu'elle est repérée pour jouer au Reeperbahn d'Hambourg, festival défricheur, équivalent allemand de nos chères Trans Musicales. De son passage à L'Étage, elle confie « avoir plus hâte que peur. Pas que ce soit passé, mais hâte d'y être. Je me sens prête. » Hâte partagée. n PRAA LES TRANS MUSICALES, L’ÉTAGE, RENNES, 7 DÉCEMBRE. LAURÉATE SÉLECTION FAIR 2019.
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MUSIQUE / ENTRETIEN
A MAJUSCULE INTERVIEW / MATTHIEU CHAUVEAU
PHOTOS / PHILIPPE LEBRUMAN
Deux albums sortis à six mois d'intervalle suivis de deux tournées, un livre qui fait le point sur un parcours sans faute (Ma vie en morceaux chez Flammarion). En 2018, Dominique A chante La Fragilité mais fête ses 50 printemps avec force. Tout en semblant prendre un nouveau départ sans se trahir, à l'image de son retour à Nantes trois décennies après y avoir débuté sa carrière. Rencontre avec l'éternel chef de file de la "nouvelle" scène française. Deux albums coup sur coup, est-ce que c’était pour casser la routine ? n Un peu, oui. Il y avait cette envie de faire deux tournées différentes : l'une en groupe pour les salles rock et l'autre en solo pour les théâtres. De là est venue l'idée de deux répertoires distincts. Je me disais aussi que dans un contexte de disparition de l'objet disque, c'était une façon originale, en cassant les codes, de continuer à en produire avant que la messe soit vraiment dite.
« JE SUIS TOUJOURS SIDÉRÉ À L'IDÉE QUE LES GENS AIENT ENVIE DE VIVRE À PARIS ! » Derrière les apparences, l'électrique Toute Latitude et l'acoustique La Fragilité ne sont-il pas des albums liés par leurs thématiques ? n Ils ont été écrits en même temps et j'ai l'impression que j'établis des ponts entre chacun de mes disques. C'est aussi le cas entre La Fragilité, Éléor et La Fossette. Il est évident qu'aucun disque n'est totalement isolé, notamment quand tu commences à en avoir cinq ou six au compteur et que tu as un peu défriché le terrain. Me concernant, c'est à partir de L'Horizon en 2006 que j'ai senti qu'un truc se dessinait vraiment, et que j'allais d'une certaine manière commencer à me répéter. Qu'en connaissance de cause, je pouvais faire que les disques se répondent les uns aux autres. PA G E 0 4 3
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Vous répéter, pas tant que ça, puisque que des chansons comme Corps de ferme à l'abandon ou Le grand silence des campagnes évoquent la ruralité d'une manière réaliste assez inédite chez vous… n Oui et non. Au début, on a pu m'associer au cliché de la chanson d'appartement. Mais rapidement, des chansons qui ont eu trait à des environnements naturels. Là, c'est plus marqué mais il est clair qu'un titre comme Close West, sur Vers les lueurs, faisait déjà écho aux deux chansons citées. J'aime bien parler de la campagne avec des instruments électriques, des arrangements très tendus, urbains, comme dans Corps de ferme à l'abandon. Faire se confronter le propos avec une musique qui a priori n'est pas faite pour évoquer ces choses-là. Ce thème de la ruralité est-il à mettre en lien avec votre retour à Nantes ? n Je ne sais pas. J'avais surtout le sentiment que c'était des choses assez peu abordées en chanson, ou alors sous un angle pastoral, folk, et que ça pouvait être intéressant de les détourner pour aller sur des terrains un peu neufs. Ça répond aussi à un trait d'époque puisque dans d'autres domaines artistiques, dans le cinéma ou le polar, pas mal d'œuvres prennent la cambrousse comme cadre pour développer des intrigues. J'ai l'impression que je participe de ça, comme si on avait une sensation de manque par rapport à toute une portion du territoire peu évoquée.
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MUSIQUE / ENTRETIEN
Vous auriez pu vous installer à Paris comme beaucoup d'artistes… n Je suis toujours sidéré à l'idée que les gens aient envie de vivre à Paris ! J'adore passer du temps là-bas, mais le contraste entre la magnificence de la ville et la pauvreté qui s'y déploie est beaucoup trop violent. Vivre dans une ville pareille avec des rapports humains aussi tendus, pour moi, c'est une aberration.
« J’AI BIEN CONSCIENCE DE NE PAS INCARNER L'AVANT-GARDE. » Justement vous avez l'air de plus en plus concerné par l'état du monde. Notamment depuis Rendez-nous la lumière en 2012… n Avec ce titre, je me suis fait un peu déborder. Je ne me rendais pas compte à quel point j'allais vers quelque chose de nouveau. Sur le coup, j'avais l'impression d'enfoncer des portes ouvertes et, en même temps, j'en avais marre de tourner autour du pot et d'être dans un certain détachement. Avant, je me laissais porter par des images. Il y avait déjà une forme de colère mais un peu tapie en moi. Elle s'exprimait peut-être physiquement sur scène mais n'était pas en rapport avec un propos.
DOMINIQUE A LE LIEU UNIQUE, NANTES, 18 ET 19 DÉCEMBRE ; THÉÂTRE MUNICIPAL, REZÉ, 20 DÉCEMBRE ; LE CANAL, REDON, 16 JANVIER ; PÔLE CULTUREL, BELLEVIGNEEN-LAYON, 17 JANVIER ; LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 18 JANVIER ; THÉÂTRE DE VERRE, CHÂTEAUBRIANT, 2 FÉVRIER ; LA ROUTE DU ROCK HIVER, RENNES, 20 FÉVRIER.
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Vous avez longtemps été le symbole d'une certaine chanson alternative. Estce toujours le cas ? n Disons que je me sens un peu comme un vieux meuble, une armoire normande. Ce qui me rassure, c'est que je reste ouvert musicalement et que je continue à aimer de nouvelles choses. Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est de développer mon propos musical et textuel en restant pertinent mais j'ai bien conscience de ne pas incarner l'avant-garde. En quelque sorte, des gens comme moi se sont “Thiéfainisés”. C'est inévitable au bout d'un moment. C'est une autre période mais ce sont des carrières pas si éloignées dans la mesure où aujourd'hui Thiéfaine est installé après avoir été longtemps dans la marge. Vous avez récemment repris Cabrel et, il y a quelques années, écrit pour Calogero. La variété vous fait-elle de moins en moins peur ? n J'ai toujours trouvé ce terme bizarre. Je vois à quoi ça correspond musicalement mais je ne comprends pas pourquoi on a utilisé ce mot. Souvent, la caractéristique de la variété est justement de ne pas être très variée ! En 1993, je reprenais déjà Christophe et à l'époque, c'était loin d'être SAISON 13 / NUMÉRO 63
une icône. C'était plutôt le chanteur ringard d'Aline. J'aime les belles chansons populaires mais la variété renvoie toujours à des codes un peu honteux. Des codes de séduction que j'ai toujours plutôt rejetés. Je peux aimer des morceaux dits de variété comme tout un chacun et écraser une petite larme sur une chanson de Dave mais ce n'est pas un truc que je revendique (sourire). Quel regard portez-vous sur le Dominique A jeune, dont on peut découvrir la chambre dans l'expo sur le rock nantais ? n Un regard plutôt bienveillant. C'était une époque ou j'étais assez inconscient de tout. J'étais déterminé sur ce que j'avais envie de faire et j'y suis arrivé avec La Faussette. Je suis assez fier d'avoir tenu bon et de ne pas avoir transigé sur le fait de sortir un disque avec un son aussi aride. Parce que finalement, ce qui a marqué, c'est l'arrivée de ce son-là, qui répondait en temps réel à la lo-fi américaine. Un marqueur de l'époque, c'est aussi qu'on nous laissait du temps pour commettre beaucoup d'erreurs et développer une forme d'amateurisme qui aujourd'hui serait complètement inconcevable. Les musiques qui nous parviennent maintenant, même le pire truc, il est carré, bien produit. Enregistrer chez vous à Trentemoult, estce que c’était pour retrouver ça ? n J'ai toujours aimé l'enregistrement domestique. Là, je me suis équipé d'un 8 pistes, qui implique de faire des choix draconiens en termes d'arrangements, de ne pas être tenté de charger la mule. De faire en sorte que chaque enluminure corresponde à un besoin précis. Cela permet aussi une forme de lâcher-prise lié au fait qu'il n'y a personne pour m'écouter ou me juger en direct. Qu'on le veuille ou non, en studio, il y a toujours l'idée de performance. Là, cela se jouait entre moi et moi, avec le charme des premières prises. Entre vous et vous mais aussi entre vous et la Loire, puisque votre maison donne directement dessus… n Oui, mais c'est sous les toits, donc quand j'enregistre, j'ai surtout un mur blanc en face de moi. Les images sont internes mais la Loire est là, c'est sûr. Je la sens. Il y a un cadre (sourire). D'ailleurs, quand j'arrive dans un nouveau lieu de vie, c'est toujours ce qui m'inquiète : est-ce que l'endroit où je vais vivre va être inspirant ? On ne sait jamais… Là, je crois que je suis rassuré. n
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©Jerôme Witz
JAZZ
Les Sables d’Olonne
SAISON culturelle 2018 | 2019
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Mélanie DE BIASIO Lilies
SAMEDI 2 FÉVRIER 20H30 | LES ATLANTES Office de tourisme des Sables d’Olonne billetterie@otls.fr | 02 51 96 85 78 Programmation sur www.lessablesdolonne.fr
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TONI ERDMANN © KOMPLIZEN FILM
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PERSONNE AU SECOND PLAN TEXTE / MATTHIEU CHAUVEAU
L'un a sorti son premier film en 1965, les autres dans les années 2000. Au Festival Premiers Plans 2019 sont à l'honneur aussi bien Costa-Gavras que les figures de la Nouvelle vague allemande Maren Ade et Valeska Grisebach. Pour un festival dédié aux premières œuvres de cinéastes européens, la rétrospective Almodóvar prenait tout son sens l'an dernier, tant l'univers du chef de file de la Movida a été – et reste – associé à l'idée de jeunesse. À côté, Costa-Gavras, à l'honneur cette année, malgré son engagement jamais démenti, fait figure de cinéaste quasi institutionnel. À 85 ans, il présente à Angers l'intégralité de ses films "en présence de ses principaux collaborateurs/trices et comédien(ne)s". Les paris sont donc ouverts : Mathieu Kassovitz pour Amen ? José Garcia pour Le Couperet ? André Dussollier pour le presque oublié La Petite Apocalypse ? Et pourquoi pas (carrière internationale !) Sissy Spacek pour Missing ? n Les castings luxueux, c'est bien beau… mais côté découvertes ? Hormis la sélection officielle, qui dénichera peut-être les Desplechin et François Ozon de demain, deux jeunes cinéastes d'outre-Rhin sont à l'hon-
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neur, Maren Ade (Toni Erdmann) et Valeska Grisebach (Western). Deux réalisatrices parmi les plus inventives en Europe, qui ont aussi la particularité d'être des femmes, dans un métier où elles restent ultra-minoritaires. Ce qui leur fait un point commun avec la présidente vedette du jury de l'an dernier Catherine Deneuve (et oublions la polémique post-#metoo !) à qui succédera le réalisateur d'animation néerlandais Michael Dudok de Wit. Comment faire suite à une légende vivante du 7e art ? En prenant l'antistar par excellence, plus habitué à se réfugier derrière fusains et crayons qu'aux feux de la rampe, malgré l'adoubement du studio Ghibli (Miyazaki) pour son chef-d'œuvre La Tortue rouge. n FESTIVAL PREMIERS PLANS ANGERS, 5 JANVIER AU 3 FÉVRIER. PREMIERSPLANS.ORG
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CINZIA CAMPOLESE / DR
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Entrez dans la lumière Stereolux continue de nous offrir des propositions d’expos liées au numérique et au travail de la lumière. La salle nantaise poursuit aussi sa collaboration avec Montréal. Si le nom de Cinzia Campolese n’a rien de québécois au premier abord, c’est parce qu’elle est italienne. Ce qui ne l’empêche pas d’être l’une des artistes les plus en vue de la scène montréalaise. Sa matière, c’est la lumière qu’elle dompte et sculpte véritablement. Avec Broken Panorama et Lost Intersections, ses deux pièces, elle propose une immersion qui a pour but “de déformer et dilater la perception de l’espace”. À partir de là, le visiteur qui s’abandonne devient l’acteur d’un voyage hypnotique. n CINZIA CAMPOLESE, STEREOLUX, NANTES, 28 NOVEMBRE AU 16 DÉCEMBRE.
Poésie de l’espace On aime beaucoup l’artiste Laurent Millet dont on croise la route régulièrement. Après une exposition au Musée des beaux-arts d’Angers en 2014 et une toute récente au Centre d’art contemporain de Pontmain, on le retrouve à la galerie Dityvon. Photographe et plasticien du sensible, il crée des objets pour les mettre en scène et les photographier in situ ou dans son atelier. Cet imaginaire débordant séduit, intrigue et pose question. Une ballade poétique doublée d’une variation sur le statut de l’image que chacun perçoit à son rythme selon son état d’esprit. n LAURENT MILLET, TRANSLUCENT MOULD OF ME, GALERIE DITYVON, ANGERS, JUSQU’AU 20 DÉCEMBRE. PA G E 0 4 7
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PAR-DELÀ L’HORIZON LIQUIDE © PHILIPPE PIRON
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Retour vers le futur Suivant sa ligne exploratrice, le lieu unique invite des artistes singuliers pour traiter des changements du monde qui sont devant nous. Au carrefour des esthétiques, la commissaire estonienne a invité des artistes qu’on n’a pas l’habitude de voir et qui nous viennent des pays du Nord de l’Europe aux trains de vie résolument différents. Ainsi, on est vite chamboulé par des perceptions différentes voire opposées, des univers forts et tranchés qui ne semblent pas sortir de la même époque. Ce décalage ajoute au trouble provoqué par les artistes en quête d’humanité. n PAR-DELÀ L’HORIZON LIQUIDE, LIEU UNIQUE, NANTES, JUSQU’AU 6 JANVIER.
NANTES, 1886 : LE SCANDALE IMPRESSIONNISTE © MUSÉE D'ARTS DE NANTES, C. CLOS
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Vous avez dit scandale ? En 1886, Nantes organise un grand salon d’art présentant les artistes de l’époque. 1 800 œuvres sur le cours Saint-André pour une affluence record. Tout se serait bien passé si les impressionnistes n’avaient pas pris part à l’événement. Cette irruption de la modernité à Nantes fit scandale à grand renfort de polémiques dans la presse. C’est néanmoins à partir de là que la politique d’acquisition du Musée et des collectionneurs évolue. L’exposition de 80 œuvres au cœur du patio du Musée d’arts ne fera pas scandale tant il est n’est pas aujourd’hui évident de saisir l’avant garde des Renoir, Sisley, Seurat. Mais elle a le mérite de rappeler à quel point la modernité fait souvent débat, quelle que soit l’époque. n NANTES, 1886 : LE SCANDALE IMPRESSIONNISTE, MUSÉE D’ARTS, NANTES, JUSQU’AU 13 JANVIER.
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Papier sculpté
ANGELA GLAJCAR / LES 3 CHÂ / DR
Exposition après exposition, le centre d’art Les 3 Châ de Chateaugiron s’inscrit plus avant dans le paysage de l’art contemporain régional. Le secret, c’est le parti-pris des installations in situ dans un lieu du patrimoine qui s’y prête magnifiquement. Après les incroyables piscines gonflables multicolores de Nils Völker, l’artiste allemande Angela Glajcar abat la carte de la fragilité. Son matériau de prédilection est le papier dont elle aligne les feuilles suspendues. Elle déchire ensuite à la main de grands trous à l’intérieur et chacun est invité à découvrir le paysage qu’il imagine. La magie du lieu joue alors tout son rôle ajoutant la profondeur de champ et le côté aérien de l’installation qui plane dans les airs. n ANGELA GLAJCAR, LES 3 CHÂ, CHÂTEAUGIRON, JUSQU’AU 19 JANVIER.
Changer la vie Le design s’expose trop rarement en région. Ici, c’est la réunion des projets de fin d’études des étudiants de l’École de Design Nantes Atlantique. 20 projets sélectionnés parmi 196. Comme chaque année, on est séduit par la sensibilité des étudiants qui ont à cœur d’intervenir sur les champs du mieux vivre et du vivre ensemble. Faciliter la communication intergénérationnelle au sein des familles, prévenir les comportements sexistes de l’enfance, changer l’expérience de l’espace public dans les lieux du patrimoine… Des propositions assumées qui redonnent confiance en l’avenir. n DESIGN : L’EXPO, CALE 2 CRÉATEURS, NANTES, JUSQU’AU 23 JANVIER. PA G E 0 4 9
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CÉCILE BART, SUSPENS @ GENEVA, MAMCO, GENÈVE, 22 FÉVRIER - 6 MAI 2012 © CÉCILE BART
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Écrans pluriels À Nantes, le grand public connaît bien le travail de Cécile Bart puisque son installation Panneaux/ écrans se déploie juste sous le toit de la verrière des Galeries Lafayette. L’exposition du FRAC Bretagne est l’occasion de découvrir toutes les facettes du travail de l’artiste qui invite le visiteur à un parcours immersif total. D’une ampleur exceptionnelle, l’exposition réunit panneaux de voiles peints qui renouvellent le monochrome mais aussi murs peints et vidéos de telle sorte que l’espace se renouvelle sans cesse. n CÉCILE BART, EFFET D’HIVER, FRAC BRETAGNE, RENNES, 21 DÉCEMBRE AU 10 MARS.
et aussi
EXPOS
DOMINIQUE DE BEIR, ANNEXES ET DIGRESSIONS 1, ARTOTHÈQUE, VITRÉ, JUSQU’AU 23 DÉCEMBRE.
OTTO DIX, ESTAMPES, MUSÉE DE L’ABBAYE SAINTE-CROIX, LES SABLES D’OLONNE, JUSQU’AU 13 JANVIER.
ARGONE, V.I.T., LA GÂTERIE, LA ROCHE-SUR-YON, 1ER DÉCEMBRE AU 5 JANVIER.
COSMORAMA, DIPLÔMÉS DE L’EESAB, MUSÉE DES BEAUX-ARTS, RENNES, 14 DÉCEMBRE AU 13 JANVIER.
CORITA KENT, LOUIDGI BELTRAME, ALEXANDRE LAVET, PASSERELLE, BREST, JUSQU’AU 5 JANVIER.
PETITS FORMATS & ŒUVRES SUR PAPIER, GALERIE ONIRIS, RENNES, 19 DÉCEMBRE AU 26 JANVIER.
SPOLIA, UN PROJET DE GUILLAUME DESANGES ET MOUNTAINCUTTERS, LE GRAND CAFÉ, SAINT-NAZAIRE, JUSQU’AU 6 JANVIER.
ATELIERS INTERNATIONAUX MANUFACTURING NATURE / NATURALIZING THE SYNTHETIC, FRAC DES PAYS DE LA LOIRE, CARQUEFOU, JUSQU’AU 27 JANVIER.
DONATION YVES MILLECAMPS, TAPISSERIES ANNÉES 60/70, MUSÉE JEAN LURÇAT, ANGERS, JUSQU’AU 6 JANVIER. ARCHIVES #4, BLAZERS/BLASONS, PARADISE, NANTES, 5 DÉCEMBRE AU 9 JANVIER.
FAIS-MOI SIGNE, MALTE MARTIN, MÉDIATHÈQUE, SAINT-HERBLAIN, JUSQU’AU 12 JANVIER.
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FRANÇOIS AVRIL, ATELIER D’ESTIENNE, PONT-SCORFF, 12 JANVIER AU 17 MARS. RETOUR(S) DE GUERRE, ARCHIVES DÉPARTEMENTALES, NANTES, JUSQU’AU 7 AVRIL.
CORENTINE LE PIVERT ET NICOLAS GÉROT, L’APPARTÉ, IFFENDIC, JUSQU’AU 11 JANVIER.
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BYRD, L’ENVOLÉE, PHAKT, RENNES, 11 JANVIER AU 8 FÉVRIER.
MITCHELL/RIOPELLE, UN COUPLE DANS LA DÉMESURE, FONDS HÉLÈNE & ÉDOUARD LECLERC, LANDERNEAU, 16 DÉCEMBRE AU 22 AVRIL 2019.
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ARCHIVES DÉPARTEMENTALES 6 rue de Bouillé à Nantes Information et programmation : 14-18.loire-atlantique.fr
UNE EXPOSITION DU DÉPARTEMENT
Conception graphique : Laurent Dupuis – estampes.com pour saga.bzh
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CARTE BLANCHE À UN ARTISTE
PIONNIERS PAR
TEXTE / PATRICK THIBAULT
Pour Kostar, JERONIMO présente, sous le titre Pionniers, une série de dessins qui dévoilent une nouvelle étape dans son processus de création. Au-delà d’un simple travail d’illustration, l’artiste se passionne aujourd’hui pour la décomposition et la reconstruction du paysage. Jérôme Maillet, alias JERONIMO, semble en mutation quasi permanente. Après des études à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art, il a enchaîné avec une formation d’architecte. C’est dans cet entre-deux qu’il a puisé les composantes que l’on retrouve dans son travail artistique. « Je me suis passionné pour les sciences sociales liées à la personne, comment elle vit et trouve sa place. Ce que j’aime dessiner c’est la relation à un territoire ». n On connaît de lui de nombreuses affiches et sérigraphies de villes et/ ou monuments qui traduisent cette double passion pour le dessin et la construction. Grâce à un autre Jérôme (Désert), un ami artiste de Bruxelles, il se met au grand format sur des murs, d’abord à Dakar où il a vécu : « un terrain de jeu fascinant ». n Aujourd’hui, JERONIMO entend « résister aux idées un peu trop évidentes ». Cette série des Pionniers amorce un changement qui semble encore à ses débuts : « J’explore cette thématique de personnes au contact d’un lieu PA G E 0 5 2
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qu’elles regardent et fantasment sans limite. Les pionniers voient grand et se laissent emporter par une espèce de folie ». Les nuages en noir et blanc viennent de la série Fracas et sont reliés à un travail que JERONIMO mène en collaboration avec Gaëtan Chevrier et Tangui Robert sur les carrières. L’Angevin d’origine, qui a grandi au milieu des carrières d’ardoises et des constructions troglodytes, se passionne pour ce moment où la roche se brise, « instant fascinant et terrible avec cette fumée qui se déploie dans un paysage qui change irrémédiablement ». Comme l’artiste dont on soupçonne que le meilleur reste à venir. n EXPOSITION PERMANENTE BOUTIQUE MIRA, NANTES ET SUR LES MURS DU RESTAURANT LULUROUGET À NANTES. EXPOSITION VERSANTS AVEC GAËTAN CHEVRIER ET TANGUI ROBERT, GALERIE HASY, LE POULIGUEN, JUSQU'AU 6 JANVIER. EXPOSITION, GALERIE KUUUTCH, BREST, À PARTIR DU 22 MARS 2019. WWW.JERONIMO-DK.COM
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par LE TRAVAIL DU NANTAIS PIERRICK SORIN EST MONDIALEMENT CONNU. DEPUIS NOVEMBRE 2006, IL NOUS RACONTE SON QUOTIDIEN DE CRÉATEUR. SIGNÉ SORIN, NATURELLEMENT. PHOTOS / PIERRICK SORIN
La dame d’Air France magazine m’a demandé si je voulais bien réaliser une série de photos pour une publication. Le thème : “Nantes, mise en boîte”. « Des photos décalées, marrantes, où vous-même pourriez apparaître », a-t-elle dit. Je devais évoquer le Musée d’arts, le lieu unique, Nantes la nuit… réaliser aussi un portrait de Dominique A (qui prend place devant l’objectif avec autant de plaisir
« L’IMAGINATION SANS CONTRAINTE EST PARESSEUSE ET ENGENDRE BIEN DES STÉRÉOTYPES. » que sur le fauteuil d’un dentiste – une qualité parmi d’autres, chez cet homme-là). J’ai dit oui. J’ai d’abord pensé me mettre en scène, en artiste-zozo, dans des lieux de vie nantais, entièrement réinventés sur ordinateur. Mais les compositions numériques, je ne sais pas faire et les graphistes de mon entourage étaient tous en vacances. Je me suis donc résolu à réaliser des décors miniatures avec du carton, des petits objets, des gâteaux…
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PHOTOMONTAGE / KARINE PAIN
Un peu comme des décors de théâtre qui tiendraient dans une boîte à chaussures. L’affaire m’a pris du temps, beaucoup… et j’ai soigneusement salopé mon atelier avec ces matériaux qu’il fallait couper, peindre, coller… C’est moins hygiénique que de tripoter une souris, le cul sur une chaise et l’œil rivé à un écran. Mais, ça fait du bien : manipuler une girafe en plastique, faire du carrelage avec des petits-beurre, des pseudo-anneaux de Buren avec des guirlandes lumineuses… Donnant vie à des mondes miniatures, on retrouve un plaisir d’enfant. Ce faisant, je me suis fait cette réflexion : le tout-numérique, débarrassé des limites du tangible, offre une immense liberté créative. Mais l’imagination sans contrainte est paresseuse et engendre bien des stéréotypes. Le conflit avec le réel, ce qui échappe, l’objet qui se brise et le papier par erreur maculé… Voilà qui emmène ailleurs et rapproche de la vie. n Un making-of un peu marrant de ce travail est visible ici : http://preprod.afmag.ecritel. net/videos/4914 n
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HISTOIRE D'EAU TEXTE ET PHOTOS / VINCENT BRAUD ET PATRICK THIBAULT
C’est au bord d’un fleuve, l’Elbe, que la ville est née. Et c’est autour de son port qu’Hambourg vit et se développe aujourd’hui. Avec près de 2 millions d’habitants, c’est la capitale industrielle et économique que chacun connaît mais aussi la capitale verte et culturelle du nord de l’Europe. Avec ses centaines de canaux, Hambourg semble construite sur l’eau. Et sa figure de proue, l’Elbphilharmonie, est une invitation à l’embarquement. En cet automne 2018, on a du mal à imaginer qu’Hambourg a été pratiquement détruite. La fin de la Seconde Guerre mondiale avait pourtant laissé une ville en ruines : les bombardements y avaient fait 45 000 morts et la plupart des monuments avaient terriblement souffert de plus de 200 raids aériens. Sur les quais, dans un entrelacs de canaux, les imposants docks de brique rouge sont redevenus la fierté de la ville. À la pointe des entrepôts de la Speicherstadt, inscrits au patrimoine de l’Unesco, se dresse fièrement l’Elbphilharmonie, inaugurée en 2017. n Ville portuaire, ouverte sur le monde, Hambourg vit au rythme de son port où accostent, chaque année, quelque 11 000 navires. Soit une trentaine par jour. Des centaines de grues et portiques composent, dans le couchant, une étrange forêt métallique. Spectacle grandiose autour des entrepôts en fin de journée. Ou depuis l’un de ces restaurants du port offrant le spectacle magique d’énormes paquebots ou porte-conteneurs glissant sur l’eau dans la nuit noire. n L’après-midi, Hambourg se révèle une ville étonnamment verte. On ne compte plus les parcs, jardins, esPA G E 0 6 0
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paces verts et plans d’eau qui donnent à cette mégalopole un air de campagne. Loin de l’agitation du centre, l’Alsterpark avec ses somptueuses demeures s’admirant dans le miroir des eaux est un lieu de promenade en toutes saisons qui vous mène jusqu’à la vieille ville. L’Alster se mue en véritable lac intérieur de 164 hectares qui, aux beaux jours, est envahi par tout ce qui flotte – dériveurs, pédalos, paddles… – et ses rives prennent des allures de plage. En plein centre-ville, à deux pas de l’imposante Rathaus, les cygnes et le jet d’eau de 60 m de haut font de l’œil aux photographes. n Hambourg dégage une vitalité incroyable. La ville natale de Brahms et… d’Angela Merkel est aussi celle de Boys Noize et de Karl Lagerfeld ! On aime y faire la fête et, en fin de semaine, jusqu’au bout de la nuit. Installé dans une ancienne gare, Fundbureau est “le” club dont on parle… même à Berlin. Et pas seulement pour son décor et les tags qui ornent les couloirs. Les nuits d’Hambourg sont souvent courtes et c’est parfois sur les quais, au petit matin, qu’on vient dissiper ce qu’il reste de brume nocturne. n
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L’EMBLÈME DE LA VILLE Depuis son ouverture, l’Elbphilharmonie (Elphi pour les habitants) est l’un des monuments les plus visités d’Allemagne. Si l’accès au monument est gratuit, si on peut y admirer à 37 mètres au-dessus de l’eau le coucher du soleil sur les quais, trouver une place pour un concert tient de la mission impossible : les 2150 fauteuils du grand auditorium sont réservés des mois à l’avance depuis l’ouverture. n Le succès de cet incroyable vaisseau-amiral n’est pas le seul à avoir dépassé les prévisions. Le coût de la Philhar est en effet passé de 77 à… 789 millions. Et l’inauguration prévue en 2010 a finalement pu avoir lieu en janvier 2017. Il reste que l’ensemble, imaginé par Herzog & de Meuron, est superbe et qu’à défaut de s’offrir une nuit dans l’hôtel de luxe qui occupe plusieurs étages du bâtiment, on peut flâner tout à loisir sur la plazza de 4 000 m2 qui s’ouvre sur les salles de concert. Magique. n PA G E 0 6 1
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Circuit Kostar Y ALLER En deux petites heures, et hop, c’est fait. Six vols par semaine au départ de NantesAtlantique avec des vols (Air France) à des tarifs souvent très abordables. Ensuite, navette et à vous le centre de la ville.
Y SÉJOURNER Pas de souci pour trouver une chambre. Parfois bien situées et à des tarifs très raisonnables. Moins de 80 €/nuit dans l’Arcotel Rubin (sur Steindamm) ou l’Arcotel Onyx (sur Reeperbahn). Plus chic (environ 100 €), le NH Collection (sur Feldstrasse) ou le 25 Hours Hotel Hafencity. Vous pouvez craquer pour le Renaissance, à 5 minutes de la mairie mais il faudra y mettre le prix !
S’Y RESTAURER Si le hamburger vient (historiquement) de Hambourg, ce sont plutôt les produits de la mer qui sont ici à l’honneur. Le hareng de la Baltique s’y déguste même au petit-déjeuner. Nombre de tables offrent une vue sur le port et le spectacle, de nuit, peut être magique. On fait la queue au Bruecke 10 pour une variété de rollmops et sandwichs à petits prix. Ou on dîne en amoureux Au Quai (en français dans le texte) dans une salle offrant une vue panoramique. n PA G E 0 6 2
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Après avoir fait collection de clichés incontournables (l’hôtel de ville, le clocher de Saint-Nicolas, les bords de l’Alster…), on fonce vers le quartier de Schanzerviertel. Un quartier alternatif en même temps qu’un musée du street art à ciel ouvert. Ce quartier de squats n’est pas sans évoquer le Berlin des années 70/80. Il est aujourd’hui en voie de “boboïsation” et on y trouve des boutiques de stylistes et de créateurs. n Les amateurs d’art contemporain trouvent leur bonheur à la collection Falckenberg, superbement installée dans les 6 000 m2 d’une ancienne usine. Un certain nombre d’installations (de John Bock, Mike Kelley ou Jon Kessler) ont été conçues in situ. À voir également, le Deichtorhallen consacré à l’art contemporain et la photo. Enfin, au nord de la ville, le joli quartier d’Eppendorf abrite quelques superbes galeries. La seule Vera Munro mérite le détour. n Un match au FC Sankt Pauli pour l’ambiance ou une soirée à l’opéra pour les voix, vous avez le choix. Après, il faut aller prendre un verre dans l’un des sky bars qui permettent d’embrasser l’ensemble de la ville. Au Skyline bar 20up ou au Riverside s’il n’est pas trop blindé, à deux pas du quartier chaud et animé de la Reeperbahn. n Enfin, il est un rituel auquel il faut sacrifier : le marché dominical du Fischmarkt. Ambiance bon enfant garantie sur les quais. On y fait ses courses et on s’y retrouve entre amis pour se dire “moin, moin” (bonjour en dialecte de Hambourg), engloutir un fischbrötchen (incontournable sandwich au hareng) et partager une bière sous la halle dans un brouhaha très rock’n roll. n
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AU DÉPART DE NANTES
HAMBOURG
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LA VIE EST BELGE ! Et si, pour les fêtes, il suffisait de passer la frontière ? Devenus incontournables et désormais inscrits dans le paysage de nos villes, chaque fin d’année, les marchés de Noël ont su en effet conserver, ici, leur caractère et leur attrait. Il est vrai que, tout au long de l’année, la tradition des marchés reste solidement ancrée. À Liège bien sûr, mais aussi à Mons, Namur ou encore Bassenge. Le marché est une institution économique et sociale mais aussi festive d’un pays qui, décidément, ne manque pas de reliefs.
MARCHÉ DE LA BATTE À LIÈGE © WBT- J.P.REMY
WONERFRIENDS © WBT - DENIS ERROYAUX
VILLAGE DE NOËL DE LIÈGE © FT PROVINCE D ELIEGE
UN MARCHÉ TRÈS… BATTE
UN NOËL EUROPÉEN
On ne présente plus le Marché de la Batte. Liège vit en effet, chaque dimanche, au rythme du plus vieux marché de Belgique. Depuis 1561, un rendez-vous immanquable sur les quais de la Meuse où on trouve tout… ou presque. 10 000 m2 de “baracks” et plus de 3,6 km d’étals pour une déambulation tranquille et gourmande. On peut y faire provision de produits frais, s’y habiller ou s’y restaurer. Avant de se poser au célèbre Café Lequet ou d’aller pousser la chansonnette aux Olivettes.
Le Village de Noël de Liège est certes plus récent mais il vaut à la ville le label de “capitale européenne de Noël 2018”. Des idées cadeau, des idées déco, des idées sucrées dans une ambiance festive et conviviale. Un vrai village s’installe, durant un mois, entre place Saint-Lambert et place du Marché. Parmi les 200 chalets, on trouve même celui du “scrieu public” pour rédiger une carte de vœux (ou une lettre d’amour !) en vrai wallon liégeois.
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UN CŒUR BIEN AU CHAUD Difficile de ne pas fondre pour Mons et son cœur de neige. Les chalets sont au rendez-vous sur la Grand Place où il est possible de joindre l’utile à l’agréable. Un grand sapin, une belle patinoire, une balade des lumières, des animations un peu partout… bref, Mons émerveille. Tout comme, un peu plus à l’Est, Namur. Toute la ville est en fête. La plus grande roue du pays y fait tourner les têtes. Et le Repère des Rennes se propose d’y réchauffer le corps et le cœur.
MARCHÉ DE NOËL AUX GROTTES DE WONCK © FTPL JM LÉONARD
UN NOËL INSOLITE
LIBRAIRIE DU MUSÉE HERGÉ ©ATELIER CHRISTIAN DE PORTZAMPARC ©HERGÉ/MOULINSART 2018
UN ART DE VIVRE Pour qui cherche “le” cadeau original, la hotte belge déborde de propositions singulières. Avec des cadeaux artistiques à la Fondation Folon, au Musée Hergé, à l’Artshop du Grand-Hornu ou au musée de La Louvière que les amateurs de céramiques rares connaissent bien. Avec des objets ou des souvenirs “100% belges” dénichés chez l’incontournable Wattitude à Liège. Autres spots immanquables, Wonderfriends à Charleroi, Mons où venir (oui, c’est à Mons !) ou chez Héloïse qui, à Namur revendique “l’empreinte belge”.
Le marché le plus insolite et le plus féerique se trouve… sous terre. C’est à Bassenge dans les grottes de Wonk. Dans les anciennes galeries, creusées pour l’extraction du tuffeau, s’installe en effet un marché de Noël artisanal. Navette gratuite depuis le centre ville pour une visite en famille. Tout aussi insolite, la (re)découverte des châteaux de Deulin, Jehay, Fosteau, Modave ou encore de l’abbbaye de Maredsous en habits de fête.
INFORMATIONS PRATIQUES Wallonie Belgique Tourisme walloniebelgiquetourisme.fr – info@wbtourisme.fr Y aller En avion au départ de Nantes. www.brusselsairlines.com Bon plan : le « Hi Belgium Pass », une formule de voyage qui permet de découvrir les villes wallonnes pour la somme de 149 €. Le pass comprend : un voyage aller-retour en avion, tous les déplacements en train depuis l’aéroport de Bruxelles et des activités dans 2 villes.
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DOS À DOS
N'avez-vous pas un peu honte de Jeff Tuche ? n Surtout pas : ça
voudrait dire que j'ai un jugement de valeur. Je suis fier de ce personnage, fier de l'interpréter, de le jouer et de l'écrire. Il a d'ailleurs un bon sens que j'aimerais avoir. Parfois, il est plus philosophe que moi.
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... l’interview verso INTERVIEW ET PHOTOS / R MATTHIEU CHAUVEAU POUR KOSTA
David Foenkinos divise la critique. Votre avis ? n David m'a dit un jour :
Vous ne deviez pas jouer dans votre film. Quel acteur n'a pas été à la hauteur ? n Je ne dirai pas son nom
« quand je ne vendais pas, j'avais toutes les critiques et le jour où j'ai fait La Délicatesse, j'ai commencé à avoir de mauvais papiers ». Il y a beaucoup d'artistes frustrés chez les critiques. L'aigreur pointe avec ce côté chic d'aimer ce que personne ne connaît.
et il ne manquait pas de talent mais le tournage a été décalé et ça ne s'est pas fait. Sincèrement, j'aurais préféré ne pas jouer mais tant que le film n'est pas fait, on ne sait pas si l'acteur est mauvais (sourire).
Lola et ses frères est une comédie relativement gentille. Les bons sentiments ne vous font pas
Que vous reste-t-il des Robins des Bois ? n
J'ai peu tourné avec eux parce que l'occasion ne s'est pas trop présentée mais tout va bien. C'est mes potes, mon humour, ma façon de voir les choses, de m'amuser. Ils font partie de ma construction, de ma vie à jamais.
peur ? n Je ne pense pas à
ça. J'aime les bons comme les mauvais sentiments, quand les personnages agissent en faisant des erreurs. Mais je trouve que le cynisme est une arme scénaristique facile.
Depuis Le sens de la fête, on vous invite encore aux cocktails ? n À ma grande
Qu'est-ce que Macron doit retenir de Jeff Tuche ? n Sa
surprise, oui. Mais je n'y vais pas parce que je déteste ça. Ça m'ennuie profondément et me fout un cafard monstrueux.
LOLA ET SES FRÈRES, EN SALLE LE 28 NOVEMBRE
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coupe de cheveux ? Plus sérieusement, qui suis-je pour donner des conseils à des politiques ? C'est trop facile de leur jeter la pierre, comme les critiques qui disent qu'un film est de la merde. Ils ont un taf de dingue. Le "tous pourris", très peu pour moi ! n
La Vendée, de la Grande Guerre
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EXPOSITION
à la paix
7 novembre 2018 10 février 2019
Historial de la Vendée Les Lucs-sur-Boulogne / 02 28 85 77 77 www.sitesculturels.vendee.fr Tarifs : 8€/5€/Gratuit -18 ans Partenaires officiels
Musée de France
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Photo © Claire Huteau - Rennes, Ville & Métropole
la z e v u o r sur ret n o i t a m program S.FR NNE DAR.RE