Lcff magazine n°39 Rendez- vous à Marseille !

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Édito Florence Teste, rédactrice en chef

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Bonjour à toutes et à tous, Ca y est ! La France est passée à l’heure d’été et à Marseille, il fait déjà une vingtaine de degrés. Le printemps est là ! Il faut dire que nous n’avons pas vu passer l’hiver. Le changement climatique a perturbé les saisons : il n’a même pas fait froid.

CÉDRIC KLAPISCH

CINÉMA

Marseille, Marseille... Quelle belle ville ! Dans ce numéro, vous trouverez son histoire, sa cuisine, ses vins, sa musique, sa littérature et découvrirez toutes ses beautés. Marseille a de multiples aspects. Elle a même sa série télé ! Et comme d’habitude, les rubriques Livre, Vivre en France, Cinéma, Grammaire, etc. Parallèlement à ce numéro sur Marseille, l’équipe de LCFF est en train de préparer ses deuxièmes Journées d’application AppliFLE, destinées aux enseignants de français langue étrangère. Elles auront lieu les 20 et 21 mai prochains à Montpellier. Cette année, la thématique est « Le FLE déconnecté ». En effet, nous souhaitons nous rapprocher au plus près des pratiques de classe «réelles» : oui, un tableau numérique interactif, une application pour smartphone, un logiciel de correction grammaticale, c’est formidable ! Mais tous les professeurs ne disposent pas des dernières avancées technologiques. Il faut même dire que, parfois, il n’y a même pas de connexion internet dans les classes. Alors, revenons à l’essentiel : les apprenants et le professeur, rien d’autre ! Nous proposons des ateliers autour de la musique, du théâtre, des jeux de société, de l’écrit, de l’oral, des arts plastiques, de la mémoire... Enseignants, inscrivez-vous au plus tôt car le nombre de places est limité ! Bonne lecture !

I AM, JE SUIS MARSEILLE MUSIQUE

LA BUZINE ARTS



ROMAN A SUIVRE

PETIT À PETIT, L’OISEAU FAIT SON NID

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LITTÉRATURE FRANCOPHONE

COULEUR DE PEAU : MIEL

DE JUNG SIK JUN LIVRE

L’ENCYCLOPÉDIE DU SAVOIR RELATIF ET ABSOLU, DE BERNARD WERBER CONTES

LA TARASQUE, LE MONSTRE DU RHÔNE HISTOIRE

MARSEILLE, CARREFOUR MULTICULTUREL TOURISME RESPONSABLE

LA PLONGÉE SOUS-MARINE CHANSON

ALIBERT, LE MERIDIONAL DES MERIDIONAUX SPORT

ALLEZ L’OM ! IMAGIER

MARSEILLE AUTEUR

FRÉDÉRIC MISTRAL GRAMMAIRE

QUIZ AGITOX VINS

LE ROSÉ, VIN DE QUALITÉ CUISINE

LA SOUPE AU PISTOU PRODUIT RÉGIONAL

LA BOUILLABAISSE RÉPONSES QUIZ

JEUX

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LA PROVENCE TOURISME

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PLUS BELLE LA VIE ! SOCIÉTÉ

RIRE EN FRANCE VIVRE EN FRANCE

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LES ARTICLES SONT ADAPTÉS À DES NIVEAUX B1 À C2. LA DIFFICULTÉ DE L’ARTICLE EST REPRÉSENTÉE PAR LE PICTOGRAMME EN FORME DE LIVRE EN HAUT DE LA PAGE.

LES

ARTICLES QUI COMPORTENT CE

PICTOGRAMME EXISTENT EN VERSION

MICHAELA

AUDIO

CORRESPONDANTS

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© Klapisch

Gros plan sur

Cédric Klapisch Cinéma

©D.R

Le cinéma a le pouvoir de propulser1 les acteurs sur le devant de la scène médiatique en un rien de temps. Tout en haut des affiches, sur les petits et grands écrans, sur les couvertures des magazines, ils deviennent en une fraction de seconde de véritables vedettes. On parle cependant peu de ceux qui rendent toute cette magie possible, ceux qui rêvent et conçoivent les films. LCFF vous propose donc de rencontrer ce mois-ci l’un de ces hommes de l’ombre, un scénariste, producteur et réalisateur de talent : Cédric Klapisch.

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donnera son nom à sa maison de production : Ce qui me meut. Après ce projet, il travaillera sur des documentaires avant de passer à la réalisation de longs métrages au début des années 90 : Riens du tout, Le péril jeune, Chacun cherche son chat ou encore Un air de famille. Sa notoriété va cependant croître grâce à une œuvre maintenant culte4 dans le paysage cinématographique français, un film plein de couleurs et de pétillant : L’auberge espagnole. Arrivé au tout début des années 2000 avec l’essor d’Erasmus, le programme d’échanges étudiants européens, L’auberge espagnole dépeint5 la vie de Xavier (interprété par Romain Duris, acteur fétiche6 de Klapisch), un jeune étudiant français parti un an en Espagne pour étudier et apprendre la langue. Fort de ce succès, Klapisch en fait une trilogie7 : en 2005,

©MarsDistribution

Cédric est né le 4 septembre 1961 à Neuilly-sur-Seine, une ville dans la banlieue ouest de Paris. Né d’un père physicien et d’une mère psychanalyste, Cédric fait une prépa2 littéraire avant d’entamer3 des études de cinéma à Paris. Il obtient une maîtrise après avoir soumis un mémoire portant sur Tex Avery, Woody Allen et les Marx Brothers. À vingt-trois ans, après avoir essuyé plusieurs échecs lors de concours d’entrée dans des écoles de cinéma, il décide de s’envoler pour les Etats-Unis. Il y étudie le cinéma au sein de la célèbre New York University. À son retour en France, Klapisch tourne plusieurs c o u r t s - m é t r a ge s dont un qui remporte plusieurs prix dans différents festivals, et qui plus tard,


L’originalité de la série réside dans son autodérision et son format : chaque épisode est centré sur un acteur ou un duo d’acteurs de renom qui interprètent leur propre rôle. Réalisateur très prolifique8, Klapisch est actuellement sur le tournage d’un nouveau long métrage en Bourgogne, région du bon vin. Le lieu n’est pas anodin9 puisque ce nouveau film retrace la vie d’une famille de viticulteurs dont les membres doivent décider de ce qu’il adviendra10 du domaine familial après la mort de leur père. Derrière les rires, les larmes ne sont pas loin ; cette histoire artisanale et familiale intitulée11 Le vin et le vent a de grandes chances de remplir les salles de cinéma. Mais comme les bons vins, les bons films demandent du temps, il faudra donc attendre jusqu’à la fin 2016 pour avoir la chance de voir sur grand écran le nouveau chef-d’œuvre de Cédric Klapisch.

© Rue des Archives

©MarsDistribution

sortent Les poupées russes, on y retrouve Xavier et son groupe d’amis partis cette fois à Moscou ; puis en 2013 Casse tête chinois, où l’on revoit Xavier et ses compères dix ans après leur aventure espagnole, mûrs et adultes, en plein cœur de New York. Outre ces trois œuvres, le réalisateur a produit en 2008 Paris, un film très réaliste et touchant sur la vie parisienne à travers différents personnages plus intrigants les uns que les autres. On y retrouve encore une fois Romain Duris, mais aussi Juliette Binoche en assistante sociale, Fabrice Luchini qui interprète un historien, ou encore François Cluzet, tous de grands noms du cinéma français. Klapisch aime surprendre, et ça, tout le monde le sait. En 2015, il arrive sur petit écran en réalisant plusieurs épisodes d’une série qui gagne vite en popularité : Dix pour cent. Mélange de comédie et de drame, la série nous fait suivre les vies mouvementées de quatre agents en charge de trouver les meilleurs rôles à leurs clients, de prestigieux acteurs.

Romain Devaux

Lexique 1. propulser (v.) : pousser 2. prépa (n. f.s.) : classe préparatoire à un concours 3. entamer (v.) : commencer 4. culte (adj. f.s.) : qui suscite un grand enthousiasme 5. dépeint (v. dépeindre) : décrit

7. trilogie (n. f.s.) : oeuvre d’art en trois parties 8. prolifique (adj. m.s.) : qui produit beaucoup 9. anodin (adj. m.s.) : qui n’a pas d’importance 10. adviendra (v. advenir) : arrivera, se passera 11.intitulée (adj. f.s.) : qui a pour titre

6. fétiche (adj. m.s.) : qui porte bonheur

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© Pyramidefilms

I AM

je suis Marseille Musique

« Je viens de Marseille la ville photique Ce qui implique, logique, l’unique chaleur de mes lyrics Se fixe, se glisse, qu’importe le rythme Mais celui-ci est volontairement pur, dépouillé mais funky » Si vous évoquez les noms de certains pharaons à Marseille, on ne vous parlera pas forcément de l’Égypte mais bel et bien1 des musiciens du célèbre groupe marseillais I AM : Akhenaton (Philippe Fragione), Shurik’n (Geoffroy Mussard), Kheops (Éric Mazel), Imhotep (Pascal Perez), Kephren (François Mendy) et Freeman (Malek Brahimi).

© Fête de l’Humanité 2014_Thesupermat

« Je danse le mia Pas de pacotilles Chemises ouvertes Chaînes en or qui brillent »

Ces six musiciens ont participé au développement du style musical rap en s’inspirant de celui venu tout droit des États-Unis. Tenues extravagantes, un peu bling-bling2, un nouveau style est né et le groupe a su percer3. I AM, groupe mythique de la scène française, a été novateur à la fin des années 8

1980 en France. Textes engagés4 et style particulier dans ces années-là, le rap commençait à peine à être connu. I AM a connu un succès fulgurant5 dès la sortie de son premier album Ombre est Lumière (1993) et notamment grâce à son tube-phare6 Je danse le mia. Sous des airs funk, ils chantent en cadence et avec rythme les expressions marseillaises. Ils dépeignent7 avec réalisme et autodérision l’univers d’une jeunesse qui va danser le samedi soir dans les quartiers populaires.

Ces jeunes chanteurs ont été les instigateurs8 des sons rythmés et des mélodies saccadées9 avec l’accent bien spécifique du sud. Ils tirent principalement leur inspiration de Marseille, des quartiers où ils ont vécu et de leur propre histoire. Ils ont su réaliser un vrai travail de poètes modernes. Ils ont également su utiliser leur ville et ses quartiers comme des muses. Les membres du groupe ont été


parmi les premiers à parler des problèmes de jeunes issus de milieux et quartiers difficiles. C’est également pour cela que les jeunes ont su s’identifier et aimer ce style aujourd’hui beaucoup plus répandu que dans les années 1980. Ils revendiquent une identité forte, d’où leur nom de scène « I AM » (Je suis). Il y a plusieurs explications données à ce nom de scène : il pourrait venir d’une phrase entendue lors des manifestations des Civil Rights durant lesquelles les hommes et femmes noirs américains écrivaient sur des pancartes « I am a man ». Tout comme eux, les chanteurs issus de quartiers défavorisés marseillais voulaient revendiquer10 leurs droits et dénoncer11 les inégalités. Le nom « I AM » a aussi été une façon de souligner leur personnalité : « Je suis un homme, je suis marseillais ». Une autre signification pourrait être « Italien, Algérien, Malgache », en référence aux différentes origines des musiciens. Enfin, « Invasion Arrivant de Mars » en serait encore une autre, Mars se voulant être Marseille, leur « planète » comme ils l’appellent.

Ils ont tous vécu dans les quartiers difficiles de Massalia et cela se ressent dans leurs textes. Ils sont devenus des sortes de prêcheurs12, expliquant le bon chemin à suivre pour les plus jeunes. Comme par exemple dans la chanson Petit Frère :

« Petit frère a déserté les terrains de jeux. Il marche à peine et veut des bottes de sept lieues. Petit frère veut grandir trop vite Mais il a oublié que rien ne sert de courir, Petit frère. » De plus, ils ont écrit des textes politiquement engagés, comme la chanson L’empire du côté obscur. Dans ce morceau, ils font référence au célèbre film Star Wars en comparant un parti politique français très connu au « côté obscur de la force » et en le critiquant.

© Fête de l’Humanité 2014_Thesupermat

Aujourd’hui encore et depuis trente ans, ils continuent à se produire et composent des textes toujours aussi revendicateurs. Ils ont, par ailleurs, fait un véritable carton13 avec leur dernier album éponyme14 sorti en 2013.

Kahina Chouiter

Lexique 1. bel et bien (loc. adv.) : vraiment 2. bling-bling (adj. f.p.) : qui montrent volontairement sa position

financière élevée 3. percer (v.) : devenir célèbre, sortir de l’anonymat 4. engagés (adj. m.p.) : qui prennent position politiquement,

socialement 5. fulgurant (adj. m.s.) : très vif et très rapide 6. tube-phare (n. m.p.) : chanson la plus connue 7. dépeignent (v. dépeindre) : décrivent

8. instigateurs (n. m.p.) : créateurs, inventeurs 9. saccadées (adj. f.p.) : rythmées 10. revendiquer (v.) : réclamer 11. dénoncer (v.) : souligner, mettre en valeur 12. prêcheurs (n. m.p.) : officiers du culte qui insistent sur les

valeurs morales 13. fait un véritable carton : a beaucoup de succès 14. éponyme (adj. m.s.) : qui a le même titre que le nom du groupe

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Instalcff Partagez vos photos avec LCFF magazine ! Envoyez-nous vos photos de ce qui représente pour vous la France ! charlotte.rdvlcf@gmail.com

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© ICE-Marseille

La Buzine ou Le château de ma mère Quand Pagnol fait son cinéma Arts

En 1941, Pagnol est un auteur et réalisateur à succès. Il veut créer à Marseille une cité du cinéma, une sorte de « Hollywood provençal » qui accueillerait studios, artistes et techniciens. Il charge un assistant de trouver le lieu idéal pour son projet. Ce dernier repère alors la Buzine, un château de 1847 semblant réunir les atouts2 nécessaires. Confiant en son collaborateur, Pagnol achète ce grand domaine sans le visiter. Sur place, c’est le choc. Il reconnaît le parc, le chemin le long du canal, le château. Il se revoit petit garçon, avec sa famille, en chemin vers la maison des vacances. Il repense à la longue marche vers les collines qui épuisait3 sa mère Augustine dont la santé était si fragile. Pour épargner4 des kilomètres et de la peine5 à son épouse et ses enfants, le père de Marcel les faisait passer par cette propriété privée. Le garde et son chien effrayaient tellement la jeune femme ! Comme l’écrit plus tard Pagnol en évoquant sa chère maman disparue : « Elle ne savait pas qu’elle était chez son fils ».

En 1942, la Seconde guerre mondiale oblige Pagnol à renoncer6 à ses ambitions. Réquisitionnée7 à plusieurs reprises puis envahie par des squatteurs, le château se dégrade8 peu à peu. En 1973, Pagnol cède la Buzine à un promoteur9, qui fait construire autour un ensemble de plus de deux cents villas. Le château n’est plus qu’une ruine10. En 1991, une association s’organise pour tenter de préserver ce patrimoine11. En 1995, il est racheté puis restauré par la ville de Marseille qui décide d’en faire « la Maison des cinématographies de Méditerranée ». Le château, qui accueille le public depuis 2011, dispose aujourd’hui d’une grande salle de cinéma. Des spectacles, dîners littéraires, expositions, événements caritatifs12 et ateliers pour enfants y sont régulièrement organisés. Après des années d’abandon, la Buzine est enfin sauvée. Elle concrétise13 après lui le rêve de Pagnol dans un espace offert à sa mémoire, au septième art et à la culture méditerranéenne.

© Grozibous

Qu’elle est belle et étonnante, l’histoire de la Buzine ! Décor emblématique des souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol, le château marseillais renaît de ses cendres1 pour faire vivre la culture locale.

Lexique 1. renaît de ses cendres : commence une nouvelle vie 2. atouts (n. m.p.) : points forts 3. épuisait (v. épuiser) : fatiguait 4. épargner (v.) : éviter 5. peine (n. f.s.) : fatigue, effort 6. renoncer (v.) : accepter de ne pas faire 7. réquisitionnée (adj. f.s.) : prise de force par l’autorité 8. se dégrade (v. se dégrader) : s’abîme, s’endommage

Marie-Laurence Meckler-Leluc

9. promoteur (n. m.s.) : personne qui achète et revend des biens immobiliers 10. ruine (n. f.s.) : bâtiment très endommagé 11. patrimoine (n. m.s.) : ensemble des biens qui appartiennent à une personne 12. caritatifs (adj. m.p.) : de charité, en faveur des personnes défavorisées 13. concrétise (v. concrétiser) : rend réel

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Miam ! Chapitre 9 Julie Boudillon

9. Petit à petit, l’oiseau fait son nid.

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errière ses grandes lunettes, Claudine écarquillait1 les yeux. Aucun son n’est sorti de sa bouche, qu’elle avait pourtant grande ouverte. Elle aussi a pris une grande inspiration, mais elle n’a rien dit. Elle a rajusté2 ses lunettes, m’a tourné le dos et a filé3. La journée est passée vite, ou lentement, je ne sais plus. Tout ce que je savais, c’est que c’était la dernière journée de ma vie passée sans Claudine. Et c’est arrivé. Le soir venu, elle a frappé à ma porte.

Est-ce que j’attendais ce moment depuis le matin ? Depuis ma rencontre avec le MIAM ? Ou depuis le jour où elle avait franchi le seuil4 de ma boulangerie pour la première fois ? Je ne pouvais pas répondre à cette question. A vrai dire, j’étais tellement ému, ou perdu, ou heureux, ou stressé, qu’il y avait beaucoup de questions auxquelles je ne

pouvais pas répondre ce jour-là, comme par exemple la première qu’elle m’a posée dès que je lui ai ouvert la porte : « - Qui êtes-vous ? » J’avais vraiment envie de lui répondre : « C’est long à expliquer, de combien de temps disposez-vous exactement ? », mais j’ai décidé de commencer par le commencement : « - Je m’appelle Sami. »

fois. Mais visiblement, mes états d’âme ne les préoccupaient pas face à l’urgence de la situation : un journaliste gastronomique connu pour son conservatisme, mais néanmoins très réputé, avait critiqué la cuisine de Claudine, et à travers elle, toutes les valeurs du MIAM. Il fallait agir. Il fallait décider là, ce soir, dans mon fournil6, dans ma boulangerie, d’un plan d’action.

Visiblement, ce n’était pas l’information qu’elle recherchait. Elle s’est gratté la tête et m’a regardé en silence, en attendant la suite. Mais je n’ai pas eu le temps de lui faire une démonstration brillante car des coups ont retenti sur la porte. Et nous savions tous les deux qui se tenait derrière.

Car après tout, l’avenir de la Cuisine était en jeu.

Les membres du MIAM au grand complet sont entrés. La situation était critique5, nous ont-ils déclaré, sans se soucier du fait que Claudine et moi, nous nous rencontrions pour la première

Nous y avons passé la nuit. Nous y avons passé le jour d’après, puis la nuit suivante, puis encore le jour, et ainsi de suite pendant quinze jours. Enfin, tout était prêt. Nous étions en juin. Une belle journée, vraiment. Un temps doux, venteux et ensoleillé.

Lexique

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1. écarquillait (v. écarquiller) : ouvrait les yeux en grand

4. avait franchi le seuil : était entrée

2. a rajusté (v. rajuster) : a remis en place

5. critique (adj. f.s.) : difficile, à la limite du danger

3. a filé (v. filer) : est partie rapidement

6. fournil (n. m.s.) : lieu où le boulanger fabrique le pain


© Jung Sik Jun

Couleur de peau : miel de Jung Sik Jun Littérature francophone

Couleur de peau : miel est une bande dessinée autobiographique en trois tomes qui traite du sujet difficile de l’adoption avec beaucoup de finesse et de sensibilité. Dans le cadre d’un programme d’adoption après la guerre de Corée, en 1971, Jung est adopté à l’âge de cinq ans par une famille belge qui a déjà quatre enfants naturels. Le premier tome parle de la petite enfance de Jung, depuis son adoption jusqu’à ses quatorze ans. Rapidement après son arrivée en Belgique, il oublie sa langue maternelle et se retrouve vite intégré dans la fratrie1, mais il ne cesse jamais de se demander où est sa place. Sa passion pour le dessin est à l’origine un refuge, un moyen de fuir2 la réalité ou de l’embellir3. Le deuxième tome est centré sur l’adolescence de l’auteur, de quatorze à dix-neuf ans. Cette phase4 est aussi troublée5 que celle de tous ses autres camarades de son âge. Mais son statut d’enfant adopté aggrave6 sa quête7 d’identité et ses questionnements8. Souvent dans le déni9 de ses véritables origines, Jung se trouve plus d’affinités10 avec le Japon et se recrée un univers influencé par ce pays.

Le troisième tome est celui du retour au pays natal, celui du retour aux origines à l’âge de quarante-quatre ans ! Ce retour est un peu forcé11 par l’équipe de production du film qui adapte son histoire au cinéma en 2012 pour un résultat fidèle à la bande dessinée, en alternant des séquences documentaires actuelles, des images d’archives et des scènes animées. L’auteur met beaucoup de lui-même dans cette bande dessinée et certains propos peuvent déranger le lecteur bien-pensant12. Dans l’entourage proche de l’auteur, les motivations des familles adoptantes ne sont pas toujours très claires. Une planche13 énumère14 par ailleurs les tentatives de suicide d’un grand nombre de ses camarades adoptés. Ses sentiments vis à vis de ses propres parents adoptifs sont très ambivalents15. D’une part, la reconnaissance. Mais d’un autre côté, les difficultés relationnelles avec sa mère adoptive, qui ne lui montre pas l’affection qu’il attend. De façon générale, la bande dessinée fait réfléchir au bien-fondé16 de l’adoption, et oscille17 en permanence entre gravité et humour. Jung ne se sent ni d’ici ni d’ailleurs. Mais à la fin, il fera la paix avec ce petit garçon de cinq ans auquel il n’a jamais cessé de penser.

Lexique

Christelle Ducrot

1. fratrie (n. f.s.) : ensemble des frères et sœurs d’une famille

10. affinités (n. f.p.) : sentiments positifs, préférences

2. fuir (v.) : éviter, quitter

11. forcé (adj. m.s.) : obligé

3. embellir (v.) : rendre plus belle

12. bien-pensant (adj. m.s.) : qui suit la pensée commune

4. phase (n. f.s.) : étape

13. planche (n. f.s.) : page d’une bande dessinée

5. troublée (adj. f.s.) : difficile, compliquée

14. énumère (v. énumérer) : compte, fait la liste

6. aggrave (v. aggraver) : rend plus grave, plus sérieux

15. ambivalents (adj. m.p.) : contradictoires

7. quête (n. f.s.) : recherche

16. bien-fondé (n. m.s.) : pertinence, justification

8. questionnements (n. m.p.) : ensembles de questions, souvent existentielles

17. oscille (v. osciller) : varie, hésite

9. déni (n. m.s.) : refus inconscient

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A DAY WITH SETH TROXLER M A T H E W J O N S O N ( L I V E )

LYON

4-8MAI MAI

2016

A DAY WITH M C D E T H E BLACK MADONNA A DAY WITH L A U R E N T G A R N I E R

NUI NUI S OR NUITS SON ORES R O NORES NUITS SONO NUIT SO NUI NUITS N NUITS NUI NUITS SON ES R O N SO 14e ÉDITIO ION ION PANTHA DU PRINCE FEAT. THE TRIAD DIXON PEACHE S

JAMES HOLDEN CAMILO TIRADO P O W E L L

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14e 14e

MODER A T BAMBOUNOU

LE CRÉDIT MUTUEL DONNE LE

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L’encyclopédie du savoir relatif et absolu Bernard Werber Livre

Je vous présente ce mois-ci un livre que j’ai lu et adoré durant mon adolescence et que je prends plaisir à relire de temps à autre : L’encyclopédie du savoir relatif et absolu, du journaliste scientifique et romancier Bernard Werber. Il s’agit de la compilation1 des passages encyclopédiques qui séparent les différents chapitres de son œuvre la plus connue : La trilogie des Fourmis (voir dans LCFF N°30). Ce livre devrait plaire à chacun d’entre vous car, même s’il ne s’agit pas d’une fiction, on le lit d’une traite2 tant il est passionnant. Comme il n’y a aucune succession logique, vous pouvez aussi entamer3 ou reprendre votre lecture à n’importe quelle page. L’ouvrage est une succession de courts articles qui abordent des thématiques de sciences sociales (politique, économie, éducation), de sciences pures (comportements humains et animaux, physique), de psychologie, de spiritualité et de religion, le tout entrecoupé4 d’énigmes5 mathématiques ou de réflexion philosophiques. L’auteur met de grands faits scientifiques à la portée de6 tous, de façon simple et imagée. L’hypnose, le chamanisme7 ou l’alchimie côtoient la sociologie, la biologie ou l’archéologie.

Ce contenu très hétéroclite8 a pour objectif de faire réfléchir le lecteur et de l’amener à revoir ce qu’il tenait9 pour acquis. Et on peut dire que c’est réussi ! Rares sont les lecteurs insensibles au charme de cet ouvrage… Il y a même un site web ! C’est une lecture agréable qui permet de découvrir un fait surprenant à chaque page. Elle ouvre l’esprit vers d’autres croyances, d’autres modes de pensée et d’autres manières de voir le monde. Cette diversité dans le contenu et la brièveté10 des articles permet de découvrir des domaines auxquels on ne se serait pas intéressé de prime abord11. Certains faits sont tellement étranges qu’ils semblent inventés de toutes pièces12. La réalité dépasse parfois la fiction. Et la bêtise des hommes, tout comme son intelligence, semble parfois sans limite ! Avec ce livre, vous allez vous étonner et rire, mais aussi réfléchir et méditer sur la nature humaine et animale, le monde, sa création, et son avenir.

Christelle Ducrot

Lexique

1. compilation (n. f.s.) : assemblage

7. chamanisme (n. m.s.) : pratique spirituelle

2. d’une traite : en une seule fois

8. hétéroclite (adj. m.s.) : varié

3. entamer (v.) : commencer

9. tenait (v. tenir) : pensait, prenait

4. entrecoupé (adj. m.s.) : séparé

10. brièveté (n. f.s.) : caractère de ce qui est court

5. énigmes (n. f.p.) : choses difficiles à comprendre

11. de prime abord (loc. adv) : d’abord, premièrement

6. à la portée de : au même niveau que, pour

12. de toutes pièces : complètement

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La Provence

© Ludovic Lubeigt

nous ouvre ses portes Tourisme

Les calanques

La lavande

Près de vingt kilomètres de falaises1 calcaires plongeant dans la mer Méditerranée relient Marseille à Cassis. Ce sont les calanques, sans doute l’un des plus beaux paysages naturels de France. Véritable paradis pour les amoureux de la faune et de la flore, de la plongée ou encore de l’escalade, les calanques sont un lieu magique. Si vous allez à Marseille, prenez le temps de vous aventurer dans les Calanques mais évitez d’y aller en plein été car les risques d’incendie restreignent2 l’accès au Parc national.

A l’arrivée de l’été, cette fleur à l’odeur délicate transforme la Provence en un vaste tapis d’un bleu profond qui s’accorde parfaitement avec le ciel ensoleillé. Connue depuis l’antiquité pour ses nombreuses propriétés, la lavande était déjà utilisée par les Romains pour parfumer et conserver les vêtements. C’est au Moyen-âge qu’elle entre dans la composition de médicaments et de parfums. De nos jours, cette plante se retrouve même dans les assiettes lorsqu’elle est cuisinée par des chefs inventifs6.

Grasse et ses parfums

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C’est à quelques kilomètres de la mer Méditerranée que se trouve Grasse. Les senteurs délicates de ses plaines, telles que la lavande, le jasmin, la rose, la fleur d’oranger ou encore le mimosa, ont permis à la ville de gagner le titre de capitale mondiale du parfum. C’est en effet au XVIIe siècle que se développe la mode des gants3 parfumés, entraînant le développement d’une industrie du parfum. Des grands noms comme Fragonard ou Molinard apparaissent et excellent dans l’art de transformer des pétales4 sauvages en essences précieuses. Ils perpétuent5 aujourd’hui encore un savoir-faire transmis de génération en génération.

©Véronique PAGNIER

Deuxième ville de France par sa population, Marseille appartient à une région dont le nom seul permet de s’évader : la Provence. Entre Alpes et Méditerranée, dans le sud-est de la France, la Provence flirte avec l’Italie avec qui elle partage une frontière commune. Toutes ces belles influences se mêlent pour faire de la région un véritable royaume des sens. Ainsi, c’est à un petit voyage au cœur des ambiances et des arômes de cette région que je vous invite…


Marcel Pagnol S’il faut citer un écrivain du sud de la France, Marcel Pagnol s’impose comme une évidence. Sa littérature chante la Provence comme nul autre ne l’a fait. Né à Aubagne en 1895, à une quinzaine de kilomètres de Marseille, Pagnol commence sa carrière comme dramaturge et cinéaste. Il réalise notamment la célèbre trilogie7 marseillaise Fanny, Marius et César avant de se lancer dans une carrière d’écrivain dans les années 1950. C’est à cette époque qu’il écrit ses souvenirs d’enfance, La gloire de mon père et Le Château de ma mère, véritable déclaration d’amour à sa région natale.

La Montagne Sainte-Victoire Culminant à 1001 mètres, la Montagne Sainte-Victoire est un splendide site naturel qui fait le paradis des marcheurs et des grimpeurs. Avec ses paysages dessinés par les vignes et les vergers8 et ses constructions de pierres sèches, on comprend aisément pourquoi elle a inspiré de nombreux artistes. C’est plus particulièrement Paul Cézanne qui, à la fin du XIXe siècle, l’a immortalisée dans plus de quatre-vingts toiles. Fasciné par la façon dont le massif9 de calcaire prenait la lumière, le célèbre peintre a consacré à la Montagne SainteVictoire les vingt dernières années de sa vie.

La sieste

Prendre un peu de repos aux heures les plus chaudes de la journée est une habitude que les Provençaux aiment à perpétuer. La sieste est presque un art, celui de se reposer pour ensuite mieux poursuivre sa journée. En Provence, les lieux sympathiques pour se ressourcer ne manquent pas et que ce soit dans un hamac, à l’ombre d’un parasol ou encore sur un bateau, faire la sieste après le déjeuner est une expérience à ne pas manquer.

La tapenade

Lexique 1. falaises (n. f.p.) : montagnes qui s’arrêtent brutalement 2. restreignent (v. restreindre) : limitent 3. gants (n. m.p.) : protections des mains contre le froid 4. pétales (n. m.p.) : parties colorées d’une fleur 5. perpétuent (v. perpétuer) : font vivre 6. inventifs (adj. m.p.) : créatifs, pleins d’imagination

©JPS68

Cette recette gourmande a été inventée en 1880 à Marseille et doit son drôle de nom à l’un des éléments de sa composition, les câpres10 (tapena en occitan). Mais ce condiment qui ressemble à un bouton de fleur n’est pas l’unique ingrédient de la tapenade qui se prépare également avec des olives (noires ou vertes), de l’ail et des filets d’anchois. Il suffit de piler11 tous ces ingrédients pour obtenir une délicieuse purée qui, tartinée sur un peu de pain grillé, fera un apéritif ou une entrée originale.

Axelle Négrignat

7. trilogie (n. f.s.) : œuvre en trois parties 8. vergers (n. m.p.) : plantations d’arbres fruitiers 9. massif (n. m.s.) : montagne 10. câpres (n. f.p.) : condiments faits avec une petite plante provençale 11. piler (v.) : écraser

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© Axel Brocke

La tarasque, le monstre du Rhône Contes, légendes et traditions Il y avait en ce temps-là un lieu proche du Rhône, entre Arles et Avignon, qui s’appelait Tarusco. Là, vivait un énorme dragon, à moitié terrestre et à moitié marin. Frédéric Mistral le décrivait ainsi : « La bête a la queue d’un dragon, des yeux plus rouges que cinabre1. Sur le dos, des écailles2 et des dards3 qui font peur ! D’un grand lion, elle porte le mufle4. Elle a six pieds humains, pour mieux courir. Dans sa caverne, sous un roc qui domine le Rhône, elle emporte ce qu’elle peut ». Elle dévorait tous les êtres qui passaient par là, les animaux aussi bien que les humains. Elle arrivait même à retourner les bateaux qui s’aventuraient dans les parages5. Des hommes courageux avaient essayé de la tuer, mais beaucoup y avaient laissé la vie. La population ne savait plus quoi faire pour se protéger d’elle. Un jour, Sainte Marthe, accompagnée de Marie-Madeleine et de Lazare, est arrivée dans la région. Les habitants du lieu lui ont donc demandé si elle pouvait les aider à vaincre la bête. Marthe s’est rendue dans l’antre6 du monstre et, portée par sa foi7, l’a

arrosée d’eau bénite8. La bête est alors devenue totalement docile9. Marthe lui a passé sa ceinture au cou comme une laisse et l’a ramenée à la ville. Le peuple s’est jeté sur elle et l’a immédiatement mise en pièces10. C’est à cet endroit que la ville de Tarascon a été construite. Cette légende a donné naissance aux festivités de la Tarasque : depuis 1469, la fête de la Tarasque est célébrée le dernier week-end de juin. Depuis 2005, l’Unesco l’a inscrite au patrimoine oral et immatériel de l’humanité. Une effigie11 de la Tarasque est emmenée à travers les rues de la ville pour une procession12. Elle est conduite par seize hommes, dont huit se trouvent à l’intérieur du corps de la bête pour symboliser ceux qu’elle a dévorés ; les huit autres représentent les fondateurs de la ville de Tarascon. Comme souvent pour les légendes locales, la symbolique du personnage est importante : la Tarasque incarne le paganisme13 asservi14 par la foi et la religion.

Lexique

Fanny Touret

1. cinabre (n. m.s.) : pierre rouge qui donne un pigment rouge vermillon

8. bénite (adj. f.s.) : consacrée par le prêtre

2. écailles (n. f.p.) : petites pièces dures qui recouvrent le corps

9. docile (adj. f.s.) : obéissante

des reptiles et des poissons 3. dards (n. m.p.) : organes en forme de pointes qui portent du poison 4. mufle (n. m.s.) : nez de certains animaux, notamment les ruminants (ex : vache) 5. parages (n. m.p.) : environs 6. antre (n. m.s.) : caverne 7. foi (n. f.s.) : croyance religieuse

10. a mise en pièces (v. mettre en pièces) : a massacrée 11. effigie (n. f.s.) : représentation 12. procession (n. f.s.) : marche religieuse 13. paganisme (n. m.s.) : foi dans les anciennes croyances (par opposition à la religion chrétienne) 14. asservi (adj. m.s.) : rendu esclave

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Marseille,

© Babsy

carrefour multiculturel Histoire

Loin des stéréotypes qui décrivent cette ville comme violente et dangereuse, Marseille est une terre d’accueil, une ville vibrante1 et cosmopolite emplie de richesses culturelles dont le principal trésor est… ses habitants !

© Claude Joseph Vernet

La population de Marseille s’est construite sur des vagues migratoires2 successives3 provenant de tous les coins du monde. Elle a été fondée4 par les Grecs autour de 600 av. J.-C. sous le nom de Massalia. D’après la légende, Marseille s’est faite grâce au mariage entre Gyptis, fille du chef des autochtones5, et Protis, un marin originaire de Phocée, en Turquie. Cette alliance symbolisait le rapprochement des deux peuples et la création d’une ville où l’étranger se fond6 parmi les indigènes.

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Marseille est depuis ses origines l’un des ports les plus importants pour les réseaux commerciaux du bassin méditerranéen, ce qui a attiré de nombreux négociants européens au XVIe siècle. Parmi lesquels des Suisses, qui ont eu un rôle important dans la formation de la communauté protestante, et des Italiens, qui ont été les principaux marchands en dominant le grand commerce marseillais. À partir du milieu du XIXe siècle, les activités portuaires et la construction de la voie ferrée7 se sont développées et ont exigé une main d’œuvre importante que le pays ne pouvait pas fournir à cause de sa faible croissance démographique. C’est pourquoi dès 1850 et jusqu’à l’entre-deux-guerres, l’immigration italienne a crû8 de manière extraordinaire. Toutefois, cette population était mal accueillie, parfois même avec violence. À cette époque, la France a ainsi assisté à une augmentation de la xénophobie9. Au début du XXe siècle, on observe une nouvelle vague corse, la première ayant eu lieu pendant la Guerre de Corse au XVIe siècle, fuyant, cette fois, la crise


Marseille a également été un abri pour les réfugiés. En effet, dans les années 1920, il y a eu une grande vague d’immigration arménienne qui fuyait10 le génocide dans l’actuelle Turquie. La ville n’avait jamais accueilli en si peu de temps autant de réfugiés ! De la même manière, à la suite des accords d’Évian en mars 1962, la plupart des Juifs d’Algérie se sont dirigés vers la métropole. Certains ont transité11 par Marseille avant de partir pour Israël, mais une grande partie s’y est définitivement établie. Il faut aussi noter que Marseille avait été la plus grande ville de la « zone libre » pendant l’invasion allemande en 1940. Marseille est aussi « la porte de l’Orient » de la France. À partir de 1950, l’immigration maghrébine et pied-noir (des Français d’Algérie) explose. C’est l’encouragement du gouvernement français pour faire venir des travailleurs algériens et les répercussions12 de la décolonisation qui ont favorisé leur arrivée. Ils se sont installés dans des cités au nord de la ville destinées au départ à n’être que provisoires13. Néanmoins, une grande partie de ces immigrants y habite toujours, dans des immeubles souvent délaissés14 par les pouvoirs publics. L’engagement des troupes coloniales aux côtés de la France pendant les deux guerres mondiales a consolidé15 la mise en place des couloirs16 migra-

© McLeod

économique qui frappait l’île. De nombreux Corses se sont alors installés dans les quartiers traditionnels d’immigration autour du Vieux-Port.

toires entre Marseille et l’Afrique noire au début du XXe siècle. Puis, les indépendances des pays africains, dans les années 1950, et la signature d’accords sur la circulation de main-d’œuvre entre la France et ses anciennes colonies accélèrent le phénomène. À titre d17’exemple, l’indépendance des Comores en 1975 est suivie d’une période politique et socioéconomique difficile qui a provoqué une forte vague migratoire, faisant de Marseille la plus grande ville comorienne devant même la capitale de Comores, Moroni ! L’appartenance à la confession18 musulmane de cette nouvelle communauté a favorisé les relations avec la communauté maghrébine, notamment au quartier Belsunce. La sortie des mosquées est en effet un lieu d’échange, de partage et de négociations commerciales. Comme on peut le constater, Marseille est l’exemple vivant d’une terre d’accueil, d’exil et de métissage, malgré les spécificités socioculturelles propres à chaque communauté. Laura Tejeda Meza

Lexique 1. vibrante (adj. f.s.) : énergique, dynamique 2. migratoires (adj. f.p.) : relatives au déplacement des populations 3. successives (adj. f.p.) : à la suite l’une de l’autre 4. a été fondée (v. fonder. Passif ) : a été créée 5. autochtones (n. m.p.) : personnes qui vivent à l’endroit

où elles sont nées 6. se fond (v. se fondre) : se mélange 7. voie ferrée : train 8. a crû (v. croître) : a augmenté 9. xénophobie (n. f.s.) : racisme, peur de l’étranger

10. fuyait (v. fuir) : partait pour éviter 11. ont transité (v. transiter) : sont passés par 12. répercussions (n. f.p.) : conséquences 13. provisoires (adj. f.p.) : prévues pour un temps limité 14. délaissés (adj. m.s.) : laissés de côté, abandonnés 15. a consolidé (v. consolider) : a renforcé 16. couloirs (n. m.p.) : passages, zones protégées 17. à titre de (loc. prép.) : comme 18. confession (n. f.s.) : religion

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© Ilse Reijs and Jan-Noud Hutten

La plongée sous-marine : une activité responsable Tourisme responsable

La plongée sous-marine est un sport emblématique1 des vacances. Mais c’est aussi une activité qui peut endommager l’environnement : les plongeurs sont souvent pointés du doigt. Pourtant la plongée favorise le développement d’un tourisme responsable. Les impacts positifs de la plongée La plongée permet la protection de sites où la pratique de la pêche intensive, notamment la pêche à la dynamite, a fait des ravages. Elle limite l’activité des pêcheurs et crée à la place des emplois mieux rémunérés2, autour de la plongée et du tourisme. Aux Philippines par exemple, les guides de plongée sont mieux payés que les médecins ! La plongée permet une prise de conscience et une réappropriation des richesses naturelles, qui déclenche3 des actions de conservation à long terme. Ainsi, en Malaisie, le projet Ocean Quest a formé des villageois à replanter du corail4 pour sauver les récifs5 et les rendre ainsi plus attractifs. Bien sûr, pour que l’intérêt de la plongée continue, il faut protéger la biodiversité marine. Ce sport incite6 donc à la mise en place d’actions de conservation. De plus, elle sensibilise ceux qui la pratiquent. La pratique d’une plongée responsable Pour pratiquer une plongée responsable, il faut appliquer de simples règles de bon sens en plus des

règles apprises lors de votre formation. Par exemple, évitez tout contact direct avec la faune et la flore sous-marine : ne touchez pas les fonds, les coraux, les coquillages, même s’ils sont magnifiques ! De même pour les poissons et autres organismes vivants que vous pouvez admirer. Et savez-vous qu’il existe des spécialisations liées à la protection de la vie sous-marine, lorsque vous passez les différents diplômes de plongée ? Enfin, vous pouvez choisir un centre de plongée qui montre son attachement à la protection de l’environnement. C’est ce que certifie, par exemple, la norme « Tourisme Responsable AFAQ AFNOR ». Pour aller plus loin : Retrouvez l’article complet sur www.blog.voyagir.fr

Lexique 22

1. emblématique (adj. m.s.) : caractéristique, symbolique 2. rémunérés (adj. m.p.) : payés 3. déclenche (v. déclencher) : engendre, génère

Marine de Beaufort Fondatrice de Voy’agir

4. corail (n. m.s.) : organismes marins se regroupant en récifs 5. récifs (n. m.p.) : rochers sous-marins 6. incite (v. inciter) : pousse, amène

© Ilse Reijs and Jan-Noud Hutten

Expert du tourisme responsable, VOY’AGIR est heureux de proposer cette rubrique. Chaque mois, nous mettons en avant une action ou une initiative remarquable pour voyager dans le respect de l’Autre et de la planète.


Conception : Direction de la communication - Ville de Vannes - Photo : © Géraldine Danon - Imprimerie municipale

1 er avril 1 er mai 2 016 Vannes - Entrée gratuite www.photodemer.fr Renseignements : 02 97 01 62 30

Pour voir la ville sous un autre angle, flashez ce Qr code →


©Thomas Steiner

Plus belle la vie ! Société

©Groupe France Télévisions France 3

Thibaud VANECK (Nathan), Celine VITCOQ (Wendy

Plus belle la vie est une série télévisée hors norme1 à la télévision française : elle présentera son trois-millième épisode dans quelques semaines ! Elle est diffusée depuis 2004, du lundi au vendredi, toute l’année, à 20h25 sur la chaîne France 3. Tout au long de ces douze années d’existence, les téléspectateurs ont fidèlement suivi les personnages qui ont grandi, mûri, vieilli. Certains sont présents depuis le début, d’autres ont disparu, d’autres encore sont arrivés plus récemment. Mais quoi qu’il en soit, les intrigues2 se poursuivent quotidiennement. Il y a Blanche, une professeure de français, et Coralie, sa colocataire et collègue professeure de maths ; il y a Benoît, ancien champion de judo, reconverti en assistant social ; il y a Patrick, officier de police, et son épouse Babeth, infirmière ; il y a Luna, qui tient le petit hôtel Le Céleste, et son compagnon,

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Sacha, qui travaille comme journaliste pour un site web d’information ; il y a la mère de Luna, Mirta, ancienne propriétaire de l’hôtel, et son mari qui tient le bar Le Mistral ; Thomas, le fils de ce dernier, serveur, et son mari, médecin à l’hôpital de Marseilleest ; Samia et Jean-Paul, un couple de policiers ; Céline, l’avocate ; Abdel, le tout jeune avocat ; Barbara, son ancienne petite amie, et Francesco, son compagnon italien, tous deux jeunes chefs prometteurs,… et j’en oublie beaucoup d’autres. L’histoire se déroule au Mistral, un quartier imaginaire de la ville de Marseille. Les scènes sont tournées en studio mais les décors ressemblent beaucoup à l’un des plus anciens quartiers de la ville qui s’appelle Le Panier. Plusieurs intrigues se superposent : des difficultés de couple, des problèmes de santé, les histoires d’amitié ou d’amour des adolescents, mais aussi des intrigues policières. Quand un nœud se dénoue, certains personnages s’absentent pour quelque temps (en vacances, en voyage, à l’hôpital, …) puis ils reviennent à l’occasion d’un nouvel épisode et d’une nouvelle intrigue. Il faut savoir que cette série a vu le jour suite à une commande du service public. Il s’agissait de montrer une autre réalité de notre société, en réaction à la téléréalité. La réalité de ce qu’on a appelé « la France d’en bas », celle d’un petit


quartier populaire de Marseille, avec des gens «normaux», pas des milliardaires, pas des célébrités, juste des gens comme vous et moi. Par conséquent, l’un des intérêts de cette série, quand on s’intéresse à la culture française, c’est qu’elle représente la «vraie» vie quotidienne de nombreux Français. Les intrigues abordent des sujets de société qui trouvent une illustration au quotidien : un mariage homosexuel a été célébré très rapidement après que la loi française a été votée ; la question de l’euthanasie3 a été récemment au centre d’une intrigue, ainsi que la corruption4 dans les milieux politiques ou le BTP5. De plus, l’histoire avance jour après jour et le lien avec le temps de la réalité est permanent : par exemple, le 1er mai pour vous, téléspectateur, c’est aussi le 1er mai pour les personnages. Ils vivent les mêmes événements que vous : les élections, les fêtes, les vacances, etc. Par exemple, lors des dernières élections présidentielles, deux épisodes avaient été

tournés à l’avance, l’un avec la victoire de François Hollande, l’autre avec celle de Nicolas Sarkozy. Pour le cas où… Autre exemple : après les attentats de Paris, en novembre dernier, certains personnages se sont indignés de la même façon que des millions de Français l’ont fait dans la réalité. Plus belle la vie est la série qui a eu - et a toujours - le plus de succès dans tout le paysage audiovisuel français. On a pu compter jusqu’à 6,8 millions de téléspectateurs et 27,8% de parts de marché. Aujourd’hui, l’audience tourne plutôt autour des 5 millions pour 20% de parts de marché. Mais elle reste la plus regardée en streaming en France (devant Game of thrones). Les épisodes sont tournés de trois à cinq semaines avant leur diffusion. Cinq épisodes sont réalisés en une semaine. Chaque épisode coûte 85 000 €. Mais la série rapporte 43 millions d’euros par an à France 3 à travers des recettes publicitaires mais aussi des objets dérivés6 comme des T-shirts, des casquettes, des tasses ou encore des jeux vidéo.

©Groupe France Télévisions France 3

Dounia COESENS (Johanna), Sara MORTENSEN Diffusion le 2014/03/14

Lexique 1. hors norme : qui ne ressemble pas aux autres 2. intrigues (n. f.p.) : histoires, ensemble d’événements 3. euthanasie (n. f.s.) : acte médical pour aider quelqu’un qui souffre

à mourir

Florence Teste

4. corruption (n. f.s.) : action de toucher de l’argent en échange d’une

faveur, d’une protection 5. BTP (n. m.s.) : Bâtiments et Travaux Publics 5. dérivés (adj. m.p.) : associés, qui viennent de

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© stephane martin

Alibert,

le méridional des méridionaux Chanson

Tout le monde en France connaît certaines des ses chansons comme Le plus beau de tous les tangos du monde ou Un petit cabanon. Mais un bon nombre de ses titres les plus connus sont directement liés à Marseille et ses environs : Adieu Venise provençale, dédiée à la ville de Martigues, A Marseille un soir, A Toulon, Nice la belle, etc.

Alibert est né à Carpentras, à une centaine de kilomètres de Marseille, en 1889 ; il est «monté» à Paris vers l’âge de vingt ans pour faire carrière dans la chanson. Il est ce qu’on appelle un fantaisiste, c’est-àdire qu’il chante, danse, fait des imitations et raconte des histoires drôles. En 1928, Vincent Scotto, un compositeur déjà célèbre, qui est aussi son beaupère, lui donne une chanson qui s’appelle Mon Paris. Alibert obtient rapidement le succès et il devient alors l’un des Marseillais les plus en vue2 de Paris. A partir de ce moment-là, il participe à de nombreux films et opérettes3 : Elle est à nous, Arènes joyeuses, Un de la Canebière, Gangsters au château d’If, … Alibert est aussi très reconnaissable à cause de (grâce à ‼!) son accent du Midi. Même quand il chante, on entend ses intonations du sud. C’est pourquoi il est surnommé le «Méridional des Méridionaux».

La chanson d’Alibert qui est peut-être la plus connue, c’est Canebière. La Canebière, c’est l’une des artères principales de Marseille, qui est perpendiculaire au VieuxPort (et à la mer, donc) ; elle fait environ un kilomètre de long. Chose étonnante, le mot «rue» a été supprimé : ce n’est pas la rue Canebière mais la Canebière, tout simplement.

© Marcel Labbé

Les années trente, oui, c’est bien loin ! Et le style… n’est pas très moderne, n’est-ce pas ? Pourtant, vous devriez prendre la peine1 d’écouter Canebière, chantée par Alibert. Cette chanson est très représentative de cette époque et de la place qu’y avaient les chansonniers marseillais.

On connaît dans chaque hémisphère Notre Cane…Cane…Cane…Canebière Et partout elle est populaire Notre Cane…Cane…Cane…Canebière Elle part du Vieux-Port et sans effort Coquin de sort, elle exagère Elle finit au bout de la terre Notre Cane…Cane…Cane…Canebière Florence Teste

Lexique 1. prendre la peine : faire l’effort

3. opérettes (n. f.p.) : films ou pièces de théâtre

2. en vue : célèbres, à la mode

dont certains passages sont chantés

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Rire en France

© nosha

Vivre en France

La rubrique « Vivre en France » vous propose chaque mois un article sur la vie quotidienne à la française. Découvrez le portrait de la société d’aujourd’hui grâce à des faits, des chiffres et des anecdotes réunis par INSITU.

« Poisson d’avril ! » Connaissez-vous cette tradition ? En France, il est d’usage de faire des blagues à ses proches le 1er avril, en leur accrochant par exemple un poisson dans le dos. Les médias font honneur à la coutume en diffusant des informations invrai-

semblables, qu’on appelle « canulars ». Par exemple, il y a quelques années, l’animateur et les invités d’une émission culinaire de la radio nationale ont très sérieusement parlé pendant une heure du poulet à quatre pattes ! Il aurait été génétiquement modifié pour correspondre aux habitudes de consommation des Français, qui aiment surtout les pattes dans le poulet… Et les autres jours de l’année, qui fait rire en France ?

Les intemporels

© Richard foster

Dans des styles très différents, leurs sketchs ont marqué les esprits. On les cite parfois sans même le savoir ! Ainsi, « C’est étudié pour » est une réplique1 qui fait partie depuis cinquante ans des expressions utilisées chaque jour en France. Elle est de Fernand Raynaud, qui remplissait toutes les salles de France dans les années 50 et 60. Le « Français moyen » qu’il incarne2 dans ses sketchs est plus loufoque3 que drôle et fait encore rire aujourd’hui. L’empreinte4 de Raymond Devos est toute autre : magicien des mots, jongleur5 du sens, ses textes sont truffés6 de jeux de mots et de paradoxes7. Relisez ou réécoutez « A Caen les vacances » et ses homophones ! En hommage à sa plume8, le ministère de la Culture et de la Communication français a créé en 2003 le prix Raymond-Devos, destiné à récompenser un travail d’excellence autour de la langue française. Autre expert de l’écriture, Pierre Desproges a marqué les esprits par son humour noir, son anticonformisme9 et son sens de l’absurde… qui ne faisaient pas rire tout le monde ! Comme l’a dit Desproges luimême : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ». Lui aussi a marqué la France : Coluche. « C’est l’histoire d’un mec », agitateur selon les uns, provocateur selon les autres, dont la liberté d’expression reste aujourd’hui encore mythique. Quelques années plus tard, la France découvre les Inconnus et leur talent de parodistes extrêmes. Emissions, personnalités, faits de société… leurs chansons, spectacles et sketchs télévisés n’épargnent rien ni personne ! 28


La génération « stand up »

© Georges Biard

Inspiré par certains comiques américains, le « stand up » est un monologue comique où un humoriste seul sur scène, sans décor ni accessoire, raconte à l’auditoire des histoires qui semblent personnelles. En France, ce genre a été lancé à la fin des années 90 par Jamel Debbouze. Sa grande popularité l’a conduit vers la télévision et le cinéma. Il a joué dans des films comiques mais aussi dramatiques. Son succès a inspiré de nombreux autres jeunes issus des banlieues françaises, que l’humoriste a soutenus grâce à son théâtre, le Comedy Club, et l’émission télévisée qui y est tournée. Autre figure du stand up et ami de Jamel Debbouze, Gad Elmaleh a créé plusieurs personnages dans ses spectacles, tel que le Blond dans « L’Autre c’est moi », parfois repris au cinéma.

Parmi la nouvelle génération des humoristEs, citons Nora Hamzawi et Camille Chamoux, dont les sketchs retracent le quotidien (et parfois la « loose » !) des filles de la génération Y (née dans les années 80 et 90). Citons aussi Audrey Lamy et Virginie Hocq.

Les Youtubeurs Et si Internet était une scène ? Tout a commencé dans une chambre avec une webcam pour ces jeunes stars de l’humour en ligne, dont les plus connus, Cyprien et Norman, cumulent aujourd’hui trois millions d’abonnés (chacun !) sur leur chaîne vidéo et des vidéos vues plusieurs centaines de millions de fois. Les filles ne sont pas en reste10 : Nawell Madani se fait remarquer en postant des vidéos sur son compte Instagram. Ces « Instawell » lancent la carrière de la jeune humoriste belge. Et pour rire un peu plus encore, vous trouverez sur internet des sketchs d’Alex Lutz, plus vrai que nature en ado rebelle, directeur de casting ou vendeuse (!), de Vincent Roca, presque plus poète qu’humoriste, ou encore de Gaspard Proust, parfois comparé à Pierre Desproges. N’hésitez pas à partager vos coups de cœur sur nos pages Facebook (et ailleurs !), car comme le disait

« Le rire est le chemin le plus court entre deux personnes ». Charlie Chaplin :

Les humoristEs L’humour, un monde d’hommes ? Ce n’est sûrement pas l’avis des milliers de spectateurs qui se précipitent aux spectacles de Florence Foresti. Elle se dit féministe et met les femmes au cœur de ses sketchs, des ados aux bourgeoises en passant par les femmes d’affaires et les mères. Le spectacle qui l’a rendue célèbre parle d’ailleurs de la maternité : chacun et chacune s’y retrouve !

Elodie Ressouches propose des cours et des séjours «in situ» à Montpellier : cours nomades, enseignement personnalisé et projets décalés pour apprendre en immersion !

Lexique 1. réplique (n. f.s.) : phrase faisant partie d’un dialogue 2. incarne (v. incarner) : représente 3. loufoque (adj. m.s.) : fantaisite, drôle, bizarre 4. empreinte (n. f.s.) : trace, suite, reste 5. truffés (adj. m.p.) : pleins

6. paradoxes (n. m.p.) : pensées ne suivant pas l’opinion habituelle 7. plume (n. f.s.) : style 8. anticonformisme (n. m.s.) : caractère de ce qui ne suit pas la pensée

commune 9. cumulent (v. cumuler) : comptent 10. ne sont pas en reste : ont aussi beaucoup d’importance

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© Hombrey

Allez l’OM ! Sport

Vous connaissez certainement quelques abréviations utilisées par les Français comme TGV, RTT ou JO…, mais avez-vous déjà entendu parler de l’OM, l’une des équipes de football les plus populaires en France et en Europe ? Il s’agit de l’Olympique de Marseille, bien sûr ! Rappelons tout d’abord que l’Olympique de Marseille n’est pas seulement une équipe de football, mais un club sportif dans lequel on peut pratiquer diverses activités comme le tennis, l’escrime1 ou la boxe. Mais soyons sincères, lorsqu’on évoque l’OM en France, tout le monde a en tête la mythique équipe de football aux couleurs bleu et blanc et ses infatigables supporters.

© larckange13

Créé en 1899, le club marseillais vit les débuts du football en France, traverse les deux guerres mondiales, savoure la gloire et surmonte2 les déceptions. Malgré les problèmes financiers et les affaires judiciaires de ses dirigeants qui font la une3 des journaux pendant plusieurs années, les Marseillais soutiennent leur équipe dans toutes les épreuves.

Les supporters de l’OM tiennent une place prépondérante4 dans la vie du club. Différentes associations organisent les déplacements, préparent des banderoles5 ou animent les tribunes des spectateurs. À chaque rencontre, à l’extérieur ou dans le stade de Marseille appelé le Vélodrome, les tribunes se parent6 de bleu et blanc et les chants des supporters marseillais égayent7 la ville avant, pendant et après le match. La devise8 de l’équipe est « Droit au but » et beaucoup de joueurs comme Scotti, Boli, Papin, Cantona, Deschamps, Zidane ou Diarra… sont devenus célèbres dans le monde entier en défendant la réputation d’un jeu direct, offensif et dynamique. Depuis 1920, l’OM a disputé une finale à chaque décennie (vingt-six matchs) et en a gagné quinze. Ses adversaires les plus redoutés9 sont le Bayern de Munich, le Milan AC, l’OL (Olympique de Lyon) et bien sûr le PSG (Paris-Saint-Germain), l’autre équipe française emblématique10 et populaire. Entre Paris et Marseille, l’animosité11 entre les deux équipes en compétition est le reflet de la concurrence qui existe depuis toujours entre deux des plus grandes villes de France, Paris la capitale et Marseille la méditerranéenne. Chaque « classico » (nom donné aux matchs OM-PSG) est l’occasion pour les supporters de montrer l’attachement qu’ils portent à leur équipe et à leur ville.

Lexique 1. escrime (n. f.s.) : sport qui se pratique avec une épée

6. se parent (v. se parer) : sont décorées

2. surmonte`(v. surmonter) : dépasse

7. égayent (v. égayer) : rendent gaie

Anita Viel

3. font la une : occupent la première page des journaux

8. devise (n. f.s.) : phrase symbolique

4. prépondérante (adj. f.s.) : essentielle, très importante

9. redoutés (adj. m.p.) : craints, qui font peur

5. banderoles (n. f.p.) : très grands panneaux en tissu sur lesquels on

10. emblématique (adj. f.s.) : remarquable, spéciale

écrit des messages d’encouragement

11. animosité (n. f.s.) : agressivité

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Frédéric Mistral Auteur

L’ auteur

Frédéric Mistral est né en 1830 à Maillane dans les Bouches-du-Rhône et il y est mort en 1914. Il fait des études de droit à Aix-enProvence mais il est très vite passionné par l’histoire et la culture provençale. Il entreprend de redonner sa place à la langue provençale. En 1862, il crée avec quelques autres poètes Le félibrige, une association qui travaille à la sauvegarde et à la promotion de la langue et de la culture des pays de langue d’oc. En 1899, il crée le Muséon Arlaten, à Arles, consacré à l’ethnographie1 de la Provence. En 1904, Frédéric Mistral reçoit le Prix Nobel de littérature. Pour la première fois, ce prix récompense une oeuvre poétique et lexicographique2 (Le trésor du Félibrige ou le dictionnaire provençal-français) dans une langue minoritaire3, le provençal. Mistral est alors un poète reconnu dans le monde entier.

L’œuvre

Mirèio Mirèio est un poème écrit en provençal. Mistral en a fait lui-même une traduction en français. Il l’a dédié4 à Alphonse de Lamartine. L’extrait proposé ici est en français mais si vous voulez comparer les deux langues, vous pouvez

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également lire ci-contre quelques vers en provençal. A noter : Charles Gounod a fait de Mirèio un magnifique opéra.

L’histoire

Mireille est la fille d’un riche propriétaire terrien. Elle tombe amoureuse de Vincent, un jeune vannier5, qui partage ses sentiments. Il la demande en mariage à trois reprises6 mais le père de Mireille refuse. Mireille s’enfuit aux Saintes-Maries-de-la-Mer, pour prier les Saintes et leur demander de faire changer d’avis ses parents. Mais elle a oublié son chapeau et elle attrape une insolation7. Mireille meurt dans les bras de Vincent sous le regard de ses parents.

Bibliographie choisie Mirèio, 1859 Coupo Santo, 1867 Le trésor du Félibrige ou le dictionnaire provençal-français, 1879 Lis oulivado, 1912


L’extrait

Cet extrait se passe au tout début de la relation entre Vincent et Mireille. Ils sont en train de cueillir des feuilles de mûriers lorsqu’ils découvrent leur amour. Ils firent, pourtant, bientôt halte8. Quand on est jeune, la belle chose ! Comme, dans le même sac, ils mettaient la feuille ensemble, une fois les jolis doigts effilés9 de la fillette, dans le cerceau, se rencontrèrent emmêlés avec les doigts brûlants, les doigts de Vincent. Elle et lui tressaillirent10; leurs joues se colorèrent de la fleur d’amour, et tous deux à la fois d’un feu inconnu sentirent l’échappée ardente11. Mais comme celle-ci, avec effroi12, sortait sa main de la feuillée, lui, par le trouble encore tout ému : Qu’avez-vous? une guêpe cachée vous aurait elle piquée ? dit-il. Je ne sais ! en baissant le front répondit-elle à voix basse. Et, sans plus, chacun se met à cueillir de nouveau quelque brindille13. Avec des yeux malins, en dessous, ils s’épiaient14 pourtant à qui rirait le premier. Leur poitrine battait !… La feuille tomba puis de nouveau comme pluie ; et puis, venu (l’instant) où ils la mettaient au sac, la main blanche et la main brune, soit à dessein15 ou par bonheur, toujours venaient l’une vers l’autre, mêmement16 qu’au travail ils prenaient grande joie.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7490v/f87.image (troisième paragraphe ci-dessus) « – Qu’avètz ? Una guèspa esconduda Vos a benlèu, ditz, ponheguda ? – Non sai! clinant lo frònt, ela respondèt plan. E sènsa mai, chascun se bota A tornar cuélher quauca brota. Emé d’uelhs coquins, tèsta sota, S’espinchavan pasmens quau ririá de davant. »

À LIRE

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7490v/f1.image

À ÉCOUTER

http://www.audiocite.net/livres-audio-gratuitspoesies/frederic-mistral-mireille-chants-9-10-11-12. html

Lexique 1.ethnographie (n. f.s.) : étude des habitudes de vie d’un groupe de

population défini 2. lexicographique (adj. f.s.) : qui recense, définit et explique les mots 3. minoritaire (adj. f.s.) : parlée par un très petit nombre 4. a dédié (v. dédier) : a consacré, a offert 5. vannier (n. m.s.) : personne qui fabrique des objets avec des fibres

végétales 6. reprises (n. f.p.) : fois 7. insolation (n. f.s.) : malaise provoqué par un excès de soleil

8. firent halte : s’arrêtèrent 9. effilés (adj. m.p.) : fins, délicats 10. tressaillirent (v. tressaillir) : sursautèrent 11. ardente (adj. f.s.) : forte, brûlante 12. avec effroi : effrayée, intimidée 13. brindille (n. f.s.) : petit brin d’herbe 14. s’épiaient (v. s’épier) : se surveillaient 15. à dessein : volontairement, exprès 16. mêmement (adv.) : pareillement, de la même manière

35


©Domaine public

Quiz

Grammaire Florence Teste

Cochez les phrases correctes. Attention : plusieurs réponses sont parfois possibles.

1 2 3

Je voudrais un kilo des tomates. Donnez-moi trois tranches de jambon. J’ai envie de manger beaucoup des gâteaux. J’ai besoin d’une tasse du café.

Italie Panama Mexique Thaïlande

masculin masculin masculin masculin

J’ai vu un film qui se passait en Australie. Il a adopté un chien que il a appelé Médor. Je déteste les gens que sont trop gentils. C’est toi que je cherche.

féminin féminin féminin féminin

4

Il a fini depuis dix minutes. Elle viendra pendant deux heures. Nous avons résisté pour un jour. J’ai étudié le français dans deux ans.

5

Quand nous étions petits, nous oublions souvent de faire nos devoirs. Quand nous étions petits, nous oubliions souvent de faire nos devoirs. Quand nous étions petits, nous oublyons souvent de faire nos devoirs. Quand nous étions petits, nous oublïons souvent de faire nos devoirs.

6

je courirai je courrai je courai je courirrai

36

7

Elles se sont parlées Elles se sont dites bonjour Elles se sont saluées Elles se sont laissé tenter


8

9

La plupart des spectateurs est partie avant la fin. La plupart des spectateurs sont partis avant la fin. La majorité des présents avait plus de 25 ans. La majorité des présents avaient plus de 25 ans.

11

10

fatiguant fatigant communiquant communicant

12

deux-cents deux-cent deux-cents-trois deux-cent-trois

elle est tout émue elle est toute émue elle est toute contente elle est tout contente

13

Je vais au coiffeur. Je vais chez le coiffeur. Où j’étais ? J’étais chez la boucherie. Où j’étais ? J’étais à la boucherie.

on a aperçu on aperçoit on aperçevra on aperçevrait

14

Nous sommes arrivés à l’heure quoique nous ayons dû faire un détour. Quoiqu’il fasse, il restera mon frère. Quoique tes arguments soient intéressants, tu ne m’as pas convaincu. Quoique tu me reproches, tu dois me le dire.

15

Je voudrais une demie-baguette Je voudrais une demi-baguette Je voudrais une baguette et demi Je voudrais une baguette et demie

16

icône hémisphère météore anagramme

masculin masculin masculin masculin

féminin féminin féminin féminin

Réponses page 49 37


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Michaela, l’Autrichienne marseillaise Correspondants Passionnée par les langues et les cultures étrangères, j’ai vite trouvé mon chemin. En 2012, je me suis inscrite à l’université des langues à Graz (Autriche) pour étudier le français et le russe. J’avoue que c’était vraiment le destin qui m’a amenée à Marseille, une ville si magnifique et merveilleuse dans le sud de la France. Mais tout dans l’ordre… Pendant mes études, un stage d’un mois à l’étranger était obligatoire. Comme j’étais plus forte en français qu’en russe, j’ai décidé de passer l’été 2013 comme jeune fille au pair1 en France. Aussitôt dit, aussitôt fait : j’ai envoyé mon CV et ma lettre de motivation sur un site internet afin de trouver une famille d’accueil. Déjà, après un jour, j’ai eu la première réponse affirmative et en fait, c’était la famille qui m’a finalement accueillie en 2013. Fin juin 2013, je suis arrivée la première fois à Marseille. Dès mon arrivée, j’ai profité pleinement de la vie marseillaise au cœur de la Provence. Ma famille d’accueil était très chaleureuse et accueillante.

J’étais considérée comme un membre de la famille et chaque week-end, nous sommes partis pour passer une journée à la plage ou pour manger un piquenique ensemble. J’ai vite remarqué que, dans le sud de la France, la famille et les amis ont une valeur très importante. C’est la raison pour laquelle les Marseillais passent presque chaque week-end en été en buvant et en mangeant l’apéro. Et il n’est pas rare que l’on commence à manger vers 20 h ou 21 h (ou même plus tard) le soir. En tant qu’autrichienne, je ne connaissais pas ce mode de vie, en particulier la pause de travail entre midi et deux heures ou le dîner à partir de 20 h. Même si la vie marseillaise était totalement nouvelle pour moi, je me suis vite adaptée et j’ai remarqué une particularité très importante : dans le sud de la France, on profite de la vie, de la famille et de ses proches ! Surtout à Marseille, une ville qui est située au bord de la mer, on sent une certaine légèreté quotidienne. Une promenade sur le Vieux Port ou une visite de Notre Dame de la Garde mettent en valeur mes impressions du chef-lieu2 de la région PACA. J’ai été tellement fascinée par Marseille (et bien sûr par ma famille d’accueil) que je suis retournée fin août 2015. Mais cette fois-ci, je suis restée six mois et comme ça, j’ai même passé un hiver marseillais. Certainement plus doux qu’un hiver autrichien, mais la légèreté de la vie marseillaise reste toute l’année.

Lexique 40

1. jeune fille au pair : personne qui vit dans une famille à l’étranger et échange du travail (garde d’enfants en général) contre le logement et la nourriture.

Michaela (23 ans, Autriche) Etudiante à l’Alliance Française de Marseille-Provence

2. chef-lieu (n. m. s) : capitale d’un département ou d’une petite zone geographique.


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© Kaboompics

Le rosé, vin de qualité Vins L’Histoire Il faut savoir que le vin rosé est le plus ancien des vins connus et que la Provence est le plus ancien des vignobles français. En effet, ce sont les Phéniciens qui ont fondé1 Marseille il y a 2600 ans qui ont apporté avec eux la vigne et l’ont plantée en Provence. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que les vins rouges et blancs supplantent2 le rosé.

Quelques chiffres étonnants !

© nadia & massimo

Jusqu’aux années 1990, le vin rosé était considéré comme un vin de moindre3 qualité ; il était donc moins prisé4 par les connaisseurs. Mais en vingtcinq ans, la consommation a presque triplé ; elle représente aujourd’hui 30 % de la consommation totale de vin. Pourquoi ? Et bien, les consommateurs se sont rendu compte que les vins rosés pouvaient avoir autant de caractère qu’un bon vin rouge.

En 2014, la région de la Provence, dont la plus importante ville est Marseille, a produit à elle seule 165 millions de bouteilles de vin rosé AOP (Appellation d’Origine Protégée), c’est-à-dire 40 % de la production nationale et 5,6 % de la production mondiale. Et la France est à la fois le premier producteur de vin rosé mais aussi le premier consommateur ! Les Français aiment beaucoup le vin rosé, surtout en été. D’ailleurs, il se boit bien frais. Ce qui en fait une boisson plaisante quand il fait bien chaud.

Questions de méthode ! Savez-vous comment on produit le vin rosé ? Beaucoup pensent qu’il s’agit d’un mélange de vin rouge et de vin blanc (rouge + blanc = rosé !). Mais pas du tout ! Comme vous le savez, la pulpe5 du raisin n’a pas vraiment de couleur : la chair est translucide, très claire. Si le raisin est noir ou blanc, c’est sa peau qui contient les pigments. Pour faire du vin rosé, on foule6 donc le raisin et on laisse macérer7 le jus avec sa peau pendant à peine quelques heures (alors que pour le vin rouge, la macération peut durer jusqu’à trois semaines). Ainsi, le liquide se colore légèrement. C’est d’ailleurs l’une des principales difficultés de la fabrication du vin rosé : arriver à proposer une régularité dans la couleur, d’une année sur l’autre.

Lexique 1. ont fondé (v. fonder) : ont créé

5. pulpe (n. f.s.) : chair, matière

2. supplantent (v. supplanter) : deviennent plus importants

6. foule (v. fouler) : écrase, presse

3. moindre (adj. f.s.) : plus petite

7. macérer (v.) : tremper

Florence Teste

4. prisé (adj. m.s.) : apprécié, recherché

l’abus d’alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération43


© Todd Quackenbush

La soupe au pistou Cuisine

© V. Mourre

Il est vrai que la recette de la soupe au pistou est une recette que l’on prépare plutôt en été. Mais c’est une recette-phare de Marseille qui vaut la peine d’être connue. La soupe au pistou est composée de plusieurs sortes de haricots : des blancs, des rouges, des verts et des plats ; on y trouve aussi les légumes de la cuisine marseillaise traditionnelle : courgettes, tomates et oignons. Ingrédients pour 6 personnes 250 g de haricots rouges 250 g de haricots blancs 250 g de haricots plats 250 g de haricots verts 4 courgettes moyennes 4 pommes de terre moyennes 1 oignon blanc

1 tomate 1 bouquet de basilic 3 ou 4 gousses d’ail 100 g de spaghettis huile d’olive gros sel, poivre parmesan frais râpé.

Préparation 1- Ecossez1 les haricots rouges et les haricots blancs, rincez2-les sous l’eau. 2- Equeutez3 les haricots verts et les haricots plats, enlevez les fils et coupez-les en petits morceaux de 1 à 1,5cm. 3- Mélangez-les aux autres haricots. 4- Coupez les courgettes (avec la peau), l’oignon et les pommes de terre en petits dés. 5- Ajoutez ces légumes aux haricots. 6- Plongez la tomate 1 mn dans de l’eau bouillante puis pelez-la. 7- Versez tous les légumes dans un faitout4 et mélangez bien. Recouvrez-les d’eau. Ajoutez une bonne poignée de gros sel, du poivre et mettez à cuire à feu vif jusqu’à ébullition. Baissez alors le feu et laissez mijoter doucement pendant une bonne heure. Mélangez doucement sans écraser les légumes. Laissez cuire encore 15 minutes. Vérifiez l’assaisonnement et la cuisson des légumes. 44


8- Préparez le pistou : pendant que les légumes cuisent, pelez les gousses d’ail, enlevez le germe6 s’il y en a un puis coupez-les en morceaux. 9- Rincez les branches de basilic puis séchez-les bien. Effeuillez-les pour ne garder que les feuilles. 10- Dans un mortier, mettez l’ail avec un peu de sel et commencez à piler7. Ajoutez les feuilles de basilic et pilez encore, assez rapidement pour garder toutes les saveurs. Ajoutez de l’huile d’olive jusqu’à obtenir une crème onctueuse. Poivrez. Quand les légumes sont cuits, mettez les spaghettis coupés en petits morceaux dans la soupe et laissez cuire. Rectifiez l’assaisonnement si nécessaire. 11- Arrêtez le feu sous le faitout et versez le pistou dans la soupe en remuant délicatement. 12- Servez la soupe bien chaude, accompagnée de gruyère râpé et/ ou de parmesan râpé.

Attention : surtout ne faites pas cuire la soupe avec le pistou, le basilic perdrait tout son goût. Variante : au lieu de piler l’ail et le basilic et d’y ajouter l’huile d’olive, vous pouvez mixer ces trois ingrédients ensemble (mais pas trop longtemps). Variante : on peut servir le pistou à part sur la table et chacun ajoutera directement dans son assiette la quantité qu’il veut, selon son goût. Le petit + : La soupe au pistou se sert avec un bon rosé de Provence !! Vidéo a voir : http://www.france3.fr/emissions/meteo-a-la-carte/ recettes/recette-de-saison-soupe-au-pistou_126132

Les oreillettes (ou merveilles) Ce sont de grands beignets plats que l’on prépare plutôt pour Mardi Gras. Mais… ils sont tellement bons que vous pouvez en manger toute l’année ‼! Ingrédients 500 g de farine 1/2 sachet de levure chimique 1 sachet de sucre vanillé 70 g de sucre en poudre 70 g de beurre 3 oeufs

1 citron 1 orange 1 cuillère à soupe d’eau de fleur d’oranger huile pour friture sucre glace8

Préparation 1- Râpez les zestes du citron et de l’orange. 2- Dans un saladier, mélanger la farine avec la levure chimique et le sucre vanillé. 3-Creusez un trou au centre et ajoutez une pincée de sel, le beurre ramolli, le sucre en poudre, les oeufs battus en omelette, les zestes et l’eau de fleur d’oranger. 4- Pétrissez le tout et laissez reposer 2 heures. 5- Prélevez un morceau de pâte de la taille d’une noix et étendez-le très finement au rouleau. Vous pouvez le laisser plus ou moins ronds ou le recouper pour lui donner une forme (losange, rectangle, etc). 6- Mettez 3 à 4 cm d’huile dans une poêle, faites-la bien chauffer mais ne la laissez pas fumer. 7- Faites cuire l’oreillette sur les deux faces puis déposez-la sur du papier absorbant. 8- Saupoudrez de sucre glace.

Lexique

Florence Teste

1. écossez (v. écosser) : sortez le haricot de son enveloppe

5. mijoter (v.) : faire cuire doucement et longtemps

2. rincez (v. rincer) : passez sous l’eau

6. germe (n. m.s.) : partie de la graine qui va donner une nouvelle plante

3. équeutez (v. équeuter) : enlevez la queue

7. piler (v.) : écraser avec un pilon (ustensile de cuisine qui sert à écraser)

4. faitout (n. m.s.) : grand récipient

8. sucre glace (n. m.s.) : sucre mixé en une poudre extrêmement fine

45


© cyclonebill

La bouillabaisse,

la mer dans vos assiettes Produit régional Marseille, c’est le Sud, le soleil, l’accent chantant et la mer ! Située au bord de la Méditerranée, la ville anciennement appelée Massalia, est avant tout un port. Il fallait bien que son plat traditionnel emblématique soit à base de poissons ! Ainsi, la bouillabaisse est une soupe dans laquelle on mélange tout un tas de poissons différents. On en trouve au moins huit : rascasse, vive, St Pierre, congre, daurade, merlan, lotte et grondin ! On y ajoute également des croûtons de pains, de rouille (sorte de sauce épicée et très relevée), de poissons servis entiers et de pommes de terre.

L’histoire du plat La célèbre soupe marseillaise est originaire de la Grèce antique et comme beaucoup de plats traditionnels, c’était à la base un plat familial et très simple. Les pêcheurs ramenaient les poissons de la pêche du matin et devaient les trier1 pour ensuite les vendre. Ils gardaient pour eux et leur famille les poissons qu’ils ne pouvaient pas monnayer2 auprès d’acheteurs sur le marché. L’histoire du nom Il est difficile de trouver la vraie étymologie du nom. L’origine du nom proviendrait du provençal bolhabaissa. Bolh pour ébullition et abaissar pour baisser. Relatif au feu, cela viendrait de l’idée que dès que l’eau ou le vin bout, il faut baisser le feu.

© Blue moon in her eyes

Marseille sans la bouillabaisse ne serait pas Massalia et si vous visitez cette belle ville, n’hésitez pas à aller sur le Vieux-Port pour goûter à une véritable soupe méditerranéenne. D’ailleurs, les restaurateurs marseillais ont même créé une charte3 spéciale pour expliquer ce qu’est une vraie bouillabaisse et pour que les touristes ne se soient pas arnaqués4 s’ils veulent manger une authentique bouillabaisse !

Kahina Chouiter

Lexique 46

1. trier (v.) : classer, séparer en catégories

3. charte (n. f.s.) : contrat, accord

2. monnayer(v.) : vendre

4. arnaqués (v.arnaquer. Part. passif ) : escroqués, volés


Jeux de mots

Solutions des jeux page 51

Charlotte Kleineidam

1. INTRUS Quel est le mot qui n’appartient pas à la même famille que les autres ? main maintenant manucure manuel

pâtisserie patron pâtissier pâtisser

patin patineur patient patinoire

pot potier potiron poterie

2. VOYELLES Retrouvez les voyelles manquante dans les phrases suivantes. 1. J’aime lire m_n m_g_zine LCFF. 2. Il adore manger des b_nb_ns. 3. Elle est partie en b_l_de à pone_. 4. Je suis allé faire du vél_. 5. Laure est partie d_rm_r. 6. Demande à F_nn_. 7. Il ne fait pas be_u ce m_t_n. 8. J’ai beaucoup de d_v_ _rs. 9. J’ai acheté des b_n_nes ce m_d_. 10. J’ai parcour_ t_ut le pa_s.

4. CHARADES Mon premier a six faces. On dort dans mon deuxième. Mon troisième est le pluriel de ciel. Mon tout signifie très bon. Mon premier sert à voler. Mon deuxième est la conjonction de coordination la plus utilisée. Mon troisième est le petit de la biche. Mon tout est un animal

3. HOMONYMES Complétez les phrases avec les mots suivants : Cher - chère - chair - chaire 1. J’aimerais te rencontrer en _____ et en os. 2. Ma _____ maman, j’espère que tu vas bien. 3. Je trouve cela très _____. 4. La _____ de cette viande est fondante. 5. Cet appartement est bien trop _____. 6. Couleur _____ 7. Manon, ma _____ amie. 8. Mon _____ Damien, prends soin de toi. 9. ____ journal 10. Je ne peux pas acheter cette figurine, elle est bien trop _____.

5. BLAGUE La maîtresse demande à Toto : - Conjugue-moi le verbe marcher au présent. - Je marche, tu marches, il marche... - Plus vite ! - Je cours, tu cours, il court...

47


Réponses Quiz grammaire (page 36)

1

Donnez-moi trois tranches de jambon. L’expression de la quantité doit être suivie de DE (DES) : beaucoup de, une tasse de, un kilo de, …

2

Les pays qui finissent par E sont féminins, les autres sont masculins. Italie (fém), Thaïlande (fém), Panama (masc). Sauf Mexique, Cambodge, Mozambique, Zimbabwe, Belize qui sont masculins.

3

J’ai vu un film qui se passait en Australie. C’est toi que je cherche. «Qui» est le pronom relatif sujet (film = sujet ; gens = sujet) et «que» est le pronom relatif compément d’objet direct (toi, chien = COD). «Que» peut prendre une apostrophe s’il est suivi d’un mot commençant par une voyelle (chien qu’il). Impossible avec «qui» (avec qui elle ≠ avec qu’elle). => Je déteste les gens qui sont trop gentils. Il a adopté un chien qu’il a appelé Médor.

4

Il a fini depuis dix minutes. Pendant exprime une durée (arriver est une action ponctuelle et ne désigne pas une durée) => elle arrivera dans deux heures. Pour est utilisé pour une durée dans le futur => nous avons résisté pendant un jour. dans exprime un moment dans le futur => J’ai étudié le français pendant deux ans / il y a deux ans

5

Quand nous étions petits, nous oubliions souvent de faire nos devoirs. Pour construire un imparfait, on utilise la racine du verbe : oubli (-er) + -ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient. Si la racine finit par I, on peut donc avoir 2 I à côté.

6

Je courrai Habituellement, pour construire un futur, on utilise le verbe à l’infinitif + -ai, -as, -a, -ons, -ez, ont. Courir est un verbe irrégulier (comme le verbe mourir), on supprime le I qui est entre les 2 R (courir-ai => courrai)

7

Elles se sont saluées. Elles se sont rencontrées. Dans les verbes pronominaux, il y a ceux qui se construisent avec un complément d’objet direct (saluer quelqu’un, rencontrer quelqu’un) et ceux qui sont employés avec la préposition à (parler à quelqu’un, dire bonjour à quelqu’un). Pour un verbe pronominal, l’accord du participe passé peut se faire seulement si le verbe a un COD. => Elles se sont parlé. Elles se sont dit bonjour.

8

La plupart des spectateurs sont partis avant la fin. La majorité des présents avait plus de 25 ans. Avec «la plupart», on met le verbe au pluriel. Avec «la majorité», on met le verbe au singulier.

9

Deux-cents. Deux-cent-trois. Les mots CENT et VINGT prennent un S s’ils sont multipliés et qu’ils ne sont suivis d’aucun autre nombre.


10

Certains mots ont plusieurs orthographes, selon qu’il s’agit d’une forme verbale ou d’un nom ou un adjectif. La forme verbale reste la plus proche de celle du verbe à l’infinitif. Fatiguant (en se fatiguant) et communiquant (en communiquant) sont les participes présents des verbes fatiguer et communiquer. Fatigant est un adjectif (c’est un travail fatigant) et communicant est un nom (les hommes politiques ont besoin d’excellents communicants).

11

Elle est tout émue. Elle est toute contente Quand toute est un adverbe (qui a le sens de «complètement») et que le mot qui le suit commence par une voyelle, on supprime le E (mais pas quand le mot commence par une consonne).

12

On a aperçu. On aperçoit. Le son /s/ s’obtient en ajoutant une cédille à la lettre C quand il est devant un A, un O et un U. Pas de cédille devant un E et un I.

13

Je vais chez le coiffeur. J’étais à la boucherie. On utilise «chez» quand il s’agit d’une personne (le coiffeur) et «au / à la» quand il s’agit d’un lieu (la boucherie).

14

Nous sommes arrivés à l’heure quoique nous ayons dû faire un détour. Quoique tes arguments soient intéressants, tu ne m’as pas convaincu. On écrit «quoique» en un seul mot quand on peut le remplacer par «bien que» et « quoi que» quand on peut le remplacer par «n’importe quoi que» => Quoi qu’il fasse, il restera mon frère. Quoi que tu me reproches, tu dois me le dire.

15

Je voudrais une demi-baguette. Je voudrais une baguette et demie. Quand «demi» est devant le mot qu’il complète, il est invariable. Quand il est après, il peut prendre le féminin mais jamais le pluriel.

16

icône : féminin - hémisphère : masculin - météore : masculin - anagramme : féminin

49



Solutions des jeux de la page 47 JEU 1 - INTRUS main maintenant manucure manuel

Edition

Langue et Cultures Françaises et Francophones ISSN : 2267-4705 n° CPPAP : 1016 K 91889 SIRET : 799 544 846 00022 Siège : 17, rue Durand 34000 Montpellier contact@lcf-magazine.fr

Directrice de publication

Florence TESTE - direction@lcf-magazine.fr

Directeur artistique

pâtisserie patron pâtissier pâtisser

patin patineur patient patinoire

pot potier potiron poterie

JEU 2 - VOYELLES 1. J’aime lire mon magazine LCFF. 2. Il adore manger des bonbons. 3. Elle est partie en balade à poney. 4. Je suis allé faire du vélo. 5. Laure est partie dormir. 6. Demande à Fanny. 7. Il ne fait pas beau ce matin. 8. J’ai beaucoup de devoirs. 9. J’ai acheté des bananes ce midi. 10. J’ai parcouru tout le pays.

Rémi ORZALESI

Rédactrice en chef Florence TESTE

Comité de relecture Florence TESTE Khiem TRAN-DINH

Assistante de publication Michèle LESEL

Assistante de communication Manon MIONNET

Assistante commerciale Oumeima RHAZOUANI

Rédacteurs AGITOX Marine de BEAUFORT Julie BOUDILLON Kahina CHOUITER Romain DEVAUX Christelle DUCROT Charlotte KLEINEIDAM Marie-Laurence MECKLER- LELUC Axelle NEGRIGNAT Elodie RESSOUCHES Laura TEJEDA-MEZA Florence TESTE Fanny TOURET Anita VIEL

Maquette :

Charlotte KLEINEIDAM

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JEU 3 - SYNONYMES 1. J’aimerais te rencontrer en chair et en os. 2. Ma chère maman, j’espère que tu vas bien. 3. Je trouve cela très cher. 4. La chair de cette viande est fondante. 5. Cet appartement est bien trop cher. 6. Couleur chair 7. Manon, ma chère amie. 8. Mon cher Damien, prends soin de toi. 9. Cher journal 10. Je ne peux pas acheter cette figurine , elle est bien trop chère. JEU 4 - CHARADES Mon premier a six faces : dé On dort dans mon deuxième : lit Mon troisième est le pluriel de ciel : cieux Mon tout signifie très bon. Délicieux Mon premier sert à voler : aile Mon deuxième est la conjonction de coordination la plus utilisée : et Mon troisième est le petit de la biche : faon

La régie du FLE - laregie.fle@gmail.com

Impression

Impact Impression 483, ZAC des Vautes 34980 Saint-Gély-du-Fesc

Mon tout est un animal éléphant

Routage

Sud Routage 110, route de Rouquairol 30900 Nîmes

Remerciements

Richard BOSSUET - TV5 MONDE Alliance Française de Marseille-Provence

En produisant sa version papier, LCFF Magazine veut participer à la protection de la planète. Pour cela, nous avons choisi de faire confiance à un imprimeur qui travaille dans le respect des labels écologiques :



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