Le Réveil des combattants - Septembre 2017

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NOUS NE SOMMES ET NE SERONS JAMAIS DES ESCLAVES

TÉHÉRAN RESPECTE L’ACCORD SUR LE NUCLÉAIRE

JACQUES DUCLOS, UN HOMME VÉRITABLE QUI CONSTRUISAIT L’AVENIR

Septembre 2017 - N° 837 - 5 €

Monsieur Macron

La France du 21 siècle e

A BESOIN de

DÉMOCRATIE PAS de

DESPOTISME


LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Pierre Albert Herz, un Résistant de la première heure Un film de Pierre Louis Herz Réalisé par Jean-Paul Despresse Son procès n’aura pas lieu, Pierre Albert Herz, militant communiste, résistant dès septembre 1940 se fera fusiller volontairement comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, pour ne pas parler et livrer les noms de son réseau. Sa mémoire fut longtemps oubliée, son parcours méconnu, ce n’est que grâce à l’ouverture récente d’archives jusqu’à ce jour inaccessible qui permit, après plusieurs années de recherches, de retracer l’action de Pierre Herz allias « Copa », cadre du Parti Communiste clandestin et l’un des premiers chefs de « l’Organisation spéciale » unité combattante de la Résistance en banlieue sud, notamment à Villejuif, Sainte-Genevièvedes-Bois, dans les autres localités, mais aussi à Paris et aux usines de Renault-Billancourt. Les actions de Pierre Albert Herz furent nombreuses depuis le recueil des renseignements pour Londres, les sabotages et les coups de mains contre l’Occupant et ses Collaborateurs. Le film à travers des centaines de documents d’archives, de reconstitutions, permet aussi de découvrir le rôle de la police française avec les sinistres Brigades Spéciales 1 & 2, la répression dans les usines, la condition des condamnés à la prison de Fresnes, à la prison de la Santé, au Fort de Romainville, leur transfert au Mont-Valérien, les exécutions massives de 88 Résistants et otages du 11 août 1942 générant un hommage bien tardif après-guerre. Mais au-delà des images et de l’émotion, ce film dénonce aussi une falsi2-

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fication de l’Histoire que ce soit par une réécriture de celle-ci, une appropriation ou bien encore les Commissions de la honte des années cinquante… « Résister se conjugue toujours au présent », tel est aussi le cri lancé aux jeunes générations à qui ce film s’adresse pour conserver la mémoire de ces Hommes qui ont réalisé des faits si extraordinaires, et sans qui, la France, issue du programme du Conseil National de la Résistance, ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Avec les interviews d’Yvon Bouquillon, historien, Claudine Cordillot, maire de Villejuif, Léa De Donder Mont-Valérien, Georges Duffau-Esptein, fils de Fusillés, Président de l’Association pour le Souvenir des fusillés du Mont-Valérien et de l’Ile de France, Thomas Fontaine, auteur et historien, François Gicquel Commissaire Divisionnaire aux archives de la Préfecture de Police, Pierre Laurent, Secrétaire National du Parti Communiste Français, Olivier Leonhardt, maire de Ste-Geneviève-des-Bois, Aurélie Pol, directrice des HautsLieux de Mémoire Mont-Valérien.

Bonus : Interviews sur les lieux, « La forteresse du Mont-Valérien » par Yvon Bouquillon – 9 minutes Et « Le Fort de Romainville » par Thomas Fontaine – 19 minutes


ÉDITO LE RÉVEIL MACRON SEME LA MISERE, IL RECOLTERA LA TEMPETE

SOMMAIRE Actualités Pierre Albert Herz, un Résistant de la première heure : Un film de Pierre Louis Herz Réalisé par Jean-Paul Despresse ............................................................................................... 2 Pouvoir d'achat : les Français auraient besoin de 484 euros de plus par mois ................ 4 Des milliers de postes dans le viseur à Pôle emploi .............................................................. 4 Après le Code du travail, Macron attaque les systèmes de protection sociale ................5 Bruxelles applaudit la réforme du marché du travail en France .......................................... 6 CAC 40 : les profits des entreprises ont grimpé quatre fois plus vite que leur chiffre d’affaires ....................................................................................................................................... 7 Nous ne sommes et ne serons jamais des esclaves ............................................................... 8 Les novices de Macron (Jean-Paul Delevoye) ..................................................................... 24 Livres et Cuba ............................................................................................................................ 31

International Birmanie : Le pesant silence de Aung San Suu Kyi ................................................................. 9 Privilégier la négociation .......................................................................................................... 10 Téhéran respecte l’accord sur le nucléaire .......................................................................... 11 Corée du Nord : La diagonale des fous .......................................................................... 11-12

Vos droits Retraite du Combattant, rectificatif ....................................................................................... 21 Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires .............................................. 24 Commission nationale d’attribution de la carte du combattant ....................................... 26

Vie de l’ARAC Clichy 1947 – 24e Congrès de l’ARAC (extraits) .................................................................... 21 Paris 12e – Inauguration d’une place Lise et Artur London ................................................ 22 11e édition du concours des petits artistes de la Mémoire .............................................. 23 Geneviève Darrieusecq, une secrétaire d’Etat suppléante pour les ACVG ?................... 25 Fabien Roussel Rencontre à l’Assemblée Nationale ........................................................... 26 Vie des comités et Tombola .................................................................................................... 27 Fête de l'Humanité 2017 .......................................................................................................... 28 Manifestations ........................................................................................................................... 28 Nos peines ................................................................................................................................. 29

P. 13 . D O S S I E R Jacques Duclos, un homme véritable qui construisait l’avenir ◗ Jetés sous film avec ce numéro : 1 carnet de tombola et 1 enveloppe T.

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

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L

a signature des ordonnances même mise en scène par le Président de la République et leur promulgation n’est pas la fin du processus. Si les ordonnances sont applicables dès leur publication au Journal Officiel, elles n’acquièrent force de loi qu’après ratification par l’Assemblée Nationale et le Sénat. L’action et la mobilisation n’ont aucune raison de s’arrêter. De nouveaux secteurs (SNCF, transports routiers, retraités, fonction publique…) rentrent en lutte et seront décisifs pour imposer d’autres choix que ceux qui profitent aux très riches. Président mal élu : 18 % des inscrits au 1er tour, 43 % des inscrits au 2e tour dont une large majorité a utilisé le bulletin Macron pour faire barrage au front national. Président du capital, la preuve se trouve dans le budget 2018 avec un cadeau fiscal sur les salaires des grands patrons des banques et assurances de 300 millions d’euros, qui s’ajoute à l’ISF transformé en impôt sur la fortune immobilière qui coûte à l’Etat 4,2 milliards d’euros. Le gouvernement cache derrière une communication axée autour de la modernité, une politique qui ne sert que les intérêts des financiers au détriment des conditions de travail et de vie des Français. Il mène une offensive contre l’ensemble de nos concitoyens : casse de la fonction publique, hausse de la CSG, de la TVA… après le code du travail, c’est l’assurance chômage, la sécurité sociale, les retraites. Va-t-il mettre la France au niveau social de la Grèce actuelle ? Tsípras a transformé son pays à coups de réductions sociales, limitation du droit de grève, baisse des salaires et pensions, privatisations… pour le plus grand malheur des Grecs sauf au profit des investisseurs financiers. Macron joue le rôle de VRP de la Commission Européenne, de M. Juncker. Il n’est pas là pour décider mais pour exécuter. Ainsi le contenu des ordonnances pour exterminer le Code du travail le sont en application des ordres donnés par Bruxelles : remise en cause du CDI, libéralisation du droit de licencier, baisse des salaires, attaques contre l’assurance chômage, le logement social… La jeunesse du président, l’idée du modernisme, l’utilisation des médias ne peuvent cacher le fond de la démarche. Ouvrons les yeux, la lutte de classe n’est pas morte surtout quand le président est au service des possédants. Reste une seule solution, le rassemblement et l’action, c’est ce à quoi nous travaillons à construire. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

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Pouvoir d'achat : les Français auraient besoin de 484 euros de plus par mois Un tiers des Français connaissent des fins de mois difficiles selon le baromètre Cofidis-CSA. La moitié d'entre eux restent pourtant optimistes. L'édition 2017 du baromètre Cofidis-CSA, publiée lundi 11 septembre, illustre une situation assez contradictoire concernant le pouvoir d'achat des Français. Malgré une situation fragile pour une grande partie d'entre eux, un certain optimisme reste de rigueur quant aux perspectives d'amélioration dans les mois qui viennent. 45 % des Français déclarent vivre mal. Parmi eux, 31 % pensent vivre de plus en plus mal, 9 % estiment qu'ils basculent dans la pauvreté et 5 % affirment y être d'ores et déjà. 30 % des sondés sont à découvert au moins une fois tous les trois mois, le montant moyen de leur déficit étant de 394 euros, soit plus de 30 euros supplémentaires par rapport à 2016. En moyenne, il leur manque la somme de 484 euros chaque mois pour pou-

voir vivre de façon « confortable ». Là encore, ce montant est en hausse, de 20 euros, par rapport à l'an passé. Malgré cette évolution inquiétante, le baromètre montre également un certain optimisme qui tranche avec ces données chiffrées. Ceux qui jugent leur pouvoir d'achat « élevé », soit 15 % des sondés, l'ont vu augmenter de 4 points en un an. La moitié des Français déclarent que leur pouvoir d'achat a augmenté ou est resté stable sur un an. Une confiance qui s'illustre en particulier chez les plus jeunes. 33 % des 18-24 ans pensent en effet que leur pouvoir d'achat va augmenter durant l'année à venir, tandis que 76 % des 65 ans et plus s'attendent à ce qu'il diminue. L'engagement de dépenses importantes pour des projets professionnels ou im-

mobiliers reste une motivation pour près de deux tiers des Français (64 %, en hausse de 6 points), qui prévoient d'en entreprendre dans les douze mois qui viennent. Il n'y a en revanche pas eu, selon ces résultats, d'effet particulier lié à l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République. 55 % des personnes interrogées jugent que le quinquennat à venir ne sera pas forcément favorable à leurs projets. Une étude paradoxale jusqu'au bout. Le Point.fr du 11/09/2017« extraits »

Des milliers de postes dans le viseur à Pôle emploi Le gouvernement envisage de réaliser trois milliards d'économies en cinq ans sur le budget du service public de l'emploi. A la clé, notamment, des milliers de suppressions de postes. Pour réaliser des économies drastiques, Pôle emploi et ses 54 000 salariés sont bien à l'aube d'un dégraissage massif. « Plusieurs milliers de postes de cadres du service public de l'emploi sont dans le viseur de Bercy », assure un visiteur du soir de Matignon. Selon lui, entre les budgets 2018 et 2022, les coupes dans les effectifs et d'autres mesures devraient aider l'Etat à économiser « une enveloppe de près de 3 Mds€ ». Pas question donc – a priori – de toucher à l'accueil ou à l'accompagnement des chômeurs. Ni de privatiser complètement ce service public créé 4-

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en 2008, à l'issue de la fusion entre l'ANPE et le réseau des Assedic. Mais qu'envisage-t-on alors ? « Une fois les postes supprimés, soit on réorganise en interne, soit on externalise ce service public, ce qui est plus probable », décrypte un haut fonctionnaire. « La bombe sera lâchée, l'air de rien, lors du grand forum de la fonction publique », glisse l'un d'eux. Ce rendez-vous, annoncé depuis plusieurs mois par Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, doit permettre de lancer un vaste débat national sur le service public en France.

Les débats risquent d'être musclés, car les syndicats n'ont pas été informés de cette refonte à venir. « En France, seuls 8,8 % des chômeurs retrouvent un travail grâce à Pôle emploi, égratigne Agnès Verdier-Molinié, directrice de l'Ifrap, un think-tank libéral. En Australie, le placement des chômeurs a été confié à des structures privées avec d'excellents résultats. Nous devons suivre cette voie-là. » L'actuel ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, devrait lui prêter une oreille attentive. Lors des primaires des Républicains, il proposait justement de privatiser Pôle emploi. Source : Le Parisien


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Après le Code du travail, Macron attaque les systèmes de protection sociale Trois jours avant sa présentation des ordonnances de destruction du code du travail, le 31 août, le premier ministre Edouard Philippe a annoncé une série de mesures visant à compléter sa casse de ce qui reste du « modèle social français ». Sous le prétexte cousu de fil blanc de « moderniser » les systèmes de protection sociale, il met en œuvre la démolition de tout ce que la classe ouvrière a acquis dans ses luttes au cours du 20e siècle.

pas exhaustive, le Medef ayant déjà signalé vouloir casser le smic (salaire minimum). …Sous le prétexte bidon d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés, le gouvernement veut supprimer les cotisations chômage et les remplacer par une augmentation moindre de la CSG, c’est-à-dire un financement par l’impôt. Le but à terme est de quitter le système de l’assurance et d’exonérer le patronat.

Ces mesures doivent « remettre à plat », en fait liquider dans leur forme actuelle les principaux systèmes d’assurance sociale et d’aides dont bénéficient encore les travailleurs. « Ce n’est que le début », avait déclaré Edouard Philippe en présentant ses ordonnances sur le Code du travail.

Le tout sera assorti de contrôles des chômeurs que le gouvernement veut « drastiques ». Ceux-ci perdront leurs indemnités s’ils refusent un emploi, devront accepter des emplois toujours plus précaires et mal payés. En fait une remise en cause fondamentale du droit à l’indemnisation.

… le gouvernement veut dès le mois de septembre s’attaquer à l’assurance chômage, à la formation professionnelle, au logement, à la santé, avant de s’attaquer aux retraites. La liste n’est

C’est aussi une manière d’imposer un secteur de travail à bas salaires, comme en Allemagne avec les lois Harz, qui fragilisera l’ensemble des salaires et créera une masse de « pauvres travaillant ». …La formation professionnelle est traitée de la même manière. Le financement paritaire doit là aussi être remplacé et les ressources contrôlées directement par l’État. Selon le Monde une commission veillera à assurer un « retour sur investissement des fonds de la formation professionnelle. » …Sous prétexte de faire revenir les chômeurs dans des emplois, il n’y a plus de formation stable et complète pour des emplois décents mais des bouts de formation en permanence, bons pour des emplois précaires dans des secteurs sans rapport, selon les besoins immédiats des entreprises.

Le gouvernement a aussi annoncé dans la même optique draconienne une « remise à plat » des retraites pour le début de 2018. Il s’agirait, sous le faux prétexte de « simplifier » et de « démocratiser », de fusionner 37 régimes de retraites en un seul, afin que tous les Français disposent des mêmes droits à la retraite « quels que soient leurs statuts et parcours professionnels ». …Le système de santé est lui aussi dans la ligne de mire. Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a annoncé une série de privatisations, des mesures qui auront pour effet de soumettre au profit, de désorganiser et de déréglementer des secteurs économiques ou sociaux avec des conséquences désastreuses pour la population quand elles concernent l’alimentation en eau par exemple ou les transports. Malgré le jargon modernisant dont le gouvernement se sert pour définir ses projets, sa politique est claire : il s’agit d’une destruction des acquis sociaux de la classe ouvrière au profit des super riches. Une politique bien illustrée par la réforme de l’ISF (Impôt sur la Fortune). Ce projet « devrait réduire de trois quarts les recettes de l’impôt de solidarité sur la fortune. Un cadeau qui profitera surtout aux plus fortunés des fortunés, » déclare Le Monde. …Pour imposer cette politique de destruction sociale, l’oligarchie financière a besoin d’une répression permanente et généralisée de la population. C’est pourquoi l’autre priorité du gouvernement est une « deuxième session parlementaire d’urgence » le 25 septembre pour une nouvelle « loi anti terreur », c’est-à-dire la transposition de l’Etat d’urgence dans le droit commun. LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Bruxelles applaudit la réforme du marché du travail en France Décriées par l’opposition et les syndicats, les ordonnances réformant le marché du travail en France font la joie de la Commission européenne et du patronat. C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron : la réforme de la loi travail serait sa priorité. Jeudi 31 août, le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre du Travail, Muriel Penicaud, ont présenté une série d’ordonnances, destinées à modifier la loi travail existant. Officiellement destinées à « renforcer le dialogue social », ces mesures qui vont du plafonnement des indemnités en cas de contentieux à la réduction des délais de recours des salariés, en passant par la possibilité de négocier sans syndicat en dessous de 50 salariés, vont clairement dans le sens du patronat. Elles ont d’ailleurs été chaleureusement accueillies par Pierre Gattaz, qui les qualifie de « première étape importante » pour

« conforter la confiance des chefs d’entreprise ». (…) Les mesures en question sont en revanche perçues comme un gage de confiance par les partenaires européens. Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel*, a déjà salué cette initiative le 30 août. Et la Commission européenne ne tarit pas d’éloge sur la réforme, en des termes encore plus élogieux que lors de la présentation de la loi El Khomri en 2016. Il faut dire que les ordonnances proposées répondent assez directement aux réclamations régulières de l’exécutif européen, qui évoque à l’envi les rigidités du marché du travail, ou le niveau trop élevé du salaire minimum et des charges sociales patronales en France. Notamment dans le cadre du semestre européen : la France est encore dans le cadre du volet correctif du pacte de stabilité budgétaire, une procédure qui suppose une surveillance accrue de la part de ses partenaires. Dans ce cadre, en plus de la réduction des dépenses, les experts de l’UE ne cessent de réclamer un assouplissement des règles françaises, comme dans le texte du dernier semestre européen.

L’enjeu du nombre de salariés dans une entreprise et des effets de seuils (des règles de négociations spécifiques s’appliquant à partir de dix, puis 50 salariés), que les ordonnances souhaitent relativiser, était clairement souligné dans le dernier texte de recommandation de la Commission européenne. Le président de la Commission JeanClaude Juncker a été continuellement en contact avec le président français sur le sujet. « C’est un pas dans la bonne direction. Nous accueillons favorablement et appuyons la réforme du marché du travail du président Macron » assure une porte-parole de la Commission européenne à Euractiv, insistant sur le fait que cette réforme porte « le signe de l’engagement de la responsabilité européenne » du président français. Un engagement européen que le patronat appelait également de ses vœux dans la bouche de Pierre Gattaz, le 30 août, à l’université d’été du Medef. Source : EURACTIV – Aline Robert – 31/08/2017

* invité par Emmanuel Macron à assister au Conseil des Ministres à l’Elysée le 30/08/2017

On nous parle du modèle Allemand En Allemagne, plus de 900 000 retraités sont obligés de travailler En Allemagne, 11 % des retraités allemands âgés de 65 à 74 ans, soit 942 000 personnes, sont aujourd’hui obligés de travailler. Ce chiffre a doublé en dix ans. En cause, le trop faible montant des retraites. En moyenne, un ancien actif allemand reçoit 1 000 € brut par mois. 6-

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« Le système allemand a créé une retraite à deux vitesses, répond Stefan Sell, sociologue à l’Université de Coblence et spécialiste du sujet. D’un côté, il y a les salariés qui ont suivi une carrière linéaire dans des emplois bien payés, comme dans l’industrie. Ceux-là

touchent une retraite confortable, qui peut aller jusqu’à 1 800 ou 1 900 €. De l’autre, on retrouve toutes les personnes qui ont eu des emplois précaires ou des accidents de parcours. Ceux-là peuvent se retrouver avec des pensions de misère, parfois inférieures à 600 €. »


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Depuis la réforme engagée par le gouvernement SPD dans les années 2000 pour faire face au déclin démographique du pays, les règles de calcul des retraites ont changé. Au bout de 45 ans de cotisations, les seniors perçoivent moins de 50 % de leur ancien salaire. Pour un revenu moyen de 3 000 €, la retraite plafonne ainsi à 1 360 € bruts. En parallèle, depuis une vingtaine d’années, le pays a privilégié le dumping salarial pour accroître sa compétitivité. Avant l’instauration du salaire minimum en 2015, les employés dans la restauration, la vente ou les services étaient généralement payés entre trois et quatre euros de l’heure. Aujourd’hui encore, 7 millions d’Allemands vivent de mini-jobs à 450 € par mois. « les femmes sont les plus touchées par cette précarité, poursuit Stefan Sell. En plus des écarts salariaux avec les

hommes, ce sont souvent elles qui interrompent leur carrière pour élever les enfants ou qui acceptent des temps partiels. » Pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent plus travailler, il reste la possibilité de demander les aides sociales pour atteindre les 850 € mensuels. Mais beaucoup ne le souhaitent pas. « Il n’y a pas de minimum vieillesse en Allemagne. Ce qui signifie que vous devez littéralement vous mettre à nu devant l’administration pour en faire la demande, critique Stefan Sell. Vous devez indiquer combien vous gagnez, quelle est votre épargne personnelle, déménager le cas échéant dans un plus petit logement… ». Avec l’augmentation du coût de la vie et des loyers dans les grandes villes, les seniors sont de plus en plus nombreux à solliciter l’aide des associations.

Paupérisation des retraités allemands.

« On considère que 15 % des seniors sont en situation de pauvreté, estime Stefan Sell. Si aucune réforme de fond n’est menée, ils pourraient être 30 % dans les prochaines années ».

CAC 40 : les profits des entreprises ont grimpé quatre fois plus vite que leur chiffre d’affaires Les entreprises du CAC 40 ont engrangé plus de 52 milliards d’euros de profit pour 650 milliards d’euros de chiffre d’affaires au cours des six premiers mois de l’année. La tendance observée en 2016 (+32 %) s’est confirmée. Les bénéfices déjà engrangés représentent plus des deux tiers des 75,4 milliards d’euros glanés l’an dernier. Les bénéfices des entreprises du CAC 40 ont augmenté de 26,3 % au premier semestre, portés par l’automobile, le luxe et plusieurs cessions, pour atteindre 52,3 milliards d'euros, contre 41,3 milliards l’an dernier à la même période, selon un décompte réalisé par l’AFP. Le chiffre d’affaires de ces entreprises n’a pourtant progressé que de 6,6 % dans le même temps. « Je pense qu’il faut mettre ça dans un contexte global », a déclaré à l’AFP Vincent Juvyns, stratégiste chez J.-P. Morgan AM. « Le monde économique va globalement bien, ce qui est évidem-

ment de bon augure pour des marchés, des entreprises exportatrices dans de nombreux cas, comme celles du CAC 40 ». « En l’absence de risque géopolitique majeur ou d’erreur de politique monétaire, on est parti pour une très bonne période », a-t-il ajouté. Au classement des profits, Sanofi (6,7 milliards) devance Total (4,5 milliards), BNP Paribas (4,3 milliards), Safran (3,3 milliards) et Axa (3,2 milliards). Le géant pharmaceutique, qui a triplé son bénéfice, a cependant dopé ses comptes avec la vente de son activité dans la santé animale. De même que le groupe aéronautique Safran a fait décoller son résultat net (+84 %) grâce aux cessions de ses deux filiales dans la sécurité. Le semestre a aussi été brillant pour les fleurons français du luxe LVMH (+ 24 %) et Kering (+77 %), ainsi que pour le champion des cosmétiques L’Oréal (+38 %). Principal pourvoyeur de profits, le sec-

teur de la finance (Axa, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale) affiche une timide hausse de 1,8 % avec 11,5 milliards d’euros. Les valeurs industrielles poursuivent leur redressement, ArcelorMittal et LafargeHolcim multipliant même leurs bénéfices par plus de trois, tandis que Total (+ 36 %) profite de la remontée des cours du pétrole. Et l’automobile (Michelin, PSA, Renault, Valeo) confirme son rôle moteur et accélère de 28 % avec 5 milliards. A l’inverse, Airbus traverse encore un trou d’air (- 14 %) et Orange revient sur terre (- 75 %) après une grosse plus-value au Royaume-Uni début 2016. Vivendi, qui a publié ses résultats jeudi, voit également son bénéfice reculer de 80,7 %, sous l’effet d’éléments exceptionnels. Seul groupe du CAC 40 dans le rouge au premier semestre, le finlandais Nokia réduit toutefois sa perte de 27 %. (AFP) LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Nous ne sommes et ne serons jamais des esclaves Ça y est, Macron et son gouvernement ont trouvé leur rythme de croisière. Faire le plus vite possible afin de court-circuiter l’intervention des français et servir au mieux les intérêts du MEDEF. Il en est ainsi de la casse du Code du travail et la mise à l’encan des droits des salariés. Sous couvert de créer des emplois, de relancer l’économie de notre pays, Macron, en accord total avec les patrons veut démanteler à marche forcée l’ensemble des droits des salariés. Les prud’hommes au placard, un CDI terminé, le smic qui sera au bon vouloir des puissants jusqu’au CHSCT démanteler, les représentants syndicaux sans plus aucun pouvoir. En fait, le gouvernement et Macron sont les portes flingues des très très riches. Leur but, ce n’est pas la création d’emplois si ce n’est des emplois précarisés au maximum. Les mesures prises n’ont qu’un seul objectif, créer les conditions d’augmenter au maximum le profit et les dividendes du grand patronat, des grands groupes capitalistes au détriment des investissements. Il est vrai que le gouvernement Hollande avait ouvert la voie. Les lois El Komri ont-elles permis la création d’un seul emploi. Non, au contraire, des milliers d’emplois ont été supprimés dans les six derniers mois.

tielle ne ravit que les grands financiers et les équipes mondialisées. Pour faire passer au plus vite ses très antisociales mesures, le Président a pris des ordonnances au cœur de l’été, étouffant la pratique démocratique dans notre pays, mais surtout pour tenter de rendre caduc toute intervention populaire. Pas de chance, le 12 septembre, à l’appel des organisations syndicales CGT SUD UNEF et beaucoup d’autres, plus de 400 000 salariés, retraités, jeunes sont descendus dans les rues dans plus de 180 villes de notre pays. Plus de 4 000 appels à la grève dans des grandes, moyennes et petites entreprises, plus que lors des premières mobilisations contre les lois El Komri, et ce malgré les manœuvres en tout genre, y compris de quelques personnes dites de gauche, pseudo révolutionnaire surtout d’un égocentrisme sans égal pour tenter de diviser le monde du travail. Quel échec pour tous ceux-là et tout montrer que le mécontentement risque de prendre une autre ampleur lors des prochaines mobilisations, heureusement que notre peuple n’est pas encore tout à fait prêt à devenir un peuple d’esclaves. Macron risque très vite de s’en apercevoir.

Le président Macron, c’est encore la casse de la sécurité sociale, la casse des logements sociaux HLM, la casse de l’éducation laïque des enfants et donc de l’éducation nationale, mais encore du service public, de la retraite, des CDI, de tous nos droits des plus fondamentaux, c’est un retour en arrière de plus de 80 ans, c’est le retour d’avant 1930 et c’est cela qu’applaudit le grand patronat et c’est cela qu’il nous faut combattre sans retenue. Cette politique est mortifère pour notre peuple, notre société, notre pays. Nos droits, du plus petit à ce que nous avons d’inscrit partout au fronton des mairies, nos libertés, notre égalité, notre fraternité sont inaliénables. Que notre peuple se lève et fasse comprendre à tout ces profiteurs, à tout ces spoliateurs, à tous ces capitalistes, ces politiques à leur services que nous sommes non seulement bien décidés à défendre bec et ongles ce qui est nôtre mais y compris à conquérir d’autres droits, d’autres libertés et que nous saurons où se trouvent nos intérêts, notre devenir, nos vies. Hervé Corzani

Le Président Macron veut mettre en place une législation exigée par les patrons. Et si nous parlions économie, la situation s’améliore-t-elle ? Que nenni, cela va de mal en pis, plus de chômage, de précarité, de misère, de mépris des possédants à l’égard de ceux qui n’ont rien. Effectivement, si nous prenons l’économie par le bout de la bourse, tout est parfait dans le meilleur des mondes. Celle-ci en hausse exponen8-

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12 septembre – Clermont Ferrand


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Birmanie

Le pesant silence de Aung San Suu Kyi La junte militaire birmane s’acharne sur la population musulmane Rohingya. Le secrétaire général des Nations-Unies qualifie cette répression « d’épuration ethnique. La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, critiquée pour son silence face aux violences ayant contraint à l’exode près de 400 000 musulmans Rohingya, était absente de l’Assemblée générale des Nations unies qui s’est ouverte à New York à la mi-septembre. La répression menée par les forces de sécurité birmanes en réponse à des attaques fin août de combattants Rohingya dans l’Etat d’Arakan (Rakhine) suscite les très vives critiques de la communauté internationale. Certains allant même jusqu’à demander le retrait du Prix Nobel de la paix décerné en 1991 à l’ancienne opposante à la junte militaire surnommé alors « la Dame de Rangoon ». Mercredi 13 septembre, dans une lettre ouverte au Conseil de sécurité, une dizaine de prix Nobel ont appelé les Nations unies à des actions audacieuses et décisives ». « Nous vous demandons d’agir immédiatement pour faire cesser les attaques militaires aveugles sur des civils innocents », indique ce texte signé entre autres par le Bangladais Muhammad Yunus, la Pakistanaise Malala Yousafzai et le Sud-Africain Desmond Tutu. A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies réuni à huis clos à la demande du Royaume-Uni et de la Suède, a adopté une déclaration condamnant « les violences excessives » lors des opérations de sécurité et réclamant « des mesures immédiates pour mettre fin à la violence dans l’Arakan, désescalader la situation, rétablir l’ordre public et as-

surer la protection des civils ». Certes, une déclaration n’a pas le poids contraignant d’une résolution mais, signe de l’urgence et de la gravité de la situation, selon l’ambassadeur britannique auprès des Nations unies, Matthew Rycroft, c’est la première fois en neuf ans que le Conseil de sécurité en adopte une sur la Birmanie. Antonio Guttiéres, le patron des Nations-Unies, a lui même, qualifié les opérations militaires en cours de nettoyage ethnique… Face à l’urgence humanitaire que représente l’afflux de centaines de milliers de réfugiés Rohingya au Bangladesh voisin, l’Onu a réitéré son appel à un accroissement “massif” de l’aide internationale.

L’armée toujours aux manettes Aung San Suu Kyi joue une partie délicate, dit-on dans les milieux politiques, car elle est sans doute soucieuse de ne pas heurter les militaires qui jouissent encore d’une forte influence en Birmanie, six ans après le début de la transition démocratique et il est à noter que la répression militaire en cours contre les Rohingya rencontre un certain soutien dans la population où le nationalisme bouddhiste a pris de l’ampleur ces dernières années. Dans ce contexte, ajoutet-on de même source, Aung San Suu Kyi ne peut guère apparaître comme critiquant l’armée. La « Dame de Rangoun » est à l’épreuve du pouvoir depuis que son gouvernement est entré en fonction en avril 2016. Malgré l’auto-dissolution de la

Aung-San-Suu-Kyi.

junte en 2011, les élections de 2015 et l’entrée en fonction d’un gouvernement civil en 2016, les généraux gardent pratiquement toutes les cartes en main : le Parlement reste composé de 25 % de députés militaires, non élus, nommés par le chef de l’armée. Ils sont assurés ainsi du pouvoir Aung San Suu Kyi, 72 ans, occupe une place particulière dans l’appareil de l’État. Empêchée par la constitution de participer à l’élection présidentielle de 2015, elle est ministre des Affaires étrangères, conseillère spéciale de l’État et porte-parole de la présidence, où a été élu un de ses proches. Des positions qui font d’elle la chef de gouvernement de facto. Mais dans la transition démocratique en cours, le gouvernement doit composer avec une armée toujours très puissante. Ce qui ne peut justifier de fermer les yeux sur les massacres par opportunisme politique. J.-P. Delahaye

Qui sont les Rohingyas de Birmanie ? Un million de Rohingyas vivent en Birmanie, depuis des générations pour certains. Mais les Birmans les considèrent comme des Bangladais, en faisant la

plus importante population apatride au monde. La crise actuelle, avec plus de 370 000 personnes enfuies au Bangladesh voisin depuis le 25 août, s’enracine

dans la partition des Indes britanniques, qui incluaient Birmanie et Bangladesh. Ces musulmans sunnites parlent une forme du chittagonien, dialecte bengali LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL utilisé dans le sud-est du Bangladesh, d’où ils sont originaires. La plupart vivent en Etat Rakhine, dans le nordouest de la Birmanie, mais ils sont apatrides, la Birmanie leur refusant la citoyenneté. La loi birmane sur la nationalité de 1982 spécifie en effet que seuls les groupes ethniques pouvant faire la preuve de leur présence sur le territoire avant 1823, date de la première guerre anglo-birmane, peuvent obtenir la nationalité birmane. Les représentants des Rohingyas assurent qu’ils étaient là bien avant cette date. Des milliers d’entre eux ont fui le pays ces dernières années par la mer pour rejoindre la Malaisie ou l’Indonésie. D’autres ont choisi de fuir vers le Bangladesh, où des dizaines de milliers fuient depuis les violences de fin août entre armée birmane et rebelles rohingyas. Considérés comme des étrangers en Birmanie, les Rohingyas sont victimes de multiples discriminations - travail

forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, règles de mariage injustes et confiscation des terres. Ils ont également un accès limité à l’éducation, ainsi qu’aux autres services publics. Depuis 2011, et la dissolution de la junte militaire ayant régné pendant près d’un demi-siècle sur le pays, les tensions entre communautés se sont accrues. Un puissant mouvement de moines nationalistes n’a cessé ces dernières années d’attiser la haine, estimant que les musulmans représentent une menace pour la Birmanie, pays bouddhiste à plus de 90 %. En 2012, de violents affrontements ont éclaté dans le pays entre bouddhistes et musulmans faisant près de 200 morts, principalement des musulmans. En octobre dernier, nouvelle poussée de violences: l’armée a lancé une grande

opération après l’attaque de postes frontières par des hommes armés dans le nord de l’Etat Rakhine. Accusant les forces de sécurité de multiples exactions, des dizaines de milliers de civils avaient fui leur village. Le scénario se répète depuis fin août, de façon décuplée. Les attaques à l’origine de l’opération de l’armée ont été revendiquées par l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), un groupe qui a émergé récemment, face à l’absence d’avancées sur le dossier par le gouvernement birman.

Privilégier la négociation

Paul Quiles.

Avec l’exacerbation des tensions en Asie, la question de la paix se fait urgente. Paul Quilès, Président d’IDN, ancien ministre de la Défense et ancien président de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale a répondu à l’Humanité. Extraits… L’Humanité : Un regain des tensions 10 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

internationales semble pouvoir être observé depuis l’intronisation du nouveau président des Etats-Unis. Cette situation est-elle irréversible ? Paul Quilès : Donal Trump n’est pas le seul responsable de ce que vous appelez le regain des tensions internationales, même si ses foucades et son attitude changeante et agressive ont tendance à déstabiliser la scène internationale. Au-delà de l’effervescence d’une actualité que les médias nous font vivre minute par minute, il faut replacer les évolutions dans leur contexte sur le long terme. Notre monde multipolaire est traversé de nombreux conflits d’intérêts et d’affrontements potentiels. La diminution des tensions ne peut se faire que s’il existe au niveau international une volonté des grandes puissances de dialoguer, ce qui est inconciliable avec la défiance systématique, l’antagonisme radical et les menaces.

La nouvelle course aux armements à laquelle on assiste vient rendre encore plus difficile ce nécessaire dialogue. Il est regrettable à cet égard que la France, signataire du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ne respecte pas ses engagements et s’apprête à augmenter de façon substantielle le budget de la dissuasion nucléaire. Quant au discours officiel des puissances dotées de l’arme atomique (dont la France), il rejoint de façon étonnante celui du dirigeant nord-coréen, justifiant la possession de cette arme par la nécessité d’assurer la défense des « intérêts vitaux » de son pays ! L’accord négocié il y a deux ans avec l’Iran montre que, même dans un contexte très complexe, une volonté politique bien affirmée et un travail diplomatique persévérant peuvent ouvrir les voies d’un monde moins tourné vers le conflit.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Téhéran respecte l’accord sur le nucléaire Yukiya Amano, secrétaire général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a affirmé jeudi 31 août que l’Iran continuait d’adhérer totalement à l’accord nucléaire Les points importants du rapport trimestriel de l’AIEA sur le programme nucléaire iranien sont les suivants. – Le stock d’eau lourde de l’Iran atteint 111 tonnes. Ce chiffre est en deçà du plafond prévu (130 tonnes) par le Plan global d’action conjoint. Dans le précédent rapport, il était de 128,2 tonnes. – Depuis le précédent rapport, l’Iran a exporté 19,1 tonnes d’eau lourde. – Ce pays a maintenu le niveau de l’enrichissement d’uranium à 3,67 % conformément à ce qui est prévu dans le Plan global d’action conjoint. – Après un arrêt provisoire, l’Iran a réactivé le 17 juin dernier son usine d’eau lourde. – Le stock d’uranium faiblement enrichi atteint 88,4 kg. Le Plan global d’action conjoint autorise un stock de 300 kg. Le stock d’uranium enrichi de l’Iran dans le précédent rapport était de 79,8 kg. Conformément à l’accord conclu en

2015 entre l’Iran et le groupe des 5+1 (les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne), Téhéran s’est engagé à limiter ses activités nucléaires en contrepartie de la levée des sanctions. En vertu de cet accord, l’AIEA a été chargée de superviser le respect par l’Iran de ses engagements. Selon une adoption du Conseil des gouverneurs, un rapport sur la situation du programme nucléaire iranien doit être publié tous les trois mois. Dans tous les rapports post-accord nucléaire, le respect par l’Iran de ses engagements a été confirmé. Et pourtant, en incitant l’AIEA à inspecter les installations militaires de l’Iran, Trump n’a de cesse de semer la discorde entre les parties pour favoriser une éventuelle suspension de cet accord. C’est un de ses engagements de campagne Une autorité de l’AIEA a déclaré à l’agence de presse Reuters qu’elle n’autoriserait pas qu’on instrumentalise les ins-

Le secretaire d’état Americain John Kerry face à son homologue Iranien Javad Zarif.

pections à des fins politiques. « Nous n’avons pas l’intention d’inspecter le site militaire de Partchine pour envoyer un message politique », a dit cette autorité. En réaction aux récentes campagnes propagandistes lancées par les États-Unis et visant à amener l’AIEA à inspecter les sites militaires iraniens, les autorités de l’AIEA ont affirmé que pour l’instant rien ne saurait justifier une telle inspection.

Corée du Nord

La diagonale des fous De provocations en provocations la tension monte dangereusement entre Pyongyang et Washington. L'ONU adopte à l'unanimité de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord. Quelques jours à peine après KIM Jong-Un tire un nouveau missile… La Corée du Nord a tiré, vendredi 15 septembre, un missile balistique au-dessus du japon sur une distance semblet-il inédite, moins d’une semaine après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une huitième série de sanctions pour obliger Pyongyang à renoncer à ses programmes balistique et nu-

cléaire interdit par les Nations-Unies. La résolution du 11 septembre, adoptée par le Conseil de sécurité à l’unanimité, prévoyait notamment des limitations dans l’approvisionnement en pétrole et en gaz de la Corée du Nord. Pour s'assurer du soutien de la Russie et de la Chine (dotées d'un droit de veto)

lors du vote, Washington a dû revoir à la baisse ses prétentions d'origine et renforcer les paragraphes liés à la recherche d'une solution pacifique seule issue à la crise. Après plusieurs jours de négociations intensives, l'embargo sur le gaz naturel a été gardé mais pour le pétrole, qui à l'origine devait être visé par un LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 11


LE RÉVEIL INTERNATIONAL embargo total, les ventes seront finalement limitées à 500 000 barils pendant trois mois à partir du 1er octobre pour passer à 2 millions de barils le 1er janvier pour 12 mois. Cela représente une réduction de 10 % des produits pétroliers, selon le département américain de l'Energie, qui estime à 2,2 millions de barils les importations nord-coréennes. Pyongyang importe essentiellement de l'essence et du diesel de Chine, selon l’administration Trump. Le premier projet de résolution piloté par Washington, était « maximal » sur « absolument tout ». Il prévoyait notamment un embargo total et immédiat sur le pétrole, les produits dérivés et le gaz, le renvoi en Corée du Nord de ses expatriés (plus de 50 000, selon l'ONU), le gel des avoirs de Kim Jong-Un, l'interdiction d'importer du textile nord-coréen et des inspections au besoin par la force de navires en haute mer suspectés d'acheminer des cargaisons interdites par les résolutions de l'ONU. Un programme tout en escalade qui aurait pu conduire au pire ! Si la tension dans la région est à son comble depuis plusieurs mois, la situation n’est pas nouvelle. « Nous nous sentons en état de guerre permanent. » Cette déclaration d’un haut dignitaire nord-coréen recueillie à Pyongyang peut résumer, pas justifier, l’attitude belliqueuse des chefs nord-coréens. Coupée en deux au lendemain du conflit qui déchira le pays de 1950-1953, la péninsule coréenne a été longtemps l’objet d’une guerre d’influence entre Washington et Moscou. Après la chute de l’URSS elle s’est petit à petit, et au fur et à mesure de la montée en puissance de la Chine, transformée en lutte d’influence entre Washington et Pékin. L’armistice signé en 1953 n’est pas la paix et les deux Corées sont toujours techniquement en guerre. Les 30 000 soldats américains au Sud (plus 50 000 autres au Japon) et les installations militaires sophistiquées made in USA sont perçus par Pyongyang comme une menace d’invasion visant à réunifier la péninsule sous le contrôle de Séoul et donc des Amé12 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

ricains. D’où une escalade peut-être « démesurée » mais qui s’appuie sur du réel et un nationalisme exacerbé. La Corée du Nord n’a cessé de vouloir se « protéger et de se défendre » en finançant une armée conventionnelle d’un million d’hommes et en lançant, il y a plus de quarante ans, ses programmes nucléaire et balistique. Des milliards engloutis dans la course aux armements au détriment d’une population qui majoritairement vit dans la misère, notamment dans les campagnes et sous le joug de la dynastie des Kim.

Washington veut à tout prix contenir Pékin Pour le quotidien la Croix « ignorés ou sous-estimés dès le départ, ces programmes militaires de surarmement ont permis de déboucher sur une évidence : la Corée du Nord est devenue une puissance nucléaire, capable de se défendre en cas d’attaque américaine ». Cette « assurance-vie », comme la définisse les dignitaires nord-coréens, fait aujourd’hui trembler le monde. De provocations en provocations la tension monte dangereusement entre Pyongyang et Washington. Durant la présidence d’Obama, la Corée du nord a mené quatre tests nucléaires (en 2009, 2013, puis en janvier et septembre 2016), sans s’attirer d’autres que les « foudres diplomatiques » de la Maison-Blanche. Ce que certains spécialistes ont qualifié de

« patience stratégique ». Une façon, selon eux, pour Obama, de se détourner d’un dossier jugé trop complexe, « laissant ainsi à Pyongyang la possibilité de poursuivre ses progrès technologiques sans obstacles »… Dès son arrivée à la Maison-Blanche, Trump ignare en matière de politique internationale et qui ne rate jamais une occasion de critiquer son prédécesseur a bombé le torse face à Kim Jong-un qui lui multiplie depuis des mois les dangereuses provocations en poursuivant les tirs de missiles. Pour de nombreux observateurs, les déclarations du président américain, commandant suprême des troupes US, évoquant « une guerre nucléaire » ou une « frappe préventive », ses tweets provocateurs menaçant la Corée du Nord « du feu et de la fureur », semble tenir d’une « stratégie de l’incohérence », ne cessant de demander des sanctions de plus en plus sévères à l’ONU sans proposer de diplomatie pure en parallèle. L’enjeu nord-coréen permet aussi aux États-Unis de vendre de plus en plus d’armes à leurs alliés sud-coréens et japonais, et justifie un renforcement de la présence militaire US dans le Pacifique jusqu’à l’île stratégique de Guam, à 3 500 km de la péninsule. Face à la montée inexorable de la puissance militaire chinoise en Asie, la menace nord-coréenne vient servir les intérêts américains qui visent surtout à « contenir » la puissance montante de Pékin.

La Corée-du-nord envoie encore un missile au-dessus du Japon.

J.-P. Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE N° 837 SEPTEMBRE 2017

ÉDITO Jacques Duclos, un homme véritable qui construisait l’avenir En 1896, le petit village des Hautes-Pyrénées de Louey n’imaginait pas qu’il donnait naissance à l’une des personnalités françaises les plus marquantes : Jacques Duclos. Il a eu une vie hors norme cet apprenti pâtissier, épris de culture, au physique bonhomme et à l’accent rocailleux. Issu d’une famille de paysans pauvres. Son père exerçait la profession de charpentier et sa mère celle de couturière. La grande salle du logis servait épisodiquement de salle d’auberge et c’est là, sans doute, que Jacques Duclos eut ses tout premiers contacts avec la politique : des ouvriers de l’Arsenal de Tarbes s’y réunirent et chantèrent l’Internationale lors du soulèvement des viticulteurs en 1907. Sa formation première se partagea entre l’instituteur laïc et le curé qui lui inculqua une solide éducation chrétienne et l’amena à faire sa confirmation. Doué pour les études, Jacques Duclos passa son Certificat à douze ans. Mais, faute de moyens financiers, l’adolescent dut, comme alors la plupart des jeunes de son milieu, entrer en apprentissage. Ce brutal coup d’arrêt le marqua profondément et détermina deux traits constants de son caractère : comme chez tout autodidacte, une extraordinaire bou-

limie de lectures et de connaissances et la volonté enracinée de lutter contre une société qui ne permettait pas aux couches les plus pauvres d’accéder à la culture, à l’éducation et de bénéficier d’une promotion sociale. Apprenti pâtissier à Tarbes, il était déjà, à quinze ans, un ouvrier qualifié, il décida de « monter » à Paris. De 1912 à 1914, il élargit sa culture et commença à s’intéresser à la politique. Il suivit les cours de l’Université populaire où il écouta Anatole France. Jeune provincial avide d’étendre le champ de ses connaissances, il fréquenta assidûment les théâtres et en profita pour améliorer ses fins de mois au titre de la « claque » ou comme figurant. Mobilisé le 1er avril 1915, il fut envoyé après six mois d’instruction, dans les Vosges, avant d’être dirigé sur Verdun en juin 1916. Pour Jacques Duclos, comme pour tous ceux de la « génération du feu », cette expérience de la guerre fut décisive et marqua son engagement de toute une vie. Rapidement, il adhéra à l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants) et assista aux réunions de la section socialiste SFIO du Xe arrondissement bien que non-membre du

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

Parti. S’intéressant dès lors activement à la politique, il participa à la campagne électorale du 16 novembre 1919 au 17 janvier 1920 avec Raymond Lefebvre, Paul Vaillant-Couturier et Marcel Cachin. Son militantisme à l’ARAC se renforça et il suivit de plus en plus la vie de la section socialiste du Xe au point que le 30 décembre 1920, au soir du congrès de Tours, il adhéra au nouveau Parti. Conteur né, il avait la répartie vive, de l’humour, le sens de l’improvisation, une voix chaude et rocailleuse de la Bigorre et un dynamisme à toute épreuve.


LE RÉVEIL DOSSIER

« Mémoires de Jacques Duclos* »

Jacques Duclos avec son frère Jean avant la guerre.

« C’est dans le petit village de Louey, situé dans les Hautes-Pyrénées, entre Tarbes et Lourdes, que je vis le jour le 2 octobre 1896. Il y avait aussi à la maison mon frère aîné, Jean, de deux ans plus âgé que moi, et ma vieille grand-mère. Plus tard, alors que j’avais huit ans, un autre frère, Louis, vint au monde* ». « Tel était le cadre familial dans lequel je vécus les premières années de mon existence, dans un village sans histoires peuplé de paysans, les uns plus aisés que les autres, mais il n’y avait pas de gros propriétaires terriens. N’empêche, la fortune étant relative les paysans les plus pauvres considéraient les autres comme des 14 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

riches. Et le signe de la richesse résidait dans l’importance du portail de la ferme et dans le « luxe » de la voiture à chevaux qu’on sortait les jours de marché pour aller à la ville voisine, Tarbes. Au pied d’une colline située à l’est du village, coule une rivière, l’Echez, affluent de l’Adour, sur laquelle se trouvaient trois moulins dont deux en activité. Deux auberges, un cloutier qui allait vendre ses clous aux paysans de la montagne, un maréchal-ferrant, un charron-forgeron, un charpentier (mon père)* » « Dès que j’eus la possibilité d’observer et de comprendre, je fus intrigué par les conversations des clients de l’auberge. Conversations roulant en général sur des questions agricoles, ou concernant le bétail s’il s’agissait d’habitants du village, et plus diversifiées s’il s’agissait des gens de la ville venant le dimanche à la pêche dans la rivière du village, pour rentrer assez souvent bredouilles. Avant d’aller à l’école je ne parlais pas français. Mes parents qui connaissaient parfaitement notre langue nationale, parlaient toujours le dialecte occitan de mon village, un dialecte plein de saveur et riche de sonorités. Quant à ma grand-mère, elle ne savait ni lire ni écrire et elle ne comprenait du français qu’un nombre assez réduit de mots qu’elle n’essayait jamais de prononcer. Les vieux paysans de mon village étaient d’agréables conteurs et notre dialecte prenait sur leurs lèvres une saveur extrême. Les histoires qu’ils racontaient étaient toujours arrangées de telle manière qu’elles donnaient l’impression de s’être passées, si ce n’était dans le village même, du moins aux environs* ». « Mes parents n’étaient pas riches, aussi fallait-il regarder à la dépense. La nourriture était simple mais ma

mère était bonne cuisinière. Lorsqu’un voisin « faisait au four », c’est-à-dire cuisait son pain pour une quinzaine de jours, elle profitait de l’occasion pour porter au four, à cuire dans un pot de terre, des haricots avec des oignons et une couenne de lard qui constituaient un véritable régal, ou bien des pommes vertes tombées de l’arbre qui, avec un peu de sucre devenaient délicieuses. Et le pain de 6 kilos que l’on achetait était trop bon le premier jour parce qu’on en mangeait trop, mais quand il commençait à durcir il durait davantage, « abondait » comme disait ma mère en patois. Le quatre-heures consistait en un quignon de pain frotté à l’ail et saupoudré de gros sel. Nous avions quelques poules, on tuait le cochon et deux fois par an seulement, il y avait de la viande de boucherie sur notre table, à l’occasion de la fête locale de Saint-Saturnin, et à l’occasion de la Noël, le bœuf en daube mangé avec de la pâte de maïs, étant le plat traditionnel du réveillon* ». Après avoir été apprenti à Tarbes, Jacques Duclos découvre Bagnères-de-Bigorre : « Je trouvais du travail à Bagnères-de-Bigorre, à la pâtisserie Billère qui était fort réputée et où le travail ne manquait pas. Les journées étaient longues mais je trouvais le moyen de lire et le patron de la pâtisserie m’ayant permis de prendre des livres dans sa bibliothèque, je fis connaissance avec Voltaire dont le Candide me fit beaucoup réfléchir. On en faisait des tartelettes à la pâtisserie Billère, qui étalait son opulente façade à l’entrée de l’Allée des Coustous qu’ombrageaient de très vieux platanes et qui maintenant est transformée en parking* ». A 16 ans, il monte travailler à Paris. A 19 ans, en 1915, Jacques Duclos se trouve plongé dans l’enfer de Verdun. Il se battit bravement, comme des millions d’autres poilus. Il est blessé à Verdun en 1916 par


DOSSIER LE RÉVEIL un éclat d’obus. Son frère Jean, aura eu moins de chance, il laissa sur les champs de bataille un nez et un œil. Après sa convalescence, il rejoint le 60e RI qui part occuper un secteur le long du canal de l’Aisne à la Marne, près de Loivre. En février 1917, c’est autour des ruines de la ferme du Godat qu’il attend, dans la nuit du 15 au 16 avril, avant de s’élancer en direction d’Orainville, la mission du 60e étant d’aider les régiments voisins pour la prise du bastion de Brimont. Si les Français parviennent à avancer jusqu’à la voie ferrée dans la matinée, la situation se complique lorsque les Allemands organisent une contre-attaque alors que le soutien de l’artillerie et des régiments voisins du 60e est insuffisant. Jacques Duclos est alors fait prisonnier. Son régiment perd près de 1 000 combattants au cours de la journée. Jacques avait quitté l’école à douze ans, mais était resté, pendant l’adolescence, avide de culture et de lectures. Hospitalisé, après sa blessure à Verdun, il dévore Balzac. Après la guerre, ayant repris son métier d’ouvrier pâtissier, c’est « Le feu » d’Henri Barbusse qui le fait passer de la lecture à l’engagement politique. L’impact de ce livre sera énorme, sur bien des ouvriers, comme Jacques, qui nourriront leur révolte avec ce sentiment d’avoir servi de chair à canon à une bourgeoisie qui a bien su tirer son épingle du jeu de la guerre.

Jacques Duclos devant Reims en 1917.

Jacques Duclos et l’ARAC Dans la préface de « L’HISTOIRE DE L’ARAC » (1971), Jacques Duclos écrit : «… Ces quatre hommes si dissemblables, se complétant magnifiquement, exercèrent une grande influence sur ceux qui, comme moi, revenus tout jeunes de la guerre, illuminés par la Révolution Russe, croyant en elle et ne trouvant pas en France un groupement humain s’inspirant de cette Révolution, se rassemblèrent au sein de l’ARAC. Pour ma part, ayant été fortement influencé par la lecture du « Feu », dès ma démobilisation en 1919, je donnai mon adhésion à l’ARAC dans le 10e arrondissement de Paris où j’habitais. Mon frère Jean donna son adhésion le même jour que moi. L’ARAC en tant qu’associations d’Anciens Combattants, défendait certes les revendications matérielles des Anciens Combattants et Victimes de la guerre, mais elle attachait aussi une grande importance à leurs revendications morales, et au premier plan de ces revendications se situait la lutte contre la guerre et contre le système social qui avait engendré le cataclysme de 19141918. … aux heures les plus sombres de l’occupation hitlérienne, nombreux furent les anciens combattants en uniforme membres de l’ARAC qui devinrent des soldats sans uniforme, luttèrent et souvent moururent pour délivrer la France de la barbarie hitlérienne. … l’action de chacun de nous sert à quelque chose pour faire tourner un peu plus vite la roue de l’Histoire, pour hâter la venue d’un monde sans armes où les efforts des hommes ne serviront plus seulement à faire la richesse de quelques-uns, mais à assurer la satisfaction des besoins de tous dans la paix, la liberté et l’entente entre les peuples. »1

Duclos avec B. Frachon.

Dans son livre « Mémoires », Jacques Duclos se rappelle des créateurs de l’ARAC : « Je revois Raymond Lefebvre qui n’eut pas le bonheur de voir le Congrès de Tours, et je l’entends parler d’une voix pathétique de l’avenir révolutionnaire de notre apus avec une passion qui emportait l’adhésion. Je le revois dans cette salle du café du faubourg Saint Denis où se tenaient les réunions de l’ARAC, insister sur le devoir qu’avaient les anciens combattants de prendre place aux côtés des révolutionnaires soviétiques dont un des premiers actes avait été le décret sur la paix. Je revois Paul Vaillant-Couturier qui, dans l’éclat de sa jeunesse, était le porte-parole éloquent de la solidarité de combat avec les révolutionnaires de Russie. »2 Il adhère au Parti Communiste après le Congrès de Tours et continue de militer à l’ARAC. Il est alors secrétaire de la rédaction du journal de l’ARAC. En 1932, il devient vice-président de l’ARAC que préside Henri Barbusse.

1. « L’Histoire de l’ARAC » (1971) – Préface de Jacques Duclos 2. « Mémoires » Jacques Duclos LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 15


LE RÉVEIL DOSSIER

Jacques Duclos Discours du 14 juillet 1935 (extraits) «… Nous donnons aujourd’hui un exemple magnifique de notre réconciliation française. Il y a ici des hommes qui, hier encore, se combattaient et qui aujourd’hui, sans rien abandonner de leurs convictions, sont dressés coude à coude contre le fascisme menaçant. Notre union fait la force. Face aux ligues fascistes qui se préparent à livrer l’assaut, grâce à la tolérance du chef du gouvernement, la désunion des travailleurs serait la plus irréparable des fautes. Aussi notre serment du 14 juillet 1935 prendra-t-il place dans la série des grands actes historiques dont s’enorgueillit le peuple français. Notre drapeau, c’est le drapeau rouge, le drapeau qui déjà fut brandi par le peuple durant les années 1792, 1793 et 1794, le drapeau qui flotta sur les barricades à maintes reprises au cours du siècle passé, le drapeau qui connut la victoire avec les héros immortels de la Commune de Paris, le drapeau de combat et d’espoir des prolétaires du monde entier, le drapeau qui flotte victorieusement sur un sixième du globe. Mais nous qui luttons sous les plis du drapeau rouge, nous sommes heureux de voir à nos côtés des combattants de la liberté qui abordent le drapeau tricolore dont nos ancêtres firent l’emblème de la grande révolution française et qu’on vit souvent voisiner sur les barricades avec notre drapeau rouge. Nous voyons dans le drapeau tricolore le symbole des luttes du passé et dans notre drapeau rouge le symbole des luttes et des victoires futures. Et si l’immense foule rassemblée aujourd’hui chante 16 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

en cette mémorable journée, non seulement notre hymne d’espérance et de lutte, l’Internationale, mais aussi la Marseillaise, nous n’oublierons pas que la Marseillaise est un chant révolutionnaire dont nous reprenons volontiers l’appel vibrant: Liberté, liberté chérie, Combat avec tes défenseurs. Oui, nous sommes les défenseurs de la liberté contre les fascistes et nous jurons de tout faire pour que l’union réa- lisée aujourd’hui continue demain. [...] En avant, sous le drapeau du Front populaire! En avant pour défendre le pain des travailleurs! En avant pour sauver la paix et dresser la fraternité des peuples face à l’internationale des marchands de canons ! En avant pour défendre la liberté conquise par nos pères ! En avant, peuple de France: le fascisme ne passera pas !

Réveil des Combattants de septembre 1936 (extraits) Pour la Paix Il faut que cesse le blocus de l’Espagne républicaine, déclare J. Duclos, vice-président de l’ARAC. … Je reviens d’Espagne où j’ai vu aussi bien sur le front qu’à l’arrière, tout un peuple qui ne veut pas subir la loi des généraux factieux, tout un peuple qui aurait déjà rétabli l’ordre depuis longtemps si le Gouvernement de la République espagnole n’était pas victime d’un inadmissible blocus, tandis que les rebelles sont ravitaillés à profusion en armes et munitions. » … Il faut comprendre que ce qui retarde la victoire de l’Espagne

Duclos et Jacques Chirac.

républicaine, c’est le blocus dont elle est l’objet et qui risque de faire demain de l’Espagne déchirée par le fascisme le point de départ d’une conflagration guerrière, d’une croisade européenne du fascisme contre les régimes de liberté et de démocratie… Que les La Rocque et les Doriot reprennent les arguments de Goebbels contre l’Espagne républicaine, rien de plus naturel. Ils travaillent ainsi pour la guerre qu’ils veulent, qu’ils préparent mais l’immense masse du peuple français et des Anciens Combattants sait bien que la sécurité de la France est en jeu, que la violation du droit international contre l’Espagne républicaine dessert la cause de la Paix. C’est pourquoi le Comité Central de l’ARAC, les fédérations et les sections de notre association ont pleinement raison en demandant que le Gouvernement républicain de l’Espagne ne soit pas mis hors la loi en demandant que cesse le blocus dont il est victime, l’ARAC de Barbusse continue de servir, comme elle l’a fait depuis près de vingt ans, la cause de la Paix.


DOSSIER LE RÉVEIL

Jacques Duclos homme politique : Dans une interview, en 1969, Jacques Duclos raconte comment il avait compris que « si la guerre est source de misère et de malheurs pour la masse du peuple, elle était source de profits pour quelquesuns ». Il fut élu député de Paris en 1926 contre Paul Reynaud et connu son premier séjour en prison en 1927 pour propagande antimilitariste. Réélu en 1936, il est vice-président de la Chambre du Front Populaire. Le 27 juillet 1934, Jacques Duclos est parmi les signataires du pacte d’unité d’action avec le Parti socialiste SFIO qui marque un tournant décisif. Il appelle à l’alliance de la classe ouvrière et des couches moyennes : « Partout, il faut constituer le Front Populaire de la liberté, du travail et de la paix. Et le fascisme ne passera pas ! » Ce n’est pas un hasard si, aux assises de la Paix, le 14 juillet 1935, ce fut Jacques Duclos qui prononça le discours justement célèbre scellant la reconquête par les travailleurs du drapeau tricolore et du chant de La Marseillaise. Un chant qui devait être quelques années plus tard l’ultime cri d’espérance des martyrs tombés sous les coups des nazis et de leurs complices de Vichy. A nouveau clandestin à partir de l’interdiction du Parti Communiste et de l’ARAC en 1939, Jacques Duclos va lancer, avec Maurice Thorez, l’appel à la Résistance du 10 juillet 1940. De 1944 à 1945, il est délégué à l’assemblée consultative provisoire. Il est vice-président des deux

Défilé 14 juillet 1935.

assemblées constituantes (1946) et vice-président de l’assemblée nationale de 1946 à 1948. De 1946 à 1958, il est président du groupe communiste à l’assemblée, puis président du groupe au Sénat. Il s’est imposé comme un grand parlementaire, au sens noble du mot, un représentant du peuple, fidèle à son mandat, n’oubliant jamais qu’il était avant tout un militant au service des travailleurs. Et c’est ce qui déchaîna à nouveau contre lui la rage à la fois ignoble et stupide des politiciens réactionnaires. 1969 il s’engage dans l’inoubliable élection présidentielle. Les commentateurs et ses adversaires s’étonnaient d’une chose à leurs yeux incompréhensibles : la popularité de Jacques Duclos auprès de la jeunesse. Car, enfin, de tous les candidats, disaient-ils, c’est bien le plus âgé. Il recueille 21,27 % des suffrages exprimés et 4 808 285 voix, le plaçant en 3e position très près d’Alain Poher. Marquante fut aussi la campagne du second tour et le célèbre « bonnet blanc et blanc bonnet » lancé par Duclos pour caractériser les

deux candidats de la droite, Pompidou et Poher. Le résultat fut un taux d’abstention de 31,4 %, un record pour l’époque. De 1962 à 1975, Jacques Duclos est président de l’Association des amis de la Commune de Paris (1871), c’est grâce à lui que cette association créée en 1882 reprend vie et se développe considérablement. Au mois d’avril 1975, après une hospitalisation en janvier, Jacques DUCLOS se rend à Louey où la télévision doit commencer le tournage d’un film sur sa vie. Mais se sentant mal, il est hospitalisé à nouveau à Paris pour une congestion pulmonaire et meurt à son domicile le 25 avril 1975. Ses obsèques, suivies par près de deux cent mille personnes, sont l’occasion d’un dernier hommage.

25 avril 1975 - 200 000 personnes à ses obsèques.

L’appel au peuple de France du 10 juillet 1940 Le 10 juillet 1940, alors que, dans une France écrasée et occupée par les armées nazies, l’Assemblée nationale, réfugiée à Vichy, votait à une grande majorité les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, deux dirigeants communistes, Maurice Thorez et Jacques Duclos, signaient un appel au peuple de France. Alors que le PCF était interdit et ses militants et dirigeants emprisonnés ou passés dans la clandestinité, cet appel fut néanmoins imprimé à 600 000 exemplaires, diffusant une lueur d’espoir dans un pays meurtri par la défaite, coupé en deux et se préparant à entrer dans l’une des pires phases de son Histoire, marquée par la soumission et la collaboration. Les mots de l’appel du 10 juillet sont là pour nous rappeler que, même dans les moments les plus difficiles, l’issue ne peut jamais provenir d’un homme providentiel, doté des pleins pouvoirs, que celui-ci se nomme Louis-Napoléon Bonaparte, Philippe Pétain, Guy Mollet ou autre. Relisons donc les mots de l’appel du 10 juillet : « Qui peut relever la France ? C’est la question qui se pose. Ce ne sont ni les généraux battus, ni les affairistes, ni les politiciens tarés qui peuvent relever la France ; ils ne sont bons qu’à la trahir et à la vendre. Ce n’est pas dans les milieux corrompus du capitalisme que peuvent se trouver les éléments de la renaissance nationale. C’est dans le Peuple que résident les grands espoirs de libération nationale et sociale. »

LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER Impossible de parler de Jacques Duclos, sans parler de Gilberte sa femme et de Jean son frère, secrétaire général de l’ARAC en 1926.

Gilberte Duclos

Née le 18 décembre 1911, Gilberte Roux avait perdu son père pendant la première guerre mondiale. Sa mère allait se remarier quelques années plus tard. Devenue infirmière, la jeune pupille de la Nation y adhéra au PCF en 1931, à l’âge de vingt ans. Jacques Duclos était déjà un dirigeant communiste de premier plan lorsqu’elle le rencontra quatre ans plus tard. Entre deux missions en Espagne,

Jacques et Gilberte se marièrent au début de l’année 1937. Dans ses «Mémoires», Jacques Duclos avait fait un récit haut en couleurs de cette journée : « le 4 janvier 1937, je me mariais avec Gilberte Roux qui était ma compagne depuis deux années. Il s’agissait donc d’une régularisation de situation que nous souhaitions discrète. Le matin, j’étais allé au siège du Parti, 120 rue Lafayette, j’avais failli oublier que je me mariais à 11 heures, mais un coup de téléphone opportun me permit de me trouver à l’heure prévue à la mairie du XIXe arrondissement où ma femme et moi n’étions accompagnés que de nos deux témoins. Nous pensions que rien ne transpirerait de cette opération de régularisation qui ne changeait rien à nos sentiments. Mais en arrivant à l’avenue Jean-Jaurès, nous nous arrêtâmes dans un café pour prendre un apéritif. J’achetais Paris-Midi qui venait de sortir des presses et là je vis en première page l’annonce de mon mariage (...) Après les journaux, la radio fit état de mon mariage et ce fut ainsi que ma mère qui

n’était au courant de rien apprit que j’étais marié… ». C’est à la suite de ce mariage que Jacques et Gilberte Duclos s’installèrent à Montreuil, dans un petit logement au 258 bis de la rue de Paris.

atteint à la face en septembre 1916. Opéré 23 fois, hospitalisé pendant trente-neuf mois, réformé à 100 %, la vue compromise à jamais, il garda toute sa vie des traces douloureuses de ses blessures. Incapable de reprendre son métier d’horticulteur, il travailla

après la guerre dans une usine à Pantin. Se consacrant particulièrement à la défense des droits et des intérêts des anciens combattants. Il milita activement au sein de l’Association républicaine des anciens combattants dont il fut le secrétaire général de 1926 à 1939 et de 1944 à 1951 et dont il dirigea

Gilberte Duclos ne se contenta pas d’être «l’épouse» d’un dirigeant communiste de premier plan. De septembre 1939 à août 1944, elle allait l’accompagner et l’épauler pendant ces cinq longues années de clandestinité au cours desquelles Jacques Duclos fut l’un des dirigeants de la Résistance recherchés avec le plus d’acharnement par toutes les polices françaises et allemandes. C’est pour le rôle éminent qu’elle joua à cette époque qu’elle allait être promue chevalier de la Légion d’Honneur. Gilberte Duclos continua de l’assumer avec constance au cours des décennies qui suivirent. Après la mort de son mari en 1975 et malgré le poids des ans, sa combativité était restée intacte, Gilberte Duclos aura été jusqu’à la fin de sa vie une militante communiste et une grande dame.

Jean Duclos Né le 15 février à Louey (Hautes Pyrénées). Frère de Jacques Duclos, après avoir commencé son apprentissage à 12 ans, il devient horticulteur. Mobilisé pendant la guerre 19141918, il prit part aux combats de Champagne, de la Somme et de Verdun où il fut très grièvement 18 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017


DOSSIER LE RÉVEIL son journal, le Réveil des Combattants. Il fut Député de Seine-et-Oise de 1936 à 1940. Membre des Commissions de l’armée et des pensions civiles et militaires, il se spécialisa tout naturellement dans les questions intéressant les anciens combattants et victimes de la guerre. Il déposa à ce titre deux propositions de loi concernant les pupilles de la Nation (1936 et 1937) et intervint fréquemment au cours des discussions budgétaires de 1936, 1937 et 1938 relatives aux anciens combattants et pensionnés. Arrêté le 9 octobre 1939 sous l’inculpation d’infraction au décret du 26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes, déchu de son mandat le 20 février 1940, il fut condamné le 3 avril 1940 à quatre ans de prison avec sursis et 4 000 F d’amende. Il dut le bénéfice des circonstances atténuantes et du sursis à sa qualité de grand mutilé de guerre. In-

terné à Baillet, puis à l’île d’Yeu, ramené à la Santé, de nouveau interné à Aincourt, il fut libéré le 1er mai 1941. Il fut rétabli dans ses droits par la décision du Conseil des Ministres du 28 octobre 1944 qui, en vertu de l’ordonnance du 9 août 1944, annula la déchéance dont il avait été frappé. Elu député de 1946 à 1951. Il déposa des propositions de loi relatives aux pensions et retraites des anciens combattants et à la protection des droits de ceux-ci en matière d’expulsion de leur appartement. Il participa, en séance publique, aux discussions des budgets des Anciens combattants, de propositions de loi relatives au statut des déportés et internés de la Résistance (1948), du projet de loi portant statut provisoire de la S.N.E.C,M.A. (1948), d’interpellations sur les incidents du 11 novembre 1948, de propositions de loi sur le statut des anciens combattants volontaires de

Jacques Duclos lors de son arrestation (complot des pigeons ) en 1952.

la Résistance (1948), du projet de loi portant amnistie relative aux faits de collaboration (1950). Pratiquement aveugle, son état de santé l’empêcha de se présenter aux élections générales de 1951. Il mourut à Louey le 28 juin 1957 à l’âge de 62 ans. Il était Officier de la Légion d’honneur, médaillé militaire, décoré de la Croix de guerre et de la Croix du Mérite combattant.

Jacques Duclos en 1969, le mai des prolétaires s’impose à gauche Jacques DUCLOS s’adresse aux Françaises et aux Français, à la télévision, le 30 mai 1969, veille de l’élection présidentielle « Françaises, Français, je m’adresse à vous pour la dernière fois avant le premier tour de l’élection présidentielle. Tout au long de la campagne électorale qui est en train de s’achever, j’ai dénoncé la politique menée par le pouvoir personnel. Je me suis présenté devant vous comme le représentant d’une politique de changement et, après avoir écouté les autres candidats, j’ai conscience d’avoir été le seul à vous propo-

ser une politique nouvelle avec les moyens qu’elle doit comporter. J’ai dénoncé la politique qui a été condamnée par le peuple de France, le 27 avril dernier. J’ai montré que cette politique devrait être totalement abandonnée et n’avoir qu’une place dans les archives de l’histoire. Les ouvriers, les employés, les fonctionnaires, les ingénieurs, cadres et techniciens ont été victimes d’une politique de salaires insuffisants et ils

ont vu s’accumuler les difficultés dans les domaines de l’emploi sans que le gouvernement fasse les efforts nécessaires pour modifier une telle situation. Ils ont été victimes des atteintes qui ont été portées à la Sécurité sociale et ils n’ont pas été seuls à être frappés par des impôts trop lourds car, en effet, les artisans, les commerçants et même les petits industriels qui sont victimes de la politique des monopoles capitalistes LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER

Duclos avec Gagarine à Moscou.

sont frappés par une fiscalité écrasante qui tend à les faire disparaître. Les paysans sont chassés de leurs terres et les anciens combattants voient leurs droits contestés dans des conditions vraiment inadmissibles. Tout cela a renforcé le courant d’opposition à la vieille politique. Les femmes travailleuses se voient contester l’égalité des salaires avec leurs collègues masculins. C’est pourquoi nous avons demandé pour elles : « À travail égal, salaire égal ». Ce principe devrait aussi s’appliquer à la jeunesse. Les personnes âgées vivent dans une indigence lamentable. On ne veut pas leur accorder un revenu minimum leur permettant de vivre décemment au soir de leur vie. C’est une politique de sans-cœur qui est faite par des hommes des grandes féodalités économiques et financières. Ces mêmes hommes refusent à leur jeunesse le droit de dire ce qu’elle pense, le droit de vote à 18 ans comme nous le demandons. Il faut donc en finir avec une telle politique et je dois dire que me suis fait, au cours de cette campagne électorale, le porteur d’une espérance de la France en matière de changement. Et maintenant, où en sommes-nous ? Les 20 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

sondages qui ont été réalisés et sont tous concordants indiquent que je suis placé avant tous les autres candidats qui se réclament de la gauche. De ce fait, les choses étant ce qu’elles sont, il est évident que je suis le seul à pouvoir espérer être en deuxième position le 1er juin au soir et vous savez que seuls les deux candidats qui occupent les deux premières places restent en lice pour le deuxième tour. Il s’agit donc de savoir si les deux hommes qui représentent la politique dont j’ai souligné les méfaits, MM. Pom-

pidou et Poher, qui représentent deux aspects de cette même politique, seront face à face, créant une situation telle que les Français n’auraient qu’à choisir la politique d’hier avec quelques aménagements, ou si, face au candidat de la réaction, il y aura un candidat de la gauche. Par conséquent, je m’adresse à tous les hommes de gauche. Il est de votre intérêt, de notre intérêt à tous que nous soyons présents au deuxième tour de scrutin. Il est bien évident que si nous, l’union de la gauche, sommes présents, ce sera un pas en avant considérable. Nous nous retrouverons tous pour nous battre contre la réaction. C’est pourquoi il ne faut pas que les voix se dispersent, il faut bloquer les suffrages sur le candidat des forces ouvrières et démocratiques que je suis. Ce n’est pas une question personnelle, mais il s’agit de l’avenir démocratique de notre pays. ; bloquez donc vos voix sur mon nom afin que vive l’union des forces ouvrières et démocratiques, que vive l’union de la gauche, afin que vive la France en marche vers l’avenir, dont nous ferons tous ensemble la vérité triomphante de demain. »

Meeting avec les jeunes à Saint-Ouen en 1969.

Ce Cahier Mémoire a été réalisé par Brigitte Canévêt.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’ARAC a cent ans Cent ans de combats pour la Paix, l’antifacisme, la dignité humaine

De ces soldats est née l’ARAC

POUR UNE FRANCE REPUBLICAINE DEMOCRATIQUE ET SOUVERAINE

1917 2017

Clichy 1947 – 24e Congrès de l’ARAC (extraits) Ce magnifique Congrès est le troisième qui se déroule depuis la Libération de la France. Le premier se tenait à Montreuil les 6, 7, et 8 juillet 1945. Ce fut en quelque sorte un Congrès d’inventaire de regroupement de nos forces dispersés par la guerre et l’occupation. Bilan tragique, bilan douloureux, puisque nous constations que plus de 200 des nôtres, dont notre cher René Sahors, avaient été fusillés, que des centaines d’autres avaient disparu à jamais dans les camps d’extermination et les fours crématoires. Saluons ici une fois de plus leur glorieuse mémoire de Français, de patriotes. A peine libérés des prisons, des camps, des combats du maquis, les militants accouraient au premier appel de l’ARAC, de l’ARAC de Barbusse, Vaillant-Couturier, R. Lefebvre et G. Bruyère, cruellement éprouvée dans ses militants les plus chers, mais combien enrichie par les épreuves qu’elle venait de traverser. Ils représentaient 45 Fédérations nouvellement reconstituées dans un temps record. Ainsi, instinctivement le premier appel lancé par l’ARAC reconstituée fut celui de l’Union. Un événement heureux avait marqué les assises de Montreuil : l’affiliation de la glorieuse « Amicale des Anciens Volontaires de l’Espagne Républicaine » avec à sa tête notre grand camarade André Marty. Cette affiliation, qui honorait grandement l’ARAC, lui donnait en même temps tout son sens. Elle marquait la continuité jamais rom-

pue des buts de l’ARAC : ne jamais séparer la cause de la Démocratie de celle de la Liberté. Commencée en 1918, contre les interventionnistes qui voulaient écraser la jeune Démocratie Soviétique, l’action de notre Association se poursuivait pour réclamer la libération des marins patriotes de la mer Noire. Elle apportait plus tard son aide aux peuples balkaniques courbés sous la terreur, par les voix retentissantes d’Henri Barbusse et de Daniel Renoult. Enfin, en 1936, elle apportait tout le poids de son influence en faveur des républicains Espagnols attaqués par Hitler et Mussolini. Comme il s’agissait des intérêts de la liberté menacée et en même temps de défendre la sécurité de la France, l’ARAC fut contre la politique de non-intervention et apporta son aide entière aux Brigades Internationales, premiers combattants en Europe de la guerre contre la barbarie hitlérienne. C’est pourquoi, nous avons accueilli avec fierté des Anciens Volontaires de l’Espagne Républicaine. Au 23e Congrès, un grand effort fut fait pour orienter notre Association vers la conquête des couches de jeunes combattants, pour transformer la physionomie des organismes de direction à tous les échelons. Enfin, le bilan présentait un actif appréciable : 65 fédérations. Aujourd’hui l’ARAC est devenue une grande Association d’Anciens Combattants, son rayonnement est grand dans le pays. Au moment où nous allons célébrer le

30e anniversaire, nous pouvons regarder avec fierté le chemin parcouru. Cet examen de notre action passée est une source constance de fierté et d’encouragement à persévérer. Depuis le dernier congrès, le bilan de notre activité est particulièrement éloquent. Nous comptons maintenant 73 Fédérations avec 2 800 sections. Le dernier numéro du « Réveil » a été tiré à 75 000 exemplaires et le nombre des abonnés est passé de 8 000 à 20 000. C’est grâce à l’action d’un de ses membres, notre grand camarade Laurent Casanova, que les pensions furent revalorisées. Il est le seul ministre des Anciens Combattants dont le passage ait été vraiment marqué par de véritables réalisations. (Extrait du rapport d’activité et d’orientation présenté par Albert Duchesne) LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 21


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Paris 12e Inauguration d’une place Lise et Artur London

Artur et Lise London.

Le 29 août, Mme Anne Hidalgo a inauguré à Paris – à l’intersection du boulevard Poniatowski, de l’avenue de Charenton et de la rue Ferdinand de Béhagle – une place dédiée à Lise et Artur London, anciens des Brigades internationales en Espagne Républicaine, Résistants à l’occupant nazi en France et déportés à Mauthausen (Artur) et à Ravensbrück (Lise). Plus d’une centaine de personnes assistaient à cet hommage parmi lesquels Pierre Laurent (Sénateur), Didier Le Reste, Rober Créange, Guy Krivopisko, Laurence Cohen, Cécile Rol Tanguy et l’ACER, etc. La famille London, l’historien Denis Peschanski, Mme Catherine Baratti-Elbaz (maire du 12e arrondissement) et Anne Hidalgo allaient rendre hommage à ce deux figures historiques dont l’amour réciproque, le soutien mutuel et l’engagement politique antifasciste commun au service de l’homme et pour le triomphe de la Liberté dans tous les domaines – de 22 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

la résistance anti-nazie aux crimes du stalinisme : le procès de Prague, l’aveu, etc. – leur a permis de survivre à tous les drames. Artur London, né le 1er février 1915 à Ostrava est mort le 7 novembre 1986 à Paris, dans le 12e Arrondissement où il habitait avec Lise (née Ricol, belle-sœur du dirigeant communiste Raymond Guyot) née en 1916 à Monceaux les Mines et décédée le 31 mars 2012. Artur entre à 14 ans dans les jeunesses communistes. Lise, née dans une famille pauvre de mineurs, rejoint les jeunesses communistes, la Fédération Sportive du travail (ancêtre de la FSGT) puis rencontre Artur, communiste Tchèque à Moscou. Ce sera l’unique amour de sa vie. Tous deux combattront Franco, Hitler et Mussolini dans les Brigades Internationales auprès de l’Espagne Républicaine. Dès le début de l’occupation en France, ils s’engagent dans la Résistance sous les ordres de Rol-Tanguy. Artur, d’abord responsable clandestin de la MOI (Main d’œuvre immigrée) sous le nom de « Gérard », est responsable dès 1941 de la branche du « travail anti-allemand » chargé de la propagande en direction de l’armée nazie et de la recherche du renseignement. Arrêté le 12 août 1942, condamné en mai 1943 à 10 ans de travaux forcés, il est déporté à Mauthausen où il poursuit la Résistance. Lise, « la mégère de la rue Daguerre » telle que l’appelait la police de Pétain, organise à Paris des prises de paroles publiques en pleine rue, où elle dénonce le nazisme et la collaboration. Tel fut le cas le 27 juin 1942 au carrefour de la rue du Faubourg St Antoine et l’avenue Ledru-Rollin (12e) où 200 participants

lancèrent des tracts avant d’entonner la Marseillaise. Arrêtée à son tour, elle sera déportée à Ravensbrück puis à Buchenwald. En 1945, le couple part en Tchécoslovaquie où Artur sera nommé Vice-Ministre des Affaires étrangères en 1949. Il est arrêté en 1951 et sera l’un des 14 accusés du procès de Prague (1952) organisé dans le cadre des purges staliniennes. Il échappe à la peine de mort mais est condamné à perpétuité. Accusations et aveux arrachés par la torture (voir le film « l’Aveu » de Costa-Gavras, avec Yves Montand), il est réhabilité en 1956 et rentre en France en 1963 avec Lise qui l’a soutenu sans faille durant toutes ces épreuves, tous ces drames. Il écrira de nombreux livres militant pour la justice, la mémoire et la vérité, dont « Espagne »… ouvrage consacré à la guerre civile pour réhabiliter les anciens des Brigades Internationales emprisonnés ou exécutés à l’issue des procès de Prague, Budapest, Sofia puis en 1963. Toute leur vie, ceux qu’on surnommait « les Amants de Vérone » ont été les champions antifascistes de luttes offertes à la mémoire des jeunes générations à qui Lise conseillait « de toujours ouvrir les yeux, de ne pas se laisser enfermer dans les certitudes, de se battre contre les injustices et à rester eux-mêmes ».


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

11e édition du concours des petits artistes de la Mémoire de la guerre 14-18

Le jury 2016-2017 s’est prononcé

Réuni le 13 septembre 2017 à l’ONAC, aux Invalides à Paris – sous la présidence de Mme Rose-Marie Antoine – le jury – auquel participait André Fillère pour l’ARAC – a travaillé de 9 h à 17 h, sous la direction de M. Benjamin Foissey, à la sélection des trois premiers prix et des mentions spéciales, parmi les 23 travaux sélectionnés. ➣ 207 classes (dont 2 classes françaises à l’étranger) ont participé à ce concours, regroupant environ 6 000 élèves participants (35 départements ne comptant aucune classe participante). ➣ Résultats des délibérations du jury : • 1er prix : Ecole Notre-Dame de

Bapaume (62) « Albert Lecup, fantassin, de 14 » • 2e prix : Ecole Sainte Baudile – Nîmes (30) « Aimé Dalveray, un prêtre parmi les bleuets » • 3e prix : Ecole Jean Toussaint Desanti – Bastia (2B) « J’ai touché ce qui saigne, Louis Doetitus, médecin aide-major – 173e RI – 42e RI » • Mention artistique : Ecole Eugène Montel – Cugnaux (31) « Edmond et la guerre » • Mention numérique : Ecole élémentaire

Les Soues – Burnhaupt-le-Haut (68) « Emma » • Mention pédagogique : Ecole Albert Boucher-Belloy en France (95) « Léon Daudoux, un nom si doux, une guerre si dure » • Mention « le débarquement des américains » - Ecole Carlhian Rippert – Besançon (05) « La guerre dans tous ses états » La remise des prix devrait avoir lieu vers le 8 novembre à Paris, aux Invalides, dans la salle d’honneur du Musée de la guerre.

Retraite du Combattant, rectificatif Une erreur technique a dénaturé, dans le « Réveil des Combattants » précédent le tableau des pensions publié page 25, le montant de la retraite du combattant. En effet, la loi de finances 2017 a porté à 50 points l’indice de la retraite du combattant. La valeur du point d’indice ayant été relevée à 14,40, le calcul actualisé est donc celui-ci : ➣ 50 points x 14,40 soit 720 euros annuels, donc 360 par semestre. Que nos lecteurs acceptent nos sincères excuses.

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LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS

Les novices de Macron (Jean-Paul Delevoye)

Jean-Paul Delevoye et E Macron

C’était clair et net, Macron l’avait dit et écrit. « Il faut faire le ménage, il faut du sang neuf, naïf, novice, en politique ». D’où la marée de député(e)s « En Marche », tous (ou presque) novices en politique, sans passé gênant pour faire du neuf. Dernier exemple en date, la nomination de Jean-Paul Delevoye en tant que Haut-Commissaire à la réforme des retraites. Un homme neuf. Tour à tour RPR, UMP, député, Sénateur, Ministre sous Chirac dans les deux gouvernements Raffarin. Il est notamment de 2002 à 2004 Ministre de la Fonction publique, de l’aménagement du territoire et de la Réforme de l’Etat. Les fonctionnaires ne sont pas prêts de l’oublier. Cette fois-ci, il est EN MARCHE, ce jeune homme de 70 ans (directeur de société dans le cirque politique depuis 1974 !). Il va s’occuper de nos retraites (déjà la CSG et gare au rabot) et de l’harmonisation des régimes de retraite. Craignez mes frères cheminots, électriciens-gaziers, taupes du métro, conducteurs de surface de la RATP, personnels de la santé, etc, craignez… et manifestez ! Donnez De l(a) voye !

Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires Par décret du Président de la République en date du 11 septembre dernier, il a été mis fin – à leur demande – aux fonctions de membres du comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires du Professeur Dominique Choudat, de Mme Marguerite Peltier (Magistrate honoraire) et de M. Roland Masse. Ont été nommés à leur place, au titre de personnalités qualifiées, Mme Florence Schmidt-Pariset et M. Benjamin Rajbaut, tous deux magistrats honoraires. Ces changements seront-ils de nature à rendre cette commission plus efficace, plus juste et plus rapide en matière d’indemnisation ? On attend l’opinion de nos camarades concernés.

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Geneviève Darrieusecq, une secrétaire d’Etat suppléante pour les ACVG ?

Geneviève Darrieusecq, nouvelle secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Armées, s’est vue attribuer parmi d’autres fonctions, la responsabilité des questions relatives aux anciens combattants, aux victimes de guerre, ainsi que celles relatives aux rapatriés et à la politique mémorielle. Elle a aussi la responsabilité de la politique du Ministère en faveur du lien

Armées-Nation, en particulier vers la jeunesse, ainsi que la contribution du Ministère à la mise en place du Service National. Dans ce cadre, elle a souhaité établir des relations avec chacune des associations, représentantes du monde combattant. La secrétaire d’Etat aura également à poursuivre la politique du ministère en matière pédagogique (enseignement défense, histoire, mémoire) et sa contribution « à l’égalité des chances » et aux actions citoyennes. La Secrétaire d’Etat aura en charge la politique en matière de développement durable, assistera la ministre dans le suivi de la transformation du service santé des armées et dans ses relations avec les parlementaires. Lors de la réunion du jeudi 7 septembre dernier à l’Hôtel de Brienne où elle avait réuni l’ensemble des associations dites du « G12 » Anciens

Combattants, dont notre ARAC – elle a voulu préciser ses compétences et les modalités de travail avec son Cabinet fortement réduit. Chaque association a précisé tour à tour le champ des missions qui leur ont été confiées. Nous avons attiré son attention sur notre 56e Congrès National, Congrès du centenaire de l’ARAC, qui se tiendra au Palais des Sports de Créteil (94). L’ARAC, à tous les niveaux, observera avec la plus grande vigilance, les préparatifs du projet de budget ACVG pour 2018 en engageant le gouvernement à rattraper le retard notamment pris par les pensions militaires d’invalidité, et fortifier le droit imprescriptible à réparation dans tous les domaines ! Raphaël Vahé

Moselle (57)

61 ans après, Jean Vilalta est rapatrié en terre Catalane Le sergent Vilalta, tué au combat, le 12 juillet 1956 à Taher (Oranie) à 22 ans, dont le corps n’avait pas été rapatrié sur sa terre natale, contrairement à la situation de la quasi-totalité des soldats tombés en Afrique du Nord. Grâce à la famille, c’est fait, depuis le 5 août 2017, dans le caveau familial, à Elne, près de Perpignan. Il est à craindre que cet événement reste une exception car « … la loi interdit que le corps d’un soldat mort pour la France, enterré dans une nécropole militaire où il avait reçu les honneurs militaires, puisse être rapatrié… (1) Cette opération exceptionnelle aura coûté plusieurs milliers d’euros à la famille… Est-il normal que la famille ait été obligée d’assumer seule la charge

d’une opération qui, si elle avait été effectuée à l’époque, aurait été à la charge de l’Etat ? En attendant, l’ARAC s’associe au soulagement de la famille et salue sincèrement l’opiniâtreté de la famille de Jean Vilalta. Raphaël Vahé (1) d’après l’Ancien d’Algérie n° 599

Obsèques de Jean Vilalta tué en Algerie en 1956.

le groupe devant l'énorme la statue de Guillaume 1er Roi de Prusse à cheval.

La section de l’ARAC OttangeNondkeil-Villerupt et environs, (Région Moselle) ont fait une belle excursion à Coblence en Allemagne, 51 personnes nous ont accompagnées, pour la visite de Coblence, de la forteresse Schenkendorf avec accès en téléphérique, et le Deutsch Eck (coin Allemand) où se rejoignent la Moselle et le Rhin. Pour notre retour nous avons remonté la vallée de la Moselle allemande, Luxembourgeoise et Française, avec leurs coteaux recouverts de vignes, très belle journée. LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 25


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Coulounieix-Chamiers (24) A Coulounieix-Chamiers, une cérémonie lors de laquelle Ralph Finkler ancien résistant et chevalier de la Légion d’honneur a remis ces mêmes insignes à Albert Rouffineau sergent infirmier dans la Résistance. Ce n’est pas un hasard si cette cérémonie s’est déroulée le 27 mai, journée nationale de la Résistance. Jean-Pierre Roussarie qui à l’issue de la cérémonie lui remettait un livre en le remerciant pour son engagement et en déclarant « vous êtes l’honneur de la commune ». Albert Rouffineau. Né le 6 août 1922 à Arvert près de Royan dans une famille d’ostréiculteurs communistes (son père sera déporté à Oranienburg), Albert entre aux Jeunesses Communistes en 1939 à l’âge de 17 ans. En 1940 il coordonne un groupe de jeunes dans la région royannaise, « ils coupent en 1942 la ligne Royan à Bordeaux. Un de ses

Commission nationale d’attribution de la carte du combattant La Commission nationale d’attribution de la carte du combattant s’est réunie les 19 et 20 septembre aux Invalides à Paris. André Fillère et Jacques Goutorbe y ont participé pour l’ARAC. Elle a examiné 6 050 dossiers, en a rejeté 782 et retenu 5 288 favorables. A savoir : favorables 4 AC 39/45, Indochine 11, ATM 544 et 4 709 OPEX. Rejets : 15 AC 39/45, Indochine 6, ATM 422, OPEX 230, Hors période 106. Prochaine réunion : mercredi 6 décembre 2017 à 14 h.

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camarades est arrêté et on trouve chez lui une liste de noms dont le sien. Prévenu, il est recherché et doit se cacher dans plusieurs planques successives ». En juin 1942, il rejoint un maquis FTP de l’Allier. En juillet 44, il intègre les Forces Françaises de l’Intérieur et le 1er octobre 1944, il signe un engagement pour la durée de la guerre et est incorporé au 152e RI, la demi-brigade d’Au-

vergne où il sera infirmier. Il participe alors à la campagne d’Alsace et à la libération de Strasbourg et Mulhouse. Il termine la guerre à Radolfzell, au bord du lac de Constance et est démobilisé le 13 octobre 1945. Ralph Finkler, « un mot vient à l’esprit. Ce mot c’est fidélité. Fidélité d’abord à ses engagements politiques, fidélité à son idéal.

Fabien Roussel Rencontre à l’Assemblée Nationale Le 14 septembre, Fabien Roussel – député communiste du Nord et l’un des rapporteurs spécial sur la mission Anciens Combattants, mémoire et liens avec la Nation à l’Assemblée Nationale – a reçu, à son invitation, des responsables d’Associations d’ACVG qu’il veut toutes rencontrer. Etaient présents : Raymond Cazal (Grands invalides), André Cognard (FNACA), Serge Barcellini (Souvenir Français), Raphaël Vahé et André Fillère pour l’ARAC. Les principales revendications du Mouvement ACVG – mémoire comprise – furent évoquées tour à tour, précisées par les uns et les autres, notamment le rattrapage du retard du point PMI, les veuves, la campagne double, la pérennisation de l’ONAC et de ses services départementaux, les Ecoles de réinsertions professionnelles et les maisons de retraite, les rentes mu-

tualistes AC, les psychotraumatismes de guerre et des victimes du terrorisme, etc. Tous les interlocuteurs déplorèrent l’absence d’un(e) Secrétaire d’Etat spécifique aux droits des ACVG et condamnèrent la « récupération » de plus de 25 millions d’euros par l’Etat sur les crédits budgétaires votés pour les ACVG par l’Assemblée Nationale dans le budget 2017… dont on attend toujours le déblocage des 2 points de rallonge votés pour la retraite du combattant au 1er septembre 2017. En conclusion de cet échange qui dura plus de 2 heures, M. Fabien Roussel nous fit part de son attachement à la mémoire et aux droits des ACVG, ainsi que sa conception qu’il serait possible – à budget constant – de répondre favorablement aux demandes légitimes des ACVG. A voir à l’ouvrage donc.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Essonne (91) A Vigneux, dans l’Essonne, une section de l’ARAC active et décidée à tout faire pour la mémoire en direction des écoles, des amis et camarades comme en témoignent les photos ci-jointes.

8 mai 2017 Ecole Herriot

Le « devoir de mémoire » expliqué aux enfants Lucien Lagrange, a expliqué à une classe de CM1/CM2 des écoles Edouard-Herriot Concours de l’ONAC 2017 et Nelson Mandela la signification des céréRemise des prix de second du département monies patriotiques. au concours de l’ONAC de l’Essonne Les enfants ont pu défiler derrière des aux enfants de l’école élémentaire Roporte-drapeaux, puis déposer des fleurs demain-Rolland par le directeur de l’ONAC vant le monument aux morts. 91, André Fillère, Serge Poinsot, maire de Vigneux-sur-Seine, Françoise Bernalès. Ecole Mandela En présence du Directeur de l’école, des enseignants et des élus.

Le 14 juin à Vingré et Rethondes Monument de Vingré (Aisne) en mémoire des 6 soldats DU 298e RI fusillés pour l’exemple le 4 décembre 1914, réhabilités le 29 janvier 1921.

Cette année, deux voitures ont été gagnées lors de la tombola de noël du Réveil et la tombola de l’ARAC. C’est notre camarade Lucien Marty de la Haute-Garonne qui a eu le plaisir de gagner la voiture de Noël du Réveil. Déjà six camarades ont gagné une voiture dans différents départements du 91-63-59-13-63-31. Cette année, à nouveau pour la tombola de noël du Réveil, une Dacia Sandero est à gagner. Alors n’hésitez pas en achetant votre carnet vous contribuerez à faire vivre notre Réveil et notre ARAC qui fête cette e an aannée nné née e se ses ses 100 ans et qui tiendra son congrèss e en n novembre. Alors comme pour les luttes et la défense des valeurs de la République aucune hésitation, renvoyez votre chèque et vos talons de tombola avec l’enveloppe T ci-jointe. Pour la tombola de l'ARAC, c'est Mme Josiane BORDAS-ALVAREZ de Pessac en Gironde qui est l'heureuse gagnante. Toutes nos félicitations !

LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

2017 un grand rassemblement populaire combatif A cette occasion, l’ARAC a rencontré : Philippe Martinez qui a rappelé que l’on ne pourrait pas vivre avec 1 heure de travail par mois. André Chassaigne, membre de la Commission budget-défense à l’Assemblée Nationale, un moment d’échanges sur les ACVG entre autres.

C. Favier.

Vincent Labrousse, délégué syndical à GMS, usine de pièces détachées pour automobiles qui est en lutte pour préserver l’usine et l’emploi. Christian Favier, président du conseil départemental du 94, département où se tiendra notre congrès du centenaire en novembre. Des dirigeants cubains, avec qui

l’ARAC a échangé sur la solidarité et les liens avec les anciens combattants cubains. Le Mouvement de la Paix, avec YvesJean Gallas, en préparation de la manifestation du 23 septembre. Robert Dafydd, rédacteur en chef du Morning Star, etc.

P. Martinez CGT. Yves-Jean Gallas.

A. Chassaigne.

Nos camarades Cubain.

Vincent Labrou sse GM&S.

En France, 180 manifestations et 4 000 appels à la grève contre la loi travail qui s’attaque à la législation sociale, aux droits des salariés, à l’entreprise. Des réformes par ordonnances qui veulent faire redevenir les salariés corvéables sans droit, sous-payés comme en Roumanie, en Grèce, etc. Ces droits nous les avons construits, ces conquis nous les avons obtenus pour améliorer notre vie, nos conditions de travail. Après le code du travail, ce qui est visé c’est le système de santé, le logement dit social auquel 75 % des familles peuvent prétendre aux regards de leurs revenus. Mais aussi les retraites, la sécurité sociale, l’assurance chômage, etc. Alors nous défendrons les valeurs républicaines que les générations avant nous, depuis 1789, ont construit pierre par pierre souvent au prix de leur sacrifice. De ce combat, dépend la vie des générations futures.

Manifestation de Nantes. Manifestation de Paris.

Manifestation de Nîmes.

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Manifestation de Toulouse.

Manifestation de Bordeaux.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Aix en Provence (13)

Mutuelle Familiale

Le 15.09.2017, c’est en présence de M. Pascal Coget, représentant M. Hervé Gouriot directeur de l’ONAC 13, de M. Xavier Daumalin directeur de l’UMR Tellemme, de Madame Isabelle Renaudet historienne, professeur des universités, de M. Robert Mencherini historien, de M. Patrick Saintenoy président de l’ARAC 13, de son président d’honneur Michel Caciotti, de nombreux représentants d’associations et visiteurs, que M. Serge Lejeune ARAC d’Aix en Provence a présenté et commenté l’exposition Levés avant le jour, les Brigades Internationales, de l’Espagne a la Résistance à la maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme. Exposition et rencontre à l’initiative de la section ARAC d’Aix en Provence, qui a bénéficié du soutien des Bleuets de France et qui se terminera par une projection du film Levés avant le Jour suivi d’un débat animé par Isabelle Renaudet et Rémi Skoutelski historien et chercheur au centre d’histoire sociale du XXe siècle.

DEBAT samedi 16/09 : "Militants de la solidarité d'hier et d'aujourd'hui" Fil rouge de l'année 2017, la célébration des 80 ans de la Mutuelle, et l'hommage aux hommes et femmes qui l'ont construite. Un débat organisé par La Mutuelle Familiale s’est tenu le samedi 16 septembre à 13 h au Village de l'Economie Sociale et Solidaire – Fête de l’Humanité. Avec la participation de : – Dominique Joseph, Secrétaire générale de la Mutualité Française, présidente du réseau MutElles – Bernard Stéphan, directeur littéraire des Éditions de l'Atelier, maison d'édition du livre « Militants de la solidarité. Une histoire de la Mutuelle familiale » – Léonora Tréhel, présidente de La Mutuelle Familiale – Marc Zamichiei, auteur du livre : « Militants de la solidarité. Une histoire de La Mutuelle Familiale », publié à l'occasion des 80 ans de la Mutuelle Un débat animé par Pascal Lelièvre, de la Mutualité Française. L'auteur du livre « Militants de la solidarité. Une histoire de La Mutuelle Familiale » Marc Zamichiei, présentera et dédicacera l'ouvrage sur le stand de La Mutuelle Familiale le samedi 16 septembre.

Castellane (13) Le lundi 11 septembre, le comité de Marseille de l’ANACR et son président le docteur Jean-Paul Chiny, ainsi que le président départemental de l’ARAC Patrick Saintenoy (Maitre de cérémonie) en présence de nombreux élus, des porte-drapeaux et de la population, ont rendu hommage aux 18 résistants tombés à Castellane lors des combats pour la libération de Marseille en août 1944. Le résumé des combats, la lecture de la citation de la ville et l’appel aux morts fut fait par une élève du lycée Cluny.

Nos peines ■ AISNE (02) Soissons : Pierre LECOQ, 79 ans, AC ATM.

■ PYRENEES-ORIENTALES (66)

■ ALPES-MARITIMES (06) Villefranche sur Mer : Alfred PESARESI, 83 ans, AC ATM

■ SARTHE (72)

■ FINISTERE (29) Brest : Daniel POUILLE, AC ATM

La Tour de France : Jean SERRA

Allonnes : Christian GEORGET, 79 ans, AC ATM La Suze sur Sarthe : Gerard POUSSET, 81 ans, AC ATM ■ SAVOIE (73)

■ HERAULT (34) Sète : Alexandre BOURDON

Notre Dame de Briançon : Max ANSELME.

■ LOIRE (42) St Etienne : Maurice TIBERI, 83 ans, AC ATM.

Le Havre : Lucien LESSELIN, AC ATM

■ LOIRE-ATLANTIQUE (44) Vertou : Gilbert DUPRÉ. ■ LOT ET GARONNE (47) Casteljaloux : René BOUCHOU, AC 39-45, porte-drapeau de la section pendant 43 ans.

■ SEINE MARITIME (76) ■ VAR (83) Gonfaron : Ahmed BENDJOUA. Jean-Robert BOTELLA. Henri MORAND. Hubert MORPELLI. Charles PERI, ■ ESSONNE (91) Limours : Gérard RAIMANT, 82 ans AC ATM

■ MANCHE (50) Cherbourg : Jacques BRANTONNE, 80 ans

Vigneux-Yerres : Mme Andrée BERTHOLET.

■ MOSELLE (57) Yutz : Paul LAROCHE, 83 ans, AC ATM

Vitry-sur-Seine : Serge BARBILLON, 83 ans.

■ HAUTES-PYRENEES (65) Soues : Albert CLAIRAC, 83 ans, AC ATM

Bezons : Mme Isabelle MARCINEK. Michel RICHARD

■ VAL DE MARNE (94) ■ VAL d’OISE (95)

LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Saint-Pourçain-Sur-Sioule (03)

Saint-Marcel (13)

L’étoile de bronze de l’ORMC à Yves Sanvoisin, Maire de LAFELINE

L’ARAC de Saint-Marcel rend hommage à M. Maurice Huertas, adhérent de l’ARAC, né le 24 mars 1927 à Mers El-Kébir, en Algérie pour son engagement envers notre pays. En 1943, à l’âge de 16 ans il fut le plus jeune engagé volontaire de France. Aujourd’hui, âgé de 90 ans et qui aux vues des autorités ne peut prétendre ni à l’ordre du mérite et ni à la légion d’honneur.

Parallèlement à ses activités professionnelles, Yves SANVOISIN s’est beaucoup investi dans la vie de sa commune et c’est tout naturellement qu’après son grand-père et son père, il entre au conseil municipal de LAFELINE en 1983. Réélu en 1989 il deviendra adjoint au Maire puis maire en 1991. Depuis cette date, il a toujours été réélu, Il comptabilise donc 34 ans d’élu dont 26 à la tête de l’équipe municipale « Le mot « Civique » colle

bien à ton personnage. En effet, avec tes convictions progressistes, tu es un fervent défenseur des valeurs républicaines et du devoir de mémoire » devait déclarer Christian BERTRAND, secrétaire départemental de l’ARAC. Lafeline était une terre de résistance et Yves, comme ses prédécesseurs, n’oublie pas de rendre hommage tous les ans aux cinq déportés de la rafle du 22 Janvier 1944 et aux 3 FTPF fusillés le 30 août 1944. « Aussi, tu as toute ta place au sein de l’ARAC et de l’ANACR dont tu es un fidèle adhérent depuis de nombreuses années » a rappelé le secrétaire. L’étoile de bronze de l’ORMC lui a été remise par René Merle ancien secrétaire de la section de Saint-Pourçain en présence de ses nombreux amis et des membres de sa famille.

Millas (66) Les amis du maquis Henri Barbusse à Millas

Avec drapeau aux commémorations et recueillements : Marquixanes et cimetière pour Roger Roquefort à Canohès sur les tombes de julien et Barthélémy

Panchot, Valmanya, libération de Perpignan. Le samedi 9 septembre sur le chemin de la mémoire du col de la Bataille au Mas Pleus au Château de Caladroy, visite du caveau et de l’exposition du maquis. Le 10 septembre à Millas au Forum des associations présentation de l’exposition.

L’espace parisien Histoire Mémoire guerre d’Algérie (EPHMGA) organise un colloque

« La Guerre d’Algérie au cinéma » Jeudi 5 octobre 2017 à l’auditorium de l’hôtel de ville de Paris – 5 rue Lobau – Paris IVe Entrée libre, réservation obligatoire dans la limite des places disponibles. Carte d’identité nationale exigée sur place. Pour vous inscrire, il vous suffit d’envoyer votre demande par mail à ephmga@gmail.com (en indiquant vos noms et prénoms et le nombre de places souhaitées). 30 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017

Avec Emile Goudal, docteur en histoire de l’art à Paris 10. Djemaa Maazouzi, docteur en littérature autour du thème « le partage des mémoires de la guerre d’Algérie au cinéma ». Raphaëlle Branche, rédactrice en chef 20e siècle. « La guerre d’Algérie vue à travers Muriel ou le temps d’un retour d’Alain Resnais.

Saint-Herblain (44) Ouest-France 18-09-2017 L’ARAC fête son centième anniversaire et rend hommage à Henri Barbusse, journaliste et écrivain, qui avait résumé les objectifs du mouvement ainsi : « Notre mot d’ordre est Guerre à la guerre, mais ce doit être une idée pas un mot de passe. » Depuis 1917, l’ARAC n’a cessé de dénoncer les causes de la guerre au niveau national et international. A sa création, l’ARAC rassemblait des personnes engagées pour défendre la paix. Nous continuons à faire vivre la richesse d’Henri Barbusse, toujours d’une grande actualité, remarque Jean-Claude Salomon, président de l’ARAC 44. Une exposition retrace à grands traits l’engagement de l’auteur pour la paix. Alors qu’il n’était pas mobilisable lors de la guerre 1914-1918 (il avait 41 ans), il s’est engagé. Il retracera les conditions de vie dans les tranchées dans un ouvrage Le Feu. IL accomplira un tour du monde pour partager ses idées antifascistes. Jusqu’au 29 octobre bibliothèque Paul-Eluard, 32 avenue des Plantes à St Herblain.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Moi, présidente… S’inspirant de la célèbre tirade de François Hollande durant sa campagne des élections présidentielle : « Moi, Président, je… Moi, président, je… etc. », Gérard Mordillat nous « offre » un pastiche « sauce 2017 » : « Moi, présidente ». Un pastiche, une farce – parfois grossière – mais étrangement d’actualité. Sur le credo du FN « purger la France de toute la racaille », la « Présidente » élue met en œuvre sa « Révolution nationale »… Supprimer le chômage… en rétablissant l’esclavage. En finir avec la crise du logement… par la polygamie obligatoire, en finir avec les SDF, les pauvres, les désœuvrés… en créant les croisades ; et couler les bateaux renvoyant chez eux les immigrés… Une farce, aux accents de cauchemar ! Et si c’était… demain ? « Moi présidente ». Gérard Mordillat – Editions Autrement - 17 rue de Tournon – 75006 PARIS – 06 44 73 80 00 – 10 euros.

Mon frère, le Ché… « Etre le frère du Ché n’est pas anodin. Mais il faut bien qu’il soit le frère de quelqu’un. Pendant longtemps, je n’ai été que Juan Martin Guevara, puis je suis devenu le frère d’Ernesto Guevara. Et ensuite, celui d’une légende : le Ché ». Il a 72 ans, vit à Buenos Aires et a passé plus de 8 ans derrière les barreaux de la junte militaire du général bourreau Videla, en raison de ses activités politiques et de sa parenté avec le Ché. Il vient de créer une Association, « Por las huellas del Ché » (sur les traces du Ché) et nous y invite avec la parution de son livre « Mon frère le Ché ». Le Ché, un frère aîné attentif et protecteur, complice des canulars et escapades des frères et sœurs. Le Ché, un aventurier idéaliste, intellectuel engagé dont les parents excentriques, cultivés, bohêmes ont participé à l’éveil politique. Juan Martin veut aider à transmettre pour que les valeurs du Ché deviennent une source d’inspiration pour les plus jeunes. Mais ce Marxiste, Léniniste, Guevariste, amoureux et soutien de Cuba, est choqué par la commercialisation de la figure du Ché, en particulier en Bolivie. A la Higuera, on a tué une personne mais pas sa pensée. Or ce lieu est devenu un négoce, et le fait d’avoir fait du Ché « le Saint Ernesto de La Higuera » est insupportable. Le Ché était un homme de terrain. Ni super-héros, ni mythe, mais homme. D’où ce livre de Juan-Martin pour transmettre à la jeunesse l’idée que de nouveaux révolutionnaires, de nouveaux penseurs et acteurs sont toujours possible et nécessaires aujourd’hui. « Mon frère le Ché » - Jean Martin Guera – Editions Calmann-Lévy - 21 Rue du Montparnasse, 75006 Paris – Tél. 01 49 54 36 00 – 20 euros.

L’ARAC, ARAC Cuba Solidarité, la Maison de Paul Vaillant-Couturier s’associent pour lancer une campagne de solidarité envers Cuba touché très durement comme toutes les iles des Antilles par l’ouragan Irma. Laissé en dehors des appels nationaux et internationaux, déjà contraint par le blocus économique et politique décidé par les Etats-Unis, le peuple cubain, les enfants cubains ont besoin d’aide eux aussi. Nous remettrons l’intégralité des fonds collectés à M. l’Ambassadeur de Cuba. Envoyez vos chèques à l’ordre de « Fond Paul Vaillant-Couturier (solidarité Cuba) » à l’ARAC – 2 Place du Méridien – 94800 VILLEJUIF Chaque chèque personnel donne lieu à une déduction fiscale de 66 % et pour les entreprises de 60 %. Un certificat pour la déduction vous sera envoyé. LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017 - 31


L’ARAC a cent ans Cent ans de combats pour la Paix, l’antifacisme, la dignité humaine POUR UNE FRANCE REPUBLICAINE De ces soldats est née l’ARAC

DEMOCRATIQUE ET SOUVERAINE

1917 2017

Chaque jour nous rapproche du congrès, encore 52 jours avant l’ouverture à Créteil, au Palais des Sports, du Congrès du centenaire de notre Association. 1917-2017, cent ans de luttes, de combats, de courage et d’abnégation au service de la cause humaine, de la Paix, de la défense des valeurs de la République. Oui, nous pouvons être fiers, fiers du choix en 1917 de nos aînés, fiers de leurs engagements, de leur détermination à faire avancer et à défendre les droits de tous, à être respectés, entendus et particulièrement les droits des victimes de ces guerres injustes, mortifères qui ont ravagé l’Europe à deux reprises, déjà depuis un siècle. Fiers du combat conte les guerres coloniales, le RIF, l’Indochine, l’Algérie, etc., car nous sommes pour le respect de la souveraineté des peuples. Fiers du combat antifasciste dès 1929, ou en 1934, ou encore contre l’envahisseur allemand en 1939-1944 mais fiers aussi des combats pour la paix en Algérie et contre l’OAS. Depuis 1917, les militants de l’ARAC ont porté une vision d’avenir en défendant les valeurs républicaines, la souveraineté du pays, la démocratie. On sent passer le frisson des grands jours de 1789 disaient les délégués à notre 30e Congrès. Aujourd’hui ce souffle nous devons le poursuivre, à un moment où la République est attaquée et mal menée, où les conquis des luttes dont nous étions acteurs sont remis en cause, où la paix est menacée par la guerre. Oui cela fait 100 ans que notre association œuvre à la paix et à la dignité humaine et nous continuerons, il y va de l’avenir des générations d’aujourd’hui et de demain. Alors organisons nous pour faire de ce congrès, un congrès exceptionnel. Un siècle de luttes et d’espoir, d’engagement pour un monde meilleur, pour un monde de paix.

CONGRES DE L’ARAC – 17 au 19 novembre 2017 Si vous souhaitez participer à ce congrès, remplissez et renvoyez ce bon à l’ARAC – 2 Place du Méridien – 94800 VILLEJUIF et nous vous ferons parvenir les modalités de participation. Nom : ........................................................................................

Prénom : ....................................................................................

Adresse :............................................................................................................................................................................................ ………............................................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................................................... Comité :.....................................................................................

Tel : ..........................................................................................

Mail : ................................................................................................................................................................................................. 32 - LE RÉVEIL - N° 837 - SEPTEMBRE 2017


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