Juin 2019 - n° 95 - www.lebonbon.fr
JUIN 2019
C’est vrai qu’en 10 ans, la nuit parisienne a bien changé. Ouais, rappelle-toi, il y a 10 piges, tous les spécialistes ès nightclubbing décrivaient Paris comme un désert festif, un musée poussiéreux où erraient les volatiles nocturnes en manque d’affters. Et ils avaient raison : en 2009, notre capitale était clairement à la bourre par rapport aux autres grandes villes européennes. Bon, ok, si tu es un vieux soldat, tu gueuleras un coup pour me dire qu’il y avait bien le Zorba pour se mettre des mines, mais avoue-le, ce genre d’endroits étaient à l’époque bien trop rares et complètement noyés par l’enfer du “clubbing de luxe”. Et puis Paris s’est énervée, elle a cassé sa ceinture de chasteté. De nombreux collectifs ont mis leurs couilles sur la table pour organiser des fêtes sauvages et libres à la périphérie, là où les codes classiques ne sont plus que des vieilles croûtes prêtes à tomber. Un réveil qui a sonné comme une régénération. Depuis 10 ans, le Bonbon Nuit n’a cessé modestement de soutenir et de faire connaître ces énergies. Car une chose est sûre, toutes celles et ceux qui ont bossé, bossent ou bosseront pour ce magazine ont la teuf gravée sur le corps. C’est même le test d’entrée, si un jour tu veux y travailler… Je te dis tout ça parce que là, entre tes mains possiblement souillées, tu tiens le Bonbon Nuit n°95, ce qui signifie que la maison-mère fête ses 10 ans. 10 ans de nuits blanches et de voltiges, ça fait un beau palmarès, on a un peu mal aux cheveux mais on tient toujours ferme la barre :-) On la tient même tellement bien qu’on organise pour célébrer cette décade un mini-festival le 29 juin dans un spot d’exception, en plein 9e, notre fief historique. Plus de 10 heures de teuf, 10 collectifs, 10 ambiances différentes et des DJ’s solides. Réserve ta place, il y aura clairement de quoi éprouver ta science du dancefloor et faire péter ta jauge de dopamine.
N°95
MPK
« UNE PROUESSE TECHNIQUE » La Terrasse
4 – 21 JUILLET
5ES HURLANTS RAPHAËLLE BOITEL
CIE L’OUBLIÉ(E)
www.lascala-paris.com 13 boulevard de Strasbourg, PARIS 10e – 01 40 03 44 30
GRAPHISME : STUDIO ORJ. PHOTO : GEORGES RIDEL
UN SPECTACLE DE
BON TIMING, LES TROIS EVENTS À NE PAS MANQUER 7. MUSIQUE ROMÉO ELVIS, CÉLÈBRE MAIS SIMPLE 15. VISITE NOCTURNE VOYAGE À BORD DU DERNIER MÉTRO 21. ART DAVID DUFRESNE RACONTE PIGALLE 27. ÉVÈNEMENT LA FÊTE DE L’ANNÉE, LES 10 ANS DU BONBON 29. CINÉMA CLAIR OBSCUR, L’ÉDITO CINÉMA DE PIERIG LERAY 33. ÉVÈNEMENT LE HIP-HOP S’INVITE AU QUAI BRANLY 35. STYLE BORBALA FERENCZ 41. FESTIVAL LA MUSIQUE EST MAGNIFIQUE 43. TIPS LES ASTUCES POUR NE PAS ÊTRE UN FLEMMARD 47. PHOTO SOUS L’ŒIL DE THOMAS GUICHARD CONFISEUR JACQUES DE LA CHAISE RÉDACTEUR EN CHEF LUCAS JAVELLE DESIGN RÉPUBLIQUE STUDIO CARACTÈRE DE TITRAGE TÉMÉRAIRE PAR QUENTIN SCHMERBER GRAPHISTES CLÉMENT TREMBLOT, MARGOT ROBERT COUVERTURE ROMÉO ELVIS PAR NAÏS BESSAIH RÉDACTION MANON MERRIEN-JOLY, PIERIG LERAY, LISA BELKEBLA, THOMAS GUICHARD SR LOUIS HAEFFNER RÉGIE CULTURE FANNY LEBIZAY, ANTOINE KODIO RÉGIE PUB BENJAMIN ALAZARD, LIONEL PONSIN LE BONBON 15, RUE DU DELTA, 75009 PARIS SIRET 510 580 301 00040
SOMMAIRE
5. AGENDA
IMPRIMÉ EN FRANCE
PLUS VITE QUE LA MUSIQUE
On espère que le beau temps sera au rendezvous. On vous jure, on l’espère du plus profond de notre cœur. Car il n’y a pas plus beau weekend qu’une Villette Sonique en plein air, pinte à la main et lunettes de soleil sur le pif. De l’artiste confirmé au petit niché, ils vous feront tous danser. Parole de scout. David August, Deena Abdelwahed, Stereolab, Ross from Friends, Objekt, Apollo Noir… Non en fait, on va s’arrêter là, et vous allez juste y aller. RDV sous l’arbre, caisson de droite. Villette Sonique @Parc de la Villette Du 6 au 9 juin
FARANDOLE FOLLE AU CŒUR DE LA VILLE
Quand Lulu dans ma rue, conciergerie préférée des Parisiens, et le Bonbon, magazine préféré des Parisiens, avancent main dans la main pour divertir le tout Paris, ça donne un bal populaire sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Une ambiance familiale et festive, mêlant concerts, fanfare, parties de pétanque, cours de danse et animations en tout genre… Et à boire et à manger, bien évidemment ! Une journée de rêve pour petits et grands à laquelle vous êtes tous conviés. Le P’tit Bal @Parvis de l’Hôtel de Ville Samedi 22 juin
BON TIMING
HAPPY BIRTHDAY TO US
Retenez bien la date du 29 juin les Bonbecs : on vous invite tous à venir fêter nos 10 ans dans le cadre incroyable d’un lycée. Concerts, animations, activités, food, street-art, DJ sets et mille ambiances folles rythmeront l’aprèsmidi et nous feront vibrer jusqu’au bout de la nuit ! Et forcément, on vous invite tous à venir trinquer à la gloire de notre cher magazine, vous sans qui nous n’en serions finalement pas là. LA fête de l’année. À. NE. PAS. MANQUER. Pavillon Noir présente Les 10 ans du Bonbon @Lycée Jacques-Decour Samedi 29 juin
MUSIQUE
Roméo Elvis célèbre mais simple TEXTE : PHOTOS :
7
LUCAS JAVELLE NAÏS BESSAIH
8/9 ROMÉO ELVIS MUSIQUE
Artiste vainqueur de la conquête du rap game, c’est un train direct BruxellesParis que Roméo Elvis
a pris comme destrier. Abonné présent aux soirées folles de Planète Rap, le rappeur préféré de ton rappeur préféré a déjà séduit l’Hexagone. Fort de son succès avec Morale (2016) et Morale 2 (2017), il sort Chocolat, son « précieux » comme il l’appelle. Un premier enfant dont il est l’unique parent, pied de nez à son public qui avait pu l’accuser de ne plus faire la même chose qu’avant. Une réussite, puisque le 12 avril, il éclate les ventes et ne fait parler que de lui sur les ondes, les écrans et les réseaux. Derrière la soudaine et violente célébrité, Roméo Elvis reste pourtant un homme simple, victime de son succès.
LE BONBON Tu parles dans le morceau
"Bobo" d’un rap de hipsters fait par un bobo… Le rap a clairement changé ces dernières années, tu en penses quoi ? ROMÉO ELVIS Que du bien ! Il évolue parce qu’il est écouté et joué par de plus en plus de gens, de milieux. Ce sont les signes distinctifs d’une musique qui se popularise, comme ça a pu être le cas avec le rock. Moi je kiffe.
L.B. C’est un peu le combat entre cette
musique engagée d’avant et le rap "populaire" d’aujourd’hui. Tu penses que tu aurais pu faire carrière sans ce nouveau rap ? R.E. Non, pas spécialement. Je ne sais pas en fait. (Il réfléchit) Je pense que ça aurait été plus compliqué, clairement. Par rapport à ce que j’ai amené moi, personnellement, avec ma musique.
L.B. L’engagement est quand même présent
dans ton album, notamment avec "La Belgique Afrique". Tu disais que tu aurais aimé que la Belgique s’excuse pour ses colonies, ça risque d’être compliqué avec le schéma politique actuel ? R.E. Ça dépend, parce qu’il y a des politiques à qui ça peut profiter aussi pour tirer sur l’État et le royaume, le fait que la Belgique soit une royauté. Ça fait débat mais il y a des mecs qui veulent tirer profit du fait qu’elle veuille s’excuser. La NVA (parti)
affirme que c’est le cas, mais la réalité c’est que c’est juste dans l’ambition de faire tomber la royauté.
L.B. Les politiques utilisent pas mal le milieu
artistique pour se faire valoir, tu as déjà eu affaire à ça ? R.E. Bien sûr. Un politique s’est servi du morceau "Bruxelles Arrive" pour en faire son slogan "Ixelles arrive" (une commune bruxelloise, ndlr) et je l’ai sommé de le retirer. Je l’ai appelé, je l’ai menacé et ça s’est passé comme ça. Il a voulu faire le gars au début, a bégayé. Je l’ai menacé d’être un peu plus piquant sur les réseaux s’il ne changeait rien.
L.B. Tu t’éloignes de tout positionnement politique ?
R.E. Clairement. Aujourd’hui, je ne me vois pas appartenir à quelque mouvement que ce soit.
L.B. Tu te verrais vivre à Paris ? Sans considérer tout ce qu’il s’y passe présentement.
R.E. (Il s’amuse) Non ! Ça n’a rien à voir
avec ce qui se passe, c’est simplement la ville telle que je la conçois depuis que je suis tout petit. C’est une grosse capitale, il se passe plein de choses… Pour moi, Paris c’est un peu comme New York. Ça n’a rien à voir en taille avec Bruxelles, c’est affolant. Je vis peut-être là-bas, mais c’est une capitale super "provinciale". Ici c’est trop
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intense pour un Bruxellois. Ma sœur le fait, mais je ne sais pas combien de temps elle va tenir ; c’est sûr, elle va revenir en Belgique un jour. Alors que le sud de la France, j’irais sans hésiter ! Même tout le reste du pays, je m’y vois bien y vivre.
ROMÉO ELVIS
L.B. Pour La Magnifique Society, tu as de la
chance, ce n’est pas à Paris… Tu as hâte d’y être ? R.E. À fond. Ça me plaît de retourner à Reims en plus, j’y étais allé l’année passée – méga public. Je kiffe les festivals. De toute façon, maintenant, je maîtrise. J’ai compris. J’ai compris comment ça fonctionne, j’ai compris le public, j’ai compris la différence entre un Zénith et une SMAC (scène de musiques actuelles, ndlr). J’ai surtout hâte de faire péter Chocolat en festival.
L.B. Y’a des endroits de notre belle nation qui t’ont plu ?
R.E. À Amiens, j’étais choqué. Les
Hortillonnages, on est y passé… J’ai pris la claque de l’année. Sinon Nîmes, Toulouse, la Bretagne… Plein !
L.B. Tu rêvais de vivre ailleurs plus jeune ? R.E. Non, je me voyais à Bruxelles. Pas
spécialement à l’étranger. Je kiffe bien plus l’idée de choper une maison quelque part et d’y aller de temps en temps. Mais je suis trop rattaché à là où je vis, aux gens autour de moi, le rythme et la mentalité de la ville… c’est vraiment de ça dont j’ai besoin. Ça reste encore une de mes principales sources d’inspiration.
MUSIQUE
L.B. Dans "Chocolat", tu dis que le bédo ne t’a pas aidé dans ta jeunesse.
R.E. Ça ne m’a pas spécialement aidé
effectivement, il ne faut pas l’oublier. Après je suis un mec très actif, je fais plein de choses en même temps – ma
société tourne bien. Je suis toujours "aware" de ce qui se passe autour de moi, je ne suis pas à côté de la plaque. Ça ne me fout pas la vie en l’air. Je me suis simplement rendu compte que ce qui me correspondait à moi ne correspondait pas forcément aux autres. Il fallait donc arrêter la glorification et être un peu plus sincère avec ça. Mon histoire personnelle avec le bédo, elle est particulière parce que je fume depuis longtemps et je suis hyperactif – pas pour rigoler, j’ai vraiment beaucoup d’énergie.
L.B. Ce morceau, c’est donc une façon de se "repentir" ?
R.E. C’est un album que je voulais plus
sincère, donc je ne me voyais pas dire uniquement que je fumais dedans sans détailler le pourquoi du comment. Faire un morceau qui commence par « ne pas commencer le chocolat », tu as capté l’ironie derrière. Tu captes que ce message s’adresse aux jeunes, et je me sers de mon influence ne serait-ce qu’une fois pour pouvoir me dédouaner du fait que je n’ai jamais fait de prévention autre que fumer de la pure au lieu du tabac et moins de shit. Je prends ma part de responsabilité là-dessus – il était temps !
L.B. Ce qu’on retient également, c’est la présence importante d’un certain Vladimir Cauchemar… Tu as rencontré ton "alter ego électro" ? R.E. Waw, ça serait la classe si c’était un alter ego. Je trouve qu’il est trop au-dessus pour pouvoir dire un truc pareil. C’est un génie, vraiment. J’ai rencontré le génie que j’avais besoin de rencontrer dans ma carrière pour me pousser plus haut. J’avais besoin d’un mec, en plus du Motel, pour accomplir le truc. Le premier a tellement eu un impact incroyable
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s’est super bien entendus aussi parce qu’on est du même monde. Damon Albarn, c’est Damon Albarn. Il arrive dans la salle, j’ai beau être aussi détendu que je peux, je me chie dessus. Il m’a fallu une heure sur les deux heures pour vraiment me motiver à aller vers lui et parler en profondeur. À la fin, j’ai capté qu’on pourrait clairement s’entendre et faire d’autres sons, mais j’en ai surtout profité sur le moment.
L.B. Tu te verrais continuer cette expérience ou c'était un coup d'un soir ?
ROMÉO ELVIS
R.E. Avec lui ? Franchement, je crois que
derrière son personnage mystérieux, il y a beaucoup d'amour et de bonne volonté. C'est un esprit tourmenté, mais ce qui l'intéresse surtout, ce n'est pas la relation humaine mais faire de la bonne musique. C'est pour ça qu'il en a fait avec autant de monde. Non, je crois vraiment que le son lui a plu et qu'on pourrait continuer si on trouvait le temps et qu'il se remotivait.
dans mon rap qu’il fallait de nouveau tomber sur quelqu’un qui allait me comprendre et proposer d’autres choses. On s’est trouvés tellement vite : on est devenus potes direct. La première fois qu’on s’est vus, il m’a fait écouter deux prods… Les deux sont sur l’album.
MUSIQUE
L.B. Ce ressenti que tu as eu avec lui, tu l’as
eu également avec Damon Albarn (chanteur des groupes Gorillaz et Blur présent sur l’album, nldr) ? R.E. Il y a eu des petites connexions, des petits regards, des petits moments de complicité intrigants, mais… j’étais trop intimidé pour ressentir la même chose. Faut savoir que derrière son masque, Vladimir Cauchemar est très moche, donc dès que tu le vois, ça te détend. (Rires) Non, c’est juste qu’on
L.B. En dehors de la musique, tu joues plein de petits personnages sur Instagram… On se demande à quand la carrière d’acteur ! R.E. C’est marrant, mon manager m’a dit qu’il avait rencontré des agents qui voulaient me voir. Personnellement, j’ai juste envie de m’amuser à faire des trucs. Objectivement, je ne sais pas si je suis prêt à me lancer là-dedans. C’est un milieu beaucoup plus grand, qui implique plus de promo, plus d’exposition… J’y réfléchirai à deux fois. Là, je suis déjà trop exposé. Je me demande si c’est vraiment une bonne chose. Quelle que soit l’aventure. Si on me disait maintenant « il y a une place pour jouer à Liverpool », je ne me demanderais pas si je peux le faire physiquement, mais est-ce que j’ai encore plus envie de subir la célébrité et l’exposition ?
“Vladimir Cauchemar, c'est un génie, vraiment. J'ai rencontré le génie que j'avais besoin de rencontrer dans ma carrière pour me pousser plus haut. J'avais besoin d'un mec, en plus du Motel, pour accomplir le truc.”
L.B. C’est une grosse source de stress pour
toi ? R.E. C’est assez stressant, oui. Les gens ont tendance à oublier un truc : je suis né de parents célèbres, ma sœur aussi. Quand j’allais au supermarché quand j’étais petit, déjà on se faisait reconnaître ; les gens arrêtaient mes parents. J’ai vu des fous qui venaient à l’école pour leur offrir des cadeaux. Au final, tous les gens autour de moi sont connus. Je n’en souffre pas en secret, je dis simplement que ça touche aussi bien mes proches que moi. Je suis un chanceux, je ne l’oublie pas.
L.B. Sur Instagram, j'ai trouvé des comptes
improbables. Parmi eux, les jambes, les coudes, la vie sexuelle et le front de Roméo Elvis… C'est lequel ton préféré ? R.E. La vulgarité de Roméo Elvis ! Il est rigolo. Il coupe tous les moments où je dis des insultes et il les met hors contexte, c'est méga drôle. Je discute
beaucoup aussi avec la vie sexuelle de Roméo Elvis, parce qu'il m'envoie des poèmes très sombres et mélancoliques. Je m'inquiète un peu pour lui...
L.B. Ça te fait quoi de voir que des gens se
servent de ton image pour créer ce type de contenu ? R.E. Ce sont des gens qui ont entre 16 et 22 ans qui se tapent des barres à faire ça. Ça ne m'atteint pas méchamment. C'est parti du fait que je parlais du premier compte, "la calvitie de Roméo Elvis". Celui-là m'avait plus travaillé que les autres…
L.B. Oui, il avait un peu triché à ne mettre
que des photos où l'on voit principalement ton front. R.E. C'est surtout que depuis, j'ai mis des produits. C'est pour ça ! (Rires) Roméo Elvis – Chocolat En concert à La Magnifique Society le 13 juin
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Voyage à bord du dernier métro T P
VISITE NOCTURNE
Ce
n’e st e n
THOMAS GUICHARD VICTOR VERGNIOLLE
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début, mais l’annonce a fait un tabac sur les réseaux sociaux : des métros circuleront bientôt toute la nuit. En attendant le 14 septembre, date du lancement de ce nouveau dispositif, petite itinérance à la rencontre d’usagers noctambules.
VISITE NOCTURNE
DERNIER MÉTRO
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« Notre boss est obligé de nous payer un Uber pour rentrer. Si le métro continue toute la nuit, on sera obligés de le prendre… » Comme le 113, les Parisiens n’auront bientôt plus à rentrer « à la cité à l’heure des premiers métros ». Dans les colonnes du Parisien, la présidente de la région Île-de-France a annoncé mi-avril l’ouverture de six lignes de métro et de trois trams toute la nuit un samedi par mois. Alors, soulagés à l’idée de ne plus rester le nez collé à sa montre ? Première remarque : la rive droite sort grande gagnante de l’opération. La 6 est l’unique ligne de la rive gauche à être concernée. Second constat, la ligne 4, qui a accompagné des générations de Parisiens dans leurs pérégrinations nocturnes, n’est pas prévue dans les plans de la RATP. Ce que déplore Charles, rencontré un soir de mai alors qu’il joue au Rubik’s cube sur un strapontin de la ligne 9. Son appartement est à trois minutes de la station StrasbourgSaint-Denis (« SSD », nous dit-il). « Beaucoup d’évènements ont lieu dans le nord de Paris ; il y a des bars, des clubs… Et tous mes potes
étudiants vivent dans le sud de Paris. La ligne 4 est la seule à traverser Paris de haut en bas, il aurait fallu l’ouvrir toute la nuit… Les jours de semaine aussi », tance-t-il. Il est 23 heures passé et il lui reste une quinzaine de stations avant d’arriver chez lui. L’attaché-case vissé sur les genoux, un inconnu d’une quarantaine d’années que nous nommerons Serge (en hommage au lapin rose de la RATP qui disparaît peu à peu du paysage urbain) insiste pour saluer les « travailleurs de nuit » tels que les employés de ménage et les gardiens de parking. « C’est d’abord à eux qu’on devrait penser pour les horaires de métro », ajoute-t-il. Quelques minutes plus tard, trois hommes à l’allure fatiguée discutent à voix basse sur les sièges bleutés du métro 8. Tous bossent en cuisine dans des restaurants autour de Bastille et se retrouvent quand ils peuvent pour rentrer à Créteil ensemble.
18 / 19 DERNIER MÉTRO VISITE NOCTURNE
« Quand le service se termine tard, notre boss est obligé de nous payer un Uber pour rentrer. Si le métro continue toute la nuit, on sera obligés de le prendre… », regrette l’un d’eux dans un éclat de rire. Décidément, la nuit n’appartient pas qu’aux fêtards. Que dire des SDF qui s’installent chaque soir à l’heure des derniers passages entre les distributeurs de canettes et les sièges pour dormir « au chaud » ? Faudra-t-il les entasser dans les stations des huit lignes qui resteront fermées ? Strasbourgeois installé de longue date dans la capitale, Théo n’est pas non plus emballé par la mesure. Cet usager compulsif de la ligne 7, le jour, privilégie « le confort et la simplicité » après une soirée arrosée et se commande un VTC depuis son smartphone. « Pas besoin d’être riche », ajoute-t-il. Si même les étudiants, en première ligne sur le front
de la nuit, ne prennent plus le métro pour faire la fête… Un groupe de filles, abordé en attendant l’arrivée du métro 3 à Opéra, ne jure plus que par ce genre d’applications de transport. « C’est plus sûr ! À partir d’une certaine heure on évite les transports en commun… » Notre sondage à main levée auprès des usagers tardifs est sans appel : une écrasante majorité de couche-tard empruntent la ligne 1 pour leurs activités nocturnes. On parle aussi de la ligne 6. Pas de doute, les boîtes seront la cible prioritaire de notre panel une fois que les horaires des métros seront rallongés. Maxime et Antoine, qui approchent la trentaine, y voient la possibilité de « ne pas avoir à rester jusqu’à 6 heures du matin pour choper les premiers métros ». Même son de cloche chez un septuagénaire croisé dans les couloirs de
« Ça va faire bizarre de ne plus surveiller l’heure… »
la ligne 13 un peu plus tôt. « C’est les jeunes qui vont pouvoir en profiter, c’est bien qu’ils ne restent pas bloqués au milieu de la nuit », se réjouit-il. La trotteuse tourne et l’heure se rapproche dangereusement du "cap" des 00h30. Des jeunes touristes de Marseille grimpent à bord de l’avant-dernier métro 7. Direction La Courneuve. Le guide du groupe est aussi le plus vieux. César, 23 ans, a habité plusieurs années à Paris avant de regagner le sud de la France. « La sonnerie de fermeture des portes n’a pas changé, c’est toujours aussi infernal. » Ses cinq amis ne se sentent pas concernés par l’ouverture des lignes la nuit, mais ils seraient bien restés à zoner autour de la tour Eiffel ce soir. « Dommage », ils viennent d’avoir la vingtaine, certains « montent » à Paris pour la première fois. S’ils rataient le dernier métro, « impossible » de
rejoindre Aubervilliers ; les gaules ont été remballées au pas de course. Aucun n’arrive à concevoir qu’une ville comme Paris ne tourne pas déjà 24h/24, comme c’est le cas de Londres ou Berlin. Sur le quai de la station Pont Neuf, un couple de Parisiens passablement alcoolisé se hisse dans le wagon de tête. Ce soir ils vont dormir près du tram 1. « Ça va faire bizarre de ne plus surveiller l’heure… », s’étonne Marion. Nicolas se souvient, adolescent, de ces samedi soirs où le dernier métro annonçait la limite de la permission accordée par ses parents. « J’aurais dû naître plus tard ! », s’exclame le trentenaire. De Saint-Denis à Créteil, une petite révolution attend les Parisiens à la rentrée.
ART
David Duf resne
raconte 40 ans de Pigalle T
MANON MERRIEN-JOLY
20
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r la place ? Quel est le point commun entre ce quartier et les violences policières ? Comment a-t-il peu à peu été gentrifié ? Le Bonbon a rencontré le journaliste David Dufresne, créateur du compte Twitter “Allô Place Beauvau”, auteur de New Moon, café de nuit joyeux (Seuil) et réalisateur du documentaire Le Pigalle - Une histoire populaire de Paris pour faire un saut dans le temps un brin nostalgique, sans être passéiste.
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L.B. C’est là que vous avez rencontré les
ART
DAVID DUFRESNE
LE BONBON : Vous posez vos valises à Paris
en 1986. Vous pouvez nous raconter un peu cette période ? D.DUFRESNE : J’arrive à Paris en 1986, et je vais très vite découvrir Pigalle par le biais du rock’n’roll, parce que je suis amis avec des gens qui se produisent dans une petite salle qui s’appelle le New Moon, qui n’existe plus aujourd’hui. J’ai arrêté mes études au mois de décembre 1986, année de la loi Devaquet, et de l’histoire de Malik Oussekine ce manifestant tué par les Voltigeurs. Moi j’étais dans les rues de Paris la nuit où il a été tué, ce qui est un lien direct avec les autres affaires qui m’occupent. À l’époque, Paris et sa banlieue bougent encore pas mal dans le milieu du rock, c’est les prémices, le moment du rock alternatif qui va exploser un peu plus tard commercialement mais qui est déjà en place en 1986. Je vais travailler à la librairie Parallèles qui existe toujours, et qui est le haut lieu des fanzines et notamment des fanzines rock. Je me rends presque tous les soirs dans ce petit club, le New Moon. Dans les années 1980, c’est le début de la fin du Pigalle du sexe. Le quartier cherche à se renouveler et laisse finalement le rock and roll l’envahir, et le New Moon fait partie des premiers clubs qui deviendront les hauts lieux du rock’n’roll, de la musique.
personnages que l’on rencontre dans le documentaire ? D.D. Non, pas du tout, en fait 95 % des gens du documentaire, je ne les connais pas. Je connais Pierrot, du New Moon, c’est le seul, les autres je vais les rencontrer au moment du tournage, et c’est ça qui m’a beaucoup touché dans ce film-là, c’est que tout à coup, c’était Pigalle, il y avait une espèce de familiarité, comme si on se connaissait depuis toujours, alors que pas du tout !
L.B. Ce qui m’a frappée dans le film, c’est
qu’on ressent la nostalgie de ceux qui en parlent, ils ont particulièrement plaisir à parler de cette époque-là… D.D. Dans le bouquin, moi je revendique une nostalgie particulière que j’appelle la nostalgie tonitruante : c’està-dire une nostalgie gaie, joyeuse ; je supporte pas les pages Facebook des anciens, les soirées diapositives. Mais regarder parfois dans le passé pour mieux se propulser en avant, ça j’y crois beaucoup ! Forcément, eux, comme je leur demande de raconter leurs souvenirs, il y a une tonalité un peu plus passéiste que la mienne mais on a la même envie, et là pour le coup c’est une question d’âge, c’est une envie de transmettre. Et moi surtout de combattre ce que j’appelle la captation d’héritage de ce Pigalle d’aujourd’hui, qu’on nous vend et qui n’a rien à voir avec ce qu’a été ce quartier pendant 70 ans voire plus. C’est bien qu’un quartier change, mais pas qu’il mente sur son passé. C’est hallucinant, l’histoire du "South Pigalle", c’est une blague au départ d’un journaliste américain et finalement, les Parisiens à la fois si prétentieux et si provinciaux par rapport au regard du monde ont estimé que parce qu’un Américain a eu cette
« Les 80’s, c’est la fin du Pigalle du sexe. Le quartier laisse finalement le rock’n’roll l’envahir. » idée-là, elle est forcément géniale. Alors que c’est grotesque. Pour moi c’est du niveau du Club Méditerranée où l’on vous vent de l’exotisme au bord de la piscine. C’est du simulacre : la blague est bonne, malheureusement elle est prise au sérieux. On voit tout un tas de gens qui font leur sucre là-dessus, moi je m’en fous, ils font ce qu’ils veulent, mais je ne voudrais pas qu’ils pensent qu’ils sont les seuls dépositaires de la mémoire. D’autres le sont, et ces derniers temps il y a une tendance très lourde : c’est toutes ces marques qui y ont pris place, maintenant il y a des banques sur la place Pigalle. C’est sidérant. Moi je m’intéresse à la liberté. Pigalle, et les violences policières pour moi c’est la même chose : c’est sur les deux faces de la même pièce. Je trouve que le révisionnisme est extrêmement dangereux et j’estime qu’il y a du révisionnisme dans la façon dont Pigalle se vend aujourd’hui. Mais en fait c’est moins ce constat-là qui m’intéresse que de transmettre ce que c’était. Et d’être dans un élan plus positif.
L.B. À quel moment vous avez eu l’idée du livre ?
D.D. Ce qui s’est passé, c’est que mon
éditrice, Mireille Paolini, avait eu l’idée d’une collection de livres sur les lieux disparus. Moi j’avais émis l’idée de ce bouquin-là qui devait être le premier et qui finalement sera le seul. Au départ, je sortais d’une enquête très lourde sur l’affaire de Tarnac, et là c’était presque un livre de vacances pour moi. Et finalement je vais le transformer en quête obsessionnelle à travers des archives incroyables, et surtout je découvre qu’en un immeuble on peut raconter l’histoire de Paris, l’histoire de ce Paris libre, flamboyant, des années 30, 40, 50, 60, qui commence à avoir beaucoup plus de mal dans les années 70, dont les libertés se restreignent dans les années 80 et qui devient complètement corseté, cadenassé aujourd’hui avec une gentrification d’un côté, et donc cet immeuble que je raconte. Et c’est une façon de raconter cent ans à la fois dans un film et dans un livre.
L.B. Vous n’abordez pas l’histoire de certains
établissements à la réputation crapuleuse autant pour leurs afters que pour ce qu’il s’y passe… D.D. Alors il y a eu différentes versions du film, dans l’une d’elles on voyait plus Pigalle au petit matin, c’était glauque, c’était triste. C’est vrai que le film raconte que ce qui va aussi modifier considérablement le quartier, c’est la drogue. Qui va finalement amener beaucoup de problèmes au point de le pourrir et de le dévitaliser.
L.B. C’est la drogue qui a "pré-tué" Pigalle ? D.D. Entre autres. Il y avait la drogue, mais aussi les arnaques, le sexe... jusque dans les années 1970 il n’y a qu’à Pigalle, pour voir des films, des filles,
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c’était là. C’est pas forcément l’aspect de Pigalle qui m’intéresse. Ce qui m’intéresse à Pigalle, c’est le lieu de tous les plaisirs. Ceux du sexe, mais pas uniquement. Dans les années 80, vous allez avoir Canal +, et puis le porno, et puis Internet… Pigalle n’a plus le monopole du plaisir sexuel, du côté sulfureux lié au sexe. C’était aussi un lieu de drague, même si moi je n’ai aucun romantisme vis-à-vis de la prostitution. Et puis ce qui a tué Pigalle, c’est aussi la pression du marché, des agents immobiliers, la façon dont la police fait le tour des bars en disant « il va falloir céder votre place », on le voit bien dans le film. Paradoxalement, Pigalle va peut-être résister par rapport à d’autres, être gentrifiée moins vite que d’autres quartiers, comme le 11e, mais elle a quand même été atteinte.
L.B. Pour revenir à la gentrification, vous
pensez que Paris peut encore être un berceau pour l’underground ? D.D. Il y a un paradoxe : si on parle de l’underground musical, il y a toujours eu une alliance entre la bourgeoisie et le monde ouvrier, populaire. Ça a été le cas pour Elvis Presley, les Beatles au départ, le rap et Def Jam, il y a toujours eu ce moment où il y a la rencontre de ces deux couches de population, l’une dans la création et l’autre plutôt dans la promotion, qui a un peu plus les codes. Aujourd’hui, je ne vois que des bourgeois à Paris. Je ne vois que des managers. Je ne vois pas d’artistes, comme ça, dans la rue. Je revis à Paris depuis six mois mais en fait j’ai quitté Paris depuis très longtemps. J’ai vécu neuf ans à Saint-Denis, j’ai vécu en Normandie et je reviens de sept ans à Montréal. Le Paris que je vois ici aujourd’hui, je suis totalement effaré par la façon dont Paris a poussé. Je pense
que dans la création Internet, dans Linux, dans les jeux vidéo où il y a des scènes underground, Paris peut très bien jouer son rôle. Dans la musique, moi ce que je vois, c’est surtout des faiseurs de rois plus que des rois. J’ai bien conscience que c’est un jugement un peu à l’emporte-pièce, et surtout je ne voudrais décourager personne. Marx disait : "les conditions d’existence déterminent le niveau de conscience". Je dirais que les conditions d’existence déterminent aussi le niveau d’envie de créer. Et dans une ville aussi riche, aussi muséifiée, aussi propre que Paris… Quand on regarde les affiches de Pigalle, c’est sidérant la différence qu’il peut y avoir entre le monde dans la rue, les gens qui fument, le bordel, les bagnoles…
L.B. Vous pensez qu’il n’y a plus de place pour le désordre, aujourd’hui ?
D.D. Très précisément. On voit bien qu’on
a une poussée réactionnaire extrêmement forte. Ce qui peut amener à la création, d’ailleurs, par réaction à la réaction. On vit dans quelque chose d’archi-contrôlé, de vidéoprotection, de vidéosurveillance, d’euphémisation de tout, d’édulcoration de tout. Il y a une volonté de nettoyage des rues qui est proprement sidérante. Et nettoyage qui commence par l’argent, avec des loyers considérablement élevés, vous chassez tout. 40 % des logements sont vides à Paris. C’est totalement injuste. Pourquoi ? Parce que les gens achètent de la pierre et ne veulent surtout pas que ce soit occupé pour vendre plus cher cinq ou dix ans plus tard. Ça, ça crée une ville mortifère. Dont le corps ne se régénère pas.
Pigalle, une histoire populaire de Paris en VOD et DVD New Moon, café de nuit joyeux (Seuil)
26 / 27 ÉVÈNEMENT
FÊTE DE L’ANNÉE
Le Bonbon fête ses 10 ans
Ça faisait longtemps qu’on l’attendait. Et même s’il a lieu chaque année, l’anniversaire du Bonbon n’aura jamais eu autant de saveur que pour ses dix ans.
Dix, nombre symbolique, début d’un cycle à deux chiffres qui blanchit un peu plus nos cheveux mais continue de nous faire rêver d’après. Et sans vous, rien n’aurait été possible. On compte bien vous le prouver en vous le rendant avec un évènement unique et inoubliable à la hauteur de notre gratitude. Une grande fête au cœur du lycée Jacques Decour avec à manger, à boire, à jouer, à danser et à découvrir pendant douze heures. Dix salles de classe avec dix collectifs parisiens pour vous épuiser jusqu’au bout de la nuit. Et bien sûr, ses deux scènes – son théâtre et sa chapelle – où artistes montants, renommés et légendes de la scène française sauront vous séduire comme nous. Et parce que rien n’est trop bon pour nos Bonbons, on vous en donne un avant-goût. Malik Djoudi Son album Tempéraments n’avait pas encore pointé le bout de son nez qu’on n’en attendait déjà pas moins de Malik Djoudi. Un timbre androgyne, qui n’est pas sans rappeler un certain Chedid, un univers élégant et une musique électro-pop tantôt puissante, tantôt mélancolique… Il en serait presque réducteur de dire que Malik Djoudi est le compagnon idéal pour danser, tant sa musique peut s’avérer parfois contemplative. Sôra Une bonne dose de hip-hop, une belle couche d’électro et une parure soul. Vous mélangez bien, ça vous donne Sôra. Annoncée comme l’une des voix qui vont marquer 2019, on vous le dit honnêtement : on y croit. Son talent nous évoque la chaleur californienne, les sixties à Atlanta et la musique d’une consœur qu’on avait déjà approuvée, IAMDDB. Minutieuse et indépendante, Sôra tente, captive, conquiert.
Macadam Crocodile On les avait vus l’année dernière au bord d’une piscine à Étretat. Macadam Crocodile, l’un des duos les plus groovy de cette génération, n’en est plus à son premier essai. Leur musique toujours plus entraînante a même raison des meilleurs. Invités partout et pourtant discrets, ils savent faire la fête comme personne. Ça swingue, ça groove, ça danse, ça voltige et ça ne s’arrête plus. Inutile de nous justifier pour les inviter. Yuksek Une découverte qui remonte aux prémices du Bonbon. Heureux hasard puisqu’il y a dix ans, on découvrait Yuksek avec un titre french touchy qui résonne encore dans nos têtes. Une décennie plus tard, on le retrouve producteur d’un nu-disco plus dansant que jamais. Ses sets mélangent agréablement house, afro, soleil et cocotiers… idéal pour se mettre en jambes ou finir de s’épuiser. Au choix. Cerrone A-t-on vraiment besoin de présenter la légende du disco français ? Grand Mestre du genre, on oubliera que Marc Cerrone s’était laissé séduire par l’oncle Sam pour aller nous faire cocus outre-Atlantique. Grâce à lui, des générations entières dansent encore sur des morceaux comme "Supernature", "Give Me Love", "Love In C Minor" ou encore "You Are The One". Grâce à lui, nous danserons aussi façon Donna.
Pavillon Noir présente Les 10 ans du Bonbon Lycée Jacques Decour – 9e Samedi 29 juin de 15h à 3h
CINÉMA
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PIERIG LERAY
Misérables de Ladj Ly
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Clair obscur, l’édito cinéma
Sortir la tête embuée du festival de Cannes, c’est revenir brutalement à une réalité que l’on avait presque oubliée. Être coupé du monde dans cette ellipse temporelle, toute épuisante qu’elle soit, est un bonheur incommensurable.
Ne plus s’en faire d’une planète qui crève, des élections européennes qui annoncent une poussée de chiasse d’extrême-droite, des morts innocentes en Syrie, de Vincent Lambert toujours en vie ou de Mbappé qui taillade le PSG. S’isoler au fond de son siège rouge, laisser de longues heures son téléphone éteint, et s’en branler, juste un instant, du monde qui nous entoure. Et prendre d’un égoïsme massif le temps de vivre à travers des images, un écran et des lumières qui s’éteignent, vivre d’inconscience, et chialer comme un puceau frustré, se scandaliser comme un cheminot en lutte, et débattre de futilités presque gênantes (Tarantino, Malick ou Almodóvar ?). Il n’y a rien de plus égoïste que d’aimer des films qui parlent de notre monde, mais en en étant dramatiquement coupé : quoi de plus scandaleux que de siroter une coupe de champagne dans une villa imprenable en parlant des banlieues des Misérables de Ladj Ly ? J’ai donc joué parmi les égoïstes cette année, comme depuis maintenant 2014. Je me suis pavané dans ce plaisir cinéphile comme un tox’ en mal d’héro, à courir les séances,
à chercher l’émotion rare, le film qui t’en foutera une belle, celui que tu pourras te vanter d’avoir vu. « Non, tu n’as quand même pas raté la Palme d’or ? » Et si enculé, j’étais trop occupé à chercher le carton d’invitation et prendre un selfie avec Aya Nakamura. Cannes n’est finalement que le reflet d’un consumérisme moderne, en quête de l’absolu, du film qui tue. Mais une quête forcément vaine, car la consommation de masse annihile le plaisir simple, et l’émotion se meurt ainsi dans le surplus. Trois, quatre films par jour, la digestion est aussi rapide qu’un bucket KFC. Et pourtant, comme chaque année, quand la tempête s’estompe, que l’adrénaline chute, et que l’on retrouve son quotidien pas si chiant, les émotions surgissent comme un lendemain d’acide, en remontée violente. Une vie cachée de Terrence Malick est un chef-d’œuvre dont il est encore difficile de tirer toute la profondeur, la puissance du non, du refus de collaborer avec l’ignorance et l’horreur, l’amour qui accompagne mais qui ne dénature par la puissance de la conviction. J’ai perdu mon corps de Jeremy Clapin, film d’animation à petit budget mais énorme cœur, qui nous bouleverse à
Chambre 212 de Christophe Honoré
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travers une main baladeuse qui recherche son jeune propriétaire, paumé par une vie qui l’a giflé. Lux Aeterna de Gaspard Noé qui nous traumatise, Jeanne de Brunot Dumont et la voix de Christophe qui continue de nous envoûter, Chambre 212 de Christophe Honoré qui nous rappelle que notre conscience n’est pas à vendre et Le jeune Ahmed des frères Dardenne, pour enfin nous faire poser les bonnes questions sur la radicalisation religieuse. Cannes est à vivre, Cannes est à dévorer, à vomir, à régurgiter, à avaler sans respirer. Cannes c’est le cinéma, le monde, avec sa part de lumière et sa grosse obsession du noir. Et le pire, c’est que rien ne nous fera l’abandonner. Chaque année, on s’imagine déjà le suivant. Mais putain, moi je n’ai pas d’accréditation bâtard, qu’est-ce que j’en ai à foutre de ton festival de troufion en mal de confiance en soi ? Tu as raison de poser la question Jean-Michel. C’est pas le tout mais on a une élection politique qui arrive, et il faut bien prendre conscience des dangers des anti-européens qui… Allume CNews et écoute le sexisme du fion Pascal Praud qui coule tout ce qu’il touche (en premier lieu
son club du FC Nantes il y a des lustres) si ça t’intéresse, mais pas ici, pas maintenant Zinédine. Ici, je parle de cinéma. Alors on s’extasie du Parasite de Bong Joon-Ho (sortie le 5 juin) qui retourne la Croisette (encore ? pardon, je m’en sors pas) avec un film de genre lui-même retourné en critique sociale en opposant les pourris riches et les gentils pauvres. On ne peut pas s’empêcher de parler de Bertrand Bonello avec son Zombi Child (sortie le 12 juin, vu à la Quinzaine des réalisateurs… Ok, je sors) et son trip de morts-vivants façon intello sauce lait de coco. Tous les films sont à Cannes man, comment je m’en sors ? Eh bien on peut se lancer sur Alma Jodorowski qui joue la Dafft Punk-ette dans Choc du futur de Marc Collin (sortie le 19 juin, qui n’était PAS à Cannes) et les prémisses de l’électro girly du début des années 80. Putain, je commence à parler comme Pascal Praud, les boules. Et on va se finir ce mois de juin en beauté, avec un Toy Story 4 (sortie le 26 juin, PAS à Cannes) de feu, version Pinocchio et le jouet de gamin qui veut devenir adulte, mais un vrai, avec une queue pour bander et procréer. Pardon, je suis en roue libre, « mais c’est Cannes, tu comprends ? ».
EDDY DE PRETTO · AYA NAKAMURA CLARA LUCIANI · ÉTIENNE DE CRÉCY LIVE COLUMBINE · STEPHAN EICHER · AGORIA LIVE FLAVIEN BERGER · ANNA CALVI · BERTRAND BELIN BON ENTENDEUR · RADIO ELVIS · PÉPITE BLICK BASSY· DELGRES · RONI ALTER · CANINE HERVÉ · SUZANE · LÉONIE PERNET JOHAN PAPACONSTANTINO · SILLY BOY BLUE ZED YUN PAVAROTTI · NELSON BEER · GLAUQUE… PROGRAMMATION COMPLÈTE DÉVOILÉE FIN JUIN
GRATUIT
345 JUILLET 2019 PARVIS DE L’HÔTEL DE VILLE
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FNAC DARTY PARTICIPATIONS ET SERVICES R.C.S. CRÉTEIL 775 661 390 / LICENCES ENT. SPECTACLES N°2 : 2-1088473 - N°3 : 3-1088474
En partenariat avec
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Le hip-hop s’invite au quai Branly
Quand on pense musée, on pense systématiquement expo. Mais cet été, au musée du quai Branly - Jacques Chirac, les codes linéaires sont cassés, les beats sont lancés : festival musical et culture visuelle s'emmêlent. À l'occasion de la seconde édition du festival Hip Hop Collections, le prestigieux site placé au pied de la tour Eiffel se muera en dancefloor, pour nous faire transpirer au cœur de son théâtre de verdure où l'art rayonnera en puissance. Rendez-vous les 6 et 7 juillet. D'année en année, le musée du quai Branly resserre ses liens avec le monde de la musique qu'il souhaite placer comme un art à part entière. Après avoir participé à l'organisation des Siestes Électroniques au line-up riche et pointu, et nous avoir offert une première édition du festival Hip Hop Collections l'été dernier, le musée invite une nouvelle fois la musique urbaine. Et qui de mieux que des experts en la matière pour nous immerger dans ce monde où rap, Djing, breakdance et street art vont de pair ? De cette envie de faire rayonner la culture hip-hop, l'insolite scène du théâtre de verdure – cadre unique en plein air – du musée tremblera au gré de DJ sets autant éclectiques qu'endiablés. À l’affiche de cette nouvelle édition : Andy 4000, Orgasmic feat. Wit. et & Andy Luidje + Cuizinier
(host), DJ Weedim feat. Eden Dillinger & Josué, Pouvoir Magique, Dope Saint Jude, Sampa The Great… Tous auront d'ailleurs le privilège de préparer leur prestation à partir de la collection de documents sonores conservés au sein de la médiathèque du musée. La promesse d'un show musical placé sous le signe de la qualité, sans nul doute. Et comment ne pas évoquer la présence de Renaud Brizard, cet ethnomusicologue qui fait le rapport entre musées, organisateurs de festivals et musiciens ? Accompagné par ce professionnel, nous déambulerons entre les murs du Plateau des Collections, pour explorer les liens entre hip-hop, R’n’B et cultures africaines et afro-caribéennes. L'occasion de (re)découvrir le musée et de se laisser surprendre par les sonorités du monde ! En bref, une expérience unique qui nous plonge au cœur du musée comme on ne l'avait, pour certains, encore jamais vu. Hip Hop Collections Musée du quai Branly – Jacques Chirac Samedi 6 et dimanche 7 juillet à partir de 14h30 Entrée gratuite Plus d’infos sur quaibranly.fr
STYLE
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Borbala Ferencz MANON MERRIEN-JOLY
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e D istyllerie décomposant le style et les références esthétiques de ceux qui donnent le pouls du Paris d’aujourd’hui. Ce mois-ci et pour les deux à venir, le Bonbon s’octroie un tour de l’Europe de l’Est et se met à la recherche des designers qui imaginent ce que les Parisiens porteront demain. À quelques heures de la Romanian Design Week où elle expose ses collections, on a posé quelques questions à Borbala Ferencz, jeune styliste de 24 ans qui s’intéresse de près aux motocross, aux marchés aux puces et à la durabilité. Entretien.
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LE BONBON : Salut Borbala, tu peux nous en dire plus sur toi et ton label ? BORBALA : Je m’appelle Borbala Ferencz, j’ai 24 ans et je suis styliste, j’habite en Roumanie. J’ai fait mes études à l’Université d’Art et Design de Cluj Napoca, en Transylvanie. En ce moment, je suis en train de monter mon label de bijoux et de vêtements responsables pour hommes.
FERENCZ BORBALA
L.B. C’est venu d’où, cet attrait pour la mode
responsable ? Comment tu appliques ces valeurs à tes créations ? B.F. Tout a commencé avec le plastique. J’ai toujours trouvé que cette matière avait plus de potentiel que celui de simples produits à usage unique ou de sacs de courses. C’est coloré, souple, ludique. J’ai commencé par fabriquer des boucles d’oreilles à partir de chutes de plastique fondu, et j’ai eu des retours très positifs. Puis j’ai découvert le mouvement Precious Plastic, appris de plus en plus de choses concernant la durabilité et décidé d’appliquer ces valeurs à mes projets. Je suis toujours en train d’apprendre. Il y a beaucoup d’aspects à prendre en compte, c’est souvent difficile de trouver les informations concernant les matériaux et les tissus.
L.B. Il y a un message derrière tes créations ? B.F. Oui, pour moi c’est d’ailleurs la partie
la plus importante d’une collection : en général, mes travaux portent sur l’égalité des genres et la durabilité. Mais chaque collection possède ses propres interprétations et inspirations sur ces sujets.
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L.B. Tu peux nous en dire plus sur tes sources
d’inspiration et sur ton processus de création ? B.F. L’inspiration peut venir de choses très banales : de fringues pour hommes qui
datent, du mouvement hippie, de films, du mouvement motard… Parfois, quelque chose devient soudainement intéressant pour moi. Après ça, je commence à me documenter, je fais des recherches, en général je crée quelques moodboards (tableaux d’inspiration, ndlr) pour clarifier l’idée, pour voir comment cette idée peut se transférer sur un vêtement et comment elle peut se raconter à travers des formes et des textures.
L.B. Tu habites où en Roumanie ? Tu peux
nous donner quelques adresses que tu apprécies, là-bas ? B.F. Ces derniers mois, j’ai habité à Targu Mures en Roumanie et à Budapest, en Hongrie avec quelques étapes à Cluj Napoca et Bucarest. En Roumanie, je conseillerais de faire un tour à Cluj, où se tient bientôt le Transilvania International Film Festival. En juillet, il y a le Electric Castle Festival dans les ruines du château de Banffy, avec un événement mode qui s’appelle le Fashion Unplugged, et où justement on peut assister à des ateliers Precious Plastic. J’en anime un cette année, d’ailleurs.
L.B. Qu’est-ce que tu penses de la sphère mode en ce moment en Roumanie ?
B.F. C’est différent dans chaque ville
mais en Roumanie, je dirais que les femmes investissent pas mal dans des vêtements extravagants et elle font vraiment des efforts pour avoir l’air vraiment sapées, même le lundi matin. Côté hommes, c’est un peu plus problématique parce qu’on reste dans une société très homophobe. Du coup, le moindre vêtement inhabituel ou extravagant est considéré comme scandaleux. Mais je pense que c’est doucement en train de s’améliorer.
L.B. Sur ton compte Instagram, on voit
beaucoup de photos prises de marchés aux puces, ça vient d’où cet intérêt ? B.F. Je dirais que j’ai appris à aimer ça. En Roumanie, les marchés aux puces sont souvent associés à la pauvreté. En réalité, c’est un grand chaos d’objets et de vêtements, souvent des produits de mauvaise qualité, de seconde main, qui viennent des pays de l’Ouest. Mais qui possèdent leur propre magie. Pour moi, c’est intéressant parce que c’est la dernière étape avant la décharge. Ce sont pratiquement des déchets, mais des déchets qui ont une dernière chance de devenir un trésor si la bonne personne les trouve… C’est une manière simple de recycler, qui devrait être mise plus en avant. Je pense que les gens devraient être incités à quitter leur zone de confort pour partir à la chasse au trésor.
L.B. Où et comment tu choisis tes matières ? B.F. En ce moment, je me concentre sur
les vêtements de seconde main et les déchets. Et franchement, il y a de quoi faire en Roumanie et en Hongrie. Plus qu’il n’en faut, et souvent de très mauvaise qualité. Donc c’est pas cher, et on peut faire plein de trucs avec.
L.B. Les combinaisons de ta précédente
collection me font penser à des combis de pilotes automobiles, et l’identité graphique à l’univers du tuning. J’ai bon ? B.F. Ouais, exactement, et les combis viennent aussi du monde du motocross. J’ai construit la collection autour du contraste entre le monde macho des voitures et des motos, où tout est centré autour de la performance, et cette atmosphère crispée des marchés aux puces avec tous ces vêtements dont plus personne ne veut, et dont personne n’aime parler.
« Je souhaite éveiller les consciences sur l’importance de se battre pour la durabilité. » L.B. Tes créations me font penser à celles de
Vivienne Westwood ou de Marine Serre. Tu as des modèles, des icônes ? B.F. Merci ! Elles font partie de mes designers préférées. J’aime aussi beaucoup Ksenia Schnaider, Matty Bovan, Helen Kirkkum, Afluwalia Studio. Côté icônes, je dirais G-Dragon (un chanteur de K-Pop, ndlr), Jared Leto et Ezra Miller.
L.B. Tes créations sont exposées à la
Romanian Design Week, comment tu te sens ? B.F. Evidemment, je suis super heureuse d’avoir cette opportunité, c’est le plus important événement de design en Roumanie. Cette année, je participe à la fois par mon projet mode et ma collection de bijoux. Dans le pays, la gestion des déchets est désastreuse, donc je souhaite saisir toutes les opportunités d’éveiller les consciences sur le fait qu’il est important de se battre pour la durabilité. @b_o_r_b_a_l_a_
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La musique est Magnifique Et en plus, ça rime. « Facile », vous dites. Et pourtant, rien de plus évident pour ce festival rémois que de révéler toujours un peu plus la beauté d’un art musical qui nous bercera au cœur de nos étés les plus chauds. Et peut-être même les plus fous de nos vies, car La Magnifique Society se mue en trois jours inédits où tout est énergie. Énergie du corps, énergie de la scène, énergie de l’art, et de l’âme aussi. Et quand La Magnifique prend fin, c’est la nostalgie. Jusqu’à l’année qui suit.
FESTIVAL
Mais avant de penser à la triste fin, parlons du joyeux commencement. On s’y voit déjà : débarquement à Reims, on fonce entre copains au bucolique parc de Champagne et on s’apprête à vivre trois jours d’exception. Le fer de lance de ce festival, c’est son désir de fédérer les publics autour d’une vraie ligne artistique et musicale. Bien loin des gros évènements commerciaux dont le ticket d’entrée coûte facile un bras et demi, La Magnifique Society favorise l’enrichissement culturel à travers une prog’ pointue mettant à l’honneur les scènes japonaises et coréennes, parmi des grands noms du monde entier. Une culture que le festival tend à rendre accessible à tous, dans une société magnifique où tout le monde est uni autour de cette passion pour la musique : « Le mélange des publics est la plus grande force
d’un festival. C’est ce qui le rend moderne. Nous avons voulu créer une société dans laquelle toutes les générations peuvent se croiser, s’entendre et se mélanger », confie Vivien Bècle, coordinateur artistique du festival. Mélange des publics, mais aussi mélange des genres. La Magnifique Society va de pair avec éclectisme, et pour preuve, lors de cette troisième édition, nous aurons autant l’occasion de raver sur les DJ sets électroniques de Jon Hopkins ou de Sebastian, que de participer aux prestations rap de Nekfeu ou de Hamza. De danser aux concerts pop de Christine and the Queens ou de Flavien Berger, et de rocker avec Wallows ou Pond. Et bien sûr, car c’est là tout l’intérêt de la Magnifique, découvrir la "japan touch" au travers des shows excentriques et pleins de surprises d’artistes tels que Taichi Mukai et son électro revisitée, ou encore l’électro-pop énigmatique de Zombie Chang. En bref, La Magnifique Society, c’est cette société du bonheur qui rappelle un peu l’Utopia de Thomas More, la musique en plus. Un seul mot nous vient en tête : « hâte » ! La Magnifique Society Du 13 juin au 15 juin Parc de Champagne, Reims (45 min. de Paris)
Felipe Gabriel / Red Bull Content Pool
TIPS
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Quelques tips pour ne pas être un flemmard
On est déjà tous passés par là. Un instant, une hésitation, le téléphone dans les mains et les notifications qui n’en finissent plus. « T’es où ?… Tu viens ?… On va dans le nouveau spot, grosse soirée en prévision ! » Sauf qu’on n’a pas envie. Le train-train quotidien, la fatigue de la semaine, une engueulade au bureau, une autre à la maison, le logo Netflix bien en évidence à la télé… Les tentations pour rester dans son canapé et ignorer le monde extérieur sont bien trop fortes. De toute façon, on ne les aime pas, nos potes. On n’aime pas la gueule de bois non plus. On n’aime pas voir le jour se lever alors qu’on n’est pas encore rentré. Et puis le lendemain matin, alors qu’on s’éveille comme une fleur, on découvre peu à peu sur les réseaux sociaux combien on a été con. Photo après photo, vidéo après vidéo, story après story… C’était le feu, indubitablement. On a probablement raté la soirée de l’année, au profit d’une ultime saison de divertissement pixellisé sans saveur et sans souvenirs. Dégoûté, on fuit son téléphone, ses amis et leurs petites histoires de la veille, parce qu’on aurait du mal à assumer que ce soir-là, on regardait Ruquier. On n’a qu’une vie, on le sait, pourtant on n’en profite pas pleinement et on s’en rend compte. Avant de se mentir à soi-même et à son entourage, comme à chaque fois : « Promis, la prochaine fois, je sors. » Et si on arrêtait (d’arrêter) pour une fois ? Si on respectait au moins une des promesses qu’on s’est faites ? Si on vous disait qu’on avait même quelques conseils pour casser ce cercle vicieux ? Des astuces de grands-mères, de grands-pères et de jeunes fêtards pour éviter la flemme et supporter la gravité qui vous force à rester affalé… On a mené notre petite enquête pour qu’enfin, samedi soir, vous ne vous retrouviez plus à fuir votre vie sociale. Se reposer avant. Si votre excuse, c’est que la semaine de taf vous a réduit à l’état de légume tant la pression et la charge de boulot étaient insupportables… Faites une sieste ! Vingt minutes, une heure, deux heures : c’est au choix selon vos plans. L’avantage, c’est que vous tiendrez mieux. Le désavantage, c’est
que vous pouvez aussi être trop fatigué, et ne jamais vous réveiller à temps. Se préparer en avance. Même si la soirée commence à minuit, forcez-vous à être prêt à 19h. Ça commence par une bonne douche revigorante et une bonne heure à prendre soin de soi pour se refaire une beauté. Le remède parfait pour vaincre la flemme de dernière minute parce que vous n’êtes pas prêt à sortir, parce que votre jogging vous colle à la peau et que de toute façon, il n’y a plus d’eau chaude. S’ambiancer en avance. C’est bien connu, ça risque d’être difficile de se motiver à aller en soirée si vous êtes encore en train de scroller sur Facebook à 21h. Il s’agirait de se bouger un peu. On se sert un verre, on invite quelques personnes à partager ce moment avant l’heure de partir. Ou bien on se force à rejoindre ce pote qui vous dit : « On n’irait pas prendre un verre avant ? » Réussite garantie. S’ouvrir une canette de Red Bull. Véritable allié de ta soirée et idéal pour le petit coup de mou avant de sortir. Un bon coup de fouet qui vous évitera de vous faire bousculer sur la piste parce que vous êtes en train de vous endormir debout… Gérer son coup. On ne va pas se mentir : la libido, ça fait aussi partie des motivations. Pour peu que vous soyez célibataire (et en rut), vous devez forcément vous assurer que vous ne rentrerez pas bredouille de votre quête nocturne. Au mieux, votre crush est déjà sur place et saura vous motiver à y aller comme un conquérant. Au pire, vous y faites une belle rencontre. Dans tous les cas, ne perdez pas espoir. Se donner une bonne raison. Même si toutes les autres en sont déjà, la liste est bien plus longue… Prendre sa prévente, par exemple, est une bonne raison – dépenser 20 balles pour ne pas aller en soirée, c’est con. Tâter l’ambiance de la soirée en allant écouter les divers artistes du line-up sur Internet, aussi. Brûler son appart’ avant d’y aller, pourquoi pas. Un peu radical, mais efficace : vous n’aurez plus d’excuse pour ne pas foutre un pied dehors.
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Si vous n’êtes toujours pas convaincu, il va falloir y mettre un peu du vôtre. Ou alors, apprécier ces quelques témoignages de personnes qui n’ont pas de souvenir de leur meilleure soirée… parce qu’ils n’y étaient pas. Ne soyez pas comme eux. LE BACKSTAGE RATÉ DE MATHIEU « Ce n’était ni la première ni la dernière fois que j’ai préféré rester le cul vissé sur mon canap’. Cette fois-ci, je l’ai encore en travers de la gorge, deux ans après. Ça devait être une soirée assez basique, gros turn-up en club. Un de mes DJ’s préférés jouait, mes potes ont commencé à me harceler deux semaines avant. J’ai fait la grosse caisse à pas prendre ma prévente parce que j’avais pas un rond sur le moment. Deux semaines plus tard, plus de places disponibles. Y’a deux ou trois TicketSwap qui traînent, j’aurais pu quand même y aller, mais ça m’a démotivé. J’ai fui les réseaux, je me suis contenté d’un bon vieux Netflix & chill avant de dormir plutôt tôt. Le lendemain au réveil, j’ai 12 appels manqués et 27 SMS : “Tu dors ? Bordel, t’es où putain ! On est avec le DJ en after, c’est diiiiingue !!!!” Ces cons avaient réussi à sympathiser avec le gars par je ne sais quelle opération du Saint-Esprit, tellement qu’il les a emmenés avec lui dans ce qu’ils m’ont décrit comme “la meilleure soirée de notre vie”. Pas la mienne du coup. »
TIPS
L’AMOUR S’EST ENVOLÉ Avec la mine encore triste, Stéphanie se souvient de ce qui aurait pu être la soirée de sa vie. Elle nous raconte comment un soir de mai, alors que l’homme de ses rêves venait justement de se séparer de sa copine de l’époque, elle a juste préféré prendre un bain et boire un verre de vin en solitaire comme « une vieille mégère ». Elle savait pourtant qu’il allait y être, comme à chaque fois. Sauf que
cette fois-là, excédée par l’idée de ne pouvoir s’empêcher de le mater toute la soirée, elle jette l’éponge. « Il était bien trop fidèle, même s’il laissait entendre parfois qu’on aurait pu faire un bout de chemin ensemble. Enfin il était pas totalement réticent quoi. » Manque de bol, ce soir-là, il ne sera plus fidèle puisque plus en couple. Le court créneau qui aurait pu permettre à Stéphanie de devenir madame l’aura laissée mademoiselle, puisque le bellâtre n’a pas longuement attendu avant de retrouver chaussure à son pied. En d’autres termes : « Il a fini sa soirée avec une pouf, ça fait maintenant six mois qu’ils sont ensemble. Le pire dans tout ça, c’est qu’il la trompe. » Persuadée qu’elle aurait pu finir ses jours avec lui, Stéphanie s’en mord toujours les doigts. Elle aurait définitivement dû sortir. Si vous aussi, vous en avez marre d’être déçu de vous-même le lendemain matin parce que vous auriez pu vous amuser bien plus… Si vous aussi, vous avez loupé la soirée de l’année… C’est l’heure de se prendre en main ! Ça tombe bien, Red Bull organise son concours “Ne Rate Rien” où tu peux raconter ta pire histoire de soirée manquée. Si tu gagnes, la marque s’engage à l’organiser pour toi. Parfait pour se rattraper ! Plus d'infos sur redbull.com/neraterien
SOUS L’OEIL DE…
THOMAS GUICHARD @thomas.solal
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VENDREDI 7 JUIN 21h LaPlage de Glazart 17 € Fée Croquer x Exil : opening LaPlage 22h La Karambole Mirely, la fête du slip 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr
SAMEDI 15 JUIN 15h LaPlage de Glazart 16 € Open Air : Dure Vie & Time Out 16h La Station 13 € 75021 #32 : Vive La Stass (III) 23h Lieu inconnu 20 € Exodus 1st Anniversary
SAMEDI 8 JUIN 12h Plage de Torcy 45 € Marvellous Island Festival 20h Château de Versailles 30 € Versailles Electro (Ed Banger) 22h La Villette 26 € Villette Sonique w/ David August
VENDREDI 21 JUIN 17h Trabendo 13 € Automatic Writing 3 years 17h La Rotonde 15 € Club Trax : Fête de la Musique 18h La Karambole Open Air : Peter Schumann, Matthus Raman, Deviant Lads… 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr
DIMANCHE 9 JUIN 17h Quai Saint-Bernard Guinguette Sur Seine #1 23h Concrete 15 € Atom™ & Peter Van Hoesen, Neel… 00h Rex Club 15 € Tcheba Sound System LUNDI 10 JUIN 03h Café Barge 10 € INSoMNia After MERCREDI 12 JUIN 19h NF-34 5 € Mercredi Soir : Bell Towers, Fasme… 20h La Petite Halle Le Très Groove Club de Fuzati
AGENDA
VENDREDI 14 JUIN 18h Wanderlust 15 € Cookie Release Party 19h La Station 13 € Birthday Party III 20h La Maroquinerie 20 € Secret Value Orchestra - Release party 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr
SAMEDI 22 JUIN 07h Glazart 11 € After FDM RAW x Jaded w/ Illnurse 23h Trabendo 29 € Hyperbole prés. Dusty Kid 00h Rex Club 15 € Mézigue all night long MERCREDI 26 JUIN 19h Gaîté Lyrique 20 € Opening Macki 2019 x Computer Grrrls 00h Rex Club 15 € RAW x Wrongnotes w/ Gijensu, Makornik… VENDREDI 28 JUIN 22h NF-34 15 € Newtrack G*ng, B*ng! 23h L’Officine 2.0 5 € Acid Whirl w/ Chris Liberator 00h Bus Palladium Bonbon Party, invits sur lebonbon.fr SAMEDI 29 JUIN 15h Lieu inconnu 30 € Le Bonbon fête ses 10 ans 18h Le Kilowatt 26 € Ligne 15 – Festival urbain 19h Cabaret Sauvage 16 € Wet For Me – Pride edition
Ricard SAS au capital de 54 000 000 euros - 4&6 rue Berthelot 13014 Marseille - 303 656 375 RCS Marseille
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AFFICHE CRÉÉE PAR ROMAIN BOÉ X MAALAVIDAA
PHOTOGRAPHE ET DIGITAL ARTIST ÉMERGENTS
L’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N .
MUSIQUE
Maxenss T P
LUCAS JAVELLE NAÏS BESSAIH
troubadour des temps modernes
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54 / 45 MUSIQUE
MAXENSS
« Nique ta mère, fils de pute, la chatte de la con de ta mère la pute. » C’est avec cette marée d’insultes qu’il s’est fait connaître. Une vidéo sobrement intitulée « Démonétisation » à la dizaine de millions de vues, véritable pied-de-nez à YouTube qui refuse de rémunérer les vidéos contenant des propos grossiers ou choquants. Maxence Laperouse, a.k.a Maxenss ou Maxoulezozo,
casse les codes du net et de la musique en une simple vidéo, née d’un délire en une heure. Presque trois ans plus tard, il n’a pas changé ; ses délires sont devenus son métier et chanter, sa passion. Après une expérience forte avec ses compères du groupe VSO, il souhaite désormais faire son bout de chemin seul et sort un premier EP.
L.B. Combien de personnalités a Maxence ? M. Une ! Pourquoi il y en aurait d’autres ?
pas exprès. Je pense que ça va avec mon ambition d’assumer ma folie et ne pas me fixer de barrière. Et ne pas me laisser juger par les gens qui me considèrent bizarre.
L.B. Entre Maxenss, Maxou le zozo et toutes M.
ces petits personnages que tu incarnes sur les réseaux sociaux… Au final, il n’y en a quand même qu’une seule… Ça ne sert à rien de cacher la vérité ! (Rires)
L.B. Qu’est-ce qui t’a inspiré à faire toutes M.
L.B. Sur ta chaîne YouTube, ta description M.
c’est : « Je chante. » C’est comme ça que tu expliques aux gens ce que tu fais ? Oui… J’aurais pu le compléter en disant : « Je chante, je joue la comédie, je m’amuse, je fais du ski de temps en temps… » J’ai toujours fait ce qui me faisait kiffer, et c’était plus simple de le définir comme ça. Je n’ai pas envie que les gens me collent une étiquette, que ça soit youtuber, chanteur, déconneur…
L.B. C’est un rêve d’enfant qui s’accomplit, M.
tu chantais déjà tout petit ? Oui ! Après, je ne me pensais pas prédestiné à ça. À la toute base, je voulais être humoriste ; je faisais des petits spectacles dans la cour. Avec mon frère on faisait des petits sketchs vocaux où on s’amusait à parodier des émissions de radio. Le chant est venu un peu plus tard, par hasard, en option musique au lycée. Il manquait un chanteur pour quelqu’un, je m’y suis essayé et j’ai adoré. C’est devenu une vraie passion.
L.B. Ton travail aujourd’hui, c’est tes délires M.
d’enfance. Disons qu’enfant, j’ai toujours eu cette ambiguïté – on me l’a toujours gentiment reproché. Les gens qui ne me connaissent pas disent toujours : « Je ne sais jamais si tu es sérieux… On n’arrive jamais à te cerner. » J’ai toujours aimé cultiver ça. Je n’en connais pas l’origine, je ne le fais
ces choses ? C’est bateau mais… la vie ? (Rires) Les épreuves, le quotidien qui m’atteint et dont j’ai envie de parler…
L.B. Et d’un point de vue artistique ? M. Je suis un gros fan du groupe
Deftones, nu metal ; j’ai baigné là-dedans quand j’étais petit. Beaucoup Nirvana aussi, je suis très inspiré par le côté un peu grunge des choses, hors cadre. Après je vais te citer un mec que tout le monde cite, mais je suis un grand fan de Jim Carrey, pour toute sa carrière, tout ce qu’il est et tout ce qu’il incarne.
L.B. D’où viennent toutes ces idées que tu M.
façonnes à l’image, en musique ou même ton comportement ? (Il hésite.) C’est si dur de répondre à ça. Ça vient de mon cerveau et ma manière de contextualiser. Tout ce que j’ai fait depuis le début vient d’idées spontanées que je travaille. Il y a des jours je vais y arriver, d’autres non. Un peu comme cette interview. Un peu comme quand on m’arrête dans la rue : parfois je peux être hypersensible et un peu bizarre et froid, ou alors accueillir la personne en lui faisant un gros câlin et comme si c’était le meilleur pote de ma vie. C’est un truc un peu indomptable.
L.B. Tu as du mal à gérer ce nouveau succès ? M. Ça dépend. C’est bizarre, parce que c’est un truc que tu ne peux pas préparer. Tu ne peux pas te dire : « Un jour, si je suis connu, je fais ci,
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je fais ça… » Déjà parce que c’est très bizarre de se poser la question. Et surtout, quand ça arrive – même si personnellement c’est venu assez vite –, tu ne t’en rends pas compte. Mais on finit par prendre “l’habitude”, on arrive à dompter le truc. Quand on vient me voir dans la rue, je peux le vivre un peu violemment. Ce n’est pas que je n’aime pas les gens, c’est surtout que je suis de base une personne vachement introvertie – malgré les apparences. Un peu comme un chat, tu ne sais jamais si je veux des caresses ou non.
L.B. C’est ton animal totem ? M. Mon entourage dit souvent que je
MAXENSS
suis plutôt un labrador. Parce que je saute partout et que j’ai tout le temps le sourire. Je ne sais pas trop quoi en penser… Je me reconnais aussi dans la personnalité du chat. Ce côté un peu indomptable et assez spontané. Mais n’hésitez pas à venir me solliciter dans la rue, c’est toujours un plaisir de rencontrer des gens et de parler. Ça me rappelle tous les jours que si je suis là, c’est parce qu’il y en a qui veulent me voir.
L.B. Ta musique est assez inqualifiable,
M.
tu la décris toi-même comme une « pop décomplexée ». Qu’est-ce qui fait de ta musique de la musique ? Ça s’écoute avec des écouteurs ou des enceintes et c’est généré à partir d’instruments ou d’ordinateurs.
L.B. Tu perçois qu’on puisse t’écouter plus
MUSIQUE
M.
pour le délire que la musicalité ? Je comprends. C’est logique, vis-àvis de tout ce que j’ai déjà sorti et vis-à-vis des styles que je propose et que j’ai envie de proposer. Les gens qui m’écoutent, c’est peut-être plus pour moi que pour le genre, mais je trouve ça cool. On est plus habitués à
ce que les gens fassent plein de trucs, à l’heure des Billie Eilish ou Hubert Lenoir. Se libérer comme ça et libérer un peu la musique. Ne pas forcément avoir toujours cette volonté de remplir des cases.
L.B. Tu as l’air d’une personne pas sérieuse M.
du tout… Pourtant ce que tu fais est hyper sérieux. Comment tu l’expliques ? Je ne l’explique pas. (Rires) C’est à la fois un plaisir de ne pas être sérieux et en même temps une défense. (Il réfléchit, sans conviction.) Je ne sais pas…
L.B. Ne pas être sérieux, c’était le travail M.
parfait pour toi ? Carrément ! C’est le travail parfait pour tout le monde, je pense. C’est trop bien. C’est ne pas oublier sa part d’enfance et pouvoir continuer à tout lâcher comme quand on était gosses et qu’on ne se préoccupait de rien. Tout en gardant quand même ses responsabilités de vivre en société.
L.B. Comment tu expliques à tes parents ce M.
seulement la prod’ savait que je venais faire cette blague. Je suis venu comme un candidat normal, je n’ai pas été payé. Honnêtement, ça ne m’intéressait pas. Par contre, mon rêve d’enfant, c’était de venir troller cette émission. C’est même pour ça que j’ai voulu créer un personnage avec un accent un peu lunaire. J’ai insisté pour garder mon prénom, je ne voulais pas qu’on croit que j’étais un acteur pour éviter les embrouilles. Je ne voulais pas non plus que les gens pensent que je l’ai fait pour réussir à la télé… Ce qu’on ne voit pas au montage, c’est que les quatre jurés – avant l’affaire Gilbert Rozon – m’avaient dit oui. J’ai refusé de faire la suite parce que j’étais simplement venu faire ma vanne. Je ne regrette pas de l’avoir fait, parce que oui, ça m’a apporté : je me suis fait repérer par une agence de comédiens. Ça a été un gros buzz. Ça m’a amené plus de visibilité et des opportunités de carrière. Et je me suis bien marré.
que tu fais aujourd’hui ? Ouf… (Il soupire.) Alors là, compliqué. La définition que j’aime bien donner en général, même quand les gens me le demandent, c’est que je suis un troubadour. Je divertis. Je procure des émotions. J’essaye de manier comme je peux les arcs que j’essaye de maîtriser. Après, c’est un peu dur pour eux de comprendre tout ce qui est réseaux sociaux et le fait de gagner de l’argent via ces médiums – c’est aussi compliqué à expliquer. En tout cas, ils ont l’air d’avoir compris que je vivais juste les trucs que j’ai envie de vivre, et surtout que j’arrive à en vivre.
L.B. On t’avait découvert aux Recettes
M.
Pompettes, aujourd’hui tu fais l’émission Crac-Crac. Le point commun, c’est Monsieur Poulpe. On a une chouette relation – on s’est encore eus au téléphone tout à l’heure. Je lui dois pas mal. C’est lui qui m’a mis un pied dans la télévision. On a ce projet super cool avec CracCrac, dans lequel je suis troubadour, justement. On s’entend bien. À la toute base, il cherchait un invité pour les Recettes Pompettes, il avait beaucoup aimé “Démonétisation” et souhaitait que je vienne la faire. Au final, il m’a proposé également l’émission sur Canal. On entretient une relation assez cool, et j’espère que plus tard on multipliera les projets ensemble.
L.B. Ton passage à La France a un incroyable M.
talent, ça t’a apporté aussi ? Oui, clairement. Pour évoquer un peu ça – je ne me suis jamais vraiment expliqué là-dessus –, c’est la production qui voulait que je vienne faire une chanson. Le jury n’était pas au courant, les équipes non plus ;
L.B. Entre tes passages sur le net, à la télé
M.
et ce que tu fais en général, le point commun, c’est chanter pour faire rire. Quelque part, il n’y aurait pas un filon à exploiter pour faire un one man music show ? Ah, c’est pas bête ! À l’heure actuelle, je souhaite surtout faire des chansons un peu plus persos et lever un peu plus ce masque de Maxou le zozo. Pourquoi pas, un jour. Je te donnerai une petite part sur l’idée – si je suis amené à faire ça. (Rires)