GM&S :
SOIXANTE-DOUZE JOURS QUI BOULEVERSÈRENT LA FRANCE
« DEPUIS TRENTE ANS, CETTE ENTREPRISE A ÉTÉ DÉPECÉE »
ISRAËL TEL-AVIV INTRAITABLE
Avril 2017 - N° 833 - 5 €
Le 7 mai 2017
Le
courage
c'est de
voter
contre l'extrême-droite
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
La République est en danger ! Au lendemain du premier tour des élections présidentielles, l’ARAC est inquiète. Les deux candidats ne représentent ni l’espoir, ni l’attente qui fait défaut aux Français, dans une société minée par les inégalités, le chômage, les affaires. Nous voulons une société de « Liberté, Égalité, Fraternité ». L’ARAC depuis 100 ans, combat pour la paix, contre le fascisme et l’extrême-droite, pour l’émancipation humaine. Nous pensons à ces luttes qui ont construit la France depuis 1789, aux combats de la Résistance contre l’occupant, au programme du Conseil National de la Résistance, aux grèves qui ont marqué les 70 dernières années pour faire avancer la démocratie, les acquis sociaux et réduire ainsi les inégalités. La démocratie, notre vie, celle de nos enfants, celle des générations futures, la dignité humaine, les enjeux de la souveraineté de la France et son rôle dans le monde sont en danger.
Regardons la situation en face avec courage et détermination. Avec Marine Le Pen, l’histoire le montre, nous savons que la République, la démocratie et les libertés n’ont rien à attendre de l’extrême-droite. En Italie, au Portugal, en Grèce, en Espagne, en Allemagne, puis au Chili, les fascistes ont laissé de tristes souvenirs, et aujourd’hui la montée de l’extrême-droite en Europe notamment en Turquie montre que la bête immonde n’est pas morte. Avec le Front National, la République, la démocratie n’ont rien à gagner. Derrière le lustre il y a le fond, et même peint en blanc, l’extrême-droite et le fascisme sont noirs pour le plus grand malheur des peuples. L’ARAC et son mensuel « Le Réveil des Combattants » estiment de leur devoir de combattre les montées de l’extrême-droite, des fascismes, des nationalismes, en Europe et dans le monde. Avec Emmanuel Macron derrière un langage faussement nouveau qui vante les vertus de ce qu’il appelle « l’économie moderne », c’est en réalité un homme du passé. C’est le choix des banquiers, des grands groupes économiques. Macron c’est l’homme de la finance, il veut une Europe fédérale, étouffer la souveraineté des Nations et des peuples, mieux organiser la mondialisation et le marché unique pour le plus grand bien des profiteurs. Macron, c’est la casse du Code du travail, de la Fonction Publique, la réduction des dépenses de santé et la remise en cause de la Sécurité Sociale, comme des allocations chômage… Macron, c’est l’homme qui veut mettre en œuvre les recommandations de la Commission Européenne. Nous avons l’exemple de cette politique sous les yeux avec ce que vit le peuple grec depuis 10 ans.
Dans cette situation désastreuse, il nous faut penser à demain. C’est pourquoi l’ARAC entend faire barrage au Front National, à utiliser sans hésitation et avec courage le seul bulletin qui permettra de s’opposer à Marine Le Pen, de réduire l’assise et l’influence du Front National. Mais refuser de trancher c’est demain avec l’extrême-droite risquer de pleurer des larmes de sang. L’histoire nous l’a prouvé. Aujourd’hui avec Marine Le Pen aux portes du pouvoir, la République est en danger. Dans le même temps, nous avons à nous rassembler, à engager l’action contre le représentant de la finance en France et la politique qu’il veut mener. C’est de ce courage, de cette décision de rassemblement que dépend l’avenir de la République. Demain seront des jours de lutte et de combats. Tout faire pour éviter l’élection du Front National est un acte de résistance, responsable, courageux et porteur d’avenir. C’est cette démarche que l’ARAC va contribuer à faire connaître dans les jours qui viennent tout comme elle a su prendre, depuis un siècle, ses responsabilités quand la République et la démocratie étaient en danger. Villejuif le 25 avril 2017 Le Secrétariat National
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ÉDITO LE RÉVEIL LUTTER OU SUBIR !
SOMMAIRE Actualités Un quart des bénéfices des 20 plus grandes banques européennes se trouve dans des paradis fiscaux, soit 25 milliards d’euros.................................................................................. 4 Italie : victoire des syndicats contre les lois travail ................................................................. 4 GM&S : « Depuis trente ans, cette entreprise a été dépecée » .......................................... 5 Le renouveau de Lodz, bastion polonais de Whirlpool........................................................ 6 Le tribunal Monsanto juge les pratiques de la firme agro-alimentaire "d’atteinte aux droits humains" ............................................................................................................................ 6 De plus en plus de paysans voient leur revenu diminuer et leur endettement augmenter .................................................................................................................................... 7 Athènes cède aux exigences de réformes de ses créanciers ..........................................7
International Israël : Tel-Aviv intraitable ........................................................................................................... 8 Asie/pacifique : Haute Tension .................................................................................................. 9 Israël/banques françaises : Des liaisons dangereuses............................................................. 9 Démission à l’Onu : Les Nations-Unies sous pression........................................................... 10 Climat : Trump et Poutine même combat ? ........................................................................... 11 Pour Nicolas Hulot, Trump est un criminel............................................................................. 12 Turquie : Absolutisme ....................................................................................................21
Vos droits Campagne double… Course contre la montre… course contre la mort… .................... 23 Mutuelles anciens combattants, Avancées et… dérives ? .................................................. 23 Retard de la valeur du point PMI… Rapport constant avec la Fonction publique ? Sur quel pied danse l’UFAC ? ......................................................................................................... 24
Vie de l’ARAC La République est en danger ! ................................................................................................... 2 Le dernier pilote du Normandie-Niemen est mort .............................................................. 22 Vie des comités ......................................................................................................................... 25 Déclaration de l’ARAC : 8 mai 2017 ........................................................................................ 31 Le 8 mai 1945 et la lutte anticolonialiste ............................................................................... 31 Déclaration de l’Arac : Les États-Unis menacent le monde en violant le droit international ............................................................................................................................... 32
P. 13 . D O S S I E R Soixante-douze jours qui bouleversèrent la France www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires
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L
a France vit ces jours-ci une situation particulièrement inquiétante, qui nous rappelle des jours où l’histoire de l’Europe a basculé dans une 2e guerre mondiale. La montée de l’extrême droite en Europe, la dictature qui s’installe en Turquie, les hésitations des uns et des autres à faire face à la montée du Front National font peser des risques sur la démocratie, sur la conception républicaine dans notre pays. Nous n’avons rien de bon à attendre de Marine Le Pen. Derrière les mots, les attitudes, n’oublions jamais ce que la droite extrême et le fascisme a coûté aux Nations européennes. Italie, Portugal, Espagne, Grèce, rappelons-nous l’arrivée légale d’Hitler au pouvoir, l’ouverture des camps dès 1933 pour ces opposants, qui sont devenus de 39 à 45 des camps de la mort organisés. La soumission, la compromission de français vis-à-vis de l’occupant allemand. Il a fallu le courage de résistants, des milliers de femmes et d’hommes, qui pour beaucoup y ont laissé leurs vies pour rétablir en France, la souveraineté du pays, la République. Alors oui le courage c’est d’empêcher le Front National, son candidat d’être élu à la Présidence de la République et pour cela utiliser le seul bulletin de vote à notre disposition (celui d’Emmanuel Macron). S’abstenir ou voter blanc, c’est voter Front National aujourd’hui aux « portes du pouvoir ». Cela sans illusion, sans aucun soutien à la politique d’Emmanuel Macron, il faudra nous rassembler, engager dès le 8 mai les combats, les actions contre ses choix libéraux et européens. Il faudra veiller à faire de l’Assemblée Nationale, dès les législatives de juin prochain, un lieu de résistance à la politique du gouvernement. Notre association s’est créée avec l’appel de Barbusse en juillet 1917 « la République est en danger, elle est attaquée de toute part », elle prendra comme à cette époque, comme en 1934 face aux ligues fascistes, comme en 39/45 face à l’occupant allemand, ses responsabilités. C’est l’enjeu du 2e tour des élections présidentielles. Le combat de l’ARAC pour la paix, passe par le combat antifasciste, et jamais elle n’aura le déshonneur d’avoir ouvert la porte au représentant de l’extrême droite à la tête de la République. Que chacun réfléchisse, car chacun portera la responsabilité qui lui incombe au lendemain des élections sur l’avenir de la France. Vive la République, la liberté, l’égalité, la fraternité. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Un quart des bénéfices des 20 plus grandes banques européennes se trouve dans des paradis fiscaux, soit 25 milliards d’euros En début d’année 2017, l’ONG Oxfam avait révélé que 8 personnes détiennent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Un système économique construit pour profiter aux plus riches, est à l’origine de ces inégalités. Les grandes banques sont un élément clef des stratégies qui permettent aux plus riches et aux multinationales d’échapper à l’impôt. Elles utilisent largement les paradis fiscaux, comme l’ont révélé des scandales récents tels que les Panama Papers. Oxfam a publié une nouvelle étude sur le rôle tenu par les paradis fiscaux dans les activités des 20 plus grandes banques européennes, parmi lesquelles BNP Paribas, Deutsche Bank, HSBC, Société Générale, etc. Le constat est clair : 1 euro sur 4 de leurs bénéfices est enregistré dans un paradis fiscal,
soit un total de 25 milliards d’euros pour la seule année 2015. Ces banques déclarent un quart de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux… mais seulement 7 % de leurs employés… Et sur ces bénéfices, elles ne payent des impôts qu’à un taux très réduit, voire pas du tout. Les banques se vantent d’avoir des activités utiles à l’économie. Oui, quelques-unes… mais ce ne sont pas les plus rentables. Elles sont gangrenées pour la plupart par leurs activités spéculatives ou leur rôle dans l’évasion fiscale. Les banques européennes réussissent ainsi l’exploit de réaliser 628 millions d’euros de bénéfices dans des paradis fiscaux où elles n’emploient personne. Aux Îles Caïman (territoire de la mer des Caraïbes dépendant du Royaume-Uni), la BNP ré-
Carte des paradis fiscaux aux Caïmans. Les 4 plus grandes banques françaises réalisent 174 millions d'euros de bénéfices sans aucun salariés.
alise 134 millions de bénéfices, le tout sans employé et sans payer d’impôts. Quel rôle économique utile peut-elle alors y jouer ? Des milliards s’évaporent ainsi. En France, la perte due à l’évasion fiscale des entreprises et des particuliers est estimée entre 60 et 80 milliards d’euros, soit plus que le budget de l’Éducation nationale.
Italie
victoire des syndicats contre les lois travail Les organisations syndicales italiennes ont contraint le gouvernement à abolir deux dispositifs néfastes pour les salariés : les chèques-service et l’irresponsabilité des donneurs d'ordre. Équivalent de la CGT française, la CGIL avait déjà remporté il y a quelques mois la bataille des signatures pour imposer un référendum abrogatif sur certaines dispositions des « lois travail » transalpines : 1,1 million de personnes (500 000 suffisent selon la Constitution) avaient ainsi signé pour abroger ces lois iniques votées d’abord par le gouvernement Berlusconi en 2008 puis renforcées en 2015 par Matteo Renzi – et à côté desquelles 4-
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la loi El Khomri passerait pour timide. La Cour constitutionnelle avait alors validé le principe de référendum, fixé au 27 mai prochain. Celui-ci devait supprimer en particulier le recours aux fameux « vouchers », ces chèques-service (de 10 euros de l’heure) avec lesquels les employeurs pouvaient rémunérer les précaires pour quelques heures de travail (avec des cotisations sociales ultra réduites), mais aussi abroger le principe de non-responsabilité des donneurs d’ordre dans un contrat de sous-traitance ne respectant pas le droit du travail. Le gouvernement de Paolo Gentiloni, successeur de Renzi à la présidence du
Italie grèvedu 9 décembre2014
Conseil suite à l’échec de ce dernier à faire approuver une réforme constitutionnelle en novembre dernier (également) par référendum, n’avait aucune envie de prendre le risque d’une nouvelle consultation populaire. Le Parlement italien a donc voté mercredi 19 avril dans la soirée un texte gouvernemental abolissant les vouchers – dont l’utilisation avait été multipliée par 270 entre 2008 et 2016 ! – et rétabli la responsabilité des donneurs d’ordre. Le référendum du 27 mai n’a donc plus lieu d’être, les syndicats se félicitant de cette issue après des mois de lutte sur ces deux points.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
GM&S : « Depuis trente ans, cette entreprise a été dépecée » Sous-traitant de PSA et de Renault, le site industriel de la Creuse en est à son cinquième repreneur, malgré un contexte où la construction automobile se porte bien. En fin d’année, les 279 métallos de ce site industriel implanté à La Souterraine dans la Creuse depuis les années 60, ont obtenu de justesse le placement en redressement judiciaire de leur entreprise. Le 5 mai, le tribunal de commerce de Poitiers dira si elle peut être reprise, et si reprise il y a, quel en sera le prix en termes d’emplois. Ce n’est pas la première difficulté que rencontre GM&S. La situation actuelle de l’entreprise est « un cas d’école sur les méthodes de la filière automobile, […] qui de reprises en reprises, toujours conduites par les donneurs d’ordre, rend possible l’appauvrissement des sites et de leurs compétences », affirme Me Jean-Louis Borie, l’avocat des salariés. De fait, passée à travers cinq redressements, depuis les années 90, l’entreprise enchaîne les restructurations. En 2009, le repreneur s’appelait Altia et ce choix avait été validé par les constructeurs. L’administrateur judiciaire, Vincent Gladel, trouve « logique, quand un chiffre d’affaires dépend de la confiance de deux clients, qu’on leur demande leur avis sur la personne susceptible de poursuivre l’activité ». Malgré cela, les ennuis de GM&S se sont poursuivis. Alors qu’avec une croissance de 5,1 % en 2016, la reprise dans le secteur automobile est bien là, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires
Les manifestants de GMS
fondre, passant de 46 à 24 millions d’euros en cinq ans. Au point qu’en 2014, la voilà face à un nouveau plan de reprise. Cette fois, le repreneur est un italien, Gianpiero Colla. Un choix surprenant : au cours de sa vie de repreneur, le personnage a réussi à planter sept des huit entreprises qu’il a rachetées. PSA s’engage pourtant derrière lui en abondant au plan de licenciement et à la trésorerie à hauteur de 4,2 millions d’euros. Le geste s’explique : la disparition pure et simple du sous-traitant aurait déstabilisé ses propres chaînes, qui faute d’être approvisionnées, se seraient retrouvées à l’arrêt. Ce qu’affirment les élus du personnel, c’est que ce faisant, le constructeur s’est offert le temps nécessaire pour organiser son « resourcing ». Pratique légale mais peu morale qui consiste à dédoubler ses sources d’approvisionnements. Le sous-traitant se retrouve alors, lentement mais sûrement, privé d’une partie de son chiffre d’affaires et de tout levier de discussion. « Si on valide ce scénario, avance prudemment Me Gladel, on comprend mieux pourquoi PSA a soutenu à l’époque le projet de Colla qui, sur le plan économique n’était pas très fiable » et était porté par une direction « opérationnellement pas très pertinente », euphémisme celui qui a dû procéder au licenciement pour faute grave du directeur des affaires financières de GM&S. PSA, principal donneur d’ordres du sous-traitant, a-t-il progressivement fait rétrécir son niveau de commande ? Les services de communication du constructeur et de son concurrent Renault s’en défendent. Pourtant, un rap-
port comptable du cabinet Syndex daté du mois de mars 2017, s’étonne « du très net désengagement » de Renault et PSA. Les deux constructeurs représentent en tout cas à eux seuls 64 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Au fil de l’histoire du sous-traitant, tous les repreneurs sont repartis après avoir empoché de l’argent public. Gianpiero Colla a encaissé sur le site de La Souterraine (qu’il s’est offert pour la modique somme de 3 euros), un peu moins d’un million d’euros de CICE. Chaque passage d’un repreneur s’est soldé par une diminution du nombre de postes. Si bien que le site qui, au plus fort de son activité, employait jusqu’à 600 personnes n’en compte plus que 279. « Il faut un coup de main des constructeurs par le biais de commandes ou une intervention financière. Ils pourraient rentrer dans le capital », lance Vincent Labrousse (délégué du personnel CGT), tout en concluant : On ne souhaite pas retomber en redressement judiciaire. Des millions ont été investis dans l’entreprise, ce n’est pas pour la liquider maintenant ». L’entreprise constitue un patrimoine industriel emblématique et un socle indispensable en matière d’emploi dans un territoire rural du département de la Creuse. Il faut prendre en compte le contexte géographique dans lequel LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS Visite d'élus
évolue cette entreprise : le département de la Creuse compte peu d’entreprises
industrielles et connaît déjà un exode important depuis plusieurs années. Il devient insupportable de constater qu’on dévitalise ce territoire qui, paradoxalement, est considéré comme une « Zone Rurale à Revitaliser ».
luttes citoyennes menées pour le maintien des services publics (santé, transports, poste, éducation, culture…). Nous savons tous qu’on ne peut bâtir sur un désert économique, social et culturel.
Le combat des salariés de GM&S a une résonnance symbolique beaucoup plus large et fait écho à de nombreuses
Les milliards de bénéfices de PSA doivent servir à maintenir tous les emplois !
Le renouveau de Lodz, bastion polonais de Whirlpool La cité polonaise attire les entreprises avec sa tradition industrielle, ses bas salaires et ses exemptions de taxe. A l’heure du changement d’équipe, devant les grilles de l’usine Whirlpool de Lodz, dans le centre de la Pologne, on ne s’attarde pas vraiment. Les rares ouvriers qui acceptent de répondre aux questions sur la fermeture annoncée de l’usine d’Amiens du géant américain de l’électroménager, le font avec prudence. « Oui, on a vu sur Facebook », répond rapidement l’un d’entre eux, en sirotant une bière avant de sauter dans son bus. La plupart ne savent pas que les 300 suppressions de postes sont devenues
un sujet de préoccupation majeure dans la campagne présidentielle française. « C’est triste pour eux », avancent toutefois Ryszard et Maciej, qui travaillent depuis une quinzaine d’années dans cette usine que tout le monde appelle encore ici « Indesit », du nom de la marque italienne rachetée par Whirlpool en 2014. Derrière les grilles, ils sont 2 200 – sur les 5 500 salariés de la marque dans le pays –, à produire des réfrigérateurs et des cuisinières pour toute l’Europe. Depuis l’annonce du transfert, d’ici à 2018, de la ligne de sèche-linge picarde, la direction de Whirlpool refuse d’ouvrir les portes de l’usine à la presse
« en raison des négociations en cours à Amiens ». Et les ouvriers polonais n’ont pas été informés de la future organisation de la production. « On est même pas sûr qu’il y aura plus de travail ici », ajoutent d’ailleurs immédiatement Ryszard et Maciej. « Et ça reste mal payé. » Environ 2 300 zlotys (540 euros) par mois pour eux. Et encore, c’est parce que ces syndiqués de Solidarnosc ont obtenu, en septembre 2016, une augmentation de 300 zlotys brut après plusieurs jours de grève. Source : Le Monde
Le tribunal Monsanto juge les pratiques de la firme agro-alimentaire "d’atteinte aux droits humains" Le Tribunal International Monsanto est un tribunal d’opinion « extraordinaire » mis sur pied à l’initiative de la société civile afin d’éclairer les conséquences juridiques qui découlent de certaines activités de la firme Monsanto. Le mardi 18 avril dernier avait lieu la présentation publique de l’avis juridique consultatif par les Juges du Tribunal Monsanto à La Haye. Ils ont confirmé les effets négatifs sur l’environnement des activités de Monsanto et appelé à faire évoluer le droit international. Les juges ont conclut que : – Monsanto a violé les droits de l’homme en matière de nourriture, de santé, d’environnement sain et de liberté indispensable à la recherche scientifique indépendante – L’Ecocide (acte de destruction ou d’endommagement important d’un écosystème) "devrait être reconnu comme un crime en droit international". "Le droit international devrait maintenant faire valoir de manière précise et claire la protection de l’environnement et le crime d’écocide". – Les lois sur les droits humains et l’environnement sont compromises par un règlement commercial et d’investissement favorable aux entreprises Pour en connaître davantage : www.monsanto-tribunalf.org
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ACTUALITÉS LE RÉVEIL
De plus en plus de paysans voient leur revenu diminuer et leur endettement augmenter L’observatoire des prix et des marges des produits alimentaires vient de présenter son rapport annuel pour 2017. Les comptes d’exploitations pour l’année 2016 montrent que de plus en plus de paysans voient leur revenu diminuer et leur endettement augmenter tandis que les prix payés ne remontent guère.
Extraits du rapport : "En 2016, les marchés agricoles ont été marqués par des fortes chutes des prix des céréales, aggravées en France par une récolte catastrophique, bonne tenue du prix du porc au 2e semestre grâce à l’importance des achats chinois, rebond inattendu des produits laitiers et notamment du beurre à par-
tir de l’automne… Cette instabilité des marchés mondiaux, à laquelle il faut bien sûr ajouter l’instabilité monétaire (le rapport dollar/euro), fait désormais partie du quotidien des filières agroalimentaires françaises sur les dix dernières années les instruments de gestion des marchés mis en place à partir de 1962 par la Politique agricole commune ont été démantelés. Après les quotas laitiers le 1er avril 2015, ce sera le tour le 30 septembre 2017 des quotas sucriers. Il n’y aura plus alors en Europe aucun instrument de stabilisation des marchés agricoles. On se retrouve là dans une situation sans équivalent depuis le début du XXe siècle, avant l’âge des politiques agricoles et c’est une véritable « révolution culturelle »
Bourg en Bresse
qui touche l’ensemble des acteurs au long des filières mais tout particulièrement les producteurs agricoles qui sont passés en quelques années du « stable à l’instable », de prix administrés (et souvent politiques) à des prix de marchés de plus en plus mondialisés, les soumettant à de nouveaux risques et souvent aggravant leurs difficultés.
Athènes cède aux exigences de réformes de ses créanciers
Athènes a cédé aux exigences de réformes voulues par ses créanciers, dans l’espoir de recevoir une manne d’argent frais. « La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que nous avons résolu les gros problèmes concernant les réformes à faire et maintenant nous n’avons plus qu’à parcourir la dernière ligne droite », a déclaré le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. « Je veux saluer l’accord de principe qui intervient après plusieurs mois de
travail difficile (…) Le moment est venu de mettre fin à l’incertitude sur l’économie grecque », a renchéri le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. Le gouvernement grec a accepté de s’engager sur des mesures économiques qu’il devra mettre en œuvre en 2019 et 2020 pour satisfaire ses bailleurs de fonds, ce qui devrait dégager la voie au versement d’une nouvelle tranche de crédit. Une manne d’argent frais dont Athènes aura bientôt besoin puisqu’elle doit rembourser des créances de plus de sept milliards d’euros en juillet. Selon Jeroen Dijsselbloem, le gouvernement grec est maintenant prêt à effectuer des coupes supplémentaires dans les retraites en 2019 et augmenter les impôts en 2020.
Le ministre grec des Finances, Euclid Tsakalotos, a promis que les réformes sur lesquelles il s’était engagé pour 2019 et 2020 seraient examinées par le Parlement grec. Les créanciers avaient accepté de nouveaux versements si la Grèce parvenait à atteindre les objectifs budgétaires demandés. Les créanciers de Grèce, FMI et zone euro, sont divisés sur la question de la dette grecque. Le Fonds monétaire international (FMI), pour l’instant simple conseiller technique dans le troisième plan d’aide alors qu’il avait eu un rôle majeur dans les deux premiers, préconise un allégement substantiel de la dette. Ce que l’Allemagne, principal créancier de la Grèce, refuse. Berlin insiste cependant pour que le FMI participe financièrement au programme. LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Israël
Tel-Aviv intraitable Plus d'un millier de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont entamé, lundi 18 avril, une grève de la faim collective pour le respect des droits humains. Netanyahou reste sourd à leurs revendications. Ce mouvement de protestation a été lancé par Marwan Barghouthi, leader de la deuxième Intifada, condamné à la perpétuité. Il a pour objectif de « mettre fin aux abus » de l'administration pénitentiaire, a indiqué Marwan Barghouthi dans une tribune envoyée au quotidien américain « New York Times » depuis sa prison de Hadarim, dans le Nord d'Israël. « Les prisonniers palestiniens souffrent de torture, de traitements dégradants et inhumains et de négligence médicale, certains ont été tués en détention », dénonce le texte de celui qui a été un des animateurs les plus emblématiques du soulèvement contre Israël entre 2000 et 2005. Il décrit « un apartheid judiciaire qui garantit une impunité pour les Israéliens ayant commis des crimes contre des Palestiniens et criminalise (...) la résistance palestinienne ». Ce mouvement collectif porte « des demandes humanitaires prévues dans le droit international et reconnues comme faisant partie des droits de l'Homme », a précisé à l’AFP, Fedwa Barghouthi, l'épouse de Marwan Barghouthi, lors d'une manifestation à Ramallah. Les prisonniers demandent
Marche de protestation et de soutien aux prisonniers palestiniens Ramallah Cisjordanie 17 avril 2017
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entre autres des téléphones publics dans les prisons, des droits de visite élargis, la fin des mises à l'isolement, l'accès à des chaînes télévisées et la climatisation. Ils exigent également un véritable accès aux soins alors que les prisonniers sont contraints de payer le coût de leur traitement.
Israël « ne négocie pas » Depuis 1967 et l'occupation par l'armée israélienne des Territoires palestiniens, plus de 850 000 Palestiniens ont été emprisonnés par les gouvernements successifs. Actuellement ils sont 6 500 derrière les barreaux dont 300 enfants et 13 parlementaires. 500 prisonniers sont retenus en détention administrative. Ces dernières années, plusieurs Palestiniens se sont lancés dans des grèves de la faim individuelles pour protester contre des abus. Elles les ont menés au bord de la mort et se sont conclues par des accords sur leur libération. Certains ont toutefois été arrêtés de nouveau ensuite. Ces initiatives ont suscité de vifs débats dans la société palestinienne, de nombreuses voix dénonçant des actes dangereux et sans impact sur les conditions de l'ensemble des prisonniers. La présidence palestinienne a appelé le gouvernement israélien à répondre à ces demandes pour « la liberté et la dignité des prisonniers ». Réponse du gouvernement Netanyahou par le porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne, Assaf Librati, « des mesures disciplinaires ont été déjà prises (…) pas question de négociations… Le ministre de la défense, Avigdor Lieberman a été encore plus claire sur le sort qui pourrait être réservé aux grévistes de la faim. Dans un communiqué il s’est déclaré favorable
Enfants prisonniers en Palestine
à « l’approche de Margaret Tatcher (…)». En 1981, alors Premier(e) ministre de Grande Bretagne, celle qu’on surnommait la dame de fer, avait refusé de négocier avec les détenus irlandais de l’IRA, grévistes de la faim. Dix d’entre eux sont décédés. JP Delahaye
Marwan Barghouthi
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Asie/pacifique
Haute Tension Les Etats-Unis ont récemment déployé leur bouclier antimissile Thaad en Corée du Sud, à la demande de Séoul. Le gouvernement sud-coréen prétend vouloir se défendre face à la menace que représente son voisin, nord-coréen. Il se trouve que malgré les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, Pyongyang continue de provoquer dangereusement le monde en développant son programme nucléaire et ses missiles balistiques. Les autorités nord-coréennes ont mené deux essais nucléaires en 2016 et tiré plusieurs missiles en direction du Japon, dont trois sont tombés non loin de l’archipel nippon au début du mois de mars. Belle occasion pour Washington d’augmenter son arsenal militaire, au prétexte de répondre aux demandes de ses alliés, dans cette région du monde convoitée par les Etats-
Unis et la Chine. Pékin n’a d’ailleurs pas manqué de réagir en estimant que « les systèmes antimissiles américains installés en Corée du Sud sont une menace sa sécurité ». Le ministre russe des Affaires étrangères a critiqué, lui aussi, le déploiement de systèmes américains de défense antimissile en Asie-Pacifique en réponse à la menace nord-coréenne, y voyant un grave risque d’escalade des tensions dans la région. « Nous avons fait part de notre inquiétude. S’il s’agit de lutter contre les menaces en provenance de la Corée du Nord, le déploiement de ce système ainsi que l’accumulation d’armes dans la région sont une réaction disproportionnée », a estimé Sergueï Lavrov. Il a notamment précisé que Moscou et Tokyo condamnaient la violation par Pyongyang des résolutions de l’ONU
Tir d’un missile depuis un sous marin.
qui lui interdisaient toute recherche de développement dans l’industrie nucléaire et le domaine des missiles balistiques. La Russie reste néanmoins persuadée, selon Lavrov, que les sanctions imposées à la Corée du Nord ne doivent pas être prises comme une « punition » mais comme une « incitation » à revenir sur la voie des négociations.
Israël/banques françaises
Des liaisons dangereuses Plusieurs banques françaises ont des liens financiers indirects avec la colonisation israélienne des Territoires palestiniens, indique un rapport rédigé par plusieurs organisations non gouvernementales. Les groupes bancaires BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE, Société Générale, ainsi que l’assureur AXA entretiennent des « liaisons dangereuses » avec différents acteurs de la colonisation israélienne des Territoires pales-
tiniens, indique un rapport porté par l’association France-Palestine Solidarité, le CCFD-Terre solidaire, la CGT, FIDH, AL Haq, Ligue des droits de l’homme, Union syndicale solidaire et Fair Finance France. Le document distingue plusieurs degrés d’implication des banques françaises. Certaines possèdent par exemple des participations directes dans des banques israéliennes actives dans la construction de colonies en Territoires palestiniens. « Les banques israéliennes sont un acteur majeur de la colonisation, à travers les programmes de logement, les prêts ou la
présence d’agences bancaires dans les colonies. Or, certaines banques françaises sont présentes dans le capital de ces banques », explique Didier FAGART, membre du Conseil national de l’Association France Palestine Solidarité. Le document pointe également une implication moins directe de ces banques au travers des fonds d’investissement qu’elles gèrent. Enfin, des banques françaises ont prêté de l’argent à des entreprises israéliennes liées à la colonisation : fournisseurs d’énergie ou de réseaux de communication. LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL Respect du droit international Les auteurs du rapport soulignent qu’ils ont rencontré les banques et l’assureur français mis en cause. « Nous leur demandons le retrait de ces participations » directes ou indirectes, explique Didier Fagart qui rappelle que des fonds de pension se sont déjà retirés de certains investissements, car ils participaient à la colonisation israélienne. Ces dernières années, le fonds de pension du gou-
vernement norvégien, le néerlandais PGGM, le luxembourgeois FDC, la banque danoise Danske Bank ou encore le fonds de pension de l’Eglise méthodiste américaine se sont désengagés de certains investissements finançant la colonisation. Les ONG à l’origine du rapport appellent également la France à prévenir toute participation ou investissement français qui contribuerait à la colonisation. « L’Etat français a pour respon-
sabilité d’inciter les entreprises françaises à respecter les droits humains », selon Didier Fagart qui rappelle que le ministère français des Affaires étrangères a déjà formulé en juin 2014 des recommandations aux entreprises en les appelant à tenir compte des risques juridiques comme en termes de réputation que représente le travail dans les colonies israéliennes, illégales au regard du droit international. J.-P. D.
Démission à l’Onu
Les Nations-Unies sous pression Un récent rapport de l’Onu accuse Israël d’apartheid envers les Palestiniens. Sous la pression de Tel-Aviv et de Washington, le nouveau secrétaire général se dissocie du document et pousse la rapporteur(e) à la démission.
Rima Khalaf.
Rima Khalaf, secrétaire générale adjointe des Nations unies et secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a démissionné de son poste, mi-mars, en signe de protestation contre les pressions dont elle dit avoir été victime. La diplomate jordanienne affirme que le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, lui a demandé de retirer un rapport accusant Israël d’imposer un « régime d’apartheid » aux Palestiniens. Le document a immédiatement été comparé à de la « propagande antisémite nazi » par le ministère israélien des Affaires étran10 - LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
gères. Les Etats-Unis l’ont fustigé… « Il ne s’agit pas du contenu, mais de la procédure », a affirmé un porte-parole des Nations-Unies expliquant que « le secrétaire général ne peut pas accepter qu’un secrétaire général adjoint ou un autre haut fonctionnaire de l’Onu placé sous son autorité soit autorisé à publier sous le nom de l’Onu, sous le logo de l’Onu, sans consulter ni les services compétents, ni lui-même ». Dont acte. Mais alors pourquoi, selon l’agence Reuters, bizarrement, le lien qui permettait d’avoir accès à ce rapport, sur le site de la CESAO, a disparu ? Pourquoi dans un tweet, la Ligue Anti-Diffamation, puissant lobby israélien aux EtatsUnis, a remercié Guerres pour avoir exhorté le CESAO à retirer le rapport. On peut s’interroger sur la promptitude du nouveau secrétaire général des Nations-Unies à agir docilement pour appliquer les ordres de Washington…
extrêmement dérangeant pour TelAviv et ses alliés. Il affirme « Israël a mis en place un régime d’apartheid qui institutionnalise de façon systématique l’oppression raciale et la domination du peuple palestinien dans sa totalité » Pour les spécialistes qui ont pu y avoir accès, avant qu’il ne soit escamoté, le document de la commission onusienne est une « analyse détaillée de la législation, des politiques et des pratiques israéliennes » qui souligne comment Israël « opère un régime d’apartheid », y compris par le biais
Un vrai système d’Apartheid En fait il semble que le document soit
La réalité de l’étouffement de la Palestine.
INTERNATIONAL LE RÉVEIL d’une « politique volontariste démographique ». Les citoyens palestiniens d’Israël sont décrits comme « soumis à l’oppression sur la base de ne pas être juif ». Les Palestiniens de Jérusalem-Est sont soumis à discrimination dans l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi, à la résidence, aux droits de construction, aux expulsions et démolitions de maisons. Les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont régis par le « droit militaire » aux côtés des colons juifs régis, eux, par le droit civil israélien. Les réfugiés et les exilés sont interdits de retourner chez eux en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, car ils constituent « une menace qui pourrait modifier le caractère démographique d’Israël ».
Le rapport recommande aux Nations Unies et à ses Etats membres de soutenir la campagne BDS et de « relancer le Comité spécial contre l’apartheid et le Centre des Nations Unies contre l’apartheid (qui a existé de 1976 à 1991). Il suggère également qu’un avis consultatif soit demandé à la Cour internationale de Justice « sur la question de savoir si les moyens utilisés par Israël pour maintenir son contrôle sur le peuple palestinien constituent le crime d’apartheid ». En attendant, la démission de Rima Khalaf, sous pression pour supprimer des conclusions factuelles et juridiques défavorables à Israël, envoie un message négatif au monde. Et l’attitude du nouveau secrétaire général de l’Onu ne laisse présager rien de bon. Le rôle des Nations-Unies n’est-il pas de défendre
Rima Khalaf contrainte de demissionner.
et maintenir la paix, de garantir les droits de l’Homme et de faire respecter le droit international ? J.-P. Delahaye
Climat
Trump et Poutine même combat ? Le président américain a signé, mardi 28 mars, un « décret sur l’indépendance énergétique » qui relance la production de charbon. Il envisage sérieusement de sortir de la COP 21. Poutine remet lui aussi en cause l’accord de Paris… Après son revers sur l’abrogation de l’Obamacare, la réforme du système de santé portée par Obama, le locataire de la Maison-Blanche s’attaque aux mesures environnementales de son prédécesseur. Trump, qui a par le passé estimé que « le réchauffement climatique était une invention des Chinois », a signé, mardi 28 mars, le « décret sur l’indépendance énergétique ». Ce texte a pour but d’abroger une série de réglementations édictées sous l’ancienne administration dans la lutte contre les changements climatiques déjà mis à mal dans le premier projet de budget de Donald Trump. (voir notre dernier numéro)
ter de près d’un tiers l’enveloppe de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), soit 2,6 milliards de dollars en moins sur les 8,3 milliards actuels. Une telle coupe ferait tomber le budget de l’agence à son plus bas niveau depuis quarante ans.
Dans un document transmis au Congrès le 16 mars, le président américain a montré sa volonté d’ampu-
Trump affiche aussi sa volonté de donner un coup de pouce aux énergies fossiles, en mettant « fin à la guerre
En dehors du budget, le président milliardaire a également nommé, Scott Pruitt, pour diriger l’EPA. Ce climatosceptique assumé, a déjà engagé quatorze procédures contre l’agence pour abroger ou atténuer certaines réglementations. Il s’est notamment battu contre le plan climat de l’administration Obama, le « Clean Power Plan ».
contre le charbon », au nom de l’emploi. Le décret sur l’indépendance énergétique vise ainsi à renverser les règles édictées dans le « Clean Power Plan », contraignant les Etats américains à réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques et supprime une demi-douzaine de décisions liées au climat, comme celle interdisant toute nouvelle exploitation de charbon sur des terres fédérales. LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017 - 11
LE RÉVEIL INTERNATIONAL Les climatosceptiques en ordre de bataille Le texte prévoit enfin de réduire la place accordée à la lutte contre le réchauffement climatique dans les agences du gouvernement. Autrement dit, cela amènerait les Etats-Unis à s’écarter de l’accord signé lors de la COP21, à Paris. Une mission que Scott Pruitt avait déjà à cœur : « Pour moi, Paris a tout simplement été un mauvais accord. L’accord de Paris aurait dû être géré comme un traité, il aurait dû passer par une validation au Sénat », a-t-il déclaré. Quarante-huit heures après, a l’autre bout du monde, Vladimir Poutine a, lui aussi, remis en cause la responsabilité de l’homme dans le changement
climatique estimant, lors d’un Forum sur l’Arctique à Arkhangelsk, dans le Grand nord russe que « le réchauffement, a commencé dans les années 1930 » (…) A l’époque, il n’y avait pas encore de tels facteurs anthropologiques comme les émissions (de gaz à effet de serre) mais le réchauffement avait déjà commencé », a-t-il affirmé. Selon le maître de Moscou, il est « impossible » d’empêcher le réchauffement climatique qui pourrait être lié notamment « à des cycles globaux sur Terre (…) la question est de s’y adapter ». Dans le même temps, Poutine, fait l’éloge du réchauffement climatique, relevant que la fonte des glaces facilitait notamment la navigation dans cette région, ainsi que son « exploitation à des fins économiques ».
Ces propos du président russe tranchent singulièrement avec ses propos lors de l’ouverture de la conférence mondiale sur le climat en 2015. « La qualité de la vie de tous les habitants de la planète dépend du règlement du problème climatique », avait-il alors déclaré en louant les « efforts de la Russie » en matière de réduction des émissions de gaz à l’effet de serre qui « ont permis de freiner d’un an le réchauffement climatique ». Pas à une contradiction près, son conseiller pour les questions climatiques, Alexandre Bedritski, prévenait que « la ratification de l’accord de Paris par la Russie pourrait prendre des « années ».
J.-P. Delahaye
Pour Nicolas Hulot, Trump est un criminel Dans une tribune publiée dans «Libération » le 31 mars, Nicolas Hulot accuse Donald Trump d’écocide puisque « sciemment, il détruit tout ce qui est nécessaire à la survie de l’humanité » . Il appelle à la mobilisation (extraits) « La COP21, à Paris, était certes un pas important sur un plan diplomatique. Mais il était largement insuffisant et il fallait le dynamiser. Or, Trump fait tout l’inverse. Ses décisions sont un doigt d’honneur à toutes les victimes du changement climatique et aux pays, comme l’Inde ou la Chine, qui se sont engagés dans ce combat. Or, il faut rappeler que les pays industrialisés, au premier rang desquels les Etats-Unis, sont historiquement responsables de la crise climatique. Non seulement Trump n’assume pas ses responsabilités, mais il va ostensiblement aggraver la situation. C’est un crime. Un jour, cette notion de crime contre l’avenir, crime contre la nature et crime contre l’humanité, sera reconnue. Avec Trump, on est dans un cas d’école. Intentionnellement, ne serait-ce que pour
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épargner son propre business, cet homme mène l’humanité vers une issue fatale. Même si, pour l’instant, il ne sort pas officiellement de l’Accord de Paris, il le torpille. Le surplus de gaz à effet de serre envoyé dans l’atmosphère à cause de sa politique, notamment pro-charbon, sera peut-être ce petit grain de sable qui nous mettra dans une situation irréversible. (…) Ce qu’il a annoncé n’est pas une surprise, mais ce n’est pas une raison pour s’en accommoder. L’Europe devrait réagir. »
LE CAHIER MÉMOIRE N° 833 AVRIL 2017
Soixante-douze jours qui bouleversèrent la France Par Georges Beisson, Yves Lenoir, Claudine Rey, Jean-Louis Robert, Daniel Spassky Historiens, journalistes, membres des amis de la Commune (extraits) 1- Aux origines de la Commune « D'où naissent les révolutions ? » C'était le titre d'un article célèbre du grand historien Pierre Larousse. De la conjonction des crises, répondait-il, des crises économiques, sociales, politiques et morales. Le siège de Paris par les Prussiens crée une situation économique difficile. Nombre d'entreprises ont dû fermer leurs ateliers, créant un chômage de masse qui ne se résorbe pas après l'armistice du 28 janvier. S’agit là d'une crise circonstancielle ; alors même que le second Empire avait connu une croissance économique vive, en particulier de l'industrie. Mais cette croissance économique et industrielle a généré une crise sociale brutale et multiplié les déséquilibres.
UNE CRISE URBAINE À Paris, la croissance urbaine a été importante et s'est accompagnée d'une restructuration de la ville à l'initiative du préfet Haussmann. Le territoire de Paris est agrandi et la capitale passe de 12 à 20 arrondissements. Des transformations s'opèrent dans le centre, à la fois sous l'effet de la politique haussmannienne et de la spéculation libé-
rale, des habitants modestes doivent quitter leur habitation pour aller habiter dans les arrondissements périphériques, souvent dans des logements de fortune, insalubres. Toutefois, nombre d'ouvriers restent encore dans le centre de Paris, et des arrondissements comme le 5e sont très populaires. De province, viennent aussi des dizaines de milliers d'immigrants, peu qualifiés, maltraités.
UNE CRISE SOCIALE Cette grave crise urbaine s'accompagne d'une crise sociale. La révolution industrielle a attiré dans les ateliers et les usines des masses qui vont connaître une surexploitation terrible. Les femmes, en particulier, connaissent à Paris et en province une situation souvent tragique, avec des salaires généralement deux fois moindres que ceux des hommes. 1870, une couturière gagne environ 1,50 franc par jour. Le migrant qui a coupé avec les antiques solidarités du monde rural, est réduit à vendre sa force de travail dans le cadre d'un marché que rien ne doit entraver depuis la loi Le Chapelier. Si
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11
Napoléon III, a accordé un bien limité droit de grève en 1864, le droit de coalition permanente et organisée – c’est-
LE RÉVEIL DOSSIER
Le 4 avril 1870, à la Vilette, dans le Nord de Paris, les ouvriers raffineurs se mettent en grève.
à-dire le syndicat – reste interdit. Les ouvriers ne peuvent se réunir que dans des sociétés mutuelles qui fourbissent cependant un cadre pour se rassembler. La précarité et l’insécurité sociale règnent en ce temps où les travailleurs doivent travailler jusqu’à leur mort, où la maladie ou l’accident signifient la misère et l’aumône du bureau de bienfaisance. Toutefois, il existe aussi une certaine élite ouvrière, notamment à Paris, ouvriers de métier, en particulier dans l’industrie du luxe ou de la consommation (métiers du bois, du livre…). Souvent, ces ouvriers se situent à la limite de l’artisan et glissent d’un statut à l’autre. Un bon exemple de cette élite ouvrière est Eugène Pottier. Le futur auteur de l’Internationale est dessinateur sur étoffes, un temps ouvrier, un temps à son compte. Cette élite aime à se réunir, à lire la presse dans les arrière-salles s des cafés. « Les Sublimes », ainsi qu’on les appelle alors, sont souvent les vecteurs d’une prise de conscience.
UN PREMIER SOCIALISME Cette prise de conscience a ses racines aussi dans les travaux des socialistes français du premier XIXe siècle. On méconnaît trop l’apport de Saint-Simon, Fourier, Proudhon, Cabet, Pierre Leroux et bien d’autres. Dans la foulée des Lumières, ils produisent une analyse plus sociale et morale qu’économique, relisant deux des 14 - LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
grands concepts de la Révolution française : la propriété – qui pour Saint-Simon ne peut être figée et dépend de la l’utilité générale – et la liberté – qui pour Fourier est relative dans le capitalisme, car écrit-il avec ironie, « si Phédon est bien libre d’aller à l’Opéra, il lui manque un sou pour y aller ». Le proudhonisme, influence nombre d’ouvriers parisiens, sensibles à une aspiration à un socialisme égalitaire, autonome et fédéralisme. Précarité et insécurité sociale règnent en ce temps où les travailleurs doivent travailler jusqu’à leur mort. Mais le processus fondamental se déclenche à Londres. Avec Marx surtout, mais aussi avec Bakounine, s’organise la première internationale des travailleurs, AIT. A la fin des années 1860, elle s’est solidement ancrée en France. Elle contribue au dépassement des corporatismes pour une prise de conscience sociale et universelle. L’évolution d’Eugène Varlin, qui passe du proudhonisme à un socialisme révolutionnaire pragmatique et offensif, en témoigne ; En 1870, l’AIT, compterait plus de 100 000 adhérents en France. La répression, vive en 1870, n’y changera rien. L’idée de la République sociale universelle s’est ancrée en profondeur dans la conscience sociale ouvrière.
La République et la Patrie La République sociale universelle, c’est d’abord la République. Une crise politique latente ne cesse d’être présente, à Paris et dans nombre de villes entre l’Empire et la République. Paris est une ville massivement républicaine, où sont largement présentes les idées et traditions de la sans culotterie de 1789 et 1793. La République est au-dessus de tout. Sa défense légitime toute
insurrection. Elle est le signe et l’outil du pouvoir du peuple, de ses libertés que l’Empire du Petit Napoléon a restreintes gravement. La République, dans la tradition sans-culotte, ne peut être que démocratique, sociale, appuyée sur le peuple. Un peuple agissant, qui s’est aussi transmis la mémoire – et la pratique… - de l’insurrection et de la barricade. On ne saurait enfin dissocier, alors, la République de la patrie. Le peuple de Paris est profondément patriote. Il va le montrer pendant le siège par les Prussiens : la garde nationale s’ouvre largement au peuple, qui dépense pour payer ses canons. Pendant le siège ne cessent de se manifester l’impatience des Parisiens au combat et la dénonciation du gouvernement bourgeois de défense nationale, suspect, souvent à juste titre, de défaitisme. L’élection d’une Assemblée nationale, le 8 février 1871, dans des conditions de précipitation qui rendent sa légitimité douteuse, va alors multiplier les conditions de la crise politique. Cette Assemblée est monarchiste (alors que tous les députés parisiens sont républicains) attachée à l’ordre. En acceptant les clauses du traité de Versailles, l’Assemblée et le gouvernement de Thiers apparaissent comme des traites à la cause patriotique. La garde nationale ou le peuple armé L’évolution de la garde nationale
DOSSIER LE RÉVEIL va cristalliser les deux mouvements, social et politique. Pendant le siège, le peuple s’est armé sous l’ordre de l’armée. A compter de février 1871, on voit que la grande majorité des bataillons de la garde nationale se
donne de nouveaux officiers, dont nombre viennent des organisations démocratiques. Ces bataillons réclament désormais la Commune, c’est-à-dire Paris libre (Paris vit sous tutelle préfectorale) face à Versailles. Ils s’organisent dans un Comité central
de la garde nationale qui, dans le courant de mars, prend le contrôle de fait de la garde au détriment des chefs militaires. Les conditions d’une révolution sont mûres. Il manque l’étincelle, elle se produit à Montmartre, au petit matin du 18 mars 1871
Le 18 mars 1871, Paris insurgé
Versailles provoque Paris L’Assemblée de Bordeaux prend toute une série de mesures contre Paris. Le 7 mars, l’Assemblée ordonne un retour au fonctionnement normal du mont-de-piété et abroge le décret sur les moratoires sur les effets de commerce et des loyers. La solde des gardes nationaux est supprimée, sauf pour ceux qui présentent un certificat d’indigence. L’Assemblée décide de « décapitaliser » Paris en allant s’installer à Versailles, ville symbolique de la monarchie. Le 11 mars, six organes de presse républicains sont interdits.
De Montmartre à l’Hôtel de Ville Thiers décide de reprendre leurs canons aux Parisiens dans la nuit du 17 au 18 mars. Ces canons achetés grâce à une souscription des Parisiens en vue de défendre la capitale ont été disposés sur les buttes de Montmartre et de Belleville et place des Vosges pour les mettre hors d’atteinte des Prussiens. Au petit matin, un garde national, un ouvrier du bâtiment, qui garde les canons du Champ polonais sur la butte Montmartre est abattu par la troupe. Ce sera la première victime des versaillais ! Vers 5 heures du matin, on s’aperçoit que l’on a oublié de prévoir les attelages. A 8 heures ceux-ci arrivent, mais entre-temps, avertie par les femmes du comité de vigilance de Montmartre (dont Louise Michel est une des principales activistes), la foule a envahi les rues. Les gardes nationaux sont présents en nombre. Les soldats et la foule fraternisent. Deux généraux (Lecomte et Thomas) sont exécutés. Partout dans Paris, des barricades sont érigées. Vers 10 h 30, le général Vinoy donne l’ordre d’évacuer la rive droite. Le peuple de Paris se rend progressivement maître de la ville (la garde nationale occupe la préfecture de police, l’état-major de la garde…). Au ministère des Affaires étrangères, Thiers convainc l’ensemble
des ministres de donner l’ordre d’évacuer Paris. Le soir du 18 mars, le Comité central de la garde nationale occupe l’Hôtel de Ville. Jules Vallès note : « Aujourd’hui, une demi-douzaine de garçons à gros souliers, avec un képi à filets de laine, sans une épaulette, ni une dragonne, sont, sous ce plafond à cartouches fleurdelysés, le gouvernement. » En s’opposant à Thiers et à ses troupes, le peuple de Paris a ouvert la voie à la Commune.
Photo Josse/Ieemage
Le 28 janvier 1871, Bismarck et Favre signent un armistice qui met fin au conflit engagé par Napoléon III. Une Assemblée nationale est élue dans la foulée le 8 février. Les Parisiens, républicains, sont minoritaires. Le 17 février, l’Assemblée élit Adolphe Thiers chef du pouvoir exécutif. Le 1er mars, l’Assemblée de Bordeaux ratifie les durs préliminaires de paix de Versailles par 546 voix contre 107. Lors du défilé des troupes allemandes à l’ouest de Paris, du 1er au 3 mars, la garde nationale maintient l’ordre. Elle prouve qu’elle contrôle Paris et échappe à la direction de l’armée. Le 10 mars, la Fédération de la garde nationale (d’où le nom de fédérés souvent donné aux communards) précise son attachement à « la République française d’abord, puis à la République universelle ».
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LE RÉVEIL DOSSIER
Le Comité central, ou l’exercice du pouvoir (19-26 mars) « faire des élections communales ». Aux gardes nationaux, il déclare : « Préparez donc et faites de suite vos élections communales, et donnez-nous pour récompense la seule que nous ayons jamais espérée : celle de nous voir établir la véritable République. »
La conciliation impossible En cinq jours, les versaillais fusillent 2 000 personnes dans la caserne Lobau.
Les 18 et 19 mars, l’armée est mise en déroute par la mobilisation du peuple. Après son échec, le gouvernement de Thiers se replie sur Versailles. L’Etat est décapité. Le Comité central de la garde nationale devient la seule autorité responsable et doit assumer tous les pouvoirs. Il les exercera du 19 au 26 mars, date à laquelle il cédera le pouvoir à la Commune de Paris, librement élue.
Un Gouvernement provisoire Dans la nuit du 18 au 19 mars, une vingtaine de membres du Comité central se retrouvent à l’Hôtel de ville. Edouard Moreau propose que le Comité central gouverne Paris le temps de procéder à des élections. Le Comité central rédige deux proclamations, toutes les deux datées du 19 mars, l’une « Au peuple », l’autre « Aux gardes nationaux ». Dans la première il veut « que Paris et la France jettent ensemble les bases d’une République acclamée avec toutes ses conséquences, le seul gouvernement qui fermera pour toujours l’ère des invasions et des guerres civiles ». Il lève l’état de siège et convoque le peuple de Paris pour 16 - LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
Le Comité central est partagé sur la question de ses rapports avec Versailles. Une majorité accepte de jouer un certain jeu de la conciliation par l’intermédiaire des députés et des maires républicains. Le mercredi 22 mars le Journal officiel communique l’accord conclu avec les maires concernant les modalités des prochaines élections. Avec son sens de la démocratie, le Journal officiel va même jusqu’à publier le communiqué des journaux appelant au boycott des élections. Mais les négociations se font plus difficiles et c’est seulement le 26 mars que les élections auront lieu. Sans doute cette politique a-telle favorisé l’organisation des élections communales, mais elle a contribué à l’inaction militaire du Comité central et au rétablissement de Versailles qui n’envisage aucun compromis.
L’Etat transformé Le Comité central assume ses responsabilités en prenant la direction des affaires jusqu’aux élections. Il fait occuper les fortifications et les forts autour de Paris. Il fait occuper les ministères et les principaux lieux de l’appareil d’Etat. Le Comité central réprime aussi sévèrement la manifestation des partisans de l’ordre, près de la Bourse, le 22 mars.
Le 23 mars, le Comité central appelle les fonctionnaires à reprendre le travail sous 48 heures, sous peine d’être considérés comme démissionnaires. Les soldats présents à Paris sont incorporés dans les rangs de la garde nationale. Le Comité central fait remettre la machine administrative en route, assure la sécurité et la vie de la cité, et va déléguer Jourde et Varlin aux Finances, Grousset aux Affaires étrangères, Grêlier et Vaillant à l’Intérieur. Duval et Rigault à la préfecture de police, Eudes à la Guerre, Bergeret à l’état-major de la garde et Moreau au Journal officiel. Ces citoyens sortis du peuple, comme par exemple, Jourde, clerc de notaire, ou Varlin, relieur, seront capables d’accomplir la tâche qui leur a été assignée et de remettre en route les rouages de l’Etat. Le 24 mars, les musées, fermés depuis le 4 septembre, sont rouverts. La garde nationale maintient l’ordre et Paris devient une ville sûre.
Les mesures politiques et sociales Le Comité central prend des mesures politiques et sociales qui vont consolider la Commune. Dès le 20 mars le Journal officiel proclame la levée de l’état de siège, la liberté de la presse, l’abolition des conseils de guerre et de l’ar-
DOSSIER LE RÉVEIL mée permanente. Dans le domaine social, il décrète la remise pleine et entière du paiement des trois termes d’octobre 1870, janvier et avril 1871, suspend la vente des objets engagés au mont-de-piété et proroge d’un mois les échéances des effets de commerce et l’impossibilité pour un propriétaire de congédier un locataire. Il rétablit la solde des gardes nationaux. Ces mesures assurent à la révolution
un large soutien dans la population parisienne. Dans un appel aux citoyens, à la veille des élections, il rappelle ses motivations : « Que demandions-nous ? Le maintien de la République comme gouvernement seul et possible et indiscutable. Le droit commun pour Paris, c’est-à-dire un conseil communal élu ». Il proclame : « Citoyens, note mission est
terminée ; nous allons céder la place dans votre hôtel de ville à vos nouveaux élus, à vos mandataires réguliers… » Et il souhaite que les citoyens votent pour ceux qui « vivent de votre propre vie, souffrent des mêmes maux ». Dans sa séance d’installation, le 28 mars, la Commune de Paris déclare que la garde nationale et le Comité central ont bien mérité de la patrie et de la République.
Les déboires de la commune, les « succès » versaillais (1er-20 mai) Du 1er au 20 mai 1871 Thiers peut faire la paix avec la Prusse, maîtriser définitivement la province et remporter ses premiers succès militaires contre Paris, la création du Comité de salut public, en accroît les clivages. Cependant, la formidable charge démocratique de la Commune continue à produire ses effets.
Le traité de Francfort Le traité de Francfort ratifié le 18 mai, rend sa liberté de manœuvre à Thiers qui veut en finir avec la Commune. La paix est lourdement payée, d’abord par l’abandon d’une grande partie de l’Alsace et de la Lorraine, ensuite par le paiement d’une très forte indemnité. Ces annexions concernent plus de 1,5 million d’habitants. La France perd avec ces territoires le cinquième de son potentiel minier et sidérurgique. L’indemnité de guerre est fixée à cinq milliards de francs or et devra être versée en trois ans. En gage de ce paiement, les Prussiens occuperont jusqu’à son versement complet une partie du territoire français.
La maîtrise de la province La province n’est pas unanimement acquise aux versaillais. Si de nombreux notables et représentants du grand capital soutiennent Thiers, beaucoup de citoyens défendent la République démocratique et sociale. Les manifestations de soutien à la Commune de Paris continuent à être nombreuses, même en milieu rural. Bien décidé de ne pas les laisser se développer. Thiers use de tous les stratagèmes : il se dit républicain et obtient le soutien de l’aile gauche de l’Assemblée de Versailles, notamment celui de Schœlcher et de Louis Blanc, qui vilipende la Commune ; il inonde la province de fausses informations : il se présente comme le défenseur de la République contre les factieux » et accable les communards de calomnies, les accusant notamment de pillage, il enjoint à ses procureurs de poursuivre les écrivains qui soutiennent la Commune, il leur donne l’ordre d’empêcher toutes les réunions et d’arrêter les conseillers municipaux qui se rendraient à Bordeaux, où la Tribune a proposé un congrès de toutes les villes de France pour terminer
La barricade de la place Blanche défendue par des Femmes.
la guerre civile, assurer les franchises municipales et consolider la République. Selon Lissagaray, « le 10 mai, M. Thiers dominait entièrement la situation, menteur dans ses télégrammes, dans les journaux, lançant tantôt ses gendarmes, tantôt ses députés de la gauche, il était arrivé à écarter toutes les tentatives de conciliation. Le traité de paix venait d’être signé à Francfort et, libre de ce côté, débarrassé de la province, il restait seul à seul avec Paris ».
L’offensive militaire Les versaillais vont prendre l’initiative des opérations militaires dès la fin du mois d’avril. Ils LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017 - 17
LE RÉVEIL DOSSIER
concentrent leur offensive et leurs tirs sur les forts avancés du sud de l’enceinte : Issy et Vanves. Thiers connaît bien le système de fortifications parisien puisqu’il en est l’auteur : en prenant ces positions, les versaillais seront à même de les retourner contre l’enceinte bastionnée protégeant Paris ! « Le fort d’Issy est définitivement abandonné le 8 mai. Dans la nuit du 3 au 4 mai, les versaillais ont pris la redoute du Moulin de Saquet. « Quelques heures après (l’évacuation du fort d’Issy), les versaillais, traversant la Seine, s’établissaient en avant de Boulogne devant les bastions du Point-du-Jour et ouvraient une tranchée à trois cents mètres de l’enceinte. »
Le Comité de Salut Public Le projet d’un Comité de salut public doté des pleins pouvoirs est lancé fin avril par Jules Miot et Félix Piat, mais c’est l’évacuation du fort d’Issy qui conduit le Conseil de la Commune à voter majoritairement pour sa création, le 1er mai 1871. Le vote ne recueille que 45 voix et il y a 23 voix contre : la Commune va dès lors se trouver divisée, contestée par une forte minorité qui rassemble surtout ceux de ses membres qui adhérent à l’Association internationale des travailleurs. La minorité s’oppose au concept même de Comité de salut public parce qu’elle le considère, au mieux, comme une expression verbeuse au pire, comme l’em18 - LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
bryon d’une dictature. Elle refuse d’y participer. Le 9 mai, en contrecoup de la prise du fort d’Issy par les versaillais, le Conseil de la Commune décide de renouveler le Comité, de nommer un délégué civil à la guerre et de mettre le nouveau Comité en permanence à l’Hôtel de ville. C’est Delescluze qui est nommé délégué à la guerre : il recueille, par contre, 42 voix sur 46.
Les divisions et flottements « Les amis de la Commune, les braves des tranchées, des forts, de la bataille, apprirent alors qu’il y avait une minorité à l’Hôtel de Ville. Elle s’affirmait juste au moment où Versailles démasquait ses batteries du Sud. » La simple annonce de cette division n’est pas bonne pour le moral des troupes ! Or, les divisions vont être de plus en plus nombreuses. Elles apparaissent partout : au sein de la Commune, au sein du Comité de salut public, entre la Commune et le Comité central, entre le Comité de salut public et le délégué à la guerre. Devant les revers, chacun fuit les responsabilités et cherche à les faire porter par d’autres. Le pire est que ceux qui se sentent un tant soit peu coupables en appellent à l’opinion publique. Rossel envoie sa lettre de démission aux journaux. La minorité commet la même faute, le 15 mai, en envoyant aux journaux son manifeste dénonçant la dictature de la majorité et se concluant par « nous nous retirons dans nos arrondissements » !
donnés se contredisent. Il n’y a aucune coordination. A plus forte raison, il n’y a pas de véritable stratégie. Les combattants ne reçoivent pas les moyens qu’ils demandent. Dans la semaine qui précède le 21 mai, le Comité de salut public prend deux mesures hautement symboliques mais sans portée concrète : la démolition de la maison de Thiers et l’abattage de la colonne Vendôme. Dans l’esprit de 1793, la Commune est aussi amenée à prendre des mesures de restriction des libertés : la presse versaillaise est suspendue, les arrestations de suspects se multiplient. Ces mesures ne suffisent pas à remonter le moral de la population. Les refus de service dans la Garde nationale se font plus nombreux.
La trace… Dans cette situation difficile, la Commune continue de prendre des mesures d’une grande force démocratique : le 13 mai, le contrôle des marchés publics aboutit à la création d’un véritable salaire minimum, le 17 mai, la Commune supprime la distinction entre enfants légitimes et enfants naturels, le 19 mai, elle généralise la laïcisation de l’enseignement public et crée un enseignement professionnel pour les filles et les garçons ; le 21 mai, Edouard Vaillant décide que le salaire des institutrices égalera celui des instituteurs. Premier décret d’égalité des salaires des femmes et des hommes alors même que le bruit des bottes des versaillais se fait entendre dans Paris.
L’impuissance Pour conduire correctement les opérations militaires, il est incontestable qu’il y a trop d’intervenants différents : le Comité central de la garde nationale, les généraux, le délégué à la guerre, la Commission de la guerre, le Comité de salut public. Les ordres
Barricade Voltaire richard Lenoir.
DOSSIER LE RÉVEIL
De la semaine sanglante à l’amnistie (21-28 mai) Le dimanche 21 mai, il fait beau, les versaillais entrent dans Paris. Trahison ! La porte de Saint-Cloud ne peut être tenue par les fédérés. Sous un bombardement effroyable ils se sont repliés vers le viaduc d’Auteuil. Laissée sans défense, la porte est signalée aux versaillais par un traître, le sieur Ducatel. Le soir même, à 22 h 30, 30 000 soldats versaillais sont dans la capitale. C’est le premier jour d’une semaine effroyable qui prendra le nom de « sanglante ». Le lendemain Dombrowski, général polonais au service de la Commune, tente de rassembler les troupes, mais devant l’avancée des armées versaillaises chacun veut défendre son quartier, sa maison, et le mot d’ordre de Delescluze, qui appelle aux barricades, trouve de l’écho parmi les fédérés. Les « fusillards » de Versailles sont à l’œuvre, Borgella, officier d’intendance témoigne et évoque les gens trouvés dans les caves, poussés dans des fosses de plusieurs mètres de large. Les soldats tirent, « tant que ça bouge », violent. Pillages sous prétexte de fouilles des logements, assassinats des occupants… ces scènes se multiplient dans les rues de Paris. Mais le peuple parisien est debout ! Les barricades se dressent, comme rue Lepic, défendue par les femmes, en bas de Montmartre. Les troupes versaillaises du capitaine Clinchant cernent la butte, symbole de la Commune. Montmartre tombe le 23 mai. Mercredi 24 mai. L’horreur des carnages met en rage les communards. La colère monte. Ce jour-là aussi, les flammes jaillissent du beffroi de l’Hôtel de ville ! Les communards ne voulant pas capituler tentent d’élever une barrière infranchissable. Les incendies des communards s’ajoutent aux incendies des
bombardements versaillais. Paris est en feu ! A la butte aux Cailles, la défense est héroïque. Le général polonais Wroblewski tient tête durant deux jours aux troupes revanchardes. Dans le même temps les versaillais massacrent à la caserne Lobau. Les prisonniers entassés dans la cour carrée sont fusillés à la mitrailleuse. Sous la porte s’écoule, dans la rue, le sang des fusillés. On estime à plus de 2000 le nombre de fusillés dans la caserne en cinq jours. Ce même jour un général, Dombrowski, est blessé mortellement. Le 25 mai, au siège de la mairie du 11e où s’est replié le gouvernement de la Commune. Le 26 mai, 48 otages de la Commune sont fusillés rue Haxo, dans le 20e, par une foule déchainée contre les exactions versaillaises. Varlin et quelques autres tentent vainement de s’interposer. Les versaillais frappent aux Buttes-Chaumont aussi. Le 27 mai, le lac a changé de couleur. Dans le cimetière du Père Lachaise, le combat est acharné. Les Communards se battent à travers les tombes, mais la lutte est inégale. Les survivants sont fusillés le long de ce mur qui garde leurs souvenirs : le mur des Fédérés. On se bat encore dans les rues… Et parmi les derniers bastions résistants, la barricade de la rue de la Fontaine-au-Roi, où combat Jean-Baptiste Clément, l’auteur du Temps des cerises, et celle de la rue Ramponneau, dans le 20e, tombent le 28 mai. Ce jour-là, un officier supérieur de l’armée versaillaise, écœuré, raconte comment, passant vers la tour SaintJacques, il voit sortir, émergeant d’un tas de cadavres entassés, une main d’enfant qui s’agite, frémissante.
Eugène Varlin, arrêté, est conduit rue des Rosiers (actuellement rue du Chevalier-de-la-Barre), à Montmartre. Lynché par les lâches, un œil arraché, ensanglanté, il ne peut tenir debout. Il est fusillé assis. Le 29 mai, dans Les Dernières Nouvelles de Versailles, nous lisons : « Paris est écrasé (…) Nous déportons, nous fusillons tout, même les prisonniers blessés à mort. Nos bons amis les Prussiens à Saint-Denis, les rois chacun dans son pays respectif, arrêtent et livrent à notre vengeance les rares fugitifs qui essaient d’échapper à la mort. Hurrah ! Paris est écrasé, détruit, vaincu ! L’ordre règne, les honnêtes gens ont repris le dessus… » Ce jour-là, le dernier drapeau rouge flotte encore sur le château de Vincennes, des braves résistent jusqu’à leur ultime souffle. Tous leurs officiers seront fusillés.
Le crime de masse Tout est dit, reste à parfaire l’œuvre de répression entreprise. La reconquête des quartiers par les troupes versaillaises est suivie à chaque fois de l’installation de tribunaux, cours prévôtales, qui ne sont que des trompe-l’œil de la justice ! A Montmartre, au Châte-
L'exécution de Varlin , Maximilien Luce. L'ouvrier relieur et dirigeant de la Commune, lynché par des lâches, ensanglanté, ne peut tenir debout. Il est fusillé assis.
LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017 - 19
LE RÉVEIL DOSSIER let, au Luxembourg, à l’Ecole polytechnique, dans les mairies… Le jugement est sommaire. « A la queue », c’est la file de ceux qui attendent d’être fusillés. Puis vient le temps de la lassitude de tuer et du danger des épidémies. On brûle les cadavres dans des charniers improvisés, une odeur de pestilence se répand sur la capitale. Dans les rues, les soldats obligent les habitants à jeter du chlore sur les monceaux de cadavres. Chiffre irréfutable, bien en dessous de la réalité du nombre total de victimes, 17 000 morts sont inhumés par la ville de Paris. On peut, sans surestimer leur nombre, évaluer à au moins 20 000 les victimes de la répression versaillaise.
La prison ou l’exil Ceux qui échappent au massacre sont conduits à Versailles ! En longs troupeaux ! Battus et humiliés au long du chemin. Les femmes, les hommes sont enfermés dans des conditions inhumaines. Ils sont reçus, selon Barrère, futur ambassadeur de France à Rome, par « des gardiens véritables bêtes féroces ». Les malheureux sont littéralement jetés dans des caves, comme sous l’orangerie du château de Versailles. Le temps exécrable des dénonciations est lui aussi venu. Elles sont innombrables… Les prisonniers attendent de longs mois, les prisons sont trop pleines, ils sont dirigés vers les pontons ou vers les îles, les forts ou les citadelles. Les communards arrivent entassés dans des wagons à bestiaux. Des conseils de guerre, parodies de justice, sont mis en place par Thiers. Les militaires versaillais sont leurs juges ! Selon le rapport du général versaillais Appert, établi à la demande du gouvernement, 46 835 personnes, dont 874 20 - LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
femmes et 544 enfants passent devant les conseils de guerre. 3 417 sont condamnées à la déportation simple, 1 169 à la déportation en enceinte fortifiée, 251 aux travaux forcés, 1 247 à la détention. Les enfants sont envoyés en maison de correction. 95 peines de mort sont prononcées, 26 sont exécutées. Plus de 3 000 condamnations prononcées le seront par contumace. Sans attendre les condamnations, 5 000 à 6 000 personnes choisissent de s’expatrier. Sur les 81 membres de la Commune, 49 se réfugient en Belgique, en Angleterre et en Suisse. Quelle que soit leur tendance politique, ils ont tous voulu perpétrer la mémoire de la Commune. Par l’édition de journaux, ils continuent le combat !
La déportation La loi du 23 mars 1872 fixe comme lieu de détention la Nouvelle-Calédonie. Le 3 mai 1872, le navire La Danaé ouvre la marche. Il sera suivi de beaucoup d’autres. Chacun transporte 200 à 300 bannis, parmi eux, sur la Virginie, 19 communardes, dont Louise Michel et Nathalie Le Mel. Ces vieux bateaux sont équipés de cages pour enfermer les déportés. Quatre ou cinq mois de voyage par la mer, ne réussiront pourtant pas à briser la dignité des communards. Les condamnés en enceinte fortifiée sont dirigés sur la presqu’ile Ducos. La côte ouest de l’ile des Pins est attribuée aux déportés simples. Les condamnés aux travaux forcés subissent la pire loi du bagne sur l’ile de Nou. La répression s’exerce au quotidien. Au fil des années, pour ceux qui ne sont pas au bagne, la vie en déportation s’organise. Des lopins de terre leur sont attribués. Eloigner les dangereux communards et permettre une colonisation de ces iles étaient des buts avoués du gouvernement de Thiers.
1871 commune de Paris.
La loi d’amnistie, le retour En France, sous la pression de personnalités comme Victor Hugo, la volonté d’amnistie se fait insistante. Une loi d’amnistie partielle le 3 mars 1879, il faudra attendre le 11 juillet 1880 pour obtenir l’amnistie totale. A la Chambre des députés, Gambetta, dans un discours plus qu’ambigu, déclare : « il y a un moment où, coûte que coûte, il faut jeter le voile sur les crimes, les défaillances, les lâchetés et les excès commis… Il faut que vous fermiez le livre de ces dix années, que vous mettiez la pierre tumulaire de l’oubli sur les crimes et sur les vestiges de la Commune. » C’est en fait la tentative d’une réconciliation nationale aux dépens de la dignité des communards, qui restent seuls accusés de crimes. Les criminels de guerre de la Semaine sanglante, ceux qui ont eu l’audace de bombarder Paris, sont devenus des profiteurs influents. Quant aux communards, au retour de déportation ou d’exil, c’est la misère qui les attend. Ils organisent la solidarité et créent une association en 1882, dont les Amis de la Commune de Paris-1871 sont les héritiers. Les communards, pour beaucoup, reprennent leur combat politique ou syndical.
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Turquie
Absolutisme Dimanche 15 avril, Erdogan, le maître d’Ankara, a remporté, la bataille du référendum constitutionnel d’une courte tête. Un scrutin entaché d’irrégularités… Ainsi, à partir de 2019, le nouveau Sultan, comme certain le surnomme déjà, pourra cumuler les fonctions de chef de l'Etat, de chef des armées, chef du gouvernement et enfin chef du parti islamo-conservateur AKP et de son groupe parlementaire. Il pourra également nommer et limoger les ministres, sans vote de confiance ni censure du Parlement, désigner la moitié des plus hauts magistrats du pays, préparer le budget etc. Un pouvoir absolu ! Selon des analystes politiques stambouliotes ce résultat a été obtenue par une combinaison de plusieurs éléments : une propagande d'Etat massive, avec 90 % du temps d'antenne dévolue au « oui », l'intimidation des militants du « non » traités de « terroristes » ou de « putschistes » ainsi que la fermeture de 150 médias d'opposition au nom de l'état d'urgence décrété après le putsch raté de juillet dernier. Rappelons que depuis cette
La répression à plein régime en Turquie n'épargne personne
date 47 000 personnes ont été arrêtées, citoyens contestataires, journalistes, universitaires, artistes etc. et plus de 100 000 limogées ou suspendues de leurs fonctions. Le parti prokurde HDP a ainsi dû faire campagne avec ses deux coprésidents et nombre de ses élus en prison, accusés de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Si l’on ajoute à ce dispositif antidémocratique, la terreur résultant des attentats et la proximité de la guerre en Syrie, beaucoup de turcs désemparés, apeurés ont pu « se jeter dans les bras d’un président protecteur » et lui confier leur avenir sans aucune limite ou contre-pouvoirs.
Une courte victoire
Séance du Parlement turc, à Ankara, en l'absence de députés du Parti démocratique des peuples (Haklarm Demokratik Partisi, HDP) arrêtés et incarcérés en novembre 2016, et dont des photographies ont été placées sur leurs sièges vides. © 2016HDP
Mais la victoire d’Erdogan est courte ! Le « oui » a obtenu 1,1 million de suffrages de plus que le « non », sur 46 millions de votes exprimés, avec un taux de participation de 85 %. Cet écart très étroit s'avère décevant pour le pouvoir, d’autant que le « non » l'a emporté dans les principales villes, Istanbul, Ankara et Izmir, ainsi que les régions du Sud-Est à majorité kurde. De plus selon l’opposition les autorités auraient favorisé la fraude massive. Le Haut Conseil électoral a en effet décidé à la dernière minute de considérer comme valides les bulletins ne comportant pas le tampon du bureau
de vote où ils ont été utilisés, ce qui est propice au bourrage d'urnes. Les deux principaux partis d'opposition ont pointé des « manipulations ». Bülent Tezcan, secrétaire-général adjoint du premier parti d'opposition, le CHP (social-démocrate), a dénoncé sur la chaîne CNN-Türk une « violation » et le HDP, a fait savoir sur Twitter qu'il allait contester les votes provenant de « deux tiers » des urnes. Pour les observateurs internationaux présents en Turquie à la demande des organisations démocratiques il ne fait aucun doute que le référendum a été entaché d’irrégularités. De l’avis de la mission commune du Conseil de l’Europe et de l’OSCE « le référendum s’est déroulé dans un cadre illégal ». Erdogan a balayé d’un revers de main ces conclusions des observateurs et dans un esprit d’apaisement qui le caractérise a annoncé la tenue prochaine d’un nouveau scrutin pour… le retour à la peine de mort ! Le recours juridique de l'opposition ayant peu de chances d'aboutir, le président devrait donc se voir doté dans deux ans d'un pouvoir sans précédent, bien supérieur à celui de celui Kemal Atatürk, dont il revendique le patriotisme tout en répudiant la laïcité. Un pouvoir institutionnel sans équivalent dans le monde. JP Delahaye LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017 - 21
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Le dernier pilote du Normandie-Niemen, la seule force occidentale sur le Front de l’Est est mort Le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie envahit l’Union soviétique. Les relations entre la France vichyste et l’URSS sont rompues. Le colonel Luguet déLe breton Taburet der- cide de rejoindre les nier pilote du norman- Forces françaises libres die niemen. et rallie Londres à la fin de 1941. Il remet au général Vallin, commandant en chef des forces aériennes françaises libres (FAFL), un dossier complet sur le potentiel industriel et militaire soviétique. Il estime que l’URSS ne sera pas rapidement battue, qu’une guerre d’usure ne peut que tourner à l’avantage des soviétiques. Le général de Gaulle chef de la France
libre décide alors de proposer l’envoi d’une formation combattante française en URSS, avec la volonté d’assurer une présence française sur tous les fronts. Cette 1re unité aérienne, dirigée par le commandant Joseph Pouliquen, ne tardera pas à devenir le régiment « Normandie-Niemen* ». Originaire de Messac en Ille-et-Vilaine, devenu célèbre en URSS, au sein de la célèbre escadrille Normandie-Niemen, Gaël Taburet est mort. Il avait 97 ans. Aujourd’hui, il ne reste qu’un survivant de la fameuse unité, André Peyronie, un mécanicien originaire d’Albi, dans le Tarn. Né le 12 novembre 1919, l’ancien pilote était entré dans l’armée de l’aire à dix-huit ans, avant d’être breveté pilote en 1939. Commandeur de la Légion d’Honneur,
Croix de guerre 39-45, Gaël Taburet avait été décoré de cinq médailles soviétiques, dont celle de l’ordre du Drapeau Rouge. L’escadron comptera 21 Compagnons de la Libération et quatre « Héros de l’Union Soviétique », une décoration très rarement accordée aux étrangers par l’URSS. Au cours de 5 240 missions et 869 combats, 42 de ses 97 pilotes ont péri. * Une exposition de l’ARAC retrace leur épopée.
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VOS DROITS LE RÉVEIL
Campagne double…
Course contre la montre… course contre la mort… « Le parcours du combattant, c’est de la rigolade à côté du parcours pour la campagne double, nous écrit un camarade électricien retraité du Rhône… Quelle galère ! » Cet ancien combattant en Algérie mène une campagne (plus que double !) depuis des décennies pour la stricte égalité des droits des Anciens Combattants en Afrique du Nord. De démarches en délégations, de manifestations en appels, son cas – comme celui de 12 de ses camarades – vient enfin d’être traité par le Tribunal des Affaires Sociales de Nantes, le 28 mars dernier. Devant cette instance, le délégué syndical – habilité à les défendre – a dénoncé la position intolérable de la Caisse Nationale des Industries électriques et gazières (CNIEG) qui – malgré les 21 condamnations confirmées par trois fois par la Cour d’Appel de Rennes - continue de ne pas vouloir appliquer
la rétroactivité du droit et à refuser la révision de leur pension professionnelle à compter des premiers jours du mois qui suit leur demande. « Pour la majeure partie des requérants, dont plusieurs octogénaires, c’est une course contre la montre qu’ils engagent, voire une course contre la mort » souligne leur défenseur. Qu’on en juge : En mai 2013, plus de 17 700 prestataires (…) pouvaient potentiellement prétendre au bénéfice de la campagne double. En 2016, ils n’étaient plus que 13 000 ! A ce rythme (…) il ne restera bientôt plus que quelques survivants ! On peut légitimement se demander si ce n’est pas le but recherché par la CNIEG ».
Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 16 mai 2017. Et, s’il est vraisemblable que le Tribunal leur accordera la prise en compte de la révision de leur pension, il y a peu de chances que les 1 500 euros demandés au titre de dommages et intérêts pour résistance abusive de la CNIEG reçoivent un accueil favorable. Et encore, il importe de rester « en campagne » pour abroger la référence au calcul basé sur les actions de feu et de combat, et revenir à la prise en compte légale du temps passé sur le terrain, comme nos anciens. Alors les amis, continuons le combat… si ce n’est pour nous, faisons-le pour les OPEX.
Mutuelles anciens combattants,
Avancées et… dérives ? Depuis fin 2016 et dans l’union les Mutuelles anciens combattants ARAC, CNM (ex FNACA) et SMRAC – ont entrepris des démarches communes auprès de la CNP, avec qui elles travaillent, afin d’améliorer les relations administratives entre elles et la CNP. Dans ce contexte vient ainsi d’être créée pour cette dernière une Commission d’action sociale dans laquelle elle a invité à siéger quatre personnalités extérieures à la CNP, à savoir le Président de l’Association ADT-Quart Monde, celui de la PREFON (Mutuelle de la Fonction publique), celui d’une Mutuelle des P et T et… notre camarade Evelyne Groult, Directrice administrative de notre Mutuelle de l’ARAC. Nous nous en félicitons comme nous sommes heureux du travail en commun entrepris par les Mutuelles/CNP. Cette bonne entente a d’ailleurs abouti à une démarche collective relayant, auprès des
candidats à Présidence de la République, les revendications en matière de droits à réparation. Informée par courtoisie, l’une des Mutuelle autonomes souhaita être partie prenante et s’engagea même à contacter en ce sens sa consœur autonome. Mais, revirement, juste avant l’envoi de cette lettre, la Mutuelle qui s’était déclarée signataire a demandé que soit enlevé sa raison sociale parce que : « la France Mutualiste et la CARAC font partie de l’UFAC qui a également préparé un courrier à la liste des candidats (…) et que leur responsabilité envers leurs adhérents, réside prioritairement dans l’accompagnement et le soutien à la démarche de l’UFAC… » Nous en avons pris acte, avec tristesse, car nous avons encore tous en tête cette période de 1996 et des années qui suivirent au cours desquelles l’union des cinq Mutuelles conjuguée à l’action parallèle de l’UFAC en plein accord, a
permis d’arracher des améliorations fondamentales pour ce droit à réparation qu’est la rente mutualiste anciens combattants. Etonnement et surprise donc car à la lecture de la lettre de l’UFAC – dont se réclament les deux Mutuelles autonomes – aucune revendication n’apparaît pour les Mutuelles AC qui ne sont même pas évoquées… Une telle démarche nous interpelle par ailleurs : faudrait-il en conclure que, à l’avenir, les Associations Nationales composant l’UFAC ne devraient plus se prononcer publiquement à partir du moment où l’UFAC – généraliste – s’exprimerait elle-même ? Dérive ? Incompréhension ? Monopole de la parole ? Nous ne voulons pas y croire un seul instant ; mais il apparaît urgent que la clarté soit faite quant à la ligne revendicative du moment et de l’avenir. LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017 - 23
LE RÉVEIL VOS DROITS
Retard de la valeur du point PMI… Rapport constant avec la Fonction publique ? Sur quel pied danse l’UFAC ? L’UFAC a adressé une lettre « interrogative » aux candidats à la Présidence de la République. C’était indispensable, mais son contenu nous interroge quant aux deux questions dans notre titre. Retard de la valeur du point PMI La lettre publiée dans « UFAC-Info » n° 129 d’avril 2017 évoque – non point la valeur du point PMI – mais le retard du rapport constant qu’elle évalue à 10 %. Alors que, dans le courrier émanant de la Commission des droits de l’UFAC (23.12.2016). Celle-ci évalue le retard à 43 % et fait référence à la recherche de la parité avec un corps de référence dans la grille de la Fonction publique. A notre connaissance, cette dernière position est conforme aux résolutions de base de l’UFAC et à la conception du rapport constant.
Cette différence (10 % et 43 %, absence de référence à la Fonction publique) ne saurait être le fruit d’erreurs de frappe ou d’impression. Il semble clair qu’il y a au moins tentative de changer de cap, d’abandonner les bases fondamentales – jugées irréalistes – pour se caler craintivement sur une moyenne » Macronscopique ». Vat-on abandonner demain la revendication du rattrapage du retard, ex profit d’une « définition pérenne », un PPDC, un « Plus petit Dénominateur Commun » avec la politique gouvernementale à venir ?
ALERTE Camarades Anciens Combattants et Victimes de Guerre, exigeons la clarté et l’action.
du
l i r v a 6 2 au
i a m 0 1
2017 24 - LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017
TOMBOLA DE L’ARAC Pensez cette année encore à vous procurer auprès de vos comités, les carnets de tombola de l’ARAC dont le tirage aura lieu fin juin. Cette année, le gros lot est une Dacia Sandero que nous remettrons en septembre à l’heureux gagnant. Si vous le souhaitez, n’hésitez pas à nous téléphoner – ARAC : 01.42.11.11.11 (Térésa) pour que l’on vous fasse parvenir des carnets de tombola.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Vierzon Une assemblée régionale enthousiaste A la mi-mars dernier, s’est tenue à Vierzon une assemblée régionale des animateurs et animatrices de l’ARAC de quatre départements du Centre de notre pays sous la présidence de Paul Fontaine, président du Comité départemental de l’ARAC du Cher, avec un accueil organisé par Pierre Jouanneau, président du Comité de l’ARAC de Vierzon en présence du maire-adjoint de la ville. Douze représentants de ces départements étaient présents. Outre nos camarades de Bourges et de Vierzon, nos amis du Loiret avaient fait un effort particulier de participation. Cette réunion animée par Paul Markidès et Liliane Rehby, s’est caractérisée par une riche discussion où les participants ont mis en évidence leurs accords profonds avec l’orientation politique de notre ARAC et leurs expériences d’action sur les terrains locaux marquées par des initiatives constantes qui vont désormais se développer dans le cadre du 100e anniversaire de notre association et de la préparation de son congrès en novembre 2017.
L’ARAC, Le Village de l’Amitié, Solidarité avec le Vietnam Le comité départemental de l’ARAC/94 et le Comité départemental du Village de l’Amitié ont voulu donner un nouvel élan à notre action solidaire pour le Village de l’Amitié à Van Canh-Vietnam. A cette fin, nous avons pris l’initiative d’une rencontre qui s’est tenue à Villejuif le 21 mars dernier, un de nos objectifs étant d’apporter des informations sur le Vietnam d’aujourd’hui qui parfois nous interrogent. Notre rencontre s’est déroulée en 3 temps : ● Faire connaître la situation économique et sociale du Vietnam ; le sujet est développé par Jean-Pierre Archambault, secrétaire général de l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne. ● Une large information est donnée par Patrick Staat, secrétaire général de l’ARAC sur la situation géopolitique du Vietnam et de l’Asie et en particulier sur la position de la Chine et son comportement aux archipels Paracels et Spratleys. A été aussi développée la position américaine dans la région de plus en plus interventionniste.
Après des discussions fournies, nous avons projeté le film « Retour en enfer » sur les conséquences dramatiques de l’agent orange sur la population vietnamienne. Le film montre bien comment le Village de l’Amitié a été créé et s’est développé en accueillant aujourd’hui 120 enfants et 80 vétérans vietnamiens, tous victimes de l’agent orange ; le Village fêtera les 20 ans de sa création en mars 2018. A été projetée ensuite une interview de Mme Tran To Nga qui a intenté un procès contre les firmes fabricant ou fournissant les défoliants contenant de la dioxine. Cette réunion d’information a été particulièrement appréciée et ne peut que nous conforter dans notre engagement solidaire envers le peuple vietnamien.
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Somme (80) Suite à la commémoration du 19 mars 2017, la section de Saint Blimont présidée par Blandine Bernabia Forestier a vu remettre par Lucien Levasseur, Président de l'association des médaillés militaires, à notre camarade Christian Gignon la médaille militaire. Le diplôme fut remis par Monsieur le Maire de Saint Blimont. Gignon Christian né le 20 janvier 1940 à Corbie est appelé sous les drapeaux le 2 mars 1960 au 25e R.A. à Thionville dans la Moselle. Il a embarqué pour l'Algérie le 7 juillet 1960. Libéré des obligations légales le 1er septembre 1961, il est maintenu sous les drapeaux jusqu'au 10 mai 1962. « Cité à l'ordre du régiment, le soldat 2e classe Gignon Christian Claude
Albert jeune appelé du II/137e régiment d'infanterie de la classe 60 1A en tant que tireur d'élite, remarquable de calme et de courage en poste à AitMoussa (Grande Kabylie). Cette citation comporte l'attribution
de la croix de la valeur militaire avec étoile. Reçue le 18 mai 1961 à Tizi Ouzou. Quatre-vingt amis et camarades entouraient notre nouveau médaillé Christian. LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017 - 25
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
19 mars 2017 Saint Martin du var (06) Un repas fraternel entre anciens combattants et amis de l’ARAC venus nombreux, a marqué cette journée du 55e anniversaire des accords d’Evian pour la paix et le retour du contingent dans leur foyer. Alain Schiazza
Ruelle-sur-Touvre (16) L’ARAC a célébré avec son président, le 55e anniversaire du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie devant la stèle inaugurée le 28 février 2015. L’ARAC a déposé la gerbe avec un camarade d’une autre association. Appel aux morts, minute de silence, le président entonne la Marseillaise reprise en cœur par les participants. Lecture du message d’une association, le maire a lu le message du Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants.
Saint-Denis (93)
Alpes-Maritimes (06)
L’autorité préfectorale des Alpes Maritimes a décidé de nouveau de choisir le site de Valbonne pour honorer les victimes civiles et militaires des conflits d'Algérie, de Tunisie et du Maroc à l'occasion de la commémoration desaccords d'Evian du 18 mars 1962. Etaient présents les militants de l'ARAC dont le porte-drapeau Gilbert Lucazeau. Michel Aubert et Chantal Pipart ont déposé la gerbe du Comité départemental.
Extrait de l’intervention de Mme Zaia Boughilas adjointe au maire au Monument aux morts le 19 mars. « La guerre d’Algérie était restée trop longtemps une guerre sans nom. Elle ne pouvait pas rester indéfiniment une guerre sans date. Tous ensembles, nous avons œuvré pour cette reconnaissance. » « Une guerre des « mémoires » : chacun son histoire, personne ne veut reconnaître la souffrance de l’autre. Pour y mettre fi n, le combat politique est « fondamental », autour d’événements culturels célébrant la fraternité entre les anciens ennemis et le partage des mémoires des groupes concernés et leur transmission aux générations futures. Les accords d’Evian ont sonné la fin d’un cataclysme politique et humain qui a coûté la vie à environ 300 000 Algériens, 28 500 militaires français, 10 000 harkis et environ 5 000 civils européens. L’annonce du cessez-le-feu le 19 mars à 12 heures en Algérie fut d’abord ici, en France, celle d’un immense soulagement. » « Le conflit algérien n’était pas une parenthèse de l’Histoire. Il représentait au contraire une étape dans le dénouement du processus de décolonisation en Afrique du Nord. Du côté algérien, on ne se réjouira ouvertement de l’accès à l’indépendance que début juillet 1962, quand la naissance du nouvel Etat deviendra effective. Ce fut le fruit d’un long mouvement des peuples. Et les accords d’Evian doivent s’apprécier comme tels. »
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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Hénin-Beaumont (62) Drôle d'ambiance, pour les commémorations du 55e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie. La municipalité héninoise (FN) qui n'a pas déposé de gerbe et où aucun élu n'a accompagné le président de la FNACA d'Hénin-Beaumont lors du dépôt de gerbe et de la lecture du message. A Beaumont, le maire s’est fait représenter par M. Christope Szczurek adjoint qui sans déposer de gerbe pour la municipalité a accompagné le président de l'Amicale des anciens zouaves. L’ARAC invitée par Mme le maire et présente à Courcy où Après la cérémonie, Steeve Briois, le maire FN n'a pas prononcé des troupes russes étaient au côté des poilus français. de discours, laissant ce soin à Christopher Szczurek. 19 mars Raphaël Vahé, président est intervenu, Jean-Noël Grébert du Bureau comme une date "faisant polémique" avant d'appeler à "respecter National était également présent. toutes les opinions", en clair l'OAS. « En 1917 à Courcy, deux brigades du Corps expéditionnaire russe, La municipalité héninoise ayant fait le service minimum, les élus participent à la « grande offensive alliée »… d'opposition ont attendu la fin de la cérémonie pour déposer un Le 16 avril, à la 1re brigade spéciale, commandée par le général œillet au pied des monuNetchvolodov reprit le village de Courcy occupé par les allemands dements aux morts d'Hénin et puis deux ans, à l’issue de combats acharnés. de Beaumont. Pendant 3 jours, les 1er et 2e régiments russes soumis à des bombardeAu nom de l'ARAC du Pasments intensifs conservèrent avec héroïsme les positions qu’ils avaient de-Calais, David NOËL a conquises au prix de 700 des leurs, tombés au champ d’honneur. déposé une gerbe de fleurs La prise de Courcy sera l’un des rares succès de toute l’offensive. et témoigné son soutien aux (1) Témoignage de Jacques Duclos soldat français à Courcy, fort de membres de la FNACA. Brimont A Hénin-Beaumont, malgré … « Dans la période qui précéda l’offensive, la division à laquelle apla mauvaise volonté municie partenait mon régiment, le 60e R.I. en garnison à Besançon, tenait le pale, le 55 anniversaire du front à la droite de la division russe et un soir, étant de garde sur un pont 19 mars n'aura donc pas été d’un canal limitant les secteurs respectifs des deux divisions, je me oublié. trouvai en compagnie d’un jeune soldat russe qui devait avoir 20 ans comme moi, un jeune homme blond souriant. Mais que pouvions-nous nous dire puisque lui ne savait pas le français et que je ne savais pas La cérémonie au Monument aux Morts, dans le cimetière, à le russe. Nous sommes restés longtemps à surveiller ce qui pouvait se deux pas des cendres de nos camarades Lucien Lebègue et passer devant nous sur le canal qui pénétrait dans les lignes ennemies, Robert Meunier que nous sommes allés saluer. mais le secteur était calme. C’était le calme précédant la tempête. Présence de trois drapeaux – mais en l’absence de tout repréA un moment ce soldat russe s’approcha de moi et levant le bras vers le sentant de la municipalité ! – ce sont deux jeunes adolescents, ciel, il m’apprit un mot russe que je n’ai jamais oublié. Zvezda, c’était les petits-enfants de notre camarade Morelli, porte-drapeau une étoile qu’il me montrait, et ce mot a gardé pour moi dans le cours décédé en 2016, qui levèrent les couleurs. Puis Bernard Le de ma vie, une valeur symbolique. Veut donna lecture du message de l’ARAC, Jean-Paul PerLe 16 avril, la division, dont j’étais l’un des pions qui allaient être jetés not celui de la FNACA et André Fillère, comme aux Ulis, sur le damier géant de la guerre, avait changé de secteur. Nous étions présenta le nouveau timbre du 55e Anniversaire du 19 mars pour l’attaque non 1962. Pour clore, vin chaud (bienvenu), préparé par Clauplus à droite mais à dette Suss réjouirent les participants avant de se séparer. gauche de la division russe dont l’objectif était le fort Brimont… » La cérémonie devant la « Pierre de la Liberté » a réuni une soixantaine de personnes autour du Conseil Municipal des (1) Page tirée du livre « Octobre 17, Vu de France ». jeunes. Après le dépôt de gerbes par Maud Olivier PS, la municipalité, l’ARAC, le PS, le PCF, un message municipal fut délivré par un membre du conseil des jeunes : mémoire, paix, coopération entre les peuples et amitié avec la nation algérienne en constituaient l’essence. La lecture du message du Secrétaire d’Etat aux AC par Paul Loridant. André Fillère présenta le timbre édité exceptionnellement et vendu par la poste à l’occasion du 55e Anniversaire du 19 mars 1962, puis donna connaissance du message de l’ARAC. Un message apprécié par l’assistance, jeunes et anciens aux racines mêlées. Un message qui alimenta les rencontres individuelles au cours du vin d’honneur municipal qui clôtura la cérémonie. A noter que, pour la 1re fois, le Bleuet de France de l’ONAC a pu être collecté, rangeant ainsi cette commémoration à son véritable rang officiel.
Courcy
Vauhallan (91)
Les Ulis (91)
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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Réunions Régionales Epinal (88)
Velaux-Marseille (13) 23 mars
Le 15 mars s’est tenue la réunion de préparation du Centenaire de l’ARAC regroupant les départements du Haut-Rhin et des Vosges. Les présents comme dans les autres réunions ont réaffirmé les choix de nos fondateurs en 1917, particulièrement sur les questions de la paix, du développement des droits pour la population, la solidarité entre les peuples, la lutte contre la haine. Les échanges ont pointé la nécessité de mener une action résolue, pour la disparition de l’OTAN, lutter avec d’autres associations pour le désarmement. L’accent a été mis sur la place et le rôle des jeunes au sein de l’association avec l’idée de lancer un appel à la jeunesse. Pour atteindre ces objectifs, il faut s’appuyer sur les sections locales et favoriser la prise d’initiatives afin que l’ARAC « sorte des murs ». Les camarades des Vosges ont décidé d’une initiative dans les établissements scolaires en utilisant l’exposition 14-18 dans le courant de l’année. Jacques VERRIER
C’est devant une forte participation d’environ 100 personnes que s’est déroulée la réunion regroupant les 6 départements du sud-est. Un débat qui a duré toute la journée, sans temps mort, produisant une riche discussion appréciée de toutes et tous. L’accent a été mis sur les fondements qui ont amené, il y a 100 ans, à la création de l’ARAC en pleine guerre mondiale. Que ce soit la reconnaissance des droits pour les anciens combattants, la lutte pour la paix, contre le fascisme, la solidarité, les conditions sociales et économiques des citoyens, l’amitié entre les peuples, la mémoire. Le débat a démontré que l’ARAC d’aujourd’hui est porteuse de ces valeurs qui sont violemment mises en cause, ce qui justifie d’autant plus que dans chaque
département se prépare activement notre 100e anniversaire dans l’action. Les multiples interventions ont exprimé la volonté de voir l’ARAC jouer une place importante dans la situation actuelle, de s’ouvrir pour un 2e centenaire. L’assemblée a mis en avant la nécessité de permettre la venue à l’ARAC d’hommes et de femmes qui partagent nos choix. La présence des jeunes et anciens ont permis des moments de partage. Le très bon accueil de la section de Velaux autour d’un amical repas a créé une chaleureuse ambiance. Jacques VERRIER Annick CHEVALIER
Nantes samedi 8 avril 2017 Avec la volonté de porter les valeurs, les idées et les actions de l'ARAC, les adhérents et responsables de 5 départements se sont réunis. L'excellent éclairage de la situation concernant les droits, la situation nationale et internationale a conforté la place et le rôle irremplaçable de notre ARAC aujourd'hui comme en 1917. Le débat a été riche, les nombreuses interventions ont confirmé cette volonté de continuer, de donner un nouvel élan
Loiret (45) Sortie annuelle de la section ARAC Fleury-Saran à BOURGES Tous nos remerciements aux amis de l’ARAC du CHER
à notre ARAC pour être en mesure d'assumer notre responsabilité dans la lutte pour la paix entre les peuples. Toutes les opinions se sont exprimées Les camarades ont manifesté leur satisfaction avant de repartir, d'ailleurs ce n'est qu'un au revoir. Quatre invités s'étaient joints à cette initiative, ils ont découvert cette ARAC, vivante, passionnée. Un de leurs commentaires « Merci c'était très enrichissant », deux ont adhéré à l’ARAC. Des contacts sont en cours, nos expositions sont demandées, des débats s'organisent. Une magnifique journée d'échange de convivialité, une journée digne de nos fondateurs, une journée tournée résolument vers l'AVENIR. Jean-Claude Salomon
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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Hénin-Beaumont (62) Mercredi 12 avril, l'ARAC du Pas-de-Calais a rendu hommage à Joseph Fontaine, première victime du fascisme à Hénin-Liétard. Après avoir observé une minute de silence à la mémoire de Danièle Rouzé, petite-fille de Joseph Fontaine récemment décédée, David Noël, conseiller municipal PCF d'Hénin-Beaumont et responsable de l'ARAC a rappelé les circonstances de la mort il y a 83 ans, de Joseph Fontaine au cours d'une contre-manifestation antifasciste unitaire (SFIO-PCF-CGT-CGTU-LDH) contre la tenue d'une réunion publique de l'Action française, le 11 avril 1934. Cette mort, deux mois après les émeutes parisiennes du 6 février 1934, puis l'acquittement de Fritsch et Théry, les deux militants d'extrême droite du service d'ordre de l'Action française inculpés pour assassinat et finalement relaxés en juin 1934 aux assises de Saint-Omer, ont indigné les forces de gauche de notre région. A l'époque, les militants de l'ARAC ont été de toutes les manifestations antifascistes. Pour l'ARAC du Pas-de-Calais, le combat antifasciste reste plus que jamais d'actualité.
FANLAC (24) « MEMORIAL DU SABLOU » Samedi 8 Avril 2017 Cette cérémonie commémore le souvenir et le sacrifice des patriotes résistants, opposés à l’occupation hitlérienne, et qui furent arrêtés et emprisonnés dès 1940, par le régime de Vichy et déportés dans les bagnes algériens et/ou les camps en Allemagne nazie. Beaucoup étaient communistes et qualifiés de « mauvais et indésirables français » ! L’ARAC-24 organisatrice de la cérémonie et son Président J.P. LACHAUX (au milieu des porte-drapeaux), ainsi que le bureau national de l’ARAC, ont pour leur part rappelé les 100 ans de combats de l’ARAC, les valeurs de progrès qui ont présidé à la création de notre Association en 1917. Ces valeurs sont toujours d’actualité, la Paix, le respect de l’Humain et des Peuples, la souveraineté des Nations. Ce sont d’ailleurs les thèmes de notre Congrès du Centenaire de l’ARAC en Novembre prochain. Régis SAPHORES
Nos peines ■ BOUCHES-DU-RHONE (13) Berre l’Etang : Gilbert JEANNIN, AC Indochine. Nello ZAMBONI, AC 39-45 Endoume : Louis ROVENTINI St-Barnabé : Elie BARRIELLE, AC 39-45. Maurice CATALA, AC ATM. Juan FERRER, AC ATM. Emmanuel LAGET, 93 ans, AC 39-45. St Marcel : Louis CANET Velaux : Julien BONNAMY, 84 ans, AC ATM. Victor CHIOSTRI, 72 ans, combattant pour la paix. Vellutini-St Just : Mme Simone CHINY-MOULET, pupille de la Nation. Fille de Jean Moulet, Résistant, chef NAP des Bouches-du-Rhône fusillé au Vallon des Martyrs de Signes (83). Robert De BERNARDY, AC ATM. ■ CHARENTE-MARITIME (17) Ile d’Oléron : Jacques JAMAIN, AC ATM ■ EURE-ET-LOIR (28) Chartres : Régis LORIN. Marcel NAVET ■ FINISTERE (29) Brest : Jean NEDELEC, 96 ans ■ HAUTE-GARONNE (31) Toulouse centre : François TESTAS ■ LOIRE-ATLANTIQUE (44) Doulon : Christian FALIGAN, 88 ans, AC Indochine. Porte-drapeau pendant 23 ans. Etoile d’argent de l’ORMC. ■ NIEVRE (58) Varennes-Vauzelles : Edmond ALLIAUME, 81 ans, AC ATM. Bernard GUERET, 80 ans, AC ATM ■ NORD (59) Fenain : Joël PENNEQUIN, combattant pour la paix. René PENNEQUIN, AC Indochine. Recquignies : Claude BOURDAUDHUI, AC ATM
■ PUY-DE-DOME (63) Riom : Alexis NAMOUROUX, AC 39-45 ■ BASSES-PYRENEES (65) Tarbes : François DOUCET, 83 ans. ■ PYRENEES-ORIENTALES (66) Perpignan : Georges ABIDA. Jean QUILLIO. Pierre VILE, AC 39-45. ■ RHONE (69) Lyon 7e : Georges GONZALEZ, 82 ans, AC ATM ■ VAUCLUSE (84) Avignon : Edouard CHIRINIAN, AC ATM ■ SOMME (80) St Blimont : Denis LECLERCQ, porte-drapeau départemental ■ VIENNE (86) Champigny-le-Sec : Michel ROLLAND, 96 ans. ■ ESSONNE (91) Limours : Pierre ABRAZARD, 84 ans, AC ATM. Jacques JAKUBOWICZ, 81 ans, AC ATM. Roger PONTONNIER, 79 ans, AC ATM. ■ SEINE-ST-DENIS (93) Drancy : Michel PIPET, AC ATM ■ VAL DE MARNE (94) Arcueil : Marcel PRESTAT, AC 39-45 Chevilly Larue : Mme Louisette PEGORER Villejuif : Sam KROUCK, 84 ans, AC ATM ■ Conseil National Blois : Pierre THOMAS, AC Indochine Montpellier : Mme Germaine GISPERT Neuilly l’Evêque : Maurice CARDOT, AC 39-45
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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
A.R.A.C. Hérault Maurice Moréno Président départemental de L’ARAC Hérault est décédé à l’âge de 91 ans. Depuis plus de 40 ans à la tête de la fédération de l’Hérault, Il a toujours combattu avec force pour un monde meilleur et de paix. Dans les dernières années, à bout de force il a occupé son poste de président avec courage et dignité. Nous garderons de lui le souvenir d’un ami courageux et juste. Nous sommes à l’ARAC 34 fière d’avoir fait un bout de chemin ensemble. Adieu Maurice repose en paix. Maurice Moreno (au centre)
Disparition de l’ancien Maire de Chevilly Larue (94) Le 30 mars dernier, un millier de personnes ont rendu un hommage émouvant à Christian Hervy, Maire de Chevilly Larue de 2003 à 2016 et Conseiller général délégué de 2004 à 2015. De nombreuses personnalités étaient présentes : Stéphanie Daumin, Maire de Chevilly Larue ; Christian Favier, Sénateur, Président du Conseil départemental du Val de Marne ; Guy Pettenati, Maire de Chevilly Larue de 1977 à 2003 ; Fabien Guillaud-Bataille, Secrétaire fédéral du PCF, Conseiller Régional ; Alain Gaulon, Secrétaire national de la CNL. L’ARAC était représentée par Patrick Staat, Secrétaire général ; Jacques Verrier, Secrétaire National et Brigitte Contant, membre du Bureau National. Au nom de l’ARAC, Jacques Verrier est intervenu. Extraits : « Christian, pour un certain nombre d’entre nous, c’est près de 50 ans de luttes, d’actions, d’engagements communs. Comment ne pas rappeler le jeune militant des Jeunesses à Villeneuve le Roi, le membre de la direction départementale de la Jeunesse Communiste du Val de Marne qui montre dès son adolescence la volonté chez lui d’agir contre les injustices, les inégalités, d’exiger plus de démocratie, de respect pour chaque individu. Pour nous, militants, dirigeants de l’ARAC, Christian Hervy était un acteur essentiel à la cause humaine. Christian était attaché aux valeurs républicaines, celles de 1789, celle qui, avec la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, ont permis à la France d’entrer dans l’histoire de l’Humanité. L’ARAC perd un ami qui nous a toujours soutenus, un homme épris de paix, engagé dans le combat antifasciste, le combat pour une France démocratique ».
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TULLE (19) A l’occasion des 100 ans de l’ARAC, le comité départemental de la Corrèze et sa présidente, Marie-Josée Cappoën, ont organisé le 6 avril à Tulle, un débat sur l’histoire de l’ARAC. De nombreuses personnalités ont assisté à l’exposé du secrétaire général, Patrick Staat, parmi lesquelles Alain Ballay, député, Pascal Cavitte, conseiller régional, Annick Taysse, conseillère départementale, Yannik Seguin et Yves Juin, adjoints représentaient le Maire de Tulle, Bernard Combes. L’ARAC cultive la mémoire de l’Histoire dans un esprit de vérité, tout en militant pour la paix, la solidarité et la promotion des idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité. Dans son allocution, Patrick Staat a introduit le débat sur « l’ARAC, sa création, ses combats d’hier, d’aujourd’hui, de demain ». Rappelant le contexte historique de la naissance de l’association, il a évoqué « une prise de conscience suite à cette douloureuse épreuve de guerre ». Il a également établi un parallèle entre le contexte politique et social de l’époque et l’actualité, « 100 ans de combat pour la paix, pour l’émancipation humaine, pour les droits », pour lesquels il convient toujours de se battre « car il s’agit de notre vie, de nos enfants et des générations à venir ». Reprenant la citation de Jean Jaurès : « L'humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement », Patrick Staat a souligné qu’« il reste beaucoup à faire pour construire ce monde de paix, d’amitié et de solidarité où il fait bon vivre ». Les échanges se sont poursuivis autour des sujets d'actualité comme la laïcité, le fascisme, les guerres, l'élection présidentielle. Dans les mois à venir des débats autour d’expositions auront lieu dans quelques villes du département. Au cours de cet après-midi, des adhésions ont été réalisées.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Déclaration de l’ARAC 8 mai 2017 Le 8 mai 1945, à Berlin, l’Allemagne hitlérienne signait sa reddition sans conditions devant les représentants des armées alliées, de la France, de la Grande-Bretagne, des U.S.A et de l’Union Soviétique. C’était le jour de la victoire des peuples épris de liberté dont les luttes n’ont pas été seulement menées par des forces militaires mais aussi par les forces des Résistances des différents pays assaillis par l’armée nazie et ses alliés. Dans ce combat, les peuples de l’Union Soviétique ont fait preuve d’un courage et de sacrifices exceptionnels notamment à Stalingrad, Leningrad et Koursk. C’est grâce à ces valeureux combattants que la victoire a pu être acquise le 8 mai 1945 sans oublier le rôle déterminant de l’escadrille Normandie-Niemen. Reconnaître cela ne retire rien à la lucidité et au courage de Charles Tillon et du Général de Gaulle, ces hommes qui ont dit non à la trahison, et aux sacrifices des Pierre Brossolette, Jean Moulin, Lucie et Raymond Aubrac, du groupe Manouchian ou des martyrs de Châteaubriant, de Souge, du Mont-Valérien,… et de l’ensemble des résistants et résistantes du pays. Nous leur rendons à tous un hommage profondément reconnaissant, combattants de la France Libre, Résistants, Résistantes, Déportés, Déportées, Fusillés et massacré(e)s. C’est à eux que nous devons la mise en œuvre des mesures politiques, économiques, sociales et de progrès humain, inspirées du Programme du Conseil National de la Résistance que nous continuons à défendre aujourd’hui. En ce 8 mai 2017, nous appelons les citoyennes et les citoyens à se mobiliser afin de poursuivre le combat de nos aînés
pour la souveraineté nationale, la justice sociale, la paix et la sécurité dans notre pays et dans le monde.
Le 8 mai 1945 et la lutte anticolonialiste Le 8 mai 1945, notre peuple fêtait la victoire sur le nazisme.
aboutit à 30 000 morts jeunes soldats français et 800 000 algériens.
Cette victoire n’a pas seulement été remportée par des combattants originaires des pays d’Europe par la Résistance mais aussi, par de nombres combattants originaires des pays colonisés par la France, notamment l’Algérie, la Tunisie, le Maroc et l’Afrique noire.
En Métropole, les combattants pacifistes qui exigeaient la négociation avec le peuple algérien furent traités avec la même sauvagerie.
Sétif et Guelma le peuple algérien entendait non seulement fêter cette victoire qui était aussi la sienne, il réclamait la liberté et la démocratie qui lui avait été promis par le général de Gaulle dans son discours de Brazzaville, d’où une immense manifestation. Malheureusement les forces réactionnaires encore très puissantes dans les corps d’intervention de l’état ne l’ont pas entendu de la même manière et
Manifestation de Sétif 8 mai 1948
elles provoquèrent une répression sanglante contre cette manifestation. Ainsi il fallut déplorer 45 000 morts, hommes, femmes, enfants et vieillards à Sétif et à Guelma. Le gouvernement français refusait d’ouvrir des négociations avec les représentants du peuple algérien, envoyait des milliers de jeunes conscrits en Algérie quelques années plus tard, pour y « maintenir l’ordre », en fait pour y mener une guerre qui dura 8 ans et
Le 17 octobre 1961 des centaines de travailleurs algériens qui manifestaient dans Paris furent martyrisés et jetés dans la Seine. Le 8 février 1962, le peuple de Paris et de sa région qui manifestait pour la négociation et la paix en Algérie fut agressé par les forces de police, au métro Charonne et 9 militants pacifistes furent assassinés. Ce sont là des combats d’hier dont il faut avoir conscience aujourd’hui dans les luttes auxquelles nous devons faire face. Paul Markidès LE RÉVEIL - N° 833 - AVRIL 2017 - 31
Déclaration de l’ARAC Les États-Unis menacent le monde en violant le droit international L’initiative du Président des États-Unis, Donald Trump, de bombarder un pays souverain est inacceptable. Inacceptable parce qu’il faut, sans ambiguïté dénoncer les utilisateurs d’armes chimiques, les chercher et les débusquer, les traduire devant les tribunaux et les condamner sans relâche. Il faut trouver les coupables, ce qui pose l’exigence d’une commission d’enquête. Inacceptable parce que l’histoire des Etats-Unis regorge de mensonges pour justifier leurs interventions armées, que ce soit en Irak en 2003 ou encore en 2013 en Syrie, ces interventions ne visent qu’à défendre les intérêts américains et occidentaux. Elle rappelle un temps où les États-Unis voulaient maîtriser le monde, où ils voulaient imposer « la pax américa ». Inacceptable parce que si interventions il doit y avoir, celles-ci ne peuvent se dérouler que sous l’égide d’une décision des Nations Unies. Inacceptable parce que chaque jour qui passe montre que cette intervention ne vise qu’à satisfaire des raisons politiques intérieures, à rassembler autour de Trump les faucons américains qui veulent mettre le monde à leurs pieds. Cette politique, ces bombardements ne s’attaquent pas aux racines des problèmes, et ne peuvent résoudre les questions posées, comme le montrent les actions violentes des États-Unis dans cette région du monde depuis plus de 20 ans. Dans ce contexte il est déplorable que la France et l’Allemagne s’alignent sur la politique de Donald Trump, intègrent nos pays de plus en plus dans l’OTAN, et veulent une armée européenne, belliqueuse au service des intérêts des Etats-Unis. Le comportement de Donald Trump fait courir de graves dangers pour la paix dans le monde. Le risque existe que le Etats-Unis fassent de l’Europe le terrain d’une nouvelle guerre. L’ARAC combat, comme elle l’a fait depuis sa création, tous les fauteurs de guerre, continuera de réclamer et d’œuvrer au respect de la souveraineté pour chaque nation et à la mise en place de politiques d’entente, de coopérations et d’intérêts mutuels, à l’opposé de ceux qui veulent instaurer une politique de soumission aux intérêts impérialistes. L’ARAC œuvre avec tous ceux qui le souhaitent pour réaffirmer le rôle incontournable de l’ONU. C’est pourquoi l’ARAC demande, pour la sécurité de la France, pour que notre pays ne soit pas entraîné par la politique dangereuse et meurtrière des États-Unis, qu’il sorte de l’OTAN. L’ARAC demande que l’OTAN soit dissoute car elle n’a aucune légalité sauf à faire de la France et des pays européens des avant-postes des États-Unis. L’ARAC, forte de son histoire, née de la volonté des soldats de 14-18 de sortir de la guerre, d’œuvrer à un monde de paix, continuera son combat et appelle à se rassembler, à agir contre la guerre, pour la souveraineté des peuples et à œuvrer pour l’avenir de l’humanité, à l’avenir des générations futures. Villejuif, le 10 avril 2017