La Philomène, 2014-2015, 2, Saint-Verhaegen

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Sommaire : -

Édito …………………………………………………………….3 Le mot du folklore …………………………………………4-5 La Guerre invisible ………………………………...……….6-7 La Saint-V à l’école ………….……………...………...…8-12 Les Fanfarons des Etangs Bleus …………………..…13-14 Portraits chinois ……………………………………….…….15 Et quand le Bateleur boit… …………………...………16-18 Lili Marleen ……………………………………………….19-23 L’Histoire (re)vue par le Philo ………………………….....23 Journalisme à l’ULB …………………………………………24 Une semaine vachement cule …………………………….25 La Philo est sportive, c’est bien connu …………....……25

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L’Édito Pour ma troisième (déjà et seulement) Saint V, il m'a paru bon de faire enfin, en cette journée particulière et chère à tout étudiant (c'est un peu notre Noël à nous), un retour en arrière sur mon expérience de (toujours) jeune plume. Respectivement bleuette, plume et déléguée de cercle, je n'anticipe pas la Saint V différemment d'année en année. Une permanence à la corde m'aurait sans doute fait voir les choses autrement (sorry les gars), mais bien heureusement, ce n'est pas le cas. Ma façon de voir reste la même, car l'important dans ce monde, est de ne jamais oublier que quel que soit son « statut », le but premier de toute personne présente ici est bien de se murger la gueule en couronne. Mais non ! Pour moi, la Saint V c'est avant tout et comme cette Philomène spéciale vous le témoignera, une occasion de faire le point. Cette bleusaille m'a surprise de multiples façons. Découvrir une nouvelle facette supplémentaire de ce cercle qui m'est cher, voir venir chaque jour comme une expérience inédite, accompagnée de son lot de rencontres absurdes ou absolument nécessaires, vivre la vie en communauté comme finalement je ne l'ai jamais vécue que là, et de façon très intense, voilà ce que je retire de bon. Un regret, celui d'avoir dû composer avec mon job d'étudiante, combinaison stressante au possible (autant dire que du stress supplémentaire n'était pas le bienvenu) enlevant une bonne partie du côté fun et des tournées... Regret bien vite oublié cependant, car c'est grâce à ça que j'ai pu vivre le reste, et quel reste ! Les dissensions ne sont rien en comparaison à ce petit serrement au creux du ventre lorsque je m'engage dans l'allée des préfabs et que je vois au loin la porte de la Philo ouverte... Entrez, entrez toujours et laissez vous encore emmener, car tout ne fait que commencer. Biffleuse

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Le mot du folklore ! Les bleus, Je vous souhaite la bienvenue à cette Saint Vé’ 2O14 ! Vous célébrez pour la première fois l’anniversaire de notre Université entant qu’étudiants baptisés.
Ce matin vous êtes surement tiraillés entre une nausée et l’odeur du boudin que vous avez palpé hier soir. Oui, la tête est lourde, mais le cœur reste léger. Qui ne le serait pas dans de telles circonstances ? Au delà de cet anniversaire vous célébrez aussi la fin d’un parcours … 
Parcours que vous avez entamé il y a de ça deux mois et demi. Parcours emprunt d’expériences, certaines plus agréables que d’autres, d’appréhensions, mais aussi des sourires et des amitiés sincères. Au final une initiation dont vous ressortez grandi, avec un bagage qui vous est propre. Un apprentissage personnel, pourtant basé sur un terreau commun.

Cette base vous la partagez avec l’ensemble de la communauté estudiantine baptisée de notre Alma Mater. Même si parfois les liens sont parfois ténus, n’oubliez jamais qu’ils existent. Car même si le vieux à coté de vous hurlera : « Avant c’était mieux », ou que le bleu Solvay se targuera d’un joli : « Sous-cercle, sous-cercle. L’élite t’encule ». Vous avez partagez la même expérience. L’époque, le lieu, mais aussi la manière diffèrent, pourtant le vécu reste commun ! 
De plus, vous avez la chance de rentrer dans une époque de grands changements. Ces vieux, ont sûrement dû vous dire qu’avant, à la Saint V’, il n’y avait ni corde, ni bières allégées et qu’on pouvait même parfois jouer avec de la clash. Parallèlement à ceci, vous avez eu la chance de vivre une bleusaille neuve, changée, évidemment elle n’est pas parfaite. Mais elle a le mérite de s’être repensée. Vous arrivez à un moment où le folklore et ses pratiques font peau neuve, nous nous adaptons. 
 Le changement a ça de positif qu’il nous permet de nous recentrer, de prendre du recul de façon à ne jamais rester figés dans un passé qu’on oublie trop souvent de questionner. Il est moteur d’évolution, de création ! Alors je vous en prie, ne soyez jamais bornés, surtout ouvrez-vous à la nouveauté. L’immobilisme, Caïra pourrait vous en parler, n’a rien de bon. Je suppose qu’avec le temps vous avez assimilé : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! Alors allez y gaiment, n’hésitez pas à repenser car rien n’est gravé dans le marbre. 
Du coup, même si le vieux d’à coté persiste, je ne pense pas qu’il y ait un ancien folklore meilleur que l’actuel. Le folklore n’appartient à personne, il se vit !

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Le flambeau se transmet d’année en année. Sachez dès lors en profiter, comme ceux qui vous ont précédés. Jouissez-en à fond, régalez vous de façon à ne jamais regretter. Car dans quelques temps ça sera passé. 
Désormais, vous vivez le premier jour, du reste de votre vie ! 
 Stian, aka. Bouli « Que Vive la Guindaille » ps : réfléchissez, mais pas trop non plus, parce que parfois, à force, on oublie de s’amuser. pps : je suis sûrement pas loin de la corde dans un splendide habit fluo. Ne viens pas m’affoner, je ne peux pas, par contre si t’as une clope…

Au poil

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La Guerre invisible Je n’ai jamais vraiment voulu accorder un sens à l’Histoire, certainement pour me convaincre que rien n’était irréversible et que nous ne courions pas vers une fin, qu’elle soit positive ou négative. Cette idée me semblait terriblement déprimante. Cependant, j’ai pu m’apercevoir au fil du temps que certains indices manifestes menaient à cette conclusion. Je veux parler ici en particulier du chemin qu’entreprend l’homme vers la paix. Cent ans depuis le début de la Première Guerre Mondiale, cent ans jalonnés de conflits incessants et pourtant, cent ans marqués par la construction européenne qui a certes un but économique, mais qui est avant tout une réussite de paix (même s’il est bien regrettable d’avoir du passer par la Seconde Guerre Mondiale pour en arriver là). Le prix Nobel de la paix décerné à L’Union Européenne a pu sembler excessif voire honteux aux yeux d’un grand nombre de personnes, mais il honore une vérité : les pays membres ont réussi là où presque personne d’autre n’a réussi, c’est-à-dire maintenir une paix démocratique sur un territoire qui n’avait connu que la guerre dans son passé. Toutefois, il est un combat que l’on doit encore mener. Je ne parlerai pas ici de lutte des classes et de cet ennemi qu’est le monde de la finance, malgré mon côté communiste avéré. Je veux vous parler d’un combat encore plus imperceptible que ces concepts. Le combat contre ce que j’appelle le « Morne Monde ». Car sous couvert de démocratie, nous vivons dans une société de plus en plus aseptisée où le gris n’est plus un mélange de noir et de blanc mais bien la seule couleur tolérée. Chacun rentre dans une certaine routine et quand il y en a un qui cri un peu trop fort, il est immédiatement classé comme paria. Il est alors mis au banc ou bien lissé au possible pour rentrer de nouveau dans cette bien-pensance et bien-faisance d’un ennui effroyable et d’une dangerosité insoupçonnée. Le contrôle est alors omniprésent pour éviter ces écarts : surabondance de surveillance, fichage automatique, trop-plein de restrictions. La Saint-V qui se déroule aujourd’hui est un bon exemple des excès de régulations qui domine notre société. L’accident malheureux de 2011 a incité les autorités à mettre en place certaines règles de sécurité et si certaines sont absolument louables, tel que la mise en place d’une corde autour des chars et l’interdiction des chopes en verre, d’autres nous mènent sur une voie qui tend à faire de la Saint-V un événement sans plus d’intérêt que de boire une bière chez soi. La bière allégée (attendez donc la Saint-V 2020 avec ses bières exclusivement sans alcool) et la présence continue de la police, effectuant des contrôles, interdisant à un pauvre poil de corvée à la corde de boire la moindre goutte

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d’alcool, font parties de cette tendance malsaine à vouloir prévenir à tout prix, tout en déresponsabilisant les gens. C’est là que j’en appelle au folklore et à ce qu’il mes semble, un des ses buts essentiels : perpétuellement déranger le bourgeois! Et par là je veux dire faire sortir le routinier de sa routine, l’habitué de ses habitudes, briser le politiquement correct, ne pas se laisser aller par ce mouvement de faux conforts installé par d’autres pour vous! L’étudiant doit toujours rappeler aux autres mais aussi à soi-même (car il y a un ancien étudiant ou un futur bourgeois en chacun de nous) de ne pas s’endiguer dans ce Monde Morne que tend à devenir nos sociétés. On vous demande de faire moins de bruit dans la rue en allant à la Jefke? Criez plus fort ces chants paillards qu’on ne saurait entendre! On vous demande de ne plus pisser n’importe où? Pissez donc exclusivement sur la porte de celui qui vous restreint! On vous demande de ne plus boire? Buvez-en donc une de plus à ma santé! La guerre qui s’annonce n’est peut-être pas de même nature que celle menée il y a cent ans, mais elle n’en est pas moins dure, car elle est invisible! À vos godets! L’insoumise, Fanfan la Tomate Credo Quia Absurdum

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La Saint-V à l'école En tant que bruxelloise, mes premiers contacts folkloriques se déroulèrent dans l'enceinte même de mon école secondaire, chaque 20 novembre de l'an. Depuis presque dix ans, que ce soit en tant qu'élève ou étudiante baptisée, la Saint-V a donc toujours été un jour un peu spécial. C'est la symbolique de l'instant qui me plaît le plus : revenir dans son ancienne école afin de narguer l'autorité à laquelle on se pliait jadis. Mais une seule constatation s'impose : le folklore scolaire se meurt doucement. Je vais donc revenir sur cette partie du folklore bruxellois, souvent oublié, en vous narrant mon expérience personnelle, et en espérant susciter des témoignages moins dépités. En tant qu'élève de secondaire

La quête La Saint-V « scolaire » commence pendant la semaine de la quête, où les élèves sont gentiment priés de donner quelques centimes lorsqu'ils sortent du bâtiment, contre quoi ils sont exempts de farine. Le premier jour où les baptisés nous attendaient à la sortie, une petite panique s'installait. On avait oublié nos réserves de pièces de deux centimes prévues pour l'occasion ; on se retrouvait démunis face à de drôles de personnages en blancs, casquette sur la tête. « T'as des pièces ? » demandait-on fébrilement à nos amis. Si ceux-ci répondaient par la négative, et que l'on rechignait à sacrifier sa pièce de deux euros, on pouvait alors essayer de passer rapidement entre les baptisés, afin d'éviter la tempête de farine. Ce n'était jamais vraiment très concluant. Personnellement, je donnais toujours quelque chose. Les baptisés m'impressionnaient (« ils sont si grands ») et j'étais ce genre de fille qui n'osait affronter sa mère au sujet d'une belle veste enfarinée. Mais je ne garde que de bons souvenirs : cette petite poussée d’adrénaline du midi était toujours une franche partie de rigolade !

La Saint-Verhaegen L’élément le plus important du jour-même de la Saint-V résidait dans un fait simple : on allait rater une heure de cours. On croisait les doigts pour que cela tombe sur le cours détesté (alias, le cours de math, comme tout bon étudiant de philo). Quand les élèves arrivaient, on les attendait tous gentiment dans la cour de récréation, toutes années confondues. Et puis, tout commençait et allait très

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vite. La farine commençait à voler, et les petits frères des baptisés se lançaient dans une course poursuite afin d'éviter le Luigi's (tentative vaine, le slip ne survivra jamais). Les baptisés venaient aussi avec leurs marqueurs dessiner des choses étranges sur nos têtes : « CP, » « CM » (ce que cela voulait dire, on n'en était pas vraiment sûrs), ou encore des remarques grivoises adressées aux professeurs. Ma meilleure amie avait eu droit à une insulte contre notre professeur d'Histoire, matière que nous avions plus tard dans la journée. La situation fut un peu gênante. Puis les étudiants montaient sur les appuis de fenêtres et entonnaient les chants. On ne comprenait pas grand chose, à part « A POIL, A POIL, A POIL, A POIL A POIL A POIL !» mais on trouvait déjà ça bien cocasse et on pouffait. Enfin, les baptisés s'en allaient, laissant place à une cour vide, tâchée de farine et emplie de morceaux de caleçons. Quant au reste de la journée, il consistait à déchiffrer les écrits au marqueur sur les têtes de nos amis. Il va sans dire que ce récit de jeune fille impressionnée ne vaut que pour mes premières années de secondaire. Plus je grandissais, moins la Saint-V était un grand événement. Au fil des ans, les Luigi's disparurent et la farine connaissait peu à peu le même sort. De plus, ma fascination de jeunette s'était éteinte. La Saint-V n'était plus qu'un bon prétexte pour discuter avec ses copains, profiter d'une heure de cours avortée et fumer des clopes dans la cour au vu et au su des éducateurs qui râlaient. En tant que baptisée Et me voilà en 2012, fraîchement baptisée, la penne fière, prête à mettre le bordel dans mon école secondaire. Avec mes amis, on s'était dit qu'on allait réinventer le folklore de la Saint-V en berne ces dernières années, qu'avec nous, ça allait être terriiiible ! Mouais...

La quête Le premier jour de quête se passa à merveille. Nos poches remplies de farine, nous formions une barrière imposante devant ces élèves. Les premiers qui nous aperçoivent ont un mouvement de recul, mais sont obligés de nous donner quelques sous. Ils le firent quasi tous de bon cœur, alors on a envoyé de la farine sur des innocents, afin de vider nos poches et faire monter la pression. Certains gosses arrivèrent même chez nous pour nous demander de les asperger de farine... Quand ils furent tous blancs, ils s'en allèrent fièrement le montrer à leur amis.

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Mais le deuxième jour, plus rien n'allait. Le proviseur ne semblait plus du tout d'accord, et je me suis retrouvée dans son bureau, accompagnée d'un ami, à parlementer. Il aurait reçu des plaintes de parents décriant ce « racket » contre leurs enfants. Tandis que nous essayions de lui expliquer que cela n'était pas du tout cela la mentalité, nous nous rendions compte bien vite qu'il n'avait pas vraiment envie de nous aider. Sur le ton de la confidence, il nous raconta son traumatisme d'enfance : petit, il avait eu de la farine dans l’œil à cause de la Saint-V. Ça lui avait fait très mal. Et c'était sans compter la farine qu'il avait retrouvée sur sa voiture, il y a quelques années... Bref, les pourparlers ne servirent à rien. Les jours qui suivirent furent, du coup, affreux. Nous n'étions plus autorisés à balancer de la farine à tout-va sur les élèves, mais à les « saupoudrer » tout au maximum. De plus, ce proviseur s'avisait d'aller voir tous les élèves avant qu'ils n'arrivent devant nous pour leur expliquer qu'ils « ne sont pas obligés de nous donner de l'argent ». En gros, on se faisait prendre de haut par des gosses de onze ans au sourire triomphant, et notre seule arme était trois grains de farine.

La Saint-Verhaegen Tous mes espoirs étaient alors portés sur le Jour-J, mais cela ne dura pas très longtemps. Après des échanges de mails avec la préfète, nous avions rendezvous à 8h50 devant l'entrée de l'école. Nous devions rentrer à 9h pile dans l'enceinte et être sorti à 9h50. Et seuls les cinquièmes et réthos pourraient sortir dans la cour, les plus jeunes restaient en classe. Mais je n'étais pas prête de m'imaginer le pire. Devant mon école, le 20 novembre au matin, la police nous attendait. Nous avons été fouillés en bonne et due forme: pas de farine, bière ou œufs autorisés dans l'enceinte. Ils nous prirent aussi nos cartes d'identités, qui ne nous seraient rendues qu'à notre sortie, si tout s'était bien passé. Finalement, tout cela se résuma donc à marquer « CPL » sur la tête de quelques personnes, discuter avec mes anciens professeurs et chanter finalement sur les appuis de fenêtres. On avait imprimé les paroles pour que les élèves puissent chanter avec nous. Mais personne ne le fit. Nous étions face à des personnes à peine plus jeunes que nous, qui ne voyaient là que l'importunité de fumer leurs cigarettes. Et je les comprends, je faisais pareil l'année dernière.

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En conclusion Loin de moi l'idée de paraître pour une réactionnaire de bas étage. Mon père, originaire de la même école secondaire, baptisé CP dans les années 80, avait lui aussi eu des démêlées avec la police lors de la Saint-Verhaegen. Finalement, leur action folklorique avait été de s'introduire dans l'école, pendant la nuit, et de dessiner des caricatures des professeurs sur les murs. La rumeur veut que le concierge aurait eu le temps de repeindre les murs en blanc avant l'arrivée des élèves au petit matin. Mais dans notre cas, nous sommes totalement pieds et poings liés. Nous avons déjà la chance d'avoir une école qui autorise la Saint-V dans son enceinte. Alors, à chaque fois, nous sommes partagés : si nous y allons sans retenue et que nous foutons le bordel comme on aimerait le faire, cela signera l'arrêt de la Saint-V pour l'année suivante. Alors on accepte ces conditions pourries. Parmi les nombreuses choses qui m’agacent dans cette histoire, trois surplombent le tout. Premièrement, les débordements sont souvent causés par des gens non-baptisés. Ceux-ci ne sont pas concernés par le symbolisme du moment et n'y voient que l'occasion de faire n'importe quoi, impunément. En deuxième secondaire, j'avais reçu un œuf dans le dos par un camarade du même âge que moi. Super. Et en 2012, d'autres arrivèrent à faire rentrer des œufs dans l'enceinte et les lancèrent sur un professeur. Très intelligent. Bien sûr, c'est le folklore qui s'en est vu accusé. Deuxièmement, je suis moi-même affligée par mon amertume et mon cynisme. J''ai récemment croisé des baptisés 2014, de la même école secondaire que moi. Leurs discours étaient quasi mignons : « On veut réinstaurer le vrai folklore cette année ! Ça va être bien ». Au lieu de les encourager, je ne pus m'empêcher de sourire tristement et de leur expliquer que ces propos sont tenus chaque année, et qu'ils ne doivent pas s'attendre à grand chose. Dernièrement, le plus triste dans cette histoire concerne les élèves de secondaire, ils ne vivront jamais ce dont je me souviens de la Saint-V. Quelle image désolante ils doivent avoir du folklore : quelques ploucs pennés, paumés dans une grande cour, qui ont envie de faire beaucoup de choses mais qui ne font rien. Cela ne donne en aucun cas envie de se faire baptiser ! Dommage quand, personnellement, il s'agit de la raison principale qui m'a poussée à faire mon baptême.

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Bien sûr, tout n'était tout de même pas si noir : un éducateur baptisé a fermé les yeux sur le fond de farine dans nos poches, nous permettant ainsi de rentrer dans l'enceinte avec un élément interdit (ô rébellion), et nous avons été royalement boire après. En 2013, un de mes amis a même écrit un hymne spécial pour notre école, qui a été joyeusement repris en cœur par les élèves. C'est plutôt sympathique au final, si l'on n'a pas trop d'attentes. Malgré tout cela, je retournerai encore cette année dans mon ancienne école. Je suis trop attachée à mes années de secondaire pour rater cette étape, même si chaque année je m'en vois déçue. Ce que nous mettons en place n'a plus rien à voir avec mes souvenirs d'une Saint-V explosive.

Sœur Mourir, jamais contente.

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Les Fanfarons des Etangs Bleus On frappa quelques coups sur la grande porte de métal, humide, et elle s’ouvrit sur quelques énergumènes en blouses salies et ce qui n’était plus que le souvenir de toges. Dans la cours, à l’entrée du garage, se tenait une table sur laquelle étaient posée des gobelets au contenu incertain. Ici, pas de droit d’entrée mais un à-fond obligatoire dont ma binôme refusa tout d’abord de me dire le contenu. « J’aurais préféré ne pas savoir l’année passée » : un savant mélange dont seuls des chimistes et ingénieurs en herbe peuvent avoir l’idée. Pour savoir, il faut goûter. Après s’être soumis à la tradition – en apparence du moins, nous pénétrons dans la salle qui servira aux ablutions des bleus. Quelques quiches s’exhibaient déjà fièrement au milieu de flaques jaunâtres. Vers 19h30, on ferma les portes. Les réjouissances allaient pouvoir commencer. On débuta par un rapide rappel de la passion du Président de Baptême du CERISIB pour les fanfares à l’aide de tambours, trompettes, autoluigis et membres masculins enchaînant les mouvements au gré des beats de musique folklorique. Puis vinrent les chants des délégations. Longtemps résonnèrent les chants de l’ACS mais la déception envahit les

membres de la Philo et du CP lorsque l’on coupa court à leurs tentatives de lancer les leurs, eux qui avaient pourtant fait l’honneur de se déplacer dans ce que « l’ACE ne devrait jamais voir ». Des sources bien informées nous ont appris plus tard que la raison en était qu’une charmante créature était arrivée en avance aux festivités auxquelles elle avait été conviée. On devait donc griller des étapes. Jièf fut donc amené, débarrassé de tous ses accoutrements dans une brouette au milieu de l’assistance avant de remonter sur scène pour rejoindre le Président de Baptême de l’Institut Meurisse déjà bien installé sur sa chaise. La musique revient et le moment tant attendu par une meute de chiens en chaleur commença. Une part importante de l’assistance se pressa aux barrières pour admirer un doigté et des mouvements qui démontraient une grande expérience du déshabillage. Après une demi-heure à retenir son souffle puis à vociférer, l’assistance demanda un bis à cette prestation que Béjart n’aurait pu critiquer. Les rideaux se rouvrirent et nos deux compères sur scène furent comblés par une deuxième prestation plus à leur hauteur. Ensuite vinrent les bleus qui présentèrent leur farandole puis offrirent par trois fois leur dos à l’assistance dans un gueule en terre aussi géométrique qu’il l’était attendu de la part d’ingénieurs industriels, c’est-à-dire approchant ceux de l’enhaurme


perfection. Des cascades de bleu liquide se déversèrent, des éclairs bleus zébrèrent l’espace de la scène tandis qu’une grêle de betteraves s’abattait sur les innocents. Puis commença le Bal des Bleus qui tournoyèrent sur les planches dans des valses dont le mouvement aurait fait pâlir d’envie des Kolmogorov, Chaitin ou MartinLöf. Vint celui des (deux) bleuettes. Une présence exceptionnelle par sa rareté en ingénierie – peut-être d’ailleurs la raison qui a poussé à instaurer la tradition d’une invitée particulière au baptême ISIB—ICM ? Un membre de la Philo ne pourrait décrire plus avant ce qu’il se passa ensuite. L’auteur a bien tenté de se cacher les yeux mais il se doit d’avouer que le naturel de leurs atours dévoilés n’avait absolument

rien à envier à ceux de l’invitée annuelle. Notre binôme peut en témoigner. C’est sur cette note impudique que se clôtura le baptême ISIB-Meurisse. Les lumières se rallumèrent et votre serviteur ne put que constater qu’il se tenait désormais, même au fond de la salle, dans une seule flaque d’un bleu profond seulement perturbé par de plus petits tas blanchâtres. Oh ! de la pizza. Oh ! des pâtes. Oh ! des tartines. On félicita, on fit quelques selfies entre afficionados et l’on fut délicatement poussés à sortir de ce lieu. Le post-baptême pouvait ensuite commencer ailleurs et accueillir définitivement les bleus. Mais il ne nous appartient pas de vous en compter les péripéties (nudistes ?) v/o Bitbon.

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Portraits chinois Captain Folklore

PTV

Le Rythme

Si j'étais un (une)...

Si j'étais un (une)...

Si j'étais un (une)...

... animal : Le dindon ... objet : Le pot de mayo ... chanson : Le plaisir des Dieux ... couleur : Gris ... sport : Scoutisme ... plat : La fricadelle ... odeur : L'odeur de la rigole (MAGGLE) ... boisson : La Cara ... film : Cars ... endroit : Les marches du Foyer ... bruit : Le son du doigt se posant sur le nez ... climat : Glacial comme en URSS ... vêtement : Une toge sur l'épaule

... animal : Le coq ... objet : Le compas ... chanson : La Salsa du vieux con ... couleur : Gris ardoise ... sport : Ping-pong ... plat : L’Ostie ... odeur : Les gaz d'échappement ... boisson : CocaCola Light ... film : La Boum 2 ... endroit : Le Palais Granvelle ... bruit : Les chants à la fin du TD ... climat : Bien venteux, ça éloigne les pigeons ... vêtement : Mon Caban

... animal : Un petit chat ... objet : Une brosse à chiottes ... chanson : La femme du vidangeur ... couleur : L'orange ... sport : Le cyclisme ... plat : Un agneau ... odeur : Celle de mon amant, que j'aime éperdument ... boisson : Le peket violette ... film : Le gamin au vélo ... endroit : Le pint'house ... bruit : La sirène de mon gueulo ... climat : Un Ouragan ... vêtement : Ma barbe

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Et quand le Bateleur boit… Quand la déléguée Philomène m’a demandé d’écrire un article sur la Gilde Halewijn (oui oui, ça s’écrit comme ça), je me suis demandé ce que je pourrais bien vous dire. 
Vous parler de son histoire ? Il suffit d’aller sur le site internet. Vous parler de la légende d’Halewijn ? Pourquoi pas, mais ça demanderait plus de temps de recherche sur le sujet.
Vous parler de son rituel ? Le rituel visible par les « non-membres » (ceux qui n’ont pas passé les grades de page, ménestrel et barde) ne correspond qu’à la moitié du rite entier de la Gilde et loin de moi l’idée de vous en révéler l’autre moitié ici. Que reste-t-il alors ? Il reste ma vision subjective de la Gilde, celle du plaisir et des expériences qui m’ont donné envie de venir à la première Gilde après la bleusaille, d’en faire partie et, aujourd’hui, d’en être le bateleur. Je vais en parler via deux souvenirs (mais j’en ai beaucoup plus en tête). Alors je me lance. Le premier souvenir est celui où, pour la première fois, j’ai vu la Gilde. 
On m’a débandé les yeux au milieu du Cds (Et oui, ça se faisait déjà là) et j’ai regardé les deux compagnies, ainsi que le collège, je me suis dit : « c’est quoi cette p**ain de secte » ? Il y avait une espèce de gourou qui agitait frénétiquement son maillet et pendant qu’il parlait, aucunes des autres personnes de l’assemblée, éclairée uniquement à la lueur des bougies, n’osait ouvrir sa bouche. Je me demandais vraiment ce qu’on allait bien pouvoir y faire. 
Quand on a commencé à chanter, j’ai repensé à l’épisode des Simpson sur les « tailleurs de pierres ». Je m’attendais vraiment à ce qu’on entonne la chanson qu’on entend dans cet épisode (C’est nous, c’est nous…) tellement ça y ressemblait.
Comme j’étais entouré de bleuettes qui n’aimaient pas la bière, j’ai bu trois à quatre fois la ration d’alcool des autres et j’ai failli vider ma vessie dans mon bleu de travail à plusieurs reprises (Halewijn bénisse les oubliettes). Le moment qui m’a le plus étonné était celui de la scénette où j’ai vu tout le monde, du bleu au président de baptême partager le même plaisir face à cette représentation de talents. Quand on a quitté la Gilde, je me suis endormi alors que j’étais gueule-enterre et c’est Choco (un co-bleu) qui m’a réveillé, étonné que je ne sois pas en train d’aider une co-bleuette à affoner ses caras, moi, le « bleu


solidaire ».

On peut dire, comme vous l’aurez compris, que cette guilde initiatique m’avait laissé un sentiment de plaisir gigantesque et, quelques mois plus tard, ce plaisir fut renouvelé lors de ma première Gilde hors bleusaille.
 Le deuxième souvenir dont j’aimerais vous parler prend place deux années plus tard, alors que j’étais page (du moins, je crois). Nous avions organisé une Gilde sur le thème de la Grèce antique.
J’y étais venu habillé en Diogène le Cynique, c’est-à-dire dans un tonneau (Tonneau !) fait avec une boîte en carton pliée et arrondie qui tenait sur mes épaules grâce à deux ficelles en lin sur lesquelles était marqué : « Tire-toi de mon soleil ! » et… c’est tout ! 
Bon, j’avais un short mais avec la longueur de mon tonneau, il ne se voyait pas. Alors que nous étions en train de faire les préparatifs, nous nous sommes rendu compte que nous n'avions aucun récipient pour mettre le fromage et le saucisson. Qu’à cela ne tienne, me voilà parti chercher des assiettes en plastiques au Colruyt (qui est remplacé par le Okay, actuellement) et, bien que les gens m'aient regardé avec étonnement dans la rue, rien de bien particulier. 
Je rentre donc dans ce magasin, je demande à un des types qui réassortissent les rayons où se trouvent les assiettes en plastique et je vais même jusqu’à la caisse. C’est là, alors que j’étais sur le point de faire scanner mes articles que le gérant est venu me voir pour me demander de sortir du magasin.
Je lui ai dit que c’est ce que je ferais une fois mes assiettes en plastique payées, mais il n’a rien voulu entendre en me prétendant que la manière dont j’étais habillé ne correspondait pas au magasin (honnêtement, si je ne peux pas venir faire mes courses presque à poil au Colruyt, alors où puis-je faire mes courses presque à poil ?). J’ai alors quitté le Colruyt et me suis dirigé vers le Carrefour, mais même avant d’entrer j’ai compris que je n’étais pas le bienvenu.
En continuant mon chemin à travers le Cimetière d’Ixelles, je suis tombé sur mon ex-petite amie (évidemment, ce jour-là) à qui j’ai adressé un grand sourire et un « bonjour », elle ne m’a cependant pas répondu et a continué sa route avec son nouveau copain (probablement bien contente d’avoir été larguée quelques années plus tôt par cet espèce de malade qu’elle venait de croiser). C’est finalement en arrivant à l’avenue Buyl que le magasin de pâtes à emporter a bien voulu me vendre des petits bols (par pitié peut-être) et que je suis rentré victorieux de cette épopée juste avant le début de la Gilde. J’étais assez gêné à l’époque mais quel bonheur de le poser sur papier quelques années plus tard.

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Ces deux souvenirs de la Gilde Halewijn me tiennent vraiment à cœur et je suis persuadé que je les garderai toute ma vie. Il y a aussi beaucoup de souvenirs auxquels je pense. Je pense à toutes ces heures de plaisir passées entre compaings et compagnes dans des locaux gelés à se tenir chaud grâce à la bière et à chanter des chansons qui me resteront en tête encore trois jours par après. Je pense à ces Belphégors que je me suis tapés alors que je ne les méritais pas du tout. Je pense à tous ces chants qu’on a chantés et que je ne pourrai jamais plus oublier. Pour terminer, je vous dirai ceci, le plaisir que je ressens à chaque Gilde fait probablement partie du top 5 des plus grands plaisirs que j’ai ressentis pendant toute ma vie (bien qu’elle ne fasse que commencer, je vous l’accorde). C’est avec merveille et grande joie que je remercie encore toutes les personnes qui m’ont offert ce plaisir, toutes les personnes qui m’aident à l’offrir pour l’instant et toutes les personnes qui l’offriront encore après nous !

 A la gloire d’Halewijn et de sa compagnie ! Frankignôle aka Bière à Feu

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Lili Marleen
 Vor der Kaserne Vor dem großen Tor Stand eine Laterne Und steht sie noch davor So woll'n wir uns da wieder seh'n Bei der Lanterne wollen wir steh'n Wie einst Lili Marleen

Devant la caserne Devant la grande porte Il y avait une lanterne Et elle est encore là devant. Alors nous voulons nous y revoir Sous la lanterne nous voulons rester Comme autrefois, Lili Marleen

Unsere beide Schatten Sah'n wie einer aus Daß wir so lieb uns hatten Das sah man gleich daraus Und alle Leute soll'n es seh'n Wenn wir bei der Laterne steh'n Wie einst Lili Marleen

Nos deux ombres Ne faisaient plus qu'une Que nous nous aimions tant, Ca se voyait tout de suite Et tout les gens doivent le voir Quand nous nous trouvons sous la lanterne Comme autrefois, Lili Marleen

Schon rief der Posten, Sie blasen Zapfenstreich Das kann drei Tage kosten Kam'rad, ich komm sogleich Da sagten wir auf Wiedersehen Wie gerne wollt ich mit dir geh'n Mit dir Lili Marleen

La sentinelle appelle déjà Ils sonnent le couvre-feu Ca peut coûter trois jours Camarades, j'arrive tout de suite Alors on se disait au revoir Comme j'aurais voulu partir avec toi, Avec toi, Lili Marleen

Deine Schritte kennt sie, Deinen zieren Gang Alle abend brennt sie, Doch mich vergaß sie lang Und sollten mir ein Leids gescheh'n Wer wird bei der Lanterne stehen

Elle connaît tes pas Ta démarche élégante Tous les soirs elle brille, Mais elle m'a oublié depuis longtemps Et s'il devait m'arriver malheur Qui se trouverait sous la lanterne Avec toi, Lili Marleen ?

Mit dir Lili Marleen ? Aus dem stillen Raume, Aus der Erde Grund Hebt mich wie im Traume Dein verliebter Mund Wenn sich die späten Nebel drehn Werd' ich bei der Lanterne steh'n Wie einst Lili Marleen

De l'espace silencieux, Du fond de la terre, S'élève comme un rêve Ta bouche amoureuse Quand le brouillard tardif se lèvera Je serai sous la lanterne Comme autrefois, Lili Marleen. 19


Lili Marleen est un chant qui a traversé les deux Guerres Mondiales. Il rencontre le succès lors de la seconde Guerre. Pendant celle-ci, il s’impose même comme l’hymne non-officiel de l’armée allemande lors des ses campagnes militaires victorieuses en Europe. Pourtant, comme cet article le montrera, Lili Marleen a traversé les lignes de fronts, les oppositions militaires ainsi que la langue pour devenir une chanson commune à tous les soldats au fil de la guerre. Ce chant a été écrit par Hans Leip en 1915 à Berlin. Au début de la guerre, Hans est un jeune soldat qui partage un logement avec trois amis non loin de la caserne dont ils doivent monter la garde. Il possède une âme d’artiste ; il est écrivain, poète, compositeur. Sachant qu’il doit bientôt partir pour le front russe, il mène avec ses compagnons une vie dissolue. Il finit par tomber amoureux de Marleen, une jeune infirmière berlinoise. Au même moment, il entretient une très brève relation avec Betty, que tout le monde surnomme affectueusement Lili. Marleen est aussi blonde, douce et fine que Lili est brune, ronde et forte. Le jour où ils décident avec Marleen de consommer leur amour, ils sont interrompus par la logeuse de Hans (qui est aussi la mère de Lili). Par la suite, il sera consigné à la caserne par ses supérieurs qui le jugent trop indiscipliné. Hans Leip n’est alors plus qu’une jeune sentinelle en faction. Sa dernière entrevue avec Marleen se fait sous un lampadaire devant la caserne alors qu’il monte la garde. Ensuite, envahi par la tristesse, il décide de fabriquer une chimère de ces deux femmes : Lili et Marleen. Il jette alors sur un bout de papier ses états d’âme, ses angoisses, son malheur. Il y parle d’un amour fugitif (après son départ pour le front, il n’aura plus jamais de nouvelles ni de Lili, ni de Marleen). Cependant en 1915, il n’écrit par superstition que les 3 premières strophes du poème. La fin, qui parle de la mort, ne sera rédigée que longtemps après son retour du front. Après avoir été blessé sur le front russe, Hans Leip est démobilisé. Il vit en publiant de petits livres simples comme des livres d’aventure et des chansons. En 1937, profitant de son petit succès, il publie un recueil de poésie dans lequel se trouve la « chanson de la jeune sentinelle » qui n’est pas encore intitulée Lili Marleen. La chanson attire l’attention de deux compositeurs. Il sont en réalités de vieux amis de sa première interprète : Lale Andersen. En 1929, Lale a abandonné son mari et ses 3 enfants pour monter à Berlin afin de faire carrière dans les cabarets. Elle veut être sous les feux de la rampe même si sa carrière tarde à décoller. En 1931, elle signe son premier contrat et commence ainsi à se faire connaître dans un des plus célèbres cabarets berlinois. A l’époque, la ville connaît un important âge d’or. Berlin est un carrefour important en Europe où se retrouvent des artistes de tous bords.


Cependant, l’arrivée d’Hitler au pouvoir va mettre fin à cette période dorée. Goebbels fait le ménage dans les milieux culturels. Il chasse les artistes engagés en les poussant à l’exil. Lale Andersen n’est jamais inquiétée. En 1937, on propose à Lale Andersen d’interpréter une version chantée du poème de Hanz Leip. La première mélodie est très Schubertienne, et donc bien plus douce. Un second compositeur, Norbert Schultz, propose ensuite une mélodie plus rythmée. Le style de Schultz est bien mieux adapté aux aspirations du 3e Reich. D’ailleurs, il deviendra par la suite l’un des compositeurs importants du régime nazi. Pourtant la chanson n’est pas un succès. Elle est éditée sur la face B d’un disque dont on ne vend que 700 exemplaires.

En 1941, les forces de l'Axe sont victorieuses partout en Europe. La ville de Belgrade tombe en avril. L’armée allemande décide d’y installer une radio militaire : radio Belgrade dont les ondes diffusent sur l'ensemble du continent ainsi qu'en Afrique du Nord. Les radios sont alors très importantes pour transmettre les informations et maintenir le moral des troupes. Radio Belgrade possède pourtant des moyens limités surtout depuis que l’Entrepôt de disques a été bombardé par l’aviation britannique. Un soir, Hanz-Karl Reitgen, le directeur de la radio, s’ennuie alors qu’il n’a plus rien à diffuser. Il est devant une table sous laquelle se trouve une caisse remplie de disques. Parmi ceux-ci se trouvent celui de Lili Marleen. Il décide de passer le morceau. Dès les premières diffusions, la chanson est adoptée par les soldats. C’est également en 1941 que Hitler envoie en Lybie l’Afrika Korps pour soutenir les forces italiennes. Là-bas, un phénomène incroyable se produit. Lili Marleen commence également à toucher les soldats alliés alors qu’ils se battent à Tobrouk contre les allemands. Les deux armées campent à proximité les unes des autres. Tous les soirs, les soldats allemands écoutent l’émission de Radio Belgrade qui se termine toujours par la chanson Lili Marleen. Les paroles arrivent jusque dans le camp des alliés. Pendant plusieurs mois, tous les soirs une sorte de cessez-le-feu informel s’installe vers 21h45 afin que chacun puisse entendre la chanson à la radio. On raconte même qu’il arrive que les officiers britanniques demandent aux allemands de monter le son en hurlant dans des mégaphones lorsqu’ils n’entendent pas assez bien. En quelques semaines, la chanson touche tous les camps. C’est en quelque sorte le premier tube planétaire, et Lale Andersen devient une star. Presque immédiatement, Goebbels fait enregistrer à Lale Andersen une version en anglais. Il pense ainsi pouvoir démoraliser les troupes ennemies. Il dit vouloir que « Lili Marleen rayonne jusque chez l’ennemi ». C’est un échec. Lili Marleen est ensuite traduite dans la langue de tous les pays conquis. En

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1941, en France, elle est traduite puis reprise par une artiste proche du régime nazi : Suzy Solidor. Dans certains pays, comme la Pologne, Lili Marleen est pourtant encore de nos jours entachée de la réputation de chant nazi. En effet, cette musique était chantée par l’ensemble des troupes allemandes quelle que soit leurs fonctions. Elle a probablement aussi accompagné les terribles et célèbres Einsatzgrupen chargés de supprimer sur leur passage tous les opposants au régime nazi comme les juifs, les tziganes, les communistes. Entre 1941 et 1943, ces unités d’extermination ont fait plus de 1.000.000 de morts. En Pologne, certains témoignages racontent que les Einsatzgrupen auraient branché sur haut-parleurs Lili Marleen pendant qu’ils commentent leurs exactions afin de se mettre du baume au cœur.

Après les premiers échecs des troupes allemandes, le régime nazi cherche les moyens pour motiver les troupes. Goebbels estime que la chanson Lili Marleen de Lale Andersen ne fait pas partie de ceux-ci. Il la juge en effet trop douce, trop mélancolique. Il va tout de même en faire une série d’adaptations à caractère martial. Lale se retrouve dépossédée de sa chanson. En outre, en fouillant dans sa correspondance, les services de renseignements apprennent qu’elle entretient des contacts avec un musicien juif avec lequel elle parle du nazisme en termes très peu élogieux. Dès lors, Goebbels la met au banc de la société en la privant du droit d’exercer son métier d’artiste. La BBC ira même jusque annoncer la mort de Lale Andersen dans un camp, après qu’elle ait été déportée. Cette nouvelle fait l’effet d’une bombe. Le peuple allemand réclame Lale Andersen. Cet impact est renforcé par le fait qu’elle possède des fans importants comme Rommel ou Mme Goering. À cet instant, Goebbels est obligé de faire machine arrière. Il autorise Lale à remonter sur scène, mais elle ne peut plus chanter Lili Marleen. En 1945, les Anglais sont convaincus de la popularité de la chanson au sein de toutes les armées. Ils comprennent qu’elle symbolise encore pour les allemands le symbole de leurs victoires de 1941. Ils vont donc eux aussi tenter de la détourner. Les alliés donnent des paroles anglaises à Lili Marleen avant de réaliser un film de propagande de 30 minutes à propos de celle-ci. Ils y réinventent l’histoire de la chanson. Le film est conclu par une nouvelle version anti-nazie de la chanson. À la fin de la guerre, Marlène Dietrich part pour l’Europe afin de se produire dans les théâtres des armées qui ont pour objectif de soutenir le moral des troupes alliées. Elle va profiter de l’aubaine du jeu de mot entre son prénom et Marleen. Elle inscrit alors Lili Marleen en anglais à son tour de chant pour les soldats. Par sa voix, Lili Marleen devient l’hymne de la libération par les troupes victorieuses en 1945. Dès lors, Lilli Marleen sera associée pour beaucoup et pour toujours à Marlène Dietrich.

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Lili Marleen est donc le symbole de la progression de la deuxième Guerre Mondiale. Dans un premier temps, elle est largement diffusée lors de l’avancée des troupes allemandes victorieuses en 1941. Par la suite, elle est reprise par les forces alliées pour signifier aux allemands que la victoire leur échappe. En s’appropriant la chanson, les alliés ont en quelque sorte dépossédé les nazis de leurs victoires. Itchy dans les bottes

L’Histoire (re)vue par la Philo 20 novembre 1959 : proclamation de la Déclaration des droits de l'enfant. 21 novembre 1958 : proclamation de la Déclaration des droits du pédophile. Le 20 novembre 1815, signature du second traité de Paris, symbolisant la fin du Premier Empire.
 Enfin, Picore sent son heure arriver... 20 novembre 1925, naissance de Robert « Bobby » Kennedy. Voulant succéder à son frère, il sera écarté de la présidence par un sombre complot Maccha-Phallusique. 20 novembre 1945 ouverture du procès de Nuremberg, les principaux cadres du comité de baptême philo de Liège sur les bancs des accusés. Le 20 novembre, on fête la journée de l'industrialisation de l'Afrique ! Y’a bon Banania !

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Journalisme à l’ULB : Bienvenue dans le Monde DC 11. Hey Toi ! Tu es intéressé par le Master journalisme, mais tu ne connais rien de ce master, alors cet article est fait pour toi!! Soyons honnêtes, j’ai commencé ce master seulement depuis deux mois ! Mais j’ai déjà l’impression d’être une autre personne. Pendant trois longues années, tu étudies tes cours par cœur pour décrocher ton bachelier et puis… BAAM! Tu arrives dans un master où il y a peu de théorie, (Hip hip hip Hourra!) mais où il y a ééénnoorrrméémmmeennt de pratique! Et pourtant c’est assez sympa, car tu concrétises des projets… non pardon, TES projets. Tu passes des heures, des jours, des semaines au 11e étage du bâtiment D. Prends ton sac de couchage et ton Doudou, la salle DC11 238 est parfaite comme nouveau kot! Tout est à ta disposition pour te sentir PILE dans le monde du journalisme. Il y a une salle de rédaction, où tu es au cœur de l’information pour écrire tes articles. Il y a une autre salle avec des ordinateurs à perte de vue (4 en fait) où tu pleures au moins une fois (RIP montage) quand tu réalises des montages vidéo. Juste à côté, il y a une salle « Plateau TV » où tu passes devant la caméra (avec 300000 lumières dans ta g….). Et enfin, il y a la pièce Radio où tu as la chance de faire tes débuts, car tu passes en direct… sur Radio Campus ! Tu ne l’aurais jamais cru que toutes ces salles se retrouvaient en un seul endroit à l’ULB : « Le monde DC 11 ». Tu ne devras plus faire semblant de parler avec une banane et de parler dans une boîte à pizza coupée en écran TV, car tu travailleras avec du vrai matos ! Ne perds pas ton temps en Bachelier, viens t’amuser avec nous dans le master Journalisme ! Vivre le quotidien des journalistes, aller sur le terrain, rencontrer des personnes, travailler en équipe, sentir le stress et surtout être encadré par des professionnels !

Antenne dans 5

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« Bonjour à tous, c’est Jean-Charles Delepinne qui vous présente… ! »

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Une semaine vachement cule Chers amis philosophes, poils, plumes, anciens ou d'ailleurs,

 Cette année, la Philo va réaliser un calendrier pour financer sa semaine culturelle, qui portera sur le thème de l’Érotisme ! Vous pourrez retrouver les membres du cercle et du baptême comme vous ne les avez jamais vus! Le calendrier sera vendu à l'aprèm Noël (histoire de vous faire passer un bon blocus) au prix de 9 euros en précommande et 11 euros sans précommande. 
N'hésitez pas à nous contacter via Facebook ou autre pour toute commande. Commandez le vôtre, il n'y en aura pas beaucoup ! Vos déléguées "Semaine culturelle", 
Doradoul et Cerf

La Philo est sportive, c’est bien connu Tu en as sans doute déjà entendu parlé grâce à notre splendide Déléguée Sport, mais permets nous de te rappeler le rendez-vous hebdomadaire indispensable que sont devenus les interfacs. En effet c’est lors de celles-ci que tu auras l’occasion de retrouver tes camarades autour de trois derniers sport proposés : le handball le 26 novembre, le unioc et le bras de fer le 17 décembre. Au second quadri nous nous retrouverons pour le tournoi de minifoot. N’oublions cependant pas : pas de carburant, pas d’énergie, pas d’énergie, pas de sport, pas de sport, pas de santé, pas de santé, pas de vie, pas de vie, … Et le carburant c’est cette fameuse boisson qui vaut deux tartines et qu’on appelle bière (et oui il y a également un trophée pour le cercle à la plus grosse note au bar !). De plus, n’hésitez pas à vous rendre dés à présent sur la page de l’event facebook concernant le SKI CPL 2015 pour glaner toutes les informations sur ce voyage à Valmenier qui s’annonce d’ores et déjà épique !

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Chaque soir un nouvel assaut

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