Le journal Le réveil des combattants - Juin

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OPEX : des mères et des sœurs témoignent

enseignement démocratie laïcité

le réveil Juin 2011 - N°773 - 5 e

mainmise sur le traitement des pensions

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Raccrochons notre pays aux valeurs républicaines !

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualités

Sarkozy, chef de guerre La stratégie de va-t-en-guerre de l’Élysée coûte des milliards d’euros à la France… sans compter le prix des vies humaines. Sarkozy se voit-il en shérif adjoint, chargé au nom des droits de l’homme, aux côtés de l’oncle Sam, de veiller aux intérêts capitalistes dans le monde ? Une chose est sûre, l’armée française intervient aujourd’hui dans de nombreux points de la planète (34). En 2010, 570 millions d’euros ont été engloutis dans des Opex, opérations extérieures en langage militaire, pour un budget de la Défense de 32 milliards. Pour 2011, les militaires tablaient sur 900 millions dont 500 pour l’Afghanistan, auxquels il faut rajouter 900 millions pour la Libye début juillet. Actuellement, 22 000 soldats français interviennent à l’étranger, selon le ministère de la Défense. 4 000 en Afghanistan, 9 700 en Afrique dont 1 500 en Côte d’Ivoire, des dispositifs au-dessus de la Libye, au Kosovo et au Liban, au large de la Somalie, dans le golfe de Guinée, en République centrafricaine… Sept mille marins sur l’eau, un porteavions au maximum de ses capacités, des « Rafale » qui, chaque jour, pilonnent Tripoli et une force d’in-

tervention rapide basée à Abidjan, immédiatement opérationnelle lorsqu’il s’agit de voler au secours de dictateurs locaux pour garantir les intérêts mutuellement réciproques de la Françafrique… les armées françaises n’avaient pas été engagées aussi visiblement depuis bien longtemps. Tout cela à un coût ! Prenons le cas de l’intervention en Libye, annoncée de courte durée et qui finalement s’éternise. L’opération Harmattan, lancée le 19 mars, a déjà coûté plus de 50 millions d’euros. C’est Gérard Longuet, ministre de la Défense, qui a divulgué ce chiffre début mai, devant une commission de la Défense nationale. Outre les avions de surveillance radar, les appareils de ravitaillement et les traditionnels Mirage 2000, la France est la seule armée du monde à utiliser le Rafale fabriqué par Dassault. Une heure de vol coûte entre 11 000 et 13 000 euros, sans compter le prix du carburant. Donc sans comptabiliser les onéreux aller-retour quotidiens entre la métropole, d’où décollent les chasseurs, et

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Enfin libres Enlevés le 30 décembre 2009 avec leurs trois accompagnateurs, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont été libérés le 29 juin dernier. Après 18 mois de détention. 2-

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les zones d’intervention. Lors des trois premiers jours de l’engagement français en Libye, les Rafale ont effectué 400 heures de vol. Facture : entre 4,5 et 5,2 millions d’euros en 72 heures. Mais le plus cher est suspendu sous les ailes de l’avion : les missiles. Ceux qui sont utilisés sont facturés 250 000 euros l’unité. A cela, il faut ajouter le surcoût lié aux primes des militaires engagés évalué, pour le moment, à une dizaine de millions d’euros… Cette stratégie de va-t-en-guerre a également un coût humain important. Si officiellement aucun militaire français n’a péri jusqu’alors en Libye, les premières bavures avec leur cortège de civils tués commencent à être révélées. Sur d’autres terrains d’opération, comme en Afghanistan, 63 soldats français sont morts et 476 ont été blessés. Quant à ceux qui reviennent, ils sont de plus en plus nombreux à révéler les traumatismes et les séquelles d’une guerre dont ils ne comprennent ni le sens ni la raison, tout comme une majorité de Français aujourd’hui. Jean-Pierre Delahaye


ÉDITO LE RÉVEIL

Raccrochons notre pays aux valeurs de la République

SOMMAIRE Actualités p. 4 Le « Pentagone » français.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Médiator, un crime contre la société.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Les banques au mieux de leur forme.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Le logement, une priorité.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 OPEX : les mères et les sœurs témoignent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 International p. 7 Libye : les raisons cachées de la guerre.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Printemps arabe : révolution ou manipulation ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Obama et le retrait d’Afghanistan.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 L’Europe contre les peuples.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Vos droits p. 22 De la mainmise sur le traitement des pensions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Validation du défenseur des droits. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 La commission d’attribution de la carte du combattant. . . . . . . . . . 24 RGPP : reconquérir le service public.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Vie de l’ARAC p. 27 Découvrir le Vietnam.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Bons de soutien : les numéros gagnants.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Magazine p. 31

P. 13 D o s s i er

Enseignements Démocratie Laïcité Une réflexion sur la démarche laïque à laquelle notre pays est profondément attaché, avec trois textes de Jean Jaurès, d’Anicet Le Pors et de Stéphane Bonnéry.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Tirage : 60 000 exemplaires Gérant-directeur de la publication : Raphaël VAHÉ • Directeur délégué : Patrick STAAT • Rédacteur en chef : Raphaël VAHÉ • Directeur promotion et publicité : Claude Delevacq • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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n octobre 2007, au lendemain de l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, Denis Kessler, ancien dirigeant du MEDF, déclare dans le magazine Challenges sous le titre Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance (…) Il est grand temps de le réformer et le gouvernement (Sarkozy) s’y emploie. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Comme on peut le constater, ce n’est pas la crise qui conduit en France à casser la santé, l’école, la Sécurité sociale… mais bien une démarche délibérée qui tourne le dos à l’intérêt de l’immense majorité de notre peuple. Cette casse de la France n’a qu’un but, permettre d’adapter notre pays « aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales ». En un mot, tout ce qui tourne le dos au profit doit disparaître. Oui, la France, son histoire, ses luttes ont permis des avancées démocratiques et sociales faisant référence et envie pour des centaines de millions de salariés sur la planète. Les déclarations des droits de l’homme de 1789, de 1945 sont des références incontournables pour des dizaines de pays, de démocraties à travers le monde. Aujourd’hui, la France compte 8 millions de pauvres, soit 12 % de la population, le salaire moyen est de 1 500 e, il manque 1 million de logements… Nous sommes confrontés à un combat de classe, nous devons faire preuve de courage, d’obstination, d’esprit de conviction et de rassemblement pour défendre les fondements mêmes de la Nation, les fondements de la République. « Résister doit se conjuguer au présent » disait Lucie Aubrac. Nous devons combattre l’ennemi d’aujourd’hui qui attaque, maltraite, dépouille de ses droits élémentaires le plus grand nombre. L’ARAC sera de toutes les actions pour l’émancipation humaine, la défense de la paix et des valeurs républicaines. Il y va de notre vie, de notre liberté, de l’avenir de nos enfants. Patrick Staat juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le « Pentagone » français Bouygues d’abord ! La PPP, ça ne vous dit rien ? Demandez donc ce qu’il en est au ministre de la Défense… Non content d’avoir « bazardé » le secrétariat d’État et « liquidé » son siège, rue de Bellechasse à Paris, et ses services, voilà-t-ypas que - américanisation exige - le gouvernement veut construire son petit Pentagone (petit ? 300 000 m2 tout de même !) dans le quartier Balard du 15e arrondissement de Paris. Pourquoi pas, après tout ? Donc, appels d’offres, marchés publics, etc. Ah mais non ! Z’y-êtes pas du tout ! La PPP voyons ! C'est-à-dire, en clair, le partenariat public-privé… C'est-à-dire le recours à des contrats « globaux » dans lesquels le soin de financer, concevoir, construire, maintenir et gérer, sont confiés à des partenaires privés ». Ici, en l’occurrence, Bouygues, lequel récolte un contrat d’un montant total estimé entre 2,7 et 4 milliards d’euros (une paille !) portant sur 27 années d’exercice. Ainsi, Bouygues investira 720 millions au départ, puis recevra de l’État durant 27 ans, un loyer, une redevance annuelle comprise entre 100 et 150 millions d’euros. Faites le calcul : Bouygues encaissera entre 2 700 et 4 000 millions d’euros au bas mot ! Pour l’État, la note est salée, d’autant que le coût de l’emprunt privé est nécessairement plus élevé que celui que l’État aurait pu contacter. Par ailleurs, le fonctionnement et la maintenance des équipements constituent, en plus, pour Bouygues une véritable rente pendant 27 années, car toutes les modifications à venir, et il y en aura obligatoirement durant ces 3 décennies, se payent au prix fort ! Exemple : le groupement Eiffage, dans le cadre d’un PPP, réclame 100 millions d’euros pour effectuer les modifications imposées par l’Agence régionale d’hospitalisation d’Ile-deFrance pour la construction du centre hospitalier sud-francilien. Sans parler du fait que le PPP réduit à quelques groupements seulement la concurrence qui devient fictive et fragilise encore davantage les PME de la construction dont la publicité nous dit pourtant 4-

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qu’elles sont « le premier employeur de France ». En fait, le choix des PPP par l’État sarkozyste est un abandon très politique des prérogatives et responsabilité de la puissance publique. Et un moyen de plus

de livrer au privé les fonds publics de l’État. Une privatisation rampante de plus, quoi ! En bref, un « Pentagone » qui va être hors de prix et tant pis pour les droits des ACVG… Bouygues d’abord.

Médiator Un crime contre la société 1,2 milliard d’euros, le coût de prise en charge pour la collectivité du Médiator. Sur cette somme faramineuse, 879 millions d’euros versés aux laboratoires Servier par la Sécurité sociale au titre des remboursements de ce médicament, 315 millions pour la prise en charge du risque lié aux complications valvulaires cardiaques. Et tout cela pourquoi ? Pour quel résultat ? Au minimum, 2 000 décès, handicapés, malades cardiaques lourds mais aussi, dans le même temps, évidemment, des profits maximums réalisés par le laboratoire Servier dont le Médiator est le produit phare. Voilà, sèchement résumé, à quoi on aboutit lorsque la loi de la jungle du profit prend le pas sur l’intérêt du pays, de notre peuple. On assiste de fait à un véritable pillage de la Sécurité sociale. A un enrichissement sans limite de dirigeants d’un groupe pharmaceutique avec comme épilogue la mort de quelques milliers de personnes et quelques milliers d’autres gravement malades. C’est le visage crû, mais réel, du libéra-

lisme, du capitalisme, d’un système qui ne recule devant rien : le profit maximum dans le plus court laps de temps, voilà sa motivation. Cette loi devra bien un jour se briser sur l’intérêt de la vie, des hommes de l’épanouissement social. C’est à cette République sociale, humaniste que travaille notre ARAC. Ces crimes contre la société - et celui de Servier est particulièrement horrible - devraient inciter tous ceux qui hésitent encore à s’engager résolument pour construire un monde débarrassé de tous ces profiteurs, autres rapaces qui n’hésitent pas à gonfler leurs masses gigantesques de profits réalisés au prix de malheurs, de misères qu’ils provoquent. C’est cette horreur qu’il faut chambouler et travailler à ce que la richesse soit en fin de compte mise à disposition de la construction du bonheur pour tous. Il y va de l’avenir des générations futures. Hervé Corzani


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Les banques au mieux de leur forme Rappelez-vous, Nicolas Sarkozy nous avait dit : « Il faut sauver notre système bancaire, pierre angulaire de notre économie, voire de l’économie européenne » et sans hésiter, le président des fortunés, des riches, des grands patrons, a débloqué 460 milliards d’euros pour secourir soi-disant notre système bancaire. C’est en réalité du pillage de notre peuple, de notre pays, qu’il s’agit par le système financier non seulement parmi les plus cynique de la planète, parmi les plus pernicieux qui existent, certainement parmi le plus rapace qui soit. Ce système est exclusivement au service des profits réalisés par une minorité. Eux, qui ont généré cette crise que l’on ne finit pas de payer, exigent encore plus de moyens et Sarkozy, la droite, les sociaux-libéraux, s’empressent de les servir avec toujours plus d’empressement. Mais aujourd’hui, regardons de près l’état de santé des banques. La BNP par exemple, la plus importante banque française, annonce pour le 1er trimestre 2011, 2,6 milliards de bénéfices net, en hausse de 14,6% par rapport au 1er trimestre 2010. Pas mal, pas mal ! La santé de la plus grande banque française est plutôt au beau fixe.

Il serait temps que maintenant celle-ci contribue à aider notre pays à sortir de la terrible crise économique qui le secoue, crise d’ailleurs provoquée par la logique du système de recherche du maximum de profits et auxquels nos banques contribuent pour beaucoup : que nenni, d’abord les actionnaires et encore et toujours cette sacro logique capitaliste, les profits, toujours les profits, encore les profits. Finalement, de l’argent, des moyens pour lutter réellement contre la misère, il y en a, même beaucoup. Le système bancaire en général, et les grandes banques en particulier roulent sur l’or. Il serait grandement temps que les banques contribuent fortement au développement social de notre pays. Qu’elles remboursent tout d’abord ce qu’elles doivent à la société. Il faut prendre dans les profits énormes qu’elles réalisent les moyens du développement économique de la France. L’emploi, la

formation, le pouvoir d’achat, le logement, c’est dans ces domaines cruciaux pour notre société que nous devons les contraindre à placer l’argent pris dans notre portefeuille. Les capacités financiaires des banques, leur marge bénéficiaire doivent revenir à la nation. Remettre en cause la mainmise des actionnaires sur nos banques est une des pistes pour sortir concrètement de la crise dans laquelle les actionnaires capitalistes l’ont sciemment projeté. C’est toute la logique de ce système qu’il faut remettre en cause, la bonne santé des banques et les dividendes reversés généreusement aux actionnaires, c’est sur la misère que cela s’établit. Nous devons imposer d’autres choix politiques qui permettent que chacun retrouve sa juste place. Les banques, et d’abord elles, au service de la nation, de la République et du peuple et non l’inverse. H.C.

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A retourner au Réveil des Combattants - 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 12 - reveil-des-combattants@wanadoo.fr Individuel

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Ci-joint un chèque de 100 e libellé à l’ordre du Réveil des Combattants juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL actualités

Le logement reste une priorité nationale

« Je veux, si je suis élu président de la République, que d’ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. Parce que le droit à l’hébergement, je vais vous le dire, c’est une obligation humaine. Mes chers amis, comprenez-le bien : si on n’est plus choqué quand quelqu’un n’a pas un toit lorsqu’il fait froid et qu’il est obligé de dormir dehors, c’est tout l’équilibre de la société où vous voulez que vos enfants vivent en paix qui s’en trouvera remis en cause ». (Nicolas Sarkozy, discours de Charleville-Mézières, 18 décembre 2006) En 2010, ce sont 382 personnes qui sont mortes des conséquences d’une vie sans logement fixe. Il manque 900 000 logements en France, 685 000 personnes sont privées d’habitation personnelle, parmi elles 133 000 SDF et 85 000 dorment dans des habitations de fortune ou au camping. De nombreux OPEX en retour de mission ayant quittés l’armée se retrouvent trop souvent dans cette situation. 2,7 millions de nos concitoyens vivent dans des conditions de logement très difficiles. La crise du logement est une 6-

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vraie question de société affectant une grande partie de la population dont la préoccupation première est d’accéder à un logement ou/et de le garder. Les problèmes de logement ne concernent plus seulement les personnes aux rémunérations faibles, mais aussi les classes moyennes. Des commentaires déplacés associent parfois au logement social les mots défavorisés, pauvreté, précarité, ghetto, mixité… Est-il nécessaire de rappeler que plus de 70 % des ménages de notre pays répondent aux critères du logement social ? L’habitat est le premier poste de dépenses des ménages. Les Français y consacrent 25 % de leur revenu brut disponible (pour les foyers les plus démunis, les étudiants, les retraités les budgets logement avoisinent bien souvent 50 %), soit deux fois plus que l’alimentation et les transports. En 2011, trouver et financer son logement sont toujours les deux principales inquiétudes des Français. Si le présent est source d’inquiétude, l’avenir ne semble pas s’annoncer sous de meilleurs jours : une étude TNS Sofres

conclut que le logement constitue pour les parents un motif d’inquiétude pour leurs enfants (40 %), après la difficulté à trouver un emploi stable (71 %) et celle liée au pouvoir d’achat (55 %). De fait, une large majorité des Français (84 %) estime que les responsables politiques sont les premiers responsables de cette situation, en ne s’occupant pas suffisamment des problèmes de logements en France. Les retraités n’échappent pas au mallogement. Le rapport de la fondation Abbé Pierre rappelle que tous les seniors ne sont pas riches comme Mme Bettencourt. 600 000 personnes âgées vivent actuellement avec une allocation de solidarité de 628 euros, ce qui les place sous le seuil de la pauvreté, comme 8 millions de nos concitoyens. Au lieu d’assumer son rôle de garant du droit au logement, l’État est coupable non seulement de ne pas s’atteler à résoudre le problème du logement, mais pire, de l’aggraver en coupant les crédits, alors qu’il trouve des milliards pour renflouer les banques, qu’il dépense des sommes folles pour faire la guerre… Le budget logement de l’État est en baisse de près de 20 % sur la période 2008-2011. Les sommes consacrées au logement, par l’État, sont à leur niveau le plus bas depuis plus de 30 ans. Pour répondre aux attentes des Français, il faut une politique à la hauteur des enjeux. Il faut sortir le logement du champ des lois du marché et de la spéculation. Des changements profonds sont indispensables pour lutter contre la marchandisation du logement. Plus que jamais, les aides publiques doivent être consacrées en priorité au logement social. Tout comme l’emploi, la santé, le logement doit devenir une priorité nationale. Il est clair que le gouvernement mène une politique en rupture avec les valeurs qui sont au cœur de la République, qui sont celles de la fraternité et de la solidarité. Il n’est pas acceptable que le droit au logement, inscrit dans la Constitution, ne soit pas appliqué. Brigitte Canévêt


international LE RÉVEIL

Libye

Les raisons cachées de la guerre On se souvient de cette image : seul devant les caméras du monde entier, Nicolas Sarkozy annonce une opération militaire en Libye. Elle est d’inspiration française. Le Président tient enfin ce qui lui manquait, ce rôle de chef militaire, qui, croit-il, le fait entrer dans l’histoire parce que provoquant un consensus au sein de son opinion publique. De fait, à un an d’une élection présidentielle plutôt mal engagée pour lui, en tout cas jusqu’à la chute de Dominique Strauss-Kahn, il comptait sur 2011 pour asseoir sa dimension internationale, servie par une double présidence du G8 et du G20. Le calcul n’était pas faux. Le Parti socialiste, qui avait attaqué les atermoiements de Nicolas Sarkozy et même son soutien aux régimes en place lors de la chute de Zine El Abidine Ben Ali (le PS feignant d’oublier que le parti de Ben Ali était membre de l’Internationale socialiste) et Hosni Moubarak, a immédiatement approuvé l’engagement militaire français en Libye. « On ne salue pas avec enthousiasme le fait qu’on soit entrés en guerre » mais « c’est une décision grave qu’il fallait prendre », expliquait Benoît Hamon, rappelant que le PS avait soutenu l’idée d’une zone d’exclusion aérienne en Libye. « Je me réjouis de la célérité et de la détermination des autorités françaises appuyées par la communauté internationale », confiait Jack Lang, ancien ministre de François Mitterrand, n’hésitant pas à saluer « un moment historique ». Il est vrai que l’un des hérauts de cette guerre n’est autre que Bernard-Henri Lévy, « philosophe » qui se veut « conscience de la gauche » ! Après son soutien à l’islamiste commandant Massoud en Afghanistan, il s’était empressé de prendre place dans un char israélien nettoyant la bande de Gaza. Qu’il se soit retrouvé à Benghazi n’a, dans ce cadre, rien d’étonnant. « Des peuples arabes ont choisi de se libérer de la servitude dans laquelle ils se sentaient depuis trop longtemps enfermés », déclarait Nicolas Sarkozy à l’issue du sommet international sur la Libye qu’il avait convoqué à Paris. « L’avenir de ces peuples arabes leur appartient. Au milieu

des difficultés et des épreuves de toutes sortes qu’ils ont à affronter, ces peuples arabes ont besoin de notre aide et de notre soutien », précisait-il. Une belle âme désintéressée donc. Et pour mieux faire avaler la couleuvre guerrière, le scénario proposé est toujours le même. En 1999, lors de l’intervention au Kosovo, il avait déjà été utilisé : les massacres de populations civiles seraient tels que la seule option, dans un premier temps, est la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne avec son corollaire, les bombardements aériens pour protéger les civils. Ainsi fut dit, ainsi fut fait. Au Kosovo comme en Libye. Mais en Libye, comme au Kosovo auparavant, on s’est vite aperçu que les massacres à grande échelle dont on nous parlait relevaient plus de la propagande que de la réalité sur le terrain. Les milliers de morts de Benghazi se chiffraient en réalité à 250. Déjà trop, mais on n’est plus dans une stratégie de destruction massive des populations. Il fallait un prétexte d’intervention sans provoquer le moindre débat sur les finalités politiques. La « raison humanitaire » se suffisait à elle-même. Les opposants à une telle guerre devenaient des monstres sans cœur. Pis, des alliés de Kadhafi ! Un Kadhafi dont l’élimination pure et simple n’est même plus dissimulée par les Occidentaux et l’Otan. Quelques mois auparavant, pourtant, le même Nicolas Sarkozy ne trouvait rien à redire en accueillant en grande pompe, le colonel Mouammar Kadhafi, guide de la révolution libyenne. Longtemps paria de la communauté internationale, celui-ci redevenait persona grata. La Libye, ce n’est pas que du sable. On y trouve du pétrole, beaucoup de pétrole, et du gaz. Avec une telle dot, on est rarement difficile quant à la personnalité

du marié. Mais ce n’était pas tout. Avec ces multiples frontières (Tunisie, Algérie, Niger, Tchad, Soudan, Égypte), la Libye est l’une des principales portes d’entrée en Europe pour les centaines de migrants notamment de l’Afrique subsaharienne. Tripoli devait devenir le garde-côte de l’Union européenne, en verrouillant cette voie. C’est peut-être à la fin novembre que le sort de Kadhafi a été scellé. Lors d’un sommet à Tripoli réunissant dirigeants européens et africains, il a réclamé cinq milliards d’euros pour sécuriser ses 5 000 kilomètres de frontières et juguler ainsi la migration vers l’Europe. Une demande déjà exprimée au mois d’août lors d’une visite à Rome. Mais l’Union européenne avait jugé que 50 millions sur deux ans étaient largement suffisants. Trois mois plus tard, en février, l’Europe emmenée par Sarkozy soutenait la rébellion qui venait d’éclater à Benghazi. Une aubaine pour tenter de trouver de nouveaux « gardes-côtes » qui seront d’autant moins exigeants financièrement qu’ils devront leur place au soutien des Européens, politiquement et militairement. Ces mêmes dirigeants de la rébellion ne sont pourtant pas des inconnus. La plupart ont siégé avec Kadhafi. C’est le cas du numéro 1, Moustafa Abdeljalil, ancien ministre de la Justice, qui avait refusé de commuer la peine de mort prononcée contre les infirmières bulgares. C’est le cas de Mahmoud Jibril, « premier ministre », nommé par Kadhafi à la tête du Bureau national pour le développement économique (NEDB), où il a initié une politique de privatisation et de libéralisation. Nul doute qu’avec lui, les intérêts occidentaux seront en de bonnes mains. Se profile maintenant, avec les difficultés persistantes sur le terrain militaire, le spectre de la partition de la Libye, le but étant de permettre à la rébellion la maîtrise des zones gazières et pétrolifères, c’est à dire essentiellement l’Est (la Cyrénaïque) et une partie du sud de la Libye. Les véritables objectifs de cette guerre apparaissent ainsi aux yeux de tous. Pierre Barbancey juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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Dossier OPEX Quand les mères et les sœurs témoignent Nous publions ici des témoignages de mères, de femmes de militaires traumatisées par le conflit d’Afghanistan. Avec ces témoignages tirés du journal La Vie, réalisés par Anne Guion et publiés le 17 mai 2011, nous voulons contribuer à ouvrir dans le Réveil une rubrique pour tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont besoin de témoigner, de se rencontrer, de dialoguer, d’être aidés ou conseillés. Cette démarche est logique de la part de notre association. Ces femmes et ces hommes, soldats ou familles ne peuvent être laissés au ban de la société. Notre organisation se doit, a le devoir, de prendre en compte leur détresse, leurs souffrance, leurs droits. Ces femmes et ces hommes ont été sous le drapeau français, ce sont les OPEX, opérations extérieures quand ils en reviennent, ils reviennent marqués, traumatisés, souvent perdus, à la recherche de repère, de soutien. Ils sont des centaines de milliers à avoir été OPEX dans notre pays dans les 20 dernières années. Une étude récente dit que 17 % en reviennent traumatisés. Aujourd’hui la France est présente dans 34 pays, cela représente une dépense énorme dans notre budget national (pour la seule intervention en Libye 1,2 million d’euros par jour, soit environ 900 millions depuis le 19 mars à 150 millions d’euros près), mais surtout au nom du maintien de la paix, c’est une véritable présence militaire de type colonial que nous exerçons. Ces témoignages d’Afghanistan témoignent de l’inhumanité, de l’injustice, de l’inefficacité de la guerre. Ils sont émouvants et montrent la désespérance. 8-

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Afghanistan, blessées par l’oubli Anne Guion - La Vie, le 17 mai 2011 Mères, sœurs ou épouses de militaires, traumatisées par ce conflit qui a causé 61 morts, elles se sentent ignorées par la nation. La mort de Ben Laden remet sur le devant de la scène cette guerre oubliée qui a fait pourtant 61 morts parmi les soldats français depuis le début du conflit en 2001 et plus de 300 blessés. Un bilan sans comparaison, certes, avec les pertes américaines : plus de 1 000 soldats y ont été tués. Mais, alors que les Américains suivent avec effroi le décompte de leurs soldats tombés au front, les morts français passent quasiment inaperçus, les blessés n’apparaissent que rarement dans les médias. Les militaires rentrent d’Afghanistan dans l’indifférence. 4 000 soldats y sont présents en ce moment pour des missions

généralement de six mois. Combien y ont été envoyés depuis dix ans ? Difficile d’obtenir ce chiffre. 50 000, peut-être. Autant de familles, partout en France, qui ont été, à un moment ou à un autre, touchées par ce conflit. Mères, sœurs ou épouses, elles ont décidé de témoigner de la vie de ceux qui restent. Les habits de son fils lavés, repassés et empilés sur le lit sont restés tels quels. Quelques tee-shirts un peu élimés, des paires de chaussettes. « Je n’ai pas eu le cœur de les ranger », confie-t-elle. Dans son appartement de Versailles, Monique Panezyck, 60 ans, a décidé de parler. Quoi qu’il lui en coûte. Malgré les images qui se forment devant ses yeux. Malgré les larmes qui bientôt se transforment en sanglots. Le 23 août 2010, son fils unique Jean-Nicolas est mort,


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tué au cours d’une opération au sud de Tagab, dans la province de la Kapisa, en Afghanistan. Une carrière de couvreur, une période de chômage qui s’étire… Le jeune homme avait fini par s’engager dans l’armée en septembre 2005. « Des gens m’ont dit : “Il avait signé, il connaissait les risques qu’il prenait.” Mais c’est faux : il était jeune, l’armée leur raconte n’importe quoi. Il pensait être protégé », témoigne Monique Panezyck. Un regard si pesant que certaines ont même changé de vie, comme Isabelle, rencontrée dans un petit village du SudOuest. Son fils a été blessé lors de l’embuscade d’Uzbin en août 2008. C’était il y a près de trois ans. « Mais, dit-elle, la famille s’en remet tout juste. » Avec son mari, ils géraient l’épicerie du village. « Après le drame, je ne pouvais plus supporter le regard des clients, leurs réflexions, leur gêne. » Elle décide de ne plus servir à la caisse. Quelques mois plus tard, son mari jette l’éponge aussi. Le couple ferme l’épicerie et change de métier. Le 23 août 2010, Monique Panezyck séjourne chez une amie. Lorsqu’elle reçoit un coup de fil de l’armée lui demandant où elle se trouve, celle-ci comprend tout de suite qu’il est arrivé quelque chose. « Je les avais pourtant informés de mon changement de domicile… » Acculé, son interlocuteur lui annonce alors la mort de son fils… au téléphone. Elle reste seule de longues heures. La nouvelle se répand très vite sur Internet. Les condoléances affluent sur les forums des régiments, sur son mail, alors même qu’aucun gradé ne s’est encore déplacé pour lui confirmer le décès. « C’était monstrueux de lire tous ces messages. Je me raccrochais encore à l’espoir que c’était une erreur », confie-t-elle. Commence alors le long calvaire des cérémonies officielles : le rapatriement du corps, les hommages de la Nation en présence du Président de la République… Loin d’être réconfortée, elle se sent dépossédée. « J’ai enterré six fois mon fils », dit-elle aujourd’hui. L’armée, qui prend en charge financièrement les funérailles à Versailles, n’avait pas prévu de caveau. « Mon fils s’est battu pour la France, et ils voulaient l’enterrer comme

cela, en pleine terre ! J’ai dû me battre. Finalement, c’est la mairie qui a payé. » La vie de la maison s’organise alors autour de l’absent. L’ordinateur, par lequel Giselle communique avec son fils, devient le centre névralgique du foyer. « Nous ne sommes pas partis en vacances parce que je ne voulais pas ne plus être joignable lorsque j’étais dans l’avion », témoigne-t-elle. Toutes racontent ces six mois comme entre parenthèses : « Lorsque j’appréciais un moment, tout de suite, je pensais à mon frère », se souvient Audrey, jeune Provençale de 26 ans, dont le frère est parti l’année dernière, à 19 ans. « On se dit, là, je rigole, mais imaginons… Un jour, ma mère a vu les gendarmes arriver au bout de la rue. Ils ont garé leur voiture en bas de l’immeuble. Elle les a suivis du regard, terrifiée. Vont-ils sonner à la porte pour lui annoncer qu’il est arrivé quelque chose ? Pendant six mois, ses premiers mots au téléphone ont été : “Tout va bien ?” »
Pour beaucoup, l’Afghanistan est entré dans leur vie brusquement. Giselle Sanchez, 49 ans, une chef d’entreprise, se souviendra longtemps de ce jour d’août 2008. Le journal télévisé ouvre alors sur les dix morts français de l’embuscade d’Uzbin. Son fils de 25 ans vient de s’engager à l’armée. « Tout à coup, je me suis dit : “Est-ce qu’il pourrait y aller ?” » Un an plus tard, le jeune homme lui annonce son départ. « Nous avons utilisé tous les moyens pour l’en dissuader, demandes, prières, et même chantage… Et puis, trois semaines avant, j’ai senti qu’il fallait le laisser s’en aller. Il nous a dit : “Ce sera une épreuve très dure, j’ai besoin de votre soutien.” Nous le lui avons donné. » Surtout, Giselle Sanchez diffuse sur Internet un document intitulé L’Afghanistan expliqué aux soldats et à leur famille. Quelques pages rédigées avec de la documentation qui répondent aux questions essentielles, comme : « Qui sont les talibans ? » Des points qui ne sont pas abordés pendant les six mois de classe avant le départ. « Il y a un terrible manque d’information chez les soldats », dénoncet-elle. On peut y lire également en filigrane, la question : pourquoi la guerre ? C’est d’ailleurs frappant : la plupart des

femmes interrogées avouent leur incompréhension. « Personne, aujourd’hui, n’a une parole claire sur les objectifs des forces alliées en Afghanistan, » s’interroge ainsi Giselle Sanchez. « Sommes-nous là pour former l’armée afghane ou pour combattre les talibans ? » « D’un côté, je me dis que c’est bien que tout se termine, mais à quoi auront alors servi toutes ces morts ? » Giselle Sanchez, elle, a vécu par procuration les désillusions de son fils. En mars 2010, terrifié, il lui fait part au téléphone de la multiplication des sorties hasardeuses sur le terrain. « Comme s’ils voulaient atteindre un quota de morts », lui dit-il. Giselle Sanchez demande des explications à la Caf, qui avoue son ignorance. Elle découvre peu après que le général américain Mc Chrystal, à l’époque commandant de l’Isaf (Force internationale d’assistance et de sécurité, sous l’égide de l’Otan), se trouvait en mission dans la zone. Les Français ont-ils voulu faire juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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du zèle ? « Il faut donner aux soldats la reconnaissance qu’ils méritent, parce que la plupart pensent faire le bien, mais pas de façon aveugle. Nous, les familles, avons aussi le droit de remettre en cause le sens de leur mission », dénonce-t-elle. Dans le flou, certaines familles se bricolent un sens, une explication. Esseulées, les familles se bricolent une solidarité. Sur les forums internet des régiments, comme sur celui du 8e Rpima, par exemple, elles échangent des informations sur les opérations en cours. « Si un des soldats a pris son téléphone portable lors d’une opération, ce qui est interdit, sa mère va informer les autres parents de l’évolution de la situation sur place… », témoigne l’une des femmes interrogées. » À Montmélian, à 30 kilomètres de Chambéry, Virginie Martin, 33 ans, est perplexe. Un an après le retour de son mari, Denis, qui a servi à Nijrab, la jeune femme, infographiste, mère de deux jeunes enfants, balance encore entre la colère contre l’armée et le soutien à son mari. « Je me suis beaucoup documentée », dit-elle. « J’essaie d’y croire, je veux croire que tout ceci a un sens, parce que je veux soutenir mon mari. Mais je n’en suis pas sûre… » L’évocation du retrait des troupes occidentales en 2014 ajoute à sa confusion. À Montmélian, lorsque nous rencontrons Virginie, le couple attend avec impatience la réponse à leur demande de mutation de Didier dans un autre régiment. Quelques semaines après notre rencontre, Virginie nous recontacte : la mutation a été acceptée. Toute la famille déménage cet été à Mayotte, où son mari a été affecté. Loin de la vallée de la Kapisa. À des milliers de kilomètres de l’Afghanistan. Personne ne rentre vraiment indemne. Depuis 2009, l’armée prévoit un stage de trois jours à Chypre à l’issue des six mois de mission. Un sas de décompression dans un hôtel 5 étoiles avec séances de sophrologie et présence d’un psychologue pour détecter les stress post-traumatiques (PTSD, post-traumatic stress disorder). Un syndrome que l’armée commence à prendre en compte. In10 -

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suffisant pour beaucoup. Toutes ces femmes racontent le mutisme, les difficultés de communication du retour. « Mon mari, qui est d’un naturel calme, s’énervait très vite. Il a fini par s’apaiser avec le temps », se souvient Virginie. Puis, peu à peu les mots arrivent. Tout ce qui a été tu pendant la mission pour ne pas inquiéter s’exprime alors : la mine qui arrache la jambe de l’ami devant ses yeux, les collègues tués, puis vengés. Et, finalement, revient l’angoisse d’un nouveau départ.

Un retrait anticipé ? Le 17 août 2008, la mission de Julien, le fils d’Isabelle, prend subitement fin. Il fait partie de la brigade prise à partie dans la vallée d’Uzbin. C’est lui-même qui prévient ses parents, au téléphone le matin. « Maman, on rentre en France, il y a eu du grabuge », leur annonce-t-il, d’une voix monocorde. Victime d’un traumatisme sonore, il reste deux mois au repos complet à la maison. « Il s’endormait la journée sur le canapé et ne trouvait pas le sommeil la nuit », se souvient sa mère. « Il tombait parfois dans une sorte de torpeur. Quelque chose a changé aussi dans son regard. Nous avons laissé partir un jeune homme de 20 ans, c’est un homme de 50 ans qui est revenu. » Une angoisse qui se vit dans la cellule familiale. Car l’Afghanistan est un sujet tabou. Toutes ont fait du tri parmi leurs amis. « Personne ne sait vraiment ce qui se passe là-bas, mais tout le monde a un avis sur la question, raconte Audrey, et beaucoup ne se gênent pas pour vous le donner. Plutôt que de se taire 5 minutes ou de compatir à votre inquiétude, les gens ont l’impression qu’ils doivent forcément vous balancer leurs principes à la figure… » La jeune femme se souvient ainsi de cette soirée gâchée : « J’ai passé mon temps à me disputer sur le sujet avec l’amie d’une amie, assistante sociale, qui recevait des

Afghans qui avaient quitté le pays. » Avec la fin de la conscription, en 1997, et la professionnalisation des armées, tout se passe comme si les soldats faisaient un métier comme un autre, avec des risques qu’ils sont payés pour assumer. « Sauf que tout le monde pleure un pompier qui meurt au feu ! », s’exclame Audrey. Surtout, cette guerre de 10 ans, dont le nombre des victimes civiles ne cesse de croître, a mauvaise presse. Même les familles endeuillées ne sont pas épargnées. Mal à l’aise, l’armée a du mal à faire face à l’angoisse des familles. L’institution en fait trop ou pas assez, ne trouve pas le bon ton. Beaucoup de femmes critiquent ainsi, par exemple, les cellules d’aide aux familles (Caf) de l’armée. « C’est comme la section loisir d’un comité d’entreprise, la cellule familiale n’est jamais au courant de ce qui se passe sur le terrain », nous dira même l’une d’entre elles. Une maladresse qui peut se révéler cruelle. Le silence laisse souvent la place à toutes les interprétations, et même aux lectures du conflit teintées de « clash des civilisations ». « J’entends de plus en plus les familles dire que, si leur enfant est en Afghanistan, c’est pour protéger la France d’une menace musulmane », témoigne ainsi l’une des mères.

4 000 soldats français sont déployés sur le sol afghan, dans le cadre de la force internationale de l’OTAN (Isaf). La France est le quatrième pays contributeur de l’Isaf en nombre de soldats, derrière les États-Unis (deux tiers des effectifs), le Royaume-Uni et l’Allemagne.


international LE RÉVEIL

Printemps arabe

Révolution ou manipulation ? Extraits d’une interview d’Éric Denécé, publiée dans la Tribune du 1er juin 2011

De retour de mission d’étude en Tunisie, en Égypte et en Libye, Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, ancien du renseignement, livre une lecture nuancée des événements du début d’année. Sans nier les aspirations des populations, il relativise l’ampleur du changement des équipes dirigeantes. Un prélude à de grandes déceptions. Quelle lecture faites-vous du « printemps arabe » ? Il y a dans ce pays une réelle aspiration à plus de liberté, mais pas nécessairement à plus de démocratie. Par ailleurs, je ne crois pas à la spontanéité de ces « révolutions », qui étaient en préparation depuis plusieurs années. Dès 2007-2008, des conférences organisées sous l’égide d’ONG américaines, comme Freedom House, l’International Republican institue ou Canvas, et où étaient présents la plupart des blogueurs et des leaders de ces mouvements, ont instillé le germe de la démocratie, créant un contexte favorable aux révolutions. Le processus était le même que celui qui a précédé le démantèlement de l’URSS, la révolution serbe, la révolution orange en Ukraine ou encore celle des Roses en Géorgie.

Mais pourquoi ont-elles éclaté en 2011 ? Des contestations populaires ou étudiantes dans les pays arabes se produisent régulièrement, mais elles sont à chaque fois réprimées par l’armée et la police. Pour la première fois, l’armée s’est désolidarisée de la police, en refusant de réprimer les soulèvements en Tunisie comme en Égypte, et les mouvements ont été observés par la presse internationale. Mais surtout, dans la semaine précédant les événements, les plus hauts représentants des armées de Tunisie comme d’Égypte se sont rendus à Washington, qui assure l’essentiel du

financement de l’armée, pour obtenir le feu vert des États-Unis à un renversement des dirigeants. Ils ne supportaient plus la prédation des clans au pouvoir.

Ces révoltes seraient donc des coups d’état militaires prenant le visage de mouvements démocratiques spontanés ? Les manifestants de la place Tahrir n’avaient pourtant pas l’air manipulés ? En êtes-vous si sûre ? Il est tout de même étonnant que, dans ce pays où existent un militantisme islamiste et un net sentiment anti-israélien, aucun slogan anti-israélien ne soit apparu pendant les manifestations. C’est bien l’indice d’une révolution « sérieusement encadrée ». Quant à la « nouvelle équipe » au Caire, elle comprend le chef d’état-major de l’armée ainsi que l’ancien chef du service des renseignements, et s’est immédiatement engagée à respecter les accords internationaux signés, notamment les accords de Camp David auxquels est hostile une large partie de la population.

Et en Tunisie ? Le ras-le-bol face à l’avidité du clan Trabelsi était profond et touchait l’ensemble de la population confrontée à des difficultés économiques croissantes jusqu’aux entrepreneurs, dont beaucoup devaient « céder » des parts entières de leur business pour ne pas être inquiétés. C’est pour cela que des manifestations se sont produites dans toutes les villes du pays. La révolte y a été plus populaire et plus profonde qu’en Égypte, où les événements se sont, pour l’essentiel, limités à la place Tahrir. Mais, comme au Caire, le nouveau gouvernement de Tunis comprend en majorité des collaborateurs de l’exprésident Ben Ali. Dans les deux cas, tout s’est passé comme si les jeunes générations avaient décidé de « faire sauter le bouchon » qui empêchait leur accès au pouvoir, sans changer fondamentalement le système ou le régime. L’imminence d’un coup d’État militaire était évoquée depuis dix-huit mois

en Tunisie. Aussi n’est-il pas approprié de parler de « révolution ». L’Iran en 1979, et l’URSS en 1991, ont connu de vraies révolutions. Tout y a changé : les hommes, les institutions, les rapports internes, les relations internationales, etc. Rien de tel dans les événements récents. Il s’agit d’un renouvellement des classes dirigeantes qui ont, avec l’accord de Washington, organisé des coups d’État « en douceur », en profitant d’une vague de contestation populaire qu’elles ont intelligemment exploitée. Ainsi, leur arrivée aux affaires bénéficie extérieurement d’une grande légitimité et donne le sentiment d’une rupture profonde avec le régime précédent. La situation est en réalité bien différente. D’ailleurs, pour Washington, c’est un « changement dans la continuité » modifiant peu l’équilibre régional, ce qui est étonnant pour des révolutions. Washington encourage et appuie les armées d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour qu’elles évoluent vers un rôle « à la turque » : c’est-à-dire qu’elles n’occupent pas le pouvoir « sauf cas de force majeure » mais soient les garantes de la stabilité du pays contre l’islamisme, qu’elles contribuent à la stabilité régionale et qu’elles ne manifestent pas d’hostilité réelle à l’égard d’Israël.

Comment lisez-vous la situation actuelle ? Beaucoup de problèmes risquent de surgir : dans les deux pays, un fossé inédit est apparu entre l’armée, qui sort grandie des événements, et la police, qui a longtemps assumé la répression des manifestants. Les forces de l’ordre, surtout en Tunisie, en sont sorties profondément désorganisées. On pourrait voir une recrudescence de la criminalité nuisant à l’équilibre intérieur. Enfin, très vite, une partie de la population va réaliser qu’elle a été flouée. D’où de possibles chocs en retour et une reprise des émeutes. Nous en voyons peut-être déjà quelques signes avant-coureurs à travers les manifestations populaires qui semblent reprendre ici et là. Enfin, les islamistes se sont pour l’instant montrés plutôt discrets. Mais jusqu’à quand ? Propos recueillis par Valérie Segond. juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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Obama et le retrait d’Afghanistan Face à l’opinion américaine et dans la perspective des élections, Obama annonce le retrait de 30 000 hommes d’Afghanistan et se place dans la perspective d’une installation à plus long terme. « L’idée que nous construisions des ponts à Bagdad et à Kandahar mais pas à Baltimore et à Kansas City est incompréhensible ». Cette récente déclaration du maire de Los Angeles, Antonio Villaraigosa, tout nouveau patron de la conférence des maires américains, a-t-elle influé dans la décision de Barack Obama d’ordonner le retrait de 33 000 hommes d’ici à 2012 d’Afghanistan ? En tous les cas, elle tombe à pic et vient s’imposer en réponse au sentiment d’inutilité de cette guerre qui se développe de plus en plus largement aux États-Unis. Si l’on en croit un récent sondage du très sérieux Pew Center, 56 % des Américains estiment nécessaire le retour « des boys au pays », soit 16 points de plus que l’an dernier. C’est certainement une raison importante mais probablement pas la seule. D’abord, il y a le coût exorbitant de la guerre afghane. Depuis 10 ans, près de 1 000 milliards de dollars y ont été consacrés. Un véritable gouffre pour une Amérique économiquement boiteuse où, en dépit de tous les plans et de toutes les promesses, la résorption du chômage et des inégalités est un échec patent pour le président américain. Aujourd’hui, une certitude semble s’imposer au locataire de la Maison-Blanche, partagée par une majorité et résumée il y a peu par le viceprésident du Center for New Américan Sécurity, Kristin Lord ,« l’affaiblissement de la puissance économique américaine est un risque bien supérieur aux risques d’un retrait accéléré en Afghanistan ». 12 -

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Traumatisme et élections Autre raison, les Américains semblent fatigués de la guerre. Le conflit afghan dure depuis près de 8 ans, celui d’Irak depuis 10 ans. Ils sont lassés de voir « leurs jeunes » mourir en masse (1 600) dans des contrées lointaines, pour une cause de plus en plus éloignée du traumatisme du 11 septembre et particulièrement depuis l’assassinat de Ben Laden au Pakistan. Cette décision intervient également alors que la campagne électorale est déjà lancée aux États-Unis. Obama, qui brigue un second mandat, doit donner des signes à son électorat et au-delà. En annonçant le retrait, il donne des gages. Il prend au sérieux le scepticisme grandissant de l’opinion publique qui semble douter de plus en plus de la capacité des USA à jouer le gendarme du monde et, du même coup, il se recentre sur les problèmes nationaux. Dans l’allocution annonçant sa décision du rapatriement des GI’S, n’a t-il pas lancé à ses compatriotes : « Amérique, concentrons-nous désormais sur la reconstruction de notre propre pays ». Ainsi espère-t-il créer un consensus autour de sa personne et de ses propositions en surfant sur le rejet de la guerre d’une plus grande partie de l’opinion. Si le pari politique est osé, Barack Obama peut espérer que le choix de repli militaire, même jugé insuffisant par la gauche de son propre parti, lui permettra de remobiliser sa base démocrate, mais pas seulement… Chez les Républicains, traditionnellement enclin a bomber la poitrine et montrer la toute-puissance de l’Amérique, l’idée du retrait a fait son chemin. Ils sont aujourd’hui 43 % à vouloir le rapatriement des troupes pour 31 % l’année dernière. Pour autant, sur le terrain s’oriente-t-on vers une fin du conflit et de l’occupation?

Sur le terrain et à long terme Le nombre de soldats US en territoire afghan restera très conséquent et pour une simple raison. Depuis l’arrivée d’Obama à la Maison-Blanche, il a pratiquement triplé. Selon le New-York Times, après les retraits successifs, il restera en poste plus de 70 000 G’IS, soit le double des effectifs engagés sous la présidence de George W. Bush. A cela il faut ajouter les informations recueillies par le quotidien Le Monde auprès des principales autorités militaires de l’OTAN et diplomatiques, à Kaboul. En marge de négociations avec les talibans, confirmées par le secrétaire d’État à la Défense Robert Gates, la coalition internationale, dirigée par les États-Unis, préparerait un plan de soutien à l’Afghanistan au moins jusqu’en 2020. Celui-ci prévoirait d’assurer au gouvernement afghan une aide civile et militaire étrangère à très long terme. De plus, un accord afghano-américain sur l’installation de bases militaires permanentes est en cours de négociations. Plusieurs dizaines de bases, dont certaines secrètes appartenant à la CIA, figurent dans cet accord. A Kaboul, un grand complexe est en construction en face de l’ambassade des États-Unis pour accueillir les futurs conseillers du gouvernement afghan. En décembre prochain, la conférence de Bonn sur l’Afghanistan devrait permettre d’annoncer les grandes lignes de ce partenariat à très long terme. Cet accord ne devrait être parachevé qu’en 2012. L’OTAN prendrait en charge la formation et le soutien matériel de l’armée afghane. L’Union européenne pourrait, elle, se charger de la politique. Enfin, la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement devraient aider l’État afghan. La mise sous tutelle de cette région du monde reste bien à l’ordre du jour des préoccupations américaines. Jean-Pierre Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

N° 773 Juin 2011

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

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ÉDITO - Par Paul Markidès

Enseignement, démocratie et laïcité

Par trois textes de Jean Jaurès, d’Anicet Le Pors et de Stéphane Bonnéry, nous entendons fournir informations et réflexions sur la démarche laïque à laquelle notre pays est attaché. Comme on le constatera, c’est une construction démocratique qui remonte par étapes aux origines même de notre Nation. Les interventions de ses détracteurs se caractérisent souvent par deux exigences aussi contestables l’une que l’autre : - ou l’application neutraliste de la loi laïque d’éducation, n’admettant aucune information ou réflexion sur les doctrines et pensées intellectuelles et morales, - ou l’ouverture tous azimuts du domaine public, offrant à qui le réclame le droit de prôner ses démarches et comportements sans respect des autres citoyens. En fait la démarche laïque, comportement ou action éducative, ne peut être neutre, « il n’y a que le néant qui soit neutre » écrivait Jean Jaurès en 1908. La liberté de conscience est garantie par la loi qui exige en même temps la neutralité de l’État, celui-ci devant assurer le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées par la loi dans l’intérêt de l’ordre public. En conséquence aujourd’hui selon la loi, l’enseignement laïque doit être assuré dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité, par une liberté d’information et d’expression, excluant le prosélytisme et le port de signes ostentatoires.

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un incessant appel à tous les hommes, à la force de la pensée et à la force du vouloir. Elle est donc la grande et universelle éducatrice. Mais cette éducation par la liberté serait insuffisante, elle investirait les citoyens de droits et de devoirs supérieurs à leurs facultés si la nation ne mettait pas tous les citoyens en état de se reconnaître dans la complication des événements et de dégager de la contrariété des égoïsmes le droit de chacun et l’intérêt de tous. C’est pourquoi l’éducation de tous par la liberté républicaine doit être soutenue de l’éducation de tous par l’école et par l’école de la Nation et de la Raison, par l’école civile et laïque.

Démocratie et laïcité sont deux termes identiques

L’éducation laïque Discours de Castres - Juillet 1904 (extraits) Jean Jaurès Mesdames, Messieurs, Jeunes Élèves, « Je remercie votre municipalité - laissez-moi dire la nôtre - de m’avoir donné, dans cette fête des écoles laïques, l’occasion de dire une fois de plus que l’éducation rationnelle et scientifique du peuple est un besoin essentiel, une nécessité vitale de la République. Cette éducation doit être l’objet d’une sollicitude constante et la communication doit être incessante entre la vie de la nation et la vie de l’école. L’enseignement national dans une démocratie n’est pas une forme immobile et figée : ce n’est pas un mécanisme monté une fois pour toutes et qu’on abandonne ensuite à son fonctionnement : l’éducation est liée à toute l’éducation politique et 14 -

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sociale, et il faut qu’elle se renouvelle et s’élargisse à mesure que s’élargissent et se renouvellent les problèmes. La tyrannie est fille et mère d’ignorance, ou plutôt elle est l’ignorance même, car en subordonnant toutes les volontés à une seule, en résumant toute la force active de la patrie dans une dynastie ou dans une caste, elle rend inutile, au moins dans la conduite de la chose publique, l’intelligence de tous. Et c’est une loi de la vie qu’un organe inutile languisse et s’atrophie. La liberté républicaine, qui donne à tout citoyen le droit et qui lui crée le devoir d’intervenir dans la conduite des affaires publiques, qui l’oblige sans cesse à avoir une opinion et une volonté, est donc

La démocratie n’est autre chose que l‘égalité des droits. Or il n’y a pas égalité des droits si l’attachement de tel ou tel citoyen à telle ou telle croyance, à telle ou telle religion, est pour lui une cause de privilège ou une cause de disgrâce. Dans aucun des actes de la vie civile, politique ou sociale, la démocratie ne fait intervenir légalement la question religieuse, elle respecte, elle assure l’entière et nécessaire liberté de toutes les consciences, de toutes les croyances, de tous les cultes ; mais elle ne fait d’aucun dogme la règle et le fondement de la vie sociale. Elle ne demande pas à l’enfant qui vient de naître et pour reconnaître son droit à la vie à quelle confession il appartient, elle ne l’inscrit d’office dans aucune Église. Elle ne demande pas aux citoyens quand ils veulent fonder une famille et pour leur reconnaître et leur garantir tous les droits qui se rattachent à la famille, quelle religion ils mettent à la base de leurs foyers ; s’ils y en mettent une. Elle ne demande pas au citoyen, quand il veut faire pour sa


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part acte de souveraineté et déposer son bulletin dans l’urne, quel est son culte et s’il en a un. Elle n’exige pas des justiciables qui viennent demander à ses juges d’arbitrer entre eux qu’ils reconnaissent, outre le Code civil, un code religieux et confessionnel. Elle n’interdit point l’accès de la propriété, la pratique de tel ou tel métier à ceux qui refusent de signer tel ou tel formulaire et d’avoir telle ou telle orthodoxie. Elle protège également la dignité de toutes les funérailles, sans rechercher si ceux qui passent ont attesté avant de mourir leur espérance immortelle ou si, satisfaits de la tâche accomplie, ils ont accepté la mort comme le suprême et légitime repos. Et, quand sonne le tocsin de la patrie en danger, la démocratie envoie tous ses fils, tous ses citoyens, affronter sur les champs de bataille le même péril, sans se demander si, contre l’angoisse de la mort qui plane, ils chercheront au fond de leur cœur un secours dans les promesses d’immortalité chrétienne ou s’ils ne feront appel qu’à cette magnanimité naturelle qui méprise la peur de la mort comme la plus dégradante servitude. Mais qu’est-ce à dire ? Et si la démocratie fonde en dehors de tout système religieux toutes ses institutions, tout son droit politique et social : famille, patrie, propriété, souveraineté, si elle ne s’appuie que sur l’égale dignité des personnes humaines appelées aux mêmes droits et invitées à un respect réciproque ; si elle se dirige, sans aucune intervention dogmatique et surnaturelle, par les seules lumières de la conscience et de la science, si elle n’attend le progrès que du progrès de la conscience et de la science ; c’est-à-dire d’une interprétation plus hardie du droit des personnes et d’une plus efficace domination de l’esprit sur la nature, j’ai le droit de dire qu’elle est foncièrement laïque, laïque dans son essence comme dans ses formes, dans son

principe comme dans ses institutions, et dans sa morale comme dans son économie. Ou plutôt, j’ai le droit de répéter que démocratie et laïcité sont identiques. Mais si laïcité et démocratie sont indivisibles, et si la démocratie ne peut réaliser son essence et remplir son office, qui est d’assurer l’égalité des droits, que dans la laïcité, par quelle contradiction mortelle, par quel abandon de son droit et de tout droit la démocratie renonceraitelle à faire pénétrer la laïcité dans l’éducation, c’est-à-dire dans l’institution la plus essentielle, dans celle qui domine toutes les autres et en qui les autres prennent conscience d’elles-mêmes et de leurs principes ? Comment la démocratie, qui fait circuler le principe de laïcité dans tout l’organisme politique et social, permettrait-elle aux principes contraires de s’installer dans l’éducation, c’est-à-dire au cœur même de l’organisme que les citoyens complètent individuellement par telle ou telle croyance ; par tel ou tel acte rituel, les fonctions laïques, l’état civil, le mariage, les contrats. C’est leur droit, c’est le droit de la liberté. Qu’ils complètent de même, par un enseignement religieux et des pratiques religieuses l’éducation laïque et sociale, c’est leur droit, c’est le droit de la liberté. Mais, de même qu’elle a constitué sur des bases laïques l’état civil, le mariage, la propriété, la souveraineté politique, c’est sur des bases laïques que la démocratie doit constituer l’éducation. La démocratie a le devoir d’éduquer l’enfance, et l’enfance a le droit d’être éduquée selon les principes mêmes qui assureront plus tard la liberté de l’homme. Il n’appartient à personne, ou particulier, ou famille, ou congrégation de s’interposer entre ce devoir de la nation et ce droit de l’enfant. Comment l’enfant pourra-t-il être préparé à exercer sans crainte les

droits que la démocratie laïque reconnaît à l’homme, si lui-même n’a pas été admis à exercer, sous forme laïque, le droit essentiel que lui reconnaît la loi, le droit à l’éducation ? Comment, plus tard, prendra-t-il au sérieux la distinction nécessaire entre l’ordre religieux, qui ne relève que de la conscience individuelle, et l’ordre social et légal qui est essentiellement laïque, si lui-même dans l’exercice du premier droit qui lui est reconnu, et dans l’accomplissement du premier devoir qui lui est imposé par la loi, il est livré à une entreprise confessionnelle et trompé par la confusion de l’ordre religieux et de l’ordre légal ?

Qui dit obligation, qui dit loi, dit nécessairement laïcité Voilà pourquoi, dès 1871, le parti républicain demandait indivisiblement la République et la laïcité de l’éducation. Voilà pourquoi, depuis trente-cinq ans, tout recul ou forte somnolence de la République a été une diminution ou une langueur de la laïcité, et tout progrès, tout réveil de la République, un progrès et un réveil de la laïcité. Je suis convaincu qu‘à la longue, après bien des résistances et des anathèmes, cette laïcité complète, légale, de tout l’enseignement, sera acceptée par tous les citoyens. Mais, malgré tout, malgré ces réserves et ces dissentiments, c’est l’esprit de la Renaissance que respiraient les Réformateurs, c’étaient des humanistes, c’étaient des hellénistes qui se passionnaient pour la Réforme. Il leur semblait que, pendant les siècles du Moyen Age, une même barbarie, faite d’ignorance et de superstitions, avait obscurci la beauté du génie antique et la vérité de la religion chrétienne. Ils voulaient, en toutes choses divines et humaines, se débarrasser d’intermédiaires ignorants ou sordides, juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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nettoyer de la rouille scolastique et ecclésiastique les effigies du génie humain et de la charité divine ; répudier pour tous les livres, pour les livres de l’homme et pour les livres de Dieu, les commentaires frauduleux ou ignares ; retourner tout droit aux textes d’Homère, de Platon, de Virgile, comme aux textes de la Bible et de l’Évangile, et retrouver le chemin de toutes les sources, les sources sacrées de la beauté ancienne, les sources divines de l’espérance nouvelle qui confondaient leur double vertu dans l’unité vivante de l’esprit renouvelé. Mais maintenant, par le grand effort qui va de la Réforme à la Révolution, l’homme a fait deux conquêtes décisives : il a reconnu et affirmé le droit de la personne humaine indépendant de toute croyance, supérieur à toute formule, et il a organisé la science méthodique, expérimentale et inductive qui, tous les jours, étend ses prises sur l’univers. Oui, le droit de la personne humaine à choisir et à affirmer librement sa croyance quelle qu’elle soit, l’autonomie inviolable de la conscience et de l’esprit, et, en même temps, la puissance de la science organisée qui, par l’hypothèse vérifiée, vérifiable, par l’observation, l’expérimentation et le calcul, interroge la nature et nous transmet ses réponses sans les mutiler ou les déformer à la convenance d’une autorité, d’un dogme ou d’un livre ; voilà les deux nouveautés décisives qui résument toute la Révolution ; voilà les deux principes essentiels ; voilà les deux forces du monde moderne. Pourquoi n’acceptent-ils pas jusqu’au fond et dans toutes leurs conséquences possibles ces deux grands principes du monde moderne qu’ils ne peuvent plus abolir, qui sont l’élément vital de toutes pensées et avec lesquels il 16 -

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faudra bien qu’ils accordent leur espérance transcendante s’ils ne veulent pas que, comme une flamme que rien ne nourrit plus, elle s‘éteigne lamentablement ? Mais s’ils acceptent ces deux principes, ils acceptent par là même l’école laïque, qui n’en est que l’application à l’enseignement. Car, d’un côté, en éveillant dans les esprits le besoin de la réflexion et du contrôle, en écartant de l’éducation toute contrainte intellectuelle, en soumettant aux esprits les objets sur lesquels la conscience et la raison s’exercent librement, elle donne à la personne humaine le sentiment de son droit et de sa valeur. Et, d’un autre côté, elle ne limite par aucun dogmatisme, par aucun parti pris confessionnel, la puissance de la science ; elle ne se livre à aucune agression systématique contre aucune croyance ; mais elle ne subordonne par aucune complaisance servile les vérités de la scien-

ce aux intérêts du dogme. Ainsi se dissiperont les préjugés, ainsi s’apaiseront les fanatismes ; ainsi le jour viendra où tous les citoyens, quelle que soit leur conception du monde, catholiques, protestants, libres penseurs, reconnaîtront le principe supérieur de laïcité. Et la conscience de tous ratifiera les lois nécessaires et bienfaisantes dont l’effet prochain sera, je l’espère, de rassembler dans les écoles laïques, dans les écoles de la République et de la nation, tous les fils de la République, tous les citoyens de la nation. Et n’est-ce point de voir les enfants d’un même peuple, de ce peuple ouvrier, si souffrant encore et si opprimé, et qui aurait besoin pour la libération entière de grouper toutes les énergies et toutes les lumières, n’est-ce pas pitié de les voir divisés en deux systèmes d’enseignement, comme entre deux camps ennemis ? Et à quel moment se divisent-ils ? A quel moment des prolétaires refusent-ils leurs enfants à l’école laïque, à l’école de lumière et de raison ? C’est lorsque les plus vastes problèmes sollicitent l’effort ouvrier : réconcilier l’Europe avec elle-même, l’humanité avec elle-même ; abolir la vieille barbarie des haines, des guerres, des grands meurtres collectifs, et en même temps, préparer la fraternelle justice sociale, émanciper et organiser le Travail. Ceux-là vont contre cette grande œuvre, ceux-là sont impies au droit humain et au progrès humain qui se refusent à l‘éducation de laïcité. Ouvriers de cette cité, ouvriers de la France républicaine, vous ne préparerez l’avenir, vous n’affranchirez votre classe que par l’école laïque, par l’école de la République et de la Raison !


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La laïcité, un enjeu Extrait d’une conférence prononcée à Corbeil-Essonne le 6 avril 2011 Anicet Le Pors

La laïcité court aujourd’hui un grand risque de confusion, d’altération et, par là, de régression. Certains éprouvent le besoin de la qualifier de positive (Nicolas Sarkozy), ou d’ouverte (Marie-George Buffet), ou encore raisonnée (Les Verts), comme si elle n’était jusque-là que négative, fermée et déraisonnable. D’autres tiennent à caractériser plusieurs laïcités en fonction des conjonctures géopolitiques : séparatiste, autoritaire, anticléricale, etc. La laïcité serait alors une notion ambivalente (Laïcités sans frontières de Jean Baubero et Micheline Millet). Le Front national, de son côté en fait un argument, à contre-pied de ses fondements idéologiques, en réalité une arme contre « l’islamisation » de la société. Après la campagne sur l’identité nationale définie contre l’étranger, le récent colloque de l’UMP sur la laïcité poursuit le même objectif de stigmatisation d’autant plus aisément que la contre-offensive laïque est insuffisante. Il est donc nécessaire de faire le point sur ce concept qui émerge de notre histoire comme principe fondamental de notre société, qui aujourd’hui comme hier est à l’épreuve des problèmes de la société, mais qui dans cette épreuve des problèmes pose la question de son rôle dans la construction de la citoyenneté et l’hypothèse de son caractère universel.

L’affirmation historique du principe de laïcité Il s’agit d’un mouvement général des sociétés qui s’inscrit, en France, dans des circonstances particulièrement significatives.

• Le « désenchantement » du monde L’affirmation de la laïcité comme principe s’inscrit dans l’histoire longue, pluriséculaire. Celle-ci peut être décrite comme une succession de modes de production. C’est le niveau des techniques qui prévaut dans cette analyse caractéristique de la pensée marxiste. Mais cette remarquable analyse ne nous renseigne pas sur la construction et l’évolution des droits individuels et de l’État. Dans son ouvrage Le désenchantement du monde (qu’il faut comprendre comme la sortie de la société du monde des croyances ou des superstitions qui l’enchantaient), Marcel Gauchet analyse le long effort des sociétés pour s’affranchir de toute vision transcendantale. Mouvement qu’il décrit comme celui de l’hétéronomie (une société sacralisée par le droit divin) vers l’autonomie (affirmation de droits de l’individu et de l’État). Son raisonnement est, en résumé, le suivant. En premier lieu, après des siècles de dogmatisme religieux, à la fin du Moyen Age, s’amorce la sortie de la religion, la disjonction d’avec le Ciel. La monarchie absolue tend à séculariser le pouvoir politique. En deuxième lieu, se produit une dépossession de l’incarnation individuelle en la personne du

monarque au profit de la collectivité dans le cadre du contrat social développé par Jean-Jacques Rousseau, contrat social qui conduit à une auto construction de la personne publique remplaçant celle du monarque ; c’est l’affirmation progressive de la nation dont la souveraineté est une version de la souveraineté du peuple adossée à la continuité de la tradition. En troisième lieu, on assiste ensuite à l’affirmation corrélative et conjointe des droits individuels et de l’État, instrument représentatif de l’entité politique qu’est la nation. Mais l’État n’est pas soluble dans les droits individuels contre la volonté générale exprimée par la loi. En quatrième lieu, sous l’effet de ce mouvement et du développement des forces productives, essentiellement au XIX e siècle, l’affirmation d’une historicité de la société développée pose la question de son avenir et de la façon de le construire. La dialectique de l’individuel et du collectif conduit à la dissociation de l’État et de la société et à l’intervention de catégories sociale, voire de classes ou et de masses. La prévalence recherchée de la raison nourrit l’idée d’un changement de société par la réforme ou la révolution. En cinquième lieu, cette expérience débouche donc sur une crise de civilisation. Car l’action Juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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des masses ne s’est pas dépouillée du sacré, ce qui a conduit en leur nom à des démarches totalitaires dans l’expression de l’historicité, à la constitution de « religions séculières ». La chute des totalitarismes sape les bases de l’intérêt collectif au nom de la liberté. • L’affirmation du principe en France Le « désenchantement » est donc une longue marche que l’on peut « baliser » dans notre histoire de France par quelques dates. Philippe Le Bel installe en 1309 le pape Clément V en Avignon en réplique au prédécesseur de ce dernier, Boniface VIII qui prétendait affirmer la supériorité du pape sur les rois. Il s’agit là d’un acte fort de sécularisation du pouvoir politique et de séparation de l’État et de l’Église. Il institue également le Conseil d’État du roi contribuant à un clivage franc public-privé. Pendant tout le Moyen Age, l’asile était le monopole de l’Église qui pouvait l’accorder dans ses dépendances à qui elle voulait pour quelque raison que ce soit (Notre Dame de Paris de Victor Hugo) avec la possibilité d’excommunier le souverain qui portait atteinte à ce monopole. Mais, progressivement, les autorités religieuses elles-mêmes réduisirent leurs compétences en la matière et, en 1539, par l’ordonnance de VillersCotterêts, François 1er abolit l’asile en matière civile. Les guerres de religions vont créer de profonds bouleversements (la Saint Barthélemy en 1572) et poser la question des rapports de l’Église et de l’État marqués par l’Édit de Nantes en 1598 et son abrogation en 1685. La Révolution française de 1789 constitue une étape marquante de la sécularisation du pouvoir politique avec la Constitution civile du clergé dès 1789, l’appropriation 18 -

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de ses biens, en dépit de la tentative de reconstruction religieuse sécularisée avec le culte de l’Être suprême assimilé au culte de la Raison. L’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre établi par la loi. » Le XIXe siècle, qui portera à son origine la marque du Concordat conclu avec la papauté par Napoléon et Pie VII en 1801, verra les aspirations républicaines et socialistes caractérisées par une volonté de rationalisation de la démarche émancipatrice dominée par le marxisme (Manifeste du Parti communiste en 1848) tendant à dégager le mouvement social de l’imprégnation religieuse.

Et c’est ainsi que l’on parvient aux grandes lois sur la laïcité : loi du 18 mars 1880 sur la collation des grades à l’État, loi du 28 mars 1882 établissement la gratuité et l’obligation de l’enseignement sans évoquer pour autant la notion de laïcité. « La cause de l’école laïque » figurera dans la lettre de Jules Ferry aux instituteurs du 27 novembre 1883. La loi du 9 décembre 1905 « concernant la séparation des Églises et de l’État » posera les deux fondements de la laïcité : liberté de conscience et neutralité de l’État. Le mot s’est introduit dans la constitution de 1958 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ».

La laïcité à l’épreuve des problèmes d’aujourd’hui Il est utile, alors qu’aujourd’hui certains proposent de réformer la loi de 1905, de citer ses deux premiers articles : « Article 1er - La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. Article 2 - La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte (…) » • Une mise en œuvre contradictoire Jusqu’à la deuxième guerre mondiale prévaut la vigilance dans la défense des règles ainsi posées, la figure de l’enseignant de l’instruction publique, le « hussard noir » de la République, symbolisant cette posture républicaine marquée par de nombreux exemples (interdiction faite par Clemenceau aux membres du gouvernement d’être présents au Te Deum célébré à Notre Dame pour la victoire de la guerre 1914-1918). Néanmoins, les exceptions à la règle de neutralité sont nombreuses : situation concordataire de l’Alsace-Moselle, financement public des écoles privées (loi Debré du 31 décembre 1959, intégrant à l’Éducation nationale les établissements privés sous contrats d’association), jours fériés et chômés d’origine catholique, jusqu’au décret du 16 avril 2009 publiant l’accord conclu entre la République française et le Saint Siège sur la reconnaissance des grades et diplômes de l’enseignement supérieur nonobstant le monopole posé par la loi de 1880. La loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989 (Loi Jospin) propose - sans doute marquée par l’esprit des événements de 1968 - une ouverture sur le monde du milieu scolaire que traduit cet alinéa de l’article 10 : « (…) Dans les


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collèges et les lycées, les élèves disposent, dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité, de la liberté d’information et de la liberté d’expression. L’exercice de ces libertés ne peut porter atteinte aux activités d’enseignement. (…) » La même année, un avis demandé au Conseil d’État par le ministre de l’Éducation nationale sur la question du port du voile islamique à l’école conduit le Conseil à préciser les conditions d’application du principe de laïcité : celui-ci est fondé à la fois sur la liberté, exclut le prosélytisme et le port de signes ostentatoires. En cas de contradiction des principes, on a recours à la notion d’ordre public.

L’enjeu laïque

pour l’école aujourd’hui Stéphane Bonnéry

La laïcité à l’école est attaquée, comme elle l’a été depuis la création de l’école publique, mais pas de la même façon qu’alors. Ses adversaires trouvent des espaces là où le service public d’enseignement ne se voit pas doté du projet et des conditions pour répondre aux questions de notre temps. Sa promotion doit s’ancrer dans la réponse à ces défis. L’offensive du privé confessionnel est importante. Davantage que sur de seules convictions religieuses, il recrute surtout sur la peur du manque de qualité de l’école publique. Ainsi, récupérer quelques moyens pour celle-ci en « supprimant les financements publics de l’enseignement privé », si c’est

Stéphane Bonnéry est maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université Paris 8

toujours bon à prendre, ne répond pas au coeur du problème, aux raisons pour lesquelles des familles, même celles qui sont militantes de l’école publique, retirent parfois leur enfant de l’établissement du secteur. La réponse principale doit être la transformation progressiste de l’école pour qu'elle remplisse mieux sa mission de permettre à toute une classe d'âge de s’approprier des outils de l'émancipation intellectuelle et du pouvoir que procurent les savoirs. C’est le défi de l’école unique, avec les mêmes objectifs pour tous depuis la maternelle jusqu’à la fin du collège. Depuis les années 60, on n’a eu qu’une fausse scolarité unique : elle accueille tout le monde, mais les conditions n’ont pas été créées pour que tous les élèves apprennent, comprennent. Pour relever ce défi, il faut promouvoir la recherche en éducation, la formation des enseignants et les

associer à la conception de leur pratique : pour faire l’école selon le modèle de l’enfant qui n’a que l’école pour apprendre. Ainsi, on couperait l’herbe sous le pied du marché privé qui se développe sur l’aide à la scolarité : l’apprentissage serait entièrement pris en charge par l’école. Pour cela, il faut du temps pour apprendre en classe, au lieu des journées raccourcies que nous propose le ministère sous prétexte de « rythmes », afin d’offrir les après-midi au marché éducatif. Faire la démonstration que tous les élèves sont capables d’apprendre dans une école unique transformée, en formant les enseignants pour ce faire, c’est s’attaquer au fond de commerce du privé, qui repose sur la peur entretenue de la « baisse du niveau » qu’engendrerait la présence d’enfants de familles populaires. Un autre défi repose dans l’opposition entre croyance et ratiojuin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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nalité. On connaît les offensives contre les sciences du vivant de la part des « créationnistes » pour qui l’animalité de l’homme, l’évolution des espèces, seraient à bannir, ou dans un premier temps à ranger au rang d’une hypothèse parmi d’autres, et notamment celle de la création divine de l’être humain. Il faut bien sûr combattre ce prosélytisme organisé, mais cela ne suffit pas. Celui-ci ne serait pas bien menaçant si une part des collégiens et lycéens, voire étudiants, n’étaient pas susceptibles de bien les recevoir. Et le fait que des élèves aient une religion n’explique pas tout : nombre d’élèves ont bien du mal à discerner ce qui relève de la croyance en général et ce qui relève de la science ou de la rationalité. Les élèves en difficulté ne posent pas problème à l’école : ils posent les problèmes que l’école doit résoudre pour avoir une plus grande utilité sociale dans la formation du citoyen. Ainsi ces élèves ontils du mal à construire un point de vue réflexif, en pensant qu’ils ne peuvent que « exprimer leur ressenti » de façon brute. Ils ont par exemple du mal à voir en quoi l’expérimentation en sciences, ou la confrontation aux documents d’information (archives, statistiques, etc.) avec des protocoles rigoureux doit conduire chacun à réviser sa sensation première, à évoluer dans sa réflexion et à ne pas accepter les idées convenues comme des vérités. Ou encore dans les disciplines littéraires du lycée (lettres, histoire, philosophie, SES…) le point de vue élaboré par des auteurs contradictoires ne doit ni conduire à « se soumettre » à l’avis de l’un ou l’autre de ces penseurs qu’il faudrait « croire », ni à les méconnaître, mais à se servir des arguments et points de vue de chacun pour alimenter sa propre réflexion, à se mettre à la place d’un point de vue adverse 20 -

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pour mieux intégrer les contre arguments à son propre raisonnement, etc. Ou encore dans les filières du lycée professionnel, pour le travail en atelier, être guidé non pas par l’obéissance pure à la parole d’autorité, mais par la confrontation au réel grâce à des arguments rationnels et à de la réflexivité sur les pratiques. Les élèves bien formés à réfléchir et à débattre à partir d’arguments rationnels sont de toute évidence bien plus préparés à ne pas être séduits par la « croyance » et les paroles d’autorité. Force est de constater que le bilan actuel de l’école publique est insuffisant en la matière, même s’il n’est pas non plus un échec total. Le gouvernement, et ceux qui se rangent à son idée de couper l’école unique en deux avec le socle commun pour les uns et le programme complet pour les autres, renoncent de fait à développer ces dispositions intellectuelles chez tous les jeunes, les uns étant destinés à être dans des tâches de plus bas niveau cognitif où l’exécution sans compréhension sera priorisée, tandis que les autres seront entraînés à de la réflexion, à l’échange argumenté. C’est une réponse défaitiste à un réel défi que nous devons relever : voir réunies les conditions pour développer chez tous les élèves ces capacités. Si tous les élèves en

sont capables, ils ne le sont pas à n’importe quelles conditions. Audelà des conditions déjà évoquées, de recherche, de formation, la question du temps est importante pour que la majorité d’élèves, qui n’a que l’école pour s’approprier cette culture savante, et en faire des arguments pour leur propre pensée et pas seulement pour réussir des examens. Les lamentations télévisuelles sur le nombre d’heures d’enseignement qui seraient trop importantes en France « oublient » que ce n’est pas par hasard : la France est l’un des seuls pays où l’égalité est une mission de l’école. Et la scolarité unique jusqu’à la fin du collège, quels que soient le territoire et la population, est une de ces conditions, pour développer dès le plus jeune âge la réflexion (en même temps que la mémorisation au lieu de les opposer), et préparer tous les jeunes à obtenir le bac et si possible poursuivre au-delà. Même si la critique des adversaires du public est nécessaire, il me semble que l’on relèvera surtout le défi de la laïcité aujourd'hui en réorientant l’école afin de mettre en oeuvre la formule de Brecht : « La culture est une arme, il faut armer le peuple ».


international LE RÉVEIL

L’Europe contre les peuples L’Espagne, après la Grèce, le Portugal, l’Irlande, est aujourd’hui dans l’œil du cyclone financier, capitaliste. Zapatéro, 1er ministre socialiste espagnol, malgré la cuisante défaite électorale que son parti vient d’enregistrer, prétend rester droit dans ces bottes et ne rien changer à la politique d’austérité qu’il impose à son peuple, politique dictée par le conseil économique européen, par la grande bourgeoisie européenne. Reste cependant une problématique majeure pour cette Europe de Maastricht que les droites mais aussi les sociaux-démocrates veulent construire : l’opposition et la volonté des peuples de ne pas se laisser écraser. En Grèce, au Portugal, en Irlande, mais encore en Espagne, en France, en Allemagne, en Italie, partout, les peuples se mobilisent, s’engagent dans des ba-

tailles dures et profondes qui secouent jusqu’à son tréfonds le système capitaliste et ils mettent en cause cette Europe construite pour le profit et non pour les peuples. Il en est de même de l’outil monétaire de cette Europe du capital. L’euro, cette monnaie faite d’abord au service du système et objet d’oppression des peuples. Aujourd’hui la question se pose même de sa pérennité. C’est un instrument anti-social qui agresse frontalement les peuples. Il doit disparaître. En fait, la véritable question, c’est que derrière cette monnaie, ce sont quand même bien les grandes banques qui sont à la manœuvre. Il n’y a rien à attendre de cette Europe qui dépossède les peuples de leurs droits les plus fondamentaux, de leurs prérogatives politiques, qui va jusqu’à inscrire dans le marbre des constitu-

tions nationales l’austérité comme mode de société at vitam aeternam. Il n’y a qu’à voir, pour s’en convaincre, le « pacte pour l’euro plus » concocté par Mme Merkel et M. Sarkozy et adopté par le Conseil européen et la Commission de Bruxelles, les 24 et 25 mars derniers, en lien avec la haute finance internationale. Il constitue une sorte de coup d’État contre les services publics, pour le développement d’une politique d’austérité, de privatisation du travail avec remise en cause de notre conception d’un État social et solidaire. C’est un pas de plus vers le fédéralisme. C’est faire fi un peu légèrement de la prise de conscience des peuples. C’est bien cela qu’il faut changer et chacun a sa place dans ce combat. H. C.

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LE RÉVEIL vos droits

De la mainmise sur le traitement des pensions La révision du code des pensions militaires d’invalidité (PMI) était la hantise des dirigeants ACVG de la Première Guerre mondiale. Ils défendaient leur code et le droit à réparation avec pugnacité. Le temps passant, les effectifs diminuant et le vieillissement opérant, les gouvernements estimèrent venue la possibilité d’aller « toiletter » tout cela, sous prétexte de « modernisation ». Avec les conséquences que l’on vit aujourd’hui. Les premiers pas de la « réorganisation » anticipèrent la RGPP puisque, dès le 12 octobre 2006, des premières mesures étaient prises quant aux dossiers de demande de pension PMI, tandis qu’était revalorisé le montant des honoraires des médecins experts et diminué de 4 à 3 le nombre des membres des commissions de réforme. Parallèlement, une étude de modifications de la chaîne de traitement des PMI était entreprise… dont les conclusions furent présentées et acceptées le 12 décembre 2007 lors de la réunion du conseil de modernisation des politiques publiques.

La RGPP dans toute sa splendeur A peine quelques mois après l’élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, la machine révisionniste se mettait donc en branle : - Suppression de la Direction des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale (DSPRS) et transfert de ses missions concernant les pensions PMI… à la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD) : exit le secrétaire d’État aux Anciens Combattants… - Fermetures des Directions internationales des anciens combattants (DIAC), de la structure des ressortissants rési22 -

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dent à l’étranger, et transfert de l’ensemble du traitement des demandes de pensions PMI à la sous-direction des pensions (SDF) de la DRH-MD. C’est le tout défense qui se met en place. Plus de 314 000 dossiers vont ainsi être transférés à la SPD en 2010. 4 290 dossiers en cours d’instruction sont arrivés à leur tour au 1er janvier 2011 et 1,3 million d’autres devraient suivre en 2011. Ces destructions du secrétariat d’État aux Anciens Combattants, de ses structures, de ses services avec mutation des personnels au profit de la Défense, se sont opérées au prétexte des meilleures intentions affichées : améliorer le service rendu, renforcer les structures d’accueil, d’écoute et de conseil des ressortissants (alors que, dans le même temps, on fait des coupes sombres dans les effectifs des services départementaux de l’ONAC, RGPP oblige), simplifier les procédures et les délais de traitement… A voir la façon dont le logiciel Kapta piétine depuis 2010 en matière de carte du combattant et TRN (les commissions départementales de l’ONAC attribuant les titres ayant été supprimées), on ne peut que douter et craindre.

Pourtant, 320 000 pensionnés, ça ne se traite pas à la légère ! C’est en effet le nombre actuel de ressortissants pensionnés du code PMI, une population regroupant tous les militaires, anciens militaires et victimes de toutes les guerres, jusqu’aux victimes d’attentats, d’actes de terrorisme, ainsi que les ascendants, conjoints survivants, orphelins… Sans oublier les OPEX qui, hélas, payent à leur tour un lourd tribut à la politique gouvernementale les « extériorisant » sur les 34 territoires étrangers où ils sont dispersés actuellement.

L’ONAC mis à contribution Si le pouvoir directionnel appartient à la Défense, ce sont les services dépar-

tementaux de l’ONAC qui serviront d’abord de « petites mains ». A eux de recevoir les demandes, de vérifier les dossiers, d’assurer le contact avec les ressortissants, etc. Et puis, le dossier en ordre de marche… la Défense entre en scène. Comme la RGPP et sa réforme ont tout bousculé : disparition des tribunaux départementaux des pensions, des centres d’expertises, etc, il a fallu innover… ce qui avait été supprimé. Ainsi, pour permettre la réalisation des expertises médicales et organiser les commissions de réforme, il a été créé, au sein de la DRH-MD, des Centres d’expertise médicale et de commission de réforme (CEM/CR), hébergés par les services départementaux de l’ONAC, appelés à se substituer aux Centres de réformes des DIAC… supprimées par la RGPP ! D’où la réforme du code des pensions PMI ! Notez qu’il n’est plus question de « toilettage » ni de « révision » du code, mais bel et bien de Réforme. Ainsi, « la réforme de la chaîne de traitement des PMI intervenue à compter du 1er mars 2010, a conduit à modifier les dispositions du code des pensions PMI (…) suite à l’ordonnance du 25 décembre 2009 et à deux décrets du 30 décembre 2009 ». Notons au passage qu’à aucun moment les parlementaires n’ont eu à se prononcer sur cette « réforme ». Il en va ainsi de la gouvernance sarkozyenne : le gouvernement peut engager des troupes en Afghanistan ou en Libye sans demander l’avis des élus de la Nation et modifier les règles du droit à réparation qui concerneront les OPEX à leur retour, sans l’avis de quiconque. C’est tout de même un drôle de « truc » que la démocratie…

Résultat Le code PMI réformé, ses textes d’application ont été également modifiés… par circulaire du 12 février 2010. Et la Défense, depuis le 1er janvier 2011, « assure » le suivi du budget « réparation » relatif à l’administration de la dette viagère, la retraite du combattant, la majoration des rentes mutualistes AC, le paiement des expertises médicales,


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des frais médicaux liés aux expertises et aux frais de déplacements, la réparation des conséquences sanitaires des essais nucléaires français. Avec tout cela, pourquoi réclamer la nomination d’un secrétaire d’État ou ministre délégué aux ACVG ? Il n’aurait plus rien à faire… La Défense « assure » !

Demain l’ONAC ? Loin de baisser les bras et de subir toujours plus, le mouvement anciens combattants se doit de réagir avec force pour préserver l’existence, l’application, l’élargissement, les moyens financiers et en personnels pour l’exercice du droit à réparation. La « règle d’or » de l’UFAC demeure donc d’actualité qui exige : - une interlocution spécifique au gouvernement, - un budget autonome, - le respect du droit à réparation et les institutions pour l’exercer. D’autant que, dès 2012, qu’en sera-t-il de l’ONAC, de ses missions, ses moyens et ses services départementaux ? Le Contrat d’objectifs et de moyens qui le régit va arriver à son terme. Quel avenir préparent-ils, « là-haut », à l’ONAC ? Les craintes sont vives parmi les personnels, et aussi chez certains hauts responsables de l’ONAC. D’autant que, dans le même temps, le processus visant à lui ôter ses Écoles de rééducation professionnelles (ERP) et ses maisons de retraite pour en faire cadeau à une fondation… perdure. Après avoir vidé le secrétariat d’État aux Anciens Combattants de tout contenu pour le faire disparaître, l’ONAC va-til à son tour être la cible, s’amenuiser, devenir un organisme d’assistance périphérique de la défense ? Sans attendre d’hypothétiques changements de l’après 2012, le mouvement ACVG a intérêt à « retrousser ses manches » dès aujourd’hui pour mettre vigoureusement en échec les menées de ces « briseurs » de code et préserver le droit à réparation imprescriptible que lui a reconnu la Nation.

Le Conseil constitutionnel valide le défenseur des droits Réforme venue après la modification de la Constitution, le Conseil constitutionnel vient de valider la loi organique créant le « défenseur des droits », sorte de médiateur à la française. Le défenseur des droits prévus par la révision constitutionnelle de juillet 2008 sera nommé en conseil des ministres sur proposition du Président de la République. Il sera assisté d’adjoints et de collègues dans les trois domaines de compétence, de la déontologie, de la sécurité, du défenseur des enfants et de la lutte contre les discriminations. Dans ce cas de loi organique, la saisine du Conseil constitutionnel est automatique après le vote du Parlement. Elle ne peut être promulguée qu’après validation faite par les « sages ». Cependant le Conseil constitutionnel a émis plusieurs réserves, dont une visant à limiter l’immunité pénale du futur titulaire de la fonction et de ses adjoints : « Cette immunité ne saurait s’appliquer

qu’aux opinions émises et aux actes accomplis pour l’exercice de leurs fonctions. Elle ne saurait exonérer les intéressés des sanctions encourues en cas de violation des règles relatives aux secrets protégés pour la loi et à la protection des lieux privés. » Deux autres réserves portent, d’une part sur les modalités de révocation des adjoints (le Premier Ministre, l’autorité de nomination, est obligé de se conformer à la volonté du défenseur) et, d’autre part, sur le pouvoir du défenseur en matière de poursuites disciplinaires (il ne peut en engager à l’encontre des magistrats).

Que penser de cette loi ? Va-t-elle permettre par la facilité de sa saisine et l’étendue de ses pouvoirs de renforcer la protection des droits et des libertés des personnes ? L’avenir nous le dira… Mais n’oublions pas l’intervention encore capitale du Président de la République dans la nomination de la personne de ce défenseur… Sera-t-il vraiment indépendant du pouvoir exécutif ? Affaire à suivre… A.F.

Macaron de stationnement GIC Depuis le 1er janvier 2011, le macaron GIC métallique de couleur bleu, apposable sur les pare-brises des véhicules pour leur stationnement, n’est plus officiellement valable. Il est désormais remplacé par la seule carte de stationnement pour handicapé. Les intéressé(e) s doivent donc en faire la demande, s’ils ne l’ont pas encore fait, auprès du Service départemental de l’ONAC de leur lieu de résidence. Cette demande peut-être effectuée sur papier libre, accompagnée d’une copie recto verso de la carte d’invalidité à double barres rouges et bleues et d’une photo d’identité récente et en couleur.

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LE RÉVEIL vos droits

Commission nationale d’attribution de la carte du combattant La Commission nationale restreinte, puis la Commission nationale plénière se sont réunies les 3 et 4 mai 2011 au siège de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) aux Invalides à Paris. André Fillère y participait. Au cours de ces travaux, deux informations sur l’attribution de la carte du combattant aux demandeurs algériens et sur le fonctionnement du logiciel Kapta furent fournies. Vint ensuite un long exposé sur le système mis en place pour l’attribution de la carte du combattant aux OPEX, exposé sur lequel nous reviendrons en détail. • La Commission nationale restreinte a eu à se prononcer sur 1 507 dossiers auxquels furent attribuées la carte du combattant, ainsi répertorié par conflit : - 1939/1945 : 14, - Indochine : 16, - Afrique du Nord : 1 423 (soit 1 352 pour l’Algérie, 47 pour le Maroc, 24 pour la Tunisie), - OPEX : 54 (soit Kossovo, 1 ; Côte d’Ivoire, 2 ; République Centrafricaine, 2 ; Congo, 1 ; Mauritanie 1e période, 1 ; Mauritanie 2e période, 1 ; Ex-Yougoslavie, 17 ; Golfe Persique et d’Oman, 7 ; Tchad, 3 ; Liban, 2 ; Afghanistan, 16 ; Somalie, 1). • La Commission nationale plénière a eu a examiner 795 dossiers parmi lesquels 352 se sont vus attribuer la carte du combattant et 443 ont reçu un avis défavorable. Ils concernent : - hors-conflits : 1 avis défavorable, - TOE : 1 avis défavorable, - 1939/1945 : 4 avis favorables, 57 défavorables, - Indochine : 10 favorables, 11 défavorables, - Afrique du Nord : 248 favorables (F) 190 défavorables (D) : soit Algérie : 128F-141D - Maroc : 18F-10D - Tunisie : 12F-5D et 34 rejets de demandes concernant l’après 2 juillet 1962, - OPEX : 90 favorables, 183 défavora24 -

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bles (soit : Afghanistan : 22F-35D Côte d’Ivoire : 3F-30D - République Centrafricaine : 1e période : 0F-3D / 2e période : 9F / 3e période : 1F-3D - Gabon : 0F-6D - Mauritanie : 1e période : 1F-1D / 2e période : 1F-0D - Ex-Yougoslavie : 41F-27D - Golfe persique et d’Oman : 7F- 8D - Kossovo : 0F- 7D - Tchad : 4F-35D - Liban : 1F-19D - Liban et Israël : 0F- 7D) • Par ailleurs, la commission plénière a examiné et débattu de huit dossiers de recours, pour lesquels elle a émis les décisions suivantes : - 3 de 1939-1945 : 2 F et 1 D, - 1 armées alliées 39/45 : 1 F, - 2 Indochine : 1 F, 1 D, - 2 Afrique du Nord : 2 D. La Commission a décidé d’accélérer le rythme de ses réunions (autant que le permettra le fonctionnement du logiciel Kapta), les prochaines étant fixées aux 16 juin et 5 juillet 2011.

Soins médicaux

gratuits

L’arrêté du 2 novembre 2010 a décidé du transfert des compétences des services déconcentrés de l’ex DSPRS vers le ministère de la Défense. Cet arrêté stipule que les activités des directions des services interdépartementaux des ACVG en matière de soins médicaux gratuits et d’appareillage des pensionnés sont transférées à la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense, et qu’elles seront traitées par la Caisse nationale militaire de Sécurité sociale. Il en est de même du service chargé des ressortissants résidant à l’étranger, qui passe à la DRH/ Défense/Caisse nationale militaire de Sécurité sociale (CBMSS/DSMG). Ces dispositions sont entrées en vigueur le 31 décembre 2010 et la CNMSS est à contacter au : 247 avenue JacquesCartier - 83050 Toulon Cedex 9. Tel. 04 94 16 96 20. www.cmmss.fr

Carte du combattant et nationalité française L’obligation de nationalité française pour l’attribution de la carte du combattant aux supplétifs de la guerre d’Algérie est supprimée. En effet, le Conseil constitutionnel, saisi le 7 juin de cette question, a statué, par décision n° 2010-18 QPC du 23 juillet 2010, et déclaré par son article 1, que « Dans le 3e alinéa de l’article L253 bis du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre, les mots « possédant la nationalité française à la date de la présentation de leur demande ou domiciliés en France à la même date » sont déclarés contraire à la Constitution ». Il ressort de cette décision que les supplétifs officiellement reconnus avoir servi durant la guerre d’Algérie et les combats en Tunisie et au Maroc (19521962) ont désormais droit à la carte du combattant selon les critères en vigueur, même s’ils ne sont pas de nationalité française ni domiciliés en France.

Par conséquent, pour les dossiers en cours de traitement, l’attribution de la carte du combattant se fera à partir de cette nouvelle décision. Par contre, les intéressés dont la demande a déjà été rejetée, ou qui formulent une première demande, devront faire personnellement et individuellement une demande dite « reconventionnelle ». Autre problème, à quelle date interviendra cette attribution qui compte pour le service de la retraite du combattant ? Celle de la décision du Conseil constitutionnel (23 juillet 2010) ou celle de la date de la demande de carte du combattant, laquelle peut-être antérieure ? Voilà qui ne va pas simplifier le fonctionnement des services de l’ONAC et arrive comme cadeau de Noël dans la hotte d’Anita Roth, toute nouvelle chargée de mission sur ces questions… Bon courage à vous, madame ! A. F.


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RGPP I Reconquérir le service public Ce n’est pas nous qui le disons, c’est le Médiateur de la République dans son rapport remis le 21 mars 2011, nous le citons : « Le service public ne porte plus son nom. Contacter les administrations est devenu compliqué. L’administration a perdu sa capacité à faire du sur mesure pour les personnes en difficulté… » Un exemple tout simple : lui à 75 ans, elle est invalide à plus de 80 %. Ils attendent un colissimo. Seulement voilà… Privatisation et réduction d’effectifs entraînant une surcharge des tournées, le préposé ne monte plus dans les étages (3e avec ascenseur) ; il met l’avis dans la boîte à lettres une 1re fois, puis une 2e : « il passera entre 16 et 18 heures ». A 18 heures 05, lui, inquiet, descend visiter sa boîte… Que n’a-t-il campé devant, assis sur un tabouret, à partir de 16 heures ! Le 2e avis est déjà dans la boîte et il devra, avec des amis, aller en voiture au bureau de poste faire la queue pour retirer son colis trop lourd pour ses 75 ans. C’est ce qu’un énième rapport du Conseil de modernisation des politiques publiques (CMPP) appelle « l’amélioration des services publics » ! Une amélioration qui laisse le quart des patients… « patienter » aux urgences durant plus de 4 heures dans les hôpitaux, qui entraîne l’incapacité, face au chômage, de Pôle emploi largement offert à des prestations privées, tandis que l’Éducation nationale et tous les autres secteurs sont mis à mal, tant les politiques publiques sont de moins en moins au service de tous et de plus en plus au service des grandes firmes et des couches les plus fortunées. Quant à la réduction des dépenses publiques… elle évolue à géométrie variable. Pour les uns, assureurs, banques, grandes entreprises, l’État (gérant des dépenses publiques) est venu à leur secours à grands coups de millions d’euros, au prétexte de la crise. Cadeaux au patronat, suppression de la taxe professionnelle, allégement offert aux couches les plus riches avec la modification de l’impôt sur les fortunes, etc.

Et puis, l’externalisation… Avec le groupement d’intérêt public France Haras, c’est la centralisation des « missions concurrentielles dont l’État doit progressivement se désengager au profit d’un financement privé ». Le sport de haut-niveau n’y échappe pas, dont le recentrage aboutit à la fermeture de 8 CREPS (Centres régionaux d’éducation populaire et de sport) en région. Une externalisation bien calibrée, le CMPP ayant décidé de procéder « à une évaluation des opérations d’externalisation conduites par les ministères et, ainsi, de mettre au point une méthodologie permettant d’identifier les externalisations prioritaires et de préciser les conditions de leur réussite ».

La paix des cimetières RGPP exige, l’entretien des cimetières et des nécropoles militaires a été confié à l’ONAC, avec mission de les « externaliser ». Objectif avoué : « La poursuite des réductions d’effectifs par le développement de l’externalisation, notamment. » De fait, en 2010, ce sont déjà six cimetières dont l’entretien a été externalisé au privé : dans le secteur de Bray-sur-Somme, c’est le carré militaire de Lille-Sud et le cimetière national de Haubourdin. Pour le secteur de Colmar, les cimetières nationaux de Dannemarie, de l’Altkirch et de Haguenau ; pour le secteur de Metz, le cimetière national de Vitremont. Et naturellement, le mouvement s’accentuera en 2011/2012.

La « modernisation de la fonction publique », parlons-en ! Pour la RGPP, la modernisation c’est l’accélération des restructurations de services, la flexibilité de l’emploi, le non remplacement d’un départ en retraite sur deux, le gel de la valeur du point d’indice pour 3 ans, etc. Le résultat, pour les ACVG, leurs pensions, retraites du combattant, rentes mutualistes AC bloquées pour 3 ans au même niveau en dépit de l’augmentation du coût de la vie ; c’est la disparition du secrétaire

d’État aux ACVG, du secrétariat d’État et de tous ses services chargés de l’exercice du droit à réparation. C’est aussi l’ONAC placé désormais sous la tutelle de la Délégation pour la mémoire, le patrimoine et les archives (DMPA), c’est-à-dire directement la tutelle de la Défense, si ce n’est celle de l’Élysée qui régente tout… et ne tient toujours pas ses engagements écrits en 2007. Ce sont des milliers d’AC attendant depuis plus de deux ans leur carte du combattant, leur TRN, parce que le système Kapta (modernisation) n’est toujours pas au point et ne le sera sans doute pas avant 2012 ! Ce sont les pensionnés, en attente également, parce que leurs dossiers sont bloqués à Toulon, faute de bras pour les ouvrir, etc.

Fédérer les luttes - Si la RGPP n’est pas faite pour améliorer le travail du service public, le rendre plus efficace au service des citoyens, - si la RGPP n’a d’autres buts que de détruire les services publics et privatiser toutes ses activités commercialisables, - si l’objectif clairement énoncé de la RGPP est de supprimer 150 000 emplois et de revenir au niveau des effectifs de 1990 pour les services publics, alors il faut bien reconnaître que les ACVG n’échappent pas à cette casse entreprise qui voit leur marginalisation, la disparition de leur secrétariat d’État et de ses services, les externalisations menées par l’ONAC, etc. Par conséquent, puisque les luttes se développent dans la fonction publique, le mouvement AC, s’il veut vraiment agir dans l’intérêt des ACVG, ne peut ni ne doit s’isoler. Il faut, au contraire, fédérer nos luttes avec ces alliés naturels que sont les fonctionnaires, au traitement desquels sont rattachées nos pensions d’invalidité et nos retraites du combattant. Tel est, en toute conscience et responsabilité, l’engagement de l’ARAC.

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LE RÉVEILVIE VIE de l’arac

Arcueil (94)

Un hommage émouvant à Marcel Roucaute Une belle initiative, simple mais forte de sens et de recueillement commun, s’est tenue à Arcueil, le 26 mai dernier, pour célébrer la mémoire de notre camarade Marcel Roucaute, décédé en mars dernier… On notait la participation de nombreuses personnalités : Carine Delahaie, maire-adjointe, Max Staat, maire-adjoint, Patrick Appel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité, Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC et directeur du Réveil des Combattants. Raphaël Vahé, président national de l’ARAC a retracé ce que fut le parcours de Marcel, militant de l’ARAC très tôt : « Jusqu’au bout, il aura participé aux combats des hommes pour plus d’égalité, plus de liberté, plus de fraternité. Né en 1917, année de la Révolution d’Octobre en Russie qui leva tant d’espoirs, Marcel n’hésitait pas à faire part de sa profonde déception face aux dévoiements ultérieurs de cette Révolution jusqu’au démembrement de l’Union soviétique fin 1991. Issu d’une vieille famille cévenole, dont le père, Élie, fut un syndicaliste révolutionnaire, un des fondateurs de la bourse du travail d’Alès, Marcel a la conscience et fierté de « sa classe », la « classe des exploités »… Il adhère au PCF en 1934, année

où le fascisme sévit en Europe. Il sera des combattants antifascistes qui font honneur à la France. Mobilisé en 1939, il eut les pieds gelés au front, démobilisé en juillet 40, il prend contact avec le PCF clandestin d’Alès et participe à l’organisation des premiers groupes de résistance OS (Organisation spéciale), puis FTPF. Passé en clandestinité en 1941, il œuvre à Marseille, puis dans le Vaucluse et devient cadre interrégional pour la région Alpes-Côte d’Azur. En 1944, il est nommé commandant FTPF pour la ville de Lyon sous le pseudonyme d’ Yves. Il est grièvement blessé. On comprend bien que ces actes de résistance lui valurent d’être brillamment décoré de hautes distinctions ou reconnaissance de la nation : médailles de la Résistance, de la Croix de guerre avec palme,de la Légion d’honneur. Comment ne pas évoquer, en ce 26 mai qui nous réunit ici grâce à Marcel et autour de sa famille, la date anniversaire du 27 mai 1943, dans un Paris occupé, date de la première réunion du Conseil national de la Résistance sous la présidence de Jean Moulin, délégué par le général de Gaulle. Le programme du Conseil national de la Résistance, adopté en mars 1944, Marcel le rappelait souvent à juste titre, est plus que

jamais d’actualité pour contrer ce qu’il faut bien appeler destruction généralisée des services publics, de l’emploi, des retraites. Tous ceux, dans leur diversité comme Marcel, qui ont combattu dans la Résistance nous laisse un devoir : celui de nous indigner, de résister comme eux et de contribuer à redonner à notre pays l’espérance d’une paix sociale et de progrès dont doit bénéficier le plus grand nombre… De son expérience de résistant, Marcel a tiré les certitudes qui lui ont donné la boussole de tous ses engagements sociaux et politiques, parce qu’il était de ceux qui ont la conviction que le malheur, qui s’abat sur ceux qui n’ont que leur bras et leur savoir, n’est pas fatal, que la terre peut apporter la nourriture, le bien-être, le bonheur à tous les hommes qui l’habitent, pour peu qu’une minorité ne vole pas pour elle les richesses à partager entre tous. Cette conviction qui a fait de Marcel un militant communiste, un militant de l’ARAC, faisant « la guerre à la guerre » comme disait Barbusse, luttant contre les ennemis des idéaux républicains et de l’humanisme : les xénophobes, les racistes, les fascistes de toutes origines… Nous continuerons les combats qu’il a mené toute sa vie. »

NOS PEINES JUIN 2011 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. AIN (01) Pont-d’Ain : Constant CLARET, AC ATM.

ILLE-ET-VILAINE (35) Rennes : Hubert RIEUSE, 86 ans, AC 39-45.

ALLIER (03) Gannat : Émile ROUMIER, 100 ans, AC 3945, portedrapeau de la section.

LOIRET (45) Fleury-les-Aubrais : Maurice THOMAS, AC 39-45.

BOUCHES-DU-RHONE (13) Fos-sur-Mer : Manuel GOMEZ-RASCADO, 67 ans, ami. Guy MORENO, 77 ans, AC ATM, Médaille Militaire.

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LE RÉVEIL - N° 773 - juin 2011

NIÈVRE (58) Fourchambault : Raymond AUROUX, AC ATM. Maurice COUILLARD, AC ATM. André NIODOT, AC 39-45.

NORD (59) Solre-le-Château : Joseph BERTOLI, 75 ans, AC ATM. RHÔNE (69) Lyon 8e : Mme Jeanne RIARD, 100 ans, AC 39-45. SAVOIE (73) Chambery : Jean BELLONE, 74 ans. Pierre MUGNIER, 77 ans, AC 39-45.

PARIS (75) 19e : Jacques DECOUDRE, AC ATM.

ESSONNE (91) Savigny-sur-Orge : Mme Juliette BARRE, amie.

SEINE-ET-MARNE (77) Montereau : André BAVARD, 86 ans. Villette : Bernard GARCIN, AC ATM.

HAUTS-DE-SEINE (92) Nanterre : André GUITARD, 97 ans, AC 39-45.

VIENNE (86) Les Ormes : Alphonse MILLET, 88 ans. Saint-Savin : André COURTOIS, 87 ans.


vIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Ardèche

Congrès départemental

Découvrir le Vietnam en 2011 Témoignage d’une touriste solidaire (extraits) Du 26 mars au 13 avril, 26 voyageurs sont allés à la rencontre du Vietnam, premier contact pour certains, mais plusieurs y reviennent pour la deuxième, voire la troisième fois ou plus, ayant noué des contacts avec ce pays depuis longtemps. Le Comité français pour le village de l’amitié de Van Canh est en effet à l’origine de cette organisation visant à permettre une expérience touristique, bien sûr, mais surtout à renforcer les liens et les engagements au profit de son œuvre humanitaire. Programme riche et chargé, du delta du Mékong à la mythique baie d’Halong… Chaque jour nous réservait son lot de découverte. Notre guide avait fort à faire pour nous initier à tout cela. Les questions étaient nombreuses sur l’histoire complexe et douloureuse de ce pays, son héritage culturel, les modes de vie et l’évolution de sa société avec ses richesses et ses difficultés. L’attention des participants se portait aussi sur la problématique des dégâts occasionnés par les guerres d’indépendance, particulièrement des séquelles sur l’environnement et sur la santé des vétérans et de leur descendance, contaminés par « l’Agent orange - dioxine » épandu par l’armée américaine. Les visites du Village de la Paix à l’hôpital Tu

Du d’Ho Chi Minh-Ville et du Village de l’Amitié de Van Canh, près de Hanoï, ont permis de mesurer l’ampleur de ce phénomène. Les échanges entre nous et avec le personnel encadrant ont été l’occasion de mieux appréhender la complexité de ce problème, les difficultés rencontrées pour faire reconnaître la culpabilité du gouvernement américain et de ses industries chimiques, et leur résistance à réparer les dommages commis. Chacun garde au cœur les images de ces enfants atteints de malformations, de troubles neurologiques ou psychiatriques, se rend compte de la mobilisation à continuer d’effectuer pour que leure prise en charge se fasse dans les meilleures conditions et pour que les responsabilités soient reconnues au niveau international. Des bâtiments détruits par une inondation sont à reconstruire ; le personnel soignant demande à bénéficier de formations spécifiques, pour la langue des signes par exemple. Après toutes les épreuves traversées pour parvenir à son indépendance, le peuple vietnamien étonne par sa vitalité, son énergie et mérite notre engagement à le soutenir dans la reconquête de ses droits et de ses capacités.

Le maire, Claude Pradal et le conseiller général Jean-Paul Roux, ainsi que Jean-Pierre Testud, directeur de l’ONAC 07 ont assisté aux travaux du congrès départemental de l’Ardèche, le 25 juin, à Villeneuve-de-Berg. Une riche discussion sur le rôle et la place de l’ARAC dans les débats, luttes et enjeux d’aujourd’hui a eu lieu à la suite de l’introduction de Daniel Roche, président départemental. Daniel Roche a également pris soin de rappeler notre histoire, nos valeurs pour inscrire notre association dans les combats et espérances d’aujourd’hui. A l’occasion du congrès, quatre amis, quatre camarades de l’ARAC ont reçu la médaille de bronze de l’Office républicain des mérites civiques (civils et militaires) : Jacques Besnault, Jean Laurent, Gilbert Susini, René Thorgue ont reçu leur décoration des mains de Lucien Larguier, président de l’ARAC du Vaucluse et membre du Conseil national, qui participait au congrès. Patrick Staat, secrétaire national et directeur du Réveil a représenté la direction nationale de l’ARAC.

Marie-France Poncelin de Raucourt juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL vie de l’arac

Résultats Campagne de soutien Le gagnant du voyage est dans le Rhône

69 - RHONE VOYAGE A COURCHEVEL BON CADEAU (30 E) VALISE CUISINIER MOULIN SEL/POIVRE DEFROISSEUR GRILLE PAIN HORIZONTAL

97744 97823 97668 98141 97935 98090

01 - AIN PENDULE EXPRESSO

13906

02 - AISNE TONDEUSE CHEVEUX BON CADEAU (30 E) VALISE CUISINIER FOUR INFRA-ROUGE SAC TROLLEY ISOTHERME 03 - ALLIER CAMESCOPE MOULIN SEL/POIVRE COFFRET SERVIETTES COFFRET BAIN CHOCOLAT STYLO BALMAIN SAC OXFORD BON CADEAU (30 E) 06 - ALPES MARITIMES APPAREIL PHOTOS TISANIERE PINCE MULTI-FONCTIONS MALETTE BARBECUE MIXEUR 3 EN 1 DEFROISSEUR SECHE CHEVEUX TROUSSE DE TOILETTE (H) PLATEAU AMUSE BOUCHE ATELIER CHOCOLAT BON CADEAU (30 E)

14330 14478 14955 15033 16288

145551 145574 147091 147074 145517 145504 135401

19789 19681 19433 20111 19577 20206 20329 19818 20055 20561 19299

26 - DROME YAOURTIERE CAFETIERE

140552 140721

28 - EURE ET LOIR MONTRE FEMME

164050

29 - FINISTERE CAFETIERE DUO 55515 FRITEUSE FONDUE 55290 COFFRET MULTI USAGE 55122 GRILLE PAIN HORIZONTAL 55966 WII 550013

28 -

LE RÉVEIL - N° 773 - juin 2011

30 - GARD LECTEUR DVD BON CADEAU (30 E) MENAGERE LAGUIOLE CUIT VAPEUR TONDEUSE CHEVEUX PALETTE MAQUILLAGE COFFRET SERVIETTES

64654 64923 64344 65119 65002 65380 65491

31 - HAUTE-GARONNE APPAREIL PHOTOS COFFRET BALMAIN SAC CABINE MONTRE HOMME COFFRET STYLO-MONTRE MENAGERE 24 PIECES BON CADEAU (30 E) CUIT VAPEUR MALETTE BARBECUE SAC TROLLEY ISOTHERME DEFROISSEUR

65817 65623 68077 66076 65772 66196 66230 66349 65977 65551 66446

32 - GERS ATELIER CHOCOLAT

68222

33 - GIRONDE GPS CHOCOLATIERE MENAGERE LAGUIOLE PLATEAU AMUSE BOUCHE PENDULE 4 PHOTOS SET BOUGIES LISSEUR TECHWOOD

68990 68449 68312 68503 68633 68450 69091

45 - LOIRET COFFRET SOMMELIER

172196

47 - LOT ET GARONNE APPAREIL PHOTOS BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) PINCE MULTI FONCTIONS SAC A DOS PIC NIQUE SAC A DOS PIC NIQUE COFFRET MULTI USAGES FRITEUSE FONDUE COFFRET SERVIETTES

158813 154704 79665 150065 150823 79589 157702 159821 79832

50 - MANCHE COFFRET BALMAIN

144801

57 - MOSELLE SAC CABINE 102256 MONTRE HOMME 83368 COFFRET BAIN CHOCOLAT 84059

58 - NIEVRE ORDI PORTABLE BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) PALETTE MAQUILLAGE SECHE CHEVEUX LISSEUR TECHWOOD TROUSSE DE TOILETTE (H) TONDEUSE CHEVEUX HYDRO MASSEUR COFFRET SERVIETTES MENAGERE 24 PIECES SET BOUGIES SAC CABINE OXFORD COFFRET STYLO MONTRE

63578 59772 63323 63601 60323 63739 59644 61981 58082 62524 58795 61840 60013 60170

59 - NORD PENDULE 4 PHOTOS PLATEAU AMUSE BOUCHE MENAGERE LAGUIOLE ATELIER CHOCOLAT

84683 84445 84519 84767

73 - SAVOIE BON CADEAU (30 E)

102022

74 - HAUTE-SAVOIE BON CADEAU (30 E) MENAGERE 24 PIECES COFFRET SERVIETTES

103525 103772 103988

75 - PARIS PENDULE EXPRESSO BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) GAUFRIER MELANGEUR VINAIGRETTE

104487 129906 160165 166231 166519

76 - SEINE MARITIME BON CADEAU (30 E) COFFRET SERVIETTES

106672 106343

77 - SEINE ET MARNE LECTEUR DVD COFFRET STYLO MONTRE BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) MALETTE BARBECUE

156532 135627 161653 135636 161241

78 - YVELINES BON CADEAU (30 E) COFFRET BALMAIN MONTRE FEMME ATELIER CHOCOLAT TISANNIERE

53613 54242 53468 53589 53333

79 - DEUX SEVRES PENDULE EXPRESSO COFFRET SOMMELIER

109725 109890

88 - VOSGES BON CADEAU (30 E) BALANCE DE CUISINE SAC A DOS PIC NIQUE

117557 117482 171034

91 - ESSONNE APPAREIL PHOTOS ORDI PORTABLE TV ECRAN PLAT MICRO ONDES COFFRET BALMAIN STYLO BILLE BALMAIN SAC CABINE OXFORD MONTRE HOMME BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) CAFETIERE DUO GRILLE PAIN HORIZONTAL YAOURTIERE COFFRET VIN CHOCOLATIERE MENAGERE 24 PIECES COFFRET SERVIETTES SET BOUGIES HYDRO MASSEUR PALETTE MAQUILLAGE COFFRET BAIN CHOCOLAT LISSEUR COFFRET STYLO MONTRE TONDEUSE CHEVEUX FRITEUSE FONDUE

30399 31171 29266 27113 29039 31212 30055 27288 26976 27460 27646 27932 28168 29866 30133 31310 32526 32878 33166 30870 33366 32056 29113 30275 31433 32669 27721 27037 29395 31054 29409 29555 29950 28448 29662 32967

11 - AUDE SET A HUITRES

26366

13 - BOUCHES DU RHONE MONTRE FEMME 34840 BON CADEAU (30 E) 34289 BALANCE CUISINE 35174


vie de l’arac LE RÉVEIL

16 - CHARENTE SAC A DOS PIC NIQUE MOULIN SEL/POIVRE

42311 43056

17 - CHARENTE MARITIME GAUFRIER 170169 18 - CHER COFFRET BALMAIN SAC CABINE COFFRET STYLO-MONTRE 19 - CORREZE PALETTE MAQUILLAGE LISSEUR TECHWOOD HYDRO-MASSEUR

43756 44001 44429

44666 45578 45620

21 - COTE D'OR COFFRET SERVIETTES SET BOUGIES PENDULE 4 PHOTOS

46176 46312 46623

22 - COTES D'ARMOR GPS MENAGERE 24 PIECES BON CADEAU (30 E) CHOCOLATIERE COFFRET SOMMELIER CUILLERE BALANCE MELANGEUR VINAIGRETTE

47069 48659 47558 47123 47287 48288 48555

34 - HERAULT WII COFFRET BAIN CHOCOLAT STYLO BILLE HYDRO MASSEUR SAC CABINE OXFORD

173997 173954 174108 170621 170725

35 - ILLE ET VILAINE TROUSSE DE TOILETTE (H) SECHE-CHEVEUX COFFRET SERVIETTE

72339 72584 73041

36 - INDRE PENDULE EXPRESSO COFFRET VIN CUILLERE BALANCE VALISE DU CUISINIER MELANGEUR VINAIGRETTE

73421 73578 73889 74050 74176

38 - ISERE LECTEUR DVD BON CADEAU (30 E) COFFRET SOMMELIER BALANCE CUISINE SET A HUITRES 42 - LOIRE GAUFRIER CAFETIERE FOUR INFRA ROUGE BON CADEAU (30 E)

10130 10055 10266 11120 11261 74299 74323 74477 74845

44 - LOIRE ATLANTIQUE COFFRET VIN YAOURTIERE CAFETIERE DUO GRILLE PAIN HORIZONTAL

78621 78799 78913 78555

60 - OISE CHOCOLATIERE BON CADEAU (30 E)

133965 141170

63 - PUY DE DOME CAMESCOPE BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) PENDULE EXPRESSO COFFRET VIN CUILLERE BALANCE MIXEUR 3 EN 1

155214 151277 155031 157083 157071 151409 155899

65 - HAUTES PYRENNEES PLATEAU AMUSE BOUCHE 96190 66 - PYRENEES ORIENTALES COFFRET BALMAIN 168373 MONTRE FEMME 171370 SAC CABINE 172756 68 - HAUT RHIN CAMESCOPE 97188 BON CADEAU (30 E) 97203 BALANCE CUISINE 97011 PINCE MULTI FONCTIONS 97369 SAC TROLLEY ISOTHERME 97477 COFFRET MULTI USAGES 129429 71 - SAONE ET LOIRE APPAREIL PHOTOS TV ECRAN PLAT BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) SET A HUITRES GAUFRIER CAFETIERE MIXEUR 3 EN 1 FRITEUSE FONDUE ATELIER CHOCOLAT MENAGERE LAGUIOLE PENDULE 4 PHOTOS SET BOUGIES COFFRET SERVIETTES TROUSSE DE TOILETTE (H)

13160 12515 12042 13019 13387 11501 12168 13522 12257 11616 12333 12720 12451 12606 13222 13448

80 - SOMME BALANCE CUISINE 111062 SAC TROLLEY ISOTHERME 111025 81 - TARN BON CADEAU (30 E) CUILLERE BALANCE MOULIN SEL/POIVRE DEFROISSEUR MALETTE BARBECUE

84 - VAUCLUSE GPS 52040 CHOCOLATIERE 144367 BON CADEAU (30 E) 139462 BON CADEAU (30 E) 139945 MENAGERE LAGUIOLE 51476 86 - VIENNE MONTRE HOMME 154206 BON CADEAU (30 E)164283 92 - HAUTS DE SEINE WII BON CADEAU (30 E) SAC CABINE OXFORD CAFETIERE

118321 118445 118012 118190

94 - VAL DE MARNE TV ECRAN PLAT ORDI PORTABLE BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) BON CADEAU (30 E) COFFRET VIN SAC A DOS PIC NIQUE COFFRET BAIN CHOCOLAT COFFRET SOMMELIER PENDULE EXPRESSO PLATEAU AMUSE BOUCHE TISANNIERE MIXEUR 3 EN 1

158272 162195 129003 165401 164523 156799 165634 158225 162901 162604 163807 156280 162445

95 - VAL D'OISE CUILLERE BALANCE YAOURTIERE CAFETIERE DUO BON CADEAU (30 E) SAC CABINE OXFORD SECHE CHEVEUX

132833 132661 132515 166790 167503 167756

ABONNES LISSEUR TECHWOOD 145109 TROUSSE DE TOILETTE (H) 153012 BON CADEAU (30 W) 146467 VALISE CUISINIER 163966 COFFRET MULTI USAGES 153318 GAUFRIER 146171 MELANGEUR VINAIGRETTE 146650 NATIONAL TONDEUSE CHEVEUX MONTRE HOMME MOULIN SEL/POIVRE VALISE CUISINIER BON CADEAU (30 E) COFFRET BAIN CHOCOLAT

147892 145051 153590 145037 149048 149195

Les Lots pour la Dordogne (24), la Seine St Denis (93) et la Sarthe (72) ont bien été attribués mais les numéros sont arrivés après la parution du Réveil, c'est pourquoi ils n'apparaissent pas ici.

111811 111430 111564 111772 111700

juin  2011 - N°773 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL vie de l’arac

Marc Laffineur Nouveau secrétaire d’État aux AC M. Marc Laffineur (65 ans), députémaire d’Avrillé (Maine-et-Loire) vient d’être nommé secrétaire d’État aux Ancien Combattants, le 29 juin dernier, à l’occasion du remaniement ministériel, faisant suite du départ de Christine Lagarde pour le FMI. Ex UDF, député UMP, benjamin d’une famille de 16 enfants et lui-même père de trois enfants, il a profité du refus de Marc Philippe Daubresse, (secrétaire adjoint de l’UMP), tout d’abord sollicité, mais déçu de ne pas avoir obtenu le « maroquin » du ministère de l’Enseignement et de la Recherche qu’il convoitait. Comme on peut le constater, ces manœuvres politiciennes sont bien loin des engagements et des réponses qu’attendent les ACVG. Cette nomination, après la disparition discrète du 8e secrétaire d’État aux AC, il y a sept mois, est sans doute due à l’action tenace du mouvement ACVG (de l’UFAC et notamment de l’ARAC toujours en première ligne), et nous prenons acte de cette nomination… Sans

nos interventions répétées et insistantes, tous azimuts, le Président de la République se serait bien accommodé de ce « vide » qu’il a lui-même organisé en imposant au travers de la RGPP (Révision générale des politiques publiques) la casse du secrétariat d’État aux AC, de ses services et la fonte des effectifs de la fonction publique. Ceci étant, trois millions et demi d’AC, de veuves, d’OPEX, d’orphelins, d’ascendants, de victimes civiles de guerre et de victimes hors guerre… ça vote ! Et dans les perspectives électoralistes de 2012, avec le silence catastrophique sur les engagements 2007 non tenus, mieux vaut ne pas trop tirer sur une ficelle déjà par trop usée. M. Laffineur va donc devoir s’accrocher à un exercice de haute voltige, pour faire prendre, dans le cadre du projet de budget 2012, des vessies de cochons pour des lanternes magiques, à un mouvement ACVG bien décidé, lui, à ne plus s’en laisser compter !

Pyrénées-Orientales I Fête du Travailleur Catalan

Var

De l’utilité de l’ARAC Après une discussion en réunion plénière du conseil départemental de l’ONAC du Var sur la Révision générale des politiques publiques, animée par Gérard Vallée, représentant de l’ARAC, en présence du préfet, le directeur départemental de l’ONAC a obtenu un poste d’employé supplémentaire alors que le service départemental en avait été privé de quatre à la suite de la mise en place de la RGPP… Un plus obtenu pour le service auprès des ressortissants ACVG du département.

Guerre d’Indochine

Des propos à teneur colonialiste Le 8 juin dernier, le ministre de la Défense et des Anciens Combattants a donné à lire, lors de la commémoration en hommage aux morts pour la France en Indochine, un message. Le Bureau national de l’ARAC, réuni le 22 juin condamne les propos à teneur colonialiste tenus par Gérard Longuet, dans ce message. En effet, pour l’ARAC, la date du 8 juin (pas plus que celle du 5 décembre pour la guerre d’Algérie), ne représente rien par rapport à la fin de la guerre d’Indochine, qui s’est terminée le 20 juillet 1954, avec les accords de Genève. Elle appelle, par contre, à participer le 20 juillet prochain, à I8 h, au ravivage de la Flamme animé par l’Association des combattants et victimes de la guerre d’Indochine.

Déclaration du Bureau national de l’ARAC, le 22 juin 2011

Marcel Legoallec, secrétaire adjoint de la Mutuelle et Didier Le Reste, secrétaire général CGT-Cheminots, le samedi 30 -

LE RÉVEIL - N° 773 - juin 2011

2 juillet au stand de l’ARAC, de la Mutuelle et du Village de l’amitié à la fête du Travailleur Catalan dans les Pyrénées

Orientales. On notera la visite de JeanLuc Mélenchon.


dossier LE RÉVEIL magazine

criminelle ni au contre-espionnage) ne lui a pardonné, il traque les loups nazis et finira par chasser avec eux. Bercé par Wagner et l’or du Rhin, la chevauchée de la Walkyrie dépasse les légendes du « Nibelung » pour s’ancrer dans l’histoire de l’or des nazis pillés aux quatre coins de l’Europe, chez les juifs, mais pas seulement, et jusque dans les dents en or des déportés assassinés.

L’Heure des loups

Shane Stevens - Éd. Sonatines - 22 e

Shane Stevens (probablement un pseudonyme) est né à New-York en 1941. De 1966 à 1985, il a écrit cinq romans. Celui-ci est le dernier connu, l’auteur ayant replongé depuis dans l’anonymat. Son écriture est singulière, précise, sèche et soudain hallucinée, obsessionnelle, à l’usage de son héros, l’inspecteur principal César Dreyfus. Le nom, à lui seul, est annonciateur. Mi Français, mi Allemand, juif, et plus ou moins descendant du fameux capitaine Dreyfus, des parents arrêtés sous ses yeux par la gestapo et disparus à Auschwitz, Dreyfus ne peut que trébucher et s’emballer quant surgit un commandant fantôme et trucideur d’anciens SS comme lui. Une enquête haletante, bien menée au milieu des démons du passé et des fantasmes du présent. Dommage que, sous prétexte de justifier la traque antinazie d’Israël, l’auteur justifie surtout l’attitude de ce pays et sa politique extrémiste, annexionniste et génocidaire face aux « arabes », ignorant tout du reste, même le mot « palestinien ». Chasseur solitaire, son héros, après avoir traqué d’abord un général tortionnaire en Algérie, ce que nul (ni à la

Le bateau

Nouvelles de Nam Le - Éd. Albin Michel - 20 e

Doli, Indienne Pikumi Pascal Coatanlem et Laure Gomez - Éd. Talents hauts - 7,90 e

Les éditions Talents hauts, créées en 2005, entendent participer au combat pour l’égalité des sexes. Et ce petit livre, Doli, Indienne Pikumi, appartient à la collection Livres et égaux. Il met en scène une fillette indienne qui veut avec entêtement être libre et découvrir le monde au lieu d’écosser des haricots rouges et de tanner les peaux de bêtes avec sa mère. Des illustrations élégantes complètent le récit et participent au cheminement pédagogique de cette héroïne qui prend son destin en main.

Nam Le, né en 1978 au Vietnam, nous donne à lire sept longues nouvelles dont celle d’où est tiré le titre du livre : Le bateau. C’est le récit de la fuite de sa famille vers l’Australie, voyage en enfer avec la trouille, la soif, la promiscuité, la mort, et l’espoir fragile, tenace. Mais sa quête ne s’arrête pas à ce seul voyage et se poursuit d’un pays en guerre à un autre pays en guerre ; de Hiroshima, ville d’outre-tombe à New York, des taudis des bidonvilles de Colombie aux rues de Téhéran, d’un petit village de pêche australien aux mers du sud de la Chine, avec cette question permanente : « Qu’est-ce qu’un être humain ? » Il y répond par des dialogues d’où surgit l’urgence de vivre dans un monde marqué par la folie et la grandeur des hommes.

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