Le Réveil - novembre 2017

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UN MILLION DE PAUVRES… EN PLUS !

LA CATALOGNE – L’ESPAGNE ET L’EUROPE

YÉMEN URGENCE CONTRE LA FAMINE

Novembre 2017 - N° 839 - 5 €

Créteil r u e 2017 s port eux

j è r n e g n n i s o a e c d m n r e e d U i h e d e t m e i com urd'hu o j u a d'

Photo : Joël Lacire.


LE RÉVEIL ACTUALITÉS

ARAC ASSOCIATION RÉPUBLICAINE DES ANCIENS COMBATTANTS DES COMBATTANTS POUR L’AMITIÉ, LA SOLIDARITÉ, LA MÉMOIRE, L’ANTIFASCISME ET LA PAIX

Déclaration de l’ARAC Le 56e congrès de l’ARAC s’est tenu le 17, 18, 19 novembre 2017 à Créteil. La direction nationale de l’Association avait invité Madame Florence PARLY, ministre des armées et Madame Geneviève DARRIEUSSECQ, secrétaire d’Etat auprès de madame la ministre des armées, qui s’était excusée de ne pouvoir honorer cette invitation, devant représenter la France à l’étranger à cette date, Madame la directrice de l’ONAC et Monsieur le préfet du Val de Marne. Compte tenu de l’absence de réponse, la direction nationale de l’ARAC avait souhaité auprès de madame Darrieussecq, puis auprès d’un membre de son cabinet, la présence d’un représentant de l’état désigné par elle. Malheureusement, notre congrès le constate, personne n’est venu représenter l’Etat. De ce fait, les délégués au congrès éprouvent le sentiment d’être eux même méprisés, que leur association l’ARAC toute entière, est méprisée pour la première fois depuis sa création, il y a cent ans, en 1917, par le gouvernement de notre pays. L’ensemble des délégués de notre 56e congrès expriment leur profonde indignation devant cette attitude gouvernementale qui révèle une mise en cause évidente de la vie associative, donc du respect dû aux associations. Ils demandent à madame la Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées d’accepter de recevoir ses représentants, le plus rapidement possible afin de leur permettre de lui exposer les résultats des travaux du congrès et les principaux besoins et revendications de l’association.

Créteil, le 19 novembre 2017 Les délégués au 56e Congrès de l’ARAC

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ÉDITO LE RÉVEIL UN CONGRES TOURNE VERS L’AVENIR

SOMMAIRE Actualités Déclaration de l’ARAC ................................................................................................................. 2 Un million de pauvres… en plus ! ............................................................................................. 3 Devant une réalité catastrophique de la société française : le mépris des très riches ... 3 Les Restos du cœur débutent leur campagne d’hiver ..........................................................4 Mensonges de l’ONU sur la faim dans le monde ................................................................... 5 “La commune est menacée comme jamais” ............................................................................ 6 Radiation en masse des chômeurs .......................................................................................... 7 Les dividendes mondiaux s’acheminent vers un record en 2017 ....................................... 7

International France/Liban : Scandale financier ............................................................................................ 9 Climat : Une cop pour rien ........................................................................................................ 9 Yémen : Urgence contre la famine ........................................................................................ 10 Hillary tricheuse ? ..................................................................................................................... 11 La mort du rêve américain… .................................................................................................. 11 Monde /USA Triste anniversaire ! ............................................................................................ 12

Mémoire 56e Congrès de l’ARAC à Créteil ........................................................................................ 21-22

Vos Droits Assemblée Nationale : La majorité Macron refuse de se « mettre en marche » ............ 23 Relèvement du salaire des enfants ou orphelins, infirmes, majeurs ................................. 24 Une régression inquiétante ..................................................................................................... 24

Vie de l’ARAC JEAN-CLAUDE FEVRE, un ami du congrès nous a quittés ................................................... 25 La vie des comités .............................................................................................................. 26-30

P. 13 . D O S S I E R La Catalogne – l’Espagne et l’Europe ◗ Jetés sous film avec ce numéro : 1 carnet de tombola et 1 enveloppe T.

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

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ous avons vécu un beau 56e Congrès, fort de débats, de fraternité. Ce Congrès du Centenaire a montré notre association ancrée dans les luttes pour défendre les droits et les valeurs de la République, la paix, la solidarité, la mémoire. Le contexte politique est celui d’une terrible offensive. Aucun chantier n’échappe à la volonté de démanteler les acquis de plus d’un siècle de luttes sociales. Ce sont non seulement les couches populaires, mais la grande majorité de la population qui est menacée par l’insécurité sociale. Contrairement à ce qui est dit, la politique menée n’est ni moderne, ni porteuse d’avenir. Elle ne porte pas les valeurs de la République, Liberté, Egalité, Fraternité puisqu’elle appauvrit la majorité des Français, développe les inégalités, laisse sur le bord de la route des millions de familles. Elle s’attaque aux droits inscrits dans la Constitution : logement, santé, travail, laïcité… Cette politique portée par le Pt Macron se fait sous la férule de la Commission Européenne. Notre responsabilité, c’est d’engager le débat idéologique, de donner du sens, de l’espoir à ceux qui ne supportent pas, qui refusent ces choix. Notre responsabilité, c’est de donner à comprendre les enjeux car personne ne s’engage sans avoir conscience de tout ou partie de ce qui est en cause, de qui en porte la responsabilité. Il est temps de sortir hors de nos murs. Avec notre journal, nos expositions, allons à la rencontre de milliers de femmes et d’hommes, de jeunes qui partagent nos valeurs. « Les principes républicains sont de tous côtés, ou trop attaqués, ou trop mal défendus. Il faut veiller sur la République ». Cet appel lancé par Barbusse, en juillet 1917, lors de la décision de créer l’ARAC, est d’une criante actualité. Nous n’avons jamais cessé de dénoncer les causes des guerres, leurs conséquences. C’est la raison pour laquelle, l’ARAC n’est pas et ne sera jamais absente du débat d’idées et du débat politique. Notre histoire est marquée par cette détermination. Notre Congrès a pris la décision d’organiser en 2018 « Les Etats généraux pour la Paix ». C’est le prolongement d’un travail engagé depuis notre création. L’objectif est de mener une réflexion avec nos militants, les associations de défense de la paix, des syndicats… Il est de notre responsabilité de contribuer à rassembler toutes les forces éprises de paix, au moment d’un nouveau partage du monde et des richesses. Paix, droits, valeurs républicaines, c’est cela que nous allons, ensemble, porter, continuer à mettre en œuvre, fiers de l’héritage laissé par nos prédécesseurs. Patrick Staat LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS Les premiers effets de la politique du gouvernement montrent l’ampleur des attaques contre la population française.

Un million de pauvres… en plus ! Un million, c’est le chiffre qui figurait sur le pin’s fièrement arboré par Pierre Gattaz pour revendiquer la mise en place du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et l’allégement des « charges ». Un million, c’est le nombre d’emplois que le Medef s’engageait à créer grâce à ces mesures. Ce chiffre est atteint, mais pas dans la catégorie qu’il souhaitait. C’est même l’inverse, et lui et ses co-religionnaires, politiques de tous bords, chefs de grandes entreprises et « stars » du CAC 40 en sont les principaux responsables. Un million, (1 000 000), c’est l’augmentation du nombre de pauvres en

France, au cours des 10 dernières années, dix années durant lesquelles les tenants du libéralisme le plus échevelé se sont déchaînés et ont imposé leur vision du monde. Ce chiffre est un vrai réquisitoire contre les politiques économiques suivies par nos gouvernements successifs

en France, depuis 10 ans. Cela vaut également pour celle que continue de mettre en place, à marche forcée Emmanuel Macron, à grands coups de dérégulation sociale et de flexibilité. La crise y a largement contribué et cela continue. C’est le résultat d’une étude sérieuse et exhaustive menée par l’observatoire des inégalités avec le soutien de la fondation Abbé Pierre, s’appuyant sur les bases fournies par les enquêtes de l’Insee. À consulter ci-dessous : https://www.inegalites.fr/L-etat-de-lapauvrete-en-France-2407

Devant une réalité catastrophique de la société française : le mépris des très riches Le 9 novembre, le Secours Catholique, qui s’est occupé en 2017 de près d’un million et demi de pauvres, a publié son rapport annuel où il analyse la pauvreté et reprend les chiffres de l’Insee, selon laquelle 9 millions de personnes, soit 14 % de la population, vivent sous le seuil de pauvreté (un peu plus de 1 000 euros mensuels). Les gens accueillis par le Secours Catholique avaient un revenu mensuel moyen de 548 euros, qui n’avait augmenté que de 3 euros en 6 ans ; 19 %

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n’avaient aucune ressource, 42 % ne pouvaient payer leur loyer, 41 % l’électricité ou le gaz, 22 % étaient à découvert avec leur banque, 17 % ne pouvaient pas payer leur eau, 56 % avaient du mal à se nourrir. Le rapport souligne « une précarisation croissante des familles ». 53 % étaient étrangers sans statut légal stable, n’ayant donc pas le droit de travailler ni de toucher des aides sociales. La publication récente des « Paradise papers », qui lève un peu le voile sur le détournement massif de ressources financières par les super-riches, souligne aussi le mépris de l’aristocratie financière et de ses serviteurs politiques Les documents montrent comment les lobbys spécialisés dans les affaires « offshore » s’activent auprès des gouvernements pour empêcher que d’éventuelles lois destinées à boucher des échappatoires fiscaux ne voient le jour. Parmi les grands groupes français qui sont apparus dans les Paradise papers,

il y a le géant pétrolier Total, le producteur d’avions Dassault, le géant des matières premières Louis-Dreyfus, le PDG des produits de luxe LVMH Bernard Arnault, et le trust de l’énergie Engie. Alors que les super-riches massent hors de portée du fisc des centaines de milliards d’euros, le gouvernement Macron a l’audace, après avoir supprimé L’Impôt sur la fortune (ISF), de vouloir augmenter les radiations de chômeurs, les privant de leurs indemnités parce qu’ils refusent la misère et la destitution sociale qu’on leur prépare. Le sénateur LR Gérard Longuet résumait le mépris des élites financières et de leurs représentants vis-à-vis des chômeurs et des pauvres, lorsqu’il a dit le 6 novembre sur la chaîne Public Sénat : « Si ces centaines de milliards d’euros ne viennent pas dans les caisses de l’État, tant mieux, parce que l’État les gaspille assez largement et dépense de l’argent inutilement. »


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Les Restos du cœur débutent leur campagne d’hiver Qui imaginait, lorsque la première campagne des Restos du Cœur a été lancée par Coluche à l’automne 1985, que l’association deviendrait, en quelques années, l’un des principaux acteurs de la solidarité française envers les plus démunis ? Les Restos ont lancé leur 33e campagne d’hiver. Dans les 2 085 centres et anColuche pose devant l’entrée des Restaurants du tennes répartis dans tout le pays, les quelque 71 000 bénévoles vont accueillir, Cœur – Région parisienne – 21 décembre 1985. jusqu’à la mi-mars, des centaines de milliers de personnes (900 000 l’hiver dernier). Au total, cela correspond à la distribution de près de 136 millions de repas. Patrice Blanc, président de l’association « Les restos du cœur » pense que le nombre de repas distribués pour cette année sera certainement supérieur à celui de l’année dernier. « On a de plus en plus de personnes qui travaillent, et donc qui ont besoin de cette aide alimentaire pour terminer le mois. Le Nord, le Pas-de-Calais, l’Est et les régions parisienne et marseillaise sont les plus touchées. Nous constatons de plus en plus de retraités isolés en milieu rural. On a mis en place dans un grand nombre de départements des centres itinérants. Les plus jeunes ne sont pas épargnés : 31 000 bébés de moins d’un an sont aidés par les Restos ».

Mensonges de l’ONU sur la faim dans le monde (extraits)

(…) Dans son dernier rapport sur “l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition” l’ONU déclare que 815 millions de personnes ont souffert de malnutrition en 2016, soit 82 millions de plus qu’en 2015. En clair, 11 % de la population mondiale crève de faim. Non seulement on a atteint un record absolu (jamais l’humanité n’a connu autant d’affamés), mais la situation se détériore, et pour 2017 les associations s’attendent au pire. Les inégalités atteignent des sommets vertigineux. Transposé au Moyen-Âge, le fossé qui sépare nos hyper-riches des masses paupérisées eût horrifié les plus égoïstes des aristocrates. Mais pour nos libéraux, l’accumulation et la concentration du capital à des niveaux astronomiques sont des signaux positifs. Selon l’association Oxfam, les 1 % plus riches possèdent 48 % de la richesse mondiale, et les 20 % plus riches s’approprient le

reste. Aux 80 % restants, soit l’écrasante majorité de la population mondiale, il ne reste que des clopinettes. Ce contraste entre 815 millions d’affamés et une poignée de milliardaires devrait provoquer l’indignation générale. Mais on s’en accommode avec fatalisme comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle. Jetant un voile pudique sur les causes d’une telle injustice, la doxa occulte délibérément le poids des structures. Entre discours lénifiants et poncifs néo-libéraux, les mécanismes qui fondent l’enrichissement des uns sur l’appauvrissement des autres sont sortis des écrans-radars. Par conformisme idéologique, la bureaucratie onusienne tord l’interprétation des faits. Elle omet de dire, par exemple, que la dégradation de la situation alimentaire s’explique largement par le recul de l’agriculture paysanne au profit de l’agro-business. Sous l’impulsion des multinationales de l’agroalimentaire, on transforme des millions d’hectares de polyculture-élevage en zones franches défiscalisées où sont implantées des monocultures d’exportation. Cette po-

litique met les petits cultivateurs à la merci des fluctuations des marchés internationaux. Prise en otage par la mondialisation, l’agriculture vivrière régresse et la production locale décline. Pour l’ONU, le réchauffement climatique et les guerres en tout genre sont les principaux responsables de la malnutrition. Mais cette imputation de la misère humaine à des causes accidentelles a pour effet de minimiser les causes structurelles. Les mécanismes de l’exploitation capitaliste sont lavés de tout soupçon, et le message implicite est que les multinationales n’y sont pour rien. L’incrimination du réchauffement climatique, en revanche, étend la responsabilité de la misère au citoyen-lambda. Le salarié qui prend sa voiture pour aller au boulot n’est-il pas aussi coupable que Monsanto ? Ce n’est pas à cause du réchauffement climatique que des milliers d’enfants sont contraints de travailler dans les plantations de cacao en Côte-d’Ivoire. L’asservissement de ce petit pays aux multinationales du chocolat en est directement responsable. Sa spécialisaLE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

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tion dans cette monoculture d’exportation depuis l’époque coloniale en a fait un appendice précaire des économies développées. Soumise aux fluctuations du marché et aux opérations spéculatives, la Côte d’Ivoire s’appauvrit pour enrichir des actionnaires, sans compter l’effet désastreux des cures d’austérité imposées par les institutions internationales. Pays d’une extrême pauvreté, le Mali

est en proie à l’instabilité politique et fait face à une rébellion sur laquelle s’est greffé le terrorisme. Mais le pillage de ses richesses minières par la France n’est pas étranger à ce chaos sécuritaire. La rébellion touareg est repartie de plus belle lorsque Areva a signé avec le Niger un accord pour l’exploitation des gisements d’uranium faisant bon marché des populations nomades. Simple coïncidence ? Les pays du Sahel

sont les plus pauvres du monde et les troupes françaises y sont plus présentes que jamais. Avec son hypocrisie coutumière, l’ONU oublie de dire que la famine règne dans les pays où l’Occident s’est évertué à semer le chaos. Au Sud-Soudan, il a favorisé une sécession catastrophique. En Somalie, il a déployé ses troupes et favorisé l’éclatement du pays. En Syrie, il a attisé les feux d’une guerre interminable. En Libye, il a détruit un Etat souverain et livré le pays aux milices. Au Yémen, il fournit les armes avec lesquelles Riyad massacre les populations civiles. L’ONU a raison de dire que les guerres ont détérioré la situation alimentaire. Il fallait seulement préciser que ces guerres sont des guerres impérialistes. Bruno Guigue Ancien élève de l’ENS et de l’ENA, Haut fonctionnaire d’ETAT Essayiste et politologue, professeur de philosophie, Chargé de cours en relations internationales à l’Université de La Réunion

“La commune est menacée comme jamais” Vanik Berberian, président de l’association des maires ruraux de France (AMRF) tire la sonnette d’alarme. “La grogne est généralisée”. “L’été a été catastrophique. Nous avons le sentiment de ne pas être vraiment entendus et que c’est la technostructure qui est en train de tirer les ficelles”, déplore-t-il. Selon le président de l’AMRF, “les maires sont inquiets quant à l’avenir de la commune”. "Elle est menacée comme jamais. On la dépouille de ses prérogatives, on lui diminue ses moyens et on ne donne pas la possibilité aux élus d’assumer ce pour quoi ils se sont présentés aux élections municipales", détaille-t-il ajoutant que la commune est pourtant le premier échelon démocratique. La taxe d’habitation compensée. Pour tenter d’apaiser les tensions, le ministre Gérald Darmanin, a annoncé le 20 novembre, que la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des Fran6-

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çais, prévue sur trois ans, sera compensée intégralement par l’Etat aux communes. De la poudre de perlimpinpin pour les maires : « Il n’y a pas un élu qui croit à cette promesse-là. Ce n’est pas la première fois que l’on nous promet cette compensation », souligne Vanik Berberian. Si Gérald Darmanin est conscient de ce qu’il dit, c’est un mensonge ». « Il faut qu’Emmanuel Macron nous parle des territoires ruraux, de la commune. L’aménagement de l’espace, des territoires c’est une nécessité pour le pays ». Non à la disparition des départements de la petite couronne parisienne ! Le gouvernement envisage la suppression des 3 départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, SeineSaint-Denis, Val-de-Marne). Un tel projet aurait pour conséquence : l’éloignement des citoyens des lieux de décisions ; la disparition pure et simple

de nombreuses actions utiles à toutes et à tous. Pendant 56e Congrès, qui s’est tenu dans le Val-de-Marne, nos congressistes ont largement signé la carte pétition « ON DIT NON ! »


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Radiation en masse des chômeurs chiffres de Pôle Emploi, 6,5 millions de chômeurs toutes catégories. Cela représente 10 % de la population et environ 20 % de sa population active. Des estimations officieuses parlent de près de 5 millions de personnes en plus, qui n’entrent plus dans les statistiques officielles.

Alors que près d’un sixième de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté, le gouvernement Macron radie massivement les chômeurs des listes de l’assurance-chômage. Pôle Emploi a publié les résultats d’un nouveau système de contrôle des chômeurs. L’agence a déclaré avoir radié 14 % des personnes qu’elle avait contrôlées (270 000 à raison de 12 000 par mois) soit 37 800 personnes. Ces contrôles et radiations font partie d’un arsenal répressif de plus en plus draconien déployé contre les chômeurs et dont un des buts est de forcer les travailleurs dans des emplois de moins en moins bien payés et qualifiés. Il y a actuellement en France, selon les

Dans le cadre de sa « refonte majeure » de l’assurance-chômage, le gouvernement Macron avait annoncé début septembre qu’il allait renforcer le dispositif mis en place en quintuplant le nombre des contrôleurs. Le but était de rendre les contrôles « drastiques ». Le système actuel de contrôle et de radiation est déjà draconien. La radiation entraîne la perte pendant six mois ou un an des indemnités, le seul revenu du chômeur. S’il n’a pas d’autre soutien, il se voit très vite dans l’incapacité de payer loyer, eau et électricité et de se nourrir convenablement. Il n’a droit à la couverture médicale qu’un an au maximum. Il perd ainsi graduellement toute chance de trouver un emploi décent, voire un emploi tout court. Il peut être radié pour une raison ou une autre, s’il ne répond pas aux convocations ou refuse une « offre raisonnable

d’emploi », c’est-à-dire un travail à des conditions bien inférieures à son dernier emploi, ou à ses qualifications, ou loin de son domicile et de sa famille. Il est en fait pressé d’accepter n’importe quoi et de rester à la disposition de l’agence en permanence. Une « fausse déclaration » pour éviter une radiation est déjà punie d’une radiation d’un an et d’une amende de 3 750 euros, somme énorme pour un chômeur. Les pressions sur les chômeurs sont d’autant plus grandes que Pôle Emploi fonctionne avec des opérateurs privés chargés d’organiser stages, formations et autres mesures censées favoriser un « retour à l’emploi » et qui font automatiquement « du chiffre ». Les nouvelles mesures de contrôle des chômeurs ont surtout pour but d’aider à « flexibiliser » les salariés et à ancrer dans l’économie une masse de travailleurs qui doivent travailler à des conditions n’ayant plus aucun rapport avec ce qui est jugé acceptable par la majorité des salariés jusqu’ici. Il s’agit de les faire rivaliser avec les salaires et les conditions d’exploitation des travailleurs en Europe de l’Est, en Afrique du Nord ou en Asie du Sud-est.

Les dividendes mondiaux s’acheminent vers un record en 2017 Le montant des dividendes versés aux actionnaires au cours du 3e trimestre 2017 a bondi de plus de 14 % par rapport à la même période de 2016. L’actionnariat se porte bien. Du moins c’est ce qui ressort de la dernière étude de la société de gestion Janus Hernderson Investors selon laquelle les dividendes versés aux actionnaires du monde entier entre juin et septembre 2017 ont atteint la somme record de 328,1 milliards de dollars (autour de 279 Mds€). Par rapport au 3e trimestre 2016, le total des dividendes est en hausse de 14,5 %, cette progression « témoigne de la solidité de

l’économie mondiale et de son incidence sur la rentabilité des sociétés ». Aux États-Unis et au Canada, les entreprises de ces deux pays ont versé pas moins de 36 % des dividendes mondiaux, soit 119,6 milliards de dollars. En revanche, en termes de croissance, l’Amérique du Nord ne réalise qu’une progression annuelle de 10,2 %, loin derrière la zone Asie-Pacifique (hors Japon). L’Europe (hors Royaume-Uni), quant à elle, a distribué 18,8 milliards de dollars (15,9 Mds€) au cours du 3e trimestre 2017, enregistrant une hausse annuelle de 7,8 %. LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

France/Liban

Scandale financier Saad Hariri aurait des millions d’euros de dettes envers d’anciens employés français qui travaillaient en Arabie saoudite et des organismes sociaux français… Alors que le Premier ministre libanais démissionnaire (démissionné par l’Arabie Saoudite ?) a rencontré le président de République, Emmanuel Macron, 214 anciens salariés français de son groupe de BTP, Saudi Oger, réclament près de 13 millions d’euros de salaires impayés. Le groupe de Saad Hariri devrait aussi 5 millions à des organismes sociaux français, a révélé France Info mi-novembre. Le Premier ministre libanais était à la tête d’un groupe de BTP, Saudi Oger, qui a longtemps fait affaire en Arabie Saoudite et qui possède une filiale à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Parmi ses employés, 214 expatriés français qui ont aujourd’hui quitté le royaume wahhabite. Ils réclament plusieurs années de salaires non payés. Le montant s’élève à un peu plus de 12,8 millions d’euros, selon Caroline Wassermann, avocate, qui défend une partie d’entre eux. Les retards de salaires auraient démarré à partir de 2015. Le groupe de Saad Hariri doit également faire

face à d’autres créances : une ardoise de plus de cinq millions d’euros envers les différents organismes sociaux français, un chiffre révélé par FranceInfo. « Non seulement un employeur paye un salaire mais également il paye des charges, explique maître Caroline Wassermann. On parle vraiment de sommes colossales. » Plusieurs exemples : pour la Caisse des Français de l’étranger, la dette du groupe de Saad Hariri s’élève à près de 1,2 million d’euros. La société doit également 962 000 euros à Axa, pour les cotisations d’assurances maladies. Pro BTP, en charge de la retraite complémentaire des salariés du bâtiment, demande de son côté un peu plus de 2,1 millions d’euros. Enfin Saudi Oger aurait dû s’acquitter de 720 000 euros auprès de Pôle emploi… La Caisse de retraite complémentaire Pro BTP, l’organisme auquel Hariri doit le plus d’argent refuse de dire si elle a entamé une procédure de recouvrement. De leur côté, les avocats des anciens sala-

E. Macron et S. Hariri à l’Elysée.

riés de Saudi Oger en appellent au sommet de l’Etat pour régler cette affaire. Ils ont rendez-vous à l’Elysée « dans les prochaines semaines ». En plus des 214 anciens salariés français, sont également concernés des employés algériens, marocains, belges, allemands, portugais, et turcs. La dette globale de salaires impayés dépasserait les 17 millions euros pour ces 266 personnes ayant quitté l’Arabie saoudite. Pour 26 autres ex-employés restés dans le royaume wahhabite, la dette s’élève à 1,9 million d’euros. Affaire à suivre… J.-P. Delahaye

Climat

Une cop pour rien La COP23, la 23e conférence sur le climat de l’ONU, s’est achevé vendredi 17 novembre à Bonn, en Allemagne. Elle avait notamment pour ambition d’avancer sur la mise en œuvre de l’accord de Paris adopté fin 2015, plombée par le retrait des Etats-Unis. tion. Selon elle, la Conférence internationale climat « a fait l’impasse sur le soutien financier à apporter aux populations les plus vulnérables ».

franceinfo : Etait-ce une COP pour rien ? Invitée à réagir sur franceinfo, Armelle Le Comte, chargée de campagne Climat à Oxfam, n’a pas caché sa décep-

Armelle Le Comte : on ne peut pas dire que c’était une COP pour rien, mais c’est clairement une COP décevante, parce que malgré une année 2017 mar-

quée par des catastrophes climatiques multiples, dans les Caraïbes, en Asie, en Afrique de l’Est, on s’aperçoit que la COP23 a fait l’impasse sur le soutien financier à apporter, aux populations les plus vulnérables.

Y a-t-il une avancée à retenir de cette 23e Conférence climat ? C’est ce rendez-vous politique en 2018. Les Etats vont se retrouver à la LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL COP24 pour faire un vrai bilan, depuis la COP21 à Paris, sur les réductions des émissions (de gaz à effet de serre) et sur les 100 milliards de dollars que les pays développés ont promis aux pays les plus pauvres.

Pourquoi ce financement est-il l’une des urgences aujourd’hui ? Il faut ces 100 milliards parce que le changement climatique a des impacts dramatiques dans les pays en développement. Il faut aider les populations les moins responsables de ces phénomènes. Les 10 % les plus riches sont responsables de 50 % des émissions

et pourtant ce sont les populations les plus pauvres, dans les pays du Sud, qui en font les frais. Et encore, avec 100 milliards on est loin des besoins sur le terrain, l’ONU parle plutôt de 150 à 300 milliards de dollars. Et ça, c’est si les États arrivent à limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2 degrés. Pour l’instant on n’y est pas du tout.

Avant la COP24, il y a un sommet organisé le 12 décembre à Paris. Que peut-on en attendre ? C’est le prochain rendez-vous pour

les financements climats. A Bonn, Emmanuel Macron a fait un beau discours mais un discours creux, puisqu’il n’y avait aucune annonce financière concrète, alors il tient peut-être à garder des annonces croustillantes sous le coude pour son propre sommet à Paris, dans quelques semaines. J’espère qu’il annoncera des financements supplémentaires de la part de la France puisque la France n’est pas le bon élève en Europe et au niveau des pays développés. Elle doit donner plus d’argent pour les pays pauvres pour les aider à faire face à la sécheresse, aux ouragans.

Yémen

Urgence contre la famine La pire situation humanitaire dans le monde! Selon l’Onu 7 millions de personnes sont au bord de la famine. Un enfant meurt de maladie toutes les dix minutes. Un million de yéménites sont touchés par le Choléra. rebelles Houthi, averti le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET). Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé que deux millions et demi d’habitants étaient privés d’accès à l’eau potable, faute de carburant pour faire fonctionner les stations de pompage, ce qui risque d’aggraver l’épidémie de choléra.

La semence de guerre caricatures.

Plusieurs milliers de Yéménites pourraient mourir de faim chaque jour faute d’une levée du blocus imposé au début du mois de novembre par la coalition sous commandement saoudien et soutenue par Washington, qui combat les 10 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

Quinze millions de Yéménites étaient déjà en situation de crise alimentaire avant le blocus, souligne le FEWS NET dans un communiqué. Son renforcement décidé par Ryad ne fait qu’aggraver la situation. Une fermeture prolongée des principaux ports risque de provoquer une catastrophe sans précédent pour sécurité alimentaire et de conduire une partie importante du pays à la famine. « Des milliers de décès pourraient survenir chaque jour du fait de la pénurie de nourriture et des épidémies », ajoute l’organisme, qui est financé par l’Agence américaine pour le dé-

veloppement international. De son côté le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme (HCDH) a dénoncé les attaques perpétrées contre les civils ces dernières semaines et qui ont fait des dizaines de victimes. Selon les chiffres publiés début novembre en moins de trois ans 5 295 civils ont été tués et 8 873 blessés. Le blocus terrestre, aérien et maritime a été imposé le 6 novembre à tout le pays après l’interception dans le ciel de Ryad d’un missile tiré du Yémen. L’Arabie Saoudite le juge nécessaire pour « empêcher l’Iran de fournir des armes aux rebelles chiites Houthi ». La guerre engagée il y a maintenant plus de 3 ans pour le contrôle de cette région du monde enfonce un peu plus chaque jour le Yemen dans le chaos sous les yeux impassibles de la communauté internationale et l’incapacité de l’ONU à se faire entendre. J.-P. Delahaye


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Hillary tricheuse ? L’ex-présidente par intérim des démocrates, Donna Brazile, affirme dans un livre que son parti était sous la coupe d’Hillary Clinton avant même sa victoire lors de l’investiture présidentielle en 2016.

Tout remonte au mois d’août 2015. Les démocrates signent un accord avec l’équipe de campagne de l’ex-secrétaire d’État. En apparence, le deal est simple : le camp Clinton doit aider à renflouer les caisses du parti, endetté de plusieurs millions de dollars. Si ce volet-là est connu du grand public, ce livre révèle que cet accord comportait une contrepartie jusqu’ici ignorée. En échange de ce soutien financier,

l’équipe Clinton aurait bénéficié de tout un tas de pouvoirs au sein du parti, dont un droit de veto sur le poste de directeur de la communication. « En échange de lever de l’argent et d’investissements dans le comité démocrate national (DNC), Hillary contrôlait les finances et la stratégie du parti, et tout l’argent levé. Le DNC était également obligé de consulter l’équipe de campagne sur le reste du personnel, le budget, les données, le travail d’analyse et les mailings », écrit l’auteure. Donna Brazile dit n’avoir compris cet arrangement secret qu’en juillet 2016, quelques jours après avoir remplacé au pied levé la patronne démissionnaire du DNC, Debbie Wasserman Schultz. Une fois à la tête du comité, elle raconte qu’elle ne pouvait écrire un communi-

qué sans le feu vert de « Brooklyn », le QG de campagne Clinton. L’accord « n’était pas illégal, mais il n’avait certainement pas l’air éthique », précise-t-elle. Ces accusations à l’encontre d’Hillary Clinton ne datent pas d’hier. Pendant toutes les primaires 2016, Bernie Sanders n’a cessé de reprocher au parti démocrate son manque de neutralité, contestant par exemple le calendrier des débats. Il s’était finalement incliné largement. Quant aux démocrates, ils n’ont pas cherché à contester le « trucage » des primaires. La sénatrice Elizabeth Warren, en bons termes avec les deux camps, n’a pu que répondre « oui » à ce sujet, sur CNN. Hillary Clinton, elle, n’a pas commenté ces accusations. J.-P. Delahaye

La mort du rêve américain… À l’occasion des un an de Trump à la Maison-Blanche la correspondante à New-York du quotidien « Libération », Isabelle Hanne, a interviewé le grand intellectuel américain, linguiste émérite, figure de la gauche américaine Noam Chomsky. Il revient sur la « colère sans objet » qui a porté le milliardaire au pouvoir, née selon lui de la mort du rêve américain, de la fracture raciale ou des manigances et erreurs de jugement des démocrates. Extraits… Isabelle Hanne : Dans votre dernier ouvrage, Requiem pour le rêve américain, vous démontrez que ce rêve fondé sur une promesse de mobilité sociale est mort, mais qu’il continue d’alimenter le discours politique. Le « Make America Great Again » de Trump en est l’exemple le plus récent. Pourquoi ce message est-il toujours aussi séduisant auprès de l’électorat américain ? Noam Chomsky : Pas auprès de tout l’électorat américain, mais auprès de certains segments. La base de sup-

porteurs de Trump a été analysée très en détail. C’est une classe à revenus moyens, des hommes, petits-bourgeois, blancs, ruraux (ce qui comprend les petites villes industrielles qui ont subi de plein fouet la mondialisation néolibérale), conservateurs sur les questions sociales et très religieux. Il y a également un segment de la classe ouvrière, dont beaucoup ont voté pour Obama, envoûtés par son message d’« espoir » et de « changement » [ses slogans en 2008, ndlr], et qui ont été si profondément déçus des conséquences qu’ils se tournent, par désespoir, vers leur pire ennemi de classe. Les supporteurs de Trump ont tendance à être des gens qui regardent le passé, fantasment des parents et grands-parents travaillant dur, chaque génération faisant un peu mieux

que la précédente. Sauf la dernière, qui stagne, pour des raisons qu’ils ne comprennent pas. Dans de telles circonstances, c’est facile de se laisser aller à chercher des boucs émissaires : comme la prétendue « welfare queen » [reine des allocations] dont parlait Reagan sous-entendu, les Noirs ou aujourd’hui les Mexicains de Trump… Tout cela n’est que trop familier dans l’histoire plus ou moins récente.

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Monde /USA

Triste anniversaire ! Mercredi 8 novembre Trump a soufflé la première bougie de son accession au poste suprême de président des Etats-Unis. Une longue année ou le nouveau locataire de la Maison-Blanche au discours incendiaire et guerrier s’est fâché avec presque la terre entière… mobiliser sa base, rare sont ceux qui attisent le feu de la division une fois assis dans le bureau ovale. Or « en privé, le président et ses proches collaborateurs admettent sans détour qu’il est engagé dans une guerre culturelle au côté de sa base, la classe populaire blanche »…

Ainsi, en presque douze mois à la Maison Blanche, l’ancien magnat de l’immobilier a menacé la Corée du Nord d’une guerre nucléaire, méprisé le jeu d’actrice de Meryl Streep et malmené un sénateur républicain, comparé à « un employé de la fourrière ». Bref, il a appliqué à sa présidence le mantra des candidats de téléréalité qu’il a longtemps côtoyés du temps où il présentait « The Apprentice » : « Je ne suis pas venu ici pour me faire des amis. Je suis venu pour gagner ». Gagner quoi ? La guerre qu’il mène contre (presque) le reste du monde. Le Congrès, les tribunaux, les démocrates, les républicains, le ministère de la Justice, Hollywood, l’armée, les agences de renseignements, les acteurs d’une comédie musicale et de l’émission humoristique « Saturday Night Live », les athlètes professionnels… « Dans sa courte carrière de président, Monsieur Trump s’en est pris virtuellement à toutes les institutions de la vie américaine », a listé le New York Times en septembre. S’il est fréquent qu’un candidat au poste suprême soit vindicatif lors de sa campagne, afin de 12 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

D’ailleurs une majorité d’américains considère que leur président est « clivant ». Un sondage publié le 24 septembre rapporte que 66 % d’entre eux estiment que Donald Trump œuvre davantage à diviser le pays plutôt qu’à l’unifier (c’est 11 points de plus que le maximum jamais obtenu par Barack Obama ou George W. Bush). Pour le conservateur Peter Wehner, ancien conseiller du très « va-t’en-guerre » Georges W Bush, « jamais nous n’avons eu un président qui s’applique autant à entretenir la haine et l’animosité entre Américains, d’une manière si jubilatoire, si répétée. Et quand il n’y a pas de cible désignée, il va s’en créer une ».

Trump : cet homme est dangereux Pour ce qui est de ses relations avec le reste du monde, le président américain a donné le ton quelques jours après son investiture en décrétant le controversé « travel ban ». Partant du postulat que les citoyens de certains pays à majorité musulmane représentent une menace potentielle pour les Etats-Unis, ce décret – contesté en justice – leur interdit l’entrée sur le territoire. « America first », a promis Donald Trump, même s’il doit se froisser avec la communauté internationale. Profondément ignare en matière de geo-politique, ignorant la diplomatie et toujours prêt à bomber le torse il a limité le budget

du ministère des Affaires étrangères pour gonfler celui de la Défense. Le message : l’Amérique ne discute pas, elle agit. Quitte à exaspérer quelques alliés et à se lancer dans une escalade verbale sur fond de guerre nucléaire. Le fantasque président américain s’est également appliqué à détricoter les efforts diplomatiques les plus significatifs de son prédécesseur. En juin d’abord, il annonce son retrait de l’accord de Paris sur le climat. Désormais, la liste des pays non-signataires se résume aux Etats-Unis et à la Syrie. Enfin, en octobre, il met en péril l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 par Barack Obama avec l’Iran, l’Allemagne, la Chine, la France, le Royaume-Uni et la Russie. Contre leurs avis, il menace « d’annuler » cet accord en vertu duquel Téhéran a accepté de brider son programme nucléaire –une promesse tenue et reconnue récemment par l’Agence de contrôle internationale- en échange d’une suspension des sanctions occidentales et onusiennes. Finalement, seuls deux pays se félicitent de cette décision, Israël et l’Arabie saoudite, en conflit avec l’Iran. Dans un article publié dans le magazine Foreign Policy et titré « La pire première année de politique étrangère », un historien fustige cette nouvelle politique. « En dénigrant des accords-clés, et des alliances telles que l’Alena et l’Otan, Trump a marqué de son empreinte une stratégie visant à mépriser les valeurs et les relations qui constituent la base de l’image internationale des Etats-Unis depuis des générations », commente-t-il. J.-P. Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE N° 839 NOVEMBRE 2017

La Catalogne – l’Espagne et l’Europe Dans un article récent publié sur son « blog », notre ami José Fort – bien connu des lecteurs du Réveil pour ses publications éclairées sur la guerre d’Espagne et les « Brigades internationales » dont les survivants étaient adhérents collectifs à l’ARAC à travers l’AVER (Association des Volontaires en Espagne Républicaine, Rol-Tanguy) – écrivait : « Il est impossible de comprendre les événements en Catalogne si on ne fait pas un retour en arrière dans l’Histoire contemporaine de l’Espagne. » Puis, ce retour de mise à jour effectué, il faut se tourner vers Bruxelles, et s’interroger « Pourquoi l’Union Européenne refuse d’intervenir ? Pourquoi soutient-elle Madrid ? » ■ LA MACHINE A REMONTER LE TEMPS ➣ Au premier millénaire avant Jésus-Christ, des Celtes venus de l’Est de l’Europe s’établissent sur l’actuel territoire catalan, se mêlent aux indigènes et forment les diverses tribus ibères. ➣ A partir du 8e siècle, des Grecs fondent des comptoirs en Catalogne, comme sur tout le pourtour de la Méditerranée. Et de nombreux indices, montrent que le commerce maritime était déjà prospère dans cette région. ➣ En 218 avant Jésus-Christ, les Romains débarquent en catalogne, restent jusqu’au 3e siècle après Jésus-Christ, favorisant l’agriculture et le commerce permettant la fondation de Barcelone (Barcino) et Tarragone (Tarraco). ➣ Les Arabes… puis les Francs Les Arabes ayant envahi l’Espagne et leur ayant apporté les richesses culturelles et les Palais que l’on sait, ils pénètrent en Catalogne en 716. Et la passer à sa « voisine » de façon flagrante avec notre « actualité ».

Cette arrivée des Arabes provoque l’émigration d’une partie de la population qui se réfugie dans les Pyrénées… et le royaume des Francs… D’où l’intervention des rois Francs (Charles Martel pour les Francs et les Burgondes Eudes pour les Vascon) et Abd al Rhaman, gouverneur de l’Andalousie, lors de la bataille de Poitiers en 732. Abd al Rahman battu et tué. Tous les historiens s’accordent pour dire que cette bataille aurait servi de symbole « pour la lutte de l’Empire Ottoman), en Espagne avec la Reconquista, en Méditerranée contre les Barbaresques ? Déjà s’affirme la volonté d’établir un rempart chrétien à d’éventuelles invasions musulmanes… Saisissant, non ? ➣ En 778, la défaite de Roland à Roncevaux pousse Charlemagne à confier la conquête de Girone aux contes Chrétiens établis sur la frontière et l’un d’entre eux en devient le gouverneur. Les territoires repris sont attribués en comtés vassaux des rois carolingiens et

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

Barcelone devient le centre des possessions franques en Espagne. Raymond Berenger 1er, Comte de Barcelone de 1035 à 1076 donne à la Catalogne les fondements de sa vie politique en unifiant droits et coutumes du pays. ➣ Du 12e au 15e siècle, Catalogne et Aragon forment un seul royaume, MAIS GARDENT LEURS PROPRES INSTITUTIONS. La Catalogne est en pleine prospérité : développement de la production agri-


LE RÉVEIL DOSSIER

La péninsule ibérique en l’an 1000.

cole, des activités manufacturées et des activités commerciales. Cet essor engendre une bourgeoisie urbaine, premier intervenant de la contestation des structures féodales. Mais la peste noire (1348), puis la guerre civile avec Jean II d’Aragon amènent la Catalogne à se laisser incorporer au nouveau royaume unifié des rois catholiques Ferdinand II d’Aragon et Isabelle Ière de Castille en 1469. ➣ La Catalogne souveraine aidée par les français et abattue par eux Du 16e au 18e siècle, l’Espagne vit sous le régime de Charles Quint et ses successeurs de la Maison d’Autriche. La Catalogne y constitue un Etat autonome et conserve ses institutions traditionnelles. Mais la guerre de 30 ans entre la France et l’Autriche oblige la Catalogne à y participer et entraîne le soulèvement puis la guerre de session (guerra del Segrado) appuyés par la France. Les Catalans proclament leur République indépendante sousprotectorat français et la Monarchie espagnole reconnaît alors la Constitution Catalane. C’est l’un des précédents dont se réclament aujourd’hui les indépendantistes. « Ils avaient dès cette époque une langue propre, 14 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

une vieille littérature, un droit ancien, un passé et un présent industriel beaucoup plus forts qu’ailleurs » (Jordé Samuel, historien à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences-Sociales à Paris). ➣ Mais en 1669, la Paix des Pyrénées retracent les frontières des Pyrénées Orientales, enlève le Roussillon et la Cerdagne à la Catalogne. Les Bourbons accèdent au trône d’Espagne et abolissent alors tous les privilèges de la Catalogne. La Catalogne riche face au reste de l’Espagne voit naître alors un mouvement revendiquant un rôle politique au plan national. Mouvement renforcé par l’invasion et l’occupation napoléonienne. En 1809, le siège de Girone dure 7 mois au bout desquels la ville doit capituler vaincue par la famine, le manque de munition et la maladie. La Catalogne, transformée en département français en 1812, défend le principe du fédéralisme. Ainsi, peu à peu, le passé relève les racines et les signes de la crise actuelle. ➣ De 1814 à 1931… L’Espagne ayant retrouvé son indépendance en 1814, Ferdinand

VII règne en monarque absolu sur un pays qui se modernise au rythme de la « Révolution industrielle ». La bourgeoisie urbaine s’oppose à la société paysanne traditionnelle et – surtout – naît un mouvement ouvrier qui, longtemps, se limite au pays catalan. Le premier parti nationaliste catalan apparaît en 1901. Et c’est à cette époque qu’est composé l’hymne catalan, qui évoque une révolte paysanne au 17e siècle contre la présence des soldats de la Couronne. La région est agitée à la fois par le mouvement catalaniste et par le mécontentement des masses populaires urbaines qui veulent améliorer leurs conditions de vie particulièrement misérables à l’époque. ➣ En 1931, un nouveau parti – La Esquerra Républica de Catalunya – remporte les élections municipales.

La Catalogne et la République Le 17 août 1930, un an avant les élections municipales, le Pacte de San-Sebastian – signé par des antimonarchistes, des syndicalistes, des autonomistes catalans et des socialistes – appelle à la constitution d’une République. Cette alliance remporte les élections municipales du 12 avril 1931 dans 41 capitales de province sur 50.

Corpus de sang la guerra de los segadores.


DOSSIER LE RÉVEIL

1931 proclamation de la République à Madrid.

Alphonse XIII pris de panique fuit l’Espagne deux jours plus tard, mais n’abdique pas. Le commandant de la garde civile, le général José Sanjurgo invite alors les dirigeants républicains à proclamer… la République. Elle est proclamée à Barcelone. Un gouvernement régional autonome - La Generalitat de Catalunya – est constitué et chargé d’élaborer un statut d’autonomie qui devra être approuvé par le peuple Catalan puis par le Parlement siégeant à Madrid. ➣ Les élections législatives de juin 1931 Confirment le succès des Républicains et amènent une majorité de gauche à l’Assemblée nationale des Cortes. Résolument à gauche, la 2e République étend le suffrage universel aux soldats et aux femmes. Elle accorde un statut d’autonomie à la Catalogne. La droite parlementaire s’organise alors au sein d’une coalition

Des manifestants contre l’indépendance de la catalogne effectuent des saluts fascistes le 1er octobre 2017 à Barcelone.

électorale, la CEDA (Confédération Española de Derechas Autonomas) autour de José Maria Gil Robles. Et, en 1933, le fils de l’ancien dictateur Primo de Riviera, créé un parti nationaliste sur le modèle fasciste italien (la Falanga espanole). Le gouvernement Azaña battu par la CEDA aux élections législatives de novembre 1933, une succession de gouvernements impuissants mena aux nouvelles élections législatives. ➣ Entre temps, toujours la Catalogne, Luis Companys – Président de la generalista – pour s’opposer à la droite qui gouvernait à Madrid – proclama en 1934 un « Etat Catalan de la République fédérale espagnole ». Faute de soutien, il s’exile en France, où il sera dénoncé, livré à la gestapo qui le remit à Franco où il sera fusillé. Le 17 juillet 1936, Franco entre en rébellion avec l’appui militaire de Hitler et Mussolini, contre la République et son gouvernement légalement élu, abandonné à son tour pour les « démocrates » de France et d’ailleurs (« la non-intervention »). Ce gouvernement qui n’avait qu’un seul mais grand tort : Il s’attaquait aux intérêts de classes privilégiées et s’intéressait aux particularités régionales. ■ LA CATALOGNE et FRANCO A la fin 1937, le gouvernement s’installe à Barcelone. Après la bataille de l’Ebre qui durera 4 mois, la route de Barcelone est ouverte aux franquistes qui y entrent le 26 janvier 1939. Le 1er avril, toute l’Espagne est aux mains de Franco. La Catalogne, la belle, la rebelle est tombée la dernière… encerclée. Et à sa chute, des centaines de milliers d’Espagnols ont fui en franchissant la frontière française.

Franco instaure l’Etat nouveau, l’ère des horreurs de la dictature, de la revanche sur le peuple. N’importe quelle forme d’opposition est interdite. Commence alors « los años del hambre » (les années de la faim qui dureront des décennies). Et l’autonomie Catalane disparaît de façon brutale. Il est même interdit d’y parler… Catalan. Mais, peu à peu, l’interdiction de la langue catalane se relâche et le mouvement de protestation catalan devient l’un des fondements de la critique du régime franquiste. Pas d’organisations secrètes mais – vers la fin des années 1950 – des intellectuels et des artistes catalans commencent à réactiver le mouvement catalaniste à travers une forme de protestation souple et quotidienne, on remplit les formulaires en catalan, on siffle des chansons catalanes en présence des députés madrilènes… Face au succès de mouvement musical « Nora Canço », le régime franquiste réagit en interdisant les concerts, en censurant les textes. Ce qui favorisa la vérité « sous le manteau » des disques de Maria del Mar, Pi de la Serra et Lluis Llach. En 1968, ce dernier compare le régime à

Avril 1931 2e République.

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LE RÉVEIL DOSSIER

Le combat contre le coup d’état de franco.

un poteau pourri dans la chanson « L’estacada » dont le refrain est : « Il tombera, tombera, tombera… ». Chanson qui deviendra l’un des hymnes de la résistance pour la jeunesse de Madrid. Franco meurt le 20 novembre 1975. ■ APRES UN TEL PARCOURS On comprend mieux sans doute, l’attachement de tant de Catalans à leur autonomie et que certains soient enclins à se considérer comme les héritiers de la République Espagnole et à reprendre le cri des héros : No pasaran ! Point n’est ici notre intention de rappeler en détail la guerre d’Espagne, puis la place importante des guérilleros espagnols dans la Résistance française dans les camps de la mort nazie, dans les FFI de Leclerc, etc. Notre parcours catalan aurait pu s’arrêter en 1979, date à laquelle la Catalogne et le Pays Basque

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recouvrent leur statut d’autonomie… Seulement voilà… Une guerre civile, une dictature de 40 ans puis une « transition » dite « démocratique » menée par les rejetons du franquisme et les gauches essentiellement. Le parti socialiste et le parti communiste espagnol misaient sur la fin de la clandestinité et le retour à une vie « normale »… tout cela n’a pu que laisser des traces. ■ AUJOURD’HUI LA CATALOGNE Le rapport des forces de l’époque était tel qu’il était impossible que cette transition accouche d’une véritable démocratie, pas plus que d’une République. D’autant que les aspirations longtemps réprimées à la culture et l’industrie nationale pouvaient elle coexister avec l’irruption politique d’Etats provinces comme la Catalogne, le Pays Basques ou la Galice ? A l’évidence, il existe en Catalogne un nationalisme d’exclusion dont la bourgeoisie a fait ses choux gras, ce qui est un facteur d’affrontement. Ainsi Jordi Pujol (ancien président de la generalitat Catalane) a pu déclarer récemment, à propos des milliers de travailleurs immigrés « de l’intérieur » venus enrichir le patronat local catalan : « les immigrés murciens et andalous ont des capacités intellectuelles inférieures aux catalans ». On croit cauchemarder et revivre l’époque fasciste du retour en force de l’extrême droite. Qui n’a pas vu à la TV, lors des récentes manifestations à Barcelone, ces personnages faisant le salue fasciste, ces bourgeoises anti indépendantistes déclarées avec horreur « on nous traite de fascistes, on se croirait revenu sous Franco ! » Par contre Jean Ortiz (maitre de conférence et spécialiste de l’Es-

pagne) rapporte que « des partisans d’une Espagne réactionnaire, excluant ; repliée sur elle-même, marquant des points, notamment dans le reste de l’Espagne où le gouvernement fait régner un climat anti-catalan hystérique. L’extrême-droite instrumentalisa les courants identitaires. On entend parler de « l’Anti-Espagne », de « l’Unité menacée, de « l’Espagne Unie », « d’ennemis de la Patrie », de « sédition » de « séparatistes ». ➣ Comment s’étonner après cela que les « indépendantistes » catalans dénoncent les origines franquistes du parti au pouvoir à Madrid ? Le Parti Populaire du gouvernement Mariano Rajoy n’est-il pas l’héritier de l’Alliance Populaire, formée après la mort de Franco par d’anciennes personnalités de son régime mortifère ? ■ L’EUROPE et la CATALOGNE Après un long silence, le sommet de Bruxelles des 19 et 30 octobre dernier, a largement évoqué le problème de la Catalogne. A l’image d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel, l’écrasante majorité a soutenu Madrid face à Barcelone. Première donnée à voir : Aucun différend politique ne peut se régler par la force. Le gouvernement espagnol en agissant avec la brutalité que l’on sait sur des simples porteurs de bulletins de vote a clairement marqué son incapacité à résoudre la crise majeure qui ébranle le pays.


DOSSIER LE RÉVEIL Pour autant, les conditions du scrutin catalan et la déclaration d’indépendance unilatérale et en dehors de tout cadre institutionnel ne permettant pas de mesurer si la volonté du peuple catalan est ou non de faire scission de l’Espagne. Deuxième donnée à considérer Peut-on laisser se développer la stratégie jusqu’au bout de la droite et d’un nationalisme ? C’est d’une course à l’abîme qu’il s’agit pour les deux peuples, chacun de leur dirigeant offrant tour à tour l’autre, le degré supérieur d’affrontement final. D’un côté, la « Déclaration Unilatérale d’Indépendance », de l’autre l’Article 155 de la Constitution, la procédure de suspension d’autonomie et la restauration de l’Ordre Constitutionnel en Catalogne. Les politiques du pire… Seuls les ultras gagnent aujourd’hui. La situation économique L’Espagne est frappée de plein fouet par la crise de 2008, avec ses milliers de jeunes chômeurs, ses milliers d’exilés économiques, sa corruption, l’accroissement des inégalités sociales et régionales. La débâcle économique et sociale accéléra la poussée d’un indépendantisme exacerbé comme le regain nationaliste, MAIS SURTOUT visant à détourner les regards des causes véritables. Au lieu d’un combat organisé pour une autre répartition des richesses issues du travail et de la pression sur les salaires dans le cadre d’une union européenne de la concurrence, les projecteurs sont braqués ailleurs que sur ceux qui en tirent les fils. La crise du capitalisme financier mondial a ébranlé les Etats-Unis, leurs systèmes sociaux et leur fonctionnement démocratique. Les conjonctures financières néolibérales des instances supranationales, l’endettement perpétuel, les institutions financières n’ont qu’un objectif : garantir ce profit

maximum d’une infime minorité de profiteurs en sacrifiant les droits sociaux et démocratiques des peuples. Dès lors, nationalismes, séparatisme, populismes sont autant d’armes réactivées avec ardeur et racisme. Ainsi va l’Italie par exemple où l’extrême droite à la direction de deux des plus riches régions du pays – la Lombardie, la Vénétie – a imposé le 22 octobre un référendum permettant de se délester de l’intérêt national par le rejet des habitants du sud italien jugés inférieurs et handicapants pour les profits inédits de la bourgeoisie florissante du Nord. L’actuelle conception anti-démocratique de l’Union européenne a résulté des traités de Maastricht et Lisbonne – favorise une situation dont nul ne peut dire aujourd’hui où s’arrêtera cette course à la division en Europe, avec les tensions potentiellement dévastatrices qui en découlent ? Les exemples en Europe centrale et orientale, ceux de l’Ex-Yougoslavie mais aussi de la Grèce et du Portugal, la renaissance des extrêmes-droites totalitaires en Pologne, Hongrie, Autriche, en Allemagne etc., sont loin du chemin d’une souveraineté économique et politique pour la Catalogne. ■ QUELLE SOLUTION POUR TOUS ? Grégoire Lopez Raimundo, Résistant antifranquiste, dirigeant du PSUC – antenne catalane du parti communiste d’Espagne – déclarait peu avant sa mort à José Fort : « Les luttes sociales et la récupération de notre identité catalane sont indissociables. Nous ne sommes pas indépendantistes, nous sommes favorables à l’autodétermination et à la construction d’un Etat pluri national respectant les identités et

les particularités de chacun dans le cadre d’une coopération entre toutes les régions d’une Espagne démocratique et de progrès. Bref un Etat Fédéral ». Pour leur part, des forces de gauche espagnoles telles les « commissions ouvrières de Catalogne, le groupe parlementaire Catalan Cat Si Sue es Pot (communistes, écologistes, Podemos et Municipalistes) semblent vouloir explorer ce même chemin, cette même issue que réserve Alberto Garzon (coordinateur général d’Izquierda Unida) : « Nous avons été placés dans une situation très compliquée par la faute de gouvernements irresponsables. La meilleure manière de protéger l’unité de l’Espagne, c’est de séduire la Catalogne avec le projet d’un nouveau pays passant par un processus de constituante ». Pourquoi pas ? Mais, dans l’immédiat, nous pensons que tout doit être fait en Espagne, dans les capitales européennes et à Bruxelles, non pour souffler sur les braises ou détourner les yeux du « laissez-faire »… MAIS pour favoriser le retour à un climat permettant la réponse d’un débat politique prenant en compte les aspirations partagées par l’immense majorité des catalans. Et la FRANCE DOIT Y PRENDRE TOUTE SA PLACE M. MACRON.

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LE RÉVEIL DOSSIER

Et aujourd’hui : une même politique d’austérité Pour Carlos Puigdemont, Président de la generalitat de Catalogne, « on peut être d’accord avec le Parti Populaire pour ce qui concerne le modèle socio-économique ». Un bel aveu qui situe bien ce que cache le faux débat actuel sur la Catalogne. Depuis que la droite indépendantiste est au pouvoir en Catalogne, elle a appliqué la même politique que le gouvernement à Madrid : compression des dépenses publiques et privatisations. Ainsi, entre 2009 et 2015, les dépenses sociales ont fondu de 26,26 % ! – En matière de privatisation, la Catalogne est 2e juste derrière Madrid pour la privatisation du secteur public, des coupes sévères dans l’Education. Mais, dans le même temps, maintien des subventions aux écoles privées de la congrégation catholique conservatrice Opus Dei. – Autoroutes confiées à un consortium dirigé par les banques Caixa, Résultat, péages très onéreux. Et pourtant, Carlos Puigdemont – pour être élu – avait promis la fin de l’austérité. Et depuis, le débat sur l’indépendance a enfoui toutes les demandes sociales. Ce dossier mémoire a été réalisé par André Fillère.

Espagne : Pourquoi l’Union européenne garde le silence ? Il est impossible de comprendre les événements en Catalogne si on ne fait pas un retour en arrière dans l’Histoire contemporaine de l’Espagne. Avec en toile de fond la dite « guerre civile » qui fut, faut-il le rappeler, un soulèvement militaire soutenu par Hitler et Mussolini contre un gouvernement légalement élu, abandonné par les « démocraties » de France et d’ailleurs. Ce gouvernement républicain présentait une tare indélé18 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

bile : il s’attaquait aux intérêts des classes privilégiées et s’intéressait aux particularités régionales. Que veut-on imposer aujourd’hui, pourquoi veut-on étouffer la démocratie, l’expression populaire. Si ce n’est comme c’est le cas partout en Europe, faire le lit des ultras-riches au détriment de centaine de millions d’habitants de nos pays. Sauf à vouloir poursuivre coûte que coûte la politique européenne

approuvée par la Commission Européenne et décidées par la chancelière allemande. D’ailleurs pas un mot sur cette violence de la part de la chancelière allemande, du président de la Commission européenne, ils gardent le silence car c’est l’Europe qui étouffe les souverainetés populaires, la souveraineté des nations, qui conduit à la situation sociale catastrophique dans de nombreux pays d’Europe. Les déclarations récentes du président de la Commission européenne de créer une armée européenne pour « entre autre » « assurer le maintien de l’ordre en Europe », n’est pas fait pour nous rassurer au regard de ce qui vient de se passer à Barcelone et en Catalogne. Plus que jamais la démocratie est nécessaire, elle passe par la souveraineté des peuples et si une Europe doit exister, elle sera le fruit du rassemblement d’états souverains, démocratiques et laïques. Jamais la violence ne peut être un instrument en politique si non à étouffer l’expression populaire, quand le but recherché par millions d’individus est d’arriver à une société plus juste. L’enjeu de ce qui se passe en Espagne, et plus particulièrement à Barcelone aujourd’hui, c’est la place et le rôle de la démocratie. Villejuif, le 2 octobre 2017 – 16 h Le Secrétariat National de l’ARAC.


DOSSIER LE RÉVEIL

Espagne : la pasionaria parle Un entretien avec Serge Leyrac – Journaliste à l’Humanité – Elle tient ses deux mains serrées, appuyées contre le bord de la table couverte d’une toile cirée. La salle de séjour est claire, ordonnée, égayée par des bibelots, des poupées russes, des objets de son pays natal. (…) Autour de nous rôdent des images, des paroles, toute la légende née de la guerre d’Espagne. Des noms, des chants, des lieux qui ont dans nos têtes résonance de rêve, de gloire et de malheur : Teruel, Guernica, Guadalajara, le passage de l’Ebre …

« Dès la mort de Franco, les changements seront très forts. Malgré toutes les résistances, le mouvement se développera. Il y a une volonté de tout le peuple de changer le pays ». Un de ces multiples silences pendant lesquels ses mains se nouent et se dénouent. « Il est difficile d’exprimer l’espoir de tous les Espagnols de l’émigration. On aime toujours son pays, surtout celui pour lequel on a combattu. Etre exilé c’est toujours un malheur ».

Ses habits noirs rehaussent la finesse de son visage serti dans sa chevelure blanche. Qui a parlé de la fragilité des femmes ? Dolores est la déroute de cette idée reçue. Elle est l’incarnation même de la volonté farouche de surmonter avec son peuple tous les destins contraires. C’est de cette bouche qu’est venue la réponse cinglante à qui proposait de plier : « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ».

« Chaque personne aime son pays. Vous savez ce que représentent 40 années d’émigration, à penser au retour »

(…) moi qui la dévore des yeux, je ne saurai tout à l’heure dire la couleur des siens, sinon qu’ils sont de braise, et pour en parler ne peux mieux faire que d’emprunter à Eluard :

« Nous avions confiance : la fin de la guerre allait nous ouvrir le chemin de l’Espagne. Ce fut terrible pour nous. Nous restions dans l’émigration. Nous avons beaucoup de reconnaissance pour l’Union Soviétique. Pas seulement pour ce qu’elle a fait durant la guerre civile. Mais aussi et en particulier pour ce qu’elle a fait pour les enfants espagnols. On leur a donné une instruction. Ils sont devenus des ingénieurs, des médecins… mais dans le domaine politique ce fut terrible, parce que notre travail devait se faire en Espagne. Et nous allons y retourner après 40 ans d’exil. Est-ce pour conjurer le mauvais sort ? Peut-être que c’est une illusion ? »

« Les plus beaux yeux du monde Se dont mis à chanter Qu’ils veulent voir plus loin Que les murs des prisons Plus loin que leurs paupières Meurtries par le chagrin » Dolorès parle de l’espoir, de l’exil, de son peuple, de l’avenir, de l’espoir toujours. La disparition de Franco, ce que cela représente ? « Une grande espérance… une grande espérance de pouvoir retourner en Espagne et y vivre… »

« Après la Seconde guerre mondiale, tout le monde pensait au retour. La politique des dirigeants américains, anglais et français de l’époque l’a empêché. Ils ont préféré Franco, cet homme du fascisme. C’était le moment le meilleur pour le chasser. »

Dolorès Ibarru n’a pas voulu d’« une vie grise, d’une vie d’esclave ». La vie m’a montré, disait-elle, combien il est difficile pour une femme, pour une mère, de mener la lutte révolutionnaire. »

(…). Elle sourit. « J’ai plus de facilité que d’autres camarades à parler aux croyants et à les comprendre pour avoir été des leurs autrefois… il y a bien longtemps » « Un jour j’ai reçu une guitare miniature. Elle était en or. C’étaient des gens pauvres du Sud qui me l’avaient envoyée. Quand on pense à ce que cela peut représenter pour eux qui vivent dans le dénuement ». Ses mains enserrent à présent son visage. « Dans les villages, les gens ont un sens inné de l’hospitalité. Si vous leur demandez votre chemin, non seulement ils vous l’indiquent mais ils vous proposent de vous accompagner. Notre peuple est un peu très hospitalier. Je ne sais pas si c’est parce qu’il a beaucoup souffert. Il fera de grandes choses, notre peuple » Elle parle aussi du puissant mouvement de solidarité en Europe, lors de la récente condamnation et exécution des cinq antifascistes en Espagne. LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER « Dans notre combat, le Parti Communiste Français a toujours été à nos côté. Dans les moments les plus difficiles, son aide ne nous a jamais fait défaut. Lorsque nous nous quittons, Dolores debout dans l’encadrement de la porte de sa salle de séjour, Dolores me salue son

poing tendu, levé haut, comme on peut imaginer qu’elle le faisait s’adressant aux soldats républicains en route pour le front. Elle me dit en riant : « Nous nous reverrons peut-être à Madrid » C’est sa manière de retrouver Eluard (Espagne – Poèmes politiques – Paul Eluard ) :

Extraits : Jacques DUCLOS, vice-président

de l’ARAC : Main dans la Main au meeting de solidarité avec les démocrates espagnols contre dictature espagnole 20 juin 1971 la malheureuse et héroïque Espagne ». « Il est indispensable que nous exigions, tous ensemble, l’arrêt de la répression, la libération des prisonniers politiques et l’amnistie totale pour les détenus et exilés politiques ». Ensemble, avec tous les hommes de bonne volonté… Jacques Duclos vice-président de l’arac.

Depuis bien longtemps déjà, alors que les tortures, les arrestations, les condamnations s’abattent sur eux avec une incroyable férocité, les travailleurs, les démocrates espagnols ne plient pas, ils ne se mettent pas à genoux. Ils restent debout et avec leur avant-garde le parti communiste d’Espagne, faisant flotter bien haut le drapeau de la liberté, ils ont continué et ils continuent le combat. Jacques Duclos souligne le rôle décisif de la classe ouvrière dans le combat contre la dictature franquiste. Il rappelle les succès remportés par les commissions ouvrières et rend hommage à deux de ses dirigeants emprisonnés, Marcelino Camacho et Julian Ariza. Les conquêtes de la classe ouvrière d’Espagne, dit-il, élargissent le front commun « contre la clique dirigeante qui gouverne 20 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

« Pour sa part, les organisations et les militants ne cesseront de dénoncer les crimes dont souffre le peuple frère d’Espagne, d’apporter une aide active à toutes les victimes de la dictature franquiste. » « Ensemble, avec tous les hommes de bonne volonté, nous sommes résolus à étendre encore davantage la solidarité internationale pour la défense de la juste cause du peuple espagnol. » Évoquant l’attitude du gouvernement français « qui développe sa coopération militaire avec l’Espagne franquiste, de même qu’il le fait avec le Portugal de Caetano et la Grèce des colonels ». Jacques Duclos ajoute : « Ce qu’il faut savoir c’est qu’au moment même où l’on proclamait avec ostentation la satisfaction ressentie par les milieux franquistes par rapport à l’attitude du gouvernement français, aussi bien à Madrid que dans d’autres villes

« Vie perdue retrouvée Nuit et jour de la vie Exilés prisonniers Vous nourrissez dans l’ombre Un feu qui porte l’aube La fraîcheur, la rosée La victoire Et le plaisir de la victoire » Source : L’humanité Dimanche – novembre 1975 - Extraits

d’Espagne, les condamnations continuaient à s’abattre sur les travailleurs et démocrates d’Espagne. » « Maurice Schumann, ministre des affaires étrangères, qui doit se rendre prochainement en Espagne devrait penser à cela. « Il ne s’agit pas de renouveler le geste de Ponce Pilate se lavant les mains, il s’agit de se placer du côté des victimes et pas du côté des bourreaux » « Nous sommes, avec l’Espagne de Frederica Garcia-Lorca, avec l’Espagne de Julian Grimaud, avec l’Espagne de la Pasionaria, avec l’Espagne du peuple que nous voulons aider à sortir de l’ombre de la servitude pour accéder au soleil de la liberté. « Nous sommes avec l’Espagne admirable qui souffre mais qui lutte, et qui lutte non seulement pour elle mais aussi pour nous. « Nous sommes avec vous, travailleurs et démocrates d’Espagne, car nous savons que la victoire de la démocratie, de l’autre côté des Pyrénées, sera aussi une victoire des travailleurs et démocrates français. » Et « en pensant à cette noble et valeureuse Espagne qui lutte, qui souffre et qui espère », Jacques Duclos dira, avec Paul Eluard : « S’il y a en Espagne un arbre teint de sang, c’est l’arbre de la liberté. » « S’il y a en Espagne une bouche bavarde, elle parle de liberté. »


MÉMOIRE LE RÉVEIL

56e Congrès de l’ARAC à Créteil Trois jours inoubliables !

Le magnifique Palais des Sports de Créteil, est devenu les 17, 18, 19 Novembre derniers, un espace magique et confortable où se mêlaient la présentation conjointe et géniale de la dizaine d’expositions nouvelles1, fruit du travail de créativité mémorielle intense de l’ARAC, en son année de son Centenaire, les stands attrayants des associations invitées, le restaurant, le bar, lieu de convivialité privilégié, si précieux pour les rencontres entre délégués. Et invités… et l’enceinte même des travaux du Congrès. Trois livres inédits sont aussi sortis à l’occasion du Congrès du Centenaire : « Mémoire et message d’une centenaire : l’histoire de l’ARAC de Georges Doussin, Paroles d’un combattant, de Paul Vaillant-Couturier, et Henri Barbusse l’anti-prêt-à-penser de Paul Markidès. Patrick Staat, notre Secrétaire Général, a salué le dévouement des milliers de militantes et militants qui agissent inlassablement et au quotidien pour continuer le combat des fondateurs de l’ARAC et de tous nos prédécesseurs,

tout en remerciant la petite équipe salariée de l’association pour la qualité de son travail. Il a exprimé aussi notre juste reconnaissance à toute l’équipe départementale du 94 bénévole, qui a assuré pendant trois jours avec dévouement, compétence et efficacité, la sécurité des congressistes, leur accueil, les transports, et cela dans des conditions pas toujours simple. Nos amis Jo Privat Jr avec son accordéon et la chanteuse Muriel nous ont offert, samedi soir, une respiration artistique de musiques et chansons populaires qui resteront dans nos cœurs. Emotions fortes et communion d’aspirations toniques !!! Tout comme les Szgagabonistes avec Pascal Gabay le vendredi soir autour de l’expo de l’ACER et de l’ONAC sur la guerre d’Espagne. Raphael Vahé, Président dans son rapport introductif à la discussion sur le projet de document d’orientation du Centenaire a resitué l’action de l’ARAC dans sa perspective historique et son ancrage dans le réel d’aujourd’hui qui se caractérise par un

contexte de politique de vaste régression sociale et de civilisation, cassant le programme de progrès humain du Conseil National de la Résistance, sur fond de lourdes menaces planétaires et de dangers de guerres dues au nouveau partage du monde qui est en train de s’installer sous nos yeux, en bafouant les souverainetés nationales, et confirmé l’appel de l’ARAC à la Résistance. Les deux jours de débats, incisifs ont confirmé la hauteur des vues et la véritable diversité républicaine qui s’est exprimée toujours dans un souci de compréhension mutuelle, le grand atout de notre association et dans l’état d’esprit constructif, comme en témoigne cette grande décision d’Etats Généraux de la Paix que nous voulons placer dans le cadre de la dernière année du Centenaire de la guerre 1418. On a pu dénombrer une centaine d’interventions au cours des séances et des commissions réunies le vendredi soir. A noter qu’une motion sur la défense du droit à réparation encore malmené LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017 - 21


LE RÉVEIL MÉMOIRE

dans le projet de budget ACVG de 2018 et où nous voulons l’imposé dans l’héritage républicain, et qu’une motion sur notre action de mémoire qui doit s’amplifier et que nous devons hisser au rang de l’éducation populaire reconnue, une motion sur le combat pour Paix, ont été adoptées. Elles viennent préciser le document d’orientation du Centenaire qui a été voté à l’unanimité. Plusieurs délégués représentants les jeunes générations dont des OPEX, sont venus dire leur motivation profonde qui les conduit à choisir l’ARAC pour y militer. D’autres sont venus y exprimer leurs inquiétudes, leurs interrogations, leurs doléances. Pour mener à bien toutes ces actions, son développement local il a été souligné l’indispensable besoin de fortifier nos implantations locales. Cela suppose une bonne et juste appréciation partout dans les sections locales des problèmes d’organisation, des problèmes des adhésions par l’initiative, hors commémorations, de l’accueil des nouveaux adhérents notamment chez les non anciens combattants et l’amplification de la diffusion de l’instrument exceptionnel que constitue notre Réveil des Combattants, non seulement comme outil de connaissance, comme outil de défense des valeurs républicaines d’émancipation, mais aussi comme outil de liaison pour nos adhérents -surtout les isolés -pour 22 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

développer les solidarités. Rosy Mizo, Présidente du Comité international pour le Village de l’Amitié au Vietnam a apporté un message chaleureux de soutien à l’ARAC. Le Vice-Président de l’Association des Vétérans du Vietnam, le lieutenant-Général NGUYEN SONG PHI ont aussi salué la coopération et l’amitié entre nos deux associations en insistant sur l’œuvre de solidarité concrète que représente le Village de l’Amitié où sont soignées des victimes sur trois générations, des effets de l’agent orange. L’intervention de Nora Trehel, présidente de la Mutuelle familiale a marqué la volonté de poursuivre la reconnaissance des droits soldats. Les invités à la séance qui leur a été consacrée le dimanche, M. CATHALA, Maire de Créteil a souligné

la place irremplaçable qu’occupe notre association dans le mouvement combattant Christian FAVIER, Président du Conseil Départemental 94 est venu encourager, en début de Congrès, notre travail et a présenté sa doléance forte pour la sauvegarde de la souveraineté des collectivités territoriales au service exclusif de la population, face aux décisions gouvernementales. Pascal SALVODELLI, Sénateur, a apporté le salut chaleureux des parlementaires communistes et républicains. Les délégués ont déploré l’absence d’un représentant de l’Etat, pourtant invité. Une motion de protestation a été adoptée à l’unanimité. Tous ont écouté avec respect, le rapport tonique, clair, convaincant de Patrick Staat, Secrétaire Général. Très ému, il a résumé le socle d’idées que constitue le texte d'orientation en l’inscrivant dans les luttes actuelles du mouvement social présent. Un cahier spécifique « Spécial 56e Congrès du Centenaire »avec les textes et les photos paraîtra en janvier prochain. Merci et chapeau bas à l’équipe départemental de l’ARAC sous la houlette de son président Jacques Verrier, de nous avoir fait passer trois jours inoubliables ! Raphael Vahé 1. L’Histoire de l’ARAC, le Front des Poètes, 14-18, les Unes du réveil, Barbusse, Normandie-Niemen, Algérie, Paul Vaillant-Couturier.


VOS DROITS LE RÉVEIL

Assemblée Nationale La majorité Macron refuse de se « mettre en marche » Le projet de budget 2018 des ACVG a été soumis à l’Assemblée nationale le 31 octobre dernier. La majorité, suivant les injonctions « défavorables » de la Secrétaire d’Etat Geneviève Darrieussecq, a rejeté tous les amendements présentés et a fait du « sur place » en adoptant un budget insuffisant aux yeux des ACVCG et des députés de l’opposition. Maintenant, c’est aux sénateurs de se prononcer. Si il y a des changements, avec cette nouvelle législature, ce n’est pas du côté du budget qu’il faut les chercher. A 15 heures, les députés ont fait le plein et la tribune des journalistes aussi : c’est la fin du débat du budget de la Sécurité Sociale. L’hémicycle est bigarré (toilette féminine de couleurs), plus cool (des cols sans cravate), plus décontracté (jean et pull)… La « Sécu » votée, on s’applaudit « en marche »… et on s’en va. Cinquante à soixante élus restent pour les ACVG. Côté changement, les journalistes sont à la « une » : plus de papier, plus de liste des intervenants, plus de distribution des amendements proposés… tableau électronique sommaire. Tant pis pour l’information sur le débat. La Secrétaire d’Etat ouvre le ban : c’est un bon budget, des mesures nouvelles, du maintien, de la consolidation… et le Bleuet de France à la boutonnière des élus… ➣ Un nouveau rapporteur pour avis : Fabien Roussel député PCF du Nord. Il dit ce qu’il pense : c’est un budget insuffisant, il faudrait maintenir les crédits à niveau constant, des attentes très fortes insatisfaites : le rapport contant, les 43 % de retard du point PMI, les pupilles de la Nation, la campagne double sur le temps passé, la carte du combattant 1962-1964, la demi-part fiscale avant 74 ans, les veuves des grands invalides, l’ONAC à qui l’on demande toujours plus, les OPEX, un

TRN pour ceux de l’opération sentinelle, etc. Un vrai nouveau langage pour un lutin, un « Peter Pan » se déniaisant, virevoltant tout au long de la séance, des deux côtés de son banc pur défendre ses opinions personnelles, ses engagements, sans trahir sa commission. • Chapeau, M. Roussel et chapeau aussi aux députés André Chassaigne (PCF), Alexis Corbières (Insoumis) complétant avec enthousiasme (généreux pour le premier, la réhabilitation des fusillés pour l’exemple avec le second). • Et bien sûr, aussi à tous et toutes les autres élu(e)s qui ont soutenu les légitimes revendications des ACVG à travers la marée d’amendements… TOUS REJETES par les adoptés de la « marche sur place ». « Avis défavorable », « avis défavorable » se sont succédé de la part de la Secrétaire d’Etat, suivie par les rejets successifs réitérés par la majorité sur place. ➣ Seule concession sous la pression : « Je vous entends, j’entends, mais… les engagements du candidat Macron, c’est sur les 5 ans… Je souhaite mettre en œuvre des études, des rapports pour se mettre d’accord et un calendrier… » A bout de course, pressée de toutes parts, la Secrétaire d’Etat promet d’ici un an, avec les ACVG, les députés, on examinera, on étudiera… En Commission tripartite ? Rien de bien certain…

■ MAINTENIR et AMPLIFIER LA PRESSION ➣ Sur les Sénateurs, d’abord puisqu’ils vont avoir à débattre du projet adopté par l’Assemblée Nationale ➣ Sur tous les élus, les préfets, le gouvernement. Car rien n’est certain et, si rien ne se passe durant l’année à venir, qu’en sera-t-il des « souhaits » de la Secrétaire d’Etat ? ➣ Plus que jamais - le rattrapage du retard de la valeur du point PMI, le recalage et la garantie du « rapport constant », - la carte du combattant pour l’Algérie 1962-1964 - la campagne double sur la base du temps de séjour - les veuves des grands invalides - les orphelins de guerre - les soins des psychotraumatismes - le sort social des OPEX et la mémoire des disparus - la demi-part fiscale - l’ONAC et sa sauvegarde etc. sont autant de points capitaux du droit à réparation sur lesquels – non seulement nous ne saurions reculer mais qu’il faut au contraire améliorer, et garantir. ➣ « Qui n’avance pas recule », c’est la loi de toute marche mais l’avenir social mêle étroitement le droit à réparation et les droits sociaux de ceux qui font la France. André Fillère LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS

Bouches-du-Rhône (13) Le samedi 28.10.2017 à Berre l’Etang s’est tenu le 56e Congrès Départemental des Bouches du Rhône, Congrès du Centenaire. En présence de notre Secrétaire Général National Patrick Staat, de notre Vice-Président Honoraire National André Fillère, de monsieur le maire Mario Martinet, de Monsieur Serge Andréoni ancien Sénateur Maire, du député Monsieur Jean-Paul Zulesi, de Maurice Rey Conseiller Départemental représentant la présidente, de nombreux élus et représentants du monde associatif et combattant. Jour-

née associant : 1/ travail en vue de notre congrès National avec en conclusion l’intervention de notre Secrétaire National Patrick Staat, 2/ historique de la vie et combats des 100 ans de l’ARAC de 1917 à 2017 fait par Patrick Saintenoy Président Départemental 13. 3/ Commémoration et dépôt de gerbes à la stèle Henri Barbusse. 4/ Repas et gâteau anniversaire des cent ans, aprèsmidi festive et dansant, 250 personnes ont suivi dans l’amitié et la bonne humeur cette journée. Patrick Saintenoy

Relèvement du salaire des enfants ou orphelins, infirmes, majeurs (Décret n° 2017-1480 du 17 octobre 2017) Le code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre prévoit le versement d’allocations aux enfants mineurs de pensionnés, ainsi que des pensions aux orphelins mineurs de pensionnés, ainsi que des pensions aux orphelins mineurs remplissant les conditions prévues pour l’attribution des pensions d’ayants cause. Ces allocations ou pensions sont maintenues aux enfants orphelins majeurs qui sont atteints – avant leur majorité – d’une affection incurable les empêchant de se procurer un salaire supérieur à un plafond fixé par décret.

A compter du 1er janvier 2017 Le montant du salaire concerne les titulaires d’une PMI de 85 % (majoration pour enfant jusqu’à 18 ans non cumulable avec les prestations familiales. Art L 134-1 et 134-2 du code PMI) ainsi que les orphelins et enfants de conjoints survivants (Art L 143-24 et L 141-29). Le montant du salaire est fixé à 10 966 euros bruts par an.

Une régression inquiétante Il faut à nouveau un Secrétariat d’État chargé spécifiquement des anciens combattants et de la mémoire Question écrite n° 02182 M. Pierre Laurent attire l’attention de M. le Premier ministre sur l’absence d’un secrétariat d’État chargé spécifiquement des anciens combattants et de la mémoire. Le monde associatif des anciens combattants notamment s’inquiète d’une telle absence d’autant que les moyens budgétaires alloués concernés sont en baisse. Ces associations estiment que moralement et symboliquement, les anciens combattants sont un facteur essentiel aussi bien de la transmission de la mémoire que du déroulement 24 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

des cérémonies patriotiques. Elles estiment également que, pour l’opinion publique, il eut été indispensable que la liste des membres du Gouvernement fasse état, clairement et lisiblement, de leur existence à travers l’affectation de l’un d’entre eux à cette fonction spécifique, ce qui était d’ailleurs un engagement électoral de l’actuel président de la République. Elles relèvent par ailleurs qu’avec les veuves d’anciens combattants, il reste encore plus de 2,5 millions de personnes ressortissant de l’Office national des associations nationales des anciens combattants

et victimes de guerre (ACVG) et que nombre d’entre elles se voient refuser le bénéfice de la demi-part fiscale parce que leur mari est décédé trop jeune pour en bénéficier de son vivant. Plus largement, cette absence de ministère dédié à la mémoire ne peut qu’avoir des conséquences négatives sur le devoir de mémoire compris en tant qu’obligation morale de se souvenir d’un événement historique tragique et de ses victimes avec l’objectif qu’un tel événement ne se reproduise plus. Pour toutes ces raisons, il lui demande s’il ne serait pas indispensable que le Gouvernement compte à nouveau un secrétariat d’État chargé des anciens combattants et de la mémoire.


VOS DROITS LE RÉVEIL

Puget-sur-Argens (83)

Gérard Vallée, membre de l’Arac, aux côtés de Georgina et Elisa qui lisent un extrait des correspondances de son père Gaston. (Photo M. A.)

La mémoire de 14-18, l’exposition itinéraire de l’association républicaine d’anciens combattants présente des écrits et témoignages exceptionnels. Lors des commémorations du 11 novembre, l’association républicaine d’anciens combattants (ARAC) fondée en 1917 a présenté son exposition itinérante sur la guerre de 14-18. A travers les écrits d’Henri Barbusse, écrivain et premier président de l’ARAC, mais aussi de ceux de bon nombre de soldats, les témoignages ne manquent pas.

Sarthe (72) Ainsi Elisa et Georgia, élève en 3e au collège Gabrielle-Colette, encouragées par leur professeur d’histoire-géographie Eric Bour, ont lu un extrait du récit de Gaston Vallée rédigé en direct du front, en particulier sur le « chemin des Dames » - lieu de combats tristement célèbres dans l’Aisne. Son fils Gérard, présent et membre de l’Association, a rappelé le devoir du souvenir et invité les jeunes générations à venir découvrir cette formidable et poignante exposition. Retraçant l’historique de cette guerre qui a causé la mort de millions de personnes lors des batailles de Verdun, la Somme, la Marne, la Meuse, le Jutland, Königsberg, l’Yser, l’Argonne. Les questions pertinentes posées ont permis de faire prendre conscience du devoir de mémoire, certains allant même dire que la cérémonie c’est mieux que d’habitudes ! C’est un encouragement pour les futures villes réceptives de l’exposition de l’ARAC comme Nice et Saint-Tropez

JEAN-CLAUDE FEVRE, un ami du congrès nous a quittés Pendant notre Congrès, il allait et venait avec son appareil photo prenant le visage de l’un, de l’autre, le sourire aux lèvres. La photo, c’était son dada. Il nous accompagnait immortalisant chaque instant de vie de notre association. C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de JeanClaude Fèvre survenu brusquement. Jean-Claude était un homme au grand cœur, faisant toujours passer l’être humain avant lui-même. Il représentait pour bon nombre d’entre nous un exemple d’humanité dans ses activités politiques, syndicales, associatives. Pour lui aucune lutte n’était vaine, il n’y avait pas de petits combats face à l’injustice sociale. Il était toujours prêt à tendre la main et à nous conseiller. Nous perdons un frère de luttes, nous perdons un ami.

Au Mans le samedi 14 octobre, les militants sarthois étaient conviés à débattre toute la journée du projet d’orientation du 56e congrès. Les discussions furent âpres et longues ! A partir du passé, il s’agissait de dessiner les contours de l’ARAC du XXIe siècle. En présence des représentants des associations (ANCAC, FNACA, FNDJRP), du conseiller départemental canton le Mans 7 et Maire d’Allonnes, Gilles LEPROUST, de l’Adjoint au Maire du Mans, Thierry SAMAIN, du secrétaire de la fédération de la Sarthe du PCF, Christophe ARNAUDY ce fut l’occasion de prolonger les discussions. Rassembler les femmes et les hommes contre la guerre pour la paix et la solidarité entre les peuples. Cultiver la mémoire de l’histoire dans un esprit de vérité et au plus près de la jeunesse. Promouvoir les idéaux républicains de liberté d’égalité et de fraternité. Dans un contexte où la guerre alimente toujours plus le système capitaliste au détriment des populations, obligées à se réfugier partout où ils peuvent, et développant le terrorisme, la jeunesse, les citoyennes et citoyens n’y sont pas insensibles comme on a pu le voir à Allonnes lors du concert et du village pour la paix avec l’ambassadrice de Nagasaki et sur le stand Sarthois à la fête de l’humanité avec Philippe RIO maire de Grigny et président des maires pour la paix et Johanna porte-parole de Mumia Abu Jamal. Continuons la lutte et la construction pour la paix. Merci encore pour l’invitation. Christophe Arnaudy

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Voir la joie et le plaisir des deux gagnants de la tombola de l’ARAC et du Réveil, nous conforte à continuer de doter les tombolas de voitures comme lot principal. Ce mois-ci d’ailleurs, vous pouvez tenter votre chance avec le carnet de bons de soutien et la lettre T à votre disposition dans ce numéro pour la tombola de noël du Réveil. Comme en témoigne le courrier que nous avons reçu de laa gagnante de la tombola de l’ARAC Josiane Bordas de laa u Gironde ou encore l’échange chaleureux que nous avons eu avec Lucien Marty de la Haute-Garonne, gagnant de la tom-laa ddu u Ré évveeil il.. bola Réveil.

pour vous dire ma joie « Je veux profiter de ce courrier te de la tombola de d’avoir été la très heureuse gagnan nel et je mesure à tion cep l’ARAC. Une voiture est un lot ex chance. ma et a la fois la qualité de cette tombol uis quelques mois, j’ai Retraitée de l’hôpital public dep de secrétaire médicale, exercé durant 42 ans le métier service de soins palles 17 dernières années au sein du monde plus juste, plus liatifs. J’ai toujours milité pour un pération l’emporte sur solidaire, plus fraternel où la coo manifesté pour la paix, la concurrence. J’ai maintes fois pour le désarmement nucléaire. grande qualité de votre Je tiens aussi à saluer la très Elle contribue au comrevue “le Réveil des combattants”. sans laquelle aucune bat séculaire pour la justice sociable . perspective de paix ne saurait tenir bats, avec l’ARAC notamJe continuerai de mener ces com nts puissent vivre libres, ment, pour que demain nos enfa e militantisme généreux. » solidaires. Merci à vous pour votr Josiane Bordas

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Nos peines ■ AISNE (02) Saint-Quentin : Pierre BURGAT, AC ATM. Serge LENTOCHA, AC ATM. Maurice PELTIER, AC ATM. ■ HAUTES-ALPES (04) Les Mées : Maurice BARO, 100 ans, Résistant, porte-drapeau pendant 25 ans. Jean LYONS, AC ATM. ■ AUBE (10) Romilly : Jacques HUBERT, AC ATM. ■ BOUCHES DU RHONE (13) Vitrolles : Marius IBORRA, 83 ans, AC ATM. ■ CHARENTE-MARITIME (17) Ile-d’Oléron : Jacques JAMAIN, AC ATM. ■ COTE D’OR (21) Vonges : Jean FAVET, AC ATM. ■ DORDOGNE (24) Bergerac : Marcel SIMON, AC 39-45. Montrem : Gaston BROUQUIER, AC 39-45. Mussidan : Robert DUMONTEIL. Périgueux : Mme Raymonde GORSE, veuve. Saint-Priest : André ARNAUD. Louis BOURDOU, AC 39-45. Verteillac : Alban BOURINET, AC 39-45. ■ FINISTERE (29) Brest : Mme Marcelle LE MEUT, 95 ans, Résistante, présidente d’honneur de la section. ■ HAUTE-GARONNE (31) Launaguet : Georges CAUSSE, 84 ans, AC ATM. ■ ISERE (38) Fontaine-Seyssinet : Christian LAFFIN, 77 ans,

AC ATM. René SEMPERE, 95 ans, AC 39-45, ATM. ■ LOIRE (42) Roanne : Roland STRIPPOLI, AC ATM. Jacques VIAL, 86 ans. ■ LOIRE-ATLANTIQUE (44) Sainte-Luce : Jacky BRACHU, 78 ans, AC ATM. ■ LOT ET GARONNE (47) Allons : Yvan DARCOS, AC ATM. ■ NORD (59) Aulnoye-Aymeries : Aristide PAVIE, AC 39-45. Feignies : Yvon DORMIGNIES, AC 39-45. ■ PUY DE DOME (63) Issoire : Maurice BEAUNE, 80 ans, AC ATM. Jean-Claude FAUVERGUE, 74 ans, AC ATM. Messeix : Gérard VERTUOL, AC 39-45. ■ HAUT-RHIN (68) Mulhouse : Fernand FOLZER. ■ SARTHE (72) Allonnes : Marc ROBINAUX, 85 ans, AC ATM. ■ PARIS (75) 19e : François APPOURCHAUX, vice-président. ■ VAUCLUSE (84) Bollene : Emile BERNARD. ■ VOSGES (88) Saint-Dié : Jean MACCARINELLI, 81 ans, porte-drapeau. ■ VAL DE MARNE (94) Villejuif : Mme Madeleine COLLET, veuve. Aristide MAMAN, AC 39-45.

Castelnau-de-Médoc (33) Jean Cambet-Gabara, ancien combattant et résistant, par la suite militant communiste et syndicaliste, s’est vu remettre l’étoile d’argent de l’office républicain des civiques. Pour honorer cet ancien combattant et résistant de 1939-1945, également militant syndical et communiste toue l’assistance s’est réunie afin de lui rendre un vibrant hommage devant une haie de drapeaux. Parmi les personnalités locales présentes, on pouvait voir Eric Arrigoni, le maire de Castelnau, Stéphane Le Bot, secrétaire de la direction départementale de l’ARAC et Patrick Staat, secrétaire général national et les Maires ou représentants des communes environnantes.

Seilhac (19)

Jean Cambet-Gabara a pris la parole afin de lire une lettre retraçant avec moult anecdotes sa vie de combattants, de travailleur, de militant communiste et syndicaliste. Il a précisé que, malgré ses 94 ans et la maladie, il veut et tient à rester fidèle à l’ARAC et surtout ne jamais oublier tous ses camarades qui sont morts au combat.

L’ARAC a évoqué « le destin brisé d’un soldat de la grande guerre » La grande guerre est finie depuis bientôt cent ans, mais elle n’a pas fini de faire parler d’elle. L’ARAC avait décidé d’évoquer le cas de Jarrige, du village de Vernéjoux de Chamboulive. Parti sur le front, comme des centaines de milliers d’autres, il n’a pas supporté les conditions faites aux poilus : les tranchées, la vermine, les morts, les cris, les blessés. Revenu en permissions, il devient déserteur. Rattrapé, renvoyé au front, il déserte à nouveau. La gendarmerie du canton est chargée de l’appréhender pour, à nouveau, le renvoyer. Au cours de l’arrestation, il sera blessé, et il blessera mortellement le brigadier seilhacois Duteil. En souvenir, la gendarmerie de Seilhac s’appellera Duteil jusqu’à son déplacement au lieu qu’elle occupe actuellement. Jugé irresponsable, Jarrige fut interné à Limoges où il resta enfermé jusqu’à son décès survenu le 30 décembre 1922, route d’Isle. A ce jour cet ancien combattant de la guerre 14-18, non mort pour la France, ne figure ni sur le monument au mort de la commune où il résidait, ni sur celui de sa commune de naissance. La transcription de son acte de décès à l’asile de Nougeat ne figure nulle part. Son existence même, a, en quelque sorte, été effacée. LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Var (83)

construire le monde de demain. Patrick Staat, secrétaire général de l’ARAC, a animé un débat au foyer de l’Hôtel de Ville. Celui-ci a débuté par la projection d’un film d’une dizaine de minutes sur le rôle des femmes dans la guerre, qui n’a pas été qu’une affaire d’hommes.

Vue partielle de l’assemblee générale du var.

Villerupt (54) Les causes et les conséquences de la guerre 1914-1918 à la mairie de Villerupt L’Association Républicaine des Anciens Combattants et victimes de guerre (ARAC) a installé une exposition au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville de Villerupt sur le déroulement de ce conflit mondial. Chaque panneau est un point précis sur les hommes, les peuples, et le bilan final. Elle a été tirée à 57 exemplaires diffusés en particulier auprès des jeunes, afin de les sensibiliser à leur avenir. Alain Casoni, maire de Villerupt, sou-

66, rue des Amandiers 92000 NANTERRE Tél. : 01 41 91 12 70

28 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

Le Secrétaire National a orienté le débat sur les conséquences de la guerre. Les enjeux sont énormes car il est question de l’avenir de nos enfants. Le capitalisme, a toujours utilisé la guerre pour sortir des crises qu’il a lui-même engendrées. La force de l’ARAC est de mettre en avant les idéaux républicains, plus modernes que jamais, de libertés.

ligne les mérites de cette exposition. « Elle nous éclaire sur les raisons du conflit et les conditions des soldats considérées comme de la chair à canon. Elle est d’actualité avec le conflit qui oppose l’Alsace à la lorraine qui veulent garder leur identité dans la région Grand-Est ». Denis léger, président de l’arac Villerupt et environs, avait invité les représentants des associations patriotiques, dont le but commun est de faire connaître le sacrifice des anciens pour

Expo 14-18 Villerupt.

ENTRETIEN, EXPLOITATION ET MAINTENANCE DES INSTALLATIONS DE CHAUFFAGE


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Hauts de Seine (92)

Angoulême (16) Cérémonie du 11 novembre 2017 devant la stèle Gontran L’abrégée en présence du Maire d’Angoulême et du Conseil Départemental, qui ont déposé une gerbe et l’ARAC. Lecture du message de l’UFAC par les enfants des écoles qui ont déposé chacun une rose.

Remerciements des autorités aux porte-drapeaux.

Oise (60) - 38e Congrès DépartementalCentenaire de l’ARAC

A l’occasion de son Congrès Départemental de l’Oise l’ARAC a tenu à commémorer le Centenaire de la création de l’ARAC avec la participation de plus de soixante-dix adhérentes (tes) et les présidents des Associations Départementales amies, de plusieurs élus locaux et du Directeur Départemental de l’ONAC. Après avoir fait le bilan des trois années passées, il a été constaté que les militants restent actifs pour défendre les valeurs de l’ARAC et les droits des Anciens Combattants et des Veuves. L’ARAC participe aux activités des instances départementales tant publiques qu’associatives. Après l’approbation des rapports de

Grande fête populaire pour la Paix

l’action de l’association et le rappel des valeurs et des grands moments de lutte de l’ARAC depuis un siècle les congressistes, se sent rendus en défilé, précédés de la fanfare, au monument aux Morts pour la cérémonie de dépôt de gerbes à la mémoire de tous les combattants Morts Pour la France lors des guerres eu 20e siècle, des OPEX et des Victimes du terrorisme. Pour marquer les cent ans de lutte pour la Liberté, l’Amitié, Solidarité, la justice sociale, outre la médaille de l’Office de Reconnaissance des Mérites Civiques (bronze et argent) remise à plusieurs responsables de Sections et à des militants associatifs du Village de l’Amitié (Van Canh- Vietnam), les Porte-Drapeaux présents, des adhérentes et des adhérents actifs ont été décoré de la Médaille du Centenaire de l’ARAC. Un bon congrès aux dires des participants qui s’est terminé par un repas amical. Cela après avoir été présents la semaine précédente à la journée des Associations, où le stand a également été sujet d’intérêt.

Gif-sur-Yvette (91)

Samedi 30 septembre, les adhérents d’Allonnes étaient présents en grand nombre dans le stand de l’ARAC72 tout au long de cette journée ! Ils ont participé à la réussite de cette nouvelle initiative en faveur de la « culture pour la Paix ».

Lucienne Monnereau (83 ans) épouse de notre camarade Michel, dirigeant départemental et local de l’ARAC Gif-Essonne. La cérémonie civile a eu lieu le 23 octobre au cimetière des Rougements Sud à Gif où un dernier hommage lui a été rendu. L’ARAC Essonne présent toutes ses condoléances à Michel et aux siens qu’elle assure de tous son affectueux soutien.

Réunis le 28 octobre 2017 pour notre congrès départemental et la préparation, l’étude et la discussion sur le projet d’orientation. Réunion pendant laquelle nous avons pu donner un coup de jeune à notre direction départementale après l’élection il y a deux ans de notre nouveau président. Cette année nous avons un Secrétaire Général et une trésorière adjointe, plus deux sections sur la voix du renforcement nous devons continuer notre effort et on repart pour 100ans. Nous avons remis la médaille de l’ARAC à trois camarade Philippe Mormentin, porte-drapeau de Bagneux, Jean-Pierre Renaudat, Président de Malakoff et Jacqueline JACQUEMIN notre fidèle amie du village de VAN CANH. Enfin Michel BASSOT, après présentation de l’ORMC, a remis l’insigne de bronze de cet ordre au président du 92 Jean-Luc COLIN.

Hautes-Pyrénées (65) Le centenaire de l’Association Républicaine des anciens Combattants. Une gerbe déposée sur la tombe de Jean Duclos. Une délégation de l’ARAC des Hautes-Pyrénées se trouvait à Louey ce 11 novembre à l’occasion du centenaire de sa création, afin de déposer une gerbe sur la tombe de Jean Marie François Dominique Duclos, (frère de jacques), qui fût en 1926 son secrétaire général et qui restera dirigeant national de cette organisation jusqu’en 1951.

LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

11 Novembre aux Ulis (91) Hommage du centenaire de l’ARAC

La cérémonie commémorative de l’Armistice du 11 novembre 1918 s’est tenue sous la pluie, en présence d’une assistance très nombreuse parmi laquelle beaucoup de jeunes : collégiens, lycéens, écoliers qui chantaient « En passant par la Lorraine » et « La Marseillaise », jeunes pompiers volontaires et Conseil Municipal de jeunes, etc. Après le dépôt de gerbes (Conseil Municipal, ARAC, Conseil départemental, PCF, PS) et la lecture du

message gouvernemental, Mme Françoise Marhenda (maire des Ulis) termine son allocution en rendant un vibrant hommage au centenaire de l’ARAC nationale et souligna le rôle irremplaçable tenu par la section locale de l’Association. Puis, au terme du message de l’ARAC lu par André Fillère (Président fondateur), Mme le Maire lui remit en grande cérémonie la médaille du 40e anniversaire de la création de la ville. Le vin d’honneur qui suivit fut l’occasion pour la population très présente de fêter l’ARAC, de lui poser tant de questions sur son action de prendre moultes photos et de répondre aux dizaines de jeunes sur la transmission de la mémoire, l’action pour la paix etc. Encore merci à Mme le Maire et sa municipalité pour ces gestes hautement républicains.

bies par la population durant cette grande boucherie que fut cette guerre de 1914 à 1918. Mais aussi d’exprimer notre volonté de faire réhabiliter collectivement les 639 fusillés pour l’exemple et qui constitue encore aujourd’hui, une tache indélébile dans notre histoire nationale. Une centaine de personnes ont pris part à cette manifestation. Après les interventions des divers représentants, la chanson de Craonne a été reprise par l’ensemble des participants. Serait-il possible que le REVEIL s’en fasse l’écho ? Bernard Porrini, ARAC Côte d’Or.

La Suze (72) L’association ARAC expose la grande guerre Les membres de l’arac (anciens combattants) ont mis sur pied une exposition sur la guerre 1914-1918, dans le cadre du centenaire. Les seize panneaux expliquent la genèse, les étapes et la fin de cette guerre mondiale. 30 - LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017

L’ARAC Sud Sarthe était présente à cette journée de la paix, avec son exposition Henri Barbusse, qui fut visitée par de nombreuses personnes et enfants ! Une question fut posée de nombreuses fois, « pour quelle raison cet homme n’est jamais cité dans le cadre du centenaire de la guerre 14-17 ? » Ce qui nous a permis de débattre et de montrer que nous nous intéressions plus aux cause des guerres qu’à la « petite histoire ».

Essonne (91)

Côtes d’Or (21)

Comme chaque année, nous réalisons un rassemblement au travers d’un collectif réunissant l’ARAC, l’ANCAC, la Libre Pensée Côte d’Or, le Mouvement de la Paix et l’IHSCGT 21 pour rappeler la mémoire des millions de morts, de blessés des souffrances su-

Fête de la Paix à Lavernat (72)

« Les enfants des écoles suzeraines sont venus la voir et elle sera Trouvé-Chauvel pour des classes intéressées », explique Roland Rouault, trésorier de l’association, présent samedi avec son président Michel Gauclin.

La municipalité de Vigneux-sur-Seine la section de l’association ARAC ont emmené le 6 novembre à Meaux, en Seine et Marne, les élèves de deux classes de CM1/CM2 de l’école élémentaire Edouard Herriot pour y visiter le musée de la grande guerre du pays de Meaux, plus grand musée d’Europe consacré à la première guerre mondiale (1914-1918). En compagnie d’enseignent, d’élus de la ville, porte-drapeau de l’ARAC et d’adhérents de l’association, les enfants ont découvert les causes et le déroulement de la grande guerre avec la présentation d’objets d’uniformes d’armes et divers véhicules et avions. Sont également abordés la vie des hommes sur la ligne de front et le rôle des femmes, obligées de remplacer les hommes à l’arrière. Les élevés sont revenus enchantés.


MÉMOIRE LE RÉVEIL

Le cinéma d’art et d’essai Jacques-Tati

spectacles festivals créations résidences d’artistes avant-premières découvertes initiations sensibilisations pratiques artistiques

Ville de

tremblay-en-france.fr

Tremblay-en-France LE RÉVEIL - N° 839 - NOVEMBRE 2017 - 31



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