Le réveil des combattants - Mai 2012

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LE 6 MAI : CONTINUER D’INTERVENIR

VERS UNE DISPARITION DE L’ONAC ?

le réveil maI 2012 - N°783 - 5 e

RAYMOND AUBRAC LA CONSTANCE DES ENGAGEMENTS

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

rEDONNEr SENS

AUx vALEUrS DE LA réPUBLiqUE Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL ACTUALITÉS

juste bataille en défendant leur fils. L’ARAC est à leur côté et continuera à populariser leurs actions, mettra son organisation, ses militants, son engagement, au service et au rassemblement des OPEX. L’ARAC appelle tous les comités, tous les adhérents à prendre des initiatives publiques nécessaires avec la pétition de Nicolas Chouan, à rencontrer les élus et candidats, personnalités, à inviter les Français à massivement nous rejoindre dans cette action.

Le tribunal d’Appel de Paris, qui s’est réuni le 6 avril 2012, a renvoyé le 11 mai 2012 sa décision au mois d’octobre. D’ici là, la campagne de soutien doit continuer, s’amplifier. En France, ce sont des milliers d’OPEX qui

se sentent au ban de la société, abandonnés par l’armée et l’Etat. Il est temps que nous créions un mouvement, un rassemblement qui permette qu’ils se fassent entendre. La famille et Nicolas Chouan mènent une

Photo : La sortie du Tribunal avec Nicolas Chouan, Yannick et Jacqueline Chouan – ses parents -, Roland Weyl – son avocat -, Patrick Staat – secrétaire national de l’ARAC -, Michel Chaput – ARAC Bagnolet -, des responsables et des militants du Mouvement de la Paix.

Pétition

Pour que Nicolas Chouan et tous ses camarades retrouvent leurs légitimes droits Nous avons été nombreux à exprimer notre indignation devant le refus opposé par le ministère des Armées de reconnaître que l’état de Nicolas Chouan est consécutif aux épreuves subies dans les OPEX de Côte d’Ivoire et d’Afghanistan. Nous saluons comme une première satisfaction que la Cour d’appel de Paris n’ait pas fait sienne la scandaleuse décision Dix jours de détente, de mémoire, de découverte ! d’abord rendue par le tribunal, et renvoyée à une audience au 5 octobre, pour qu’il puisse être répondu aux arguments soulevés par le commissaire du Gouvernement. Il est reconnu que les conditions des opérations en Afghanistan, comme dans toutes les opérations extérieures constituent en elles-mêmes des circonstances particulières contribuant à la multiplication dans des psychotraumatismes. L’importance de cette réalité est telle que, suite au rapatriement de Nicolas Chouan, il a été institué à Chypre un sas de décompression. Cette situation concerne des dizaines de milliers de soldats, de jeunes OPEX de notre pays sur les cinq dernières décennies. Il est temps que l’État en prenne toute la dimension et assume ses responsabilités pour venir en aide à ces jeunes laissés à l’abandon. Nous voulons espérer que le changement annoncé lors des élections présidentielles se manifestera dans ce domaine, qu’un revirement ministériel rendra le procès inutile et, qu’à défaut, la Cour d’appel rendra à Nicolas Chouan la justice qui lui est due. Nom, prénom

Profession

Adresse

A retourner à : ARAC, 2 place du Méridien, 94800 Villejuif cedex Ou par mail : reveil-des-combattants@wanadoo.fr 2-

LE RÉVEIL - N°783 - mai 2012

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ÉDITO LE RÉVEIL

rEDONNEr SENS AUx vALEUrS DE LA réPUBLiqUE

SOmmaIRE Actualités p. 4 Le 6 mai... et après ? Continuer d’intervenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Hollande vainqueur : vigilance et exigence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 6 mai : déclaration du Bureau national de l’ARAC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Un rapport sur le déclin de l’Occident . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Kader Arif, ministre aux Anciens Combattants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Dow Chemical sponsor des JO !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Une déclaration de Salah Hamouri. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 international p. 9 Asie Pacifique : poussée de fièvre en mer de Chine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Sommet de Carthagène : camouflet pour Obama. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Guerre des Malouines : crime contre l’humanité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Pétrole et souveraineté argentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 vie de l’ArAC p. 21 Assemblée générale de la mutuelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Le 8 mai 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 vos droits p. 26 Prépare-t-on une disparition de l’ONAC ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Souscription nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

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raymond Aubrac

La constance des engagements Un hommage à une vie de fidélité aux engagements de la Résistance

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse mensuel de l’association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-a 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SaRL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Tirage : 60 000 exemplaires Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, andré Fillère, Laurence Gorain• Service photos : Jean-Claude Fèvre • Administratrice : annick Chevalier • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

C’est la fin de dix-sept ans de gestion de la droite sans partage, marquée par la soumission à la pression des marchés et de la finance, la soumission de la France aux objectifs américains et la réintégration au commandement intégré de l’OTAN. Cette période a été douloureuse pour la majorité d’entre nous. Anciens combattants, retraités, jeunes, salariés, chômeurs, aucune catégorie n’a été épargnée. Nicolas Sarkozy a mené une incroyable bataille idéologique pour faire accepter l’austérité, les privations, faisant payer par 90 % de la population l’enrichissement des 10 % restants, défendre les intérêts financiers des multinationales notamment américaines au détriment des peuples d’Afrique, du Proche et Moyen Orient. Nous attendons du Président François Hollande qu’il sorte de cette politique, qu’il se libère de l’emprise du monde de la finance. Rien n’est gagné d’avance. L’histoire de notre pays l’a montré : chaque avancée sociale, chaque avancée démocratique est un combat. Le combat contre l’austérité, le combat de l’indépendance de la France sont plus que jamais à l’ordre du jour. Vouloir redonner la force et le sens du CNR, c’est s’attaquer à de grandes réformes sociales, économiques, comme l’augmentation des salaires, l’arrêt des licenciements, une politique du logement social… Il n’est pas tabou de se poser la question des nationalisations de certaines banques, d’activités industrielles. C’est ce qu’avait fait avec succès le CNR de 1945 et François Mitterrand en 1981. Les décisions prises alors avaient redonné vigueur, développement et emplois au pays. Alors, courage pour prendre aux plus riches et donner au plus grand nombre et ainsi relancer la croissance. Courage pour faire jouer son rôle émancipateur à la France dans le monde, en Europe et de préserver la souveraineté nationale. Redonner sens aux valeurs et devise de la république : Liberté, Égalité, Fraternité, ces trois mots qui sont le ciment du peuple de France depuis deux siècles. Avec vous, avec tous ceux qui ont ces valeurs au cœur, comme les combattants de 1789, 1871, 1940-1945, rassemblons-nous et menons sans concession le combat pour faire avancer la France. « Notre raison…. sait avec précision ce que nous ne voulons pas, ce qu’il faut absolument changer… Mais ce qui doit venir, ce que nous voulons, le monde totalement autre, nouveau, …. seule l’utopie en nous nous le montrent » (H. Lefebvre). Patrick Staat LE RÉVEIL - N°783 - maI 2012

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Et après ? Continuer d’intervenir ! Le 6 mai dernier, une majorité d’électeurs, parmi lesquels des ACVG, ont signifié à M. Sarkozy (Président sortant) leur rejet de la politique subie depuis 5 ans. De fait, ils réclament qu’il en soit changé. M. Hollande a été élu Président de la République et, sollicité entre autres par l’ARAC et l’UFAC, il a répondu à certaines de nos questions. Quelle est son attitude envers le droit à réparation des ACVG, à la lumière de ses courriers ? En fait, il y a peu d’engagements précis véritables, à part le maintien d’un secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense avec, pour attribution, les ACVG, la mémoire, le lien Armée-Nation. C’est bien, et il est également écrit que le « rapport constant » sera respecté et qu’un bilan de son application sera fait. Cela suppose-t-il que le rattrapage des 43 % de retard des pensions, retraites du combattant et mutuelle AC sera pris en compte ? Ce ne serait enfin que justice. D’ailleurs, le mot « mutuelle » lui-même n’est jamais évoqué, ni le plafond à 130 points, ni l’accès y ouvrant aux ressortissants de l’ONAC. Les autres sujets abordés sont tous renvoyés à des « études » : les veuves de guerre (étudiées au fond sur leur coût budgétaire), la carte du combattant pour les ATM autour du 2 juillet 1962 (mérite d’être « étudiée » et prise en compte), campagne double (à examiner en priorité par le secrétaire d’État). Soyons francs : il est hors de question que ces « études » s’éternisent et s’enlisent dans le temps. A ces 4 points succèdent le domaine du « très sensible » que sera M. Hollande à la solidarité avec les veuves d’AC et les veufs, les OPEX, les anciens résistants, les psychotraumatismes. Sur de tels points capitaux, la « sensibilité » de M. Hollande ne fera pas le poids, car ils ne seront pas réglés par les seuls bons sentiments. Quant à l’ONAC, ses services départementaux, les invalides, la refonte en cours du code des pensions, la RGPP, les 4-

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orphelins, les victimes des irradiations nucléaires, etc, pas un mot dans ses courriers au mouvement ancien combattant.

Au plan de la mémoire Une affirmation : « Je suis contre la journée unique ». Bravo ! Et il est opposé à la suppression de l’enseignement de l’Histoire. Très bien, mais encore ? La garantie de la non-suppression des autres journées de commémoration nationale. Mais le 19 mars ? Il assiste aux commémorations et « respecte cet évènement historique ». Mais pas un mot pour qu’il devienne journée nationale ! C’est d’autant plus sérieux que, ne supprimant aucune date, le 5 décembre restera-t-il la cérémonie officielle de M. Hollande ? Ce silence est, déjà, inadmissible ! Et encore, mutisme sur la loi « colonialiste » du 23 février 2005 (qu’il faut abroger) et rien sur le 27 mai 1943, la

Souveraineté nationale Si le retrait d’ici fin 2012 de l’Afghanistan est bien réaffirmé, en revanche sur l’OTAN pas question de s’en dégager ! « Il faudra évaluer (…) l’avantage de notre participation (…). J’irai à Chicago les 29 et 31 mai prochains (…). Je veillerai à ce que nous ayons des contreparties… ». En clair, si, à l’évidence, le contentieux subi par les ACVG est trop vaste pour être évoqué en détail, il apparaît cependant clairement que les engagements de M. Hollande, dans nos domaines, sont loin d’être fondamentaux et font de « l’étude » une constante aux résultats aléatoires. Si l’éviction de M. Sarkozy a montré l’exigence d’un changement de politique, il faut que cela se concrétise dans les faits. A l’évidence, le simple changement d’homme de base ne saurait suffire à lui seul à faire tourner le vent. Comme par le passé, il faut donc « aider » à aller de l’avant, par notre action, par notre présence, par la permanence de l’ARAC au cœur des initiatives de tous les républicains qui veulent que ça change vraiment. Dans un contexte que nous voulons espérer plus facile, dans l’union populaire, avec les forces de progrès… La lutte continue ! André Fillère

©Phototèque du mouvement social

Le 6 mai…

création du Conseil national de la Résistance, pour laquelle il n’évoque à aucun moment la reconnaissance de journée nationale de la Résistance. Et rien pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 1914-1918.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Hollande vainqueur : vigilance et exigence Le 6 mai, notre peuple s’est exprimé à 51,67 % en faveur de François Hollande. Première constatation : Sarkozy est renvoyé à ses pénates, bon débarras. Notre peuple a lourdement condamné le président des riches. Celui qui ne jurait que par des dispositions au service des capitalistes. Celui de la remise en cause des conquêtes sociales du programme du Conseil national de la Résistance. L’homme du Fouquet’s et du mépris du peuple a été débarqué et c’est tant mieux pour notre pays, pour les salariés, les retraités, les jeunes. Nous nous réjouissons du résultat de ces élections. A l’évidence, l’apport de toutes les forces de gauche à ce résultat a été déterminant. Les forces progressistes qui œuvrent en permanence au service de notre peuple dans notre pays ont su créer les conditions politiques de cette victoire. L’homme qui, au deuxième tour, symbolise le rassemblement populaire l’a emporté. Si nous nous réjouissons, c’est

avec conscience de l’importance des responsabilités aujourd’hui qui incombent à ceux qui prétendent gouverner pour le peuple avec une politique de gauche. Nous n’accepterons pas qu’au nom du peuple une politique à la Zapatero ou à la Papandréou s’applique à notre pays. Il n’y a pas d’échappatoire possible. Les engagements pris doivent être respectés et d’abord faire payer les riches pour sortir de la crise que ceux-là ont créé et alimentent. Il faut une politique d’audace et de courage, augmenter sensiblement les salaires, les pensions, les prestations sociales, il faut, pour sortir de la crise, permettre au plus grand nombre de bénéficier d’une part beaucoup plus importante des immenses richesses créées par notre peuple. C’est au peuple que doit revenir ces richesses et non pas à quelques privilégiés qui n’ont fait, durant le quinquennat de Sarkozy, que de se gaver honteusement. Les chantres du malheur et de la misère dans notre pays ont pris un coup avec la défaite de leur

leader. Ils ne sont pas défaits pour autant, il nous appartient d’être d’une extrême vigilance pour les empêcher de nuire et d’être exigeants dans le respect des engagements pris. Nul doute que la clé de cet avenir, que la mise hors jeu définitive de leur règle d’or, de leur politique de misère passe avant tout par la mobilisation et l’intervention de notre peuple. Oui, il faut continuer à se battre, à manifester, à faire grève, à occuper les usines, les entreprises, à imposer d’autres choix économiques. Cette première victoire importante avec l’élection de François Hollande doit en engendrer d’autres et d’abord pour l’emploi, le pouvoir d’achat, les droits des salariés, le respect de notre peuple, de notre souveraineté. Et nous ne gagnerons qu’avec nos luttes. Cette élection, c’est aussi un appel au combat de notre peuple et c’est sur cette perspective que s’engage notre ARAC. Hervé Corzani

« Les dégâts de Sarkozy en Afrique sont incommensurables » * La France porte une lourde responsabilité dans la situation de déstabilisation que connaît tout le Mali : des milliers d’armes et d’équipement militaire ont inondé les pays du Sahel suite à l’intervention militaire de la France et de l’OTAN en Libye, permettant notamment au Mouvement de libération de l’Azawad (MLNA) de lancer ses offensives de la mi-janvier 2012 dans le Nord Mali. Le chaos qui règne aujourd’hui au Mali suscite une profonde inquiétude chez ses voisins qui craignent désormais de faire les frais de la déstabilisation régionale provoquée par les effets de la guerre en Libye. L’État français est directement concerné par les évolutions au Nord Mali. Principalement par le biais de ses ressortissants détenus au Sahel et largement oubliés dans la campagne présidentielle. Le Mali est un pays francophone, membre de la zone France et ayant des accords de coopération militaire avec la France, la coopération décentralisée mise en place entre les deux pays a créé des intérêts économiques pour la France dans la région.

La France de Sarkozy a encouragé la dynamique guerrière qui menace désormais dans le Sahel. Le retour d’anciens soldats touareg de Kadhafi, l’arrivée massive d’armes sophistiquées en provenance des arsenaux libyens, pillés, ont donné à l’offensive des indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) une ampleur inédite. Il est incontestable que le putsch fut une aubaine pour les rebelles (alors que l’armée s’occupait du fond politique, les rebelles ont pris un avantage inespéré au Nord). Le Mali n’avait vraiment pas besoin de ce coup d’État qui a précipité le pays dans l’inconnu. Les solutions militaires sont toujours

vouées à l’échec si elles ne s’attaquent pas aux causes profondes du conflit armé. Une réorientation de l’aide française et une politique de développement dans les zones les plus marginalisées sont urgentes. La France et son nouveau président doivent faire face à leurs responsabilités. Tout doit être fait pour maintenir l’intégralité du Mali, tout en réglant enfin la question des droits des populations touareg. Permettre l’émergence d’un gouvernement d’autorité non corrompu au service du peuple malien. Enfin, apporter une aide rapide aux populations victimes de la sécheresse favorise le développement des coopérations efficaces au service des populations et des collectivités maliennes avec tous les moyens nécessaires. Si rien n’est fait au Mali et si le pays est complètement déstabilisé, c’est tout le Sahel, du Soudan à la Mauritanie, qui le sera également. Jean-Claude Fèvre * Aminata Dramane Traoré, économiste, sociologue, ancienne ministre de la Culture au Mali. LE RÉVEIL - N°783 - mai 2012

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©Franck Barrat-Arnal, ville de Tulle.

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millions de ressortissants). • La défense de la souveraineté nationale, trop absente du débat électoral, dont M.Hollande a dit qu’il lui revenait « de porter les aspirations qui ont toujours été celles du peuple : la paix, le respect. Nous ne sommes pas n’importe quel pays, nous sommes la France » (Tulle, le 06 05 20112). L’ARAC, fidèle aux valeurs fondamentales de la République, milite pour le rétablissement et le respect de la souveraineté populaire, pour une redéfinition de la place de la nation dans l’Europe, pour un rayonnement renouvelé de la France et de ses valeurs républicaines. Nous considérons le travail de mémoire indispensable pour que les jeunes générations s’imprègnent des combats communs de la constitution de la nation, des valeurs républicaines, de la démocratie et de la liberté. • Nous appelons le Président de la République à faire connaître les décisions qu’il entend prendre pour résister à la logique des marchés financiers et des politiques d’austérité. • A l’inverse de ceux qui, hier, se sont efforcés de casser le programme du Conseil national de la Résistance, l’ARAC, rassemblement des résistants d’hier et d’aujourd’hui, entend participer à la victimes actuellement des milliers définition d’un nouveau « programme d’hommes et de femmes dans notre pays de résistance », sachant que le fascisme, « pour qu’à chaque génération nous vivions quels que soient le nom et l’apparence mieux, pour donner à nos enfants une vie qu’il se donne, se nourrit toujours des meilleure » (Tulle, le 06 mai 2012). injustices sociales, de l’exploitation, de • La suppression de la Révision générale l’intolérance, de la désespérance, de la des politiques publiques (RGPP) et la guerre. prise en considération de tous les com- Avec nos comités, nos militants, nous posants du droit à réparation, la rente sommes et serons de tous les combats mutualiste, les milliers d’anciens com- de l’émancipation humaine. Plus que battants des Opérations extérieures, les jamais, nous voulons dire au Président dizaines de psychotraumatisés des 228 de la République, comme l’ont clamé le interventions militaires menées par la 8 mars 2004 en direction des jeunes, des France ces dernières décennies. personnalités de la Résistance : « Créer, • Le retrait des troupes combattantes c’est résister ! Résister c’est créer ! » d’Afghanistan d’ici fin 2012 et « la rééva- Monsieur Hollande, c’est ce que nous luation de la réintégration de la France dans attendons du nouveau Président élu par le commandement intégré de l’OTAN dont les Français. Par vos actes, Monsieur le la France n’a tiré aucun bénéfice probant » Président, rétablissez des relations de (Tulle, le 06 05 2012). confiance. La confiance permet tout. • La nomination d’un interlocuteur gouvernemental spécifique au monde com- Villejuif, le 11 mai 2012 battant doté d’un budget autonome (3,5

Déclaration du Bureau national de l’ARAC L’ARAC se félicite du départ de Nicolas Sarkozy, dont la défaite est un soulagement pour des millions de Françaises et de Français. Toute la campagne électorale des présidentielles a montré les exigences de changement portées par les Français. L’ARAC prend acte de l’élection de François Hollande à la Présidence de la République. L’ARAC attend du Président de la République une politique visant à maîtriser l’austérité qui « ne pouvait plus être une fatalité… C’est la mission qui est désormais la mienne. » (Tulle, le 06 mai 2012). L’ARAC engage le débat des élections législatives des 10 et 17 juin prochains, prenant à la lettre les engagements de François Hollande. Notre association attend que le Président de la République, le gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat mènent une politique résolue sur les points suivants : • La résorption des injustices dont sont 6-

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actualités LE RÉVEIL

Un rapport au canon sur le déclin de l’Occident Nous portons à votre connaissance un article du Canard Enchaîné du 2 mai 2012 concernant un rapport récent de la Délégation aux affaires stratégiques : des années de guerre et la multiplication de risques nucléaires prévoient ces experts en pessimisme. Sarkozy n’a certainement pas pris le temps de lire le volumineux rapport que la Délégation aux affaires stratégiques (DAS) a remis au ministère de la Défense le 20 avril. Et il a eu raison, ce document peut en effet déprimer tout candidat au pouvoir suprême. Sous la signature de Michel Miraillet, patron de la DAS, et du général (trois étoiles) Jean-Marc Duquesne, les 246 pages de ce texte ont été rédigées avec le concours de cinq responsables civils et militaires après consultation de soixantecinq experts de toutes disciplines. Le fruit de ce travail collectif fait froid dans le dos, selon l’un des premiers lecteurs des différents chapitres de ce « Plan prospectif à 30 ans », en jargon de la DAS. « Laboratoire d’idées », la DAS distille surtout ses idées noires pour les trente années à venir avec, en perspective, la préparation d’un Livre blanc sur la sécurité puis d’une nouvelle loi de programmation militaire. Et les auteurs de ce rapport sur « l’environnement stratégique de la France » ne se sont fixé aucune limite. En résumé, ils annoncent un rapide déclin de l’Occident et la fin de la suprématie américaine. Premier constat : « Il faut s’attendre à une

augmentation » des guerres, des crises dans un Proche-Orient « durablement sous tension » et des affrontements militaires classiques. Voilà pour les désordres ordinaires. Viendront ensuite « des guerres entre pays riches et pays pauvres à cause des difficultés d’accès aux ressources raréfiées de la planète (avec) de forts risques de contagion jusqu’en Occident ». Cela ne pouvant suffire à ces experts en pessimisme, ils se sont intéressés aux « ennemis irréguliers » des pays développés. « Le terrorisme, note le rapport, devrait continuer à prospérer sur le terreau des inégalités économiques et sociales, de la pauvreté, de la mauvaise gouvernance des États et de la grande criminalité ». Une mention spéciale pour la situation de l’Afrique subsaharienne, avec « un développement de l’islamisme radical (…) qui fera de la France une cible particulière ». Merci de nous avertir…

Nucléaire en hausse Les partisans de l’arme suprême vont aussi proliférer, si l’on ose dire. « Le nombre d’États nucléaires pourrait être d’une vingtaine dans trente ans », annonce le rapport. Aujourd’hui, ils ne sont que neuf, mais ils vont

faire des émules, et l’éventualité d’un lancer de bombes nucléaires est au programme dans ce monde de brutes. « Les risques d’un conflit majeur entre l’Inde et le Pakistan semblent croître », écrivent, par exemple, les auteurs du rapport. Mieux, il faut redouter « la capacité technique des groupes terroristes à utiliser des équipements nucléaires ». Des bombes « sales » qui permettent de répandre des produits radioactifs. Enfin, l’émergence de nouvelles puissances à vocation mondiale, Chine, Inde, Brésil, ou à dimension régionale, Afrique du Sud, Indonésie, Turquie, va remettre les pendules à l’heure d’une drôle de mondialisation. Selon la DAS, l’Occident perdra sa suprématie et les coalitions militaires, comme celle de l’OTAN, seront « fragilisées ». En clair, la Grande Amérique connaîtra elle aussi un évident déclin, même si elle saura toujours se défendre des attaques extérieures et protéger ses « villes, centres de pouvoir et lieux symboliques ». En prévision, donc, une rivalité Chine-USA et un « retrait partiel ou intégral des États-Unis des affaires internationales, subi ou résultant de ses tentations isolationnistes ». Ironie de l’histoire : aucun des candidats à la présidentielle n’a semblé s’intéresser vraiment à ces banales questions. Ni même voulu en parler. Jérôme Canard, Le Canard enchaîné, 2 mai 2012

Kader Arif I Ministre aux Anciens Combattants Kader Arif a été nommé ministre délégué aux Anciens Combattants dans le nouveau gouvernement Âgé de 52 ans,M. Arif est un responsable socialiste, implanté depuis toujours en région toulousaine. Il a été pendant 10 ans (1999-2008) secrétaire fédéral du PS de la Haute-Garonne. Entré au bureau national du PS en 2000, il a été promu au secrétariat national à partir de 2002.Il est député européen, tête de liste de la circonscription grand Sud-Ouest, élu en 2004 et réélu en 2009. Aîné de quatre enfants, M. Arif est arrivé

en France alors qu’il n’avait pas quatre ans avec ses parents, restés fidèles à la France au moment de l’indépendance algérienne. Il a fait ses études à Castres puis à Toulouse. Entré au PS en 1983, il y fait la connaissance en 1987 de Lionel Jospin, dont il devient le chargé de mission de 1988 à 1992 en Haute-Garonne, où celui-ci était conseiller général. Diplômé en communication, il a concilié militantisme et vie professionnelle au début des années 1990, travaillant dans un cabinet d’architecte puis pour un touropérateur, avant de se consacrer entièrement à la politique.

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Dow Chemical sponsor des JO ! Lettre au président du Comité international olympique Nous avons appris avec stupéfaction et tristesse que la société Dow Chemical avait obtenu de faire partie des sponsors des Jeux Olympiques et des Jeux Paralympiques de 2012. Cette société est tristement célèbre pour avoir fabriqué et livré à l’armée américaine plus de 80 millions de litres de défoliant répandus sur le sol du Vietnam de 1961 à 1971, apportant ainsi 400 kg de dioxine. La dioxine est, pour l’Organisation mondiale de la santé, le poison le plus violent au monde, provoquant des malformations, des maladies chroniques, des cancers et portant atteinte à l’ADN, ce qui fait que 40 ans après des millions de Vietnamiens subissent encore les effets de ce produit. Dow Chemical, comme les sociétés qui ont travaillé à ces opérations de guerre, n’ignoraient pas la nocivité des défo-

liants fournis, puisque des personnels de leurs usines furent aussi gravement atteints ; mais pour de sordides problèmes de rentabilité, elles s’abstinrent de modifier leurs chaînes de fabrication pendant toute cette période. Elles ont toujours refusé d’envisager la moindre réparation à la population vietnamienne victime de ces épandages, alléguant notamment qu’elles n’avaient fait que répondre à des commandes reçues des autorités militaires américaines. Celles-ci n’ignoraient pas non plus les effets catastrophiques de l’utilisation de la dioxine puisque, après des études menées par les plus hautes instances médicales des États-Unis, le gouvernement américain a dû accepter d’accorder réparation à son personnel militaire qui avait été en contact avec ces produits pendant la guerre, reconnaissant ainsi le lien direct existant entre l’exposition à la dioxine et une vingtaine d’affections graves allant des cancers aux atteintes

à l’ADN. Notre association, en liaison avec de nombreuses autres associations à travers le monde, ne cesse d’alerter l’opinion publique internationale pour que cesse ce scandaleux déni de justice et qu’une juste réparation soit accordée au peuple vietnamien. Vous comprenez ainsi notre stupeur quand nous avons vu que Dow Chemical allait se parer du titre de sponsor des jeux olympiques et paralympiques, quand une société ayant été complice d’un des plus grand écocides de notre époque, ayant provoqué et provoquant encore la mort de millions d’hommes, de femmes et d’enfants, avait la prétention de se placer sous la bannière olympique, symbole de fraternité et de l’union entre tous les peuples. Raphaël Vahé Président du Comité français pour le Village de l’Amitié Villejuif, le 18 mai 2012.

Une déclaration de Salah Hamouri ral, la levée des sanctions, la reprise des autorisations de visites familiales pour les prisonniers originaires de Gaza (interrompues depuis 2007).

Continuons le combat sur cette route : ce sont les peuples unis qui font l’histoire.

C’est le 14 mai que les prisonniers politiques palestiniens, à l’issue de la plus longue et la plus difficile grève de la faim de leur histoire, ont obtenu satisfaction de la plupart de leurs revendications. Ils ont obtenu la fin de l’isolement carcé-

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« C’est un sentiment de joie profonde et d’émotion intense qui m’habite aujourd’hui après la victoire remportée par mes sœurs et mes frères prisonniers qui ont enclenché, depuis le 17 avril, une grève de la faim illimitée pour mettre un terme aux conditions inhumaines de détention dans les prisons israéliennes. Cette victoire est d’abord leur victoire. Celle de leur courage et de leur détermination. Celle de leur refus de l’insupportable. Cette victoire a été aussi permise grâce à la mobilisation des familles et de la population palestinienne à Gaza comme en Cisjordanie. Cette grève a également été soutenue

largement par l’opinion publique à l’étranger, alors que toutes les autorités se sont tues et les médias souvent. Tout cela me confirme dans l’idée que les progrès de la liberté et de la reconnaissance des droits des Palestiniens viendront d’abord des peuples eux-mêmes. C’est le chemin de l’avenir. Cela montre qu’Israël peut céder devant les peuples en lutte pour le droit et la justice. En ces moments de joie, mes pensées vont à mes camarades prisonniers et à leurs familles. Je les salue avec respect. Maintenant nous allons continuer le combat jusqu’à leur libération. La liberté est et sera plus forte que la colonisation. Continuons le combat sur cette route : ce sont les peuples unis qui font l’histoire. » Salah Hamouri Paris, 15 mai 2012


international LE RÉVEIL

Asie Pacifique

Poussée de fièvre en mer de Chine La stratégie de redéploiement d’Obama inquiète les Chinois. Pékin et Washington s’affrontent pour la suprématie militaire et économique de la région. Tokyo et Washington ont annoncé, jeudi 26 avril, dans un communiqué commun, la signature d’un accord sur le retrait de la moitié des 18 000 marines stationnés dans l’archipel d’Okinawa, au sud du Japon. Cinq mille seront redéployés sur l’île de Guam, les autres répartis entre Hawaï et l’Australie. Le départ des GI’S de la petite île japonaise et leur nouvelle installation entre Hawaï, Guam et l’Australie ne sont ni le fruit du hasard ni l’affirmation d’une quelconque volonté du Pentagone de faire des économies. Ils s’inscrivent dans la stratégie de redéploiement des forces armées US en Asie décidé par l’administration Obama en début d’année. En effet, rendue publique en janvier 2012, la nouvelle doctrine militaire américaine affirme le renforcement de la puissance US dans la zone Asie-Pacifique. Dans un document officiel publié par la Maison-Blanche intitulé Priorités pour la défense du XXIe siècle, le commandant en chef des armées américaines, Barack Obama, est on ne peut plus clair sur les intentions de Washington : « Les intérêts économiques et sécuritaires des États-Unis sont inextricablement liés au développement de l’arc s’étirant du Pacifique Ouest et de l’Asie de l’Est à la région de l’océan Indien et de l’Asie du Sud (…) » affirme-t-il. Car, pour la Maison-Blanche il y a urgence. Depuis 2000, tous les pays de la région ont changé de partenaire commercial principal : Pékin à pris la place de Washington. Obama en tire une conséquence immédiate: « Pendant que l’armée américaine continuera de contribuer à la sécurité globale, nous rééquilibrerons nécessairement nos efforts en direction de la région Asie Pacifique. Nos relations avec nos alliés asiatiques ainsi qu’avec nos partenaires clés sont cruciales pour la stabilité future et la croissance de la

région. Nous consoliderons nos alliances actuelles, qui procureront un fondement essentiel à la sécurité de l’Asie Pacifique ».

Maintenir la suprématie US En fait, l’objectif est de rester n°1 mondial face à la Chine qui multiplie les initiatives économiques, diplomatiques et militaire pour s’assurer la supériorité. C’est ce qu’Obama ne cesse de marteler dans tout son document : « Je suis déterminé à nous faire ressortir plus forts de ces moments de défi, de telle sorte que nous préservions le leadership mondial de l’Amérique, que nous maintenions notre supériorité militaire (…) » C’est précisément cette doctrine de redistribution des cartes qui est appliquée aujourd’hui. L’alliance entre Tokyo et Washington est plus forte que jamais. Le Japon, « vassal stratégique » de l’Amérique, reste la pierre angulaire militaire des États-Unis en Asie du Nord-Est, face à la Chine. Okinawa, idéalement placée pour rayonner dans la région, est vitale pour l’Amérique. Il en va de même pour l’exercice naval conjoint entre les Philippines et les États-Unis qui s’est déroulé mercredi 25 avril sur les rivages de l’île de Palawan dans le cadre d’un accord de renforcement militaire signé récemment. « N’ayez aucun doute, ici aux États-Unis ainsi que dans le reste du monde, nous conserverons les forces armées les mieux entraînées, les mieux commandées et les mieux équipées de toute l’histoire. Et dans un monde changeant qui exige notre suprématie, les ÉtatsUnis d’Amérique resteront la plus grande force de liberté et de sécurité que le monde ait jamais connue », résume Obama.

Bras de fer Pékin n’est pas en reste pour montrer ses muscles. Les incidents, manœuvres, inti-

midations et déclarations se multiplient et font monter la tension notamment en mer de Chine méridionale autour de l’atoll de Scarborough (Huangyan Dao en chinois), pour lequel Pékin revendique des droits historiques, ainsi que sur de nombreux autres archipels. Ici l’enjeu est stratégique : il s’agit de contrôler et de verrouiller le golfe du Tonkin qui abrite la grande base de sous-marins nucléaires chinois de l’île de Hainan. D’autres tensions en mer de Chine du Sud ont, elles, pour cause essentielle le contrôle des ressources. D’après une étude publiée en Chine, la zone pourrait contenir l’équivalent de 213 milliards de barils de pétrole, soit 80 % des réserves de l’Arabie saoudite et, selon des estimations du groupe BP, la région contiendrait également cinq fois les réserves de gaz connues des ÉtatsUnis. Certains spécialistes de l’Asie du Sud-Est et dirigeants chinois considèrent que « la Chine se fait voler chaque année 1,4 million de barils par jour en raison de l’exploitation illégale » conduite par le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie et la Malaisie aujourd’hui, certes à des degrés divers, tous proches des États-Unis. Tandis que les problèmes se multiplient, les puissances de la zone sont également engagées dans une course à l’armement maritime. Jusqu’où iront-ils ? Pour les chercheurs Robert Frank, professeur d’histoire des relations internationales à l’université Paris I, et Jean de Préneuf, historien, maître de conférences à l’université Lille III, qui travaille pour le service historique de la Défense, cités par le Figaro, la montée en puissance des forces navales des pays de l’Asie Pacifique ressemble à la course aux armements qui a précédé la Première Guerre mondiale en Europe. Jean-Pierre Delahaye LE RÉVEIL - N°783 - mai 2012

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Sommet de Carthagène Camouflet pour Obama L’Amérique latine condamne l’exclusion de Cuba et envoie des signes forts d’émancipation à Washington. En pleine campagne électorale, Obama persiste et signe en dépit de ses engagements. Le sixième sommet des Amériques, qui s’est tenu le mois dernier en Colombie, a été marqué par une prise de distance des dirigeants latino-américains vis-à-vis de Washington en raison d’un différend avec les États-Unis sur l’exclusion de Cuba. Une épine qui met en péril l’avenir même de cette conférence continentale. Le président de l’Équateur, Rafael Correa, a purement et simplement refusé de s’y rendre en signe de protestation… Fait rarissime, les participants n’ont adopté aucune déclaration finale. La trentaine de dirigeants des pays de l’Organisation des États Américains (OEA), réunis dans le port caribéen de Carthagène des Indes, ont réclamé le retour de La Havane en leur sein. En dépit de déclarations d’intention, Obama a une nouvelle fois opposé son veto à la participation cubaine. Le président américain a justifié sa position expliquant « qu’à la différence des autres pays participants, Cuba n’était pas encore devenue une démocratie (…) J’espère que cette transition est en cours », a ajouté le locataire de la Maison-Blanche, en pleine campagne électorale. Pour la majorité des participants, la mise à l’écart de Cuba, cinquante-trois ans après la révolution, n’a plus aucune raison d’être. Les principes invoqués pour isoler La Havane en 1962, l’année où les États-Unis ont rompu les relations diplomatiques et instauré l’embargo, ne se justifient plus. A l’époque, on parlait de « défense collective de la démocratie » car le communisme était perçu comme une menace universelle. Par ailleurs, l’idée selon laquelle il était possible d’exporter la révolution grâce à des entraînements militaires, voire à un soutien armé fourni à des pays tiers, n’est plus valable. Personne ne croit que Raul Castro pourrait avoir des ambitions mili-

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taires hors de ses frontières ! Certains États sont si convaincus de l’absurdité de la marginalisation de Cuba que plusieurs dirigeants de pays importants, notamment les présidents brésilien, péruvien et argentin, ont fait savoir à Maria Angela Holguin, la ministre des Affaires étrangères colombienne, qu’ils ne participeraient à aucun autre sommet « si Cuba n’était pas conviée ». Les pays de l’Alba (Alliance bolivarienne pour les Amériques), un bloc rassemblant notamment le Venezuela, l’Équateur et la Bolivie, brandissent eux aussi la menace d’un boycott : « Si ceux qui veulent imposer leur veto ne sont pas capables de se corriger, ce sera tout simplement le dernier sommet », a lâché le chef de la diplomatie vénézuélienne, Nicolas Maduro.

Les pays émergents rebelles à Obama Aujourd’hui, seuls les États-Unis et le Canada s’opposent au retour de La Havane dans cette institution. Selon de nombreux observateurs américains, l’attitude de la Maison-Blanche s’explique par des « raisons de politique intérieure ». A quelques mois de la présidentielle où l’État de Floride joue un rôle crucial, Obama ne veut prendre aucun risque vis-à-vis de la diaspora anti-castriste installée et encouragée par toutes les administrations américaines, démocrates et républicaines, depuis 53 ans. Au-delà de ce que l’on pourrait interpréter comme un simple geste d’humeur à l’égard de Washington, des raisons beaucoup plus fondamentales semblent motiver les dirigeants latino-américains. La situation et la perception de la politique d’Obama a bien changé depuis son accession au pouvoir. Lors du sommet de

Trinidad en 2009, il avait réussi à créer l’illusion. « Nous sommes tous d’anciens colonisés », avait clamé le premier président noir des États-Unis sous les applaudissements. Hugo Chavez lui offrit le livre d’Eduardo Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine. Mais le souffle est vite retombé, d’abord après la signature d’un accord sur l’utilisation des bases aériennes colombiennes par l’armée américaine qui a choqué tous les pays de la région. Ensuite, avec le coup d’État au Honduras contre Manuel Zelaya qui a réveillé les soupçons d’interventionnisme de Washington. De plus, ce « sommet des Amériques » s’est déroulé dans un contexte particulièrement défavorable pour le président américain. L’Amérique latine s’est, pour le moment, préservée des soubresauts des économies occidentales en développant ses relations avec l’Asie. La crise économique qui déstabilise aujourd’hui l’Europe et les États-Unis, n’a eu que peu d’effets dans le sous-continent américain. Le Brésil, nouvelle puissance régionale économique et diplomatique, montre l’importance de s’affranchir de la tutelle nord-américaine. Et la Maison-Blanche n’apprécie pas ! L’agacement vis-à-vis du nouveau leadership brésilien a atteint son paroxysme lors de la visite de Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, à Washington. Obama n’a pas jugé bon d’organiser un dîner de gala en l’honneur de son homologue brésilienne, comme il l’avait fait pour le Premier Ministre britannique, David Cameron, quelque temps auparavant. Autre sujet de tension, la visite du président iranien Ahmadinejad en Amérique latine et la proposition de médiation de Brasilia, en coopération avec la Turquie, sur la question du nucléaire iranien n’ont fait qu’attiser la méfiance de Washington . Obama pourra-t-il encore longtemps ignorer et mépriser la force montante de ces puissances émergentes ? Une chose est sûr, elles font vœu d’émancipation et ne veulent plus être considérer comme l’arrière-cour des États-Unis. Il faudra désormais compter avec ces peuples. Jean-Pierre Delahaye


international LE RÉVEIL

Guerre des Malouines

Un crime contre l’humanité ? Il y a 30 ans, avril / juin 1982, la dictature d’État argentine tentait de trouver une issue « honorable » à près de dix années de terreur, en créant un élan d’union nationale par la « récupération » militaire des îles Malouines occupées depuis un siècle par la Grande-Bretagne. Mme Thatcher, dont l’Angleterre était en crise, saisit - elle aussi - l’occasion de détourner l’opinion publique en répondant par la force et avec la férocité de son armée de métier en écrasant les conscrits argentins jetés dans la guerre sans préparation aucune. C’est ce qu’a rappelé le vendredi 13 mars dernier, en la Maison de l’Amérique latine à Paris, le film Iluminados por el fuego présenté par le Collectif argentin pour la mémoire (avec qui l’ARAC entretient des liens de solidarité), projection suivie d’un débat auquel notre association était invitée.

Des conscrits torturés et envoyés à la boucherie. Le film, très dur, illustre à la fois les conditions épouvantables dans lesquelles les conscrits, tous puisés dans les couches les plus pauvres du peuple argentin, ont été jetés dans la guerre sans préparation aucune, dans des conditions climatiques terribles (pluie, froid polaire, boue) sans équipement, sous-alimentés et crevant la faim, mal armés et, de plus, livrés à des officiers sadiques les maltraitant, les torturant comme ils l’avaient fait au peuple argentin durant toute la dictature de la junte de Videla. Une armée policière et tortionnaire, car, outre la guerre, deux points ont été mis en évidence avec une force dramatique terrible par le débat : l’Argentine ne pou-

vait gagner cette guerre, car elle ne possédait pas réellement d’armée… mais une police tortionnaire, formée par des officiers supérieurs français de la guerre d’Algérie, une troupe de flics sadiques qui firent 30 000 morts et disparus au cours des quelques années où ils furent au pouvoir. D’ailleurs les conclusions du rapport du général Benjamin Rattenbach, commandé à l’époque par le général Reynaldo Bignone, rapport demeuré secret jusqu’au 7 février 2012 et maintenant connu, sont terriblement accusatrices pour les responsables de l’armée argentine. La guerre des Malouines y est dénoncée avec force comme « une aventure militaire »… à tel point qu’aujourd’hui, non seulement le jugement et le châtiment des responsables sont réclamés publiquement, mais qu’il est même à l’ordre du jour politique de qualifier « la guerre des Malouines de crime contre l’humanité ! »

Psychotraumatismes et suicides La seconde accusation pose la question des psychotraumatismes de guerre. Dans le film, un ancien combattant des Malouines se suicide. En fait, il y a aujourd’hui plus de victimes par suicide d’anciens combattants qu’il n’y a eu de

morts argentins aux Malouines. Et Esteban, son copain de guerre, se souvient et nous donne à voir la guerre, les brimades, l’horreur : « Les Malouines sont revenues, dit-il, et ont pris toute leur place ». Les psychotraumatismes ressurgissent terribles et sans possibilité de pouvoir les soigner. Drame d’anciens combattants non reconnus – ils sont encore 8 000 que l’ARAC soutient aujourd’hui dans leurs revendications au droit à réparation - drame d’anciens combattants au chômage, aux familles au désespoir, se sentant coupables, anciens combattants sombrant dans l’alcool, la drogue, psychotraumatisés, murés dans leur silence, au milieu d’une population elle aussi silencieuse. Autant de situations qu’ont vécues les anciens combattants d’Algérie et des OPEX d’aujourd’hui. Analogies qu’a souligné André Fillère dans son intervention apportant, à partir de l’expérience de l’ARAC, un soutien international remarqué et fortement apprécié par la centaine de personnes assistant à cette rencontre, ouvrant peut-être ainsi une nouvelle piste à l’aide à apporter à nos camarades argentins non reconnus des territoires opérationnels de l’Atlantique Sud. André Fillère

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LE RÉVEIL international

Pétrole

La souveraineté argentine Les ressources énergétiques sont au cœur d’une course acharnée à laquelle participent les grandes puissances capitalistes mondiales, qui n’hésitent pas à intervenir directement par les armes ou à inciter des peuples à s’affronter entre eux pour protéger les « intérêts » en place ou procéder à un nouveau partage des richesses : Afghanistan, Irak, Libye, voire le Soudan du Sud et le Soudan, où la compagnie Greater Nile Pétroléum Opérating Compagny (GNPOC) est détenue à 40 % par la CNCP (Chine), à 30 % par la compagnie indienne ONGC et à 5 % par SUDAPET (compagnie soudanaise) et le site pétrolier de Heglig sont au cœur des combats. Mais qu’un État décide de renationaliser son industrie pétrolière, c’est tout un chœur de protestation qui s’élève alors. L’Argentine veut son pétrole Lorsque le 16 avril dernier, la Présidente Cristina Kirchner, déjà au bras-de-fer pour le pétrole des îles Malouines que veut truster la colonialiste Angleterre, annonce qu’elle va renationaliser 52 % des actions de la société pétrolière YPF, ce sont 90 % des Argentins qui l’acclament et reçoivent le soutien du Brésil, de l’Uruguay, de l’Équateur, du Paraguay, du Venezuela, de la Bolivie, du Chili, avec la CELAC, la toute jeune confédération des États d’Amérique et des Caraïbes. Seul, au Sud, le Mexique est contre car il défend les « intérêts » de sa société nationale Permex qui détient 10 % du capital de la firme espagnole Repsol dont dépend l’YPF argentine.

A la reconquête de la souveraineté nationale Dans les années 1990, Carlos Menem, alors Président de l’Argentine, avait bradé toutes les richesses du pays, les privatisant et les vendant à l’étranger. Avant lui, YPF et son pétrole avaient historiquement participé au développement de l’intérieur du pays en y créant des routes, des villages et des villes… toutes choses insupportables à Menem qui la vendit à l’espagnole Repsol en 1999. Mais, depuis 2003, une politique de « récupération » renationalisait les transports aériens (Aerolinas), le système de retraite, de l’éducation, de la santé. Restaient encore au privé les mines, les télécoms, l’électricité, les banques et… le pétrole. De fait, l’Argentine était le 12 -

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seul État producteur du monde à ne pas contrôler son propre pétrole !

Repsol, une exploitation effrénée Malgré les 1 600 stations service argentines lui appartenant, Repsol n’exploite que 30 % des 200 000 puits de pétrole du pays, dont 6 000 totalement inutilisés et les autres relevant de Total, Chevron, BP ou Pétrobas. Et ce, avec des profits immenses redistribués aux actionnaires étrangers, alors que Repsol n’a investi dans aucun nouveau forage, exploitant ceux en production jusqu’au quasi épuisement (en 1999, les réserves estimées étaient de 35 années de production. Aujourd’hui, elles seraient de 5 ans seulement), laissant l’Argentine au bord de l’épuisement et la contraignant à importer pour 10 milliards de pétrole en 2011, sans doute 15 milliards en 2012, ce qui représente 50 % du total de ses importations !

Les USA et l’Union européenne contre les souverainetés nationales Les USA et le gouvernement espagnol espéraient une vive condamnation internationale de l’Argentine. En fait, seule l’Union européenne, dont la France, est montée au créneau. Alors que le Sénat argentin a adopté le projet à une très large majorité, l’UE s’ingère indûment dans les décisions politiques d’un gouvernement souverain et s’apprête à voter une résolution contre l’Argentine, accusée de s’en prendre à la « sécurité juridique des

investissements européens en dehors de l’Union européenne », entendez « les intérêts espagnols ». Or, plus de 54 % du capital de Repsol sont détenus par des actionnaires étrangers à l’Espagne ; et l’entreprise elle-même n’y déclare que 25 % de ses bénéfices. Aujourd’hui, elle réclamerait 10 milliards de dédommagement à l’Argentine alors que, selon le Financial Times, Repsol étudiait une offre d’achat d’YPF par une société chinoise pour 15 milliards de dollars !

Un signal fort envoyé aux exploiteurs des peuples En récupérant son pétrole, l’Argentine assure non seulement son avenir, mais elle envoie aussi un signal fort aux transnationales dont elle rejette les instances et les règles internationales édifiées pour protéger les investissements et les capitaux des principales puissances de la planète. Cette mesure s’inscrit dans la politique de souveraineté qui entre en contradiction avec les règles du capitalisme financier et du néolibéralisme qui ont mené la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal aux crises aiguës que l’on sait. Notre pays, sur qui pèse aussi cette menace, devrait au contraire soutenir le choix de l’Argentine et coopérer avec le pays comme avec l’ensemble de l’Amérique latine, plutôt que suivre l’UE et l’OTAN dans leurs exactions colonialistes contraires à ses intérêts nationaux et à son devenir. André Fillère


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

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des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Raymond Aubrac La constance des engagements ÉDITO - Par Paul Markidès La fidélité aux engagements clairement déterminés de Raymond Aubrac comme ceux de son épouse les a placés devant l’obligation de faire preuve de courage et de lucidité, quelles que soient les circonstances devant lesquelles ils se sont trouvés dans la Résistance ou dans la liberté. Sénèque, le grand philosophe grec, a pu dire : « Pour les marins qui savent où ils

vont, il n’y a pas de vents contraires ». Les vies et les actions et de Raymond et de Lucie Aubrac sont la démonstration de cette constatation. En évoquant celle de Raymond dans ce cahier, nous en faisons à nouveau la démonstration. Et tout cela, Raymond le vécut avec un comportement simple et modeste qui nous rendait facile les contacts avec lui dont les connaissances étaient si larges

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

et l’expérience si vaste. Cette Résistance à laquelle il nous a toujours invité coulait de source chez lui autant hier que dans les dernières années que nous venons de vivre si difficilement. Merci Raymond, nous vous resterons fidèles.

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LE RÉVEIL dossier

Raymond Aubrac

L’esprit de résistance Paul Markidès

Le grand Résistant Raymond Aubrac nous a quittés le 10 avril dernier. Membre du Comité d’honneur de notre association, il était l’un des nôtres et apportait particulièrement son soutien à notre Comité pour le Village de l’amitié au Vietnam. C’était un patriote fidèle à ses origines, à sa patrie, à ses valeurs républicaines, à son épouse Lucie avec qui il combattit dans la Résistance durant l’occupation nazie. Attaché à l’esprit qui animait les hommes et les femmes de l’ombre ainsi que l’on nomme souvent les Résistants, il savait mettre en valeur, tout comme sa femme, les actions de cette Résistance et le travail réalisé par son Conseil national de la Résistance, 14 -

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le CNR, évoquant devant tous les publics et notamment les jeunes scolaires, son programme qui inspira le redémarrage du pays en 1945. Raymond Aubrac était le fils d’une famille de commerçants juifs alsaciens dont les aïeux avaient refusé l’annexion par l’Allemagne en 1870 et étaient partis s’installer à Vesoul. Raymond est donc né dans cette ville le 31 juillet 1914. Le hasard a voulu que, ce jour-là, Jean Jaurès était assassiné au café du Croissant, rue Montmartre à Paris. Ses parents qui portaient le nom de Samuel étaient des patriotes et des juifs laïques qui n’en restaient pas moins attachés à leur culture. Rien d’étonnant à ce qu’ils soient dreyfusards. Ray-

Le général de Gaulle et Raymond Aubrac à Alger en février 1944

mond atteint l’âge adulte imprégné des idées qui dominaient son milieu familial. Élève de l’École nationale des Ponts et Chaussées à Paris, il consacre une partie de ses temps libres à l’université ouvrière où enseignent des intellectuels militants du mouvement ouvrier : Georges Politzer, philosophe marxiste, membre du PCF, fusillé au Mont Valérien en 1942 ; Gabriel Péri, journaliste et homme politique communiste, fusillé au Mont Valérien en 1941 ; Georges Cogniot philosophe, écrivain et homme politique communiste. Raymond Aubrac n’adhéra jamais au Parti communiste français mais resta toujours attaché aux idées marxistes et s’affirma constamment « compagnon de route » des communistes. Comme les communistes, les gens de progrès, les humanistes, il se félicitait de « l’effort d’équité sociale dans les domaines de l’éducation et de la santé publique sans oublier l’absence de chômage » réalisé dans les « sociétés socialistes » mais souffrant des effets des condamnations, des emprisonnements, des déporta-


dossier LE RÉVEIL

tions, des exécutions de la période répressive que vécurent ces pays de l’Est européen. Dans une réunion d’étudiants communistes qui était organisée à Strasbourg quelques mois avant la guerre, Raymond rencontre une jeune enseignante, militante des jeunesses communistes, Lucie Bernard. Ils se marieront en décembre 1939 et ils ne se quitteront plus. Solidaire de son époux, ingénieuse et courageuse, trois fois au péril de sa vie, elle aidera Raymond à s’évader. Tout d’abord, fait prisonnier par les Allemands le 21 juin 1940, il s’évade avec l’aide de sa femme et tous deux gagnent la zone libre. Le couple s’installe à Lyon où Raymond a des tantes maternelles. Lui trouve un emploi d’ingénieur dans un cabinet de brevets et Lucie obtient un poste au lycée de jeunes filles Edgar-Quinet.

Les années de Résistance En octobre 1940, lors d’un passage à Clermont-Ferrand, Lucie retrouve l’un de ses collègues enseignants à Strasbourg, Jean Cavaillès, qui lui présente Emmanuel d’Astier de La Vigerie, journaliste, créateur deux mois plus tôt d’une organisation antinazie et anti-vichyste dénommée « La dernière colonne ». C’est une rencontre décisive. Raymond et elle décident de consacrer tout leur temps libre aux actions de cette organisation : diffusion de tracts, recrutement, sabotages… En mai 1941, après la naissance de leur fils aîné, ils participent à la création du mouvement « Libération ». Sous divers pseudonymes, rappelons-nous qu’ils se nomment « Samuel », un nom qu’il est risqué d’assumer dans les circonstances de l’occupation nazie autant que du régime de Pétain, sous divers pseudonymes donc, dont celui d’Aubrac qu’ils garde-

ront, Lucie et Raymond contribuent à faire de « Libération » le mouvement le plus important de la zone sud. Ainsi les époux Aubrac sont désormais entrés en Résistance et appartenant alors au noyau central du mouvement , « du fait du hasard, des contacts et de l’amitié » comme l’expliquera plus tard Raymond, ils se retrouvent aux côtés non seulement d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie mais aussi, entre autres, de KriegelValrimont, Serge Ravanel, Yves Forges, Henri Frenay ou Yvon Morandat, envoyé de Londres. D’Astier apprécie les talents d’organisateur de Raymond et, en été 1942, il lui confia la tranche paramilitaire de son mouvement. A partir de janvier 1942, avec la nomination par le général de Gaulle de Jean Moulin comme son délégué auprès des réseaux de Résistance et la création de « L’Armée secrète » regroupant les branches militaires des différents mouvements, Raymond Aubrac se retrouve intégré à l’état-major réuni autour du général Charles Delestraint qui a été nommé par de Gaulle chef de l’armée secrète. En novembre 1942, la zone sud est envahie par les Allemands, et les résistants sont pourchassés par la Gestapo dirigée à Lyon par

Klaus Barbie. Mais c’est par la police lyonnaise qu’Aubrac est arrêté le 15 mars 1943. Et c’est avec l’aide de Lucie et Raymond qu’il obtient sa liberté provisoire le 10 mai. Le 24 mai Lucie et Raymond organisent l’évasion de l’hôpital de l’Antiquaille de leurs compagnons Serge Ravanel, Maurice Kriegel-Valrimont et François Morin-Forestier.

L’arrestation de Caluire

Raymond Aubrac intervenant lors d’une rencontre d’anciens combattants et victimes de guerre. Lucie Aubrac en photo de gauche.

Le 21 juin, Raymond est à nouveau arrêté pour la troisième fois à Caluire, cette fois par la Gestapo, avec Jean Moulin et d’autres participants à cette réunion qui avait pour but de régler certaines divergences de vues entre Jean Moulin et les mouvements de Résistance en zone sud. Raymond Aubrac est emprisonné au fort Montluc de Lyon. Il s’évade le 21 octobre 1943 pendant son transfert de l’école de santé militaire à la prison grâce à une opération montée par Lucie Aubrac. Après cette évasion, son épouse enceinte, lui-même et leur fils Jean-Pierre entrent dans la clandestinité complète et vont de refuge en refuge. Ils parviendront à rejoindre Londres en février 1944. Auparavant, ils auront malheureusement appris en décembre 1943, que les parents de Raymond

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LE RÉVEIL dossier

et son frère Paul ont été arrêtés parce que juifs, dirigés vers le camp de Drancy puis transférés à Auschwitz où ils périrent assassinés. Albert et Hélène Samuel, les parents de Raymond, son frère Paul ont été déportés par le convoi n° 66 du 20 janvier 1944. Lucie devait accoucher d’une fille (Catherine Valade) le 12 février 1944.

Une conduite faite de modestie et de droiture Raymond était impressionnant de modestie et de droiture. Il ne laissait pas les situations ambiguës en l’état, il réagissait. Le général de Gaulle, lorsqu’ils se retrouvèrent à Alger de février à août 1944, pu le constater. D’où l’estime qu’il vouait à Raymond Aubrac. Ainsi, quand deux résistants, Henri Frenay et René Mayer s’opposèrent à sa nomination à la Direction des affaires politiques du Commissariat à l’intérieur du Comité français de la libération nationale, au prétexte « qu’il y a déjà trop d’israélites au commissariat à l’intérieur », le général de Gaulle essaie de ne rien ébruiter. Mais Raymond l’apprend, démissionne et s’engage dans les parachutistes. Aussitôt, de Gaulle le nomme alors commissaire régional de la République pour la Provence et la Côte d’Azur. C’est à Marseille, en quelque sorte comme préfet de la région qu’il va engager toute son énergie pour

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Raymond et Lucie Aubrac. Raymond grand Croix de la légion d’honneur.

réaliser la reconstruction nationale. Il agit alors dans l’esprit de la Résistance en s’inspirant du programme du Conseil national de la Résistance. Il réquisitionne une quinzaine d’usines en s’appuyant sur la CGT pour déterminer parmi les principaux ingénieurs de chaque entreprise celui qui réunit compétence, autorité et confiance du personnel pour la diriger. La police que le commissaire régional Aubrac trouve à son arrivée ayant été largement compromise avec le régime de Vichy, il s’appuie sur les anciens Francs Tireurs et partisans (FTP) pour constituer les Forces républicaines de sécurités (les futurs CRS) qui doivent se substituer à cette police corrompue. Mais tout cela n’est pas du goût des socialistes locaux et Raymond doit quitter son poste. Il poursuivra alors sa lutte dans les cabinets des ministres communistes : François Billoux ministre de la Santé puis de l’Économie nationale, puis Charles Tillon ministre de l’Air puis de l’Armement, tous deux appartenant au gouvernement de Charles de Gaulle. On le retrouve par la suite au Maroc avec Ben Barka et ses amis au lendemain de l’indépendance, conseiller technique auprès des ministres progressistes du jeune état travaillant à l’implantation de nouvelles industries et au développement de surfaces irriguées. A partir de 1964, Aubrac est en poste à Rome à la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, où il s’occupe entres autres choses de la mise en place de bases de données informatiques. On l’aura trouvé aussi après la fin de la guerre mondiale aux côtés d’Ho Chi Minh, le Président de la République du Vietnam qui vient d’être créée. Ho Chi Minh, qui séjournera chez les Aubrac en 1946, leur restera lié jusqu’à

sa mort. Cette intimité avec le dirigeant vietnamien permettra au gouvernement français comme aux dirigeants américains de solliciter Raymond Aubrac pour qu’il leur serve d’intermédiaire lorsque les moments seront venus de négocier. Jusqu’à la fin de ses jours Raymond Aubrac a été fidèle à l’esprit de la Résistance, à son engagement, à lui-même. En 2004, il signe l’appel collectif de Résistants de la première heure à la célébration du 60e anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance afin de transmettre « ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle ». En 2006, il signe l’appel de l’Union juive française pour la paix (UJFP) dénonçant les frappes israéliennes au Liban (publié par Libération et l’Humanité). Le 14 juillet 2011, à la Bastille, entouré d’une centaine de militants des droits de l’homme, Raymond Aubrac lisait un manifeste dont nous citons ici deux phrases significatives : « Parce que nous sommes attachés aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, nous ne supportons plus que la République soit ainsi défigurée, la laïcité instrumentalisée au service de la stigmatisation de millions de nos concitoyens, la xénophobie banalisée dans les propos de ministres et de députés qui prétendent parler en notre nom à tous. Nous refusons que la peur soit utilisée pour faire reculer nos libertés, que les inégalités soient encouragées par l’injustice fiscale, le recul des droits sociaux et la démolition des services publics. » Résister, Résister pour rouvrir la voie à une véritable exigence de justice et de liberté, à une humaine société, tel était le chemin suivi par Raymond et Lucie Aubrac.


dossier LE RÉVEIL

Raymond Aubrac

« Désobéir, c’est le fait d’un homme libre » Il y a quelques années, avec le concours de notre association, l’historien Alain Ruscio avait organisé à l’occasion du cinquantième anniversaire de la libération d’Henri Martin, une journée d’étude, au cours de laquelle témoins (dont évidemment Henri lui-même et Raymonde Dien) et historiens avaient croisé leurs regards sur la lutte contre la guerre dite « française » d’Indochine. Les actes de cette rencontre furent publiés par les Éditions Le Temps des Cerises en 2004, sous le titre L’Affaire Henri Martin et la lutte contre la guerre d’Indochine. Alain Ruscio en sollicita la préface auprès de Raymond Aubrac qui lui livra le texte suivant : « Désobéir, c’est le fait d’un homme libre qui met en gage sa liberté pour obéir à sa conscience. C’est ainsi qu’Henri Martin, un marin qui refuse de participer au combat contre les Vietnamiens pour rétablir la domination coloniale, sait que son geste lui vaudra la prison, le jugement, la condamnation. Il rejoint le comportement de tous les résistants qui, dans la Résistance intérieure ou dans les Forces françaises libres, ont tous, un jour, décidé de transgresser les ordres de l’occupant relayés par le gouver-

nement de Vichy, à leurs risques et périls. Refusant de participer au combat contre un peuple qui lutte pour son indépendance, il est donc fidèle à ce qu’il avait été lui-même, un résistant français. Il est pourtant intéressant de voir ce qui distingue le geste d’Henri Martin, marin, de ce qu’avait été la décision du même Henri Martin, résistant. J’y vois deux différences significatives. Le résistant qui désobéissait devait le faire discrètement, sous peine d’être immédiatement arrêté, neutralisé, de disparaître sans que son comportement soit qualifié comme un exemple à valeur de démonstration publique. Au contraire, le soldat, le marin, qui refusa d’obéir aux ordres qu’il estimait inacceptables, l’a fait publiquement. La démonstration était là, mobilisatrice. Des centaines, des milliers d’hommes et de femmes ont reconnu le passage à l’acte, symbole d’une conviction que beaucoup nourrissaient sans pouvoir l’exprimer. Dès lors le geste public, motivé et explicité lors d’un procès qui va frapper l’opinion, devient un acte politique mobilisateur (c’est aussi la valeur de l’acte de Raymonde Dien qui arrête de son propre corps un convoi de ravitaillement de la force répressive).

Raymond Aubrac en débat public avec Edgar Morin

L’autre différence, importante à mes yeux, peut être ressentie par tous les survivants de la Résistance lorsqu’ils sont invités, souvent des années plus tard, à témoigner devant des jeunes. Parmi les questions posées, on s’entend toujours demander : « Mais pourquoi avezvous fait cela ? » Les réponses, qui varient selon les témoins, ont toujours une partie commune : le refus de l’injustice. Ces témoignages sont importants pour leur valeur historique, mais surtout pour la leçon de courage et pour la mise en évidence des valeurs morales qu’ils comportent. Ils arment l’auditoire d’une exemplarité qui trouvera, un jour proche ou lointain, l’occasion de peser sur le comportement. Le geste d’Henri Martin n’était pas, lui, un exemple pour l’avenir. Il était là, motivé, public, immédiat, politique, et son impact sur ceux, nombreux, qu’il impressionnait s’inscrivait dans l’actualité. Je voudrais ajouter que cet homme d’un grand courage et d’une haute structure morale a toute sa vie été fidèle à ses convictions, une fidélité dont l’histoire des dernières décennies n’a pas fourni tellement d’exemples. »

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LE RÉVEIL dossier

Faire respecter

les valeurs républicaines Raymond Aubrac était attaché aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, ce qui l’a conduit, avec une centaine de militants des droits de l’homme, à protester contre la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy en distribuant ce texte sur la place de la Bastille, le 14 juillet 2011. « Depuis bientôt un an, les plus hautes autorités de l’État s’acharnent à dresser les citoyens les uns contre les autres. Elles ont successivement jeté à la vindicte publique les Roms et les gens du voyage, les Français d’origine étrangère, les habitants des quartiers populaires, les chômeurs et précaires qualifiés d’ « assistés », etc. Elles ont ressorti le vieux mensonge d’une immigration délinquante, elles pratiquent la politique de la peur et de la stigmatisation. Nous avons manifesté le 4 septembre 2010, dans toute la France, contre ce dévoiement de la République. Aujourd’hui, chacun mesure la terrible responsabilité de ceux qui ont donné un label de respectabilité aux idées d’extrême droite, à la xénophobie, à la haine et au rejet de l’autre. De dérapages verbaux en pseudo-débats, de crispations identitaires en reculs sociaux, la voie a été grande ouverte à une crise démocratique encore plus grave que celle du 21 avril 2002. Parce que nous sommes atta18 -

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chés aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, nous ne supportons plus que la République soit ainsi défigurée, la laïcité instrumentalisée au service de la stigmatisation de millions de nos concitoyens, la xénophobie banalisée dans les propos de ministres et de députés qui prétendent parler en notre nom à tous. Nous refusons que la peur soit utilisée pour faire reculer nos libertés, que les inégalités soient encouragées par l’injustice fiscale, le recul des droits sociaux et la démolition des services publics. Nous refusons cette République défigurée ; celle que nous voulons, c’est la République « laïque, démocratique et sociale » que proclame notre Constitution ; celle du 14 juillet 1789, du Rassemblement populaire de 1936, celle du Conseil national de la Résistance. Celle qui s’attache

,inlassablement à garantir à tous l’égalité en dignité et en droits, l’égale liberté, l’égal respect de la part de ceux qui nous gouvernent. C’est pourquoi nous lançons un appel solennel au rassemblement de toutes et tous, à la mobilisation des consciences pour le retour de cette République que nous voulons plus que jamais libre, égale et fraternelle. Deux cent vingt-deuxième anniversaire de la prise de la Bastille, ce 14 juillet est le dernier avant l’échéance présidentielle de 2012. Sachons nous en saisir, nous rassembler pour fêter la République de la meilleure manière qui soit : en appelant nos concitoyennes et concitoyens à faire respecter ses valeurs, aujourd’hui et demain. »

Communiqué de l’ARAC

Disparition de Raymond Aubrac

Après l’annonce publique du décès de Raymond Aubrac, l’ARAC publiait, le 13 avril 2012, le communiqué suivant signé de son président. Raymond Aubrac nous a quittés. C’est un patriote, un antifasciste, un anticolonialiste, un résistant, un républicain de progrès qui va nous manquer. A la Libération, pour appliquer les directives du Conseil national de la Résistance, il animera à Marseille une importante et inédite expérience sociale avec 15 000 salariés de 10 entreprises. Il fut aussi un ardent internationaliste de Gaza au Vietnam… L’ARAC, pour sa part, continuera son combat bien retracé dans l’Appel de 2004 aux jeunes générations qu’il signa avec Lucie, son épouse, et d’autres grands résistants, notre combat non achevé, pour une République citoyenne qui doit porter plus que jamais les valeurs du programme du Conseil national de la Résistance. Raphaël Vahé Président national de l’ARAC


dossier LE RÉVEIL

Les combats

de Raymond Aubrac

pour la liberté du Vietnam Nos amis du Centre d’information et de documentation sur le Vietnam contemporain ont publié le 26 avril 2012 un texte d’hommage à Raymond Aubrac qui rencontre entièrement notre adhésion. Nous vous livrons l’essentiel de ce document. Nous ne verrons plus Raymond Aubrac aux réunions pour la reconnaissance du Vietnam et pour le soutien de son peuple. C’est en 1945 que, pour la première fois, ce grand Résistant croisa le chemin de ce pays. Commissaire de la République à Marseille, il intervint pour la défense de travailleurs dits « indochinois », en proie à des brimades et à la surexploitation. L’année suivante, lors de la visite officielle en France du président Ho Chi Minh (qui devait hélas aboutir à un échec, prélude au déclenchement de la guerre coloniale), c’est tout naturellement vers Lucie et Raymond Aubrac que le président du Vietnam se tourna. Il fut hébergé, durant son séjour, dans leur villa et devint même le parrain de leur fille Elisabeth. De cette période naquit une amitié réciproque entre Raymond Aubrac et Ho Chi Minh qui ne se démentit jamais. On peut dire qu’il fut certainement l’homme, en Occident, qui connut le mieux le président du Vietnam et qui bénéficia continûment de sa confiance totale. Raymond Aubrac déploya une activité, aussi discrète qu’efficace, pour que ce pays connaisse enfin la paix. Pour ce faire, à diverses reprises, durant la guerre dite « française » d’Indochine, puis, surtout, durant la phase « américaine », Raymond

Aubrac sillonna le monde, rencontra les grands décideurs de l’époque, de Kissinger au pape Paul VI, en passant par l’entourage direct du général de Gaulle. La paix revenue, après 1975, Raymond Aubrac resta fidèle à ce pays, tout en manifestant en toutes occasions sa lucidité. Dirigeant de l’Association d’amitié franco-viet-

Raymond Aubrac s’exprimant au cours d’une cérémonie

namienne, co-fondateur du Centre d’information et de documentation sur le Vietnam contemporain, il fut de toutes les initiatives de solidarité et de connaissance. Tous ceux qui ont fréquenté, pratiquement jusqu’à ces dernières semaines, ces réunions, peuvent en témoigner. Le Vietnam aujourd’hui indépendant perd un fidèle compagnon, les amis de ce pays, de par le monde, sont plongés dans la tristesse. Raymond Aubrac leur manquera, nous manquera.

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LE RÉVEIL dossier

Société des amis de l’Humanité

Hommage à Raymond Aubrac contre le retour de l’esprit de Vichy Les Amis de l’Humanité ont rendu hommage au grand résistant, à Paris, le dimanche 20 mai à 10 heures au cinéma Max Linder Panorama (24 bd Poissonnière). On y découvrira, en avant-première, un nouveau film Raymond Aubrac, la reconstruction de Pascal Convert et Fabien Beziat qui prolonge Raymond Aubrac, les années de guerre des mêmes auteurs. Ce second volet montre un Raymond Aubrac dont la résistance ne s’est pas arrêtée à 1945. On y retrouve le commissaire de la République à Marseille, l’homme

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des échanges Est-Ouest et de la décolonisation, particulièrement avec le Vietnam. Le parcours de Raymond Aubrac relie ainsi deux figures de l’Histoire, Jean Moulin et Ho Chi Minh, qui sont de ceux qui ont « fait » le XXe siècle. Cet hommage a revétu aussi le sens d’une incitation à la nouvelle résistance qui doit répondre au retour de l’esprit de Vichy. Raymond Aubrac est mort le 10 avril, la veille d’une échéance électorale où un camp qui se dit national a piétiné le programme du CNR en faisant

Raymond Aubrac reçoit les honneurs de la Nation le 16 avril 2012 dans la cour de l’Hôtel des Invalides.

des étrangers des boucs émissaires, en citant un Brasillach qui appelait à déporter les juifs et à fusiller les résistants. Raymond Aubrac a couru, jusqu’à l’extinction de ses forces, dans les lycées où il fallait dire et redire : vivre, c’était résister, et vivre aujourd’hui, c’est toujours résister. La rencontre, en présence de la famille de Raymond Aubrac, a été placée sous la présidence de Robert Chambeiron, dernier survivant du Conseil national de la Résistance, compagnon de Jean Moulin. Raymond Aubrac, la reconstruction est produit par les Films d’Ici avec la participation de France Télévisions et sera prochainement programmé par France 5. Le cinéma Max Linder était partenaire de la rencontre.


LE RÉVEIL VIE de l’arac

Mutuelle de l’ARAC

Une AG caractéristique des exigences présentes L’assemblée générale de la Mutuelle de l’ARAC s’est tenue le 31 mars dernier à Villejuif (94), dans les salles du centre des Esselières, en présence d’une assistance extrêmement nombreuse et combative. Certes, cette assemblée générale a « sacrifié » aux règles statutaires des rapports d’activité, compte rendu financier, rapport de la commission nationale de contrôle financier, quitus du trésorier général, renouvellements du conseil d’administration et de la CNCF… Mais elle a surtout été marquée, à partir de l’exposé sur la défense des droits à réparation des anciens combattants mutualistes dans la situation actuelle (présenté par André Fillère), par un débat extrêmement large et approfondi quant à la nécessaire intervention de la Mutuelle et de chacun de ses adhérents pour mettre en échec la politique gouvernementale nocive actuelle et agir pour un présent au service de l’homme aujourd’hui et demain. L’Assemblée générale, constatant la marginalisation dont sont victimes les anciens combattants, les victimes de guerres, les mutualistes AC dans la campagne électorale présente, a défini un programme d’interventions offensives en direction du futur Président de la République, des candidats à la députation, du futur gouvernement et des élus nationaux, lequel plan, mis en œuvre immédiatement, ira crescendo jusqu’à septembre prochain et s’inscrira dans l’action pour un budget 2013 des ACVG répondant aux exigences des ressortissants. Dénonçant la casse systématique de la

santé en France, l’assemblée générale a non seulement accusé la politique de privatisation mettant à mal les hôpitaux publics au profit du privé, les dépassements d’honoraires mis à la charge des complémentaires santé, le déremboursement de médicaments de plus en plus nombreux, etc., mais elle a également décidé de s’associer au mouvement lancé par tous les syndicats de salariés et la Mutualité française pour mettre un coup d’arrêt aux atteintes gouvernementales et agir pour les droits de l’homme à la santé, dans l’esprit du programme du Conseil national de la Résistance et de la création de la Sécurité sociale par Ambroise Croizat en 1945. Saluant la Mutuelle au nom de l’ARAC, Patrick Staat, secrétaire national de l’association, soulignait la qualité des orientations et des décisions émanant des débats d’une Mutuelle de l’ARAC porteuse des valeurs républicaines, des valeurs d’avenir, inscrivant son activité dans l’actualité avec le souci de préparer un présent et un futur où nos enfants vivront mieux que nous, grâce à nos luttes contre les inégalités, les injustices, nos luttes allant dans le sens de la vie, au service d’abord de l’humain. Avec ce même souci du devenir des

peuples, Patrick Staat soulignait l’importance de la présence de la Mutuelle de l’ARAC dans l’action pour la paix, l’amitié et la coopération entre les peuples. Et ce, à un moment où les risques de conflits sont de plus en plus présents, avec des conséquences lourdes et tragiques s’ils éclatent, voire le risque nucléaire dans certains secteurs du monde où les pays possesseurs de l’arme atomique représentent une poudrière pouvant générer un embrasement dramatique (Corée du Nord, Inde, Pakistan, Israël, sans oublier les 5 « grands » : USA, Grande-Bretagne, France, Chine et Russie). Qu’ils soient venus du Nord ou des Bouches-du-Rhône, de la région parisienne, de l’Ouest, des rives lointaines d’Afrique noire, ou de Guyane, les mutualistes (anciens combattants 39-45, Indochine, Afrique du Nord, OPEX et victimes de guerre) sont intervenus avec élan pour partager les orientations définies par l’assemblée générale, s’inscrire avec enthousiasme pour leurs réalisations et affirmer leurs certitudes en un avenir meilleur qu’ils entendent bien contribuer à bâtir en France et de par le monde. L’AG 2012 ? Un sacré cru pour la Mutuelle de l’ARAC !

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LE RÉVEIL VIE de l’arac

Bordeaux (33)

Tombola de Noël

Par beau temps, le défilé du 1 Mai à Bordeaux a connu un franc succès avec la banderole de l’ARAC présente. La participation est évaluée à 15 000 personnes sinon plus. er

L’heureux gagnant de la voiture est Edmond Boulinguez (Pas-de-Calais). Celle-ci lui a été remise par Raphaël Vahé, président national, et Pierre Bussone, secrétaire national.

Choisy-le-Roi, un territoire en renouveau En bord de Seine, à 7 mn de Paris par le RER C Choisy-le-Roi, ville solidaire et en mouvement - Membre de Seine Amont Développement et du pôle Orly-Rungis Au centre de l’Opération d’Intérêt National - Engagée dans un programme de renouvellement urbain

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www.choisyleroi.fr


LE RÉVEIL VIE de l’arac

Jean Saltel nous a quittés Jean Saltel, mon père, « cet homme au sourire si doux » vient de disparaître. Il était de ceux qui, modestement mais consciemment, ont refusé la colonisation de leur pays et des esprits. Il avait rejoint les maquis de Haute-Savoie. Il faisait partie des rescapés du maquis des Glières. J’imagine ce que représente, pour un jeune homme, le départ du foyer familial dans ces temps troublés où peu d’entre ses pairs ont fait la même démarche fière et résolue. Pour nous, enfants de l’aprèsguerre, son itinéraire pouvait paraître naturel : échapper aux griffes de l’occupant, car nous étions nourris à ce lait. Or c’était un arrachement courageux. C’était un geste profondément humain. Ils ont été quelques-uns, peu nombreux en regard de toute une population, à faire ce choix. Comme si c’était l’évidence. Si on l’interrogeait, car il fallait l’interroger pour qu’il en parle, il avait les mots d’un homme qui savait qu’il n’y avait qu’une voie, celle du refus. Le refus, qui ne s’est pas démenti par la suite, de se plier à l’idéologie raciste et fasciste des nazis. Il n’a jamais varié de toute sa vie. Il a toujours exprimé par des mots et des actes

sa haine des nombreuses injustices qui traversent notre société. Il était un « ouvrier » et il défendait sa classe. Son engagement s’est ensuite continué naturellement dans sa profession de cheminot, qu’il aimait. Il en parlait avec fierté, il jouait un rôle dans la vie, un rôle pétrit de compétence et d’honnêteté. Oui, il était resté un résistant qui ne cède pas une part de terrain à ceux qui voulaient l’asservir. Il a défendu, avec les autres travailleurs, les acquis du CNR (Conseil national de la Résistance) si chèrement gagnés. Un homme est parti qui aurait aimé laisser un monde meilleur. Mais son exemple et celui de tous ses compagnons et camarades serviront, j’en suis sûr. Extrait de l’intervention de Christian Saltel, le fils de Jean Saltel, lors de l’inhumation.

Décès de François Bouillet Je veux remercier par leur présence les représentants nationaux et départementaux, Raphaël Vahé et Jacques Goutorbe de l’ARAC et les porte-drapeaux pour rendre hommage à notre camarade François Bouillet. François, c’est le résistant, le militant

communiste, l’homme qui lutte jusqu’au bout pour le bonheur des autres. Président d’honneur de l’ARAC, il reçoit à juste titre la Légion d’honneur… Fidèle aux créateurs de l’ARAC, Barbusse, Vaillant-Couturier, Lefebvre et Bruyère, il est toujours de l’avant dans la lutte contre les guerres, fléau de tous les temps… Avec lui, je vais sur les lieux de mémoire, accompagner les élèves de 3e du collège Dulcie-September d’Arcueil. Qui pouvait mieux que François expliquer la dure lutte des résistants… Expliquer à ces jeunes l’immense courage de ces valeureux combattants des maquis. Ecouté attentivement par les gosses très émus, c’est la démonstration que la défense de la mémoire est un devoir nécessaire… François, tu laisses un grand vide et beaucoup de tristesse… Yvette, sois courageuse… ton papa a été un combattant fidèle à son idéal, le lutteur infatigable contre les guerres… Salut François, la lutte continue. Extraits du discours de Marc Pialoux Président ARAC Arcueil aux obsèques de François Bouillet.

NOS PEINES MAI 2012 AIN (01) Génissiat : Jean MARGUERETTAZ, 74 ans, AC ATM. ALLIER (03) Commentry : André JOURDAIN, 71 ans, AC ATM. ALPES-MARITIMES (06) Nice : Francesco CALTABIANCO, AC 39-45, Déporté, Engagé Volontaire en Indochine, Médaille Militaire, Croix de guerre.

AC 39-45. Marseille centre : Mme Jeanne CASSAR, veuve. Eugène GUIGOU, ami. Rognac : René SAVARY, porte-drapeau. Saint-Barnabé : Victor MAGITTERI, AC 39-45. Velaux : Lucien GABRIEL, 93 ans, ami.

ARDÈCHE (07) Le Pouzin : Raymond MILLER, AC ATM.

DORDOGNE (24) Bergerac : Bernard DELUGUIN, AC 39-45. Mussidan : Pierre DUMEL, AC ATM. Georges LAFOND, AC 39-45. Perigueux : René DUPRE, AC 39-45. René LAURET, AC 39-45.

BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Aubagne : Robert JENDEL, AC 39-45. Jean MAILLET. Marcel MENCHERINI,

EURE-ET-LOIR (28) Chateaudun : Gilbert MARCHAND, 91 ans, AC 39-45, STO.

HAUTE-GARONNE (31) Blagnac : Henri LAFON, AC ATM. Colomiers : Jean CASTEX, AC 39-45, Résistant.

PUY-DE-DÔME (63) Clermont-Ferrand : Blanche SAUZET, amie. Riom : Louis BERDOU, AC 39-45.

ILLE-ET-VILAINE (35) Rennes : Emile BRUNET, AC ATM.

PYRÉNÉES-ORIENTALES (66) Perpignan : Paul SANCHEZ, 92 ans, AC 39-45. Rivesaltes : Raymond BULETE, AC 39-45.

ISÈRE (38) Bourgoin-Jallieu : Elie CHAUVY, 89 ans, AC 3945. Gaetan FIORE, 91 ans, AC 39-45. LOIRE-ATLANTIQUE (44) Orvault : André BORDE, 79 ans, AC ATM. LOT-ET-GARONNE (47) Casteljaloux : Claude ERTUS, 76 ans, AC ATM. Christian VEZOLE, 72 ans, AC ATM.

RHÔNE (69) Vénissieux : Georges ROSTAING, 84 ans, AC 39-45. PARIS (75) 3e : Marcel VOISIN, AC Indochine. 19e : Dante VASELLI. SEINE-SAINT-DENIS (93) Dugny : Louis ROBERT. VAL-DE-MARNE (94)

Arcueil : Robert MEYER, AC 39-45. VAL-D’OISE (95) Bezons : Mme Simone NOX, amie. Conseil national Saint-Yaguen : Francis BEAUMONT.

Essonne - Massy Marc Drouillat, 48 ans, fils de Christian Drouillat, trésorier de la section et membre du Conseil départemental ARAC-Essonne. Les directions départementale, nationale et tous les adhérents s’associent au deuil de la famille et assurent Christian, son épouse et les enfants de Marc de leur chaleureux soutien.

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LE RÉVEIL VIE de l’arac

Le 8 mai 2012

A Paris et partout en France Commémoration de la victoire des peuples sur le nazisme « Transition républicaine apaisée » dans une période cruciale ? Nicolas Sarkozy a invité le président élu François Hollande à assister avec lui à la cérémonie du 8 Mai, sous l’Arc de Triomphe. C’est la seconde fois dans la Ve République, depuis la victoire de François Mitterrand contre Valéry Giscard d’Estaing. « Transition républicaine apaisée qui se prépare » comme a tenu à le souligner Pierre Moscovici avant les rendez-vous cruciaux des jours prochains du G8 et de l’OTAN aux États-Unis ? Pour l’ARAC, le 8 Mai est aussi l’occasion de rappeler que la Résistance s’est unie sur le programme du Conseil national de la Résistance, programme de progrès humain. Elle appelle le peuple français à ne pas laisser faire ceux qui ont pour objectif de le détruire. Le 8 Mai inspire toujours les hommes et les femmes de progrès. Raphaël Vahé, président, y représentait l’ARAC.

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À Paris (75)

À Pessac (33)

8 Mai à Pessac, où notre camarade Baudry a été décoré devant le monument aux morts.


À Nanteuil (60)

À Chilly-Mazarin (91)

À Noisiel (77)

Brest (29)

À Tourcoing (59)

Neuville (59)

8 Mai à Nanteuil devant la plaque d’hommage au colonel Fabien, lors de son séjour en septembre 1944.

Lecture du message du 8 Mai devant le monument aux morts de la commune.

8 Mai 2012, Tourcoing, c’est une première : lecture devant une très nombreuse assemblée du message de l’UFAC par deux lycéens de la ville.

La commémoration du 8 Mai à Chilly-Mazarin, en présence de jeunes scolaires.

Cérémonie du souvenir en présence des autorités civiles et militaires de Brest.

8 Mai : nombreuse représentation devant le monument aux morts de Neuville-en Ferrain.

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LE RÉVEIL VIE de l’arac

Prépare-t-on une disparition de l’ONAC ? Malgré les affirmations réitérées des pouvoirs publics et des candidats aux élections présidentielles, la question se pose et mérite la réaction vigilante du Mouvement ACVG et des forces civiques républicaines. La crise brutale qui secoue l’ONAC à propos de l’implosion de sa mission d’attribution des cartes du combattant et des TRN est la plus récente manifestation d’un processus inquiétant sur lequel il est urgent de se pencher. Car la remise en cause de cette mission, par -delà les responsabilités et les faiblesses de la direction générale, et quelles que soient les mesures d’urgence pour les solutionner, ne sera pas sans porter tort à l’image et à la crédibilité de l’ONAC, ni sans laisser de trace au sein des personnels, des services départementaux et même dans les Associations d’ACVG. Mais ce n’est que l’émergence brutale et visuelle d’un processus entamé depuis des années pour saper les assises de l’institution ONAC, en même temps que celles du droit à réparation. La RGPP avec ses suppressions de personnels, la disparition du secrétariat d’État aux ACVG, la confiscation de ses services au profit du ministère de la Défense, les refontes successives du code des pensions militaires d’invalidité, les tentatives de sortir les écoles de réinsertion professionnelle et les maisons de retraite du sein de l’ONAC pour les confier à une fondation, l’exclusion du syndicat CGT du conseil d’administration et la marginalisation de l’ARAC en son sein, l’entrée en force de généraux et de membres d’associations d’ACVG favorables à une politique « libérale » - tant au CA de l’ONAC qu’à l’UFAC d’ailleurs - ne peuvent que nous alerter, autant que, parallèlement, un risque de « confusion » peut exister quand se cumulent les mandats aux principaux postes de responsabilités à la fois à l’ONAC et dans le mouvement ACVG. Aussi, additionnant toutes les atteintes subies à la crise récente, il n’est pas vain de se demander si, politiquement, des manœuvres de moins en moins souterraines ne sont pas en train de vouloir « faire la peau » de l’ONAC ?

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Et les promesses électorales « la main sur le cœur » ne sont pas faites pour nous tranquilliser. Plus que jamais, vigilance et action dans l’union des ACVG et de tous ceux qui se retrouvent, quel que soit leur âge, dans les valeurs républicaines du Conseil national de la Résistance, doivent être à l’ordre du jour.

Implosion du service Kapta Derrière la façade, qu’est-ce qui agite l’ONAC ? Le Conseil d’administration de l’ONAC a été mis en place le 23 février 2012. Le rideau peut retomber, pour quatre ans ; le calme règne… en surface. Mais derrière la façade, tout est-il aussi tranquille ? A en croire diverses sources, services départementaux de l’ONAC, services centraux de l’ONAC aux Invalides, service de Caen, syndicats de l’ONAC... tout n’est pas si simple, si clair. Et on est en droit de s’interroger : Que se passe-t-il à l’ONAC ? La crise couvait depuis près de deux ans, depuis que, les commissions d’attribution de la carte du combattant étant supprimées, un retard important dans le traitement des dossiers se soit accumulé jusqu’à la nomination d’une nouvelle commission nationale de la carte et la mise en place d’un logiciel miracle, Kapta, véritable panacée capable de tout traiter de A à Z, des dossiers de demande à l’envoi des cartes et des TRN. Tout, sauf que… tout a été de travers, que le temps passé à traiter le retard inadmissible des dossiers « algériens » a aggravé les délais d’attente des dossiers nationaux de 2009-2010, bloquant un peu plus Kapta et sa mise en route tellement balbutiante et laborieuse.

Alors, ça râlait dans les chaumières ! Les anciens combattants abreuvaient les services départementaux de l’ONAC

de réclamations, lesquels n’y pouvaient rien. Mais, comme il faut bien faire un geste, un mail de la direction générale de l’ONAC a demandé aux services départementaux de « sélectionner parmi (leurs) demandes celles qui ont fait l’objet d’interventions parlementaires ou institutionnelles, ainsi que celles des demandeurs ayant atteint un âge avancé ». La carte du combattant « au piston », quoi ! Rien n’y a fait, ni les appels au secours des services départementaux de l’ONAC et de leurs directeurs, ni les interventions multiples des syndicats CGT (accusés de nuire à l’image de l’ONAC !) et CFDT, ni les mises en garde de la Commission nationale de la carte. La direction générale de l’ONAC, campant sur ses positions, rejetait toutes les responsabilités sur le « mauvais travail » des personnels des services départementaux, du service de Caen, à un point tel que Kapta était enlevé à la Direction des missions intérieures de l’ONAC pour être confié en exclusivité à la Sous-Direction générale et à une seule personne responsable, Mme Barbara Moustié. Et la machine s’est emballée, Mme Moustié a brusquement démissionnée ; l’ONAC plongeait au cœur de la tourmente et réunissait un cabinet de crise, le 3 mai dernier, pour faire face le plus vite possible, éclairer la situation, faire un état des lieux et trouver une solution au blocage et à des retards vieux de plus d’un an.

Mais dans tout cela... l’ONAC ? Les ACVG ? Ces dernières années, ce climat d’affrontement, d’échec, de rivalité et de culpabilisation a pesé et pèse toujours sur l’ONAC à tous les échelons… Bien des personnels, des SD aux postes de responsables nationaux de l’ONAC


vie de l’arac LE RÉVEIL

que temps que soient mises en place d’autres orientations, où les responsabilités seront assumées, où la coopération et la transparence, la formation et le respect de chacun seront des bases communes à tous, avec l’exercice du droit à réparation au service des anciens combattants et des victimes de guerre. Conseil d’administration de l’ONAC… l’ANACR et la CGT exclue, l’ARAC marginalisée. La composition, comme les votes de la majorité du conseil d’administration de l’ONAC, récemment étouffent dans cette atmosphère, nommé par le secrétaire d’État aux peinent de plus en plus sous le poids Anciens Combattants au nom du goudes exigences de la politique gouver- vernement de M. Sarkozy, sont révélanementale poussant les feux au maxi- teurs des volontés du gouvernement de mum, dans la fébrilité, pour remettre marginaliser les Associations d’ACVG fondamentalement en cause l’exercice républicaines et progressistes, avec et le droit à réparation auxquels les per- l’aide du mouvement AC traditionnelsonnels de l’ONAC sont aussi attachés lement « conservateur ». La réduction du conseil d’adminisque les ACVG eux-mêmes. Car ce n’est pas un problème seule- tration à 40 membres au lieu de 70 a Annonce 210x135 4D:Mise en page 1 7/10/11permis 14:23 Page 1 la voix de l’ANACR d’éliminer ment intérieur à l’ONAC. Et il est plus

(Association nationale des anciens combattants de la Résistance), Jacques Weller, administrateur sortant et pourtant représenté, n’ayant pas été retenu par le secrétaire d’État. Autre constat, l’importante entrée des généraux dans ce nouveau conseil d’administration de l’ONAC. Ils ne sont pas moins de 9, plus 2 contrôleurs généraux des armées (sur 40), dont 3 (sur 5 administrateurs) au titre des anciens combattants en OPEX. Les deux parlementaires désignés par le secrétaire d’État (un député, une sénatrice) sont tous deux membres de l’UMP. Auxquels il faut ajouter les six représentants du gouvernement : DMPA (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives/défense), ministères de l’Intérieur, du Budget, de l’Éducation nationale, des Affaires étrangères. La participation des grandes associations nationales d’ACVG est assurée par deux administrateurs pour chacune

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LE RÉVEIL vOS DROITS

d’elles… sauf l’ARAC qui n’en compte plus qu’un, contre deux précédemment. Et ce, alors même qu’elle avait présenté des candidats y compris chez les OPEX. Le choix du secrétaire d’État de nous ramener à un seul administrateur obligeait, de fait, l’ARAC à ne postuler que dans une seule des deux commissions de l’ONAC. Dès lors, la coalition anti-ARAC faisait le reste… Sept des seize candidats à la commission mémoire et solidarité étaient sortants, dont André Fillère, qui sera le seul à ne pas être réélu. Conséquence de cette éviction, l’impossibilité d’être candidat au poste de membre du collège de l’Œuvre nationale du Bleuet de France, ni à la Commission chargée de l’attribution des subventions d’actions sociales aux Associations d’ACVG… puisqu’il faut être membre de l’une des DEUX commissions précitées pour pouvoir postuler. Autre vote significatif de l’orientation de ce nouveau CA de l’ONAC, celui concernant la commission chargée de l’attribution du label Bleuet de France à des Maisons de retraite privées. Deux candidats, dont André Fillère, membre sortant de la commission. Résultat du vote à bulletins secrets : Élu, le général Bertrand de la Presle… pourtant non présent au CA ! Et comme tout détail peut avoir son importance, doit-on s’interroger sur le fait que, sur le trombinoscope fourni aux administrateurs, seule la photo d’André Fillère (sur plus de 40 portraits en couleurs) soit en noir et blanc et peu sympathique (vieille photo que l’ONAC devait changer depuis 8 ans), alors qu’un exemplaire couleur avait été fourni en temps opportun ? Autre tour de passe-passe : dans le CA précédent, les trois syndicats représentatifs (CFDT-FO-CGT) étaient invités à assister aux séances à titre consultatif, sans droit de vote. Dans cette nouvelle mouture, deux sièges à part entière leurs sont attribués. On devrait s’en féliciter, si… cette mesure n’avait servi à exclure la CGT de l’ONAC ! Alors, cette situation d’exclusion orga-

nisée, ajoutée aux affrontements qui semblent avoir lieu entre responsables et services de l’ONAC (ce qui ne peut que mettre en cause son efficacité au service des ACVG)… sont des plus inquiétants et révèlent, là comme ailleurs, une offensive des courants les plus conservateurs pour préserver et prolonger les orientations gouvernementales actuelles… dans les mois à venir de 2012, et au-delà ?

UFAC/ONAC : étranges et inquiétantes « coïncidences » En octobre 2011, lors de l’élection du bureau national de l’UFAC, comme à l’ONAC le 23 février 2012 à l’occasion des votes mettant en place les commissions du conseil d’administration, de bien étranges « coïncidences » sont advenues, qui nécessitent réflexion quant aux courants traversant le mouvement ACVG, leur utilisation par le gouvernement pour marginaliser ceux qui s’opposent à ses orientations et à la politique de casse de la RGPP qu’il met en œuvre. • Rappelons les faits : lors de l’assemblée générale de l’UFAC, en octobre 2011, une fédération d’ACVG, entrant dans la confédération, postula à un poste de secrétaire général adjoint, alors qu’aucune place n’était disponible et que tous les sortants avaient renouvelé leur candidature. Résultat du vote à bulletins secrets, Jacques Weller, représentant de l’ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance, héritière des FTPF), membre du bureau national de l’UFAC depuis des dé-

cennies, est non seulement éliminé mais, qui plus est, la seule explication « logique » avancée au sein de l’UFAC… serait que l’ANACR aurait été victime de l’ordre alphabétique, le W venant en dernière position ! Lors du même vote, pour les assesseurs du bureau national de l’UFAC, les deux plus mal élus, les plus bas scores, sont enregistrés par Gabriel Guiche et André Fillère, tous deux membres de l’ARAC. De telles « sanctions » ne peuvent relever que de deux explications. Ou ces responsables de l’ARAC ne remplissent pas correctement leur mandat de l’UFAC, ne font pas bien leur travail de membres du bureau national et ils sont logiquement sanctionnés, ou bien ces votes négatifs relèvent de certaines volontés de diminuer la représentativité de l’ARAC au sein de l’UFAC… pour des raisons politiques relevant des luttes et orientations de l’association au service des ACVG, contre la politique gouvernementale. Eh bien, il se trouve donc à l’UFAC une troisième voie explicative, une voie « épidermique », à savoir : « Vous, vous ne passez jamais bien dans les votes à l’UFAC ». Mauvais travail ? Mauvais comportement personnel ? Alors même qu’au sein de la Commission des droits de l’UFAC, il y a unanimité pour se féliciter de l’apport des textes préparés et des orientations proposées par l’ARAC ? Alors que l’ensemble des UDAC de la région parisienne ont donné leur confiance au président de l’UDAC Seine-Saint-Denis, membre de l’ARAC, membre du bureau national de l’UFAC pour coordonner l’ac-

Monument aux morts en OPEX Très officiellement, la date définie à partir de laquelle les militaires projetés à l’extérieur sont considérés OPEX a été fixée à 1963. Depuis cette date, le nombre des morts en OPEX était, en 2011, de 616 dont environ 400 reconnus « Morts pour la France » dans le cadre d’une action de guerre. Un monument « OPEX » à leur mémoire devrait être érigé en 2013 place Vauban (près de l’Hôtel des Invalides), avec l’accord de la ville de Paris et des architectes des Bâtiments de France.

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tion revendicative en faveur du droit à réparation, tel le rassemblement du 19 octobre 2011 à l’Assemblée nationale, lors du débat budgétaire ? Ou bien ne serait-ce pas au contraire ces orientations, ces actions revendicatives, ces rappels au programme du Conseil national de la Résistance qui seraient insupportables à certaines composantes du Mouvement ACVG qui seraient plus à l’aise si l’ANACR, l’ARAC, les associations attachées aux valeurs républicaines et à l’Histoire, étaient mises à l’index et poussées hors le bureau national de l’UFAC ?

Trop de coincïdences pour être vraisemblables ! Manifestement, face aux difficultés sans cesse grandissantes, face à la colère accrue que manifestent tous ceux qui sont victimes dans le quotidien de leur vie (ACVG compris), les tenants de la finance et leurs alliés mobilisent toutes leurs énergies, réveillent tous leurs agents « dormants » dans tous les domaines associatifs, pour diviser les forces, marginaliser les plus actives et tout mettre en œuvre pour dévier l’orientation principale qui les accuse et qui les presse.

Le mouvement anciens combattants et victimes de guerre n’échappe pas à cette situation, d’où la recrudescence de profession de foi pour le déclarer « apolitique ». Un apolitisme qui, dans les faits, favorise et sert la politique des idées et de l’économie dominante. Barbusse, dès les années 1920, dénonçait déjà les méfaits de ce soi-disant « apolitisme ». Aussi, fidèle aux valeurs républicaines de ses fondateurs, l’ARAC ne ralliera pas « la meute » et continuera d’agir pour les droits des ACVG. André Fillère

Europeana Portail de documentation sur la guerre 14-18 Le programme Europeana collections 1914-1918 va apporter en ligne plus de 400 000 documents sur la guerre 14-18. Ainsi sera donc constitué un précieux corpus numérique issu des collections de 10 bibliothèques de 82 États qui se sont trouvés au cœur du conflit. Cette bibliothèque numérique rassemblera des documents de toute nature, aussi bien des livres, des livres pour enfants, des journaux, des journaux de tranchées, des manuscrits, des correspondances et des photographies, que des affiches, cartes, parti-

tions, brochures, prospectus et tracts de propagande ou encore des œuvres religieuses, médailles et monnaies. Dépassant largement le seul cadre de l’histoire militaire, ces documents apporteront des éclairages nouveaux sur l’histoire sociale, la vie quotidienne, culturelle et artistique pendant les années de la guerre. En France la BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine) et la Direction du patrimoine, de la mémoire et des archives du ministère de la Défense (DMPA) y sont associées.

Subventionné par la Commission européenne, le projet réunit 12 institutions : Bibliothèque de Berlin, la BNF, la BNU de Strasbourg, les bibliothèques nationales centrales de Rome et de Florence, la Bibliothèque royale de Belgique, la British Library, la Bibliothèque royale du Danemark, la Bibliothèque nationale d’Autriche. Le programme complet peut être consulté sur le site Internet : www. europena-collections1914-1918.eu.

Depuis le 1er janvier Un pôle judiciaire pour les crimes de guerre Un pôle judiciaire spécialisé dans les crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre est opérationnel depuis le 1er janvier 2012 à Paris, mais doté de moyens spécifiques insuffisants pour les organisations ayant milité pour sa création. Le champ d’action a été limité aux suspects ayant leur « résidence habituelle en France » et seul le ministère public pourra engager des poursuites. La loi a élargi aux actes de torture les compétences du pôle. Une plainte pour « complicité d’actes de tortures » a été déposée en octobre 2011 à Paris contre une société française ayant vendu un système de surveillance des communications au

régime libyen de M. Kadhafi. Pour ce pôle, le ministère de la Justice a prévu des créations de postes : deux juges d’instruction, un magistrat du parquet, deux greffiers, un fonctionnaire et six assistants spécialisés. Les effectifs seront « appelés à évoluer » en fonction du contentieux. Ce pôle est installé depuis le 1er février dans l’immeuble de la rue des Italiens (9e) qui abrite déjà les pôles économique et financier et de santé publique.

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LE RÉVEIL maGazINE

Souscription nationale

CHARENTE (16) Brugier Jacques - 10 €, Dogneton Camille - 50 €, Mounier Paul - 15 €, Rapaud Jean-Claude - 20 €

2e liste des souscripteurs (20 avril 2012) COMITeS DePARTeMenTAUX ARAC Départementale 03 - 200 € ARAC Départementale 07 - 1000 € ARAC Départementale 26 - 50 € ARAC Départementale 71 - 100 € ARAC Départementale 95 - 1000 €

SeCTIOnS LOCALeS Arac section Argenteuil (95) - 50 € Arac section Clermont -Ferrand (63) - 200 € Arac section Colomiers (31) - 100 € Arac section de Chilly (91) - 100 € Arac section de Saint-Vallier (71) - 250 € Arac section de Sanvignes (71) - 250 € Arac section de Valence (26) - 100 € Arac section Juvisy (91) - 100 € Arac section Le Havre (76) - 100 € Arac section Lévignac (31) - 50 € Arac section Morangis (91) - 100 € Arac section Morsang (91) - 100 € Arac section Toulouse Centre (31) - 100 € Arac section Vauhallan (91) - 100 € Arac section Villeneuve-de-Berg (07) - 150 €

ABOnneS ReVeIL Dauchy Henri - 100 € Depierre Paul - 100 € Gaultier René - 100 € Gingold Marcel - 70 € Gurrera Folch Agustin - 50 € Jeault René - 50 €

Panaget Jean - 10 € Perez Joseph - 10 € Pico Georgette - 30 € Pion Jean-Claude - 100 € Rigaud Bernadette - 15 € Robert Catherine - 33 € Robert Raymond - 50 € Roy Henri - 50 € Roy Jean - 50 € Serp René - 25 € Waechter René - 20 € AIN (01) Jacquemet Roger - 10 € AISNE (02) Moitié Daniel - 50 € ALLIER (03) Chautard Marcel - 100 €, Peronnaud René - 50 €, Ruhlmann Jean - 30 € ALPES-MARITIMES (06) Ferrando Claude - 10 €, Guinand Christiane - 50 €, Morini Joseph - 50 €, Morini Joseph - 50 €, Rossi Geoffrey - 50 €, Wavreski André - 100 € ARDECHE (07) Méjean Eugène - 25 €, Peretti Jacques -

30 €, Roche Daniel - 30 € ARDENNES (08) Visse René - 50 €

CHARENTE-MARITIME (17) Daniel Jean-Claude - 100 €, Gendron Jean - 100 €

AUBE (10) Demey Pierre - 50 €, Schluck JeanClaude - 20 €

CHER (18) Avice Maurice - 20 €, Demnet Marcel - 50 €

AUDE (11) Coronado Pierre - 50 €, Graechen Jacqueline - 100 €, Palacin Roland - 50 €, Salzman Peralbas - 50 €

CORREZE (19) Larue Marcel - 50 €

AVEYRON (12) Parayre Gilbert - 50 €

CÔTE-D’OR (21) Chanut Jacques - 50 €, Ianelli Lucien 50 €, Justrabo René - 40 €, Poiraudeau Jackie - 100 € CÔTES-D’ARMOR (22) Hecquet Daniel - 100 €, Herhardy Francis - 50 €, Le Bastard Pierre - 100 €, Léon Yves - 200 €

BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Alcon Mireille - 50 €, Amendola Pierre 10 €, Briau Michel - 80 €, Chaigne Jean - 20 €, Ciabattini Charles - 50 €, Dumont André - 25 €, Labro Georges - 50 €, Leblanc Pierre - 20 €, Mausset Aimé 30 €, Montes Hélène - 50 €, Occhiena Simone - 50 €, Pacifico François - 50 €, Paoli Antoinette - 100 €, Roussey Jacques - 50 €, Todde Robert - 50 €

DORDOGNE (24) Delerawa Marcel - 50 €, Gonzalo-Martinez Aimée - 30 €, Michel Irène - 50 €, Rigal André - 50 €, Vioque Lorenzo Gaspard - 50 €

CALVADOS (14) Bony Jean - 50 €

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dossier LE RÉVEIL magazine

FINISTERE (29) Derrien Yves - 50 €, Nédélec - Jean - 50 € GARD (30) Deschamps Bernard - 50 €, Fabrègue Jean - 150 €, Michel André - 150 €, Oromi-Bres Mireille - 15 € HAUTE-GARONNE (31) Bousquet Daniel - 20 €, Brun André 30 €, Denat G. - 50 €, Grisey Michel 50 €, Martres Pierre - 100 € GIRONDE (33) Ruaudel Paul - 50 € HERAULT (34) Gillard Daniel - 50 €, Houles Suzanne - 50 €, Lévesque Serge - 50 €, Sinier Gérard - 100 € ILLE-ET-VILAINE (35) Dodin Roger - 50 €, Doreau Henri - 50 €, Leblanc J. - 100 € INDRE (36) Chevassus Bernard - 50 € ISERE (38) Garcin Déléon - 50 €, Gardette Jean 50 €, Rolland Alfred - 50 €, Ugolini Albert - 50 € LOIRE (42) Coulaud Michel - 50 €, Defours Roger 50 €, Montagnon Lucien - 50 €, Nevers Maurice - 100 €, Thomas Bruno - 50 € LOIRE-ATLANTIQUE (44) Brangeon André - 30 € LOT-ET-GARONNE (47) Chantre Jacques - 50 €, Lalubin Lucienne - 50 €, Poinot C - 50 € MORBIHAN (56) Caudan Marguerite - 100 € MOSELLE (57) Leclerc Pierre - 10 € NIEVRE (58) Aubey Louis - 50 €, Brazey Lucien - 50 € Durieu Michel - 50 €, Franc André - 20 € Gobet Jean - 50 €, Jacob Jeanne - 50 €,

Quagliotti Gisèle - 50 € OISE (60) Fauvel Bernard - 25 €, Middernacht Jean - 50 €

Thabeault-Alcandre Jacqueline - 100 € SEINE-MARITIME (76) Boullé François - 50 €, Gruel Max - 100 €

PUY-DE-DÔME (63) Achard Jean - 50 €, Bertoni Marcel - 50 € Dimet Jeannine - 30 €, Favard Georges - 50 €, Guilhem Jean-Louis - 100 €, Planeix Micheline - 30 €, Salesse Elie - 30 € HAUTES-PYRENEES (65) Depierris Hélène - 50 €, Guinle André - 30 € PYRENEES-ORIENTALES (66) Armangau Joseph - 50 €, Chacon José - 30 €, Evrard Robert - 20 €, Pitault Raymond - 50 €, Pouget Etienne - 20 €, Vilert Henri - 20 € BAS-RHIN (67) Revollon Bernard - 50 €

RHÔNE (69) Balaguer Andrée - 50 €, Corbel Maurice - 50 €, Gomez Valentin - 100 €, Large Jean-Pierre - 50 €, Mandon René - 50 €, Pillon Robert - 300 €, Ribouton A. - 100 € SAONE ET LOIRE (71) Vernizeau Marc - 35 €

SOMME (80) Desaimard Gérard - 40 € TARN (81) Frayssines Yves - 50 €, Pech Claude - 50 € TARN-ET-GARONNE (82) Campanini Bruno - 100 € VAR (83) Lagarde Félix - 50 €, Rasera Marie-Rose - 50 €

VENDEE (85) Guilloton Jean - 50 €

SAVOIE (73) Dalla-Mutta Alexandre - 50 €, Mollard Emilien - 50 €, Morra Laurent - 50 €, Muzet Antoine - 50 € HAUTE-SAVOIE (74) Gaud Albert - 30 €, Sublet Simon - 50 € PARIS (75) Barbier-Mokobodzki - 50 €, Benalia Sedik - 50 €, Darduin Jean-Claude - 50 €, Gauthier Charles - 100 €, George Jean 50 €, Guenoden René - 50 €, Monthule M. - 20 €, Pasquelin Daniel - 50 €,

HAUTS-DE-SEINE (92) Beniguel Claude - 200 €, Fourré Jacqueline - 50 €, Gelly Robert - 100 €, Maltret Josette - 20 €, Pascucci Vincent - 20 € SEINE-SAINT-DENIS (93) Bérenger Georges - 50 €, Cerny Yvan - 50 €, Chaban Huguette - 50 €, Frabboni - Jean-Claude - 150 €, Gourbeyre Jean - 100 €, Guiche Françoise - 50 €, Guillouet Daniel - 50 €, Junker Marcel - 20 €, Kurn Louis - 50 €, Le Duigou Serge - 50 €, Pochic Lucien - 50 € VAL-DE-MARNE (94) Belbeoch Michelle - 50 €, Demaya Sauveur - 50 €, Derbois Bernard - 100 €, Gilbert Roger - 50 €, Goutorbe Jacques - 100 €, Hanoun Lucien - 30 €, Leguy Marcel - 100 €, Moyse Paulette - 200 €, Petit Micheline - 50 €, Rouillot Luce - 50 €, Sinet Jaccky - 300 €

VIENNE (86) Bilbao Marcel - 50 €, Moreau Renée 100 €, Sauvaget Serge - 10 € VOSGES (88) Bénini Albert - 10 €, Mangeon Jean 50 €

VAL-D’OISE (95) Bieron Roger - 20 €, Guilly Lucien - 25 €, Landré Jacques - 100 €, Seignolles Monique - 10 €

YONNE (89) Noury André - 50 €

SARTHE (72) Cucy Claude - 50 €, Petit Guy - 50 €, Rigard Marcel - 20 €

• par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées.

YVELINES (78) Boissonnet Claude - 100 €, Garnier Roger - 30 €

VAUCLUSE (84) Charnay Hélène - 50 €

HAUT-RHIN (68) Keller Joseph - 50 €, Loos Albin - 30 €, Moye G - 50 €

Merci de préciser le mode de règlement :

SEINE-ET-MARNE (77) Audoux Maurice - 50 €

- 50 €,Meunier Robert - 20 €, Morelli René - 12 €, Mougeot André - 50 €, Nguyen Phuc Ky - 50 €, Patard Henri 20 €, Pineau Pierre - 50 €, Podechard Claude - 24 €, Poulain Maurice - 30 €, Reininger Simone - 12 €, Reveillon Yvette - 20 €, Rouzic Raymond - 30 €, Simonin Robert - 20 €, Suss Claudette - 50 €, Truhe Emile - 20 €, Trujillo Margarita - 20 €, Turpin Christian - 50 €, Vanbesien Jean - 30 €, Vizet Robert - 100 €

ESSONNE (91) Alard Armand - 200 €, Alfagala Lamine - 12 €, Ambrosino Robert - 20 €, Aubry Pierrette - 30 €, Barrier Floréal - 50 € Bertrand Jacques - 20 €, Biot Andrée - 12 €, Bizieux Nicole - 20 €, Cancellieri François - 20 €, Cotelle Jacqueline - 20 €, Coudane Hubert - 25 €,Couturier Henri et Jeannine - 50 €, Delicata - 12 €, Descamps Karl - 50 €, Etienne Daniel - 20 €, Fillère André - 20 €, Gautier Yvonne - 25 €, Gendre Lucienne - 20 €, Goulier Jean - 100 €, Henry Denise - 200 €, Joskowicz Louisette - 12 €, Kadid Moussa - 12 €,Le Douche Jean-Claude

CONSEIL NATIONAL (99) Boitelet Christian - 50 €, Chamaillard Marcel - 50 €, Ducasse Jean-Baptiste - 50 €, Hernandez Raymond - 50 €, Jouet Emile - 50 €, Martinez Aurélio - 50 €, Moubèche Guy - 50 €, Pavoine Lucien - 100 €, Rollin Rosette - 100 €, Zirphile Pierre - 150 €

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• par prélèvement bancaire, avec le montant de votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) : dans ce cas merci de joindre un RIB. • Dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une attestation de contribution et un reçu fiscal.

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A retourner à : ARAC - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif



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