Édito
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Florence Teste, rédactrice en chef
Alors que se déroule à Paris la fameuse Semaine de la mode, nous avons souhaité vous proposer un numéro sur ce thème. Celui-ci se voit souvent qualifié de futile. Pourtant, la mode n’est probablement pas si superficielle que ce qu’elle semble. En effet, elle est aussi le reflet du temps qui passe. Elle parle de nous, de notre façon de vivre, de notre société. Ainis, pour illustrer ce thème, vous trouverez un quiz, des articles sur Coco Chanel, sur le métier de « développeur cuir », sur les sacs bruxellois faits à partir de bâches de travaux, sur le « prêt-à-parler belge », sur ce qu’on appelle la « fast fashion », sur certains éléments de mode qui... ne sont plus à la mode, sur la culture Quiché au Guatemala ou encore sur les stéréotypes de la mode à ne pas suivre.
ATELIER DE CONVERSATION DE BERNHARD BRAUNSTEIN CINÉMA
Nous vous présentons également un film documentaire intitulé Atelier de conversation. Et comme d’habitude, vos rubriques DELF-DALF, Livre, Conte, Auteur, Chanson ou encore TV5 Monde qui vous emmène au Québec.
LA RELÈVE EST ASSURÉE ! CHANSON
Février est aussi le mois de la Saint-Valentin. En France, elle est réservée aux amoureux ; mais dans de nombreux pays, elle célèbre toutes les relations affectives : amour, amitié, famille. Nous souhaitons donc à chacun d’entre vous des relations douces et harmonieuses avec tous vos proches.
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Bonne lecture !
DES LOOKS A VOIR LIVRES Photo de couverture © CARNARIUS
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APPLIFLE 2018
L’ORAL DANS TOUS SES ÉTATS CONTE
L’IMPITOYABLE VENGEANCE DU LIÈVRE MODE
DES SACS EN BÂCHE QUIZ
ÊTES-VOUS BRANCHÉ(E) ? AUTEUR
JACQUES PREVERT LANGUE
ON S’ENTRAÎNE POUR LE DELF ! TV5MONDE
CÔTE DES NEIGES LANGUE
PRÊT-À-PORTER BELGE : PRÊT À PARLER « BELGE » ?
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LA FAST FASHION MODE
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LA MODE EN FRANCE… AUTREFOIS ! VIVRE EN FRANCE
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IMAGIER
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LES BIJOUX PORTRAIT
MARION VOYAGE
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CHEZ LES MAYAS QUICHÉ, AU GUATEMALA
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JEUX
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MÉTIER : DÉVELOPPEUR CUIR MÉTIER
LES
ARTICLES SONT ADAPTÉS À DES
NIVEAUX
B1
À
C2. LA
DIFFICULTÉ
DE L’ARTICLE EST REPRÉSENTÉE PAR LE PICTOGRAMME EN FORME DE LIVRE EN HAUT DE LA PAGE.
LES
ARTICLES QUI COMPORTENT CE
PICTOGRAMME EXISTENT EN VERSION AUDIO
DES STÉRÉOTYPES QUI NE FONT PAS LE POIDS PSYCHOLOGIE
L’ORAL DANS TOUS SES ÉTATS
L’ORAL, C’EST QUOI AU FAIT ? 25 & 26 MAI 2018 UNIVERSITÉ PAUL VALÉRY, MONTPELLIER
Définir l’oral ne peut se faire en quelques lignes, car il est déjà difficile de fixer pour lui des objectifs clairs et donc, les activités qui permettent de l’assimiler. De manière générale, on aurait facilement tendance à le limiter à son opposition par rapport à l’écrit. Pourtant, en FLE, il représente des pratiques bien spécifiques. Il s’agit à la fois de sa souplesse par rapport à la rigidité d’une langue plus théorique mais aussi des compétences qu’il nécessite, obligeant à composer simultanément entre le savoir, le savoir-faire et le savoir être. Il faut à la fois appliquer la syntaxe, réutiliser le lexique appris mais aussi gérer les interactions en direct, dépasser ses propres inhibitions et prendre en compte les éléments socioculturels liés à la situation. Dans cette quatrième édition des AppliFLE, LCF vous propose 7 ateliers qui vous permettront de varier vos pratiques de classe liées à l’oral.
CONFERENCE PLENIERE L’oral, c’est quoi au fait ?
A priori, rien ne paraît plus simple que de définir l’oral. Spontanément, on a envie de répondre, par exemple, « L’oral, c’est quand on parle ! ». Certes. Mais ceci recouvre-t-il vraiment ce que l’on entend par « oral » ? Pas si sûr, tant le terme est connoté et polymorphe. Ainsi que plein de pièges et de subtilités pour ses utilisateurs, parmi lesquels se retrouvent formateurs, professeurs et élèves. Et puis, certains parlent davantage d’oralité que d’oral. Où résident les différences ? Autant de questions qui seront abordées dans cette conférence plénière.
La corporéisation de la parole
Michel Billières Jérémi Sauvage Université Toulouse 2 Jean-Jaurès
Université de Montpellier Paul-Valéry
Le système prosodique de la langue étrangère, constitué par le rythme et l’intonation, sert d’interface entre la production verbale et son accompagnement gestuel synchrone. Comment aider l’apprenant de fle à s’approprier les composantes essentielles de ce rythme nouveau ? Quelques solutions pratiques préconisées dans cet atelier.
Au-delà des murs de la classe : pour une approche dynamique de la production orale
Axelle Négrignat 6
Comment libérer la parole de nos apprenants et ce dès les niveaux débutants ? Comment sortir efficacement des activités traditionnelles de production orale et renouveler nos pratiques en classe… ou plutôt hors de la classe.
Fle’visation ! Libère l’improvisateur qui est en toi !
Frédéric Brûlé
Grâce à l’improvisation, les apprenants se sentent libres et à l’aise pour s’exprimer en français de manière spontanée dans toutes les situations de communication de la vie quotidienne. Cet atelier vous donne les clés d’un cours d’improvisation sans stress, ni pour vous ni pour vos apprenants.
Evaluer l’oral Alban Mommée
Responsable pédagogique, CCI Paris Ile-de- France
Cet atelier présente outils et techniques permettant de mieux aborder la problématique de l’évaluation de l’oral de nos apprenants : créer des activités et des grilles d’évaluation, décrire et rendre-compte des compétences, préparer à des examens oraux…
Dynamiser les pratiques de l’oral avec RFI
Marine Bechtel, RFI
Avec une sensibilisation à l’écoute d’extraits radiophoniques divers, nous verrons comment analyser les supports audios de RFI pour développer des stratégies de compréhension orale et développer des pistes d’activités pédagogiques adaptées à la classe
La pratique de l’enseignement du FLE : les accents régionaux et/ou nationaux Michéla Russo,
université de Lyon
Dans cet atelier, nous allons examiner les conséquences prosodiques et lexicales du maintien de l’accent régional chez les locuteurs bilingues ainsi que les indices prosodiques des langues régionales en français. Nous pourrons alors préparer une « fiche didactique » pour une présentation de la langue L, ses particularités accentuelles, phonologiques et rythmiques.
Enseigner la compréhension orale au laboratoire multimedia Patricia Gardies,
université de Montpellier
Hypertextualité, multicanalité, multiréférentialité et interactivité sont les principaux attributs mis en exergue dans la définition du multimédia. Le laboratoire multimédia permet grâce à son dispositif, l’interactivité de données sonores, écrites et imagées et favorise la compréhension orale.
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© Atelierdeconversation
Atelier de conversation de Bernhard Braunstein Cinéma
L’histoire Venus des quatre coins du monde, ils se rencontrent, chaque semaine, à la BPI (Bibliothèque publique d’information) du Centre Pompidou à Paris, à l’atelier de conversation pour parler français. Les réfugiés de guerre y côtoient1 les hommes d’affaires, les étudiants insouciants2 croisent les victimes de persécutions politiques. Réfugiés, expatriés ou étudiants se rencontrent devant la caméra qui capte3, au détour des phrases et des regards, les confidences et les non-dits. Au-delà des oppositions, tous partagent le même objectif d’intégration par la langue. Malgré leurs différences, tous partagent des objectifs communs : apprendre la langue et trouver des alliés pour pouvoir (sur) vivre dans un environnement qui leur est étranger. Dans ce lieu rempli d’espoir, où les frontières sociales et culturelles s’effacent, des hommes et des femmes, dont les routes ne se seraient jamais croisées, se rencontrent d’égal à égal. Le réalisateur, Bernhard Braunstein LCFF : Comment avez-vous découvert l’atelier de conversation de la BPI au Centre Pompidou ? BB : Je suis autrichien et j’ai emménagé à Paris en février 2009. Je voulais apprendre le français et tenter une autre vie. J’étais subjugué4 par la cacophonie5 et la mosaïque multiculturelle de la métropole.
La langue constituait un obstacle énorme. J’étais souvent à la BPI, qui se répartit sur trois étages du Centre Pompidou, pour apprendre le français sur un poste de travail multimédia. Puis un après-midi, j’ai lu un panneau d’information sur lequel figurait une invitation à participer à un groupe ouvert de conversation. C’était un vendredi après-midi, j’étais resté à la bibliothèque jusqu’au soir et m’étais inscrit sur une liste un quart d’heure avant le début de l’atelier : Bernard, Autriche. C’est ainsi que je me suis retrouvé assis sur une des chaises disposées en cercle, avec une quinzaine d’autres personnes. C’est avec stupéfaction que j’ai considéré les visages inconnus. Chaque participant(e) venait d’un pays différent. LCFF : Comment est née l’idée de faire un film sur cette expérience ? BB : J’ai participé régulièrement à l’atelier pendant deux ans. L’idée de faire et de préparer un film m’a accompagné tout au long de la deuxième année. Tous les protagonistes6 du film ont vécu une expérience très profonde. Ils ont connu l’abattement7 et le besoin immense de communiquer que suscite8 l’incapacité à s’exprimer. L’atelier leur permet de trouver des alliés, d’échanger et de vivre des moments de bonheur très forts et des rencontres humaines intenses. Je me suis beaucoup interrogé : comment filmer sans détruire cette belle atmosphère ? Les gens arrivaient, écrivaient leur nom sur une liste et le tournage commençait une minute après. On avait très peu de temps pour chasser les appréhensions9. En une minute d’échanges, il est néanmoins possible à mon avis de sentir si vous pouvez avoir confiance en une personne ou non. 9
LCFF : La « crise des migrants » en Europe a fait naître de nombreux stéréotypes et préjugés10 sur les migrants. Le but de ce film est-il d’aider à les gommer11 ? BB : Oui, bien sûr, c’est l’objectif principal de ce film. Il était important pour moi d’aborder ces thèmes avec des personnes qui peuvent avoir des points de vue très différents. Ils peuvent s’écouter et essayer de se comprendre au lieu de se battre pour leurs opinions. Et à l’atelier, le fait de mal maîtriser le français vous oblige à rester très attentif à ce que vous dites et comment vous le dites. Nous devons devenir “humains”, plutôt que parler des masses de migrants qui vont nous détruire. Nous devons raisonner en termes d’individu. Je pense que l’on peut voir ça dans mon film. Vous voyez que ce sont des personnes, des êtres humains avec un vécu, et non un danger potentiel pour nous. Le commentaire de Gérard Ribot (directeur de l’Agence de promotion du FLE) Le choix du réalisateur de filmer chacun des participants “plein cadre” fait que le spectateur se sent faire partie de cet Atelier de conversation. C’est une première réussite de ce documentaire que de filmer à “hauteur d’homme” ces étrangers venus de tous horizons et qui, au travers de leurs échanges, nous font partager leurs réactions, leurs émotions, leurs
expériences heureuses ou malheureuses, au contact d’un quotidien qu’il faut apprendre à décoder et dans lequel il faut trouver une place. Au fil des12 échanges, chacun s’exprime et réagit en fonction de sa sensibilité et de ses références culturelles. Au final, chacun nous fait entrer dans son histoire, dans sa singularité13 d’être humain. L’étranger n’est plus vraiment un étranger, il a désormais un visage et une voix. Ce film est, au fond, une magnifique illustration de tout ce que peut recouvrir le terme de “Français langue étrangère” : au-delà de l’apprentissage de la langue, c’est chaque fois une aventure personnelle qui permet à chacun de se découvrir dans sa spécificité, au contact de l’autre. Et cela vaut pour les participants à l’Atelier de conversation comme pour chacun des spectateurs du film.
Atelier de conversation a été projeté en ouverture du dernier festival international du documentaire Cinéma du réel et primé depuis dans plusieurs festivals. Il sort au cinéma le 7 février 2018, distribué par ASC Distribution, en partenariat avec RFI, Mediapart, Le blog documentaire et l'Agence de promotion du FLE. Projection-débat en avant-première à Paris lundi 5 février à 18h. Simultanément à l’ISIT Campus international d’Arcueil, et à la CCIP Ile-de-France Porte de Champerret. https://www.fle.fr/Avant-premiere-du-Film-Atelier-de-conversation-Lundi-5-fevrier
Contact pour l'organisation de ciné-débats autour du film : Raymond Macherel raymond.macherel@gmail.com Bande-annonce : https://youtu.be/3Kvj61EYq2k Page Facebook : https://www.facebook.com/AtelierDeConversation.documentary/
Lexique
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1. côtoient (v. côtoyer) : fréquentent 2. insouciants (adj. m.p.) : qui n’ont pas de problèmes 3. capte (v. capter) : attrape 4. étais subjugué (v. subjuguer. Passif) : étais séduit, intéressé 5. cacophonie (n. f.s.) : ensemble de bruits dérangeants, sans harmonie 6. protagonistes (n. m.p.) : personnages principaux 7. abattement (n. m.s.) : découragement
8. suscite (v. susciter) : provoque 9. appréhensions (n. f.p.) : légères peurs 10. préjugés (n. m.p.) : idées que l’on a avant de connaître, a priori 11. gommer (v.) : supprimer 12. au fil des (loc. prép.) : pendant la progression de 13. singularité (n. f.s.) : spécificité
© KeystoneFrance GammaKeystone
La relève est assurée ! Chanson
En quelques semaines, la France vient de perdre deux de ses chanteurs emblématiques : Johnny Hallyday en décembre et France Gall en janvier. Ils étaient âgés respectivement de soixante-quatorze et de soixante-dix ans.
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en retrait. Enfin, qu’il fallait prendre en compte le fait que la chanson francophone avait connu dans les années soixante un tournant très important et que forcément, ceux qui y avaient pris part n’étaient plus maintenant de toute première jeunesse. Les chanteurs de l’époque ont tous dépassé aujourd’hui les soixante-dix, quatre-vingts, voire quatre-vingtdix ans. On peut donc s’attendre dans les années à venir à perdre encore de grands noms de la chanson française. Aujourd’hui Depuis le milieu du XXe siècle, la chanson francophone a été illustrée par d’immenses artistes. Parmi eux, certains continuent très activement leur chemin musical ; d’autres s’en sont un peu éloigné. Quelques noms, en vrac3 : Line Renaud, Charles Aznavour ou Hugues Aufray, pour les plus anciens ; Eddy Mitchel, Véronique Sanson, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Françoise Hardy, Michel Fugain, Michel Jonasz, Julien Clerc, Serge Lama, Robert Charlebois, Adamo ou encore Christophe pour la génération suivante ; Maxime Le Forestier, Bernard Lavilliers, JeanJacques Goldman, Renaud, Etienne Daho ou Francis Cabrel ensuite. Tous ces grands chanteurs ont
© Ronny Martin Junnilainen
Récemment, l’un de mes jeunes étudiants, avec qui nous avions travaillé sur la chanson Ella elle l’a, de France Gall, s’est exclamé à propos de l’interprète : « Soixante-dix ans ! En France, vous n’avez pas de chanteurs plus jeunes ? ». Effectivement, je me suis fait la réflexion que beaucoup des artistes que l’on étudie en classe pour la qualité de leurs textes ne sont plus très jeunes ou même, sont décédés : Barbara, Jacques Brel, Léo Ferré, Charles Trenet, Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Bobby Lapointe, Georges Moustaki, etc. Tout d’abord, j’ai répondu à cet étudiant qu’être sepen tuagénaire1, ce début de XXI siècle, ce n’est pas si vieux que ça ! Ensuite, que France Gall s’était retirée de la scène depuis bien longtemps. Les deux deuils2 successifs de son mari puis de sa fille l’avaient profondément affectée et si ce n’était sa participation très active au spectacle Résiste ! qui reprenait l’œuvre de Michel Berger sur les planches, elle avait préféré vivre
Demain Mais la chanson francophone possède encore un bien bel avenir qui s’appelle Christine and the queens, Soprano, Julien Doré, Stromae, Juliette Armanet, Gauvain Sers, Orelsan, Louane, Vianney, Amir ou encore Bigflo et Oli. Vous pourrez facilement entendre ceux-ci sur toutes les radios.
connaître grâce aux réseaux sociaux ou aux plateformes musicales. Ils comptabilisent des centaines de milliers de vues ou d’écoutes sans aucune promotion commerciale. C’est uniquement le bouche à oreille5 qui les fait connaître. Ils ne s’en montrent pas moins professionnels. Ils ont en commun, eux, un joyeux mélange des genres : du rap, du RnB, de la pop, de la chanson française. Leurs textes sont souvent engagés, pas forcément politiquement mais plutôt sociétalement : ils proposent une vision de notre société plus réelle, plus concrète, plus tournée vers les autres. Commercialement, ils sont un peu hors des circuits conventionnels et ne recherchent pas tous systématiquement la célébrité télévisuelle ou radiophonique. Mais ils sont l’avenir d’une chanson francophone de qualité.
© VincenteVega
en commun le fait d’avoir plus de soixante ans. J’ajoute encore, pêle-mêle4 en termes d’âge comme de style musical, Zazie, Pascal Obispo, Calogero, Stéphane Eicher, Youssou N’dour, Maurane, Lara Fabian, Lynda Lemay, Grand corps malade, I am, Matthieu Chedid, Zaz, Louise attaque, Vincent Delerm, Benjamin Biolay, MC Solaar, ... Je ne peux pas tous les citer, ce serait trop long...
© Thibault Trillet
Quels que soient son âge ou son style, qu’il soit confirmé ou débutant, chacun de ces artistes porte haut les couleurs de la chanson de langue française. A nous de leur offrir l’opportunité de donner de la voix ! En revanche, il vous faudra peut-être faire quelques recherches sur le net pour écouter ces artistes-là : Ben Mazué, Pomme, Jul, Angèle, Bertrand Betsch, Guillaume Poncelet, Fishback, Tim Dup. Moins populaires mais pas moins remarquables, ils se font
Florence Teste
Lexique 1. septuagénaire (adj. m.s.) : qui a entre 70 et 79 ans 2. deuils (n. m.p.) : périodes à la suite de la mort d’une personne 3. en vrac : de manière mélangée, pêle-mêle
4. pêle-mêle (adv.) : de manière mélangée, en vrac 5. bouche à oreille (n. m.s.) : mode de transmission d’une information, directement d’une personne à une autre
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L’impitoyable vengeance du lièvre Conte
C’était au temps où les animaux vivaient en communauté. Le lion, roi des animaux, régnait sans partage et avec terreur en punissant avec une extrême cruauté la moindre faute commise. Le lièvre1 l’apprit à ses dépens2, lui qui se cacha derrière un talus3 pour contempler la nudité de Dame Lionne qui se baignait dans le fleuve. Surpris et dénoncé4, il échappa à la pendaison5 mais fut6 fouetté jusqu’au sang puis banni6 du royaume. Ayant plus d’un tour dans son sac7, il échafauda8 une terrible vengeance. Après de longs mois d’absence, le lièvre apparut aux abords9 du royaume. Il alla se dissimuler dans les buissons de la piste principale, en compagnie de plusieurs centaines d’autres lièvres. Ils attendirent le crépuscule10 pour sortir brusquement de leur cachette et se jeter sur les femelles et les petits de nombreux animaux qui rentraient des champs. L’effet de surprise créa une vraie débandade11 ; toutes les provisions furent emportées par cette puissante colonie de lièvres qui disparut en un éclair dans l’obscurité. La triste nouvelle fut annoncée au roi qui promit un châtiment exemplaire.
A la fin des récoltes, tous les animaux s’étaient réunis sur la place publique pour des célébrations. Pendant que la fête battait son plein12, une forte puanteur mêlée à de la poudre de piment envahit les lieux ; en un instant, tout ce monde fut pris de terribles quintes13 de toux, d’éternuements jusqu’aux larmes et de suffocations. L’ingénieux lièvre venait encore de se signaler avant de se retirer furtivement14. Le lion était très en colère car malgré les innombrables battues15, le malfaiteur16 était étrangement introuvable. Un matin, le chien qui était le meilleur chasseur du royaume, surprit le criminel avec un sac en bandoulière17 et le traîna de force au palais. C’est sans surprise que le lièvre fut condamné à la pendaison. Pendant que tous applaudissaient, le malicieux18 animal ouvrit brusquement son sac d’où s’échappèrent des milliers d’abeilles meurtrières qui chargèrent toute l’assistance et s’acharnèrent19 contre le roi cruel jusqu’à ce que mort s’ensuive20; les plus chanceux purent s’enfuir pour se mettre en lieu sûr. Ainsi, l’intrépidité21 et l’intelligence du lièvre permirent son triomphe et son accession22 inespérée au trône royal.
Lexique 1. lièvre (n. m.s.) : espèce de grand lapin sauvage 2. à ses dépens : à son désavantage, à son détriment 3. talus (n. m.s.) : petit terrain en pente 4. dénoncé (adj. m.s.) : signalé à la justice 5. pendaison (n. f.s.) : moyen de tuer quelqu’un (asphyxie par corde autour du cou) 6. fut banni (v. bannir. Passif) : fut chassé du pays, exilé 7. ayant plus d’un tour dans son sac : étant très intelligent, rusé 8. échafauda (v. échafauder) : prépara un plan, organisa 9. abords (n. m.p.) : limites, bordures, environs 10. crépuscule (n. m.s.) : coucher du soleil 11. débandade (n. f.s.) : désorganisation, fuite
Mamadou Berthé
12. battait son plein : était en pleine activité 13. quintes (n. f.p.) : violents accès de toux 14. furtivement (adv.) : rapidement et secrètement 15. battues (n. f.p.) : chasses collectives 16. malfaiteur (n. m.s.) : personne malhonnête, qui ne respecte pas les lois 17. en bandoulière : posé sur l’épaule et en travers de la poitrine 18. malicieux (adj. m.s.) : malin, intelligent 19. s’acharnèrent (v. s’acharner) : poursuivirent avec force 20. s’ensuive (v. s’ensuivre) : arrive, advienne 21. intrépidité (n. f.s.) : courage, absence de peur 22. accession (n. f.s.) : arrivée, montée 15
© arch2o.com
Des looks à voir Livres
La mode, ce sont autant de codes qui permettent aux individus de s’affirmer, de se distinguer, bref de s’exprimer. Voici deux ouvrages qui décortiquent1 les codes sociologiques liés aux vêtements et aux accessoires, avec un peu de pédagogie mais aussi une grande dose de fantaisie ! Dress code : le bon vêtement au bon moment, paru chez Robert Laffont en 2012, est un livre complétement loufoque2. A la fois pédagogique et fantaisiste, ce guide plein d’humour n’est pas à prendre au premier degré. On y propose une assistance pour choisir ses vêtements et accessoires en fonction des circonstances. Jusque là, rien d’anormal. Mais ce sont les situations qui vont vous surprendre, des plus banales aux plus inhabituelles ou cocasses3. Certains chapitres s’inspirent d’occasions certes exceptionnelles mais auxquelles chacun est un jour confronté comme : « comment s’habiller pour aller à un mariage ? », « pour un enterrement ? », « pour un entretien d’embauche ? ». En revanche, certains chapitres ont des titres provocants : « Comment s’habiller quand on est moche » ?, « quand on a des enfants en bas âge » ?
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« quand on est prof en ZEP6 ? », « pour larguer7 quelqu’un ? », « quand on est malade ? », « quand on a eu une promotion ? ». L’ouvrage n’est pas à lire du début à la fin. Par ailleurs, le livre est truffé8 de références culturelles et adopte un ton résolument9 familier qui rend la lecture difficile à comprendre, y compris pour un Francophone natif ! Mais les illustrations valent à elles seules le coup d’œil10 et vous pouvez grapiller11 quelques expressions savoureuses en même temps que des idées de looks originaux au fil des12 chapitres. Un second ouvrage très amusant : Le dictionnaire du look : une nouvelle science du jeune,, paru chez Robert Laffont en 2011, vise à permettre aux adultes de mieux comprendre les jeunes. Car le jeune demande à être analysé, décrypté13, y compris dans son allure vestimentaire. Ou plutôt c’est l’allure vestimentaire qui permet de comprendre son état d’esprit et son univers culturel. Pour se repérer parmi les différentes catégories de jeunes, ce petit livre les classe consciencieusement. Dans certains pays, on reconnaîtra les même jeunes que l’on croise quotidiennement partout dans la rue. Dans d’autres régions, certains looks hors-normes
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Certaines dénominations en disent également long15 sur la société française en particulier. Pour ceux qui lisent régulièrement la presse française, on y voit régulièrement apparaître la catégorie socioculturelle du « bobo », assez difficilement définissable hors des frontières de l’Hexagone. Les quelques pages de ce guide consacrées aux bobos vous permettront de mieux comprendre ce « paradoxe ambulant, qui concilie modèle classique et vie souple, barbe de trois jours et salaire de cadre ». On atteint un grand niveau de précision avec des sous-types (bohemian bourgeois, biobo, aristobohème…) et même les prénoms d’enfants bobos ! Contrairement au premier livre, vraiment basé sur la dérision et parfois même la moquerie, cet ouvrage permet véritablement de mieux connaître les goûts et les aspirations des jeunes, selon la grande catégorie à laquelle ils appartiennent ou de laquelle ils se rapprochent le plus. Quels sont leurs chanteurs ou groupes préférés ? Quelles sont leurs icônes ? A quoi
ressemble leur journée-type ? Quelles sont leurs marques favorites ? Quelles sont les expressions qui permettent de les reconnaître et que signifient-elles ? Dans quels endroits les croiser ? Quelles professions exercent-ils majoritairement ?
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sembleront intrigants14. On passe d’un extrême à l’autre, du « BCBG » (acronyme de « Bon Chic Bon Genre », c’est-à-dire une personne très chic, avec un train de vie très confortable et portant des vêtements de marque luxueuse) au « punk à chien », en passant par le « hippie chic » et le « skateur ».
Les annexes qui concluent le livre sont également une mine pour qui s’intéresse sociologiquement à la jeunesse. On y trouve des variations autour d’un extrait littéraire de Balzac, avec des déclinaisons en mode fashionista ou néodandy, ou encore un traducteur des émoticones les plus usitées16. Ces deux ouvrages proposent une très belle iconographie17, moderne et colorée, et proposent un contenu original. Les textes sont à chaque fois complétés par des photos alternant portraits des lookstypes, accessoires... Ne vous laissez pas rebuter18 par une langue parfois sibylline19, et entrez de plain pied20 dans le fabuleux monde de la mode et de ses codes...
Christelle Ducrot
Lexique 1. décortiquent (v. décortiquer) : analysent 2. loufoque (adj. m.s.) : fantaisiste 3. cocasses (adj. f.p.) : bizarres 4. moche (adj. m.s.) : laid, pas beau 5. en bas âge : très jeunes 6. ZEP (n. f.s.) : zone d’éducation prioritaire (acronyme) 7. larguer (v.) : quitter 8. est truffé (v. truffer. Passif) : est plein, rempli 9. résolument (adv.) : vraiment 10. valent le coup d’œil : sont intéressantes à voir 11. grapiller (v.) : trouver 12. au fil des (loc. adv.) : au cours de, à mesure de
13. décrypté (adj. m.s.) : décodé 14. intrigants (adj. m.p.) : inattendus 15. en disent long : donnent beaucoup d’informations 16. usitées (adj. f.p.) : utilisées 17. iconographie (n. f.s.) : ensemble des images qui illustrent 18. rebuter (v.) : décourager 19. sibylline (adj. f.s.) : incompréhensible 20. de plain pied : directement
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La fast fashion Mode
Zara, Uniqlo, H&M, Jack Jones, ASOS… vous connaissez probablement ces grands noms de la mode à petit prix. Ces dernières années, ces sociétés ont métamorphosé1 le monde de la mode en la rendant accessible au plus grand nombre. Petite plongée au coeur de ce monde avec cinq questions à Marie, responsable commerciale d’une grande marque de mode. LCFF : Vous travaillez pour une grande marque de vêtements de fast fashion. Que signifie cet anglicisme ? Marie : La fast fashion, ce sont des collections de prêt-à-porter renouvelées très rapidement et à un prix abordable. Dans le passé, nous avions deux collections, une été et une hiver. Mais aujourd’hui, dans la fast fashion, on en a quatre minimum par saison. Dans mon entreprise, nous avons en plus des collections « express », avec des produits à la pointe de la tendance2, créés et fabriqués au dernier moment. Ce qui nous amène parfois à douze collections en une année ! Cela permet aux boutiques d’avoir très régulièrement de la nouveauté. LCFF : Quel est le délai entre le design d’une pièce et son arrivée en boutique ? M : Il faut compter environ neuf mois, un an maximum. Autrement dit, la majorité des collections est dessinée longtemps à l’avance en prévision de ce qui sera à la mode l’année suivante. En revanche, pour les collections express, le délai est réduit à trois ou quatre mois.
LCFF : Retrouve-t-on les mêmes collections dans tous les pays ? M : Je dirais que 70% des collections sont identiques. Les 30% restants représentent une sélection adaptée parfaitement au marché local. LCFF : Où sont dessinés les vêtements ? Où sont-ils confectionnés3 ? M : Nos bureaux de style sont situés en Scandinavie, où se trouve le siège de l’entreprise et tous nos vêtements y sont dessinés. La fabrication est faite majoritairement en Asie et en Turquie chez des sous-traitants4 rigoureusement5 sélectionnés. LCFF : Ton entreprise exerce-t-elle un contrôle sur les conditions de travail chez ses sous-traitants ? M : Oui, mon entreprise est très engagée sur le plan social, les acheteurs voyagent régulièrement afin de trouver les meilleurs fournisseurs. Des audits6 sont menés pour contrôler le respect des règles internationales : interdiction du travail des enfants, bonnes conditions d’hygiène et de sécurité dans les usines. La qualité et la provenance7 des matières premières sont également passées à la loupe8. Nous sommes notamment très vigilants9 sur la manière dont les animaux sont traités (par exemple, l’angora) et nous n’utilisons jamais de fourrure. Le but est de réduire considérablement l’impact environnemental et de développer une méthode de travail plus respectueuse dans des pays où ce n’était pas toujours le cas.
Lexique
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1. ont métamorphosé (v. métamorphoser) : ont profondément changé 2. à la pointe de la tendance : à la toute dernière mode 3. sont confectionnés (v. confectionner. Passif) : sont fabriqués 4. sous-traitants (n. m.p.) : personnes ou entreprises qui exécutent un travail pour une autre entreprise
Julio Melo
5. rigoureusement (adv.) : strictement 6. audits (n. m.p.) : opérations de contrôle 7. provenance (n. f.s.) : origine 8. sont passées à la loupe : sont étudiés attentivement 9. vigilants (adj. m.p.) : attentifs
La mode en France… autrefois !
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Vivre en France Pour beaucoup d’amateurs d’élégance, la France est le pays de la mode. Aujourd’hui, des maisons de haute couture, des créateurs contemporains et de jeunes talents, secondés par des couturiers et des artisans dotés de savoir-faire incomparables, maintiennent cette réputation. Mais dans la rue, la mode se nourrit d’influences bien plus larges, issues de nombreux pays et parfois de plusieurs époques. De plusieurs époques ? Et oui : l’une porte le manteau de sa grand-mère, l’autre la robe d’une tante, un troisième les gants de son arrière-grand-père. De nombreux vêtements « d’avant », confectionnés par des artisans aguerris1 dans des tissus de qualité, traversent les années et parfois même les siècles. Si certains sont « solubles2 » dans notre époque, ce n’est pas le cas de tous ! Voici quelques accessoires à la pointe de la mode en leur temps mais importables aujourd’hui. XVIe siècle : la fraise Vous connaissez certainement ce délicieux petit fruit rouge qu’on aime manger en tarte ou simplement saupoudré de sucre. Mais saviez-vous que c’est aussi le nom d’un accessoire porté à travers toute l’Europe au XVIe siècle ? A l’origine, c’était un simple col de chemise dépassant de la robe ou de la veste. Entre 1550 et 1590, ce col a gagné en importance. De plus en plus épaisse, longue et sophistiquée, la fraise a fini par ressembler à un plat à tarte ! A la cour du Roi, les hommes et les femmes en portaient, ainsi que les bourgeois, qui s’efforçaient toujours de ressembler aux nobles. Dans le peuple, cette mode extravagante3 faisait rire et était parodiée4 pendant le carnaval.
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XVIIe siècle : la mouche Elle porte le même nom que le plus connu des insectes volants mais la comparaison s’arrête là ! La mouche est un accessoire de beauté apparu au début du règne de Louis XIV. A cette époque, les nobles s’habillent avec de plus en plus d’excès et d’excentricité5 (tant les hommes que les femmes). Du côté du maquillage, la mode chez les femmes est de se blanchir le visage et d’y coller des « mouches », qui sont des morceaux de soie noire découpés en forme de lune, d’étoile ou de cœur. Certaines en mettaient aussi sur le décolleté6. N’imaginez pas que ces mouches soient placées au hasard : comme le montre l’illustration, chaque emplacement révèle tel ou tel aspect de la personnalité… XVIIIe siècle : la perruque Blanches, noires, rouges et même dorées : les perruques ont symbolisé les fastes7 et l’extravagance du règne de Louis XIV. Le « Roi Soleil » en porte une systématiquement malgré des cheveux abondants. Elle lui fait gagner trente centimètres en hauteur. Pour fabriquer une perruque royale, il faut cinquante chevelures ! Les modèles sont conservés dans le
« Cabinet des perruques » et les plus longues descendent jusqu’au bas du dos. Incontournable, la perruque est cependant un accessoire pénible à porter : poussière, problèmes de peau, poux8, maux de tête… Et oui, il fallait souffrir pour être beau ! XIXe siècle : la crinoline A cette époque, une femme élégante de la haute société ne pouvait pas passer partout. Portes étroites, rangs serrés, foule compacte : impossible de se faufiler9 ! La mode était alors de porter des robes très volumineuses10 autour des jambes. On a commencé par superposer les jupons sous les robes (jusqu’à sept) mais cela faisait beaucoup de poids. En 1856, un Américain invente la crinoline « cage », faite de métal et de tissu, beaucoup plus légère et pratique. Ce sous-vêtement traverse l’Atlantique et arrive en France sous le Second empire. Les crinolines deviennent de plus en plus large et deviennent elles aussi la cible des caricaturistes11… Bref, la mode a de tout temps conduit les hommes et les femmes à adopter des accessoires… surprenants. Mais c’est pourquoi elle est aussi intéressante à découvrir ! Pour creuser le sujet, je vous recommande les sites lecostumeatraverslessiecles.chez-alice.fr et lecostume.canalblog.com.
Elodie Ressouches
InSitu French School propose des cours et des séjours au cœur de Montpellier. Apprenez la langue et pratiquez-la grâce à des visites, des activités et des projets sur mesure ! www.bonjourinsitu.com
Lexique 1. aguerris (adj. m.p.) : expérimentés 2. solubles (adj. m.p.) : qui s’intègrent 3. extravagante (adj. f.s.) : originale, différente 4. était parodiée (v. parodier. Passif) : était copiée de manière caricaturale 5. excentricité (n. f.s.) : extravagance, fantaisie, originalité 6. décolleté (n. m.s.) : partie du corps au-dessous de la tête, en haut du buste
7. fastes (n. m.p.) : richesses 8. poux (n. m.p.) : petits insectes parasites qui vivent dans les cheveux 9. se faufiler (v.) : passer dans des endroits très petits 10. volumineuses (n. f.p.) : qui prennent beaucoup de place 11. caricaturistes (n. m.p.) : personnes qui dessinent des caricatures (dessins humoristiques exagérés)
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Des sacs en bâche Avec des si, on mettrait Paris en bouteille Avec un designer, on met Bruxelles dans le sac. Cet été, à Bruxelles, la Grand-Place vivait un grand moment : la fin de trente ans de travaux de restauration. Toutes les dorures, toutes les statues, toutes les façades1 sont aujourd’hui visibles. Autrefois, il y en avait toujours au moins une recouverte de bâches, ces grandes toiles imprimées qui dissimulent2 les façades en travaux derrière leur propre image. Tout le monde peut désormais admirer le résultat, plus d’échafaudages3, plus de bâches. Mais au fait, que sont-elles devenues ? On peut réutiliser des échafaudages, mais des toiles imprimées… Qu’a-t-on fait de cette montagne de déchets4 ? La ville de Bruxelles avait anticipé et avait lancé un appel à projet, auquel ont répondu, entre autres, Pierre-Emmanuel Vandeputte, un designer belge, et l’Ouvroir, une entreprise de travail adapté (une entreprise qui permet à des personnes en situation de handicap de travailler). C’est ainsi que les bâches sont devenues… des sacs ! Pierre-Emmanuel Vandeputte les a dessinés, l’Ouvroir les a fabriqués. En réduisant à la fois l’impact écologique du chantier et en créant de l’emploi, la ville a fait d’une pierre deux coups5. Chaque produit fini est numéroté de 1 à 480, afin que vous puissiez localiser l’emplacement exact de votre nouvelle acquisition. Encore faut-il pouvoir se permettre d’acheter un objet de créateur, me direz-vous. Eh bien non, les sacs étaient annoncés au
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Mode
prix très raisonnable de 39 €. Vendus sur leur lieu de production, ils ont été épuisés en deux jours seulement, mais la ville de Bruxelles prévoit de réitérer6 l’appel à projet, vu son succès. Pierre-Emmanuel Vandeputte et l’Ouvroir ont donc proposé un produit à la fois unique, écologique, solidaire et accessible. On peut imaginer que pour défendre leur projet, ils ont dû se heurter7 à l’expression qui sert de titre à cet article : « Avec des si, on mettrait Paris en bouteille ». C’est un proverbe que l’on emploie pour manifester l’absurdité des hypothèses que quelqu’un formule pour arriver à une conclusion qui l’arrange. En d’autres termes, votre interlocuteur énonce une suite d’hypothèses auxquelles vous ne croyez guère8 et vous lui répondez : « Avec des si, tout devient possible ». Mais ils l’ont fait, ils ont rendu possible l’acquisition d’un fragment de la plus belle place du monde, non pas dans une bouteille, mais sous la forme d’un sac.
Lexique 1. façades (n. f.p.) : faces principales d’un bâtiment 2. dissimulent (v. dissimuler) : cachent 3. échafaudages (n. m.p.) : dispositifs qui permettent de construire les parties hautes d’un bâtiment 4. déchets (n. m.p.) : choses que l’on jette
Marine Schmets
5. a fait d’une pierre deux coups : a atteint deux objectifs avec une seule action 6. réitérer (v.) : recommencer, refaire 7. se heurter (v.) : faire face 8. ne... guère (nég.) : ne ... pas beaucoup 23
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Métier : développeur cuir Métier
La maroquinerie La maroquinerie regroupe tous les accessoires de mode qui sont en cuir, aussi bien les sacs que les ceintures ou les bijoux. Dans ce secteur, le développeur trouve le bon cuir pour le bon produit. D’abord, le designer vient avec une idée de produit, de forme, de matière et de couleur. La matière est généralement présentée sous forme d’échantillon3. A partir de là, le développeur doit trouver le tanneur qui sera capable de proposer la même matière à grande échelle4. Contrairement au tissu qui peut être refait à l’identique sur des kilomètres, la surface du cuir est limitée par la taille de l’animal. Le tanneur doit être capable de proposer un cuir équivalent sur plusieurs peaux différentes. La particularité du cuir est que c’est une matière vivante, elle dépend donc beaucoup de l’animal d’origine. Par exemple, on peut voir la trace des maladies des animaux sur leur cuir. Au-delà de l’aspect (douceur, épaisseur, souplesse, brillance, couleur demandées par le designer), le développeur cuir doit aussi s’assurer que les critères techniques, physiques et mécaniques, imposés par les normes nationales ou par la marque elle-même, sont bien respectés.
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La mode est un secteur très large qui implique une très grande quantité de métiers qui vont de l’agriculture ou l’élevage pour obtenir la matière première, à la vente des produits, en passant par la transformation de cette matière pour obtenir le textile ou le cuir, l’idée du produit, la réalisation technique du produit, ou encore la publicité. Parmi tous ces métiers, en voici un bien spécifique : « développeur cuir » ; il fait le lien entre le tanneur1 et le designer. Pour accéder2 à cette profession, il faut passer par une formation très spécifique de cinq ans pour apprendre tout ce qu’il faut savoir sur le cuir : propriétés techniques, transformation, marché, … Les écoles sont peu nombreuses dans le monde ; les personnes formées sont donc rares et pourtant primordiales pour le bon fonctionnement de la chaîne. Elles peuvent travailler avec n’importe quel créateur d’objet qui contient du cuir, que ce soient des vêtements, des intérieurs de voiture, des meubles ou encore des accessoires de mode.
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Le développeur peut aussi proposer des alternatives au designer pour améliorer le produit. De manière générale, le développeur cuir est garant de la qualité du cuir tout au long de la production. Cela signifie qu’il doit vérifier qu’en achetant un sac juste après sa création, ou dix ans après le lancement de la production, on achètera le même produit, avec la même qualité de cuir. Une fois le bon tanneur trouvé, le développeur va donc continuer à vérifier que celui-ci maintient ses engagements tout au long de la production. C’est un travail passionnant et très prenant, où l’on voyage beaucoup pour aller rencontrer les tanneurs et visiter les sites de production. Il faut avoir une grande capacité d’adaptation pour travailler avec des corps de métier très variés (designer, tanneur, site de production, maroquinier, service marketing ou environnement, …) qui peuvent avoir des exi-
gences différentes, voire contradictoires. On reste très peu derrière un bureau, on est toujours en mouvement, à exercer son toucher sur les cuirs. Enfin, c’est un réel défi de travailler sur cette matière vivante où rien n’est jamais prévisible, dans un milieu, celui de la mode, qui évolue très rapidement.
A savoir !
Les animaux En Europe, les peaux récupérées pour faire du cuir sont forcément issues de la filière alimentaire. Cela signifie qu’aucun animal n’est tué pour sa peau. On récupère uniquement les peaux de ceux qui ont été tués pour être mangés. Il existe quelques exceptions pour les cuirs dits exotiques, comme le crocodile. Mais les crocodiles, par exemple, viennent de fermes d’élevage spécifiques. Emilie Orzalesi
Lexique 1. tanneur (n. m.s.) : personne dont le métier est de traiter les peaux d’animaux afin de les transformer en cuir 2. accéder (v.) : arriver
3. échantillon (n. m.s.) : petite quantité d’une matière ou d’un produit qui sert de référence 4. à grande échelle : en grande quantité
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Êtes-vous branché(e) ?
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Quiz
La mini-jupe a été créée dans les années cinquante dans les années soixante dans les années soixante-dix
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Quelle star de la chanson Jean-Paul Gaultier a-t-il habillée ? Madonna Mariah Carey Whitney Houston
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De quelle nationalité est le grand couturier Karl Lagerfeld ?
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anglais français allemand
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Qui a incarné Coco Chanel dans le film Coco avant Chanel (2009) ?
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En quelle année a été créé le parfum Shalimar de Guerlain ?
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Audrey Tautou Juliette Bicoche Marion Cotillard
1921 1931 1941
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Où est née la toile du jean ? à Paris, en France à Nîmes, en France à Houston, Texas, Etats-Unis
Dans quelle rue de Paris se trouvent de nombreuses maisons de haute-couture ?
avenue Montaigne avenue des Champs-Elysées rue Saint-Honoré
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« La mode, c’est ce qui se démode ». Qui a dit cette phrase ?
Le jardin Majorelle (Marrakech au Maroc) a été habité par Pierre Balmain Christian Dior Yves Saint-Laurent
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Carla Bruni, l’ancien mannequin, a épousé en 2008
Christian Lacroix est connu pour son style
Nicolas Sarkozy François Hollande Dominique Strauss-Khan
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Les premiers magazines de mode datent du
XVIIIe siècle XIXe siècle XXe siècle
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Qu’est-ce qu’un plumassier ?
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coloré épuré avant-gardiste
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André Malraux (1901-1976) Jean Cocteau (1889-1963) Molière (1622-1673)
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un oiseau un professionnel qui traite les plumes d’oiseau un vêtement fait avec des plumes
Combien de versions étrangères du magazine féminin Elle existe-t-il dans le monde ? une vingtaine une soixantaine une centaine
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Comment s’appelle l’une des plus importantes écoles de mode de Paris ? École de la chambre syndicale de la couture parisienne Ecole de la mode contemporaine Ecole supérieure de la mode française
En 1994, les mannequins les plus célèbres ont manifesté en faveur de la mise à l’écart des produits fabriqués par des enfants. l’interdiction des produits issus des OGM. l’abandon de la fourrure dans les vêtements.
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Quel est l’équivalent du costume masculin pour une femme (veste + jupe assortis) ? un tailleur un costume féminin un ensemble
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Une robe de cocktail est longue jusqu’aux pieds jusqu’à mi-mollets jusqu’aux genoux
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Le Grand Répertoire des centres de FLE Les écoles de langues. Les Alliances françaises. Les organismes de formation linguistique. Les centres universitaires. Les Grandes Ecoles. EN PAGES PRO/FLE : LES STAGES POUR PROFESSEURS 2018 Fle.fr : 1er site d’information sur les centres de FLE en France - depuis 1996.
Partenaires associés Université Paris Sorbonne – CNED – Le français dans le monde – Hachette FLE Fondation Alliance Française – Educatel – Editions Milan Presse. AGENCE DE PROMOTION DU FLE
Jacques Prévert Auteur Jacques Prévert est né en 1900 dans une famille de la petite bourgeoisie. Il quitte l’école très tôt et pratique divers petits métiers. Il rencontre Marcel Duhamel (qui deviendra éditeur) qui lui permet d’intégrer les cercles littéraires. Il y fréquente Yves Tanguy (un peintre) et les auteurs surréalistes Raymond Queneau, Louis Aragon, André Breton mais il est trop indépendant pour appartenir à un mouvement. Même s’il participe à des activités qui le relient au parti communiste, il revendiquera toujours sa liberté de penser et d’agir. Dans les années trente, il s’oriente vers le cinéma et devient scénariste. Il écrit les dialogues de plusieurs œuvres essentielles du cinéma français comme Les visiteurs du soir (1942) ou encore Les enfants du paradis (1945). Il écrit également des pièces de théâtre. Grâce au cinéma mais aussi à son style simple, qui utilise la langue de la rue et ne respecte pas les règles de la poésie classique, il devient un poète aimé du grand public. Jacques Prévert décède en 1977 d’un cancer du poumon, lui qu’on voyait toujours une cigarette entre les lèvres.
Biographie
L’œuvre de Jacques Prévert est accessible à tous car elle est écrite avec des mots simples, des phrases comme on en dit aujourd’hui, modernes et sans affectation1. Pour cette raison, la plupart des enfants français connaissent quelques poèmes de Prévert. De nombreuses écoles primaires portent même son nom. Son œuvre est qualifiée de libertaire2 (Prévert a été très engagé politiquement durant toute sa vie) ; elle s’élève contre la société et son conformisme.
L’œuvre
Il est difficile de choisir des extraits de l’œuvre de Jacques Prévert, car elle est très variée ! Voici des poèmes et un extrait de dialogues de cinéma.
Bibliographie choisie Paroles, 1946 Spectacle, 1951 Fatras, 1966 Choses et autres, 1972
A voir et a écouter
Jacques Prévert dit lui-même La chanson des escargots qui s’en vont à l’enterrement. https://www.youtube.com/watch?v=3MJMwaNKHFA
Le même poème dit par l’acteur Jean Reno à l’occasion de la cérémonie d’enterrement de Johnny Hallyday. https://www.youtube.com/watch?v=59-Lrvwawn4, le 9 décembre 2017.
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Chanson des escargots qui vont à l’enterrement A l’enterrement d’une feuille morte Deux escargots s’en vont Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes Ils s’en vont dans le soir Un très beau soir d’automne Hélas quand ils arrivent C’est déjà le printemps Les feuilles qui étaient mortes Sont toutes ressuscitées Et les deux escargots Sont très désappointés Mais voilà le soleil Le soleil qui leur dit Prenez prenez la peine La peine de vous asseoir Prenez un verre de bière Si le cœur vous en dit Prenez si ça vous plaît L’autocar pour Paris Il partira ce soir Vous verrez du pays Mais ne prenez pas le deuil C’est moi qui vous le dis ça noircit le blanc de l’œil Et puis ça enlaidit Les histoires de cercueils C’est triste et pas joli Reprenez vos couleurs Les couleurs de la vie Alors toutes les bêtes Les arbres et les plantes Se mettent à chanter A chanter à tue-tête La vraie chanson vivante La chanson de l’été Et tout le monde de boire Tout le monde de trinquer C’est un très joli soir Un joli soir d’été Et les deux escargots S’en retournent chez eux Ils s’en vont très émus Ils s’en vont très heureux Comme ils ont beaucoup bu Ils titubent un p’tit peu Mais là-haut dans le ciel La lune veille sur eux. 32
LES FEUILLES MORTES
POUR TOI MON AMOUR
Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux où nous étions amis. En ce temps-là la vie était plus belle, Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. Tu vois, je n’ai pas oublié... Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, Les souvenirs et les regrets aussi Et le vent du nord les emporte Dans la nuit froide de l’oubli. Tu vois, je n’ai pas oublié La chanson que tu me chantais.
Je suis allé au marché aux oiseaux Et j’ai acheté des oiseaux Pour toi Mon amour
C’est une chanson qui nous ressemble. Toi, tu m’aimais et je t’aimais Et nous vivions tous les deux ensemble, Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais. ...
Je suis allé au marché aux fleurs Et j’ai acheté des fleurs Pour toi Mon amour Je suis allé au marché à la ferraille3 Et j’ai acheté des chaines, de lourdes chaines Pour toi Mon amour Et puis, je suis allé au marché aux esclaves Et je t’ai cherchée Mais je ne t’ai pas trouvée Mon amour
Extrait du dialogue de Les enfants du paradis, film de Marcel Carné, dialogues de Jacques Prévert. Marcel Herrand interprète Lacenaire, un assassin, et Arletty est Garance, une jeune femme moderne et libre. Lacenaire : - Je ne suis pas cruel, je suis logique. Depuis longtemps j’ai déclaré la guerre à la société. Garance : - Et vous avez tué beaucoup de monde ces temps-ci, Pierre-François ? L : - Non mon ange, voyez : aucune trace de sang, seulement quelques tâches d’encre. Mais rassurez-vous, je prépare quelque chose d’extraordinaire. Vous avez tort de sourire, Garance, je vous assure. Je ne suis pas un homme comme les autres, mon cœur ne bat pas comme le leur. Vous entendez ? Absolument pas. Avezvous déjà été humiliée, Garance ? G : - Non, jamais. L : - Moi non plus. Mais ils ont essayé, c’est déjà trop pour un homme comme moi. Quand j’étais enfant, j’étais déjà plus lucide, plus intelligent que les autres... « Ils » ne me l’ont pas pardonné, ils voulaient que je sois comme eux, que je dise comme eux. Levez la tête, Pierre-François... regardez-moi... baissez les yeux... Et ils m’ont meublé l’esprit de force, avec des livres... de vieux livres... Tant de poussière dans une tête d’enfant ? Belle jeunesse, vraiment ! Ma mère, ma digne mère, qui préférait mon imbécile de frère, et mon directeur de conscience qui me répétait sans cesse : « Vous êtes trop fier, Pierre-François, il faut rentrer en vous-même ! ». Alors je suis rentré en moi-même... Je n’ai jamais pu en sortir ! Les imprudents ! Me laisser tout seul avec moi-même... Et ils me défendaient les mauvaises fréquentations... Quelle inconséquence ! Mais quelle prodigieuse destinée ! N’aimer personne, n’être aimé de personne, être libre. C’est vrai que je n’aime personne, pas même vous, Garance. Et pourtant, mon ange, vous êtes la seule femme que je n’aie jamais approchée sans haine ni mépris. G : - Je ne vous aime pas non plus, Pierre-François.
Lexique 1. affectation (n. f.s.) : sophistication 2. libertaire (adj. f.s.) : qui s’inscrit dans un mouvement de refus de l’autorité et de liberté absolue
Florence Teste
3. ferraille (n. f.s.) : ensemble d’objets en métal
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On s’entraîne pour le DELF B1 ! Langue
Le DELF est l’examen officiel évaluant les quatre compétences de l’apprentissage de la langue française. Il est constitué de quatre épreuves : compréhension orale, compréhension écrite, production orale et production écrite. Les niveaux du DELF sont définis par le CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues). A1, A2, B1 et B2 sont les niveaux du DELF et C1 et C2 composent le DALF. Le niveau B1 À ce niveau dit « intermédiaire », l’utilisateur peut comprendre les points essentiels quand un langage clair et standard est utilisé. Il peut se débrouiller dans la plupart des situations rencontrées en voyage dans une région où le français est parlé et produire un discours simple et cohérent sur des sujets familiers et dans ses domaines d’intérêt. D’après le CECRL, l’apprenant de niveau B1 « peut lire des textes factuels directs sur des sujets relatifs à son domaine et à ses intérêts avec un niveau satisfaisant de compréhension et reconnaître les points significatifs d’un article de journal direct et non complexe sur un sujet familier.» Les thèmes sont variés : l’environnement, la consommation, les loisirs, le travail, etc. Pour la compréhension écrite de l’examen DELF B1, il y a 2 exercices. Exercice 1 : Sur 10 points. Un document écrit type publicité avec quatre ou cinq propositions. Le candidat doit remplir un tableau et sélectionner une des propositions selon les critères donnés. Exercice 2 : Sur 15 points. Le candidat doit répondre à des questions de compréhension globale et détaillée à partir d’un article de type informatif. Voici un exemple de l’exercice 2 : Exercice 2 Lisez le texte suivant et répondez aux questions.
15 points
Voyageur recherche canapé-lit. Offrir l’hospitalité à des inconnus et se faire héberger par d’autres inconnus, l’idée paraît presque trop belle pour être vraie. Pourtant avec Internet, la vieille idée utopique d’un réseau mondial d’hospitalité gratuite explose.
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« J’avais très envie de passer un week-end à Rome, explique Cédric, vingt-six ans. J’avais trouvé un vol pas cher mais les hôtels étaient hors de prix. Un ami m’a parlé du couchsurfing : ces gens qui offrent leur canapé pour une nuit ou deux. J’ai visité le site internet, lu les expériences et je me suis lancé. Depuis, j’ai changé mon canapé et reçu six personnes. Je suis aussi allé à Amsterdam et à Copenhague, je n’ai jamais autant voyagé ! » Les chiffres sont là : cinq cent mille adhérents au réseau Couchsurfing, trois cent mille à l’Hospitality Club (les deux plus importants réseaux), près d’un million de personnes au total réparties dans
deux cent trente pays. Il faut dire que le principe du couchsurfing est très simple : on se rend sur le site internet, on s’inscrit, puis on contacte les personnes vivant dans le pays où l’on souhaite aller. Première bonne surprise : si les Américains ont inventé le concept, cinquante mille Français ont déjà adhéré à l’idée avec enthousiasme. Un quart d’entre eux vivant en région parisienne, cela fait de Paris la ville la plus hospitalière du monde, loin devant Londres, Montréal puis Berlin. Mais à quoi s’engage exactement la personne qui intègre un tel réseau d’hospitalité ? En théorie, uniquement à fournir à son invité un lit pour passer la nuit. « Dans la pratique, explique Bertrand, Marseillais de trente-quatre ans, c’est souvent plus qu’un lit. Pour ma part, c’est minimum l’apéritif, le repas et la visite du vieux-port ». Seconde bonne surprise : au-delà de l’intérêt économique évident, le couchsurfing est avant tout un état d’esprit, une manière de voyager différente. « Quand j’étais à Salvador de Bahia, l’hiver dernier, poursuit Bertrand, j’ai accompagné Noé, l’enfant du couple qui me logeait à son cours de capoiera* et Rosa, la maman, au marché ; ça permet de découvrir un pays à travers la vie de ses habitants, ça change tout. » Après chaque période d’accueil, les couchsurfers doivent écrire sur le site une évaluation de la personne rencontrée, ce qui constitue un excellent gage de sécurité. Ainsi, profiteurs et dragueurs sont vite repérés. « La prise de contact est essentielle. Pour éviter les mauvaises surprises, je fais connaissance avec plusieurs mails échangés avant mon arrivée » explique Judith, architecte allemande hébergée à Paris pour quelques jours. * capoiera : art martial brésilien
Répondez aux questions et justifiez si c’est nécessaire : 1. Qu’est-ce que le couchsurfing ? 2 points __________________________________________________________________________________________ 2. Vrai ou faux. Justifiez votre réponse avec une phrase du texte. VRAI
FAUX 2 points
Cédric voyage plus souvent depuis qu’il fait du couchsurfing Justification :____________________________________________
3. Où trouve-t-on les adresses des adeptes du couchsurfing ? 2 points __________________________________________________________________________________________ 4. Quelle est la ville la plus hospitalière ? 1 point __________________________________________________________________________________________ 5. Vrai ou faux. Justifiez votre réponse avec une phrase du texte
VRAI
FAUX 2 points
Les personnes qui reçoivent les couchsurfers doivent leur proposer un repas. Justification :____________________________________________
2 points 6. Quels sont les avantages du couchsurfing ? (deux réponses attendues) __________________________________________________________________________________________ __________________________________________________________________________________________ 7. Vrai ou faux. Justifiez votre réponse avec une phrase du texte Avec le couchsurfing, on connaît peu le pays qu’on visite. Justification :____________________________________________
VRAI
FAUX 2 points
8. Que doivent faire les couchsurfers après leur séjour ? 2 points __________________________________________________________________________________________
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Côte des neiges TV5 Monde
Côte-des-Neiges se situe sur l’île de Montréal, au Québec. C’est dans ce quartier, l’un des plus anciens de la ville, que l’on trouve l’université de Montréal. Cette université accueille de nombreux étudiants venant du monde entier. De même, on trouve au Canada des personnes issues de l’immigration en provenance elles aussi du monde entier ; et parmi elles, de nombreux commerçants de Côte-des-Neiges. Problème : il n’est facile de communiquer avec ses clients quand on ne parle pas la langue du pays. C’est là que les étudiants étrangers interviennent, eux qui ont déjà appris à parler français.Voilà une bonne façon de faire collaborer les habitants d’une même ville, tout en favorisant les rencontres multiculturelles. Ivan Kabacoff
Répondez aux questions suivantes et vérifiez leur réponse (en page 51) AVANT de regarder la vidéo. Attention : certaines questions proposent plusieurs bonnes réponses. 1. Reliez chaque métier à sa définition. Un tanneur Un tailleur Un forgeron
fabrique des objets en métal travaille la peau des animaux pour en faire du cuir prépare les pierres pour la construction des bâtiments
2. Que signifie « se côtoyer » ? se fréquenter se trouver dans une montée (une côte) s’opposer
Lisez les questions suivantes puis regardez la vidéo pour y répondre. Les réponses se trouvent en page 51.
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3. Que signifie « se contenter » ? être content se suffire faire plaisir
Accédez à la vidéo h t t p : / / w w w. t v 5 m o n d e. c o m / c m s / c h a i n e francophone/Revoir-nos-emissions/DestinationFrancophonie/Episodes/p-33310-DestinationCote-des-Neiges.htm
4. Qu’est-ce que la Côte des neiges ? une ville du Québec une montagne du Québec une zone de la capitale du Québec 5. Quelle est la date de la création de l’université de Montréal ? 1930 1950 1960 6. Que signifie l’expression « condensé de la planète » ? ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… 7. Pourquoi l’intégration est-elle le problème principal des commerçants de Côte des neiges ? parce qu’ils sont trop nombreux parce qu’ils ne parlent pas français parce qu’il fait trop froid 8. Quelle est la nationalité d’Olga ? ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… 9. Est-ce que les étudiants sont payés pour donner des cours de français aux commerçants ? Oui Non On ne sait pas 10. Pourquoi les étudiants sont-ils bien placés pour enseigner le français aux commerçants ?
11. Quelle est spécialité d’Olga ? ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… 12. Quelle est la fréquence des cours donnés par Olga à Mustapha ? quotidienne hebdomadaire mensuelle 13. D’où vient Mustapha ? Du Turkmenistan Du Turkestan Du Kazakhstan 14. Pourquoi est-il préférable pour un commerçant de parler français avec ses clients ? ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… 15. Quel autre avantage Mustapha trouve-t-il au fait de parler français ? ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… 16. Pourquoi l’université a-t-elle pris en charge ce programme ? ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ………………………………………………………………
Florence Teste
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Prêt-à-porter belge : prêt à parler « belge » ?
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Langue
La mode n’est pas l’apanage de la capitale française, la Belgique aussi a ses écoles de mode et ses créateurs à la renommée internationale. Il y aurait dix écoles de mode en Belgique et quatre rien qu’à Bruxelles. La plus célèbre est La Cambre. Quant aux créateurs, vous proposer une liste est délicat, car il faut poser un choix : on peut d’abord penser à Ann Demeulemeester et Dries Van Noten, sortis de la même promotion de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers ou encore Jean-Paul Knott qui a travaillé pour Yves Saint-Laurent, Martin Margiela pour Jean-Paul Gaultier, Raf Simons pour Dior et Calvin Klein, et enfin Kris van Assche pour Dior également. Les Belges s’intéressent donc à la mode autant que leurs voisins français et ils partagent la même langue. La même langue, vraiment ? Bien sûr, le belge en tant que langue n’existe pas – ainsi « belge » se trouve-t-il écrit entre guillemets dans le titre – mais nous avons nos petites particularités, quelques mots qui ne sont utilisés que dans notre plat pays. Peut-être votre amour pour la mode, ou pour la langue française, ou les deux, vous mènera-t-il un jour en Belgique ? Alors, vous rencontrerez peut-être l’un des termes suivants : La Belgique est réputée pour sa pluie, sa drache(A) même, il vous faudra donc une bonne veste, avec une tirette(B) et une lichette(C), sinon ce n’est pas pratique. Elle doit être bien chaude, car parfois il fait caillant(D). Outre le choix des cliquotes(E), il faudra soigner sa coupe et se poser les bonnes questions : capoule(F) ou ligne au milieu(G) ? Et si vous perdez vos cheveux, vous pourrez toujours porter une moumoutte(H). Il vous faudra aussi des accessoires, comme des bijoux, mais pas de cacaille(I), il faut que ça blinque(J). Cela dit, la valeur sûre en terme d’accessoires reste une belle sacoche(K) griffée ou ethnique et avec des floches(L). Vous n’avez pas tout compris ? Voici quelques mots qui devraient vous aider, dans l’ordre : une forte pluie(A), une fermeture éclair(B), une attache servant à suspendre un vêtement(C), très froid(D), des vêtements(E), une frange1(F), une raie2(G), une perruque3(H), des objets de peu de valeur(I), briller(J), un petit sac(K), des pompons4(L). Évitez toutefois de tomber dans un travers5 : croire qu’il faut employer des belgicismes pour se faire comprendre en Belgique. D’une part, ils ne sont pas tous employés dans les mêmes régions, « cliquotes » par exemple ne sera pas compris à Bruxelles, mais bien à Liège. D’autre part, le français dit standard est compris par tous. En d’autres termes, le français de Belgique se trouve parfois localement coloré par des termes considérés comme archaïques6 en France, des emprunts aux dialectes wallons et picards ou des influences de nos deux autres langues nationales : le néerlandais au nord et l’allemand à l’est. En Belgique, on marie donc les langues, comme nos stylistes les matières.
Lexique 1. frange (n. f.s.) : cheveux qui recouvrent le front 2. raie (n. f.s.) : ligne sur le dessus de la tête qui partage les cheveux en deux parties
Marine Schmets
3. perruque (n. f.s.) : fausse chevelure 4. pompons (n. f.s.) : boules de laine qui servent à décorer 5. travers (n. m.p.) : défaut
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Des stéréotypes qui ne font pas le poids © Pexels
Psychologie Le stéréotype du physique parfait a largement évolué au cours du temps. Dans l’Antiquité comme durant la Renaissance, les femmes devaient être rondes, avoir une poitrine généreuse et un teint clair. A l’inverse, notre siècle met en avant les femmes minces, fines et bronzées. En effet, nous sommes constamment harcelés par les médias montrant des images de femmes sans formes, sans poitrine, démesurément grandes et au teint hâlé1. Pourtant, celles-ci ne reflètent pas vraiment la réalité des différences physiques des femmes.
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Stratégie marketing Ainsi, il n’est pas rare de constater qu’une grande partie des vêtements que l’on trouve dans les magasins français est faite pour des femmes fictives2. Chaque marque travaille avec sa propre grille de
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tailles par rapport à la clientèle qu’elle cible, qui décline3 bien évidemment sa stratégie marketing. C’est pour cela que les tailles sont parfois différentes d’une marque à autre. De ce fait, si la cliente entre dans un vêtement d’une taille plus petite que celle qu’elle fait réellement, elle se sentira flattée4 et achètera davantage. En revanche, si elle est d’une taille plus grande, elle pourrait acheter des articles sans taille, des accessoires donc, pour compenser. Effet psychologique Toutefois, le problème n’est pas là, mais plutôt dans l’effet psychologique que cela implique lorsqu’on ne trouve pas sa taille ou qu’on ne rentre pas dans une taille jugée socialement acceptable : les complexes et le manque de confiance en soi se trouvent alors renforcés. De plus, ce culte de la maigreur conduit forcément à des frustrations car l’expectative de « beauté » n’est jamais atteint. Et en perdant trop de poids, on peut également perdre en santé sans avoir pour autant un plus grand amour de soi. Victoire Maçon-Dauxerre, ancienne top model et auteur du livre Jamais assez maigre, a déclaré en 2016 au journal Le Parisien : « Karl Lagerfeld a dit : « Un tailleur Chanel ne va pas à une femme qui a de la poitrine ». Mais une femme a, par définition, de la poitrine… Qu’il fasse donc des tailleurs qui vont aux femmes ! ».
S’accepter tel que l’on est Il est donc essentiel de choisir ses vêtements en fonction de sa personnalité et non par rapport à une taille, qui est uniquement un chiffre qui permet de
classifier les personnes en catégories. On doit cesser de se fixer de « rentrer dans du 36 » comme objectif. Il faut plutôt s’accepter tel que l’on est, puisque nous avons toutes et tous une complexion physique différente, propre à notre génétique. S’habiller en 36 plutôt qu’en 42 ne fait pas de nous une autre personne. Des changements en vue Certaines marques ont récemment pris conscience de ces problèmes et ont changé leur communication, comme Dove qui présente des mannequins aux physiques normaux, ou comme certains grands couturiers qui se sont engagés à ne plus faire défiler des mannequins qui ont un IMC trop bas. De plus, les gouvernements s’attaquent aussi à ce problème : en France, depuis mai 2017, la « loi mannequin » oblige les publicitaires à préciser si la photo qu’ils proposent a été modifiée par un logiciel de retouche d’image. De même, les mannequins doivent posséder un certificat établi par les services de médecine du travail ; si elles sont trop maigres, elles ne peuvent pas défiler.
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Une taille « moyenne » Prenez une femme qui mesure 1,63 m, pèse 65 kg, a un tour de taille de 80 cm et donc, un IMC (indice de masse corporelle) de 24,5 : elle a une corpulence « normale », n’est-ce pas ? Cependant, elle ne rentrera jamais dans une taille S ou dans un jean 36, tout simplement parce que ses épaules, sa poitrine et ses cuisses sont proportionnels à sa complexion physique ; il lui faut au minimum du M. Mais pour certaines femmes, cette taille M est clairement dévalorisante ! De plus, il faut ajouter qu’il n’est pas toujours facile de trouver disponible en magasins l’ensemble des tailles, parfois même dès le 40 (qui est l’équivalent français du M). Et ce n’est pas un cas spécifique à la France : en effet, d’après mon expérience, trouver un jean en taille 42 est encore plus difficile au Mexique qu’en France ! Il faut également souligner que les photos des mannequins sont souvent retouchées, comme l’explique Victoire Maçon-Dauxerre, à qui l’on demandait de maigrir alors que ses photos seraient la plupart du temps retouchées5 sur les cuisses, les joues, entre autres. Nous sommes bien dans la fabrication d’une image irréelle pour un public qui, lui, est bien réel.
Quoi qu’il en soit, il faut toujours se souvenir qu’une personne est belle grâce à ce qu’elle a à l’intérieur, dans sa tête et dans son âme. L’extérieur est éphémère6 !
Laura Tejeda Meza
Lexique 1. hâlé (adj. m.s.) : bronzé 2. fictives (adj. f.p.) : irréelles, qui n’existent pas 3. décline (v. décliner) : développe
4. flattée (adj. f.s.) : valorisée 5. seraient retouchées (v. retoucher. Passif) : seraient modifiées 6. éphémère (adj. m.s.) : qui ne dure pas
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PORTRAIT
Marion Préité
Vous avez probablement déjà écouté les fichiers audio qui accompagnent certains articles de LCFF. La plus grande partie des textes est lue par Marion Préité. Nous vous proposons ici un entretien avec elle pour vous permettre d’associer une voix et une diction parfaite à cette (jolie) comédienne. Marion, tu as à ton actif plusieurs pièces musicales, pourquoi as-tu choisi ce style ? Choisir est un bien grand mot ! C’est plutôt un bienheureux hasard qui m’a conduite vers cet art, assez tôt dans ma carrière. A la sortie de mon école de théâtre, j’ai joué au Festival Off d’Avignon 2012 avec d’autres élèves de ma promotion dans une pièce musicale, Les secrétaires, mise en scène par le directeur de l’école, Pierre Castagné, ce qui m’a vite mis le pied à l’étrier1. J’ai donc appris à chanter et à developper ma voix, et même si j’affectionne vraiment le théâtre « parlé », j’ai eu plus de propositions pour défendre des rôles chantés. C’est donc une belle corde à mon arc2 mais cela ne me ferme pas pour autant à d’autres styles de théâtre.
Que penses-tu des comédies musicales françaises ? Ont-elles quelque chose à envier aux productions anglo-saxonnes ? Les comédies musicales françaises sont en plein essor3 ces dernières années et ce qui est sûr, c’est qu’il y en a pour tous les goûts. Beaucoup de nos comédies musicales sont des adaptations de musicals anglo-saxons (par exemple Sister act, La belle et la bête, Grease, au théâtre Mogador). Cela permet de faire connaître des œuvres inédites ou méconnues en France et d’amener un peu de Broadway (New York) et de West End (Londres) en France. A côté de ça, de nombreuses productions se lancent dans la création de pièces musicales originales 100% françaises, sur des thèmes aussi différents que la Tour Eiffel, Jack l’éventreur ou encore les aventures de Tom Sawyer !
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© Christine coquilleau
© Christine coquilleau
Nous arrivons petit à petit à voler de nos propres ailes4 et à trouver notre style dans le sillon des5 productions américaines ou londoniennes. Quel personnage rêves-tu d’incarner ? Très honnêtement, je n’ai pas de rôle rêvé. Il y a des auteurs et des pièces que j’adore, bien sûr, et dans lesquelles j’aimerais beaucoup jouer, mais ce serait plutôt pour défendre un style particulier de théâtre et le langage de l’auteur. J’adorerais jouer Ionesco, par exemple, ou Tchekhov ! Tout comme j’adorerais jouer dans une grande comédie musicale américaine, comme Waitress, Dogfight ou Next to normal ! Peu importe la place que j’occupe, un petit rôle d’ensemble ou un premier rôle, c’est plus l’œuvre dans sa globalité qui m’intéresse et le parti pris6 autour, plutôt qu’un rôle particulier. Tu as commencé ta carrière au théâtre, as-tu des envies de cinéma ? Oui beaucoup ! Mais c’est un tout autre exercice. Et un réseau complètement différent. Quand j’étais en formation théâtre, j’ai commencé par jouer dans des courts-métrages, j’en ai même réalisé un. J’ai toujours adoré jouer devant la caméra. Je voulais vraiment me diriger vers le cinéma. Mais il est très difficile d’y mettre un pied7 et j’ai trouvé beaucoup plus vite des opportunités au théâtre. J’ai eu quelques expériences face à la caméra dans des films et des séries télé et je pense que je m’y replongerai bientôt en répondant aux centaines d’annonces de castings qui
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tombent chaque jour ! Je continue à regarder beaucoup de films et je vais au cinéma très régulièrement. Écriture, mise en scène et jeu, comment concilier les trois ? Si tu devais en garder un seul ? Sans hésiter, je garderais le jeu. Mon métier est celui de comédienne et consiste à jouer dans des pièces ou des films, écrits par un auteur, dirigés par un metteur en scène ou un réalisateur. C’est vraiment dans cet art que je me réalise pleinement. Mes expériences de metteuse en scène et d’auteure m’ont été vraiment bénéfiques dans la façon d’aborder le dialogue avec les comédiens, les techniciens et de prendre en compte toutes les étapes de création d’un projet, de l’écriture à la création lumière, en passant par la signature des contrats avec tel ou tel théâtre. C’est épuisant de porter toutes les casquettes8 mais j’ai maintenant une meilleure vision d’ensemble sur tout ce processus et ça me sert dans les projets où je suis uniquement comédienne.
L’actualité avec #balancetonporc et le permis d’importuner : en tant qu’artiste féminine, quel regard portes-tu sur le débat autour du harcèlement9 ? J’ai la « chance » de n’avoir jamais été confrontée à ce genre de comportement au cours de ma carrière et je suis profondément solidaire et défenseuse de l’égalité des droits des femmes et des hommes. Beaucoup d’encre a coulé10 sur ce débat et trop de gens se sont approprié la parole des uns et des autres. Je suis pour le respect de chacun à vivre et à parler de ses expériences et de ses douleurs en son nom propre. Et bien sûr, il faut rester vigilant et dénoncer toute pratique abusive, se protéger et surtout parler.
Clarisse Maratchia
Lexique 1. mis le pied à l’étrier : aidé à débuter 2. corde à mon arc : compétence supplémentaire 3. essor (n. m.s.) : développement 4. voler de nos propres ailes : devenir indépendant 5. dans le sillon de : à la suite de, comme dans 6. parti pris (n. m.s.) : ensemble de choix délibérés
7. mettre un pied : entrer 8. porter toutes les casquettes : occuper toutes les fonctions 9. harcèlement (n. m.s.) : attaques répétées 10. beaucoup d’encre a coulé : beaucoup de choses ont déjà été dites 45
Bjørn Christian Tørrissen
Chez les Mayas Quiché, au Guatemala Voyage
Dans les sociétés occidentales, basées sur la consommation et le spectacle, l’apparence et le jeunisme1 l’emportent souvent sur le fond. La mode, dont on peut apprécier l’élégance et la créativité, joue un grand rôle qui peut être positif dans l’économie comme dans la culture. D’autant plus que l’image de soi participe au jeu de la séduction et peut concourir à une certaine réussite, de tous temps enviée2. Cependant, on peut également penser que la mode comble3 un manque, souvent dû à des frustrations d’ordre social, économique ou autre. Elle s’épanouit dans les sociétés modernes où les traditions ont été battues en brèche4 par idéologie et où l’on doute que le passé puisse éclairer l’avenir. Dans une exposition ayant pour titre L’art et la ma-
nière de porter ses rides dans d’autres civilisations, j’ai eu l’occasion de montrer des femmes et des hommes qui présentent un visage différent de celui des Occidentaux. Un visage, d’après moi, plus vrai, plus conforme à la nature des choses et bien moins sujet aux effets de mode. Ces personnes portent fièrement sur leur visage le parchemin5 qui conte6 l’émouvante histoire de leur vie de combat, et souvent beaucoup plus. En effet, ces dernières sont dans l’enracinement7, alors que nous sommes plutôt dans le mouvement. Malheureusement, la force de l’uniformisation de type occidental est telle que l’on rencontre rarement des autochtones en tenue traditionnelle dans les grandes villes, où la population s’habille à l’européenne. Il faut aller dans les régions plus reculées pour rencontrer des hommes et des femmes qui continuent à porter leur costume traditionnel au quotidien. Les Mayas Quiché Chez les Mayas Quiché, les femmes tissent encore sur de petits métiers de ceinture, comme à l’époque préhispanique, les pièces de tissu qui constituent leurs vêtements traditionnels. Elles s’inspirent des motifs géométriques, zoomorphes8 et naturalistes9 anciens empruntés au répertoire iconographique et mythologique maya. Elles emploient encore des laines colorées avec des teintes10 naturelles chatoyantes11, bien que les fibres
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synthétiques plus criardes12 aient également envahi les marchés. Elles adorent y ajouter quelques fils dorés ou argentés, imitant les métaux précieux déjà employés avant la Conquista espagnole. La pièce tissée la plus importante (elle peut atteindre deux mètres cinquante), enroulée au niveau de la taille de la femme, tient lieu de robe, fermement tenue par une large ceinture. Cette dernière fait office13 de porte-monnaie ou permet de dissimuler14 un petit couteau. Ce sont les pièces les plus finement tissées. Pour se protéger du soleil, les femmes portent sur la tête une autre pièce tissée de forme carrée pliée en quatre, le tzut. Le huipile reste le corsage traditionnel, généralement brodé à la main, d’un décor floral de type tropical multicolore, parfois ajouré15 ; certains sont de véritables merveilles. Les femmes Quiché ont de beaux cheveux noir de jais16 et brillants, symbole de leur féminité, sacrée chez les Mayas : la coiffure vient parachever17 la toilette. Elle est souvent composée de deux tresses et s’inspire des fresques du Tikal, faisant ainsi partie intégrante de la culture traditionnelle. Elle ne suit jamais aucune mode, elle est simplement personnalisée : un ruban de satin de plusieurs couleurs, selon l’âge de la femme, est enroulé avec les deux tresses, pratique et simple pour se coiffer joliment. Des fleurs en laine ou coton réalisées au crochet18 ornent les coiffures des femmes mûres, parfois agrémentées de petits foulards serpentant entre les tresses relevées sur la tête. C’est élégant et étonnant et preuve que les traditions ne sont pas incompatibles avec la variété. Ces coiffures sont appelées tocoyal, baghals,… Les vêtements traditionnels des habitants des villages Quiché sont tous légèrement différents selon le village et l’ethnie. Ces différences leur ont été im-
posées par les Espagnols qui voulaient pouvoir les reconnaître dès qu’ils sortaient de leur village. Cette différenciation saute aux yeux des voyageurs qui visitent les villages qui entourent le lac Atitlan, ou les hautes terres du côté de Todos Santos. Là, par exemple, les hommes portent des pantalons rouges à rayures blanches. Quelle que soit la façon de s’habiller ou de se coiffer, soyons sûrs que c’est la connaissance de l’autre, de ses traditions et de ses valeurs, qui favorise le « vivre ensemble », but suprême de la culture. Christian Puech est un explorateur qui photographie la nature et ses habitants. Il a participé à de nombreuses expositions, que ce soit en France ou à l’étranger. Parmi celles-ci, Les peuples autochtones en voie d’extinction, De l’Himalaya au Gange ou encore Diversité, nomadisme et liberté de choix de vie. Blog : http:// christianpuech.wordpress.com
Lexique 1. jeunisme (n. m.s.) : volonté de donner plus d’importance à la jeunesse 2. enviée (adj. f.s.) : que tout le monde voudrait 3. comble (v. combler) : remplit, remplace 4. battues en brèche : combattues 5. parchemin (n. m.s.) : support à l’écriture 6. conte (v. conter) : raconte 7. enracinement (n. m.s.) : attachement au lieu d’origine 8. zoomorphes (adj. m.p.) : qui représentent des animaux 9. naturalistes (adj. m.p.) : qui représentent la nature
Christian Puech
10. teintes (n. f.p.) : couleurs 11. chatoyantes (adj. f.p.) : aux couleurs chaudes 12. criardes (adj. f.p.) : aux couleurs exagérément voyantes 13. fait office (v. faire office) : remplace, tient lieu 14. dissimuler (v.) : cacher 15. ajouré (adj. m.s.) : aéré, ouvert, qui présente des espaces vides 16. noir de jais (adj. m.s.) : noir intense 17. parachever (v.) : terminer, mettre la touche finale 18. crochet (n. m.s.) : outil pour réaliser une sorte de tricot 47
Réponses Quiz (page 27) 1. Mary Quant a mis la minijupe à la mode en 1965. 2. Jean-Paul Gaultier a habillé Madonna. 3. Larl Lagerfeld est allemand 4. C’est Audrey Tautou qui joue le rôle de Coco Chanel. 5. A l’origine, il s’agissait d’un mélange de laine et de soie en provenance des Cévennes. Nîmes était le point de départ du commerce du tissu «de Nîmes», ou denim. Aujourd’hui, c’est un tissu de coton. 6. Jacques Guerlain a créé Shalimar en 1921. Aujourd’hui, presque cent ans plus tard, il se vend encore plus d’une centaine de flacons par heure à travers le monde. 7. Chanel, Dior, Céline, Vuitton, Armani, Nina Ricci, Chloé, etc, se trouvent dans l’avenue Montaigne, dans le 8e arrondissement de Paris. 8. C’est Jean Cocteau. 9. Le jardin Majorelle a été acheté par Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé en 1980 ; ils l’ont rebaptisé Villa Oasis et y ont vécu plusieurs années. Aujourd’hui, il abrite le musée berbère. 10. Carla Bruni a épousé Nicolas Sarkozy en 2008. 11. Christian Lacroix est connu pour son style coloré, inspiré du sud de la France (il est originaire d’Arles). 12. Le Journal du goût, ou courrier de la mode est le premier mensuel de mode qui a été publié à Paris de 1768 à 1770. 13. Il existe une soixante de versions étrangères de Elle à travers le monde. Un plumassier prépare les plumes pour en faire des parures ou des éléments de décoration. 14. L’École de la chambre syndicale de la couture parisienne se trouve dans le 2e arrondissment de Paris et existe depuis 1927. 15. En 1994, l’association Peta présente une campagne de publicité avec les plus célèbres mannequins de l’époque nues disant « Nous préférerons être nues que porter des peaux ». 16. Un tailleur est composé d’une veste et d’une jupe assortis. 17. En général, la robe de cocktail se porte au niveau des genoux ; la robe de soirée est plutôt longue, jusqu’aux pieds.
Jeux de mots
pexels pho
Réponses Jeux p 51
1. MOTS MÊLÉS Retrouvez les mots sur le thème des vêtements F B R E T E L L E E L S X Q E M H U A E D N A B O P M D E
E F T E L E C A R B A X P U
V I D V L A K Z I R V U Y E
S Z C C K E E E I M J L Z L
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Z E D F M I S B E U G A B S
BAGUE BRACELET SANDALE ESCARPIN VESTE ROBE BRETELLES JUPE CEINTURE
SAC BOTTES MARINIERE EPINGLE BANDEAU POCHETTE GANT BONNET
3. CASCADE DE MOTS Retrouvez les mots sur la Saint Valentin 1
2. CITATION
2
Ajoutez les voyelles pour reconstituer la citation.
3
« _N N’_ST J_M_ _S TR_P O_ P_S _SS_Z
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H_B_LL_ _V_C _N_ P_T_T_ R_B_ N_ _R_ » Karl Lagerfeld
O U O U O U O U 1. Ce que l’on fait d’un cadeau 2. Couleur 3. Sentiment à partager 4. Précieux ou fantaisie
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Réponses TV5 Monde (page 42) 1. Un tanneur travaille la peau des animaux pour en faire du cuir. Un tailleur prépare les pierres pour la construction des bâtiments. Un forgeron fabrique des objets en métal. 2. « se côtoyer » signifie « se fréquenter ». 3. « se contenter » signifie « se suffire ». 4. La Côte des neiges est une zone (un quartier) et une rue de la capitale du Québec, Montréal. 5. L’université de Montréal a été créée en 1930. 6. On retrouve dans ce quartier des représentants de nombreuses nationalités : il y a plus de 160 origines ethniques différentes. 7. L’intégration des commerçants est difficile car ils ne parlent pas français. 8. Olga est russe. 9. Les cours sont rémunérés. 10. Les étudiants comme Olga connaissent la situation de l’apprentissage du français, ils peuvent partager leur expérience 11. Olga étudie les sciences cognitives. 12. Les cours sont donnés à une fréquence hebdomadaire (2 heures par semaine). 13. Mustapha vient du Turkestan. 14. Parler français donne meilleure impression aux clients. 15. Il peut parler avec ses enfants qui sont scolarisés en français. 16. L’université est citoyenne et elle a la capacité de fournir des ressources.
Réponses Jeux (page 49)
1. MOTS MÊLÉS F
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Langue et Cultures Françaises et Francophones ISSN : 2551-1467 n° CPPAP : 1018 K 91889 SIRET : 799 544 846 00022 Siège : 17, rue Durand 34000 Montpellier contact@lcf-magazine.fr
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Edition
Florence TESTE - direction@lcf-magazine.fr Rémi ORZALESI
Photographe de la couverture
Florence TESTE
Comité de relecture Florence TESTE Khiem TRAN-DINH
Assistante de publication Michèle LESEL
Lecture audios Marion PREITE
Rédacteurs Mamadou BERTHÉ Christelle DUCROT Barbara JUVÉ Julio MELO Axelle NÉGRIGNAT Clarisse ORZALESI Christian PUECH Elodie RESSOUCHES Marine SCHMETS Laura TEJEDA MEZA Florence TESTE Anita VIEL
Graphiste
Charlotte KLEINEIDAM
Promotion et communication
Michèle LESEL - contact@lcf-magazine.fr
2. CITATION « ON N’EST JAMAIS TROP OU PAS ASSEZ HABILLÉ AVEC UNE PETITE ROBE NOIRE » 3. CASCADE DE MOTS
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Impression
Impact Impression 483, ZAC des Vautes 34980 Saint-Gély-du-Fesc
Routage
Sud Routage 110, route de Rouquairol 30900 Nîmes
Remerciements
Raymond MACHEREL Richard BOSSUET - TV5 MONDE Ivan KABACOFF - TV5 MONDE
En produisant sa version papier, LCFF Magazine veut participer à la protection de la planète. Pour cela, nous avons choisi de faire confiance à un imprimeur qui travaille dans le respect des labels écologiques :