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L’ADN d’une poignée de terre
On a couramment l’habitude d’aborder le paysage à travers l’œil humain et de le restreindre à ce qui nous entoure. Mais le paysage est aussi cette immensité qui existe dans ce qui est invisible pour nous, inaccessible à nos sens. Ainsi de tout le paysage qui est pré sent sous terre. Dans une poignée de terre, il est possible de retrou ver des ADN, et par déduction la liste des espèces végétales et ani - males qui se sont succédé en un lieu depuis des temps très anciens. Récupérer ces ADN, c’est récupérer de la vie à partir de sédiments alors que la terre et les sédiments sont souvent perçus comme sans vie. C’est le travail du paléogénéticien. En grec, « Paléo » signifie ancien. Le paléogénéticien utilise comme outil la molécule d’ADN portant le patrimoine génétique. Il recherche cette molécule, non pas sur des êtres vivants actuels (des cellules, des cheveux, des feuilles d’arbre, des morceaux de peau, etc.), mais dans des restes anciens, des substrats qui peuvent être très variés, comme des os, des sé - diments. Dans ce cas, cela s’appelle de l’ADN environnemental. Ce sont des outils, des techniques identiques, mais si l’on retrouve un os dont on suppose qu’il provient d’une espèce de cette région, comme l’ours des cavernes, on va spécifiquement connaître le pa - trimoine génétique de cette espèce-là, en faisant des prélèvements. Quand on fait de l’ADN environnemental, on peut extraire l’ADN d’une poignée de terre et après de nombreux traitements, on obtient une liste des espèces qui étaient présentes. En comparant ces listes d’espèces anciennes avec des listes actuelles de référence, on peut connaître un environnement et éventuellement un paysage depuis longtemps disparu.
Catherine Hänni
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Le vivant est toujours ouvert, sans promesse de stabilité, polyphonique, constitué de multiples rythmes temporels et de trajectoires enchevêtrées qui ne se plient pas aux intérêts et aux projets humains. Et parce que cette diversité de dynamiques indifférentes ne cesse de nous surprendre, et résiste à la simplification, nous la nommons et la classons habituellement sous le terme de caprices de la nature. Ils nous semblent intempestifs, peut-être simplement parce que les humains n’en sont pas le centre. PAYSAGE > PAYSAGES a offert à la plasticienne Cécile Beau et à la paléogénéticienne Catherine Hänni la possibilité de développer une recherche commune, à l’occasion d’une résidence soutenue par la Structure Fédérative de Recherche-Création de l’Université Grenoble-Alpes.