PORTRAIT AUTOPORTRAIT Trois minutes de présence en 115 photos. Trois minutes, pleines et entières à soi et à l’autre.
Élodie MILLET / Photographies Daphne van Dam ESBATALM Laboratoire d’écritures L2
L’autoportrait questionne le moi plus qu’il ne l’affirme. L’artiste y spécule. Il ne peut y conclure sur lui-même. L’autoportrait est un des espaces où s’exprime la difficulté de l’identité et donc de sa représentation. Lorsque l’artiste s’« autoportraite », que se soit de façon figurative, abstraite ou détournée (fragments de corps, ombres, flous distants, reflets, travestissement, photomontage et déformation), il ouvre une interrogation parfois angoissée à la question du « Qui suis-je ». Cette recherche de l’identité et de la ressemblance passe souvent par le portrait
photographique, questionne la dualité entre apparence et réalité, entre regard extérieur et intérieur, entre ce que l’on donne à voir aux autres et ce qu’on cache volontairement à leur regard. Notre visage est multiple. On arbore tour à tour divers masques, au gré des humeurs, des convenances, des nécessités. Il est difficile de concevoir un monde où chacun se montrerait sous son vrai jour. Et bien que profondément enfouis sous une épaisse couche de civilités, les aspects les moins reluisants de notre nature humaine ne disparaissent pas pour autant. Notre essence même demeure, peut importe les artifices, les façades. LE RECOURS AU MASQUE ne déguise finalement que pour mieux dévoiler. Le portrait photographique fige ces instants, masqués ou non, où nous nous révélons
à nous-même.
Et c’est peut-être là ce qui effraie tant : accepter de se voir tel que l’on est, sans censure ni détour. Affronter son propre regard et se faire face.
SE REGARDER, ENFIN.