UKRAINE, WASHINGTON JOUE AVEC LE FEU
240 FOIS LE SMIC
DOSSIER ONU
Février 2015 - N° 810 - 5 € www.le-reveil-des-combattants.fr
Face aux conflits qui ensanglantent le Monde
L’ONU, une FORCE irremplaçable pour la paix, l’indépendance et la souveraineté des peuples
Pour penser l’avenir : redonnons à l’ONU toute la puissance nécessaire
PRÉAMBULE DE LA CHARTE :
« Nous, peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui, par deux fois en l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances. »
LE RÉVEIL MÉMOIRE
La France s’est abstenue lors du vote à l’ONU de la résolution contre la glorification du nazisme présentée par la Russie Ne pas mépriser les initiatives diplomatiques russes, c’est l’intérêt de la France Dans une lettre ouverte à monsieur le Président de la République du 30 janvier dernier, cinq résistants(*) demandent, à juste titre, de modifier sa position et d’ajouter la signature de la France, à celle des nations ayant déjà soutenu la résolution de la Russie. Extraits : « Le fascisme est partout renaissant en Europe »… « des forces obscures très puissantes utilisent le néonazisme comme vecteur idéologique de leur émancipation nationale et de leur souveraineté territoriale. Dans ces milieux et au-delà, la crise ukrainienne, politiquement et diplomatiquement surexploitée pour dénigrer la Fédération de Russie, sert de prétexte à de multiples tentatives de réhabilitation du IIIe Reich, en particulier dans les pays baltes où les monuments commémorant la victoire de 1945 sont régulièrement profanés, avec la complicité passive ou explicite des gouvernements concernés. » « L’occident n’est nullement à l’abri de ces très dangereux débordements »... « l’Union européenne tolère, en son sein, des formations qui ont pu impunément envoyer au parlement plusieurs députés »… « Quoique nazis autoproclamés ». « Face à cette situation, la Russie soumet tous les ans, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, une résolution appelant à ne pas admettre « cette glorification des nazis et de leurs acolytes qui, en brandissant des croix gammées et en défilant le bras tendu, font ouvertement l’apologie de la xénophobie et de la supériorité raciale. » 2-
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Hélas, les Etats-Unis, le Canada et les îles Marshall votent systématiquement contre ce texte et l’Union européenne – dont la France – qui paraît en l’occurrence renouer avec le funeste esprit de Munich, choisit de s’abstenir. Opposants et abstentionnistes allèguent… le respect de la liberté d’expression pour justifier leur décision ! Lamentable et périlleuse attitude qui peut s’interpréter comme un blanc seing délivré aux mouvements fascistes pour poursuivre leurs criminelles activités… »
Les signataires rappellent fort opportunément : « Il n’est pas acceptable que les initiatives russes sur le plan diplomatique soient ainsi méprisées. L’énorme tribut payé par l’ex-URSS durant la Deuxième guerre mondiale l’interdit moralement. Faut-il rappeler qu’à la date du jour J, le 6 juin 1944, la Wehrmacht était partout en déroute sur le front de l’est et qu’Hitler avait donc, déjà, perdu la guerre ? Sans les victoires de Moscou, Stalingrad et de Koursk – principales défaites militaires nazies – le monde n’aurait jamais pu s’affranchir du fascisme ni l’Organisation des Nations Unies voir le jour ? »
Ils précisent et alertent que : « La France qui, comme membre permanent du conseil de sécurité, y dispose d’un droit de veto, ne doit pas oublier l’histoire et ses enseignements. Elle ne doit pas oublier les responsabilités que lui confère le fait
d’avoir pu, en 1945, s’asseoir à la table des vainqueurs. Elle ne doit pas oublier que sans la Résistance, sans l’engagement personnel du général de Gaulle… Les principes de la France repris et exaltés par le Conseil National de la Résistance, font que notre pays ne doit pas se taire et doit se joindre au combat contre la renaissance du nazisme, c’est-à-dire en fait défendre ses valeurs. Valeurs que vous avez invoquées lors de vos multiples interventions publiques, en particulier lors de la commémoration des débarquements en Normandie et en Provence. Il vous appartient donc de rompre, en tant que chef de l’Etat, avec la prudence coupable et veule d’une Europe dont l’inconsistance en politique étrangère ne cesse d’altérer le rayonnement… »
* Armand Conan, résistant, membre du Comité Départemental de Libération du Morbihan René Jassaud, résistant, ravitailleur du maquis « Camp Robert » (Var) Colette Lacroix, résistante, membre du réseau SOE « Pimento » (Ain) Antoine Payet, résistant, membre du groupe de « Saint Fons » (Rhône) Paul Raybaud, résistant, membre du maquis « Camp Robert » (Var)
ÉDITO LE RÉVEIL
REFUSER L’ESCLAVAGE ET CONSTRUIRE L’AVENIR DE NOS ENFANTS
SOMMAIRE Actualités Alerte de la Fondation Abbé-Pierre ............................................ 4 Signe de la baisse du pouvoir d’achat ......................................... 5 Rémunération “240 fois le SMIC”.............................................. 5 Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ......................................................... 6 Coupe du monde de football 2022 au Quatar : déjà 1 400 ouvriers morts sur les chantiers ................................. 7 22 et 29 mars 2015 : élections départementales ......................... 8 Hommage aux victimes des attentats de janvier 2015 ..............24 International Kobané libérée : une victoire du peuple ...................................... 9 Proche-Orient : quelle stratégie ? ..............................................10 Après les attentats, faut-il craindre pour nos libertés................10 Ukraine : Washington joue avec le feu .....................................11 Vos droits Modernisation, simplification. Que cache ce vocabulaire ........21 Contraindre le gouvernement à entamer le débat sur le retard de la valeur du point PMI......................................22 Un placement idéal et la palme de la honte ..............................22 Commission nationale de la carte du combattant. Bilan 2014..................................................................................23 En Essonne, un petit monsieur aux cheveux blancs s’en est discrètement allé ........................................................................23 Vie de l’ARAC Vie des comités ..............................28 Nos peines..................................... 31 Magazine P. 31
P. 13 . D O S S I E R
ONU Ce numéro comporte un encart “4 pages supplément ARAC””
www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr
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out se passe comme si les peuples devaient se soumettre à la loi divine de la finance. Pourtant dans le monde, des peuples se lèvent pour plus de démocratie, de droit, de liberté, de souveraineté. La seule réponse qui leur est donnée, c’est le bruit des bottes, le bruit des armes, les menaces et les sanctions. C’est vrai en Afrique, au Proche et Moyen Orient, en Europe où l’on cultive la violence afin de déstabiliser les états. L’objectif, répondre aux appétits de la finance qui pour faire perdurer son monde veut redécouper la planète et mettre les peuples en esclavage. Il existe pour cela l’OTAN que l’on retrouve en Europe, dans l’invasion de l’Irak, de l’Afghanistan, dans les bombardements de Lybie, de Syrie. Quand un peuple résiste, il se heurte à l’OTAN. A chaque fois cela conduit à un recul de civilisation, à la pauvreté, à la montée des extrémismes. Quand la paix américaine s’impose, les seuls gagnants sont les grands monopoles occidentaux. Ne pensons pas que cela ne touche que les autres. La guerre, celles des canons frappe aux portes de l’Europe avec l’Ukraine. Celle de la troïka, l’austérité frappe la Grèce, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la France, etc. La politique d’austérité érigée en dogme dans tous les pays d’Europe conduit à la pauvreté. Tout est fait pour que les familles vivent dans la précarité, la crainte, la peur du lendemain. Tout est fait pour que le rideau tombe sur l’espoir. Cette politique est une machine de guerre idéologique pour empêcher les peuples d’exprimer leurs aspirations à plus de démocratie. Elle maintient un climat visant à empêcher les luttes, la prise de conscience des véritables enjeux. C’est pour cela qu’il faut redonner toute sa place à l’ONU pour permettre de nouveaux rapports entre les peuples. C’est pour cela que l’exigence de souveraineté, élément essentiel de la démocratie, doit être au centre des choix politiques. Seul un peuple souverain peut décider des choix qui portent et forgent son avenir. Seuls des peuples souverains peuvent décider des formes et des coopérations nécessaires à mettre en œuvre pour construire un avenir, un projet commun comme l’Europe. Je reprendrais l’expression d’un ami : « Voulons-nous vivre libres ou acceptons-nous le joug ? ». Tout cela demande de la volonté et du courage dans l’action, mais l’avenir des valeurs républicaines auxquelles nous tenons, l’avenir des générations futures en dépend. Alors debout ! Patrick Staat LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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Alerte de la fondation Abbé-Pierre « Les inégalités touchent de manière dramatique le logement des familles » Impayés de loyers Décisions de justice
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Infographie LE FIGARO Les chiffres alarmants qui s’alignent dans les 300 pages du rapport publié par la Fondation Abbé-Pierre nous alertent sur la situation de notre pays. À l’heure où fleurissent les discours sur la fraternité et le vivre-ensemble, on mesure ici l’étendue de la tâche. Il n’y a pas qu’en politique que les extrêmes se développent… Que dire d’une société où 10 % de la population possèdent la moitié du patrimoine immobilier et où 3,5 millions de personnes sont sans logement ou hébergées dans des conditions précaires ? Le nombre de sans domicile fixe a explosé, des familles dorment dans des abris de fortune, d’autres s’entassent dans des taudis vétustes. Ces chiffres alarmants mettent en évidence pour la Fondation les « manques criants de réponse à leurs besoins et à des labyrinthes institutionnels froids ou 4-
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nationale, la politique du logement doit être placée au cœur de cette reconstruction sociale que tout le monde appelle de ses vœux. Elle se doit d’être en phase avec la réalité des salaires, de l’exclusion et des fragilités qui minent notre société. L’offre ne correspond plus à la demande. L’État a son rôle à jouer dans l’impulsion des politiques d’aides à la construction. La construction de logements sociaux dans des zones ciblées, le développement d’une économie sociale favorisant le retour à l’emploi au cœur des quartiers sont autant de leviers. Or depuis 2010, l’engagement de l’Etat ne cesse de baisser, comme le montre le graphique, pour se retrouver aujourd’hui en dessous de 2003. L’appétit de solidarité nationale et de fraternité démontrée dans la rue, le 11 janvier, ne doit pas rester lettre morte. Le toit est l’affaire de tous. Si l’on considère que la pauvreté et l’exclusion sont le terreau des idées radicales, alors rappelons-nous cette phrase prémonitoire de l’abbé Pierre : « Si demain on nous déclarait la guerre, on saurait trouver l’argent pour la combattre. Alors déclarons maintenant la guerre aux inégalités. »
kafkaïens, oubliant que derrière chacun de ces millions de ménages, il y a des enfants, des femmes, des vieillards, des hommes, tordus de souffrance et de peur du lendemain, quand ce n’est pas du soir même ». L’explosion du chômage, l’apparition des travailleurs pauvres et des classes moyennes inférieures basculant dans la précarité sont venues bousculer et saturer les aides et les droits mis en place. La demande en logements sociaux explose, le standard du 115 surchauffe et le droit au logement opposable patine. Le monde de l’immobilier, lui, vit encore au rythme des Trente Glorieuses. Le coût des loyers, le montant des salaires et les garanties financières exigées sont désormais à mille lieues de la réalité économique. Notamment pour les plus jeunes qui peinent à décrocher des emplois stables et correctement rémunérés. Les filets de sécurité mis en place, il y a trente-cinq ans, pour les personnes en grande difficulté craquent de toute part. La tentation est grande de s’évertuer à les réparer, de gérer plus ou moins bien l’urgence sans s’attaquer aux causes profondes. Au même titre que l’Éducation
Les dépenses publiques en faveur du logement En % du PIB
1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0 2003
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« LES ÉCHOS » / SOURCE : FONDATION ABBÉ PIERRE
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Signe de la baisse du pouvoir d’achat Livret A : Les retraits dépassent les dépôts de 1,25 milliard d’euros en novembre A l’évidence, les détenteurs d’un livret A – c’est-à-dire 3 Français sur 5 – puisent dans leurs réserves pour faire face à la baisse des salaires et des pensions. Il est vrai que le Livret A souffre depuis le 1er août 2014 d’une rémunération historiquement basse — à 1 % sous prétexte de la faiblesse de l’inflation — mais cela ne suffit pas à expliquer que leurs détenteurs aient effectué, pour le septième mois consécutif, davantage de retraits que de dépôts en novembre, à hauteur de 1,25 milliard d’euros, selon des données publiées mardi par la Caisse des dépôts. Les mois de septembre, octobre et novembre sont, d’ailleurs, traditionnellement difficiles pour ce livret puisque, à cette période, les épargnants ont ten-
dance à puiser dans leurs économies pour faire face aux dépenses de rentrée, au paiement des impôts et à l’achat des cadeaux de fin d’année. Sur les onze premiers mois de l’année, la décollecte (la différence entre les retraits et les dépôts) s’est creusée pour s’établir en cumulé à 5,84 milliards d’euros. Ce système d’épargne populaire va donc terminer l’année dans le rouge. Pareille situation s’était déjà présentée au cours de la dernière décennie, par exemple en 2005 où la décollecte avait atteint 3,43 milliards d’euros. En octobre, les retraits avaient déjà été supérieurs aux dépôts à hauteur de 2,93 milliards d’euros.
Au total, 361 milliards d’euros étaient déposés fin novembre sur le Livret A et le Livret de développement durable, dont les "encours" permettent notamment de financer les HLM et l’ensemble du système de logement social.
La “rémunération” - 240 fois le smic des dirigeants de « grandes » sociétés ? Ils sont 18 en 2014, ils n’étaient “que” 12 en 2013 « La Rémunération des dirigeants des sociétés du SBF 120 » La rémunération maximale socialement acceptable de Proxinvest (240 SMIC, soit 4,76 M€) est désormais dépassée par 18 présidents exécutifs contre seulement 13 en 2012. – Arnaud Lagardère, Gérant associé commandité de Lagardère SCA, est cette année en tête du classement avec une rémunération totale de 16,60 M€ (+296 %). – Bernard Arnault (LVMH) occupe la deuxième place avec 11 M€ malgré des résultats qui n’ont pas été exceptionnellement brillants sur l’exercice 2013 (+2 % du Résultat opérationnel courant ; résultat net stable). Il bénéficie notamment d’un bonus annuel de 2,2 M€ supposé variable mais qui n’a jamais bougé sur les exercices 2008 à 2013. Il s’est vu attribuer un plan d’actions gratuites de performance
dont les conditions de performance sont particulièrement peu exigeantes. Sa holding familiale, Groupe Arnault SAS, bénéfice de relations d’affaires avec LVMH (solde net de 3 M€) et là encore la loi semble mal respectée puisqu’une partie des voix contrôlées par le groupe Arnault semble participer au vote du rapport spécial sur les conventions réglementées lors de l’AG. – L’ancien Directeur général d’Havas, David Jones, occupe la troisième place suite au versement d’une indemnité de départ de 5,4 M€ qui ne semble pas conforme au code AFEP-MEDEF puisque le départ n’était officiellement pas contraint. Le versement d’une indemnité de départ non approuvée par l’assemblée générale pose là encore le problème d’un manque de respect de la procédure de vote sur les engagements réglementés. – Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan,
est quatrième avec 9,7 M€. Il bénéficie d’une rémunération fixe de 1 230 000,00 € supérieure à la moyenne du CAC 40 et d’une rémunération équivalente à 7 M€ versée par Nissan. La nature et les critères de calcul de la rémunération versée par Nissan manquent encore de précision malgré un article
Carlos Ghosn
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
L225-102-1 al. 3 du code de commerce précis sur le sujet. Le niveau élevé de la rémunération versée par Nissan à Carlos Ghosn pose problème dans la mesure où la marge opérationnelle de Nissan (4,7 %) restait largement inférieure à celle de ses concurrents japonais (Toyota 9 % ; Honda 6,6 %) et loin de l’objectif de 8 % annoncé pour la fin 2016 dans le plan Nissan Power 88. – La cinquième place du classement revient à Chris Viehbacher, l’ancien Directeur général de Sanofi, avec 8,6 M€ de
rémunération totale. Celle-ci est toutefois composée d’une rémunération actionnariale de 5 M€ dont il ne devrait pas bénéficier puisque les conditions de présence ne seront pas remplies (les modalités financières de son départ n’ont toutefois pas encore été précisées par Sanofi). Il illustre le caractère opaque des bonus annuels versés aux dirigeants (1,7 M€ dans son cas), les conseils d’administration se cachant derrière l’excuse de « raisons de confidentialité » pour ne pas donner la transparence requise sur la ré-
alisation des objectifs sous-jacents à ces rémunérations variables. Proxinvest est un cabinet de conseil et d’analyse financière française fondé en 1995 par Pierre-Henry Leroy. Cette agence est spécialisée dans l’assistance à l’exercice du vote des actionnaires et opère exclusivement pour les investisseurs. Il publie régulièrement des informations chiffrées sur la rémunération des dirigeants d’entreprise. B. Canevet
« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens », affirme notamment le président de la Commission européenne Intraitable. Dans un entretien au Figaro (29 janvier, édition abonnés), le président de la Commission européenne adresse une fin de non-recevoir au gouvernement grec conduit par Alexis Tsipras. Sur l’annulation de la dette, Jean-Claude Juncker oppose à la Grèce un « non » catégorique : « Athènes a accepté deux plans d’ajustement (de redressement, NDLR), elle doit s’y sentir tenue. Il n’est pas question de supprimer la dette grecque. Les autres pays européens ne l’accepteront pas. » On a connu le président de la Commission plus conciliant quand, Premier ministre du Luxembourg, il autorisait des dizaines de multinationales à s’affranchir des législations fiscales des pays membres de l’UE. Les élections ne changent rien, affirme en substance le président de la Commission européenne. Sans prendre beaucoup de gants : « Dire qu’un monde nouveau a vu le jour après le scrutin de dimanche n’est pas vrai. Nous respectons le suffrage universel en Grèce, mais la Grèce doit aussi respecter les autres, les opinions publiques et les parlementaires du reste de l’Europe. Des arrangements sont possibles, mais ils n’altéreront pas fondamentalement ce qui est en place. » Vous n’êtes pas certain d’avoir compris ? 6-
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« Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités », ajoute encore Jean-Claude Juncker, qui lâche une phrase terrible, qui résume toutes les limites de la démocratie dans l’Union européenne : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » Interrogé sur la France, et notamment sur la question de savoir si la Commission va accepter d’accorder à notre pays un délai supplémentaire pour réduire le déficit à 3 % du PIB, JeanClaude Juncker se montre également rigide et menaçant. Rigide quand il radote le credo de toutes les Commissions : « Nous voudrions voir la France renforcer ses réformes, en nombre comme en intensité. » Selon lui, « la France soufre d’un manque de réformes dites structurelles, de réformes qui portent sur l’essentiel (…). Elle doit soigneusement examiner les faiblesses de son droit du travail. » Menaçant lorsqu’il réaffirme qu’« il n’y a pas d’autres remèdes que de la consolidation budgétaire » (sic) et n’exclut pas de sanctionner la France si son déficit n’est pas réduit : « Un pays ne peut pas échapper aux sanctions s’il ne respecte pas les règles. » Il n’y a pas de « diktat » allemand, affirme le président de la Commission eu-
ropéenne. « Cette impression d’un diktat, d’une machine allemande qui laminerait toute contradiction est parfaitement erronée », soutient-il. Avant de lever un coin du voile de secret qui entoure les sommets européens : « D’autres gouvernements, parfois même socialistes, étaient beaucoup plus sévères à l’égard de la Grèce, par exemple. » Une confidence dont la véracité ne nous paraît pas contestable. Allez savoir pourquoi… B. Canevet
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Coupe du monde de football 2022 au Qatar : déjà 1 400 ouvriers morts sur les chantiers ! Coupe du monde de Football 2022 au Qatar : 100 ouvriers du bâtiment népalais arrêtés, bientôt déportés pour avoir fait grève. Où est l’indignation occidentale ? Pour chaque but du PSG made in Qatar, quatre ouvriers meurent sur un chantier de la Coupe du monde au Qatar. Le parallèle est cruel mais juste. Le dernier scandale, dans le dernier Etat esclavagiste du monde : une centaine d’ouvriers, arrêtés, déportés, pour fait de grève.
vivre au Qatar avec 165 $ par mois. Loin des contrats qui leur promettaient le triple (350 $). Loin même du salaire minimum au Népal, sous gouvernement communiste, qui garantit un minimum de 250 $. Et le coût de la vie n’est pas le même à Katmandou et à Doha !
Que se passe-t-il dans le richissime Etat qatari quand les ouvriers étrangers surexploités décident de réclamer un salaire leur permettant de vivre ?
Le gouvernement qatari a promis ces derniers mois de respecter formellement le droit des salariés. Cette mobilisation a montré que ce vœu pieux était une farce tragique.
800 ouvriers en grève dans un pays où règne un régime de semi-esclavage. Au Qatar, les grèves sont rares. Il faut dire que le droit de grève est inexistant, que les patrons ont un droit de propriété effectif, une dépendance légale sur les salariés via le système du kafala (patronage), que 95 % des salariés sont des étrangers au droit de séjour précaire. Pourtant, dans le 3e pays le plus riche par tête au monde, les ouvriers d’Asie du Sud survivent péniblement avec 100 ou 150 $ par mois, s’entassent dans des taudis, des chambres de 20 m2 bondées, endurent des journées de 10-12 h, en été dans des chantiers à 50 degrés au soleil. A la fin novembre, plus de 800 ouvriers des chantiers de Doha ont dit stop. Népalais pour la plupart, mais aussi Indiens, Bangladeshi, Sri Lankais, ils ne peuvent plus accepter l’inacceptable. Ils se sont mis en grève, pendant trois jours d’affilée, paralysant les chantiers de la ville. Parmi les sites concernés, celui de la rénovation de l’hôtel Sheraton de Doha. Leur employeur, ce sont deux sous-traitants Qatar Freelance Trading and Contracting et Qatar Middle East Co. Des marchands d’esclaves modernes qui font signer des contrats fallacieux, bafoués une fois les immigrés arrivés au Qatar, alors que leurs passeports sont confisqués.
Des ouvriers népalais payés moins que le salaire minimum au Népal ! Ainsi, ces ouvriers se retrouvent à devoir
Le 3e producteur mondial de gaz naturel
La police a été envoyée sur les lieux de la grève, elle a chargé, couvert les agissements d’un des patrons qui a agressé physiquement les ouvriers à coups de tuyaux présents sur le chantier. Elle a même trouvé un soutien parmi certains des salariés de l’entreprise, sans que cela n’entame la solidarité entre les ouvriers immigrés en lutte.
« Je ne peux augmenter les salaires. Mais on peut les aider à rentrer chez eux » Les autorités ont arrêté une centaine d’ouvriers. Elles entament désormais une procédure de « déportation » ou « rapatriement » vers leur pays d’origine. Coupables d’avoir fait grève, de demander un salaire décent, de résister à l’arbitraire. Ce n’est pas la première fois. En 2010, 90 ouvriers immigrés travaillant pour al-Badar Construction co ont été arrêtés, incarcérés plusieurs jours et déportés. Ceux employés depuis moins de deux ans ont même dû payer leur billet-retour. L’employeur qatari a livré une réponse cynique face à ce gouvernement : « Je ne peux pas augmenter les salaires pour le moment, désolé. Par contre, je peux les aider à les rapatrier chez eux ». Un bon samaritain.
Coupe du monde 2022 : déjà 1 400 ouvriers morts sur les chantiers Que la FIFA ait pu confier – sur fond de corruption généralisée – l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar reflète
cette hypocrisie occidentale, prête à fermer les yeux à l’odeur du gaz. Selon un rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI), il y avait déjà au début de l’année 2014, 1 400 ouvriers immigrés – essentiellement népalais, plus largement d’Asie du Sud – qui étaient morts sur les chantiers de la honte. A ce rythme, 4 000 ouvriers pourraient périr dans l’émirat qatari d’ici à 2022. On peut rappeler que Bouygues, Vinci, ainsi que Keolis (filiale de la SNCF) font les yeux doux au Qatar pour obtenir les contrats juteux liés à l’organisation du mondial 2022. Le Qatar, comme on le sait tous, a racheté le Paris-Saint-Germain en 2011 pour en faire sa vitrine en France. Le PSG a marqué 370 buts en quatre ans, pendant que 1 400 ouvriers immigrés mouraient sur les chantiers des stades. Cela fait 1 but au Parc pour 4 ouvriers morts à Doha. LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
22 et 29 mars 2015
Elections départementales Les élections départementales 2015 auront lieu au mois de mars 2015. Il s’agit d’élections à deux tours : elles auront donc lieu lors de deux dimanches espacés d’une semaine. Les dates précises de ces deux jours d’élections ont été annoncées par le ministre de l’Intérieur le 5 novembre 2014 : le 1er tour des départementales aura lieu le dimanche 22 mars 2015, tandis que le second tour aura lieu le dimanche 29 mars 2015. Il s’agit d’un scrutin majoritaire à deux tours en vue d’élire les conseillers dé-
partementaux, dont la durée du mandat sera de six ans. Les candidatures sont faites sous forme de binômes de candidats homme-femme. La ville de Paris n’est toutefois pas concernée par ces élections, tout comme les départements de la Martinique et de la Guyane. Pour être au second tour, il faut arriver en première ou en deuxième positions au premier tour. Les autres candidats peuvent également se maintenir au second tour dès lors qu’ils obtiennent un
nombre de suffrages au moins égal à 12,5 % des électeurs inscrits. Le binôme élu est celui qui obtient le plus grand nombre de suffrages au second tour. Bien que l’expression « cantonales 2015 » soit parfois utilisée pour désigner ces élections, il s’agit de départementales. Les Français n’éliront plus des conseils généraux, mais des conseils départementaux. Les départementales ont en effet remplacé les anciennes élections cantonales, dont les derniers scrutins ont eu lieu en 2011.
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millions de MWh de chaleur et de froid distribués par an
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Kobané libérée
Une victoire du peuple Après des mois de combats, ignorés de la coalition internationale, les combattants kurdes infligent une défaite cinglante aux barbares de l’Etat Islamique Les djihadistes de l’Etat islamique (EI) ont subi leur plus importante défaite en Syrie depuis leur apparition dans le pays en 2013. A Kobané c’est la résistance héroïque des combattants kurdes qui a fait la différence malgré un déficit d’armement et le quasi abandon de la coalition, rangée derrière la bannière étoilée d’Obama. « Kobané libéré, félicitations à l’humanité, au Kurdistan et au peuple », a déclaré Polat Can, un des porte-parole des YPG (Unités de protection du peuple kurde), le 26 janvier 2015. La victoire des Kurdes contre les djihadistes est autant stratégique que symbolique. Elle prive l’EI d’une nouvelle bande de territoire qui longe la Turquie, pays par où transitent la plupart de ses combattants étrangers. Elle stoppe, pour l’instant, l’expansion de l’EI en Syrie. Depuis l’arrêt des combats avec les autres factions rebelles syriennes début 2014, Daesh, l’acronyme arabe de l’EI, n’avait cessé de progresser dans le nord et surtout dans
Kobané, à la frontière turco-syrienne. Des soldats turcs stoppent toute tentative de renseignement ou de passage des kurdes, quitte à accélerer la chute de la ville.
l’est du pays, avançant jusqu’à Deir elZor, la grande ville de la région. Pourtant, fin septembre, le sort de Kobané paraissait scellé. L’offensive de l’EI sur l’enclave kurde avait débuté quelques semaines plus tôt, début juillet. Les villages autour de la ville tombent alors un à un, poussant des milliers de personnes à la fuite. Les unités de protection du peuple kurde (YPG) semblent à cet instant dépassées, incapables d’endiguer le flot des réfugiés. Les djihadistes avancent simultanément sur les fronts sud, est et ouest, parfois de plusieurs kilomètres en un seul jour. Le 6 octobre, ils pénètrent dans la ville.
Ankara complice Les autorités officielles kurdes, les combattants, les civils dénoncent l’inaction de la communauté internationale et accusent la Turquie de soutenir l’EI en empêchant les renforts kurdes de franchir la frontière pour les rejoindre. Ils dénoncent le manque d’aide des Occidentaux, expliquant ne disposer que d’armes légères face aux roquettes et aux chars de l’EI, du matériel militaire récupéré le plus souvent au cours du pillage de casernes en Irak. Les combattants kurdes réclament un accès libre à la Syrie pour leurs combattants venus de Turquie et d’Europe.
Pour toutes réponses, à Ankara et dans d’autres grandes villes du pays les manifestations pro-kurdes sont violemment réprimées. L’armée turque ira même jusqu’à bombarder les positions du PKK (Parti communiste kurde) très impliqué dans les combats pour la libération de Kobané. Mais pourquoi se priver alors que le PKK est toujours inscrit sur la liste des organisations terroristes dressée par l’Union européenne (UE) !! Durant toute la durée des combats, la Turquie, sous l’œil impassible de la communauté des nations, aura tout fait pour que Kobané tombe. Avec un seul objectif : affaiblir le mouvement kurde engagé depuis longtemps dans un combat pour une autonomie démocratique dans la région. Comme le note le quotidien l’Humanité du 27 janvier : « L’expérience originale mise en place au Rojana (le Kurdistan en Syrie) qui prône l’égalité hommes-femmes et considère toutes les communautés comme égales, est également dans la ligne de mire… (d’Ankara NDLR). » Cette résistance acharnée et aussi les dangers pour les intérêts américains en Irak vont contraindre Washington et les forces de la coalition à déclencher les attaques aériennes sur les positions de l’EI autour de Kobané. La France n’y participera d’ailleurs pas en raison de « missions en Irak ». A ce moment mais à ce moment seulement, les Kurdes recevront - en petites quantités - les premières livraisons d’armes. Les combats se feront désormais rue par rue, maison par maison. Jusqu’à la victoire du peuple sur les barbares. J.-P. Delahaye LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL François Fillon
Proche-Orient
Quelle stratégie ? Dans un récent entretien au journal Le Monde, et publié dans l’édition du 22 janvier, François Fillon considère que face au terrorisme il faut un rapprochement de la France avec la Russie et l’Iran. Extraits « La stratégie occidentale au ProcheOrient est un échec », estime l’ancien premier ministre de Sarkozy. Pour lui, l’intervention de l’OTAN en Afghanistan n’a pas porté ses fruits. L’Irak et la Libye sont en situation de chaos ; la Syrie connaît une guerre civile et constitue le foyer le plus dangereux dans la région ; le Yémen n’a quasiment plus d’Etat… Les pays arabes et du Moyen-Orient ainsi que les pays africains sont les premiers menacés par le terrorisme. « Il n’y a donc pas de choc de civilisations mais bien un fléau global », affirme-t-il. Pour l’ex-locataire de Matignon, « il ne faut plus raisonner comme du temps de la guerre froide, avec l’OTAN et un front commun constitué par les nations occidentales ». Il estime nécessaire d’élargir les alliances de la France. « Tant que l’on n’entame pas une discussion sérieuse avec la Russie, il n’y a aucun espoir, à court terme, d’obliger Bachar Al-Assad à quitter le pouvoir en Syrie pour faire émerger un régime de transition. Quand il s’est agi de combattre le nazisme, nous n’avons pas hésité à nous allier avec Staline. Poutine n’est pas Staline mais aujourd’hui, malgré nos différends, nous avons le devoir commun d’éteindre l’incendie qui nous menace tous. » Selon lui, il faut aussi discuter avec l’Iran, « un grand pays et qui va monter en puissance dans la région (…) On a évidemment des sujets de contentieux avec Téhéran, notamment par rapport à la menace nucléaire. Mais penser que l’on va régler les problèmes du Moyen-Orient sans l’Iran est une impasse », affirme le candidat à la primaire de l’UMP en vue de la présidentielle de 2017. Interroger sur l’attitude à adopter visà-vis des pays arabes, François Fillon souligne qu’il faut davantage s’appuyer sur eux. « Mais cela suppose de mettre devant leurs responsabilités quelques pays dont le rôle est ambigu. Cela 10 - LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
concerne le Qatar et la Turquie. Ankara ne peut pas à la fois être engagée dans une campagne d’adhésion à l’Union européenne et, en même temps, laisser les Kurdes se faire massacrer en Syrie, tout en laissant des djihadistes européens transiter par son territoire en toute impunité. » Concernant le rôle du Qatar dans le financement de groupes terroristes, celui dont le gouvernement, sous la présidence Sarkozy, a conduit le rapprochement de la France avec ce pays reconnaît implicitement que des questions se posent. « Je n’ai aucune preuve, dit-il, mais à chacun de mes déplacements au Proche-Orient, j’entends dire que des
organisations religieuses de plusieurs pays du Golfe financent des groupes terroristes. Des rapports des services de renseignement américains tendent à le démontrer. On ne peut pas rester dans le doute. » Et de rappeler qu’en septembre 2014, il avait proposé que la France saisisse le Tribunal pénal international pour crime contre l’humanité contre l’Etat islamique et ses complices, « l’idée étant de déclencher une enquête internationale sur les financements de ces mouvements. La diplomatie française a pris cette initiative, qui est malheureusement bloquée pour le moment au Conseil de sécurité de l’ONU. »
Après les attentats,
faut-il craindre pour nos libertés… Plusieurs responsables associatifs se sont inquiétés, dès janvier, des « risques pour la démocratie » que pourraient générer les mesures annoncées, par le premier ministre Manuel Valls. « La menace restant à un niveau très élevé », il a prévu de créer 2 680 emplois et d’investir 425 millions d’euros dans la lutte contre le terrorisme. Mais c’est surtout le projet de loi sur le renseignement, prévu pour mars, qui cristallise les craintes de ceux qui défendent les libertés individuelles. « Il prévoit la création d’un fichier terrorisme. Mais qui vat-on mettre dedans ? » interroge Michel Tubiana, président Michel Tubiana, d’honneur de la Ligue des droits de l’homme. président d’honneur de la Ligue des droits Même son de cloche au sujet des écoutes téléphoniques. Aude l’homme. jourd’hui, la loi interdit aux services de renseignement de « brancher » plus de 2 190 personnes en même temps. « On va rehausser ce plafond, estime Laurence Plisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature. Il faudrait d’abord se demander qui on écoute et pourquoi. J’attends de savoir si le contrôle de ces écoutes va également être renforcé… » Membre de l’Association des victimes de terrorisme, Stéphane Lacombe espère, lui, des mesures en matière d’éducation. « On ne peut qu’approuver la réponse du gouvernement. Mais ce n’est pas suffisant, confie-t-il. A quoi cela sert-il de lutter contre la menace aujourd’hui, si on ne se préoccupe pas des jeunes qui pourraient, à un moment, basculer dans la radicalité demain… »
INTERNATIONAL LE RÉVEIL
Ukraine
Washington joue avec le feu Après plusieurs jours d’une escalade occidentale contre Moscou la Maison-Blanche envisage sérieusement d’augmenter le potentiel militaire du gouvernement ukrainien. En ce début février on ne compte plus le nombre de « tirs diplomatiques » et de menaces contre Moscou proférées par les gouvernements des Etats-occidentaux. L’annonce de nouvelles sanctions économiques ne cessent de pleuvoir. Mercredi 27 janvier, la Maison-Blanche a ainsi affirmé que « le prix à payer ne cessera d’augmenter si la Russie ne cesse de soutenir les séparatistes pro-russes ». Le même jour à Strasbourg, l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe des droits de l’homme a en partie maintenu la suspension des droits de vote de la délégation russe, accélérant ainsi son retrait. L’Union européenne (UE) a également décidé d’élargir sa liste visant à geler les avoirs de personnalités côté séparatistes et responsables russes. Encore plus grave, Washington pourrait renforcer l’aide militaire accordée au gouvernement ukrainien, dans lequel siègent plusieurs ministres d’obédience ouvertement fascistes, afin de permettre au régime de mieux résister face aux séparatistes pro-russes installés dans l’est du pays. En effet, lundi 2 février, de hauts responsables américains indiquaient que les Etats-Unis étaient prêts à étudier cette option, confirmant ainsi des informations du New York Times. « Ce qui est en cours de discussion, c’est que nous devrions peut-être fournir des armes défensives, de l’équipement défensif aux forces armées de Kiev », a expliqué un responsable du Pentagone. « Les opinions sur le sujet au sein de l’administration américaine “ont mûri” face à l’appui apporté par la Russie aux rebelles dans l’Est ukrainien et aux violations répétées des accords de cessez-le-feu de septembre dernier », a argumenté un autre dignitaire de l’US Army.
Vers une assistance militaire directe Michèle Flournoy, ancienne numéro 3 du Pentagone, Ivo Daalder, ancien ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Otan, et d’autres experts proches de la Maison-Blanche ont pris position publiquement en faveur de la livraison d’armes « défensives » à l’Ukraine. L’Occident doit « accroître les risques et les coûts » pour la Russie en cas de nouvelle offensive dans l’est de l’Ukraine, selon un rapport signé par ces personnalités. « Cela signifie fournir une assistance militaire directe, dans des montants largement supérieurs à ceux fournis jusqu’à présent, et comprenant des armes défensives « létales », pour que l’Ukraine puisse mieux se défendre par elle-même », plaide le document. Les experts recommandent de fournir un milliard de dollars d’armement dès cette année. Le département d’Etat se montre plus prudent. « Aucune option n’est sur la table [mais] aucune n’en est exclue », répond sa porte-parole, Jennifer Psaki, « une discussion est en cours. » Citant un communiqué calibré au millimètre, elle assure que l’objectif des Etats-Unis reste « d’aboutir à une solution par des voies diplomatiques ». « Nous pensons toujours que la meil-
leure façon d’exercer une influence sur les calculs de la Russie passe par les sanctions économiques qui frappent profondément l’économie russe » (…), a prétendu sur CNN Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, comme pour calmer le jeu, précisant : « Nous (la Maison-Blanche ?) ne pensons pas que la réponse à la crise en Ukraine consiste simplement à injecter davantage d’armes. » Toujours est-il que l’idée est lancée et l’option militaire à l’ordre du jour. Le scénario du pire peut-il être envisagé ? En tous les cas, Michaël Gorbatchev tire la sonnette d’alarme. « On n’entend parler que de sanctions de l’Amérique et de l’Union européenne contre la Russie. Ont-ils perdu la tête ? » constate le dernier président de l’Union Soviétique. « L’ Amérique s’est égarée dans les profondeurs de la jungle et nous entraîne avec elle (…) ou cela va-t-il nous mener ? » interroge le père de la Pérestroïka. Pour ce principal artisan de l’ouverture du bloc soviétique vers l’Occident l’heure est grave. « La guerre est d’ores et déjà déclarée. Et je ne puis assurer que cela ne tourne pas à une véritable guerre ! martèle-t-il (…) j’ai peur que les Américains ne prennent ce risque-là ! » J.-P. Delahaye LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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LE RÉVEIL INTERNATIONAL
Des entrepôts d’armes de l’armée syrienne auraient été visés par des raids de l’aviation israélienne… Les médias sionistes ont prétendu que le double raid aérien mené contre le rif de Damas et le rif de Quneitra visait les convois de S-300 russes destinés à la Syrie. Le site Conflict News prétend que les entrepôts visés contenaient des missiles S-300. La TV syrienne a annoncé que la DCA avait abattu un chasseur sioniste. L’appareil se serait écrasé dans la région de Draa. Au cours de sa
récente visite en Russie, le ministre des Affaires étrangères syrien avait affirmé que son pays allait recevoir les S-300 et d’autres équipements de défense aérienne russes et ce dans la perspective d’une extension de l’action de la coalition anti-Daesh qui viseraient les positions de l’armée syrienne. (La voix de la République islamique d’Iran, le 08-12-2014)
En Espagne, vers un accroissement des effectifs militaires américains déployés sur la base de Moron de la Frontera… Les Etats-Unis voudraient apporter des changements à l’accord sur la coopération militaire avec l’Espagne afin d’accroître leur contingent sur la base d’aviation de Moron de la Frontera, au sud de l’Espagne et d’en faire une base permanente de réaction aux crises en Afrique, rapporte le quotidien El Pais. Le chef du Pentagone, Chuck Hagel, a adressé une lettre à ce titre aux autorités espagnoles. A
l’heure actuelle, selon les accords de mars 2014, la base de Moron de la Frontera héberge 850 militaires américains. Leur nombre peut atteindre 1 100 personnes en cas de nécessité. Le quotidien El Pais suppose que le contingent pourrait être accru à 3 000 personnes en cas de situation d’urgence. L’accord en vigueur prend fin en avril 2015. (Radio Sputnik, le 06.01.2015)
Le Canard Enchaîné accuse Israël de livrer des armes à al Nosra Le magazine français, le Canard Enchaîné a indiqué qu’Israël, début décembre, aurait apporté de l’équipement militaire à la branche syrienne d’al Qaida, le Front al-nosra. Citant le site d’information israélien Debkafile, l’hebdomadaire français a dévoilé, au cours de ces derniers mois, que Tsahal avait étendu son assistance militaire, dans le cadre d’un programme conjoint avec les Etats-Unis, la Jordanie et l’Arabie Saoudite, visant à sélectionner des groupes rebelles combattant l’armée de Bachar al-Assad. 12 - LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
Une part de cette aide a fini entre les mains d’éléments locaux du Front al-nosra, en nombre restreint, qui se sont mêlés à ces rebelles, notamment au Sud de la Syrie – mais pas en d’autres régions de Syrie, où ces armes éventuellement livrées à l’ASL (armée syrienne libre) et détournées ont une autre provenance. Les observateurs de l’ONU ont aussi signalé des « contacts » entre Tsahal et des rebelles de diverses affiliations sur le Golan et les Druzes ont manifesté contre les soins prodigués, y compris à des blessés d’al-nosra.
Moscou accuse le Mossad d’entraîner des activistes de l’Etat islamique… La Russie, par la voix de l’un de ses hauts conseillers, accuse le Mossad israélien d’entraîner les activistes de l’Etat islamique en Iraq et en Syrie. Alexander Prokhanov indique que selon toutes vraisemblances les services de renseignements israéliens forment la direction du Daesh et partagent leur expérience avec elle. (Kol Israël, le 08.12.2014). Selon la presse internationale, Israël serait à l’origine des raids aériens hier en Syrie. C’est du moins ce qu’affirme la presse israélienne qui précise qu’une dizaine d’objectifs situés près de Damas ont été visés. Israël n’a pour l’instant ni confirmé ni démenti son implication dans cette attaque. La Syrie entre-temps accuse Israël d’avoir pris fait et cause pour la rébellion. La Syrie a demandé aux Nations unies d’imposer des sanctions dissuasives sur Israël suite aux raids aériens commis hier dans la région de Damas. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères à Damas indique qu’il faut empêcher Israël de poursuivre de tels actes d’agression. Selon une organisation syrienne, les deux sites touchés seraient des entrepôts d’armes de l’armée syrienne. Toujours selon ces mêmes sources, il n’y a pas de blessés mais plusieurs installations sont fortement endommagées. En fait, ces deux cibles sont situées dans deux régions bien distinctes. La première étant située près de l’aéroport de Damas, la deuxième à Damas, à l’ouest de la capitale et à seulement quelques kilomètres de la frontière avec le Liban. Des attaques qui auraient pour but d’empêcher le transfert d’armes de pointe de l’Iran vers le Hezbollah. (Kol Israël, le 08.12.2014)
LE CAHIER MÉMOIRE N° 810 FÉVRIER 2015
ment les moyens militaires, la maîtrise politique et économique des nations de la planète. La guerre froide, la guerre en Yougoslavie, la guerre d’Irak entre autres et aujourd’hui le foyer de guerre en Ukraine démontrent la malfaisance dramatique de cet organisme dont les actions marginalisent l’ONU.
Au lendemain de la deuxième guerre dont on sait quels massacres elle infligea à la plus grande partie des peuples de la planète, c’est l’Assemblée générale de leurs représentants qui adoptèrent à San Francisco le 26 juin 1945 « La charte des Nations Unies pour l’organisation internationale » qui commence par ces termes :
Bien que cette charte fût adoptée sur le territoire des Etats-Unis, ceux-ci se sont tout de suite efforcés d’en combattre tous les effets positifs. C’est dans ce but que fut créée l’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN) dont l’objet est d’assurer aux USA et aux grandes firmes mondiales par tous les moyens possibles et particulière-
Le rétablissement intégral du fonctionnement de l’ONU ne peut servir les intérêts des peuples, donc la paix, appelle à la prise de conscience de cette situation par tous et par chacun et l’action collective pour y parvenir. C’est pour y contribuer que nous présentons aujourd’hui ce cahier Mémoire.
Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11
Par Paul Markidès
Pour répondre il convient de la rappeler les conditions de sa création.
« Nous peuples des Nations Unies avons décidé d’associer nos efforts pour réaliser ces desseins… » ceux-ci ayant été auparavant décrits par résolutions et dispositions tendant à établir les conditions de l’instauration et du maintien de la paix entre toutes les Nations.
Aujourd’hui les foyers de guerre sont malheureusement nombreux sur notre planète, de plus en plus de citoyennes et citoyens constatant cette situation se posent la question : Mais que fait l’ONU ?
ÉDITO
Rétablir le fonctionnement intégral de l’ONU
LE RÉVEIL DOSSIER
Charte de l’ONU Quand l’actualité est noyée dans la revue quotidienne des conflits qui ensanglantent le monde, c’est l’inventaire des programmes d’intervention de puissances étatiques pour y mettre bon ordre à leur goût et leur manière. Tout se passe comme s’il n’y avait pas de droit international pour réguler les relations mondiales. C’est un peu comme si la sécurité de la circulation routière dépendait de la sagesse et de la vigueur d’unités de police et de gendarmerie jouissant chacune d’une pleine autonomie et pouvant se concerter à leur guise, sans aucun Code de la route que leur mission soit précisément de faire respecter en le respectant elles-mêmes. Or il est vrai que jusqu’en 1945, il n’y avait pas de Code des relations internationales, laissées en dépendance des puissances qui, à coups d’alliances, de garanties coutumières de réciprocité, de guerres et de traités de paix, se disputaient et se partageaient le pouvoir sur les territoires, leurs peuples et leurs richesses. Il a fallu la tragédie de deux guerres mondiales pour qu’une conscience universelle, qui avait déjà commencé à se manifester à la fin du XIXe siècle avec les conventions dites « lois de la guerre » qui prétendaient « l’humaniser », décide enfin de mettre la guerre hors la loi, celle de la Charte des Nations unies. L’importance de cette Charte est avouée par la conjuration générale d’aujourd’hui pour la faire ignorer, ne parler que de l’ONU, comme une gendarmerie à pouvoir discrétionnaire dont on ne peut que se borner à déplorer la faiblesse qui, à défaut de pouvoir la réformer, oblige à s’en passer. Il y a donc un devoir citoyen fondamental à connaître et faire connaître la Charte pour en imposer le respect 14 - LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
et l’application. Ce devrait même être une matière scolaire. La Charte est en effet fondatrice du droit international, en ce sens qu’elle émet des règles qu’elle veut universelles et égales pour tous : elle proclame « l’égalité des nations grandes et petites ». Et ce droit a pour objet essentiel la paix mondiale. Elle le proclame dans son magnifique Préambule : « Nous, peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui, par deux fois en l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances. » Et ce souci tient une place essentielle dans sa partie normative : l’article 2.4 interdit le recours à l’usage et même à la menace de la force dans les relations internationales. Elle admet certes la légitime défense, mais sachant que tant d’agressions ont été commises sous prétexte d’être menacé, la défense ne peut pas être préventive. Et elle ne peut être exercée qu’en urgence, à condition d’alerter le Conseil de sécurité de l’ONU, et de s’effacer ensuite derrière lui. En effet, la Charte prévoit pour l’application de ses principes et de ses règles, une organisation qui est l’ONU. On parle trop souvent des règles et principes de l’ONU, alors que la Charte est de 1945, et qu’elle institue pour les appliquer
une ONU qui ne sera établie qu’en 1946. Et cette ONU, qui est une assemblée de toutes les Nations, a un organe exécutif qui est le Conseil de sécurité, lequel, en raison de l’interdiction faite aux membres de recourir à la force, à seul le pouvoir de le faire, au nom de la communauté universelle. C’est le principe dit de « sécurité collective ». Mais le Conseil lui-même ne peut user de la force que pour maintenir la paix (par des forces d’interposition) ou la rétablir en mettant fin à une agression. Cela donne tout son sens au droit de veto, destiné à empêcher qu’une majorité du Conseil décide de recourir à la force pour d’autres fins que celles auxquelles sa compétence est limitée. On s’est plaint à juste titre que cela ait eu un effet de blocage, mais l’article 24.2 précise que le Conseil de sécurité a pour rôle d’assurer le respect des principes de la Charte. Il serait donc être possible de considérer qu’un veto qui y fait obstacle est illégal et inopérant. Enfin, l’article 26 donne mission au Conseil de programmer un désarmement général. Mais surtout, le droit international fondé par la Charte est révolutionnairement démocratique en ce que, partant de ce que ce sont les peuples qui sont les principales victimes des guerres, elle met la
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légalité, notamment par les Institutions financières internationales, et que l’Etat de chaque peuple, comme au niveau national, au lieu d’être son instrument de gestion de ses moyens pour la satisfaction de ses besoins, il le soumet à l’austérité pour le service d’autres intérêts au niveau international, il est soumis à d’autres dépendances que celle à laquelle il est destiné.
paix entre leurs mains. Inversant le rapport de pouvoir antérieur, elle est fondée sur la souveraineté des peuples, qui parlent à la première personne dans le Préambule : « Nous, peuples… » et au pluriel, car s’il y a une population mondiale, elle est composée de peuples différents sur des territoires différents. Chacun doit être seul maître chez lui. C’est le droit des peuples à leur libre disposition, qui veut que l’article 27 interdise à l’ONU elle-même de s’y immiscer. Tous sont tenus au respect mutuel, et à la solution pacifique de leurs éventuels différends. Et leurs Etats sont leurs instruments d’exercice de leur souveraineté. C’est ce qu’exprime encore le Préambule, quand il y est dit « Nous, peuples… avons décidé… en conséquence nos gouvernements ont signé la présente Charte ». Et c’est aussi pourquoi l’article 2.4 n’interdit pas seulement l’usage ou la menace de la force, mais aussi « l’atteinte sous quelque forme que ce soit à l’indépendance d’un Etat », parce que c’est le moyen d’indépendance du peuple dont il est l’instrument. C’est pourquoi on ne peut pas dire qu’à l’ONU ce sont les Etats qui sont souverains. Ils sont censés y représenter leurs peuples, et la
seule question est que cette souveraineté peut être confisquée aux peuples par des puissances qui récupèrent leurs Etats pour en faire, y compris à l’ONU, leur propre instrument de souveraineté, pour leur gouvernance mondiale. Or la Charte institue certes une organisation, l’ONU, pour en appliquer les principes, mais nullement pour en faire un gouvernement mondial. Le Préambule toujours précise : « Nous peuples… avons décidé d’unir nos efforts, En conséquence… ». Elle oppose donc à une logique verticale de gouvernement une logique horizontale de concertation, qui porte la notion de souveraineté populaire qui a toujours été l’objet des batailles pour le contenu effectif de la démocratie, au rang de valeur universelle, qualifiée de souveraineté nationale pour tenir compte de la pluralité des peuples, non sans affirmer avec force, toujours dans l’article 2, « l’égalité des nations grandes et petites ». Le problème est que dans la réalité les choses sont bien différentes. Cela tient à ce que la Charte a ses limites. Elle ne donne aux peuples que le pouvoir politique, tandis que, en même temps, le pouvoir économique était organisé par les accords de Bretton Woods hors sa
Le moment est de rappeler que, en matière de Droits de l’homme, on admet qu’il y a eu une première génération, celle des Droits civils et politiques dont il a fallu user pour conquérir leur indispensable complément, ceux de la deuxième génération, les Droits économiques, sociaux et culturels. De même les peuples doivent user de leur pouvoir politique pour conquérir leur pouvoir économique, en faisant entrer la gestion des biens communs de l’humanité dans la légalité de la Charte. Mais la difficulté est que pour cela il faut qu’ils connaissent la Charte, que tout est fait pour occulter, par une médiatisation elle-même en dépendance du pouvoir économique. C’est pourquoi est primordiale la bataille d’information sur la Charte et ses vertus, ses principes et ses règles, que certaines écoles du « Common law » réduisent à une simple convention, alors qu’elle doit être traitée comme une loi internationale. Et cette bataille est tellement vitale qu’elle devrait justifier d’être inscrite dans les programmes scolaires dès le premier cycle, comme un élément de la formation des futurs citoyens. En effet, la Charte n’institue pas une citoyenneté internationale ou mondiale qui, la citoyenneté étant une participation à la gestion de l’Etat, relèverait de la gouvernance mondiale par un Etat mondial, mais fait du rôle des peuples dans les relations internationales un volet international de leur compétence nationale. Roland Weyl LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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LE RÉVEIL DOSSIER
Les violations de la charte des Nations Unies L’ONU n’a pas bonne réputation dans l’opinion internationale. La Charte des Nations Unies qui fixe ses règles de fonctionnement, mais surtout les principes fondamentaux du droit international non plus. Depuis soixante-dix ans, en effet, se sont multipliés les conflits armés, les crises de toute sorte comme si rien de neuf ne s’était produit depuis 1945 : pour certains, la Société des Nations nées après la fin de la Première Guerre mondiale n’a rien pu faire pour empêcher la Seconde ; les Nations Unies et la Charte seraient condamnées pour leur impuissance à une mort prochaine. Ce procès fait à la Charte et à l’ONU n’est que partiellement fondé. Les authentiques responsables des échecs de l’ONU et de l’ineffectivité des dispositions de la Charte sont les puissances éta-
tiques et en premier lieu les ÉtatsUnis qui ont violé systématiquement chacun (ou presque) des 111 articles de la Charte. Alors que le plus grand nombre des États membres (petits et moyens) ont un besoin (parfois vital) des principes contenus dans la Charte, les grandes puissances, au contraire, ont intérêt à les interpréter avec la plus mauvaise foi, à les contourner ou à les ignorer. La Charte en effet est une œuvre née de la victoire sur le nazisme et sur tous les fascismes qui étaient apparus dans les années 1930-1940. La guerre avait rapproché les Alliés occidentaux et l’URSS : tirant les leçons des maux provoqués par l’expansionnisme allemand et japonais, les vainqueurs étaient animés d’une volonté de paix et de coopération, en dépit des arrière-pensées qui se développaient rapidement.
Au contraire, la « guerre froide », le mouvement de libération nationale des peuples colonisés, les nombreux conflits Nord-Sud, puis l’antiterrorisme ont provoqué de multiples ruptures entre les États. De plus et surtout, le processus de mondialisation animé par les grandes firmes privées transnationales conduit à considérer que les principes de la Charte sont des archaïsmes perturbant la volonté de créer des espaces marchands sans contrainte légale. La lettre et l’esprit de la Charte ont donc été profondément mis en cause, particulièrement par les États-Unis et les pouvoirs privés occidentaux. Néanmoins, les dispositions de la Charte demeurent un acquis progressiste actuellement irremplaçable. Elles légitiment la résistance des États à ce qu’il convient toujours d’appeler l’impérialisme hostile à l’indépendance nationale. Elles constituent un ordre juridique fondé sur la paix, obstacle fragile mais indispensable aux velléités guerrières qui se manifestent sous des prétextes divers, se voulant souvent « humanitaires ». Elles s’opposent à ceux qui militent pour une « gouvernance mondiale » super-étatique qui ne peut être, dans les rapports de force actuels, qu’un gouvernement mondial à la solde des pouvoirs privés et publics dominant, autrement dit les grandes firmes et les États-Unis. La Charte rappelle qu’elle a pour raison d’être les peuples et leurs relations pacifiques, comme l’indique solennellement la première phrase de son Préambule : « Nous, peuples des Nations Unies ». Le fait que l’ONU ne soit pas parvenue à donner une vie véritable aux principes qu’avaient voulu im-
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DOSSIER LE RÉVEIL
poser ses fondateurs ne fonde en rien la nécessité de les « dépasser » ou même de les « réviser ». La révision ne pourra avoir un contenu progressiste que dans un autre rapport de forces que celui existant : dans la situation actuelle, la tâche essentielle est d’imposer une plus grande effectivité aux principes qui sont plus que jamais nécessaires. Quant à son « dépassement », il faudra que de nouvelles forces dominantes imposent des concepts tels que le « bien commun » pouvant fonder un socialisme à l’échelle de la planète, c’est-à-dire une gestion commune des ressources vitales pour tous les peuples (l’eau, les ressources énergétiques, alimentaires, etc.) permettant une redistribution équitable entre les peuples. Le réalisme impose aujourd’hui plus modestement l’édification d’une société multipolaire, chaque pôle de puissance neutralisant les autres et favorisant en son sein la souveraineté des États qui la composent. Les forces qui résistent à l’empire jouent objectivement un rôle progressiste. Pour l’heure, l’urgence est de dénoncer les violations de la Charte qui deviennent systématiques de la part des puissances occidentales et de permettre aux différents peuples du monde de s’approprier les dispositions juridiques qui peuvent aider à leur promotion. L’essentiel est la conservation d’un certain nombre de principes qui sont au cœur du droit international. L’article 2.1 rappelle l’égale souveraineté des États. Or, les grandes puissances n’ont jamais respecté le droit de chaque État de « choisir et de développer librement son système politique, social, économique et culturel ». Si des États comme la Hongrie (1956) ou la Tchécoslovaquie (1968) ont subi l’intervention des forces soviétiques, tous les États d’Amérique du Sud et de nombreux États d’autres continents (comme la Corée, le Vietnam, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, etc.)
ont été victimes d’agressions de la part des États-Unis et de leurs alliés, entraînant des destructions retardant de plusieurs décennies le développement (par exemple, l’Irak) ou allant jusqu’à créer une situation de chaos généralisé (en Libye, par exemple). La souveraineté demeure néanmoins le principe fondamental : chaque peuple ne peut être que responsable de lui-même pour réussir son développement politique et économique. Cette souveraineté interdit toute intervention « dans les affaires relevant essentiellement de la compétence nationale » (article 2.7). Violer ce principe ou même le relativiser comme le font aujourd’hui les États occidentaux menace non seulement la paix mais la démocratie comme le développement. En effet, ont été « inventées » des notions servant de prétexte à l’ingérence : « l’humanitaire », les droits de l’homme (exclusivement civils et politiques, jamais économiques et sociaux), la « démocratie » (essentiellement élective), la « protection des populations civiles », ont été les arguments des puissances occidentales, ces dernières décennies, pour justifier la violation de la Charte. Certains États, membres des Nations Unies, ont été dénoncés par les États-Unis comme étant de nature « terroriste » et considérés comme
non éligibles au droit international : le principe de l’universalité est ainsi récusé. Ainsi, l’Irak a été détruite après deux guerres, séparées d’un embargo ayant entraîné des centaines de milliers de victimes. Le régime du Président Gbagbo de la Côte d’Ivoire a été liquidé sans considération de la Constitution du pays. Le régime de Kadhafi et la Libye ont été à la suite de huit mois de guerre détruits au nom de la « responsabilité de protéger » les populations civiles. La Syrie a failli connaître le même sort au nom des droits de l’homme, alors que l’opération était menée par des islamistes radicaux, transformés en alliés des Occidentaux, tout comme le sont l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui financent selon des modalités variées l’ensemble des mouvements islamistes en voie de se constituer en Califat au MoyenOrient comme en Afrique subsaharienne. Le recours à la force armée est pourtant (article 2.4) interdit par la Charte. La simple menace est même strictement interdite. La Charte a retiré à l’État sa traditionnelle compétence de guerre : seule l’ONU, sur décision du Conseil de sécurité, peut intervenir militairement. La Charte a donc instauré un ordre juridique fondé sur la paix. La seule exception est le droit de légitime défense de l’État en cas LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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d’agression (dans le respect du principe de proportionnalité). Toutefois, les États-Unis et parfois leurs alliés européens refusent le système de sécurité collective des Nations Unies : ils usent de la force armée soit en interprétant de mauvaise foi les résolutions du Conseil de sécurité (c’est ainsi que la Libye a pu être détruite sur la base d’une simple résolution d’interdiction de survol aérien par l’aviation libyenne), soit en se passant de l’accord du Conseil de sécurité (c’est le cas pour la seconde guerre contre l’Irak ou pour l’opération antiserbe débouchant sur la guerre du Kosovo). Le concept de légitime défense a même été perverti par les ÉtatsUnis et par leur allié israélien qui ont inventé la légitime défense « préventive » : Israël se considère ainsi de manière quasi-permanente en état de légitime défense préventive, ce qui la conduit aux différentes opérations contre Gaza entraînant des milliers de victimes. Par là-même, il n’y a plus de différence entre l’agression et la légitime défense ! L’article 2.3 qui pose le principe du règlement juridique des différends est complété par le Chapitre VI de la Charte qui recommande aux États de régler leur contentieux par la voie de la négociation, de la médiation, de l’arbitrage, du règlement judiciaire, etc. ce qui est l’expression même de la raison d’être des Nations Unies. Or, c’est de plus en plus l’utilisation du Chapitre VII, ouvrant la voie à des solutions de force que les grandes puissances tentent d’imposer, avant toute tentative de règlement pacifique. Des dispositions du chapitre VII donnent au Conseil de sécurité le pouvoir de décider l’emploi de la force armée ou diverses mesures de contrainte, mais exclusivement s’il y a rupture de paix, agression ou menace concrète contre la paix. Ce détournement de la Charte est d’autant plus nocif que le « comité 18 - LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
d’état-major » qui était prévu, ainsi que des moyens armés propres aux Nations Unies n’ont jamais été mis en place. Autrement dit, les résolutions du Conseil de sécurité ne peuvent être fidèlement respectées par des forces placées dans les faits sous le contrôle de grandes puissances ayant des stratégies très éloignées de l’esprit de la Charte on peut citer les Casques Bleus opérant depuis plus de dix ans en République démocratique du Congo et totalement inefficaces, semble-t-il délibérément. On peut rappeler aussi que les organismes régionaux comme l’OTAN sont placés sous l’autorité du Conseil de sécurité (article 5.3) et doivent fonctionner conformément aux principes de la Charte. C’est ainsi par exemple que le terme « Etat ennemi » ne peut s’appliquer, dans un esprit de paix, qu’aux belligérants hostiles aux alliés de la Seconde Guerre mondiale. L’OTAN, tout au contraire, a pour ennemi déclaré, sous l’égide des États-Unis, les communistes, les progressistes, les nationalistes, et plus généralement tous ceux qui s’opposent aux intérêts occidentaux, qu’il s’agisse d’un État du Sud ou, par exemple, de la Russie. L’OTAN tend même à se substituer de plus en plus à l’ONU. La primauté du droit de la Charte sur le droit des États ou des organisations régionales n’est plus respectée. Dans les faits, la Charte est assimilée à un traité entre États comme les autres et les institutions économiques et financières (OMC, FMI, Banque mondiale, etc.) ne sont pas assujetties à l’ONU : l’ordre économique est totalement dissocié de l’ordre politique ! La politique des droits de l’homme, par exemple, n’a aucun impact sur les politiques économiques qui pourtant la rendent ineffective !! Quant aux dispositions de type constitutionnel de la Charte fixant les rapports entre les organes des Nations Unies, elles sont mises en
œuvre au seul bénéfice des grandes puissances. Le Conseil de sécurité seul prend des décisions concrètes. Le Secrétaire général, essentiellement lié aux grandes puissances et surtout aux États-Unis, tend à limiter son pouvoir d’initiative… Quant aux multiples résolutions de l’Assemblée générale qui représente véritablement la société internationale, elles restent sans application (on peut citer, par exemple, les résolutions en faveur de la Palestine). Il en est de même pour les arrêts et les avis de la Cour internationale de Justice. La démocratisation de la société internationale passe donc par la promotion de l’Assemblée générale où chaque État a une voix égale et par la limitation du rôle du Conseil de sécurité aux seules questions du maintien de la paix. Dans l’état actuel des rapports de forces, le droit international est très fragilisé. Sa fonction tend à être de plus en plus limitée. L’urgence est que les peuples s’approprient le droit pour en faire une arme dans les combats qu’ils mènent pour la paix et le développement politique, économique, social et culturel. Robert Charvin
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La marginalisation de l’ONU au Proche-Orient L’exemple de la résolution 242 Au cœur de toutes les tentatives de règlement de paix du conflit israélo-arabe, la résolution 242 du 22 novembre 1967 est le « meilleur » exemple de ces références juridiques sans cesse invoquées et systématiquement oubliées. Adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité, elle fut le fruit d’un compromis entre les Etats-Unis et l’URSS. A l’origine du texte, lord Caradon, ambassadeur britannique à l’ONU, était convaincu que rien ne pourrait se faire si on ne rappelait pas clairement le principe de l’inadmissibilité de territoires par la guerre. Or Israël et les Etats-Unis ne voulaient pas de ce rappel pour ne pas que les lignes d’armistices de 1949 puissent être considérées comme des frontières. Il suggéra alors d’insérer le principe dans le préambule tout en le liant à des objectifs qui impliquaient des négociations afin de sous-entendre que seules celles-ci détermineraient le tracé définitif des frontières. Ce subtil exercice sémantique a conduit à un texte précédé d’un préambule « soulignant l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la force et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque Etat de la région de vivre en sécurité » ; ensuite, la résolution affirmait que « l’accomplissement des principes de la Charte exige l’instauration d’une paix juste et durable fondée sur : 1 « le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit » avec une version anglaise stipulant « withdrawal… from occupied territories ». 2) « La fin de tout état de belligérance, le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque Etat de la région… ». La
Symbole de la terre devant le siège de l’ONU
Sculpture devant le siège de l’ONU
question palestinienne n’était pas évoquée, sauf pour demander « un juste règlement du problème des réfugiés ». Par la suite, cette divergence majeure d’interprétation a toujours opposé Israéliens et Arabes. Ambiguïté consubstantielle à son processus d’élaboration qui a, de surcroît, évité de se placer sous le chapitre VII comme ce fut cas aussi, par la suite, pour tous les textes du Conseil de sécurité visant Israël… Le destin très contrasté de sa mise en œuvre reflète avant tout des rapports de force qui ne peuvent se comprendre que si on rappelle qu’en 1967 Israël conquiert trois territoires : le Sinaï égyptien, le Golan syrien et ce qui restait de la Palestine après la guerre de 1948, c’est-à-dire la Cisjordanie avec Jérusalem-Est et Gaza. Le Caire et Damas n’ont eu de cesse d’exiger la rétrocession de leurs territoires ; et comme ils n’ont rien obtenu par la négociation, ils ont décidé de déclencher une guerre en octobre 1973 pour
obtenir gain de cause. Cela a permis l’ouverture de négociations qui ont conduit à un désengagement israélien partiel du Golan (1974) et, après les accords de Camp David (1978), un traité de paix signé entre l’Egypte et Israël en mars 1979. Dans les deux séquences, les négociations ont été fondées sur la résolution 242 qui n’a été mise en œuvre que partiellement, puisque si le Sinaï a été évacué (en mars 1982), une partie importante du Golan est toujours sous contrôle d’Israël qui a même décidé de l’annexer unilatéralement en décembre 1981. Cette annexion illégale a été aussitôt condamnée, à l’unanimité, par le Conseil de sécurité dans sa résolution 497 du 17 décembre 1981. Les tentatives de règlement du conflit israélo-palestinien font sysLE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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tématiquement référence à la 242. La Déclaration du 13 septembre 1993, « les accords d’Oslo », prévoit l’établissement d’une Autorité palestinienne pour une période transitoire ne devant pas excéder 5 ans devant conduire à un règlement permanent fondé sur les résolutions 242 et 338. Lorsque, en mars 2002, dans sa résolution 1397, le Conseil de sécurité se déclare, pour la première fois, « attaché à la vision d’une région dans laquelle deux Etats, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, à l’intérieur de frontières reconnues et sûres », il commence par rappeler toutes ses résolutions antérieures et « notamment la 242 ». Ce texte sert aussi de fondement à une « feuille de route » établie par une lettre du 7 mai 2003 de Kofi Annan, dont l’objectif est de confier au Quartet (OUN, Etats-Unis, Union européenne, Russie) la responsabilité de conduire, par étapes, un processus de paix en vue d’un règlement permanent du conflit israélo-palestinien prévoyant deux Etats. Le processus devant être terminé pour… 2005. Deux semaines après le vote de la 1397, Israël déclenche l’opération « Rempart » par laquelle l’armée israélienne réoccupe toutes les villes de Cisjordanie. Ainsi pendant que le Conseil de sécurité appelle à la paix, les Etats-Unis appuient sans réserve une lourde répression israélienne. Dans ces conditions de double discours et de double jeu, le processus a vite tourné à la mascarade. Le Quartet n’était plus qu’un théâtre d’ombres. En novembre 2007, les Etats-Unis organisèrent à Annapolis une conférence internationale censée le relancer. Il fit long feu. Pendant tout ce temps, la colonisation des territoires palestiniens s’est méthodiquement poursuivie. La création continue de ces faits accomplis sur le terrain donne à la question du retrait des territoires une dimension chaque jour plus complexe. Non seulement, les colonies constituent de très denses 20 - LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
emprises foncières, mais elles accueillent des populations de plus en plus nombreuses au point que certaines d’entre elles sont devenues, depuis longtemps, de véritables villes. Ce processus est en totale contradiction avec la résolution 242, car ces implantations sont un moyen déterminant pour annexer de facto de vastes parcelles de territoires palestiniens. Plus le temps passe et plus il y a de constructions et donc de colons installés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ; 10 000 en 1972, 106 000 en 1983, 258 000 en 1992 (à la veille des accords d’Oslo), 387 000 en 2000, 550 000 en 2013. Pour tout règlement définitif, Israël exige de tenir compte de ces faits accomplis ; ce qui revient à vouloir faire passer ces colonies sous souveraineté israélienne en les annexant de jure. La situation régresse tellement sur le terrain que le droit paraît comme emporté par cette implacable entreprise à créer des faits accomplis partout en Cisjordanie et à Jérusalem. Ce n’est pas seulement le principe de l’inadmissibilité de l’acquisition des territoires par la force qui est ainsi contourné, c’est aussi le droit humanitaire et, tout particulièrement, la IVe Convention de Genève de 1949. Le Conseil de sécurité s’est prononcé à maintes reprises en termes très clairs sur les colonies, y compris celles de Jérusalem-Est ; une des plus importantes, la résolution 446 du 22 mars 1979, « Considère que la politique et les pratiques israéliennes consistant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 n’ont aucune validité en droit ; Demande une fois encore à Israël, en tant que Puissance occupante, de respecter scrupuleusement la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, de rapporter les mesures qui ont déjà été prises et de s’abstenir de toute mesure qui
modifierait le statut juridique et le caractère géographique des territoires arabes occupés depuis 1967, y compris Jérusalem, et influerait sensiblement sur leur composition démographique et, en particulier, de ne pas transférer des éléments de sa propre population civile dans les territoires arabes occupés ». Les Etats-Unis considèrent eux aussi que ces colonies sont illégales mais ne s’associent pas aux résolutions qui condamnent Israël. Un des épisodes récents de cette attitude ambivalente a eu lieu le 18 février 2011, lorsqu’ils ont utilisé leur droit de veto contre une résolution réaffirmant «...que les colonies de peuplement israéliennes établies sur le territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, sont illégales et constituent un obstacle majeur à l’instauration d’une paix globale, juste et durable ». Après ce blocage, Susan Rice, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, a précisé que ces colonies étaient bien illégales mais que l’adoption d’une telle résolution risquait de gêner les négociations à venir… Quatre ans plus tard, rien ne s’est passé et le droit international demeure toujours totalement ignoré. Jean-Paul Chagnollaud Professeur des universités Directeur de l’iReMMO (iremmo.org)
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Modernisation, simplification Que cache ce vocabulaire ? Le 21 octobre 2014 le Secrétaire d’Etat aux anciens combattants avait convié au Ministère les Associations d’Anciens Combattant (dont l’ARAC, bien entendu présente) pour leur faire part de son plan d’action relatif à la modernisation du traitement des pensions militaires d’invalidité, plan comportant 27 actions. « Ce plan s’inscrit dans un processus d’amélioration du dispositif de réparation pour les invalides de guerre et vise à simplifier les démarches des militaires et anciens combattants, à fluidifier le traitement des dossiers de demande de pension et à rationaliser le fonctionnement de certaines structures prévues par le code des PMIVG » précise le ministère. Sans énumérer et traiter chacune de ces 27 actions il y a lieu de noter que celles-ci sont regroupées dans 3 chapitres : 1/ le traitement administratif des PMI 2/ Le contentieux des PMI 3/ L’aide sociale et répartition complémentaire.
I – Le traitement administratif des PMI Il règne un esprit de simplification qui risque d’aboutir à des suppressions importantes. Les guichets de proximité remplacent tout ce qui était de la compétence des centres de réforme et commissions de réforme. La création de nouvelles procédures de traitement des expertises médicales et de nouveaux formulaires de demandes de pension n’est pas une mauvaise idée, mais ne serait-il pas plus utile, voire indispensable, de créer d’abord un corps d’experts médicaux spécialisés en droit des PMI ? La réalisation d’une version restreinte du guide barème et la réactualisation de celui-ci méritent également une très grande attention de la part des associations mais ces deux qualificatifs ne cacheraient-ils pas un moyen de suppression d’un nombre important de maladies, de blessures, de troubles accessoires, etc. toute une pathologie encore pensionnée actuellement. En réalité tout ce qui intéresse les expertises médicales et le guide barème ne
devra-t-il pas être effectué en collaboration avec les associations d’Anciens Combattants et avec l’assistance de médecins compétents non mandatés par l’administration ? Quant à la transformation de la CCM, celle-ci devrait être purement et simplement supprimée. C’est un problème sur lequel il faudra revenir le moment venu.
II – Le contentieux des PMI La proposition de la numérisation et de la mise en ligne sécurisée sur Internet du dossier PMI lors de chaque ouverture d’instance contentieuse n’est pas une mauvaise idée… Mais compte tenu de « l’importance physique de ces dossiers » ce souhait sera-t-il vraiment réalisable ? Le rappel aux associations d’anciens combattants d’avoir à présenter des candidats compétents pour siéger devant les tribunaux de pension n’est pas inutile. Cependant, il faudrait pour cela que soit prévue à la fin de chaque année une audience spéciale des tribunaux de pension, audience publique avec tirage au sort des candidats. Il faudrait inviter les différentes associations à assister à cette audience, ainsi que les avocats. Les juridictions interrégionales spécialisées en matière de PMI risquent encore d’éloigner le justiciable de sa juridiction. La spécialisation des magistrats en matière de PMI devrait être réalisable, ainsi que celle des greffiers.
III – Aide sociale et réparation complémentaire - Poursuite des travaux de refonte de l’ADCS - Harmonisation au niveau national et par type de préjudice indemnisable - Mise en œuvre d’une expertise médi-
cale unique utilisée également dans le traitement de la réparation complémentaire. Toutes ces propositions sont à étudier de très près, chacune les unes après les autres. Il faut en effet éviter que sous couvert de modernisation et de simplification des pans entiers de droit à réparation disparaissent. Il faudra, le moment venu, exiger du ministère la participation effective et réelle des associations à cette « modernisation ». Quant à la refonte du code des PMI, elle se poursuit et l’administration semblerait avoir compris que les Associations ne peuvent pas être tenues à l’écart. La conséquence positive est que ces associations participent désormais à cette refonte en faisant évoluer certaines positions de la commission, telle que la déclassification quasi-générale des textes législatifs en règlements ou décrets (déclassification quasi générale). La commission se voit aussi rappeler expressément l’obligation d’effectuer la refonte du code des PMI à droit constant, comme elle l’a toujours déclaré. Il existe donc actuellement une situation capitale concernant le droit à réparation pour les Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Les associations d’Anciens Combattants et Victimes de Guerre, dont l’ARAC, sont présentes pour surveiller, puis exiger que les combats menés par les Anciens pour le droit à réparation ne soient pas « effacés d’un trait de crayon » sous les motifs de modernisation et simplification. Affaire à suivre de très près… Jacqueline Thabeault-Alcandre LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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Contraindre le gouvernement à entamer le débat sur le retard de la valeur du point PMI Comme son prédécesseur, le nouveau secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants affirme que la valeur du point d’indice servant au calcul des pensions militaires, de la retraite du combattant et du calcul du plafond majorable des rentes mutualistes AC est juste, qu’aucun rattrapage ne se justifierait et que le système de calcul est correct et convient à tout le monde. Pourquoi refuse-t-il alors d’en débattre ? Les membres du gouvernement successifs depuis 1990 et leur majorité parlementaire affirment que tout est bien. Mais ce n’est pas le cas des pensionnés pour invalidité, des veuves, des orphelins et des ascendants, des pensionnés hors-guerre, civils de guerre et civils hors-guerre, des bénéficiaires de la retraite du combattant, ni des mutualistes AC. En un mot, c’est la quasi-totalité des ressortissants concernés qui crient au scandale et réclament justice.
➢ Face aux négations gouvernementales quelques rappels en chiffres • Evolution de la valeur du point PMI - 2002, point PMI à 12,66 - 2014, il est à 13,96 Soit + 1,3 euro en 13 ans : 10 centimes par an ! Même pas un centime par mois.
Parler d’équité en matière de ce droit à réparation revient non seulement à se moquer des ACVG mais quasiment à les… injurier ! • Pour l’ARAC La valeur du point PMI est en retard de 3,53 euros à 7,51 euros du point, selon que l’on se réfère à l’agent des Services techniques de 1re catégorie, échelle 3, en fin de carrière (11e échelon), ou au salaire médian de la catégorie C de la Fonction publique. Soit 20,45 % de retard, ce qui porterait le point PMI à 17,49 euros au lieu de 13,96, ou encore 34,92 % de retard, soit le point à 21,47 euros. • Erreur ou réalité ? Quelques comparaisons - Inflation Selon le calculateur d’inflation, le point
« Un placement idéal » et la palme de la honte !!! « Un placement idéal pour générer vos revenus et préparer votre retraite… La solution à fort rendement. Un placement sûr pour l’avenir… Rentabilité garantie… Rendement fort de 4 à 6 %… Réduction d’impôts… Récupération de la TVA 20 %… Placement idéal… » Bref, l’idéal ! Alors n’hésitez plus : « Investissez EHPAD et générez des revenus complémentaires »… « L’EHPAD (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) est l’un des investissements les plus rentables avec des besoins en chambres médicalisées importants. » Quelle honte !!! Et elle est signée « Réflexe Patrimoine ». Réflexe du fric, plutôt ! Alors que le montant des retraites baisse, que les charges sociales augmentent, que l’austérité frappe en force, les tenants de la finance, des ressources privées et autres – toute honte bue – appellent à faire du fric sur les maisons de retraite, sur la vie de ceux qui y séjournent ou devront y séjourner. Que l’ONAC-VG y réfléchisse : brader ses propres EHPAD, n’est-ce pas brader la poule aux œufs d’or ? Plus que jamais le veau d’or reste présent. Debout les valides, debout les personnes âgées, debout les damnés de la terre, les damnés de l’humanité : « Hasta la Victoria, Siempre ! Commande Che ». André Fillère
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PMI aurait chuté de 23,3 % de 2002 à 2014 et devrait se situer à 16 euros (au lieu de 13,96). - Indice des prix à la consommation De janvier 2002 à novembre 2014, l’indice est passé de 104,80 à 127,62, soit + 22,82 (+ 21,752 %). Ce qui devrait amener le point PMI à 17,416 €. - Revalorisation des pensions alimentaires De janvier 2002 à novembre 2014, l’indice est passé de 104,40 à 125,70, soit + 21,30 (+ 20,40 %). Ce qui amènerait le point PMI à 16,80 euros.
➢ Par conséquent, dans tous les cas de figure, un retard est constaté. • Le point PMI enregistre un retard de - 2 euros par rapport à l’inflation - 3,44 par rapport à la consommation - 2,84 par rapport aux pensions alimentaires D’où la démarche pressante de l’ARAC pour la réunion d’une commission officielle tripartite (gouvernement, élus, ACVG) afin de se mettre d’accord sur le montant du retard, sur son mode de rattrapage par étapes et sur le recalage du système sur des bases fiables pour éviter toute « dérive » à l’avenir. ➢ C’est, nous semble-t-il, la question fondamentale qui concerne concrètement le plus grand nombre d’ACVG et qui devrait être – en 2015 – le point de rassemblement et de poussée du Mouvement ACVG uni afin de contraindre le gouvernement à négocier. André Fillère
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Commission nationale de la carte du combattant
Bilan 2014 La délégation restreinte de la Commission s’est réunie le 18 novembre dernier au siège de l’ONAC-VG, aux Invalides à Paris. Elle a examiné 6 182 dossiers, attribué 5 497 cartes (9 AC 39/45 – 20 Indochine, 1 684 ATM – dont 504 « à cheval » sur le 2 juillet 1962 – et 3 724 OPEX, dont 1 249 pour l’Afghanistan, 876 pour la Côte d’Ivoire, 812 pour l’ex-Yougoslavie, 370 pour le Tchad, etc.). Elle a émis un avis défavorable à 741 demandes (18 AC 39/45, 1 Indochine, 605 ATM, 71 OPEX et 46 hors périodes). Au terme de cette dernière réunion de l’année, le bilan 2014 s’établit ainsi pour l’année :
- 36 284 dossiers examinés - 32 854 cartes attribuées (65 AC 39-45, 92 Indochine, 14 798 ATM dont 8 648 « à cheval » sur le 2 juillet 1962 et 17 899 OPEX) - 3 374 rejets (202 AC 39-45, 11 Indochine, 1 384 ATM, 1 661 OPEX et 136 hors-période). - 56 retraits de cartes (3 AC 39-45, 6 Indochine, 36 ATM et 11 OPEX). Parmi les 32 854 cartes attribuées, 15 234 (près de 50 %) l’ont été à des Anciens Combattants âgés de plus de 65 ans (288 OPEX et 14 946 non OPEX).
En Essonne, un petit monsieur aux cheveux blancs s’en est discrètement allé Le 8 janvier dernier, l’Eglise Ste-Thérèse, de Savigny-sur-Orge, a accueilli – en présence d’une très nombreuse assistance (élus, drapeaux, direction départementale de l’ONAC, dirigeants associatifs, ARAC départementale et sections locales, etc.) – le cercueil et la famille de Gilbert Brunet pour une bénédiction et l’hommage public de MM. Eric Melhorn (maire UMP) et Jean Estivill, président de l’ARAC locale. Né en 1925 rue Mouffetard (Paris 13e), Gilbert, après une enfance très pauvre, travaille chez Gnome et Rhône (aviation, sa passion) et entre très jeune dans la Résistance antinazie en participant à la manifestation du 11 novembre 1940. Engagé volontaire, il sera de la libération de Colmar avec l’Armée Delattre et entrera à Dachau et Mauthausen avec les Alliés. Après la guerre, il gravit les échelons professionnels à la SNECMA (toujours l’avion, sa passion) où il accédera à des missions de hautes compétences professionnelles internationales. « Deux personnes m’ont sauvé la vie », nous confia un jour ce gaulliste de gauche, « un instituteur et un curé ». Croyant et laïque, patriote républicain et
pacifiste, se sentant concerné par tout, jamais indifférent, toujours souriant, Gilbert était un homme droit, juste et modeste, ne se racontant jamais. Son esprit tiré de la Résistance, son credo « les jours heureux » (un programme dont les idéaux l’ont marqué jusqu’au bout) l’amenèrent naturellement à l’ARAC où il occupe des responsabilités importantes, ainsi qu’à l’UFAC et dans les Commissions de l’ONAC. Demeuré jeune d’esprit et de cœur, il comprenait la jeunesse qui le lui rendait bien. Ardent passeur de mémoire, il fut dès 1990 à l’origine de la Commission municipale de la mémoire de Savigny avec laquelle il organisa 17 voyages, emmenant plus de 3 000 adolescents sur les hauts lieux
de mémoire que sont Notre-Dame-deLorette, Tulle, Oradour, le Vercors, les maquis de Bretagne, Verdun, le Struthof, Dunkerque, Arras, le Chemin des Dames, les champs de bataille de la Somme, la ligne Maginot, jusqu’à l’Angleterre, mais aussi Dachau. Organisateur méticuleux (avec Lucienne Georges et Max Rivière), Gilbert – ce petit monsieur aux cheveux blanc – était un homme bien, un grand homme, chaleureux, dévoué, solidaire, attentif aux autres comme aux choses du monde et de la nature. Que son épouse, sa fille, ses petits-enfants trouvent ici, avec nos sincères condoléances, l’expression de notre chaleureux soutien. André Fillère
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Comment apporter une réponse durable aux violences ? Un effort long et âpre dans une société en métamorphose par Anicet Le Pors, ancien ministre, conseiller d’Etat honoraire La sûreté et la résistance à l’oppression sont des droits de l’homme et du citoyen. Aussi des mesures de sécurité sont-elles nécessaires pour conjurer les violences faites aux biens, aux personnes et aux idées. Mais elles ne sauraient constituer des réponses durables et fondamentales aux maux dont souffre notre société en métamorphose, en décomposition sociale et profonde, se traduisant notamment par une perte de repères idéologiques, politiques, moraux. Situation dangereuse, consécutive de l’échec d’un XXe siècle « prométhéen » que j’illustrais en 1993 par le titre d’un livre, Pendant la mue le serpent est aveugle, emprunté à Ernst Jünger (Editions Albin Michel). L’une des manifestations de cette décomposition est la montée des dérives sectaires et des intégrismes (catholique, islamiques dans la récente période et d’autres) et les forces pour les combattre doutent à la fois de la nature des prin-
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cipes à défendre et des moyens à mettre en œuvre. Cela s’est traduit par des attitudes de faiblesse et de facilité dans la confrontation nécessaire des idées. Faiblesse dans la défense de la laïcité et du service public. Facilité dans la confiance exclusive en la loi et en la réglementation pour combattre des manifestations qui ont leur source dans les mœurs, des cultures et des religions qui se réclament d’un ordre naturel supérieur au contrat social. C’est ainsi que l’on a pu croire qu’il suffirait d’interdire par la loi le voile à l’école en 2004 pour assurer l’égalité hommes-femmes dans l’éducation. D’autres signes identitaires ostentatoires ont surgi et le problème s’est déplacé sur la voie publique et il a fallu prendre une nouvelle loi contre le voile intégral en 2010. Les populations concernées ne pouvaient que s’en ressentir stigmatisées. Dans le même temps, il a paru de bon ton, aussi bien dans les juridictions que dans les partis de gauche, de penser pouvoir calmer le jeu en cédant sur les principes et en dénonçant les discriminations dont un ferme respect de la laïcité, notamment dans les services publics, serait la cause. Ni la faiblesse ni la facilité ne pourront conjurer le danger. Une idéologie dont on a la conviction, le conservatisme par le progrès social, l’obscurantisme par la raison. Il s’agit d’un effort long et âpre qui justifie, par là, la liberté d’opinion et d’expression la plus complète et la plus résolue.
Hommage aux victimes des attentats par André Chassaigne, député communiste Extraits A travers le visage des victimes, c’est le visage de la France dans toute sa richesse et sa diversité, c’est la France qui a été agressée. C’est une partie d’elle-même qui a été assassinée par les barbares. C’est la République, ses valeurs, son histoire, sa lumière, sa laïcité qui viennent d’être frappées au cœur. Que notre pays est grand quand des millions de citoyens se retrouvent ainsi autour de valeurs partagées, quelles que soient leur situation sociale, leur couleur de peau, leur origine, leur religion ! Derrière ces crimes, c’est la communauté nationale dans son entier qui a été visée. Voilà pourquoi est monté ce cri : « Je suis Charlie ». Nous refusons tout amalgame, tout discours islamophobe qui tente de récupérer le drame national. Les musulmans ne forment qu’une communauté, celle qu’ils forment avec nous, la communauté nationale. Eux aussi sont assassinés par les terroristes, eux aussi font vivre notre pays, sa police, son armée, ses écoles ou encore ses hôpitaux. Un Patriot Act à la française n’est pas la solution. Pour garantir l’unité et la cohésion nationales, tous les leviers doivent être actionnés pour que personne – je dis bien personne ! – ne soit abandonné sur le bord de la route. N’est-il pas temps, comme le disait si bien Jean Ferrat, « que le malheur succombe » ? Pour conclure, je dirai à Charb, à Georges et à tous les autres, à toutes les victimes de ces jours de tragédie : ils ont voulu vous enterrer, ils ne savaient pas que vous étiez des graines.
ACTUALITÉS LE RÉVEIL
Un acte inacceptable, odieux, vient d’avoir lieu à Paris Un acte gravissime qui porte atteinte aux valeurs de la République, à la conception de la Liberté qui est la nôtre. En s’attaquant à Charlie Hebdo, on porte atteinte aux droits fondamentaux de la liberté de la presse et à son indépendance. Nos premières pensées vont aux victimes et à leur famille. L’ARAC, le Réveil des Combattants son journal, défenseur des valeurs issues du Conseil national de la Résistance, expriment leur peine immense et leur volonté inébranlable de tout faire pour préserver la liberté d’expression, les acquis démocratiques, fruits des luttes historiques du peuple français socle fondamental de sa République.
Ensemble, nous nous élevons contre cette horreur, ensemble nous défendons la liberté d’expression, la liberté de pensée, la liberté de conscience, nous défen-
dons les valeurs que porte la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le Secrétariat national de l’ARAC Le 7 janvier 2015
« Lettre de Descartes » - Extraits « J’ai été à la manif géante du dimanche 11 janvier. Et je ne le regrette pas. » « J’ai changé d’avis. Pourquoi ? Parce que j’ai pris la mesure de l’indignation et de l’élan de la population. » « J’ai changé d’avis parce qu’à un certain moment, il faut laisser de côté la mesquinerie des raisonnements tactiques gauchistes, genre « si untel y va, j’y vais pas ». On pourra dire que pour une fois dans ma vie Clémentine Autain aura réussi de me faire changer d’avis. Lorsqu’elle a déclaré en substance qu’elle ne saurait aller manifester avec deux millions de personnes si parmi elles se trouvait Sarkozy, je me suis dit qu’il fallait arrêter les conneries. » « Je n’ai pas été déçu. Je dirais même que, cynique et pessimiste que je suis, je suis revenu requinqué. » « Dans cette mobilisation j’ai vu un espoir d’éclaircie dans la nuit noire dans laquelle nous sommes. » « J’ai vu un peuple très divers manifester dans un climat de courtoisie, d’attention de l’autre, des gens simples mais des commentateurs parler de la « nation française ». » « Il est tellement plus facile de vivre dans le monde des Bisounours et se féliciter d’un « progrès sociétal » continu qui permet de déguiser l’affaiblissement social et institutionnel du pays. » « Le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo nous ramène dans une réalité politique qui est, par essence, tragique. Tout à coup, les Français ont compris combien ces valeurs « ringardes » que sont le drapeau ou la nation, sont nécessaires pour nous protéger du chaos. Ce qui est extraordinaire, c’est de voir combien cette prise de conscience est forte et massive. Personne n’a forcé les manifestants à chanter « la Marseillaise », à agiter les drapeaux tricolores, à parler de « nation française ». » « Elle nous a été transmise avec notre « roman national », cet accessoire tenace que tous donnaient pour mort et que l’on voit resurgir à cette occasion. » « Notre peuple a montré une fois encore qu’il reste un peuple responsable, éduqué et politique. »
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LE RÉVEIL ACTUALITÉS
Comme un vol de corbeaux sur des pavés parisiens Du sang sur les pavés… Celui des victimes des attentats terroristes de janvier 2015, sur le pavé de Paris, les pavés de l’Histoire. Celle des révolutions de 1830, 1848, de la Commune de Paris, des grands mouvements populaires de 1936 à 1968, les pavés glorieux du 8 mai 1945 et ceux de Charonne où des milliers de pieds et de poings levés appelèrent à la fin de la guerre d’Algérie… Les pavés de l’Histoire immédiatement peuplés de millions de « Charlie » pleurant les copains et dénonçant le fanatisme et les crimes contre la liberté d’expression. L’ARAC en était. Un formidable sursaut citoyen devant lequel est venu se poser – en tête de cortège et mobilisant les chaînes TV aux ordres tout au long de la journée – « le vol lourd des corbeaux sur nos plaines ». ➢ « Comment ne pas être interloqués par la présence, dans la marche parisienne,
dans le carré des VIP, de certains invités internationaux du Président Hollande » déclare un communiqué des syndicats de journalistes… C’est vrai. Et comment ne pas s’indigner, crier au scandale, condamner ces individus venus chercher sur les pavés parisiens, sur le sang des victimes, un « brevet d’antiterrorisme » les dédouanant de tous les crimes commis chez eux contre leur peuple et la liberté d’expression. ➢ Comment ne pas dénoncer ceux qui – pour le plus grand bien des indices de sondage – ont organisé ce mauvais coup avec Ali Bongo (Gabon), Ahmet Davotoghu (Premier Ministre de Turquie, l’une des plus grandes prisons de journalistes), Benjamin Netanyahou (Premier Ministre Israélien, bourreau de Gaza où 16 journalistes palestiniens ont été tués en 2014… et combien de morts palestiniens), Serguë Lavrov (diplomate d’une Russie qui musèle sa télévision et réprime les journalistes), Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nohyana (Emirats Arabes Unis où l’on emprisonne et fouette pour un tweet), Viktor Orban (premier ministre hongrois qui a fait main-basse sur les médias de son pays), Antonin Semeros (alors Premier Ministre grec qui a fermé la chaine publique ERT), Jens Stoltenberg, Secrétaire général de l’OTAN… Comme si c’était une réunion de chefs d’Etat en son Etat-Major. Et de saluer des deux mains, et de se faires des bisounours. Autant d’ennemis de la li-
berté autorisés à fouler le pavé parisien pour se « blanchir » et faire oublier les crimes commis, parmi lesquels – en 2014 – près de 120 journalistes et personnels des médias tués. Et en 2015, avant même les attentats parisiens, ceux de journalistes Yéménites et Tunisiens mêlés aux victimes de leurs peuples. « C’est dur d’être récupéré par des cons » a écrit Charlie Hebdo. C’est encore plus dur quand ce sont des « voyous » invités par notre propre gouvernement. C’est même scandaleux et insultant que leur ait été offerte la liberté de fouler les pavés des martyrs. Jusqu’où peut aller l’indécence ? « Ami si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place », chant d’espoir et de lutte contre « le vol noir des corbeaux sur les plaines ». André Fillère
« Charlie »
Cuba solidaire Dès le 7 janvier, Raul Castro Ruiz (Président du Conseil d’Etat et du Conseil des Ministres de la République de Cuba) a adressé un message de condoléances au Président français et aux familles des victimes. Même démarche de l’ambassadeur de Cuba en France Monsieur Hector Igaza. Sur le livre de condoléances ouvert à l’ambassade de France à La Havane, de nombreux témoignages ont été exprimés. Dans un message, Lisa et l’équipe de la Maison Victor Hugo à La Havane se joignent à la France en deuil. Les dessinateurs cubains de la publication et du site « Dedete » condamnent les crimes lâches, manifestent leur solidarité et leurs condoléances. Et ajoutent : « les artistes cubains en utilisant les armes de l’art continueront à dénoncer toutes les manifestations de barbarie et de terreur ».
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Puy de Dôme (63) : Georges Favard – 50 €, Louis Jouvion – 50 €, Hautes Pyrénées (65) : Laurent Lamon – 50 € Saône et Loire (71) : Jean Gaumet – 50 €, Sarthe (72) : Luc Bouret – 100 €, Gaston Lethielleux – 100 €, Claude Cucy – 50 €, Paris (75) : Gérard Ermogeni – 200 €, Seine et Marne (77) : Patrice Malingre – 20 € Vaucluse (84) : André Pechrikian – 50 €, Vosges (88) : Francis Bretenoux – 50 €, Essonne (91) : Henri et Jeannine Couturier – 100 €, Phuc-Ky Nguyen – 100 €, Seine St Denis (93) : Jean Muller – 50 € Val de Marne (94) : Maurice Alvo – 50 €, Alain Bonnet – 50 €, Jacques Goutorbe – 200 €, Marc Pialoux – 50 €,
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L’ARAC est une organisation vivante, moderne, portant les valeurs de notre histoire, celles de la Nation, celles écrites aux frontons de nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité. Dans le monde d’aujourd’hui, préserver et développer l’ARAC, c’est défendre et garantir la souveraineté nationale, la démocratie, l’avenir de la France.
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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
Fléac-Linars (16) La section de Fléac-Linars a tenu son assemblée générale le 17 janvier 2015 en présence de Jean-Pierre Colas, président départemental de l’ARAC de Charente et membre de la direction nationale
Corrèze (19) Le centenaire d’une exécution qui attend toujours réparation. Le 12 décembre 1914 dans le département de l’Aisne, à Fontenoy, le soldat Léonard Leymarie, originaire de la commune de Seilhac, était fusillé par le bras armé de l’Etat français. Qu’avait-on à lui reprocher ? Une écorchure sur la face dorsale du médius de la main gauche diagnostiquée comme « mutilation volontaire ». Puis se tiendra un conseil de guerre et la sentence tombera, inique, sans qu’elle lui soit dite par le tribunal militaire. Le 12 décembre, devant le monument aux morts encadré par une douzaine de porte-drapeaux, une centaine de per-
Essonne (91) André Fillère, président départemental de l’ARAC de l’Essonne et Président d’Honneur de l’ARAC Nationale s’est vu remettre la médaille du Conseil Général de l’Essonne aux vœux départementaux du canton des Ulis, par son Président Jérôme Guedj en présence de Madame Maud Olivier, conseillère générale des Ulis.
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sonnes dont le sénateur de la Corrèze Daniel Chasseing, le président du Conseil général de la Corrèze Gérard Bonnet entre autres personnalités, les descendants de la famille ont rendu hommage à la mémoire de ce fusillé pour l’exemple. Marc Géraudie, le maire de la commune. De nombreux militants, acteurs de la réhabilitation des fusillés étaient présents à la cérémonie grâce au travail acharné pendant de nombreuses années de l’ARAC 19 et de sa section intercommunale de Saint-Jal que le soldat Leymarie sortira de l’oubli. Son nom sera inscrit officiellement sur le
monument aux morts de la commune le 12 décembre 2008 aux côtés de 92 autres Seilhacois victimes de la Grande Guerre. Jusqu’à cette date, les maires successifs avaient refusé d’inscrire le nom de ce mort « pas comme les autres ». « Le 11 octobre dernier, sur les lieux de son exécution à Beuvraignes dans la Somme, un hommage était rendu au sous-lieutenant Chapelant, fusillé sur son brancard, appuyé contre un pommier, le 11 octobre 1914. L’ARAC de la Corrèze a estimé qu’il devait en être de même pour le soldat Léonard Leymarie, autre figure emblématique des victimes innocentes des conseils de guerre, tombées sous les balles de pelotons composées de leurs propres camarades » a souligné Marie-Josée Cappoën, présidente de l’ARAC.
VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL
André Fillère, a reçu en novembre 2014 la médaille de la Ville de Paris dans le cadre de l’activité inlassable qu’il a mené au service des intérêts de la ville et de ses habitants.
La première réunion de la Commission sur le règlement intérieur s’est tenue en décembre 2014. Les camarades autour d’Annick Chevalier administratrice de l’ARAC et trésorière nationale ont pris le temps de dresser une première trame des questions en débat. Ils ont mis l’accent unanimement sur la nécessité de mettre en place une consolidation des données comptables. Une prochaine réunion aura lieu avant le Conseil National.
Courrier des lecteurs M. Jacques AUDRY (18) Le 21 janvier 2015
Ardèche (07)
Monsieur le Président de l’ARAC,
Le comité départemental de l’ARAC de l’Ardèche a tenu jeudi 15 janvier son assemblée générale à la maison des associations de Cruas. Présidée par Daniel Roche, elle a donné lieu à de nombreux débats. Ne laissant rien passer des événements, en brandissant haut et fort le programme du Conseil Nationale de la Résistance, les membres de l’association ont analysé les événements des fusillades terroristes du 7 janvier et leurs suites. Avec une critique forte quant à la constitution du premier rang de la manifestation du dimanche 11 janvier à Paris aux côtés du président François Hollande. « Oui, je suis en deuil, je l’assume, je le revendique. Il y a danger, il faut se rassembler… Mais je ne veux pas partager cette douleur avec ceux qui ont contribué à créer le climat nauséabond et létal qui ronge notre pays depuis des années ». Dans l’éthique caractéristique du mouvement qui « fait la guerre à la guerre », la multiplication des interventions était elle aussi condamnée.
Votre lettre de vœux est couverte de mots qui, à la lecture, provoquent un émoi dans le cœur du vieux que je suis. 88 ans. Il y a 70 ans je fêtais mes 18 ans, et je revois ce jour du 8 mai 1945 où accompagné de deux camarades nous avons actionné pendant plus de 30 minutes les 3 cloches de notre église. Un moment fort dans la vie qui reste gravé, ayant subi durant cinq années la présence ennemie avec ses sévices, ses cruautés accompagnées de privations. La solidarité de cette époque était basée sur un même combat. Elle était le but de la délivrance, la liberté. A ce jour elle doit être le devoir du respect de ce passé qui a connu tant de morts, tant de martyrs innocents. C’est ce que chacun de nous a le devoir de mettre en œuvre pour honorer en ce 70e anniversaire la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie, su apporter leur concours à cette liberté. Les derniers événements tragiques appellent à ce rassemblement solidaire, quel qu’en soit le motif. Avec mes respects.
Daniel Roche s’en prenait au projet de loi « Macron » qui aggrave le processus de privatisation du secteur public « qui finira de déconstruire le programme du CNR. Un autre point critiqué sera celui de l’indemnisation des déportés ou ayantdroits américains (60 millions de dollars) transportées par la SNCF entre 1942 et 1944 vers les camps nazis. Chacun percevra 100 000 dollars (bien plus que les déportés français). Une mesure qui permettra une immunité de recours juridique contre la SNCF qui pourrait bénéficier de contrats aux Etats-Unis. Un autre point traité celui de la demande réhabilitation des fusillés pour l’exemple qui sera à nouveau envoyée au président de la République.
Allier (03) Le 4 décembre dernier, date anniversaire, Didier Gaudrat, maire de Tréteau (03), des membres du conseil municipal et le Comité départemental de l’Allier ont organisé une cérémonie en hommage à Pierre Gay fusillé pour l’exemple à Vingré dans l’Aisne avec 2 de ses compagnons Jean Quinault et Claude Pettelet et 3 autres soldats. Ils ont été réhabilités en 1921. LE RÉVEIL - N° 810 - FÉVRIER 2015
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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC
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N° 55305 - René GUYOMAR (29)
N° 66501 - Emile BRIDON (69)
N° 53248 - Christian BRAVO (33)
N° 59004 - Guy BROUZE (74)
N° 29501 - Guy ARLES (34)
N° 77333 - André BOUTEILLE (77)
N° 79865 - Guy CHEVILLARD (45)
N° 56365 - Albert UBEDA (84)
N° 51612 - Renée BLANC-TAILLEUR (47)
N° 105336 - Jean-Pierre GUERIF (91)
N° 45789 - Maurice FRUCTUOSO (58)
N° 36722 - André ARAGNOUET (93)
N° 50902 - Joseph ARMANGAU (66)
N° 104251 - Aurelio MARTINEZ (94)
MAGAZINE LE RÉVEIL
Un livre qui montre que des hommes et des femmes n’ont jamais laissé à l’extérieur de l’entreprise, leurs joies, leurs peines, leurs exigences d’une vie meilleure, leurs espoirs.
SNECMA – Des femmes et des hommes debout Editions Helvétius – 21 Place Maurice Thorez – 94800 VILLEJUIF – 06 82 80 02 54 Ils et elles ont travaillé dans les ateliers de production, dans les bureaux administratifs. Ouvriers, techniciens, cadres, employés. Ils peuvent faire leur, cette devise de fraternité : « tout ce qui est humain est notre ». La solidarité est essentielle à leurs yeux. Par ce recueil, constitué de discours tenus dans les « pots de départ » à la retraite, ou par des propos recueillis, c’est tout un pan de la vie au travail qui est dévoilé. Ces militantes et militants de la CGT ont contribué au développement de l’industrie de l’aviation civile trouvant la voie pour dépasser le « tout militaire ». Ce sont des périodes de leurs vies qui sont évoquées ici. L’amour du travail bien fait et la défense intransigeante des intérêts des salariés.
Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.
Nos peines décembre 2014 ■ Nord (59) Message de condoléances de la direction nationale de l’ARAC à Yvonne Abbas. Nous avons appris avec grande tristesse la disparition de notre camarade Yvonne Abbas, résistance, déportée, commandeur de la Légion d’Honneur. Yvonne était la présidente d’honneur de la section de Neuville-en-Ferrain dans le Nord. Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille, ses amis. Née au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle s’engage dans l’Union des jeunes filles de France dont beaucoup d’entre elles joueront un rôle déterminant dans la Résistance. Yvonne s’engagea dans les Francs-Tireurs et Partisans. Arrêtée, elle fut déportée à Ravensbrück, puis dans un camp de concentration en Tchécoslovaquie. Elle sera libérée en avril 1945, rescapée de l’horreur des camps. Elle ne cessera depuis de mener l’indispensable travail de mémoire, en particulier en direction des jeunes générations en témoignant, inlassablement, en diffusant son message de lutte et de courage, son refus de l’extrême droite, son refus de la soumission. Nous, les militants de l’ARAC, nous poursuivrons son combat contre le fascisme, pour la mémoire vivante de l’ARAC.
■ Pyrénées-Orientales (66) L’ARAC des Pyrénées-Orientales a perdu son président Albert Tronyo est décédé le 8 décembre 2014. Une nombreuse assistance est venue lui rendre
hommage au crématorium de Perpignan. Il avait consacré sa vie à la lutte syndicale à la mémoire, aux combats pour la paix et aux valeurs républicaines ainsi qu’à la défense du monde combattant. Une haie d’honneur des porte-drapeaux a salué la mémoire de notre ami, toutes associations confondues. La direction nationale était représentée par Pierre Clec’h, membre du Conseil national. Les porte-drapeaux de Perpignan et du département ont accompagné Albert à sa dernière demeure. Il repose auprès de son épouse décédée en 1985.
■ Saône-et-Loire (71) Notre camarade Jean Vion Secrétaire Général du comité départemental de Saône et Loire, et secrétaire de la section de Chagny nous a quittés dans la période de Noël. Samedi 27 décembre nous lui avons dit adieu en présence du drapeau de l’ARAC et un hommage a été rendu le mardi 30, en présence d’une foule nombreuse amie et les représentants des associations auxquelles il appartenait à la salle des fêtes de la mairie de Chagny. Toute sa vie, il s’est attaché à la libération de la région et du sol national. Son père sous lieutenant du groupe Porthos, réseau Bukmaster a été tué le 27 août 1944 à Aubigny-sur-Loire (21), abattu dans un fossé par les allemands, dépouillé de ses papiers. Il voulait faire dérailler le train qui emmenait sa femme en déportation à Ravensbrük (29 juillet 1944, 6 août 1945). La famille gardant les trois fils ignorait ces événements et ce n’est que le 21 septembre 1944 qu’il
fut enterré dignement à Chagny. Orphelin à 7 ans et jusqu’à sa mort, Jean a consacré beaucoup de temps à sa mère revenue très diminuée des camps. Cela a déterminé le sens de toutes ces années passées à participer de toutes ses forces avec la passion qui l’animait, à tous les combats au sein de l’ARAC. Pour la Paix, la mémoire. « les morts ne sont pas morts… c’est assez clair puisque nous vivons » Alain. Liliane Rehby Secrétaire Nationale de l’ARAC Présidente départementale
■ Seine-et-Marne (77) Roger Zalio, président de l’ARAC 77, nous a quittés discrètement, début décembre, des suites d’une courte mais implacable maladie. Raphaël Vahé a présenté ses condoléances attristées à son épouse au nom de la direction nationale. Roger, membre du Conseil National était un animateur à part entière de l’ARAC. Il était de cette génération – n’étant pas ACVG – qui, à partir de valeurs fortes partagées, s’engageait pour la défense des valeurs républicaines d’émancipation et de la souveraineté de la France, la défense du droit imprescriptible à réparation, travail de mémoire, le combat pour la paix. Il s’était beaucoup attaché, avec courage et modestie, à redynamiser patiemment l’action du comité départemental 77. Une délégation de l’ARAC 77, réunie autour de son drapeau, avec notamment Jean Ciret, Marianne Longuet (membre du CN) et Jacques Milhas ont participé à l’hommage qui lui a été rendu lors de ses obsèques, dans sa commune de Combsla-Ville.
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