Portrait/Autportrait Denis

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Portrait / Autoportrait

Denis BERGER Laboratoire d’écritures ESBATALM L2 2012-2013
















Cette série d’autoportraits propose de créer des images sans pour autant montrer le sujet d’un point de vue formel et figuratif. Le corps humain apparaît dans l’espace, en relation avec les éléments qui le composent et la lumière qui le modèle. Le drap, de par sa matière et son poids, donne à voir, une fois apposé sur le corps, un rendu formellement aléatoire, et en même temps contrôlé dans un espace défini. En effet, le visage ou les membres sont suggérés de manière plus ou moins marquée. Référence à la mort et à la morgue, à l’image d’une partie du travail de Maurizio Cattelan et en particulier de son œuvre All, bien que faite de marbre blanc et non de corps recouverts de tissus.

Maurizio Cattelan, All, 2008, marbre, Musée Guggenheim


Le corps créé et transformé dans une forme de production évolutive permet de rester dans un entre-deux visuel. Là où l’on sait reconnaître la forme d’un visage humain, la matière picturale est utilisée en tant que substitut de la monstration de cette image. L’idée de parasitage dans l’image est un champs de création très vaste, dans la mesure où les techniques et les formes possibles sont infinies. Dérivation de techniques liées à l’art classique où le traitement pictural et la composition, entre autres, apparaîssent comme témoignage de la virtuosité et la patte de l’artiste. L’art moderne reprend ces thèmes pour mettre en place une production liée à la forme, comme chez Salvador Dali où, certes, la technique est présente, mais où prévaut un traitement de la composition et des figures «contre nature». Les figures scarifiées de Francis Bacon, presque monstrueuses, à l’image de ses Papes, montrent des corps de manière métonymique, formes reconnaissables au sein de productions déformées de manière presque cubiste.

Salvador Dali, Autportrait mou avec Lard grillé, 1941, huile sur toile, 51 cm x 61 cm, Teatre - Museu Dali (en haut à gauche) Francis Bacon, Head II, 1949, huile sur toile, 80 cm x 63,6 cm, Belfast Museum (en haut à droite) René Magritte, Les Amants, 1928, huile sur toile, 54 cm x 73 cm, Musée d’Art Moderne de New York (en bas à gauche)


Référence aussi au Cristo Velato, de Giuseppe Sanmartino, sculpture du Christ sous linceul, à la chapelle Sansevero. Les formes du corps apparaîssent clairement, le drapé n’étant suggéré que par quelques plis à sa surface.

Giuseppe Sanmartino, Cristo Velato, 1753, marbre, Naples, chapelle Sansevero.

Dans une moindre mesure, en rapport avec ces sculptures, le visage du Christ «imprimé» sur le linceul de Turin amène un questionnement plus précis quant aux images qui peuvent ressortir d’un travail prônant l’utilisation de drapés sur un corps. Iconographie religieuse, simple relique, toujours est-il qu’il existe une forme de mystère autour de l’histoire de ce drap et de la forme qui est apparue dessus. Et c’est justement l’apparition presque surnaturelle du visage du Christ sur le linceul qui vient recouper avec les idées du projet en cours. Formes du corps, seulement suggérées de manière fantômatique, derrière une matière synthétique flottante apposée.


Enfin, je citerai Cristo, pour son travail de recouvrement. Quand bien même le matériau et les supports utilisés, ainsi que l’échelle des productions, n’ont pas de rapport avec ce que je montre, il me semble tout de même important de l’évoquer. Le recouvrement est une forme de production à part entière et la portée politique et sociale du travail de Cristo se suffit à lui-même.

Mettre en place un discours lié à une forme de sculpture évolutive laisse un champs d’action vaste à la production et l’utilisation de matière, au delà du traitement de l’image : Ma façon de traiter le portrait ou l’autoportrait donne lieu à une production d’images dont la forme reste aléatoire. Le corps reste marqué dans un espace donné, créant un lien entre l’objet «construit» et son environnement. L’utilisation du drap, blanc en l’occurence, outre le fait qu’il rappelle l’objet du linceul et tout ce qui y est lié au sein de l’histoire de l’art ou de l’histoire en général, permet de créer des formes simples et en même temps d’une grande complexité de par les caractéristiques de matières. Là où l’on peut rester sur l’image portrait, quand le sujet est visible et peut parler de lui-même et que l’image racontant une histoire prend une place importante, revenir à une thématique de la forme donne une autre expérience de cette image. C’est au delà de l’aspect iconographique d’une production plastique que le spectateur doit être à même de regarder. Certaines parties du corps apparaîssent en transparence appliquées sous le drap, rappelant des ombres fantômatiques derrière un tissu ou des formes dans un espace brumeux. C’est précisément ce type d’image qui engendre une thématique liée à l’apparition/disparition d’une forme dont la production est aléatoirement contrôlée. En outre, c’est dans cette optique que la production formelle puis photographique est réalisée. Aucune partie du corps ne doit être visible directement, seuls la forme du drapé et les ombres sous le tissu suggèrent le portrait, dont les caractéristiques se trouvent dérivées à travers un système de création de formes dans l’espace.

Cristo, Pont-Neuf, 1985






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