LA CAMPAGNE DOUBLE ATTRIBUÉE AUX OPEX
SALAH HAMOURI EST LIBRE
L’ALGÉRIE AU CŒUR
le réveil DÉc 2011 - jaN 2012 - N°779 - 5 e
des combattants
Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix
s R u E MEILL X u Œ V 2012 Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre
LE RÉVEIL actualités
50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie
Renforcer l’ARAC En 2012 nous célébrerons le 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. Cette période a été lourde pour la France, elle a duré plus de 2 800 jours. Jours de souffrance, jours de martyrs, jours de désolation. 28 000 jeunes militaires français tués, des centaines de milliers de blessés, 1 million d’Algériens morts ou disparus. Le bilan humain laisse encore des traces dans les mémoires d’aujourd’hui. Lourde politiquement : 11 000 insoumis, 1 400 condamnations à mort, 2 000 tués et 5 000 blessés liés aux attentats de l’OAS. Lourde économiquement pour la Fran-
ce et l’Algérie : entre 27 et 50 milliards de francs de l’époque, soit environ 15 % de notre PIB. Ce fut un véritable calvaire pour les familles françaises et algériennes. 10 jeunes Français tombaient en moyenne chaque jour. De grandes luttes des peuples français et algérien ont vu le jour pour la « Paix en Algérie ». Ces luttes allaient contraindre le gouvernement français à trouver « le chemin de la raison ». Un référendum fut organisé sur l’autodétermination algérienne le 8 janvier 1961. 75 % des Français et 70 % des Algériens exprimaient leur volonté. Le temps n’est-il pas venu qu’entre la France et l’Algérie soit enfin ratifié un traité de paix et de coopération ? C’est pour défendre notre attachement à la paix, nous rappeler les terribles heu-
res de l’histoire que nous lançons une campagne 2012 d’adhésions à l’ARAC, à l’occasion du 50e anniversaire du 19 mars 1962, qui a permis la fin de la guerre d’Algérie. Autour de nous, amis, famille, combattants de la paix, de la démocratie, tous ceux attachés à la souveraineté nationale ont leur place à l’ARAC. Notre association, porteuse des valeurs républicaines de notre peuple, de notre histoire, va demain encore, comme depuis 95 ans, participer aux luttes, être présente dans les combats d’aujourd’hui. Alors renforçons-la, permettons à des dizaines, des centaines, des milliers de Françaises et de Français de toutes origines, jeunes, salariés, chômeurs, retraités, d’agir pour la paix, la démocratie, le progrès social, en adhérant à leur maison commune l’ARAC !
A l’occasion du 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie J’adhère à l’ARAC Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Tél : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prix 26 euros. Chèque à l’ordre de l’ARAC ou par prélèvement. Cette somme représente l’adhésion et l’abonnement au mensuel Le Réveil des combattants. A retourner à ARAC - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif arac.nationale@orange.fr 2-
LE RÉVEIL - N°779 - Décembre 2011 - janvier 2012
ÉDItO LE RÉVEIL
2012, l’année de Tous les risQues
sOmmaIRE actualités p. 4 Pour une politique industrielle d’innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Quand les pauvres ont froid. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Secret défense et constitutionnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 L’argent du logement social et achat de gilets pare-balles . . . . . . . . . 6 L’énergie au service de la finance ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Sécurité sociale : les causes du déficit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 international p. 9 En Arizona : le Père Noël est une ordure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Libye : le New York Times contre-enquête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Asie-Pacifique : un nouvel enjeu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Salah Hamouri est libre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 vos droits p. 21 La campagne double attribuée aux OPEX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Victimes des irradiations nucléaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Retraite du combattant : 43 % de retard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 11 Novembre : journée unique de commémoration ? . . . . . . . . . . . . . 24 vie de l’arac p. 25 Fusillés pour l’exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Vie des sections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Magazine p. 30
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l’algérie au cœur 1962 - 2012 : 50e anniversaire du cessez-le-feu
LE RÉVEIL dEs CoMbAttANts Fondé en 1931 par Henri-barbusse mensuel de l’association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre . commission paritaire n° 0713-a 06545 Édité par les Éditions du Réveil des combattants saRL au capital de 45 734,41 - siret : 572 052 991 000 39 2, place du méridien, 94807 Villejuif cedex téléphone : 01 42 11 11 12 télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo .fr
Tirage : 60 000 exemplaires Gérant-directeur de la publication : Raphaël VaHÉ • Directeur délégué : Patrick staat • Rédacteur en chef : Raphaël VaHÉ • Service photos : jean-claude Fèvre • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D communication • Impression : RIVEt P .E . - 24 rue claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9
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n cette période de nouvelle année, il est de tradition de souhaiter les vœux de bonheur et de prospérité à nos familles, amis, voisins, collègues. Mais, aujourd’hui, comment ne pas exprimer notre colère face à la politique menée par Nicolas Sarkozy quand aucune des promesses faites par le Président n’ont été tenues, ni pour les salaires, les jeunes, les femmes ni pour les ACVG, les retraités… Rien sur l’emploi, le logement, le pouvoir d’achat, la santé. Pire, au nom de la rigueur, on bloque les salaires, on casse la Sécurité sociale, on s’attaque au droit de grève, à la fonction publique… Le seul choix qui prévaut pour le gouvernement, c’est le choix des marchés, c’est-à-dire des profits pour une poignée de Français au détriment de 90 % de la population. Des technocrates sont mis en place avec mission d’imposer, quel qu’en soit le coût social, les mesures que réclament les marchés et tenter de sauver la monnaie unique au prix d’une régression, d’un recul de société pour les peuples. Ainsi, Lucas Papademos, 1er ministre de Grèce, et Mario Monti, Président du Conseil d’Italie, sont des banquiers issus de la banque américaine Goldman Sachs. Ils ne sont pas les seuls, sept autres dirigeants européens sont issus de cette banque. Partout en Europe, les intérêts privés prennent le pas sur les intérêts des populations. Le nouvel économiste (décembre 2011) éclaire ce choix délibéré : « La France va perdre son triple A, l’euro va exploser et le trésor public sera en faillite : cette situation d’exception va permettre de se débarrasser des politiques… » Mais jusqu’où sont-ils prêts à aller pour préserver leur pouvoir ? Poser la question est légitime, quand mensonge, promesse, soumission, allégeance, rigueur, abandon de la souveraineté nationale font aujourd’hui l’essentiel de la politique du Président de la République. Alors tenteront-ils de demander les pleins pouvoirs ? Ce qui serait un véritable putsch contre la démocratie. En tout état de cause, l’heure est à la vigilance, à l’action, et au rassemblement. Pour 2012 des vœux, mais des vœux de combat, de lutte, de détermination, d’engagement au service de tous. Des vœux pour que s’unissent tous ceux pour qui Liberté, Égalité, Fraternité ont du sens. Le sens des valeurs républicaines et de la Nation. En 2012, construisons la France de demain..
Patrick Staat DÉcEmbRE 2011 - jaNVIER 2012 - N°779 - LE RÉVEIL
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Pour une politique industrielle, d’innovation et d’investissement Pour Martial Bourquin, maire d'Audincourt, sénateur du Doubs et président de la Mission commune d'information sur la désindustrialisation des territoires au Sénat, le phénomène de désindustrialisation est catastrophique, mais des solutions politiques peuvent inverser la tendance. Est ce que la France connaît un phénophéno- sement pour reconquérir cette industrie mène de désindustrialisation ? dont nous avons tant besoin. Martial Bourquin : Il est massif. On a perdu entre 500 000 et 700 000 em- Certains prévoyaient que les services plois dans l’industrie en dix ans. C’est remplaceraient l’industrie. énorme. Depuis 20 ans, l’industrie M. B. : On a désindustrialisé dans nos souffre d’un sous-investissement têtes avant de désindustrialiser les terrichronique. Ce constat est implacable toires. Pour l’idéologie post-industrielle, et reconnu par tout le monde. L’indus- à chaque fois qu’une entreprise fermait, trie française compte pour 16 % dans ce n’était pas grave, on pensait que les le produit national brut (PNB), contre services créeraient de nouveaux em30 % en Allemagne. Ce qui fait la force plois. C’est totalement faux. Cette idéod’une industrie, ce sont les entreprises logie nous préparait aux délocalisations. de taille intermédiaire. Il est deux fois Il a fallu la crise financière de 2008 pour plus faible en France qu’en Allemagne s’apercevoir que les pays qui ont tenu le et qu’au Royaume-Uni, et c’est ce qui coup sont ceux qui avaient une économie réelle. Il faut que la France reste une fait notre faiblesse. Cette désindustrialisation cause de gros terre de production, industrielle comme problèmes et les territoires ruraux sont agricole. L’industrie était excédentaire, autant touchés que les territoires ur- aujourd’hui la balance du commerce bains. Dans la ruralité, il y a beaucoup extérieur est catastrophique. de petites et moyennes entreprises qui sont un « On ne peut pas Vous prenez l’Allemagne maillon essentiel pour mettre des contrain- comme exemple, qu’est ce garder un dynamisme tes environnemen- qu’elle a de plus que la FranFrandans nos territoires. tales à nos entrepri- ce ? Aujourd’hui, la politique ses, de plus en plus M. B. : L’Allemagne à une dures mais justiindustrielle de la France culture industrielle, et on fiées, et en même ne fera pas d’industrie sans. est essentiellement axée sur les 35 grands groupes temps importer des Quand on s’est séparé de la qui dominent l’économie produits qui n’ont machine-outil il y a 30 ans, française. On a la chance aucune législation eux l’ont gardée. Ils ont une d’avoir ces grands grou- sociale et environ- volonté de produire sur le ternementale. » pes. Mais on n’a pas de ritoire. Quand vous achetez politique industrielle pour les petites et Renault, 20 % de la production est famoyennes entreprises. L’avenir est là. briquée sur le territoire. Chez PSA, c’est Les grands groupes baissent les emplois 34 %. Alors que chez Volkswagen, c’est sur le sol national et sont plus préoccu- 50 %. Il y a un patriotisme industriel pés par les pays émergents. Ils ont une qui n’existe pas en France. Y compris relation qui n’est pas simple avec les pe- sur les marchés publics, on a plus une tites entreprises, avec parfois une pres- France offerte qu’une France ouverte. sion sur les prix. Il faut une politique Certains affirmaient que c’était un proindustrielle, d’innovation et d’investis- blème de coût du travail. Mais en Al4-
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lemagne, il est légèrement plus élevé que le nôtre, avec un temps de travail souvent inférieur à 35 heures ! L’explication simpliste qui consiste à accuser les 35 heures et les charges sociales ne marche pas. On a la preuve qu’on peut avoir une forte industrie et une forte protection sociale. Ce qui fait aussi la réussite allemande, c’est l’alternance : de nombreux élèves se forment aussi dans les entreprises, avec une alternance de très haut niveau. Ils sont aussi allés très loin dans la décentralisation, avec la mise en place d’écosystèmes productifs qui lient enseignement supérieur, recherche publique et privée, et banques d’investissement. A gauche, on reparle de taxes aux fronfrontières et de protectionnisme pour proprotéger l’industrie française… M. B. : Il faut des régulations partout. On ne peut pas mettre des contraintes environnementales à nos entreprises, de plus en plus dures mais justifiées, et en même temps importer des produits qui n’ont aucune législation sociale ni environnementale. Il y a un deux poids deux mesures, et on se tire une balle dans le pied. L’Europe est le plus grand marché du monde, tout le monde veut y venir. Mais pour aller sur certains marchés, il y a des exigences. Les exigences écologiques et sociales, ce ne sont pas n’importe quelles exigences. Il n’y a aucune politique industrielle européenne, c’est effarant. Une taxe carbone aux frontières de l’Europe est indispensable. Son produit pourrait conduire à mener une reconstruction écologique de l’économie. Les grands marchés qui sont devant nous, ce sont les nouvelles énergies, les nouvelles constructions, les isolations de tout type. On voit souvent avec condescendance la sortie du nucléaire allemand, mais c’est une stratégie industrielle qu’il y a derrière : ils veulent créer des dizaines de milliers d’emplois pour arriver à une indépendance énergétique. Propos recueillis par Yannick Curt, publiés dans La Terre, 8 - 14 novembre 2011
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Quand les pauvres ont froid… La Fondation Abbé Pierre dresse un constat alarmant : en France, 8 millions de personnes n'ont pas les moyens de se chauffer. La Fondation Abbé Pierre a lancé sa campagne d’hiver, en dressant un constat alarmant : « En France, aujourd’hui, 3,8 millions de ménages souffrent de précarité énergétique, soit un ménage sur six, correspondant à 8 millions de personnes. Des personnes qui ne peuvent se chauffer et s’éclairer normalement, et parfois qui ne peuvent se chauffer du tout », explique la Fondation dans un communiqué. Parmi elles, « les ménages modestes vivant dans des maisons individuelles », dont « plus d’un million de propriétaires occupants », selon l’édition 2011 du rapport de la fondation sur le mal-logement.
Pour « un bouclier énergétique » La précarité énergétique n’a cessé de se développer ces dernières années. En
cause : des loyers (dans le privé) « qui ont bondi de 50 % en 10 ans » et une « hausse dramatique des charges (gaz, électricité, fuel)». Pour la Fondation, « un tel phénomène n’est tout simplement pas acceptable et doit faire l’objet de toute l’attention des pouvoirs publics. Et d’une action massive et concrète. Sans attendre ». Pour assurer à chacun une capacité minimum à se chauffer, elle demande la mise en place d’« un bouclier énergétique ». « Les mesures actuelles (tarifs so-
Secret défense et constitutionnalité De l’influence de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur le principe de secret défense : ce nouveau recours juridique permettra-il de vaincre enfin le principe de secret défense que l’État oppose aux citoyens dans des procédures nombreuses et variées ? Un avocat général a récemment recommandé à la Cour de cassation de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur le secret défense, déposée par les familles des victimes de l’attentat de 2002 à Karachi. Si la Cour de cassation approuve cet avis et le suit, les sages vont disposer de trois mois pour examiner cette QPC et demander éventuellement aux autorités une modification des textes de loi encadrant le secret défense. Les familles vic-
times de l’attentat de Karachi estiment que le secret défense entrave le déroulement des enquêtes menées sur cette affaire par les deux juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Marc Trevidic. Les autorités ayant répondu par la négative à des demandes de déclassification de documents ainsi qu’à une demande de perquisition, les familles des victimes considèrent que ces articles de loi méconnaissent leur droit à un procès équitable et violent le principe de séparations des pouvoirs. « La création de lieux protégés ne semblent pas contraire aux principes constitutionnels, mais c’est leur accès qui pose problème, » a soutenu l’avocat général Claude Mathon. Si ce « verrou » de secret défense finit par sauter, alors tous les demandeurs de pension, victimes de guerre, pour-
ciaux, aide aux impayés…) sont beaucoup trop faibles. Elles n’allègent qu’une partie du public concerné et ne compensent pas les diverses augmentations subies par les familles les plus modestes », analyse la Fondation qui craint que la période d’austérité annoncée par la crise n’affaiblisse encore les ménages les plus précaires, d’autant que le prix du gaz a augmenté de 4,4 % au 1er janvier.
Nota bene Dans l’article du dernier numéro du Réveil des Combattants N° 778, l’article “ Le trou de la Sécurité sociale ”, ils l’ont inventé de toutes pièces : évidemment, le total dû par la grande bourgeoisie et l’État à la Sécurité sociale se chiffre à près de 50 milliards d’euros. 20 milliards étant ce que doivent l’Etat et les entreprises d’État à la Sécurité sociale. C’est bien que cette précision soit écrite. Chose faite.
ront enfin avoir accès à des documents leur permettant d’obtenir satisfaction : exemple parmi tant d’autres, les victimes de essais nucléaires. Mais il ne faut pas trop vite crier « victoire » et attendons la décision de la Cour de cassation. Affaire à suivre… Décembre 2011 - janvier 2012 - N°779 - LE RÉVEIL
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LE RÉVEIL actualités
L’argent du logement social pour acheter des gilets pare-balles Le gouvernement a décidé, cet été, de mettre en place une réduction de 30 % du budget dédié à l’hébergement d’urgence. Cette réduction conduit à la rue des milliers de personnes supplémentaires, dont de nombreuses familles. Il a également réduit de 10 à 25 % des budgets des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). Près de 700 000 personnes sont sans domicile personnel, dont plus de 150 000 à la rue (100 000 en 2007). Aux sans abris de longue date, s’ajoute un nombre croissant de travailleurs pauvres.
« Je veux, si je suis élu président de la République, que d’ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. Parce que le droit à l’hébergement, je vais vous le dire, c’est une obligation humaine. Mes chers amis, comprenez-le bien : si on n'est plus choqué quand quelqu’un n’a pas un toit lorsqu’il fait froid et qu’il est obligé de dormir dehors, c’est tout l’équilibre de la société où vous voulez que vos enfants vivent en paix qui s’en trouvera remis en cause » (Nicolas Sarkozy, discours de Charleville-Mézières, 18 décembre 2006)
Séance du 2 décembre 2011, Assemblée nationale Alors que les sans domicile fixe sont encore plus nombreux qu’il y a 4 ans (150 000 personnes aujourd’hui contre 100 000 en 2007), je vous laisse lire les propos de Mme Pécresse, ministre du gouvernement Sarkozy. Je me dispense de faire des commentaires. Cette discussion est consultable sur le site de l’Assemblée nationale.
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La présidente : Je suis saisie d’un amendement n°439 portant article additionnel après l’article 23. La parole est à Mme la Ministre. Valérie Pécresse, ministre : Il s’agit de soutenir les communes pour l’acquisition de gilets pare-balles destinés à équiper les polices municipales. Il est donc proposé d’élargir les missions du fonds d’amorçage pour l’équipement des communes au titre du procès-verbal électronique institué l’année dernière et doté de 7,5 millions d’euros. Jean-Pierre Brard : Quel rapport entre le procès-verbal électronique et les gilets pareballes ? Valérie Pécresse : Cette dotation sera complétée par 2 millions d’euros prélevés sur les excédents du fonds d’aide au relogement d’urgence. La présidente : Quel est l’avis de la commission ? Gilles Carrez, rapporteur général : Je ne suis pas favorable à cet amendement, Madame la Ministre. On financerait ces gilets pare-balles en prélevant 2 millions d’euros sur le fonds pour le relogement d’urgence. Franchement, ce n’est pas possible. Je sais bien que le FARU a un excédent, que l’on a d’ailleurs déjà utilisé pour abonder la DGF. Mais aller prélever de l’argent destiné au relogement d’urgence pour financer des gilets pare-balles, même si ce sont ceux des polices municipales, non ! La présidente : La parole est à Mme la Ministre. Valérie Pécresse : Le fait est que les 5 mil-
lions d’euros prélevés sur le FARU ne seront pas dépensés d’ici la fin du mois. Nous pensons qu’ils seraient mieux utilisés dans le cadre de l’acquisition des gilets pare-balles. Ces crédits nous ont été demandés par les communes. Vous savez combien il est difficile… Gilles Carrez : Qu’ils les trouvent sur les crédits ad hoc. Valérie Pécresse : Monsieur le Rapporteur général, pour moi, en tant que ministre du Budget, chaque euro doit être dépensé. Voilà, c’est tout. La présidente : La parole est à M. JeanPierre Brard. Jean-Pierre Brard : Cette proposition est invraisemblable. Je ne sais pas lequel de vos conseillers a eu cette idée, Madame la Ministre, mais si nous décernions comme le Canard enchaîné des « noix d’honneur », il y aurait droit ! Vis-à-vis de l’opinion, visà-vis des associations, troquer des crédits destinés au relogement d’urgence contre des gilets pare-balles… Si encore, Madame la Ministre, vous aviez proposé, compte tenu de la situation dramatique des SDF, de troquer une partie des crédits pour le relogement d’urgence contre des couvertures chauffantes, j’aurais compris. Mais contre des gilets pare-balles, non ! Le ridicule a ses limites, même si je sais comme vous tous que, depuis Mme de Sévigné, il ne tue plus, hélas ! La présidente : La parole est à Mme la Ministre. Valérie Pécresse : Comme l’heure est tardive et que les députés ont le droit de ren-
actualités LE RÉVEIL trer chez eux pour le week-end, même si les ministres, dont la ministre du Budget, devront être présents au Sénat, puisqu’il siègera demain et dimanche… Jean-Pierre Brard : Vous avez toute notre compassion, Madame la Ministre. Valérie Pécresse : … et compte tenu du souci que vous exprimez de ne pas toucher aux excédents, qui ne seront pas dépensés, du Fonds d’aide au relogement d’urgence, je vous propose de rectifier l’amendement et de simplement élargir les missions du fonds d’amorçage pour l’équipement des communes au titre du procès-verbal électronique institué l’année dernière et doté de 7,5 millions d’euros, sous plafond du fonds d’amorçage du procès-verbal électronique. La présidente : L’amendement n°439 est donc rectifié. Le 2e est supprimé et le 3e devient le 2e. Quel est l’avis de la commission sur l’amendement n° 439 rectifié ? Gilles Carrez : Je suis désolé, mais j’y suis également défavorable. Nous avons suivi, au Comité des finances locales, la mise en place de ce fonds d’amorçage pour la procédure de procès-verbal électronique. Il est à peine doté. L’extension du PV électronique, c’est vraiment l’intérêt général, pas seulement celui des communes, mais aussi celui de l’État. Car je rappelle que dans le cadre de la loi de finances pour 2011, nous nous sommes mis d’accord pour qu’il y ait dorénavant un partage du produit des amendes, 48 % allant à l’État et 52 % aux collectivités territoriales. Nous n’avons pas suffisamment de fonds pour généraliser le PV électronique, dont on a pourtant besoin. Cela pose tout de même un énorme problème d’aller pénaliser le financement de cette procédure, à laquelle tout le monde adhère, pour acheter des gilets pare-balles ! La présidente : La parole est à Mme la Ministre. Valérie Pécresse : Monsieur le Rapporteur général, si je comprends vraiment votre souci, que je partage, de développer le procès-verbal électronique, je souligne qu’il existe aussi des situations d’urgence et la situation des communes est telle qu’elles ont aujourd’hui besoin d’assurer la protection de leur police municipale. Il s’agit d’acheter des gilets pare-balles. Jean-Pierre Brard : Qu’elles se les achètent !
Valérie Pécresse : Elles prendront la bonne décision, mais on ne peut me dire, comme hier, que l’État ne doit pas mettre à la charge des communes des obligations supplémentaires et, quand elles demandent de pouvoir disposer de l’argent nécessaire pour sécuriser leur police municipale, me répondre que ce n’est pas possible. Monsieur le Rapporteur général, nous sommes issus de la même région. Vous savez bien que face à la recrudescence de la violence, notamment dans certains quartiers de nos banlieues, le sujet de la protection des polices municipales se pose. La présidente : La parole est à M. JeanPierre Brard. Jean-Pierre Brard : Ç’en est trop ! C’est dommage, nous étions partis pour bien finir cette séance, enfin, relativement. Tout d’abord, Madame la Ministre, c’est aux communes de faire leurs choix, librement et pas avec les transferts que vous proposez. Je trouve cela assez indécent. Surtout que, si j’en crois ce qu’on m’en dit, pour les soldats qui partent en Afghanistan, les gilets pare-balles sont de si mauvaise qualité qu’on laisse à leur charge l’achat de gilets pare-balles plus sûrs. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Jean-François Lamour : Ridicule ! C’est vous qui finissez mal, monsieur Brard ! Jean-Pierre Brard : Cet amendement est donc complètement déplacé. Et l’ire du rapporteur général me semble tout à fait justifiée. La présidente : La parole est à M. le Rapporteur général. Gilles Carrez : J’ai une proposition, Madame la Ministre. Vous le savez - je me tourne vers Michel Bouvard parce que nous avons travaillé ensemble sur le sujet - il existe un fonds d’intervention pour la prévention de la délinquance. Le FIPD, qui est d’ailleurs abondé par des crédits initialement destinés à la dotation globale de fonctionnement, finance toutes les actions nécessaires à la prévention de la délinquance. Ce fonds est fait pour cela. Finançons cette dépense de deux millions d’euros à partir du FIPD. Voilà la proposition que je vous fais. La présidente : La parole est à Mme la Ministre. Valérie Pécresse : Je suis désolée, parce qu’en règle générale, nous nous retrouvons,
avec M. le Rapporteur général. Mais je ne peux pas accepter que l’on sacrifie des actions qui sont absolument nécessaires, qu’il s’agisse d’actions conduites en direction de certains publics pour prévenir la délinquance, ou qu’il s’agisse de soutiens aux collectivités dans leurs politiques de prévention. On ne sacrifiera pas la prévention de la délinquance pour l’achat de ces gilets. Nous avons besoin de ces budgets. J’étais prête à trouver l’argent. M. Bouvard et d’autres me disent qu’il ne faut pas utiliser de l’argent non distribué. Je fais donc un effort pour trouver l’argent. Je vous le trouve sous plafond du procès-verbal électronique. Quoi qu’il en soit, il n’est pas question de le trouver sur les budgets de la prévention de la délinquance, qui sont ultra nécessaires aujourd’hui en France. Jean-Pierre Brard : Ce ne sont pas les seuls à être nécessaires : il y a la santé, l’aide sociale, et j’en passe. Valérie Pécresse : La prévention est nécessaire, mais si vous me dites que vous préférez la répression, monsieur Brard… La présidente : Madame la Ministre, pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, serait-il possible de rappeler encore une fois quels sont les termes de la rectification de votre amendement ? Valérie Pécresse : Il s’agit de supprimer l’alinéa concernant les 2 millions du fonds d’aide au relogement d’urgence qui ne sont pas dépensés. C’est le fonds d’amorçage des procès-verbaux électroniques qui peut être utilisé, si les communes en ont besoin et en font la demande, afin de financer des gilets pare-balles pour les polices municipales. Sur le plan rédactionnel, le 2e est supprimé, en conséquence de quoi le 3e devient le 2e. La présidente : La parole est à M. le rapporteur général Gilles Carrez : Je suis défavorable à l’amendement ainsi rectifié. Finalement l’amendement n°439 rectifié n’est pas adopté. Brigitte Canevêt
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LE RÉVEIL actualités
L’énergie
Au service de notre peuple ou de la finance ?
La question de l’énergie et son approvisionnement, de sa mise à disposition de l’ensemble des habitants de notre pays, où qu’ils demeurent, quelle que soit leur situation sociale est aujourd’hui sérieusement remise en cause, depuis, entre autres, l’application dans les faits de la loi NOME (loi injuste, s’il en est, qui oblige EDF à fournir 25 % de sa production aux concurrents privés) qui a pour conséquence une augmentation à court terme de 25 % des tarifs pour les usagers. En effet, la concurrence ne tue pas que le service public, elle tue aussi les usagers de l'électricité (comme à Orléans). Développement des coupures d'électricité pour difficultés de paiement ! Bravo le progrès social ! Ce drame de la misère sociale, comme tant d’autres, devrait interroger les pouvoirs publics sur la politique en cours de développement depuis l’ouverture à la concurrence. La position que le Conseil d’État vient de prendre concernant les tarifs du gaz ne va pas dans le bon sens : ce serait au nom de l’application de la concurrence que les tarifs devraient augmenter car le gel des tarifs affecterait les marges des opérateurs ! (« Le prix du gaz sera gelé au moins pendant l’année qui vient. C’est un geste important. », François Baroin, porte-parole du Gouvernement, le 5 avril 2011). Cela rappelle que la concurrence ne fait pas 8-
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baisser les prix, bien au contraire ! Toute la politique du gouvernement est tournée de fait vers les intérêts étroits et mercantiles des grands groupes privés, en particulier Suez. Donner à ce groupe les moyens de jouer à l’échelle mondiale sur le terrain de la compétitivité exige de mettre à genoux EDF et de prendre le risque majeur de remettre entre les mains du privé les moyens de production, en particulier nucléaires, ainsi qu’à terme les moyens de transport et de distribution de nos énergies. La première des conséquences, la nécessité de pousser fortement à l’augmentation des prix de l’électricité. Aujourd’hui encore, 30 % moins chère que dans les autres pays européens, 2e conséquence directe de cette mauvaise politique pour notre pays, la casse du statut des personnels d’EDF avec toutes les conséquences pour le devenir immédiat de la qualité du service rendu à la population qui passerait eux du cadre d’usagers à celui de clients. Avec tous les aspects négatifs que cela comporte et notamment l’augmentation de la précarité énergétique (huit millions de Français rognent sur leur chauffage). Enfin, l’État, la force publique, les représentants du peuple perdrait la main sur les sources d’approvisionnement (par exemple le nucléaire, les barrages hydrauliques…) mais aussi sur l’entretien des structures de production. C’est dire
le potentiel de risque que cela représente pour notre indépendance énergétique. Le système électrique français est un élément essentiel pour le développement économique et industriel de notre pays, ce n’est pas le moment de le sacrifier sur l’autel bruxellois libéral. La loi NOME porte en elle des risques de sous investissements en moyens de production à moyen terme ainsi qu’une possibilité supplémentaire de faire de l’électricité un produit spéculatif. Rien n’empêchera un fournisseur de revendre l’électricité au plus offrant. Le marché de l’énergie devient enfin et complètement une source spéculative pour les marchés financiers. Il faut au contraire tout faire pour préserver l’emprise publique sur la production, la distribution de l’énergie en générale, l’électricité en particulier. C’est la seule vraie garantie en termes d’indépendance de fourniture d’énergie mais aussi en terme de sécurité de production, de maintenance de l’outil de production, de transport et de maîtrise réelle des prix de notre énergie. En plus, c’est le moyen qui permet seul d’assurer à chacun le droit fondamental d’être à un juste prix approvisionné en énergie. Hervé Corzani En collaboration avec Gérard Del Maschio
Recherche pour thèse de doctorat M. Daniel Leroux nous a fait parvenir le message suivant : « Je prépare actuellement une thèse de doctorat portant sur l’action psychologique pendant la guerre d’Algérie. A ce titre, je recherche des témoins, quel qu’ait pu être leur grade, qui auraient été impliqués d’une manière ou d’une autre au Bureau psychologique ou au 5e Bureau. J’aimerais savoir s’il est possible d’insérer un appel à témoins dans une de vos publications. Cordialement. » C’est bien volontiers que nous publions cet appel. Merci d’adresser vos éventuelles réponses à l’ARAC - Secteur Mémoire - 2 place du Méridien 94800 Villejuif.
actualités LE RÉVEIL
Sécurité sociale Les causes du déficit Interview de Pierre-Yves Chanu, Conseiller confédéral de la CGT, vice-président de l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale, et membre du Conseil d’orientation des retraites Quelle est la situation financière réelle de la Sécurité sociale ? Certes, la Sécurité sociale a été constamment en déficit depuis le début des années 2000. Mais il faut ramener ce déficit à ses justes proportions. Le déficit de la Sécurité sociale, comme sa dette, représente environ 10 % de celle de la France (ce qui n’est pas une raison pour se satisfaire de cette situation). La cause principale de ce déficit, c’est la crise, qui a conduit à un effondrement des recettes, dû notamment à la baisse de la masse salariale en 2009, situation qui ne s’était jamais produite depuis 1945. C’est donc la crise systémique que nous connaissons, liée à la financiarisation de l’économie, qui est la cause fondamentale des difficultés de la Sécurité sociale. Le problème principal est celle de l’emploi : le chômage n’est pas seulement un drame social, il est aussi une catastrophe économique ; avec près de 10 % de chômeurs, le financement de la protection sociale devient très difficile. L’une des causes de ce déficit, ce sont les exonérations de cotisations patronales, en particulier celles qui portent sur les bas salaires (jusqu’à 1,6 SMIC) ou les exonérations des heures supplémentaires. Bien qu’elles soient en partie compensées par le budget de l’État ou par des taxes comme la taxe sur le tabac ou la taxe sur les salaires, elles représentent une perte sèche pour la Sécurité sociale. Il y a d’autres causes, mais elles sont moins importantes. Il y a d’abord les impayés, mais ils concernent d’abord les petites entreprises en difficulté qui font souvent faillite. Enfin, l’État paye souvent avec retard
(mais il finit par payer) ce qu’il doit à la Sécu, ce qui pèse sur la trésorerie de cette dernière. Il ne faut donc pas se tromper dans les réponses : ce qu’il faut, c’est dégager de nouvelles recettes et non peser sur les dépenses de l’assurance maladie ou baisser les retraites comme l’ont fait toutes les réformes depuis la réforme Balladur de 1993 jusqu’à la remise en cause de la retraite à 60 ans l’année dernière. C’est pourquoi la CGT propose de réformer le financement de la Sécurité sociale. Que propose la CGT ? La CGT propose une réforme ambitieuse du financement de la Sécurité sociale. Notre proposition centrale consiste à mettre en place une double modulation des cotisations patronales, qui tiendrait compte à la fois de la part
des salaires dans les richesses créées (la valeur ajoutée) et des comportements d’emploi des entreprises. Concrètement, une entreprise de main d’œuvre (le BTP par exemple) verrait sa cotisation baisser, tandis qu’une entreprise de la pétrochimie comme Total, dans laquelle la part des salaires est relativement faible, verrait son taux de cotisation augmenter. En même temps, les entreprises créant des emplois auraient un taux de cotisation plus faible que celles qui licencient ou délocalisent leurs activités. Nous proposons également de supprimer les exonérations de cotisations patronales, ainsi que d’instituer une contribution sur les revenus financiers des entreprises (les profits qu’elles tirent de leurs placements financiers notamment spéculatifs). Comment y parvenir ? Bien sûr, on n’y arrivera que par la mobilisation des salariés, qui passe aussi par un travail de pédagogie pour en expliciter les enjeux. C’est pourquoi la CGT va lancer une campagne autour du thème de la reconquête de la Sécurité sociale. Dans la même perspective, la CGT va organiser le 31 janvier prochain un grand meeting national au Zénith à Paris : notre objectif est de rassembler 6 000 salariés.
Déportation
la Cour suprême américaine refuse un recours contre la SNCF La Cour suprême des États-Unis a refusé, lundi 3 octobre, de se saisir d’un recours contre la SNCF sur son rôle dans la déportation des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, interdisant de ce fait à des descendants de déportés de poursuivre la société ferroviaire aux États-Unis. Un groupe de familles de déportés, le second en quelques mois, avait fait appel devant la plus haute juridiction du pays pour recevoir des compensations de la SNCF.
La Cour suprême, en refusant de se saisir de leur recours, a confirmé le jugement d’appel. Des élus du Congrès américain ont cependant déposé, en mars dernier, un projet de loi pour autoriser des poursuites contre la SNCF pour son rôle dans le transport de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale vers les camps de la mort. Le Journal des Combattants 15/10/2011 Décembre 2011 - janvier 2012 - N°779 - LE RÉVEIL
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
En Arizona, le Père Noël est une ordure ! Envie de changer la photo traditionnelle avec le Père Noël ? Quoi de mieux pour se mettre dans l’esprit de Noël que de se faire tirer le portrait avec le père Noël et un fusil d’assaut ! Rendez-vous au club de tir de Scottdale en Arizona, ÉtatsUnis d’Amérique. Parents et enfants n’ont que l’embarras du choix. Un véritable arsenal les attend. Lance-grenades, fusils d’assaut ou AK-47 viennent pimenter la pose. Du simple pistolet à la mitrailleuse d’une valeur de 80 000 dollars (60 720 euros). La photo coûte 10 dollars (7,50 euros) et sera ensuite apposée à une carte de vœux. On croit rêver... Et la maison ne recule devant aucun sacrifice : il est également possible de tester les armes, après la photo, dans un stand de tir ! De quoi conforter le puissant lobby des armes à feu à quelques mois de l’élection présidentielle. Rien d’étonnant au pays
du Ku Klux Klan, des assassinats politiques, du lynchage des noirs, des massacres d’innocents perpétrés par des déséquilibrés ou de simples citoyens au bout du rouleau, rejetés, isolés dans une société du paraître, de la gagne et du profit. L’histoire de l’Amérique est jonchée de ces cadavres. Qu’en pense le prix Nobel de la Paix qui réside à la Maison-Blanche depuis maintenant plusieurs années ? Quelles mesures a-t-il prises contre le fléau des armes à feu dans son pays ? Aucune. Il est vrai que depuis son accession au pouvoir, Obama a élargi les bases légales permettant les assassinats au nom de la lutte contre le terrorisme. Pour certains Américains, on est toujours le terroriste de quelqu’un et l’exemple vient d’en haut ! Jean-Pierre Delahaye
Libye
Le New York Times contre-enquête Article publié dans le quotidien Libération le 19 décembre 2011 Pourquoi l’OTAN refuse-t-elle d’enquêter sur la mort de civils lors de ses interventions aériennes en Libye ? C’est la question que posait, hier, le New York Times dans une enquête de plusieurs semaines réalisée sur place. Selon le quotidien américain, « au moins 40, et peut-être plus de 70 civils » ont été tués lors des attaques de l’OTAN, qui ont pris fin le 31 octobre. Le journal évoque aussi « des dizaines de blessés » et précise « qu’au moins 29 femmes et enfants » ont péri dans leur maison lors de raids, alors qu’ils dormaient. Le New York Times ajoute que le bilan pourrait être en10 -
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core « bien plus élevé », en précisant que ses reporters n’ont pas pu se rendre sur tous les sites qui ont été touchés par les 7 700 bombes ou missiles des alliés. Le quotidien a en outre présenté le résultat de son enquête aux responsables de l’OTAN, qui ont reconnu « que les informations rassemblées semblent indiquer que des civils innocents ont été tués ou blessés ». Tout en ajoutant que la responsabilité d’ouvrir une enquête sur ces « erreurs éventuelles » était désormais entre les mains des nouvelles autorités libyennes.
Asie-Pacif un nouvel Washington et Pékin livrent bataille pour s’assurer le leadership économique et militaire dans cette région du monde, stratégique pour l’un comme pour l’autre. Vers une nouvelle guerre froide ? Le président américain Barack Obama a effectué, début novembre, une tournée dans plusieurs pays de l’Asie-Pacifique dont les médias occidentaux se sont peu fait l’écho. Il y a pourtant laissé un message sans équivoque : les ÉtatsUnis veulent façonner l’avenir de la région. « Qu’il n’y ait aucun doute. Dans cette Asie-Pacifique du XXIe siècle, les États-Unis ont toute leur place », a lancé le président américain, dès le début de son périple de neuf jours. Au cours de ses rencontres, il a insisté longuement sur le fait que les USA vont se « tourner plus que jamais vers cette région en forte croissance économique, prometteuse d’emplois ». Commençant par son île natale d’Hawaii où il a présidé un sommet des 21 pays du Forum économique Asie-Pacifique (APEC), Obama est parvenu à faire décoller son projet de « Partenariat transpacifique » (TTP), appelé à devenir la plus grande zone de libreéchange du monde. Les principaux pays engagés dans ce partenariat, outre les Etats-Unis, sont l’Australie, la Nouvelle Zélande, Singapour, la Malaisie, le Vietnam, Bruneï, le Chili et le Pérou. Le Japon, le Mexique et le Canada, bien que réservés pour le moment, se disent « intéressés » par le projet… qui va à l’encontre des ambitions de la Chine. En effet, Pékin cherche à développer autour de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) un péri-
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ique, enjeu mètre commercial essentiellement asiatique. Le locataire de la Maison-Blanche s’est ensuite envolé pour l’Australie où il a annoncé un renforcement militaire, avec le déploiement à terme de 2 500 marines dans le nord du pays. Tout un symbole, il a choisit Darwin pour faire cette annonce, là même où le général Mac Arthur avait lancé ses troupes à la reconquête du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale.
Washington à la reconquête La tournée du président américain s’est achevée par une visite en Indonésie, où il a participé au sommet de l’Asie orientale (EAS), consacrant ainsi l’entrée des États-Unis dans ce bloc de 18 pays, dont la Chine. A cette occasion, Obama a indiqué qu’il allait dépêcher sa secrétaire d’État Hillary Clinton en Birmanie, pays considéré sous influence chinoise depuis sa relégation au ban des nations pour violations répétées des droits de l’homme. Comme on le voit, il ne s’agissait pas d’une simple visite de courtoisie. Tom Donilon, conseiller d’Obama pour la sécurité nationale, cité par l’AFP, l’a confirmé en précisant : « La tournée a permis une réorientation critique et stratégique de la politique américaine, un rééquilibrage ». L’offensive diplomatique US n’est pas nouvelle dans cette région du monde. Déjà, en 2009, le secrétaire d’État adjoint américain, Kurt Campbell, s’était rendu dans plusieurs pays dont la Birmanie pour encourager le dégel et préconiser un début de levée des sanctions internationales prises en 1990, lorsque la junte au pouvoir avait refusé de céder la place à Aung San Suu Kyi et son parti grand gagnant des élections. Depuis des années, Washington, dont l’ambassade est située à quelques
encablures de la résidence de la prix Nobel de la paix, entretient, tout comme les chinois, une armée de diplomates dirigés par un « chargé d’affaires » et des attachés militaires. A l’occasion de sa visite le 1er décembre à Aung San Suu Kyi, Hillary Clinton n’a pas seulement parlé des droits de l’homme. La Birmanie est un pays immensément riche, même si le peuple, qui subit le double effet de la dictature et des sanctions internationales, vit dans la pauvreté. Les matières premières ne manquent pas et le sous-sol regorge de richesses extrêmement convoitées : pétrole, gaz, pierres précieuses, or, agriculture, forêts... A l’époque de l’empire britannique c’était le « grenier à riz de l’Asie du Sud-Est ». Selon de nombreux observateurs, la levée des sanctions contre la Birmanie pourrait intervenir rapidement et les Américains sont déjà à la manœuvre…
Vers une nouvelle guerre froide ? Au-delà des discours sur les droits de l’homme et l’instauration nécessaire de la démocratie, l’engouement renouvelé de Washington pour cette région du monde est évidemment lié à la montée en puissance et à l’influence grandissante de la Chine. « J’ai donné ordre à mon équipe de sécurité nationale de faire une priorité de notre présence et de nos missions en Asie-Pacifique », a déclaré Obama. On ne peut être plus clair. Ce net renforcement de la présence américaine irrite les dirigeants chinois. Fin novembre, le très nationaliste quotidien pékinois Global Times a prévenu : « La Chine ne laissera pas ses intérêts en Birmanie se faire piétiner ! » La rivalité sino-américaine se précise dans d’autres nombreux domaines et a dominé le sommet de l’Asie Orientale. Pendant cette réunion, Obama a rencontré le Premier Ministre chinois, Wen Jiabao, mais les relations restent tendues, en particulier sur le yuan, la monnaie chinoise. Washington l’estime sous-évalué. En maintenant sa monnaie à un niveau artificiellement bas par rapport au dollar, Pékin dynamise ses exportations et taxe davantage les produits d’importation américains.
Le divorce est patent également en matière de politique internationale, particulièrement sur la question iranienne comme sur la Libye en son temps. Enfin de nouveaux problèmes apparaissent sur les différends territoriaux en mer de Chine notamment sur la question de Taïwan, alliée des USA et refuge des nationalistes chinois depuis 1949. Notons que,depuis 50 ans, Washington fournit des armes à Taïwan. Pour 6 milliards de dollars au cours des deux dernières années, ce qui a pour effet d’énerver considérablement le Président chinois Hu Jintao. La MaisonBlanche souhaite que ce dossier fasse l’objet de discussions multilatérales, ce que Pékin refuse catégoriquement. Les États-Unis « ne craignent pas » la Chine, assure Obama, et ne cherchent pas à freiner son expansion. Pékin dément toute velléité hégémonique et répond en avertissant Washington de ne pas « s’ingérer » dans ses affaires. Hu Jintao a demandé à sa marine de guerre de se « tenir prête ». Dès deux côtés, l’escalade verbale et les tentatives d’intimidations vont bon train. Assiste-t-on aux prémices d’une nouvelle guerre froide ? Cela y ressemble fort. Jean-Pierre Delahaye
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LE RÉVEIL international
Salah Hamouri est libre !
La déclaration de Jean-Claude Lefort, coordinateur du Comité de soutien à Salah Hamouri, à l’occasion de sa libération (extraits).
« Je veux, tout d’abord dire à Salah, au nom de son Comité national de soutien, toute la joie qui est la nôtre aujourd’hui de le savoir libre. Nous partageons cette joie immense avec sa famille, avec sa mère, Denise, avec son père, Hassan, avec sa sœur, Caroline, et son frère, Amir. Salah est enfin près de vous, il est libre ! Vous pouvez désormais l’embrasser pour la première fois depuis près de sept ans. L’embrasser… Tout simplement. Depuis 4 ans, son Comité de soutien a été mis en place en France. Et ce sont des dizaines et des dizaines de milliers de personnes, de jeunes spécialement, qui l’ont rejoint. A part l’extrême droite, des représentants de tous les partis démocratiques qui existent en France étaient présents dans ce comité et ont agi pour sa libération. De même que des personnalités, des élus, des citoyens de toutes les origines ou de toutes les croyances se sont rassemblés pour lui. Tous doivent en être remerciés. Très sincèrement. Du fond du cœur. Dès le premier jour, nous avons dit clairement, sur la base des faits, que Salah était totalement innocent de ce qu’on lui repro-
chait puisqu’il n’avait commis aucun acte négatif. Et donc, depuis le premier jour, nous avons demandé sa libération (...) Bien sûr cette libération arrive bien tard à nos yeux. Pour nous, il n’aurait pas dû faire un seul jour de prison puisqu’il n’a commis aucun acte qui soit contraire au droit. Cela tient au fait que, en haut lieu et c’est tout dire, on n’a pas porté à sa situation la même attention que celle qui a été apportée à d’autres cas et encore moins on n’a multiplié les mêmes efforts, sauf ces tous derniers temps, pour le faire libérer (…) Maintenant Salah est enfin libre et il va pouvoir enfin « revivre » sa jeunesse en respirant l’air pur et tonique de la liberté. Nous lui redisons toute notre estime et notre admiration pour avoir tenu comme il a tenu - c’est-à-dire dignement. Et pour s’être toujours effacé pour qu’on ne parle que des autres et non pas de lui (…) Au nom de notre Comité de soutien, je lui redis notre joie. Je lui redis notre amitié. Je lui redis, ce jour, notre attachement absolu à la liberté comme à la liberté « inévitable » de la Palestine.
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LE RÉVEIL - N°779 - Décembre 2011 - janvier 2012
LE CAHIER MÉMOIRE
le réveil
N° 779 Décembre 2011 Janvier 2012
des combattants
Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix Un travail de Mémoire patient, délicat, rigoureux est donc nécessaire auprès du plus grand nombre possible de nos compatriotes afin qu’ils découvrent la réalité de cette guerre et qu’avec ceux qui furent contraints de la faire ou de la vivre, ils se joignent à nous pour témoigner sur elle, agir pour refuser les guerres et mener l’action pour la paix. C’est à quoi doit servir ce premier cahier de Mémoire anniversaire sur la guerre d’Algérie.
ALGÉRIE au cœur
C’est tout le sens de la fête franco-algérienne du 50e anniversaire du cessezle-feu en Algérie, appelée « Algérie au cœur », que nous réaliserons à la Maison des Syndicats de Créteil (Val-de-Marne) le samedi 24 mars 2012. Nous souhaitons vous y retrouver nombreux.
ÉDITO - Par Paul Markidès
L’année 2012 qui va s’ouvrir, sera marquée par le 50e anniversaire du cessezle-feu en Algérie, proclamé le 19 mars 1962 à midi sur le terrain, à la suite de l’accord intervenu la veille à Evian entre les représentants du gouvernement provisoire de la République algérienne et ceux du gouvernement français. Le 19 mars 1962, dont l’ARAC demande la reconnaissance comme date de commémoration officielle de la fin des combats d’Algérie, Tunisie et Maroc. Guerre « sans nom » a-t-on pu dire et il aura fallu trente-neuf années d’actions tenaces du mouvement combattant et d’un grand nombre de citoyennes et de citoyens pour que soit enfin reconnu le caractère officiel de cette guerre d’Algérie. Durant ces cinquante années qui se sont écoulées depuis le 19 mars 1962, c’est surtout durant les dix dernières années que des acteurs ou des témoins de cette guerre en nombre sont sortis du silence. Mais il en reste beaucoup trop qui ne se sont pas exprimés, soit souvent parce qu’ils sont encore étreints par trop de souffrances, soit parce qu’ils hésitent sur la façon d’assumer les situations dans lesquelles la guerre les avait placés : opérations, ratissages, tortures, etc. Sans oublier les silences de ceux que les mensonges et non-dits arrangent toujours.
50e anniversaire du cessez-le-feu
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LE RÉVEIL dossier
Rétrospective historique Par Jules ROY
En 1992, notre association publiait un ouvrage intitulé L’ARAC et la guerre d’Algérie, préfacé par l’écrivain Jules Roy1 décédé depuis. Ce texte est une véritable rétrospective historique dont nous pensions qu’il est utile de la livrer à nos lecteurs au début de ce cahier de Mémoire du 50e anniversaire du cessez-le-feu en Algérie. Tous les déchirements que, depuis 1870, trois guerres ont pu provoquer chez nous, nous les avons connus : l’occupation par l’ennemi, l’armée de la nation anéantie puis divisée, les massacres, les désastres. Après quoi, pour restaurer l’empire, les guerres coloniales. L’Indochine
Jules Roy, commandeur de la Légion d’honneur, est né en 1907 à Rovigo en Algérie, pilote de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, officier de l’Armée de l’Air dont il démissionnera en 1953, en Indochine, comme colonel. Poète, essayiste, romancier, auteur dramatique, il a écrit plus de 50 ouvrages depuis 1942, dont une vaste saga algérienne (18301962). Les chevaux du Soleil (6 vol. 1968-1975) adapté à la télévision en 1980, mais aussi La Guerre d’Algérie (1960), Autour du drame (1961), La bataille de Dien Bien Phu (1963), J’accuse le général Massu (1972)… Il était membre du comité d’honneur de l’ARAC.
Tirailleurs algériens pendant la campagne d’Italie
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était loin, on y envoya un corps de métier, cela se termina par la défaite de Dien Bien Phu, la plus honteuse humiliation que nous ayons subie depuis l’armistice de Pétain. Nos chars, nos avions et notre fameuse logistique ridiculisés par la bicyclette et le bol de riz, ce qui prouve que la victoire est due à ce qu’on a dans le cœur et non aux prétentions des états-majors, à l’esprit de Valmy et non à la ligne Maginot et aux régiments de mercenaires. L’armée n’est plus, comme autrefois chez nous, « une grande chose que l’on meut et qui tue », selon le mot de Vigny. Désormais, en France, pays démocratique par excellence, une morale militaire est née, et, non sans douleur, a pris valeur. En Israël aussi, on a pu en discerner les premiers symptômes chez Tsahal pendant l’invasion du Liban. Les guerres qui ne sont pas nationales posent des problèmes à ceux qui veulent savoir pourquoi ils meurent et pourquoi ils tuent. Soldats citoyens, nous n’acceptons plus de mourir ou de donner la mort pour le bon plaisir de quelquesuns. Pour nous, la seule cause qui vaille d’être servie doit concerner la nation en péril. Nous ne songeons plus un instant à redevenir les agresseurs que nous avons été dans notre Histoire, et nous n’avons qu’une crainte : que des envahisseurs du genre de ceux que nous avons pu être jadis nous menacent. Dans ce cas, nous saurons défendre notre territoire sacro-saint, notre sanctuaire. L’armée nationale est là pour ça. On nous trouvera. Quand, en 1952, je m’envolai pour l’Indochine avec quelques camarades avides de connaître le
théâtre d’opérations du corps expéditionnaire en Extrême-Orient et de savoir pourquoi nous nous battions là-bas, j’étais, comme tous les Français d’alors, mal informé. Naïvement d’abord, je me jetai dans ce que le général de Lattre de Tassigny appelait une croisade du monde libre contre la barbarie soviétique. Puis je m’aperçus qu’en vérité, cette croisade, c’était l’adversaire qui la menait contre nous, envahisseurs du monde capitaliste. Où étaient alors nos raisons de mourir pour le Vietnam ? Cependant beaucoup d’entre nous s’y sacrifièrent par discipline ou par mystique, nous devons les plaindre et les saluer. Ils ont donné leur vie pour une cause qui les trompait et se trompait elle-même d’objet. Y aurait-il encore des croisades où l’on se tuerait parce qu’on n’adore pas le même Dieu ou parce qu’on ne partage pas la même doctrine politique ? Dans le palais du hautcommissaire de France à Saigon, mugissait le Veau d’Or, et Cholon n’était qu’un vaste lupanar dont l’odeur empuantissait toute l’Asie du Sud-Est. Alors je vis la façon dont nous, d’Occident, qui venions d’appartenir aux armées qui avaient vaincu les nazis, rasions les villages et exterminions les rebelles. Tout le reste : l’empereur Bao Daï, que nous avions acheté, l’armée vietnamienne corrompue que nous avions levée, n’étaient que de la frime. Les vrais Vietnamiens ne songeaient qu’à nous chasser de chez eux. Quand j’en eu assez de notre croisade à quoi je voulus croire un temps, quand je sus que la torture était un de nos moyens ordinaires du combat, je demandai un congé définitif qu’on m’accorda avec soulage-
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ment, et je regagnai la France en silence. Ce ne fut pas une affaire. Il ne vint à personne l’idée de s’en émouvoir. De l’Indochine et de ce qu’on pouvait y faire, presque tout le monde se moquait. Quelques mois plus tard, dans un ébahissement total pour notre pays, ce fut Dien Bien Phu. Et un an plus tard, l’Algérie. Ce n’est qu’aujourd’hui, en 1992, que les langues se délient et que les anciens bidasses d’alors osent dirent ce qu’ils ont vu et ressenti. Est-ce croyable ? Les appelés qui composaient en grande partie l’armée d’Algérie étaient des fils de France, la France en avait assez et voulait qu’on fasse la paix avec des gens qu’on avait dépossédés. La veille formule : « L’Algérie, c’est la France » était inventée pour les besoins d’une mauvaise cause. L’Algérie n’était pas la France puisque, pour les indigènes, il n’y eut jamais ni égalité, ni liberté, ni fraternité et que les Français de là-bas furent victimes des seules puissances qui possédaient tout, finance, presse et politique. Plus de guerres coloniales, camarades, plus jamais ! Vous me direz : « Des colonies, on n’en a plus ». Détrompez-vous. Nous en avons encore de nombreuses chez nous et à travers le monde, où les pauvres s’échinent pour les riches, où des fils d’anciens harkis, trompés et abandonnés par nous, vivent comme les lépreux d’autrefois parce que leurs pères ont cru à nos mensonges de colonisateurs. Et puis les colonies existent encore ailleurs : voyez en Israël, voyez chez les Américains, voyez là où les dictateurs sévissent encore. Nous en sommes toujours au temps où Barbusse luttait contre ce genre d’injustices-là. Continuons, ne laissons pas faire, l’honneur de la France est là. Vive la République, camarades !
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Témoignage
La fin d’un cauchemar Colonel Georges Gavelle
Georges Gavelle, ancien résistant engagé volontaire de la guerre 39-45, devenu officier de carrière, blessé plusieurs fois, guerre d’Indochine et guerre d’Algérie, membre du Bureau national de la Fédération des officiers de réserve républicains (FORR) et de l’ARAC.
Militants du FLN enterrés vivants par l’armée française
J’ai fait ces campagnes, d’Indochine et d’Algérie, sans jamais oublier mon option démocratique, et ce n’était pas facile. A moins d’être un reître, un boutefeu - ça existe - on doit toujours avoir conscience de ce qu’on est. Être militaire, être officier, au plan purement du métier, si on l’examine sous l’angle technique, cela peut être quelque chose de relativement facile. Mais être officier et avoir conscience d’être citoyen… C’est ainsi que le 19 mars 1962, j’ai personnellement ressenti, pourquoi ne pas le dire, un soulagement et cela pour plusieurs raisons. Il y avait déjà une résultante, celle de l’Indochine qui avait été une mésaventure avec une finalité extrêmement désagréable pour qui aime son pays, pour qui aime son armée. Alors ce 19 mars… Quand on regarde comment était engagée l’armée française : les frontières n’étaient pas menacées en Algérie ! Cela posait un problème pour un cadre qui avait une double responsabilité. Celle de réaliser une mission où, même s’il ne s’interrogeait pas, il voyait les choses se produire, c’était obligé ! Et par ailleurs, il n’était pas détaché de son pays où il avait encore des liens familiaux.
Il savait que son peuple supportait de moins en moins une aventure de ce genre. Et sur place, nous étions de plus en plus conscients, au fil des mois et des années, que - malgré tout ce qu’on a dit - militairement ce n’était pas possible de gagner… J’ai une image qui me vient. Il y a quelques années à la télévision, on voyait dans la région de Melun, je crois, un petit lapin de garenne lâché devant une centaine de fusils… Aucun chasseur ne l’a emmené, le lapin était dépecé par le nombre de coups de fusil. J’ai participé à des opérations de ce genre, dans le Constantinois par exemple, où pour avoir quelques types, soi-disant une « bande armée », il y avait quatre bataillons au carré qui ratissaient ! Alors militairement la démonstration était faite que sur le terrain, ce n’était plus possible. Il fallait en avoir les données. Ce qui ne veut pas dire qu’il fallait désobéir. Mais on a le droit, intérieurement, d’avoir des sentiments. A cette démonstration militaire s’ajoutait autre chose. Pour qui savait voir et voulait voir, il y avait là un peuple qui souffrait, atrocement ! La misère d’Algérie est une des plus grandes misères qu’il m’ait été donné de voir… Et j’ai beaucoup voyagé ! La dernière dimension était que nous étions comptables de nos subordonnés, des appelés du contingent. Au moment du 19 mars, j’étais le collaborateur et l’adjoint de deux personnalités militaires. L’un, le général Poirier, grand stratège de réputation internationale, éprouvait le sentiment que c’était la fin d’un drame et que c’était bien que cela soit terminé… Quant à l’autre,
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c’était le général d’armée Etcheverri qui est mort récemment. J’avais eu l’occasion de le revoir depuis, c’était un démocrate. Il partageait également ce sentiment. C'est-à-dire que tout le monde se disait : « Enfin, la France devient raisonnable ! » Pour moi, le 19 mars 1962 a été une chose extrêmement importante pour l’armée, c’était la fin d’un cauchemar. Cette guerre était en général mal vécue, malgré quelques exceptions. Et pour l’homme raisonnable qui est conscient de son rôle par rapport à son pays, il ne pouvait qu’être satisfait et éprouver un sentiment de soulagement. D’autant plus qu’il y avait autre chose à faire… Lorsqu’on pense aux difficultés que l’on a eu pour remonter la France après la Seconde Guerre mondiale… à peine était-ce terminé que l’on allait faire une guerre en Indochine… à 12 000 km et dans quelles conditions ! Puis en 1954, la paix à peine arrivée, on recommence en Algérie dans les mêmes conditions ! Celui qui veut voir, qui veut être raisonnable, ne peut que constater : il fallait arrêter !
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Interview-témoignage
Jules Roy En décembre 1980, notre journal Le Réveil des Combattants publiait une interview de l’écrivain Jules Roy à propos de la sortie de son livre La Guerre d’Algérie. Son témoignage nous a paru avoir toute sa place dans ce cahier Mémoire consacré à la guerre d’Algérie.
Pour le FLN, priorité à la lutte armée
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Dans quelles circonstances avezvous été amené à prendre position et à publier La guerre d’Algérie ? « C’est une chose tout à fait différente et qui n’a à peu près rien à voir avec Les chevaux du Soleil. Il s’agit d’un autre âge en quelque sorte. J’étais à Paris, je n’avais pas de position très arrêtée sur cette guerre. En 1958 toutefois, j’avais écrit un violent article contre l’armée dans l’Express intitulé « Mes camarades, je vous plains ». En 1960, Camus meurt. Camus était notre maître (je pense à Roblès, à Amrouche…) Cet homme possédait une aura et nous dominait. C’est lui qui a été l’éveil des intellectuels à propos de l’Algérie. Sans Camus je n’aurais jamais écrit « Les chevaux… » C’est lui qui m’a ouvert les yeux sur mon aveuglement de pied-
noir ! La même année, je rencontrai Clostermann, grand aviateur de la dernière guerre, qui rentrait d’Algérie où il avait passé un an comme officier de réserve. Il me parla de choses effrayantes et me persuada de témoigner. Je suis parti, certain de revenir « Algérie française ». Là-bas, je suis allé à la ferme de mon enfance. J’ai vu le curé avec sa mitraillette, j’ai vu le maire approuver les répressions, j’ai vu toute l’horreur de la guerre. Le hasard m’a servi, ou desservi, je n’en sais rien. Je n’ai vu que ce que j’ai pu voir. Je suis rentré et j’ai écrit un livre de colère, de douleur, de dénonciation de l’armée française et de la France, car c’était la France la coupable. A Paris, toutes les portes des éditeurs se fermèrent sur moi, y compris celle de l’éditeur qui m’avait commandé le livre. On refusait même de me recevoir. Seul, Jérôme Lindon des Éditions de Minuit voulut courir le risque, mais, tout ce qu’il publiait était saisi. C’est alors que Julliard a décidé de sortir mon livre. Il fallut ruser : plusieurs imprimeries travaillaient à la fois, au cas ou… dont une en Suisse. Beaucoup plus tard, le garde des sceaux, Edmond Michelet, m’a dit être intervenu auprès de de Gaulle pour laisser paraître le livre. C’était le premier témoignage poignant sur le sujet. Le succès a été immédiat et la presse terrible. J’ai rencontré récemment un officier qui m’a dit : « A l’époque, si on vous avait tenu, on vous aurait tué comme un chien ». C’est la vérité qui blesse et fait scandale. » Que pensez-vous de ce que devrait être aujourd’hui les relations enentre la France et l’Algérie ? « La France, l’Algérie, cela a été une histoire d’amour terrible et mouvementée qui s’est terminée dans un ruisseau de sang, un fleuve de sang, peut-être… Mais la France et l’Angleterre ? La France et l’Allemagne ? Une mer de sang nous a séparés ! Et aujourd’hui, avec ces deux pays nous avons d’excellentes relations ! Alors
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pourquoi pas de réconciliation avec l’Algérie ? C’est de la stupidité ! Lorsque les peuples sont réduits à la guerre, c’est l’horreur même ! On n’a pas assez d’yeux pour pleurer. Nous sommes faits pour nous réconcilier. Je crois qu’il n’y a rien de tel que les anciens combattants, eux qui ont souffert, qui savent ce qu’est la guerre et son cortège de blessures et de sang, pour savoir se respecter et oublier…
Vous savez, ce qui blesse le plus sûrement l’homme, ce ne sont pas les coups de fusils, les bombes, etc., c’est le mépris. L’arme la plus infamante c’est le mépris. Hélas pour nous, Français, nous avons été là-bas très aveugles et très méprisants. Il est temps aujourd’hui d’œuvrer de plus en plus à la réconciliation de nos deux peuples. »
Les preuves de la torture en Algérie provoquent une forte mobilisation en France
Interview-témoignage
André Charrier Dans quelles circonstances t’es-tu trouvé en Afrique du Nord durant la guerre ? Appelé au 92 e RI à ClermontFerrand, je peux dire que ce régiment fournissait les principaux bataillons des opérations en Afrique du Nord. C’est dans ces conditions que j’ai été muté après mes classes dans le 60e RI en Tunisie, en juillet 1956. En arrivant, je me suis rendu compte que nous étions, nous appelés, complètement emportés dans un système dans lequel nous ne pouvions pas réagir. J’ai été tout de suite confronté à l’horreur. En effet, une section de rappelés qui était partie en patrouille a été pratiquement entièrement massacrée, à deux exceptions près, après mon arrivée. Ces rappelés considéraient que ce n’était pas leur guerre et avaient mis la crosse en l’air, les adversaires n’ont eu qu’à tirer. Les deux survivants (un sergent et un caporal) ayant finalement décidé de se défendre ont ensuite fait le récit de ce massacre. Cet évènement marqua la compagnie d’appelés à laquelle j’appartenais, arrivée en renfort avec des sentiments de contestation sur l’utilité de cette guerre. Ce massacre nous a complètement retournés, nous avons pensé que nous étions confrontés à un adversaire qui n’avait aucun scrupule et toute réflexion a été soudain rejetée. Nous avons accepté la guerre, sous toutes ses formes.
Et après ? Comme nous étions basés sur la frontière algéro-tunisienne, les accrochages étaient permanents. C’est pourquoi notre unité a subi beaucoup de pertes (270 morts durant le conflit) et de nombreux blessés. Quand avez-vous quitté la TuniTunisie ? Nous avons quitté la Tunisie fin juillet 1957 pour passer en Algérie, jusqu’à Tebessa dans l’Est constantinois. Comment se déroulait la guerre dans ce secteur ? Ce secteur était certainement l’endroit où se déroulaient les combats les plus durs de cette guerre. Nos adversaires avaient une base arrière solide en Tunisie puisqu’il n’y avait plus d’armée française. De là, ils bombardaient nos postes qui se trouvaient à la frontière toutes les nuits et, pendant les bombardements, ils franchissaient les lignes électrifiées de cette frontière pour aller rejoindre les groupes armés à l’intérieur du territoire algérien. Ce fut une période très dure pour la population algérienne, car tout en combattant l’armée française, nos adversaires étaient très divisés entre eux et non seulement s’affrontaient quelquefois entre katibas, mais aussi certains massacraient la population,
André Charrier, président du comité départemental de l’ARAC du Puy-de-Dôme, ancien combattant d’Algérie, a accepté de répondre aux questions de Paul Markidès pour le livre de témoignages sur cette guerre, L’Algérie, nous y étions, publié par notre association.
comme ce fut le cas le 27 mai 1957 à Melonza (300 morts et 950 blessés), bourgade pro-française et partisane de Messali Hadj, par une katiba dirigée par Mohamed Saïd. A partir de cette période, nous étions à la fin de 1957, j’ai accepté d’être volontaire pour rejoindre les commandos. Où donc as-tu été alors affecté ? J’ai été détaché dans une unité qui a participé alors à la bataille d’Alger. Je fus d’abord surpris de constater que de nombreux Européens avaient rejoint le FLN et s’en prenaient par des poses de bombes à la population civile. Entre 1954 et le début de la bataille d’Alger (février 1957), il y eut 2 500 victimes parmi la population civile. 88 % des victimes avaient une moyenne d’âge de 20 ans. La conséquence de ces actions nous retira nos derniers scrupules. Au mois d’octobre 1957, l’armée française pouvait considérer qu’elle avait gagné la bataille d’Alger, mais à quel prix pour nos adversaires ! Exécutions sommaires, tortures, etc. Tu as donc connu ces pratiques malheureuses ? Je dois dire tout simplement que tous
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les régiments, qu’ils soient constitués d’appelés ou de professionnels, avaient des services de renseignements. Toutes les autorités civiles et militaires en Algérie connaissaient les pratiques de ces services. Et on peut dire que la pratique des exécutions sommaires et de la torture était courante du fait des massacres dans la population civile qui nous conduisaient à nous déculpabiliser en disant que nous rendrions la « monnaie de la pièce » à l’adversaire. Personnellement, quel était ton état d’esprit ? Je vais peut-être te surprendre, mais je n’avais pas d’état d’âme avec tout ce que je vivais. Après Alger, nous sommes retournés dans le djebel où j’ai assumé la responsabilité d’une section de 40 bonshommes. Nous y avons vécu, de février à mai 1958, de très nombreux combats, dont la bataille de Soukras (4 000 morts combattants algériens parce que les
mais dangereux car ils contestent les ordres ». Les punitions redoublaient pour les « insoumis », en deux mois de classe, j’avais subi 16 « tenues de campagne ». Heureusement on était une bonne équipe dans la chambrée : on se serrait les coudes, on finissait par en rire, pas question d’être des « fayots » !
prisonniers étaient souvent exécutés, 1 200 blessés au total). Est-ce que ton groupe a pratiqué la torture et les exécutions somsommaires ? Oui, dans des circonstances exceptionnelles, suite à un massacre de civils dans une mechta, pour retrouver la bande qui avait commis ces atrocités.
Avril 1963
Toi qui es membre de l’ARAC dedepuis quarante ans, militant pour la paix, pour la solidarité interinternationale, pour la réparation des conséquences de cette guerre sur toi, ta famille et sur d’autres pour sa mémoire, que veux-tu dire pour conclure cet entretien ? Si je parle maintenant, c’est que je ne veux plus que l’on raconte n’importe quoi et que je ne veux pas que mes enfants et mes petits-enfants connaissent ce que j’ai connu.
Témoignage
Georges Ploteau
Un des derniers appelés du contingent en Algérie 1962 Ouf ! Le cessez-le-feu. Au centre de sélection de Guingamp, on m’avait classé « Bon pour le service 1ere catégorie », ceux qu’on envoie souvent chez les paras.
Février 1963 19 ans à peine, et surprise ! J’étais déjà appelé pour le service militaire, on nous avait incorporés plus vite pour remplacer « les anciens». Je me retrouvais à Caen dans l’Aviation, mais dans un centre d’Instruction exceptionnel dirigé par des EOR (Élèves officiers de réserve) souvent ambitieux, méprisants. Entraînement intensif pour fusiliers de l’Air : manœuvres, simulations d’attaques, 18 -
d’embuscades, de « progression au bord d’un Oued », close combat. On finit par l’apprendre : notre section était formatée pour partir en Algérie. « La force de nos armes, la force de nos cœurs et de nos bras.. » : les chants qu’on nous obligeait à chanter au pas de marche, reprenaient, j’en ai eu depuis la certitude, des chants militaires nazis, repris par la Légion étrangère pour la guerre d’Indochine. Humiliations pour les moins dégourdis, moqueries, sarcasmes pour tous. J’avais refusé la proposition d’entrer à l’école de formation des EOR, je me retrouvais classé par nos supérieurs parmi je cite : « les soldats aptes au commandement
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Georges Ploteau est vice-président du comité départemental de l’ARAC d’Ille-et-Vilaine, en charge de la Mémoire et de la Citoyenneté. Il fut appelé au service armé en 1963 donc après le cessezle-feu et transféré après ses classes en avril 1963 en Algérie.
Après le camp de Sainte-Marthe la traversée n’en finissait pas, le pont et la cale puaient (après le dernier coup de vin à Marseille, des copains avaient eu le mal de mer). On débarquait enfin dans le port d’Alger au matin, avec notre paquetage militaire, notre valise. Un gosse essaya de lancer des cailloux dans notre direction, avant de disparaître en courant. Mais moi j’étais déjà émerveillé par cette ville, les maisons blanches qui se succédaient sur les hauteurs, le bleu azur de la mer, les montagnes qui se profilaient à l’horizon, la douceur du climat. A mon tour, j’avais le coup de foudre pour ce pays. Les camions nous emmenèrent vers plusieurs bases d’aviation qui restaient toujours en Algérie. Moi, je n’allais pas loin, Hussein Dey dans la proche banlieue d’Alger. J’étais affecté à l’EGCA, le Commissariat de l’Air en Algérie, j’étais assez content, on m’avait affecté à l’ordonnancement, cela correspondait à mon ancien métier, la comptabilité. Une chef de service pied-noir dirigeait le service. Le personnel civil était rapatrié progressivement vers la France, on les remplaçait. Visiblement on appréciait mon travail (avec une solde de 13 francs par mois) j’avais de plus en plus de responsabilités.
La peur de l’autre était toujours là Le soir, puis la nuit changement ! Une fois par semaine au début et ensuite plusieurs fois, il fallait monter la garde, grimper avec le pistolet mitrailleur dans les miradors de la base qui dominaient cette banlieue
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d’Alger ou sur les petits postes de surveillance au bord de la grande route vers Constantine. La première fois, je reconnais que comme beaucoup de « bleus », j’avais un peu peur. Vite, je remarquais que même dans cette Algérie indépendante, des Arabes ou Kabyles nous regardaient encore avec crainte lorsqu’ils devaient longer les murs de notre base et nous regardaient parfois avec crainte. On se méfiait encore les uns des autres ! Nos gros chiens de garde, type bergers allemands, eux n’avaient pas oublié leurs consignes de dressage ; lorsque nous passions près d’eux ils étaient calmes, ils devenaient enragés lorsqu’ils sentaient la présence d’un « Arabe » même face aux sympathiques ouvriers algérois qui travaillaient toujours sur la base.
Vous êtes encore là ? La plupart des « anciens » ne sortaient pas : « Les Bougnouls, on veut plus les voir ! » Mais, toute une équipe de « bleus » comme moi profitions des services de cars offerts par l’armée. Le carburant ne coûtait pas cher ! Nos derniers stocks seront brûlés durant plusieurs jours avant notre départ. On sortait le samedi à Alger, et le dimanche vers les belles plages Sidi Feruch, Tipasa ; depuis l’indépendance, les «Arabes » pouvaient maintenant y accéder. Comme quelques copains, moi j’étais de plus en plus à l’aise dans ce pays, on allait dans les bus, sur les marchés, au cinéma. Certains jours, on revenait en auto-stop. On finissait même par discuter et blaguer parfois avec des jeunes militaires de l’ALN, on découvrait que, comme les jeunes Français, beaucoup semblaient préférer le soleil, la joie, les filles aux bruits des balles et aux explosions. Des civils algériens nous questionnaient sans agressivité :« Pourquoi, vous êtes encore là ? Vous allez rester combien de temps ? ». On ne pouvait pas trahir de secrets militaires, car nous aussi : « On n’en savait rien ! »
Pourtant certaines fois, l’atmosphère changeait. Dans une ballade en Kabylie, on remarquait que dans la traversée d’un village, dans notre petit car militaire, on n’était pas très apprécié. Des pierres étaient jetées sur les vitres. J’appris le lendemain que la Légion était passée dans cette zone, des villageois y avaient été massacrés, des femmes violées. Une autre fois, on s’était égaré à pied dans Bab El Oued, deux balles de petit calibre se mirent à siffler près de nous, pistolet à plomb ? Carabine ? On partit vite se mettre à l’abri. Certains jours, nous étions encore plus inquiets. Notre base longeait le champ de course d’Alger « Le Caroubier », c’est là que se tenaient des grands rassemblements politiques, comme en juillet 1963, le premier anniversaire de l’indépendance algérienne. On avait reçu l’ordre
de doubler nos munitions et nous étions deux par mirador. La foule algérienne arrivait en masse à pied ou dans les cars et les voitures, entassée jusque sur les galeries ou à cheval sur la portière avec drapeaux algériens, banderoles. Le you-you de joie des femmes algériennes se transforma en you-you de colère devant nous ; leur banderole écrite aussi en français parlait de leurs maris et de leurs fils martyrs. Elles s’accrochèrent avec des policiers et, m’a-t’il semblé, des militants FLN venus les faire se disperser. Dans les voitures officielles, j’ai pu reconnaître Ben Bella et, dans son costume militaire, Boumediene, tous les chefs historiques de la Révolution passaient devant nous. Des cris répétés s’amplifiaient chez les manifestants et cela augmentera en septembre : « Yala Ben Bella ! ».
Contre l’oppression coloniale Henri Barbusse
Comme aujourd’hui, l’ARAC a toujours été partie prenante de la lutte anticolonialiste. Elle était évidemment solidaire de son président lors de son engagement contre la guerre du Rif (Maroc) en 1925. De même, elle était à son côté lorsqu’en janvier 1927 fut créée, à son initiative, la Ligue contre l’oppression coloniale et l’impérialisme, qu’il présida. Nous publions ci-après un extrait du discours prononcé par Henri Barbusse au Congrès international de la Ligue qui s’est réuni à Bruxelles du 10 au 15 février 1927. Amis et camarades, J’ai tenu, malgré mon état de santé, dont je m’excuse, à prendre part à cette séance d’ouverture. J’estime que s’accomplit ici un geste décisif et solennel, et c’est une gloire et une joie profonde pour moi de tenir ma place et de prendre la parole au début du premier Congrès international contre l’oppression coloniale et l’impérialisme. En saluant fraternellement tous ceux qui sont venus ici de bien des
points du monde, représentant euxmêmes des foules innombrables, je leur dis : vous n’êtes pas seulement des hommes qui viennent ici pour fraterniser, pour se tendre les mains ; vous êtes aussi des organisateurs et des ouvriers qui viennent pour bâtir. Vous venez élever dans le monde élever assez fort pour que le monde entier l’entende - le grand cri de revendications des races et des peuples opprimés. Cri humain, juste et clair, dont nul ne pourra méconnaître la
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logique à la fois saignante et lumineuse. Vous venez pour que ce cri soit une action ; plus encore pour que ce soit une action d’ensemble, pour que ce soit une action universelle. Pour la première fois, il s’agit de donner, par l’union et par la solidarité, toute sa portée, toute sa signification, toute sa majesté à votre révolte d’esclaves. Pour la première fois, il s’agit du bloc des peuples prisonniers, des peuples suppliciés et assassinés. Nul de nous n’est dupe des sophismes hypocrites que l’impérialisme place comme une façade théâtrale devant la spoliation colonisatrice : l’occupation brutale ou sournoise changée brusquement, du jour au lendemain, en droit ; la répression féroce, la sauvagerie des hommes changée en bienfaits civilisateurs. Nous sommes édifiés sur tous ces sophismes ; nous savons bien que l’histoire de l’impérialisme est une histoire de brigandage. Des pays ont le bonheur ou le malheur d’avoir des richesses naturelles, d’être abondamment pourvus de ces réserves humaines où l’on recrute la main-d’œuvre et la chair à canon, d’être des débouchés pour la marchandise, d’occuper certaines situations géographiques, de se trouver sur les routes du monde à des croisements propices, où l’on élève des forteresses et où l’on tend des pièges, et alors le pied de l’étranger se pose triomphalement sur eux. Quand le peuple opprimé s’agite et proteste, on le décrète rebelle ; on dit : les brigands marocains, les brigands chinois. Et s’il se lève, on dit que c’est la haine de race qui le fanatise. Eh bien, nous ferons justice de toute cette casuistique dont se sert le plus fort pour souffleter le plus faible après l’avoir écrasé. Nous ferons justice de ce mensonge par lequel on essaye de travestir la juste protestation, la sainte révolte de la victime contre le bourreau. L’impérialisme, c’est l’exploitation. Dans les colonies, l’étranger n’est le tortionnaire que parce qu’il est avant tout l’exploiteur, et 20 -
quand les bêtes de somme se dressent contre les bêtes de proie, c’est un fait social et ce n’est pas, comme on veut nous le faire croire, une question de xénophobie et de nationalisme. Il n’en reste pas moins que l’indépendance nationale est la première étape de l’indépendance humaine. Il y a bien des formes de colonisation, cette nouvelle forme de l’esclavage. Il n’y a pas seulement la forme courante, depuis des siècles, de la grande nation qui s’implante par la force du canon, par la mitrailleuse, puis par le bâton, par l’opium ou l’alcool, qui massacre ou subjugue l’habitant, qui l’endette, qui l’empoisonne, comme cela se passe aux Indes, en Chine, en Indochine, en Syrie et dans cette Afrique découpée en morceaux réguliers comme une gigantesque pièce de boucherie. Il y a aussi une forme plus perfectionnée par laquelle l’impérialisme impose son joug. Il ligote les pays par des traités, par des tarifs, par des contrôles, par des monopoles, et il les tient liés à sa merci, comme on tente de le faire au Mexique où la convoitise de l’énorme voisin s’appuie sur les forces réactionnaires nationales pour réduire un peuple. Nous avons vu également à l’œuvre l’évangélisation, qui est aussi un chapitre de l’histoire coloniale, l’évangélisation, dont les annales sont aussi sanglantes que celles des Huns ou des Vandales. Il y a encore d’autres formes de la colonisation. Il y a encore cette colonisation intérieure, cette colonisation à huis clos, comme celle des nègres aux États-Unis. Toute une catégorie d’hommes est traitée en paria, mise au ban de la société, et sur elle pèse une sorte de malédiction sociale, sous prétexte que ces hommes sont inférieurs. Voilà encore une grande légende infâme que nous avons à démolir. Nous dirons ici tout d’abord qu’il n’y a pas d’hommes inférieurs ni d’hommes supérieurs, au point de vue social, dans la communauté de l’effort.
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Ainsi donc se poursuit une œuvre méthodique d’assujettissement. Elle ne s’arrête pas où elle paraît s’arrêter. Elle atteint même les peuples soi-disant libres. Il faut être aveugle pour ne pas voir que les capitales de New York sont en train de coloniser une partie de la vieille Europe. Oui, « coloniser », on a employé ce mot, et l’on a eu raison, pour qualifier cette prise de possession économique, dont le prolétariat du travail supporte la plus lourde part. Ainsi donc la plaie de l’impérialisme s’agrandit par la force des choses. Eh bien, votre agent de libération, c’est vous-mêmes. C’est vous-mêmes qui devez prendre un droit qu’on ne vous donnera jamais. Celui de disposer de vous-mêmes. Et vous devez le faire tous ensemble, parce que tous vos droits sont pareils et pareillement violés, et vous devez le faire aussi avec l’aide des grandes organisations des travailleurs. Leur but, leur cause sont comparables aux vôtres, que dis-je, ils sont les mêmes que les vôtres. Alors si vous agissez ainsi, si vous vous unissez pour cette lutte sacrée, la question change formidablement de face. On ne peut plus parler de peuples faibles, comme on en parle aujourd’hui qu’ils sont dispersés. Dès lors que vous vous appuyez les uns sur les autres, il ne faut plus dire « les peuples faibles », il faut dire « le peuple tout-puissant ». Je pense être l’interprète du Congrès tout entier en adressant un hommage fervent à la mémoire de toutes les victimes de la colonisation, en me penchant avec vous sur le martyrologue incalculable des peuples de couleur et des nations sans défense, mises à feu et à sang par les porteurs du flambeau de la civilisation. (…) Et maintenant que le Congrès commence son travail ! Qu’il amorce, qu’il ébauche cette grande œuvre : la levée en masse organisée, réfléchie, résolue et permanente, qui fera reculer sur la terre l’impérialisme dévorateur!
vos droits LE RÉVEIL
Carte du combattant La campagne double attribuée aux OPEX Réunion de la Deux décrets, récemment parus, ont porté attribution de la campacommission natiogne double au bénéfice des OPEX et notamment ceux d’Afghanistan. nale d’attribution Nous apprécions cette mesure, non sans noter que, hélas, les anciens La Commission spéciale de la Commission plénière nationale d’attribution de la carte du combattant s’est réunie le 22 novembre 2011 à l’ONAC, aux Invalides à Paris. André Fillère en est l’un des rapporteurs. L’examen général de la situation a permis de constater que le logiciel KAPTA avait été sérieusement amélioré, permettant la totalité du traitement des dossiers, de la demande à la vérification au BCAAM (de Pau), leur présentation en commission et l’information des services départementaux de l’ONAC quant à l’attribution de la carte ou au rejet de celle-ci. Quant aux OPEX, si les listes d’Unités combattantes sont connues pour l’ex-Yougoslavie, elles ne devraient paraître qu’en décembre pour le Kossovo. Elles demeurent bloquées pour l’Afghanistan, faute de personnels pour analyser les journaux de marche officiels (JMO) des unités. Les prochaines réunions des Commissions auront lieu les 10 et 11 janvier, 20 février, 21 mars et 24 avril 2012.
Résultats de la commission La commission a examiné 3 579 dossiers, tous avis favorables qui concernent : 39/45 : 11, Indochine : 34, ATM : 3058 et OPEX : 476. Les plus gros contingents des OPEX relèvent de l’exYougoslavie (listes d’unités combattantes publiées) et de l’Afghanistan (citations individuelles). Sont également concernés : la Bosnie-Herzégovine (1), le Cambodge (2), la Côte d’Ivoire (22), le Gabon (3), le Kossovo (4), le Liban (13), Madagascar (1), la Méditerranée orientale (1), le Golfe persique et d’Oman (43), la République Centrafricaine (43), la République démocratique du Congo (2), la République du Liban et Israël (5), la Somalie (7), le Tchad (26) et le Zaïre (4).
combattants en Algérie, Tunisie et Maroc attendent toujours (près de 50 années après la fin de la guerre) que ce droit à réparation leur soit effectivement et concrètement reconnu. Le décret n° 2011-1429 du 29 novembre 2011 Il accorde les bénéfices de campagne au titre des opérations qualifiées d’opérations extérieures. • Il concerne les fonctionnaires, militaires et magistrats de l’ordre judiciaire ayant effectué des services militaires et qui liquident une pension de codes des pensions civiles et militaires de retraites (CPCMR). Il concerne également les ressortissants des régimes de retraite reconnaissant les bénéfices de campagne. • Il accorde, par décret et hors cas de guerre, la campagne double au titre des services militaires accomplis lors de certaines OPEX. • Un article nouveau sera ajouté au code des PMI disposant « qu’un décret peut prévoir la campagne double pour les services militaires effectués lors d’une opération extérieure, si sa nature le justifie ». Ce décret précisera le champ d’application géographique et temporel de cette opération.
Le décret n° 2011-1459 du 8 novembre 2011 Il accorde la campagne double aux militaires en opération en Afghanistan. • Article 1er : les militaires exposés à des situations de combat en Afghanistan, à compter du 3 octobre 2001, ont droit à la campagne double dans les conditions prévues au code PMI. • Article 2 : la campagne double est accordée pour toute journée durant laquelle les militaires (concernés) ont connu ou ont pris part à une action de feu ou de combat, ou ont appartenu à une unité combattante, c'est-à-dire
ayant connu au cours d’une période renouvelable de 30 jours consécutifs, au moins 3 actions de feu ou de combat. L’exposition ou l’appartenance sera établie par les archives collectives de l’unité de l’intéressé ou à laquelle il était rattaché. • Article 3 : le droit à campagne double ne prendra fin, pour le militaire ayant « été blessé en action de feu ou de combat, qu’à l’expiration d’une année complète du jour où il a reçu cette blessure ».
Quelques remarques La reprise en compte des actions de feu ou de combat sont un retour aux critères retenus au départ pour la guerre en Afrique du Nord, dont la nature était totalement différente. Or, les dits critères ont dû être abandonnés tant ils étaient restrictifs ! Par conséquent, l’ARAC maintient ses deux revendications, à savoir : que la carte du combattant en OPEX, comme la campagne double, doit être accordée sur la base de 120 jours de présence consécutifs ou non sur les théâtres d’opérations auxquelles a participé l’intéressé. Par ailleurs, nous remarquons que, si les anciens combattants en Afrique du Nord ont été assujettis à l’obligation de la reconnaissance officielle de caractère de guerre en Algérie en matière de campagne double, aujourd’hui, le gouvernement pourra décider par décret et hors guerre de ce droit à réparation pour les OPEX. Manifestement, le caractère de la guerre coloniale n’en finit pas d’empoisonner la nature du droit à réparation qui devrait pourtant être à égalité pour toutes les générations du feu. Décembre 2011 - janvier 2012 - N°779 - LE RÉVEIL
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Victimes des irradiations nucléaires
Le gouvernement… ment
Le gouvernement, se drapant dans les plis de la blouse du docteur Laffineur, son secrétaire d’État aux Anciens Combattants (arguant de la qualité de celui-ci et de ce qu’ « on » lui a dit à l’Observatoire de la santé des Vétérans, organisme « officiel », dénoncé par le mouvement ACVG), affirme sans rire qu’il y a, proportionnellement, moins de cas de cancer chez les « irradiés » que dans la population civile ! Tout ça pour justifier que, sur les 600 et quelques dossiers de demandes d’indemnisation déposés, seuls 2 ont été honorés ! L’Association des victimes des essais nucléaires français (AVEN) lui répond. S’appuyant sur des études publiées par l’Institut Gustave Roussy (spécialiste du cancer), par la Ligue nationale contre le cancer et sur ses propres dossiers, l’AVEN démontre, à travers le tableau comparatif ci-dessous, que les affirmations du gouvernement n’ont aucun autre fondement que refuser l’indemnisation des victimes, alors que celles-ci (sauf pour les cancers de l’estomac et du colon rectum) sont beaucoup plus nombreuses que parmi la population civile. Ce tableau montre également que la liste des maladies radio-induites imposée par le gouvernement est trop restrictive et doit être corrigée. En effet, 2 des 3 maladies en tête de ce tableau ne sont pas reconnues par l’indemnisation, alors même que le cancer de la thyroïde voit son taux relatif multiplié Dénomination du cancer
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par 5 et le lymphome non hodgkinien est multiplié par 3. Autre scandale, les 14 millions d’euros retranchés au départ, avant même le vote du budget 2012 à l’Assemblée nationale, sont en fait prélevés pour l’essentiel sur le chapitre « Action 6, réparation des conséquences sanitaires des essais nucléaires français », classés – par l’amendement gouvernemental – comme « poste de dépense hors dette viagère présentant une sous-consommation ponctuelle » ! Évidemment, 2 dossiers pris en compte sur 605… ça ne vaut pas 10 millions d’euros ! Un scandale de plus que les responsables politiques devront « payer » en 2012, afin que leurs successeurs mettent véritablement en œuvre le droit à réparation équitable des victimes des essais nucléaires français.
Distribution relative des nouveaux cancers en 2002 (source : institut
Distribution relative des nouveaux cancers en 2005 (source : ligue nationale
Distribution relative des cancers des vétérans (source : AVEN
Gustave Roussy 2006)
contre le cancer)
sept 2009)
Leucémies
19
14,3
65,3
Thyroïdes
3,4
6,5
28,1
Lymphome non hodgkinien
22,5
22,8
61,4
Myélome
8,2
10,1
16,7
Foie
20,8
21
28,9
Estomac
20,8
18,2
16,7
Œsophage
20,8
15,6
21,2
Colon-rectum
83,2
82,6
58,5
Poumon
100
100
100
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Revalorisation de l’aide aux handicapés Depuis le 1er septembre dernier, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) est majorée de 4,5 % et s’élève à 743,62 euros par mois. Elle devrait être à nouveau relevée en avril et septembre 2012.
Hypertension
L’hypertension artérielle sévère supprimée de la liste des affections de longue durée. L’hypertension artérielle sévère n’est plus prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Le gouvernement, par le décret n° 2011-726 du 24 juin 2011, a en effet supprimé cette pathologie de la liste des affections de longue durée (ADL). Or, une ADL est une maladie dont la gravité - ou le caractère chronique - nécessite un traitement prolongé. Ainsi, leurs victimes sont « invitées » à « passer à la caisse » ou à moins bien se soigner, à souffrir plus ! Adieu le droit à la santé pour tous voulu par le programme du Conseil national de la Résistance. Merci M. Sarkozy, merci M. Fillon, merci M. Bertrand ! Les associations de patients concernés protestent. L’ARAC et sa Mutuelle également. Souvenez-vous-en, en 2012.
La retraite à taux plein ? 41,5 ans de cotisation… en attendant plus ! La durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein est désormais de 166 trimestres (41,5 années de cotisations) pour les personnes nées à partir de 1955. Ainsi en a décidé le gouvernement de M. Sarkozy lors de sa réforme des retraites en 2010. Et ce n’est pas fini, car l’âge de départ à la retraite va reculer progressivement de 60 à 62 ans à partir de la génération de 1951. En attendant d’être porté à 65, voire 67 ans ? Travaillez plus, pour gagner moins et partir en retraite plus tard… scandaleux et inhumain.
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Retraite du combattant
La vérité : 43 % de retard ! Au Parlement comme dans leurs écrits, les députés et sénateurs de la majorité présidentielle se glorifient d’être les seuls à avoir relevé la retraite du combattant qui était à l’indice 33 depuis 1978. Invitons-les à plus de modestie en leur rappelant quelques vérités ! En 1960, le général de Gaulle et sa majorité présidentielle (même bord qu’aujourd’hui) supprime la retraite du combattant. Il faudra 18 années de luttes acharnées du mouvement ancien combattant pour obliger les gouvernements successifs (de Gaulle, Pompidou, Giscard) à rétablir la retraite du combattant à taux plein, à l’indice 33… et à accorder la carte du combattant - qu’ils refusaient - aux anciens d’Algérie, Tunisie et Maroc. En 1978, le problème criant, urgent, c’était le rattrapage du retard de la valeur du point de pension (PMI). Une commission tripartite aboutira à un compromis reconnaissant un retard de 14,26 %... qui sera rattrapé par étapes par les gouvernements de gauche sous la présidence Mitterrand.
Quelques chiffres expressifs • 1978, retraite du combattant à 33 points, soit 782,76 francs annuels (119,33 euros). • 2002, retraite du combattant à 33 points, soit 427,35 euros annuels. Différence : plus 308,02 euro,s soit + 358,124 %. • 2012, retraite du combattant à 48 points, soit 665,28 euros annuels. Différence : plus 237,93 euros, soit + 64,236 %. En clair, contrairement à ce que clament les élus de la majorité présidentielle, il y a bien eu, de 1978 à 2006, avant l’arrivée de M. Sarkozy, une augmentation importante de la retraite du combattant (multipliée par 3,5), bien plus importante que celle due au passage à 48 points (à peine 0,5 %). Alors, un peu de modestie s’il vous plait ! D’autant que, depuis la fin du rattrapage du retard du rapport constant en 1985, le gouvernement de M. Chirac, Premier Ministre, a tordu le cou du « rapport constant », hélas suivi du gouvernement Fabius, puis par ceux qui leur ont succédé.
Afin de préparer le 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, en 2012… …le Réveil fait appel à vous, lecteurs, pour envoyer vos témoignages sur « votre » guerre d’Algérie : lettres, photos, exprimant vos espoirs, vos désespoirs, vos difficultés… ainsi que les livres, films qui vous ont marqués, qui vous ont émus. Merci de contacter le Réveil ou d’envoyer vos témoignages par courrier ou par mail : Réveil des Combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 - reveil-des-combattants@wanadoo.fr
Et aujourd’hui encore, les ACVG se heurtent au refus gouvernemental de rattraper le retard de la valeur du point PMI, chiffrée par les associations à plus de 43 %. En fait, la vérité est, qu’en 2012, la retraite du combattant devrait s’élever à 951,321 euros annuels au lieu de 665,28 ! Et il faudra bien que les candidats à la présidentielle et aux législatives se prononcent quant à leur intention ou non de résorber ce retard. Le vote des ACVG en dépendra sûrement.
Stop à la RGPP ! La Révision générale des politiques publiques est nocive à tous points de vue… Ce n’est pas nous qui le disons, c’est le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), lequel rapport n’a pas été brandi à longueur d’onde des médias (radio, TV), ni de « une » de la presse, le gouvernement ne souhaitant pas lui faire de la publicité. Et pour cause ! Ce rapport, adopté par 100 voix, 40 contre et 44 abstentions, se prononce pour une suspension provisoire de la mise en œuvre de la RGPP afin de « conduire l’indispensable évaluation, associant notamment les collectivités territoriales, préalablement à une réorientation » de la RGPP. Rappelons que c’est au nom de cette Révision générale que le gouvernement effectue des coupes drastiques dans les services publiques, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, etc. C’est au nom de la RGPP qu’ont disparu les services du secrétariat d’État aux Anciens Combattants, la Direction des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale (DSPRS), les Directions interdépartementales des Anciens Combattants (DIAC), les tribunaux départementaux des pensions, etc, ainsi que la réduction du nombre des agents de l’ONAC, tant aux Invalides que dans les services départementaux. Halte à la casse ! Stop à la RGPP ! Décembre 2011 - janvier 2012 - N°779 - LE RÉVEIL
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11 novembre Pour le maintien des cérémonies historiques Le président de l’ARAC, Raphaël Vahé et Paul Markidès,vice-président de l’ARAC et de l’UFAC, ont écrit, le 27 décembre 2011, au ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Gérard Longuet, afin de lui exprimer la position de l’ARAC au sujet du projet du 11 Novembre, journée unique de commémoration des « morts pour la France ». Monsieur le Ministre, Les instances dirigeantes de notre association viennent de prendre connaissance du dépôt du projet de loi, en procédure accélérée, fixant au 11 Novembre la commémoration de tous les morts pour la France, par vous-même au nom de Monsieur François Fillon, Premier Ministre, et de ses attendus.
Nous tenons à vous rappeler notre position à son propos, précisée notamment dans la déclaration de notre dernier Bureau national dont nous vous joignons copie (voir ci-dessous). Ces documents sont conformes à l’orientation de la résolution N°1 sur le civisme et la mémoire adoptée à l’unanimité les 5 et 6 octobre derniers par l’Assemblée générale de l’UFAC, dont nous sommes membres et dont l’intitulé est sans ambigüité : « Non à la journée unique, oui au maintien des cérémonies historiques ». Elle précise dans ses derniers paragraphes : « C’est pourquoi, si le 11 novembre 1918 a marqué l’histoire de notre pays, cette date appartient aujourd’hui à l’histoire et ne doit pas s’imposer à l’actualité commémorative. Il est nécessaire que les générations reçoivent connaissance des faits mémoriels historiques avec leurs origines, leurs effets et leurs conséquences pour comprendre leur vécu et défendre la paix ».
Déclaration du Bureau national de l’ARAC A propos des hommages aux soldats « morts pour la France » Le Bureau national de l’ARAC a pris connaissance du contenu de la lettre que le Président de la République a adressée aux responsables des associations du mouvement combattant, accompagnée du texte de son discours du 11 novembre 2011. Affirmant vouloir donner aux commémorations du 11 Novembre un visage nouveau, tout en se déclarant attaché au souvenir des soldats de la Grande Guerre, le Président entend rendre hommage par la même occasion à « tous les morts pour la France » depuis 1914. L’ARAC affirme qu’il est indispensable de rendre hommage à tous les combattants de la guerre de 1914-1918, 24 -
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le 11 Novembre de chaque année. Elle affirme également qu’hommage doit être rendu aux anciens combattants de chaque guerre à la date historique de la fin de ces conflits afin de permettre d’en exposer aux populations les causes, les effets et les conséquences, dans le but de leur permettre d’agir pour empêcher les drames, les injustices, les massacres, les exactions, les crimes de guerre et toutes les atteintes à la dignité humaine. La décision contraire du Président de la République porte atteinte à la démocratie tant au plan de la méthode que de l’esprit puisqu’elle vise à réduire jusqu’à la supprimer l’information de la population sur la mémoire historique. C’est
Pleinement conscients de cette démarche nécessaire que confirme constamment notre travail inlassable de mémoire, notamment dans les établissements scolaires, nous tenons à vous ré-exprimer notre désaccord quant à l’addition dans une même cérémonie des hommages aux morts pour la France de toutes les guerres qui ne permettrait plus son application. De plus, c’est, à notre avis, l’engagement d’un processus qui ne peut que conduire à l’instauration d’une journée unique du souvenir. En conséquence, nous réitérons notre demande de maintien de toutes les cérémonies patriotiques à laquelle doit s’ajouter l’instauration d’une journée spécifique d’hommage aux morts pour la France des OPEX. Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération distinguée.
encourager l’oubli, privant la population de connaissances sur son passé qui fonde son existence nationale et dont elle a un besoin permanent pour faire face aux questions vitales auxquelles elle se trouve confrontée. L’ARAC exige le maintien et la célébration de toutes les dates commémoratives historiques. Elle demande qu’une journée nationale de mémoire soit consacrée le 27 mai de chaque année au souvenir de la résistance antinazie à travers les actions du Conseil national de la Résistance et de son programme. Enfin, le 19 mars de chaque année doit demeurer la date de célébration officielle du cessez-le-feu en Algérie qui permit de mettre fin à la guerre et de rendre hommage à toutes ses victimes. Villejuif, le 1er décembre 2011
vie de l’arac LE RÉVEIL
Charleville-Mézières
Fusillés pour l’exemple Comme on le sait, l’ARAC mène campagne, avec la Fédération de la libre pensée, la Ligue des droits de l’homme, l’Union pacifiste et le Mouvement de la paix, pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple avec persévérance. Dans le cadre de cette action, l’ARAC et ces associations amies sollicitent les collectivités territoriales pour qu’elles adoptent des vœux en demandant cette réhabilitation. Nous publions ici le vœu que vient d’adopter à l’unanimité le conseil municipal de CharlevilleMézières. Nous l’en félicitons.
Paris
Hommage aux lycéens et étudiants manifestants du 11 novembre 1940 Le 10 novembre dernier à 15 heures, devant le monument en hommage aux lycéens et étudiants résistants, situé dans le jardin du Luxembourg, une cérémonie a été organisée par le groupe communiste républicain et citoyen du Sénat et l’Union des étudiants communistes en hommage aux lycéens et étudiants qui manifestèrent courageusement le 11 novembre 1940 place de l’Étoile à Paris. Outre le vice-président communiste du Sénat, des représentants du Mouvement de la jeunesse communiste, de l’Union nationale des étudiants de France, François Auguste, président du Conseil national du PCF et notre camarade Paul Markidès, pour l’ARAC, y prirent la parole. Après avoir précisé son attache profonde à cet événement du fait de la participation active de son cousin germain avec qui il vivait, assassiné quatre ans plus tard par les nazis, il souligna qu’il s’agissait, selon les paroles en substance du général de Gaulle à l’époque, de la première démonstration de la volonté de Résistance du peuple de France. Honneur à eux conclut-il, nous voulons être dignes d’eux.
« Pendant la Première Guerre mondiale, 2 400 soldats furent condamnés à mort pour refus d’obéissance, mutilations volontaires, désertion, abandon de poste devant l’ennemi, délit de lâcheté ou mutinerie. 600 furent fusillés et les autres condamnés à des peines de travaux forcés, de déportation vers des bagnes et chantiers coloniaux, de détention dans des forteresses ou camps militaires ou encore un retour au front. D’autres furent sommairement abattus sans procès. Leur nombre est inconnu. Les familles de ces soldats se sont vues refuser les pensions militaires et subirent l’opprobre de la société. Ces hommes sont des soldats qui sont allés jusqu’à l’extrême limite de leurs forces et dont il est temps de reconnaître la mémoire. Grâce aux campagnes menées après la guerre, des condamnations ont déjà été levées mais beaucoup d’autres cas sont restés dans l’ombre et nombre d’injustices n’ont pas été réparées. Les familles demandent que la lumière soit faite sur le sort d’ancêtres qui font partie des militaires français morts durant la guerre, mais qui n’ont pas eu droit à la mention « mort pour la France ». À quelques années du centenaire du début de la première guerre mondiale, le temps est venu d’honorer tous les morts, y compris les fusillés pour l’exemple, de faire œuvre de justice et de rétablir l’histoire, conformément à la réalité des faits.
Le Conseil municipal demande qu’une commission soit mise en place, composée d’historiens, de juristes, de représentants d’associations et du service historique de la Défense. Elle examinerait les cas soumis par les familles, par des associations ou des chercheurs. À l’issue de ces travaux, les noms de tous les réhabilités seraient inscrits, après accord des familles concernées, sur les monuments aux morts. L’inscription « mort pour la France » serait transcrite dans les registres d’état civil. L’honneur de ces hommes doit leur être rendu à titre posthume avec toutes les conséquences des droits éventuels. » Conseil municipal de Charleville-Mézières Séance du 14 décembre 2011. Vœu présenté par Sylvain Dalla Rosa au nom de la majorité municipale (PS - PCF)
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LE RÉVEIL VIE de l’arac
Décès de Pierre de la Fouchardière Cet ancien de la 2e DB est décédé lundi 10 octobre à Marcq-enBarœul (Nord), à l’âge de 91 ans. Après avoir gagné la France Libre, en Angleterre, Pierre de la Fouchardière avait rejoint Philippe Leclerc de Hauteclocque, en Libye, pour intégrer les rangs du 501e Régiment de chars de combat (RCC), l’un des trois régiments de chars de la future 2e DB. Chargé de la
protection du général, il était entré dans Paris, le 25 août 1944, avec la mission de bloquer les forces allemandes retranchées au Luxembourg, avant d’être grièvement blessé pendant la campagne de France, en Alsace, en janvier 1945. Pierre de la Fouchardière était commandeur de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite. Il était également titulaire de nombreuses décorations dont la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes, la médaille de la Résistance et la Présidential unit citation (US). Le Journal des Combattants - 29/10/2011
Germaine Giraudou nous a quittés Germaine Giraudou nous a quittés jeudi 15 décembre. Nombreux étaient ceux qui ont tenu à lui rendre un dernier hommage. Germaine était la fille d’un des fondateurs de l’ARAC sur Villejuif, fille de soldat de 14/18. Son père a été un des initiateurs de la création de l’ARAC, il fut un des premiers militants communistes par la suite. De cette filiation, Germaine nous laisse un exemple humain d’une vie marquée par la compréhension de l’autre au ser-
vice des valeurs humaines essentielles de liberté, de justice et de solidarité. Elle était une militante généreuse, toujours prête, engagée. Toute notre amitié, notre affection à ses camarades, à ses enfants, à JeanLouis dirigeant départemental et local de l’ARAC. Merci à vous, merci à ces trois générations engagées dans la défense des valeurs de la République, de la Nation, dans la défense des anciens combattants, de tous ceux aujourd’hui victimes de la politique du capital.
NOS PEINES décembre 2011 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. ALPES-MARITIMES (06) Nice : Gabriel FARAUT, AC ATM. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Saint-Chamas : Guy ESTIENNE, AC ATM. Vellutini : Séraphin CASANOVA, AC ATM. Roger RICARD, AC ATM. Désiré THIEULE, ami. Raymond TONNEAU, Résistant, AC 39-45. ISÈRE (38) Bourgoin-Jallieu : Henri MAYAUD, 84 ans, Résistant, FTPF.
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NIÈVRE (58) Fourchambault : Mme Pierrette RICHON, veuve. Jean RIOS, AC ATM. NORD (59) Somain : Nicolas GIANNUNZIO, AC ATM. RHÔNE (69) Lyon 7e : Henri REVOL, 73 ans, AC ATM. Oullins : Roger GUILLON, 71 ans, AC ATM.
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VIENNE (86) Loudun : Marcel DELLION, AC 39-45. VAL-D’OISE (95) Mery-sur-Oise : Jacques MOREAU. CONSEIL NATIONAL Chevreuse : Maurice SCHNEER, AC 39-45
Au revoir André Carrel Samedi 17 décembre dernier, nous apprenions le décès d’un frère de combat de l’ARAC : André Carrel, président du Conseil d’administration de l’Association des amis du musée national de la Résistance, décédé à 94 ans dans la nuit du vendredi au samedi. André était un homme chaleureux, modeste, fin et vif, infiniment curieux de la vie des gens et des choses de la vie. Militant des Jeunesses communistes, André Carrel commença à 19 ans, en 1936, sa profession de journaliste au quotidien Le peuple, journal de la CGT. Il s’y fit l’écho des conquêtes du Front populaire. Résistant de la première heure, il s’illustra dans les combats libérateurs du peuple de Paris lors de l’insurrection d’août 1944. Il était membre du Comité parisien de libération. Élu conseiller communiste de Paris en 1945, il rejoint la rédaction de l’Humanité et y restera jusqu’en 1998. Il y occupa successivement le poste de rédacteur en chef de 1958 à 1981, puis celui de président-directeur général de la Société éditrice de l’Humanité de 1983 à 1998. En 1985, il fut fait officier de la Légion d’honneur pour sa participation à la Résistance. Nous rendons hommage au combattant de la Résistance et au journaliste remarquable qu’il fut. Au revoir André Carrel. P.M.
vie de l’arac LE RÉVEIL
Une stèle dédiée à l’OAS n’a pas sa place dans un cimetière Le Conseil d’État confirme l’annulation de l'arrêté du maire de Marignane accordant à l'Association amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française (ADIMAD), l'autorisation d'occuper un emplace-
ment dans le cimetière pour y ériger une stèle, laquelle ne constituait pas un simple monument commémoratif à la mémoire de personnes défuntes mais manifestait une prise de position politique et procédait à l'apologie de faits criminels. En effet, en délivrant cette autorisation, le maire a autorisé l'occupation du domaine public communal pour un usage qui, d'une part, n'était pas compatible avec la destination normale d'un cimetière et, d'autre part, était de nature à entraîner des troubles à l'ordre public. C’est à bon droit qu’il a été fait injonction au maire de procéder à l’enlèvement de la stèle.
18 novembre 2011, Antony (92) En présence de nombreux camarades de la section d'Antony et du secrétariat du département des Hauts-de-Seine, de Monsieur d'Antony et du conseiller responsable des associations de combattants, le président Bassot a remis la médaille de l'ARAC à Robert Frangeul, trésorier de la section depuis de nombreuses années, et la médaille de l'ORMC au président Pierre Arsene. La cérémonie s'est terminée à l'école hô-
telière d'Antony dans une très bonne ambiance et avec un excellent repas.
Fenain (Nord)
11 Novembre et devoir de mémoire C’est un grand moment intergéné- jets utilisés dans les tranchées, cartes, journaux d’époque). rationnel que nous avons partagé le mardi 8, le jeudi 10 et le vendre- • Le jeudi 10 novembre, les enfants ont visité le site de Notre-Dame de Lorette, di 11 novembre, jour du défilé. plus grande nécropole de France. Ils Le 11 novembre 1918, jour de la signature de l’armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale n’a plus beaucoup de secret pour les cent enfants des classes de cm2 des écoles primaires de la commune de Fenain. • Le mardi 8 novembre était consacré à une découverte de ce qu’a été l’histoire de la Première Guerre mondiale (exposé oral, intervention de descendants d’anciens poilus de la commune, ob-
ont déposé un œillet et se sont recueillis sur les tombes de soldats fenainois, journée très émouvante. • Le 11 novembre 2011, le défilé a été suivi par environ quarante enfants et une centaine d’adultes. Chaque enfant à déposé un œillet au monument aux morts. Les discours de l’ARAC et de l’UFAC ont été lus respectivement par notre « Madelon » et par une jeune collégienne de 12 ans.
Creil (60) Des responsables de l’ARAC à l’honneur Le comité départemental de l’Oise a organisé la cérémonie de remise officielle de la médaille de l’ORMC à Creil, dans la salle des Gardes de la mairie. En présence des porte-drapeaux et de MM. Legrand, maire-adjoint de Creil, Bosino, maire de Montataire, Coffin, maire de Nanteuil-le-Haudoin, Bougois, maire de Fresnoy-le-Luat et des familles, André Coffin, président départemental, a accueilli Paul Markidès, vice-président national de l’ARAC et de l’UFAC, chargé d’honorer les récipiendaires. Avant de procéder à la remise des médailles, Paul Markidès a présenté l’Office républicain des mérites militaires et civiques, créé pour rendre hommage « à la République et à ceux qui la serve » et distinguer les défenseurs de la République, les combattants de la démocratie, les amis actifs de la paix, les militants engagés dans la vie associative qui tissent des liens fraternels dans leur environnement. Ont été honorés : • médaille d’argent : Claude Duhaubout (président de l’ARAC de Thourotte), • médaille de bronze : Jacky Avril (Montataire), Maurice Béjot (Choisy-au-Bac), Jacky Bonpain (Rantigny), Daniel Bourgois (Fresnoy-le-Luat), André Coffin (Nanteuil-le-Haudouin) président départemental de l’ARAC, Joël Letenre (Compiègne), Jean-Claude Massa (Nanteuil-le-Haudouin) secrétaire départemental de l’ARAC. Après avoir remercié les porte-drapeaux, les officiels, les médaillés et leurs familles se sont retrouvés autour d’un verre de l’amitié. Décembre 2011 - janvier 2012 - N°779 - LE RÉVEIL
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LE RÉVEIL mémoire
Indemnisation des victimes de crimes nazis
L’Allemagne plaide sa cause à La Haye Le 23 décembre 2008, l’Allemagne avait saisi la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye (Pays-Bas), en raison de la recrudescence de litiges devant les tribunaux italiens, saisis par des victimes de préjudices commis pendant la Seconde Guerre mondiale par les nazis en Italie. Le 12 septembre, elle a pointé les « conséquences énormes » d’une confirmation de la mise en cause de son immunité en tant qu’État, à laquelle la justice italienne a ouvert la voie en ordonnant l’indemnisation de victimes de crimes nazis, devant la Cour. « Une fois une brèche dans l’immunité ouverte, il n’y a aucune raison de ne pas élargir ces exceptions à d’autres domaines », a déclaré la déléguée allemande, Suzanne Wasum-Rainer. Et d’en appeler à une décision de la CIJ : « Les gouvernements allemand et italien estiment que seule une décision faisant autorité de votre part permettra de sortir de l’impasse », dans ce dossier qui a commencé en 2004 avec l’affaire Ferrini, du nom d’un italien déporté en Allemagne en
1944 et astreint aux travaux forcés. La Cour de cassation italienne avait alors jugé que les tribunaux italiens étaient compétents pour juger des plaintes concernant l’Allemagne. « Beaucoup d’autres dossiers ont été ouverts ensuite », a détaillé Mme Wasum-Rainer. Environ « 80 affaires sont pendantes, avec quelque 500 plaignants ». Selon Berlin, l’Italie, en permettant que soient intentées des actions civiles contre l’Allemagne, ne respecte pas le principe de l’immunité de juridiction reconnue à l’Allemagne par le droit international. Les procédures judiciaires contestées ont été intentées par des familles de victimes de massacres de civils et les héritiers d’Italiens déportés en Allemagne et astreints au travail forcé, entre septembre 1943 et
BMW et Hugo Boss au service du IIIe Reich Le fondateur de l’empire BMW, Günther Quandt, aurait fait partie du régime nazi en exploitant dans ses usines, parfois jusqu’à la mort, plus de 50 000 travailleurs forcés, prisonniers de camp, pour fabriquer des armes et des batteries indispensables au IIIe Reich. Le patron de la firme automobile aurait même spolié des entrepreneurs juifs pour faire prospérer sa propre affaire. Telle est la conclusion de l’enquête d’un historien publiée récemment. A la tête d’une fortune estimée à 20 milliards d’euros, les petits-enfants Quandt disent leurs profonds regrets, mais ne se résolvent pas à répudier leur grand-père. Quant à Ferdinand Hugo Boss, selon le rapport d’un autre historien également publié dernièrement, il aurait fourni le parti nazi en chemises brunes dès 1924 et aurait adhéré au parti nazi après la crise de 1929. D’où les excuses 28 -
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du fabricant de prêt-à-porter, à présent, pour avoir employé par le passé 140 travailleurs forcés.
Le « péril nazi » vu par Albert Einstein Une lettre d’Albert Einstein évoquant le « péril nazi » a été adjugée, début octobre à Los Angeles (États-Unis), pour quelque 14 000 dollars, soit le double des estimations qui en avaient été faites. Le lot, proposé par la maison d’enchères Nate D. Sanders, comprenait plus précisément une missive datée du 10 juin 1939, écrite à la machine et signée à la main, avec l’adresse du savant à l’université de Princeton pour en-tête, ainsi que son enveloppe originale. Le prix Nobel de physique 1921 s’y adressait à un homme d’affaires de New York, du nom de Hyman Zinn, pour le félici-
mai 1945, alors que l’Italie était occupée par l’Allemagne après avoir rompu son pacte avec celle-ci et rejoint les puissances alliées. Avec une décision écartant le principe de l’immunité juridictionnelle de l’Allemagne, « tout le système d’indemnisations et de réparations mis en place après la Seconde Guerre mondiale serait remis en cause et pourrait être contesté devant des tribunaux nationaux », a souligné Mme Wasum-Rainer. « Enfin, si les juridictions nationales pouvaient rendre des décisions contre des États étrangers, cela donnerait lieu à des jugements différents, voire contradictoires : les plaignants feraient le tour du marché pour voir quelle est la réglementation la plus favorable. » L’Allemagne avait saisi la CIJ notamment à la suite d’un arrêt de la cour d’appel de Florence qui avait confirmé en 2008 un jugement de 1997 d’un tribunal grec condamnant l’État allemand à indemniser les familles de 218 victimes d’un massacre commis le 10 juin 1944 dans le centre de la Grèce, dans le village de Distomo. Le Journal des Combattants - 01/10/2011
ter d’aider les juifs quittant l’Allemagne et fuyant les persécutions nazies. Albert Einstein, qui avait lui-même quitté son pays à l’arrivée des nazis au pouvoir, en 1933, y insistait ainsi sur la nécessité, pour les juifs, de s’entraider. Einstein pendant une lecture à Vienne, en 1921 - ©F. Schmutzer
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Dans la situation créée par la politique de Nicolas Sarkozy, les attentes et les colères sont grandes. Dans ce contexte l’ARAC doit prendre, comme elle l’a toujours fait, ses responsabilités et sa place dans ces batailles. Permettons à l’ARAC de poursuivre ces combats L’ARAC connaît une baisse sensible et régulière du nombre de ses adhérents du fait de la démographie, non suffisamment compensée par le nombre des adhésions nouvelles pourtant nombreuses. Pour plus des deux tiers, les ressources de l’ARAC sont constituées de vos cotisations annuelles, des dons de personnes physiques, par la diffusion de bons de soutien, sur l’association et sur notre journal Le Réveil des combattants. La part de financement dans le budget global de l’ARAC, comme dans le reste du monde associatif, régresse chaque année. Malgré un travail sur les coûts de fonctionnement au siège national qui a permis de réduire de près de 30 % les dépenses, des initiatives financières sont lancées pour diversifier durablement nos ressources.
buera efficacement à l’expression et à la prise d’initiatives. Amis et camarades, individuellement ou au sein de votre section et de votre comité départemental, soyez de ceux qui veulent une ARAC pérenne.
Soyons responsables Il serait impensable de ne pas assurer la pérennité de notre ARAC, au moment où les valeurs républicaines et la souveraineté de la France sont menacées. Tous ensemble, adhérents et lecteurs, amis de l’ARAC, nous en avons la responsabilité. Les temps sont durs, mais nous ne pouvons nous appuyer que sur vous, les adhérents, amis de l’ARAC. Votre participation, aussi modeste soit-elle, contri-
Nous ne nous résignons pas ! Le temps presse ! Assurer la pérennité de l’ARAC est certes une question financière, mais c’est d’abord un problème de conscience pour beaucoup d’entre nous. Aujourd’hui, nous appelons à une nouvelle mobilisation pour que nous puissions continuer notre rôle de « hautparleur de la vérité », comme le disait Henri Barbusse et pousuivre notre action.
Il y a tant de besoins ! • De résister aux mauvais coups du gouvernement et de la majorité présidentielle. • De réagir contre les injustices, les atteintes aux droits, à la défense de l’indispensable travail de mémoire. • De travailler au rassemblement de notre peuple autour des valeurs républicaines que nous défendons, des progrès humains portés par le programme du Conseil National de la Résistance. • De notre combat pour la paix. • De faire aboutir les légitimes revendications des anciens combattants et victimes de guerre.
LE RÉVEIL magazine
Une vie de luttes
Résistance(s) Annie Busnel-Royer - The Book Éditions - collection Arabesque, 10 e
Carmen, jeune lycéenne d’origine chilienne, vit seule avec sa mère. Elle rencontre Thérèse Siallag, ancienne résistante, rescapée des camps de la mort nazis… Leurs destins se croisent, leurs histoires se mêlent… Ce récit est inspiré d’une histoire réelle. « On était tous intimidés, et puis on savait pourquoi elle était là. On l’imaginait bien à une caisse de supermarché, çà c’était dans nos cordes, mais l’imaginer jeune, résistante, déportée, ça devenait soudain très compliqué… Elle avait été comme nous un jour. Sans douleur pour s’asseoir ou pour marcher. Elle avait été comme nous, ou presque. »
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LE RÉVEIL - N°779 - Décembre 2011 - janvier 2012
Étienne le Joseph, Éd. Le Survenir,107 rue Édouard-Vaillant, 95870 Bezons, 10 e
Étienne est un camarade de la section de l’ARAC de Bezons. C’est pour ses enfants et ses petits enfants qu’il a écrit le livre de sa vie, de sa Vie de luttes. Né en 1935, engagé dans la marine nationale à 17 ans, il a connu la guerre d’Indochine sur son bateau sur les côtes viêt-namiennes. A la fin de son engagement il devient ouvrier métallurgiste dans une aciérie de la Meuse, puis chez Citroën et chez Simca. Syndicaliste puis militant du PCF. « Grillé » chez Simca, il doit en partir pour des raisons de sécurité. En effet, les syndicats « jaunes » et les nervis du patron le mettent en danger permanent. Il est alors embauché à la ville de Bezons. La vie d’Étienne est celle d’un militant que beaucoup pourraient écrire : une vie simple d’ouvrier mais tellement riche de luttes, de richesse humaine et de
dossier LE RÉVEIL magazine
courage au quotidien. Il devient militant de l’ARAC en 1997. Il est aujourd’hui le président de la section de l’ARAC de Bezons et il anime également le comité local pour le Village de l’amitié de Van Canh. Pour présenter le livre d’Étienne le Joseph, Dominique Lesparre, maire de Bezons, a simplement écrit : « Cet ouvrage intéressera toutes celles et ceux qui ont approché de près ou de loin les luttes syndicales et leur prolongement politiques durant plus d’un demi-siècle, riche d’événements, de combats et d’avancées sociales ». Pour nous tous, de l’ARAC, il est aussi l’expression de l’un des nôtres, qui a écrit là ce que nous avons vécu et vivons encore, probablement, différemment dans les détails, mais fondamentalement tellement de façon identique, dans nos engagements personnels, dans la lutte quotidienne, pour le progrès que nous voulons pour nos enfants et nos petits-enfants, pour tout le futur du monde. Merci, Etienne. Georges Doussin
Sarkozy sous BHL
Roland Dumas et Jacques Vergès, Ed. Pierre-Guillaume de Roux, 13,90 e
BHL, vous l’avez compris, c’est Bernard-Henri Lévy, minuscule petit homme écrasé par le manteau de Malraux
dont Sarkozy l’a ridiculement affublé… à l’occasion des bombardements français en Libye. Ce pourrait être comique si ces 120 pages, écrites par Roland Dumas (avocat de renommée internationale, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien président du Conseil constitutionnel) et Jacques Vergès (avocat mythique), ne nous glaçaient le sang, face aux crimes de guerre et contre l’humanité perpétrés (au nom de la France) contre le peuple libyen, piétiné au nom de la « légalité onusienne » pour mieux s’accaparer de son pétrole. La première partie : « Attila le petit s’en va-t-en guerre », suivi de « Dieu reconnaîtra les siens », oppose les fanfaronnades de BHL aux réalités tragiques du terrain : bombardements à outrance (sous prétexte de protéger les victimes civiles innocentes), des villes, des hôpitaux, des bâtiments publiques sans intérêt stratégique (tels la Cour des comptes, le centre anti-corruption, les archives, le Tribunal suprême, l’université d’AlFatha), le siège d’associations tels l’aide aux handicapés, le Mouvement des femmes, la Ligue des droits de l’homme, l’église copte de Tripoli, le monument historique de Leptes Magna classé par l’UNESCO en 2001… tuant des dizaines de milliers de victimes, mettant en fuite près de 200 000 travailleurs africains employés en Libye. La deuxième partie, rédigée avec Robert Charvin (agrégé des facultés de droit, professeur émérite de l’université de Nice Sophia-Antipolis) s’intitule « Accusé Sarkozy, nous vous accusons de crime contre l’humanité ». Elle démontre avec une précision irréfutable comment Sarkozy a « filouté » l’ONU, tourné et interprété au plus tragique les résolutions adoptées, comment il a profité de leur « flou » coupable pour le « bourrer d’avions et de bombes », transformant la France en bras armé des USA au nom de la « liberté » des peuples, permettant de mettre à feu et à sang leurs territoires, tels l’Afghanistan, l’Irak, la Côte d’Ivoire... Le Réveil publiera des extraits de ce « J’accuse 2011 » dans une prochaine édition. André Fillère
Sacrifiés pour raison d’État
Serge Vauley, 12 rue du Moulin, 80410 Cayeux-sur-Mer - serge.vauley@free.fr
Serge Vauley, membre de l’ARAC, est engagé à 16 ans à l’École des apprentis mécaniciens de la flotte, puis marin de la « Royale », de février 1961 au 1er septembre 1967. On le suivra au jour le jour pendant toute cette période et comprendra combien ces années en feront un jeune sans illusions devant la vie aliénante à laquelle il est soumis sous la férule de militaires souvent bornés, quelquefois sadiques. Mais sa plus grande malchance fut d’être parmi les premières victimes des essais nucléaires en Polynésie française et de rejoindre là les premières victimes françaises des essais nucléaires dans le désert algérien. Serge Vauley ne cherche pas le langage littéraire. Il raconte tout simplement ses souffrances. Son livre est d’autant plus accusateur. En voici les dernières lignes : « Ceux qui auront la patience d’aller au bout de ce livre s’en seront rendus compte par le style, je ne m’appelle pas Monsieur Zola et pourtant : j’accuse nos gouvernants de tout bord d’avoir depuis cette époque, dissimulé la vérité sur ces essais nucléaires, soi-disant sans danger, sous le sceau du secret. Je leur reproche également de continuer à le faire, alors qu’ils y gagneraient en dignité et en crédibilité, à reconnaître les erreurs du passé. Ils ont pris les responsabilités, alors qu’ils aient maintenant le courage et l’honnêteté de les assumer. » Décidément, nous n’en avons pas terminé avec nos combats en face de ceux qui nous gouvernent pour les obliger à ne pas tricher avec toutes les victimes des guerres contemporaines, les victimes des psychotraumatismes de guerre, les victimes des armes à uranium appauvri, les victimes des armes chimiques, bactériologiques. Merci, Serge, de nous avoir donné ce témoignage d’une vie de douleur qui te laisse aujourd’hui gravement handicapé. Georges Doussin Décembre 2011 - janvier 2012 - N°779 - LE RÉVEIL
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