OXFAM DÉNONCE LA POLITIQUE DE DIVIDENDES DES SOCIÉTÉS DU CAC 40
LES FONCTIONNAIRES, VOILÀ L’ENNEMI « L’INTÉRÊT GÉNÉRAL À LA CASSE »
ISRAËL/PALESTINE LES ASSASSINS ET LES SILENCES COMPLICES
Mai 2018 - N° 844 - 5 €
E IN A M U H E IT N IG D A L , E M IS C S A IF T N 'A L , IX A P A L R U PO
E T I R A D I L O S A L , POUR L'AMITIE
E IN A R E V U O S T E E U IQ T A R C POUR UNE FRANCE DEMO
LE RÉVEIL ACTUALITÉS
ARAC
Déclaration Palestine La communauté internationale, l’Union Européenne et la France doivent imposer à Netanyahou d’arrêter d’assassiner le peuple palestinien Ce qui se passe en Palestine est un massacre inadmissible qui viole la souveraineté du peuple palestinien. En quelques semaines, des milliers de blessés, des dizaines et des dizaines de morts sont tombés sous les balles israéliennes. Le comportement de l’Etat israélien est intolérable au regard du droit international. Comment un peuple qui a connu tant de souffrances accepte-t-il que son gouvernement se conduise avec autant de haine. Netanyahou et son gouvernement portent l’entière responsabilité de ce qui se passe aujourd’hui. Encore plus en se mettant au service des Etats-Unis et de la politique de Trump qui pousse à la guerre dans la région tout en faisant courir de graves dangers pour la paix en différents lieux de la planète. • L’ARAC considère urgent d’obtenir la levée de tous blocus et de revenir aux accords de paix entre Israël et la Palestine, avec la poursuite de la recherche opiniâtre d’une solution juste de paix durable basée sur le principe de reconnaissance des deux États. Elle demande l’application pleine et entière des résolutions de l’ONU sur la Palestine et l’arrêt des colonisations. • L’ARAC demande aux autorités françaises d’intervenir auprès du Gouvernement israélien pour qu’il cesse de bafouer le droit international, par des actes intolérables qui constituent de véritables crimes contre le peuple palestinien. • L’ARAC combat, comme elle l’a fait depuis sa création, tous les fauteurs de guerre, continuera de réclamer et d’œuvrer au respect de la souveraineté pour chaque nation, chaque peuple. • L’ARAC soutient la demande d’une enquête indépendante sous l’égide de l’ONU. • L’ARAC appelle à la solidarité avec le peuple palestinien et invite dans le rassemblement le plus large à participer à toutes les manifestations pour exprimer la condamnation de ces massacres et le soutien avec le peuple palestinien. Villejuif le 15 mai 2018
Pendant que les manifestants palestiniens subissent les tirs des troupes du gouvernement Netanyahou. A Jérusalem en complicité avec Trump, le Président des Etats-Unis, le président israélien et la fille de Donald Trump procédaient à l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem. Deux photos qui montrent le mépris des deux présidents (américain et israélien) pour le peuple palestinien, le droit international et la recherche de solutions pour une paix juste et durable avec l’existence de deux états.
2-
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
ÉDITO LE RÉVEIL DU COURAGE D’AUJOURD’HUI, DEPEND NOTRE AVENIR
SOMMAIRE Actualités Déclaration de l'ARAC sur la Palestine ...................................................................................... 2 Réforme de la SNCF : le document qui sème le trouble ........................................................4 Oxfam dénonce la politique de dividendes des sociétés du CAC 40 ................................ 5 Avec la suppression de l’« exit tax », Macron crée un appel d’air pour l’évasion fiscale ! ............................................................................................................ 5-6 Logement social : les dangers du nouveau modèle voulu par l’Etat ............................... 6-7 27 mai 2018 - Journée nationale de la Résistance : Déclaration de l’arac....................... 21
International USA/Iran : La déchirure ............................................................................................................... 8 Israël/palestine : Les assassins et les silences complices........................................................ 9 Sommet intercoréen : Vers des matins plus calmes ? .................................................... 10-11 Financement : L’argent sale de Lafarge .................................................................................. 11 Israël : Un esprit libre ................................................................................................................ 12
Vos Droits Revalorisation de l’allocation aux adultes handicapés ........................................................ 22 Le Secrétariat d’Etat aux Anciens Combattants et Victimes de Guerre, réserve-t-il de mauvaises ou bonnes surprises à tous ses ressortissants ? ........................ 23 Allocation Adultes Handicapés : La sénatrice Laurence Cohen et le groupe communiste et républicain déposent une proposition de loi au Sénat .......................... 24 Proposition de loi au Sénat pour attribuer la Carte du Combattant aux appelés ayant servi en Algérie jusqu’en 1964 ............................................................... 24
Vie de l’ARAC Nos peines ................................................................................................................................. 24 La vie de l'ARAC .................................................................................................................. 25-26 21 avril 2018 : Etats Généraux pour la Paix .................................................................... 27-31
Histoire JEAN MOULIN : Fondateur du conseil national de la résistance le 27 mai 1943 ........... 32
P. 13 . D O S S I E R
Les fonctionnaires, voilà l’ennemi L’intérêt général à la casse » dossier du Monde diplomatique, avril 2018 (extraits)
www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0718-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires
• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain • Régie Publiciatire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9
I
l faut rappeler ce qu’ont été les résultats de l’élection présidentielle de 2017 pour juger de l’arrogance de la politique inacceptable du Président. Au 1er tour, Macron n’a recueilli sur son programme que 18,19 % des inscrits. Au 2e tour, les finalistes étaient M. Macron et Mme Le Pen. En 2002, le candidat du FN accédait au second tour avec 16,8 % (4,2 millions de voix). La France était « sonnée ». Les qualificatifs ne manquaient pas aux journalistes pour définir la percée du FN : séisme, choc, désastre, catastrophe. Dès le soir du 21 avril 2002, des manifestations spontanées avaient eu lieu un peu partout en France. En 2017, Marine Le Pen a explosé le score de 2002 en rassemblant 21,3 % des suffrages (7,6 millions de voix), sa qualification n’a pas provoqué du tout le même phénomène. L’Histoire nous apprend que toute montée de l’extrême droite est un danger lourd pour la démocratie. En 1933, Hitler au pouvoir ouvrait pour les démocrates allemands les premiers camps de concentration qui en 1939-1945 sont devenus des camps d’extermination. En Italie, en Pologne, en Hongrie, en Autriche,… la montée de l’extrême droite inquiète à juste titre. Rappelons aussi que 40 % des votants, au 2e tour pour M. Macron, ont voté pour empêcher le FN d’être élu et que le taux d'abstention a été le plus élevé depuis 1969. Si ces 40 % d’électeurs n’avaient pas fait ce choix, quelle serait la situation de la France aujourd’hui avec un parti d’extrême-droite au pouvoir ? Le combat de l’ARAC pour la paix, passe par le combat antifasciste, et jamais elle n’aura le déshonneur d’avoir ouvert la porte au représentant de l’extrême droite à la tête de la République. Emmanuel Macron a été élu Président de la République par défaut. Pour une très grande majorité de la population, il n’y avait pas d’adhésion au programme du candidat En Marche. M. Macron s’attaque aujourd’hui aux droits des salariés, à la sécurité sociale, à la retraite, aux services publics… il espère pouvoir enfin en finir avec un choix de société voulu par le programme du CNR de 1945. Devant l’avidité de quelques-uns, l’histoire risque de se répéter. Durant les années 30, les grandes fortunes firent le choix de pactiser avec les projets fanatiques du fascisme pour asseoir leur pouvoir et mettre au pas les peuples. Combattre l’extrême-droite est notre histoire comme lutter contre la politique destructrice menée par Macron, pour la souveraineté nationale. Depuis un siècle, l’ARAC œuvre pour la paix, l’émancipation humaine, l’amitié, la solidarité et l’antifascisme. Elle continuera, en toute responsabilité ses combats. Patrick Staat LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
-3
LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Réforme de la SNCF : le document qui sème le trouble Transports, n’en reviennent pas. « Je tombe de l’armoire, confie l’un d’eux.
Selon le document que nous avons pu consulter, la SNCF souhaite déposer un amendement pour filialiser l’activité des trains régionaux, les TER. A quoi joue la direction de la SNCF ? Dans le compte rendu interne d’une réunion de travail qui s’est tenue le 4 mai entre des cadres de la compagnie et le cabinet du ministère des Transports, que nous avons pu consulter, on apprend que la compagnie ferroviaire a demandé au gouvernement de limiter l’incessibilité des titres de l’entreprise publique à la seule holding. Une petite phrase qui fait l’effet d’une bombe. « Si seule la holding est protégée, rien n’empêchera la direction de céder ou d’ouvrir le capital de SNCF Mobilités (qui gère les trains) ou de SNCF Réseau (qui gère l’infrastructure), s’agace Fabien Villedieu, délégué syndicat de SUD Rail. Concrètement, cette demande ouvre la voie à une privatisation de l’entreprise publique alors que depuis des semaines le gouvernement et la direction nous répètent en chœur que cette réforme ferroviaire n’est pas la privatisation de la SNCF » En effet, dans une interview accordée à notre journal, Guillaume Pepy, président du directoire de la SNCF, avait répété : « il n’y a pas UN élément dans la réforme qui rend possible une privatisation totale ou partielle de la SNCF. C’est même l’inverse ». Contactés, plusieurs responsables syndicaux, qui participaient encore aux négociations sur les amendements au Ministère des 4-
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
Cette possibilité était l’une de nos craintes. Mais comme nous avons eu quelques garanties, nous pensions qu’elle était écartée ». Même consternation chez cet autre syndicaliste : « Si c’est cette vision-là qui l’emporte auprès du gouvernement, ça ne va pas très bien se passer avec nous ».
ment : « Le but technique de la réunion était que la rédaction (NDLR : de la loi) n’ait pas pour effet d’empêcher ce que la SNCF fait actuellement : avoir des filiales lorsqu’un marché a un caractère spécifique et l’exige, comme un marché transfrontalier. En aucun cas, cela ne concerne les marchés régionaux de TER ».
Du côté de la compagnie comme du gouvernement, on coupe court à tout début de polémique. « Il n’y a pas de sujet, balaient d’un revers de main le ministère des Transports et la compagnie ferroviaire. C’est une réunion de travail. Notre position n’a pas changé. L’incessibilité des titres de la SNCF concerne aussi bien la holding que SNCF Mobilité et Réseau ».
Par ailleurs, le ministère des Transports n’est pas en reste. Le compte rendu détaille les amendements qu’il pourrait déposer. Ainsi, la gestion des gares serait confiée à une filiale détenue par SNCF Réseau ; la date d’ouverture à la concurrence en Ile-de-France, prévue en 2033, serait avancée d’un an ; enfin, pour les petites lignes un amendement prévoit un rapport gouvernemental sur l’état du réseau et les lignes les moins circulées.
Reste que dans ce compte rendu de six pages, on apprend également que l’entreprise publique souhaite déposer un amendement pour filialiser l’activité des trains régionaux, les TER. « Cela impliquerait que les cheminots de TER ne seraient plus aux conditions sociales de la SNCF », s’étrangle Fabien Villedieu.
« Quoi de mieux qu’un rapport pour justifier la fermeture de ces lignes », prédit Fabien Villedieu. « C’est une réunion de travail, répète le ministère des Transports. Tout cela n’est pas arbitré ». Bref, un document bien troublant. « Cela montre qu’il faudra rester vigilant jusqu’au vote de la loi au Sénat début juin », prévient un syndicaliste.
Là aussi, l’entreprise publique dé-
Le Parisien – 14/05/2018 - Extraits
Sncf le gouvernement lance le chantier d’une filialisation du fret.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Oxfam dénonce la politique de dividendes des sociétés du CAC 40 Entre 2009 et 2016, les bénéfices des entreprises des quarante plus grandes entreprises françaises, cotées en Bourse au CAC 40, ont bondi de 60 %. Ils ont dépassé 93 milliards d'euros en 2017. Qui profite le plus de cette situation ? L’ONG Oxfam France, dirigée par une étude inédite sur le partage de la richesse au sein de ces entreprises durant cette période : les 2/3 des bénéfices générés par les entreprises du CAC 40 ont été reversés aux actionnaires. Et ce, au détriment des investissements (27,3 %) et des salariés (5,3 %). Selon cette étude, les groupes français ont quasiment doublé les dividendes versés aux actionnaires depuis les années 2000. Sur ce plan, les entreprises les plus généreuses pour leurs actionnaires entre 2009 et 2016 sont Arcelor Mittal, Engie, Total et Veolia. « Les richesses n’ont jamais été aussi mal partagées depuis la crise au sein des grands groupes, qui choisissent délibérément une course aux résultats de court terme pour conforter les actionnaires et les grands patrons au détriment des salariés et de l’investissement », explique Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam France. L’ONG a calculé que, si les entreprises
du CAC 40 avaient maintenu en 2016 le même niveau de dividendes qu’en 2009, « l’ensemble des travailleurs du CAC 40 dans le monde auraient pu voir leurs revenus augmenter en moyenne d’au moins 14 000 euros sur la période, soit plus de 2 000 euros par an et par employé. » Les entreprises, en raison du choix des dirigeants, ont sérieusement taillé dans les investissements. L’exemple de 2011 est significatif. Cette année-là, les entreprises du CAC 40 enregistrent une baisse de 10 % de leurs bénéfices par rapport à l’année précédente. Or, par choix stratégiques elles augmentent le versement des dividendes de 15 % mais rognent de 38 % sur les investissements. Cette politique des entreprises a aussi largement profité à l’Etat : les entreprises dont il est actionnaire ont versé en moyenne 86 % pour les actionnaires contre 67 % pour les autres entreprises. Autre cheval de bataille d’Oxfam : la rémunération des dirigeants. En 2016, les PDG du CAC 40 gagnaient en moyenne 257 fois le SMIC et 119 fois plus que la moyenne de leurs salariés, alors que ce dernier écart était de 96 en 2009.
Ces écarts constatés en France sont légèrement plus élevés qu’en Allemagne et sept fois plus élevés qu’en Norvège. Face à cette situation, Oxfam appelle le gouvernement « à reprendre la main sur cette économie déboussolée avec des mesures de régulation ambitieuses », « en préservant la capacité d’investissement et en interdisant que la part des bénéfices reversée aux actionnaires dépasse celle qui est reversée aux salariés ». « Avec la loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), ajoute Oxfam, le gouvernement a l’occasion dans les prochaines semaines de s’attaquer à ces deux fléaux au cœur de la spirale des inégalités. » Source : Le Parisien – 14/05/2018
Avec la suppression de l’« exit tax », Macron crée un appel d’air pour l’évasion fiscale ! Forbes, le magazine américain des hommes d’affaires, vient de publier un entretien avec le président de la République. Celui-ci y annonce tout de go la suppression de l’« Exit Tax » en 2019. C’est donc par la presse d’outre atlantique que nous apprenons ce cadeau fait en France à celles et ceux qui
veulent fuir l’impôt. Nicolas Sarkozy avait introduit cette taxe en 2011. La loi d’« imposition des plus-values latentes lors du transfert par les contribuables de leur domicile fiscal hors de France » (dite « Exit Tax ») a été lancée pour dissuader les contribuables de pratiquer l’expatriation fiscale vers des
pays où l’imposition est plus clémente. Des chefs d’entreprise quittent l’Hexagone pour revendre leur société dans des pays plus « indulgents » fiscalement. Elle consiste à taxer à hauteur de 34,5 % la différence entre la valeur d’acquisition des titres et leur valeur constatée à la veille de transférer son LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
-5
LE RÉVEIL ACTUALITÉS Rappelons que l’évasion fiscale pourrait atteindre un montant de 50 milliards d’euros voire 60 à 80 milliards par an si l’ensemble des facteurs étaient pris en compte.
domicile fiscal. Le contribuable peut bénéficier d’un sursis. Alors la taxe n’est prélevée qu’au moment de la vente de ses biens à l’étranger. S’il ne les vend pas, il n’est pas assujetti à cet impôt. Le dispositif vise les personnes disposant d’un important patrimoine : depuis 2014, il faut détenir plus de 800 000 euros en actions (1,3 million d’euros en 2011) ou la moitié des actions d’une société. La mesure reste donc très, très timide. Pour autant, avec un rendement de 70 millions d’euros pour un potentiel évalué à 800 millions, il semblerait bien que la valeur dissuasive de l’« Exit Tax » fonctionne un tant soit peu.
Opération « repentis fiscaux », suppression de l’ISF pour le capital non immobilier, prélèvement forfaitaire unique pour les revenus du capital, baisse de l’IS pour un taux unique, conversion du CICE en baisses de cotisations, limitation de l’intervention des organismes de contrôles dans la loi « ESSOC », et fin de l’« Exit Tax ». Mais pour Macron, au diable toute mesure régulatrice, exit l’« Exit Tax » !
Macron fait ouvertement le choix du « dumping fiscal », véritable gangrène mondiale !
Logement social : les dangers du nouveau modèle voulu par l’Etat
Selon Patrice Lanco, ancien inspecteur général de l’équipement, le gouvernement est entré dans une logique de financiarisation du logement social au détriment du bien commun. Le logement social est un pilier du modèle social français. Avec 4,6 millions de logements, il loge un ménage sur six, soit 10 millions de personnes. Amortisseur face à la crise, filet de sécurité pour les plus fragiles, c’est aussi un poids lourd de l’économie : 17 milliards d’euros d’investissement en 2015. Ce patrimoine s’est constitué au fil des générations par l’effort cumulé des locataires (20 milliards d’euros 6-
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
de loyers par an, dont 40 % servent à rembourser les prêts qui ont financé le patrimoine), de l’Etat, des collectivités locales, des épargnants sur le Livret A, des entreprises et des salariés (ex-1 % logement). L’ancien ministre du logement Louis Besson l’a qualifié en 1990 de « patrimoine de la nation ». C’est un bien commun dont les bailleurs sociaux ne sont que les dépositaires et les gestionnaires, qui n’a vocation à être approprié ni par l’Etat ni par des actionnaires. La loi garantit la pérennité de sa vocation sociale en fixant des plafonds de ressources et de loyers. Bien que grevé de 140 milliards d’euros de dette, ce patrimoine suscite des convoitises. Le modèle économique HLM est ébranlé par trois facteurs : le niveau historique des prix de l’immobilier et du foncier, la paupérisation des locataires et le désengagement de l’Etat. L’Etat a arrêté de subventionner la production de logements sociaux, financée par des prélèvements sur les bailleurs
sociaux eux-mêmes. Il veut aller plus loin en inversant les flux financiers afin de prélever une partie de la richesse accumulée. La loi de finances 2018 met ainsi la pression sur le logement social avec une vision budgétaire, mais aussi stratégique : il s’agit d’impulser un changement de modèle. Le gouvernement, échaudé par le tollé contre la baisse de 5 euros de l’aide personnalisée au logement (APL), a conçu un montage plus complexe. La réduction de loyer, dite « de solidarité » (RLS), censée bénéficier aux locataires modestes, est déduite de leur APL à hauteur de 98 % : un gain misérable pour eux, mais de 800 millions d’euros pour l’Etat. Une péréquation a été instaurée pour ne pas décourager l’attribution de logements aux plus pauvres, mais chaque bailleur social sera prélevé in fine à hauteur de 4 % de ses loyers. Fragilisés, les bailleurs devront encore réduire la maintenance et l’investissement, au détriment des locataires et de l’emploi.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL Sans besoin de l’accord de la commune.
Les locataires mobilisés contre la loi élan, ici à Saint-Denis 93.
Un sas avant une privatisation ? Avec le projet de loi ELAN [évolution du logement, de l’aménagement et du numérique], le gouvernement dicte sa solution : regroupez-vous pour faire des économies et favoriser la circulation des capitaux, et vendez pour pouvoir réinvestir. D’ici trois ans, tous les bailleurs sociaux détenant moins de 15 000 logements devront se regrouper pour atteindre ce seuil. Les sociétés anonymes d’HLM devront soit rejoindre un groupe, tels ceux contrôlés par Action logement (ex-1 % logement) ou par des établissements financiers, soit constituer entre eux une société de coordination. Dans tous les cas est prévue une centralisation au niveau du groupe pour définir la stratégie et les objectifs chiffrés. La contractualisation avec l’Etat s’effectuera au niveau national. Les collectivités locales ont ainsi de fortes chances d’être court-circuitées, malgré leur rôle-clé dans les politiques locales d’habitat. Les locataires ne seront plus représentés. Aucun contre-pouvoir n’entravera celui de l’actionnaire. La vente aux locataires correspondait jusqu’ici à une respiration normale du logement social : un peu moins de 9 000 logements ont été vendus en 2016. Ce n’est pas assez aux yeux du gouvernement, qui vise un objectif de 40 000. Des sociétés de vente d’HLM achèteront en bloc aux bailleurs qui veulent vendre vite, et se chargeront de la commercialisation des logements.
L’étude d’impact estime à 800 000 le potentiel de logements susceptibles d’être mis en vente, et affiche la couleur : « Le paramètre de la revente à terme (dix ou quinze ans) pourrait même être intégré pour améliorer l’équilibre d’exploitation prévisionnel au moment du lancement de nouvelles opérations. » Un nouveau modèle se fait jour : le passage d’un logement social pérenne à un logement social à durée déterminée. Le logement intermédiaire a été un laboratoire : des fonds privés ont été créés avec des investisseurs pour produire des logements qui seront remis sur le marché au bout de dix à quinze ans. Le projet de loi prévoit l’extension de ce modèle aux logements sociaux haut de gamme : ceux de plus de quinze ans pourront être vendus à toute personne morale de droit privé. Le statut HLM des locataires en place sera maintenu, mais on peut anticiper la pression pour faciliter la vente à la découpe, et craindre l’extension de la vente en bloc à la meilleure partie du patrimoine, la plus intéressante pour des investisseurs. Ces projets sont bien sûr affichés comme permettant de produire plus.
Bercy prétend que, avec un logement vendu, on peut en faire trois. Mais on ne reconstitue pas facilement une offre de logements sociaux dans les quartiers bien placés. Combien resterait-il de logements sociaux à Paris s’ils ne l’avaient été que pour vingt ans ? Un scénario de financiarisation du logement social se dessine au détriment du bien commun, un partage progressif du gâteau entre l’Etat, des investisseurs et certains groupes HLM, qui voudraient déjà pouvoir transférer des fonds du logement social vers le logement intermédiaire, sas idéal avant une privatisation. Le modèle français du logement social doit être protégé, le bien commun trouver un statut qui le mette à l’abri de toute tentative de prédation. Pourquoi pas dans une fondation ? Des réformes sont certes nécessaires, mais ce doit être au profit des demandeurs qui ne parviennent pas à accéder au logement social trop cher, pas pour organiser son dépeçage. L’Allemagne, où la crise du logement refait l’actualité après des ventes massives à des fonds de pension, n’est pas un modèle. Source : LE MONDE – 08/05/2018
Patrice Lanco (Ancien haut fonctionnaire au ministère du logement)
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
-7
LE RÉVEIL INTERNATIONAL
USA/Iran
La déchirure Trump déchire l'accord nucléaire iranien et plonge le Moyen-Orient dans l'inconnu. auteur de « l’impasse nationale libérale : globalisation et repli identitaire aux éditions la Découverte » l’écrivain s’étonne de « l’asymétrie des perceptions » qui conduit à reprocher systématiquement à l’Iran ce qui est jugé acceptable pour les autres puissances. Extraits de l’entretien accordé au quotidien suisse…
Mardi 8 mars, Trump le pyromane planétaire, a déchiré l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne). Un texte qui avait nécessité pas moins de 21 mois d’âpres négociations. La perspective de vives tensions avec ses alliés européens et surtout le risque de pousser Téhéran à relancer son programme nucléaire, sous la pression des ultras radicaux, opposés depuis toujours au président Rohani, ne l’ont pas dévié de ses intentions. Depuis sa prise de pouvoir en janvier 2017, le locataire de la Maison-Blanche n’avait jamais caché tout le mal qu’il pensait de l’« horrible » accord conclu sous Barack Obama. De facto, sa dénonciation revient à rétablir des sanctions économiques, notamment sur le pétrole, et à piquer le régime iranien au vif. L’Agence internationale de l’énergie atomique, qui surveillait l’application de l’accord, a pourtant fait savoir à onze reprises que celui-ci était respecté par Téhéran. Dans un entretien au journal suisse « le Temps » Jean-François Bayart, estime qu’au Moyen-Orient, « les Etats-Unis continuent d’empoisonner le jeu régional ». Professeur au Graduate Institute de Genève et 8-
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
Le Temps : Donald Trump aime accabler l’Iran. Quelles conséquences cela aura-t-il dans la région ? Jean-François Bayart : Avant même l’annonce du président américain, tout le débat sur le maintien ou non dans l’accord risquait déjà d’ajouter au discrédit moral des pays occidentaux dans la région. D’un côté, nous avons un pays qui, de l’avis pratiquement unanime, y compris de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a respecté les termes de l’accord. Tout le monde en convient, sauf les dirigeants de deux pays : l’Américain Donald Trump, qui a un rapport problématique à la vérité, et l’Israélien Benyamin Netanyahou, qui a, lui, un lien compliqué à l’honnêteté. Ce qui ressurgit ici, c’est tout le thème du « deux poids deux mesures », comme dans le conflit israélo-palestinien (…)
N’est-ce pas, pour l’Iran, le prix à payer pour une politique internationale jugée trop agressive ? Ce qui me frappe, c’est cette sorte d’asymétrie des perceptions, dont je ne sais si elle est due à la mauvaise foi ou à un ethnocentrisme hallucinatoire : l’Iran est systématiquement stigmatisé pour ses « ingérences »
dans une région dont il est pourtant un acteur central depuis des siècles (…) Il y a une espèce de distorsion des faits en niant à l’Iran la légitimité de ses intérêts d’État dans une région qui est la sienne, avant qu’elle devienne, éventuellement, celle des pays européens ou des Etats-Unis… (…) S’il y a des violations du droit international dans la région, elles ne sont pas le privilège exclusif de l’Iran, tant s’en faut. L’Iran poursuit certes une politique étrangère, voire une intervention militaire en Syrie. Au Liban, on parle d’ingérence alors que les liens entre ces deux pays remontent au moins au XVIe siècle. Tout cela n’a rien à voir avec la République islamique iranienne, ou avec le nucléaire, mais avec le fait que l’Iran est en osmose avec le Moyen-Orient, ainsi qu’avec le sous-continent indien ou avec l’Asie centrale. C’est une façon de reconstruire l’histoire que de prétendre que, tout d’un coup, l’Iran « s’ingère » dans son environnement régional !
Cette affirmation iranienne est d’autant plus frappante qu’elle s’accompagne d’un retrait relatif des Etats-Unis ? Oui, mais c’est d’autant plus dangereux que ce retrait n’est pas effectif. Les Etats-Unis se sont interdits d’agir en Syrie, ils ont été contraints de se retirer d’Irak, mais ils continuent à faire prévaloir ce qu’ils estiment être leurs intérêts, notamment dans le cadre de ce qu’ils nomment la guerre contre le terrorisme international. Ils continuent donc d’empoisonner le jeu régional en s’abstenant d’être des acteurs directs, mais en s’appuyant, de manière très interventionniste, sur des relais régionaux.
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Israël/palestine
Les assassins et les silences complices Installation de l’ambassade US à Jérusalem sur fond de massacre de palestiniens. Trump et Netanyahou ont du sang sur les mains. L’Europe se tait. Il est temps pour la France de reconnaitre l’État palestinien Ils ont tués, tués, tués ! Durant toute une journée du 13 mai, les snippers de Tsahal (armée israélienne) ont ciblé systématiquement et sur ordre des plus hautes autorités israéliennes, couvertes voir encouragée par Trump, les manifestants palestiniens, hommes, femmes, enfants… Soixante-dix ans jour pour jour après la « Nakba » la « catastrophe » qu'a représenté à leurs yeux la création de l'Etat d'Israël en 1948 et qui a chassé près de 75 000 palestiniens de leur terre et de leur village ce lundi noir est le plus dévastateur du conflit israélo-palestinien depuis la guerre de l'été 2014 dans la bande de Gaza. Les soldats israéliens ont tué près de 60 Palestiniens et blessé 2 400 autres à la frontière de la bande de Gaza lors de heurts et de manifestations contre l'inauguration de l'ambassade américaine à Jérusalem, concrétisation l'une des promesses les plus controversées de Trump. Parmi les victimes un bébé palestinien de 8 mois, décédé après avoir inhalé du gaz lacrymogène pendant les heurts. Ce nouveau massacre porte à plus de 110 morts et 5 000 blessés le bilan depuis le 30 mars, début des « marches du grand retour »
l'usage de la force par le « droit d'Israël à défendre ses frontières contre les agissements terroristes du mouvement islamiste Hamas, qui gouverne Gaza ». Ces événements ont suscité inquiétude internationale plus ou moins mitigée. L'Iran a estimé que les dirigeants israéliens devraient être jugés pour crime de guerre après le « massacre de lundi ». La Chine a appelé « les parties palestinienne et israélienne, surtout Israël, à faire preuve de retenue, afin d'éviter une escalade des tensions. » Quant à la Russie, elle a exprimé, le lendemain sa « préoccupation la plus profonde ». La Turquie a demandé à l'ambassadeur d'Israël de quitter temporairement le territoire, la Belgique a convoqué l'ambassadrice.
Reconnaître l’État palestinien Mardi 14 après-midi, lors d'une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis ont estimé « qu'Israël a fait preuve de retenue ». L'ambassadrice américaine à l'ONU,
Nikki Haley, a ajouté que « le Hamas était satisfait des résultats d'hier ». En face, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique ont demandé une enquête indépendante pour traduire en justice les auteurs des violences. Les déclarations de la cheffe de la diplomatie européenne, Féderica Mogherini, ont été plus que prudentes et modérées vis-à-vis des agissements criminels de Tel-Aviv et du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Pour l’instant le gouvernement français s’est contenté d’une déclaration de principe. Emmanuel Macron a « condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants » palestiniens à Gaza. Ça ne mange pas de pain ! Une fois de plus l’Europe et la France ne sont pas à la hauteur. Alors que cent trente-sept pays ont reconnu l’Etat palestinien, la France traîne les pieds. Une telle attitude ne peut perdurer. L’heure est venue de sortir de la passivité complice et de faire entendre haut et fort la voix de France. JP Delahaye
Les autorités palestiniennes ont immédiatement dénoncé un « massacre ». Le président palestinien Mahmoud Abbas a décidé de rappeler son représentant aux Etats-Unis. De son côté, l'ambassadeur de la Palestine à l'Unesco a employé le terme de « crime de guerre » pour qualifier ce bain de sang. Un motif avancé par Reporters sans frontières pour saisir la Cour pénale internationale. Une réunion extraordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU devrait se tenir prochainement. Évidemment Netanyahu a justifié LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
-9
Pour que votre univers reste lumineux s ENTRETIEN D’IMMEUBLES s REMISE EN ÉTAT s TOUS DÉBARRAS s NETTOYAGE PARKING s NETTOYAGE VITRES
Entreprise de Propreté et de Services
56, rue Louis Blanc s 75010 PARIS s Tél. : 01 46 07 53 17 s Fax : 01 42 05 97 88 s Email : scotnet@scotnet.fr
Sommet intercoréen
Vers des matins plus calmes ? Vendredi 27 avril est un jour historique pour les deux Corées toujours en guerre depuis des dizaines d’années. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président sud-coréen Moon Jae-in ont échangé une poignée de main sur la ligne de démarcation militaire qui divise la péninsule. Avant l'ouverture du sommet entre les deux pays. Kim Jong-un a annoncé l’arrêt des essais nucléaires.
Kim jong-un (nord) et Moon jaein (sud). Photos Le Parisien
Ce sommet intercoréen semblait pourtant incertain il y a encore quelques mois. En effet, depuis 2008 et l'élection du président conservateur Lee Myungbak au Sud, les relations entre les deux Etats s'étaient passablement dégradées. L’arrivée à la Maison-Blanche, du pyromane, Trump, qui n’eut de cesse de souffler sur les braises et les essais nucléaires à répétition de la Corée du
10 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
Nord, soucieuse de se mettre militairement à l’abri, avait encore accentué les tensions avec son voisin et les EtatsUnis, considérés comme une menace par Pyongyang. Retour sur un scénario jusqu’alors improbable. Le 2 janvier dans son discours de nouvel an, Kim Jong-un annonce qu’il souhaite placer l’année 2018 sous le signe de la paix et propose sa participation aux Jeux olympiques d’hiver. Début février, les JO et les Jeux paralympiques débutent. Une délégation nord-coréenne est présente. La sœur cadette du dirigeant nord-coréen, Kim Yo-jong, fait partie du voyage. Sa présence est hautement symbolique. C’est la première fois qu’un membre de la famille Kim vient au Sud depuis la fin de la guerre, en 1953.
Fin mars, la visite du leader nord-coréen à Pékin est également une étape importante. Il invite - de facto - la Chine dans le processus de rapprochement. Dans le même temps des manifestations culturelles se multiplient alors qu’en parallèle, la Corée du Sud envoie une délégation d’émissaires spéciaux, au nord, pour des discussions diplomatiques. Le 20 avril, une semaine avant le sommet, les deux Corées ouvrent un téléphone rouge, une liaison directe entre la Maison Bleue, résidence du président sud-coréen, Moon, et Pyong Yang. Toutes ces étapes ont mené à la rencontre à laquelle on assiste aujourd’hui dans la zone démilitarisée (DMZ) entre les deux péninsules. Interrogé récemment par Franceinfo,
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Juliette Morillot, spécialiste de la péninsule coréenne et co-auteure avec Dorian Malovic du « Monde selon Kim Jong-un », estime que le réchauffement accéléré des relations intercoréennes est loin d'être un hasard. Pour elle la Corée du Nord est extrêmement rationnelle. « Pendant un an, Kim Jong-un a fait exactement ce qu’il avait prévu. Il a terminé son programme nucléaire et
obtenu l’arme atomique, prouvant qu’il était capable de protéger la Corée du Nord de ce qu’il juge être la menace américaine. Maintenant que cette mission est accomplie, il peut se concentrer sur l’économie. Il avait annoncé lors du Congrès du parti, il y a deux ans, sa double politique baptisée le « byongjin », (en français : la « double poussée »). En fait, depuis des années, la Corée du Nord veut un traité de paix sur la péninsule et un pacte de non-agression de la part de Washington pour garantir la sécurité du régime. « Tout cela a été fait très méthodiquement, ce n’est pas sorti du chapeau de Kim Jong-un. Bien sûr, les sanctions américaines et la personnalité de Trump ont joué, mais il ne faut pas sous-estimer la stratégie très calculée des diplomates nord-coréens » estime la chercheuse. D’un côté le nucléaire de l’autre, le développement économique. Pour que cette mutation de
l'économie puisse avoir lieu, la Corée du Nord recherche une levée des sanctions américaines. Pour ça, il faut la paix. Un nouveau processus est en marche. Les deux Corées semblent avoir repris leur destin en main mais déjà de nouvelles exigences mettent en danger ce fragile équilibre. D’ores et déjà l’OTAN bras armée des Etats-Unis souffle le chaud et le froid. A la veille de la rencontre entre les deux dirigeants coréens le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a certes salué les déclarations de Kim Jong Un sur l'arrêt des essais nucléaires, mais il a affirmé que les « Les pressions et les sanctions des Nations Unies ont permis les progrès enregistrés ces dernières semaines », avant d’écarter toute levée des sanctions internationales. Manière de préparer la rencontre au sommet, entre le versatile président des Etats-Unis et son homologue coréen Kim Jong un ? J.-P. Delahaye
Financement
L’argent sale de Lafarge Un ancien cadre de Lafarge explique avoir prévenu les renseignements français des versements d'argent à l'EI en Syrie L'Etat savait-il que le cimentier Lafarge avait versé, entre 2012 et 2014, de l'argent à plusieurs groupes armés dont l'Etat islamique (Daesh) pour maintenir ouverte son usine en Syrie ? Selon « Libération » et « Le Monde », un cadre du cimentier français a affirmé, lors d'un interrogatoire, avoir donné toutes les informations sur la situation du groupe en Syrie aux services secrets français. Jean-Claude Veillard, ancien directeur sûreté de Lafarge, aurait affirmé, lors d'un interrogatoire, avoir fourni des informations aux services de renseignement au sujet de la situation sur place. Libération révèle, lundi 23 avril, le compte-rendu de cet interrogatoire, également consulté par Le Monde, réalisé le 12 avril par Charlotte Biger, une des juges d'instruction en charge de l'enquête. Selon l'agenda qu'il a fourni
aux enquêteurs, ce cadre du groupe a rencontré à 33 reprises des membres de la DGSE, la DRM ou la DGSI (les différents services de renseignement) entre 2012 et 2014, la période durant laquelle les versements ont eu lieu. « Je ne faisais aucun tri dans les informations que je donnais aux services des renseignements, explique-t-il à la juge d'instruction. Au cours des réunions, j’ai donné toutes les informations. » Interrogé plus directement sur le fait qu'il ait pu aborder, avec ses contacts au sein des services de renseignement, les versements faits aux groupes jihadistes, Jean-Claude Veillard réitère avoir « donné toutes les informations ». Sans réaction particulière, selon lui : « Ils engrangent les informations, c’est leur métier. » « Que savait le sommet de l’Etat de cette situation explosive ? », s'interroge Libération.
Usine de ciment Lafarge au nord de la Syrie
En septembre Le Monde révélait que Christian Herrault, ancien directeur général adjoint opérationnel de Lafarge, avait expliqué aux enquêteurs avoir été encouragé par le ministère des Affaires étrangères à maintenir l'usine ouverte, malgré la menace. « Tous les six mois, on allait voir le quai d’Orsay, qui nous poussait à rester », affirme-t-il. Mais sans dire si les versements d'argent avaient été évoqués avec le ministère. Celui-ci avait démenti. Au total, six cadres et dirigeants du cimentier et de sa branche syrienne ont déjà été mis en examen dans le cadre de cette enquête. J.-P. D. LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018 - 11
LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Israël
Un esprit libre L’actrice américano-israélienne, Natalie Portman, oscar de la meilleure actrice en 2010, a refusé de se rendre en Israël, le 28 juin, pour recevoir le prix «Génésis» remis par Benyamin Netanyahou. Ce prix récompense « les êtres exceptionnels qui représentent les valeurs juives dans leurs contributions au bien de l’humanité » Dans un long message posté sur Instagram, l'actrice explique avoir le droit, « comme beaucoup d'Israéliens et de juifs dans le monde », de critiquer la direction israélienne sans pour autant boycotter l’ensemble du pays… « Israël a été créé il y a exactement 70 ans pour servir de refuge aux survivants de l'Holocauste », dit-elle, « Mais les mauvais traitements de ceux qui souffrent des atrocités d'aujourd'hui n'est simplement pas en accord avec mes valeurs juives. Parce qu'Israël m'est cher, je dois m'opposer à la vio-
lence, à la corruption, aux inégalités et à l'abus de pouvoir ». La décision de Natalie Portman, née à Jérusalem et qui revendique fièrement sa double nationalité et ses racines juives, a été largement interprétée comme liée à la façon dont Israël répond depuis le 30 mars à un mouvement de protestation massif dans la bande de Gaza, au cours duquel 38 Palestiniens ont été tués et des centaines blessés par des tirs israéliens. Le retrait de la star a provoqué des remous en Israël, la ministre de la Culture Miri Regev l'accusant d'avoir adopté l'idéologie des partisans du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS), qui milite
Natalie Porteman lors de son annonce
l'isolement économique d'Israël dans le but notamment de mettre fin à l'occupation des Territoires palestiniens. L’actrice a mis les choses au pont en précisant : « J'ai choisi de ne pas participer parce que je ne voulais pas apparaître comme soutenant Benjamin Netanyahu, qui devait faire un discours à la cérémonie » (…) « De la même façon, je ne fais pas partie du mouvement BDS et ne le cautionne pas. » J.-P. D.
L’odieux Trump arme, six semaines seulement après la plus grande manifestation de l'histoire des Etats-Unis réclamant un renforcement des contrôles.
Donald Trump a affiché, vendredi 4 mai, un soutien sans réserve au puissant lobby américain pro-armes, la NRA, promettant de protéger le droit des Américains à détenir une 12 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
La NRA a soutenu Donald Trump sans réserve tout au long de sa campagne. Aujourd’hui et alors que se profilent les élections de mi-mandat, le locataire de la Maison-Blanche renvoie l’ascenseur. « Il n'y a pas de plus grand fan du deuxième amendement et de la NRA que moi. » (…) « Cette administration se bat pour protéger le Deuxième amendement (de la Constitution) et nous le protégerons », a-t-il lancé lors de la convention annuelle de la National Rifle Association (NRA), dans la ville texane de Dallas. Cet amendement, qui date de 1791 et autorise les Américains à détenir une
arme à feu, « est attaqué, mais il ne sera jamais assiégé tant que je serai président », a-t-il affirmé. Se livrant à un sketch macabre, il a justifié le port d'arme en rappelant les attentats djihadistes du 13 novembre 2015 à Paris… où « personne n'a d'arme »… Les « terroristes (...) ont pris leur temps et les ont tués un par un. Boum, viens là ; boum, viens là ; boum, viens là », a mimé odieusement Trump, en faisant avec la main le geste d'un djihadiste tirant au pistolet sur les victimes. Jamais un président n’aura été si loin dans l’ignominie soulevant un tollé de protestation des familles des victimes et du gouvernement français qui a demandé « le respect de la mémoire des victimes » J.-P. D.
LE CAHIER MÉMOIRE N° 844 MAI 2018
« L’intérêt général à la casse » dossier du Monde diplomatique, avril 2018 (extraits) Propageant la plus grande confusion entre rentabilité à des fins particulières et efficacité au bénéfice de tous, le gouvernement français veut délégitimer un peu plus l’État social qui fut pourtant gage d’émancipation pour de nombreuses générations. Après avoir multiplié les cadeaux fiscaux aux vrais privilégiés, il tente de dévier l’attention sur la fonction publique.
Les fonctionnaires, voilà l’ennemi Par Anicet Le Pors fonctionnaires », qui concerne quelque 5,5 millions de salariés, soit 20 % de la population active.
Début février, le premier ministre Édouard Philippe a livré les premières décisions du gouvernement concernant la fonction publique : plans de départs volontaires, recrutement accéléré de contractuels, rémunérations dites « au mérite », multiplication des indicateurs individuels de résultat… Il inaugurait ainsi une croisade contre les statuts : d’abord celui des cheminots, puis les autres, en particulier la pièce maîtresse du « statut général des
Le président Emmanuel Macron entend aller vite. Mandaté par les dominants – la finance internationale dont il émane, les cercles dirigeants de l’Union européenne, le patronat, la technocratie administrative, les flagorneurs du show-business, la quasi-totalité des médias –, le jeune dirigeant sait que le temps ne travaille pas pour lui. M. Macron a jugé le statut des fonctionnaires « inapproprié » et prévu la suppression de 120 000 emplois. Il a stigmatisé les insiders, ceux qui se seraient construit un nid douillet à l’intérieur du « système » et dont les privilèges barreraient la route aux moins chanceux. Le 13 octobre 2017, le premier ministre s’est adressé aux ministres pour leur annoncer la créa-
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11
tion d’un Comité action publique 2022 prévoyant « des transferts au secteur privé, voire des abandons de missions », et présenté comme la pièce centrale du chantier de réforme de l’État. La réforme du code du travail – priorité répondant aux vœux du Mouvement des entreprises de France (Medef) – a par ailleurs élevé le contrat et, plus spécifiquement, le contrat individuel d’entreprise au rang de référence sociale susceptible d’être généralisée à l’ensemble des salariés des secteurs privé et public. Et, ce faisant, permis de fourbir les armes qui permettront de s’attaquer directement aux statuts des personnels du secteur public. L’histoire de la fonction publique française révèle deux lignes de force : une conception autoritaire donnant la primauté au pouvoir hiérarchique, et une autre fondée sur la responsabilité du fonctionnaire, quelle que soit sa place
LE RÉVEIL DOSSIER et incompressibles ne peuvent plus être satisfaits » (Art. 32, 3e al.). Cette mesure constitue la base d’une disposition prévoyant qu’aucun traitement de début de carrière ne soit inférieur à 120 % de ce minimum vital. Les agents des collectivités territoriales devront attendre la loi du 28 avril 1952 pour obtenir de nouvelles dispositions statutaires ; ceux des établissements hospitaliers, le décret-loi du 20 mai 1955.
dans la hiérarchie – la conception du fonctionnaire-citoyen. Adopté en 1944, le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) ne prévoyait pas de réforme spécifique dans ce domaine. Le général de Gaulle souhaitait toutefois pouvoir s’appuyer sur une administration loyale et efficace. Sous l’impulsion de Michel Debré, chargé d’une mission dans ce domaine, un premier train de reformes est adopté par ordonnance le 9 octobre 1945. Elles donnent naissance à l’École nationale d’administration (ENA), à la Direction de la fonction publique, aux corps interministériels d’administrateur et de secrétaire d’administration, au Conseil permanent paritaire de l’administration civile ainsi qu’aux Instituts d’études politiques (IEP). Nommé ministre d’État chargé de la fonction publique le 21 novembre 1945, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français (PCF), se heurte à plusieurs difficultés dans l’élaboration d’un statut propre. À commencer par les réserves de la Fédération générale des fonctionnaires (FGF-CGT), qui demeure campée sur sa revendication d’un « contrat collectif », 14 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
associant l’idée de statut à celle de « carcan ». Jacques Pruja, l’un des dirigeants de la fédération, prendra toutefois le contrepied de la position de son organisation, qu’il finira par convaincre. De leur côté, la Confédération générale du travail (CGT) et la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) – les deux seuls syndicats de l’époque – divergent sur le mode de représentation des syndicats. Pour Thorez, la loi du 19 octobre 1946 constitue un premier pas vers « la “libération” du fonctionnaire, enfin considéré comme un homme et non comme le rouage impersonnel de la machine administrative ». Le statut alors créé ne concerne que les fonctionnaires de l’État, un effectif de 1 105 000 agents dont seulement 47 % sont titulaires. Il instaure de nombreuses garanties en matière de rémunération, d’emploi, de carrière, de droit syndical, de protection sociale et de retraite. L’innovation la plus surprenante est la définition d’un « minimum vital » : « La somme en dessous de laquelle les besoins individuels et sociaux de la personne humaine considérés comme élémentaires
Lors de l’avènement de la Ve République, l’ordonnance du 4 février 1959 abroge la loi du 19 octobre 1946, mais les dispositions essentielles du statut sont conservées. À la suite du mouvement social de 1968, les fonctionnaires bénéficient des retombées des événements (comme la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise), avant que l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le 10 mai 1981, n’ouvre un nouveau chantier statutaire… Ayant fait de la décentralisation l’une de ses priorités, Mitterrand avait chargé son ministre de l’intérieur et de la décentralisation, le maire de Marseille Gaston Defferre, d’élaborer un projet de loi sur le sujet. J’intervins à l’Assemblée nationale, le 27 juillet 1981, en faveur
DOSSIER LE RÉVEIL de la « mise en place pour les personnels locaux d’un statut calqué sur celui de la fonction publique de l’État, c’est-à-dire sur le statut général des fonctionnaires ». On pouvait craindre la coexistence de deux types de fonction publique : celle de l’État, fondée sur le système de la carrière, et celle de la fonction publique territoriale, soumettant l’emploi aux aléas du métier, peu mobile et plus sensible aux pressions de toute nature. Le statut unifié fut inauguré par la loi du 13 juillet 1983 relative aux droits et obligations de tous les fonctionnaires, suivie de trois lois concernant respectivement la fonction publique de l’État, la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière, caractérisant un système « à trois versants ». Le nouveau statut intégra des droits qui ne s’y trouvaient pas (droit de grève, liberté d’opinion, capacité de négociation des organisations syndicales, garantie de mobilité, droit à la formation permanente, etc.) et étendit son champ d’application aux agents territoriaux et hospitaliers. Au départ, François Mitterrand ne s’intéressait guère à ces questions. Il était beaucoup plus vigilant concernant les réformes administratives, craignant sans doute qu’on lui reproche de laisser un ministre communiste s’intéresser de trop près à l’appareil d’État. Dès la composition du gouvernement et ma nomination, il n’avait accepté qu’avec réserve que les attributions du ministre de la fonction publique soient étendues aux réformes administratives. Il multiplia ensuite les objections à nos propositions en la matière. Il ne pouvait cependant manquer de douter des réformes en cours après son « tournant libéral » de 1983. M. Jacques Fournier, alors secrétaire général du gouvernement, le raconte : « Le président s’interro-
Francois Mitterand et Pierre Mauroy.
gea à haute voix, le 29 mai 1985, sur l’utilité de l’ensemble législatif concernant le statut de la fonction publique. (…)Passait ce jour-là en conseil des ministres le projet de loi sur la fonction publique hospitalière, dernier volet de cet ensemble. Le commentaire de Mitterrand est en demi-teinte. “L’adoption de ce texte s’inscrit dans la logique de ce que nous avons fait. À mon sens, ce n’est pas ce que nous avons fait de mieux.” “Il est vrai que j’ai présidé moi-même à l’élaboration de ces lois. Peut-être n’ai-je pas été suffisamment informé. Il reste que c’est la quatrième et la dernière partie d’un ensemble. Je ne suis pas sûr, en définitive, que ces lois auront longue vie”» C’était il
y a trente-trois ans… La séquence libérale étant ouverte, on aurait tort de s’étonner de l’obstination des partisans de la marchandisation de la vie publique et du « détricotage » des statuts législatifs ou réglementaires (et tout spécialement du statut général des fonctionnaires), soit sous la forme d’offensives brutales, soit par l’action de « transformations souterraines » plus insidieuses. Ainsi, la loi Galland du 13 juillet 1987 (sous le gouvernement de M. Jacques Chirac) changeait pour le symbole les corps des fonctionnaires territoriaux en cadres. Elle nuisait à la comparabilité des fonctions publiques et, par là, à la mobilité des fonctionnaires, que le statut a
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018 - 15
LE RÉVEIL DOSSIER érigée au rang de « garantie fondamentale » (article 14 du titre Ier du statut). Proclamation imprudente de M. Nicolas Sarkozy appelant en septembre 2007 à une « révolution culturelle » et déclarant son intention de promouvoir le « contrat de droit privé négocié de gré à gré », mais forcé d’y renoncer, l’opinion reconnaissant que la France disposait d’un précieux atout anticrise dans l’existence d’un important secteur public, efficace « amortisseur social ». La conception française du service public et la traduction juridique qu’en donne le statut général des fonctionnaires expriment une logique inacceptable aux yeux d’oligarchies qui s’efforcent de faire « ruisseler » leur idéologie libérale dans la société. Y compris lorsqu’elle se voit disqualifiée sur le plan théorique et contredite par le mouvement du monde. « On empêchera plutôt la Terre de tourner que l’homme de se socialiser », aurait déclaré Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955). Il n’est au pouvoir d’aucun gouvernement d’inverser des tendances lourdes qui portent l’évolution des sociétés. Depuis la fin du Moyen Âge, on assiste à une sécularisation du pouvoir politique qui s’accompagne d’une autonomisation de l’appareil d’État et d’une expansion administrative constante. La socialisation des financements répondant à des besoins fondamentaux apparaît irréversible : en France, les prélèvements obligatoires ne dépassaient pas 15 % du produit intérieur brut (PIB) avant la première guerre mondiale ; ils s’élèvent désormais à 45 %. Il n’y avait pas plus de 200 000 agents de l’État au début du XXe siècle ; le secteur public (administrations, entreprises, organismes publics) approche les 16 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
sept millions de salariés en 2018. Pour autant, la France n’est pas « suradministrée ». Elle se situe au contraire en haut de la moyenne des pays développés, comme l’a démontré une récente étude de France Stratégie : on y compte 89 agents publics pour 1 000 habitants, loin derrière les pays scandinaves, derrière le Canada et juste devant le RoyaumeUni. Ce n’est ni l’ampleur des effectifs ni leur évolution qui distinguent la France des autres pays, mais le fait que les agents y sont protégés par la loi, dans le cadre d’un statut regardé comme la condition d’une administration neutre et intègre. Les libéraux ont cru pouvoir annoncer la victoire définitive de leur doctrine, la fin de l’histoire, et consacrer l’horizon indépassable d’un capitalisme hégémonique sur la planète. En ce début de XXIe siècle, le monde tel qu’il est dévoile leur erreur. Comme sous l’effet d’une nécessité, une forme de socialisation objective se développe, quand bien même elle s’exprime dans des contextes capitalistes. Dans une crise qu’Edgar Morin analyse comme une « métamorphose », des valeurs univer-
selles émergent et s’affirment : les droits humains, la protection de l’écosystème mondial, l’accès aux ressources naturelles indispensables, le droit au développement, la mobilité des personnes, l’égalité hommes-femmes, le devoir d’hospitalité, la sécurité. D’autres sont en gestation, qui exacerbent les contradictions. La mondialisation n’est pas seulement celle du capital ; elle touche toutes les formes d’échange et de formation de la citoyenneté : révolution informationnelle, coopérations administratives et scientifiques, conventions internationales, floraison de créations culturelles. Bref, ce siècle sera peut-être celui des interdépendances, des interconnexions, des coopérations, des solidarités, toutes formules qui se condensent en France dans le concept de service public. On ne s’en rend peutêtre pas compte tous les jours en écoutant M. Macron, mais, contrairement aux espoirs et aux proclamations des thuriféraires du libéralisme, le XXIe siècle pourrait annoncer l’âge d’or du service public… * Ancien ministre de la fonction publique et des réformes administratives, conseiller d’État honoraire.
DOSSIER LE RÉVEIL
« La crise du service public n’est pas une fatalité, mais une question de volonté politique » Anicet Le Pors a été, sous le gouvernement Mauroy, ministre délégué auprès du Premier ministre (19811983) puis secrétaire d’État (1983-1984) chargé de la Fonction publique et des Réformes administratives. Electron libre de la politique française, il continue de s’exprimer assidûment et sillonne la France pour évoquer les sujets qui lui sont chers : la fonction publique et le droit d’asile.
VdH : Assiste-t-on à une crise paroxystique des services publics ? Anicet Le Pors : Ce n’est pas une crise objective, c’est comme ça parce que des puissants le veulent. Ce n’est pas une fatalité. Laurent Berger qui était sur France inter a dit des choses banales mais justes : « Il y a un budget de l’État français, où va l’argent ? » S’il ne veut pas le mettre dans les EHPAD, s’il ne veut pas le mettre dans les prisons, bien évidemment ça crée une crise. C’est une question de volonté politique, c’est incontestable. On peut arguer de la dette, il n’en reste pas moins que la France consacre un effort important au service public, en comparaison d’autres pays. Lors de la crise de 2008, les journalistes ont parlé « d’amortisseur social », s’agis-
sant du service public en raison de sa dimension (sa masse salariale, l’emploi garanti, la protection sociale, les retraites). C’est effectivement un amortisseur social. Il y a à la fois en France un effort qui résulte de l’histoire, d’une tradition, de services publics importants, d’un appareil d’État important, d’une vie locale importante et de socialisation des services hospitaliers grâce à l’Église qui, jusqu’à la moitié du XIXe siècle, avait la main sur ces services-là comme c’est toujours le cas en Allemagne. L’Église y a créé des associations avec lesquelles l’État passe contrat : il n’y a donc pas de prélèvements obligatoires correspondant à cet effort des associations, qui trouvent leurs ressources directement… C’est pour cela que le taux de prélèvements allemand est bien plus bas qu’en France. VdH : Emmanuel Macron a promis de réduire de 120 000 le nombre total d’agents publics d’ici 2022 : seraient supprimés 50 000 postes dans la fonction publique d’État, et 70 000 dans la fonction publique territoriale. Qu’est-ce qui justifie cette politique ? A.L.P. : Il ne faut pas nécessairement fétichiser cette annonce d’Emmanuel Macron. Il a voulu montrer qu’il n’était pas aussi droitier que les annonces faites
pour la primaire par les candidats de droite. Il a fait a minima, mais le a minima signifiant qu’il était moins de droite que les autres. Son vrai problème est profondément idéologique et politique. C’est un homme du libéralisme, du marché. Ce qu’il veut, c’est tirer les conséquences de ce postulat de base sur des services publics qui sont, de son point de vue, pléthoriques en France et qui pour une bonne partie d’entre eux doivent rejoindre l’économie de marché. Il est contre les statuts : les statuts réglementaires des grandes entreprises publiques et surtout le statut des fonctionnaires. Sa vision est aussi celle de la vice-présidente de l’Assemblée Nationale, Cendra Motin, qui dans un article pour Le Monde du mois d’août a déclaré : « La fonction publique, c’est comme un groupe : il y a une holding et puis des filiales. Et les filiales sont les différentes fonctions publiques. ». Donc la vision d’En Marche ! est celle-ci : la fonction publique ne doit pas être différente du privé, elle doit être organisée comme le privé, avec le nouveau management public comme instrument
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018 - 17
LE RÉVEIL DOSSIER
A partir de 1946 1 million d'agent publics (ici aux ptt) ont acquis le statut de fonctionnaires protégés par la loi.
idéologique pour gérer ce grand ensemble. VdH : C’est la France des startup finalement… A.L.P. : Mais c’est aussi la France à l’allemande car en Allemagne, c’est comme ça. On y trouve une fonction publique réglementée, puisque 700 000 fonctionnaires sont sous statut pour une population supérieure à la France. Chez nous, le chiffre correspondant est 5,6 millions. Ça ne veut pas dire que les Allemands ont moins d’agents publics. Mais moins d’agents publics sous statut. C’est ce que veut faire Emmanuel Macron. VdH : Le statut des fonctionnaires est donc régulièrement attaqué. Comment évolue-t-il sous la Ve République ? A.L.P. : La loi du 19 octobre 1946 a été le statut fondateur de la catégorie des fonctionnaires, tandis que le statut des employés des entreprises publiques était, lui, réglementaire. Ce statut de 1946 a été annulé et révisé par l’ordonnance du 4 février 1959 de De Gaulle, mais sur le fond il n’a pas été changé ; l’ordonnance était simplement une conséquence de l’installation de la Ve République. Quand j’ai été ministre délégué en charge de la fonction publique, le gouvernement a conservé les 18 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
principes de 1946 mais en concevant un statut fédérateur qui a été approfondi : nous y avons mis par exemple le droit de grève (qui n’était que d’origine jurisprudentielle), la liberté d’opinion, le pouvoir de négociation reconnu aux organisations syndicales. On a surtout étendu le statut à la fonction territoriale. C’est cela qui pose problème aujourd’hui : ce serait une « anomalie ». Le statut a été attaqué dès la première cohabitation. Ensuite, nous avons assisté à la tentative de Nicolas Sarkozy en 2007 qui a échoué. Il était prévu qu’elle soit suivie d’un Livre blanc, finalement mis à la poubelle en raison de la crise financière. Macron a tenu compte de tout cela pour dessiner sa stratégie. J’ai été surpris car je m’attendais à ce qu’il attaque le statut tout de suite pour en faire un symbole. Il a sans doute préféré installer une grande référence sociale par la réforme du Code du travail avant de tenir un comité technocratique dont les membres sont absolument inconnus. Il va procéder à des auditions. Ça ne débouchera sur rien mais les conclusions sont déjà prêtes : ce sont celles d’Edouard Philippe et d’Emmanuel Macron. Ils voudront aller vers une fonction publique de 600 000 à 700 000 personnes, sous statut mais avec des statuts qui ne seraient pas les mêmes qu’aujourd’hui, avec une plus grande réglementation du droit de grève (ce qui se fait déjà comme conséquence de la Loi sur la Sécurité intérieure), avec probablement plus de sévérité dans le contrôle de la liberté d’expression (on va reparler de l’obligation de réserve). Dans un second temps, je pense qu’il va y avoir une grande campagne idéologique, pour tenter de stigmatiser cette « anomalie » des
personnels à statut. La troisième et dernière étape sera la mise en place de ce nouveau statut. Ce n’est pas la première fois qu’on s’y essaye : Gérard Longuet, alors député, avait été l’auteur d’une proposition de loi à la fin des années 1970 pour promouvoir un statut à l’allemande, ce qui lui a probablement coûté sa réélection. VdH : Au ministère puis au secrétariat d’État à la Fonction publique, vous avez contribué à l’essor des services publics à l’échelle des collectivités. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre action et plus généralement sur les services publics territoriaux ? A.L.P. : À l’époque, dans les collectivités, personne n’était prêt à devenir fonctionnaire. François Mitterrand avait décidé d’accorder la priorité à la décentralisation, dont il avait chargé le ministre de l’Intérieur Gaston Deferre. Dans l’article 1er de la loi du 2 mars 1982 (« Acte I » de la décentralisation) il était fait mention de « garanties plus importantes pour les agents publics ». Je me suis donc senti concerné et me suis interrogé sur la traduction effective à donner à ces garanties. Le Code des communes caractérisait une fonction publique d’emplois et, d’ailleurs, les agents publics de ces collectivités ne se considéraient pas comme fonctionnaires. Ils se définissaient comme « assimilés » et ne demandaient pas un statut de fonctionnaire. Les
DOSSIER LE RÉVEIL Toutes les associations d’élus, à l’époque, se sont montrées défavorables au statut unique des fonctionnaires. Celles qui étaient proches du PS ou du PCF ont dû faire profil bas mais elles étaient mécontentes.
Le 22 mars 2018 à Marseille.
élus s’opposaient également à toute une réglementation venue d’en haut. Or, j’ai pensé qu’en laissant faire, nous aurions deux fonctions publiques en France : la fonction publique d’État couverte par la loi et une fonction publique d’emplois qui comporterait bien moins de garanties, avec le risque, à terme, que le mauvais statut finisse par chasser le bon. Je défendais l’unité, Defferre la diversité. Alors, j’ai demandé à Pierre Mauroy, lui-même fonctionnaire d’État et maire de Lille, d’intervenir dans la discussion. Il m’a autorisé à intervenir après le projet Defferre. J’en ai profité pour déclarer qu’il n’y aurait pas deux fonctions publiques en France et que la seule envisageable était celle qui offrait le maximum de garanties aux agents : ce ne pouvait donc être qu’une fonction publique de carrière. Puisque personne au gouvernement n’a moufté, j’ai pu considérer que la parole avait été donnée. Cela a abouti à la décision de Mauroy de faire une fonction publique à trois versants (puisque se sont ajoutés les hospitaliers), traduite par quatre lois. La première d’entre elles a constitué le « Titre Ier » du statut des fonctionnaires, regroupant leurs droits et obligations communs. Aujourd’hui, les 5,6 millions de fonctionnaires bénéficient de ce statut, même s’il faut préciser que, sur ce chiffre, 900 000 agents sont des contractuels de droit public.
Le grand progrès à mes yeux, c’est que trente-cinq ans plus tard, les élus, quel que soit leur bord politique, sont d’accord avec ce statut. Ils y voient désormais une sécurité juridique dans un monde troublé. Ça les a aussi déchargés d’une prise de responsabilité personnelle. Dans le même temps, les agents publics territoriaux ont compris tout le parti qu’ils avaient à tirer d’être classés au même niveau que les fonctionnaires de l’État. Le principe de libre administration des collectivités territoriales tend même à les avantager : par exemple, quand Nicolas Sarkozy a voulu réduire la fonction publique, il n’a pas pu empêcher le recrutement de fonctionnaires au niveau territorial puisque ce sont les élus locaux qui décident ! Enfin, la fonction publique territoriale est très novatrice : elle regroupe aujourd’hui une extraordinaire diversité de métiers. VdH : La notion de « service d’intérêt général » (SIG) promue par l’Union européenne a-t-elle beaucoup contribué à affaiblir le « service public » tel que nous l’entendions dans la tradition politique et juridique française ? A.L.P. : Oui, c’est certain. Il me revient d’ailleurs un souvenir : un président a dit un jour à la tribune du Conseil d’État : « L’Union européenne fait pire qu’être hostile au service public tel que nous le concevons en France : elle l’ignore. » On s’est aperçu en France que cette notion de service public qui nous est si familière ne l’est pas du tout dans d’autres pays. L’Union eu-
ropéenne a théorisé son « service d’intérêt général » en distinguant le volet des services nécessaires, le volet des services obligatoires (par exemple la communication, l’armée, la police, etc.) et un troisième volet purement financier, avec une contrainte d’obligation d’équilibre, la partie privatisée du service public qui a même été rebaptisée « service d’intérêt économique général ». Il a fallu atteindre le traité de Lisbonne en 2008 pour que soient enfin mentionnés dans une annexe les services non-économiques d’intérêt général… Alors que le service public représente tout de même pour une bonne part des services non-économiques d’intérêt général ! La Cour de Justice de l’Union européenne a adopté des décisions qui forment une jurisprudence dont l’esprit est le suivant : la règle est la concurrence, mais cela ne doit pas contrarier les missions d’intérêt général. Il y a donc un inversement de la priorité connue en France, où l’intérêt général est supérieur à la somme des intérêts particuliers. VdH : Vous avez été syndiqué à la CFTC puis à la CGT, et longtemps membre du Parti Communiste. Que reste-t-il aujourd’hui de la capacité de mobilisation des syndicats et plus largement de la gauche sur un enjeu aussi crucial que la survie des services publics ? A.L.P. : Dans l’immédiat, gardons en tête que Macron n’est pas
Sept syndicats de fonctionnaires appellent à une journée de mobilisation le 22-mars.
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018 - 19
LE RÉVEIL DOSSIER que cela devienne une réalité, il faut d’abord théoriser le service public, en prenant en compte ce qui est nouveau.
Anicet Le Pors.
sûr de réussir… Sarkozy, après tout, a échoué sa « révolution culturelle » alors qu’il avait devant lui un boulevard, mais il n’a pas prévu la crise de 2008. Emmanuel Macron prend un risque en faisant durer le plaisir : plus il laisse le temps passer, plus le contexte se dégrade pour les dirigeants et plus il devient difficile de contrarier une opinion publique qui trouve des ressorts de défense du service public et de soutien des fonctionnaires. C’est à l’automne que devraient venir les premières décisions. Quelle sera alors sa situation à l’automne 2018 ? Il peut se passer beaucoup de choses imprévisibles car la conjoncture est aléatoire. Il ne faut pas sous-estimer l’effet d’accumulation, les rancœurs, les frustrations, chez les syndiqués, chez les dirigeants syndicaux et dans la population en général. Quand on s’apercevra – ce que je crois – que ça ne marche pas que peut-il se passer ? Là se posera la question du panorama politique qui va s’établir à partir du champ de ruines sur lequel on est. Moi, je n’en sais rien. C’est pourquoi je pense qu’il faudra donner la priorité à l’action idéologique. VdH : Peut-on penser à nouveau la société, malgré cet effondrement idéologique ? 20 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
A.L.P. : J’ai écrit un livre en 1993 qui s’intitulait Pendant la mue, le serpent est aveugle. C’est une phrase d’Ernst Jünger. Elle a pour but de dire qu’il est normal qu’après le siècle prométhéen on soit engagé dans une période trouble. Lors de la mue, la peau morte du serpent ne sert plus à rien et la nouvelle n’est pas acquise : le serpent est aveugle et particulièrement vulnérable pendant cette période. On ne passe pas d’une civilisation à une autre sans cette transition qui est une période de faiblesse, de désarroi, de perte de repères. Pour commencer à mettre en place le renouveau, c’est un corpus théorique qu’il faut établir. Que faut-il faire ? Choisir des idées de base dont on pense qu’elles seront les piliers de la construction à venir. Le libéralisme nous dit : « C’est la fin de l’histoire, le capitalisme est définitivement installé, l’horizon est indépassable. » Je pense que la réalité d’aujourd’hui contredit déjà cela. Nous vivons dans un monde d’interdépendances, de connexions, de coopérations, de solidarités, y compris dans des traductions capitalistes. Il n’y a jamais eu autant de liaisons entre les hommes qu’en ce moment. Il faut réfléchir sur les choses dont on pense qu’elles survivront : le service public en est une. Pour
Pour nos institutions, c’est pareil. Il ne suffit pas de parler de « VIe République », comme tout le monde le fait, de mettre des numéros… L’essentiel serait de se mettre d’accord sur quelques questions essentielles : Quel contenu donne-t-on à la souveraineté nationale et populaire ? Quelles sont les traductions de la démocratie directe ? Quelle est la forme du régime : parlementaire ou présidentielle ? Quel mode de scrutin adopter ? Qui détient l’exécutif ? Essayons de réaliser des consensus point par point ! Quand un accord minimal sur ces cinq ou six points sera obtenu, alors on pourra faire une Constitution. Il n’y a jamais eu de changement de République en France sans un consensus pour récuser les institutions en place, sans un consensus sur ce que l’on veut faire ensuite, sans même qu’il y ait du sang dans la rue. Nous sommes dans une situation de bas-empire. Cette époque est à la fois désolante car nous avons perdu toutes nos certitudes mais extraordinairement intéressante car pleine de contradictions. Entretien avec Anicet Le Pors par Ella Micheletti et Pierre-Henri Paulet (Voix de l’Hexagone) (extraits) – 30/01/2018
VOS DROITS LE RÉVEIL
27 mai 2018 Journée nationale de la Résistance
Déclaration de l’ARAC Durant 5 ans, de 1940 à 1945, nos aînés ont affronté courageusement l’occupant nazi et ses complices. De sensibilités diverses : communistes, socialistes, gaullistes, de philosophies ou de croyances différentes, des syndicalistes et des animateurs de mouvements associatifs, se sont engagés dans le combat pour retrouver l’indépendance, la souveraineté nationale, le progrès social, la liberté ainsi que l’exprime pour la suite le programme du Conseil National de la Résistance. Le débarquement allié en Afrique du Nord, l’écrasement de l’armée nazie à Stalingrad, Leningrad et Koursk en Russie et d’une manière générale les pertes subies par l’armée hitlérienne sur le front soviétique ont conforté nos compatriotes dans leurs engagements résistants face aux nazis et au gouvernement collaborateur de Vichy. La Résistance prit une ampleur significative. En sortant de nombreux obstacles, Jean Moulin obtint l’unité totalement des mouvements de Résistance et l’accord sur les objectifs de ces organisations des principaux dirigeants du Mouvement social et des partis politiques reconstitués ; Ce qui lui permit de réunir le 27 mai 1943 dans Paris occupé le « Conseil National de la Résistance ». L’action de milliers de résistants, les sacrifices de milliers d’otages dont Jean Moulin est le symbole, sont à l’origine de la Constitution. A l’instar du courage dont ont fait preuve nos aînés, il nous revient aujourd’hui de faire face à la montée de l’extrême droite et du fascisme comme aux effets désastreux de la politique gouvernementale exigée par l’union européenne concrétisée par les mesures édictées par la commission de Bruxelles, organe non élue don non représentatif des peuples de l’union. Héritiers des Révolutionnaires de 1789 et des combattants de la Résistance qu’impulsa Jean Moulin, il nous appartient de dénoncer l’usage qui est fait des « trente glorieuses » évoqué aujourd’hui comme une période exceptionnelle produite par la gestion gouvernementale de l’époque en omettant ses origines réelles, la mise en œuvre du programme du Conseil National de la Résistance a permis de relever la France exsangue sortant de l’occupation. Non seulement il nous revient d’assumer le travail permanent de mémoire mais « le devoir d’avenir » pour éclairer les générations nouvelles sur la montée des extrémismes. Comme le CNR assura à la résistance sa dimension nationale et son autorité, il faut aujourd’hui par notre action assurer aux peuples les moyens d’exercer leur souveraineté, autrement dit assurer la Paix autrement dit la défense des valeurs de la République Villejuif le 16 mai 2018
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018 - 21
LE RÉVEIL VOS DROITS
Revalorisation de l’allocation aux adultes handicapés Le décret n° 2018328 du 4 mai 2018 a revalorisé, à compter du 1er avril 2018, l’allocation adulte handicapée (AAH). Celle-ci est portée à 819 euros (+ 8 euros) montant de base pour une personne seule sans ressources. Elle « devrait » être porter à 860 euros à compter du 1er novembre 2018 et à 900 euros à partir du 1er novembre 2019… selon les « prévisions » gouvernementales. Pour bénéficier de l’AAH, le demandeur doit être de nationalité française
ou ressortissant d’un pays membre de l’Espace économique européen (EEE). Son taux d’incapacité doit être au moins égal à 80 %. Les personnes dont le taux est compris entre 50 et 79 % peuvent également percevoir l’AAH à condition d’avoir au moins 60 ans et souffrir d’une restriction substantielle et durable reconnue pour accéder à un emploi. Le demandeur doit avoir plus de 20 ans (16 ans s’il n’est plus considéré à charge de ses parents). Les revenus du bénéficiaire (y compris ceux de son conjoint ou concubin) ne doivent pas dépasser le plafond de ressources requis. Pour 2018, ce sont
Charte du Combattant La Secrétaire d’Etat favorable Mme Darrieusecq, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des armées, a reçu – le 19 avril dernier de 17 h à 17 h 45 – une délégation de la Commission nationale chargée de l’attribution de la carte du combattant. Celle-ci, emmenée par son président, le général André Soubirou – accompagné d’André Fillère et du général Paul Dodane (tous trois administrateurs de l’ONACVG) – venaient présenter le projet de charte nationale de la carte du combattant mise au point par la Commission plénière d’attribution de la dite carte. La Secrétaire d’Etat s’est déclarée favorable en rappelant les valeurs universelles républicaines dont doivent être détenteurs les titulaires de cette carte, à la fois combattants et citoyens. Elle va en soumettre les textes aux instances juridiques officielles et reviendra vers l’ONACVG et sa commission pour les suites pratiques à mettre en œuvre. Outre le point ci-dessus, un échange de vues a suivi portant sur l’érection toujours attendue d’un Mémorial aux OPEX, sur l’attribution de la carte du combattant aux militaires ayant séjourné en Algérie entre 1962 et 1964, les mentions « Mort pour la France » et « Mort au service de la Nation », la refonte du Code PMI et la protection et l’amélioration des droits à réparation des Invalides de guerre. 22 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
les ressources perçues en 2016, soit : – 9 828 euros pour une personne seule (+ 4 914 € par enfant à charge) – 19 656 euros pour un couple (+ 4 914 € par enfant à charge) C’est une allocation différentielle. Elle peut être majorée selon les cas, être réduite selon les autres ressources, pensions, aides ou allocations. Sa durée varie de 1 à 2 ans, voire 5 ans ou 20 ans selon les cas. Elle cesse lorsque le demandeur atteint l’âge du départ à la retraite et c’est alors le régime de retraite pour une inaptitude qui s’applique. Les sommes versées par l’AAH ne sont pas récupérables sur les successions.
Le RSA, c’est un droit. Le droit de ne pas vivre à l’écart. Avec le RSA, le Département ne laisse personne de côté. gironde.fr/rsa
VOS DROITS LE RÉVEIL
Le Secrétariat d’Etat aux Anciens Combattants et Victimes de Guerre, réserve-t-il de mauvaises ou bonnes surprises à tous ses ressortissants ? De nombreuses réunions ont eu lieu au siège de l’hôtel de Brienne à Paris à la demande de Mme la Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants. Lors de la première réunion (en présence de l’ARAC) qui eut lieu le 16 mars 2018 les objectifs posés par le directeur le coût des mesures réclamées pour les différentes associations. L’administration déclare être dans l’incapacité de connaître le nombre d’anciens combattants concernés pour : 1/ La réévaluation du point de pension PMI 2/ La carte du combattant aux anciens d’Afrique du Nord-Algérie pour la période du 3 juillet 1962 au 2 juillet 1964 3/ L’attribution de la campagne double aux anciens combattants d’AFN (fonctionnaires et assimilés) 4/ La situation des conjoints survivants Dès cette première réunion l’unanimité s’est faite au sein des associations présentes de réunir une commission tripartite (gouvernement, parlement et monde combattant) sur le problème du point de pension. Cette demande fut écoutée, mais aucune réponse ne fut donnée ! Lors de la réunion du 21 mars 2018, il fut confirmé que la secrétaire d’Etat souhaitait connaître très précisément les demandes prioritaires et le coût de celles-ci. Sur le problème du chiffrage l’administration avoue son incapacité à le calculer et demande son aise aux associations !!! Lors de la réunion du 5 avril 2018 diverses discussions s’engagèrent sur la différence entre la mention « mort pour la France » (guerre) et la mention
« mort au service de la nation » (création datant de 2012) en temps de paix. La question fut posée afin de savoir si les militaires réservistes pourraient obtenir l’attribution du T.R.N. suite aux opérations sur le territoire national ? Aucune décision ne fut prise à la fin de cette réunion. Lors de la réunion du 11 avril 2018 les demandes prioritaires furent à nouveau débattues. Campagne double : le parti des républicains déposerait une proposition de loi à ce sujet à l’assemblée nationale. Carte du combattant pour la période 1962-1964 en Algérie : ce problème serait renvoyé à une commission pour étudier le sujet et connaître ses effets budgétaires. L’administration devait fournir un chiffre en mai, mais pour l’instant rien.
ciations présentes ont maintenu avec vigueur la demande d’une réunion tripartite. De son côté l’administration maintient une dérive évaluée à 4 % alors qu’en réalité celle-ci s’élève à 40 % !! Campagne double : ce problème pourra être étudié. A la fin de cette réunion, le directeur de cabinet indique que d’ici 2020 une augmentation de 2 % serait accordée au point de pension, mais que si les demandes actuelles étaient maintenues, nous risquerions de tout perdre !!! Serait-ce du chantage ? !
Conclusions
Après le rappel historique fait par les associations et surtout l’ARAC, une opposition très ferme d’un conseiller budgétaire auprès du cabinet du ministre s’est manifestée. Ce conseiller a fait valoir que cette demande serait beaucoup trop onéreuse et qu’il ne fallait rien espérer !!
Il apparut une éventualité : – les associations et le monde combattant doivent se montrer très vigilants pour le maintien des droits acquis. – La revalorisation du point de pension demeure en suspens et la proposition d’une réunion d’une commission tripartite n’a obtenu aucune réponse. – La carte du combattant 1962-1964 pour l’Algérie : le problème serait renvoyé à une commission. N’est-ce pas, comme le disait Clémenceau, le meilleur moyen pour enterrer le problème ! – Campagne double pour les fonctionnaires et assimilés : ce problème pourrait être étudié favorablement. En réalité, rien de positif n’est réellement ressorti de ces différentes réunions. Nous est toujours opposé le montant du budget pour chaque demande. Une dernière réunion devrait avoir lieu très prochainement, mais aucune date n’est encore fixée.
C’est la raison pour laquelle les asso-
JTA
Campagne double pour fonctionnaires et assimilés : le chiffrage avancé serait de 86 millions d’euros… mais rien n’est certain. Indexation du point PMI : La demande d’une commission tripartite est fortement maintenue par les associations, mais aucune réponse ne fut obtenue. La réunion du 2 mai 2018 débuta avec le problème de la réévaluation du point de pension.
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018 - 23
LE RÉVEIL VOS DROITS
Allocation Adultes Handicapés Laurence Cohen, sénatrice
La sénatrice Laurence Cohen et le groupe communiste et républicain déposent une proposition de loi au Sénat
La proposition (n° 434/17 avril 2018) dénonce la prise en compte, dans le calcul des ressources du demandeur, des revenus du conjoint ou de la conjointe du handicapé. Les élus de ce groupe considèrent en effet que la prise en compte de ces ressources créé de nombreuses difficultés morales et financières et s’avèrent contraire aux principes de l’AAH qui est de garantir l’autonomie du bénéficiaire quelle que soit sa situation financière. L’AAH étant différentielle, cette prise en compte aboutit à une baisse de l’allocation et – situation ubuesque ! – elle amène certains à ne
pas se marier de peur de perdre l’AAH. Cela n’est pas acceptable et constitue une discrimination et une difficulté supplémentaire pour les personnes en situation de handicap. La proposition de loi de la sénatrice Laurence Cohen devrait donc, dans le cadre de la Sécurité Sociale. – Article 1/ - la suppression des mots « est marié ou vit maritalement ou est lié par un pacte civil de solidarité ». – Article 2/ - la suppression des mots « et s’il y a lieu de son conjoint, concubin ou partenaire d’un pacte civil de solidarité dans la limite d’un plafond
fixé par décret qui varie selon qu’il est marié, concubin ou partenaire d’un pacte civil de solidarité et a une ou plusieurs personnes à sa charge ». Cette proposition de loi est portée par la demande de toutes les associations de personnes handicapées, ou la défense des personnes handicapées, lesquelles associations dénoncent depuis des années le fait que les revenus de la conjointe ou du conjoint du bénéficiaire soient pris en compte dans la base de calcul de l’Allocation aux adultes handicapés.
Proposition de loi au Sénat pour attribuer la Carte du Combattant aux appelés ayant servi en Algérie jusqu’en 1964 Le sénateur Dominique de Legge (Ille et Vilaine) et son groupe (Les Républicains) ont déposé une nouvelle proposition au sénat (17 avril 2018) visant à permettre aux militaires ayant servi en Algérie du 2 juillet 1962 au 1er juillet
1964 de bénéficier des dispositions relatives aux OPEX en matière d’attribution de la carte du combattant pour 4 mois de service ou plus sur le terrain. Selon la proposition de loi, 35 000 TRN ont été attribués aux militaires présents
Dominique de Legge, sénateur
au-delà du 2 juillet 1962 en Algérie. 11 000 cartes « à cheval » ayant été délivrées, les intéressés en attente seraient 24 000. A suivre.
Nos peines ■ AISNE (02) Soissons : Michel BOCQUET, 80 ans, AC ATM. Marcel FIX, 82 ans, AC ATM. Max ROGER, 81 ans. ■ ALLIER (03) Vichy : Lucien GUYOT, 93 ans, Résistant. ■ BOUCHES DU RHONE (13) Vellutini St-Just : Serge DE PALO, AC Indochine. ■ DROME (26) Valence : Mme Evelyne GUIGON, AC 39-45, Résistante, Chevalier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, ancienne secrétaire départementale. ■ GIRONDE (33)
24 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
Pessac : Gilbert BIZIE, AC 39-45, doyen de la section. Jean SIMONE, AC ATM. ■ ISERE (38) Seyssinet-Pariset : Jean CAYLA, 94 ans, FTPF Maquis France (Lot), blessé par balle lors de la Libération de Toulouse. André WOJNACKI, combattant pour la Paix, ancien trésorier de la section. ■ MOSELLE (57) Yutz : Robert DENTINGER, 80 ans, AC 3945. ■ NIEVRE (58) Fourchambault : Mme Monique DEVALLIERE, veuve. Nevers : Joseph Alfred CHAMPENOIS, 92 ans.
■ NORD (59) Fenain : Casimir BRUSS, 90 ans, combattant pour l’amitié. ■ PUY-DE-DOME (63) Aubière : Paul PEYNON. ■ RHONE (69) Villeurbanne : Mme Raymonde ROUX, 95 ans, veuve. ■ SAVOIE (73) Argentine : Louis Yves GAUTHIER, 89 ans, Résistant. Alexandre LUCET, AC ATM. ■ PARIS (75) 12e : Mme Louise BOURGUIGNON. JeanPierre FLUTEAU, AC 39-45. 19e : Mme Huguette VASELLI, 88 ans.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Lucien Hanoun, l’Algérie, le siècle et trois guerres
Lucien Hanoun entouré de sa sœur Armide et de son frère Ulysse à Alger en 1936
Le militant de l’ARAC communiste, figure du combat de l’indépendance, s’est éteint samedi 7 avril. Il animait avec Alfred Gerson la voix du Soldat, publication clandestine à destination des appelés. Né en 1914, il a traversé le siècle et trois guerres. Notre ami et camarade Lucien Hanoun s’est éteint samedi à l’âge de 104 ans. Anticolonialiste jusqu’au dernier jour. Lucien Hanoun était l’une de ces attachantes et lumineuses figures dont
l’Algérie progressiste avait autrefois le secret. Son père, meurt en Serbie en 1915. Pupille de la nation, l’enfant fréquente l’école républicaine française, poursuit ses études à Alger, avant d’intégrer le lycée Lakanal de Sceaux en Khâgne. Il devient professeur de français. Lorsqu’éclate la guerre d’Espagne, il rejoint, en 1938, le PCF, les lois antisémites de Vichy gangrènent aussi la colonie. Lucien Hanoun est exclu de l’éducation nationale parce que juif. Il s’attire les foudres de l’administration académique qui goûte peu son activisme en faveur de la scolarisation des enfants indigènes. Arrestation en novembre 1956, reste dans la clandestinité jusqu’en mars 1957, passe entre les mains des tortionnaires de la Villa Sésini. Condamné à quatre ans de détention, Lucien Hanoun est traîné d’une prison à l’autre. Après l’indépendance, citoyen algérien, il reprend l’enseignement et le combat syndical. Hélas, l’Algérie plurielle dont il rêvait n’a pas pris corps. En 1967, il s’exile en France, finit sa carrière de professeur au lycée de Thiais, en banlieue parisienne. Sans jamais rien renier de ses convictions anticolonialistes.
Finistère (29) Etats Généraux de la paix. Brest représentée. L’ARAC a tenu son assemblée générale annuelle, samedi 7 avril, à la mairie de quartier de Bellevue, en présence de Christian Colimard, de plusieurs élus, d’Eric Guellec, délégué aux associations patriotiques et aux anciens combattants. Ce dernier a indiqué qu’il se rendra le samedi 21 avril à Paris, aux Etats généraux de la paix, dont la tenue a été décidée lors du dernier congrès national de l’ARAC, afin de représenter la ville de Brest, qui soutient cette initiative. Puis, le président du comité, Romaric Leduc, a fait un rappel de la situation en soulignant notamment que « non »,
Perpignan (66) Cérémonie du 8 mai 2018 à Perpignan. Remise de la médaille militaire à Daniel Baillette Président de l'ARAC des Pyrénées Orientales.
Les Ulis (91) Prise de fonction du nouveau Président section Arac des Ulis. Le samedi 14 avril 2018 s'est tenue l'Assemblée Générale de la section ARAC des Ulis. Lors de cette AG, un nouveau président était élu en la personne de Frédéric Coraboeuf : Cette nomination m'honore autant qu'elle m'oblige, j'espère pouvoir continuer le travail de mes prédécesseurs à cette fonction. Je sais pouvoir compter sur l'aide, l'expérience et les conseils toujours avisés du Président FILLERE et du Président BRUNET, ce dernier continuant à servir au sein de la section, en tant que Vice-Président. Je renouvelle toutes mes félicitations, à Mme SAVOYE et Mme COUTURIER, qui ont été promus à l'échelon Argent dans l'ORCM, ainsi que les récipiendaires qui se sont vus remettre la médaille du Centenaire de l'ARAC : Le Président BRUNET, Mme Lucette CHAUVET.
les retraités ne sont pas non plus une génération dorée. Nombre d’entre eux se sont usés au travail et nous leur devons, par leurs engagements, l’essentiel des mesures de protection sociale, bradées aujourd’hui ». A l’issue de l’assemblée générale, Romaric Leduc a été reconduit à la présidence du comité et Joseph Coroller à la vice-présidence. LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018 - 25
LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Septèmes les Vallons (13)
Pas-de-Calais (62)
Le 21 avril 2018, la section ARAC de Septèmes était présente avec ses drapeaux suite à l’invitation de la municipalité et de l’association culturelle des Français d’Origine Arménienne pour commémorer le 103° anniversaire du génocide Arménien de 1915. Après les interventions de M. Nicolas Margossian Président de l’ACFOA et de M. André Molino Maire de Septèmes, un dépôt de gerbes a eu lieu suivi par le pot de l’amitié en présence de près de 300 personnes. En ce 21 avril où se tenaient à Paris, les Etats
Généraux de la Paix organisés par l’ARAC, coïncident avec une situation internationale des plus inquiétante et donc d’une brûlante actualité. P.S.
Bouches-du-Rhône (13)
Jeudi 03.05.2018, lors de notre bureau départemental fut remise à Rose Compagne l’ORMCM étoile d’OR pour toutes ces décennies à la tête de la section d’Aix en Provence, récompensant ainsi son engagement actif à l’ARAC
fait d’altruisme et d’abnégation au service des valeurs Républicaines et à la défense de la Paix. Notre Rosette très émue parla avec humilité de son parcours, elle qui a pris la succession à la tête de la section de son défunt mari ancien Résistant, ainsi que de notre ancien président Départemental Pierre Pélissier, et de l’honneur qui lui fut fait d’être déléguée des bouches du Rhône à notre Congrès National du centenaire. Le pot de l’amitié a terminé ce bureau dans la fraternité et l’engagement à ce que notre ARAC continue à être comme l’ont étés nos valeureux poilus et pères fondateurs, des combattants pour la vie et des voix pour l’espoir. Patrick Saintenoy
Eure et Loire (28) Préparation des états généraux de la paix Début avril à l'initiative de l'ARAC d'Eure et Loire s'est tenue à Chartres une rencontre ouverte largement aux associations élus, formations politiques afin de préparer les états généraux qui se sont tenus le 21 avril dernier. Le président départemental Pierre Ferrand à préciser l'objectif “Il faut construire nos actions futures pour promouvoir la paix.” Le débat a notamment démontré qu'une des sources des conflits est la répartition des richesses dans le monde 26 - LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018
entre quelques mains ce qui accroît les inégalités. Un participant pour imager a repris le mot d'Henri Barbusse il faut "faire la guerre à la guerre". Jacques Verrier secrétaire national était présent.
Hénin-Beaumont : L’ARAC du Pas-de-Calais a rendu hommage à Blanche Volanti A l'occasion des commémorations de la journée de la déportation, l'ARAC du Pas-de-Calais et la section d’Hénin-Beaumont du Parti communiste ont rendu conjointement hommage à Blanche Volanti en présence de Michel Volanti, fils de la résistante communiste héninoise déportée à Ravensbrück. David Noël, conseiller municipal d’Hénin-Beaumont, a lu le message de l'ARAC, avant de déposer une gerbe de fleurs en compagnie de Michel Volanti et de sa famille au pied de la plaque de Blanche Volanti. L’ancien maire (divers gauche) Eugène Binaisse représentait le groupe d’opposition Agissons Unis pour Hénin-Beaumont. Depuis l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir à Hénin-Beaumont, le PCF et la famille de Blanche Volanti rendent leur propre hommage indépendamment de la municipalité Front national. En 2015, la municipalité d’Hénin-Beaumont avait tenté de faire pression sur les associations patriotiques qui participeraient à cet hommage en les accusant « de violer le décret ministériel sur le protocole ». Les relations restent extrêmement tendues entre les associations patriotiques et la municipalité FN. Le matin du 21 avril, journée des Etats Généraux de la Paix, une délégation du Conseil National s’est rendue au Père Lachaise à Paris, le cimetière où reposent Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
Etats Généraux de la Paix Œuvrer à la paix, une tache permanente Les Etats généraux pour la Paix émanent d’une décision du dernier congrès de l’ARAC en novembre 2017. Logique que l’ARAC prenne une telle initiative, elle qui fut créé en 1917 pour « s’attaquer aux causes impérialistes de la guerre de 14/18 », pour défendre les valeurs républicaines, et répondre à l’immense besoin de solidarité, d’aide de millions d’hommes, de femmes, d’enfants à travers la planète ravagée par la guerre. C’est donc dans son ADN de combattre pour la paix, de prendre avec ceux qui le souhaitent les initiatives nécessaire au regard des dangers qui menacent la planète. Déjà en 1932, rappelons que deux dirigeants de l’ARAC, Romain Rolland et Henri Barbusse lançaient un appel « pour un grand congrès contre la guerre » devant le péril du fascisme qui devait conduire à la 2e guerre mondiale. C’est ainsi qu’après la diffusion de l’Appel de l’ARAC « FAISONS LA PAIX ENSEMBLE » où nous invitions le monde associatif, syndical, politique à être acteur, co-organisateurs des EGP, une douzaine de représentants d’origines politiques, sociales, associatives, syndicales, culturelles diverses ont répondu présents et nous les en remercions. Pour la préparation des états généraux de la paix, nos comités départementaux ont organisé des débats autour des valeurs de la République, des inégalités, de la laïcité, de la souveraineté et de l’indépendance de la Nation. Débats enthousiastes, chaleureux qui ont montré l’importance et la nécessité de
lancer une initiative nationale sur la Paix. Plus de 300 parlementaires, conseillers régionaux et départementaux, maires, associations nous ont adressé de nombreux messages de soutien, d’encouragement. Des villes ont fait voter par leur conseil municipal des vœux ou délibérations pour soutenir notre initiative. Le 21 avril dernier, à la Bourse du Travail de Paris, les Etats Généraux pour la Paix ont rencontré un grand succès. Dans cette magnifique salle Germaine et Eugène Hénaff, les nombreuses interventions ont reflété la diversité des organisations et de leur sensibilité : Charte de l’ONU, désarmement, ratification du traité d’interdiction des armes nucléaires, promotion du bienêtre économique et social et du développement durable, respect de la souveraineté des peuples… Ensemble, nous avons pris la décision de lancer une « carte pétition » auprès du Président de la République en demandant : le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, la signature et la ratification du Traité du 7 juillet 2017 visant à interdire l’utilisation et la prolifération des armes nucléaires, que la France se retire de l’OTAN (structure illégale au regard du droit international) et qu’elle agisse pour sa dissolution, que la France – conformément à ses valeurs républicaines – joue un rôle indépendant et efficace par le respect de la souveraineté des peuples et la construction de la paix.
co-organisatrices de continuer à tenir dans les départements, les régions, au plus profond de l’opinion, les débats ouverts le 21 avril. L’actualité internationale récente ne fait que confirmer nos craintes et légitime l’initiative du 21 avril des états généraux pour la paix : multiplication des violations du droit international, puissances qui continuent de s’arroger des droits d’intervention comme notamment au Yémen, en Syrie, en Palestine, en Libye. Et en même temps les Etats-Unis s’arrogent le droit d’imposer leur conception de « souveraineté limitée » et de fouler aux pieds les conventions et traités internationaux. Il est urgent et indispensable de faire jouer à la Charte de l’ONU son rôle. Chaque jour qui passe montre l’ampleur des risques que court la planète. Il est indispensable de poursuivre les états généraux de la paix dans les villes, les départements, les régions. Ensemble, faisons prévaloir le respect des souverainetés des peuples et le droit international, seul moyen de construite et garantir la paix. Raphaël Vahé, Président National de l'ARAC
États Généraux de la PAIX
L’ARAC va proposer aux associations LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 2018 - 27
Etats Généraux de la Paix Paris le 21 avril 2018 Des témoignages nous arrivent encore… Amélie de Montchalin, députée Essonne
Franc maire de k Demaumont, Chalette s ur Loing Je profite (45)
de cette occ pour vous a de l’ARAC, informer, ainsi que sion a décidé d que la municipali les membres té de Cha e faire de En effet, n lette 2018 ou lien avec s avons programm l’année de la Paix. le centena ire de l’ar é diverses initiati guerre mon mistice de la Pre ves en Nous som mière dia m prendre la es bien conscients le. q u tê e te n o d tr ’un mouve multilatér e pays doi m armes et al, cesser de contr ent de désarmemen t œuvrer à ibuer au com t merce des nucléaires l’éradication com p lète des ar et de destr C’e et de coop st d’une action polit uction massive. mes ération vi iq u e, d Il faut res sant la paix don iplomatique t nous avon ter mobilis Pierre Ouzoulias, é sb au que la log ique de pa tour d’un objectif : esoin. sénateur 92 ix p renne le sur ce Tout l’intérêt que je porte à l’ARAC C’est donc lle de la guerre. pas a ve c fer et à ses initiatives. Celle organisée veur que n nous a ous le 21 avril est d’autant plus à l’initiati ssocions ve de l’AR nécessaire en cette période AC. où les armes frappent toujours et encore dans différentes contrées. Je François Asensi, souhaite que ces Etats Généraux de la Paix remportent maire de Tremblay tout le succès mérité.
Sachez que j’apporte mon soutien entier à votre association ainsi qu’à cet événement. Le combat qu’elle mène est juste et les valeurs qu’elle prône sont chères à notre République. Notre pays, dans le contexte géopolitique actuel, a besoin de porte-paroles et de mémoires, tels que vous, qui ont à cœur de transmettre un message de paix. Votre combat, au-dessus des querelles partisanes, transcendant les considérations politiciennes. Je salue l’abnégation sans faille de l’Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de guerre, des combattants pour l’amitié, la solidarité, l’antifascisme et la paix, dans son combat pour la Paix qui perdure depuis maintenant 100 ans sur le sol français. L’ARAC inspire, remplit d’admiration, de respect et pousse à l’action. Cet engagement dans le temps, pour les générations futures, est un modèle pour tous. Je vous remercie de transmettre et partager ce massage de paix et de solidarité, si essentiel pour nous tous.
e, Charlotte Bandiot-Fardi ) (77 maire de Mitry-Mory dans cette démarche.
tout mon soutien Je tenais à vous témoigners promis de n’en jamais oublier les leçons, me Alors que nous nous som vivants de ces combats nous ont quittés, et que les derniers sur essaire d’en faire vivre le souvenir. il est plus que jamais néc rappelle l’urgence qu’il y a de mener ce combat alité qui nous Plus que tout, c’est l’actu pour la Paix. en-Orient suffit à elle sont abattus sur le Moy s, la lutte contre les se qui s flit con des tion La multiplica aineté des peuple n le respect de la souver s préserve de seule à souligner combie la misère, la garantie du droit d’asile qui nou ples. de peu tion les e ica ad entr l’ér Paix s, la inégalité ions non-négociables de la haine, sont les condit nous répéterons inlassablement tout au long que ge ssa depuis 1918, C’est là le me aire. S’il n’a pas changé de cette année du centen sa pertinence, et votre initiative de c’est qu’il n’a rien perdu nt. se justifie ainsi pleineme
Francis Hillmeyer, maire de Pfastatt (68)
Je partage totalement votre position sur la paix « un enjeu majeur pour l’avenir des peuples, des nations, de notre planète ». Chaque prise de parole, je souligne l’importance de la paix et condamne la folie meurtrière qui existe encore, malheureusement, en de nombreux points du globe. Vous assurant de mon attachement aux valeurs de la paix je vous félicite pour votre initiative. Malheureusement, je ne pourrai être des vôtres le 21 avril à Paris.
Alain Parlanti, maire des Arcs sur Argens (83)
en France (93)
Dominique Lotte, maire de Gueugnon (71)
Je veux louer cette belle initiative à laquelle je ne peux que m’associer, par l’esprit et le cœur, tant l’état de Paix est fragile. Les Etats généraux doivent être l’occasion de mettre en lumière, non votre association, mais la nécessité impérieuse d’un engagement universel pour préserver l’essentiel à l’humanité : la liberté et la paix. Adhérent de l’ARAC locale dont les membres s’associent à l’ensemble de nos manifestations du souvenir, je souligne l’état d’esprit qui est le nôtre collectivement, toutes associations d’anciens combattants confondues, de privilégier le message d’une Paix à porter comme étendard. Le Conseil Permanent de l’ONU doit voir ses pouvoirs élargis. Il est enfin nécessaire que notre jeunesse mesure la chance qui est la nôtre de vivre dans un Pays en Paix. Pour cela il ne faut jamais cesser de rappeler ce qu’a été le 20e siècle et les conflits mondiaux qui l’ont émaillé. Nous devons, toutes générations confondues, rester mobilisés. Je vous confirme être particulièrement mobilisé et ne manquerai aucune occasion de porter les messages du manifeste pour la Paix que l’ARAC déploiera lors des Etats Généraux de la Paix.
Je tiens à vous féliciter pour votre volonté de préserver les générations futures et maintenir la question de la Paix au centre des préoccupations des plus hautes instances.
Anne Hidalgo, maire de Paris
Forme des vœux chaleureux pour le succès de ces Etats Généraux de la Paix et vous prie de transmettre aux personnes présentes son bien cordial salut.
Daniel Guédras, adjoint maire de Senlis (60)
Soyez assuré que nous partageons pleinement ces valeurs de paix.
28 - LEE RÉ RÉV RÉVEIL É EIL - N° 844 - MAI 2018
Soutient de tout cœur votre initiative.
Laurianne Rossi, députée 92
Je tiens à saluer votre initiative et à vous remercier chaleureusement de votre invitation. Je tiens néanmoins à vous assurer de ma mobilisation au sein de la représentation nationale, au service de la construction de la paix mondiale.
André Frizzi, conseiller municipal de Cannes (06) Très sensible à votre démarche, je vous propose d’en informer nos associations patriotiques locales.
Joeuf (54), André Corzani, maire dedépartemental il vice-président du conse un engagement permanent et
sion et vivent s en faveur de la paix est La recherche de solution ions du monde sont encore et toujours sous ten puissances occidentales ne rég des es s ent ion fér act dif les et car l itique portement un enjeu capita es. Par ailleurs, le com ant jouer le jeu complexe de la stratégie géopol et de dangerosité extrêm un quotidien de misère les risques d’embrasements et de conflits, préfér édiatement profitables. à er er, le 21 avril prochain qui leur sont plus imm concourent pas à atténu et protéger des intérêts i pris connaissance de votre décision d’organis population est capable. j’a notre ilité toute particulière que on et la conviction dont ent de C’est donc avec une sensib la Paix. Je m’y associe avec toute la déterminati t d’autant plus précieuses qu’elles nous permett de son s aux tion nér ven Gé ts inter Eta Paris, les ARAC et vos fait partie de l’ADN de l’ ndre notre monde et d’œuvre collégialement Le combat pour la paix mieux compre e les peuples. tuelle et au respect entr à la reconnaissance mu tions des conflits armés qui toujours détruisent ver nos généra . Il faut absolument préser sans jamais rien résoudre pour relayer votre heureuse ent em ag eng in ple mon sur . Vous pouvez donc compter au quotidien sur notre Territoire pour la paix initiative et agir,
Jean-Philippe Gautrais, maire de Fontenay-sous-Bois (94)
Cent ans après la fin de la guerre 14-18, construire la paix dans le monde et au quotidien demeure un enjeu crucial. Il est essentiel de travailler ensemble, à ce que la tolérance prenne le dessus sur les divisions et les guerres, et à rendre possible l’égale dignité des êtres humains, quelles que soient leurs origines, leurs conditions, leurs convictions. Le moteur de la gouvernance mondiale ne devrait pas être l’intérêt économique et les enjeux de rapport de force mais le respect, la dignité, et le bien-être des peuples. Nous partageons les objectifs de l’ARAC et sommes ravis de travailler régulièrement avec vous, à la promotion de la tolérance, de la solidarité, de la mémoire et de la paix. Je souhaite également redire notre volonté d’enrichir notre partenariat à travers de nouvelles formes d’action. Je tiens à saluer votre décision d’organiser des Etats Généraux de la Paix, tant il est nécessaire d’échanger entre acteurs sur les bonnes pratiques, d’établir des plans d’action et d’élargir nos réseaux.
Gisèle Coyac, adjointe au maire de Vertou (44)
Je vous remercie pour cette invitation mais je ne pourrai me rendre à ces Etats Généraux de la Paix. J’ai le plaisir de vous informer que la ville de Vertou contribue par ses actions à la célébration de la Paix. En partenariat avec les associations patriotiques dont l’ARAC, et avec les scolaires pour soutenir le devoir de mémoire et contribuer ainsi à « préserver les générations futures du fléau de la Guerre ». Je vous souhaite la pleine réussite de votre événement.
François Ouzilleau, maire de Vernon (27)
Gérard Dériot, Claude Malhuret, sénateurs de l’Allier
La ville de Nantes partage largement les objectifs de l’ARAC, afin de construire un monde de paix pour les futures générations. En cette période troublée où nous allons commémorer la fin de la Première Guerre Mondiale, la paix est plus que jamais nécessaire.
ns secoué de cris un monde de plus en plus es com ou économique démographiques, environne plexe, s, mentales par cou ru par des qui le fr dépassant cell acturent, des intérêts puissa lignes de forces e de nombreux nts et des force Etats, tou s paix est bienve te initiative en faveur de la Chacun à son nu e. niveau, les ac teurs publics appor qu sous la forme ter notre pierre à cet éd e nous sommes devons ifice, l’ARAC d’ Et ats Généraux soutien la vill de la Paix aux e de Wittenhe quels j’app im et de sensibili en effectuant un travail de orte mon sa mémoire tion aupr générations qu i devront repr ès des jeunes en et choisir de dre le flambe Permettez-moi construire un monde de pa au ix. de vous adress er de pleine réus site pour votr tous mes vœux puisse-t-il fair e événement : e notre cause comavancer mune.
Nicole Langel, adjoint au maire de Sens (89)
Je ne pourrais pas être présente, retenue par d’autres obligations. Je vous souhaite cependant des échanges fructueux et je vous renouvelle mes remerciements pour votre invitation.
Sylvain Dalla Rosa, conseiller municipal Charleville-Mézières (08), conseiller communautaire
Je m’associe à la démarche de l’ARAC qui organise le 21 avril à Paris, des « états généraux de la paix ». Pour un département comme les Ardennes cette question est particulièrement sensible. Elle touche un territoire qui à travers les siècles a été fortement éprouvé par les guerres. Dernière épisode guerrier en date c’est, en 1940, la percée par les Ardennes de l’armée allemande. Je condamne toutes les escalades guerrières comme on vient de le voir en Syrie. Il est indispensable que notre pays, fidèle à sa tradition, soit une force de paix au sein de l’ONU. Le respect des résolutions de l’organisme international doit être notre combat que ce soit en Syrie, en Palestine ou au Yémen. C’est l’honneur de l’ARAC de porter ce combat pour la paix.
Votre volonté de faire exprimer la Paix est une valeur partagée par notre commune.
Comme vous, nous partageons toutes les initiatives qui consistent à développer la paix dans le monde et nous comprenons parfaitement l’organisation de ces états généraux. Vous assurant de notre soutien dans cette action et vous souhaitant pleine réussite à cette manifestation.
Johanna Rolland, maire de Nantes (44)
Antoine maire de Witt Homé, enh conseiller rég eim (68), En effet, da ional
maire de Malakoff (92), Jacqueline Belhomme, e Sud Grand Paris amitié. vice-président Vallé ut fraternel et toute son
sal haite vous apporter son 100 ans pour l’amitié et la solidarité entre les La ville de Malakoff sou uis dep vre œu s nes ant amment auprès des jeu s des Anciens Combatt L’Association Républicaine ticipe au devoir indispensable de mémoire, not e pays. peuples. Elle par qui sont l’avenir de notr du réseau des maires pour la paix souhaite, re mb me e vill , off e les peuples lak rôle afin que la paix entr me et cultive la paix. Ma Elle lutte contre le fascis ticulier, que l’ONU joue enfin pleinement son dans le contexte actuel par renaisse et perdure. eurs de la paix, ements respectifs aux val ach att nos vec a qu’ e ncu fins. Je suis convai nous parviendrons à nos
Michel Dolot, Mouvement de la Paix des Bouches du Rhône
Se félicite de votre initiative « les états généraux de la paix » du 21 avril 2018. Notre organisation nationale sera présente à Paris. Nous souscrivons au texte « faisons la paix ensemble ». Avec vous, nous savons que nos anciens, non contents d’avoir terrassé le fascisme, nous ont légué, tant au plan international, avec la Charte des Nations Unies et la déclaration universelle des droits de l’homme, qu’au plan national, avec les principes retenus dans le programme « les jours heureux » du CNR, des outils qu’il nous appartient d’utiliser, de défendre et de renforcer pour empêcher les guerres. Bonne réussite aux états généraux de la paix. LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 22018 018 - 29 018
2 autres villes ont pris la décision de faire voter à partir du message « Faisons la paix ensemble » des vœux lors de leurs conseils municipaux : Vitry-en-Artois (62), Saint-Germain-du-Puy (18).
, François Rebsamen 1), maire de Dijon (2 d Dijon président duntérêgrt an qu’il porte, avec son
Christian Monteil, Président conseil départemental Haute-Savoie
Patrice Valadou, maire de Forêt-Fouesnant (29)
La commune de la Forêt-Fouesnant, représentant la collectivité humaine de ses habitants, apporte son soutien moral à l’initiative de l’ARAC d’organiser les Etats Généraux de la Paix. Un certain nombre d’enfants de la Forêt-Fouesnant ont été victimes des deux grandes guerres et des guerres de décolonisation.
J’ai pris connaissance avec le plus grand intérêt des arguments mentionnés dans votre correspondance. Le devoir de Jean-Pierre Blanzy, l’i mémoire est une volonté forte de notre collectivité, apporter Vous confirme tout zabeth Revel, adjointe Eli un con cou rs financier à différentes op ération s dans le mair e de Gonesse (95) et il vous confirme cadre des commémorations de la Première Je tiens à saluer votre initiative, alors que à votre association t son soutien. Guerre Mondiale. qu’il y apportera tou pleine les tensions internationales sont vives, que Oucine Benchouyeb, Je vous souhaite Volonté départementale d’être un acteur majeur de la le repli nationaliste se développe en Europe président de France/ réussite. promotion et de la préservation de la Mémoire en et que les démonstrations de xénophobie se Haute-Savoie, et nous privilégions, El Djazaïr multiplient, l’engagement pour la paix de de fait, une logique de territoire. l’association des anciens combattants, des L’association France/El Djazaïr continue combattants pour l’amitié, la solidarité, la de souhaiter qu’un traité mémoire, l’antifascisme et la paix constitue Simone Mariotte, présidente de de paix et d’amitié soit conclu entre l’ANACR 71 un message fort. L’ANACR 71 s’associe plei l’Algérie et la France et s’associe de l’ARAC dans le cadre de la tenu nement et soutient la démarche courageuse Localement, l’ARAC est une à l’ i nitiative de l’ A RAC pou r e des Etat s Gén éraux de la L’ANACR comme l’ARAC, a toujou association active. Avec l’espoir la paix dans le monde. rs défendu la paix entre les peu Paix, à Paris, le 21 avril 2018. ples pour du monde. Aux côtés de l’ARAC, que les Etats Généraux et avec tous ceux qui veulent que un développement harmonieux et que vivent dans l’honneur et san cess de la Paix soient un succès. s peur du lendemain tous les peu ent le bruit des armes ples du monde, l’ANACR se lève et proclame : Faisons la paix ensemble. Carole Grelaud,
Alain Claeys, maire de Poitiers (86) et Président du Grand Poitiers
Je tiens, par ce message, à exprimer mon attachement profond aux valeurs que défend l’ARAC. Votre initiative d’organiser des Etats Généraux de la Paix est louable en tous points. L’Homme apprend peu, tout du moins pas assez, du passé. Comme vous le rappelez justement, imposer la paix est un combat quotidien qui suppose de s’attaquer aux inégalités, à la misère, aux injustices et à la faim dans le monde. Votre association affirme son attachement à l’ONU. Bien évidemment j’abonde dans votre sens car il ne peut y avoir de paix mondiale sans un arbitre qui réunit autour d’une même table tous les acteurs de la planète. Et j’ose croire que ses valeurs de tolérance, de respect et d’amitié entre les peuples permettront d’ajouter un peu plus de mesure et d’humanité dans les grandes décisions qui décident de l’avenir du monde.
Nathalie Frier, maire de Saint-Fons (69)
Souhaite vous affirmer son attachement aux démarches de paix et de devoir de mémoire, en cette année du centenaire de la fin de la 1re Guerre Mondiale.
maire de Coueron (44), conseillère départementale
Considérant comme votre organisation « que la question de la paix demeure un enjeu majeur pour l’avenir des peuples, des nations », vous avez mon soutien sans réserve ainsi que celui du conseil municipal de Couëron quant à votre initiative d’organiser des états généraux de la paix le 21 avril 2018 à Paris. Notre partenariat pérenne avec votre section couëronnaise atteste du partage des mêmes valeurs pacifiques. Le 19 mars dernier, au cours de la cérémonie, j’ai également apprécié l’intervention de votre président de section, Monsieur Michel Lucas. Aussi, soyez assuré que notre ville soutiendra les initiatives prises par les associations d’anciens combattants, dont la section locale de l’ARAC. Une subvention municipale exceptionnelle participera au financement du déplacement de votre délégation poreuse de notre message de soutien. Vous souhaitant d’ores et déjà plein succès.
Jean-Paul Dufrègne, député 03
Gisèle Jourda, sénatrice 11
Je soutiens votre initiative car il n’y a pas de plus bel engagement que
Très attachée à ce que la paix demeure tant dans l’espace européen que dans l’espace international en tant que sénatrice de l’Aude, j’ai à cœur de défendre l’aspiration profonde qu’ont les hommes et les femmes de toutes les couleurs et de tous les pays à vouloir vivre en paix.
d’œuvrer pour la paix, et de plus noble combat que de lutter contre la guerre, cette « Berceuse du chaos où le néant oscille » comme l’écrivait Victor Hugo.
Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau les Mines (71) C’est naturellement, vous vous en doutez, que je réponds favorablement, au nom de la ville de Montceau les Mines, à cette demande. Vous connaissez l’attachement de la ville de Montceau les Mines au monde combattants et, plus généralement au souvenir de celles et ceux qui ont payé si cher, souvent de leur vie, la liberté. Notre liberté. Montceau les Mines est une ville médaillée de la Résistance. Les commémorations nous rappellent que la liberté, l’égalité et la fraternité, mais aussi la démocratie et la Paix ont un prix : celui de ces générations entières qui se sont battues pour elles. Si le XXe siècle fut un siècle de progrès prodigieux, comme jamais l’humanité n’en avait connus, il fut aussi celui des malheurs immenses. Je forme donc des vœux pour la réussite de ce rendez-vous autour de la Paix et de la liberté des femmes et des hommes. Une liberté qui, si nous n’y prenons pas garde, trouvera toutes les excuses pour s’éloigner de nos peuples. Restons donc vigilants et ambitieux pour cultiver ces valeurs de Paix et de liberté sur lesquelles, je le sais, nous pouvons nous retrouver. Et au-delà. « La paix est une création continue », écrivait Raymond Poincaré. Alors au travail encore et toujours ! 30 - LEE RÉ RÉV RÉVEIL É EIL - N° 844 - MAI 2018
Christine Bost, maire d’Eysines (33), 1re vice-présidente conseil départemental de Gironde Si je devais donner une définition à la paix, j’emprunterais celle de Spinoza « la paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice. » La paix est un bien commun. Parce que les valeurs qui la sous-tendent sont universelles – les droits des hommes, la démocratie, la culture, l’éducation, la fraternité, la solidarité, la justice, elle est l’affaire de tous. La paix est une recherche permanente. Je suis convaincue qu’elle reste un acte volontaire. La volonté avant tout d’un vouloir vivre en commun. Que nous manque-t-il aujourd’hui ? Sans doute une conviction sincère qui se traduise jour après jour dans le quotidien, dans l’action publique. Les valeurs humanistes de notre République sont notre force précieuse. Notre avenir sera paix et fraternité à la seule condition qu’elles soient partagées par toutes les générations. C’est la raison pour laquelle dans un Etat laïc et républicain comme le nôtre, l’engagement doit être citoyen. C’est sans aucun doute essentiel de se rappeler chaque jour la fragilité de notre paix. Elle vit, elle se construit, se travaille au quotidien dans nos relations à l’autre, dans la tolérance et le respect des différences. Je reste animée par la conviction profonde qu’il nous faut affirmer sans relâche notre force collective dans l’attention aux autres. En tant qu’élus, il est de notre responsabilité de créer des territoires généreux, capables de placer l’homme au cœur de leurs préoccupations, d’organiser l’échange, le partage et de faire prospérer les fruits de la fraternité. La paix c’est d’abord un engagement concret dans nos quotidiens.
Marietta Karamanli, députée 72 Vous rappelez très justement le préambule de la Charte des Nations Unies qui dès 1945 entendait préserver les générations futures, force est de constater que ce message est toujours aussi poignant de vérité et d’actualité. Je partage cette idée que c’est dans la paix que la prospérité des peuples s’opère, dans la solidarité que les valeurs d’humanité et de respect se révèlent. Œuvrer pour la paix, c’est œuvrer pour l’égalité de tous dans le respect de chacun. Célébrer le centenaire de la fin de la guerre, c’est un devoir de mémoire et de reconnaissance envers ceux qui ont œuvré à la paix dans le monde, à ce combat de tous les jours et de tous les instants. Je vous remercie pour ces actions de mémoire et ce combat.
Fabien Roussel, député du Nord
Il s’appelle Raphaël, humble pay san du Berry, grelottant dans la au milieu de ses camarades. Cha forêt d’Argonne, que jour, il envoie une lettre à pour conjurer le sort. Pour lui Eugénie, son épouse, assurer que tout va bien, quand la mort au contraire siffle à ses requiem. Il repense à son fils, Maur oreilles un lancinant ice cinq ans, qui ne remontera Raphaël est tué d’une balle en plei jamais sur son dos. Le 4 décembre 1914, n front, en sortant de la tranchée. Son Le maintien de la paix doit plus corps, comme celui de tant d’autres poilus, ne sera jamais retr que ouvé. jamais nous mobiliser. du siècle le plus meurtrier de l’his toire. Mais aussi au nom des gén Au nom des millions de vies sacrifiées au cours érations futures, auxquelles doi la guerre, « ce mal qui déshonor t à tout prix êtr e le gen Le monde d’aujourd’hui aborde re humain », comme l’écrivait Fénelon dans son Dialogue des e épargnée morts. son chapitre le plus dangereux depuis des décennies. Même dan les sociétés en paix, comme la nôtr s e, la politique de la peur mène à des simplifications dangereuse et à la démagogie. « L’Humanité s devra mettre un terme à la guerr e, un terme à l’Humanité », nous prévenait John-Fitzgerald Kenn ou bien la guerre mettra edy, le 25 septembre 1961 dans un discours prononcé aux Nation Face à tous ses périls, soyons unis s unies. Ecoutons le message. dans le refus de la haine. Il n’y a pas d’autre issue.
Danielle Dar, première adjointe maire de Besançon (25), Jean-Luc Moudens, maire de Toulouse (31), André KLEI, maire de Savenay (44), Benoit SIMIAN, député 33, Christelle Morançais, présidente du conseil régionale des pays de la Loire (42), Carole Delga, Présidente de la région Occitanie, Sylvie Carrega, conseillère départementale, adjointe au maire de Marseille (13), Monsieur Beneventi, maire d’Ollioules (83), Martial Saddier, député de la Haute-Savoie, Denis Thuriot, maire de Nevers (58) et Corinne Mangel, adjointe, Lionel Quillet, premier vice-président du département 17, Jean-Louis Chardonneau, maire de Bruxerolles (86), François Zocchetto, maire de Laval (53), Sébastien Leroy, maire de Mandelieu (06), Gérard Longuet, sénateur, Marie Rucinski-Becker, vice-présidente et Jean-Bernard
Miglioli, conseiller département de Draguignan (83), Line Malric, conseillère départementale de Blagnac (31), Fatiha Aggoune, vice-présidente en charge de la jeunesse, conseil départemental 94, Christophe Choserot, maire de Maxéville (54), Natacha Bouchart, vice-président conseil régional 92, Jackie Pierre, sénateur des Vosges, Pascale Boyer, députée Hautes-Alpes, Catherine Desprez, maire de Surgères (17) et Vice-Présidente du Département, le groupe Ensemble d’Ile de France, Fabienne Padovani et Vincent Danis, conseil départemental 44, Frédéric Leturque, maire d’Arras (62), Charles Girardin, conseiller régional Centre Val de Loire, Richard Mallié, maire de Bouc Bel Air (13), Pascal Brindeau, maire de Vendôme (41), Sophie Taillé-Polian, sénatrice 94, Dominique Gros, maire de Metz
Marie-Hélène Amiable, maire de Bagneux (92)
« Il n’y a pas de paix sans justice,
ni de justice sans paix » disait Martin Luther King en 1965. Cette affirmation reste hélas d’une grande actualité, que l’on parle de la France ou de notre planète. Les inégalités se creusent, tandis que les riches n’ont jamais été aussi riches. Preuve en sont, par exemple, les 40 milliardaires que compte notre pays, pendant que dans la cinquième puissance du monde, un million d’enfants vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Ces injustices se doublent d’un commerce accru des armes auquel la France participe activement, en se classant au troisième rang des marchands. Si la voix des communes peut sembler modeste face à de tels défis, je crois qu’elle peut en tout cas avoir une grande portée. La paix a besoin de toutes et tous, et pas seulement quand la menace de guerre est la plus forte. Les villes peuvent y contribuer. Bagneux entend être de ce beau combat d’avenir.
Marc Vuillemot, maire de la Seine-sur-Mer (83)
Espérant poursuivre de vertueuses relations avec l’ARAC. Localement, les collectivités territoriales ont la mission de contribuer à l’émergence d’une culture de paix dans tous les champs de compétences qui leur sont attribués dans une démarche citoyenne. Nous partageons ce souhait de favoriser sur notre territoire le développement d’une conscience mondiale et d’encourager cet effort collectif afin de rendre audible ce vœu de paix. Afin de concrétiser cet élan et de déployer une gestion locale autour de la culture de paix, la ville de la Seyne Sur Mer s’engage à adhérer à l’association française des communes, départements et régions pour la paix à compter de juin 2018. Nous nous associons ainsi avec enthousiasme et conviction à cette volonté de façonner la paix entre les peuples dans une dimension solidaire et non conflictuelle. Tel est le sens de notre contribution à ces Etats Généraux : déclarer la Paix en paroles et en actes.
LE RÉVEIL - N° 844 - MAI 22018 018 - 31 018
JEAN MOULIN Fondateur du conseil national de la résistance le 27 mai 1943
Extraits : Né le 20 juin 1899 à Béziers, Jean MOULIN avait 44 ans, lors de son arrestation le 21 juin 1943 à Caluire, près de Lyon. Emprisonné à Montluc, il est torturé par l’abominable criminel nazi Klaus BARBIE, puis transféré à Paris au siège de la gestapo. Il supporta tout. Livré à ses bourreaux, pouvait-il penser à autre chose qu’à la France et à son avenir, l’indicible fut atteint,… de ses lèvres ne sortit aucun mot ! Mi-juillet 1943, jeté par ses bourreaux dans un wagon en partance pour l’Allemagne. Ses cendres reposent au Panthéon, aux côtés des « Grands » de notre Histoire. Qui était Jean MOULIN ? En quoi ses vertus retiennent exemplarité ? Nommé Préfet d’Eure et Loir en 1939, il reçoit l’ordre du Commandement allemand arrivé à Chartres le 17 juin 1940, de signer un texte attestant de la mauvaise conduite de troupes coloniales françaises. Jean MOULIN refuse. « Et pourtant, écrira-t-il, plus tard à sa mère, je ne pouvais pas signer. Mais je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger ». Soigné, il est révoqué par Vichy le 2 novembre 1940. Il gagne Londres en octobre 1941 et offre ses services au Général de GAULLE qui n’est encore pas reconnu par les ÉtatsUnis d’Amérique. Pour ROOSEVELT il n’est que le Chef des « Français Libres », c'est-à-dire de la seule Résistance extérieure. Jean MOULIN reçoit mission de rassembler toutes les Forces de la Résistance opérant sur le sol national. Le but est de placer la France et son Peuple aux côtés et à égalité de ses Alliés. Jean MOULIN parviendra à mener à bien cette charge décisive… C’était le temps où se manifestait par la lecture d’affiches bilingues, l’exécution de Patriotes que la population dénommait « les Résistants »… Il y a 75 ans, le 27 mai 1943, dans Paris occupé depuis 3 ans, quadrillé par l’armée nazie les représentants de 8 Mouvements de Résistance, de 6 Partis politiques résistants et des 2 Centrales syndicales clandestines (CGT et CFTC) se réunissaient dans la capitale, 48 rue du Four, 6e, autour de Jean MOULIN, initiateur de cette rencontre qu’il présida. A l’issue de cette réunion allait naître sous la Présidence de
Jean MOULIN et l’autorité du Comité National Français présidé par le Général de GAULLE, le Conseil National de la Résistance, acte capital puisqu’il coordonnait dans le combat commun, au sein des FFI, toutes les forces de la Résistance nationale, jusque-là dispersées. Il était clair pour les Résistants, que l’engagement ne pouvait se limiter à la Libération du sol national. Il devait obligatoirement, après la Victoire, rechercher, non seulement le retour de toutes les avancées sociales du Front Populaire supprimées par Vichy mais aussi l’institutionnalisation de droits nouveaux pour le peuple. Le Programme du Conseil National de la Résistance publié en mars 1944, établissait, dans le droit-fil de l’égalité républicaine : le droit à une retraite digne pour tous, la Sécurité sociale, le droit aux soins médicaux, les nationalisations des grands monopoles industriels et financiers, les Comités d’Entreprises, etc. s’appliquait dans le cadre d’une France ruinée, où tout était à reconstruire, à créer. Il dessina les contours d’une France rénovée, d’une France démocratique sur les plans politiques, économique et social. Il permit de redresser économiquement le pays, d’affirmer son indépendance nationale : des avancées qui forment encore aujourd’hui le socle de notre protection sociale. 73 ans après la victoire des peuples et des armées alliées le 8 mai 1945 sur la barbarie du nazisme et des fascismes, alors que le monde connaît toujours la guerre, l’oppression, que les héritiers des idéologies criminelles vaincues en 1945 relèvent la tête, ces valeurs pour lesquelles luttèrent les Résistants, cette aspiration dont ils furent porteurs restent plus que jamais d’actualité. C’est pour assurer la nécessaire transmission aux jeunes générations de ces valeurs, répondre à leur besoin de connaissance, de repères et de mémoire que cette commémoration du 27 mai 1943 est le moment privilégié, de respect et de reconnaissance due à Jean MOULIN, à la place de la Résistance dans l’Histoire contemporaine de notre pays, aux Résistantes et Résistants tombés pour la France, pour la Liberté, l’Égalité, la Fraternité. D’André MALRAUX, cette conclusion du discours qu’il prononça le 19 décembre 1964, rendant hommage à Jean MOULIN à l’occasion du transfert de ses cendres au Panthéon : « Écoute aujourd’hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le chant du malheur. C’est la marche funèbre des cendres que voici. A côté de celles de CARNOT avec les Soldats de l’An II, celles de Victor HUGO avec les Misérables, celles de JAURÈS… qu’elles reposent avec leurs longs cortèges d’ombres défigurées. Aujourd’hui, jeunesse, pourrais-tu penser à cet homme, comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre figure informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé. Ce jour là, elle était le visage de la France. » Gabriel GUICHE Chevalier de Légion d’Honneur Croix du Combattant volontaire 39/45 et de la Résistance