LE 12 SEPTEMBRE, TOUS DANS LA RUE CONTRE LA CASSE SOCIALE ANNONCÉE
RWANDA LA BNP-PARIBAS COMPLICE DE GÉNOCIDE ?
NORMANDIE-NIEMEN
Juillet-Août 2017 - N° 836 - 5 €
Le 12 septembre t u e v on r u e l l i e m un e g a t par ! ! s e s s e h c i r s e d on ne partage pas les mêmes ! valeurs
LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Le 12 septembre, tous dans la rue contre la casse sociale annoncée Les premières mesures annoncées par le chef de l’État et le gouvernement sont scandaleuses. Le nouveau président vient de lever le peu de doute qui subsistait sur son vrai visage. Deux poids, deux mesures : c’est comme cela que l’on pourrait qualifier les premières mesures du gouvernement. D’un côté, il accélère sa marche vers l’austérité et la précarité avec , la hausse de la CSG (qui pénalise notamment les retraités), la baisse des APL (qui pénalise les plus pauvres, dont beaucoup d’étudiants), ainsi que la suppression annoncée de 125 000 postes de fonctionnaires et le gel de leur point d’indice. Macron prend le prétexte du Brexit pour dérouler le tapis rouge aux banques et à la finance : il enterre la taxe sur les transactions financières (TTF) à l’échelle européenne et rabote la TTF française. Il multiplie les cadeaux aux ultra-riches, notamment en transformant l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI), ce qui revient à en exclure les placements financiers. Dans cette nouvelle France qu’il nous dessine, il vaut mieux être banquier et riche, sinon on n’est « rien ». L’un des symboles de ce président des riches est le maintien du « verrou de Bercy », dans le projet de loi pour « la confiance en l’action publique ». Le « verrou de Bercy », c’est ce monopole que possède le ministère du Budget pour décider s’il y a poursuite ou pas devant un tribunal, en cas de fraude fiscale. De ce fait, chaque année, seulement 2 % des infractions fiscales sont transmises à la justice. C’est un sénateur du Nord, Éric Bocquet, qui a profité du projet de loi de moralisation de la vie politique pour proposer de supprimer ce monopole. 2-
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Le Havre manifestation contre la loi travail
Le 11 juillet, le Sénat a voté en faveur de la suppression, contre l’avis du gouvernement et dans un Sénat majoritairement de droite. Mais l’Assemblée Nationale, archi-dominée par les député-e-s de La République en Marche, a finalement rejeté cette suppression. Après tout, il aurait été surprenant que ce gouvernement, qui mène une politique très favorable aux riches, prenne une mesure pour lutter efficacement contre l’évasion fiscale de ces derniers ! On peut toutefois se féliciter que les débats parlementaires aient fait apparaître un large soutien à cette mesure, les députés de tous les autres groupes parlementaires ayant voté pour. Le gouvernement, censé être « et de gauche et de droite », s’apprête à mener une politique économique clairement inspirée de l’ultralibéralisme. Les baisses massives d’impôt voulues par Macron bénéficieront essentiellement aux plus fortunés, au nom d’une « théorie du ruissellement » qui prétend que si les riches s’enrichissent, cela profitera aux plus pauvres au final. La casse du Code du travail se fait selon l’idée que la flexibilité est la seule manière de réduire le chômage.
On sait pourtant avec des exemples comme les réformes Hartz, en Allemagne, que la déréglementation du travail permet de diminuer le chômage par la création d’emplois précaires, ce qui a pour conséquence une multiplication des travailleurs pauvres et des inégalités. On peut légitimement se demander si l’intérêt général et la justice sociale seront la ligne directrice de gouvernants qui viennent de Danone ou de Veolia. Le cas de Muriel Pénicaud est assez caricatural sur ce point : la ministre de la casse du Code du travail illustre l’adhésion totale du gouvernement d’Emmanuel Macron aux logiques financières spéculatives. On a appris qu’elle a gagné 1,13 million d’euros en un jour, grâce au licenciement de 900 personnes : ex-directrice générale des ressources humaines du groupe Danone, Muriel Pénicaud a profité de l’annonce d’un plan social au sein du groupe pour revendre ses stock-options à un tarif avantageux. Pour toutes ces raisons, il apparaît clairement que ce quinquennat est porteur de tous les dangers. Il est temps de nous organiser afin de résister à la casse sociale annoncée.
ÉDITO LE RÉVEIL NOUS NE SERONS PAS UN PEUPLE D’ESCLAVES !
SOMMAIRE Actualités Le 12 septembre, tous dans la rue contre la casse sociale annoncée ............................... 2 La réforme du droit du travail.................................................................................................... 4 Alternative économique du 28/6/2017 : Non, il n’est pas difficile de licencier en France ..................................................................... 4 En 2020, le transport ferroviaire en Europe sera totalement ouvert à la concurrence .................................................................................5 Après les aides au logement, l’Etat rabote les aides à la pierre .......................................... 6 L’Allemagne face à la hausse du nombre de travailleurs pauvres ........................................ 6 Natixis, la banque française qui craint une “révolte des salariés”........................................ 7 La juste indignation du SNES ................................................................................................... 21 En marche pour la paix – Stop la guerre – Stop les violences ........................................... 21
International Rwanda : La BNP-Paribas complice de génocide ? ................................................................. 8 Révélations d’un ancien officier de l’armée française « Nous avons reçu l’ordre de livrer des armes » ............................................................... 9-10 Venezuela : Une révolution populaire menacée par les Etats-Unis ............................. 10-11 Migrants : Le Pape interpelle la communauté internationale ............................................. 11 Anniversaire : Où va la Turquie ? ............................................................................................. 12
Vos droits Les jeux sont faits : les juridictions des pensions militaires d’invalidité vont disparaître .......................................................................................................................... 22 Campagne double ATM : Roger Blache dans ses droits................................................. 22-23 Le point PMI revalorisé à 14,40 à compter du 1er janvier 2017 mais le retard demeure (6,23 du point)................................................................................ 24 Ministère des Armées… Mais plus des droits des ACVG ?.................................................. 24 Le budget de l’armée et la démocratie ................................................................................. 26
Vie de l’ARAC SECTION................................................................................................................................. 26-30 Cascade Du Bois de Boulogne ................................................................................................. 30 Hommage à Simone Veil ........................................................................................................... 31 73e anniversaire de la libération de Paris............................................................................... 31
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www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires
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L
e Président Macron n’a été élu qu’avec 18 % des inscrits. Ni gauche, ni droite, disait-il. Mais la volonté qui marque ses choix : c’est de satisfaire les plus riches, ceux de la finance et du CAC 40, « La France est championne du monde de la distribution de dividendes », de se montrer le meilleur élève de la commission européenne sur la base de « la concurrence libre et non faussée ». Cet été, il n’y a pas eu une semaine sans que le gouvernement n’annonce de mauvais coups : la baisse des APL, des logements sociaux, hausse de la CSG, attaque contre les retraités, baisses drastiques des dotations de l’Etat aux collectivités, destruction du code du travail, de l’assurance chômage. Quant à l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, il va être transformé. Ce sont les plus riches des riches qui sont concernés par cette réforme. Un beau cadeau de 3 milliards d’euros. Tous ces choix s’appellent des choix de classe. La lutte des classes, c’est la lutte de ceux qui n’ont que leur travail et les droits conquis pour se défendre, ils sont les plus nombreux. Défendre les valeurs républicaines, la démocratie, défendre la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » dans la France d’aujourd’hui c’est s’opposer à la politique du gouvernement. Ce n’est pas parce que les Français ont fait le choix de battre le FN en utilisant le seul bulletin de vote à leur disposition ou en s’abstenant, que cela donne les pleins pouvoirs au Président de la République. Le Président doit respecter le peuple, doit respecter son histoire, ses luttes et ses combats, doit respecter la démocratie républicaine, ce qui est en contradiction avec les ordonnances. Casser le code du travail, casser la sécurité sociale, développer la précarité, laisser fermer des usines pour qu’elles se délocalisent, c’est renier la révolution française, les droits de l’homme et du citoyen, la lutte pour la souveraineté de la France, le combat d’hommes et de femmes en 14/18 et 39/45. « La France ne sera jamais un peuple d’esclaves » retrouve-t-on dans les appels à la résistance contre l’occupant allemand. Le Président ferait bien de s’en souvenir. Nul doute que face à cette politique contraire à l’intérêt du pays et de la majorité des Français, nous serons nombreux à nous retrouver le 12 septembre dans la rue pour dire NON à la régression sociale. Monsieur Macron, la modernité ce n’est pas l’abandon de ce qui fait la richesse, la grandeur morale, sociale, démocratique de la France. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
La réforme du droit du travail La réforme du droit du travail voulue par le Président Macron ne vise qu’à satisfaire Bruxelles. C’est un des grands axes du quinquennat pour répondre aux recommandations de la Commission Européenne. La précipitation pour le vote avec les ordonnances est destinée à répondre
aux « semestres européens » et aux exigences écrites dans le document de la CE du 25/5/2017 intitulé « recommandations du conseil » « concernant le programme national de réforme de la France pour 2017 et portant avis du conseil sur le programme de stabilité de la France pour 2017 ».
Car les faits sont contraires aux affirmations du gouvernement, il est plus facile de faire un plan social en France qu’en Irlande, en Allemagne, en Italie, au Luxembourg, etc, comme le montre l’article ci-dessous.
Alternative économique du 28/6/2017
Non, il n’est pas difficile de licencier en France Les patrons sont frileux. Ils ont « peur d’embaucher ». Emmanuel Macron comme Pierre Gattaz ne ratent pas une occasion de le rappeler : les contraintes qui pèsent sur les entreprises sont trop « rigides », notamment en matière de licenciements. Il y a trop de règles à respecter, trop de procédures à suivre, trop d’indemnités à payer. Et c’est parce qu’ils ne peuvent pas licencier comme bon leur semble que les employeurs y regarderaient à deux fois avant de recruter un nouveau salarié. « Licencier plus pour embaucher plus… » : le slogan peut paraître caricatural, il n’est pourtant pas si éloigné des arguments que serinent les économistes libéraux et les responsables patronaux dès qu’il s’agit de « libérer » le travail. Sauf que le marché du travail français est beaucoup moins rigide qu’on ne le dit. Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur les indicateurs de la « rigueur de la protection de l’emploi » publiés par l’OCDE, le club des pays riches, une institution que l’on ne peut pas soupçonner de complaisance à l’égard du modèle social hexagonal. Bien au
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contraire, depuis les années 1990, l’OCDE brandit à grand renfort de rapports l’étendard de la nécessaire « flexibilisation » du marché du travail. Ces indicateurs (il y en a 21 en tout) mesurent les coûts et les procédures liés aux licenciements de salariés en contrat à durée indéterminée (CDI). Ils ont été agrégés pour construire deux supers-indicateurs, dits synthétiques. Le premier porte sur la réglementation qui entoure les licenciements individuels de travailleurs permanents. Le second détaille les contraintes supplémentaires qui s’appliquent en cas de licenciements collectifs, les fameux « plans sociaux », ou « plans de sauvegarde de l’emploi » selon la novlangue qui est désormais d’usage. Première surprise : les patrons français ne sont pas ceux qui ont les mains les plus liées quand il s’agit de mettre à la porte leurs salariés. Or, là encore, la France arrive en 10e position, c’est-à-dire qu’il est plus facile de faire un plan social en France qu’en Irlande, en Hongrie, en Allemagne, en Suisse, en Italie,
au Luxembourg, au Mexique, en Islande et en Belgique. D’autre part, les obligations de notifications supplémentaires en cas de licenciement collectif en France sont moins contraignantes que dans la plupart des autres pays. La conclusion que l’on peut en tirer est que la réalité est nettement plus nuancée que le discours ambiant. Certes, la France n’est pas aussi flexible que les pays anglo-saxons. Mais ce n’est pas non plus un pays figé, où les relations sociales seraient corsetées par le corpus juridique. D’autant que la dernière mise à jour de ces indicateurs de l’OCDE date de 2013. C’est-àdire que les récentes réformes qui ont flexibilisé un peu plus le marché du travail français ne sont pas prises en compte, comme la loi El Khomri ou la loi Macron. Enfin, il faut souligner que l’Allemagne se révèle être nettement plus « rigide » que l’Hexagone. Les patrons allemands seraient-ils plus courageux ? À moins que les vraies causes du chômage n’aient rien à voir avec le droit du travail…
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
En 2020, le transport ferroviaire en Europe sera totalement ouvert à la concurrence En France, ce sera la fin du monopole de la SNCF sur le transport de voyageurs. L’opérateur public historique se prépare depuis de longues années aux affres de la « concurrence libre et non faussée ». Des myriades de filiales ont été créées, en France comme à l’étranger, réduisant les salaires, flexibilisant l’organisation, entamant le contingent des cheminots sous statut. Malgré les discours enthousiastes sur les bénéfices de ce basculement pour les « consommateurs », la réalité qui se profile ressemble davantage à un service de transport au rabais, ainsi qu’à des conditions de travail fortement dégradées pour les salariés. Keolis, Geodis, Ouigo, Ouibus, Voyages-sncf, Effia, Altameris, Arep, Systra… La liste des filiales de la SNCF, en France et à l’étranger, pourrait être déroulée à l’infini, ou presque. Au nombre de 187 il y a dix ans, elles sont plus d’un millier aujourd’hui. À travers elles, la SNCF est présente dans 120 pays. En 2016, l’opérateur historique du train français réalisait un tiers de son chiffre d’affaires à l’international, contre 12 % il y a dix ans. « Le décollage a été rapide et la perspective, d’ici à 2022, est d’atteindre 50 % de l’activité de la SNCF en France, 25 % en Europe et 25 % dans le reste du monde », annonçait le 1er mai Guillaume Pépy, le président du groupe, aux micros d’Europe 1. Depuis le 1er janvier 2015, le groupe est divisé en trois établissements publics à caractère commercial (EPIC) : SNCF réseau, qui gère les infrastructures, notamment les voies ferrées et la circulation des rames, SNCF mobilités, qui transporte les voyageurs et les marchandises sur ses trains, et SNCF tout court, la holding qui chapeaute l’ensemble. Chacun possède et crée ses propres filiales au gré de sa stratégie de
développement, et du transfert d’une partie de ses activités vers ces sociétés privées. Les filiales sont tout aussi présentes sur le territoire national, où elles couvrent des domaines d’activité très variés. Les travaux et la maintenance des voix sont confiés à Sferis, une filiale créée en 2012, tandis que l’aménagement et l’administration des gares reviennent à Gares et connexions. Effia gère 115 000 places de parking en France, pendant qu’une dizaine de filiales labourent le marché de la logistique de marchandise. De cette myriade de sociétés émergent deux mastodontes : Keolis (SNCF Mobilités) et Geodis (SNCF Réseau). Ces deux géants emploient plus de 50 000 salariés chacun et possèdent à leur tour leurs propres filiales, créant un « mille-feuille » organisationnel difficile à cerner. Pour la CGT cheminot, l’affaire ne fait pas de doutes : « Les filiales se multiplient dans le monde entier, elles atteignent le chiffre record de 1 250, le recours à la sous-traitance explose, les externalisations sont nombreuses » dénonçait le syndicat dans un tract du 23 mai 2017. Pour la Confédération
générale du travail, le syndicat historique du chemin de fer, la SNCF est bel et bien sur les rails de la privatisation. L’ouverture à la concurrence commence avec le fret, puis s’étend au trafic international de voyageur en 2009. En 2020, les lignes à grande vitesse pourront être commercialisées par de nouveaux opérateurs, suivies en 2023 des lignes TER et Intercités. La décision a été entérinée à une courte majorité par le Parlement européen le 16 décembre 2016. « La direction justifie la baisse des coûts et la course à la rentabilité par l’arrivée de la concurrence. Limitée par le statut des cheminots, elle filialise pour réduire leur effectif. » Leur nombre n’a cessé de baisser depuis quinze ans, passant de 178 000 en 2003 à 148 000 en 2016. Les filiales emploient de leur côté autour de 115 000 salariés hors statut, un nombre en constante augmentation. Le recours à des emplois précaires se généralise à travers l’emploi de CDD, d’intérimaires, y compris dans la maison mère. Le recours massif à la sous-traitance notamment sur le réseau, complète le tableau de la précarité à la SNCF.
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Après les aides au logement, l’Etat rabote les aides à la pierre Par un décret (2017-1182), pris en toute discrétion le 20 juillet 2017, le gouvernement a choisi d’annuler 130,5 millions d’€ de crédits et 184,9 millions d’€ d’autorisations d’engagement dédiés à des programmes permettant l’amélioration de l’habitat. Une décision qui s’éloigne ainsi des promesses du candidat Macron de maintenir la production de logements au même niveau et rythme que les années précédentes. Ces financements auraient dû, entre autres, permettre la construction d’environ 12 000 logements sociaux PLAI (Prêts Locatifs Aidés d’Intégration) destinés aux personnes en difficulté. Alors que 74 % des demandes de logement social en souffrance sont issues de
demandeurs répondant aux critères d’attribution de logements sociaux PLAI, le gouvernement met un frein à leur construction. Nous sommes, une nouvelle fois et en peu de temps, confrontés à un désengagement de l’Etat qui augure mal du contenu de la future loi promise à l’automne. Ce coup de rabot fait suite à une 1re baisse de la contribution de l’Etat au Fonds National des Aides à la Pierre actée dans la loi de finances 2017. Pour faire face à la crise du logement et permettre que le droit au logement soit une réalité pour l’ensemble de nos concitoyens, il faudrait construire au minimum 200 000 logements sociaux publics par an pendant 5 ans. Avec 130 316 logements
sociaux financés en 2016 dont seulement 28 % à destination des ménages très modestes, nous sommes loin du compte. Cette nouvelle décision injuste du gouvernement de diminuer le financement des aides à la pierre va entraver l’accès au logement de nombre de ménages. Il y a urgence à réorienter les financements, les avantages fiscaux dont bénéficient le privé en faveur du logement social, d’élargir la collecte au titre de la Participation des Employeurs à l’Effort de Construction et de rétablir son taux à 1 %.
DELIVEROO
La loi travail au pas de course Le 27 juillet, Deliveroo a décidé de modifier unilatéralement tous les contrats de ses coursiers à vélo pour les payer à la tâche. Ces contrats, loin d’être mirobolants, assuraient une rémunération minimum de 7,50 euros par heure ainsi qu’une part variable allant de 2 à 4 euros par course. Le procédé employé est d’une brutalité inouïe : un simple appel téléphonique pour annoncer la suppression du contrat avec, pour seule alternative, la « liberté » de partir ou un paiement à la course à hau-
teur de 5 euros, sans minimum. A la clé, des pertes de revenus de l’ordre de 30 à 40 % et la difficulté à vivre qui en résulte. La technique n’est pas nouvelle, profiter de l’été pour s’attaquer aux droits et garanties et augmenter la précarité. Encore une fois, politiques au pouvoir et grandes entreprises s’entendent sur ce sujet. Sur le fond, c’est la mise en œuvre pour les travailleurs dits « ubérisés » de ce dont rêvent Macron et les entreprises financiarisées pour l’ensemble des salariés au moyen des ordonnances.
L’Allemagne face à la hausse du nombre de travailleurs pauvres Un actif sur dix est considéré comme pauvre en Allemagne. Le nombre de personnes concernées a plus que doublé en dix ans. Une nouvelle étude vient d’être publiée outre-Rhin. Réalisée dans 18 pays européens par l’Institut de recherche économique et sociale (WSI), elle pointe la très rapide progression des travail6-
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leurs pauvres outre-Rhin : le phénomène touchait en 2014 un actif sur dix, soit 3,7 millions de personnes, contre environ 1,7 million, dix ans plus tôt. Il s’agit de personnes dont le revenu est inférieur à 60 % du médian, défini lui-même comme celui gagné par la moitié de la population. Cela correspond à 869 euros net par mois pour un travailleur seul et
1 826 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. L’étude lie cette progression inédite en Europe à la politique de l’emploi en Allemagne et à la pression exercée sur les chômeurs pour qu’ils acceptent des emplois mal payés ou avec un faible nombre d’heures… et plaide pour que l’accent soit mis sur la qualification.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Natixis, la banque française qui craint une “révolte des salariés” Dans sa dernière note d’analyse, un économiste de Natixis constate les inégalités de revenus et le partage inégal des richesses dans l’OCDE. Il alerte les investisseurs sur les conséquences éventuelles d’une “révolte des salariés”. La note de Natixis, parue le 18 août, aurait pu passer inaperçue. Une note comme les économistes et les analystes en publient régulièrement sur les sites des banques qui les emploient. Mais le sujet de celle-ci se situe bien loin des habituels “flash” sur la manière dont les taux d’intérêt influencent les politiques budgétaires et autres questions sur le quantitative easing. Son titre : « Peut-il y avoir une “révolte” des salariés ? ». En introduction, l’auteur, directeur de la recherche et des études de la filiale de BPCE, Patrick Artus, se demande si, « dans les pays de l’OCDE, les salariés pourraient un jour se “révolter” contre les inégalités de revenu, la déformation du partage des revenus en faveur des profits, la pauvreté, la stagnation de leur revenu réel ? ».
La productivité augmente bien plus que les salaires Plus loin, l’économiste tient pour acquis les fondements de cette éventuelle
fronde, et les illustre de graphiques. Une courbe sur la part de PIB détenue par les 1 % les plus riches. Deux autres qui se disjoignent pour montrer comment la productivité des salariés a crû beaucoup plus vite que leur rémunération. Ou encore un graphique montrant que la taxation des ménages contribue plus que jamais au PIB. Face à ce constat, l’économiste de Natixis s’inquiète des conséquences d’une “révolution”, terme qu’il place toujours entre guillemets. Le chercheur de la banque sauvée par l’État français en 2009 écrit notamment : « si les salariés se “révoltaient”, le choc inflationniste, et donc de taux d’intérêt, qui en résulterait aurait des effets très négatifs sur les détenteurs d’obligations, sur les États et les entreprises ». Car une telle révolte occasionnerait selon lui « une hausse rapide des salaires » qui « conduirait à de graves déséquilibres financiers ». À savoir donc, « une chute des marchés et une
hausse des taux d’intérêt et de l’inflation ». Certes les ménages en "bénéficieraient", mais pas les actionnaires, les finances publiques et les grands groupes. D’où cette mise en garde : « les investisseurs doivent s’interroger sur la possibilité de cette “révolte” des salariés ». Et s’ils la jugent probable, « se couvrir contre le retour de l’inflation et la baisse des indices boursiers », nous a précisé Patrick Artus.
BOAMP La place Beauvau, c’est-à-dire le Ministère de l’Intérieur, vient de lancer le 8 août un appel d’offres référence 17-112134 que vous pouvez trouver sur le site du gouvernement BOAMP*. Est-ce pour mieux organiser la concertation, développer le dialogue social, que le gouvernement lance un appel d’offres de 22 millions d’euros de grenades pour le maintien de l’ordre. Est-ce pour mieux organiser le débat sur la loi travail. On peut s’interroger sur la volonté du gouvernement, car une partie des textes est cachée au débat public aujourd’hui, et la conception de la politique du Président de son 1er ministre ou de Monsieur Collomb, ministre de l’intérieur passe par les ordonnances, la menace et si besoin la répression. Pas sûr que cela face grandir l’image de M. Macron. Quand son alignement européen passe par la casse de la politique sociale en France et la peur du mouvement social. Lors de l’occupation allemande en juillet 1940 un appel à la Résistance de Jacques Duclos affirmait « jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ». Chacun devrait tirer les leçons de l’histoire, le mot résistance en France n’est pas un vain mot. * BOAMP.fr (Bulletin officiel des annonces des marchés publics)
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Rwanda
La BNP-Paribas complice de génocide ? Les associations Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda et Ibuka ont déposé plainte, avec constitution de partie civile, contre BNP Paribas pour « complicité de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre »
Le génocide
Selon les informations recueillies par France-info et le journal Le Monde, pour les associations, la banque aurait contribué au financement d’un achat illégal d’armes à destination du Rwanda en juin 1994, en plein génocide, malgré un embargo sur les armes voté par l’ONU. Rappelons que le génocide des Tutsis et des Hutus modérés a fait près d’un million de morts, entre avril et juillet 1994. C’est la première fois qu’une telle procédure est engagée contre une banque, en France. Contactée par France-Info, la BNP Paribas a déclaré « ne pas disposer pour le moment des éléments suffisants pour répondre à ce dépôt de plainte. » Des faits précis sont avancés par les plaignants. A la mi-juin 1994, 80 tonnes d’armes sont livrées depuis les Seychelles jusqu’à Goma au Zaïre près de la frontière Rwandaise. Deux rotations par avions sont organisées dans les nuits du 16 au 18 juin à Goma dont l’aéroport est contrôlé par la France. Les armes auraient ensuite été acheminées par la route aux forces rwandaises qui participent alors au massacre. « Ces armes ont équipé des miliciens qui ont participé au génocide » explique Jacques Morel, spécialiste du Rwanda, auteur de « La France au cœur du génocide des tutsi » Selon lui, « des centaines de milliers de balles pour fusils et mitrailleuses, des grenades ainsi que des obus de mortiers », faisaient partie de cette livraison. Un mois plus tôt, le 17 mai 1994, le Conseil de sécurité des Nations unies avait voté une résolu8-
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tion interdisant les livraisons d’armes à destination du Rwanda. « Les armes achetées aux Seychelles ont donc effectivement servi à équiper les forces hutues pour perpétrer le génocide, notent les associations dans leur plainte. Dès lors, se pose la question de la complicité de BNP Paribas au génocide rwandais », indique le spécialiste.
Lever le voile sur les responsabilités Au cœur de cette macabre transaction se trouve le colonel Théoneste Bagosora, l’un des « cerveaux » du génocide, condamné à 35 ans de prison par la cour d’appel du Tribunal pénal international (TPIR) en 2011. Bagosora s’était adjoint les services d’un intermédiaire sud-africain, Petrus Willem Ehlers, ancien secrétaire de Pieter Willem Botha, Premier ministre d’Afrique du sud. Selon les éléments de la plainte déposée devant le doyen des juges d’instruction du Tribunal de grande instance de Paris, cet intermédiaire aurait reçu sur un compte suisse - l’Union bancaire privée de Genève - deux virements de 592 784 dollars et 734 099 dollars, soit plus d’1,3 millions de dollars. Le paiement aurait été effectué par la BNP à la demande de la Banque nationale du Rwanda (BNR) à Kigali.
Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux à Sherpa. Pour soutenir leur plainte, les associations s’appuient sur de nombreux documents, notamment un rapport de l’ONG Human Rights Watch, de mai 1995 ; six rapports de la commission internationale d’enquête mandatée par le Conseil de sécurité pour enquêter sur la violation de l’embargo sur les armes, de janvier 1996 à novembre 1998 ; des documents comptables de la Banque nationale du Rwanda durant l’embargo, les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda, notamment la déposition de Théoneste Bagosora, condamné à 30 ans de prison par le TPIR, un rapport sur la dette extérieure du Rwanda réalisé en novembre 1996 par deux économistes, Pierre Galland et Michel Chossudovsky, à la demande des autorités rwandaises. « Notre association poursuit les génocidaires, mais à travers cette plainte nous voulons également démêler les maillons d’une chaîne, qui a permis que ce génocide aille à son terme » explique le président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), Alain Gauthier. « Cela fait plus de 20 ans que personne ne veut faire la lumière sur le rôle précis joué par les autorités françaises auprès des génocidaires Rwandais, à l’époque. Nous espérons que le voile se lève enfin. »
La BNP aurait « validé l’ordre de paiement de la BNR [Banque nationale du Rwanda « ce que les autres banques s’étaient toutes refusées de faire », souligne la plainte. « Selon les témoignages et les rapports en notre possession, la BNP aurait été la seule institution financière à accepter de transférer 1,3 million de dollars depuis le compte de la Banque nationale du Rwanda, en plein embargo des Nations unies, sur un compte suisse d’un courtier d’armes sud-africain », estime Rwanda 1994
J.-P. Delahaye.
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Révélations d’un ancien officier de l’armée française
« Nous avons reçu l’ordre de livrer des armes » Dans une interview à France-Info dont nous publions ici de larges extraits, Guillaume Ancel, ancien officier de l’armée de terre, a affirmé que les militaires français « ont reçu l’ordre de livrer des armes aux génocidaires dans les camps de réfugiés. » Que vous inspire cette plainte contre les responsables politiques et militaires de l’époque ? Force est de constater que 23 ans après le génocide des Tutsis au Rwanda, nous ne connaissons toujours pas le rôle que la France a joué, et je pense qu’il serait grand temps qu’on arrête de raconter aux Français ce qu’ils doivent en penser et qu’on leur permette de juger par eux-mêmes. C’est-à-dire d’ouvrir les archives, de faire la lumière sur ce qu’il s’est passé, et d’arrêter d’être dans ce déni permanent d’une réalité à laquelle, moi, j’ai assisté. (…) j’étais officier détaché dans une unité de la Légion étrangère, quand nous sommes partis dans cette opération humanitaire. La première partie de l’opération était clairement destinée à remettre au pouvoir le gouvernement génocidaire. On pourrait dire que l’on n’en avait pas parfaitement conscience, alors, qu’en réalité, la DGSE avait largement informé le gouvernement de l’époque. (…)
Opération Turquoise, le général Lafourcade accueille le 1er ministre E Balladur à la frontière du Rwanda le 31-7-1994.
« un convoi d’armes va partir vers le Zaïre ».
(…) Et puis, c’est l’épisode, à mon avis, le plus indéfendable parce que ce n’est pas un sujet de confusion ou de manque de clairvoyance, c’est pour moi, un sujet de complicité de génocide : on nous a demandé de livrer des armes aux génocidaires dans les camps de réfugiés. Moi j’ai assisté à une de ces livraisons, c’était la deuxième quinzaine de juillet 1994 : je revenais d’une opération d’extraction qui s’était mal passée.
Je fais ce qu’il m’a demandé (…) le soir, au débriefing, je demande des explications sur ce sujet. Là, j’entends les commandants du groupement m’expliquer sans y croire qu’en fait, on livre des armes à ces hommes qui ont conduit des massacres parce qu’il faut éviter qu’ils se retournent contre l’armée française.(…) et je comprends, à ce moment-là, qu’ils ne font qu’exécuter des directives qui viennent du plus haut niveau de l’Etat. Il y a eu un manque total de clairvoyance du gouvernement de cohabitation de l’époque et, maintenant, ils s’enferment dans un déni total plutôt que d’oser expliquer aux Français les décisions qu’ils ont prises à l’époque.
Quand j’arrive sur la base, le commandant adjoint du détachement me demande de détourner l’attention des journalistes parce que, je le cite,
Il n’y a qu’un point qui m’ennuie un petit peu dans les mises en accusations dont on a parlé : je trouve un peu dommage qu’on s’en prenne à mes compa-
gnons d’armes. Je suis solidaire d’eux, parce que, de toute façon, j’ai participé à ses actions (…) il faut se rappeler qu’on était dans le cadre d’une politique qui était décidée au plus haut sommet de l’Etat. Vous dites que les militaires n’avaient pas le choix, qu’ils devaient obéir ? La Revue XXI a révélé ce que même moi j’ignorais, c’est-à-dire qu’il y a des officiers beaucoup plus courageux que moi qui ont rapporté au plus haut niveau de l’état-major français qu’ils étaient contre cette politique et qu’ils ne comprenaient pas pourquoi on nous demandait de livrer des armes aux génocidaires dans des camps de réfugiés. Ce rapport arrive à l’Elysée, et un homme de l’Elysée, « H.V. », sans doute Hubert Védrine*, met cette mention terrifiante : « Appliquez la directive. » Vous vous rendez compte de ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’il y avait une directive de fournir des armes
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Révélations d’un ancien officier de l’armée française
« Nous avons reçu l’ordre de livrer des armes » (suite) à des génocidaires dans des camps de réfugiés alors qu’on est sous un mandat humanitaire de l’ONU. Hubert Védrine, devant la commission de la défense, le 16 avril 2014, a reconnu que des livraisons d’armes s’étaient bien poursuives depuis le début du massacre, tout en disant que cela n’avait rien à voir avec le génocide. Qu’en pensez-vous ? Ce n’est pas la peine d’avoir fait SaintCyr pour comprendre, quand on ar-
rive sur un territoire, que les gens qui ont du sang jusqu’aux coudes, et qui se vantent des massacres qu’ils ont conduit – on en a eu l’exemple dans les collines de Bisesero, où l’on a vu les forces gouvernementales massacrer la population civile –, que les gens que l’on nous demande d’aider sont ceux qui organisent les massacres. Ce qui explique la totale réticence de l’armée française. Aujourd’hui, on les a mis dans une situation extrêmement délicate parce que, en gros, pendant 22 ans
ils ont été obligés de couvrir ce secret d’Etat. Maintenant, c’est délicat de leur demander de raconter la réalité qu’ils n’ont jamais pu dire pendant toutes ces années. Très clairement, on avait toutes les informations pour changer de politique, et si cela n’a pas été fait, cela doit être justifié par des raisons que je ne comprends toujours pas. * Alors secrétaire général de l’Elysée sous la présidence de François Mitterrand (Wikipédia)
Venezuela
Une révolution populaire menacée par les Etats-Unis Washington a menacé Caracas d’une intervention militaire. La cible : le pétrole et la révolution bolivarienne qui prône une économie au service de l’homme et pas des intérêts financiers internationaux.
Nicolas Maduro - Donald Trump
Depuis plusieurs mois maintenant, la presse internationale se déchaîne. La cible de ses attaques ? Le Venezuela, pays d’Amérique latine. La plupart des médias du monde, dont les propriétaires sont de riches industriels, ont fait leur les invectives de Donald Trump et des gouvernements européens. Pour eux, le Venezuela, son président Nicolas Maduro, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et tous ceux qui les soutiennent sont coupables. Coupables de 10 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
ne pas se résigner à l’ordre établi. Coupable de vouloir mener une politique économique au service de l’homme et non des intérêts de quelques puissants, coupables d’estimer que le peuple vénézuélien a le droit à un autre avenir que celui auquel voudraient les destiner les pilleurs de leur pays : misère et exploitation. Coupables de vouloir faire vivre la révolution bolivarienne, leur révolution. Poussé par la Maison-Blanche, l’opposition vénézuélienne ne cherche pas à construire mais à détruire. Ce n’est sans doute pas un hasard si les manifestations organisées contre le gouvernement se sont déroulées dans les quartiers aisés de Caracas, alors que les barrios, les quartiers populaires, ont préféré appuyer les chavistes en se rendant aux urnes pour élire une Assemblée constituante qui scellera dans le marbre tous les acquis de la révolu-
tion et proposera au peuple d’entériner une nouvelle constitution. Une opposition dont l’un des principaux leaders n’est autre que Leopoldo Lopez. Son CV comporte des accusations de corruption, de coups, d’incitation à la violence et même de tentative de coup d’Etat. Déclaré coupable en 2014, il a écopé, en 2015, de 13 ans et 9 mois de prison et se trouve actuellement en résidence surveillée, extrait de sa prison récemment pour raisons de santé. Il a reçu le soutien de « démocrates » aussi célèbres que le Mexicain Felipe Calderon, dont la guerre de la drogue a fait 100 000 morts ou le milliardaire chilien proche de Pinochet, Sebastian Piñera. En 2002, Leopoldo Lopez a fait partie de la marche de l’opposition venue s’affronter avec les partisans de Hugo Chavez qui manifestaient devant le palais présidentiel de Miraflores. Une expédition punitive, préméditée, qui se
INTERNATIONAL LE RÉVEIL soldera par la mort de douzaines de personnes. Le but était de justifier le coup d’Etat et le kidnapping de Chavez. On ne s’étonnera donc pas de savoir que, de 2000 à 2008, Lopez a été le maire du riche quartier de Caracas, Chacao. L’un des quartiers les plus violents ces derniers jours pour s’opposer à l’élection de la constituante. « Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire », n’a pas craint de déclarer le président des Etats-Unis. Début août, ces mêmes Etats-Unis ont infligé des sanctions au président vénézuélien, Nicolas Maduro qu’ils ont qualifié de « dictateur ». Une nouvelle série de mesures a par ailleurs été adoptée par Washington, à l’encontre de huit responsables vénézuéliens. La menace est réelle. On aurait tort de prendre les déclarations de Donald Trump à la légère. L’his-
toire des Etats-Unis sur le continent latino-américain témoigne de cette ingérence presque pathologique dès lors qu’un gouvernement progressiste se met en place. De l’invasion de la baie des cochons à Cuba en 1961 à l’entrée à Panama en 1989, les Etats-Unis ont montré ce dont ils étaient capables dans une version armée. Ailleurs sur le continent, ils ont fait chuter les gouvernements démocratiquement élus, mise en place et soutenu les dictatures fascistes, couvert, au milieu des années 70, l’opération Condor impliquant le Chili, l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Et quand ce n’était pas suffisant, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale venaient donner le coup de grâce. Face à ses attaques, le gouvernement de Nicolas Maduro se mobilise. Ses partisans se sont rassemblés à Caracas pour soutenir les travaux de l’Assem-
blée nationale constituante (ANC). Le président vénézuélien a par ailleurs appelé de nouveau au dialogue. Avec l’opposition dans le cadre d’une commission justice et vérité mise en place par l’ANC. Mais aussi avec les pays qui tentent de s’opposer à la volonté populaire. Avec les Etats-Unis, donc, mais aussi avec la Colombie voisine où sévissent des groupes paramilitaires particulièrement dangereux pour le Venezuela. Parallèlement, des accords sont passés avec la Russie pour l’envoi de blé « pour résoudre les problèmes liés à la guerre du pain ». Enfin, une réflexion pour la mise en place d’une économie diversifiée permettant de ne pas être totalement dépendant des cours du pétrole, hydrocarbure dont regorge le sous-sol vénézuélien et sur lequel lorgnent les Etats-Unis. Pierre Barbancey
Migrants
Le Pape interpelle la communauté internationale Dans un texte récent sur la « politique migratoire », le Pape François se prononce en faveur l’accueil de tous les migrants fuyant des conflits à travers le monde et appelle la communauté internationale à simplifier l’octroi de visas humanitaires. A l’occasion de la prochaine Journée mondiale du migrant et du réfugié, qui se tiendra le 14 janvier 2018 dans l’Eglise catholique, le pape François s’est exprimé sur l’accueil et le traitement des migrants et des réfugiés dans un texte rendu publique par le Vatican, le 21 août. Le souverain pontife a plaidé pour l’accueil, la protection mais aussi pour une meilleure intégration des migrants. « Les expulsions collectives et arbitraires de migrants et de réfugiés ne constituent pas une solution adéquate, surtout lorsqu’elles sont exécutées vers des pays qui ne peuvent pas garantir le respect de la dignité et des droits fondamentaux », a déclaré le Pape dans des propos rapportés par le journal La Croix. Il a notamment in-
sisté dans son message sur l’octroi de « visas humanitaires spéciaux » pour les réfugiés ainsi que pour l’extension du regroupement familial, auquel il est favorable. Il a précisé qu’il souhaitait le voir étendu jusqu’aux « grands-parents, frères et sœurs et petits-enfants – sans jamais le soumettre à des capacités économiques », ajoute le quotidien catholique français. Dans son texte, le Pape François a également mis en garde la communauté internationale et les Etats des pays d’accueil contre « toute forme de détention » des mineurs migrants. Les pays d’accueil doivent faire en sorte que les étrangers aient accès non seulement à une « assistance sanitaire nationale », mais aussi à une liberté de pratiquer
leur religion. Alors que les récents attentats de Barcelone et de Cambrils ont réveillé les peurs liés au terrorisme, le Pape, qui s’est déjà posé en défenseur des migrants dans une Europe plus réticente à les accueillir, a estimé que la « sécurité individuelle » des migrants passait avant la « sécurité nationale ». LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017 - 11
LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Anniversaire
Où va la Turquie ? Sous les yeux de l’Union européenne quasiment impassible le nouveau Sultan Erdogan enfonce la Turquie dans la dictature et l’obscurantisme. Il y a un peu plus d’un an, dans la nuit du 16 juillet 2016, le dictateur turc, Erdogan, échappait à une tentative de putsch attribuée au prédicateur islamiste, Fethullah Gülen, jadis son allié. Depuis, le maître d’Ankara s’est lancé dans une purge sans précédent. Plus de 138 000 fonctionnaires, dont 4 000 juges et 150 généraux, ont été limogés, 2 000 écoles et 149 médias fermés et 55 000 personnes emprisonnées pour des liens supposés avec la confrérie islamiste Gülen. Dix-sept députés du parti pro-kurde HDP pourtant sans liens avec Gülen ont également été arrêtés. Ils risquent de 30 à 142 ans de prison. Les intellectuels, écrivains, artistes, journalistes sont persécutés. Tout citoyen critique à l’égard du pouvoir est en danger. Pour de nombreux observateurs il est assez clair maintenant que l’ampleur de la répression de cette tentative de coup d’Etat, au demeurant si mal préparée, n’est qu’un prétexte pour un nettoyage préparé à l’avance de l’appareil d’Etat et une concentration des pouvoirs entre les mains du président. Ce dernier n’at-il d’ailleurs pas qualifié le putsch de « cadeau divin » ? Depuis le maître de la Turquie n’a eu de cesse de renforcer son contrôle sur la population. Dernier instrument créé pour ce sombre service, les gardiens de quartier, sortes de supplétifs de la police. Ils sont les yeux, les oreilles du régime. Ils quadrillent, rapportent, dissuadent. Un peu comme au « bon vieux temps » des colonels grecs où des généraux argentins !
Despotisme et obscurantisme Le paysage politique et diplomatique en Turquie n’a plus rien à voir avec celui d’il y a un an. Afin d’asseoir 12 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
Erdogan, le nouveau sultan
un peu plus sa main mise sur l’appareil d’Etat et tous les rouages de la société, Erdogan a convoqué en avril dernier un référendum constitutionnel au prétexte de se donner les moyens de « faire face aux dangers ». Il a gagné de peu (51 %) et le pays est désormais profondément divisé. Mais il pourra cumuler, dès 2019, les fonctions de chef de l’Etat, Premier ministre, chef de la faction parlementaire et responsable de la nomination de la moitié des hauts magistrats. Une concentration sans équivalent dans l’Histoire de la Turquie ou dans un grand pays. Redevenu chef du parti islamiste AKP avec lequel il a conquis le pouvoir en 2003, le président turc pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2029. Tel un nouveau Sultan… Ainsi, petit à petit la Turquie s’enfonce dans la nuit moire de l’absolutisme et de l’obscurantisme… Et nous ne sommes pas les seuls à faire ce constat. Dans son édition du 25 août, le Figaro écrit « c’est une société entière que le Président turc veut mettre à sa main, changer, modeler. Et ce genre de chemin ne se remonte pas facilement ».
L’éditorialiste estime que « cette dérive autocratique ne se mesure pas dans les seuls commissariats, les tribunaux et les prisons, nourris par des purges gargantuesques. Elle se lit aussi dans la rue, les écoles, dans chaque interstice où la société civile tente de respirer. Les manuels scolaires sont expurgés. On y bannit la notion de darwinisme, mais on introduit celle de djihad. Et puis il y a la « lettre » que les autorités imposent mais aussi « l’esprit » qu’elles distillent. Ainsi, les militants de l’AKP se sentent investis d’un rôle de police des mœurs. Reprochant aux femmes leur manière de s’habiller, encouragés par le discours sexiste ambiant. Par le bas, une insidieuse remise en cause de la laïcité est en marche ». L’essentiel est là. Aux portes de l’Europe, sous les yeux des gouvernements et de l’Union européenne qui proteste timidement de peur de mettre en danger l’accord crucial avec Ankara sur la rétention des réfugiés (3 millions) par des mesures spectaculaires ou plus insidieuses, la dictature islamo conservatrice s’installe, s’enracine. J.-P. Delahaye
LE CAHIER MÉMOIRE N° 836 JUILLET-AOÛT 2017
ÉDITO Les « mousquetaires célestes » de la France libre
L’histoire du régiment de chasse « Normandie-Niemen » est l’une des plus glorieuses pages de la fraternité d’armes franco-russe. Au cours de la deuxième guerre mondiale, les pilotes français ont participé aux plus durs combats aux côtés des russes. En hiver 1942, d’Angleterre et d’Afrique du Nord, à travers la Syrie et l’Iran, ils sont venus en Union Soviétique, un pays qui leur était complètement étranger et méconnu, pour combattre l’ennemi dans notre ciel. Presque la moitié des 96 pilotes français n’ont jamais pu rentrer en France. La contribution du régiment est impressionnante ; 5 240 sorties, plus de 900 batailles aériennes et 273 victoires confirmées. Tous les pilotes français ont été décorés par le gouvernement
soviétique, quatre ont été promus au titre militaire suprême de « Héros de l’Union Soviétique ». Leurs exploits restent gravés pour toujours dans notre mémoire et dans nos cœurs. Les « mousquetaires célestes » de la France Libre sont devenus une légende. De nombreux livres, films, chansons et musées racontent leur histoire. Partout en Russie et en France, des rues et des places portent le nom du régiment légendaire. La célébration du 72e anniversaire de la Victoire commune contre la barbarie du nazisme permet de nous rappeler encore une fois à quel point il est important de serrer nos rangs face à l’ennemi qui piétine nos valeurs communes et menace la paix de nos foyers. L’amitié franco-russe forgée
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11
sur les champs d’honneur et scellée du sang versé par les fils de deux grands peuples, doit dépasser tous les différends passagers, pour que les générations futures puissent vivre en paix. Je tiens à remercier « l’association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, des Combattants pour l’Amitié, la Solidarité, la Mémoire, l’Antifascisme et la Paix » pour l’organisation de sa magnifique exposition, riche en documents et témoignages. Alexandre Orlov, Ambassadeur de Russie en France
LE RÉVEIL DOSSIER
Ambassadeurs de la « belle et bonne alliance »
Le 20 décembre 1936, un colonel français, Charles de Gaulle écrit à sa mère : « Nous allons rapidement à la guerre contre l’Allemagne. Sur qui pouvons-nous compter pour nous aider les armes à la main ? La Pologne n’est rien et d’ailleurs elle joue le double jeu. L’Angleterre a sa flotte, mais pas d’armées et une aviation actuellement très en retard. Nous n’avons pas les moyens de refuser le concours des Russes… Pourtant Laval signera – avec l’anglais Chamberlain – les accords de Munich, puis mettra tout en œuvre – avec la Pologne et son double jeu – pour faire avorter les négociations de 1938-1939 portant sur la conclusion d’un pacte d’assistance mutuelle anglo-franco-soviétique. On connaît la suite dramatique. C’est dans cette fournaise sanglante, en 1942, que des mili-
taires français en poste à Moscou dirent « l’URSS ne tombera pas ; elle tiendra et il faut que des ailes françaises participent à ce combat. » Ils surent convaincre de Gaulle de créer une escadrille de chasse : « Normandie » là-bas, sur le Front de l’Est. Un défi quasi impossible auquel vont pourtant répondre d’abord 15 pilotes et 47 mécanos, natifs des quatre coins de France, de convictions politiques et religieuses différentes, mais TOUS UNIS par l’idéal REPUBLICAIN antifasciste. ➣ De « Normandie-Niemen » de Gaulle écrira : « Sur la terre russe, martyrisée comme la terre française et par le même ennemi, le Régiment Normandie-Niemen mon compagnon soutient, démontre, accroît la gloire de la France ». ➣ Pour le général Pierre Pouyade, commandant du régiment « Normandie-Niemen ». (Membre du Comité d’honneur de l’ARAC). Il faut « que l’amitié entre les jeunes français et soviétiques soit aussi forte que celle qui a toujours uni les Anciens Combattants soviétiques et français de Normandie-Niemen ». ➣ Une constante aussi chez Charles de Gaulle pour qui le traité franco-soviétique d’alliance et d’assistance mutuelle du 11 dé-
cembre 1944 – qu’il nommait « la belle et bonne alliance » - était la suite logique de sa reconnaissance, le 26 décembre 1941, comme « chef de tous Français libres », Dirigeant de l’ARAC et président de l’ormcm.
tandis qu’elle affirmait « la ferme résolution du gouvernement soviétique d’assurer la pleine et entière restauration de l’indépendance et de la grandeur de la France ». La même démarche qui fera que le 25 octobre 1944, de Gaulle se déclara hostile à la formation d’un bloc de l’Europe de l’Ouest. « Ce serait un non-sens et une mauvaise politique ». Dans son esprit, l’Europe qu’il espère « se traduira en actes précis reliant ces trois pôles : Moscou-Londres-Paris ». Car, pour « l’Homme du 18 juin » qui mit les troupes US à la porte de la France et sortit le pays du commandement intégré de l’OTAN, « qui croit encore à la menace d’une invasion soviétique ? » (Conseil des Ministres 9 mars 1966). « L’Europe, dit-il, c’est nous qui la formons, nous autres qui vivons entre l’Atlantique et l’Oural. ». L’EUROPE de l’ATLANTIQUE A L’OURAL, celle que symbolisait au plus noir de la nuit, l’escadrille « Normandie-Niemen » au côté de l’Armée Rouge.
1914-1918. Des Russes en France 1915, la France exige de son allié, la Russie Tsariste, qu’elle envoie un million de ses soldats sur les fronts français. En échange de fusils et de munitions, un accord est trouvé : deux unités de 10 000 hommes chacune (les 1re et 3e Brigades) viendront en France. Ils arrivent en 1916. Après quelques semaines de préparation, ils sont jetés dans l’enfer de la bataille du Chemin des Dames. Parmi les 271 000 morts, blessés, disparus ou prisonniers : 6 000 14 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
russes. HONNEUR à EUX 1917, la Révolution soviétique. En France, les soldats russes exigent d’être rapatriés. L’armée française, par peur des mutineries, les interne au camp de la Courtine, dans la Creuse, les encercle, les affame, puis donne l’assaut le 16 septembre 1917 à 10 heures : 3 jours de pilonnage au canon et à la mitrailleuse. Ecrasés, 10 000 hommes furent assassinés en petits détachements de travailleurs et le 5 000 « irréductibles » déportés en Algérie (disci-
pline de feu et tâches éprouvantes au bénéfice des colons). Ce n’est qu’à partir de 1919, 1920 que les survivants russes – premiers combattants au côté de Français – pourront regagner leur pays. HONNEUR à EUX
Le groupe “Nomandie Niemen” est décoré à Moscou par le général de Gaulle (de gauche à droite : le général Zakharov et le commandant Delfino, personnel soviétique et le général de Gaulle remet les décorations).
DOSSIER LE RÉVEIL
L’épopée du « Normandie-Niemen » La mémoire est notre héritage ; une mémoire de vérité, un outil pour comprendre le passé, agir au présent au service des hommes et de la Paix, aider les plus jeunes à préparer un avenir de « Jours heureux », d’amitié et de solidarité. de Normandie, de Provence, de la Libération de Paris, des épopées !!!
■ AVANT l’HORREUR, DEJA LA TEMPETE
Ces valeurs républicaines nous ont été transmises par nos « anciens », par nos écoles laïques, par tous ceux et toutes celles qui ont contribué – à travers leurs luttes patriotiques, syndicales, associatives, progressistes – à nous engager à faire vivre au présent cette « Epopée de Normandie-Niemen », trop souvent ignorée, quand elle n’est pas occultée plus ou moins volontairement par certains qui ne supportent pas que soit rappelé ou même évoqué le rôle capital joué par l’Union Soviétique dans la défaite nazie et la capitulation sans condition le 8 mai 1945. Taire aujourd’hui ce rôle serait « politiquement correct » ? Peut-on l’accepter alors que l’histoire nous rappelle que ce sont la haine du Front Populaire et l’antisémitisme qui ont conduit aux accords de Munich en 1938 et permis à Hitler de jeter la guerre sur le monde. Pouvons-nous oublier que, sur les 80 millions de morts de cette guerre, l’Armée Rouge totalise 53 % des pertes militaire, et 88 % du total des pertes alliées en Europe ! (Angleterre 3 %, France 2,3 %, USA 2,2 %). Enfants de la guerre (1936) ou de la Victoire (1945), nous avons été témoins et/ou bercés par ces grandes vagues de la mémoire populaire de la Résistance, des victoires de Stalingrad, Leningrad, des débarquements
1918, la « der des der » se termine ; les alliés imposent aux allemands les conditions drastiques du Traité de Versailles qui nourrira l’esprit de revanche sur lequel s’appuiera Hitler pour son ascension au pouvoir. Les pays européens doivent faire face aux conséquences de la guerre sur tous les plans : mouvements sociaux et révolutionnaires, crises économiques, inflation, chômage, etc. ➜ Dès 1922 en Italie, Mussolini s’empare du pouvoir et installe une dictature fasciste. La grande crise économique de 1929 fait éclater les équilibres sociaux. En France, chômage massif, misère accentuée, « soupes populaires », etc., tandis que les scandales financiers alimentent l’antiparlementarisme et servent de base à des appels de la droite extrême à un ordre musclé. ➜ En 1933, Hitler devient Chancelier du Reich allemand. Le nazisme est à la barre. Il ouvre immédiatement des camps de concentration où sont internés, dans des conditions atroces, les opposants : communistes, socialistes, protestants, anti-nazis, etc. Bientôt ce sera l’extermination des juifs (la « solution finale »), des tziganes, puis les déportés de tous les pays occupés par l’Allemagne nazie. ➜ En France, en février 1934, les factieux provoquent des émeutes et tentent de jeter à bas la République en marchant sur la Chambre des Députés. La riposte populaire immédiate et puissante – à laquelle
participent les anciens combattants et victimes de guerre de l’ARAC – les met en échec et favorise l’union des républicains qui se traduira, en 1936, par des élections permettant un gouvernement de « Front Populaire ». ➜ En Espagne, les élections débouchent également sur un gouvernement républicain de Front Populaire. Une rébellion militaire dirigée par Franco se dresse alors contre la République et une guerre civile s’engage qui se terminera en 1939 par la victoire franquiste. En France, le gouvernement socialiste, allié naturel de la République espagnole, ne répond pas à son appel à l’aide – et sous la pression de la droite française et de l’Angleterre – met en place un « pacte de non-intervention ». Par contre Mussolini et Hitler interviennent ouvertement et militairement. Ils font de cette guerre un laboratoire de mise au point des armes qui seront utilisées durant la guerre 1939-1945. Dès 1936, Mussolini envoie à Franco 700 avions, 9 520 chars et 50 000 soldats. Hitler engage 10 000 hommes, quelques compagnies de chars et – surtout – les avions de la « Légion Condor » pour des bombardements civils tel celui qui, le 26 avril 1937, anéantit la ville de Guernica au Pays Basque. L’URSS aidera la République espagnole (659 avions, 362 chars, 1 533 canons) et un élan populaire amènera environ 40 000 étrangers (dont près de 10 000 français) venus de 53 pas différents pour lutter aux côtés de la République dans les « Brigades internationales ». ➜ En France, les forces réactionnaires (banquiers, industriels, comité des Forges, etc.) aspirent à en finir avec la République au nom LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017 - 15
LE RÉVEIL DOSSIER des chasseurs anglais « Spitfire » et « Hurricane ».
DES TRICOLORES A L’ETOILE ROUGE
de « plutôt Hitler que le Front Populaire » et rien n’est entrepris pour s’opposer – alors qu’il en est encore temps – aux ambitions de conquêtes de Hitler. En 1938, les Accords de Munich signés par l’Angleterre et la France ouvrent grand les portes de l’invasion vers l’Est et le centre de l’Europe, puis celles de la France à la Wehrmacht. En 1938, Hitler annexe l’Autriche (l’Anschluss), puis les Sudètes (territoire de la Tchécoslovaquie alliée de la France). En 1939, il s’empare de l’ensemble de la Tchécoslovaquie. Le 3 septembre, il occupe la Pologne. La France et l’Angleterre lui déclarent la guerre. On connaît la suite, les armées allemandes envahissent la Belgique, puis déferlent sur la France. Près de 100 000 soldats français seront tués en résistant souvent héroïquement, des millions sont faits prisonniers. Pétain, admirateur de Franco, nommé chef de l’Etat français demande l’Armistice, va à Montoire serrer la main à Hitler et engage la France dans la collaboration. ➜ Le 18 juin 1940, le Général de Gaulle lancera de Londres l’Appel à le rejoindre pour continuer le combat, tandis qu’en France certains s’efforcent d’organiser la Résistance. Hitler qui veut en finir avec l’Angleterre, lance alors offensive aérienne sur offensive aérienne, bombardant Londres et le pays pour le mettre à genoux. Avec Churchill, la « Royal Air Force » rend coup sur coup (bataille d’Angleterre) et des pilotes français (tels le Commandant Mouchotte et Pierre Clostermann) participent aux combats avec 16 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
La création de « Normandie » Le Général de Gaulle s’efforce d’organiser des « Forces Françaises Libres » (terre, mer et aviation) qu’il entend voir combattre sur tous les fronts pour affirmer la présence de la France combattante auprès des alliés. Il existe déjà deux groupes de chasse dans les FAFL (Forces Aériennes Française Libres) : « Alsace » et « Ile de France ». Les Généraux Vallin, Ernest Petit, le colonel Luguet et le capitaine Mirlesse le convainquent de l’envoi d’une formation combattante en URSS. Elle s’appellera « Normandie ». Le 27 mars 1942, l’URSS accepte la proposition. Mais la tâche n’est pas mince. Il faut recruter des volontaires (62 dont 15 pilotes de chasse), les acheminer vers l’URSS en passant par le Liban pour rejoindre la base de Ivanovo à 250 km de Moscou. Ils doivent se familiariser avec la langue russe, la température (jusqu’à moins 30°), les difficultés de nourriture, le pilotage des chasseurs soviétiques « Yak » choisis par les Français, la navigation sur ces immenses étendues enneigées, etc. L’instruction des Français durera du 2 décembre 1942 au 14 mars 1943 avec à leur tête, le Commandant Joseph Pouliquen. ➣ Première campagne 19 janvier – 6 novembre 1943 : 72 victoires, 23 pertes « Normandie » est affectée à la 303e division aérienne de chasse soviétique, commandée par Georgy Nefedowich Zakharov. Bientôt les mécaniciens français (mutés au Moyen-Orient par la France Libre) seront remplacés par des mécaniciens soviétiques et se nouera, avec les pilotes français, une véritable amitié et une profonde fraternité d’arme. Le Commandant-ingénieur Serge D. Agavelian est à la tête, du-
rant toutes les campagnes, du service technique et du personnel mécaniciens de « Normandie » : 350 avions dépannés en 5 420 interventions. L’Escadrille est commandée par Jean Tulasne. Le 19 juin, cinq officiers sont décorés de « l’Ordre de la guerre pour la Patrie ». Le 17 juillet, Tulasne ne rentre pas. Il est remplacé par le Commandant Pierre Pouyade. Le 11 octobre « Normandie » - avec plus de 50 victoires – est fait « Compagnon de la Libération » par le Général de Gaulle. Le 25, Pouyade (en mission à Alger) est promu lieutenant-colonel et obtient un renfort de 52 pilotes dont les arrivées s’échelonneront de décembre 1943 au 8 mai 1944. Le 6 novembre, « Normandie » se replie pour l’hiver à Toula.
■ LA NAISSANCE du « NEU-NEU* » Deuxième campagne - Mai 1944 à novembre 1944 – « Normandie » devient « Normandie-Niemen » Avec 61 pilotes, « Normandie » compte 4 escadrilles baptisées : « Rouen », « Le Havre », « Cherbourg » et « Caen ». Leurs combats se multiplient : 16 octobre, 100 sorties, 29 victoires – 18 octobre, 80 sorties, 12 victoires – 20 octobre : 69 sorties, 11 victoires – 22 octobre, 56 sorties, 14 victoires, etc. Le 27 novembre 1944, « Normandie » a le privilège d’être la première unité française à stationner sur le sol allemand. Le 28 novembre, deux pilotes sont élevés à la dignité de « Héros de l’Union Soviétique » et, le 21 juillet 1944 par ordre de Sta-
DOSSIER LE RÉVEIL line, le régiment reçoit le titre « Régiment de Niemen » pour la part qu’il a prise dans le franchissement de ce fleuve. A compter de ce jour, il sera « Régiment Normandie-Niemen ». Le 9 décembre à Moscou, le Général de Gaulle reçoit tous les pilotes à qui sont remis les honneurs et des décorations.
d’autres anciens du « Neu-Neu » (dont les généraux Ernest Petit, Pierre Pouyade et Louis Plagne, chef d’Etat-major des Forces Aériennes Françaises Libres en Allemagne), il adhérera à l’ARAC, sera membre de sa direction nationale et tous figurent à sa Présidence d’Honneur à titre posthume.
* « Neu-Neu » est l’abréviation affectueuse donnée au régiment par tous ceux qui le portent dans leur cœur.
Lumières et ombres 5 240 missions de guerre, 4 354 heures de vol, 869 combats aériens, 73 victoires confirmées, 36 probables, près de 50 avions ennemis endommagés en combats aériens, des camions, des voitures, des locomotives, des trains mitraillés, des vedettes coulées, des attaques sur les chars, les remorques, les troupes au sol, etc. Quatre pilotes ont été faits « Héros de l’Union Soviétique » par l’URSS et 21 reçoivent le titre de « Compagnon de la Libération » par le Général de Gaulle. Quarante-deux ne sont pas revenus au pays. « Morts pour la France » sur un total des 97 qui participèrent aux trois campagnes (43,3 % de l’effectif).
Troisième campagne : 12 janvier – 8 mai 1945. La fin de l’épopée L’offensive reprend sur la Prusse Orientale et la Pologne. Le Lieutenant-Colonel Pouyade, victime d’un accident de voiture laisse le commandement au Commandant Delfino. Les 19, 21 et 23 janvier 1945, les combats héroïques de « Normandie-Niemen » lui valent trois citations à l’ordre du jour par le Maréchal Staline. Le 21 février, il ne reste que 25 pilotes et le régiment est ramené à 3 escadrilles. Le 2 mars, il reçoit « l’Ordre du Drapeau Rouge » et le 12 avril marque la date de la dernière victoire du régiment. ➣ La victoire enfin ! Et le retour Le 9 juin 1945, considérant le comportement exemplaire des pilotes français sur le front soviétique le Maréchal Staline estime qu’il serait injuste de les désarmer. Il leur fait don de leurs avions « Yak3 » avec lesquels ils voleront vers la France et se poseront le 20 juin sur l’aérodrome du Bourget (près de Paris) où ils recevront un accueil fantastique de la foule énorme venue les accueillir en héros ! Des héros à l’ARAC Pilotes héros, mécanos soviétiques héros, auxquels on aurait garde d’oublier tous les personnels français techniques, de liaison et interprètes (indispensables !) dont le Sous-Lieutenant Igor Eichenbaum – également officier-armurier – surnommé affectueusement « BoumBoum » par ses camarades. Avec
D’eux tous, Charles de Gaulle écrira : « SUR LA TERRE RUSSE, MARTYRISEE COMME LA TERRE FRANÇAISE ET PAR LE MEME ENNEMI, LE REGIMENT NORMANDIE-NIEMEN MON COMPAGNON SOUTIENT, DEMONTRE, ACCROIT LA GLOIRE DE LA France ! » Amitié et mémoire partagées Plus de 50 villes et villages ont déjà rendu hommage à « Normandie-Niemem » et ses héros (stèles, plaques de rues, monuments, édifices, écoles, etc.). Trois promotions d’officiers militaires de l’Air ont reçu chacune pour parrain les noms de « Capitaine Maurice Amarguen » (1964), « Gé-
Nos pilotes.
néral Delfino » et « Général Joseph Risso » (2006) Sept bases aériennes portent également des noms de tradition (Salon-de-Provence, Orange, Solenza en Corse, Oran, Tours, Contrexéville, Taverny) Un musée fut édifié aux Andelys, à l’initiative du pilote Jacques André. Contraint de fermer ses portes, le Yak3 qui y figurait et différents témoignages de l’époque sont maintenant au Musée de l’Air du Bourget. A Berlin (Allemagne) existe une rue « Commandant Tulasne » En Russie, c’est par centaines, sinon par milliers que « Normandie-Niemen » et ses héros sont honorés publiquement. La liste, si longue, ne saurait être exhaustive ; citons simplement les noms des 42 pilotes morts au combat, inscrit sur une plaque commémorative scellée sur la façade de la maison de la
Le lieutenant-colonel Pierre Pouyade devant son Yak. Fin novembre 1944, il fait peindre sur les Yak l’emblème du “Normandie Niemen” en y ajoutant l’éclair blanc qui symbolisait la 303e division aérienne à laquelle le régiment appartenait.
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Igo Eichenbaum - ancien du “Normandie-Niemen” et membre de l’ARACparticipait à ce voyage (2e en partant de la gauche.
Mission Militaire Française à Moscou. Et, comme en France, des monuments petits ou grandioses, des stèles, des plaques de rue, des carrés militaires, des aérodromes, des écoles, etc., partout dans ce vaste pays. La mémoire philatélique conserve également le souvenir de cette épopée et rend hommage à ses héros, tant en France (timbres, enveloppes, cartes et encarts philatéliques, etc.) qu’en Russie.
■ De « Normandie-Niemen » au premier vol spatial commun « Franco-Soviétique » de 1982. A l’initiative du général de Gaulle en 1966, un vol spatial commun fut mis en chantier et se réalisa en 1982 avec, à son bord, le spationaute français Jean-Lou Chrétien ; Patrick Baudry, sa « doublure » partira, lui, en 1985 avec un « vol » américain.
Jean-Lou Chrétien, avec Vladimir Djanibekov et Alexandre Ivantchenikov quitteront la terre sur la fusée « Soyouz T-6 » le 24 juin 1982, « logeront » dans la station « Saliout 7 » (d’où J.-L. Chrétien fera sa première sortie dans l’espace), puis reviendront sur notre planète le 2 juillet 1982. ➣ A cette occasion, le général de Saint-Marceaux, ancien pilote du « Normandie-Niemen » salua l’exploit et l’amitié : « Que l’on me permette un parallèle. Au secours de trente mois de présence au régiment Normandie-Niemen en URSS, pendant la dernière guerre mondiale, la centaine de pilotes français qui ont eu le privilège de combattre aux côtés des aviateurs soviétiques, ont également accompli une mission où se mêlaient l’aventure, le sens du devoir et de la discipline, l’acceptation du sacrifice… Mais il est impossible d’ignorer que la fraternité d’armes a engendré une estime et une amitié profondes qu’aucune vicissitude ne saurait entamer… Dans l’un et l’autre cas, c’est la « retombée humaine » de la mission qui me paraît être sa plus forte justification… Antoine de St Exupéry aimait à rappeler ce précepte : « si vous voulez que les hommes offrent le meilleur d’eux-mêmes et qu’ainsi ils se connaissent, s’estiment et s’ai-
ment, donnez-leur de grandes choses à faire ensemble… »
L’EPOPEE de « NORMANDIE-NIEMEN » tient sa place dans la mémoire collective, sa place dans l’histoire : celle d’hommes qui – par-delà leurs différentes conditions sociales, leurs opinions politiques, leurs engagements philosophiques, leurs racines locales, leurs parcours militaires et/ou professionnels, etc. – ont su se retrouver, s’unir contre l’ennemi commun : le nazisme ; s’exiler pour que volent au combat les ailes françaises dans le ciel soviétique, fraterniser avec chaleur et combattre avec enthousiasme aux côtés de l’Armée Rouge, pour l’avenir de la France, la Liberté de l’Humanité et la fraternité entre les peuples français et soviétiques.
Rencontre des vétérans soviétiques du régiment “Nomandie-Niemen” avec le général de Gaulle, président de la République Française (30 juin 1966).
Les AS de la chasse Pour être reconnu AS, un pilote doit avoir obtenu au moins 5 victoires personnelles et homologuées ; 16 pilotes de Normandie-Niemen sont qualifiés d’AS sur les 25 noms que compte le tableau des AS français, le premier étant Pierre Clostermann (33 victoires avec la RAF) – suivi par Albert Marcel du « Normandie-Niemen ». Les pilotes soviétiques – « les Faucons » – ont des scores au total, deux fois plus élevés que ceux des forces alliées. 18 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
Les AS français de Normandie-Niemen. Marcel Albert (23), Roger Sauvage (16), Louis Delfino (16), Roland de La Poype (16), Jacques André (16), André Littolff (15), Léon Cuffaut (13), Georges Lemare (13), Marcel Perrin (13), Roger Marchi (13), Marcel Lefevre (11), Joseph Risso (11), René Lucien Martin (11), Maurice Challe (10), Robert Castin (10), Albert Durand (10).
Les As soviétiques Ivan Nikitovitch Kojiédoub (62), Alexandre Pokrychkine (59), Nicolaï Goulaïev (57), Grigori Retchkalov (56), Kirill Alekseyevich Yevstigneyev (53), Arseniy Vasilievich Vorozheikin (51), Dmitriy Borisovich Glinka (50), etc Les Femmes « AS » Lydia Litvak (12), plus de 4 victoires en collaboration, tuée en août 1943 Iekaterina Boudanova (11) tuée en juillet 1943.
DOSSIER LE RÉVEIL
Alexei Maressiev « Un homme véritable » Un ami véritable
Alexey Maressiev (un homme véritable).
De son aventure incroyable et de sa force de caractère indomptable, l’écrivain Boris Polevoï écrivit ce livre demeuré en mémoire en Russie et en France. Pilote de chasse, en deux mois de 1941, il remporte 6 vic-
toires homologuées en 77 missions de guerre. Le 24 avril 1942, il fut abattu près de Staraïa Roussa occupée par les nazis et fut grièvement blessé lors de son saut en parachute : les deux jambes brisées. En se traînant seul dans la forêt pendant 18 jours, il retrouva les partisans et fut rapatrié à l’arrière, dans un hôpital où il fut amputé des deux jambes sous le genou. Appareillé, au prix de sang, de larmes et de douleurs permanentes, il réapprit non seulement à marcher, à danser, mais aussi à piloter. Au printemps 1943, il put rejoindre une escadrille opérationnelle, participa à la bataille de Koursk en juillet. En août 1943, il abattit 3 chasseurs allemands, réalisa 86 vols de combat et totalisa 11 victoires. La guerre terminée il obtint, en 1956, le titre de Docteur en Histoire puis fut élu Premier Secrétaire du Comité Soviétique de vétérans de guerre
et enfin Président de ce Comité. C’était un ami très chaleureux de l’ARAC dont il manqua rarement les Congrès nationaux. C’est notamment grâce à lui que nous avons pu obtenir, dans les années 1980-1990, le transport gratuit par la Marflot (Marine marchande soviétique) pour le transport au Vietnam des campagnes de solidarité de l’ARAC envers ce pays
Fraternité jusque dans la mort Lorsqu’ils changeaient de terrain, au fur et à mesure de l’avance de l’Armée rouge, les pilotes du Normandie-Niemen embarquaient avec leur mécano russe, coincé dans un petit espace entre la plaque de blindage et l’arrière de l’avion. Tellement étroit que le passager ne pouvait avoir de parachute. Le 15 juillet 1944, le Neu-Neu quitte Doubrovka pour Mikoumtani, petit village de l’ancienne Pologne. Première escadrille… deuxième escadrille… le dernier groupe de la patrouille de Seynes-Le-Bras revient. Le moteur du premier cafouille, mauvaise visibilité du pilote, fuite d’essence et d’huile gênant. Maurice de Seyne, arrivé en janvier 1944, aveuglé et intoxiqué par les
vapeurs envahissant l’appareil, tente soviétique de l’escadrille et bien aude se poser à trois reprises. Au sol, delà. Aujourd’hui encore, dans les Delfino lui ordonne de sauter en pa- écoles russes on raconte aux élèves rachute, son mécano russe – l’adju- la fraternité de Seyne et de Bielodant-chef Bielozub – coincé derrière zub… Jusqu’à la mort. lui, le supplie de sauter. Maurice de Seyne refuse estimant qu’il n’a pas le droit d’abandonner son fidèle ami. L’avion s’écrase au sol et explose. Le sacrifice de Maurice de Seyne, son sens de la fraternité d’armes qu’unissant pilote français et mécanicien russe impressionne considé- 15-06-2004 inauguration-mémorial Normandie Nierablement le personnel men musée de l’air. LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017 - 19
LE RÉVEIL DOSSIER
L’Hommage de Normandie-Niemen aux sorcières de la nuit mécaniciens, radios). Chaque régiment compte 3 escadrilles et les 3 régiments composent une division aérienne. Régiments de chasse (équipés de yak 9), de bombardiers de nuit et de bombardement de jour vont terroriser les nazis. L’une des particularités majeures de l’Armée Rouge est d’avoir incorporé dans ses rangs des Femmes volontaires combattantes. C’est un fait unique ignoré des armées des autres belligérants. Au total, 800 000 femmes ont servi dans les Forces armées soviétiques, dont près de 100 000 dans l’armée régulière ou les partisans. Près de 200 000 d’entre elles seront décorées et 85 recevront la plus Haute distinction, celle de Héros de l’Union Soviétique. Les régiments féminins d’aviation de combat commenceront à être formés vers octobre 1941 par Marina Raskova figure de l’aviation soviétique de l’avant-guerre. Trois régiments sont mis sur pied, chacun comprenant 400 femmes (pilotes,
• « Les sorcières de la nuit » Johannes Steinhoff, AS de la Luftavaffe déclara le 2 septembre 1942 : « Nous ne pouvions tout simplement pas croire que les pilotes soviétiques qui nous causeraient les plus gros problèmes étaient en fait des femmes. Elles n’avaient peur de rien. Elles venaient nous harceler nuit après nuit dans leur biplan rustique et, durant de longues périodes ne nous laissaient pas fermer l’œil de la nuit ». Un biplan, en bois et en toile, volant en rase-mottes, moteur coupé pour arriver en silence et jeter les bombes à la main, par-dessus bord. Le seul bruit, celui du vent dans les filins de haubanage des ailes : le claquement du bec des « sorcières de la nuit » semant l’ef-
froi sur l’objectif. ➣ Des poupées tricolores pour « Normandie-Niemen » Rarement « Normandie-Niemen » eut à accompagner les bombardiers des escadrilles féminines. Pourtant, même s’ils ne partageaient pas les mêmes bases, les femmes pilotes soviétiques connaissaient leur présence. Et, un certain 14 juillet, elles survolèrent la piste du « Normandie-Niemen » et leur larguèrent des poupées en laine tricolore qu’elles avaient tricotées pour saluer les pilotes français. ➣ Quant à ces derniers, leur hommage est sans doute l’un des plus vibrants qu’on leur ait rendu : « Même s’il était possible de cueillir et de déposer à vos pieds toutes les fleurs de la terre, cela ne constituerait pas une reconnaissance suffisante de votre valeur. » Souvent, des délégations de femmes pilotes soviétiques feront l’honneur à l’ARAC de venir nous visiter en France. HOMMAGE et RESPECT camarades.
« Droujba » « Droujba » : Amitié est l’un des nombreux phénomènes artistiques attestant des sentiments du peuple français pour le peuple frère, qu’il soit soviétique ou russe. En atteste le succès sans cesse renouvelé des « Chœurs de l’Armée Rouge » lors de leurs tournées triomphales dans les villes de notre pays. A un point tel qu’ils se retrouvent, au côté de Josiane Balasko, au cœur du film de Jean-Jacques Zilbermann (1993). « Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes », situé en 1958 en pleine campagne électorale du ré20 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
férendum gaulliste sur la Constitution. • Autre repère, « le temps du Muguet », chanson écrite en 1959 par Francis Lemarque sur la musique d’un chant traditionnel « les nuits de Moscou ». Quel Français de passage à Moscou, n’a pas été réveillé par les cloches du Kremlin… sur l’air du muguet ? • Un clin d’œil, encore, avec l’immense compositeur Jean Drejac : 1967, il sort un vinyle 45 tours titré « Octobre » - 19171967, la liaison est évidente. Le succès est immédiatement au rendez-vous. International, avec le
Prix des Komsomols soviétiques pour « octobre » (musique de Philippe Gérard), et, anecdotiquement en France pour « Droujba » amitié entre les peuples… Une organisation nationale de jeunesse française s’en saisit et demande à ses adhérents et ses amis de voter en masse pour ce titre auprès d’un hit-parade radiophonique de l’époque. Jour après jour, « Droujba » tiendra la tête des semaines durant. Ah, la puissance de l’amitié. Ce cahier Mémoire a été réalisé par André Fillère.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Lors des examens du brevet, le sujet d’enseignement moral et civique 2017 a soulevé à juste titre l’indignation du SNES Parce que nous partageons cette indignation, nous portons à votre connaissance le communiqué du SNES du 3 juillet 2017. Le SNES-FSU a pris connaissance avec effarement de l’exercice d’enseignement moral et civique (EMC) du Diplôme National du brevet sur lequel ont dû composer les élèves de 3e de série générale en métropole et ne peut que s’en indigner, tant sur le fond que sur la forme. L’exercice porte sur la partie du programme qui s’intéresse aux principes de la défense nationale, sujet qui, comme la laïcité, est devenu un incontournable de cette épreuve. Il s’agit de l’étude d’un texte tiré du site de l’IFRAP, un think tank d’inspiration libérale, dont la partialité est inconnue des élèves. La dernière question de l’exercice, est le véritable coup de grâce : « Vous avez été choisi(e) pour représenter la France au prochain sommet de l’U.E. Vous êtes chargé(e) de réaliser une note pour présenter une mission des militaires français sur le territoire national ou à l’étranger.
Montrez en quelques lignes que l’armée française est au service des valeurs de la République et de l’Union Européenne. » Après avoir amené les candidat.e.s au DNB* quelques années auparavant à vanter l’intervention française au Mali, il s’agit encore une fois de glorifier notre armée, sans demander aux élèves de faire preuve de recul ni du moindre esprit critique, contrairement aux objectifs affichés de l’EMC au cycle 4 et à ce que construisent les enseignants au cours de l’année. Il s’agit bien de propagande, qui entretient la confusion entre l’UE et ses institutions, la République française et « ses valeurs » et qui oblige les candidat.e.s à défendre une opinion partisane. L’affirmation ne correspond à aucune référence constitutionnelle quant à la place et fonction de l’armée par rapport au pouvoir politique et à la nation.
Ce dernier épisode vient conforter la demande de longue date du SNES-FSU de repenser complètement les objectifs de l’éducation à la défense et pose la question de son intégration au programme d’EMC : pour le SNES-FSU, il s’agit de faire acquérir aux élèves un regard sur la politique de défense de la France, et non de se prononcer sur l’armée française. Le SNES-FSU demande que les consignes de corrections ne pénalisent aucun élève, notamment ceux qui auraient exercé le regard critique et distancié auquel ils ont été formés pendant l’année, conformément aux programmes. * Diplôme National du Brevet
Partout en France le samedi 23 septembre 2017, marchons ensemble pour un monde de solidarité, de justice, de liberté, d’égalité, de fraternité et de Paix !
En marche pour la paix – Stop la guerre – Stop les violences Texte de l’appel national signé par 115 organisations dont l’ARAC « L’aspiration des peuples à vivre ensemble en paix dans la solidarité, la justice et la fraternité est immense. Nous sommes persuadés qu’aucune de nos différences de convictions, d’appartenance ou de sensibilités philosophiques, politiques, religieuses, syndicales ou autres ne doit faire obstacle à l’expression de cette aspiration commune. Nous sommes révoltés face à l’augmentation incessante des dépenses militaires qui sont passées de 1 144 milliards de dollars en 2001 à 1 773 milliards en 2015 et favorisent un commerce des armes immoral et dangereux, alors que le budget des Nations Unies pour les opérations de paix est de seulement 8,7 milliards et que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite des moyens importants tout comme la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD) ».
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LE RÉVEIL VOS DROITS
Les jeux sont faits : les juridictions des pensions militaires d’invalidité vont disparaître Par Jacqueline Thabeault-Alcandre
L’ARAC était représentée à la réunion d’un groupe de travail le 5 juillet 2017 au ministère des armées. Une première réunion avait eu lieu en septembre 2016 suite au signalement d’un certain nombre de dysfonctionnements quant au contentieux des pensions militaires d’invalidité, tant au niveau du ministère qu’au niveau des juridictions. L’administration mise en marche aurait consulté des associations d’anciens combattants (oui mais lesquelles ?) puis des tribunaux de pensions (Rennes-Marseille) des magistrats, des commissaires du gouvernement, ainsi que le Président du Conseil d’Etat et la sous-direction des pensions. La cour des comptes également consultée se serait intéressée de près aux juridictions des pensions. Est alors arrivé le nouveau gouverne-
ment avec les volontés très fortes du Président de la République et du Premier ministre, de lancer des chantiers et plus particulièrement le chantier de la modernisation du droit des pensions dans l’intérêt des usagers et des professionnels ! Le projet de loi qui prévoit la mort définitive des pensions et le transfert de celles-ci et de tout le contentieux aux juridictions administratives, est d’ores et déjà parti au Conseil d’Etat dans le cadre du projet « de DROIT à l’ERREUR et la simplification » !!! Ce projet de loi doit passer en conseil des ministres le 26 juillet 2017 et le vote de cette loi aura lieu avant la fin de l’année 2017.
En cas de difficultés tout se fera par voie d’ordonnance. Voilà comment d’un trait de crayon est anéanti ce que nos anciens avaient réussi à créer suite aux guerres si meurtrières que l’Europe a connues. Il ne faut pas oublier que les tribunaux de pension étaient (et sont encore mais pour peu de temps sans doute) composés de trois juges : un président magistrat de carrière, un juge assesseur médecin, et un juge assesseur pensionné. Désormais il s’agira de trois magistrats
du Tribunal administratif et de la cour administrative d’appel, lesquels seront totalement étrangers au droit des pensions militaires d’invalidité. L’aide juridictionnelle continuera-t-elle à être accordée à tous les demandeurs sans conditions de ressources ? Les délais pour obtenir un jugement seront-ils moins longs qu’actuellement ? Le caractère oral des débats sera-t-il protégé et les juridictions administratives écouterontelles les justiciables puisque la procédure devant de telles juridictions est une procédure essentiellement écrite ? Sous couvert de modernisation et de simplification tout ce qui existait est anéanti alors que de simples modifications auraient suffi en tenant compte des observations faites tant par les avocats spécialisés, que par les magistrats et les associations. La lutte continue, car les acquis obtenus par nos anciens, acquis qui protègent encore ceux qui donnent leur vie ou leur sang pour la patrie, ne doivent pas être rayés d’un trait de plume, ni laissés au bon vouloir de décisionnaires qui (heureusement pour eux) n’ont pas connu la guerre !
Campagne double ATM Roger Blache dans ses droits Notre ami et camarade Roger Blache (Rhône) qui fut l’un des premiers ATM de notre ARAC et longtemps membre du Bureau National, s’est démené comme un lion pour faire aboutir ses droits à la 22 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
campagne double, en tant que retraité de l’EDF-GDF. Ayant déposé sa demande de retraite professionnelle avant le 19 octobre 1999, la Caisse nationale des industries électriques et gazières (CNIEG) lui refusait le
droit de révision de sa pension professionnelle au titre de la campagne double comme prévu par l’article 52 de la loi n° 2016-1827 du 23 décembre 2016 de financement de la Sécurité Sociale pour 2017.
VOS DROITS LE RÉVEIL Devant ce refus inique, Roger Blache saisit tout d’abord la Commission de recours amiables, puis le Tribunal des affaires de sécurité sociale, après le rejet implicite de son recours par la Commission. Le 18 mai 2017, ce tribunal vient de rendre son jugement et rétablit Roger Blache dans ses droits. « Le Tribunal : ➢ JUGE que M. Roger Blache peut bénéficier de la campagne double (…) et que sa pension peut être révisée… ➢ DIT que le CNIEG devra obtenir de l’autorité militaire un document actant les périodes de services militaires éligibles à la campagne double concernant l’intéressé. ➢ CONDAMNE la CNIEG à verser à M. Roger Blache la somme de
500 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile. » Certes, le Tribunal a refusé la demande de dommages et intérêts pour Résistance abusive… Ce qui est ahurissant car si deux refus officiels ne constituent pas une résistance abusive face au droit… Quel sens ont donc les mots ? Certes encore, quand seront versés les 500 euros ? Quand sera fourni le document demandé à l’autorité militaire ? Quand sera réellement révisée la pension ? Le CNIEG va-t-elle interjeter l’appel dans le mois suivant le jugement ? Quoi qu’il en soit, c’est une victoire, bravo Roger, un bel exemple à suivre pour ceux qui se trouvent encore dans une situation de déni comme était la sienne. Et, fort de cette avancée, l’action doit
Notre camarade Roger Blache
continuer pour obtenir l’égalité du droit à campagne double avec nos anciens, c’est-à-dire sur la base du temps complet passé sur le terrain et non sur les actions de feu ou de combat, critères restrictifs s’il en est. André Fillère
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LE RÉVEIL VOS DROITS
Le point PMI revalorisé à 14,40 à compter du 1er janvier 2017 mais le retard demeure (6,23 du point) Un arrêté du 1er août 2017 à revaloriser à 14,40 euros la valeur du point PMI servant au calcul du montant de la retraite du combattant, des pensions militaires d’invalidité d’Anciens Combattants, celles des victimes de guerre (veuves, orphelins, ascendants, des victimes civiles de guerre et hors guerre, des victimes d’attentats terroristes, etc.) De ce fait et sauf nouvelle augmentation du point d’ici le 1er janvier 2018, le montant de la retraite du combattant est porté à 720 euros annuels (360 semi annuel) et le plafond majorable de la rente
mutualiste Ancien Combattant devrait s’établir à 1 800 euros en début d’année prochaine. Cette nouvelle revalorisation du point PMI est certes la bienvenue, mais elle ne compense pas pour autant le retard accumulé depuis 1989. En effet, le traitement annuel brut du fonctionnaire qui devrait être notre référence (Agent des services Techniques catégorie C, 1re catégorie, échelle 3 et 11e échelon fin de carrière – 1ST1) est de 20 637,25 euros (1er février 2017). En fonction du système du « rap-
port constant », notre valeur du point PMI devrait être égale au 1000e du traitement brut, soit 20,63. A 14,40 il est donc en retard 6,23 du point, soit 43,26 % de retard. C’est donc sur cette base du droit à réparation que devrait être interpellés le gouvernement et les parlementaires. Et c’est cette base de principe que défendra l’ARAC lors de la prochaine Assemblée générale de l’UFAC nationale des 11 et 12 octobre 2017 laquelle aura à définir la base revendicative en matière de rattrapage du retard de la valeur du point PMI.
Ministère des Armées… Mais plus des droits des ACVG ? Doté d’un binôme féminin, le Ministère de la défense devient Ministre des Armées et perd son Secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre. Ce n’est pas une mince affaire et les mots comme leur absence en disent long sur la politique qu’entend mener le Président de la République Emmanuel Macron. La charmante Florence Parly, Ministre des Armées (54 ans) est une chevronnée de la politique et sait ce qui est une feuille de route ministérielle. Et, quoi qu’elle en dise ses « patrons » (Macron et Philippe), l’abandon de la notion de « défense » remplacé par « des armées » est sans équivoque : adieu le concept de 24 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
« défense nationale », bienvenue à la notion de défense européenne, d’intégration renforcée dans l’OTAN et de déploiement renforcé des Armées en OPEX. Voilà qui va en faire des nouveaux et futurs anciens combattants avec leur cortège de victimes de guerre, hors guerre, civiles, etc., qui devraient avoir droit à réparation… Mais qui va se préoccuper d’eux, la Ministre n’ayant pas à ses côtés de Secrétaire d’Etat chargé de ces ressortissants ? Car Mme Geneviève Darrieussecq (63 ans), chargée d’une action précise. Ainsi, le décret du 10 juillet 2017 relatif à sa fonction déclare :
« La Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Armées, connaît de toutes les affaires que lui confie la Ministre des Armées », laquelle explique que Mme Darrieussecq aura à traiter de « toutes les questions liées au soutien de la mémoire (…) mais aussi de tous les sujets qui concernent les Anciens Combattants (…) et il y en aura peut-être d’autres »… La mémoire ? Peut-être… car on voit mal le Président de la République en laisser la maîtrise à cette inconnue landaise de Secrétaire d’Etat. Mais le droit à réparation des ACVG ? Pas question, inconnus aux bataillons du Ministère des Armées.
VOS DROITS LE RÉVEIL
Pension d’invalidité au taux de soldat Valeur du point : 14,40 € à partir du 1er janvier 2017 Pourcentage
indices
Montant mensuel
INVALIDITE de 10 à 80 % 10 % 48 57,60 15 % 72 86,40 20 % 96 115,20 25 % 120 144,00 30 % 144 172,80 35 % 168 201,60 40 % 192 230,40 45 % 216 259,20 50 % 240 288,00 55 % 264 316,80 60 % 288 345,60 65 % 312 374,40 70 % 336 403,20 75 % 360 432,00 80 % 384 460,80 INVALIDITE de 85 à 100 % avec ou sans Allocation G.M. avec allocations aux grands invalides 1, 2, 3 et 4 selon le taux 85 % ss all GM 489 586,80 av all GM 625 750,00 90 % ss all GM 522 626,40 av all GM 745 894,00 95 % ss all GM 574 688,80 av all GM 872 1 046,40 100 % ss all GM 628 753,60 av all GM 1 000 1 200,00 INVALIDITE à 100 % avec degrés de surpension (art L .16) avec ou sans allocation G.M et avec allocations aux grands invalides n° 5 100 % + 1° sans all GM avec all GM 2° sans all GM avec all GM 3° sans all GM avec all GM 4° sans all GM avec all GM 5° sans all GM avec all GM 6° sans all GM avec all GM 7° sans all GM avec all GM 8° sans all GM avec all GM 9° sans all GM avec all GM 10° sans all GM avec all GM par degré en plus sans all GM avec all GM
928 1 139 947 1 180 966 1 221 985 1 262 1 004 1 303 1 023 1 344 1 042 1 385 1 061 1 426 1 080 1 467 1 099 1 508
1 113,60 1 366,80 1 136,40 1 416,00 1 159,20 1 465,20 1 182,00 1 514,40 1 204,80 1 563,60 1 227,60 1 612,80 1 250,40 1 662,00 1 273,20 1 711,20 1 296,00 1 760,40 1 318,80 1 809,60
19 41
22,80 49,20
INVALIDITE à 100 % avec article L. 18 + all. G.I 5 bis (a) avec ou sans GM(1) 100 % + L.18 sans all GM 100 % + L.18 avec all GM
1 838
2 205,60
2 189
2 626,80
INVALIDITE à 100 % avec article L. 18 + art. L. 16 + all.G.I 5 bis (a) + G.I. 6 avec ou sans GM (1) 100% + 1° sans all G.M. 1 908 2 289,60 avec all G.M. 2 289 2 746,80 2° sans all G.M. 1 978 2 373,60 avec all G.M. 2 369 2 842,80 3° sans all G.M. 2 048 2 457,60 avec all G.M. 2 449 2 938,80 4° sans all G.M. 2 118 2 541,60 avec all G.M. 2 529 3 034,80 5° sans all G.M. 2 188 2 625,60 avec all G.M. 2 609 3 130,80 6° sans all G.M. 2 258 2 709,60 avec all G.M. 2 689 3 226,80 7° sans all G.M. 2 328 2 793,60 avec all G.M. 2 769 3 322,80 8° sans all G.M. 2 398 2 877,60 avec all G.M. 2 849 3 418,80 9° sans all G.M. 2 468 2 961,60 avec all G.M. 2 929 3 514,80 10° sans all G.M. 2538 3 045,60 avec all G.M. 3 009 3 610,80 par degré en plus sans all G.M. 70 84,00 avec all G.M. 80 96,00 INVALIDITE à 100 % avec article L. 18 + all G.I. 5 bis (b) attribuée aux aveugles, bi-amputés, paraplégiques sans ou avec allocation G.M.(1) 100% + L.18 sans 1 929 2 314,80 all G.M. 2 280 2 542,20 100% + L.18 avec all G.M. INVALIDITE à 100 % avec article L. 18 + art. L. 16 + all G.I. 5 bis (b) + G.I 6 attribuée aux aveugles, bi-amputés, paraplégiques sans ou avec allocation G.M.(1) 100% + 1° sans all G.M. avec all G.M. 2° sans all G.M. avec all G.M. 3° sans all G.M. avec all G.M. 4° sans all G.M. avec all G.M.
5° sans all G.M. avec all G.M. 6° sans all G.M. avec all G.M. 7° sans all G.M. avec all G.M. 8° sans all G.M. avec all G.M. 9° sans all G.M. avec all G.M. 10° sans all G.M. avec all G.M. par degré en plus de 10 sans all G.M. avec all G.M.
1 999 2 380 2 069 2 460 2 139 2 540 2 209 2 620
2 398,80 2 856,00 2 482,80 2 952,00 2 566,80 3 048,00 2 650,80 3 144,00
2 279 2 700 2 349 2 780 2 419 2 860 2 489 2 940 2 559 3 020 2 629 3 100
2 734,80 3 240,00 2 818,80 3 336,00 2 902,80 3 432,00 2 986,80 3 528,00 3 070,80 3 624,00 3 154,80 3 720,00
70 80
84,00 96,00
INDEMNITÉ DE SOINS AUX TUBERCULEUX de soins 916 1 099,20 de ménagement 458 549,60 de reclassement et de ménagement au taux plein 687 824,40 au taux réduit 275 330,00 RETRAITE DU COMBATTANT Annuelle 48 691,20 Semestrielle 345,60 LES PENSIONS D’ASCENDANTS ascendants âgés de moins de 65 ans 213 255,60 Taux plein demi-taux 106,5 127,80 ascendants âgés de plus de 65 ans Taux plein 243 291,60 demi-taux 121,5 145,80 majoration pour chaque enfant décédé en sus du premier 45 54,00 PENSIONS DE CONJOINT SURVIVANT AU TAUX DE SOLDAT (art.121 de la loi de finances pour 2004) AU TAUX NORMAL Conjoints survivants de victimes militaires (de guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le droit à pension découle de l’imputabilité ou dont le conjoint était pensionné à 85 % avec all. aux Grands Mutilés (G.M.)
515
618,00
Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le conjoint était pensionné à 85 % sans allocation G.M.
504
604,80
AU TAUX DE REVERSION Conjoints survivants de victimes militaire (guerre ou hors guerre) de moins de 40 ans, bénéficiant du taux de reversion dont le mari était pensionné au taux 70 à 80 %,
333
371,30
Conjoints survivants de victimes militaire (guerre ou hors guerre) de plus de 40 ans, bénéficiant du taux de reversion, dont le conjoint était pensionné
336 374,64 au taux de 70 % au taux de 75 % 360 401,40 au taux de 80 % 384 428,16 Conjoints survivants de victimes militaire (guerre ou hors guerre) quel que soit leur âge, bénéficiant du taux de reversion, dont le conjoint était pensionné 312 374,40 au taux de 65% au taux de 60% 288 345,60 AVEC SUPPLEMENT EXCEPTIONNEL Veuves de déportés mort en déportation, et de prisonniers du Viet-Minh mort en captivité, sans condition d’âge et de ressources
667
800,40
Conjoints survivants âgés d’au moins 50 ans ou infirme remplissant la condition de ressources
667
773,72
Nota calcul du montant de la retraite du combattant; on multiplie l’indice (48) par la valeur du point (14,40 €) pour trouver le montant annuel soit 48 x 14,40 = 691,20 €.
LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017 - 25
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Pension d’invalidité au taux de soldat - Suite PENSIONS DE CONJOINT SURVIVANT AU TAUX DE SOLDAT (suite) MAJORATION POUR LES CONJOINTS SURVIVANTS TITULAIRES DE L’ARTICLE L.18 (tierce personne) Conjoints survivants pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L18 (tierce personne) avec l’allocation n° 5 bis (b) et était donc : aveugle, ou amputé de deux membres, ou paraplégique
350
420,00
Conjoints survivants (autres que ceux ci-dessus) pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L 18 (tierce personne) avec l’all. n° 5 bis (a)
260
312,00
LES IMPLACABLES Allocation aux grands invalides n°9, dite allocation aux implaçables, n’est pas d’un montant fixe. En effet, elle représente pour le bénéficiaire la différence entre ses revenus (pension et autres) et le montant produit par la multiplication de la valeur du point et de l’indice 1500 s’il est âgé de 65 ans ou de l’indice 1200 s’il a plus de 65 ans Ainsi par exemple, un pensionné à 90 % sans allocation G.M. bénéficie d’une pension d’invalidité calculée sur l’indice 522, S’il n’a pas d’autres ressources que sa pension, et s’il est âgé de moins de 65 ans, le montant mensuel de son allocation n° 9 sera calculée comme suit : 522X13,92/12 = 605,52€ les ressources globales autorisées sont fixées sur la base de l’indice 1500 multipliées par la valeur du point de pension en vigueur
annuelle mensuelle
1 500 1 500
20 880,00 € 1 740,00 €
en retranchant de cette somme le montant mensuel de la pension (1 740 € - 605,52 €), on obtient la valeur mensuel de l’allocation n° 9
1 134,48 € montant mensuel des ressources autorisées, indice 1500 1 500 1 740,00 € indice 1200 1 200 1 392,00 €
Montataire-Chambly (60) Notre amie Lucienne Fabre adhérente de longue date a reçu le 27 mai 2017 la légion d’honneur remise par le préfet en présence du maire d’Angicourt. « A 19 ans Lucienne Fabre choisit de rentrer dans la Résistance. 72 ans après elle reçoit la légion d’honneur. Elle a accepté celle-ci pour ses amis de lutte « je leur dédie cette médaille ». Elle a organisé avec d’autres des manifestations de femmes contre les restrictions, les privations, contre la confiscation des biens et de nourriture par les Allemands. Distributions de journaux clandestins, de tracts contre l’occupant. Elle a trans26 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
Le budget de l’armée et la démocratie Dans une lettre publique aux Officiers de réserve, le général (2S) Alain Boulinais (ancien délégué aux réserves de l’Armée de Terre) réagit au processus politique qui a amené à la démission du Chef d’Etat-major des Armées (CEMA), le général de Villiers sévèrement et publiquement « recadré » par le Président Macron. Pour le général Boulnois, « le comportement inutilement autoritaire et les discours changeant de notre jeune président ont instauré un climat de défiance des Armées à son encontre. Il sera long à corriger. » A l’évidence, l’ARAC ne partage pas l’opinion de ces généraux qui réclament – OTAN et Europe exigent – l’augmentation du Ministère des Armées sans laquelle pèserait « une menace lourde pour l’efficacité de nos Armées et donc la sécurité de notre pays ». Nous demeurons quant à nous, fidèles au concept que « si tu veux la paix, prépare la paix. » Ceci étant, le général Boulnois avance quelques réflexions qui méritent l’attention : « 1/ - Depuis 1975, pas une loi de programmation n’a été suivie, pas un seul budget n’a été respecté. Peut-on alors parler de démocratie lorsque le vote des représentants du peuple ne constitue plus qu’une déclaration d’intention dont l’exécutif (le gouvernement) dispose comme il l’entend ?
2/ - Le Président Macron va plus loin en déclarant que le CEMA n’a pas à s’occuper des questions budgétaires. Il doit se cantonner aux seules opérations. Il devrait conduire celles-ci sans avoir ne serait-ce qu’un regard sur les financements nécessaires. Une telle position serait suicidaire et impensable », selon le général Boulnois qui poursuit : « Le Parlement n’aurait dorénavant plus le droit de solliciter l’avis des chefs militaires… Ou plutôt, nos élus devraient se contenter d’exposés éventuellement prononcés par des militaires mais concoctés par le seul pouvoir exécutif. Cette approche de la démocratie est d’autant plus inquiétante que pas un seul député de la majorité ne s’est fait entendre pour la dénoncer… La volonté affichée de couper l’Assemblée nationale de l’expertise militaire et l’interdiction donnée au CEMA de s’intéresser aux questions financières constituent une dérive peu démocratique… » Après avoir souligné que « 75 % des militaires de l’Armée de terre sont en contrat à durée déterminée (CDD court) donc sans garantie d’emploi », le général Boulnois conclue « sur le peu de considération que lui inspirent la personnalité et le comportement d’Emmanuel Macron… qui (devra) apprendre rapidement et… corriger ses erreurs initiales ». A l’évidence, la dénonciation est de plus en plus en danger, même le général le dit !
porté des armes, des explosifs, des munitions, elle a servi d’agent de liaison. Elle a parcouru des milliers de kilomètres l’Oise, la Somme, le Calvados, la Seine, elle a rencontré Jean Moulin, Rol-Tanguy et bien d’autres, discrets, anonymes, mais convaincus comme elle, qu’il fallait faire quelque chose. Tout cela avec beaucoup de prudence et de risque car la dénonciation était facile à cette époque « 30 millions de lettres anonymes ont été envoyées en 5 ans aux autorités françaises et allemandes ». Elle a attendu 96 ans pour recevoir cette médaille tant méritée, rares sont les ouvriers à en être honorés.
Encore merci Lucienne Fabre, vous êtes de ces femmes qui ont rendu l’honneur à la France.
André Fillère
De droite à gauche le préfet de l’Oise, le drapeau de l’ANACR, du PCF, de l’ARAC (il y avait 15 drapeaux). Alain Blanchard, conseiller départemental PCF, Lucienne.
INTERNATIONAL LE RÉVEIL la mémoire et le travail d’éducation populaire concernant la Résistance, la Déportation, la Libération et tout ce qui peut concourir à la Paix. L’ARAC de Septèmes contribue ainsi au passage de mémoire entre les générations dans cette commune de 11 000 habitants, qui honore chaque année les 19 Mars, 8 Mai, 11 Novembre ses ressortissants morts pour la France de 14/18, 39/45, ainsi que les 3 appelés du contingent tombés en Algérie. Un plan de travail a été développé et acté concernant le devoir de mémoire avec écoles et collège du village. Un pot de l’amitié a conclu cette assemblée générale en présence de la direction départementale.
Photo de gauche à droite : Gérard Escoffier. Robert Marasti. Patrick Saintenoy Président Départemental. Manuel Cotes. Pierre Bourrelly. Bernard Cogo.
Aisne (02) Bouches du Rhône (13) Le mercredi 28 juin la section ARAC de Septèmes les Vallons a renouvelé sa direction et prépare activement le 100° anniversaire de l’association. C’est Robert Marasti ancien appelé du contingent qui a été élu président à l’unanimité de cette section située à mi-distance entre Marseille et Aix en Provence. Le président sortant Louis Michel a été élu président d’honneur.
Un nouveau bureau a été également constitué : Président Robert Marasti. Secrétaire Bernard Cogo. Trésorier Manuel Cotes. Délégué à la mémoire Pierre Bourrelly. Délégué aux Droits Gérard Escoffier. Monsieur le Maire André Molino lui-même adhérent de l’ARAC, s’est félicité du travail accompli en commun avec les associations Septèmoises et notamment l’espace jeune, le mouvement de la paix et la FNACA locale pour faire vivre
66, rue des Amandiers 92000 NANTERRE
Notre camarade Daniel Cliquot de la section du Soissonnais. C’est vu remettre la médaille militaire le 8 mai 2017. Notre camarade s’est dit « heureux et fier de recevoir cette médaille, cela me rappelle mon jeune temps les bons côtés comme les mauvais ».
D. Cliquot
ENTRETIEN, EXPLOITATION ET MAINTENANCE DES INSTALLATIONS DE CHAUFFAGE
Tél. : 01 41 91 12 70
LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017 - 27
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Bouches du Rhône (13) EXPOSITION-RENCONTRE 4-29 septembre 2017 - Aix-en-Provence Maison méditerranéenne des sciences de l’homme
EXPOSITION VISITE COMMENTEE FILM DEBAT
L’ARAC d’Aix avec l’ONAC et l’ACER présentent « levés avant le jour », les brigades internationales – Espagne 1936.
L’action des Brigades Internationales pendant la Guerre d’Espagne est considérée comme l’un des mythes ayant contribué à faire de ce conflit civil un événement de dimension internationale, inscrit dans la mémoire collective. L’exposition Levés avant le jour, les Brigades internationales, de l’Espagne à la résistance revisite cette image en présentant le rôle de ces volontaires de toutes nationalités, venus
combattre pour défendre la république espagnole et soutenir le front antifasciste. Des chercheurs en histoire contemporaine du laboratoire TELEMMe (AMU/CNRS) et leurs invités (dont Rémi Skoutelski) apporteront leur éclairage à la faveur d’une projection-débat autour du film Levés avant le jour le 27 septembre à partir de 16 h. Cette exposition a été conçue par l’ACER et réalisée par les services de l’ONACVG. Elle a bénéficié du soutien de l’association des Bleuets de France. Elle est présentée ici à l’initiative de la section aixoise de l’ARAC.
Organisateurs et contacts Isabelle Renaudet historienne, professeur des universités.
Isabelle.renaudet@univ-amu.fr Serge Lejeune, militant associatif et politique, représente la section aixoise de l’ARAC. sglejeune@wanadoo.fr Responsable communication – Sylvie Laurens. Sylvie.Laurens@univ-amu.fr / laurensaubry@mmsh.univ-aix.fr
Visite commentée Vendredi 15 septembre à partir de 16 h Visite commentée par M. S. Lejeune (ARAC), en présence de représentants de l’ONAC et du laboratoire de recherche TELEMMe. L’exposition est ouverte tous les autres jours de la semaine, du 4 au 29 septembre.
Vertou (44)
Ravivage de la Flamme
La guerre d’Algérie en conférence débat à Vertou
Le 20 juillet 2017, l’ACVGI et l’ARAC commémoraient à l’Arc de Triomphe le ravivage de la Flamme à l’occasion des accords de Paix de juillet 1954 marquant la fin de la guerre en Indochine. Cela mettait fin à la conférence internationale réuni à Genève depuis le 26 avril 1954. Si ces accords marquèrent la fin de la guerre et la reconnaissance du Vietnam, du Laos et du Cambodge, ils laissèrent la Corée dans une situation de divisions dont on retrouve aujourd’hui encore les enjeux. Outre les drapeaux de l’ARAC, de la mutuelle, notre direction était représentée par Liliane Rehby, secrétaire nationale et Paul Markidès, Vice-Président.
D’anciens appelés du contingent ont également apporté leurs témoignages. Cette conférence fut précédée d’une exposition sur la guerre d’Algérie et la projection d’un film document sur la révolte et le massacre de Sétif en 1945 par l’armée française.
Devant plus de 40 personnes Henri Pouillot, conférencier et auteur de deux livres sur la guerre d’Algérie, dirigeant national de l’ARAC, invité de la section ARAC de Vertou a tenu une conférence débat intitulée “par-dessus les blessures, l’avenir de la paix”, retraçant les faits marquants de son passage en Algérie, où il fut affecté à la villa Susini, lieu symbolique au lourd passé qui pendant huit années fut un centre de rétention où l’on pratiquait la torture. 28 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
Claude le Cloerec président de L’ARAC de Vertou a aussi expliqué à l’assemblée que les anciens appelés du contingent souhaitent aujourd’hui faire connaître aux jeunes générations que sont leurs enfants et petits-enfants, auprès desquels ils sont toujours restés silencieux pendant plus de 50 ans, que les jeunes appelés de 20 ans qu’ils étaient à l’époque, officiellement chargés du maintien de l’ordre, se sont retrouvés dans une guerre qui ne voulait pas dire son nom. Il exprima aussi l’inutilité des guerres en dénonçant toutes les guerres. Les participants ravis et enchantés, terminèrent cette soirée par un verre de muscadet de l’amitié.
L Rehby et P Markides
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Corrèze (19)
Allones (72)
Seilhac - commune : Saint-Jal
Un chèque pour aider Mumia Abu Jamal, prisonnier aux USA Un collectif allonnais a été créé, il y a 3 ans, à l’initiative de Roger Leroy, président de l’ARAC, pour collecter des fonds pour le journaliste américain.
Afin que nul n’oublie : Du 18 au 24 juillet, le canon tonnait et les flammes s’élevaient à une trentaine de km, au nord de Saint-Jal. La Brigade Jesser, assistée de la milice, tentait d’anéantir le bastion de la Résistance qui contrôlait le Mont-Gargan et sa périphérie. 4 800 soldats aguerris et lourdement armés s’opposaient aux 3 500 FTPF du colonel Guingouin, qui non préparés à une guerre classique réussiraient néanmoins à rester maîtres du terrain et prépareraient la libération de Limoges qu’ils réussiraient sans coup férir et sans faire la moindre victime. Ce dimanche 23 juillet, la section intercommunale de l’ARAC, avec ses drapeaux, s’était associée à l’hommage rendu à ces combattants de la liberté, dans le cadre de la cérémonie commémorative de la Forêt Haute à SaintGilles-les-Forêts.
Mumia Abu Jamal, citoyen noir américain et journaliste, croupit depuis plus de 35 ans dans une prison américaine, dont 26 ans dans le « couloir de la mort ». Ce militant des Blacks Panthers a été condamné à mort pour un crime pour lequel il clame en vain son innocence. Fait citoyen d’honneur de la ville d’Allonnes, tout comme le prisonnier palestinien Marwan Barghouti, « Munia mène un combat pour que justice lui soit rendu, ainsi que l’amélioration des conditions de détention des prisonniers, ainsi que la disparition de la peine de mort indique Gilles Leproust. « Il est de la trempe des hommes comme Nelson Mandela. Il se battra jusqu’au bout pour que justice soit faite ». Un collectif allonnais a été créé, il y a 3 ans, à l’initiative de Roger Leroy, président de l’ARAC, animé par le danseur professionnel Mourad El Mrini, sa sœur Anissa, Sabah Tabati et Mostafa Nafaa.
En présence de Gilles Leproust et Roger Leroy, Mourad El Mrini remet le chèque de 450 € à M. Lederer.
Objectif : une visite en prison « J’ai rencontré plusieurs fois Mumia dans sa cellule. La dernière fois, en 2008, Mumia était encore dans le couloir de la mort. Le président Obama venait d’être élu, Mumia était confiant, mais savait qu’il fallait se battre. A chaque rencontre je suis impressionné par le personnage, sa noblesse, sa culture, son élocution, sa raison de vivre. Mumia est aujourd’hui sorti du couloir de la mort, mais ses geôliers lui font payer cher ses combats jusqu’à refuser qu’il se soigne, et il a fallu se battre pour qu’il soit traité contre une hépatite. Chaque action en sa faveur lui va droit au cœur et le conforte dans sa lutte », nous explique Jacques Lederer responsable du collectif national. L’objectif du collectif allonnais est de lui rendre visite dans sa prison.
Pyrénées Orientales (66) Commémoration avec l’ARAC et l’Amicale du Maquis Le samedi 8 juillet a eu lieu la commémoration du Maquis Henri Barbusse. Maquis qui a mené des actions de feu et sabotages autour du Canigou de 1942 à 1944 contre l’occupant nazi. Une gerbe et un bouquet ont été déposés rappelant aussi l’action déterminante des guérilleros espagnols aux côtés du maquis (frères de combat). Entourés par plusieurs drapeaux,
Etienne Mas et Joseph Almodovar du comité départemental de l’arac ont rappelé les actions héroïques des combattants de la liberté aboutissant aux mesures qui suivirent avec le Conseil National de la Résistance : La conquête de notre souveraineté et d’importantes mesures économiques et sociales, les prendre en exemple pour construire un avenir meilleur face à la situation inquiétante de notre société. LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017 - 29
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Essonne (91) Christiane Maestrati, une grande résistante nous a quitté Engagé à 19 ans dans le combat contre l’occupant nazi, elles une résistante de la 1re heure à faire de son groupe de patriotes, encore isolés en 1940, l’un de ses compagnons sera fusillé et 4 autres déportés. En 1942, elle rejoint les FTPF. Elle participe avec son mari Antoine Maestrati, compagnon du colonel Rol-Tanguy aux combats libérateurs de Paris en 1944. Pendant ces 5 années de lutte patriotique, Christiane a assumé avec courage les missions que les différents secteurs de l’Ile de France et leurs responsables lui ont confiées. Après la guerre, elle a continué le combat par un travail inlassable de mémoire, avec les associations d’anciens combattants, en premier lieu l’ARAC de Chilly-Mazarin et de l’Essonne, pour transmettre le témoin aux jeunes et les inviter, pour construire leur vie et un avenir meilleur, à s’inspirer de l’action et des idéaux de la Résistance, de progrès social, de liberté, de souveraineté de notre pays et de Paix, dans les lycées et collèges, notamment Hélène Boucher à Paris et Marguerite Yourcenar à Chilly-Mazarin/Morangis. Elle était titulaire de nombreuses décorations : Croix de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, Croix du
Combattant, Croix du Combattant Volontaire, Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille de l’Office Républicain des Mérites Civiques et Militaires. Un dernier hommage lui a été rendu le 20 juillet dernier avec allocution dont celle de l’ARAC et en clôture de la cérémonie civile, le chant emblématique de la Résistance « le chant des partisans » l’a accompagné pour un « au revoir et un grand merci pour son exemple ».
Dernière minute Nous signalons à tous amis, camarades et abonnés au Réveil qu’un problème informatique est survenu avec notre fichier. En conséquence, il risque d’y avoir quelques manques ou quelques loupés dans la livraison du journal ainsi que dans la gestion du fichier d’adhérents en cette fin d’année. Appeler Térésa au 01.42.11.11.11. si vous constatez une anomalie. Merci à l’avance de votre compréhension et avec toutes nos excuses. Nous nous attaquons au problème. La direction de l’ARAC. 30 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
Cascade Du Bois de Boulogne
Août 1944 :35 jeunes Résistants de la région parisienne sont fusillés près de la Cascade du Bois de Boulogne. Ils sont tombés dans un piège tendu par la Gestapo avec un agent double infiltré dans la Résistance. La victoire est proche mais la barbarie nazie est encore vivante. Les exécutés s’ajouteront à la longue liste des martyrs. Ils appartenaient à différents mouvements et le besoin d’armes pour combattre les a conduits dans ce traquenard. 21 août 2017 : comme tous les ans, la commémoration se déroule sur les lieux mêmes de l’exécution. Comment ne pas être impressionné par la solennité de l’hommage. La multitude des gerbes déposées montre que la mémoire est toujours présente. De nombreux élus de la région parisienne dont Catherine Vieu-Charier, adjointe à la Maire de Paris ainsi que les représentants des préfets et de l’ONAC, les maires-adjoints de Boulogne-Billancourt, Chelles assistent à cet hommage extrêmement émouvant. Dans les discours, il a été réaffirmé l’actualité du message laissé par la Résistance face aux menaces d’aujourd’hui sur les valeurs républicaines, la démocratie, la souveraineté nationale. L’ARAC, comme chaque année était présente avec une délégation conduite par son Président national, Raphael Vahé, accompagné de Michel Kachkachian, de l’ARAC 75, de Jean Luc Colin, de la direction de l’ARAC 92, portant notre drapeau, et nombreux de nos militants.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Dans le cadre du 73e anniversaire de la libération de Paris une cérémonie à l’initiative de la fédération des groupements d’anciens combattants et victimes de guerre de la RATP a lieu au pied du château de Vincennes le 22 aout, rendant hommage aux résistants tombés pendant la libération de Paris. L’arac était représentée par Jacques Verrier secrétaire national de l’ARAC.
Hommage national à Simone Veil aux Invalides
Simone Veil nous a quitté au début de l’été. L’ARAC a partagé avec cette très grande dame de la politique les valeurs fondamentales de la République et de respect mutuel qui manquent tellement à notre société. Liliane Rehby, secrétaire nationale de l’ARAC était aux Invalides lors de l’hommage national le 5 juillet. Figure emblématique de notre époque, façonnée par l’expérience de la Shoah dans sa jeunesse, elle a perdu une grande partie de sa famille, elle est revenue des camps de la mort, avec une volonté d’aller jusqu’au bout de ses convictions. Reposez en paix Madame, rien ne pourra éteindre votre voix, et comme l’a dit l’un de vos fils « nous sommes orphelins de « notre mère à tous ».
73e anniversaire de la libération de Paris : « vaincre et vivre » telle était de devise du Colonel Fabien – L’ARAC à l’occasion de la célébration du 73e anniversaire de la Libération de PARIS tient à rendre hommage au peuple parisien, qui, en août 1944 libéra PARIS « par lui-même » comme l’a dit si justement le général de GAULLE sur le perron de l’Hôtel de Ville de PARIS, fruit de l’action conjuguée des nombreux habitants insurgés, notamment, sous le commandement FFI de ROL-TANGUY, et des soldats de la 2e DB avec leurs équipements lourds. – L’ARAC rend hommage à tous ceux et celles qui, nombreux sur notre territoire, luttèrent en faisant le sacrifice de leur vie, pour la liberté de notre pays, pour le rétablissement de la République, et de ses institutions démocratiques – Pendant 4 ans, la France a été occupée par les nazis et durant ces 4 années, alors que les grandes industries trahissaient, les ouvriers résistaient… le 19 août 1944, un mot d’ordre de grève lancée par l’union des syndicats CGT de la région parisienne et l’ap-
pel du comité parisien de libération ont permis de déclencher l’insurrection finale En se libérant, lui-même, le peuple parisien a pris son avenir en main Cette commémoration de la Libération n’est pas seulement l’affaire des survivants de l’époque, c’est un héritage à prendre et à faire fructifier dans les générations d’aujourd’hui et de demain. – L’insurrection a permis l’installation d’un gouvernement français, ayant pour tâche, d’appliquer et d’engager le programme du Conseil National de la Résistance, tout en chassant l’envahisseur, tout en écrasant la barbarie nazie et de ses complices actifs du régime de Vichy, et d’intégrer à la perspective de Libération Nationale, l’avènement d’une République nouvelle, indépendante, démocratique et sociale. – Aujourd’hui, alors que les grands financiers, le grand patronat, les gouvernements successifs soumis à ses diktats, ainsi qu’aux directives de l’Union européenne n’ont de cesse de remettre en cause les fondamentaux du
programme du CNR, qui permettront à notre pays en difficulté, de se relancer, ce programme n’apparaît en rien dépassé, bien au contraire – L’ARAC honore la révolte de toutes ces femmes, de tous ces hommes, venus de tous horizons qui se sont unis avec courage. Plusieurs milliers d’entre-deux sont morts dans les rues et sur les barricades dressées dans Paris, Jamais, nous ne les oublierons. – Le combat et le courage n’ont plus les mêmes formes. Mais ils sont toujours nécessaires pour que les jeunes puissent construire leur avenir Comme l’exprimait la devise du Colonel FABIEN il faut « VAINCRE ET VIVRE »
LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017 - 31
L’ARAC a cent ans Cent ans de combats pour la Paix, l’antifacisme, la dignité humaine POUR UNE FRANCE REPUBLICAINE De ces soldats est née l’ARAC
DEMOCRATIQUE ET SOUVERAINE
1917 2017
t u b é d e l J-79 avant E U Q I R O T S I H S È R G N O du C s n a 0 0 1 s e l célébrant n o i t a é r c de la C A R A e r t o de n Quelle fierté, quel bonheur, quel honneur, pour tous les militants d’hier et d’aujourd’hui de constater à quel point nos fondateurs lors de leur congrès du 2 novembre 1917, ont porté loin leur vision d’avenir dans la défense des Valeurs de la république, de la souveraineté du pays, la démocratie, et qui aujourd’hui encore se révèlent d’une force et d’une justesse pour la défense de chacun, et au-delà de nos anciens combattants. C’est pourquoi, à ce congrès, pas un militant de l’ARAC ne doit manquer à l’appel, le moment est trop fort, trop intense pour le rater. CENT ANS d’actions au service des combats pour la dignité humaine, la liberté, en France et dans le monde, pour défendre les droits de chaque être humain, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs. 32 - LE RÉVEIL - N° 836 - JUILLET-AOÛT 2017
100 ans d’engagement, de combats, et d’espoir d’un monde meilleur, sans guerre, pour un MONDE de PAIX Soyez nombreux, voyez avec vos comités locaux ou départementaux pour organiser des convois de voitures, des départs en trains ou en cars, mettez tout en œuvre pour assister à ce congrès historique et si vous hésitez pensez qu’un siècle d’existence pour une Association, c’est énorme et que nous marquerons l’histoire en novembre 2017 ! À l’ARAC nationale nous serons tous à votre disposition pour vous faciliter ces déplacements Contribuez à faire perdurer l’existence de l’ARAC (par des dons, toutes autres actions, legs), et pour aider à la réussite de cet évènement historique (téléphone 01 42 11 11 18).