LES RETRAITÉS SONT SACRIFIÉS
ISRAËL JUSTICE POUR AHED TAMIMI
RÉFLÉCHIR À NOTRE PASSÉ, C’EST COMPRENDRE LA SITUATION D’AUJOURD’HUI
Février 2018 - N° 841- 5 €
Paris - 21 avril 2018
Ensemble
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Etats Généraux
Paix
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Etats Généraux de la Paix Paris le 21 avril 2018 Bourse du Travail – 85 rue Charlot – 75003 PARIS Grigny, le 13 février 2018
Cabinet du Maire
ARAC
Monsieur le Secrétaire Général, C'est avec beaucoup d'intérêt et une grande attention que j'ai pris connaissance de votre courrier du 12 février dernier m'informant de la décision adoptée par votre association d'organiser le 21 avril prochain à Paris des États Généraux de la Paix. Permettez-moi de vous adresser mes plus vifs remerciements pour votre invitation à contribuer au succès de cette initiative à laquelle la ville de Grigny entend bien s'associer avec force, conviction et détermination. Dans le monde instable, incertain et surarmé où nous vivons, alors même que les conflits se multiplient et que le développement des logiques guerrières menace tous les domaines de la vie sociale, il me semble en effet indispensable de travailler ensemble à la promotion de la culture de la paix qui est aussi une culture du respect mutuel, de l'égalité et de la solidarité, de la responsabilité. Comme vous l'avez vous-même fait remarquer, il s'agit d'un combat moderne, d'un moyen efficace pour résister au racisme, aux politiques de haine, de ségrégations et d'exclusions qui divisent et fragmentent notre société. Promouvoir ces valeur et ancrer la paix dans la vie quotidienne, c'est, bien sûr, l'objectif essentiel que s'est fixé l'ARAC dès l'origine, perpétué par nombre d'autres institutions telles que l'Association Française des Communes, Départements et Régions pour la Paix (AFCDRP Maires pour la Paix France) regroupant plusieurs collectivités territoriales, dont notamment la ville de Grigny. Parce qu'elle privilégie en toutes circonstances le dialogue et la prévention des conflits, elle prépare, à cet égard, un ensemble de manifestations destinées à célébrer le centième anniversaire de la signature du 11 novembre 1918 un Festival de la Paix qui se déroulera en novembre prochain et auquel nous serions honorés et heureux de pouvoir vous associer. Aussi, d'ici là, est-ce avec plaisir que nous participerons aux États Généraux de la Paix du 21 avril, sous des formes qu'ensemble il nous reste à déterminer. Cette démarche nous donnera par ailleurs l'occasion d'affirmer, avec l'ARAC, notre solidarité avec les millions de personnes de par le monde qui sont touchées par les répercussions dévastatrices des conflits, d'échanger nos réflexions, d'agir pour construire un monde débarrassé du fléau de la guerre et des armes nucléaires, un monde de prospérité et de dignité, témoignant, comme le soulignait Ban Ki-moon, alors secrétaire général des Nations Unies, de notre « volonté de vivre en harmonie au sein de la grande famille humaine».
Cher Président, la Paix le 21 is les Etats généraux de Par à er nis ga d'or C RA A de l' Je m'associe à l'initiative et sur l'en. ain och avril pr commune, Le Bouscat, ma ns da tive tia ini e iser cett de citoyens. Je m'emploierai à popular aise afin d'y associer le plus grand nombre bordel semble de la métropole Patrick Alvarez Bien à vous, onde),
Bouscat (Gir Conseiller municipal du icains de Gironde. ubl rép élus communistes et des ale ent tem ar dép Président de l'Association
2, place du Méridien - 94807 VILLEJUIF CEDEX
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LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
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Tél. 01 42 11 11 11
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Fax : 01 42 11 11 10 ❚ etatsgenerauxpaix@gmail.com
ÉDITO LE RÉVEIL ŒUVRER À LA PAIX C’EST PENSER L’AVENIR
SOMMAIRE Actualités Etats Généraux de la paix........................................................................................................... 3 Pour permettre aux actionnaires d’augmenter leurs dividendes, Carrefour prévoit la suppression de 2 400 Emplois .................................................................................................. 4 Les dix plus grandes fortunes de France ..................................................................................4 Augmentation des tarifs des péages : non au racket............................................................. 5 Macron veut privatiser les HLM ................................................................................................. 6 SDF à Paris : « Propos indignes d’une élite déconnectée » .................................................. 7 Macron s’attaque au statut des fonctionnaires acquis après la Libération ........................ 8 Les femmes et leur rôle pendant la “grande guerre”............................................................. 8 A « l’Ordre du jour » du Goncourt 2017 : l’installation des nazis au pouvoir… et la suite .................................................................................................................................... 21
International Israël : Justice pour Ahed Tamimi Netanyahu bientôt inculpé pour corruption? ....... 9-10 Pologne : Négationnisme d’Etat .............................................................................................. 11 Corée : L’invitation ..................................................................................................................... 12 Argentine : Le bilan accablant du président Macri .............................................................. 30 Guerre d’Espagne : La Solidarité des sauveteurs en mer .............................................. 30-31
Vos Droits Contingents de Légion d’Honneur d’Ordre national du Mérite et de la Médaille Militaire ......................................................................................................... 22 Ordonnance n° 2018-20 du 17/01/2018 relative au service de santé des Armées et à l’Institution Nationale des Invalides .......................................................................... 22-23 Arrêté modificatif relatif aux victimes portant la mention “Mort en déportation” .......... 24
Vie de l’ARAC La vie des comités .............................................................................................................. 24-29 Nos peines ................................................................................................................................. 25 Jeannie Hornyak : un hommage à toutes les femmes militantes de l’ARAC .................... 32
P. 13 . D O S S I E R Réfléchir à notre passé, c’est comprendre la situation d’aujourd’hui ◗ Dans ce journal : un tract et une affiche
www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0718-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires
• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain • Régie Publiciatire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9
L
’avenir des femmes, des hommes dépend de notre capacité à œuvrer pour la paix. La paix, c’est le respect des individus, de leurs histoires, de l’identité de chaque pays. La paix, c’est le respect de l’autre, c’est refuser l’accaparement des richesses par le plus fort, c’est le refus de régler les problèmes par la guerre. La paix, c’est la volonté de trouver des solutions qui répondent à l’intérêt mutuel de chaque Nation. La paix, c’est refuser les inégalités, la casse des droits des salariés, des femmes et des hommes. La paix, c’est la possibilité de chaque peuple de vivre libre et indépendant, maître de son développement et de son histoire. La paix c’est le respect de la souveraineté de chaque peuple. Seul le respect de la souveraineté de l’autre permettra de s’attaquer à la course aux armements, au commerce des armes, à créer de nouveaux rapports entre les peuples. C’est une question décisive au moment où se développe l’idée que la paix en Europe passe par l’abandon de pans entiers de souveraineté des pays, par la construction d’une armée européenne, par la casse des droits, des protections sociales, fruits de décennies de luttes et d’actions. Intégrer encore plus l’OTAN, cette force militaire au service de la politique des Etats-Unis, c’est faire des pays qui en sont membres les serviteurs zélés d’une politique qui tourne le dos à l’intérêt des peuples. C’est permettre à « l’impérialisme » comme disait Barbusse d’avoir le moyen de se réorganiser. Les causes des guerres découlent toujours de la volonté de se partager le monde, ses richesses, les zones d’influence, d’imposer sa loi, pour toujours plus de profits pour quelques-uns. Quand 1 % de la population s’approprie 85 % des richesses créées en 2017, on est au cœur des inégalités et donc de la paix. Liberté, égalité, fraternité dit la déclaration du droit de l’Homme et du Citoyen de 1789. Déclaration universelle car elle pose la question de la place de l’individu et met au cœur du débat entre les peuples la question de la souveraineté de chaque pays. C’est cela que la charte de l’ONU met au centre de sa démarche, dès la sortie de la 2e guerre mondiale, les questions de souveraineté des peuples. Construire la paix mondiale est un combat difficile, mais l’avenir des femmes, des hommes, de la planète en dépend. C’est pourquoi, nous vous invitons à être acteurs, organisateurs et à tenir ensemble des Etats Généraux de la Paix, le 21 avril à Paris. Cela sera un moment décisif pour que nous puissions demain aller ensemble « vers des lendemains qui chantent » comme le disait Paul Vaillant-Couturier. Patrick Staat LE RÉVEIL - N° 841 - DECEMBRE 2017 - FEVRIER 2018
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Pour permettre aux actionnaires d’augmenter leurs dividendes, Carrefour prévoit la suppression
de 2 400 Emplois Les salariés de Carrefour
CARREFOUR prévoit la suppression de 2 400 emplois et la cession de 273 magasins issus de l’ancien réseau hard-discount Dia, tous ceux qui n’auront pas trouvé de repreneur étant amenés à fermer. C’est en fait un nombre de salariés bien plus important qui risquent de se retrouver au chômage du fait des décisions de la direction de ce groupe qui emploie 115 000 personnes en France, dont
10 500 dans les services du siège social. Ainsi, 1 000 postes sont en train d’être supprimés dans les stations-service et les pôles administratifs des magasins, 250 postes l’ont déjà été dans la Banque Carrefour. CGT et FO avancent le chiffre de plus de 10 000 suppressions d’emplois en France dans un avenir proche. La direction essaie de désamorcer la colère des salariés en tenant des propos rassurants. Les 2 400 emplois supprimés le seraient par un plan de départs volontaires. Mais tous les plans de ce type provoquent des départs qui n’ont rien de volontaire, la direction faisant pression sur
Les dix plus grandes fortunes de France Le patrimoine professionnel de Bernard Arnault (LVMH), première fortune de France, vaut 47 milliards d’euros, l’équivalent de 2,6 millions d’années de Smic. Il faudrait à un smicard 2,6 millions d’années pour gagner cette somme. Et encore, il ne s’agit que de son patrimoine professionnel. Tout ce qui relève du domaine privé ou qui ne repose pas sur un outil de travail n’est pas comptabilisé. Le montant cumulé de la fortune professionnelle des 500 personnes les plus riches de France représente 570 milliards d’euros. Les dix plus fortunés de France possèdent 241 milliards d’euros à eux seuls. Ces fortunes sont démesurées rapportées à ce que possèdent la plupart des ménages, dont la moitié d’entre eux détiennent moins de 114 000 euros. Au-delà d’un certain niveau, l’accumulation de biens prend un sens différent de celui du commun des mortels. Le Smic brut annuel en 2017 était de 17 770 euros. 4-
LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
les salariés. Quant aux salariés des magasins Dia, le PDG de Carrefour Alexandre Bompart a assuré que des reclassements seraient proposés à au moins la moitié d’entre eux. Voilà qui est clair et montre qu’il n’y a aucune illusion à se faire sur ces prétendus reclassements. Carrefour a touché des centaines de millions d’euros de crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) de l’État. Son plan vise à faire une économie de 2 milliards d’euros, pour permettre aux actionnaires, parmi lesquels on trouve la famille Arnault, propriétaire de LVMH et première fortune de France, d’augmenter leurs dividendes.
Les retraités sont sacrifiés Les retraités ont reçu leur pension du régime général et ont pu, pour 60 % d’entre eux constater la baisse « promise » par le président Macon. Les retraités sont clairement les sacrifiés de la politique d’un président qui en même temps accorde de larges cadeaux aux plus riches. Nombreux sont ceux qui ont été surpris d’avoir été touchés par la hausse de la CSG. Les explications ont été confuses à souhait. Car il fallait prendre en considération le revenu fiscal de référence, soit le montant net de la totalité des revenus. Le taux de la CSG a grimpé de 1,7 % le 1er janvier 2018 et à 8, 3 % pour les retraités dont le revenu fiscal de référence figurant sur l’avis d’impôt 2017 a dépassé 14 404 euros pour une personne seule ou 22 096 euros pour un couple. Ainsi, près de 7 millions de retraités ont vu leur pouvoir d’achat régresser tandis que plusieurs de millions de ceux qui ne sont pas touchés par la hausse de la CSG vivent sous le seuil de pauvreté. Celles et ceux qui ont produit les richesses du pays ces dernières décennies font les frais de la politique libérale d’un président qui prétendait n’être « ni de droite, ni de gauche ». Ce qui est clair, c’est qu’il est du côté de la finance.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Augmentation des tarifs des péages : non au racket L’État a fait payer essentiellement à la population la construction des autoroutes dans les années 1960 et leur entretien depuis. Il a mis en place des péages et a élaboré un tarif proportionnellement beaucoup plus élevé pour les véhicules des particuliers que pour les camions. Puis dans les années 2000, une fois les travaux amortis et les autoroutes devenues rentables, il en a confié la gestion à des trusts privés, pour une bouchée de pain. Depuis le 1er février, les tarifs des péages d’autoroutes ont bondi en moyenne, pour les voitures particulières, de 0,87 % à 2,04 %, et même à plus de 7 % sur certains trajets. Sur dix ans, l’augmentation générale s’élève à plus de 20 %, soit beaucoup plus que l’inflation officielle. Cette hausse pour les usagers est d'autant plus injuste que les bénéfices des
concessionnaires autoroutiers explosent. Des bénéfices qui avoisinent les 1,5 milliard d'euros par an. La distribution des dividendes aux actionnaires a, elle, été multipliée par dix depuis 2007. La gestion des autoroutes est monopolisée par de grands groupes, comme les deux géants français du BTP, Eiffage et Vinci, dont les filiales accumulent les profits en facturant ou surfacturant les travaux qu’elles réalisent sur ces mêmes autoroutes. Un cadeau fait aux concessionnaires d'autoroutes qui va se renouveler encore pour de nombreuses années. Le 9 avril 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, avait en effet signé un accord secret, au nom de l'Etat avec les sociétés d'autoroute. Dévoilé deux ans plus tard, sous contrainte du Tribunal administratif, cet accord prévoit une clause
allongeant la durée des concessions, et surtout, pour compenser le gel des tarifs en 2015, des hausses de tarifs additionnelles chaque année de 2019 à 2023. En juin dernier, l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) pointait dans un rapport que « les augmentations des tarifs de péages prévues excèdent le juste niveau qu’il serait légitime de faire supporter aux usagers », estimant que « le niveau de rémunération des sociétés concessionnaires devrait être plus conforme aux risques supportés ».
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Macron veut privatiser les HLM
Emmanuel Macron a sonné la charge contre le logement social : « Il faut changer le logiciel dans le secteur du logement social. On met de la dépense publique, légitime dans le secteur HLM, on continuera à le faire, mais on met aussi beaucoup de dépenses publiques pour solvabiliser les ménages qui sont dans ces logements. On est le pays en Europe qui est quasiment le moins efficace pour le traitement des mal-logés ! Le gouvernement va demander aux acteurs du logement social d’un peu baisser les loyers (…), en face, on va baisser d’autant les APL. » La première étape devait conduire à réduire les aides au logement et les loyers HLM, à hauteur de 1,5 milliard d’euros, mesure actée dans la loi de finances pour 2018. Après de rudes négociations, le prélèvement payé par les
bailleurs sociaux a été étalé sur trois ans, à raison de 800 millions d’euros en 2018, 800 autres en 2019 et 1,5 milliard à partir de 2020. Les efforts réclamés au secteur sont conséquents, puisqu’ils les privent de 7 % des recettes (22 milliards d’euros de loyers perçus par an) et de 70 % de leurs investissements (2,2 milliards). Mais la réforme voulue par M. Macron va bien au-delà et vise « à faire circuler le capital ». Des mots qui ne sont pas anodins et heurtent le monde HLM : « Faire circuler le capital ? On n’en a pas, il n’y a rien à faire circuler ! » s’exclamait Freddy Grzeziczak, Président de l’OPH de l’Aisne. Le projet Macron n’est pas seulement d’organiser une péréquation entre organismes riches et pauvres, mais surtout de les transformer tous en entreprises à structure capitalistique, avec des actionnaires. Cela suppose notamment de mettre fin au statut des offices publics, « un ovni juridique, une anomalie qu’il faudrait corriger », selon François Jolivet, député (LRM) de l’Indre. « Agir sur le coût des loyers en améliorant les conditions de financement, mais également en favorisant l’accession sociale à la propriété (des HLM) », expliquait Julien Denormandie, secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires, devant la commission des affaires économiques de l’Assem-
blée nationale. « Les 4,5 millions de logements sociaux de France ont une valorisation nulle dans le bilan des bailleurs. Si, au contraire, un bailleur pouvait espérer revendre à terme 40 000 ou 60 000 euros un logement qui lui en a coûté 100 000, le seuil de rentabilité de son opération serait divisé par deux et les loyers pourraient l’être également » tout comme les APL, l’objectif recherché. Il s’agit donc de donner une valeur à ce patrimoine dans la perspective de le vendre, ce qui constituerait, selon nombre d’élus de gauche, une atteinte au bien commun. Le gouvernement parle « d’accession à la propriété », « de vente aux occupants » au rythme de 45 000 cessions par an, soit 1 % du parc. Les bailleurs sociaux devront reverser 10 % du produit de ces ventes à un fonds national pour la construction, permettant à l’Etat de se désengager un peu plus encore. Mais intégrer la vente future d’un logement social dans son plan de financement, donc le montant de son loyer, c’est envisager une cession systématique : un changement radical de modèle économique. La future loi Evolution du Logement et Aménagement Numérique (loi Elan) posera les premiers jalons de cette réforme libérale. Source : LE MONDE -01/2018
La moitié des jeunes adultes contraints de vivre chez leurs parents Ils sont 4,5 millions et leur nombre augmente sans arrêt. Ils ont moins de 30 ans et sont contraints d’habiter chez leurs parents. Un phénomène nouveau, directement lié au chômage des jeunes… Dans une étude, l’Insee constate que le nombre des jeunes adultes (entre 18 et 30 ans) qui vivent chez leurs parents est en train d’exploser, avec pratiquement un jeune adulte sur deux qui vit encore “à la maison”. 6-
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La progression la plus spectaculaire concerne les plus âgés d’entre eux, ceux qui ont entre 25 et 30 ans. En 1973, 13 % d’entre eux seulement habitaient encore chez leurs parents. En 2013, dernière date accessible pour les
chercheurs de l’Insee, cette proportion atteignait 20 %. Avec une seule cause : le chômage, qui touche plus de 17 % de cette population. Selon les chiffres de la fondation Abbé Pierre, ce sont ainsi plus de 4,5 mil-
ACTUALITÉS LE RÉVEIL lions de jeunes adultes qui vivent chez leurs parents. 650 000 de plus chaque année retrouvent leur chambre d’enfant, après avoir occupé un logement indépendant (pendant trois mois au moins). Quant au nombre de ces nouveaux “Tanguy” qui cumulent plusieurs contraintes, il a augmenté de 20 % entre 2002 et 2013, passant de 282 000 à 338 000. La tendance ne s’est pas inversée depuis… Ces contraintes sont bien connues. C’est principalement le chômage. Et, surtout, l’impossibilité d’accéder au logement à cause du niveau des prix et des loyers. Un récent sondage Macif-Opinion Way montrait d’ailleurs qu’un tiers de
ces jeunes adultes avait renoncé à vivre dans leur propre logement pour cause de caution de location trop importante ou compliquée à obtenir. Mais le maintien « en famille » peut aussi avoir d’autres raisons, comme un séjour « pour économiser » permettant de mettre de côté une épargne nécessaire à un achat de logement, ou un retour « solidaire » pour aider des parents qui ont besoin d’assistance. Dans les pays les plus touchés par la crise, le phénomène explose littéralement. En Grèce et en Italie : trois jeunes sur quatre restent vivre chez leurs parents après leur 20e anniversaire.
Source : Challenges – 31/01/2018
SDF à Paris : « Propos indignes d’une élite déconnectée » « C’est leur choix » : selon un député parisien d’En Marche, « l’immense majorité des SDF » vivraient dans la rue parce qu’ils l’ont choisi. Le député En Marche du 8e arrondissement de Paris, Sylvain Maillard, vient de déclarer sur RFI que « pour l’immense majorité des SDF qui dorment dans la rue, c’est leur choix ». Ces propos indignes font suite à la déclaration de Christophe Castaner, numéro un d’En Marche, qui avait affirmé en décembre que des SDF « refusaient d’être logés ». Avec ces propos, le député Sylvain Maillard et Christophe Castaner font honte à la représentation nationale. Ils incarnent une élite déconnectée qui s’intéresse plus à l’ISF qu’aux SDF. Après le droit à la déconnexion, il faudrait leur imposer le devoir de connexion au réel. Loin de constituer un simple dérapage verbal, leurs déclarations confirment une vision idéologique de la société selon laquelle les victimes du système économique sont responsables de leur situation. Une semaine après la publication du rapport de la Fondation Abbé Pierre selon lequel 143 000 personnes sont
sans-abri aujourd’hui, et alors même que le plan Grand Froid vient d’être déclenché ce lundi en Île-de-France, ces propos montrent une fois de plus la totale déconnexion des députés En Marche, qui méconnaissent la vie quotidienne des gens et ici des personnes sans-abri. Monsieur Maillard, s’il prenait la peine d’écouter les hommes et les femmes sans-abri et les associations avec empathie plutôt qu’avec arrogance, découvrirait une toute autre réalité. Un divorce, un licenciement, un accident
de la vie suffisent aujourd’hui à fragiliser la situation de logement d’une famille, qui peut se retrouver à la rue, et devoir dormir dans une voiture ou solliciter l’aide d’amis. Face à l’explosion du nombre de sansabris (plus 50 % en dix ans), je propose, avec d’autres, d’inscrire dans la loi l’obligation pour les communes en zone tendues de parvenir à 3 places d’hébergement pour 1 000 habitants, contre 1 actuellement. Ian Brossat LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Macron s’attaque au statut des fonctionnaires acquis après la Libération Le 1er ministre - Edouard Philippe - et le ministre des Comptes publics - Gerald Darmanin - ont annoncé un vaste plan de suppression de 120 000 postes de fonctionnaires s’en prenant au statut même des fonctionnaires et aux acquis fondamentaux datant de la Libération. C’est l’instauration à grande échelle de la précarité via la contractualisation, l’individualisation à outrance de la rémunération. Dans la droite ligne des ordonnances Macron. Que de mépris pour les fonctionnaires, que de mépris pour les missions qu’ils
exercent et pour l’ensemble de la population. Quand les médias titrent à longueur de temps sur les fonctionnaires qui ne « travaillent pas » ou qui sont « les assistés de la société », il y a là une véritable campagne de calomnie qui se met en place. Il faut imposer l’idée selon laquelle les services publics sont des gouffres financiers qu’il faut remplacer par le privé. Olivier Dussopt, le secrétaire d’État chargé de la fonction publique, n’a de cesse dans ses interviews d’expliquer
que la fonction publique doit s’adapter, « devenir plus moderne », adopter des « process agiles et véloces ». En clair, il s’agit de calquer les modèles du privé à la fonction publique.
Les femmes et leur rôle pendant la “grande guerre” Alors que les commémorations des événements de la Première Guerre mondiale se multiplient, que les héros “masculins” de celle-ci ne sont pas oubliés et sont honorés, qu’en est-il de toutes ces femmes demeurées à l’arrière et qui permirent à la France de survivre. Avec le film “les gardiennes” le cinéaste Xavier Beauvois rend un hommage émouvant à l’action des femmes pendant la grande guerre. Dans ce film Nathalie Baye, Laura Smet et Iris Bry incarnent quelquesunes de ces émouvantes “les gardiennes s’occupant, dès l’été 1914, des récoltes dans les exploitations délaissées par les hommes mobilisés. Le cinéaste Xavier Beauvois s’est inspiré d’un livre écrit en 1924 par Ernest Pérochon, écrivain régional des DeuxSèvres, prix Goncourt en 1920 pour un autre roman “NENE”. Lorsque ce
Rôle des femmes en 14-18.
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livre est écrit en 1924, le souvenir de cet effort de guerre est encore très vif, bien que les hommes survivants aient rapidement repris leurs prérogatives dès leur retour. Ce livre qui mérite d’être lu, dépeint avec force détails cette vie rurale à l’ancienne. Les travaux des champs sont exténuants, et les femmes tremblent chaque jour de voir arriver le maire pour annoncer la terrible nouvelle d’un parent tombé pour la patrie. Dès le 2 août 1914, René Viviani président du conseil lance son fameux appel aux femmes françaises : « debout donc femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie, remplacez dès aujourd’hui sur le champ du travail ceux qui sont sur les champs de bataille… » Au-delà du monde agricole les femmes sont aussi engagées pour l’industrie et les usines constituent un milieu très dangereux pour celles-ci. Les industries sont principalement orientées vers
la production de munitions.… « si les femmes qui travaillent dans les usines s’arrêtaient vingt minutes, les alliés perdraient la guerre ! » s’exclame le général JOFFRE en 1915. Bien entendu comme si la tâche n’était pas assez lourde, les mères de famille perçoivent un salaire inférieur à celui des adolescents engagés en même temps. Il ne faut pas oublier non plus les femmes infirmières et les “marraines de guerre” qui sont là pour soutenir le moral des troupes. Malgré toutes ces marques de dévouement au pays, les femmes n’en seront guère remerciées. Si les suffragettes britanniques obtiennent le droit de vote en 1918 pour les femmes âgées de plus de 30 ans, celui-ci est refusé aux femmes françaises. Et il leur faudra attendre une seconde guerre mondiale et la fin de celle-ci pour qu’elles puissent enfin voter !! J.-T. A.
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Israël
Justice pour Ahed Tamimi Le procès d'une adolescente, Ahed Tamimi, devenue pour les Palestiniens un symbole de l'engagement contre l'occupation israélienne, s'est ouvert, mardi 13 février, devant un tribunal militaire. Elle doit répondre à 12 chefs d’accusation et risque jusqu’à 7 ans de prison. Dès l’ouverture des débats le juge a ordonné le huit clos. Après s'être entretenu avec l'avocate d'Ahed Tamimi et devant la foule de proches, de journalistes et de diplomates qui se pressaient au tribunal d'Ofer, en Cisjordanie occupée, l magistrat a ordonné que tout le monde quitte les lieux, à l'exception de la famille. « Un débat public n'est pas dans l'intérêt d'une mineure comme Ahed Tamimi, arrivée en blouson de prisonnière, menottes aux poignets et aux chevilles », a prétendu le juge pour justifier sa décision. « Ce que je crois, moi, c'est que le tribunal pense qu'il n'est pas bon pour lui que vous soyez tous à l'intérieur », s'est indignée l'avocate Gaby Lasky, à l'extérieur du tribunal devant les journalistes, peu après leur évacuation. « Ils comprennent que les gens, dehors, s'intéressent à Ahed et à son affaire, ils comprennent qu'on enfreint ses droits et qu'elle ne devrait jamais être jugée, et le huis clos est le meilleur moyen que tout cela se passe loin des regards », a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs précisé que sa plaidoirie serait fondée, avant tout, sur la responsabilité de l'occupation par l'armée israélienne de la Cisjordanie – où se sont produits les faits – qui est illégale. En clair qu’elle ferait le procès de la colonisation. On comprend mieux la réaction du tribunal militaire israélien. Le 15 décembre dernier, Ahed Ta-
mimi a été filmée en train de donner des coups de pieds et de poings à deux soldats israéliens dans le village cisjordanien de Nabi Saleh, où elle réside. Le père d'Ahed, Bassem Tamimi, a affirmé que l'altercation s'était produite après que des forces israéliennes eurent tiré du gaz lacrymogène dans leur maison. Ce même jour, toujours selon lui, son neveu de 14 ans a reçu une balle en caoutchouc dans la tête à bout portant, tirée par des soldats de l’armée d’occupation israélienne.
Le droit international bafoué Depuis son arrestation le 19 décembre, en compagnie de sa mère Narimam et de sa cousine Nour, Ahed Tamimi est restée en détention provisoire malgré son jeune âge comme des centaines d’enfants palestiniens (voir notre dernier numéro). Les organisations de défense des droits de l'Homme, le bureau du Haut-Commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme et l'Union européenne ont exprimé leur préoccupation devant le cas Tamimi. La convention internationale des droits de l'enfant stipule que l'emprisonnement d'un enfant doit être une mesure de « dernier ressort » et « aussi brève que possible ».« Des aspects du traitement dont cette enfant fait l'objet reflètent celui de centaines d'autres enfants palestiniens arrêtés et détenus par les forces de sécurité israéliennes dans le
territoire occupé », a déclaré le représentant de… Peine perdue ! Les autorités d’occupation considèrent Ahed Tamimi, issue d'une famille réputée pour son engagement contre l'occupation et elle-même connue pour son militantisme, comme une « agitatrice » ne reculant pas devant les provocations. « Ce n'est pas une petite fille. C'est une terroriste », assène Miri Regev, ministre israélienne de la Culture et des Sports. « Elle n'a pas sa place dans notre pays ni ailleurs. Et ceux qui l'ont créée sont des extrémistes, des gauchistes venus de l'étranger qui essaient de faire coexister tous les citoyens dans le même pays, mais ça ne marchera pas », martèle la ministre. De tels propos donnent froid dans le dos ! Ahed risque jusqu'à sept ans de prison. La justice militaire la poursuit sous douze chefs d'inculpation, non seulement pour les « agissements » du 15 décembre, mais aussi des faits antérieurs présumés, comme des jets de pierres contre les soldats, des menaces ou sa participation à des « émeutes », Nabi Saleh étant le théâtre fréquent de manifestations contre l'occupation et qui se sont amplifiées depuis l’annonce faites le 6 décembre par Trump de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël. Depuis cette date 23 Palestiniens et deux Israéliens ont été tués. J.-P. Delahaye LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Netanyahu bientôt inculpé pour corruption? Le Premier ministre israélien est sous la menace d'une mise en examen. Il est soupçonné d'avoir accepté des pots-de-vin.
La police israélienne a recommandé à la justice d'inculper pour corruption, fraude et abus de confiance le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Celui-ci a immédiatement clamé son innocence. La décision de mettre officiellement en examen Netanyahu, 68 ans, dépend maintenant du procureur général Avishaï Mandelblit, qui pourrait prendre plusieurs semaines ou mois avant de trancher. Dans un communiqué, la police a indiqué « qu'il existait suffisamment de preuves contre le Premier ministre pour l'inculper pour avoir accepté des pots-de-vin, pour fraude et abus de confiance » dans deux affaires qui
ont demandé deux ans d'enquête. Lors d'une intervention télévisée, le chef du gouvernement d’extrême droite a réfuté ces accusations et exclu de démissionner. « Notre gouvernement terminera son mandat et je suis sûr qu'aux prochaines élections (en novembre 2019), j'obtiendrai de nouveau votre confiance », a-t-il assuré, le visage tendu. Il a soutenu que « ces recommandations n'ont aucune valeur juridique dans un pays démocratique ». Dans la première des deux affaires, Netanyahu est soupçonné d'avoir reçu des pots-de-vin de la part de riches personnalités comme James Packer, milliardaire australien, ou Arnon Milchan, producteur israélien à Hollywood. Selon la police, le montant des cadeaux offerts par ces hommes d'affaires s'élèverait à un million de shekels (environ 230 000 euros) entre 2007 et 2016, sous forme de cigares, bouteilles de champagne et bijoux. En échange, Netanyahu aurait tenté de faire voter une loi fiscale
profitant à Arnon Milchan, tout en essayant de lui obtenir un visa aux EtatsUnis et en accordant un traitement de faveur à certaines de ses entreprises. La police a également estimé qu'il y avait corruption dans le cadre d'un accord secret passé entre Netanyahu et le propriétaire du journal « Yediot Aharonot », Arnon Moses. Objectif : Obtenir une couverture favorable du plus grand quotidien israélien payant. Elle a aussi préconisé la mise en examen de M. Moses pour corruption. La ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked a déjà affirmé qu'un Premier ministre inculpé officiellement n'était pas obligé de démissionner. Selon les observateurs israéliens, le sort politique de Benjamin Netanyahu va en grande partie dépendre du ministre des Finances Moshé Khalon, chef du parti de centre-droit Koulanou. Si cette formation qui compte 10 députés (sur 120) lui faisait défection, M. Netanyahu n'aurait en effet plus de majorité parlementaire. J.-P. D.
Cisjordanie
Légalisation sauvage Le gouvernement israélien vient d’annoncer l’approbation rétroactive d’une colonie sauvage en Cisjordanie, en « réponse » au meurtre, le mois dernier, d’un rabbin qui y résidait. Prétexte à poursuivre sa politique de colonisation en territoire palestinien occupé. Le rabbin Raziel Shevah, 35 ans, père de six enfants, a été tué le 9 janvier alors qu’il circulait dans sa voiture près de Havat Gilad, où il vivait. Cette colonie sauvage abrite une quarantaine de familles. « Le gouvernement va régulariser aujourd’hui le statut de la colonie de Havat Gilad pour y permettre la poursuite d’une vie normale », a déclaré le Premier ministre 10 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
Benjamin Netanyahu. « Notre politique sera de sanctifier la vie face à ceux qui sanctifient la mort », a-t-il commenté dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Le beau-père du rabbin assassiné a affirmé que cette décision « était une petite consolation mais un geste important ». La désignation de la colonie fondée en 2002 comme une « nouvelle commu-
nauté » dotée des permis de construction nécessaires et d’un budget public a été votée à l’unanimité. Pendant les funérailles du rabbin, des appels à la « vengeance » avaient été lancés, lors d’un discours du ministre de l’Education Naftali Bennett, membre du parti nationaliste religieux Foyer juif. Bennett avait affirmé que la seule vengeance devrait être
INTERNATIONAL LE RÉVEIL les auteurs d’attentats emprisonnés ainsi que leurs proches, encourageant ainsi les violences.
Colonisation illégale
de construire davantage de colonies, alors que l’assassinat de Raziel Shevah a attisé les flammes, y compris côté américain, contre l’Autorité palestinienne - qui fait office de gouvernement dans les zones de Cisjordanie sous son contrôle -, à qui les Israéliens reprochent de soutenir financièrement
L’organisation israélienne anticolonisation, la Paix maintenant, a condamné une « cynique exploitation » du meurtre du rabbin. Plus de 600 000 colons israéliens vivent une coexistence dominatrice avec près de trois millions de Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée. En 2017, Israël a avalisé 6 742 nouveaux logements, chiffre le plus élevé depuis 2013, selon la Paix maintenant. Israël a encore donné son feu vert le
11 janvier à plus de 1 100 logements. La colonisation est illégale au regard du droit international. Elle est considérée par une grande partie de la communauté internationale, qui reste impuissante en dépit de multiples résolutions de l’ONU, comme faisant obstacle à la paix entre Israéliens et Palestiniens. Non seulement la colonisation rogne les terres sur lesquelles les Palestiniens aspirent à former un Etat, mais en fragmentant la continuité des territoires, elle menace de rendre impossible sa création et constitue le principal obstacle à toutes négociations. J.-P. D.
Pologne
Négationnisme d’Etat Le Sénat polonais adopte une loi controversée sur la Shoah. Elle punit par des amendes ou des peines de prison ceux qui attribuent « à la nation ou à l’Etat » des crimes commis par les nazis en Pologne occupée. La vague d’indignation internationale n’aura pas suffi. Moins d’une semaine après le feu vert donné en Chambre basse, le Sénat polonais a avalisé dans la nuit du mercredi au jeudi 1er février un dispositif de « défense de la réputation de la République et de la nation polonaises » prévoyant notamment une peine de trois ans de prison contre les personnes coupables « d’attribuer à la nation ou à l’Etat polonais, de façon publique et en dépit des faits, la responsabilité ou la coresponsabilité des crimes nazis commis par le IIIe Reich allemand (…), de crimes de guerre ou d’autres crimes contre la paix et l’humanité ». « J’espère que la conclusion du processus législatif contribuera à faire retomber les émotions », a déclaré le président du Sénat polonais, Stanislaw Karczewski, dans les heures précédant l’adoption expéditive de cette loi mémorielle à l’origine d’une crise diplomatique inédite avec Israël et ses alliés. Les rapporteurs du projet avaient motivé cette initiative par leur volonté de
lutter contre l’emploi abusif et erroné de l’expression « camps de la mort polonais » pour désigner les camps d’extermination construits par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale sur le territoire de la Pologne occupée. Le texte a soulevé un immense tollé en Israël, où il est perçu comme une tentative de « réécriture de l’Histoire » et de « négation de la Shoah ». Les autorités polonaises ont semblé prises au dépourvu par la vigueur de la mobilisation internationale contre ce projet. Varsovie considère pourtant Israël comme un important allié politique et idéologique face aux critiques européennes sur ses dérives en matière d’Etat de droit. De plus, quel que soit le parti au pouvoir, la diplomatie polonaise d’après 1989 a fait des bonnes relations avec Tel-Aviv un symbole de rupture avec l’époque communiste ainsi qu’avec une lourde histoire d’antisémitisme. Même si l’Etat polonais n’a pas pris part à l’Holocauste, certains de ses citoyens se sont livrés à des actes de dé-
nonciation ou de pogrom. Or, selon les critiques de la loi, le texte a une portée trop générale qui pourrait englober ces crimes. Ils soulignent également que les instances de jugement polonaises sont en train d’être reprises en main par le pouvoir ultraconservateur, qui mène une politique historique visant ouvertement à restaurer la fierté nationale.
L'entrée du camp de concentration nazi d'Auschwitz-Birkenau LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 11
LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Corée
L’invitation Le président sud coréen Mon Jae In accueille Kim Yo Jong la sœur du dirigeant de la Corée du nord
L'invitation a été transmise par Kim Yo Jong, la sœur du dirigeant nord-coréen. Sa présence au sud à valeur de symbole. Elle est la première représentante de la lignée des Kim, qui dirige les destinées de la Corée du Nord depuis des décennies, à s’y être rendue depuis la fin de la guerre : seul son grand-père, Kim Il-sung, y séjourna en 1950 lors de l’offensive au Sud. Un tel sommet serait le troisième du genre, après les rencontres entre le père de M. Kim, Kim Jong Il, et les présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Roh Moo-Hyun en 2000 et 2007, à chaque fois à Pyongyang. L’invitation dont elle porteuse confirme le rapprochement spectaculaire entre les deux Corées ces dernières semaines et la venue de Kim Yo Jong, membre du bureau politique du parti du travail montre que les deux protagonistes ont déjà largement discuté. « Nous voulons que le président Moon devienne un protagoniste dans un nouveau chapitre en vue de la réunification, pour laisser de grandes traces dans l'Histoire », a-t-elle dit. Le président sud-coréen, bien qu’inféodé à Washington, s’est investi également dans le dialogue « intercoréen » pour un rapprochement pacifique. Toute la difficulté est de ne pas froisser l’allier américain, jusqu’alors tenue à l’écart des rencontres, qui lui n’a aucun intérêt à une normalisation des relations. Il faut donner des gages à Washington. Le président Moon se trouve dans une position difficile, ayant soutenu, comme le veut son allié américain, que des progrès sur le dossier de la dénucléarisation doivent être constatés en parallèle aux avancées sur le dialogue intercoréen. Or Pyongyang 12 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
A l’occasion des JO d’hiver, le numéro un nord-coréen Kim Jong Un a invité le président sud-coréen Moon Jae-in à un sommet à Pyongyang, tandis que Washington mettait en garde contre « l'offensive de charme » olympique de la Corée du Nord. ne montre aucune volonté de reculer sur ses programmes balistique et nucléaire. M. Moon a demandé que soient créées « les bonnes conditions » à une telle visite, appelant le Nord à rechercher plus activement le dialogue avec Washington. « Il est absolument nécessaire que le Nord et les EtatsUnis entament des pourparlers rapidement », a dit le président sud-coréen.
Washington joue la surenchère De son côté, le vice-président US, Mike Pence, a indiqué que le président sud-coréen et lui-même avaient confirmé, lors de leur rencontre, la volonté de Washington et de Séoul de continuer à « se tenir ferme » et à coordonner leurs efforts contre les programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord. « Il n'y a pas la moindre divergence entre les EtatsUnis, la République de Corée et le Japon sur la nécessité de continuer à isoler la Corée du Nord économiquement et politiquement (…) ». L’assouplissement de la position nord-coréenne est perçu par Washington
Les 2 Corée défilent ensemble
comme une « offensive de charme » destinée à faire oublier que le régime de Pyongyang est le « plus tyrannique de la planète ». Sans perdre un instant, confronté à cette accélération inattendue du processus de rapprochement intercoréen, Washington a ouvert un nouveau front : la violation des droits humains en République populaire démocratique de Corée (RPDC). Une dénonciation comme instrument politique mise en veilleuse depuis la présidence de George W. Bush. Mike Pence était accompagné à Séoul du père d’Otto Warmbier, l’étudiant américain mort en 2017 à la suite de son emprisonnement en Corée du Nord pour le vol d’une banderole de propagande… Washington devrait prendre dans les jours qui viennent des sanctions économiques encore plus dures contre la Corée du Nord. On le voit, le chemin est encore long, semé d'embuches et lié à de multiples facteurs dont l'imprévisibilité du locataire de la Maison-Blanche n'est pas la moindre. J.-P. Delahaye
LE CAHIER MÉMOIRE N° 841 FEVRIER 2018
ÉDITO Par Paul Markidès
Réfléchir à notre passé, c’est comprendre la situation d’aujourd’hui Le récit historique de la vie en Allemagne entre 1930 et 1933 révèle d’abord que la crise économique à laquelle s’ajoutent les mesures gouvernementales d’austérité rendent très difficiles la vie des travailleurs et plus généralement celle des couches modestes de la population. D’année en année, voire de mois en mois, la misère grandie tandis que les agressions des hommes au service du parti national socialiste, le parti nazi, produisent l’anxiété et la crainte de l’avenir des couches moyennes de la population. Alors que les responsables gouvernementaux poursuivent leur politique désastreuse sans aucune considération pour les travailleurs et leurs familles. N’ayant plus aucune confiance dans les hommes politiques au pouvoir, la population se tourne pour une part vers les communistes et la plus grande partie vers le parti national socialiste d’Hitler qui n’a jamais été au pouvoir et promet de manière démagogique une vie meilleure.
Réunion du parti nazi avec Hitler à la Hofbrrauhos à Munich.
Largement bien représenté au parlement (le Reichstag), Hitler fait le forcing et obtient le poste de chancelier et de Haut-Commissaire en Prusse, on sait la suite.
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11
Aujourd’hui ces événements nous appellent à la réflexion devant le fascisme renaissant quelles qu’en soit les formes devant la politique inégalitaire et d’austérité. Soyons donc vigilants.
LE RÉVEIL DOSSIER
1930-1933 les effets de la crise en Allemagne La crise qui secoue l’Allemagne à partir de 1930 détruit brusquement l’équilibre précaire sur lequel reposait la République de Weimar et réveille les antagonismes anciens. Tirant profit de ce nouveau bouleversement de la société et de la vie politique allemande, Adolf Hitler s’empare du pouvoir en janvier 1933 et instaure en quelques mois la plus totalitaire des dictatures européennes.
Juillet 1931 la crise bancaire panique l’Allemagne.
La grande dépression fut très fortement ressentie par l’Allemagne. En deux ans, la production de houille tombe de 163 à 104 millions de tonnes, celle d’acier de 16 à 5 millions de tonnes. La moitié des hauts fourneaux cesse de fonctionner et le nombre des chômeurs dépasse 6 millions dès 1931. Comme en 1922-1923, ce sont surtout les petites entreprises qui souffrent. Beaucoup font faillite ou sont absorbées par les grosses sociétés qui parviennent plus facilement à maintenir leurs positions. La situation est également catastrophique dans les cam-
pagnes, principalement dans l’Est de l’Allemagne, pays de grandes exploitations qui ne parviennent plus à écouler leurs céréales, leurs betteraves ou les produits de leur élevage. La paysannerie s’endette, cesse de payer ses impôts et se révolte contre les saisies de terres. Du point de vue social, les effets sont à peu près les mêmes qu’en 1923, à cette différence près que, le chômage étant beaucoup plus important qu’à cette date, la classe ouvrière souffre davantage. Pourtant ce sont, une nouvelle fois, les classes moyennes qui subissent le coup le plus rude et font les frais de la hausse des prix, de la dépréciation monétaire et de la politique déflationniste de Brüning. Il en résulte dans la plupart des catégories sociales (petite paysannerie endettée, petits commerçants menacés par le succès grandissant des magasins à prix unique, employés, ouvriers) une profonde hostilité à l’égard du capitalisme et des puissances d’argent, qui trouvera sa plus violente mani-
festation dans l’antisémitisme. Les partis extrémistes bénéficient largement de cette situation. Le parti communiste, qui accomplit de spectaculaires progrès électoraux, et s’organise en groupes d’auto-défense (Front rouge). Et surtout les mouvements d’extrême-droite : casques d’acier de Hugenberg (ancien directeur des usines Krupp) financés par la grande industrie et encadrés par des officiers monarchistes, et parti national socialiste d’Hitler, également appuyé sur de puissantes formations paramilitaires (S.A. et S.S.). Inversement, les coalitions gouvernementales se disloquent. A partir de 1930, les chanceliers ne peuvent s’appuyer que sur une minorité du Reichstag et ne se maintiennent au pouvoir que grâce à la confiance que leur accorde le Président du Reich. Autrement dit, le régime a cessé d’être parlementaire tout en étant à la merci d’un coup de force. Extrait du livre de Pierre Milza « De Versailles à Berlin 1919-1945 » - Editions Armand Colin 2007
Un nouveau gouvernement, fatal à la République La chute du cabinet Müller scelle pratiquement la fin du système parlementaire. Les gouvernements qui vont se succéder : Brüning, von Papen, Schleicher, gouvernement de plus en plus, non pas avec le Reichstag, mais en marge du Parlement, voire contre lui. Les luttes politiques principales et les influences décisives se situent désormais hors 14 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
du parlement. Les forces réelles s’affrontent sans passer par le truchement de la représentation nationale. Les intrigues, les manœuvres occultes des « groupes de pression » prennent plus d’importance. L’homme qu’Hindenburg charge de former le nouveau gouvernement qui, selon le vœu du Président du Reich, ne
doit plus être un gouvernement de coalition, est un leader du centre catholique : Heinrich Brüning. Issu de la moyenne bourgeoisie, fils d’un industriel, ce Rhénan de 45 ans est très lié aux milieux ecclésiastiques. Son frère est jésuite. En 1915, il a été volontaire et a gagné au front la croix de fer avec ses galons d’officier. En novembre 1918, à la tête
DOSSIER LE RÉVEIL
Manifestation de soutien à la République de Weimar.
d’un régiment de mitrailleurs, il a affronté les révolutionnaires à Aix-la-Chapelle – il rappellera publiquement, non sans fierté, à plusieurs reprises, cet épisode de sa vie. Avec son sens aigu de la discipline, son respect de l’autorité, ce
paladin du Kaiser éprouvera toujours devant le Président du Reich les sentiments de l’officier subalterne en présence du généralissime. Hindenburg fera d’ailleurs appel à la discipline de l’officier pour emporter les hésitations de l’homme politique. Brüning s’était prononcé contre le traité de Versailles. Elu député de Silésie en 1924, il s’est vite fait remarquer par son intransigeance, sa ténacité, son travail. C’est un expert des questions financières et il s’est acquis la sympathie des milieux de la Reichswehr en faisant voter (sans réductions) les crédits militaires. C’est un homme froid, fermé, lent mais obstiné, dont les sympathies politiques vont aux partis conservateurs, aux « partis de l’ordre ». Son propre parti évolue d’ailleurs rapidement vers les solutions autoritaires. Homme de cabinet, incapable
d’enthousiasmer les masses dont il ignore les aspirations, de leur ouvrir des perspectives, incapable aussi il est vrai de démagogie, obnubilé par le souci de l’équilibre budgétaire, qu’il n’envisage pas de réaliser autrement que par des mesures de déflation, il ne proposera aux travailleurs que la résignation. Cédant aux pressions de la droite, sous prétexte de sauver l’économie il allégera les charges du capital et écrasera le travail sous les impôts. Cet apprenti-sorcier à la « conscience pure », inaugurera des méthodes de gouvernement qui seront fatales à la République. Son souci de l’ordre mènera sa patrie, de glissements en glissements, aux désordres les plus sanglants. Extrait de Gilbert Bradia « l’Histoire de l’Allemagne contemporaine 1917-1933 » Editions sociales 1975
Combativité ouvrière Persuadé que le seul moyen de conjurer la crise est d’imposer aux masses une politique d’austérité, poursuivant l’impossible objectif d’un « assainissement » des finances toujours remis en question par la baisse des rentrées fiscales, Brüning prend de sévères mesures de déflation tout en subventionnant les entreprises qui crient faillite – et en refusant à pratiquer des coupes importantes dans le budget de la Reichswehr. En janvier 1930, 80 % des sans-travail bénéficient de l’allocation de chômage. En décembre 57 % seulement la perçoivent. En janvier 1931, à Berlin, en un seul jour on enregistre 8 suicides de chômeurs. Le décret-loi de décembre 1930 et le projet de budget pour 1931 prévoient une réduction notable du fonds de secours aux chômeurs (475 millions de marks), des crédits pour les victimes de la guerre (154 millions), des subventions aux
cantines scolaires (1 million). Les sommes pour la construction de logements sont réduites de moitié et on annonce leur suppression totale pour l’année suivante ; Dans le même temps, le gouvernement accorde des réductions d’impôts à l’Industrie (le trust de l’électricité A.E.G. obtient une remise de 1 700 000 marks) – ou des subventions : 7 millions aux mines de cuivre de Mansfeld (le 21 janvier), subvention aux usines Otto Wolff, Goldschmidt, etc. Les industriels échappent de plus en plus à une fiscalité qui pèse d’autant plus lourdement sur la masse des ouvriers et des employés. Le patronat invoque l’aggravation réelle de la crise et spécule sur l’armée toujours plus nombreuse des chômeurs pour imposer des réductions de salaires. Mais, malgré la conjoncture très défavorable, les ouvriers, souvent sans l’accord des directions syndicales, engagent de
Meeting de Rosa Luxemburg Ernst Thaelmann.
nombreuses luttes pour retarder ces amputations ou en diminuer le taux. Dans plusieurs villes, les chômeurs organisent des marches de la faim, souvent dispersés brutalement par la police (un mort à Hambourg le 1er février 1930 : les ouvriers du bâtiment se mettent en grève). Le plus souvent, ces sans-travail refusent de se faire les auxiliaires du patronat contre les grévistes (par exemple à l’usine textile de Hartmannsdorf, près de Chemnitz). LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 15
LE RÉVEIL DOSSIER En décembre 1930, les propriétaires des charbonnages de la Ruhr veulent réduire les salaires de 12 %. Après l’échec des pourparlers avec les responsables syndicaux, ils menacent de fermer leurs mines à la date du 15 janvier. Mais le 3 janvier, l’organisation syndicale révolutionnaire (la R.G.O. sous influence communiste) lance le mot d’ordre de grève, suivi par 45 000 mineurs. La police prussienne intervient pour disperser les piquets de grève. Les groupes de S.A. attaquent les grévistes.
Le 10 janvier, le ministre du Travail Stegerwald – ex-dirigeant des syndicats chrétiens – rende sa sentence : les salaires seront réduits de 6 %. C’est encore au nom de la tactique du « moindre mal » que les dirigeants des syndicats réformistes conseillent d’accepter ces réductions négociées pour parer, disentils, à la menace d’une suppression totale des conventions collectives. Déçus par une tactique dont ils constatent les résultats, les ou-
vriers se tournent vers les communistes qui progressent aux élections des comités d’entreprise (avril-mai 1930). Les directions syndicales ripostent en excluant du syndicat les communistes pour avoir organisé des grèves sans approbation des organismes dirigeants. Ces exclusions affaiblissent l’organisation ouvrière. Extrait de Gilbert Badia « l’Histoire de l’Allemagne contemporaine 1917-1933 » Editions sociales 1978
Relations entre S.P.D. (Parti Social-Démocrate) et le K.P.D. (parti communiste)
Camion du DKP a Essen en 1925 lors des élections Présidentielles.
Devant la menace que « l’opposition nationale » faisait peser sur le régime, on assista à de timides tentatives de regroupement des partis républicains. Le 16 décembre 1931 fut constitué le « Front de fer », réplique directe au « Front de Harzburg ». Impressionnant sur le papier, ce nouveau front des partis du centre (il groupait les syndicats, le Centre catholique, le parti social-démocrate et la Bannière d’Empire) avait le tort d’exclure la fraction la plus combative de la classe ouvrière : le Parti communiste allemand. Devant les assauts hitlériens, ce Front manquait de dynamisme. Il n’offrait pas d’alternative à la misère. La politique du « tenir jusqu’au bout », prêchée par Brüning, n’était pas faite pour inciter les masses à se battre pour elle. Le primat de la politique extérieure et de l’équilibre budgétaire dont le gouvernement avait fait son 16 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
credo politique, voire l’appel à considérer le président du Reich comme l’incarnation des vertus républicaines : autant de considérations qui touchaient peu les chômeurs. Des millions d’hommes refusaient de se battre sans autre perspective que le maintien de la soupe populaire. Le Front de fer, d’autre part, ne se proposait pas seulement de faire face au péril de droite, mais de lutter sur « deux fronts ». Le parti communiste se préoccupait « de démasquer la démagogie nationale » des nazis. Il développait son programme de libération et montrait que, dans ce domaine, les nationaux-socialistes sont de l’autre côté de la barricade. Mais il luttait aussi contre S.P.D. Severing ayant repoussé un certain nombre de conditions, et continuant d’interdire leur presse et leurs réunions, les communistes décidèrent de participer au référendum organisé par le Casque d’acier et N.S.D.A.P. Parti National socialiste (Parti nazi) pour la dissolution de la diète prussienne (9 août 1931). Les exemples de « front uni » à la base entre communistes et sociaux-démocrates étaient assez fréquents dans les usines. La résistance aux raids des S.A. était souvent organisée en commun.
Par contre, même lorsque le péril fasciste se fit plus pressant, il n’y eut pas de tentative poussée d’unité au sommet. A Brunswick toutefois, au lendemain des élections municipales, les conseillers communistes firent élire un bourgmestre social-démocrate contre le candidat national-socialiste. Cet exemple resta isolé. Presque seuls, les communistes menaient une lutte active contre le danger de guerre, que la montée du national-socialisme ne faisait qu’aggraver : plus de 100 000 manifestants participèrent à Berlin à la journée du 1er août 1930 contre la guerre. Extrait de Gilbert Badia « l’Histoire de l’Allemagne contemporaine » 1917-1933 Editions sociales 1975
Clara Zetkin discourt au reichstag en 1932.
DOSSIER LE RÉVEIL
Le peuple allemand dans la souffrance L’hiver 1931-1932 fut, pour les travailleurs allemands, une époque d’apocalypse. Le quart des chômeurs du monde était concentré sur le sol d’Allemagne. « Damnés de la terre » et « forçats de la faim » passaient leur vie dans d’interminables attentes, devant les bureaux de chômage pour faire pointer leur carte, devant les
soupes populaires ou à mendier sur les routes. L’Allemagne reculait au cinquième rang de la production mondiale. En trois ans, les ventes sur le marché intérieur avaient diminué de moitié (38 milliards contre 78). Le revenu national avait baissé de 40 %. Malgré le soutien de l’Etat, les faillites, surtout des petits industriels, des commerçants et des artisans ne se comptaient plus. Les propriétés paysannes étaient vendues aux enchères. Dans les champs de blé, on lisait des écriteaux : ces épis encore verts n’étaient déjà plus la propriété de celui qui avait semé le grain. La récolte sur pied confisquée servirait tout juste à payer les impôts en retard. Les 2,5 milliards de la Osthilfe
avaient fait l’objet d’un scandaleux trafic : les hobereaux les avaient répartis entre eux. Ils n’avaient pas servi à secourir les petits paysans. Au cours de l’été 1932 toutefois, quelques signes de reprise se manifestèrent timidement. La crise ne s’aggravait plus. La courbe de la misère semblait étale. A l’automne, l’augmentation saisonnière du chômage sera moindre que l’année précédente. Les gouvernements vont profiter de cette situation – comme ils tireront argument de l’heureux règlement des réparations – et s’attribueront le mérite de changements auxquels ils n’ont pour ainsi dire point eu de part. Extrait du livre de Gilbert Badia (IDEM)
L’industrie au secours d’Hitler Plusieurs industriels allemands avaient financé le parti hitlérien à ses débuts. L’industrie lourde, dans sa quasi-totalité, était d’accord pour que le pouvoir lui fût confié. D’autres secteurs (l’industrie chimique, par exemple), dont la position exportatrice demeurait plus favorable, manifestèrent d’abord à son égard une attitude plus nuancée. L’I.G. Farben avait soutenu Brüning, puis von Papen. Mais, en cette fin de 1932, plusieurs considérations semblent avoir joué en faveur d’Hitler. 1 - Les signes de reprise s’affirmaient. En décembre, l’augmentation saisonnière du nombre de chômeurs avait été inférieure d’un tiers aux chiffres de l’année précédente. Hindenburg avait pu dire, dans son message de Nouvel An : « Nous avons surmonté les temps de la plus dure misère, le chemin remonte de nouveau. » Les milieux économiques pouvaient craindre que, les temps « normaux » revenus, la République de Weimar fonctionna de nouveau. Or, le national-socialisme leur offrait la possibilité d’une exploitation accrue des ouvriers. D’où leur campagne pour un gouvernement fort assurant « la paix sociale », telle qu’ils l’entendaient, c’est-à-dire interdisant les grèves.
2 - Seul le N.D.S.A.P. (parti nazi) avec la forte base de masse dont il disposait, leur donnait la garantie d’un gouvernement stable. Or il était en proie à de telles difficultés qu’on pouvait craindre son éclatement. D’où la nécessité de lui confier vite le pouvoir. 3 - Le programme de révision des frontières et d’une façon générale la politique extérieure des nazis pouvait assurer à l’industrie de nouveaux marchés. Il était bien évident que, sur le plan international, la phase de concurrence « pacifique » allait céder la place à une lutte armée pour un nouveau partage du monde. 4 - Du réarmement massif, préconisé par Hitler, devaient résulter, avec un accroissement de la puissance allemande, des bénéfices immédiats. 5 - La « menace » communiste s’affirmait, en ce sens qu’à chaque nouvelle élection on enregistrait un glissement des masses ouvrières du S.P.D. au K.P.D. 6 - Dans l’immédiat, le programme « social » de von Schleicher ne laissait pas d’inquiéter les industriels. Enfin il faut mentionner l’activité fébrile des supporters les plus enthousiastes d’Hitler, les Thyssen, Kirdorf, Scroeder, etc., qui ne pour-
Contre la dictature et la tyrannie, manif et action en faveur de la République - Berlin 1930
suivaient pas seulement des objectifs de politique générale, mais songeaient – mobile trop humain – à récupérer, et au-delà, l’argent qu’ils avaient investi dans cette affaire de très grande envergure qu’était pour eux le N.S.D.A.P. Hitler, pour rassurer les milieux industriels avait écouté les suggestions du banquier-baron Schroeder et constitué sur ses conseils un braintrust de spécialistes destiné à supplanter l’utopiste Gottfried Feder et chargé d’élaborer un plan économique de première urgence. Mais l’homme qui a peut-être le plus fait pour gagner à Hitler la grande bourgeoisie d’affaires, c’est le banquier Hjalmar Schacht. Extrait du livre de Gilbert Badia LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 17
LE RÉVEIL DOSSIER
La guerre civile
Goering à gauche, Mussolini au centre, serrant la main à Chamberlin.
Les succès électoraux nationaux-socialistes n’allaient pas sans un renforcement du terrorisme. Cette guerre civile dont certains invoquaient le spectre, n’étaitelle pas déjà la réalité quotidienne de l’Allemagne ? Depuis que von Papen avait levé l’interdiction frappant les S.A., ce n’étaient que crimes, assassinats, exactions de toutes sortes. Hitler, fidèle à son principe qu’il n’est de mensonge si monumental qui ne finisse par être cru si on le crie avec assez de force, en rejetait la responsabilité sur les commu-
nistes, accusés de vouloir plonger l’Allemagne dans le chaos d’une révolution sanglante. Toute la presse de droite et une partie au moins de la presse social-démocrate répandaient complaisamment cette version des faits, qui faisait des nazis les « défenseurs de l’ordre ». En un mois, de la levée de l’interdiction des S.A. au 20 juillet, il y avait eu dans le seul Etat de Prusse 99 morts et 1 125 blessés. Le seul raid des S.A. dans les quartiers « rouges » de l’agglomération hambourgeoise, le 17 juillet, avait coûté la vie à 19
Elections Juillet 1932
Elections de 1930
Voix
%
Sièges
Voix
%
K.P.D.
5 370
14,3
89
4.590
13,1
S.P.D
7 960
21,64
133
8 576
24,6
Centre catholique (y compris parti bavarois)
5 792
15,9
97
5 186
Populistes
436
1,2
7
1 577
4,5
Nationauxallemands
2 187
5,9
37
2 458
7
N.S.D.A.P.
13 779
37,3
230
6 407
18,3
personnes. Près de 300 avaient été blessés. Le Préfet de police du Scleswig-Holstein (social-démocrate) avait autorisé cette provocation : 7 000 S.A. avaient annoncé leur intention de défiler dans Altona, près de Hambourg. Les responsables communistes seraient intervenus auprès du préfet pour qu’il interdise le défilé. « Sinon, dirent-ils, nous assurerons nousmêmes notre légitime défense. » Le préfet de police non seulement maintint son autorisation, mais il envoya sur place ses policiers pour faire respecter la « liberté » et l’inévitable se produisit. On a quelque peine, trente ans après, à imaginer cette Allemagne déchirée, ensanglantée, où baissent si vite le prix et le respect de la vie humaine, à recréer cette atmosphère politique où toute la presse, la radio, entretiennent la fiction d’une subversion communiste imminente, où tout un peuple est systématiquement « mis en condition ». L’emploi systématique des méthodes de terreur par les nationaux-socialistes répond à des buts très précis : d’une part faire peur aux classes moyennes et les séduire par la promesse du « rétablissement de l’ordre », d’autre
14,8
18 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
30 janvier 1933 Adolf Hitler rencontre Paul Von Hindenburg le chancelier Allement Président du Reich.
DOSSIER LE RÉVEIL
Manifestation anti nazi à Berlin en 1932.
part entretenir un climat de violence où l’acte terroriste remplace l’argumentation politique. La jeunesse, en particulier, se montre fort sensible à cette « politique d’action » opposée aux « parlottes du système ». Les formations militaires multipliées, le remplacement de l’arme de la critique par la critique des armes, préparent le peuple allemand à l’acceptation d’un régime de terreur, et, au-delà, de la guerre comme moyen d’affirmer « la grandeur allemande ».
Les tentatives du regroupement La nécessité de regrouper les forces de gauche était aussi évidente que la passivité de la direction social-démocrate. Le Parti communiste prit l’initiative, en mai 1932, d’un rassemblement des forces antifascistes au sein de « l’Action antifasciste » dont le premier congrès régional (Berlin-Brandebourg) se réunit le 10 juillet, une semaine exactement avant la provocation d’Altona. 1 500 délégués élus, dont 954 sans parti et 132 du S.P.D. ou de la Bannière d’Empire, y mirent au point un manifeste. « L’action antifasciste ne veut pas tolérer que la dictature fasciste s’instaure en Allemagne, que les organisations de classe du prolétariat soient détruites et interdites, que tous les droits de la classe ouvrière soient foulés aux pieds, que les assurances sociales et toutes les
conquêtes de la classe ouvrière soient supprimées. » Le manifeste, qui se prononçait, sous le mot d’ordre : « Un ennemi, un front, un combat » pour la lutte de masse contre le terrorisme fasciste et la baisse des salaires, contre le gouvernement des industriels et des hobereaux, lançait un appel à l’unité d’action « avec les ouvriers sociaux-démocrates ». L’unité d’action préconisée par les communistes dans le passé semblait parfois impliquer que les ouvriers quittent le parti social-démocrate et adhèrent au K.P.D. Aussi, dans un entretien avec des ouvriers socialistes, Thaelmann précisa-t-il que « l’Action antifasciste n’était pas une nouvelle organisation, mais un mouvement de masse, où se rassembleraient tous les ouvriers désireux de combattre le fascisme, à quelque parti qu’ils appartiennent ». Le soutien des dirigeants sociaux-démocrates au cabinet de Brüning, leur refus de toute action énergique au lendemain du 20 juillet, leur anticommunisme agissant, tactique qui, objectivement, facilitait les progrès du fascisme et a conduit effectivement à la prise du pouvoir par Hitler, expliquait l’hostilité, voire la haine des militants ouvriers à leur égard ? Mais l’appellation de « social-fasciste » ne fut pas réservée aux Severing, mais trop longtemps appliquée à tort « à la social-démocratie en tant que parti ». Les appels du Parti communiste à l’unité se firent plus pathétiques à mesure que grandissait le péril fasciste. Le plus émouvant fut sans doute celui que Clara Zetkin, doyenne du Parlement, à demi aveugle, presque impotente, lança à la tribune du Reichstag le 30 août 1932 : « L’heure commande le
1932 campagne nazie.
front uni de tous les travailleurs, pour repousser le fascisme, pour maintenir la puissance des organisations des hommes asservis et exploités, pour assurer la sauvegarde de leur propre existence physique. » En dernier recours, les dirigeants sociaux-démocrates, dans leur majorité, préféraient « laisser faire l’expression nazie » plutôt que de lutter au coude à coude avec les communistes. Peut-être, depuis 1919, avait-il coulé tant de sang ouvrier dans le fossé qui séparait les deux partis que celui-ci ne peut être comblé. Extraits de Gilbert Badia « l’Histoire de l’Allemagne contemporaine 1917-1933 » Editions sociales 1973
Meeting antifasciste à Berlin.
LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 19
LE RÉVEIL DOSSIER
Ultimes intrigues, Hitler chancelier
Au soir du 29 janvier 1933, von Papen soumet à Hindenburg la liste des ministres. Le cabinet devait prêter serment le lendemain à 11 heures. Hitler allait jurer une fois de plus de respecter la Constitution de la République. Le nouveau ministère ne comprenait que trois membres du parti national-socialiste : Hitler, chancelier, Frick, Intérieur ; Goering, ministre de l’Air et ministre de l’Intérieur de Prusse sous l’autorité de von Papen, haut-commissaire. Il était également entendu que von Papen, en sa qualité de vice-chancelier, assisterait toujours aux entretiens d’Hitler avec Hindenburg. La droite classique détenait neuf postes ministériels. A côté des anciens collaborateurs de von Papen et de von Schleider (von Neurath, von Krosigk, Gürtner), Hugenberg et Seldte faisaient aussi partie du gouvernement. La Reichswehr était confiée à von Blomberg, favorable aux nationaux-socialistes, et qu’on rappela sur l’heure de Genève, où il représentait le Reich à la Conférence sur le désarmement. 20 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
Le premier conflit éclata au moment de l’investiture présidentielle. Hitler exigea brusquement le poste de Haut-Commissaire en Prusse : si on voulait restreindre ses pouvoirs, il réclamerait de nouvelles élections : Hugenberg protesta. Il n’en avait pas été question. Le cabinet allait-il se disloquer ? Le secrétaire du Président fit irruption dans la pièce. On ne pouvait faire attendre le maréchal. Le premier conseil de cabinet, à cinq heures, décida, contre Hugenberg, qu’Hitler entreprendrait des pourparlers avec le Zentrum ; si ce parti refusait de s’engager à soutenir le ministère, on dissoudrait le Reichstag. Le léger von Papen, qui avait joué les « honnêtes courtiers » et qui ne faisait pas le poids en face d’Hitler, s’inclina lui aussi. Dès le départ, Hitler imposait sa volonté. Ainsi Hitler prit-il le pouvoir d’une manière tout aussi légale, ou illégale, que von Papen, par exemple. Mais seul venait de se jouer le premier acte. Hitler avait veillé à faire occuper par ses amis les postes-clés, ceux qui donnaient le pouvoir véritable, les ministères de la police dans le Reich et en Prusse laissant aux « spécialiste » l’Economie, les finances, le travail, ministères plus techniques que politiques. Après avoir affermi par la terreur son pouvoir politique, Hitler écarterait les gêneurs et s’accorderait avec les barons de l’industrie dont l’aide, ces derniers mois, avait été déterminante. Le soir même, une immense retraite aux flambeaux, qui se prolongea de sept heures à une heure du matin, sanctionnait la victoire. Les hommes du Casque d’Acier étaient noyés au milieu des S.A. dont les bataillons n’étaient sépa-
30 janvier 1933 prise du pouvoir.
rés que par des cliques militaires. Aux balcons de la chancellerie, Hitler, entouré de Goering, Goebbels, Rudolf Hess, saluait sans trêve, le bras tendu, pour répondre aux « Heil » qui montaient de la rue en délire. Au balcon d’à côté, le vieil Hindenburg, réduit au rôle de marionnette en uniforme, couvrait de son autorité cette sanglante mascarade. Car dès cette première nuit le sang des militants ouvriers coula à Berlin. Extrait de Gilbert Badia « l’Histoire de l’Allemagne contemporaine 1917-1933 Editions sociales 1975
30 janvier 1933 porte de Brandebourg.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
A « l’Ordre du jour » du Goncourt 2017 l’installation des nazis au pouvoir… et la suite « Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive de la Sprée, à Berlin. Leurs ombres pénétrèrent le grand vestibule du Palais du Président de l’Assemblée ; mais bientôt, il n’y aura plus d’Assemblée, il n’y aura plus de président et, dans quelques années, il n’y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants ». Contre toute attente, le Goncourt 2017 a été attribué à Eric Vuillard pour « l’ordre du jour » paru en mai aux Editions « Acte Sud » (16 euros). L’auteur, écrivain et cinéaste né à Lyon en 1968, nous offre d’avantage un récit qu’un roman à proprement parler. Il traite d’un épisode de l’installation des nazis au pouvoir et de l’Anschluss qui suivit en Autriche. En fait, il explore sans concession ce que la dite Grande Histoire cache souvent sous le tapis aujourd’hui encore. « L’ordre du jour » suit pas à pas des journées capitales allant du 20 février 1933 à mars 1938. Hitler (qui vient d’être nommé Chancelier) et Goering réunissent les vingt-quatre capitaines d’industrie allemandes, à savoir Bayer, Agfa, Krupp, Opel, Siemens, IG Farben, Allianz, Telefunken, etc. Des noms qui nous sont aujourd’hui familiers, comme si la 2e guerre, ses crimes et ses massacres n’avaient pas eu lieu. Et voilà nos vingt-quatre sinistres comparses qui « passent à la caisse » pour aider le parti nazi à mener sa campagne. On est en février 1933 et il s’agit, en fait du constat de prise de pouvoir des nazis grâce à l’accord plus que bienveillant du grand capital allemand. C’est une constante dans les livres de Eric Vuillard : ses livres expriment une défense marquée à l’égard de ce qu’on appelait jadis le capital. « Il existe, dit-il, une permanence du monde des affaires, une stabilité de ses intérêts », que les grands industriels allemands aient participé à l’installation des nazis
au pouvoir relève des faits ». Et il nous parle de la guerre sans la raconter. C’est une foule de péripéties sur l’invasion de l’Autriche, suite à cette première journée, fourmillements de faits vrais, telle cette gigantesque panne des « panzers » (blindés redoutables d’Hitler) qui tombèrent en panne le 12 mars 1938. Les chars tombent « en carafe », « rament dans la colle », « au lieu de l’élan, un bouchon ». Une verve féroce dépeignant les « manœuvres de couloir », les minables combines des nazis. Et puis vient le cortège des morts, ceux d’Autriche, dès l’Anschluss (1 700 suicides en une semaine pour fuir la violence, l’humiliation faite aux juifs) et puis tous ceux qui suivront, internés, déportés, massacrés, gazés… Mais à la fin, les intérêts y trouvaient leur compte, la guerre été rentable. Pendant des années, les « 24 » auraient « loué » des déportés dont l’espérance de vie était de quelques mois, des travailleurs forcés sortis du néant et renvoyés au néant. Bayer prit sa « main-d’œuvre » à Mauthausen, BMW « embauchait » à Dachau, Papenburg, Sachsenhausen, Natzwiler-Struthoff et Buchenwald, Daimler à Schirmeck, etc. Tous s’étaient jetés sur la main-d’œuvre déportée. Tous aujourd’hui, impunis, blanchis, alimentent notre quotidien qu’ils ont basé sur la richesse accumulée avec la peau des déportés. Sur un « arrivage » de 600 déportés aux usines Krupp, un an plus tard il n’en restait que 20… Et les « 24 », les régimes aujourd’hui les honorent. Ils ont « payé »… des réparations !
Krupp, « pour solde de tout compte » s’est engagé à verser 1 250 dollars à chaque rescapé. Bientôt, ce ne fut plus que 750 dollars, puis 500. Puis, le Konzern Krupp fit savoir qu’il n’était plus en mesure d’affecter des paiements volontaires : « les juifs avaient coûté trop chers ». Alfred Krupp fils – et ses consorts – sont devenus les hommes les plus puissants du marché commun, les rois du charbon et de l’acier, les piliers de la paix européenne… L’ordre du jour est terminé. André Fillère
LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 21
LE RÉVEIL VOS DROITS
Contingents de Légion d’Honneur d’Ordre national du Mérite et de la Médaille Militaire Cinq décrets de la Présidence de la République (n° 2018-26/27/28/29/30) datés du 19 janvier 2018 et publiés au J.O.R.F. du 21 janvier fixent : ➢ Le contingent de médailles militaires pour la période du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2020 soit 2 000 pour le personnel de l’armée active et 1 000 pour le personnel n’appartenant pas à l’armée active, dont un minimum de 15 % consacré à la réserve opérationnelle. ➢ Le contingent de Croix de l’Ordre National du Mérite pour la même période, soit : – A titre civil : 4 Grand’ Croix, 8 Grands officiers, 106 commandeurs, 538 officiers, 2 544 Chevaliers.
– A titre militaire : 2 Grand’ Croix, 6 Grands officiers, 70 commandeurs, 380 officiers, 1 342 chevaliers – Le contingent militaire ci-dessus doit être consacré au minimum à 65 % au personnel appartenant à l’armée active ➢ Le contingent de Croix de l’Ordre National du Mérite destinés aux étrangers pour la même période : 2 Grand’ Croix, 4 Grands Officiers, 40 commandeurs, 94 Officiers, 200 Chevaliers. ➢ Le contingent de Croix de la Légion d’honneur pour la même période, soit : – A titre civil : 4 Grand’ Croix, 8 Grands Officiers, 34 Commandeurs, 164 Officiers, 1 290 Chevaliers. – A titre militaire : 3 Grand’ Croix, 6
Grands Officiers, 50 Commandeurs, 826 Officiers, 815 Chevaliers. Pour la même période, les contingents annuels dont dispose le Ministère des Armées pour les personnels militaires sont exceptionnellement majorés de 200 croix de chevaliers destinés à des A.C. 1939-1945 justifiant d’un fait de guerre ou citation au titre guerre, et pour ceux des TOE ou d’AFN, de la médaille militaire et de deux blessures de guerre ou citations. ➢ Le contingent de Croix de la Légion d’Honneur et de médailles militaires aux étrangers pour la même période, soit 2 Grand’ Croix, 4 Grands officiers, 30 commandeurs, 84 officiers, 200 chevaliers et 30 médailles militaires.
Ordonnance n° 2018-20 du 17/01/2018 relative au service de santé des Armées et à l’Institution Nationale des Invalides Quand et pourquoi cette ordonnance ? La loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé « a réformé le système français de santé afin de répondre aux nouveaux enjeux de la santé publique et de garantir un accès équitable à des soins » tel que définie par l’administration. Cette loi comporte de nombreuses dispositions concernant le service de santé des Armées et l’Institution nationale des Invalides. L’article 222 de cette loi a habilité le gouvernement à adopter par ordonnance des dispositions tendant à renforcer la contribution du service de santé des Armées et de l’Institution nationale des Invalides à la politique de 22 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
santé publique et à la défense sanitaire du pays.
des militaires et dans le cas de la prise en charge des blessés (article 2).
L’ordonnance ainsi proposée est composée de 36 articles répartis en six titres.
Il semblerait donc qu’un membre du monde combattant, un membre d’une association d’anciens combattants, un avocat pourrait intervenir.
Examen des articles les plus importants Cette ordonnance multiplie et accroît la coopération entre les services civils de santé et les services de santé des armées. Ce renforcement devrait être surveillé (article 1er) afin que l’un des deux services ne prenne pas l’ascendant sur l’autre. Cette ordonnance, et ceci est un bien, prévoit une dérogation au secret médical pour des acteurs non professionnels de santé lors du parcours d’expertise
➢ L’article 3 de cette ordonnance instaure un comité de protection des personnes établi par le Premier ministre pouvant rendre un avis à la fois sur des recherches ne relevant pas de la protection du secret de la défense nationale que sur des recherches classifiées. Grâce à ce comité la mention « Secret défense » pourrait ne plus être opposée systématiquement à toute recherche et production de documents. ➢ L’article 4 prévoit l’indemnisation
VOS DROITS LE RÉVEIL des victimes d’accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales. Cette indemnisation sera assurée par l’office national d’indemnisation des accidents médicaux… telle que prévue à l’article L 1142.22 du Code de la Santé publique. ➢ Les articles 5-6 et 7 prévoient les missions de collecte du sang. ➢ Les articles 8 et 9 prévoient des inspections et contrôles par les agents civils, au sein du service de santé des armées, ainsi que la participation des professionnels du service de santé des armées aux communautés professionnelles territoriales de santé. ➢ Les articles 11 et 20 peuvent être dangereux. 11 : Cet article permet, en cas de lutte contre les risques spécifiques, la distribution de médicaments non soumis à une autorisation de mise sur le marché pour permettre de faire face à certaines menaces. 20 : Cet article réaffirme la liberté du service de santé des armées, sous couvert d’une mission prioritaire de soutien sanitaire des forces armées, de fabriquer sans autorisation des médicaments, d’en importer, d’en exporter, d’en distribuer, s’ils sont autorisés dans un autre état membre de l’Union Européenne.
N’y aurait-il pas dans ces deux articles un risque pour les patients de servir de cobayes pour ces médicaments distribués et absorbés sans avoir reçu les autorisations nécessaires ? N’y aurait-il pas mise en danger de la santé et de la vie des patients soumis à « ces expériences » ? ➢ Les articles 12-13-14-15-16-17-1819 confirment la coopération entre les personnels de santé des armées et les personnels de santé civils. Cependant les fonctionnaires de chaque catégorie civile ou militaire conservent à titre personnel les avantages qui découlent de leur catégorie. ➢ Les articles 28 à 31 prévoient la participation croisée des services de santé des armées et des services de santé civils. ➢ L’article 32 conforte les attributions d’avis médical confiées au service de santé des armées pour toute décision entraînant des conséquences statutaires ou disciplinaires pour un militaire. Il confirme que le dispositif du médecin traitant ne concerne pas les militaires qui consultent sur prescription d’un médecin des armées. ➢ Les articles 33 et 34 adaptent le code rural et de la pêche maritime aux activités spécifiques des vétérinaires
des armées et adaptent également cette ordonnance à la Nouvelle Calédonie et la Polynésie française. ➢ L’article 35 prévoit la mise en place de dispositions transitoires pour articuler la présente ordonnance avec l’ordonnance relative aux conditions de création et de fonctionnement des centres de santé également en cours d’adaptation. L’article 36 est l’article d’exécution. L’avenir nous dira comment vont être appliquées toutes ces dispositions, en retenant d’ores et déjà le « danger » présenté par certains articles et signalé au cours de cet examen. Il faudra demeurer très vigilant !!! JTA
Indemnisation des pupilles de la Nation Une nouvelle proposition de loi relative à l’extension du droit à réparation à toutes les pupilles de la Nation enfants de « Morts pour la France » a été déposée à l’Assemblée nationale, le 31 janvier 2018 sous le n° 621 par le député Pierre Cordier et le groupe « Les Républicains ». Cette proposition prévoit l’élargissement de la reconnaissance du droit à réparation à l’ensemble des pupilles de la Nation, notamment aux enfants de « Morts pour la France ». Elle comprend 5 articles et propose une rente viagère mensuelle de 557,16 euros.
En seraient exclues les personnes ayant déjà reçu ou recevant une indemnité ou une rente versée par la France, l’Allemagne ou l’Autriche pour les mêmes faits. Insaisissables et non imposable, la charge pour l’Etat serait compensée par la majoration des droits visés à l’article 302 bis ZK du code général des Impôts (prélèvements opérés sur les jeux de cercle en ligne, les paris hippiques et sportifs, etc.). Cette proposition de loi a été renvoyée à la commission de la défense nationale et des forces armées. Affaire à suivre, donc… LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 23
LE RÉVEIL VOS DROITS
Arrêté modificatif relatif aux victimes portant la mention “Mort en déportation” Un nouvel arrêté en date du 28 novembre 2017 (J.O. du 4 janvier 2018) confie à l’ONAC-VG la mission de modifier ou préciser, certains noms, date et lieu de décès de 74 victimes assassinées par les nazis dans les camps de la mort. La liste et les modifications sont disponibles sur le texte n° 37 du Journal Officiel n° 002 du 4 janvier 2018.
Stèle honorant des soldats ,des civils,des déportés, morts pour la France et dans des camps. Stèle située à la centrale EDF de Vitry 94.
Vaucluse (84) Le Comité départemental de l’ARAC du Vaucluse a réuni ses adhérents pour honorer ses porte-drapeaux. Au cours d’une belle cérémonie, huit d’entre eux ont reçu la Médaille de l’ARAC. Il s’agit de : Bernard Emile, Nadjar Jean, de la section de Bollène ; Claude Viau et Mme Guérin de la section de Montfavet-Avignon ; Berbezier René, Bouchon, Masse, de la section de Vedène et Madame Palok Marie-Hélène, porte-drapeau de Velleron.
Daniel Large, président départemental ARAC 84 a remis la médaille de l’ARAC aux 8 porte-drapeaux.
24 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
Brest (29) Le 13 janvier 2018, la section ARAC – Brest BMO a tenu son AG en présence d’élue(s) locaux dont Monsieur Eric Guellec. Un rappel a été présenté sur l’activité de la section. Des initiatives concernant le comité Brestois ont été envisagées ainsi que le renouvellement et le renforcement du bureau. « La permanence se tient tous les mercredis au 41 rue Général Borgnis Desbordes ». Certes Madame Darrieussecq en sa qualité de Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des armées, compte bien les Anciens Combattants et les questions mémorielles parmi ses délégations mais à nos yeux les Anciens Combattants méritent mieux. Si ce n’est un Ministère de plein exercice, au moins un secrétariat spécifique. Le budget est insuffisant, il faudrait maintenir les crédits à niveau constant. Notre 56e congrès National montre que l’ARAC est ancrée dans les luttes pour défendre les droits et les valeurs de la République. Liberté, Egalité, Fraternité. Notre responsabilité : engager le débat, donner du sens, de l’espoir à ceux qui
ne supportent pas, qui refusent cette attaque aux droits inscrits dans la constitution : logement, santé, travail, laïcité. Notre responsabilité : donner à comprendre, le Réveil, les expositions sont des outils pour aller à la rencontre des OPEX, des femmes, des hommes, des jeunes qui partagent nos valeurs. « les principes républicains sont de tous côtés, ou trop attaqués, ou trop mal défendus. Il faut veiller sur la République ». Cet appel lancé par Henri Barbusse, en juillet 1917, est toujours aujourd’hui d’actualité. C’est la raison pour laquelle l’ARAC n’est pas et ne sera jamais absente du débat d’idées, du débat politique. L’histoire de notre association est marquée par cette détermination. Les états généraux pour la Paix sont le prolongement du travail engagé depuis la création de notre association. Il est de notre responsabilité de contribuer à rassembler toutes les forces éprises de paix, au moment d’un nouveau partage du monde et des richesses. 2018 doit marquer une nouvelle étape dans le renforcement. Nous devons renforcer notre association, donc poser la question de l’adhésion. L’année 2018, année importante pour la mémoire, avec le 11 novembre 2018, la commémoration du 75e anniversaire de la mort de Jean Moulin et de la création du Conseil National de la Résistance, d’où l’important de mettre à disposition notre expo « 14/18 La Guerre ». L’assemblée s’est terminée par la remise du diplôme d’honneur de Porte-drapeau à Gilles Le Guen, OPEX, par Jean Moal.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Nos peines ■ ALLIER (03) Commentry : Maurice PIERRE, 80 ans, AC ATM. ■ BOUCHES DU RHONE (13) Cornillon-Confoux : Pierre MORIENNE, AC ATM. Sénas : Auguste JEAN. Septemes-les-Vallons : René FOSCO, AC ATM. Vellutini Saint-Just : Roger ARRU, AC ATM Vitrolles : Claude RICHARD, 71 ans, combattant pour la Paix ■ CHARENTE (16) Fléac-Linars : Jean-Claude ROBY, AC ATM. Ruelle : Fernand FAROUX, AC ATM. ■ CHER (18) Vierzon : Marcel DEMNET, 96 ans, dit « Roland DARWAY » Interné Résistant, Chevalier de la Légion d’honneur, Médaille Militaire, Croix de Guerre 39-45 étoile vermeil, Médaille d’Interné Résistant, CVR, Médaille d’honneur national des passeurs, Etoile d’or de l’ORMCM. ■ COTE D’OR (21) Dijon : Mme Arlette DEMOUGEOT, 72 ans, AC ATM ■ DORDOGNE (24) Boulazac : Bernard JAMILLOUX. Chamiers : Albert ROUFFINEAU, 95 ans, AC 39-45, Médaille de la Légion d’honneur. Mialet : Emile CHARENNAT. Mme Renée SEBASTIEN. René SEBASTIEN. Montrem : Jean-Jacques DELORD. Saint-Léon-sur-l’Isle : Mme Jacqueline GOMEZ. ■ FINISTERE (29) Brest : Jean-François JEGO, AC ATM.
Médaille ORMCM 27 janvier 2017 : Georges Duffau-Epstein décoré par l’ORMCM à l’issue de l’Assemblée générale de l’Association des Fusillés du Mont Valérien et de l’île de France, qui s’est tenue à la Mairie de Suresnes. Notre camarade Georges Duffau-Epstein, qui a été réélu président de l’association a reçu des mains de Raphaël Vahé, Président de l’ORMCM, la médaille de bronze. Il a retracé le parcours exemplaire de Georges, marqué par son travail militant au service de la mémoire des fusillés du Mont Valérien et de l’Île de France. Auparavant Julien Lauprète, président du Secours Populaire français, en qualité de grand témoin a bouleversé l’assistance par son témoignage de sa rencontre avec Missiak Manouchian et ses camarades, en prison quelques jours avant leurs exécutions par les nazis. Ils ont lancé un appel à la résistance contre les atteintes à la dignité humaine et les dominations. A la suite de cette assemblée fraternelle, chacun et chacune s’est rendu, à la cérémonie de la Flamme dédiée ce soir-là, à la libération du Camp d’extermination d’Auschwitz par l’armée soviétique.
■ ISERE (38) Bourgoin-Jallieu : Joseph VITTAZ, 95 ans, AC 39-45, Chevalier de la Légion d’honneur, Médaille Militaire, Croix de Guerre 39-45. ■ LOIRE (42) Saint-Chamond : Henri CHARROIN, AC ATM. Saint-Etienne : Lucien MONTAGNON, 80 ans, AC ATM, président de la section. ■ LOIRE-ATLANTIQUE (44) Orvault : Michel ROUX, 81 ans, AC ATM. André SEVENO, 79 ans. ■ MOSELLE (57) Ottange-Villerupt : Victor LUCCIARINI, AC ATM ■ NIEVRE (58) Nevers : Robert Louis CHAUVEAU, AC ATM. ■ NORD (59) Solre-le-Chateau : Daniel MARTLE, 77 ans, AC ATM. ■ SAONE-ET-LOIRE (71) Chagny : Bernard MUZARD, 92 ans, AC 39-45. ■ SARTHE (72) Allonnes : Claude CHARDRON, 84 ans, AC ATM. Claude LAUNAY, 82 ans, AC ATM. Jeannie HORNYACK, 76 ans ■ SEINE-MARITIME (76) Le Havre : Guy PROVOST, 84 ans, AC ATM. ■ VENDEE (85) La Roche-sur-Yon : Jean-Claude GUERINEAU, 78 ans, AC ATM, président départemental. ■ VAL-DE-MARNE (94) Le Plessis-Trévise : Jean REJASSE, 83 ans, AC ATM.
Robion (84) Les centenaires de l’ARAC et de la grande guerre en expo à Robion La salle des mariages de Robion accueille deux expositions en une ! Celle du centenaire de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) et celle de la guerre 14-18 présentée par Jacques Goutorbe membre du Bureau National. Rappelons que l’ARAC milite pour rassembler les hommes et les femmes dans l’action contre la guerre, pour la paix et Le député Jean-Claude Bouchet a remis le drapeau la solidarité entre les peuples. Une maire de Robion autour de plusieurs du centenaire de l’ARAC à Philippe Goupil. conseillers a rappelé d’ailleurs que la commune se félicite d’accueillir ces deux expositions qui cultivent la mémoire de l’histoire dans un esprit de vérité, dans la promotion des idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité. Rappel partagé par le député Jean-Claude Bouchet qui a remis le drapeau du centenaire de l’ARAC à Philippe Goupil, porte-drapeau ARAC de Robion qui a reçu des mains de Jacques Goutorbe la médaille du centenaire. Mais quand un député se réclamant de l’héritage gaulliste offre de ses deniers un drapeau à une association d’anciens combattants fondés H. Barbusse, P. Vaillant-Couturier pour combattre la guerre, on ne peut que se féliciter du geste de la démarche rassembleuse. LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 25
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Charente-Angoulème (16) Cérémonie du 15 janvier 2018 dans la clairière de la Braconne Comme chaque année à 15 h avec ses drapeaux, l’ARAC 16 était présente à cette cérémonie en présence de la Sous-préfète, des autorités militaires,
Cérémonie 2017 dépôt de gerbes de l’association des fusillés de la braconne.
civiles du directeur de l’ONAC avec 22 porte-drapeaux. Jean-Pierre Colas, président départemental avec un membre d’une autre association ont déposé une gerbe devant le Mémorial des 10 fusillés du 15 janvier 1944, en présence des familles des héros de la Résistance charentaise qu’il ne faut pas oublier, c’est notre devoir de mémoire.
Côtes d’or (21) Assemblée générale du comité départemental le 21-10-2017 en présence de liliane rehby, secrétaire nationale Après un hommage à nos camarades disparus : - Antoine CIRILLOT, Marcel HARBELOT, tous deux présidents d’honneur. - René JACQUOT, Jean FAVET - Joseph LOUVEL, Marcel MIGNOTTE. C’est sous le signe du centenaire de l’ARAC que s’est déroulée notre assemblée. Chaque adhérent est placé en héritier d’une inestimable grandeur eu égard aux travaux et dévouements produits par ses fondateurs sortis des tranchées de cette ignominieuse boucherie de 1914 à 1918. Eux qui portèrent bien haut le drapeau de la République, celle des Droits de l’Homme et du Citoyen. Héritiers des sans-culottes de 1793, des insurgés de 1848, de la Commune de 1871, du Front Populaire de 1936,
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des Combattants de l’Ombre et la Résistance, héritiers des Lumières du XVIIIe, du XIXe, du XXe siècle des BARBUSSE, VAILLANT-COUTUTRIER, JAURES, de tous nos camarades qui ont bâti pierre à pierre ce splendide atelier qu’est l’ARAC pour que les artisans militants et défricheurs participent au façonnage d’un monde nouveau. De grandes avancées sociales, économiques, culturelles en ont été le fruit. Aussi, soyons le relais de transmission de ces vraies richesses que sont la Liberté, dans un pays souverain. L’égalité dans le juste partage des richesses créées. La fraternité dans la solidarité, la tolérance et la laïcité de nos institutions. Dans le respect de la dignité humaine. Il convient bien évidemment de remettre en cause le principe de subsidiarité, résurgence de la conception du droit divin, cher à tous les régimes autocratiques y compris au niveau européen. Notre combat est parfois qualifié d’utopie, eh bien relevons ce défi ! C’est par cette politique que nous militons à l’ARAC.
Saône et Loire (71) Le congrès départemental de Saône et Loire s’est déroulé le 7 octobre 2017 à Montceau les Mines en présence de Raphaël Vahé, Président National de l’ARAC, Claude Jarrot, Maire de Montceau les Mines, des élus Gérard Gronfier Maire-adjoint et Michèle Bouteloup conseillère municipale, Christophe Dumont maire adjoint représentant le Maire de Saint Vallier et Daniel Meunier Conseiller municipal. Colette Beltjens de Tournus Conseillère Départementale représentait le Président départemental André Accary. Les sections de Chagny-Chalon, Gueugnon, Mâcon, Montceau les Mines, Saint Vallier, Tournus étaient représentées. Liliane Rehby Présidente Départementale a présenté le rapport moral et d’orientation, précédant le Congrès historique du centenaire de la création de l’ARAC en1917. Il est essentiellement lié à la réflexion sur le pré-projet préparant le déroulé du 56e congrès. Un échange s’est engagé entre le public, les élus et le président Raphaël Vahé sur le contenu du projet d’orientation du congrès. Liliane dans son rapport insiste sur le fait que l’ARAC pendant cent ans a défendu l’Héritage de nos fondateurs : Défense de la République, de la Paix, elle est témoin et acteur de son siècle, en est la mémoire vivante avec un devoir d’alerte. L’Ordre du jour épuisé Raphaël, Président de l’Office Républicain des Mérites Civiques et Militaires (ORMCM) a remis la médaille de bronze à Liliane très émue. Il a retracé son parcours militant civique exemplaire. Toute l’assistance s’est rendue ensuite au monument aux morts avec les drapeaux pour y déposer une gerbe et Madame le Maire est allée montrer à Raphaël et Liliane l’inscription qu’elle a fait rajouter des noms des résistants polonais Morts pour la France sur le monument.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Allonnes (72) La section d’Allonnes de l’ARAC a tenu son assemblée générale le 27 janvier 2018. Après lecture, discussion et adoption des rapports d’activité et de trésorerie, Roger Leroy a informé l’assemblée des projets pour l’année. « En 2018, nous allons et nous voulons nous inscrire dans toutes les luttes sociales, nous fêterons comme il se doit le Centenaire de l’armistice, la pièce « les gardiens de la Terre » sera de nouveau interprétée par la Compagnie Création de théâtre en acte, nous participerons au cinquantenaire de 1968 et nous serons acteurs des Assises de la Paix le 21 avril ». En clôture, Gaston Lethielleux a remis la médaille du Centenaire aux
porte-drapeaux : Gisèle Guyon, Yves Gohier, Roland Rouault et Guy Reversat en les remerciant de leur disponibilité pour représenter l’ARAC à toutes les cérémonies et partout où c’est nécessaire. Roger Leroy a également reçu la médaille du centenaire en reconnaissance de son activité permanente pour l’amitié entre les peuples et pour la paix. Nous lui devons l’organisation des cérémonies du centenaire de l’ARAC sur Allonnes. La médaille d’honneur a été remise au maire d’Allonnes et conseiller départemental Gilles Leproust en reconnaissance de son activité et de son aide précieuse et permanente pour le rayon-
Rhône (69)
L’ARAC du Rhône a organisée deux manifestations pour le centième anniversaire de notre organisation, l’une à Villeurbanne dans la salle des confé-
Orvault (44) Le 9 décembre s’est tenue l’assemblée générale de l’ARAC créée en 1917. Madeleine Bretécher, la secrétaire, a dressé le bilan annuel. Le trésorier Roger Robin a fait approuver les comptes. Le bureau a été reconduit : Président d’honneur Alphonse Patron, président Serge Retiaire, vice-président Gérard Duflos, secrétaire Madeleine Bretécher, trésorier Roger Robin, porte-drapeau Gisèle Cahagnon. En fin de réunion le maire Joseph Parpaillon a remis la médaille du centenaire de l’ARAC à Gilbert Denigot et Bernard Druart.
rences du Palais du Travail, le 9 novembre et l’autre le 21 novembre 2017 dans la salle des mariages et des expositions de la mairie du 7e arrondissement de Lyon. Ces deux initiatives étaient accompagnées chacune, d’une conférence et de la présentation de photographies historiques sur la
nement de l’ARAC et pour la Paix. L’étoile de bronze de l’ORMCM a été remise à Marcel Gentihomme, Claude Cucy et Gérard Vincelot. Tous sont membres du bureau du Comité départemental ARAC 72. Merci à tous ces camarades honorés pour leur engagement au service des anciens combattants, pour la mémoire, l’amitié, la solidarité, l’antifascisme et la Paix. Grande Guerre de 1914-1918, des autochromes Louis Lumière, réalisés par le commandant Jean-Baptiste Tournassoud (grand-père de la chanteuse), ancienne gloire locale Mick Micheyl, auteur du « Gamin de Paris ». L’ensemble de ces rencontres a connu un grand succès : cinquante et cent personnes pour chacune d’entre-elles. Les camarades chargés de l’opération se montrent se montrent très satisfaits d’un résultat au-delà de leurs espérances. Fernand Gelin
Finistère (29) Assemblée Générale de l’ARAC de la section Finistère-Sud le 3 février 2018 La Paix au cœur des débats Après les rapports d’activité et de trésorerie de l’année 2017 approuvés par les adhérents après discussion ainsi que le compte-rendu fait par les délégués au 56e Congrès National qui a marqué les 100 ans de l’ARAC, les adhérents réunis à La Forêt-Fouesnant
ont débattu des initiatives prévues et à envisager pour l’année 2018 pour le travail de mémoire, exposition dans les locaux municipaux et établissements scolaires retraçant la terrible guerre 1914-1918. Préparation des Etats Généraux pour la Paix du 21 avril 2018 à Paris. Le bureau sortant a été reconduit et en ces temps difficiles la section a enregistré deux nouvelles adhésions. Un pot amical et fraternel a clôturé cette réunion. LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 27
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
91 – Sceaux-les-Chartreux L’Assemblée générale de remise des cartes 2018 s’est tenue le dimanche 14 janvier à midi au Salon « Athénée » du Relais des Chartreux, en présence d’une nombreuse assistance. Le Président Jacqui Buret, après avoir salué les participants, présenta ses vœux à toutes et tous puis résuma l’activité de la section en 1917, insistant plus particulièrement sur la défense des droits à réparation, notamment la carte du
combattant pour les militaires ayant séjourné en Algérie du 2 juillet 1962 à 1964. André Fillère, président honoraire de l’ARAC Essonne, évoqua le centenaire de l’Association, les valeurs républicaines et la paix pour lesquelles elle agit. Après avoir dénoncé un budget 2018 vide de toute mesure réelle pour les ACVG, il appela à l’action unie. Plus de 60 personnes étaient présentes dont des ACVG de la FNACA,
St Marcel (13)
Samedi 27 janvier. L’ARAC de St Marcel avec à sa tête son président Paul Roubin également Vice-président départemental délégué à la mémoire ont rendu hommage au lieutenant William Wells Bateman pilote de chasse abattu lors de la libération de Marseille, en dévoilant une stèle à son nom en présence de M. le Consul des Etats-Unis, de M. le maire de secteur M. Julien Ravier, de M. Maurice Rey représentant le Conseil Départemental 13 et de Michel Caccioti Président d’honneur de l’ARAC 13 et ancien résistant. Merci à tous.
VERTOU 44 Jeudi 1er Février l’ARAC de St Marcel représenté par son président Paul Roubin a accompagné Michel Caccioti Président d’honneur de l’ARAC 13 et ancien Résistant au collège de Salon de Provence rencontrant 120 élèves de 3e dans la journée et ovationné par plus de 400 collégiens en traversant la cour et continuer a débattre sur la mémoire avec les élèves au réfectoire. Merci à M. Archambault de son accueil et de son excellant travail de mémoire.
Velaux (13) 23 janvier. Dans le cadre du devoir de mémoire concernant la 1° guerre mondiale et le 100° anniversaire de la fin de celle-ci, Patrick Saintenoy Président Départemental ARAC 13 est intervenu dans une classe de l’école Jean Jaurès à Velaux répondant aux questions des élèves sur ce conflit: Matériel, documentation, vidéo projection concernant la zone des combats, la vie des femmes et des enfants, bilan de la guerre, habillement, vie dans les tranchées, armes utilisées etc... Un cahier de guerre sera 28 - LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018
des PG-CATM, des prêtes AC et le maire qui salua l’assemblée. Après le verre de l’amitié, un succulent déjeuner réuni les convives, suivi d’un après-midi récréatif dansant.
mis à jour, une autre intervention est actée avec inscription au concours des petits artistes de la mémoire la grande guerre vu par les enfants. Merci à la directrice M. Véronique Granville.
La section ARAC de Vertou a tenu son assemblée générale avec un idéal intact depuis cent ans "Faire la guerre à la guerre". A cette occasion l'un de ses adhérents a été médaillé. Une distinction décernée à Marcel Hervouet par son président Claude Le Cloerec. Nous lui avons remis la médaille de la reconnaissance de la Nation avec agrafe "Afrique du Nord". Elle récompense son engagement et sa longévité à l'ARAC depuis plus de 40 ans. Le président a appelé l'assemblée à se souvenir des fondateurs de 1917 : PAUL VAILLANT COUTURIER, HENRI BARBUSSE, GEORGES BRUYERE et HENRI LEFEBVRE qui ont laissé leur nom dans l'histoire. Michel Gouty secrétaire de la section et délégué au conseil national qui a participé au Congres des 100 ans a débattu sur les grandes orientations décidées au cours de ce Congrès. Une galette et un pot républicain ont animé et clôturé cette matinée ô combien appréciée.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
COMMENTRY (03) Hommage à un fidèle de l’ARAC depuis 1963
Vias (34) L’Assemblée générale Annuelle de la section A.R.A.C. VIAS a eu lieu le samedi 9 décembre au restaurant la « Source à VIAS » en présence des Adhérents et Sympathisants. Après les traditionnels rapports « 1 d’activité - 2 financier » l’élection du bureau a eu lieu sans grand changement « bureau élu à la majorité »
Président Jean Gaillard, Vice-Présidente Marie-jeanne Van Brussel, Secrétaire André Buchaca SecrétaireAdjoint Ollo Jean-Claude, Trésorier René Timossi Trésorier- Adjoint Joël Pichon. La séance terminée, un apéritif et un repas copieux ont été servi sur place. ARAC VIAS
Commémoration du 76e anniversaire de l'assassinat de Titus Bartoli à Châteaubriant Lors de leur assemblée Générale, les camarades de la section ARAC de COMMENTRY ont rendu un bel hommage à Louis Bardot qui a adhéré à l’ARAC en 1963, soit 55 ans de fidélité. Au sein de la section, il a été secrétaire adjoint de 1993 à 1999 puis secrétaire jusqu’à ce jour. Compte tenu de son âge, il a souhaité abandonner cette fonction et en remerciements des bons services rendus, le président Pierre COMBEMORELLE lui a remis un cadeau en présence de Raymond AUCLAIR, adjoint au Maire et Christian BERTRAND, secrétaire départemental de l’ARAC.
Des vœux de Cuba A l’occasion du nouvel an, son Excellence Elio Rodriguez Perdomo – ambassadeur de la République de Cuba en France – a remercié la Coordination Française de Solidarité avec Cuba (dont ARAC-Cuba Solidarité est partie prenante) en lui adressant des souhaits de santé, de prospérité et de bonheur pour 2018. Des vœux fraternels et combattifs pour la fin du blocus économique, commercial et financier des EtatsUnis contre le peuple cubain.
Le 22 octobre 2017 à l'invitation du Président du comité Titus Bartoli M. Bernard Lardet, nous nous sommes retrouvés nombreux à nous recueillir au cimetière de Digoin sur la tombe de Titus Bartoli comme chaque année. Des associations d'Anciens Combattants dont l'ARAC, l'ANCAC, la FNDIRP, le Comité d'entente de liaison de Paray le Monial, des élus et des représentants de sa famille étaient présents. Titus Bartoli instituteur à Digoin a fait partie des 27 otages de Châteaubriant assassinés par les nazis. Il était le plus âgé (58 ans) et Guy Mocquet le plus jeune. Il a été arrêté le 21 juillet 1941 dans son jardin à Digoin, a connu la prison de Chalon Sur Saône et Châteaubriant Cette année 2017, l'ARAC fête le centenaire de sa naissance du 2 novembre 1917 et en tant que présidente de l'ARAC locale j'ai demandé au président Bernard Lardet de pouvoir déposer une gerbe sur la tombe de Titus au nom de l'ARAC. Nous l'avons remise à trois, Bernard Lardet, Georgette Cantat (ARAC) et Liliane Rehby. Le président Bernard Lardet nous a demandé de parler d'Henri Barbusse et d'évoquer les convictions communes qui unissaient ces deux hommes.
toute l'intelligence d’Henri Barbusse qui met dès le départ la souveraineté des peuples au cœur des débats sur la démocratie et la Paix. Voilà leurs opinions communes et si à Digoin il était connu comme communiste et syndicaliste, il a aussi créé l'ARAC à Digoin et a fait partie des tout premiers adhérents de l'ARAC le montrant par sa présence au premier congrès de 1919 le 7 et 8 septembre à Lyon. Sa vie s'est terminée à la Sablière de Châteaubriant, victime de ses convictions qu'il partageait avec Henri Barbusse. A ses derniers moments il a écrit « c'est d'une main ferme que je vous écris. Je ne tremble pas dans quelques moments Peut-être, je ne serai plus ». 76 ans après il est toujours vivant pour nous ! Liliane Rehby
Aujourd'hui on mesure 100 ans après, LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 29
LE RÉVEIL SOLIDARITÉ
Argentine :
Le bilan accablant du président Macri Le continent Sud-américain qui avait semblé pouvoir s’émanciper enfin du poids dictatorial des Etats-Unis, subit à nouveau les charges de celles-ci pour remettre en place des gouvernements à sa botte. Chili, Venezuela, Brésil en savent quelque chose et l’Argentine n’échappe pas à la régression antipopulaire avec une escalade répressive sans précédent depuis 1983, à la sortie des régimes de terreur de la junte des généraux. Ainsi, la dirigeante sociale Milagro Sala est, depuis deux ans en détention préventive dans la province de Jujuiz, sur simple demande du gouverneur Gérard Morales. Que lui reproche le gouvernement du Président Mauricio Macri ? De diriger une organisation sociale (la Tupac Amaru) qui a construit 8 000 logements sociaux, 120 coopérations productives, des centres de santé, des écoles, des centres culturels et de loisirs. Avec ses 70 000 membres, cette organisation constitue un projet durable unique en son genre. Que voilà une dangereuse terroriste subversive, dont le droit à la défense est d’ailleurs bafoué. Parlementaire de
l’officiel Mercosur, son immunité a été ignorée. Elle est victime d’accusations arbitraires d’ailleurs dénoncées par toutes les instances nationales et internationales de défense des droits humains : ONU, Amnesty Internationale, Comité international de la défense des droits de l’homme, etc. La véritable cause de son arrestation est d’avoir osé remettre en question un système d’exploitation de la population la plus démunie du nord de l’Argentine. Ce pays souffre aujourd’hui, sous la férule du président Mauricio Macri, d’une dérive autoritaire qui s’alourdit de jour en jour : Disparition puis meurtre de Santiago Maldonado et assassinat d’une balle dans le dos de Raphaël Nahnel, Répression du 14 au 18 décembre (face au Congrès) des manifestations contre la réforme des retraites, arrestations par dizaines des manifestants, impossibilité pour les députés d’opposition d’entrer dans l’hémicycle, répression par la police puis mise en examen pour avoir « perturbé la séance » .
Abus du système de prison préventive et d’accusations infondées de trahison à la patrie formulée contre les anciens membres du gouvernement. - persécution et répression sans précédent des peuples d’origine : les Mapuches en Patagonie et les Wichis dans la province de Formosa. Aujourd’hui, le peuple argentin exige la libération de Milagro Sala et de tous les prisonniers politiques. Le respect des droits humains et à manifester. Vérité et justice pour Santiago Maldonado et Raphaël Nahel. Halte à la criminalisation de la lutte sociale. Avec les associations argentines en France, appuyons la revendication du peuple argentin.
Guerre d’Espagne
La Solidarité des sauveteurs en mer
Réfugiés espagnols.
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« La Nouvelle », commune française de l’Aude est née par édit de Louis Philippe le 21 juillet 1844, et son premier maire, Jean-Baptiste Rival, était un ancien capitaine de marine. Reliée par chemin de fer à Perpignan et Narbonne entre 1855 et 1858, sa vocation de station balnéaire s’affirme dès 1847, et la ville devient « Port la Nouvelle » selon la volonté de son maire d’alors, Paul Carrière.
giques ont lieu à proximité des côtes françaises et ainsi naît l’idée de créer une société de sauvetage.
➢ Parallèlement, en cette fin du XIXe siècle, plusieurs naufrages tra-
➢ « L’Alsace » qui nous intéresse est une pinasse en bois insubmersible
En 1865, ce fut la « Société Centrale de Sauvetage des Naufragés », puis – en 1878 – « Les Hospitaliers Sauveteurs Bretons » (HSB). C’est en 1880 que vit le jour la société centrale de sauvetage des naufragés de Port-la-Nouvelle, avec l’arrivée du premier canot à rame « Alsace ». ●
SOLIDARITÉ LE RÉVEIL de 9,50 mètres de long, armée de dix avirons, construite en 1921 par les entreprises maritimes basques de Socoa ; et elle avait déjà près de 20 ans d’âge à l’époque où se situe ce récit. ➢ Janvier 1939, la République Espagnole est à l’agonie, écrasée par la rébellion de Franco et de l’armée d’Afrique, appuyée par les troupes, l’armement moderne, les chars et l’aviation fascistes d’Hitler et de Mussolini. Le vaillant peuple espagnol trahi par la « non intervention » proclamée et strictement appliquée par les gouvernements français, anglais et consort, ne peut résister plus longtemps. Le 27 juillet, les troupes de la rébellion finissent par prendre Barcelone. ● Le samedi 28 juillet 1939, vingttrois navires espagnols de toutes catégories transportant des réfugiés fuyant la barbarie franquistes, entrent dans le port de La Nouvelle. Une tempête de Sud-Est se lève dans la nuit du samedi au dimanche, l’un des bateaux coule, d’autres partent à la dérive. Vers 8 heures, le dimanche matin, la douane de Leucate signale un navire en détresse, drossé par la tempête. ● M. Sarremajan, secrétaire du comité de sauvetage, fait armer « l’Alsace » et alerte l’équipe du lanceamarre. Le canot est lancé à 10 heures de la plage et « l’Alsace » parvient à la goélette échouée à 11 heures. Le canot va, en trois transports, sauver les réfugiés espagnols, soit 30 hommes, dix femmes et enfants. ● Dans le même temps, une embarcation plate (prêtée par la société des pétroles du Languedoc) est amenée en camion, car « l’Alsace » ne peut pas aborder directement la plage dont le canot est séparé par des lais et des hauts-fonds qu’il ne peut franchir. Pour les sauveteurs, hors de question d’abandonner les réfugiés espagnols naufragés dans cette zone marécageuse, parsemée de trous dangereux où l’on s’enfonce jusqu’à la ceinture et dont le fond est vaseux.
La nacelle assure donc le transbordement du canot de sauvetage à la terre ferme. Les opérations dureront jusqu’à 13 heures. Le canot reste à terre et l’équipage, trempé et affamé, est conduit en camion à La Nouvelle, pour se changer et manger. Une heure plus tard, il retourne à la plage et ramène le canot qui reste en alerte jusqu’à 18 heures, prêt à repartir pour sauver d’autres embarcations qui croisent au large.
vetage à la rame pendant 48 ans et ne fut motorisé qu’en 1959. Affecté au Bacarès en 1969 puis à Toulon en 1972 comme vedette-école, il fut réformé en 1977. Aujourd’hui, la station de sauvetage en mer dispose d’une vedette 1re classe de 13,50 mètres, le SNS 133 « Gema-Corbieres » construite en 1999 à La Seyne-sur-Mer.
HONNEUR aux SAUVETEURS en mer !
et, ici, à ceux de Port-la-Nouvelle pour qui l’honneur de la France s’allia à la solidarité envers les réfugiés espagnols en 1939.
➢
Port-la-Nouvelle dans la 2e guerre
Classée le 13 septembre 1939 comme commune « sensible au débarquement », le plan défense passive lui est appliqué jusqu’à l’arrivée des troupes allemandes en 1942. En mars 1941, aucun trafic n’est plus autorisé dans le port. Le phare est mis hors service en 1942 par la commission d’armistice et le 19 août 1944, sa tourelle est dynamitée.
HONNEUR et RESPECT aux sauveteurs en mer
(sources « Sauvetage », magazine des sauveteurs en mer et merci à Patraick Drault pour ce passage de mémoire).
Le 12 novembre 1942, 500 soldats occupent la commune, l’Etat-major allemand réquisitionne les villas du front de mer, et la quasi-totalité des habitants doit s’exiler dans l’arrière-pays en 1944. L’occupant construit des blockhaus, pose des réseaux de mines à l’entrée du chenal, sur la plage et les terrains entourant la commune. Un canal anti-char de 1,3 km et 5 m de large est creusé, le parapet du front de mer détruit pour permettre le tir des canons vers le large. Début 1944, les Allemands décident d’évacuer les habitants et seuls 388 personnes sont autorisées à demeurer sur place. Finalement, le départ des troupes d’occupation aura lieu le 22 août 1944. Mais, aujourd’hui encore, les restes de guerre s’invitent sur les plages ; et – le 23 août dernier – les experts de la marine nationale ont fait exploser dans la mer 11 obus abandonnés par les Allemands en 1944. Quant à « l’Alsace »… le canot continua ses missions de sau-
➢
Janvier 1939, le canot Alsace de la station - La Nouvelle - porte secours à 40 réfugiés espagnols d'un bateau échoué près du cap Leucate. LE RÉVEIL - N° 841 - FEVRIER 2018 - 31
Jeannie Hornyak décédée le 31 janvier
un hommage à toutes les femmes militantes de l’ARAC C’est bien sûr avec une grande affliction que l’ARAC, dans son ensemble, se trouve à cet instant au côté de Jeannie, et se joint à tous, mais d’abord à toi Michel, à vos enfants, et petits enfants, pour exprimer sa profonde tristesse. C’est le moment pour nous de rappeler comme la souhaité Jeannie, elle-même membre de l’ARAC, ce que veut dire qu’être engagée, engagée dans la vie, engagée auprès de cette association qui porte des valeurs d’humanisme. L’association républicaine des anciens combattants, combattants pour la paix, la solidarité, et l’amitié entre les peuples, peut sans faillir à sa tâche, rappeler que la place des femmes dans l’ARAC a revêtue une grande importance, depuis sa naissance il y a cent ans à la sortie des tranchées. Importance en ce sens que les femmes ont été, et sont encore reléguées par la société dans son ensemble, à des rôles subalternes, peu ou pas reconnue, et ce jusque dans la lutte pour s’opposer aux barbaries en tous genres. Que de femmes résistantes n’ont pu trouver la reconnaissance de leurs sacrifices, après les deux derniers conflits, engendrés par le capitalisme mondial. Elles n’ont que trop souvent eu droits ces femmes, qu’à s’accrocher à la charrue pour semer les graines qui nourrissaient l’homme, le compagnon de vie au front, et à toucher du doigt l’atroce, par l’obligation de fabriquer les armes de destruction de leur propres enfants. Que de décennies traversées dans les luttes pour l’égalité, la reconnaissance des valeurs de vie dont elles sont les porteuses. Que de temps passé à exiger le respect de toutes. L’histoire française a trop souvent rejeté dans l’oubli ces milliers de femmes, qui ont par leur vie au service des autres, de la science, des arts, de la philosophie de la politique, par leur simple engagement militant, écrit, elles aussi l’histoire de notre pays. Voilà quelques mots, que peut-être Jeannie aurait pu nous dire. Nous dire que la vie est toujours conditionnée, à la lutte, et que jamais nous ne devons abandonner. Nous n’avons plus, qu’humblement à la remercier, nous recueillir et méditer. Danielle Bonnin et Roger Leroy
Cher Michel C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris la disparition de ton épouse, notre camarade Jeannie. Sache que nous sommes à tes côtés dans ces moments douloureux. Nous t’exprimons, dans ces circonstances, nos plus sincères condoléances, à toi, ta fille Caroline, tes proches, tes petits-enfants. Au-delà des mots, notre amitié t’est acquise. Nous savons que tu trouveras l’énergie pour faire face à la situation. Si besoin, tu sais aussi que tu peux compter sur notre solidarité. Notre secrétaire général, directeur du Réveil des Combattants, Patrick Staat, sera présent aux obsèques de Jeannie. Nous t’embrassons fraternellement et affectueusement. Villejuif, le 30/01/2018 Pour le Bureau National de l’ARAC