LCFF56 Le Sénégal

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ire o m é am l r e g parta

Ville du Havre - Cimier Ciwara, Mali, 19e siècle - Collections du Muséum d’histoire naturelle du Havre - Conception graphique : MkF éditions - Mai 2017

EXPOSITION Muséum du Havre 24 JUIN - 31 DÉCEMBRE 2017


Édito

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Florence Teste, rédactrice en chef

Ces derniers mois, votre magazine préféré LCFF a abordé de grands thèmes comme la famille, la presse ou la politique française. Ce mois-ci, nous vous proposons un numéro consacré à la ville de Dakar et au Sénégal. Ce beau pays d’Afrique de l’ouest mérite bien qu’on s’intéresse à lui : ses grands hommes (comme Léopold Sédar Senghor), son histoire (Gorée), ses paysages, sa musique (Faada Freddy), sa cuisine (le thiéboudienne), son parler, ses contes, etc, vous feront découvrir un pays particulièrement attachant. Vous pourrez aussi lire un article sur l’éducation des filles, sur les Sapeurs, ces Africains pour qui l’élégance est primordiale, ou encore sur la Grande muraille verte, cette grande ligne plantée d’arbres qui traverse l’Afrique. La condition des Afro-Américains sera également abordée. Et comme toujours, Livres, DELF, TV5 Monde, Jeux, Larousse, ... Le prochain numéro, période des Fêtes oblige, sera consacré à Noël, à sa célébration en France et dans la francophonie. Et justement, à l’occasion de Noël, nous vous proposons d’offrir en cadeau à vos amis ou à vos proches un abonnement au magazine LCFF : à partir du 15 novembre et jusqu’au 15 janvier, l’abonnement numérique annuel ne coûtera que 39,60€. Il vous suffira de nous donner l’adresse mail de la personne à qui vous souhaitez faire ce plaisir. N’hésitez pas !

LA PRÉFÉRENCE NATIONALE LITTÉRATURE FRANCOPHONE

ANTA ET MAMADOU CONTES

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Et en attendant, bonne lecture !

SÉNÉGAL MÉLANGE Le magazine des francophiles francophones

Culture MUSIQUE

Faada Freddy

STYLE

Les sapeurs ces dandys d’Afrique

Le Sénégal

Livres LITTÉRATURE FRANCOPHONE

La préférence nationale

de Fatou Diomé

Une si longue lettre

Gastronomie CUISINE

Le thiéboudienne PRODUIT

© Charles Fréger

La fraîcheur du bissap

www.lcf-magazine.com 8,50 €

LCFF MAGAZINE N°56 - NOVEMBRE 2017 - Publication mensuelle

de Mariama Bâ

Une photographie de Charles Fréger réalisée pour «La sape à Bloizzaville !» organisé par La Halle aux grains en 2017.

TOURISME

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LITTÉRATURE FRANCOPHONE

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QUAND LA CUPIDITÉ DES HOMMES TRANSFORME LE PARADIS TERRESTRE EN ENFER

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MUSIQUE

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UNE SI LONGUE LETTRE DE MARIAMA BÂ HISTOIRE

FAADA FREDDY, LE DANDY SÉNÉGALAIS SOCIÉTÉ

ELLES ET L’ÉCOLE AUTEUR

LEOPOLD SEDAR SENGHOR LANGUE

ON S’ENTRAÎNE POUR LE DELF PRO B1 ! TV5MONDE

DAKAR

AMÉRIQUES

LA CONDITION DES NOIRS AUX ETATS-UNIS QUIZ

LE SÉNÉGAL CUISINE

LE THIÉBOUDIENNE JEUX

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L’AMBITIEUSE MURAILLE VERTE ENVIRONNEMENT

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LE FRANÇAIS DU SÉNÉGAL EXPRESSIONS SÉNÉGALAISES

difficuLté

Le pictogramme en forme de Livre en haut de La page.

articLes qui comportent ce

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STYLE

de L’articLe est représentée par

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LES SAPEURS, CES DANDYS D’AFRIQUE

articLes sont adaptés à des

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pictogramme existent en version

LA FRAÎCHEUR DU BISSAP

audio

PRODUIT REGIONAL


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La préférence nationale de Fatou Diomé Littérature francophone

Le franc-parler, c’est bien ce qui caractérise les écrits de l’auteure d’origine sénégalaise Fatou Diomé. Ses nouvelles et ses romans fustigent1 tour à tour le racisme, l’hypocrisie, la lutte des classes. Il faut dire que la vie ne lui a pas fait de cadeau. Née sur une petite île du Sénégal, élevée par sa grand-mère, l’accès à l’éducation n’est pas une évidence et elle doit fréquenter l’école en cachette.

tableau n’est pas très reluisant3. On y condamne certains vices d’une société patriarcale qui rend la condition féminine difficile à vivre. Mais ce sont les Français qui en prennent4 particulièrement pour leur grade5 dans ce petit ouvrage. La deuxième partie du recueil est celle qui m’a le plus plu. Il s’agit d’anecdotes6 du quotidien de Fatou Diomé à Strasbourg, après son divorce d’avec un mari alsacien qui l’a laissée sans ressources.

Je voudrais vous parler aujourd’hui de son recueil de nouvelles autobiographiques intitulé La préférence nationale, paru en 2001. Le titre fait référence au principe discriminatoire2 des partis d’extrême-droite qui consiste à privilégier un Français natif pour l’obtention d’un emploi à qualifications égales. Il s’agit du premier livre publié par cette écrivaine partie étudier en France, à Strasbourg, dans les années 1990. Certains souvenirs sont nostalgiques mais la plupart retracent des moments douloureux ou honteux. Elle parvient néanmoins à les transcrire avec un sens de la dérision et une distance admirables. Les deux premières nouvelles se déroulent au Sénégal durant l’enfance et l’adolescence de l’auteure. Le

Alors qu’elle poursuit de brillantes études universitaires, sa situation économique l’oblige à travailler. Et malgré son bagage intellectuel, le seul emploi auquel elle accède est celui de femme de ménage. Dès lors, se mettent en place des relations employeurs-employée absurdes. Les employeurs sont en général peu cultivés mais hautains. Exploiter une immigrée africaine ne les gêne pas, jusqu’à ce qu’ils découvrent qu’elle va bientôt obtenir le plus haut diplôme qui soit : un doctorat. Pour conserver son emploi, elle ravale7 le plus souvent son orgueil8 et ne fait rien pour atténuer9 l’image d’imbécile que les employeurs pensent avoir engagée. Avec beaucoup d’humour, Fatou Diomé nous livre une vraie leçon de courage et de persévérance.

Lexique 6

1. fustigent (v. fustiger) : critiquent violemment 2. discriminatoire (adj. m.s.) : qui signale une différence 3. reluisant (adj. m.s.) : brillant, remarquable, positif 4. en prennent pour leur grade : sont violemment critiqués

Christelle Ducrot

5. anecdotes (n. f.p.) : petites histoires 6. ravale son orgueil : accepte silencieusement la situation 7. atténuer (v.) : limiter, rendre plus douce




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Une si longue lettre de Mariama Bâ Littérature francophone Mais elle rappelle aussi les mariages forcés4 et l’absence de droits des femmes. Les traditions sont cruelles et le roman s’ouvre au moment où, après la mort de son conjoint, la belle-famille de Ramatoulaye vient reprendre les affaires du défunt5.

Le premier roman de la Sénégalaise Mariama Bâ, Une si longue lettre, est une œuvre majeure1 dans le panorama littéraire du Sénégal, l’une des lectures enseignées dans les écoles du pays depuis des années. Mariama Bâ a suivi des études en langue française et a exercé comme professeure. Elle est morte d’un cancer en 1981 avant la sortie de son deuxième roman Le Chant écarlate. Dans sa vie personnelle, elle a eu neuf enfants et s’est engagée auprès de plusieurs associations qui œuvrent pour les droits des femmes. Une si longue lettre, qui date de 1979, raconte la condition des femmes. Comme l’indique le titre, l’intégralité du texte est une lettre : Ramatoulaye écrit à Aissatou, qui est partie vivre en Amérique après son divorce. On découvre donc deux destins de femmes dans les cent soixante pages de cette unique lettre. Ramatoulaye vient de perdre son mari et rédige sa lettre durant la réclusion2 traditionnelle qui succède le décès3 du conjoint. Elle y évoque les années de relative insouciance et sa confiance en l’avenir. Elle raconte l’espoir lié aux Indépendances. Les mœurs changent et évoluent, pour l’ensemble de la société.

L’un des sujets principaux de ce roman est la polygamie6. Le mari de Ramatoulaye avait pris une seconde épouse, beaucoup plus jeune, après vingt-cinq années de vie commune. Le couple en a été brisé mais Ramatoulaye n’a pas souhaité divorcer, continuant à élever seule ses douze enfants. Elle a ravalé sa fierté7 car elle ne s’imaginait pas recommencer sa vie à zéro. Au contraire, Aissatou, quelques années auparavant, n’avait pas voulu supporter l’affront8 d’une co-épouse et avait quitté le domicile conjugal, puis le pays, avec ses quatre fils. Laquelle des deux est la plus courageuse ? Dans ce roman, on parle de liberté, de choix, de libre-arbitre9. Et de trahisons des hommes. Les femmes tentent de faire leur place mais la société ne leur en laisse pas vraiment la possibilité. Mariama Bâ a été la première romancière africaine à décrire si justement la place faite aux femmes dans son pays. Ce livre marque par son engagement dans une société encore très patriarcale et traditionnelle.

Lexique 1. majeure (adj. f.s.) : essentielle, primordiale 2. réclusion (n. f.s.) : enfermement 3. décès (n. m.s.) : mort 4. forcés (adj. m.p.) : obligés 5. défunt (n. m.s.) : personne qui est morte

Christelle Ducrot

6. polygamie (n. f.s.) : situation d’un homme qui a plusieurs épouses 7. a ravalé sa fierté : a accepté la situation 8. affront (n. m.s.) : provocation 9. libre-arbitre (n. m.s.) : liberté de choix individuelle 9


© Remi Jouan

Quand la cupidité des hommes transforme le paradis terrestre en enfer Histoire

Découverte par un navigateur portugais en 1444, l’île de Gorée devient un comptoir hollandais en 1617 avant que les Français ne s’en emparent en 1677 pour son intérêt stratégique sur la route du Cap. Devenue un lieu de passage et de recueillement, elle accueille chaque année des milliers de touristes. Cette petite île du Sénégal, face à Dakar, au charme indolent1, rappelle avec force l’inhumanité de la traite des Noirs qui fait de ce lieu de mémoire, une destination touristique incontournable de ce pays. Partir à la découverte de cette île est aussi émouvant qu’instructif.

La traite des esclaves se développe pendant trois siècles sur les côtes africaines, de la Gambie au Ghana. Le point de rassemblement essentiel des esclaves en partance pour les colonies américaines se situe sur la côte sénégalaise à Saint-Louis. C’est à cet endroit que convergent2 les traites arabo-musulmanes et européennes en lien avec les rois africains qui alimentent le trafic par le fleuve Sénégal. Le passage des esclaves par Gorée est plutôt minoritaire mais ce qui fait le renom de cette île, ce sont les vestiges qui subsistent3 de cette tragique époque, dont la célèbre Maison des esclaves qui symbolise l’histoire de l’esclavage. Fondée en 1776, la Maison des esclaves est une visite indispensable, même si le rôle réel de la célèbre maison dans la traite négrière4 est dénoncé5 depuis plusieurs années comme relevant d’un mythe. Au rez-de-chaussée, se trouvent les cellules. Dans celles réservées aux hommes, faisant chacune 2,60 m x 2,60 m, on y entasse6 jusqu’à vingt personnes, 10

© Adolphe d’Hastrel

L’esclavage

assises le dos contre le mur, des chaînes les maintenant7 au cou et aux bras. On trouve également des cellules réservées aux femmes et aux enfants car les familles sont séparées. Les malheureux ne sont libérés qu’une fois par jour. Ils y vivent dans un état de saleté insupportable. L’effectif8 dans cette petite maison varie entre cent cinquante et deux cents esclaves. L’attente du départ dure parfois près de trois mois.


Palais, fort et mémorial

Aménagé dans l’ancienne demeure de la riche signare Victoria Albis-Angrand, le Musée de la femme a été ouvert en 1994, sous la direction de la femme de lettres Annette Mbaye d’Erneville. Également lieu de formation et d’animation, il rend hommage aux femmes du pays, connues ou non, et rend compte de leur vie quotidienne. Les signares étaient des femmes noires ou métisses qui, vivant avec des négociants européens au XVIIIe siècle, avaient acquis un rôle économique et social élevé.

Les anciens commandants supérieurs de Gorée logeaient depuis 1884 dans le palais du Gouverneur, situé à l’ouest de l’île. Surplombant l’île sur sa pointe sud, le Castel constituait une position stratégique et offre aujourd’hui un large panorama sur le continent. Face à l’ouest, le fort Saint-Michel y fut construit par les Français en 1892. Sur le plateau, se dresse un modèle réduit du futur Mémorial Gorée-Almadies, le projet de l’architecte italien Ottavio Di Blasi, retenu en 1999, qui aura pour objectif de promouvoir l’héritage culturel et architectural de Gorée. L’école Ponty De 1913 à 1937, l’École Ponty a formé de nombreux cadres africains de l’Afrique Occidentale Française (« les Pontins »). Le nom de William Merlaud-Ponty, gouverneur général de l’AOF de 1908 à 1915, se perpétue ainsi au travers de cette école qui a vu passer de grands noms de la politique africaine tels que Félix Houphouët-Boigny (père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire), Modibo Keita (président du Mali) ou encore Mamadou Dia (homme politique sénégalais).

© Angranderic

Les musées

Au milieu des bougainvilliers9, une grande maison de la Compagnie des Indes construite au XVIIIe siècle abrite le Musée de la mer. Il est réputé pour sa collection de sept cent cinquante espèces de poissons et de sept cents espèces de mollusques10. Les écosystèmes et l’habitat de la région y sont également présentés.

© HaguardDuNord

Situé sur la pointe nord de l’île, le Musée historique occupe l’ancien fort d’Estrées. Il est consacré à l’histoire générale du Sénégal, des origines à l’indépendance, et tout particulièrement à celle de l’île de Gorée.

Philippe Jeanmichel

Lexique 1. indolent (adj. m.s.) : lent, mou, calme 2. convergent (v. converger) : vont dans la même direction 3. subsistent (v. subsister) : restent 4. négrière (adj. f.s.) : relative à la traite des esclaves noirs 5. est dénoncé (v. dénoncer. Passif) : est souligné, déclaré

6. entasse (v. entasser) : regroupe 7. maintenant (v. maintenir. Part. prés.) : tenant, retenant 8. effectif (n. m.s.) : nombre de personnes 9. bougainvilliers (n. m.p.) : type d’arbres à fleurs 10. mollusques (n. m.p.) : animaux marins 11


Photo © Ghislaine Chognot | Graphisme : Christelle Cuche

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FESTiVAL

MUSiQUES

LiBRES

DU 2 AU 5 NOVEMBRE 2017

BESANÇON


Anta et Mamadou

© Sunny Ripert

Contes

Un jeune homme du nom de Mamadou, qui voulait apprendre à lire et à écrire, partit un jour à la recherche d’une école. Il quitta sa province pour se rendre dans la région du Kayor, au Sénégal. Là vivait un savant qui enseignait aux enfants. Mamadou resta auprès de son maître aussi longtemps que nécessaire. Quand il sut lire et écrire parfaitement, il décida de rentrer chez lui. Le jour de son départ, un camarade de classe, qui appartenait à l’espèce des génies, lui dit : « Nous sommes amis. Puisque tu t’en retournes chez toi, je vais te charger d’un message pour mes parents et je te transporterai dans ton village à la vitesse de l’éclair. Tu ne sais pas qui je suis, mais moi je te connais bien, car nous sommes nés au même endroit. Nous autres, les génies, nous vous reconnaissons très bien mais vous, les humains, vous ne pouvez pas nous apercevoir. Quand tu seras chez toi, mets à ton doigt cette bague d’argent, et tu pourras voir les génies et leurs villages. Si tu l’ôtes1 ou si tu la perds, tout disparaîtra de nouveau. » Le génie demanda ensuite à Mamadou de s’asseoir sur son tapis et de fermer les yeux. À peine Mamadou avait-il obéi qu’il se retrouva, comme par magie, dans son village. Le lendemain matin, Mamadou passa la bague à son doigt. Il aperçut alors tous les génies et leurs villages. Il alla rendre visite à la famille de son camarade. « Le génie, votre parent, vous envoie le bonjour, leur dit-il. - Et où est-il, notre cher enfant ? lui demanda-t-on. - Je l’ai laissé dans un village du Kayor. Il continue de fréquenter l’école. - Ah, s’écrièrent les parents, notre brave petit se conduit2 bien ! Et toi, Mamadou, il faut que tu t’en retournes chez toi, mais, chaque fois que tu auras du temps libre, ne manque pas3 de venir nous voir. » Mamadou s’en retourna chez ses parents, mais, chaque fois qu’il en avait l’occasion, il rendait de longues visites aux génies. C’est qu’il avait vu la sœur de son camarade, Anta, une jolie demoiselle, et qu’il désirait l’épouser.

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Lorsqu’il lui fit sa déclaration, Anta répondit : « Je ne demande pas mieux ! Pourtant, j’hésite à me marier avec un être humain… Vous êtes si coléreux ! Et si bavards4 ! Et vous mentez si facilement ! Chez nous, il n’en va pas de même5 : jamais un génie ne s’emporte6, jamais il ne trahit un secret ; il ne parle que pour dire la vérité. » Mamadou protesta : « Quand nous serons mariés, tu verras que, moi non plus, je ne m’emporte pas et que jamais je ne mens ! — S’il en est ainsi, le mariage est conclu ! Je t’accepte pour mari. Mais je te défends de révéler à quiconque que tu as épousé une femme de l’espèce des génies ! — C’est entendu ! promit Mamadou. — Eh bien, déclara Anta, nous pouvons célébrer notre mariage. » Depuis, Anta et Mamadou vivaient heureux. Mais un jour qu’Anta avait quitté à l’aube le village pour se rendre dans sa famille, Mamadou se réveilla pour constater que, pendant la nuit, son grenier7 de mil8 avait pris feu, son pur-sang était mort, et son puissant taureau était tombé au fond du puits9. Mamadou, et toute sa famille avec lui, était désespéré. Anta revint en fin de journée. En s’approchant de la case10 de son mari, elle entendit la mère de celui-ci se lamenter11 : « En un seul jour, voilà ton grenier de mil dévoré par les flammes ! Ton cheval de race meurt ! Puis c’est ton grand taureau – un taureau de cinq ans ! – qui périt12 aussi ! Cette maison va être ruinée dans peu de temps ! Cela devait arriver ! C’est la conséquence de ton mariage avec une femme de l’espèce des génies ! » À ces paroles, Anta décida de retourner dans sa famille. Mais avant de disparaître, elle suivit Mamadou jusqu’aux champs et, lorsqu’il s’endormit pour la sieste, elle lui ôta sa bague d’argent. À son réveil, Mamadou ne pouvait plus apercevoir les génies ni leurs villages. Il essaya de suivre le chemin qui menait chez Anta, en vain. Le village avait disparu. Un beau jour, Anta revint dans le village de Mamadou. Elle trouva celui-ci endormi, et le réveilla. Il s’écria : « Anta ? ! D’où viens-tu ? - Je viens de mon village. - Ce n’est pas vrai ! Vous l’avez tous quitté ! - Non. Nous l’habitons toujours. - Alors pourquoi ne vivons-nous plus comme autrefois ? - C’est qu’à présent notre mariage est rompu13 de par ma volonté ! - Pourquoi l’as-tu rompu ? — Parce que tu n’as pas tenu ta promesse ! Quand tu m’as demandé de devenir ta femme, ne t’ai-je pas déclaré qu’il me serait difficile de le rester parce que, vous autres humains, vous vous emportez, vous mentez et vous bavardez à tort et à travers14 ? — Et quand donc me suis-je emporté ? En quoi ai-je menti ? Pourquoi dis-tu que j’ai été bavard ? — Tu as eu la langue trop pendue15.

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— Mais à quel propos ? Dis-le-moi enfin ! — Souviens-toi du jour où ton grenier de mil fut consumé16, où ton cheval est mort et ton grand taureau est tombé dans le puits. Tout cela, je ne l’ignorais pas ! Mais je suis partie pour ne plus revenir, car j’ai entendu ta mère se plaindre de moi, ce qui est la preuve que tu lui as révélé notre secret et que tu as trahi ta promesse. Je vais te raconter ce qui s’est réellement passé : j’étais restée près de toi jusqu’à l’aube17. Azraël, l’ange de la mort aux bras parsemés d’yeux et portant un arbre sur la tête, est venu. Il voulait s’emparer de toi. Je l’ai repoussé et rejeté sur ton grenier de mil, qui a brûlé. Il a essayé alors d’emporter ta mère. Je l’ai jeté sur le cheval, qui s’est effondré sous son poids. Il s’est néanmoins18 entêté à rester, prêt à se venger sur ta sœur. Et moi, une troisième fois, je l’ai combattu et repoussé. Il est tombé sur le taureau, qui mourut en basculant19 dans le puits. Si je t’avais laissé mourir, ainsi que ta mère et ta sœur, que serait devenue ta maison ? Elle aurait été perdue ! Et si vous êtes tous encore en vie, ce fut grâce à l’incendie du grenier de mil, à la mort du cheval et à celle du taureau ! Ne vaut-il pas mieux que les choses se soient passées ainsi ? Tu m’as trahie, mais avant de te quitter pour toujours, je devais te révéler la vérité. » Et Anta s’en alla. Jamais Mamadou ne la revit.

Écoutez le conte Tiré de Contes d’Afrique. Editions Rue des enfants, 2012.

Lexique 1. ôtes (v. ôter) : enlèves 2. se conduit (v. se conduire) : se comporte 3. ne manque pas (v. manquer) : n’hésite pas 4. bavards (adj. m.p.) : qui parlent trop 5. il n’en va pas de même : ce n’est pas la même chose 6. s’emporte (v. s’emporter) : se met en colère 7. grenier (n. m.s.) : lieu où l’on garde les récoltes 8. mil (n. m.s.) : céréale 9. puits (n. m.s.) : trou profond dans la terre qui permet d’avoir de l’eau

10. case (n. f.s.) : maison africaine 11. se lamenter (v.) : pleurer, se plaindre 12. périt (v. périr) : meurt 13. est rompu (v. rompre. Passif) : est cassé, est fini 14. à tort et à travers`(exp.) : sans réfléchir 15. tu as eu la langue trop pendue (exp.) : tu as trop parlé 16. fut consumé (v. consumer. Passif) : fut brûlé 17. aube (n. f.s.) : moment où le jour se lève 18. néanmoins (adv.) : mais 19. basculant (v. basculer. Part. prés.) : tombant

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© Marklehoczki

L’ambitieuse muraille verte Un nouveau mur de pierres ? Non ! Malgré son nom peu engageant1, la Grande muraille verte est un beau projet initié par le Sénégal, destiné à lutter contre les effets du changement climatique et la désertification. Voyons de quoi il retourne… Depuis 2007, des millions d’arbres ont été replantés tout au long d’une grande bande large de quinze kilomètres et longue de sept mille kilomètres. Cette zone traverse onze pays du Sahel, du Sénégal à l’ouest à Djibouti à l’est. Le Sahel est en effet une zone très aride2 à la frontière entre le désert saharien, au nord, et des terres plus arrosées, au sud. Suite à de grandes sécheresses dans les années 70, le désert s’étend malheureusement de plus en plus, ce qui détériore3 des terres déjà surexploitées par les activités humaines. L’objectif de ce projet unique en son genre est de reverdir une région qui était autrefois nourricière4, et ainsi d’améliorer la sécurité alimentaire du Sahel confronté à une population toujours plus nombreuse et à des ressources qui se raréfient. Cette Grande muraille verte est un projet panafricain qui avait été adopté au Sommet de l’Union africaine en 2007. Dix ans après, si cette muraille de verdure se met en place avec lenteur dans la plupart des pays concernés, en butte à5 des problèmes politiques et économiques, le Sénégal, lui, fait figure de bon élève.

© Nasa

Environnement

Aujourd’hui, ce sont quarante mille hectares qui ont été reboisés, et ce n’est qu’un début ! Les arbres en question ont été judicieusement6 choisis pour permettre de freiner7 au mieux l’érosion8. Ce sont des espèces locales telles que le baobab, le jujubier, le dattier du désert ou encore l’acacia qui ont été sélectionnées pour leur capacité à s’adapter au climat ainsi que pour l’intérêt qu’elles représentent dans la vie quotidienne de la population. Le Sénégal a également mis en place un système de veille sanitaire car certains spécialistes craignent que l’humidité favorise le retour de certaines maladies liées aux piqûres de moustiques. Il est sans aucun doute difficile de faire des pronostics sur l’évolution de cette Grande muraille verte, mais on ne peut qu’espérer que d’autres projets de même envergure voient le jour…

Lexique 16

1. engageant (adj. m.s.) : attrayant, qui donne envie 2. aride (adj. f.s.) : sèche, qui n’est pas fertile 3. détériore (v. détériorer) : endommage, abime 4. nourricière (adj. f.s.) : qui est une source de nourriture

Axelle Negrignat

5. en butte à (loc. prép.) : concernés par 6. judicieusement (adv.) : intelligemment 7. freiner (v.) : limiter 8. érosion (n. f.s.) : usure des sols


MALALA ANDRIALAVIDRAZANA & MARIUS DANSOU

DU 20 SEPT. 17 AU 10 DÉC.17 MUSÉE AFRICAIN 150 COURS GAMBETTA, 69007 LYON WWW.MUSEE-AFRICAIN-LYON.ORG

ECHOES (from Indian Ocean) © Malala Andrialavidrazana 2011-2013 Courtesy 50 Golborne, London; Afronova, Johannesburg; Kehrer, Berlin

HISTOIRES BRODÉES


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Sénégal mélange Tourisme

st le mé’on a du Sénégal, c’e La première image qu de coun gardez cette profusio lange des genres. Re conviet é eux désordre, anim leurs au marché, ce joy vial !

les maisons en chaume de la Casamance

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Une belle boutiq

ue, ordonnée et co

lorée,

l’originalité de l’Alliance Française de Ziguinchor,


et le cérémonial du palais présidentiel de Dakar.

La nature est belle et le fleuve Sénégal calme dans sa majesté.

Au Sénégal, on cultive du mil, des arachides

et aussi des légumes Et voilà le résultat :

Les femmes sont belles et les enfants magnifiques !

Florence Teste 19


Faada Freddy, le dandy sénégalais Musique

Canne et chapeau melon planté sur ses dreadlocks, Faada Freddy ne passe pas inaperçu lorsqu’il apparaît sur une scène. Ce chanteur d’une quarantaine d’années qui a fait partie dans les années 90 de l’incontournable groupe de rap sénégalais Daara J. se produit maintenant en solo, avec le corps comme seul instrument. Un vrai coup de cœur ! L’écouter, c’est l’aimer ! La découverte de l’album Gospel Journey, datant de 2015, a été pour moi une révélation. Dès la première écoute, j’ai été emportée par la voix de Faada Freddy fusionnée1 avec des percussions corporelles en tous genres. Le chanteur a réussi en beauté la prouesse2 d’enregistrer un album sans instrument. Il transforme ainsi son corps en véritable laboratoire musical, donnant l’illusion qu’une trompette ou une basse sont présentes. Tout petit déjà, de simples planches de bois, un pot de colle et du fil de nylon devenaient entre ses mains une guitare qu’il accompagnait de claquements de doigts ou de battements de pieds. Inventif et audacieux, Faada Freddy a su tracer son chemin musical. L’artiste sénégalais rapporte des idées de ses nombreuses tournées à l’étranger et emprunte à différents répertoires3, s’inspirant de chanteurs très éclectiques4 venus du jazz, du gospel, du métal

ou encore du rock. Cet autodidacte5 dit devoir beaucoup à ses parents qui lui ont transmis l’amour de la musique. Il aime par-dessus tout improviser et partir à la découverte de nouveaux sons qu’il pourrait incorporer à ses prochaines chansons. Toutes ces « expérimentations » osées le remplissent d’un incroyable sentiment de liberté. De son vrai nom Abdou Fatah Seck, celui qui était une star du hip hop à Dakar, a opéré un virage musical et également spirituel avec la sortie de son album solo et depuis, il n’en finit pas de mettre le feu aux salles de concert du monde entier. Chanteur atypique, il charme également par sa générosité, comme lorsqu’il a proposé au public parisien de poursuivre un concert dans la rue puis dans le métro. Avec son style original et inclassable, je suis bien certaine que l’enthousiaste Faada Freddy n’a pas fini de nous faire vibrer … pour le plus grand plaisir de nos oreilles !

Lexique 20

1. fusionnée (adj. f.s.) : associée 2. prouesse (n. f.s.) : exploit 3. répertoires (n. m.p.) : types de musique

Axelle Negrignat

4. éclectiques (adj. m.p.) : variés, différents 5. autodidacte (n. m.s.) : personne qui a appris par elle-même




© Pixaby

Les sapeurs, ces dandys d’Afrique Style

Mais la SAPE, c’est quoi au juste ? Ce sigle est l’abréviation de “Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes”. Autrement dit, c’est l’art de la mise en scène vestimentaire et corporelle. Le sapeur est un homme qui affectionne2 les beaux habits et le mariage des couleurs. Il serait l’équivalent occidental du dandy3. Le terme de sape vous dit peut-être déjà quelque chose ? Bravo ! Ce terme a été importé d’Afrique et injecté4 dans le vocabulaire populaire français : être bien sapé signifie être bien habillé, dans un langage un peu familier. A l’origine, les prémices5 de cet art remontent aux années 1920. Cette période correspond au retour des Congolais au pays, après qu’ils ont combattu dans les armées belges et françaises. Se vêtir en costume, avec élégance, était alors un signe de supério-

rité, copié sur les colons blancs. Suivant des codes d’abord empruntés à l’Occident, la Sape s’est peu à peu transformée et les Congolais se sont approprié le costume en lui apposant6 des couleurs vives, voire tape-à-l’oeil7. Et l’argent dans tout ça ? Bien que ce culte de la fringue8 ne soit pas donné9, l’excuse de « pauvreté » n’a pas lieu d’être10. En effet, pour les Congolais, soigner sa mise est avant tout une forme de respect, de politesse. Bien sûr, certains sont prêts à se ruiner pour exhiber11 leurs griffes12, mais prendre soin de son apparence n’est pas juste une question de marques onéreuses13. Se vêtir de fripes14, sans grandes marques, n’empêche pas d’être dans le mouvement. C’est davantage une question de philosophie, car la sape constitue un moyen d’affirmer sa personnalité d’esthète15 au travers du vêtement. Le sapeur recherche en toute circonstance le raffinement16 dans sa tenue, qu’il adapte aux différents moments de la vie : soirées, mariages, obsèques17, inaugurations publiques… Il est intéressant de noter que cette philosophie répond au nom de sapologie et repose sur des règles résumées dans les Dix commandements de la SAPE.

© Eguanakla

© Giovanni Boldini

La SAPE s’est développée dans les années 60 à Brazzaville, capitale de la République du Congo. Ce mouvement d’identité vestimentaire a largement dépassé le cadre du Congo pour s’étendre à l’ensemble des pays d’Afrique. Il trouve même un écho1 aujourd’hui en Occident, sous l’impulsion d’artistes tels que Maître Gims, et jusque dans la mode puisque le styliste anglais Paul Smith lui a consacré une collection en 2010.

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Le sapeur se démarque également par sa façon de se tenir et sa gestuelle18. Vous serez d’abord intrigué19 par sa démarche. Il ne marche pas droit, mais légèrement penché, ses pas s’entrecroisent, de manière à mettre en évidence les coutures des vêtements, les chaussures et les chaussettes… Bref, il semble parader20 en permanence. Adapté en chorégraphie, cela donnerait le clip de la chanson Papaoutai de Stromae. Cette façon de parader perpétuellement débouche fréquemment sur de véritables joutes21 vestimentaires dans les bars ou en pleine rue, lors de défilés surprise. L’un des rituels des sapeurs est le défi, à l’image des battles dans le rap. Deux ou plusieurs sapeurs s’affrontent en public au rythme de la musique, et occupent à tour de rôle la place, scandant22 à voix haute des propos qui serviront essentiellement à dénigrer23 l’accoutrement24

de l’autre, afin de mettre le public dans sa poche25 et de l’emporter26. Comme tout mouvement qui se respecte, la sape a ses incontournables ambassadeurs, qui ont permis la diffusion du mouvement sur la scène internationale. On peut citer notamment les chanteurs Papa Wenba, Maître Gims avec sa chanson Sapé comme jamais, ou Stromae. Ce dernier a d’ailleurs lancé une ligne de vêtements (Mosaert) inspirée directement des sapeurs. Si vous passez par Brazzaville un jour, prenez le temps de vous arrêter au bar « la Main Bleue » du côté du quartier de Bacongo. Vous croiserez inévitablement des sapeurs devisant27 autour d’une bonne bière, et peut-être aurez-vous la chance d’assister à une « confrontation ». Ou si vous avez ce zeste28 d’audace et ce goût de la frime29, relevez le défi en réveillant le Sapeur qui est en vous !

Pour aller plus loin

Conférence : https://www.franceculture.fr/conferences/une-histoire-de-la-sapologie-africaine Reportage de TV5 Monde à Brazzaville : https://www.youtube.com/watch?v=7quSGeU7lWo

Julio Melo

La photographie en couverture du magazine a été prise au cours de l’événement «La sape à Bloizzaville» organisé par La Halle aux grains, scène nationale de Blois, en janvier 2017. Cet «événement festif, populaire, artistique et extravagant» avait pour objectif de réunir les habitants, les artistes, les rois et reines de la sape. http://www.halleauxgrains.com/sape/ Charles Fréger Charles Fréger poursuit, depuis le début des années 2000, un inventaire intitulé « Portraits photographiques et uniformes ». En Europe et un peu partout dans le monde, avec ses séries consacrées à des groupes de sportifs, de militaires ou d’apprentis, il s’intéresse aux tenues et aux uniformes et questionne la place de l’individu au sein de sa communauté. A découvrir sur http://www.charlesfreger.com

Lexique

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1. trouve un écho (exp.) : se poursuit, se continue 2. affectionne (v. affectionner) : apprécie 3. dandy (n. m.s.) : homme qui affecte une élégance suprême dans ses vêtements, ses manières, ses goûts 4. a été injecté (v. injecter. Passif) : a été ajouté, inclus 5. prémices (n. f.p.) : premières manifestations d’un phénomène, débuts 6. apposant (v. apposer. Part. prés.) : apportant 7. tape-à-l’oeil (adj. f.p.) : très voyantes 8. fringue (n. f.s. Familier) : vêtement 9. pas donné (adj. m.s.) : cher 10. n’a pas lieu d’être (exp.) : n’a pas de raison d’exister 11. exhiber (v.) : montrer fièrement 12. griffes (n. f.p.) : marques des grands couturiers 13. onéreuses (adj. f.p.) : chères 14. fripes (n. f.p. Familier) : vêtements d’occasion 15. esthète (n. m.s.) : personne qui aime la beauté

16. raffinement (n. m.s.) : sophistication, délicatesse 17. obsèques (n. f.p.) : enterrement 18. gestuelle (n. f.s.) : ensemble des gestes 19. vous serez intrigué (v. intriguer. Passif) : vous vous montrerez intéressé 20. parader (v.) : se montrer fièrement 21. joutes (n. f.p.) : combats, compétitions 22. scandant (v. scander) : parlant de manière très claire 23. dénigrer (v.) : critiquer négativement 24. accoutrement (n. m.s.) : tenue vestimentaire 25. mettre le public dans sa poche (exp.) : faire en sorte que le public le préfère 26. l’emporter (v.) : gagner 27. devisant (v. deviser. Part. prés.) : discutant, bavardant 28. zeste (n. m.s.) : un peu de 29. frime (n. f.s. Familier) : apparence trompeuse pour impressionner




© Erica Kowal

pexels pho

Elles et l’école Société

Tout d’abord, même si les petits filles sont inscrites à l’école, elles ne le restent pas très longtemps en raison des besoins de leur famille. En effet, elles doivent quitter le système scolaire afin d’aider à la maison ou de travailler pour ramener un peu d’argent au sein du foyer2. Toutefois, l’Unicef rapporte que, en 2010, le nombre de filles scolarisées au Sénégal a augmenté, spécialement dans les foyers les plus aisés. Mais le chemin vers l’école reste encore très difficile à parcourir pour les jeunes filles qui vivent des situations d’extrême précarité3. De plus, plus tard, la privation d’éducation les contraindra4 à travailler comme aide domestique puisqu’elles n’auront ni diplôme ni formation. Souvent les parents privilégient plutôt l’éducation des garçons. L’Unicef rapporte que moins d’une fille sur cinq poursuit sa scolarité jusqu’à l’école secondaire. Ce qui signifie qu’elles sont également privées des apprentissages de base comme l’écriture et la lecture. Les hommes au Sénégal sont beaucoup plus nombreux que les femmes à savoir lire et

© Myriam Louviot

Au Sénégal Pour les petites filles de Dakar, l’école est un chemin parfois bien compliqué à emprunter1. La pauvreté que subissent de nombreuses familles est très souvent un frein qui empêche ces jeunes filles d’accéder à l’éducation.

écrire. Cette différence renforce donc les inégalités homme-femme. Dans le monde En 2010, le journal Le Monde déclare que les crises économiques et alimentaires ont un rôle important dans l’augmentation de la déscolarisation des enfants notamment au sein des foyers les plus pauvres. Les filles et les garçons touchés par la guerre sont eux aussi victimes de cette privation d’éducation. En 2014, l’Unesco signale que cinquante-huit millions d’enfants entre six et onze ans ne sont pas scolarisés à travers le monde. Bien que toute personne ait droit à l’éducation, comme cela est indiqué dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, elle s’avère hier comme aujourd’hui une voie encore difficile à emprunter, voire lointaine et inaccessible, pour une grande partie des enfants à travers le monde.

Lexique 1. emprunter (v.) : prendre, suivre 2. foyer (n. m.s.) : famille

Mylène Molinaro

3. précarité (n. f.s.) : pauvreté, fragilité de la situation 4. contraindra (v. contraindre) : obligera 27


Léopold Sédar Senghor Auteur Biographie

Léopold Sédar Senghor est en né en 1906 dans une famille de la noblesse sérère, une ethnie vivant dans le sud-ouest du Sénégal. Elève brillant, il est envoyé en France en 1928 pour y poursuivre ses études. Il se lie d’amitié avec avec ses camarades de classe dont certains deviendront célèbres, comme Paul Guth et Georges Pompidou. En 1935, il est le premier Noir reçu à l’agrégation de grammaire. Enrôlé1 dans les fantassins, il participe à la Seconde guerre mondiale ; il est fait prisonner par les Allemands mais il utilise ce temps d’inactivité pour rédiger de nombreux poèmes. De 1944 à 1960, date de l’indépendance du Sénégal, il occupera la chaire de langues et civilisation négro-africaines à l’École nationale de la France d’outre-mer. C’est en 1945 qu’il commence sa carrière politique : il est d’abord élu député du Sénégal, puis délégué de la France à l’UNESCO et à l’ONU, secrétaire d’Etat puis ministre. En 1960, il est élu président de la République du Sénégal ; il le restera jusqu’en 1980, date à laquelle il se retire de la vie politique suite à des mouvements sociaux dans le pays. Parallèlement, Senghor mène une intense carrière

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littéraire. Il publie de nombreux recueils de poésie ainsi que des essais, en particulier, sur le concept de négritude proposé par Aimé Césaire, son ami martiniquais. Dans les années soixante, il participe activement à la création de la Francophonie ; il est reçu à l’Académie française en 1983. Il a également obtenu de très nombreuses distinctions dans beaucoup de pays, tant pour son œuvre littéraire que pour son action en faveur de la francophonie. Il est décédé en 2001.

L’œuvre

L’œuvre de Senghor se caractérise par la mise en lumière du concept de négritude, valorisant ainsi l’Afrique, en montrant les beautés autant que les difficultés. Au fil du temps, Senghor a évolué vers l’ouverture à une culture universelle, faite de métissages. Son style est très soutenu, élaboré, érudit2, mais disons-le, un peu difficile d’accès. Mais il faut se laisser porter par la musique de ses mots et leur rythme.

Bibliographie choisie Chants d’ombre, 1945 Ethiopiques, 1956 Elégies majeures, 1979 Liberté 1 : négritude et humanisme, 1964 Liberté 5 : le dialogue des cultures, 1992


Ce texte appartient au premier recueil de poésie que Senghor a publié à la fin de la Seconde guerre mondiale : Chants d’ombre, 1945. L’ouragan arrache tout autour de moi Et l’ouragan arrache en moi feuilles et paroles futiles3. Des tourbillons de passion sifflent en silence Mais paix sur la tornade sèche, sur la fuite de l’hivernage ! Toi Vent ardent Vent pur, Vent-de-belle-saison, brûle toute fleur toute pensée vaine Quand retombe le sable sur les dunes dit cœur. Servante, suspends ton geste de statue et vous enfants, vos jeux et vos rires d’ivoire. Toi, qu’elle consume4 ta voix avec ton corps, qu’elle sèche parfum de ta chair La flamme qui illumine ma nuit, comme une colonne et comme une palme. Embrase mes lèvres de sang, Esprit, souffle sur les cordes de ma kôra5 Que s’élève mon chant, aussi pur que l’or de Galam. Ce second poème est très souvent cité comme ayant été écrit par Léopold Sédar Senghor. Pourtant, certains affirment que ce n’est pas le cas. En effet, le style extrêmement épuré de ce petit poème ne ressemble pas aux écrits de Senghor et de plus, n’appartient à aucune de ses publications. Poème a mon cher frère blanc, Cher frère blanc, Quand je suis né, j’étais noir, Quand j’ai grandi, j’étais noir, Quand je suis au soleil, je suis noir, Quand je suis malade, je suis noir, Quand je mourrai, je serai noir. Tandis que toi, homme blanc, Quand tu es né, tu étais rose, Quand tu as grandi, tu étais blanc, Quand tu vas au soleil, tu es rouge, Quand tu as froid, tu es bleu, Quand tu as peur, tu es vert, Quand tu es malade, tu es jaune, Quand tu mourras, tu seras gris. Alors, de nous deux, Qui est l’homme de couleur ?

A écouter

https://www.youtube.com/watch?v=XAvhB1Ne20A

Pour aller plus loin : https://www.youtube.com/watch?v=AjrPzfLRf9w

Lexique 1. enrôlé (adj. m.s.) : embauché (pour un soldat) 2. érudit (adj. m.s.) : savant 3. futiles (adj. f.p.) : inutiles, légères

Florence Teste

4. consume (v. consumer) : brûle 5. kôra (n. f.s.) : instrument de musique traditionnel

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On s’entraîne pour le DELF PRO B1 ! Langue

Le DELF est l’examen officiel évaluant les 4 compétences de l’apprentissage de la langue française. Il est constitué de 4 épreuves (Compréhension Orale, Compréhension Écrite, Production Orale et Production Écrite). Les niveaux du DELF sont définis par le CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues) de A1 à B2 pour le DELF et C1,C2 pour le DALF.

Qu’est-ce que le DELF professionnel ? Le DELF Pro correspond à la version professionnelle des diplômes DELF. Cet examen s’adresse à des publics ayant pour objectif une promotion ou une insertion professionnelle en milieu francophone. Tout candidat, qu’il soit en formation initiale ou en formation continue, peut s’y présenter. Le DELF Pro évalue des compétences communicatives communes à toutes les situations professionnelles courantes. Les exercices sont identiques à ceux des examens du DELF, la seule différence est que la thématique des épreuves est adaptée au monde du travail.

Le niveau B1 À ce niveau dit « intermédiaire », le candidat peut parler de lui-même, de ses activités, de ses centres d’intérêt, de son passé et de ses projets. Il peut produire un essai simple et cohérent sur des sujets familiers et dans ses domaines d’intérêt. Il peut raconter un événement, une expérience ou un rêve, décrire un espoir ou un but et exposer brièvement des raisons ou explications pour un projet ou une idée.

La production écrite L’épreuve de production écrite de l’examen DELF B1 a lieu en même temps que l’épreuve de compréhension écrite. Vous avez 1h30 pour effectuer les 2 exercices. On considère que la production écrite dure 45 minutes. Il s’agit de rédiger une seule production d’environ 170 mots en réponse à une mise en situation. Exprimez votre point de vue, donnez des informations, décrivez… en montrant votre correcte utilisation de la langue et votre lexique. Et on ne le dira jamais assez… relisez-vous !! Tellement d’erreurs peuvent être évitées avec une bonne relecture.

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Voici un exemple de sujet d’examen du DELF B1 et un exemple de sujet d’examen du DELF PRO B1:

Delf B1 Pendant les vacances d’été, vous êtes parti avec votre famille dans un camping écologique où tout est prévu pour préserver l’environnement (quantité d’eau limitée, utilisation du vélo, tri des déchets, etc.). Le site vivrecolo.com demande des témoignages, vous écrivez un courriel pour raconter votre expérience. (160 mots minimum)

Delf PRO B1

Vous travaillez au service Exportation d’une grande entreprise en Belgique. Vous utilisez quotidiennement plusieurs langues dans votre travail. Le journal de votre entreprise demande des témoignages de salariés sur le thème de l’utilisation des langues étrangères au travail. Vous rédigez un article pour parler de votre expérience et donner votre opinion sur l’importance des langues. (160 mots minimum)

Anita Viel


Le français du Sénégal

© U.S. Department of Agriculture S

Expressions sénégalaises Comme dans toutes les régions francophones du monde, on peut trouver des mots ou des expressions qui ont subi des « glissement de sens » et n’ont plus la même signification qu’à l’origine. En voici quelques-uns : Long / court : grand / petit. Au Sénégal, on ne dit pas que quelqu’un est grand ou petit ; on dit qu’il est long ou court !!! Ex : Mamadou est long alors que Fatoumata est courte. Linger (ou faire le linge) : faire la lessive. Ex : Fatoumata a demandé à sa fille de linger. Bagots (ou bagaux) : pluriel sénégalais de bagage (un bagage, des bagots...). Ex : Fatoumata a dit à Mamadou : « Prends tes bagots et va t’en ! ». Descendre : Avoir terminé sa journée de travail. Ex : Dès qu’il est descendu de son magasin, Mamadou est allé dîner. Gagner quelqu’un : Remporter une victoire sur, être plus fort que. Ex : Le Sénégal a gagné la France au mondial 2002. Sénégaliser : Adapter aux conditions sénégalaises. Valable particulièrement pour les voitures, les télés, ... Ex : «Mamadou n’a pas sénégalisé sa voiture avant de partir en voyage, il risque d’avoir des problèmes !» Goudron : C’est la route recouverte d’asphalte. Ex : Mamadou habite au bord du goudron. Dibiterie : Petit magasin extérieur où l’on sert exclusivement de la viande grillée au feu de bois. On peut aussi dire «dibi». Ex : Mamadou a rencontré sa voisine en mangeant à la dibiterie. Même père, même mère : Lorsqu’un Sénégalais vous parle de sa sœur ou de son frère, il rajoute (si c’est le cas) « même père, même mère », ce qui est une information cruciale dans un pays polygame. Ex : La soeur de Mamadou, même père même mère, s’appelle Khady. 32


Droiter, gaucher, arriérer : tourner à droite, à gauche, reculer Ex : Pour aller chez Mamadou, il faut droiter après la dibiterie. Essencerie : Station-service. Ex : Mamadou a dû s’arrêter à l’essencerie pour faire le plein de carburant. Quatre heure moins : Lorsque le Français dit « il est quatre heures moins vingt », ou « quatre heures moins cinq », le Sénégalais dit simplement : « il est quatre heure moins ». Cela signifie aussi qu’il peut être entre 15h35 et 15h55... c’est plus approximatif ! Ex : J’avais rendez-vous avec Mamadou à cinq heures mais il est six heures moins et il n’est toujours pas là.

© Richard Nyberg

Les mots français d’origine sénégalaise Toubab : mot dérivé du dialecte mandingue tubabu qui désigne le Blanc. Karité : mot wolof qui désigne « l’arbre à beurre » dont le fruit contient une amande d’où on extrait le beurre de karité. Boubou : mot malinké bubu. Désigne d’abord un singe, puis sa peau utilisée pour se vêtir. Aujourd’hui, c’est une longue tunique. Balafon : mot malinké venant de bala (type d’instrument de musique) et de fo (jouer). Bougnoul : mot wolof voulant dire noir. Il est plutôt utilisé aujourd’hui péjorativement pour désigner les Arabes.

Pour aller plus loin : http://www.ina.fr/video/I05347130 Florence Teste

Proverbes sénégalais La plus belle fleur peut cacher une épine. Bonheur et malheur, tout tient dans la même personne. 33


Dakar TV5 Monde

Ils sont une cinquantaine chaque année à partir aux quatre coins de l’espace francophone. Un Burkinabè en Arménie, un Belge en Côte d’Ivoire, une Malgache en République de Macédoine... Tous ces jeunes quittent pendant un an leur pays pour partir à la découverte des contrées francophones. Un grand plongeon vers l’inconnu mais avec pour bagage, la langue française et leurs multiples compétences qu’ils vont mettre au service d’institutions francophones dans chacun de ces cinquante pays. On appelle ces jeunes les Volontaires Internationaux de la Francophonie. L’Organisation internationale de la francophonie qui pilote ce programme les a tous réunis à Dakar pour les préparer au grand départ mais aussi pour qu’ils puissent se rencontrer et mieux se connaître. Dans un an, ils formeront un réseau de jeunes ambassadeurs de la francophonie capables de raconter les réalités de ce grand espace francophone dans leur propre pays. Ivan Kabacoff

Répondez aux questions 1 à 4 AVANT de voir la vidéo. Puis allez vérifier les réponses en page 51. 1. Dakar se trouve sur les côtes de : la Méditerranée l’océan Atlantique l’océan Pacifique

2. Qu’est-ce que l’OIF ? l’Organisation Internationale du Français l’Organisation Interne des Français l’Organisation Internationale de la Francophonie

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3. Que signifie l’expression «hors du commun» ? qui empêche l’échange qui est inhabituel qui se trouve à l’extérieur 4. Qu’est-ce qu’un tremplin ? un véhicule une aide pour sauter plus haut un outil de mécanique


Lisez les questions suivantes puis regardez la vidéo et répondez aux questions. Les réponses se trouvent en page 51.

5. A l’origine, Dakar était un ancien village de chasseurs un ancien village de cueilleurs un ancien village de pêcheurs

Accédez à la vidéo http://w w w.tv5monde.com/cms/chainefrancophone/Revoir-nos-emissions/DestinationFrancophonie/Episodes/p-30301-DestinationDakar.htm

11. Quel âge faut-il avoir pour participer à ce programme ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................

6. Qu’est-ce que la teranga ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 7. Combien de fois le Sommet de la francophonie a-t-il eu lieu avant celui de Dakar ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 8. Comment s’appelle le programme en question ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 9. Ce programme est mensuel trimestriel annuel 10. Quel est l’objectif de ce programme ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................

12. Théodore Somda a effectué un séjour en Roumanie en Bulgarie en Italie 13. Quels surnoms lui a-t-on donnés pendant son séjour (2 réponses) ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 14. Quelle est la spécialité de Ndeye Ngone Ndour ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 15. Comment considère-t-elle cette expérience ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 16. Pour Junior Tchassep, en quoi le français est-il une aide dans ce type d’expérience ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................

Sur facebook : https://www.facebook.com/DestinationFrancophonie/ Sur twitter : @dfrancophonie Toutes les émissions sont disponibles sur internet : www.tv5monde.com/df

Florence Teste 35


© MARYLAND GOVPICS

La condition des noirs aux Etats-Unis Amériques

Richesse Le nombre de Noirs qui vivent au-dessous du seuil2 de pauvreté (26%) est beaucoup plus élevé que celui des Blancs (10,3%). L’une des raisons est que le générateur de richesse le plus important est d’être propriétaire de son propre logement. Or, seuls 43% des Noirs sont dans ce cas, contre 72% des Blancs. De plus, les Noirs sont payés 40% de moins que les Blancs pour le même travail. 36

Santé Le taux de mortalité infantile est deux fois plus élevé pour les Noirs et parallèlement, la longévité3 d’un Blanc est de 77,9 ans contre 71,1 pour un Noir, surtout s’il habite dans un milieu urbain à haut risque. On peut constater une corrélation4 évidente entre l’exposition permanente au racisme et l’état de santé de la population noire : alimentation déséquilibrée, manque d’exercice physique, maladies dues au stress, absence d’accès aux soins médicaux, manque d’assurance médicale, tous ces facteurs associés à la pauvreté sont évidemment plus courants chez les Noirs que chez les Blancs. Justice Bien que les deux communautés soient à égalité en ce qui concerne le recours5 aux drogues, les Noirs sont arrêtés deux fois plus fréquemment pour ces délits. 51% des Noirs ont été arrêtés au moins une fois dans leur vie s’ils habitent dans une grande ville contre seulement 14% des Blancs. De même, les Noirs sont plus souvent emprisonnés avant leur procès parce qu’ils n’ont pas les ressources suffisantes pour payer leur caution. Ainsi, ils perdent leur travail et ne

© DONKEYHOTEY

Depuis que l’Histoire américaine a débuté, les Noirs sont considérés comme des citoyens de second ordre ; ils ont subi et continuent à subir de nombreuses injustices, dont une partie restent dans l’impunité. Après la Seconde guerre mondiale, le gouvernement allemand avait reconnu publiquement les horreurs qui avaient été perpétrées1 ; il avait aussi indemnisé les victimes du nazisme. Mais les Etats-Unis, eux, n’ont jamais admis les faits commis dans son Histoire contre certaines populations, que ce soient les Amérindiens, les Noirs, les Vietnamiens, les Irakiens, ou toute autre victime des dictatures qu’ils ont appuyés. Ce manque de parole officielle dans le pays soi-disant « leader du monde libre » contribue à une ignorance collective et à une absence de sens des responsabilités qui permettraient en partie de rectifier les conséquences de ses crimes contre l’humanité. Encore aujourd’hui, il n’y a pas d’engagement pour faire évoluer l’héritage qui continue à faire souffrir la population noire.


bénéficient pas d’une véritable défense car ils ne peuvent pas payer d’avocat. De plus, ils seront condamnés plus sévèrement et resteront donc en prison plus longtemps.

© DAVID SEATON

Le passé Il y a longtemps que les scientifiques ont établi qu’il n’y avait pas de différences génétiques entre Noirs et Blancs qui affectent l’intelligence ou d’autres aspects de la personnalité. Les divergences6 doivent donc être attribuées à d’autres causes, accumulées au fil de l’histoire des Etats-Unis. Les Blancs ont commencé à exploiter les Noirs en 1619 quand ils ont importé les premiers esclaves d’Afrique. Leur richesse s’est construite au détriment de7 ces derniers, dans les champs où poussaient le coton, le tabac, le riz, dans les mines, les usines, les chemins de fer et elle a été transmise à leurs descendants. Les statistiques montrent que la mythologie nord-américaine selon laquelle chacun a la possibilité, un jour, de devenir riche ne correspond pas à la vérité pour les Noirs. Au contraire, il est plus

probable qu’un enfant pauvre devienne à son tour encore plus pauvre que ses parents. En dépit de8 la « libération » des esclaves au milieu du XIXe siècle, les Blancs ont maintenu9 les Noirs dans un état où ils sont dépourvus10 d’éducation, d’accès à la propriété et exclus des divers programmes gouvernementaux (sécurité sociale, subventions agricoles, etc.). Et le futur ? Pour éliminer l’héritage de l’esclavage et des autres formes de discrimination vécues par la population noire, il faudrait s’attacher à supprimer le racisme institutionnel et éliminer le racisme individuel qui sont incrustés11 dans la culture américaine. Le gouvernement devrait mettre en place des programmes ambitieux. Les fonds12 pourraient très certainement être trouvés. Mais ce qui manque surtout, c’est une véritable volonté gouvernementale. Bien que je sois une personne globalement optimiste, j’ai bien peur que ces grandes disparités13 de traitement entre les Blancs et les Noirs ne soient pas facilement éliminées. Au contraire, on peut voir que la situation empire14 : le président Trump a proposé que le Congrès transfère cinquante-six milliards de dollars réservés aux programmes sociaux dans le budget militaire. Il arme la police en la dotant15 de matériel militaire lourd. Vingt-deux états ont déjà promulgué16 des lois qui rendent plus difficile l’accès au vote. Les électeurs blancs, même s’ils ne sont pas forcément racistes, ont voté pour un président qui, lui, est clairement raciste. On peut en déduire que, malheureusement, pour eux, le racisme est un problème de second ordre.

Peter Haberfeld

Lexique 1. avaient été perpétrées (v. perpétrer. Passif) : avaient été commises 2. seuil (n. m.s.) : limite 3. longévité (n. f.s.) : durée de vie 4. corrélation (n. f.s.) : lien, relation 5. recours (n. m.s.) : utilisation 6. divergences (n. m.p.) : différences 7. au détriment de (loc. prép.) : en profitant de, aux dépens de 8. en dépit de (loc. prép.) : malgré

9. ont maintenu (v. maintenir) : ont gardé 10. ils sont dépourvus : ils n’ont pas 11. sont incrustés (v. incruster. Passif) : sont marqués profondément 12. fonds (n. m.p.) : sommes d’argent 13. disparités (n. f.p.) : écarts 14. empire (v. empirer) : devient de plus en plus mauvaise 15. dotant (v. doter. Part. prés.) : fournissant 16. ont promulgué (v. promulguer) : ont publié 37



Quiz

Le Sénégal © Sebastián Losada

Que savez-vous sur le Sénégal ? Voici un quiz qui vous permettra de tester vos connaissances sur ce magnifique pays d’Afrique de l’ouest. Vous trouverez la plupart des réponses en lisant les articles de ce numéro de LCFF consacré à Dakar et au Sénégal.

La géographie

1

Le Sénégal est un fleuve un volcan une montagne

2

Quel pays n’est pas limitrophe du Sénégal ? le Maroc la Guinée la Gambie

3

Combien de kilomètres de côtes maritimes compte le Sénégal ? 230 km 530 km 830 km

Les langues

4

La principale langue nationale parlée est le peul le mandingue le wolof

5

Quel est le nombre de langues nationales ? 3 10 21

6

Le français est la langue officielle du Sénégal vrai faux

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La politique

7

Le Sénégal est un pays indépendant depuis 1958 1960 1962

8

Aujourd’hui, le président de la République est Macky Sall Abdoulaye Wade Abdou Diouf

La culture

9

Léopold Sedar Senghor était (plusieurs réponses possibles)

un poète un académicien (Académie française) un homme politique

10

Quel chanteur n’est pas sénégalais ? Toure Kunda Youssou N’dour Alpha Blondy

Le sport

12

En 2017, le rallye Dakar s’est déroulé

de Paris (France) à Dakar (Sénégal) d’Asuncion (Paraguay) à Buenos Aires (Argentine) de Barcelone (Espagne) à Dakar (Sénégal)

14

La religion

11

à vent à corde à percussion

13

Comment s’appelle l’équipe nationale de football ? Les lions indomptables Les lions de la Teranga Les Bafana bafana

15

La religion majoritaire est

Le djembé est un instrument de musique

La cuisine

L’un des aliments les plus consommés est

le christianisme le bouddhisme l’islam

le poisson la viande de bœuf les légumes secs

16 © Aboukam

Pour donner plus de goût aux plats, on utilise le yet, qui est

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un poisson séché un mollusque séché une viande séchée

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Le plat national est le thiéboudienne le couscous le curry de poulet



La fraîcheur du bissap

© Agena.p

Produit régional

© Spedona

En wolof, la langue la plus parlée du Sénégal, le bissap est la fleur de l’hibiscus sabdarifa, connue également sous le nom d’oseille de Guinée. Cette plante, issue à l’origine d’Afrique de l’ouest, pousse dans les régions tropicales du monde entier. Le jus de bissap est la boisson nationale de plusieurs pays : le Sénégal mais aussi la Guinée, le Mali ou encore le Burkina Faso ; on en boit aussi en Thaïlande et aux Antilles. Les fleurs du bissap, d’un beau rouge vif, sont utilisées pour fabriquer un jus tout aussi rouge. Ce jus est la boisson idéale dans les pays où il fait très chaud : il est très rafraîchissant, désaltérant et ... délicieux ! Outre ces qualités essentielles, il revêt un véritable intérêt thérapeutique : tout d’abord, il est riche en protéines, lipides, minéraux, vitamine Cet antioxydants. Ensuite, il joue le rôle de régulateur dans les problèmes d’hypertension et diminue les risques de maladies cardiovasculaires ; il permet de réduire le taux1 de cholestérol dans le sang et a également des vertus diurétiques. Enfin, il est antibactérien, anti-inflammatoire et antalgique. Une véritable panacée2 !

La recette

Il vous faut : • 400 g de fleurs d’hibiscus séchées • 250 g de sucre semoule • 1 gousse de vanille • 2 litres d’eau Tout d’abord, faites bouillir 2 litres d’eau. Pendant ce temps, rincez rapidement les fleurs de bissap sous l’eau courante froide. Mettez les fleurs dans l’eau bouillante (une fois le feu arrêté) et laissez-les infuser jusqu’à ce que l’eau soit devenue bien rouge (entre 20 et 30 minutes). Vous pouvez aromatiser votre jus de bissap comme vous le souhaitez : une branche de menthe, ou une gousse de vanille, ou un peu de noix de muscade ou encore quelques gouttes d’essence d’ananas ou de fleur d’oranger. Ajoutez le sucre en poudre et remuez bien. Le bissap est parfois un peu amer, n’hésitez pas à rajouter un peu plus de sucre selon votre goût. Laissez refroidir puis passez le jus au tamis3. Servez très frais. Un petit plus : Mettez le jus de bissap au congélateur pendant quelques heures. Avant qu’il ne forme un glaçon, mixez-le pour en faire de la glace pilée. Servez dans de petits verres et arrosez d’un peu de vodka. C’est délicieux !

Lexique 42

1. taux (n. m.s.) : quantité 2. panacée (n. f.s.) : remède universel

Fanny Touret

3. tamis (n. m.s.) : passoire fine, ustensile qui permet de séparer le liquide et le solide.

pexels photo


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© Dina Said

Le thiéboudienne Cuisine

Le thiéboudienne est le plat national du Sénégal. Il est aussi connu sous le nom de « riz au gras » dans les pays voisins comme la Côte d’Ivoire et la Guinée. Le mot vient du wolof, qui est une langue locale parlée par un grand nombre de Sénégalais mais aussi en Gambie et en Mauritanie. Il aurait été rendu célèbre par Penda Mbaye, une cuisinière du XIXe siècle, particulièrement réputée pour sa cuisine dans les repas de fête. Le thiéboudienne est un plat à base de poisson et de riz. Traditionnellement, on utilise un thiof, un poisson que l’on pêche sur les côtes atlantiques, une espèce de gros mérou, dont la chair est ferme et fine. Mais si vous n’en trouvez pas, vous pouvez aussi prendre de la dorade. Autres spécialités, le yet et le guedj. Le yet est un mollusque1 que l’on ramasse sur la plage. On l’enterre dans le sable et on le laisse faisander2 pendant quelques jours. Après l’avoir rincé plusieurs fois, on le coupe en tranches fines puis on le fait sécher au soleil. Il a alors un goût très fort. C’est pourquoi on n’en met qu’un petit morceau dans le thiéboudienne. Il en est de même pour le guedj, qui est un poisson séché.

Ingrédients • • • • • • • • •

1 bouquet de persil 4 gousses d’ail 2 piments 2 bouillons-cubes 200 ml d’huile d’arachide 1 gros oignon 3 tomates fraîches, réduites en purée 3 cuillères à soupe de concentré de tomate 1 cuillère à soupe de poivre noir

• • • • • • • • •

4 feuilles de laurier 2 carottes 2 pommes de terre 2 petites aubergines 1 petit chou 6 petits gombos 1 morceau de yet et de guedj 3 tasses de riz parfumé du sel

• • • • •

Coupez le poisson en gros tronçons. Mixez ensemble le persil, 2 gousses d’ail, 2 piments et 1 bouillon cube. Avec votre doigt, faites deux trous dans la chair du poisson et emplissez-les du mélange que vous venez de réaliser. Faites frire les morceaux dans une sauteuse avec de l’huile. Faites chauffer un peu d’huile dans une casserole. Ajoutez-y les oignons, les tomates, le concentré de tomates, 2 gousses d’ail et le poivre noir. Faire cuire le tout ensemble pendant 15 minutes, à feu moyen.

© T.K. Naliaka

Préparation

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• • • • • • • • •

Ajoutez le poisson que vous avez fait frire dans la sauce de tomate. Ajoutez également un bouillon-cube, les feuilles de laurier et 1 tasse d’eau. Laissez mijoter jusqu’à ce que les morceaux de poisson soient bien cuits, 15 minutes environ. Retirez les morceaux de poisson et ajoutez 1 tasse d’eau et tous les légumes sauf les gombos (aubergines, pommes de terre, carottes, chou). Faites cuire jusqu’à ce que les légumes soient cuits (25 à 30 min). Attention, s’ils sont trop cuits, ils vont se transformer en bouillie3. Retirez-les et réservez-les. Ajoutez les gombos et faites-les cuire 5 minutes. Retirez-les et réservez-les. Ajoutez un morceau de yet et de guedj. Ajoutez le riz. Faites-le cuire à feu très doux, en remuant souvent le thiéboudienne. Au moment de servir, placez le riz dans un grand plat creux et disposez les légumes et le poisson sur le dessus.

Beignets guente Ingrédients • • • • •

6 cuillères à soupe de sucre en poudre 8 cuillères à soupe de noix de coco râpée 8 cuillères à soupe de raisins secs 2 sachets de sucre vanillé 1 pincée de noix de muscade râpée

• • • • •

1 pincée de sel 1 sachet de levure chimique 60 g de beurre 3 œufs 1 petite boîte de lait concentré

• •

• •

Mettez la farine dans un grand saladier, ajoutez-y le sucre en poudre, la noix de coco râpée, les raisins secs, le sucre vanillé, la muscade râpée et le sel. Finissez par la levure chimique. Dans une casserole, faites fondre doucement le beurre, ajoutez les œufs et le lait concentré. Faites un puits dans le mélange précédent et versez-y le mélange beurre-œufs-lait. D’abord la moitié : mélangez bien au fouet puis ajoutez progressivement le reste. Travaillez jusqu’à obtention d’une pâte lisse, un peu élastique. Laissez reposer la pâte une à deux heures. Faites chauffer de l’huile de friture. Quand elle est bien chaude, prenez un peu de pâte dans une cuillère à soupe et jetez-la dans l’huile chaude. Faites cuire ainsi tous les beignets un à un, à feu très doux pour leur laisser le temps de cuire à l’intérieur et dorer à l’extérieur. Retirez-les quand ils sont bien dorés et déposez-les sur du papier absorbant. Saupoudrez de sucre glace et dégustez !

Lexique 1. mollusque (n. m.s.) : animal marin au corps mou 2. faisander (v.) : conserver une viande quelques jours avant de la consommer 46

Florence Teste

3. bouillie (n. f.s.) : sorte de pâte formée des légumes écrasés

© ALICE PEGIE

Préparation


Réponses Quiz (page 39) 1. Le Sénégal est le plus grand fleuve du Sénégal et le traverse d’est en ouest. 2. Le Maroc n’est pas limitrophe du Sénégal 3. Le Sénégal compte 530 km de côtes maritimes. 4. La principale langue nationale parlée est le wolof 5. Il y a 21 langues nationales : le wolof, le sérère, le peul, le mandingue, le soninké, le diola, ... 6. Le français est la langue officielle du Sénégal. 7. Le Sénégal est un pays indépendant depuis le 20 août 1960. 8. Aujourd’hui (depuis 2012), le président de la République est Macky Sall. De 2000 à 2012, c’était Abdoulaye Wade et avant lui, Abdou Diouf a été président de 1981 à 2000. 9. Les trois : Léopold Sedar Senghor était un poète (il a notamment publié Chants d’ombre, 1945, ou encore Le lion rouge, qui est l’hymne national sénégalais), un académicien (il a été élu à l’Académie française en 1983) et un homme politique (il a été le premier président de la République, de 1960 à 1980). 10. Alpha Blondy est ivoirien. 11. Le djembé est un instrument de musique à percussion, composé d’un fût en bois sur lequel est tendue une peau de chèvre ou d’antilope. 12. Le rallye Paris-Dakar a été créé en 1982 et il reliait au départ Paris (France) à Dakar (Sénégal). mais après plusieurs accidents et des risques liés à la situation politique des pays traversés, il se déroule à présent en Amérique du sud. En 2017, il est parti d’Asuncion (Paraguay) pour aller à Buenos Aires (Argentine). 13. L’équipe nationale de football s’appelle «Les lions de la Teranga». L’équipe camerounaise s’appelle «Les lions indomptables» et celle de l’Afrique du Sud «Les Bafana bafana» 14. Environ 95% de la population sénégalaise est musulmane. 15. L’un des aliments les plus consommés est le poisson. 16. Pour donner plus de goût aux plats, on utilise le yet, qui est un mollusque séché. 17. Le plat national est le thiéboudienne.

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Jeux de mots

pexels pho

Réponses Jeux p 49

1. INSTRUMENTS Trouvez le nom des instruments à vent.

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3. CASCADE DE MOTS

2. LE WOLOF Devinez la définition des mots wolofs Na nga déf ? No toudou ? Waw Détdét Jerejef Salaamaalekum Amul solo

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S’il vous plaît Oui Comment t’appelles-tu ? Merci Bonjour Non Comment vas-tu ?

Retrouvez les mots 1 2 3 4 5

D E D E D E D E D E 1. Tracé au crayon 2. Parfaite pour moi 3. Cache le jour 4. Avant le diplôme 5. En mauvaise santé 49


Réponses TV5 Monde (page 34) 1. Dakar se trouve sur les côtes de l’océan Atlantique.X 2. L’OIF est l’Organisation Internationale de la Francophonie. 3. «hors du commun» signifie «qui est inhabituel», extraordinaire, inattendu 4. Un tremplin est une aide pour sauter plus haut. C’est un dispositif sur lequel un sportif s’appuie pour renforcer son élan, son énergie. 5. A l’origine, Dakar était un village de pêcheurs. 6. La teranga est l’hospitalité légendaire des Sénégalais, leur sens de l’accueil. 7. Le Sommet de la francophonie a eu lieu quatorze fois avant celui de Dakar (Dakar est le quinzième). 8. Le programme des volontaires internationaux de la francophonie 9. Ce programme est annuel. 10. L’objectif de ce programme est de donner l’opportunité à 50 jeunes de vivre une expérience professionnelle dans un pays francophone autre que le leur en participant à un projet de développement. 11. Les jeunes ont entre 21 et 34 ans. 12. Théodore Somda a effectué un séjour en Roumanie. 13. Pendant son séjour, on l’a appelé M. OIF, M. Francophonie. 14. Les droits de l’Homme et de la paix. 15. Elle considère que cette expérience est un tremplin pour sa carrière. 16. Pour Junior Tchassep, le français facilite l’intégration, la compréhension, les échanges et permet de rompre les barrières géographiques.

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Réponses Jeux (page 49) 1. INSTRUMENTS

Edition

Langue et Cultures Françaises et Francophones ISSN : 2551-1467 n° CPPAP : 1018 K 91889 SIRET : 799 544 846 00022 Siège : 17, rue Durand 34000 Montpellier contact@lcf-magazine.fr

Directrice de publication

Florence TESTE - direction@lcf-magazine.fr

Directeur artistique Rémi ORZALESI

Rédactrice en chef

Un tuba Un saxophone Une trompette Un trombone 2. LE WOLOF Na nga déf ? No toudou Waw Détdét Jerejef Salaamaalekum Amul solo

Comment vas-tu? Comment t’appelles-tu? Oui Non Merci Bonjour S’il vous plaît

Florence TESTE

Comité de relecture Florence TESTE Khiem TRAN-DINH

Assistante de publication Michèle LESEL

Lecture audios Marion PREITE

Rédacteurs Christelle DUCROT Peter HABERFELD Philippe JEANMICHEL

3. CASCADE DE MOTS

D I R

E D I

S E D

S A E

I L A

N E U

E

T

U

D

E

S

M

A

L

A

D

E

Charlotte KLEINEIDAM Julio MELO Mylène MOLINARO Axelle NÉGRIGNAT Florence TESTE Fanny TOURET Anita VIEL

Graphiste

Charlotte KLEINEIDAM

Promotion et communication

Michèle LESEL - contact@lcf-magazine.fr

Impression

Impact Impression 483, ZAC des Vautes 34980 Saint-Gély-du-Fesc

Routage

Sud Routage 110, route de Rouquairol 30900 Nîmes

Remerciements

Alliance française de Montpellier Fatiha Djiaba, RUE DES ECOLES SITE PLANETE-SENEGAL.COM Richard BOSSUET - TV5 MONDE Ivan KABACOFF - TV5 MONDE Nous tenons à remercier La Halle aux grains, scène nationale de Blois ainsi que Charles Fréger -photographe- pour la couverture de ce numéro du magazine LCFF.

En produisant sa version papier, LCFF Magazine veut participer à la protection de la planète. Pour cela, nous avons choisi de faire confiance à un imprimeur qui travaille dans le respect des labels écologiques :



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