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LE FRANÇAIS EN FRANCE Cours de français général ou sur objectifs spécifiques pour tous niveaux Formation pour professeurs de français Préparation aux examens officiels DELF / DALF Séjours pour juniors et groupes Service hébergement et activités culturelles toute l’année
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Cours de langue et de culture françaises à Montpellier
Édito
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Florence Teste, rédactrice en chef
AMÉLIE POULAIN CINEMA Bonjour à toutes et à tous ! Déjà le mois d’avril ! Nous venons de passer à l’heure d’été et les journées sont de plus en plus longues. Quel bonheur ! La température est douce, les arbres sont en fleurs, les hirondelles ne tarderont plus à revenir du sud. Grâce à tout cela, l’équipe de LCFF est toujours aussi énergique : nous vous avons préparé un numéro sur Paris. Nous vous avions déjà proposé un numéro sur Paris, le 5, en mars 2013. Mais cette fois-ci, nous avons voulu vous montrer d’autres facettes de la ville lumière : le Paris historique avec les révoltes des Parisiens, le Paris touristique avec les stations de métro (Tourisme), le Paris artistique à Montmartre (Art), le Paris glamour avec les cafés et les cabarets (Société) ainsi que le groupe Brigitte (Musique), le Paris populaire avec le film Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (Cinéma), le Paris poulbot avec le chanteur Renaud (Chanson), le Paris gourmand avec la brioche (Cuisine) et le pain (Consommation). Vous trouverez également vos rubriques habituelles : livre, Amériques, Amériques, vin, style et jeux. Si vous êtes enseignant(e), n’oubliez pas de vous inscrire à nos journées d’application AppliFLE qui auront lieu à Montpellier les 29 et 30 mai. L’équipe de LCFF sera heureuse de vous accueillir dans ses ateliers « Enseigner autrement, les alternatives à un enseignement académique ». Pour les autres, pensez à vous (ré)abonner à LCFF. Vous aurez ainsi accès à la totalité des articles de votre magazine préféré et à la Litote, notre supplément numérique hebdomadaire. Bonne lecture !
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BRIGITTE MUSIQUE
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MONTMARTRE ARTS
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livRE
LE PETIT PRINcE littéRatURE FRancoPHonE
KIm THuY HistoiRE
PARIS ET SES REVOLTES société
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cAFéS ET cABARETS consommation
LES FRANçAIS ET LE PAIN
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PARIS
TOURISME
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GastRonomiE
L’éTIquETTE à LA FRANcAISE P. ImAgIER
à TABLE ! ENVIRONNEmENT
uN JARDIN écO-cITOYEN AFRIquES
L’ AFRIquE ET LA mODE AuTEuR
mADELEINE DE ScuDéRY gRAmmAIRE
LES REgISTRES DE LANguE cOIN DES PROFS
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SAcRéS FRANçAIS
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JARDIN SEcRET VINS
LE SAKé JEuX
RENAUD CHANSON
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40 L’HERMIONE aMéRIquEs
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articLes sont adaptés
à des niveaux
B1
à
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42 P. 46 P. 49
méDIAS
Les
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c2. La
difficuLté de L’articLe est
représentée par Le pictogramme en forme de Livre en haut de La page.
Les articLes qui comportent ce pictogramme existent en version audio
LA BRIOCHE gAstROnOmIE
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Cinéma
Comme au
cinéma
© Victoires Productions
Quel drôle de destin que celui
d’Amélie Poulain ! par Romain Devaux
© Victoires Productions
Connaissez-vous Amélie ? Petite, brune aux yeux malicieux, elle fait partie de ces personnes qui aiment les petits plaisirs de la vie, comme plonger sa main dans un sac de grains, briser la croûte des crèmes brûlées avec une petite cuillère ou encore faire des ricochets1 sur le canal Saint- Martin. Non, cela ne vous dit rien ? LCFF revient donc ce mois-ci sur le plus gros succès cinématographique français du début du XXIe siècle, juste pour vous.
© Victoires Productions
Sorti en salle en 2001, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain fait aujourd’hui partie des grands classiques. Il est progressivement devenu l’emblème2 du cinéma français à l’étranger, avec plus de trente millions de spectateurs à travers le monde. L’histoire est celle d’Amélie, jeune Parisienne de Montmartre qui travaille comme serveuse aux Deux Moulins, un bar-tabac tenu par Suzanne (une ancienne danseuse à cheval qui s’est cassé la hanche). Jusque là, rien de bien surprenant. Cependant, à ses vingt-deux ans, Amélie trouve un but à son existence : elle veut réparer la vie des autres. De fil en aiguille3, la jeune demoiselle va mettre en place des stratagèmes4 pour aider incognito5 les personnes de son entourage. Parmi elles, sa collègue Georgette (la malade imaginaire), son épicier Lucien (gentil rêveur), son voisin « l’homme de verre » ou encore sa concierge Madeleine qui passe son temps à siroter6 du porto.
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lcff - Cinéma
© Victoires Productions
La quête dans laquelle la jeune femme s’est lancée est perturbée lorsqu’elle rencontre le jeune homme à la mobylette, Nino Quincampoix, qui travaille à mi temps comme gorille dans un train fantôme et comme caissier dans un sex-shop. Cette rencontre très insolite bouleverse le quotidien de la demoiselle qui va commencer un jeu de cache-cache avec Nino, dans le but de lui déclarer son amour.
Jeune femme atypique, Amélie nous fait voir le monde différemment pour nous rappeler que la vie est bien plus simple qu’on se l’imagine et que le bonheur peut tenir à quelques sourires. Si comme Amélie, vous aimez regarder les nuages allongé dans l’herbe, observer les gens et laisser travailler votre imagination, bref, que vous avez gardé votre âme d’enfant, regardez sans attendre ce chef d’œuvre du cinéma français qui vous fera esquisser7 bien plus qu’un sourire.
1. ricochets (n. m.p.) : rebonds que l’on fait sur l’eau avec un pierre plate 2. emblème (n. m.s.) : symbole 3. de fil en aiguille : petit à petit 4. stratagèmes (n. m.p.) : stratégies 5. incognito (adv.) : sans être reconnu 6. siroter (v.) : boire lentement 7. esquisser (v.) : dessiner légèrement 8. loufoque (adj. m.s.) : un peu fou 9. à couper le souffle : incroyable, magnifique
l’étranger. Jean-Pierre Jeunet, le réalisateur, crée un monde loufoque8 dans lequel cohabitent des personnages très touchants et assez drôles : le client de bar obsessionnel, le père attaché à un nain de jardin, le collectionneur de clichés de photomaton, pour n’en citer que quelques-uns. En plus de ce choix de personnages, le récit assez superficiel de ces petits problèmes quotidiens rend le film divertissant et accessible à tous. Pour finir ce fabuleux mélange, le long métrage est accompagné d’une bande-son composée par Yann Tiersen à couper le souff le9, récompensée par de nombreux prix dont le César pour la meilleure musique de film en 2002. Aujourd’hui encore, de nombreux touristes s’arrêtent rue Lepic, au Café des deux moulins où a été tourné le film. La partie tabac a disparu mais on retrouve quelques traces du passage de la jeune Amélie et le temps d’un café, on s’attache comme elle à ces petits plaisirs quotidiens qui rendent la vie plus douce.
© Victoires Productions
Le caractère très singulier de cette comédie française peut expliquer son succès dans l’Hexagone et à
Lexique
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lcff - Cinéma
Š dimitricoste
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Lexique
Musique
Brigitte
© dimitricoste
par Alexis Caucigh
1. enthousiasme (n. m.s.) : excitation 2. pluralité (n. f.s.): multiplicité, diversité 3. délurée (adj. f.s.) : un peu folle 4. tube (n. m.s.) : chanson à succès 5. reprises (n. f.p. ) : chansons chantées d’une nouvelle façon 6. paillettes (n. f.p. ) : petits ronds de plastique qui brillent et que l’on coud sur les vêtements 7. prônent (v. prôner) : recommandent
À bouche que veux-tu ? (2014 – B records)
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e moi-ci, je vous présente un duo de charme féminin d’une sensualité exceptionnelle : Brigitte. Le groupe s’est fait connaître très rapidement en 2010, en multipliant sa participation dans des festivals musicaux. Depuis, son style s’affirme et son succès grandit au même rythme que l’enthousiasme1 des critiques.
En 2011, elles sortent un premier album Et vous, tu m’aimes ? salué par le public et vendu à plus de deux cent mille exemplaires. Le tube4 Battez vous est resté longtemps diffusé sur les ondes radios. Un deuxième album paraît avec des reprises5 très personnelles de The Bay de Métronomy, ou Les yéyés de Gainsbourg. Pour leur troisième album À bouche que veux tu ?, les Brigitte ont décidé d’écrire, de composer et de produire les chansons sous leur propre label, B Records. C’est un album très dansant, avec un côté disco paillettes6 à la Giorgio Moroder, mais aussi très sensuel, gonflé de désir, comme le montre le titre Embrassez vous, et puis des chansons reggae comme Plurielle ou encore avec une rythmique très africaine dans Hier encore. Les textes des deux artistes prônent7 une féminité assumée, affichant des désirs sans complexe. Ces deux femmes, musiciennes, mères, travailleuses, ont réussi à aller au bout de leur passion et incarnent aujourd’hui une des plus belles réussites artistiques actuelles. Bravo et merci pour ce magnifique album.
Aurélie Saada et Sylvie Hoarau se sont connues il y Infos et dates sur leur site : a une dizaine d’années maintenant. Un jour, l’une http://www.brigitteofficiel.com/ propose à l’autre de travailler ensemble, et voilà le groupe formé, avec un nom original, « Brigitte ». C’est un prénom de femme qui paraît banal mais qui en même temps symbolise la pluralité2, les différentes faces de la personnalité. Brigitte c’est notre tante, c’est la Le coup de cœur d’Alexis : boulangère, une amie un peu délurée3, c’est tout cela réuni et qui représente Soko - Ocean of Tears. toutes les femmes cachées en une seule. Cette jeune artiste française sort un album chanté en anglais qui sonne gentiment « New wave ». À découvrir. http://www.s-o-k-o.com/ lcff - Musique
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Lexique
Les mythes de Montmartre
La guerre de 1870 fragilise la France. Le 18 mars 1871, l’insurrection2 des Parisiens pauvres, affamés3 et écrasés par le système bourgeois, éclate en plein Paris. L’état d’esprit des Parisiens passe rapidement du combat pour les droits des travailleurs à l’anarchie et à l’autogestion. La ville est à feu et à sang. Cette insurrection ne dure que deux mois mais cela suffit pour marquer les Parisiens sur plusieurs générations. Ainsi, on appelle ces insurgés les « communards ». Les survivants du massacre commis par l’armée dite républicaine sont excommuniés4 et condamnés. Certains sont forcés à participer à la construction de la basilique du Sacré-Cœur à l’endroitmême du départ de la révolte. Puis, cette butte se peuple de personnages fantasques5 et de protagonistes de l’Histoire de l’art, de la littérature et du théâtre. Sur les bases d’une profonde misère sociale, Montmartre voit se côtoyer6 artistes
1. butte (n. f.s.) : colline 2. insurrection (n. f.s.) : révolte 3. affamés (adj. m.p.) : qui ont très faim 4. excommuniés (v. excommunier. Passif) : sont rejetés, exclus 5. fantasques (adj. m.p.) : un peu fous 6. se côtoyer (v.) : se fréquenter 7. insalubre (adj. m.s.): en très mauvais état 8. chevalet (n. m.s.) : support en bois pour poser une toile
par Daphné Brottet
et ouvriers, blanchisseuses et philosophes, poètes et prostituées. Ainsi, le Bateau-Lavoir, immeuble insalubre7, est le lieu de la création la plus vive et aventureuse. Ce bâtiment est transformé en ateliers dont la structure en bois prendra feu en 1970, causant sa totale destruction. Picasso, Matisse, Renoir, Suzanne Valladon, Toulouse-Lautrec, Apollinaire, Max Jacob entre autres, s’y rencontrent et marquent l’histoire de l’art pour l’éternité. Les plus grands chefs-d’œuvre du XIXe et XXe siècle sont réalisés là, près de la place du Tertre. Très célèbre pour ces « artistes à chevalet8 », elle apparaît aujourd’hui comme une sorte de nostalgie de cette époque douloureuse mais intense. Cependant, les choses changent et désormais, il faut passer un concours pour avoir le droit de peindre et de vendre ses toiles sur la place publique ! Alors, restez curieux ! Jetez le plan de la ville, promenez-vous au hasard des ruelles de ce quartier, perdez-vous et vous y trouverez des trésors inattendus actuels et passés, réels et imaginaires …
11 © Serge Melki
Fameux quartier parisien pour les étrangers, Montmartre est néanmoins considéré par les Parisiens et les habitants de cette butte1 comme une cité à part entière. En effet, Montmartre ne devient parisien qu’en 1860. Situé au nord de la ville, Montmartre devient mythique après la Commune de Paris en 1871, mais surtout à cause de la vie agitée de ses habitants, la plupart artistes.
© Edgardo W. Olivera
Arts
lcff - Arts
Lexique
Livres
1. pointe (v. pointer) : désigne, souligne, montre 2. criards (adj. m.p.) : qui sont de couleur agressive 3. reconnaissance (n. f.s.) : exploration
Le Petit Prince
Antoine de Saint-Exupéry Par Florence TESTE
« Dessine-moi mouton ! »
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Qui n’a jamais entendu cette phrase ? Le Petit Prince est l’un des livres les plus vendus du monde : cent quarantecinq millions d’exemplaires, dont douze rien qu’en France. Il a été traduit en plus de deux cent cinquante langues et dialectes, ce qui est quasiment un record (après la Bible). Le Petit Prince, c’est l’histoire d’un aviateur obligé d’atterrir dans le désert à cause d’une panne de son avion. Pendant qu’il essaye de le réparer, un petit être se présente à lui et lui demande de lui dessiner un mouton. C’est impossible, me direz-vous ? Oui, bien sûr, mais là n’est pas le plus important ! Antoine de Saint-Exupéry a écrit un texte absolument merveilleux qui invite le lecteur à regarder le monde avec des yeux d’enfant. Le Petit Prince raconte ses rencontres avec les adultes, qu’il ne comprend pas toujours ; il pointe1 ainsi des comportements qui devraient nous étonner alors qu’ils sont devenus « normaux » pour nous. Et c’est une vraie leçon de vie que nous prenons à la lecture de ce court récit : « On ne voit bien qu’avec les yeux. » « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. »
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« Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. » lcff - Livres
Dans Le Petit Prince, il faut aussi regarder avec attention les dessins. Ils sont de Saint-Exupéry luimême. Simples sans être simplistes. Colorés sans être criards2. Parlants sans être bavards. Saint-Exupéry a écrit ce texte pendant la Seconde guerre mondiale, en 1943, en français et en anglais. Il a d’abord été publié à New-York, ensuite en France, en 1946. Mais son auteur est décédé le 31 juillet 1944, dans un accident d’avion en mer Méditerranée lors d’une mission de reconnaissance3 photographique. Cet avion a d’ailleurs été retrouvé il y a à peine quelques années, en 2000. Peut-être avez-vous déjà lu Le Petit Prince dans votre langue ? Que la réponse à cette question soit positive ou négative, n’hésitez pas à le relire en français !
COMPLETEZ
Lexique
Ru de Kim Thúy,
© Antoine_Jamin
Littérature francophone
1. intitule (v. intituler) : est le titre de 2. va-et-vient (n. m.s.) : aller retour, zig-zag 3. a mêlé (v. mêler) : a mélangé, a associé 4. prosaïques (adj. f.p.) : purement matérielles 5. sereines (adj. f.p.) : apaisées, tranquilles 6. déracinement (n. m.s.) : arrachement à sa culture d’origine
par Claire Billiet
L'histoire
Ce petit mot intitule1 un récit qui, sans suivre de chronologie exacte, fait des vaet-vient2 dans le monde intérieur de l’auteure qui se souvient de son exil, à l’âge de 10 ans avec des centaines d’autres personnes dans des boat people. Issue de la bourgeoisie de Saigon, elle a fui clandestinement le pays à l’arrivée des communistes en 1978, puis elle a été internée dans un camp en Malaisie avant d’arriver au Québec où elle vit depuis
trente ans. Elle a adopté les objets de ce nouveau pays, sa langue, a mêlé3 aux habitudes vietnamiennes ces nouvelles façons d’être. Son écriture est étrange, poétique et épurée, délicate et grave. En alternant des anecdotes prosaïques4 avec la mémoire des émotions et des réflexions à présent sereines5, elle reconstruit l’histoire, la sienne et la grande. Grâce à des détails, elle raconte le déracinement6 et le long chemin qu’elle a suivi pour se retrouver sur la terre accueillante et gelée du Québec, loin du Vietnam tropical où elle retourne parfois.
©Asclepias
« En français, ru signifie « petit ruisseau » et, au figuré, « écoulement » (de larmes, de sang, d’argent). En vietnamien, ru signifie « berceuse » ou « bercer ».
Née en 1968 à Saigon, Kim Thúy a d’abord été avocate puis traductrice. Elle a aussi tenu un restaurant et animé une chronique radio avant de commencer à écrire.
Tout récemment, j’ai vu à Montréal une grand mère vietnamienne demander à son petit-fils d’un an (…), je ne sais pas comment traduire cette phrase (…), littéralement, c’est : …où ? «. Le petit s’est touché la tête avec la main. J’ai oublié que l’amour vient de la tête et non pas du cœur. De tout le corps, seule la tête importe. Il suffit de toucher la tête d’un Vietnamien pour l’insulter, non seulement lui mais tout son arbre généalogique.
Bibliographie Ru, Éditions Libre Expression, 2009 À toi, Éditions Libre Expression, 2011 Mãn, Éditions Libre Expression, 2013
lcff - Littérature
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© Geoffroy Groult
Histoire
Paris
et ses révoltes par Odile Esposito
L’histoire de Paris, ancienne et passionnante, se découvre de différentes façons. Je vous propose une pause dans trois lieux de la capitale qui ont connu la révolte populaire à des époques différentes. Ces insurrections ont contribué à faire la réputation du peuple de France, un peuple actif capable de s’unir pour défendre les causes et les idées qui lui semblent justes.
La Bastille
Achevée en 1382, la Bastille était une citadelle1 militaire. Sous Louis XIII, la forteresse devient une prison d’état où quarante-deux prisonniers peuvent être logés séparément, loin des conditions de vie dans les prisons communes. On y enferme discrètement des prisonniers de choix pour ne pas salir leur réputation (notamment Voltaire, Sade, Fouquet). En juillet 1789, Louis XVI a rassemblé les ÉtatsGénéraux car les finances du pays sont catastrolcff - Histoire
phiques et cette assemblée est la seule à pouvoir engager une réforme et modifier les impôts. Des troupes royales sont installées autour de Paris et de Versailles pour assurer la sécurité du pouvoir royal. Le peuple est inquiet. Le roi est fortement critiqué pour le luxe qui entoure la cour alors que le pain devient trop cher pour les Français. La pression se ressent, le peuple demande des explications. Le 11 juillet, le renvoi de Necker, ministre des finances favorable à une réduction des dépenses, constitue le point de départ de la révolte. Le lendemain, la Garde Française rejoint les émeutiers2 qui cherchent des armes. Ensemble, ils vont à la Bastille qui en abrite mais le gouverneur des lieux fait tirer sur la foule. La bataille est sanglante et la Bastille tombe sous la colère des insurgés3. Cette action est surtout symbolique, elle représente la victoire du peuple sur l’injustice du pouvoir royal. Elle a des répercussions4 d’abord sur le territoire français, puis dans toute l’Europe et jusqu’en Russie. En 1880, la date du 14 juillet est choisie comme fête nationale. Le bâtiment de la Bastille a été rasé en 1790. Il n’en reste donc rien aujourd’hui. La Place de la Bastille est le principal carrefour sud-est de Paris.
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Quartier Montmarte De début mars 1871 au 28 mai de la même année, la Commune de Paris est une expérience révolutionnaire et le quartier Montmartre compte parmi les plus impliqués. En 1870, la guerre éclate entre la France et la Prusse. Un gouvernement de défense nationale est formé, principalement composé de bourgeois qui cherchent une paix rapide. Le peuple de Paris affamé5 résiste au siège prussien depuis des semaines et ne souhaite pas abandonner la lutte. Il ne veut pas que ses efforts et ses sacrifices soient perdus. Une grande tension naît et le gouvernement, inquiet de la situation, prend la décision de s’installer à Versailles, s’éloignant de la zone populaire. Les Parisiens se sentent trahis, d’autant plus que Versailles est un haut symbole de la monarchie et du pouvoir de l’argent. Dans la ville, malgré l’instabilité générale, des élections municipales ont lieu. La moitié des électeurs se déplacent pour voter et c’est la Commune de Paris qui remporte le scrutin6. Tous les élus souhaitent renforcer la République qui a bien du mal à exister depuis la Révolution, et assurer l’autonomie absolue de la Commune de Paris. Cependant, il y a des désaccords profonds à l’intérieur même du groupe. Certains aspirent à une vision plus globale, à l’échelle de la nation. Ils craignent que Paris s’isole dans un système trop fermé. D’autres villes de France tentent aussi d’instaurer la Commune, mais
elles sont très rapidement recadrées par le pouvoir en place. Malgré tout, des actions sont mises en place pour aider les travailleurs, l’école devient obligatoire, laïque et gratuite. La Commune s’organise militairement et politiquement. Les Versaillais s’allient alors aux Prussiens pour écraser la ville révolutionnaire. Ils passent à l’attaque le 21 mai, c’est le début de la Semaine sanglante. Les Parisiens ne sont pas bien armés, ils sont fatigués et désorganisés, alors les barricades7 tombent quartier après quartier devant la puissance des forces dites « régulières ». À Montmartre, des canons repris par les Communards envoient leurs boulets, mais cela ne suffit pas. Ce quartier peuplé d’artistes et d’ouvriers tombe comme les autres. Durant cette révolution populaire, près de trente mille Parisiens ont trouvé la mort. Quarante mille arrestations ont donné lieu à des exécutions ou à des peines de travaux forcés, ou encore au bannissement8. Karl Marx fit de la Commune de Paris un symbole de la lutte contre la bourgeoisie. En 2015, Montmartre est un quartier paisible, très à la mode. On y trouve de nombreux bars et restaurants et l’art occupe une place toujours importante. Des peintres dessinent le portrait des touristes dans la rue.
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lcff - Histoire
La Sorbonne En mai 68 (comprendre 1968), un mouvement de contestation politique, sociale et culturelle bouleverse la société française, déstabilisant les sommets de l’État. Tout part d’un mouvement étudiant et particulièrement de l’université de la Sorbonne.
Des groupes d’étudiants d’extrême gauche dénoncent l’institution universitaire comme un des rouages9 de la société capitaliste. Ils veulent que les choses changent. Ils font des réunions à la Sorbonne, mais le 3 mai, la police intervient brutalement pour disperser le rassemblement. C’est le début de la révolte des étudiants qui résistent à ce pouvoir autoritaire qui veut les faire taire. On monte des barricades7 dans les rues, les pavés10 volent comme les gaz lacrymogènes, les cocktails Molotov et les coups de matraques. « La nuit des barricades », entre le 10 et le 11 mai, les combats sont très violents et font de nombreux blessés. Les Français sont sous le choc. L’opinion publique se place du côté des étudiants, le peuple ne veut pas de ce pouvoir répressif. Des mouvements de grève naissent partout dans le pays, les mécontents parlent, les syndicats s’activent. Un vent de révolte se lève pour la société entière, le temps du changement est venu. La crise au départ estudiantine11 devient sociale puis politique. Le Président de Gaulle finit par dissoudre l’Assemblée Nationale et organise des élections anticipées. Les gaullistes réussissent une campagne qui joue sur la peur du désordre et les Français votent en masse pour le parti de droite. La révolution est écrasée. Aujourd’hui, la Sorbonne est une université prestigieuse. Elle conserve une valeur symbolique de cette révolution manquée. Quant à mai 68, ces événements ont marqué les esprits, contribuant à la libération des mœurs et en particulier à la libération de la femme. Ils ont donné naissance à un nom pour qualifier les personnes inspirées par cet esprit de révolte libertaire : les soixante-huitards.
Lexique
1. citadelle (n. f.s.) : cité fermée par des murs 2. émeutiers (n. m.p.) : participants à une manifestation violente 3. insurgés (adj. m.p.) : révoltés 4. répercussions (n. f.p.) : conséquences 5. affamé (adj. m.s.) : qui a faim 6. scrutin (n. m.s.) : élection, vote 7. barricades (n. f.p.) : barrières de défense posées dans la rue 8. bannissement (n. m.s.) : exclusion 9. rouages (n. m.p.) : éléments qui font partie d’un mécanisme 10. pavés (n. m.p.) : cubes de pierre qui recouvrent les rues 11. estudiantine (adj. f.s.) : des étudiants
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Rendez-vous à
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© greenski
Bien souvent, les noms de nombreuses
stations du métro parisien n’évoquent rien à nos mémoires. Pourtant, ils font référence à des personnalités ou des événements importants dans notre Histoire. Désormais, vous aborderez les stations suivantes avec un regard différent.
Louis Blanc
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Ligne
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Louis Blanc (1811-1882), est un homme politique français. Il a écrit un gigantesque ouvrage en quinze tomes nommé Histoire de la Révolution française. Socialiste républicain, il fait beaucoup pour les droits des travailleurs. Exilé un moment à Londres, il est élu à l’Assemblée Nationale à son retour en 1870. Il condamne1 la mise en place de la Commune de Paris (organisation républicaine autonomiste, voir Histoire, page 14) mais critique aussi la violence du gouvernement de Versailles pour l’éliminer. lcff - Rendez-vous à
La Porte Maillot Dès le Moyen Age, pour entrer dans Paris, il fallait franchir des portes. Ainsi, on trouve un grand nombre de portes dans la ville car elle a beaucoup évolué au fil des siècles, s’élargissant sans cesse. La Porte Maillot donne accès au bois de Boulogne. Son nom viendrait de la révolte des Maillotins au XIVe siècle, ces paysans et Parisiens qui ont lutté contre des taxes insupportables. Ligne
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Ligne Quatre septembre
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Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815) est connu pour avoir créé, en 1759 près de Versailles, le premier atelier de toiles imprimées grâce à l’utilisation de plaques en cuivre gravées.
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François-Vincent Raspail (1794-1878) est un chimiste, médecin et homme politique français. Ardent3 défenseur de la République, il fait plusieurs séjours en prison à cause de ses idées. Il est proche du peuple et condamne la répression de Versailles qui vise à éliminer la Commune de Paris (organisation républicaine autonomiste). Il tente de faire amnistier4 les communards (ceux qui sont pour la Commune) mais ne parvient pas à convaincre l’Assemblée Nationale. Ses recherches en médecine concernent les microbes. Il est le premier à diffuser la notion d’hygiène dans les classes populaires.
Campoformio Ligne
1. condamne (v. condamner) : critique, blame 2. proclamée (adj. f.s.) : déclarée 3. ardent (adj. m.s.) : puissant 4. amnistier (v.) : pardonner officiellement 5. traité (n. m.s) : accord, contrat 6. récompense (n. f.s.) : ce qui est donné en échange d’un service rendu
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Il s’agit d’un des surnoms de Pierre Georges (1919-1944), militant communiste et résistant durant la Seconde guerre mondiale. Chargé d’organiser une résistance armée dans la capitale, il est l’auteur du premier attentat contre l’occupation allemande, tuant un militaire de la Wehrmarcht. Il meurt en 1944 dans l’explosion d’une mine, dans l’est du pays. Ligne
Lexique
Il s’agit de la date de la mise en place de la IIIe République, proclamée2 par le célèbre Léon Gambetta au palais des Tuileries, après la chute de Napoléon III. Ce régime dure de 1870 à 1940. Ce sont les premiers pas de la République française qui doit inventer un système démocratique et se détacher des régimes monarchiques ou impériaux précédents.
Colonel Fabien
Raspail
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C’est le nom de la ville du nord de l’Italie où Napoléon a signé un traité5 avec l’Autriche en 1797. Ainsi, il ajoutait à son empire la Belgique et les îles Ioniennes et repoussait la frontière sur le Rhin. Cet accord spécifiait aussi la libération du Général de la Fayette.
Stalingrad Ligne
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Il s’agit du nom de la ville de Russie où s’est déroulée une terrible bataille entre septembre 1942 et février 1943. Les Allemands se heurtent aux troupes russes définitivement déterminées à ne rien céder. Des témoignages d’Allemands montrent l’étonnement de ces derniers face à la combativité des Russes dans le froid hivernal. L’armée soviétique remporte la victoire, il s’agit de la première défaite du Troisième Reich, un véritable tournant de la Seconde guerre mondiale.
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Le nom de cette station de métro fait référence à l’Hôtel des Invalides. Louis XIV fait construire ce bâtiment pour prendre soin des militaires qui se sont battus pour lui et ont été blessés. Il estime que c’est une juste récompense6 pour ce que ces hommes ont laissé dans la bataille, le roi doit leur être reconnaissant pour leur engagement. Aujourd’hui, une partie du bâtiment est réservé au séjour de grands invalides de guerre ; une autre accueille le musée de l’Armée. lcff - Rendez-vous à
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Chanson
Renaud,
l’auteur qui ennoblit1 le langage familier par Mélanie Hernandez
J’ai l’immense plaisir aujourd’hui de vous parler d’un artiste vraiment pas comme les autres. Chanteur engagé, il se fait de plus en plus rare sur les scènes de France mais occupe toujours une place importante dans le cœur des Français. Renaud ne mâche pas ses mots2, il les travaille avec fureur, avec humour ou avec finesse pour passer des messages souvent remplis d’amour. Enfant, Renaud a un caractère plutôt rebelle. Il profite des événements de mai 68 pour quitter l’école. Il a alors 16 ans et s’engage avec force dans cette lutte générale contre l’oppression et pour la liberté. À l’image de son père qui écrivait, il met ses poèmes en musique et connaît un petit succès auprès de ses amis et des étudiants révoltés. C’est comme une révélation, même s’il hésite longtemps entre la chanson et la comédie. De toute évidence, il a davantage3 de talent dans l’écriture ! Il enchaîne les petits boulots pendant quelques années, chante dans la rue, lit beaucoup et gagne en maturité. Fan de Brassens, Hugues Aufray et Bob Dylan, il cultive son propre style. Notre loubard4 au cœur tendre sort un premier album en mars 1975, Amoureux de Paname. C’est une véritable bombe dont une chanson est interdite à la radio et à la télévision : Hexagone, critique furieuse de la société française. En 1977, Laisse béton continue de séduire un public plus nom20 breux. Renaud est amoureux, il devient papa et sa vie perlcff - Chanson
sonnelle se reflète dans ses chansons. Il évoque la famille, l’amour et un peu moins la zone5. Le titre Morgane de toi se vend à plus de 1,5 million d’exemplaires. À 30 ans, Renaud a tout : l’amour d’un très large public, une famille heureuse, des amis. Mais il n’est pas à l’aise avec tout cet argent, lui qui vient d’un milieu ouvrier. Résultat, il s’investit pleinement pour différentes causes, il se bat avec sa maison de disque pour que le prix des places reste accessible, il donne beaucoup d’argent. L’écologie, la lutte contre le racisme, la défense des peuples opprimés ou oubliés sont des valeurs importantes à ses yeux.
En 1985, il chante Miss Maggie et frise l’incident diplomatique avec la Grande-Bretagne. Dans cette chanson, il utilise la dureté de Margaret Thatcher pour dénoncer la violence des hommes après le drame du stade du Heyzel qui a fait 39 morts et 600 blessés. L’année suivante, il se retrouve profondément touché par la mort de son grand ami Coluche, humoriste provocateur et fondateur des tristement célèbres Resto du cœur. Il soutient la candidature du socialiste François Mitterrand en 1987, ce qui déstabilise ses fans qui s’interrogent sur sa démarche.
Lexique Où est l’anarchiste des débuts ? Renaud explique qu’il n’a plus 20 ans, qu’il a peut-être moins de fougue6 qu’avant. Cependant, son amitié avec Tonton7 ne l’a jamais empêché de dire ses désaccords. En 1999, son amour de toujours le quitte, alors Renaud s’effondre et disparaît quelque temps. Il se détruit à coup d’alcool, connaît des hauts et des bas, et nous offre encore quelques chansons touchantes (Manhattan-Kaboul), ou pimentées (Les bobos). L’année dernière, il a contribué à un album de reprises de ses chansons (La bande à Renaud), choisissant les artistes qui interprètent ses titres. Que vous choisissiez la nouvelle version ou celle d’origine, je vous invite à découvrir les textes de Renaud, ils vous toucheront sans aucun doute. La force de Renaud, c’est l’efficacité de ses écrits. Il emploie des mots simples et familiers, des mots que nous utilisons chaque jour dans notre vie privée. Et c’est bien pour cette raison que nous sommes tou-
1. ennoblit (v. anoblir) : rend noble 2. ne mâche pas ses mots (expression) : parle sans détour, dit ce qu’il pense avec sincérité 3. davantage (adv.) : plus 4. loubard (n. m.s.) : jeune de banlieue au comportement asocial 5. zone (n. f.s. Familier) : quartier difficile 6. fougue (n. f.s.) : vive énergie 7. Tonton : surnom de François Mitterrand (ancien président de la République) 8. couplets (n. m.p.) : parties de chansons
chés, il s’agit de notre langue courante. Sa marque de fabrique c’est l’argot, un vocabulaire de Parisien de fin de XXe siècle, qu’il faut, je l’avoue, connaître un minimum pour comprendre ses chansons. Cette langue fait naître des images qui s’animent au fil des couplets8 et provoquent toujours des émotions. Écouter Renaud, c’est écouter un ami en colère, un ami amoureux, un homme avec ses forces et ses faiblesses, tout simplement.
À écouter :
Visage pale rencontrer public (album live), Morgane de toi (album) et les titres La doudou, En cloque, Manu, 100 ans…
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Piaf EXPOSITION
François-Mitterrand Paris 13e 14 avril 23 août 2015 bnf.fr
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Avec le mécénat de
Réservations FNAC 0892 684 694 (0,34 € TTC/mn) www.fnac.com
commémorations nationales
Édith Piaf sur la scène de l’Olympia à Paris, 1959 © Georges Dudognon / AdocPhotos. BnF, délégation à la Communication. Impression Stipa 2015
En partenariat avec
Lexique
Société
© Frédéric BISSON
Cafés et cabarets…
Ça, c’est Paris !
1. fève (n. f.s.) : fruit 2. point de ralliement : lieu de rendez-vous 3. hauts-lieux (n. m.p.) : lieux les plus importants 4. appâter (v.) : attirer 5. se côtoient (v. se côtoyer) : se fréquentent, sont ensemble 6. sʼencanailler (v.) : s’amuser d’une manière un peu vulgaire 7. dépeint (v. dépeindre) : décrit 8. sans concession : durement 9. bien-pensante (adj. f.s.) : politiquement correcte 10. engouement (n. m.s.) : attrait, passion
par Florence Teste
E
n France, le premier café ouvre à Marseille vers le milieu du XVIIe siècle. Mais la fève1 de café vient de loin et elle coûte cher. Il faudra attendre le début du XVIIIe pour que cette boisson se démocratise. En 1686, Procopio, un Sicilien, crée à Paris un nouveau concept : dans son café, on peut aussi manger des sorbets, des gâteaux et lire les nouvelles du jour. De plus, les lieux sont magnifiquement décorés. Son café devient bientôt l’endroit où se rencontrent les écrivains, les philosophes, comme Voltaire, Diderot et d’Alembert. Au moment de la Révolution française, il est un point de ralliement2 pour les révolutionnaires comme Danton, Robespierre ou encore Desmoulins. Le café Procope, situé dans le quartier de SaintGermain-des-Prés, existe encore de nos jours. Et il est toujours l’un des hauts-lieux3 où se retrouvent artistes et intellectuels. Pendant tout le XVIIIe siècle, le nombre de cafés augmente notablement : on peut compter jusqu’à trois mille établissements uniquement à Paris. Le XIXe siècle voit apparaître un nouveau type de café : pour appâter4 le client, on y propose des attractions comme la femme à barbe, le clown, le jongleur, le mime ou le chansonnier. Et c’est ce dernier qui va donner une nouvelle direction au divertissement
urbain : le caféconcert, aussi appelé ca’conc ou encore le cabaret. Le premier d’entre eux s’appelle L’Eldorado et se trouve dans le Xe arrondissement. C’est là que l’on a pu découvrir Mistinguett, Maurice Chevalier ou encore Raimu. Citons également le fameux Le chat noir ou encore Les folies bergères. Dans ces établissements, se côtoient5 toutes les classes de la société de la Belle Époque : des riches qui veulent « s’encanailler6 » et de plus modestes qui veulent simplement s’amuser. Ainsi, dans ses chansons et ses sketches, Aristide Bruant dépeint7 sans concession8 une société bourgeoise bienpensante9. Peu à peu, les cabarets se concentrent sur la Butte Montmartre et dans le IXe arrondissement, faisant de ce quartier l’un des lieux d’animation nocturne de la capitale. Actuellement, on assiste à un nouvel engouement10 pour les cabarets. Des centaines de milliers de touristes, français autant qu’étrangers, vont assister à des spectacles de cabaret qui symbolisent parfaitement le style parisien : le Moulin rouge, le Lido, ou encore Chez Michou. Style parisien mais pas seulement : le Royal Palace se trouve en Alsace !
lcff - Société
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Consommation
© Frédéric BISSON
et le pain
On mange du pain depuis la nuit des temps. Dans le cœur des Français, cet aliment occupe une place particulière et rares sont ceux qui n’en mangent jamais. Sain1, naturel et apportant beaucoup d’énergie, il bénéficie d’une excellente réputation qui associe les valeurs traditionnelles et la modernité. Symboliquement, il unit les personnes dans un moment de partage et de plaisir. Voici comment les Français le consomment.
98% des Français mangent du pain. Pour ceux qui ne
le font pas, c’est presque toujours à cause d’allergies2 alimentaires. Car le pain fait partie des aliments de base dans notre cuisine nationale et on a toujours plaisir à en manger. Imaginez un succulent plat en sauce : quel bonheur de savourer les dernières gouttes de sauce restées dans votre assiette avec un morceau de bon pain frais et croustillant ! Des études ont constaté que si les Français aiment le pain, ils en consomment deux fois moins que dans les années 50. Cela s’explique par l’évolution de la société. Commençons par le petit déjeuner : durant la semaine, le bol de café avec ses tartines laisse progressivement la place à des céréales ou des biscuits. C’est un plaisir que l’on conserve le week-end parce qu’on a 24 plus de temps. Quant au déjeuner, il se prend plus souvent à l’extérieur désormais3 ; on va au restaurant
Le produit phare5 en boulangerie reste la baguette. Conçue à l’origine pour les besoins des ouvriers car sa forme était pratique à transporter, elle a finalement peu évolué, restant un produit de consommation rapide. Ce qui a également changé, c’est que la quantité de pain consommée à chaque repas a beaucoup diminué. On n’achète plus son pain tous les jours, mais deux ou trois fois par semaine, aussi apprécie-t-on qu’il ne devienne pas dur au bout de quelques heures. On apprécie aussi qu’il soit savoureux et encore une fois, les boulangers répondent à la demande en proposant davantage de pains spéciaux. Les plus vendus sont les pains aux céréales, les pains à base de farine de seigle ou d’épeautre, ceux qui ont des formes amusantes et ceux qui rappellent le bon pain de campagne d’autrefois.
© Paul Asman and Jill Lenoble
Les Français
ou on mange sur le pouce4. D’ailleurs, les boulangeries se sont adaptées à ce changement en proposant des formules repas composées de sandwiches, de pâtisseries et de boissons. Les gens achètent donc moins de pain, mais ils dépensent plus d’argent en boulangerie parce qu’ils achètent des repas complets.
Lexique La nouvelle façon de consommer ce produit démontre bien un attachement profond des Français. C’est avant tout une question de plaisir. Et puis, il convient de rappeler l’origine du mot copain constitué du mot pain et du préfixe co- qui signifie « avec » : le copain est donc celui avec qui on partage son pain avec plaisir. Tout est dit !
1. sain (adj. m.s.) : bon pour la santé 2. allergies (n. f.p.) : maladies causées par un élément précis 3. désormais (adv.) : maintenant, de nos jours 4. sur le pouce : rapidement 5. phare (adj. m.s.) : principal 6. davantage (adv.) : plus
COMPLETEZ
Six profils de consommateurs (profils tirés de Anthropologie des mangeurs de pain, Abdu Gnaba, éditions l’Harmattan mars 2011)
Le bipolaire : il aime le traditionnel mais se laisse parfois tenter par de nouveaux pains.
L’authentique : il aime le pain traditionnel, celui de son enfance.
L’errant : assez indifférent, il peut le remplacer par d’autres produits alimentaires.
L’hédoniste : le plaisir motive son achat.
Le nomade : il reconnaît la valeur du pain mais ne consomme pas de façon systématique.
Le déphasé : il mange moins de pain que les profils précédents mais a conscience qu’il devrait en manger davantage6.
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Gastronomie
Étiquette à la française
© breaking pic
Plus que d’étaler son savoir et « paraître », l’EAF (Étiquette à la Française) vous accompagnera pour être à l’aise en société. Lors des séminaires, les candidats étudient - entre autres - comment se présenter, comment adapter son apparence en fonction des situations, les gestes de la galanterie, mais aussi la composition d’un service de table, le nappage et pliage des serviettes, l’utilisation des couverts et des verres, etc. 26
Étiquette (de l’ancien français estiquier, enfoncer, du francique stikkjan, piquer) Cérémonial et usage dans une cour, une réception officielle ; protocole. Ex : les exigences de l’étiquette.
«C’est très important de savoir comment se tenir en société avec des Européens quand on traite de gros projets. Je veux me sentir sûr de moi, que ce soit lors d’une présentation de travail ou lors d’un repas. Je ne veux pas que de petites choses interèrent sur les affaires et les perturbent. Lorsque l’on rencontre quelqu’un, on regarde comment il mange, comment il parle, comment il bouge, et très souvent les hommes d’affaires russes ne font pas bonne impression. Ensuite, c’est très dur de changer la perception qu’une personne a de l’autre. » Dimitri Homme d’affaires russe
Pour vivre dans un pays, il faut pouvoir communiquer avec ses habitants, par la langue bien sûr mais aussi par la culture. Dans un pays comme la France où l’alimentation tient une grande place, savoir accueillir vos invités, servir le vin et mettre la table, sont des connaissances qui vous sont nécessaires si vous souhaitez vous intégrer.
EAF – ETIQUETTE à la FRANCAISE http://www.etiquettealafrancaise.com Email : contact@frenchfrancais.com lcff - gastronomie
© jeshoots
E
n France, dresser la table est devenu un art au fil des ans. Nous utilisons des couverts différents selon les aliments (poisson, viande, pain, fromage, etc) et à table, de nombreux codes sont à connaître. Même si les traditions sont de moins en moins respectées : certains Français mangent des hamburgers avec les coudes sur la table ! Le hamburger est même très à la mode en ce moment, avec plus de 780 millions de sandwichs consommés par an. Aujourd’hui, entre amis et en famille, les règles sont plus souples. Mais dans le monde professionnel, ou auprès de personnes que vous connaissez peu, ou encore dans des lieux prestigieux, connaître les bases du protocole vous aidera à adopter le comportement approprié.
Qu’est-ce que l’étiquette ?
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Lexiq Lexique
Environnement
© michel kolb
Un jardin éco-citoyen
1. ténacité (n. f.s.) : forteuevolonté 2. ont métamorphosé (v. métamorphoser) : ont transformé 3. compost. (n. m.s.) : engrais naturel 4. quasi (adv.) : presque 5. fertiliser (v.) : apporter des éléments nourrissants 6. parcelles (n. f.p.) : morceaux de terrain 7. verger (n. m.s.) : ensemble d’arbres fruitiers
au cœur de la capitale
Par Axelle Négrignat
D
évelopper l’agriculture en milieu urbain, tel est l’objectif du Jardin Santerre. Habiter dans une grande ville comme Paris ne signifie pas renoncer à avoir son petit coin de verdure. De bonnes idées et un peu de ténacité1 permettent parfois de faire de grandes choses. C’est ainsi que des habitants du XIIe arrondissement ont métamorphosé2 l’espace vert de leur immeuble en un jardin partagé, prouvant qu’une agriculture en milieu urbain est possible. Tout commence en 2007 lorsqu’un locataire de la résidence du 107 rue de Reuilly, a l’idée de mettre en place un compost3 collectif en bas de son immeuble, alors que cette pratique est encore quasi4 inexistante à Paris. Une vingtaine de familles se lancent dans l’aventure très rapidement et aujourd’hui, ce sont quatre-vingts foyers qui transforment chaque année environ huit tonnes de déchets organiques (épluchures, coquilles d’œufs, sachets de thé, etc.) en compost. Les familles utilisent ensuite ce compost pour fertiliser5 non seulement les plantations de
leur balcon mais aussi la terre des quarante-cinq parcelles6 du jardin partagé qui a été aménagé en 2010, sur une aire de jeux abandonnée de la résidence. Certaines parcelles sont individuelles tandis que d’autres espaces sont entretenus collectivement. Les dimanches, les locataires désherbent les allées, retournent le compost et arrosent les parties communes. C’est l’occasion de se rendre utile pour tout le monde avant un « apérocompost » très convivial. Après presque huit ans d’existence, le jardin écoresponsable abrite également quatre ruches (maison des abeilles), un poulailler (maison des poules), un petit verger7 ainsi que des abris à insectes, ce qui permet aux locataires de l’immeuble de récolter et manger des fruits et légumes bio, du miel, des œufs, etc. La réussite du Jardin Santerre ne se limite pas seulement à l’écologie puisqu’elle garantit également de belles rencontres et des moments de bonne humeur partagés entre voisins. De telles initiatives ne sont pas rares de nos jours et se répandent de plus en plus dans les grandes villes… pour le bonheur de tous !
Alors, pourquoi pas vous ? lcff - Environnment
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Amériques
© Association Hermione La Fayette
L’Hermione
sur les traces de La Fayette Par Damien Douillard
Nous sommes le 21 mars 1780. La Fayette, jeune major général français, embarque sur l’Hermione qui quitte le port de Rochefort. Il part soutenir George Washington et les insurgés1 américains qui se battent pour leur indépendance. Cependant, les États-Unis d’Amérique sont déjà officiellement indépendants depuis le 4 juillet 1776, soit presque quatre ans ! Alors contre qui est la guerre ? L’ancienne colonisatrice : l’Angleterre. Qui est La Fayette ? Né en 1757 en Auvergne, en France, Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, n’a pas encore 20 ans quand la guerre de l’Indépendance éclate en Amérique du Nord. En 1777, il traverse une première fois l’océan Atlantique, rencontre George Washington et combat à ses côtés. Deux ans plus tard, il rentre en France pour militer2 en faveur des insurgés. Il réussit à convaincre le roi Louis XVI qui l’envoie sur le front américain suivi de dix mille hommes 32 qui le rejoindront rapidement. Il embarque donc lcff - Amériques
sur l’Hermione pour rejoindre la ville de Boston, dans le Massachussetts, puis il retrouve George Washington. À la tête du régiment3 La Virginie, il joue un rôle essentiel dans la victoire de Yorktown, en Virginie, en 1781 contre le général anglais Cornwallis. De retour en France en 1782, il poursuit une carrière militaire brillante notamment pendant la Révolution française, et meurt en 1834. Il reste si populaire aux États-Unis qu’une ville de Louisiane porte son nom et qu’il devient citoyen d’honneur américain en 2002. Que reste-t-il de l’Hermione ? Évidemment, construite à l’arsenal de Rochefort, en 1778, l’Hermione n’existe plus. Avant son abandon, cet arsenal a vu la construction de plus de 550 bateaux français. Cependant, au début des années 1990, un groupe de passionnés décide de reconstruire l’Hermione. Mais il faut d’abord créer une association : elle s’appellera l’Association HermioneLa Fayette. Grâce à différents soutiens, la construction de l’Hermione commence en 1997 dans ce même arsenal de Rochefort.
Lexique 1. insurgés (n. m.p.) : révoltés
2. militer (v.) : défendre une idéologie
Entrevue avec Marine de Villartay, chargée de mission du projet Hermione-La Fayette. Dans quelques jours, l’Hermione va traverser l’Atlantique, quelles sont les dernières étapes à accomplir avant le départ ? Ces dernières semaines, l’équipage a réinstallé la partie supérieure de la mâture4 et les voiles. Il reste encore quelques petits travaux de menuiserie à réaliser, assurer la maintenance des canots… Quels ont été les principaux défis ? Ils ont été nombreux. Il a d’abord fallu recréer des plans, trouver les différentes essences de bois, permettre au public de suivre les travaux en visitant le chantier, faire des compromis5 entre les techniques de construction traditionnelles et modernes pour permettre à l’Hermione de naviguer… Et plus récemment, nous avons dû réunir et former un équipage de grande qualité. Finalement, il y aura soixante-dixhuit membres d’équipage : une vingtaine de marins professionnels, les cinquante-six volontaires que nous avons formés et quelques journalistes et techniciens. La moyenne d’âge est de 27 ans.
Vous voulez en savoir plus ? http://www.hermione.com/accueil/
3. régiment (n. m.s.) : groupe militaire 4. mâture (n. f.s.) : ensemble des mâts d’un bateau 5. compromis (n. m.s.) : arrangement, concession 6. escale (n. f.s.) : arrêt 7. quai (n. m.s.) : bordure du port
Y-a-t-il un programme spécial pendant les escales6 ? Bien sûr. Sur le quai7 de chaque port où nous allons faire escale, il y aura un accueil pour permettre au public de découvrir le projet et comprendre les raisons de la traversée. Les touristes pourront aussi visiter l’Hermione. Il y aura des animations, notamment organisées par Friends of Hermione Lafayette in America, l’association américaine qui est notre partenaire. Et après, que se passera-t-il pour l’Hermione ? Sur le chemin de retour, l’Hermione fera escale à Brest, en Bretagne, et rentrera à Rochefort pour la fin août 2015. On compte continuer à l’ouvrir au public plusieurs mois par an. Et le reste de l’année, elle devrait continuer à naviguer.
Connaître les activités organisées à chaque escale ? http://hermione2015.com/
Suivre l’actualité du navire ? http://www.hermione.com/blog-de-l-hermione/ lcff - Amériques
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le ministère de la
Culture et de la Communication prĂŠsente
Lexique
Afriques
L’Afrique et la mode
1. promouvoir (v.) : faire connaître 2. apporter leur pierre à lʼédifice : participer 3. rentable (adj. m.s.) : qui rapporte de l’argent 4. émergente (adj. f.s.) : nouvelle et en développement 5. reléguant (v. reléguer) : classant à un rang inférieur 6. ficelles (n. f.p.) : règles
COMPLETEZ
par Mélanie Hernandez
C’est bien connu, les grandes maisons de couture sont en Europe. Mais l’inventivité ne connaît pas les frontières, et les créateurs africains méritent leur place aux côtés de ces grands noms. Depuis toujours, la haute couture s’est inspirée du continent africain, comme par exemple la collection printemps-été 2005 de Jean-Paul Gaultier. Désormais, les couturiers occidentaux ne sont pas uniquement des observateurs à la recherche d’inspiration, ils vont également en Afrique dans le but de partager des connaissances, de promouvoir1 le travail des stylistes locaux, d’apporter leur pierre à l’édifice2. Et leur aide est nécessaire car ces créateurs sont confrontés à des difficultés majeures à tous niveaux. Tout d’abord, c’est une question d’image de la filière mode à l’intérieur même du continent. Les pouvoirs publics n’envisagent pas ce secteur comme économiquement rentable3 ; pourtant la classe moyenne émergente4 pourrait contribuer à son développement. De plus, le coton compte parmi les grandes
cultures sur le continent mais toute la production part à l’étranger pour être transformée. Cette partie échappe à l’économie africaine alors qu’elle pourrait se l’approprier et créer une véritable filière textile, respectueuse de l’environnement. On constate d’ailleurs une différence entre les pays africains anglophones et francophones. Les premiers (anglophones) suivent ce marché en devenir, sans le propulser mais sans le freiner non plus. Les deuxièmes (francophones) ont du mal à percevoir son potentiel économique, le relayant5 au niveau de simple divertissement. Les couturiers africains qui ont du mal à apprendre les ficelles6 du métiers sur place n’hésitent pas à partir en Europe ou aux États-Unis pour suivre une solide formation. Ainsi, ils peuvent réaliser concrètement ce que leurs esprits novateurs imaginent. Depuis quelques années, les acteurs africains de la mode, plus précisément de la haute couture, se mobilisent pour faire vivre leur activité en Afrique. Les défilés se multiplient, signe que la créativité est au rendezvous. À Paris et à Montréal notamment, on voit des Black Fashion Weeks qui mettent à l’honneur les talents africains, vivant aux quatre coins du monde. Le dynamisme et la force créatrice sont bien présents, il ne reste qu’à les mettre davantage en lumière.
lcff - Afriques
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Auteur
Madeleine
de Scudéry par Florence Teste
L’ auteur
Madeleine de Scudéry est née au Havre le 15 novembre 1607. Ses parents sont morts alors qu’elle est encore une enfant et c’est son oncle qui lui donne une excellente éducation : littérature, dessin, danse, musique. Comme il connaît bien la Cour, il lui permet de rencontrer des gens influents. Elle s’installe à Paris en 1640 et fréquente l’Hôtel de Rambouillet, un salon à la mode. À partir de 1652, elle lance son propre salon. « Les samedis de Melle Scudéry » sont alors très réputés et on y croise les personnes les plus en vue de la bonne société française. Elle écrit également de nombreuses œuvres, dont certaines seront signées par son frère Georges, lui aussi un auteur de renom de l’époque. Dans Artamène ou le Grand Cyrus, ainsi que dans Clélie, histoire romaine, les personnages ressemblent à des personnages qui existent réellement, les noms sont simplement changés. En 1674, elle est la première femme distinguée par l’Académie française, qui lui décerne le prix d’éloquence pour son Discours sur la gloire. Elle meurt à Paris en 1702.
Bibliographie choisie 36
- Artamène ou le Grand Cyrus, 10 volumes (1649-1653) - Clélie, histoire romaine, 10 volumes (1654-1660) lcff - Auteur
L’extrait Ce texte est un extrait d’Artamène ou le Grand Cyrus. Ce livre est réputé être le plus long roman jamais écrit en français : 10 volumes, plus de 13 000 pages. Artamène, guerrier de la Perse antique, part à la recherche de Mandane, la femme qu’il aime. Il s’agit ici du portrait de Cléomire, l’un des personnages de ce roman. Mais les contemporains y reconnaissent la description de la marquise de Rambouillet, qui tenait un important salon littéraire.
« Cléomire est grande et bien faite ; tous les traits de son visage sont admirables ; la délicatesse de son teint1 ne se peut exprimer ; la majesté de toute sa personne est digne d’admiration et il sort je ne sais quel éclat de ses yeux qui imprime le respect dans l’âme de tous ceux qui la regardent. Sa physionomie est la plus belle et la plus noble que je vis jamais, et il paraît une tranquillité sur son visage qui fait voir clairement qu’elle est celle de son âme. On voit même en la voyant seulement que toutes ses passions sont soumises à raison et ne font point2 de guerre intestine3 dans son cœur ; en effet je ne pense pas que l’incarnat4 qu’on voit sur ses joues ait jamais passé ses limites et se soit épanché5 sur tout son visage, si ce n’a été par la chaleur de l’été ou par la pudeur6, mais jamais par la colère ni par aucun dérèglement de l’âme ; ainsi Cléomire étant toujours également tranquille, est toujours également belle. Au reste7, l’esprit et l’âme de cette merveilleuse personne surpassent de beaucoup sa beauté ; le premier n’a pas de bornes8 dans son étendue et l’autre n’a point d’égale en générosité, en constance, en bonté, en justice et en pureté. L’esprit de Cléomire n’est pas un de ces esprits qui n’ont de lumière que celle que la nature leur donne, car elle l’a cultivé soigneusement, et je pense pouvoir dire qu’il n’est point de belles connaissances qu’elle n’ait acquises. Elle sait diverses langues et n’ignore presque rien de tout ce qui mérite d’être su, mais elle le sait sans faire semblant de le savoir et on dirait à l’entendre parler, tant elle est modeste, qu’elle ne parle de toutes choses admirablement comme elle fait, que par le simple sens commun et par le seul usage du monde. Cependant elle se connaît à tout : les sciences les plus élevées ne passent point sa connaissance ; les arts les plus difficiles sont connus d’elle parfaitement… »
À lire http://www.artamene.org/
1. teint (n. m.s.) : couleur de la peau 2. ne... point (nég.) : ne ... pas 3. intestine (adj. f.s.) : intérieure, interne 4. incarnat (n. m.s.) : rouge 5. se soit épanché (v. sʼépancher. Passif) : se soit répandu 6. pudeur (n. f.s.) : discrétion, retenue 7. Au reste : En plus 8. bornes (n. f.p.) : limites
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lcff - Auteur
Grammaire
Les registres de la langue Le registre de langue est l’utilisation sélective du lexique, de la grammaire et de la prononciation. Il s’agit ainsi d’adapter son langage à une situation. Le choix du registre de langue donne des indications sur le milieu social et/ou culturel, sur le niveau d’éducation, sur l’âge, le sexe, etc. Il permet également de marquer la position hiérarchique ou le degré d’intimité.
par Florence Teste
Le registre soutenu
est surtout utilisé à l’écrit ou dans les situations les plus formelles. C’est la manière la plus recherchée, la plus soutenue, de l’expression en français. Ex : Nous avons rendez-vous avec des relations à 20h pour dîner au restaurant.
Le registre courant
est l’emploi du langage de tous les jours, c’est le plus usuel. On l’utilise avec les personnes que l’on ne connaît pas, dans les magasins ou les administrations, par exemple, ou avec ceux dont on est très proche, comme la famille et les amis. Il respecte les règles syntaxiques et peut donc être oral ou écrit. Ex : On a rendez-vous avec des amis à 8h pour aller au restaurant.
Le registre familier
n’est employé qu’à l’oral. Il ne respecte pas toutes les règles de la grammaire, oublie des mots, utilise un vocabulaire spécifique qui ne se trouve pas toujours dans le dictionnaire et prend des libertés avec la prononciation. Ex : On a rendez-vous avec des copains à 8h pour aller au resto.
Le registre argotique
est proche du français familier mais il est plus vulgaire. Il emploie tout un vocabulaire très spécifique qui ne fait pas partie des bons usages. Il est même très grossier et peut être senti comme agressif. Ce sont les mots que l’on emploie également pour les injures ou pour une exclamation réflexe. Ex : On a rencart avec des potes pour se faire un resto.
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lcff - Grammaire
langage soutenu
langage courant
langage familier ou argotique
un véhicule
une voiture
une bagnole, une caisse, une tire
un camarade
un ami
un pote
occire
tuer
buter
un ouvrage
un livre
un bouquin
se quereller
se disputer
s’engueuler
se sustenter
manger
bouffer
en état d’ébriété
saoul, ivre
bourré, noir, gris
des escarpins, des mocassins,…
des chaussures
des godasses, des pompes, des groles
mon épouse
ma femme
ma nana, ma meuf, ma gonzesse
des fonds, des finances
de l’argent
du pognon, du fric, de la thune
Exercices 1. Cochez la case correcte selon le registre de langue des phrases suivantes. soutenu
courant
familier
Ma chère, voudriez-vous avoir l’aimable obligeance de bien vouloir me faire passer le sel, je vous prie ? Passe-moi le sel, s’te plaît. Tu veux bien me donner le sel, s’il te plaît ? Tu seras là quand je reviendrai ? Serez-vous présent lorsque je reviendrai ? T’as vu la bagnole ? Elle est super ! Cette voiture est superbe ! Cet après-midi, j’ai acheté une magnifique paire de chaussures. C’t aprèm, je me suis dégoté une super paire de pompes ! 2. Proposez une autre version pour les phrases suivantes, en français familier, courant ou soutenu. a) Ainsi ai-je dû écourter la réunion. b) Je commence mon taf tous les jours à 9h. c) Tu fumes combien de clopes par jour ? d) Ce monsieur s’est montré extrêmement aimable. e) Vous pouvez choisir la couleur de votre véhicule à votre guise. ) Tu me gonfles !
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Réponses page 50. lcff - Grammaire
Pédagogie
© c_lunenlune
Le coin des profs
par Céline Dandoy
« Sacrés Français !» Dans ce nouvel épisode du Coin des profs, je vous propose de travailler la comparaison. Comparer les Français aux autres nationalités peut paraître trop banal mais nous utilisons comme support des données chiffrées issues du LCFF n°25 sur les clichés. Notre travail débute par une énonciation de clichés et d’idées préconçues sur la France et les Français pour évoluer sur la compréhension de données chiffrées, c’est-à-dire des informations factuelles sur la culture française. De cette manière, la comparaison est un outil pour comprendre aussi bien la culture française et étrangère qu’un point de grammaire. C’est un moyen pour chaque apprenant de parler de son pays et de ses compatriotes. C’est une bonne activité d’échanges qui peut également vous servir d’activité brise-glace pour des niveaux plus avancés.
Niveau : A2 en voie d’acquisition Effectif : Variable (je l’ai réalisé avec une classe de 14 apprenants). C’est encore mieux si les nationalités des apprenants sont variées. Durée : 30 à 45 minutes
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Matériel : LCF n°25 page 16-17 – Un projecteur Objectifs et compétences mobilisées : CE : Comprendre des données chiffrées EE : Parler des habitants de son pays et utiliser la comparaison – Écrire un texte explicatif. Socioculturel : La France et les Français et les différentes nationalités des apprenants.
La première étape, en groupe complet
Divisez votre tableau en deux parties. Sur une première partie, écrivez le mot : « France » et sur la seconde partie, « les Français ». Commencez par faire un remue-méninge autour de ces deux mots. Notez toutes les expressions au tableau suivant la catégorie.
La deuxième étape, en groupe complet
Expliquez maintenant aux apprenants que nous allons aborder/réviser l’expression de la comparaison. Vous pouvez si besoin réexpliquer la règle de grammaire en demandant d’établir des comparaisons à partir des expressions notées au tableau. Par exemple, pour la France, les mots du remue-méninge sont principalement des noms : plaine, mer, montagne, ville… tandis que pour les Français, nous avons des adjectifs ou des verbes : « élégant, malpoli, snob, petit, romantique, manger, travailler… »
La troisième étape, en petit groupe
Constituez si possible des petits groupes de nationalités différentes. J’ai réalisé cette activité avec des groupes de quatre apprenants. Distribuez maintenant la double page du magazine LCF n°25. À partir des informations sur la France et les Français, demandez à votre groupe de comparer ces données avec un /plusieurs autre(s) pays suivant les nationalités du groupe. Selon le niveau du groupe, vous pouvez distribuez la fiche récapitulative sur la comparaison. Vous pouvez également imposer des contraintes (verbes, adjectifs, noms etc.) ou simplement laisser les apprenants discuter entre eux des informations fournies dans cette double page. Sont-ils étonnés, pensent-ils que c’est correct? Il est important de toujours leur demander de se justifier car de cette manière, ils utiliseront les comparatifs.
La quatrième étape,
Pour aller plus loin :
en groupe complet
Cette dernière étape est une activité de mise en commun. Chaque groupe énonce ses comparaisons en parlant du/des pays en question. Les autres apprenants participent à la réflexion en donnant leur avis. Essayez de noter un exemple pour chaque emploi de la comparaison. De cette manière, les différents emplois seront alors bien illustrés.
Nous comparons… LA QUANTITÉ nom
verbe
En conclusion de l’activité, vous pouvez demander aux apprenants d’écrire un court texte explicatif sur leur pays à destination de touristes français. Exemple : Cher touriste français, vous voilà arrivé aux Pays-Bas. Étonné par la taille des hommes qui vous entourent ? Normal, vous êtes plus petit que la moyenne néerlandaise. Ici, le néerlandais moyen mesure 1,84cm. Vous avez faim, vous recherchez une boulangerie. Nous avons presque autant de fromages que vous mais nous consommons moins de pain que vous, nos gâteaux se mangent mieux et notre bière est bien meilleure. Ne pleurez pas, il fait plus chaud chez vous et votre charme est plus célèbre que le nôtre.
LA QUALITÉ Adjectif
+
Plus de + nom
-
Moins de + nom Verbe + moins
Moins + adjectif
=
Autant de + nom Verbe + autant
Aussi + adjectif
Verbe + plus
Plus + adjectif (meilleur)
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lcff - Pédagogie
Radio
Jardin secret
Rubrique en partenariat avec
Chronique par Yvan Amar de et exploitation pédagogique par Alice Goy-Billaud
Chaque mois, nous vous proposons un extrait des Mots de l’actualité, une émission animée par Yvan Amar. Ce document audio vous permet de travailler et de tester votre compréhension orale. Radio France Internationale (RFI) met à disposition chaque semaine, sur son site Internet (http://www.rfi.fr/ lffr/statiques/accueil_apprendre.asp), une émission radiophonique de deux à trois minutes destinée à éclairer l’étymologie et/ou le contexte d’utilisation d’un mot lié à l’actualité. Vous trouverez ici une transcription exacte du texte avec des exercices d’écoute pour entraîner votre oreille à reconnaître les sons et à découvrir le sens de cette émission.
Écoutez l’émission et répondez aux questions sans lire la transcription.
1
Un jardin secret c’est :
ou sur :
http://www1.rfi.fr/lffr/articles/079/article_1009.asp
3 Cultiver son jardin secret c’est :
a. Un jardin qu’on cultive sans le dire à personne.
a. Une expression tirée d’un roman de Voltaire.
b. Des activités personnelles qu’on garde pour soi.
b. Une relation extraconjugale.
c. Une expression tirée d’un roman de Voltaire.
c. Des activités personnelles qu’on garde pour soi.
d. Une relation extraconjugale
d. Ça n’existe pas.
2
Cultiver son jardin c’est : a. S’occuper de son jardin après le travail
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Accédez à l’enregistrement :
4 Comment s’appelle le roman de Voltaire d’où est tirée une de ces trois expressions ?
b. Une expression tirée d’un roman de Voltaire
a.
c. S’occuper de ses affaires
b. Candy
d. Ça n’existe pas
c. Splendide
lcff - Radio
Candide
5
Écoutez maintenant l’émission en lisant la transcription proposée par LCFF, puis répondez aux questions.
À quel siècle a-t-il été écrit ? a. XVe siècle b. XVIe siècle c. XVIIe siècle d. XVIIIe siècle
6
Complétez les mots manquants 1, 2, 3, 4, 6 et 7 Attention, ils s’écrivent parfois avec « l » ou avec « ll ».
7
Choisissez le mot correct pour le 5.
8
Parmi les trois expressions soulignées, trouvez les deux qui ont le même sens.
La transcription du texte :
Il y a plusieurs auditeurs, dont Jérôme Yankou, qui nous écrit de Porto-Novo, au Bénin, pour nous demander la signification de l’expression « cultiver son jardin »… Et il y a même un auditeur qui mélange deux choses. Et il demande le sens de l’expression « il faut cultiver son jardin secret ». Alors attention. D’un côté, il y a « cultiver son jardin », de l’autre côté il y a « jardin secret ». Un « jardin secret », c’est une activité qu’on fait sans le dire à personne, presque personne, hein. Après mon ______________1, je suis chez moi, _________________2, je m’occupe de ma ____________3 de timbres. Ou bien, j’invente des histoires de _______________4 au Moyen-Âge. Mais personne ne le sait, ou presque, hein, et personne ne s’en mêle. C’est moi qui vais/fais/sais5 ça tout seul, c’est mon jardin secret. Et parfois, d’ailleurs, quand quelqu’un de marié parle de son jardin secret, il s’agit d’une liaison cachée, d’une maîtresse ou d’un amant, selon qu’il s’agit d’une femme, ou d’un mari. Alors, on pense que ça fait __________6 comme ça de dire « un jardin secret », même si c’est un peu ____________7. Et puis l’autre expression, c’est « cultiver son jardin » c’est bien différent… C’est une citation d’un écrivain français du XVIIIe siècle, Voltaire, à la fin du roman Candide. Et « cultiver son jardin », ça veut dire s’occuper de ses affaires plutôt que de critiquer en fait les affaires des autres. Pas forcément aller au bout du monde, mais s’occuper de ce qu’on a autour de soi ! Ce n’est pas le seul sens de cette expression dans le roman de Voltaire, mais aujourd’hui quand on dit « cultiver son jardin », c’est bien de ça qu’il s’agit.
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Vérifiez les réponses aux questions ci-dessus en page 50 lcff - Radio
Lexique
Recette
La brioche
© kikikentucky
1. viennoiserie (n. f.s.) : produit sucré réalisé en boulangerie 2. pétrir (v.) : mélanger avec ses mains 3. tressée (adj. f.s. ) : en forme de tresse 4. délayez (v. délayer) : faites fondre 5. façonnez (v. façonner) : donnez une forme 6. badigeonnez (v. badigeonner) : étalez finement sur le dessus
La brioche est une viennoiserie1 à base de farine, levure, beurre, lait et œufs. Le croissant, le pain au lait ou encore le pain au chocolat en font partie. L’origine du nom de cette gourmandise se trouve dans le terroir de la Normandie, dont elle rappelle les collines arrondies. En effet, le mot de brioche est un dérivé du verbe normand brier qui signifie « broyer ». Il s’agit bien sûr d’une référence au sort réservé à sa pâte, qu’il convient de pétrir2 avec énergie avant de la laisser reposer.
3 œufs entiers 1 jaune d’œuf 20 cl d’eau 350 g beurre.
1 - Dans un grand saladier, délayez4 la levure avec un peu d’eau. Versez-y la farine, le sel et le sucre. Ajoutez les œufs entiers un par un et l’eau peu à peu. 2 - Pétrissez le tout rapidement. Quand la pâte se détache des parois du saladier, ajoutez le beurre par petits morceaux et pétrissez encore à la main pendant 10 minutes environ pour obtenir une pâte bien lisse et homogène.
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3 - Recouvrez la pâte d’un linge et laissez-la reposer pendant 2 heures à température ambiante.
lcff - Recette
© Delphine Jankowski
500 g de farine 15 g de levure de boulanger 10 g de sel 120 g de sucre en poudre
Brioche tressée3, brioche au beurre, au chocolat, brioches nomades : quelle que soit la recette choisie, cette viennoiserie à pâte levée vous régalera au petit-déjeuner ou au goûter !
4 - Remaniez la pâte. Recouvrez-la et mettez-la au réfrigérateur pendant 30 minutes. 5 - Sortez la pâte et façonnez5-la, soit au fond d’un moule à cake, soit tressée sur une plaque de cuisson. 6 - Laissez-la reposer couverte, pendant 1 heure 30 à température ambiante. la Badigeonnez6 brioche de jaune d’œuf et faites-la cuire à four chaud à 200°C pendant 30 minutes.
© Frédéric BISSON
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par A.Charlotte Kleineidam
ACCÈS À BÉCHEREL
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Rennes Saint-Malo par la N137 Saint-Brieuc par la N12 et D72
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Vins
Le saké,
© Roberto Ciucci
qu’est-ce que c’est ?
par Nathalie Mailhac
En français, le mot saké désigne une boisson alcoolisée japonaise à base de riz. On le nomme parfois « vin japonais », mais le saké est une bière de riz. Il s’agit d’une eau de source dans laquelle on fait fermenter du riz, après saccharification (transformation de l’amidon stocké dans la graine en sucres plus simples), à l’aide d’une moisissure1 spécifique. Il faut 20% de riz pour 80% d’eau. Attention, car les alcools qui sont servis d’habitude dans les restaurants chinois et vietnamiens en France, sont aussi appelés « saké ». Il s’agit d’un abus de langage, car ce sont des boissons fermentées à partir d’autres céréales, notamment du sorgho.
©Halfrain
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lcff - Vins
Une longue histoire … Dans l’Antiquité, les premiers sakés sont élaborés2 selon la technique du « Kuchi-Kami ». Ce procédé consiste à mâcher les céréales cuites, puis à les recracher dans un récipient où elles fermentent grâce à la saccharification naturelle de la salive. Au troisième siècle avant Jésus Christ, l’introduction de la riziculture dans l’ouest du Japon, permet le début de la production du saké à partir du riz. Se popularise aussi l’emploi d’une moisissure favorisant la saccharification de l’amidon du riz de manière plus efficace. Ce champignon est appelé traditionnellement « Koji-Kin ». Son nom exact est aspergillus orizae. Au VIIIe siècle, le saké reçoit ses lettres de noblesse par un édit3 de la cour impériale. À la fin de la période « Heian », la demande en saké augmente beaucoup, son prix dépasse celui du riz. Au XVe siècle, de nouvelles régions de production commencent à élaborer des sakés, les variétés régionales font leur apparition : un peu comme nos terroirs pour le vin ! À cette même époque, la méthode « Morohaku » apparaît. Son principe est d’utiliser un grain de riz poli.
©Todd Horner
Vin japonais ou bière de riz ?
Lexique
Le saké, un vin comme les autres ⁉
© coniferconifer2
Les étapes de fabrication du saké ressemblent étrangement à celle du vin… Normal, c’est aussi une boisson fermentée ! Pour être exact, son procédé de fabrication est à mi-chemin entre le vin et la bière. La première étape est celle du polissage. Le riz récolté est ainsi débarrassé de son enveloppe. Plus le polissage est important, plus le saké sera de bonne qualité. Les grains sont ensuite lavés et trempés avant une cuisson à la vapeur. On insère alors le champignon responsable de la saccharification. L’étape majeure de transformation est la fermentation des sucres en alcool. Le degré d’alcool obtenu est idéalement autour de vingt degrés. On débarrasse le liquide des dépôts et le saké stérilisé à chaud va connaître une phase de maturation5 en fûts émaillés6, plus ou moins longue pour obtenir le parfum et le goût recherchés. Pour sa finition avant mise en bouteille, le saké est mélangé à de l’eau de source, cela diminue son taux d’alcool autour de 15°.
Un art de la dégustation spécifique Le saké est servi froid (8 à 12℃) pour les grands crus. Il peut aussi être servi chaud (jusqu’à 50℃). Dans ce cas, l’alcool va s’évaporer un peu. Il est ainsi plus facile de le boire à table. Lors de la dégustation, sept paramètres sont à prendre en compte. Le Parfum : on retrouve des arômes de poivre, fruits secs, prune, fraise… L’Impact : premier contact dans la bouche, doux, explosif, alcooleux, … L’échelle « Sake Meter Value » : plus le saké est doux, plus le chiffre est bas. L’acidité, la Présence et l’Epaisseur caractérisent le ressenti en bouche, le « corps » du saké, comparable à la structure du vin. Enfin, la Queue exprime sa longueur en bouche, son souvenir après dégustation. À la différence du vin, un saké « court » n’est pas moins bon !
© OpenCage
On lui retire son enveloppe pour ne laisser que son cœur riche en composés sucrés. C’est dans la période Edo qu’un brasseur de Nada découvre l’importance de la minéralité4 de l’eau sur la qualité du saké. Aujourd’hui, quatre catégories de saké existent. L’appellation de qualité supérieure concerne les « Tokutei-meishshu ». Ils représentent 20% du saké produit. Par contre, le saké le plus consommé ou « saké de table », en référence à nos « vins de table » plus communs, est le « Futsushu ». Il existe aussi un saké dit « cru », car non pasteurisé… un peu comme nos fromages français ! C’est le « Namazake ». Et enfin, comme nos « vins naturels », un saké non filtré, le « Nigorizake ».
1. moisissure (n. f.s.) : champignon microscopique 2. Sont élaborés (v. élaborer. Passif) : sont fabriqués 3. édit (n. m.s.) : loi religieuse 4. minéralité (n. f.s.) : quantité de minéraux présents 5. maturation (n. f.s.) : processus de développement 6. fûts émaillés : grands récipients en émail (matière brillante)
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l’abus d’alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération
lcff - Vins
Jeux 1. Langage courant Êcrivez ces titres de chansons de Renaud dans un registre de langue courant. Ma gonzesse : .................................................................................................... par A.Charlotte Kleineidam
Laisse béton : .................................................................................................... Amoureux de Paname : .................................................................................................... Arrêter la clope ! : .................................................................................................... Boucan d’enfer :
2. QU’EST CE QUE C’EST ?
....................................................................................................
Trouvez les noms de ces bâtiments célèbres de Paris.
a)__________________
b)__________________
c)__________________
d)__________________
e)__________________
f )__________________
g)__________________
h)__________________
3. EXPRESSIONS Reliez chaque expression avec sa bonne définition. Gagner son pain Pour une bouchée de pain Partir comme des petits pains Avoir du pain sur la planche Être une bonne pâte Ça ne mange pas de pain
Pour presque rien Avoir beaucoup de travail Être trop gentil Se vendre rapidement et facilement Ça n’a pas de conséquence importante Gagner de l’argent
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Solutions des jeux page 51 lcff - Jeux
Réponses « Grammaire» (page 39) 1. Ma chère, voudriez-vous avoir l’aimable obligeance de bien vouloir me faire passer le sel, je vous prie ? SOUTENU Passe-moi le sel, s’te plaît. FAMILIER Tu veux bien me donner le sel, s’il te plaît ? COURANT Tu seras là quand je reviendrai ? COURANT Serez-vous présent lorsque je reviendrai ? SOUTENU T’as vu la bagnole ? Elle est super ! FAMILIER Cette voiture est superbe ! COURANT Cet après-midi, j’ai acheté une magnifique paire de chaussures. COURANT C’t aprèm, je me suis dégoté une super paire de pompes ! FAMILIER
2. a) À cause de ça, j’ai terminé la réunion plus tôt. b) Je commence ma journée de travail tous les jours à 9h. c) Combien de cigarettes fumes-tu par jour ? Combien de cigarettes est-ce que tu fumes chaque jour ? d) Ce type a été super sympa ! Cet homme a été vraiment très sympathique. e) Tu peux choisir la couleur de ta voiture comme tu veux. Tu peux choisir la couleur de ta caisse comme tu veux. ) Tu es énervant. Vous m’irritez.
Réponses « RFI » (page 42) 5. b. 1. a. et d. parfois ! 2. b. et c.
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6.
1 6
travail, 2 tranquille, 3 collection, 4 chevaliers, élégant, 7 ridicule
3. d.
7. fais. C’est moi qui fais est la mise en relief sur « moi », sur « je », de la phrase : « je fais ».
4. a.
8. Personne ne s’en mêle = s’occuper de ses affaires
Solutions des jeux de la page 49 Jeu 1 : LANGAGE COURANT Ma femme Abandonne (béton= tomber) Amoureux de Paris Arrêter la cigarette ! Grand bruit Edition :
Langue et Cultures Françaises et Francophones ISSN : 2267-4705 n° CPPAP : 0715 K 91889 SIRET : 799 544 846 00014 Siège : 17, rue Durand 34000 Montpellier contact@lcf-magazine.fr
Directrice de publication :
Florence TESTE - direction@lcf-magazine.fr
Assistante de publication :
Jeu 2 : QU’EST-CE QUE C’EST ? e)La Tour Eiffel f) Le Quai Branly g) Le Moulin rouge h) Le Louvre
a) L’Arc de triomphe b) Le Centre Pompidou c) Notre Dame de Paris d) La Basilique de Montmartre
Mélanie HERNANDEZ
Directeur artistique : Rémi ORZALESI
Directrice commerciale :
Clarisse MARATCHIA - clarisse.rdvlcf@gmail.com
Rédactrice en chef : Florence TESTE
Comité de relecture : Florence TESTE Mélanie HERNANDEZ
Rédacteurs :
Claire BILLIET Daphné BROTTET Alexis CAUCIGH Céline DANDOY Romain DEVAUX Damien DOUILLARD Alice GOY-BILLAUD Mélanie HERNANDEZ A.Charlotte KLEINEIDAM Nathalie MAILHAC Axelle NEGRIGNAT Rémi ORZALESI Florence TESTE
Maquette :
A.Charlotte KLEINEIDAM
Publicité :
La régie du FLE - laregie.fle@gmail.com
Impression :
JF Impression 296, rue Patrice Lumumba 34 075 Montpellier Cedex 3
Remerciements : Richard BOSSUET - TV5 MONDE Yvan AMAR - RFI
Jeu 3 : LES MOTS FAMILIERS Gagner son pain Pour une bouchée de pain Partir comme des petits pains Avoir du pain sur la planche Être une bonne pâte Ça ne mange pas de pain
Gagner de l’argent Pour très peu d’argent Se vendre rapidement ... Avoir beaucoup de travail Être trop gentil Ça n’a pas de conséquence ...