Le réveil des combattants - mai 2015

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QUAND LES ANALYSES DE L’OCDE CONDAMNENT LES POLITIQUES D’AUSTÉRITÉ DES GOUVERNEMENTS

8 MAI 1945, JUSQU’AU BOUT LA FRANCE S’EST BATTUE

MAHMOUD ABBAS AU VATICAN

Mai 2015 - N° 813 - 5 € www.le-reveil-des-combattants.fr

Quand la Commission Européenne impose de nouvelles mesures d’austérité pour les peuples. Pour la France, les inégalités grandissent.

Et les actionnaires s’enrichissent


LE RÉVEIL MÉMOIRE

Déclaration de l'ARAC

27 mai Journée Nationale de la Résistance Dès juin 1940, à l'appel du Général de Gaulle et de ceux d'autres personnalités parmi lesquelles des dirigeants communistes et des dirigeants syndicaux, la Résistance naissait. Elle est d'abord fragmentée sans liaisons entre ses mouvements, et particulièrement soumise à la pression de l'occupant en zone occupée ; un peu moins en zone dite « libre » de la part de la police de Vichy jusqu'en novembre 1942. Le débarquement allié en Afrique du Nord, l'écrasement de l'armée nazie sur le front de Stalingrad, en France une répression de plus en plus féroce, l'institution du service du travail obligatoire (c'est la déportation organisée de la jeunesse française en Allemagne), les pertes subies par l'armée hitlérienne sur le front soviétique, ont apporté à nos compatriotes des motifs de résister aux nazis et à Vichy. Cela les rapproche progressivement de la Résistance dont l'action prit alors une ampleur significative. Mais pour vaincre, il faut être uni. Les mouvements dispersés ne sont pas suffisants, il faut une armée organisée. Ce sera l'objectif de Jean Moulin dès le début 1941 qui se voit confier à, Londres par le Général de Gaulle où il va le rencontrer, le recensement des forces de la Résistance sur le sol national pour assurer l'unité de Combat de la Résistance intérieure avec celle qui opère sur les Théâtres extérieurs de la guerre. Ainsi en surmontant de nombreux obstacles, Jean Moulin obtint l'unité totale des mouvements de Résistance en s'appuyant sur la volonté d'union de leurs principaux dirigeants et c'est ainsi que put se réaliser le véritable tournant de la Résistance le 27 mai 1943 lorsqu'il réunit à Paris dans la France occupée « le Conseil National de la Résistance ». Les Initiatives ayant conduit à la création du CNR sont venues de la France occupée et Jean Moulin en est le symbole. A Londres, il parlait au nom de la Résistance intérieure qu'il sut mettre en valeur devant le Général de Gaulle et les membres du Comité français de Libération nationale. La création du CNR donne à la Résistance unie sa dimension nationale et une autorité accrue en même temps qu'elle apporte au Général de Gaulle la légitimité que lui contestait les Anglo saxons. A partir de cette réunion, le CNR devait engager et réaliser la construction d'un programme présentant dans un premier temps une série de mesures destinées à mobiliser l'opinion et à préparer politiquement et militairement à l'assaut libérateur final, et dans un deuxième temps à une large gamme de mesures à appliquer après la libération aux divers plans politique, économique et social. Le CNR exprima sa volonté de s'opposer au retour des hommes et des forces de collaboration, qui ont pillé le pays, brisé les institutions républicaines, massacré les populations et de bâtir une société nouvelle plus juste, plus solidaire, plus démocratique et plus ouverte. Il est temps aujourd'hui de revendiquer la mise en œuvre d'une politique nouvelle inspirée de ces grands objectifs du programme du CNR pour maîtriser la situation politique, économique et sociale que nous connaissons aujourd'hui dans notre pays.

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ÉDITO LE RÉVEIL

DES LUTTES D’AUJOURD’HUI DÉPENDENT NOTRE AVENIR

SOMMAIRE Actualités Déclaration ARAC ..............................................................................2 Quand les analyses de l’OCDE condamnent les politiques d’austérité des gouvernements ..............................................................................4 CICE - Patrons, qu’avez-vous fait du crédit d’impôts 2014 de 8,7 milliards ? .................................................................................5 La commission européenne a rendu publique, le 13 mai, les ordres qu’elle a adressé aux gouvernements européens................5 Concurrence « libre et non faussée » = 3 000 licenciements annoncés dans le transport routier de marchandises !.........................................6 Le CAC 40 contre le monde du travail ! .............................................7 International Bruxelles : La folle envolée des dépenses de lobbying des multinationales ..............................................................................8 Mahmoud Abbas au Vatican ..............................................................9 100 ans pour reconstruire Gaza ...........................................................9 Recherche bourreaux désespérément ................................................10 Dossier Mistral : Ce qui attend le contribuable ................................10 Espionnage, Le silence stratégique de la France ..............................11 Palestine/Israël : Orange a des liaisons dangereuses .......................12 Cuba : Santé internationale au service des nécessiteux ...................24 Vos droits Commission Nationale d’attribution de la Carte du Combattant .....21 Une loi pour le stationnement des handicapés..................................21 « Chères » Opérations extérieures.....................................................22 Bénéficiaires des soins gratuits .........................................................23 Vie de l’ARAC Nguyen Phuc Ky reçoit la médaille d’or de l’ORMCM ..................25 Vie des comités ..................................................................................26 Nos peines..........................................................................................30

Livre P. 32

P. 13 . D O S S I E R

8 MAI 1945, JUSQU’AU BOUT LA FRANCE S’EST BATTUE www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

• Tirage : 60 000 exemplaires • Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain • Service photos : Jean- Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

L

a politique d’austérité de l’Union européenne conduit à la colère, ses choix sont remis en cause par les peuples. Les salaires, les retraites, le droit du travail sont visés. Les peuples souffrent, tandis qu’une minorité de nantis voit leurs dividendes exploser de manière scandaleuse. Plutôt que d’entendre les populations, la voix des urnes, la commission européenne poursuit sa politique au seul profit de la finance. Cela veut dire : casser chaque droit et acquis, niveler par le bas le SMIC, la Sécurité Sociale, le montant des retraites, des indemnisations chômage, etc… Ils craignent la réaction des peuples, alors ils s’attaquent aux libertés individuelles et collectives. En France, ce sont les lois liberticides qui de manière insidieuse s’attaquent aux droits de manifester, aux droits de réunions, à la vie privée des Français. En Allemagne ils vont réduire les droits des syndicats. Ils veulent créer une armée européenne dont l’un des objectifs est d’assurer le maintien de l’ordre dans la communauté européenne. Plus se développe le mécontentement et plus les gouvernements sont autistes aux aspirations et aux cris des populations, plus ils renforcent l’appareil répressif et anti-démocratique. La France est un pays souverain, un pays qui peut choisir son destin pour peu que le gouvernement, le Président de la République ne courbent pas l’échine devant les diktats de la commission. Que va faire M. Hollande devant le nouvel Oukase de la commission européenne qui demande de nouvelles réformes encore plus dévastatrices pour la France (1). A écouter le 1er Ministre, il va céder, voire même en profiter pour aller plus loin encore. En cette année du 70e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, il est bon de rappeler que des combats contre l’envahisseur, du rassemblement des forces de résistances, est né un formidable espoir, dans un pays détruit par la guerre : le programme du CNR a permis des innovations économiques, sociales et démocratiques qui font encore la richesse de la France, un atout des valeurs de la République. C’est précisément à ces conquis sociaux (2) que s’attaque la commission européenne avec la complicité du gouvernement. L’esprit de résistance, l’esprit de lutte, l’esprit de révolte, l’esprit de justice, doivent reprendre leurs droits et permettre que se rassemblent tous ceux qui veulent que la France soit un pays libre, démocratique, souverain, tous ceux qui veulent que vivent les mots, Liberté, Egalité, Fraternité. Patrick Staat (1) voir page 5 (2) Ambroise Croizat

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Quand les analyses de l’OCDE condamnent les politiques d’austérité des gouvernements La France, pays inégalitaire ? Ces dernières années, la France est l’un des pays développés où les inégalités entre les riches et les pauvres se sont le plus creusés, révèle ce jeudi un rapport de l’Organisation de coopération et de développement (OCDE). Les inégalités de revenu ont atteint des niveaux records dans la plupart des pays de l’OCDE et se maintiennent à des niveaux plus élevés encore dans de nombreuses économies émergentes. Aujourd’hui, dans la zone OCDE, les 10 % les plus riches de la population ont un revenu d’activité qui est 9,6 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, alors que la proportion était de 7,1 dans les années 1980 et 9,1 dans les années 2000. Selon un nouveau rapport de l’OCDE. Tous concernés : Pourquoi moins d’inégalités profite à tous montre également que le phénomène de concertation est plus marqué encore en termes de patrimoine, ce qui ne fait qu’accentuer la situation globale de désavantage des ménages à faible revenu. En 2012, les 40 % du bas de l’échelle de la distribution ne possédaient que 3 % du patrimoine total des ménages, dans les 18 pays de l’OCDE pour lesquels nous disposons de données comparables. A l’autre extrême, les 10 % du sommet de la distribution possédaient la moitié du patrimoine total des ménages et les 1 % les plus riches en possédaient 18 %. « Nous avons atteint un point critique. Les inégalités dans les pays de l’OCDE n’ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria. « Les données montrent que de fortes inégalités nuisent à la croissance. L’action politique devrait être motivée tant pour des raisons économiques que 4-

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pour des raisons sociales. En ne s’attaquant pas au problème des inégalités, les gouvernements affaiblissent le tissu social dans leur pays et compromettent leur croissance économique à long terme » a-t-il ajouté. Les 10 % les plus aisés en termes de patrimoine détiennent la moitié du patrimoine net des ménages. Dans le même temps, les 40 % les plus pauvres en détiennent moins de 2 %. Les jeunes sont les plus durement touchés : 40 % des jeunes occupent un emploi atypique et la moitié environ des travailleurs temporaires ont moins de 30 ans. Les jeunes sont également moins susceptibles de passer d’un emploi temporaire à un emploi permanent stable. Le rapport souligne que l’accentuation des inégalités et les médiocres opportunités sur le marché du travail nuisent à la croissance économique à long terme. On estime que la montée des inégalités, entre 1985 et 2005, dans les 19 pays de l’OCDE analysés, a amputé la croissance de 4,7 points de pourcentage en cumulé entre 1990 et 2010. En fait, il s’agit précisément des inégalités qui affectent les 40 % du bas de l’échelle de

la distribution qui tirent la croissance vers le bas. A mesure que les inégalités augmentent, les familles des catégories socio-économiques inférieures connaissent une baisse significative du niveau d’éducation et de compétences, ce qui implique un gaspillage important de potentiel et une moindre mobilité sociale. Pour réduire les inégalités et stimuler une croissance inclusive, l’OCDE estime que les gouvernements devraient promouvoir l’égalité entre hommes et femmes en matière d’emploi ; élargir l’accès à de meilleurs emplois et encourager le renforcement des investissements dans l’éducation et les compétences tout au long de la vie active. La redistribution par le biais de l’impôt et des transferts est aussi un moyen efficace de réduire les inégalités. L’effectivité des mécanismes de redistribution s’est amoindrie, dans de nombreux pays, au cours des dernières décennies. Pour traiter ce problème, les politiques publiques doivent garantir que les individus les plus riches, et aussi les entreprises multinationales, paient leur part de la charge fiscale.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

CICE Patrons, qu’avez-vous fait du crédit d’impôts 2014 de 8,7 milliards ? AFP CICE : Plus de 900 000 entreprises ont touché 8,7 mds d’€ en 2014 Plus de 900 000 entreprises ont bénéficié de 8,7 milliards d’€ de remboursements ou imputations au titre du crédit d’impôt pour la compétitivité et

l’emploi (CICE) en 2014, a indiqué, le 12 mai, la Direction générale des finances publiques (DGFiP), dans son rapport annuel.

est reçu sous forme d’imputation et non de remboursement, le crédit sert à payer l’impôt sur les sociétés ou l’impôt sur le revenu dû par l’entreprise.

L’économie d’impôt représente 6 % de la masse salariale en 2014, hors salaires supérieurs à 2,5 SMIC. Lorsqu’il

En rythme de croisière à horizon 2017, le CICE doit peser 20 milliards d’€ par an.

La commission européenne a rendu publique, le 13 mai, les ordres qu’elle a adressés aux gouvernements européens Un programme de recommandations que le MEDEF signerait des deux mains. La Commission demande à la France que des mesures structurelles supplémentaires soient prises pour 2016. Elle exige le renforcement et la poursuite de l’austérité. 1 – Sécurité Sociale : « des économies de 11 milliards d’euros sur les dépenses de santé sont prévues pour 2015-2017, mais des efforts supplémentaires seront nécessaires ». 2 – Retraites : « Les réformes des retraites menées précédemment ne suffiront pas à combler le déficit. En particulier le déficit imputable aux régimes des agents de l’Etat et des salariés des entreprises publiques continue de peser sur le déficit global…Une action décisive doit être engagée pour rétablir la santé financière des régimes de retraite complémentaire » 3 – Collectivités locales : « La France devrait continuer à mettre en oeuvre la réduction prévue des dotations de l’Etat... Des mesures sont également né-

cessaires pour maîtriser la hausse des dépenses de fonctionnement des collectivités locales ». 4 – SMIC : « Le coût du salaire minimum reste élevé sir on le compare a celui des autres Etats membres. Le salaire minimum continue d’évoluer d’une manière qui n’est pas propice à la compétitivité et la création d’emplois ». 5 – Professions réglementées : « la France devrait prendre des mesures résolues pour supprimer les seuils réglementaires prévus par le droit du travail et les règlementations comptables qui limitent la croissance de ses entreprises…. » 6 – Emploi : « Réviser le cadre juridique régissant les contrats de travail pourrait aider à réduire la segmentation… Il conviendrait d’accorder aux branches et aux entreprises la possibilité de déterminer de façon flexible, au cas par cas et après négociations avec les partenaires sociaux, s’il y a lieu de

déroger à la durée légale du travail de 35 heures par semaine…. Donner plus de latitude aux entreprises pour adapter les salaires et le temps de travail à leur situation économique ». 7 – Indemnités chômage : « Les conditions d’éligibilité, la dégressivité des allocations et les taux de remplacement pour les salaires les plus élevés devraient être réexaminés ». Sécurité Sociale, retraites, réduction des budgets des collectivités locales, casse des services publics, casse du code du travail, baisse des salaires, précarisation des travailleurs, diminution des impôts sur les entreprises, augmentation de la TVA… Bref, un programme "Medef compatible".

parfaitement

La Commission a donné jusqu’au 10 juin à la France pour lui fournir très rapidement des gages de rigueur budgétaire dès cette année. LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Concurrence « libre et non faussée » = 3 000 licenciements annoncés dans le transport routier de marchandises ! Intermarché, Gefco, MoryGlobal... les plans sociaux se multiplient dans le transport routier En moins d’un mois, plus de 3 000 suppressions d’emplois ont été annoncées dans le transport routier de marchandises. À l’image d’Intermarché, la logistique française souffre de plus en plus de la concurrence européenne. Les plans sociaux se multiplient dans la logistique française. En moins d’un mois, trois sociétés françaises ont annoncé la disparition de plus de 3 000 postes. Victime d’une « guerre des prix » sur fonds de « dumping social » européen, le secteur redoute d’autres faillites et en particulier chez les sous-traitants. La filiale logistique du groupe de distribution Intermarché a annoncé la suppression nette de plus de 600 postes et la fermeture de six bases d’ici à 2018, dans le cadre d’un plan de restructuration entamé en 2012. Le groupe Gefco a indiqué qu’il étudiait la suppression de 500 postes en France, soit plus de 10 % de ses effectifs dans l’Hexagone, pour réduire ses coûts. Fin mars, placé en liquidation judiciaire, MoryGlobal supprimait 20 150 postes. L’entreprise avait été créée un an auparavant sur les décombres de la société Mory Ducros. Cette dernière avait été liquidée début 2014 au prix de 2 800 licenciements.

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par les entreprises d’Europe de l’Est, en particulier de Pologne, selon le délégué de OTRE. « Ces gens-là cassent les prix » car ils sont « 40 % moins cher », poursuit Gilles Mathelié-Guillet. Il dénonce par ailleurs une « absence de contrôle de la fraude », notamment « la prolifération de véhicules de moins de 3,5 tonnes », qu’il qualifie de « véritable plaie » pour la profession.

«Dumping » et « guerre des prix »

6 à 8 % des entreprises de transport routier déposent le bilan chaque année

Le transport routier de marchandises en France est soumis à « une tension économique extrême » du fait du « dumping social », explique Gilles Mathelié-Guillet, délégué général de l’Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE). Une forme de concurrence déloyale pratiquée

Le gouvernement entend imposer, via la loi Macron actuellement débattue au Parlement, une rémunération du cabotage au niveau du SMIC. A l’instar de l’Allemagne, qui a mis en œuvre une mesure similaire depuis le 1er janvier, aussitôt contestée par 14 Etats européens.

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Selon l’Insee, quelque 1 600 entreprises de messagerie employaient environ 53 000 salariés fin 2012, pour un chiffre d’affaires global de 9,7 milliards d’euros. Pris dans son ensemble, le transport routier de marchandises emploie environ 600 000 personnes en France dans 40 000 entreprises, dont « 6 % à 8 % déposent le bilan chaque année », selon Gilles Mathelié-Guillet. SOURCE : http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/intermarche-gefco-moryglobal


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Pour Wolfgang Schäuble, « la France doit être réformée de force » Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, aime à user du poil à gratter. Peu accoutumé à la langue de bois, il a assuré, jeudi 16 avril, lors d'un débat intitulé « Eurozone at a crossroads (again) » (« La zone euro est encore à l'heure des choix ») devant la Brookings Institution à Washington, que la France avait besoin de réformes. « La France serait contente que quelqu'un force le Parlement, mais c'est difficile, c'est la démocratie », a-t-il dit après avoir évoqué les réformes, selon lui, « très réussies » menées en Espagne sous la supervision de la troïka. Ce chantre de la discipline budgétaire a développé : « Si vous en parlez avec mes amis français, que ce soit (le ministre des Finances) Michel Sapin ou (de l'Economie) Emmanuel Macron, ils ont de longues histoires à raconter sur la difficulté à convaincre l'opinion publique et le Parlement de la nécessité de réformes du marché du travail. » Le Monde.fr

Le CAC 40 contre le monde du travail ! Comme une litanie presque obscène, les bilans de casse de nos entreprises industrielles continuent à défrayer la chronique ; et si les années qui passent se ressemblent, c’est à une véritable hémorragie que nous assistons. Selon la COFACE, l’un des principaux assureurs de crédit en France, ce serait environ 61 500 entreprises qui auraient fermé en 2014. Pour la même période, les entreprises du CAC 40 voient leurs profits exploser. Effectivement, en 2014, elles réalisent 62 435 milliards d’euros de bénéfices, soit une augmentation de 33 % sur l’année précédente. Ce n’est pas la première fois que dans nos colonnes nous dénonçons ce scandale, plus les profits des très grandes sociétés augmentent et plus notre économie en général se porte mal ! En particulier les très petites, petites et moyennes entreprises. Ce sont des centaines de milliers de travailleurs qui se retrouvent sans emploi. Cette logique mortifère de la priorité absolue aux profits pèse évidemment aussi et très fortement sur la vie même de ces très grandes entreprises. Par exemple, sur les 40 plus grandes entreprises qui composent le CAC 40, des suppressions d’emplois par dizaines de milliers sont d’ores et déjà programmées. Que ce soit Danone, Michelin, Renault, Bouygues, Pernod-Ricard, Lafarge, BNP Paribas, Alcatel Lucent,

Vallourec Safran, Arcelor-Mittal, Solvay, Areva, Technip, Publicis Groupe. Voilà comment se construit le profit : produire toujours plus et pour moins cher. C’est d’abord et avant tout exploiter, sans aucune retenue, ceux qui produisent et créent les richesses, les ouvriers, les cadres, techniciens, employés dans les entreprises du CAC 40, mais aussi l’ensemble de l’appareil productif. Et cependant, cela n’empêchera pas les patrons de continuer à pousser vers la sortie encore des dizaines de milliers d’autres salariés, et cela avec la bénédiction du gouvernement Valls-Hollande. Ce gouvernement, inféodé aux banques, aux patrons, s’apprête prochainement, dans le cadre de la loi Macron 2, à porter des coups terribles à la Sécurité sociale, au Code du travail, aux droits des salariés, avec la volonté de briser toute velléité de résistance. Jamais, jamais dans notre histoire, un gouvernement ne se sera autant avili dans la génuflexion devant les capitalistes et à la finance. Jamais un gouvernement dit démocratique n’aura fait autant et avec un tel mépris, un tel cynisme, pour servir les intérêts antipopulaires, antinationaux d’une caste de privilégiés, rapaces, qui n’a de valeur que le montant du compte bancaire, quel qu’en soit le prix pour notre peuple, pour notre nation. C’est cela la réalité, et Hollande peut bien tenter l’esbroufe d’un discours lénifiant de

béatitude sur les succès de notre industrie, en fait des profits, des exploiteurs, des profiteurs du CAC 40. Il est responsable, avec Valls, Macron, avec leurs renoncements, de la puissance de la droite et de son extrême. En fait, les patrons sont satisfaits, très satisfaits de l’amour que leur porte le gouvernement, et les salariés, les familles en payent le prix fort, qui va jusqu’à mettre l’avenir des familles en cause. Si la droite et l’extrême droite roulent des épaules, c’est Hollande et Valls qu’ils doivent remercier. Il existe cependant un autre chemin, il faut répondre véritablement aux aspirations populaires, se rassembler et agir avec fermeté, détermination pour imposer les choix progressistes et d’avenir. Il faut se battre pour de réelles augmentations des salaires, pensions et revenus, pour élargir les droits des salariés, des chômeurs, des retraités, des jeunes, et prendre l’argent là où il est, dans les dividendes du CAC 40. C’est la garantie que les aspirations légitimes ne soient pas dévoyées, trahies. C’est la prise en compte par ceux qui souffrent de leur avenir. La conscience de cette dimension est essentielle pour que nous puissions, ensemble, construire un avenir qui corresponde véritablement à nos besoins, à nos aspirations, à la France. Hervé Corzani LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Bruxelles :

La folle envolée des dépenses de lobbying des multinationales Les multinationales n’ont jamais autant dépensé pour tenter d’obtenir des législations à leur goût dans l’Union européenne.

Les chiffres donnent le tournis. Les multinationales n’ont jamais autant dépensé à Bruxelles pour tenter d’obtenir des législations à leur goût, si l’on en croit la dernière mise à jour du registre des lobbies actifs dans la capitale européenne. Une plongée sur le site internet de ce registre permet ainsi d’explorer le territoire des agents d’influence qui parcourent les couloirs des trois grandes institutions de l’UE (Commission européenne, Parlement et Conseil). Deux catégories se distinguent, les grandes banques et les géants de la high-tech, qui ont mis les bouchées doubles pour tenter d’influencer les législateurs européens. Mention spéciale à J.-P. Morgan, qui aurait multiplié par 30 ses dépenses de lobbying entre 2013 et 2014, passant de 50 000 euros à une enveloppe comprise entre 1,25 et 1,5 million d’euros. A côté, Goldman Sachs ferait presque petit bras, avec un chiffre multiplié par 14 pour atteindre une fourchette comprise entre 700 000 et 799 000 euros. Tout cela reste du menu fretin par 8-

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rapport à Deutsche Bank, qui émarge à presque 4 millions d’euros. Côté français, BNP Paribas déclare entre 900 000 et un million d’euros de dépenses de lobbying. Les représentants du monde de la hightech ne lésinent pas non plus sur les moyens. Microsoft, qui faisait partie des trois plus gros dépensiers en lobbying européen en 2013, a maintenu son effort avec 4,5 à 5 millions d’euros. Un temps distancé, son grand rival Google s’est mis à niveau et affiche des frais de lobbying compris entre 3,5 et 4 millions, contre 1,5 million en 2013. Cette inflation doit toutefois être relativisée. Certes, les banques comme la high-tech ont quelques raisons de s’intéresser à ce qui se passe à Bruxelles : les premières ont dû faire face à une avalanche de nouvelles réglementations votées par les Européens après la crise, tandis que les seconds, quand ils sont Américains, sont en passe de remplacer les traders comme meilleurs ennemis du législateur européen. C’est particulièrement vrai pour Google,

menacé d’une amende record par la Commission pour des pratiques jugées anti-concurrentielles. Mais une partie conséquente de la hausse des dépenses de lobbying n’est en réalité qu’une simple régularisation. Le registre des lobbyistes n’a jamais été obligatoire. Toutefois, depuis décembre dernier, dans une volonté de transparence, les Commissaires européens et leur garde rapprochée se sont engagés à ne recevoir que les entreprises qui montrent patte blanche et se sont enregistrées. Si bien qu’on a vu une ruée vers le registre d’acteurs pas ou mal déclarés jusque-là. Ainsi de Goldman Sachs : des ONG comme Corporate Europe Observatory avaient publiquement mis en doute les montants déclarés en 2013, qui se limitaient officiellement à seulement… 50 000 euros. La multiplication par 14 de ce chiffre ne reflète donc pas nécessairement une inflation folle de son lobbying. De la même façon, les déclarations de Google, en 2013, péchaient par incohérence dans le nombre de personnes accréditées. La volonté de transparence de la Commission aurait donc en tout cas des premiers effets bénéfiques. Mais comme le registre n’est toujours pas obligatoire, personne ne peut jurer que les chiffres affichés soient complètement sincères. Les Echos, 5 mai 2015


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Mahmoud Abbas au Vatican Le président palestinien Mahmoud Abbas a été qualifié par le pape d’« ange de paix » lors d’une rencontre entre les deux hommes, samedi 16 mai au Vatican, à la veille de la canonisation de deux religieuses palestiniennes. L’audience privée, durant laquelle Mahmoud Abbas et le pape François ont échangé des cadeaux dans une atmosphère chaleureuse, a duré une vingtaine de minutes. Le chef de l’autorité palestinienne, invité du souverain pontife, a assisté le lendemain matin, avec 2 000 personnes venues de Palestine, d’Israël et de Jordanie et rassemblées sur la place Saint-Pierre, à la canonisation de Mariam Bawardi (1846-1878), fondatrice à Bethléem du premier couvent carmélite de Palestine, et de Marie-Alphonsine Ghattas (1843-1927), à l’origine de la congrégation du Très Saint Rosaire de Jérusalem. Un accord portant sur les droits de l’Eglise catholique dans les territoires, en négociations depuis quinze ans, de-

vrait être signé prochainement entre le Vatican et « l’Etat de Palestine », a annoncé mercredi le Saint-Siège. Depuis plus de deux ans, le Vatican se conforme à la formulation retenue par l’ONU, qui a admis en novembre 2012 la Palestine comme Etat observateur, tout en regrettant que l’« Etat en question » n’existe pas encore vraiment… Le Saint-Siège, qui a des relations diplomatiques avec Tel-Aviv depuis 1993, négocie également depuis 1999 un accord sur les droits juridiques et patrimoniaux des congrégations catholiques en Israël, en particulier leurs exonérations fiscales. Mais chaque rencontre semestrielle se solde par un échec. Le Vatican mène un exercice diplomatique délicat entre Israël et les Palestiniens, des communautés catho-

liques étant implantées de deux côtés dans ce berceau du christianisme qui reste un lieu important de pèlerinage. D’un côté, il veut éviter de froisser Israël et de réveiller les reproches liés au rôle de l’Eglise dans l’histoire en Europe. Mais il milite aussi pour une solution à deux Etats, pour un statut spécial reconnu à Jérusalem, ville des trois monothéismes, et pour les droits des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza. J.-P. D.

100 ans pour reconstruire Gaza « Il faudra plus d'un siècle pour reconstruire la bande de Gaza si le blocus israélien, qui limite les importations de matériaux de construction, n'est pas levé ». Constat de l’ONG, Oxfam, à la mi-avril, au cours d’une conférence de presse… « Des familles vivent depuis six mois dans des habitations sans toit, sans murs ou sans fenêtres. Beaucoup n'ont que six heures d'électricité par jour et sont privées d'eau courante », a déploré Catherine Essoyan, directrice régionale d'Oxfam. Selon l'ONG, 100 000 Gazaouis, dont une moitié d'enfants, vivent dans des installations provisoires, des abris de fortune ou chez des proches. L'opération « Bordure protectrice » que Tsahal a menée en juillet et en août 2014 a coûté la vie à plus de 2 100 Palestiniens, des civils pour la plupart, parmi lesquels une majorité LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Recherche bourreaux désespérément

de femmes, d’enfants et de vieillards. Côté israélien, 73 personnes, essentiellement des militaires, ont péri. Les destructions à Gaza ont atteint un niveau inédit jusqu’alors. Près de 20 000 habitations ont été détruites, les réseaux d’eau et d’électricité gravement endommagés, les terres agricoles saccagées. Ecoles et hôpitaux ne sont plus que ruines… Les Palestiniens vivent également sous la menace que représentent les roquettes et missiles qui n’ont pas explosé et sont enterrés sous les décombres. Il en resterait 7 000 selon les Nations Unies. Plus de 800 000 camions de matériaux sont nécessaires pour rebâtir les habitations, écoles et hôpitaux endommagés lors de l'offensive de Tsahal ordonné par Netanyahou. Seulement 0,25 % de ce total a effectivement été livré au cours des trois derniers mois, accuse Oxfam, regrettant également « que seule une petite partie des 5,4 milliards de dollars promis en octobre lors de la conférence des donateurs au Caire soit parvenue à ses destinataires ». Le Koweït, la Turquie, les Emirats arabes unis qui avaient promis chacun 200 millions de dollars n’ont à ce jour toujours rien versé… Le résultat des dernières élections législatives en Israël et la formation du nouveau gouvernement composé d’ultra-orthodoxes et de religieux fanatiques ne va pas arranger la situation. La colonisation et le blocus sur Gaza va se poursuivre. Jusqu’à quand les Gazaouis supporteront-ils misère et humiliation ? Le rapport présenté par Oxfam est en tous les cas très clair sur un point : « Alors qu’Israël estime que le blocus est nécessaire à sa sécurité, il a en réalité perpétué l’insécurité à Gaza et échoué à éviter les conflits » J.-P. D. 10 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

Annonce publiée en Arabie Saoudite : le royaume du Golfe recherche huit bourreaux pour exécuter les peines de mort et les amputations. Selon le formulaire de recrutement mis en ligne, le « fonctionnaire religieux » sera rémunéré par les plus bas salaires accordés aux employés de l’administration. La charge de travail devrait être lourde : l’Arabie Saoudite, à laquelle François Hollande a récemment rendu aimablement visite, a déjà mis à mort son 85e condamné depuis le début de l’année, alors qu’il y en avait eu 88 en 2014. Les autorités saoudiennes avaient un temps envisagé de recourir à des pelotons d’exécution, estimant que les décapitations publiques n'étaient pas assez rapides. La monarchie pétrolière n’a pas de code pénal en soi mais suit de façon littérale les préceptes du Coran qui préconisent de trancher la tête aux assassins, violeurs ou trafiquants de drogue.

Dossier Mistral

Ce qui attend le contribuable La vente des Mistral français à la Russie a du plomb dans l’aile depuis la crise en Ukraine et le contribuable français pourrait devoir mettre la main à la poche. Au lieu de rapporter 1,2 milliard à la Direction des constructions navales (DCNS) et à ses sous-traitants - 890 millions d’euros ont déjà été versés -, l’annulation de la vente des Mistral coûterait entre 2 et 5 milliards d’euros à la France au titre du contrat non rempli. François Hollande, qui rechigne à livrer les porte-hélicoptères, souhaite réduire les dommages. Sauf que, selon une source proche du dossier, Russes et Français peinent à se mettre d’accord sur les sommes à rembourser. « La France veut nous rendre moins que les 890 millions déjà payés ! De qui se moque-t-on ? » s’indigne-t-on chez ROE, l’acheteur des Mistral. En réalité, si l’on s’en tient au contrat, la partie française n’est pas très bien lotie : les Russes se sont déjà opposés à toute

vente à l’exportation si les Mistral ne lui sont pas cédés. Le coût de leur démantèlement s’élèverait entre 15 et 20 millions d’euros pour chaque navire, selon un fonctionnaire du ministère de la Défense. Par ailleurs, entre les intérêts, les frais de maintenance (5 millions d’euros par mois), les pénalités de retard, on atteint déjà près de 300 millions d’euros. Et ce sans compter les dommages-intérêts. Le gouvernement a beau jeu de faire croire que DCNS perdra peu dans l’affaire. La Coface, l’organisme d’Etat qui assure les produits à l’exportation, prend en charge 95 % des pertes de l’entreprise française. Mais la Coface, c’est Bercy, donc le contribuable… Aziz Zemouri Le Point, 14 mai 2015

Les dates-clés 10 juin 2011 : Signature du contrat. 14 novembre 2014 : Livraison prévue du premier Mistral. 24 novembre 2014 : L’Elysée ajourne la livraison en raison du conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine. 16 mai 2015 : Le délai de non-exécution du contrat pour cas de force majeure expire et ouvre le droit à compensation pour la partie russe. 31 juillet 2015 : Arrivée à échéance des sanctions européennes contre la Russie (même si celles-ci ne s’appliquent pas directement à la livraison des navires). 31 octobre 2015 : Livraison prévue du second Mistral.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Contexte Le 29 avril, la Süddeutsche Zeitung révélait que la station d’écoutes des services de renseignements allemands de Bad Aibling a été détournée pendant des années à des fins d’espionnage contre des Etats européens, dont la France. Le BND a aidé la NSA à espionner non seulement des entreprises européennes comme EADS, mais aussi des hommes politiques et des institutions européennes, commente Der Spiegel. L’affaire plonge le BND dans l’une de ses plus grosses crises et pose la question : Est-ce qu’au nom de la lutte contre le terrorisme les services secrets américains doivent avoir accès à des millions de données allemandes, avec l’aide du BND et sans véritable contrôle politique ? Cette affaire risque de prendre de l’ampleur et d’embarrasser la chancelière Angela Merkel, elle qui avait déclaré, en apprenant en octobre 2013 que la NSA avait mis sur écoute son propre portable : « L’espionnage entre amis, ça ne se fait pas. » Ce scandale mettra à mal nos relations avec nos voisins, conclut Der Spiegel : « Est-il plus important d’avoir une bonne coopération avec les Etats-Unis plutôt que la confiance de nos partenaires européens ? » Courrier International N° 1279 7/12 mai 2015

Dessin de Bertrams paru dans De Groene, Amsterdam

Le silence stratégique de la France Les révélations sur l’espionnage du gouvernement français par les services secrets allemands pour le compte de la NSA américaine scandalisent la presse germanique. A Paris, en revanche, les accusations ne suscitent que peu de réactions. Die Tageszeitung Berlin De Paris Si le scandale du BND [Bundesnachrichtendienst, service de renseignements fédéral] a suscité de la colère en Allemagne, ce n’est pas le cas en France, où même le palais de l’Elysée et le siège du gouvernement n’auraient pas été à l’abri de cette opération d’écoutes électroniques. Ni Hollande ni son Premier ministre Manuel Valls ne se sont exprimés publiquement à ce sujet. Laissons tomber, dit-on du côté du ministère des Affaires étrangères, l’Allemagne a diligenté une enquête parlementaire, en conséquence de quoi la coopération avec les Etats-Unis s’est retrouvée sur la sellette. Bref, Berlin aurait donc fait ce qu’il faut. Sur ce point, Paris reste de toute façon en contact étroit avec l’Allemagne, a assuré le ministre Laurent Fabius. Il n’y a que tout à droite, et tout à gauche, que l’on a réagi. Le fait que l’Allemagne ait espionné la France serait une « honte », s’est emporté le secrétaire

général du Front national Florian Philippot. Et Nicolas Dupont-Aignan, chef du petit parti Debout la France, exige que la chancelière Angela Merkel présente des excuses publiques aux Français. Exigences exprimées également par Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche. Rien d’étonnant à ce que le gouvernement garde le silence. Car le 5 mai, une loi exhaustive prévoyant l’attribution de compétences nettement élargies aux opérations de surveillance des services de renseignements était débattue [et adoptée] à l’Assemblée nationale. Un scandale d’espionnage n’est donc pas du tout dans l’intérêt du pouvoir. En effet, on sait depuis longtemps que dans l’immeuble de la DGSE, un petit frère du « Big Brother de la NSA a été installé et qu’il écoute déjà à grande échelle, et en toute illégalité, tous les canaux de communications, y compris les câbles téléphoniques, qui partent de la côte atlantique en direction de l’outre-mer. Ce qui devrait désormais

être non seulement légalisé, mais en outre renforcé. Sans ordonnance d’un juge, seul le Premier ministre en étant informé, il sera possible de mettre sur écoutes presque toutes les formes de communications par téléphone ou Internet. Les données récupérées seront en outre stockées, ce qui permettra, lors d’enquêtes, d’avoir accès à des données détaillées sur les utilisateurs, leur localisation, la fréquence et la durée de leurs conversations. Grâce à des algorithmes spécialement conçus, le contenu des conversations pourra également être surveillé. Tout cela étant justifié par « l’intérêt national » dans la lutte contre le terrorisme. Jean-Marie Delarue, le président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité [autorité indépendante chargée de vérifier la légalité des autorisations d’écoutes], considère pour sa part ce projet de loi comme « un danger, même aux mains de républicains ». Rudolf Balmer Courrier International N° 1279 - 7/12 mai 2015

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Palestine/Israël

Orange a des liaisons dangereuses Des organisations de la société civile dénoncent la relation d’affaires entre le groupe Orange, son actionnaire l’Etat français et l’entreprise Partner, active dans les colonies israéliennes situées en territoires palestiniens occupés. Après de multiples démarches, infructueuses, pour entamer un dialogue avec l’entreprise Orange, cinq organisations non-gouvernementales et deux syndicats1 ont publié, le 6 mai dernier, un rapport démontrant, que par sa relation d’affaires avec la société israélienne de télécommunications Partner, Orange participe indirectement au maintien et au renforcement des colonies israéliennes considérées illégales par la communauté internationale. Selon le rapport des ONG et des syndicats, « Partner fait construire des infrastructures sur des terres palestiniennes confisquées et offre des services aux colons et à l’armée israélienne ». L’entreprise tirerait par ailleurs profit des limitations imposées à l’économie palestinienne par Tel-Aviv en contribuant ainsi à son asphyxie. Ces organisations de la société civile se mobilisent et interpellent Orange, depuis plusieurs années, au sujet de son contrat avec Partner qui permet à l’entreprise d’utiliser la marque Orange. Crucial pour la stratégie marketing de Partner, ce contrat de licence de marque a même été renouvelé en 2011, et inclut maintenant le paiement d’une redevance à Orange, qui tire donc profit de cette relation. Un amendement au contrat en 2015 prévoit la hausse de cette redevance à partir de 2019. « Au

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regard de sa responsabilité de respecter les droits humains et conformément aux principes directeurs de l’OCDE et des Nations Unies ainsi qu’en vertu de la charte de déontologie du groupe », les auteurs du rapport estiment « qu’Orange doit mettre un terme à sa relation d’affaires avec Partner ». En dépit des interpellations répétées à l’endroit d’Orange, les organisations « regrettent que ni l’entreprise, ni les autorités françaises n’aient jusqu’à ce jour pris les mesures qui s’imposent ». Elles estiment qu’« en tant que principal actionnaire minoritaire du groupe (25.05 % du capital), le gouvernement français doit prendre toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce qu’Orange reconsidère sa relation d’affaires avec Partner et mette fin à toutes activités l’impliquant dans des violations des droits de l’homme et du droit international ». Jusqu’à présent, les autorités françaises permettent indirectement à l’entreprise de tirer profit d’actes israéliens internationalement illégaux qui sous-tendent la mise en place et le maintien des colonies dans les territoires palestiniens occupés. Cette situation est d’autant plus paradoxale que la France, tout comme l’Union européenne et d’autres gouvernements européens, a rappelé à plusieurs reprises que les colonies israéliennes étaient illégales au regard du droit international et constituaient un obstacle à la paix. Le gouvernement a adressé un avis mettant en garde les entreprises françaises contre les risques juridiques et économiques associés aux activités et transactions menées dans ces colonies. Conformément à cette déclaration, les pouvoirs publics seraient récemment intervenus auprès de la société Safege, une entreprise im-

pliquée dans les études préparatoires pour le téléphérique de Jérusalem Est, qui a depuis annoncé son retrait du projet. « Nous attendons des autorités françaises qu’elles interviennent également auprès et au sein d’Orange », exigent les ONG. Le rapport s’inscrit dans la campagne « Made in Illegality » qui appelle les gouvernements européens à mettre un terme aux relations économiques avec les colonies israéliennes afin d’obliger Netanyahou à mettre fin à la colonisation et d’établir des bases pour une paix durable dans la région. Le 28 avril dernier, Orange a pris contact avec les auteurs de ce rapport pour proposer une rencontre… J.-P. Delahaye

1. Les organisations auteures du rapport sont : CCFD-Terre Solidaire, FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme), Al Haq, Association France Palestine Solidarité, Confédération générale du travail (CGT), Ligue des droits de l’homme (LDH), Union syndicale solidaires.


LE CAHIER MÉMOIRE N° 813 MAI 2015

Par Paul Markidès

L’anéantissement de l’Allemagne hitlérienne et de son armée a exigé jusqu’aux derniers jours de leur existence une vigilance et une lutte de tous les instants des forces qui les combattaient. Jusqu’à la veille du 8 mai 1945, les nazis ont tout tenté, recherchant même un accord séparé à l’Ouest avec les représentants des armées anglaise et américaine, après avoir été battus lors de leur contre-offensive des Ardennes sur laquelle ils comptaient pour reprendre le terrain perdu en France. La victoire du 8 mai 1945 résulta de l’action combattante de quatre grandes forces : A l’Ouest les armées alliées anglaises et américaines avec les concours déterminants de la 2e division blindée française commandée par le général Leclerc qui débarquèrent sur les côtes normandes et de la première armée française commandée par le général de Lattre de Tassigny qui débarqua en Provence. A l’Est l’armée soviétique qui, après avoir battu les armées nazies à Stalingrad, Leningrad et Koursk, devait libérer le complexe de concentration et d’extermination d’Auschwitz en Pologne et arriver à Berlin. Et quatrième force essentielle du combat libérateur, souvent succinctement évoquée aujourd’hui : la Résistance des peuples dans tous les pays occupés par les nazis. Dans notre pays, elle avait su, à l’initiative

ÉDITO

8 mai 1945, jusqu’au bout la France s’est battue

de Jean Moulin, se coordonner et organiser les combats libérateurs finaux tout en préparant le retour de la démocratie sociale et politique dans le cadre du programme du Conseil National de la Résistance (CNR). Sa puissance était telle que le général américain Eisenhower, commandant en chef des troupes alliées à l’Ouest, reconnut qu’elle représentait 15 divisions.1 Enfin, le jour même du 8 mai 1945 à Berlin, le général de Lattre de Tassigny, envoyé du général de Gaulle

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

pour apposer la signature de la France sur l’acte de reddition sans condition de l’Armée hitlérienne avec celles des représentants anglais, américains et soviétiques, a dû encore faire respecter et imposer la signature française que contestait le représentant américain. Ainsi, la France s’est battue jusqu’au bout au combat libérateur. 1. Cité par Pierre Brion : La France atomisée dans « la France des années noires ». Editions du Seuil.


LE RÉVEIL DOSSIER

La Résistance Quatrième force libératrice »1 Après les armées alliées à l’Ouest et l’armée soviétique à l’Est, la Résistance prit corps chez tous les peuples opprimés par les nazis qui durent compter avec elle plus qu’ils n’y pensaient. Il y a là un des visages de la résistance, celui des patriotes qui se refusent à la capitulation ; il y a un autre visage, celui des humanistes soucieux de la défense de leur idéal de liberté, d’égalité et de fraternité, celui des chrétiens que révoltent le totalitarisme, le racisme, le néo-paganisme hitlériens. Pour eux l’objectif prioritaire est d’empêcher à tout prix les services de propagande de Goebbels et des Etats satellites, y compris en France les doctrinaires de la Révolution nationale (Pétain), les tenants de l’Europe nouvelle et la presse asservie d’endoctriner l’opinion des pays occupés. La presse clandestine et toute une littérature diffusée sous le manteau constitueront un des bastions de la Résistance. Ce qui est le plus frappant dans ce sursaut de la Résistance, c’est qu’il s’observa dans la totalité des pays occupés et qu’il offrira partout les mêmes caractéristiques. Mais les résistances de toute obédience des divers pays d’Europe, tant en Occident qu’à l’Est, ne tenteront jamais de concerter leurs activités et d’élaborer une politique ou une tactique communes. D’abord la spontanéité. L’organisation, les inter-liaisons, l’unification viendront plus tard. La Résistance surgit tout d’abord au hasard, sans tenir compte des opinions passées, des appartenances 14 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

politiques ou confessionnelles, des milieux sociaux. Elle ne réunira le plus souvent qu’une minorité assez infime par le nombre, mais décidée et agissante, capable de jouer parfois un rôle de tout premier ordre, soit seule de sa propre initiative, soit en coopération avec le commandement interallié. Mais elle suscitera partout un esprit de désobéissance larvée, une passivité constante dans l’observation des consignes imposées par l’ennemi et les gouvernements placés sous son contrôle, un état permanent de complicité tacite au bénéfice des résistants actifs. Elle exploitera contre l’occupant toutes les difficultés d’ordre économique venant du rationnement, des réquisitions, toutes les entraves à la vie familiale du fait de la réglementation de la circulation, de l’établissement des zones,

des ponctions de main-d’œuvre, toutes les pressions sur la presse locale, les interdictions d’écoutes radiophoniques. Dans la majorité des cas, la Résistance, lorsqu’elle s’organise, vise des objectifs dépassant l’expulsion de l’armée d’occupation et l’éviction des gouvernements et administrateurs mis en place ou soutenus par l’ennemi ; elle souhaite une rénovation plus ou moins complète des institutions dans un sens plus démocratique, une économie dirigée à l’abri des contraintes du grand capitalisme et des trusts, la nationalisation des principaux moyens de production, la protection de la presse d’opinion. 1. Extrait de L’encyclopédie de la guerre 1939-1945. Editions Casterman.


DOSSIER LE RÉVEIL

« Dans la capitulation nazie, une manœuvre avortée »1 Le 30 avril 1945, Hitler par son testament avait transmis ses fonctions à l’amiral Dönitz. De son quartier général de Flensburg, dans le Schleswig, le grand amiral s’efforça pendant une semaine de retarder une capitulation générale devenue inévitable. Tout en maintenant une résistance acharnée à l’Est, il comptait faire passer le maximum de réfugiés et de troupes à l’Ouest, de manière à leur éviter la captivité soviétique et obtenir des « capitulations tactiques sur le terrain ». Déjà, le 29 avril, l’armée d’Italie s’était rendue au maréchal Alexander. Suivant le même processus, les unités engagées devant les Britanniques dans le nord de l’Allemagne furent admises à capituler, le 4 mai, devant Montgomery.

la force allée a été accomplie, le 7 mai 1945, à 2 h 41, heure locale. » En fait, les combats ne devaient cesser que le 8 à 23 h 01. La capitulation de Reims provoqua l’irritation de Staline qui affirma que l’Union Soviétique s’en trouvait exclue. Le général Susloparov fut rappelé à Moscou pour recevoir un « châtiment sévère ». Une seconde reddition plus solennelle devait intervenir. Elle eut lieu, le 8 mai 1945, en fin de soirée à Berlin. Le maréchal Keitel signa l’acte de capitulation, en présence du maréchal Joukov, et du maréchal de l’air britannique Tedder. Participaient à la cérémonie, à titre de témoins, le général américain Spaatz et de Lattre de Tassigny, arrivé à Berlin sur les instructions de De Gaulle. La présence de De Lattre arracha un cri de dépit à Keitel : « Les Français sont là ! Nous sommes bien bas. » En vertu de ces deux

La cérémonie, simple et brève, eut lieu le 7 mai, en pleine nuit. Signèrent successivement Bedell Smith, le chef d’état-major d’Eisenhower, le général soviétique Susloparov et, à titre de témoin, le général français Sevez. Avec une belle simplicité, le commandant des armées put écrire sur son journal d’opérations : « La mission de

Ph. E.C.P.A.

Encouragé par ces précédents, Dönitz caressa alors l’espoir d’un arrêt des combats, limité au théâtre occidental, ce qui faciliterait le dégagement des forces opposées à l’Armée rouge. Mais le 6 mai, à Reims, Eisenhower déclara au général Jodl, l’envoyé du grand amiral, qu’il ne pourrait y avoir qu’une capitulation générale et immédiate sur tous les fronts. Confronté à une situation devenue chaotique, Dönitz s’inclina devant ce qu’il appela une « véritable extorsion » et autorisa Jodl à signer.

cérémonies, la capitulation fut célébrée avec un jour de différence entre l’Ouest et l’Est. Annoncée dans les capitales occidentales le 8 mai, elle le fut seulement le 9 à Moscou. Depuis, le décalage de la commémoration de la victoire s’est maintenu. 1. Philippe Masson, extrait de Historica spécial, n° 460, avril 1989.

Le général Carpentier, commandant de la 2e division d’infanterie marocaine, en route vers Germersheim et le centre industriel de Spire.

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LE RÉVEIL DOSSIER

« La signature de la capitulation de l’armée nazie »1 Bernard Simiot a été désigné par le général de Gaulle pour signer au nom de la France, à Berlin, l’acte de capitulation de l’armée nazie, avec deux de ses collaborateurs, le colonel Demetz et le commandant Bondoux. Lorsque les trois hommes débarquent sur l’aérodrome de Tempelhof, ils craignent d’arriver en retard au rendez-vous de la victoire car l’avion américain qui les a transportés n’est pas arrivé à l’heure. Inquiet, de Lattre interroge un général russe venu à sa rencontre. - Les chefs américains et anglais sont-ils arrivés ? - Oui - Où sont-ils partis ? - Je ne sais pas, mon général. - A quelle heure signe-t-on ? - Je l’ignore. - Où dois-je me rendre ? - Je n’en sais rien. Mais il y a là des voitures qui vous attendent et leurs chauffeurs savent où vous conduire. Les chauffeurs russes, impassibles, muets, démarrèrent aussitôt et traversèrent Berlin où les combats avaient cessé depuis vingt-quatre heures et où l’on tiraillait encore çà et là. La ville était encore chaude et fumante, immense ruine qui perdait ses entrailles dans les rues où rôdaient des groupes de combat, mitraillettes au point. Hébétées, hagardes, des faces blêmes sortaient des soupiraux. On arriva enfin dans un faubourg de Berlin, à l’Ecole des sous-officiers de Karshort, où les autos stoppèrent devant un petit pavillon. Là, dans une chambre mise à la disposition des Français, on avait ins16 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

tallé trois sommiers métalliques recouverts d’un drap blanc, une table et un escabeau. Les Russes se retirèrent. Tout cela semblait mystérieux et avait presque une odeur d’enlèvement. Que se passait-il ? Etait-on arrivé en retard ? On n’avait rencontré ni un Américain, ni un Anglais. Partis en quête de renseignements, le colonel Demetz et le commandant Bondoux apprennent que l’heure de la signature n’est pas arrêtée, que la délégation américaine que dirige le général Spaatz se trouve dans une demeure non moins agréable. De fort mauvaise humeur, ulcéré d’être traité en parent pauvre, de Lattre se rend chez Tedder. Il y apprend une nouvelle inattendue : l’acte de reddition sera signé par le maréchal Joukov, pour les armées de l’Est, par le maréchal Tedder, représentant Eisenhower, pour les armées de l’Ouest, puis par Keitel au nom de la puissance et des armées vaincues. - Et la France ? dit de Lattre dont le visage s’est contracté. - Ce ne sont pas les nations qui signent, fait Tedder, mais les commandants des armées alliées. - Comment ? répond de Lattre, mais c’est invraisemblable ! J’ai reçu l’ordre de signer, moi, au nom de mon pays. Je suis venu ici pour remplir cette mission. Au nom de mon pays qui a donné tant de souffrances à la cause commune, au nom de mon armée qui a donné son sang, autant qu’une autre, pour la victoire. Je n’admets pas d’être le simple spectateur que vous prévoyez. La France mérite une autre part. Avez-vous songé que si je ne

signe pas, l’Allemagne contestera un jour à la France sa participation à la victoire ? Véhément dans le ton, de Lattre mesure cependant ses paroles. Mais il ne s’agit pas d’un simple incident. Tedder le comprend, comme il saisit la position à la fois psychologique et politique de son interlocuteur. - Personnellement, je vous donne mon accord, finit par dire le maréchal de l’Air. Mais je ne suis pas seul. Je vais voir Joukov. De Lattre va visiter les lieux où la cérémonie se déroulera tout à l’heure, constate que, seul, le drapeau français manque, donne l’ordre à Demetz de se débrouiller pour en confectionner un, et se rend lui aussi chez Joukov. Le général russe, colosse à la tête massive éclairée de deux yeux étranges, froids et gris, accueille le général français avec la franchise cordiale d’un camarade de combat. De Lattre recommence aussitôt sa plaidoirie, sort le grand jeu de la séduction – émotion et violence – et Joukov écoute en silence de Lattre lui parler de son pays et de son armée. Emu, il dit soudain : - Mon général, vous signerez pour la France ! - Pardon, objecte Spaatz qui est présent, dans ces conditions je veux signer aussi pour les EtatsUnis… - Soit, coupe Joukov. Nous signerons tous les quatre et nous affirmerons ainsi notre victoire commune. De Lattre, tout joyeux, se rend auprès des secrétaires qui ont déjà dactylographié le protocole de la capitulation en dix-huit exem-


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plaires. Il faut tout recommencer. Vers vingt heures, Tedder dit à de Lattre : - Rien ne va plus ! Joukov me demande. Il paraît que tout est remis en question. - Monsieur le maréchal, réplique de Lattre, je remets mon sort entre vos mains. Si je rentre en France, sans avoir signé, je… je… serai guillotiné ! Tedder s’éloigna en riant. Que s’était-il passé ? Le commissaire du peuple Vichinsky venait d’arriver à Berlin, et avec les préoccupations politiques. A peine avait-il pris connaissance du protocole sur lequel les militaires s’étaient mis d’accord qu’il s’était exclamé : - Cette combinaison est impossible. On peut comprendre que la France envahie pendant quatre ans veuille concrétiser sa revanche par une signature indépendante de celle du représentant du Commandement des armées de l’Ouest, mais pourquoi l’Amérique signerait-elle puisque le maréchal Tedder est ici pour signer déjà au nom du général Eisenhower ? - Dans ces conditions, répliqua vertement Spaatz, je ne vois aucune raison pour que la France signe, si les Etats-Unis ne signent pas. Comment sortir de cette impasse ? Au bout d’une heure de discussion, on se mit d’accord sur une nouvelle formule : les deux commandants en chef, c’est-à-dire le général Joukov et le général Eisenhower – représenté par Tedder – signeraient en tant que « parties », de Lattre et Spaatz en tant que « témoins ». Alors, les dactylos se remirent au travail. 1. Extrait du livre de Bernard Simiot : De Lattre. Editions Flammarion.

La fin d’Hitler et des siens1 En cette aube du dimanche 29 avril 1945, Adolf Hitler parle vite, d’une voix sourde, et sa secrétaire Frau Gertrude Junge ne peut le suivre que parce qu’il lui semble non pas découvrir ces phrases, mais les reconnaître. Elle les a lues dans Mein Kampf, elle les a entendues lors des discours que tout au long de cette décennie les radios – et les journaux – ont diffusés chacun plusieurs fois. Le Führer n’a pas changé, mais Himmler et Goering le trahissent, les Russes sont à quelques centaines de mètres de la Chancellerie, les Américains sont sur les rives de l’Elbe et ils fraternisent avec les Russes. Frau Gertrude Junge est émue aux larmes quand Hitler, dans ce qu’il appelle son « Testament politique », dit : « Depuis trente années, seuls mon amour pour mon peuple et ma fidélité envers lui ont guidé mes pensées, mes actes et ma vie… » Il répète qu’après « les horreurs de la Première Guerre mondiale », il n’a jamais « désiré qu’il s’en produisit une autre contre l’Angleterre ou l’Amérique… » Il dénonce les responsables : « La juiverie internationale et ses adeptes. » Frau Gertrude Junge est bouleversée lorsqu’elle entend le Führer déclarer : « Après six ans d’une guerre qui, malgré ses revers, s’inscrira un jour dans l’Histoire comme la plus glorieuse et la plus héroïque manifestation du désir de vivre d’une nation, je ne puis abandonner la ville qui est la capitale de notre pays… Je tiens à partager le sort des millions d’êtres qui ont accepté de rester ici. De plus, je ne veux pas tomber aux mains de

l’ennemi qui cherche à s’offrir un nouveau spectacle, présenté par les Juifs, dans le seul but de divertir ses masses hystériques. Par conséquent, j’ai décidé de rester à Berlin et d’y choisir volontairement la mort, au moment où je jugerai que la position du Führer et de la Chancellerie ne peut être tenue plus longtemps. Je meurs la joie au cœur, conscient des accomplissements immenses de notre peuple, paysans, ouvriers, et de l’apport incomparable qu’a fait à l’Histoire notre jeunesse qui porte mon nom. » Frau Gertrude Junge ne veut pas douter de son Führer, et l’émotion, la concertation que la prise de ce texte exige l’empêchent de penser à ces villes qui ne sont plus qu’amas de ruines, à ces millions de cadavres laissés, le plus souvent, sans sépulture, à ces enfants jetés dans la fournaise de la guerre, à la manière dont elle avait tourné la tête pour ne pas voir ces familles qu’on poussait dans les trains, qui avaient la mort pour destination. Elle en est sûre : il est innocent, on a trompé le Führer, on l’a trahi. Il le sait et il a raison de décider de condamner les traîtres. « Avant ma mort, dit-il, j’exclus du Parti et je relève de toutes ses charges l’ex-Reichsführer des SS et ministre de l’Intérieur Heinrich Himmler. En plus de leur manque de loyauté envers moi, Goering et Himmler ont attiré sur la nation tout entière une honte ineffaçable, en négociant secrètement avec l’ennemi, à mon insu et contre ma volonté, et aussi en essayant de s’emparer illégalement du pouvoir. » LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER

Ces deux « traîtres » avaient été, avec Goebbels, ses camarades de parti les plus proches depuis les années 1920 ! Et ils l’avaient trahi ! Le Führer indiquait à l’amiral Dönitz, président du Reich, qu’il devait choisir Goebbels comme Chancelier. Hitler laissait en outre une consigne : « Avant tout, je recommande au gouvernement et au peuple de garder en vigueur les lois raciales et de résister impitoyablement à cet empoisonneur de toutes les nations qu’est le Juif. » Hitler ne renie donc rien, ni la guerre et ses monceaux de cadavres, ni l’extermination de millions d’humains pour la seule raison qu’ils étaient juifs ! Ce fou a donc gouverné avec cynisme, et souvent habilité, l’une des grandes puissances du monde. Ce fou a fait partager sa folie à des dizaines de millions de personnes. Ce fou a répandu cette « peste brune ». Et ce fou jouait, avec grandiloquence, au héros, à l’amant fidèle. Il dit dans son « Testament personnel » : « Bien que durant les années de lutte je n’aie pu assumer les responsabilités d’un mariage, maintenant – avant la fin de ma vie – j’ai décidé de prendre pour épouse la femme qui, après des années de fidèle amitié, est venue librement me rejoindre dans cette ville déjà presque encerclée, afin de partager mon sort. Elle entrera dans la mort avec moi, selon son propre souhait, en tant que ma légitime épouse. Ce sera pour nous une compensation de ce dont nous ont privés les exigences de ma mission au service de mon peuple. » Goebbels a pris connaissance de ces textes qu’avec Bormann et 18 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

deux généraux – Krebs et Burgdorf – il a paraphés. Il se retire dans sa chambre et, en larmes, écrit son testament, « Appendice au Testament politique du Führer ». « Le Führer m’a ordonné de quitter Berlin… et de participer en tant que membre dirigeant au gouvernement désigné par ses soins. Pour la première fois de ma vie, je dois refuser catégoriquement d’obéir à un ordre du Führer. Ma femme et mes enfants se joignent à moi dans ce refus. En dehors du fait que des sentiments d’humanité et de fidélité personnelle nous interdisent d’abandonner le Führer en cette heure suprême, je craindrais de passer pour un traître infâme, pour un misérable jusqu’à la fin de mes jours ; de plus, je perdrais tout respect de moi-même et le respect de mes concitoyens… « Dans le cauchemar de trahison qui enveloppe le Führer, en ces jours très critiques de la guerre, quelqu’un doit demeurer auprès de lui, sans réserve, jusque dans la mort…

« Je suis donc persuadé de rendre le plus grand service au peuple allemand par ma conduite. Dans l’avenir difficile qui nous attend, les exemples prendront plus d’importance que les hommes… « Pour cette raison, en accord avec ma femme, et de la part de mes enfants qui sont trop jeunes pour exprimer une opinion personnelle mais qui approuveraient sans réserve cette décision s’ils étaient en âge de la comprendre, j’exprime mon inébranlable résolution de ne pas quitter la capitale du Reich, même en cas de défaite, et de préférer rester aux côtés du Führer pour terminer une existence qui n’aura plus de valeur si je ne puis la passer au service du Führer et près de lui. » Il est 5 h 30 ce dimanche 29 avril 1945. Goebbels vient de prendre l’engagement de précipiter dans l’abîme de la mort ses six enfants. 1. Extraits de Max Gallo de l’Académie française : Une histoire de la 2e Guerre mondiale 1944-1945, le triomphe de la liberté.


DOSSIER LE RÉVEIL

Après la victoire une rescapée de Bergen-Belsen se souvient Ma sœur cadette et moi, israélites polonaises, nous étions réfugiées à Sorgues, dans le Vaucluse. En 1992, après l’occupation du Sud par les nazis, notre existence devint très difficile. La population était très aimable mais le maire de Sorgues, membre du Parti populaire français (PPF), m’imposa d’incroyables tracasseries. Il m’injuria d’horrible façon, alors qu’il savait que mon mari avait combattu à titre d’engagé volontaire étranger pour la France en 1940 et était à l’époque prisonnier en Allemagne. Plus tard, il dénonça notre condition d’israélites à la Gestapo de Marseille. Un sinistre matin de mars 1944, à 11 h 30, je vis arriver un officier de la Gestapo accompagné de miliciens. Ils m’arrêtèrent immédiatement ainsi que ma sœur et d’autres juifs de Sorgues.

Gazée à Auschwitz Durant vingt-quatre heures, sans nourriture, nous fûmes détenues sur la place de la Mairie. Après quoi, il y eut les Baumettes à Marseille et Drancy. Puis vint la date fatidique. Le 18 avril 1944, je fus séparée brutalement de ma sœur cadette. Déportée à Auschwitz, elle fut gazée dès son arrivée le 21 avril 1944. Elle avait vingt-trois ans. Quant à moi, je fus déportée, en tant que femme de prisonnier, au camp de Bergen-Belsen. C’était l’enfer. Les nazis nous dépouillèrent de tout. La faim faisait d’incroyables ravages. Les morts se comptaient par centaines. Je pouvais à peine tenir debout. Le froid accroissait la mortalité. Je ne parle pas des coups que

m’infligèrent les S.S. Ils me cassèrent beaucoup de dents. Le travail était dur. Il commençait à 5 h et se terminait à 19 h 30 avec pour toute nourriture un mince morceau de pain rassis et un peu d’eau bouillie entrecoupée de rutabaga. Une fois, à minuit, on réveilla notre baraquement avec des vociférations stridentes. Ils nous envoyèrent au bain. Ce fut un bain où les hommes et les femmes du camp, entièrement nus, durent se laver à grande eau glacée. Beaucoup, déjà affaiblis, moururent de congestion pulmonaire. Au retour du bain, dans la nuit, je vis arriver un convoi provenant de Pologne avec des jeunes filles. La plus grande partie de ma famille était demeurée en Pologne (mes parents, mes sœurs, mon beau-frère et ma petite nièce furent gazés à Auschwitz).

Le miracle Quand je vis arriver le convoi je fus littéralement saisie d’hystérie. En polonais, de toutes mes forces, je criai : - Qui vient de Sosnowiec ? (C’était ma ville natale). Mon cœur me disait que j’étais là à un rendez-vous fixé par le destin. Le convoi se composait d’au moins trois mille personnes. Je courus à perdre haleine, ne craignant pas les sentinelles et leurs mitraillettes. Je demandai aux malheureuses s’il y en avait de Sosnowiec. On m’indiqua la tête du convoi. Là se produisit le miracle… Je criais de plus en plus fort mon nom avec l’espoir qu’on me répondrait. J’entendis alors un cri

perçant qui répondait au mien. C’était ma sœur, la plus jeune. Elle avait dix ans en 1935 quand j’avais quitté la Pologne. Je la reconnus instantanément, bien qu’épuisée par la maladie elle fut reconnaissable. Ainsi donc, j’avais perdu à Drancy une sœur – assassinée à Auschwitz – j’en retrouvais une autre à Bergen-Belsen. Nous tombâmes dans les bras l’une de l’autre en pleurant à chaudes larmes. Les soldats SS retirèrent de la file les jeunes filles qui ne pouvaient plus se traîner. Ils leur dirent de rester là en attendant qu’une voiture vienne les ramasser. Ma sœur faillit être du nombre. Mais ses compagnes la sauvèrent de justesse. Elles l’emmenèrent dans leur baraque. La gardienne - « kapo » - de cette baraque n’était pas terrible. Je lui donnai ma nourriture afin qu’elle accorde à ma sœur le droit de sortir et d’être transférée dans le bâtiment où logeaient les juifs hongrois. Je savais que ces derniers bénéficiaient de passeports américains et qu’ils étaient théoriquement couverts par eux. Ma sœur fut ainsi sauvée d’une mort certaine. Du coup, elle abandonna son habit rayé et revêtit des habits civils trouvés dans la baraque hongroise. Celle-ci était séparée de la mienne par une rangée de barbelés.

Le train errant Le jour suivant, j’organisai le transfert de ma sœur. C’était très dangereux. Au prix de ma vie, je décidai, avec la complicité active de mes compagnes, de déblayer la terre sablonneuse sous les LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER

barbelés et d’aménager un passage pour que ma sœur puisse passer. Cependant la fin de la guerre approchait. Le bruit du canon retentissait déjà au loin. Nous reçûmes l’ordre d’évacuation. Nous partîmes pour Theresinstadt, en Bohême. Non loin du camp, les nazis amenèrent un train à bestiaux. Cinq mille déportés y furent chargés. Nous étions sans nourriture et sans eau dans ce train, qui erra d’un front à l’autre, entre l’armée

britannique et les avant-gardes cosaques de l’armée russe. La mort nous fauchait à larges brassées. Le typhus se répandait. Je fus atteinte ainsi que ma jeune sœur. A chaque arrêt du train, nous lancions sur les talus les morts dont le nombre croissait irrésistiblement. Nous crûmes d’ailleurs notre dernière heure arrivée quand les avions anglais vinrent nous bombarder. Heureusement, seul le wagon de queue fut atteint et brûla. Il était vide. Les SS le détachèrent du convoi et le train, allégé, roula plus vite jusqu’à Trebitz, où nous fûmes libérés par les Russes.

Le dénonciateur exécuté par un membre de la Résistance Trebitz fut improvisé en hôpital de campagne. Les déportés y logèrent, aussi longtemps que dura la quarantaine, sous la surveillance stricte des médecins militaires soviétiques. Dans ce village-hôpital, beaucoup des

Une sanction pour faits de collaboration Bien avant la capitulation de l’Allemagne nazie, dès le 16 janvier 1945, les usines Renault sont nationalisées. Après la nationalisation des Houillères nationales du Nord et du Pas-de-Calais, c’est au tour des usines Renault de connaître un sort identique. Sous séquestre depuis le 4 octobre 1944 pour faits de collaboration avec l’ennemi, la firme de Billancourt devient régie nationale. Dotée de la personnalité civile, de l’autonomie financière, elle est dirigée par un président-direc20 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

teur général nommé en Conseil des ministres et par un conseil d’administration au sein duquel siègent représentants de l’Etat, du personnel et des consommateurs. D’autres entreprises ayant elles aussi collaboré seront nationalisées plus tard, dont Gnôme et Rhône (29 mai 1945). Enfin des entreprises, jugées stratégiques, passeront sous le contrôle de l’Etat : transports aériens (Air France), RATP, Banque de France et le secteur de la production et de distribution du gaz et de l’électricité.

nôtres moururent. Plus tard, des camions militaires américains pénétrèrent dans la zone d’occupation russe pour nous ramener en France. Après l’étape de Strasbourg, où nous passâmes devant une commission médicale, nous partîmes pour Paris, Paris… Paris que j’avais quitté un matin de juin 1940. Après la guerre, je partis pour Sorgues. Là, j’appris que le jour de mars 1944 où je fus arrêtée avec ma sœur cadette, le secrétaire général de la mairie qui nous avait dénoncées avait été abattu. Un résistant étant venu ce jour-là vers 13 h 30 le voir alors qu’il déjeunait. Il avait sorti un révolver et l’avait tué sur le coup. Son travail accompli, le résistant avait disparu dans la montagne. Mme Drogoczyner Extrait de « La vie des Français, de l’occupation à la libération ». Hebdomadaire Tallandier. Hachette n° 73.


VOS DROITS LE RÉVEIL

Commission Nationale d’attribution de la Carte du Combattant - Fin de mandat La Commission nationale d’attribution de la carte du combattant a tenu les deux dernières réunions de son mandat, les 18 et 19 mai dernier. André Fillère y a participé. Nommée officiellement en 2010, cette Commission s’est réunie 42 fois durant ces 5 années, soit 31 en formation restreinte et 11 fois en commission plénière. 129.381 dossiers ont été examinés et 112.188 cartes ont été attribuées, dont 3520 lors de la réunion de travail du 18 mai dernier. 53.500 cartes ont été attribuées aux AC-OPEX depuis 2012 et 9.900 l’ont été aux ATM « à cheval » sur le 2 juillet 1962. La Commission nationale a pris en charge également 81 cas particuliers

concernant les engagés volontaires polonais à titre étranger (bataillon de pionniers polonais 39-45). Ainsi, 13 cas ont pu être réglés favorablement. La Commission a également pris en compte la situation des anciens supplétifs indochinois. La suppression de l’obligation de nationalité française pour obtenir la carte du combattant (23 juillet 2010) a permis à la commission de répondre favorablement à des demandes dont certaines de titulaires de citations. De même, la Commission s’est saisie des OPEX affectés à l’assistance militaire technique (AMT) dans les armées étrangères alliées, au Tchad, au Mali, en Centrafrique, etc. La Commission a posé des règles permettant, selon les cas, d’attribuer la carte du combattant si l’unité française de référence a été reconnue combattante.

AUJOURD’HUI Il appartient au Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants de nommer une nouvelle commission nationale d’attribution de la carte du Combattant. Un arrêté devrait paraître rapidement permettant une mise en place début juillet afin que, début septembre prochain, puissent être examinés les 5000 dossiers OPEX déjà « en réserve » pour lesquels la Carte du Combattant devrait être remise officiellement le 1er octobre par le Ministre et les préfets. Affaire à suivre donc.

Une loi pour le stationnement des handicapés

La loi n° 2015-300 du 18 mars 2015 précise certaines modalités de stationnement des personnes handicapées titulaires de la carte de stationnement. Son article unique modifie l’article L.241-3-2 du Code de l’action sociale et des familles. En fait, il apporte des restrictions aux textes existants. Ainsi, la première phrase du 3e alinéa stipulait jusqu’ici que « la carte de stationnement

pour personne handicapée permet à son titulaire ou à la tierce personne l’accompagnant d’utiliser, à titre gratuit et sans limitation de la durée de stationnement, toutes les places de stationnement ouvertes au public. » Cette phrase est désormais complétée par les restrictions suivantes : « Toutefois, les autorités compétentes en matière de circulation et de stationnement peuvent fixer une durée maximale de stationnement qui ne peut être inférieure à douze heures. » Circulez ! Et allez voir ailleurs… Et, comme si cette atteinte au confort des handicapés ne suffisait pas, un nouvel alinéa est ajouté : « Les mêmes autorités peuvent également prévoir que, pour les parcs de stationnement disposant de bornes d’entrée et de sortie accessibles aux handicapés depuis leur véhicule, les titulaires de cette carte sont soumis au paiement de la redevance de stationnement en vigueur. »

Non mais ! Vous ne croyez tout de même pas que – tout handicapé(e) que vous êtes – vous allez pouvoir stationner « gratos » dans les parcs de stationnement ? Handicapé(e) peut-être… mais pas dispensée(e) de « cracher au bassinet ». Et si vous ne pouvez pas… CIRCULEZ et allez vous poser ailleurs. Ah ! j’oubliais : Cette loi vise « à faciliter le stationnement des personnes en situation de handicap… » Heureusement que c’est écrit en titre car on ne s’en serait jamais douté… Allez, les sansdents, les sans-jambes, les sans-bras, les sans-poumons et les autres, venez comme vous pourrez, François Hollande, Manuel Valls, Marisol Touraine et Ségolène Neuville, signataires de cette loi, s’occupent de vous. Quoi ? Vous ne savez pas qui est Ségolène Neuville ? Mais c’est la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion. C’est évident, non ? LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015 - 21


LE RÉVEIL VOS DROITS

« Chères » Opérations extérieures Le budget des OPEX est systématiquement sous-estimé lors de sa présentation publique. Il ne s’agit pas, n’est-ce pas, d’effaroucher les parlementaires et encore moins de scandaliser l’opinion publique, les syndicats, les associations, bref toutes celles et tous ceux aux revendications légitimes que le gouvernement rejette au nom de la « crise » et de « l’austérité ». ◗ 2014, budget « officiel » de l’Elysée : 450 millions d’euros pour les OPEX. A l’arrivée, un an plus tard : 1,13 milliard d’euros. Le TRIPLE !!! ◗ Pour 2015, les « experts » laissent entendre que ce pourrait encore être 2 milliards ou plus ! Deux milliards de gaspillage. Et ce n’est pas nouveau, ça ne fait qu’empirer même !

10 milliards gaspillés dans des aventures improbables, alors que les dotations de l’Etat aux seules communes et inter-communautés sont en baisse de 2 milliards.

De 2003 à 2014, le budget prévisionnel des OPEX est passé de 24 millions d’euros par an à 630 (soit multiplié par 26) et totalise 4,563 milliards d’euros. Mais, dans les faits, c’est une autre histoire.

Valls préfère jouer les « chefs de guerre » en Irak, en Afghanistan, au Sahel, en Centrafrique, etc., que plutôt tenir les promesses sociales de 2012 et se pencher sur les administrés, les « sans dents » comme ils disent. Tant il est vrai que l’on ne voit pas du même œil le 15 du mois à Grigny, Créteil ou Saint-Denis… qu’à l’Elysée ou Matignon.

De 2003 à 2014, ce sont 10,071 milliards d’euros qui ont été engloutis dans les OPEX, soit 2,5 fois plus que prévu !

Qu’est-ce qu’il chantait déjà, Potier ? « Debout les damnés de la terre… »

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VOS DROITS LE RÉVEIL

Bénéficiaires des soins gratuits Articles L115-L124 et L128 du code des Pensions Militaires d’Invalidité. Nouveau décret n° 2015-200 du 20 février 2015 relatif à la prise en charge des appareillages et des soins médicaux gratuits délivrés aux titulaires de pensions militaires d’invalidité. Avant de se pencher sur les qualités ou les défauts de ce nouveau décret, il convient de faire un rapide rappel historique du principe des soins gratuits. Le décret du 4 février 1959 et l’ordonnance du 4 février 1959, tout en entérinant les différentes dispositions antérieures (prises entre autres en 1889 puis après la 1re guerre mondiale 19141918) ont substitué à la réglementation existante des dispositions nouvelles afin de donner aux intéressés plus de facilités pour soigner les infirmités ouvrant droit à pension, afin d’améliorer le fonctionnement du service de santé des Armées et de régler les litiges pouvant survenir. Les contestations auxquelles pouvaient donner lieu l’article L115 étaient jugées par des juridictions spéciales : – commission départementale présidée par le Préfet du département, des représentants de l’Etat, du corps médical et des pensionnés – recours possible devant la commission supérieure, laquelle siégeait au « Ministère » des Anciens Combattants et Victimes de guerre et comprenait des représentants de l’Etat, du corps médical et des pensionnés. – En dernier ressort, recours en Conseil d’Etat afin de bénéficier des soins gratuits une inscription pouvait avoir lieu soit d’office soit sur la demande expresse du bénéficiaire. Cette inscription était la condition juridiquement indispensable à l’exercice du droit aux soins gratuits. ➢ Intervient alors le décret n° 2015200 du 20 février 2015 qui modifie

de façon importante voire alarmante les conditions antérieures. L’article 1 précise que les soins, produits et prestations fournis aux bénéficiaires des articles L115, L124 et L128 du code des PMI sont désormais ceux prévus aux articles L162-1-7 et L16217 et L165-1 du code de la sécurité sociale, y compris les textes réglementaires pour leur application. – Tous les actes médicaux doivent être inscrits sur une liste établie et cette liste peut elle-même être subordonnée au respect d’indications thérapeutiques, diagnostiques, etc… – Le remboursement des produits médicaux est subordonné à leur inscription sur une lite établie après avis d’une commission de la Haute Autorité de Santé mentionnée à l’article L161-37 du code de la sécurité sociale. Ce même article 1 alinéa 3 précise que lorsque leur état de santé le justifie, les titulaires de PMI bénéficiaires des articles L115 et L128 peuvent bénéficier de secours et de prestations complémentaires nécessités par les infirmités pensionnées. Afin d’examiner les conditions de prise en charge, une commission spéciale est créée. Ladite commission est placée auprès du ministre de la Défense et est chargée d’instruire les demandes de secours et de prestations complémentaires pouvant être accordées aux titulaires de PMI. Pour chaque dossier, la commission propose au ministre : la nature et le plafonnement des secours et des prestations complémentaires, les conditions de prises en charge de ces secours et prestations complémentaires. ➢ Composition de la commission : – 3 représentants du ministère de la défense, dont le Président

– 1 représentant de la caisse nationale militaire de la sécurité sociale – 4 personnes qualifiées – le même nombre de suppléants dans chaque catégorie de titulaires – réunion de la commission à l’initiative de son président et elle ne peut délibérer que lorsqu’au moins 3 membres sont présents en plus du président. La composition, l’organisation et le fonctionnement de la commission sont précisés par un arrêté du ministre de la défense. ➢ Observations En premier lieu, il ressort de ces nouveaux textes que le service des soins gratuits est désormais aligné sur la législation concernant la sécurité sociale et perd de sa spécificité. Ce rapprochement, voire « absorption », ne cachent-elles pas l’intention du législateur, et, ou, du pouvoir exécutif, de faire perdre peu à peu le caractère spécifique de cette branche des PMI ? En second lieu, la commission créée pour examiner les demandes de secours et prestations complémentaires est sous la mainmise du ministère de la défense, de la caisse nationale militaire de la sécurité sociale… et de quatre personnes qualifiées ? ! ? ! Il serait souhaitable, voire indispensable, de percer le mystère de « ces quatre personnes qualifiées ». La bonne solution serait que ces personnes qualifiées soient des représentants du monde combattant. Sur ce point les associations d’anciens combattants doivent se manifester et de toute urgence avant qu’un arrêté du ministre de la Défense ne soit pris, si ce n’est déjà fait. Le combat continue ! LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015 - 23


LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Cuba

Santé internationale au service des nécessiteux ➢ Afrique de l’Ouest : ébola A l’occasion d’une rencontre à Bruxelles des ministres de la Santé des pays du groupe ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), Christos Styliamides, commissaire européen à l’aide humanitaire et à la gestion des crises, a fait l’éloge du rôle de Cuba dans la lutte contre l’épidémie d’ébola en Afrique de l’Ouest. Il a précisé que la communauté internationale doit remercier Cuba d’avoir mis au service des nécessiteux toute son expérience en la matière.

➢ Paraguay : à l’oeil Depuis 2007, grâce à la brigade médicale cubaine, près de 241 Paraguayens aux revenus modestes ont amélioré leur vision ou recouvré la vue. Si vous êtes intéressé(e) et si vous souhaitez recevoir une documentation plus complète, adressez le coupon ci-dessous à : Mutuelle de l’Arac - 2, place Méridien 94807 Villejuif cedex - Tél : 01 42 11 11 00 mutuarac@mutuarac.com

Installée au Centre ophtalmologique de l’hôpital du district « Maria Auxilladora » (département d’Itapua) a plus de 400 km de Lima, la capitale, la Brigade médicale prend en charge des patients de toutes les régions du pays et même certains venus du Brésil, d’Argentine et de l’Uruguay, pays voisins. Hors ophtalmologie, la Brigade a effectué près de 24 500 consultations de médecine interne, 46 200 d’optométrie, 27 300 examens de laboratoire, plus de 39 000 consultations postopératoires et près de 32 000 études de cas. Pour la seule année 2014, ont été réalisées 2 079 opérations chirurgicales, 8 058 consultations ophtalmologiques, 2 239 consultations de médecine interne, 4

916 d’optométrie, 4 086 examens de laboratoire, 4 540 consultations post-opératoires et 2 586 études de cas. Quels sauvages, tout de même, ces Cubains, ces Castro et consorts ! On n’aurait jamais vu ça au temps du dictateur Batista, de ses gangsters, ses casinos, ses bordels de luxe et son armée de sbires tortionnaires… Si on se met maintenant à soigner gratuitement les nécessiteux aux quatre coins du monde, où vont les banquiers, les laboratoires pharmaceutiques et les marchands de canons ? Et à quoi sert le blocus qui étrangle Cuba et son peuple depuis plus de 60 ans ? Et si les Etats-Unis le levaient enfin ? André Fillère

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24 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Une récompense amplement méritée Nguyen Phuc Ky reçoit la médaille d’or de l’ORMCM Lors d’une cérémonie organisée le 10 avril à Palaiseau par le comité départemental de l’Essonne pour le Village de l’Amitié de Van Canh-Vietnam et l’ARAC 91, Raphaël Vahé a remis à notre camarade Nguyen Phuc Ky, cofondateur avec l’ARAC du Village de l’Amitié, la médaille d’or de l’Office Républicain des Mérites Civiques et Militaires (ORMCM). En introduction, André Fillère a remercié la municipalité et son maire Grégoire de Lasteyrie et rappelé le parcours original de notre ami Phuc Ky. Ensuite, Lucien Lagrange, président de l’ARAC 91 a lu le message de Georges Doussin, président d’honneur du Comité National du Village de l’Amitié, extraits : « Dans l’impossibilité d’être présent, je veux simplement exprimer quelle amitié, quelle admiration j’ai pour celui que nous honorons aujourd’hui. Après avoir réussi ensemble, au nom de l’ARAC, l’envoi de 320 tonnes de matériels au Vietnam, c’est également ensemble que nous avons porté le projet de la construction du Village de l’Amitié de Van Canh. A l’initiative de l’ARAC, du Comité international des anciens combattants militants pour la paix : avec George Mizo, combattant américain militant des Vétérans for Peace, nous avions conçu ce projet. L’ARAC décidait aussitôt de créer le Comité National pour le Village de l’Amitié. Phuc Ky en fut le premier trésorier et également le premier trésorier du Comité International composé des comités nationaux allemand, britannique, français et japonais. C’est avec Phuc Ky que nous avons créé, organisé et animé le comité français. Les débuts ont été difficiles. Tout le monde trouvait l’idée de construction d’un village pour accueillir les victimes de

l’agent orange très belle mais beaucoup étaient sceptiques. Phuc Ky n’a jamais douté. Il a été un compagnon efficace et précieux, co-artisan de la réussite. De rêve le village de Van Canh est devenu réalité dont peut être fiers toutes celles et tous ceux qui l’ont construit et qui continuent de la faire vivre. Phuc Ky mérite cette Médaille d’Or de l’ORMCM, à lui seul, le rôle de Phuc Ky dans l’existence du Village justifie cette attribution… A toi Phuc Ky, à Simone ton épouse, à ta très belle famille, à tous les militants du Comité Français pour le Village de l’Amitié de Van Canh, je redis toute ma fraternelle affection. » Grégoire de Lasteyrie, prenant la parole, a rendu hommage à Nguyen Phuc Ky, citoyen de Palaiseau depuis plus de 60 ans dont « le parcours doit inspirer la génération dont je fais partie et qui ne peut que représenter un exemple, un modèle pour la jeunesse ». Monsieur Dang Giang, Ministre plé-

nipotentiaire auprès de l’Ambassadeur du Vietnam a rappelé « le chemin parcouru par Monsieur Nguyen Phuc Ky qui impressionne par sa passion pour les études, son énergie et sa détermination ». Il a rendu hommage à son engagement et à son dévouement pour son pays d’origine, l’Etat du Vietnam, et aux victimes de l’agent orange. Le Village de l’Amitié de Van Canh accueille depuis 1998 des centaines de victimes vietnamiens souffrant toujours des effets de la dioxine. Ceci est possible grâce aux contributions très importantes françaises, vietnamiennes et internationales dont celles de l’ARAC et du Comité français dont M. Nguyen Phuc Ky est un des membres fondateurs. Devant la foule des amis et de sa famille réunie, Raphaël Vahé a remis solennellement la médaille d’or de l’Office Républicain des Mérites Civiques et Militaires (ORMCM) au camarade Nguyen Phuc Ky, de reconnaissance amplement méritée. LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015 - 25


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Gard (30) En présence de Pierre Clec’h, président départemental de l’ARAC du Gard, d’Yvonne Georges, présidente de la section de Nîmes, de Mme Garcia pour l’ONAC et M. Tiberino, adjoint au maire. De l'ANNAM à la Camargue. Accompagné de sa fille Josiane nous avons accueilli Loi (Jean) NGUYEN, né en 1914 à Thinh Hung dans le centre Viet Nam. Il est incorporé comme "appelé" en 1939, pour 3 ans !!! Après avoir participé aux combats de 1940, c'est avec les

troupes du Général Leclerc qu'il rejoindra l'Alsace puis l'Allemagne jusqu'au 25 novembre 1945 dans le régiment des tirailleurs coloniaux, après un séjour en Algérie, il est démobilisé en 1949, titulaire de la Croix de Guerre avec citation à l'ordre du régiment. Revenu à la vie civile à Mulhouse, il se marie et travaillera dans l'industrie. En 1966 la nationalité française lui sera accordée. Après le décès de son épouse il rejoint sa fille en 2002 à Nîmes et depuis cette date adhérent de l'ARAC.

Gonfaron (83)

Loire-Atlantique (44)

Ce 25 avril au village de Gonfaron il y avait foule devant la mairie pour le départ du long cortège vers le cimetière, afin d’inaugurer une stèle en hommage aux victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie. Stèle réalisée par la Municipalité de Gonfaron implantée à l’entrée du cimetière sur un monument fleuri. L’ARAC, représentée par MM. Brulefert Président départemental, Gentilini Président de l’Arac de Gonfaron et Vallée secrétaire départemental de l’ARAC.

45 porte-drapeaux Cette cérémonie complétait celle du 19 mars avec un grand retentissement dans la petite citée La stèle dévoilée par les personnalités Maire, Député, conseillers départementaux et les représentants officiers de l’armée les élus locaux et les représentants de diverses associations. C’est un hommage en particulier aux deux jeunes décédés de Gonfaron et aux 247 soldats morts en Algérie pour le département du Var. Cette stèle pour le respect et le souvenir de cette triste guerre, comme l’ont fait savoir dans leurs discours respectifs. Avec M. Bongiorno, Maire de Gonfaron, M. Couve député, etc…

L'exposition sur la guerre d'Algérie à la Maison de quartier des Dervallières à Nantes avec le soutien de la Bibliothèque Émilienne Leroux (Résistante nantaise) et de l'Association le Dernier spectateur. L'ARAC avec son président départemental, Jean-Claude Salomon a réalisé une soirée débat le 25 mars 2015. Message de Salima Smahi participante au débat : « Je souhaite d'abord vous dire que c'était une très belle initiative d'organiser cette exposition sur la guerre d'Algérie. Une expo intéressante et agréable à découvrir. Le débat était également intéressant car nous avons appris de nouvelles choses. Les personnes qui ont témoigné avaient des choses touchantes à dire de par leur vécu et expériences. En revanche, j'aurais aimé qu'il y ait des algériens qui ont été touché par cette guerre afin de les écouter et d'en découvrir plus sur le côté "algérien" de la guerre. L'ARAC a eu le mérite d'organiser ces événements sur des sujets encore douloureux et pas facile à aborder. Je vous remercie ».

Hérault (34) Maurice Moréno, président départemental de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants) communique : « La politique menée par le gouvernement a aggravé la situation d’une majorité de nos concitoyens et pour manifester leur mécontentement, beaucoup se sont laissés aller à voter pour le Front National. Or, comme le démontrent les comportements du maire de Béziers, le FN ne cache que division, exclusion et haine. l’ARAC rappelle que dans les années 30, le recours à l’extrême-droite a conduit au pire. C’est pourquoi elle invite les électeurs à accorder leurs suffrages aux candidats opposés aux conceptions et thèses du FN ». 26 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Les Ulis (91)

Seine-St-Denis (93) L’Assemblée Générale de l’ARAC de Noisy-le-Grand s’est tenue le 15 février 2015 en présence du maire adjoint Michel Miersman.

Moselle (57) Le Comité d’Ottange-Nondkeil Villerupt et ses environs a tenu son assemblée Générale ouverte par Alex Goeury, président du comité local et Denis Léger, vice-président qui ont retracé les actions de l’ARAC. Le comité a profité du 19 Mars pour commémorer aux monuments aux morts accompagné d’une partie du conseil municipal avec un dépôt de gerbes l’arrêt de la guerre d’Algérie.

Le 14 mars 2015 la section des Ulis a fêté lors de son Assemblée le centenaire de notre camarade Jacques Prince en présence de Françoise Marhuenda, maire des Ulis et de Maud Olivier conseillère générale.

Finistère (29) Hommage à Suzanne Jaminais du Finistère. Réunis autour de sa famille, de l’ARAC et de son drapeau. Extrait de l’intervention de Joseph Coroller, Président Sud-Finistère : « Vous aviez adhéré à l’ARAC il y a déjà plusieurs années lors d’une permanence de notre association à Fouesnant, vous partagiez les valeurs d el’ARAC qui sont l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix, ces mots qui ont toutes leurs significations et qui sont tout à fait d’actualité dans ce monde de haine, de violence et de guerre dans lequel nous vivons. Malgré votre grand âge, il vous arrivait d’assister à nos assemblées générales, la dernière en date l’année de vos cent ans à St-Evarzec.

secteur avec votre petit vélo comme aimiez à le rappeler en prenant de gros risques car les Gestapo de l’armée allemande est présente partout. Après la libération vous recevez la carte de combattante volontaire de la résistance puis le titre de la reconnaissance de la nation, la demande d’attribution de la distinction de chevalier dans l’ordre national de la légion d’honneur a été faite compte tenu de votre engagement actif pendant la résistance et nous pensons que vous le méritez largement, vous l’aurez peut-être à titre posthume ! Merci pour tout ce que vous avez réalisé ! »

Assemblée Générale du Comité du Finistère du 14 mars 2015.

Courage et bravoure vous en avez eu en vous engageant dès 1941 dans la résistance contre l’occupant nazi aux côtés de votre mari Paul Tanguy grand résistant d’origine bretonne dans la banlieue de Lille, il a reçu la légion d’honneur après la libération du pays. Paul Tanguy était instituteur et secrétaire de mairie à Anstaing et à Tressin dans le Nord, c’est à ce titre qu’il établi de faux papiers que son épouse Suzanne remet à d’autres résistants du LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Loiret (45) Commémoration 24 avril à Villemandeur en présence de Madame le maire et du conseil municipal, des élus de Chalette, des élus de Montargis, des élus d’Amilly en présence de Gilbert Lemoine, président de l’ARAC Loiret, de Robert Brun, porte-drapeau, de Marcel Galicier, Micheline Caillat-Orinel et Jean Durin, Président de Montargis. Extrait de l’intervention de Patrick Gaudillat : « Nous nous retrouvons pour honorer la mémoire de nos 2 camarades ouvriers Mandorais assassinés par les nazis parce qu’ils s’étaient engagés dans la résistance en raison de leurs convictions de citoyens, de syndicalistes, de militants. Ils vivaient libres, puis en raison de la guerre et de l’occupation nazie, ils se sont engagés pour une France libre et démocratique dans un monde de paix, fraternel et humain. Cet engagement les a amenés jusqu’au sacrifice suprême. Henri Chantreau est né le 16 avril 1897 à Bellegarde. Cheminot de son métier, il était militant politique, responsable syndical et conseiller prud’hommes. En octobre 1941, il est arrêté par la Feldgendarmerie à Villemandeur où il résidait. Immédiatement transféré à Amiens, les nazis le fusillent comme otage le 30 avril 1942 à la citadelle d’Amiens. Emile Cousin qui est né le 17 octobre 1893 à Villemandeur était également militant politique, préparateur en pharmacien responsable syndical et conseiller prud’hommes, lui aussi est arrêté puis déporté. Il meurt au camp de Buchenwald le 12 juillet 1944 à l’âge de 52 ans. A travers eux nous voulons honorer toutes les victimes de cette guerre de 39/45 dont le bilan fut terrible : 55 millions de femmes, d’hommes et d’enfants torturés, fusillés, tués sous les bombardements, exterminés au travail ou dans les chambres à gaz. 70 ans après la victoire contre le nazisme, d’autres combats restent à mener pour éviter que se reproduise à nouveau un enchaînement économique et politique qui avait amené Hitler au pouvoir. 70 ans après leur instauration, le pouvoir remet en cause toutes les conquêtes sociales issues du programme du Conseil National de la Résistance. Le devoir de mémoire que nous exerçons, nous devons le poursuivre, c’est d’abord un combat pour l’histoire. Aujourd’hui et demain, pour en finir définitivement avec le fascisme, le racisme et les guerres, agissons dans l’esprit qui animait le Conseil national de la résistance pour un monde plus juste, plus solidaire, plus fraternel et sans souffrance sociale. Débarrassons-nous de la dictature des marchés financiers et des inégalités du monde. Chez nous, menons la lutte pour la défense de la Sécurité sociale, de l’Education nationale, des services publics que sont les secteurs de l’hôpital et de la santé, des transports, de l’eau, de l’énergie, mais aussi pour la revalorisation des retraites et des salaires des travailleurs qui, eux, produisent la vraie richesse. »

St Yzan de Soudiac (33)

Ruelle (16)

Remise de la Croix du Combattant à notre camarade Gérard LAURENT de la section ARAC de ST Yzian de Soudiac lors de la cérémonie du 8 mai. Toutes nos félicitations.

Devant une centaine de personnes, notre camarade Jean Lascoux (96 ans) de la section de Ruelle a reçu l’insigne de Chevalier de la Légion d’Honneur à Angoulême, lors des cérémonies du 8 mai des mains du Préfet Salvador Perez. Notre camarade a combattu en Italie, il a participé au débarquement de Provence et est allé jusqu’en Allemagne.

28 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

Charente (16) 70e anniversaire de la libération des camps, 26 avril 2015 de nombreuses gerbes ont été déposées au pied du monument des déportés devant la gare d’Angoulême là où les camions déposaient ceux qui allaient partir ver les camps de déportation. Ce monument est réalisé avec du granit extrait par les déportés du camp de Nazwediller-Sruthof, le seul camp en France.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Bassens (33) Belle cérémonie du 8 mai à Bassens avec une nombreuse assistance venue célébrer le 70e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie et rendre hommage aux victimes de la 2e guerre mondiale. La participation de jeunes enfants aux dépôts de gerbes fut un moment touchant apprécié du public.

Des nouvelles du côté de notre objectif de renforcement 2015 et de la trésorerie nationale A mi-mai, et malgré un bon départ au 1er trimestre, on constate un ralentissement dans le règlement des cartes 2015, car par rapport à 2014, nous ne sommes qu’à 77% de cartes payées, donc chers Trésoriers et chers Présidents faites vos comptes, relancez et relancez encore les adhérents ayant oublié de régler leur carte Quant aux timbres et bons de soutien de la campagne 2015, là aussi il serait bon de faire un gros effort, dans toutes nos initiatives afin de réussir les mêmes résultats que l’an passé Pour les nouvelles adhésions, là nous sommes plutôt confiants sur la réussite de l’objectif de 700 validées lors du conseil national du 11 et 12 avril 2015, puisque nous en sommes à 43% en mai, et qu’il reste encore 7 mois d’ici la fin de l’année Donc haut les coeurs, n’oubliez pas que les adhésions se gagnent lors de nos initiatives, de nos débats et de nos rencontres Jacques VERRIER Secrétaire National en charge des questions d’organisation Annick CHEVALIER, Secrétaire Nationale en charge des questions financières

SOUSCRIVEZ Pour l’ARAC de demain Mai 2015 Arac Hauts de Seine (92) – 400 € Aube (10) : Robert Thiebaux – 40 €, Ille et Vilaine (35) : Henri Doreau – 50 € Lot et Garonne (47) : Jacques Chantre – 70 €, Nièvre (58) : Geneviève Bequignat – 500 €, Bernard Bondoux – 50 € Rhône (69) : Robert Pillon – 500 € Seine St Denis (93) : Issad Mohand – 50 € Val d’Oise (95) : Roger Biéron – 100 €, Lucien Guilly – 30 €

MERCI DE PRÉCISER LE MODE DE RÈGLEMENT : par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées. ● par prélèvement bancaire, avec le montant de votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) : merci de joindre un RIB. ● dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une attestation de contribution et un reçu fiscal. Nous vous rappelons que vos dons ouvrent droit à une déduction fiscale de 66 %

L’ARAC aujourd’hui, c’est : ● l’action pour préserver et garantir les valeurs de la République, les acquis du CNR mis à mal aujourd’hui, ● la défense des droits, anciens combattants, des OPEX, et victimes de guerre, ● combattre les causes de la guerre, œuvrer pour la paix, l’amitié, la solidarité entre les peuples, ● s’engager contre le fascisme et toutes les tentatives d’extrême droite ● travailler pour la transmission de la mémoire, car qui comprend son passé peut construire sereinement son avenir. ● donner à chacun les moyens de se construire une opinion et ainsi d’agir en connaissance de cause. L’ARAC est une organisation vivante, moderne, portant les valeurs de notre histoire, celles de la Nation, celles écrites aux frontons de nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité. Dans le monde d’aujourd’hui, préserver et développer l’ARAC, c’est défendre et garantir la souveraineté nationale, la démocratie, l’avenir de la France.

Je souhaite faire un don à l’ARAC et je coche le montant souhaité :

❑ 50 €

❑ 100 €

❑ 200 €

❑ Autre montant...............................................................

Nom et prénom : ........................................................................................................................................ Adresse : ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................... Code postal : ........................................ Ville : ........................................................................................... Tél.......................................................... E-mail : ........................................................................................

LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Nos peines ■ ALLIER (03) Commentry : Lucien TOURRET, 90 ans

de son mari Paul Tanguy dans le Nord. Médaille de la Résistance.

■ ALPES-MARITIMES (06)

■ GIRONDE (33)

Menton : Gilbert GAZIELLO, 86 ans, AC ATM, Président de la section.

Bassens : Jean JALARIN, 89 ans, AC 39-45 Cavignac : Michel DURET, AC ATM.

■ BOUCHES-DU-RHONE (13)

■ MOSELLE (57)

Fos-sur-Mer : Mme Hélène MONTES St Marcel : Charles FRANCHI, 93 ans. Engagé volontaire Régiment d’Infanterie Colonial du Maroc. Il débarque à Alger en août 1942, il est affecté au 13e Régiment Tireurs Sénégalais. En 1944, débarquement à St Mandrier (83). Croix Combattant Volontaire, Médaille « Assemblée Nationale », Médaille « 70e anniversaire du débarquement en Provence ». Velaux : Mme Marie-Thérèse GIL Vellutini : Robert PANTALINI

Ottange : Serge BRUNELLI, AC ATM. Robert BERTRAND, AC ATM. René CHIUMINATTO, AC 39-45.

■ FINISTERE (29) Fouesnant : Mme Suzanne JAMINAIS. Dès 1941, elle s’engage dans la Résistance auprès

30 - LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015

■ NORD (59) Aulnoye-Aymeries : Emile GAUTIER.

■ PYRENEES-ORIENTALES (66) Perpignan : Raymond IZERN

■ RHONE (69) e

Lyon 7 : Mme Marie-Yvonne CLAUDEL, 90 ans, veuve.

■ HAUTE-SAVOIE (74) Faverges : Mme Germaine COUTIN, 93 ans.

■ PARIS (75) 13e : André LECOURT, Résistant. Chevalier de la Légion d’honneur. Médaille de la Résistance.

■ VIENNE (86) Chatellerault : Henri BAUDINIERE, 93 ans, Résistant, Déporté. Officier de la Légion d’Honneur, Croix de guerre 39-45 avec Palme, C.V.R., Médaille des Déportés pour faits de Résistance, Médaille des Réfractaires, Médaille des Blessés. Jean-Claude DARRACQ, 74 ans. Yvon ROCHER, 88 ans.

■ ESSONNE (91) Vauhallan : Claude GERARD, AC ATM.

■ VAL DE MARNE (94) Fontenay-sous-Bois : Rafael ARRONDO, 93 ans, Engagé volontaire en Espagne à 18 ans puis Résistant. Villejuif : Jean GOURLAY, victime civile. Vitry-sur-Seine : Pierre COURTIN, AC ATM.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Roquefort la Bédoule (13) Remise Légion d'Honneur Laurence PRAIRE 26 Avril 2015. Extraits : « Ma chère Laurence, la Légion d'Honneur qui est la plus haute distinction de notre pays et que vient de te remettre notre président Jacques Delaubier devant le monument aux morts de ta commune et cela le jour de la commémoration nationale de la déportation et de l'internement, quel beau symbole. Et de nombreux patriotes n'ont toujours pas reçu le 1er ordre National, ces éternels oubliés de leurs sacrifices, comme ceux et celles de la Résistance, mais également les déportés politique, ceux qui ont sauvé disons-le, l'honneur de la France. Ma chère Laurence, toi qui de part ton engagement avec tes camarades de combat, avec ceux et celles qui ont su transcender leurs différences, ceux et celles qui de par leur sang généreux ont non seulement combattu le fascisme et le nazisme, mais ont aussi permis de rétablir la République, République qui avait été trahie par ses élites, comme l'a dit et écrit le général De GAULLE. Avec l'instauration de ce merveilleux Programme du Conseil National de la Résistance, dont les premières mesures ont été appliquées à la libération, voici donc 70 ans. Quel honneur tu fais à la ville de Roquefort la Bédoule, à ton parti, à ta famille, à tes amis, mais également à l'ANACR et particulièrement à l'ARAC, toi qui est depuis tant d'années à la présidence de cette merveilleuse section Bédoulaise. A l'ARAC qui de ces combats pour la paix, pour la défense de nos idéaux Républicains, de ces combats que nous menons inlassablement depuis presque un siècle. De ces combats qui nous ont valu et ce dans les moments les plus noirs de notre histoire, d'en payer un lourd, un très lourd tribut.

Cavignac (33) Section ARAC de Cavignac en Gironde. Notre président René Roquet lors de la cérémonie du 8 mai a remis les médailles de la croix du combattant et la commémorative agrafe Tunisie à notre camarade Pierre Godineau à qui nous adressons toutes nos félicitations.

Rappelons nous qu'en octobre 39 notre journal fût interdit de publication, déclaré nuisible à la défense nationale, que le 1er novembre 39, l'ARAC fût dissoute, ses dirigeants arrêtés, déportés, fusillés par centaines, dont René SAHORS lui qui créa l' ARAC clandestine demandant aux militants d'être partout dans la résistance armée. René SAHORS fusillé le 31 mars 1942 au mont Valérien. Toi Laurence qui fût arrêtée après trahison et dénonciation le 1er décembre 1941, puis internée résistante à Toulon à la prison Saint-Roch. Internée dans des conditions de détention abominables et ce pendant 2 ans et 18 jours. Blessée et meurtrie mais plus que jamais décidée à reprendre ton combat au sein de la résistance intérieure Française, toi qui faisais partie du groupe Organisation secrète dirigé par Pierre Georges. Tu es un exemple de persévérance infatigable, un exemple de simplicité et d'extrême modestie. Merci Laurence de permettre que la mémoire de notre histoire ne devienne pas une amnésie nationale. Patrick Saintenoy

St Cybard Angoulême (16) Notre jeune porte-drapeau Pierre Marais (16 ans) récompensé pour participer au défilé du 14 juillet 2015 à Paris par l’ONAC Charente. Depuis plusieurs années Pierre participe aux cérémonies lorsqu’il ne se rend pas à l’école, le 8 mai 2015 lors de la cérémonie, place du Champ de Mars à Angoulême, il était présent avec le drapeau pour la remise de la Légion d’Honneur à Jean Lascoux. LE RÉVEIL - N° 813 - MAI 2015 - 31


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Le livre des trahisons, le crépuscule des officiers prussiens par Philippe Pivion, éditions du Cherche Midi Ce livre est une somme historique de 500 pages et se lit comme un roman haletant. Il va du 5 novembre 1937 au 29 octobre 1938, à port Saïd, à Paris, au quai d’Orsay, à Saint Denis, au Bourget, à Vienne, à Bratislava en Tchécoslovaquie, en Angleterre, à Marseille, à Evian les Bains, à Boulogne sur Mer, au bois de Boulogne, à Versailles, à Genève, à Munich… Que se passe-t-il dans ces divers lieux, en cette année cruciale 1938 ? On y assiste à la folie meurtrière et caractérielle de Hitler, qui se débarrasse de ses opposants pour lesquels il fait monter par sa Gestapo des dossiers mensongers de recours à des prostituées ou à des homosexuels. Les généraux prussiens Blomberg ou Fristch en sont par exemple les premières victimes. Mais aussi les juifs qui sont contraints à céder leurs biens et à entrer en esclavage. D’autre part, la folie meurtrière d’Hitler est expansionniste. Il veut agréger à la grande Allemagne, l’Autriche, la région des Sudètes et la Tchécoslovaquie elle-même. Comment, devant une telle paranoïa réagit-on ? C’est ce que montre le livre. Sur place d’abord, un complot tente de se former contre Hitler avec notamment le général Walter Von Brockdorff, Ahlefeldt, Canaris chef de l’Abwehr, Gisevius diplomate, Arthur Nebe directeur de la Gestapo, Hans Oster général. Différents émissaires en informent l’Angleterre et la France. Quel possible ? Il n’en est rien malgré les traités qui les lient à l’URSS, à l’Autriche, à la Tchécoslovaquie, les puissances occidentales, Chamberlain et Daladier se couchent devant Hitler. C’est l’Anschluss puis Munich. Entre-temps les juifs ont été abandonnés à la conférence internationale d’Evian. C’était une gageure de faire une fresque historique aussi précise. Néanmoins à la première page comme à la quatrième de couverture, le livre est clairement affiché comme roman singulier avec un texte aussi historique et aussi scrupuleusement renseigné par toutes les sources existantes sur des faits qui se sont véritablement passés à l’échelle du monde en cette période qui a secoué profondément l’Europe, comme les individus qui y ont été mêlés. Conjuguer la vérité historique et la fiction, Philippe Pivion y arrive très bien, respectant totalement les faits, mettant en scène Hitler et ses généraux, Chamberlain et Daladier. Il n’invente que les personnages secondaires, les événements secondaires, qui donnent les couleurs de la vie, du réel, de la métaphore, à cette vaste reconstitution historique. Du grand art, un grand livre en vérité. Jean Relinger


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