Janvier 2016 - n째 60 - lebonbon.fr
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- © CORENTIN FOHLEN.
DES PERSONNES SOLLICITÉES NE PEUVENT PAS AIDER CETTE ENFANT PARCE QUE NAVRÉ MAIS ELLES ONT UNE REUNION DANS 5 MINUTES.
HEUREUSEMENT, 100% DES PERSONNES SOLLICITÉES ONT BESOIN DE MOINS DE 5 MINUTES POUR FAIRE UN DON SUR MEDECINSDUMONDE.ORG
SOIGNE AUSSI L’INJUSTICE C : 100 M : 60 J:0 N:0 Médecins du monde - Identité visuelle FRANCE
08/07/2009
EDITO Bien entendu, je suis à fond pour l'état d'urgence, ils l'ont dit à la télé, tout ça, c'est pour notre bien. D'ailleurs, dans une émission, y'avait plein de messieurs qui criaient écarlate qu'il fallait plus de sécurité. Si ces messieurs le disent, c'est bien que c'est vrai. Moi, je m'en fous, j'aime pas la liberté, elle me fait chier la liberté, je ne sais pas quoi en faire. Enfin pour tout vous dire, c'est la liberté des autres qui m'emmerde le plus : elle fabrique des hippies, des voyous, des pourris... Pire, des homosexuels. Alors voilà, moi, voir des policiers partout et me faire contrôler trois fois par jour, ça me rassure, c'est tellement agréable une palpation brutale contre un mur. Et puis, je suis un amoureux de l'ordre, du bruit des bottes, il ne faut surtout pas le troubler ce bruit des bottes. Un coup de matraque, un peu de lacrymo dans la gueule, ça n'a jamais fait de mal à personne, n'est-ce pas les rastaquouères ? Dans la vie, p'tit, faut pas trop penser, c'est ce que j'ai compris. Ceux qui se posent trop de questions, ils sont bizarres, suspects, ils sont torturés. Moi, ma solution, c'est de m'abrutir. Depuis qu'Hanouna est le comique officiel du pays, j'me sens au niveau, j'me lobotomise, je lis peu, j'écris peu, enfin si, j'écris des petites lettres où je dénonce les probables exactions de potentiels terroristes autour de moi. Bon, je ne vais pas trop me plaindre. Au rythme où vont les choses en France, je sens vraiment que je vais passer une excellente année 2016. En espérant surtout que vous ne perdiez pas votre second degré... « L’homme a bien plus peur de la liberté authentique qu’il ne la désire. » MPK
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OURS
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Jacques de la Chaise RÉDACTEUR EN CHEF Michaël Pécot-Kleiner DIRECTEUR ARTISTIQUE Tom Gordonovitch COUVERTURE Eric Judor par Flavien Prioreau CHAMPION DE LA NUIT Simon Kinski Znaty SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Louis Haeffner RÉGIE PUBLICITAIRE regiepub@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 SIRET 510 580 301 00032 SIÈGE SOCIAL 12, rue Lamartine Paris 9
SOMMAIRE
p. 7 À LA UNE Eric Judor p. 13 MUSIQUE Magda p. 19 LITTÉRATURE Les mots de minuit p. 23 CINÉMA Le bilan 2015 p. 27 ÉROTISME Louise de Ville p. 35 MUSIQUE Jacques p. 43 MUSIQUE The Shoes
TOUS LES VENDREDIS AU BUS PALLADIUM 4
POUR ÊTRE SUR LA LISTE RDV SUR LEBONBON.FR 6, RUE PIERRE FONTAINE PARIS 9E
HOTSPOTS
- ON SOUTIENT FÉE CROQUER Ouais, on l'aime vraiment bien ce collectif qui rend la techno caritative. En plus de danser sur un line-up de qualité (Slam, Flug, Marla Singer, etc.), vous êtes invités à amener cinq denrées non périssables qui seront ensuite redistribuées à ceux qui en ont besoin. Plus funky que les restos du cœur, hein ? Samedi 16 janvier à La Machine - SATAN, RESTE DANS CE CORPS Hors de question de se faire exorciser après s'être fait prendre le cerveau lors d'une soirée Possession. Combinant le côté "nimp" des soirées queers à l'exigence des plateaux techno pointus-qui-savatent, la Possession s'installe petit à petit comme une référence. En plus, on y trouve du bon poppers. Vendredi 22 janvier au Gibus - KITSCH RULEZ Fichtre, quand ce magazine sera distribué, il ne te restera plus que quelques jours pour allez voir Kitsch ou pas Kitsch ?, une expo fort sympathique sur le "mauvais goût" traité par l'art oriental contemporain. Des paillettes, du dérangeant, du populaire, du trivial, du décalay. Bref, tout ce qu'on aime. A l'Institut des Cultures d'Islam - TOUTE LA MÉMOIRE DU MONDEA l’occasion de la 4e édition du festival du film restauré Toute la mémoire du monde, La Cinémathèque française vous a fait une sélection de plus de 100 séances. Au programme : les 120 ans de Gaumont, Kafka, Hitchcock. Le tout sous l'égide de Dario Argento et Paul Verhoeven. La Cinémathèque, Les Fauvettes, Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, Christine 21 Du 3 au 7 février 2016 - cinematheque.fr 5
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À LA UNE T
JULIEN BOUISSET P PAUL ARNAUD
ERIC JUDOR — L'IDIOT DU VILLAGE, VRAIMENT ? Eric Judor fait partie de ces personnalités iconoclastes difficiles à saisir et c'est tant mieux. Autant à l'aise dans le cinéma barré et underground d'un Quentin Dupieux (Steak, Wrong et Wrong Cops) que dans des productions plus "grand public" comme La Tour Montparnasse infernale (sa suite, La Tour 2
contrôle infernale sort le mois prochain), Eric Judor a également bluffé son monde sur ses talents de réal/scénariste avec la série Platane. Dénominateur commun de cette bio : un sens aigu de l'humour absurde, qu'il nous confie vouloir plus engagé à l'avenir.
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“L’IDIOT DU VILLAGE EST UN HOMME QUI EST CAPABLE DE PISSER SUR LE TRÔNE DU ROI. SAUF QUE CELA VA LE FAIRE MARRER CAR IL N’A PAS CONSCIENCE DU DANGER.” 8
Né d'une mère autrichienne et d'un père guadeloupéen, tu as enchaîné longtemps les petits boulots, passant de guide touristique aux Etats-Unis à logisticien pour Bouygues Telecom. Mais une seule chose t’anime : amuser la galerie. Mes origines, c’est le savant mélange du zouk et du nazisme. Cela donne forcément un spectre très large, en humour. J’ai eu mon baccalauréat de justesse, j’ai enchaîné sur une maîtrise en langues appliquées. Mais quand je faisais des blagues, je voulais faire rigoler tout en étant accompagné. Voilà pourquoi j’ai toujours trouvé cela très bizarre de monter seul sur scène. A l’armée, pendant mes classes, j’ai rencontré un mec avec qui je n’arrêtais pas de déconner. On s’entendait tellement bien qu’on a décidé de se retrouver à la fin de notre service pour écrire des sketchs. Le rendez-vous a été pris dans un café-théâtre. Mais il m’a fait faux bon, au dernier moment. Ce mec, c’était Lionel Dutemple, ex-auteur des Guignols de l’info sur Canal+. Il n’a pas eu le cran d’y aller. Moi non plus. Et j’ai dû attendre de rencontrer mon "arabe" pour me lancer… Une rencontre avec Ramzy Bédia qui s’opère dans un bar de châtelet, en 1994. Ce fut un coup de foudre. Le Comptoir des Halles à Paris était un des seuls bars branchés qui acceptait les personnes de couleur à cette époque. J’y ai fait la connaissance de Ramzy, accoudé au comptoir. Il avait un énorme téléphone portable à côté de lui, comme celui qu’utilise Philippe Katerine dans La Tour 2 contrôle infernale. Je l’ai vanné en lui demandant s’il attendait réellement un appel à deux heures du matin. Il m’a répondu du tac au tac. On a passé des heures à pleurer de rire. Son physique était incroyablement marrant. Je me suis tout de suite dit que l’on formerait un duo étrange. Il venait de commencer à écrire des sketchs avec une autre personne. Mais, ils n’avaient pas osé, eux non plus, monter sur
scène. Au fil des rencontres, je lui ai finalement demandé s’il voulait que l’on commence à écrire ensemble. Et depuis, c’est la femme de ma vie (rires). Jusqu’à tes 27 ans, tu vivais dans la petite banlieue bourgeoise de Montigny-le Bretonneux, dans les Yvelines. Ramzy venait de Gennevilliers (Hauts-deSeine). Ce fut un véritable choc culturel… Lorsque nous étions ensemble, le but était de faire rire respectivement nos potes. Pour l’un et l’autre c’était exotique. Je me retrouvais à Gennevilliers, dans le quartier très tendu du Luth, où j’avais enfin une vraie vision de la France. Des personnes dont on ne parlait pas dans les journaux ; des jeunes qui avaient une culture hyper colorée et une certaine frustration sur les choses de la vie. Ramzy m’a fait découvrir James Brown, Radio 7 et Radio Nova. De son côté, je lui faisais découvrir l’univers des petits bourgeois. A cette époque, il avait l’impression d’être dans un roman de Kafka. Il faisait tout pour s’en sortir, il faisait des études, il passait des entretiens, mais se retrouvait perpétuellement replié dans sa chambre. Il tournait en rond. Ramzy est une fleur qui a poussé dans le bitume. Il est sensiblement positif. Et c’est pour cela que notre duo a fonctionné dès le départ. Ensuite, avec Jamel Debbouze, vous formez une bande démoniaque, dans la série H. Dès lors, tu ne quittes plus Ramzy. Vous enchaînez les films, en duo, comme dans Double Zéro ou Les Daltons. Puis vient la séparation opérée par Quentin Dupieux dans Steak, en 2007. Paniquant ? Ce film nous a ouvert les yeux. Jusqu’alors, nous nous contentions de nous marrer. Notre carrière était un défouloir. Nous voulions juste rire ensemble et faire des vannes. Quentin a fait exploser ce qu’il y avait en nous. Cela fai9
sait plus de dix ans que nous étions ensemble. Je ne connais pas de duo qui ait réussi à rester dans la même énergie, indéfiniment. J’avais juste envie de m’affirmer artistiquement. Ma série Platane m’a aidé en ce sens. Comme une bouffée d’oxygène. Je n’ai jamais eu la sensation qu’exister seul serait difficile, artistiquement. Le rire, est-ce sérieux ? Je ne pense plus pareil, ces derniers temps. Jusqu’à présent, avec Ramzy, nous nous disions qu’il fallait développer un rire joyeux. Cela reposait sur de l’absurde. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que notre humour pourrait être une arme pour dénoncer les dérives et les situations difficiles. Il est de plus en plus compliqué de rester muet et de continuer à être joyeux. En 2015, l’Histoire a enchaîné les situations tragiques. Mais continuer à faire rire fait partie de ma nature. C’est quelque chose que j’ai envie de projeter dans cette époque. Et si cela peut permettre aux gens de garder la tête hors de l’eau, tant mieux. Depuis tes débuts, tu as souvent tenu le rôle du retardé. N’en as-tu jamais eu marre que les gens aient cette image de toi ? Pour moi, l’idiot du village est le meilleur des comiques. Il n’est pas comme le fou du roi : impertinent, irrévérencieux et jamais réellement dingue. L’idiot du village est un homme qui est capable de pisser sur le trône du roi. Sauf que cela va le faire marrer car il n’a pas conscience du danger. Il ne voit pas la vie comme les autres. C’est un enfant. Dans l’humour, c’est la folie qui me transporte. Ce rôle, tu as décidé de le réendosser en proposant une suite, avec Ramzy, à La Tour Montparnasse infernale. Mais La Tour 2 contrôle infernale est finalement très différente du premier opus. Pourquoi ? 10
C’est une suite logique ! Cela faisait quinze ans que nous n’avions plus fait quelque chose de concret avec Ramzy. La Tour Montparnasse infernale était notre premier projet. Celles et ceux qui avaient 15 ans à l’époque en ont 30, désormais. Ils n’ont ni les mêmes références, ni le même humour. Il fallait donc avoir une autre mécanique. C’est pour cela que ce film est certainement beaucoup plus absurde que le premier. Et s’il y a moins de punchlines, c’est aussi voulu. L’époque a changé. Parallèlement, tu continues l’écriture de la saison 3 de Platane. Quelle en sera la trame ? Mon personnage a disparu pendant six ans après la fin de la saison deux. Il réapparaît en France en faisant Toute une histoire de Sophie Davant. Le sujet ? Il s’est fait passer pour mort auprès de son entourage et il le regrette. Mais s’il est là, c’est uniquement pour laisser ses coordonnées au producteur de l’émission. Il a une idée de film de super-héros à développer aux Etats-Unis afin de concurrencer Marvel. Mais cela ne se passe évidemment pas comme prévu. Dans le casting, j’espère avoir un florilège de guests américains à côté d’acteurs français. J’aimerais beaucoup avoir, par exemple, Omar Sy. Et pourquoi pas Jean Dujardin ? Je ne leur en ai pas encore parlé. On devrait commencer à tourner à l’automne prochain. Cette troisième saison a pris du temps car nous étions sur autre chose avec Ramzy. Et puis parce que nous devions convaincre Canal+. J’ai l’impression que Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe Canal+, ndlr) n’était pas très chaud pour nous soutenir dans ce projet. Et si aujourd’hui Platane repart, c’est parce que nous avons rencontré Vincent Bolloré. Cela dépend personnellement de lui. Tant mieux. — La Tour 2 contrôle infernale réalisé par lui-même Sortie le 10 février
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MUSIQUE T
JULIE KEMTCHUAING P LEANDRO QUINTERO
MAGDA — CHEFFE DE MEUTE On ne présente plus Magda : énorme référence dans le monde impitoyable de la techno actuelle, cette clef de voûte du label Item and Things n'en finit pas d'avoir un coup d'avance sur les hypes électroniques. Nous l'avons rencontrée lors de sa venue à la soirée HAïKU le 18 décembre dernier ; et elle a absolument
tenu à nous présenter le Berlinois Sven Weisemann et le Stockholmois Etcher, ses deux nouveaux "poulains". Un souhait que nous ne pouvions refuser, et qui donne au final une interview à trois très "conversation libre". Morceaux choisis.
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Magda, comment vous êtes-vous tous les trois rencontrés ? Magda : J’étais à Berlin et je suis tombée sur un disque d’acid d’excellente qualité, Polytom Dusk de Etcher. Tu sais, j’adore l’acid : ce style compose l’une des racines de ma musique. Je décide de le jouer à l’une des soirées que je présentais. Une amie RP l’entend, l’adore également, et tout s’est enclenché. On a contacté le tourneur de Etcher, et nous avons joué ensemble il y a quatre mois à peu près, au Portugal. Pour Sven, même mode opératoire : j’avais entendu l’un de ses mix, je l’avais trouvé excellent, je lui ai demandé de nous rejoindre il y a quelques mois, et nous voici réunis. Tu es connue entre autres pour ta capacité à allier les genres avec une évidence déconcertante. Etcher et Sven représentent deux pans de ta personnalité musicale. Mais ce n’est pas forcément une évidence pour le public, non ? Magda : C’est tout à fait ça. Ils ont chacun des phases que j’adore, l’acid sombre et groovy, la minimale plus expérimentale… L’audience sera surprise (l'interview s'est déroulée juste avant leur set, ndlr) et c’est une très bonne chose. Je ne m’inquiète pas, surtout face au public parisien qui s’est vraiment ouvert ces dernières années. Sven : Le public est de plus en plus éduqué. Ce background le rend exigeant, mais également ouvert à l’insolite. Il se laisse facilement entraîner si tu lui promets un beau voyage. Ere numérique et âge, parlons-en. Vous appartenez à des générations de Dj's assez différentes, et j’ai l’impression que l’impératif d’être également producteur n’était pas aussi fort à l’époque... Magda : Tout à fait, il y a une grosse pression d’être à la fois producteur et Dj. C’est vraiment dommage. Il n’est pas nécessaire d’être un bon producteur pour être un bon Dj et vice versa,
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les deux ne fonctionnent pas obligatoirement ensemble. Certains artistes ont juste une véritable sensibilité quant à la musique des autres, une grande capacité à assembler des œuvres ensemble, à recréer à partir de matériaux existants. Et beaucoup de Dj's très talentueux sont laissés pour compte parce qu’ils ne produisent pas. Etcher : Pour moi le problème est réglé, je ne fais que du live (rires). Mais je comprends tout à fait la problématique. C’est dommage car les deux sont à dissocier, à mon sens. Magda : Je pense que l’avènement du numérique, avec la facilité de consommation de la musique et l’accessibilité à de nombreux moyens de production, a entraîné une période de flottement, de paresse même. Tout le monde a eu l’impression que c’était facile d’être Dj. Sven : Oui, que tu mettais ta playlist et hop, la magie opérait... Magda : Exactement. Du coup il y a eu une dévaluation du métier, du savoir-faire, de l’art même. Sven : Oui, car ça reste un art. Non seulement il faut une connaissance disons historique - il y a un côté monomaniaque à étudier un genre -, mais en plus il faut la compréhension technique. Et quand tu as ce savoir théorique, il y a la magie. Dj, c’est trouver l’osmose la plus parfaite entre une multitude d’éléments complètement différents et aléatoires. Le lieu, le public, le matériel, ton humeur… Contrairement à ce que les gens pensent, c’est une véritable interaction, une implication totale. Tu donnes et le public te rend au centuple. C’est ça pour moi être Dj. C’est insuffler tout ce que tu connais dans un set, tout ton être, l’offrir au public, et le laisser te le rendre transformé. C’est très compliqué, et je pense que les gens recommencent à l’apprécier à sa juste valeur. Magda : Tout à fait d’accord. Il faut trouver ce point d’osmose, de transe. Chacun a ses tics.
“BERLIN EST EN TRAIN DE RENAÎTRE. IL Y A EU UN MOMENT DE FLOTTEMENT, OU PLUTÔT UN MOMENT OÙ CETTE ANARCHIE CARACTÉRISTIQUE COMMENÇAIT À ÊTRE TROP BALISÉE.” 15
Retrouvez l'actu de Magda : facebook.com/unmagda Sven Weisemann : facebook.com/svenweisemann Etcher : facebook.com/etchermusik 16
Par exemple, j’y arrive mieux quand je suis fatiguée. Quelque chose doit se relâcher en moi, une vigilance, je ne sais pas… Ça dépend de chacun. D’ailleurs, vous vous verriez jouer en B2B ensemble ? Sven : Pour être honnête, je ne suis pas fan du B2B. C’est ce dont on parlait avec l’implication qu’un bon set impose. C’est tellement compliqué comme équilibre… Il faut avoir une vraie osmose avec ton acolyte. Magda : Et souvent, l’autre personne t’est un peu imposée, sans que ce soit prévu. Ça m’est arrivé quand je tournais avec Richie. Tu te trouves à construire un set, et puis le mec d’à côté fait un truc complètement différent : ça ne fonctionne plus. Sven : Ça tient de la relation de couple en fait : pas d’osmose, pas de mix (rire) ! Je sais qu’en France vous aimez bien ça, Laurent Garnier avec un tel ou un tel… Mais je ne sais pas, la bromance comme vous dites, ce n’est pas mon truc (rires). En parlant de lieu, Madga, que penses-tu de Berlin actuellement ? Magda : Berlin est en train de renaître. Il y a eu un moment de flottement, ou plutôt un moment où cette anarchie caractéristique commençait à être trop balisée. Mais la baisse de régime c’est normal, c’est un cycle. Je pense que Berlin bénéficie de l’ouverture vers l’Est, vers Varsovie notamment, ça la désengorge. Actuellement, les Berlinois - gens créatifs au possible - sont en train de réinventer la fête. Chez moi, je ne sors pas dans des énormes trucs ; du coup, j’ai vraiment découvert ce microcosme de petites fêtes illégales proposant un tout nouveau format. Consciemment ou non, ça casse la dynamique Dj/public. Pour ce faire, ils incorporent d’autres formes d’art. Je m’y intéresse de plus en plus, à ces autres formes… Comment les intégrer au set, la manière dont elles impactent et modifient la
musique… Sven, t’en penses quoi ? Sven : Je suis d’accord. Je suis de Potsdam, j’ai tous mes potes dans Berlin ou ses environs. Cette ville m’a nourri, formé. Fatalement, je suis impacté par ses évolutions, c’est un centre névralgique. Ça ne peut pas te laisser intact de faire certains de tes premiers sets au Tresor, ou quand à peine majeur, tu joues au Berghain. Magda : Sérieux, le Berghain Berghain ? Sven : Oui, pas le Panorama Bar (rires). Ça te donne une certaine légitimité, ou au moins un aplomb. Et c’est important pour la confiance en ton travail. Cette ville est primordiale pour moi. En off, on évoquait vos débuts, et vous êtes tous des héritiers du hip-hop… Etcher : Oui, c’est vrai, ça peut paraître étonnant. Sven : Plutôt. Pourquoi d’après toi ? Magda : (Pensive) A la fois dans le hip-hop et la techno, il y a cette urbanité, ce côté industriel. Et puis ce goût pour l’extrême, chacun à sa manière. Au niveau technique, les deux sont intrinsèquement liés, ils se sont énormément apportés au fil du temps. J’ai grandi à Détroit, cette ville a eu un impact énorme sur les deux genres. Etcher : Regarde Kraftwerk par exemple. En étudiant les ramifications de leur musique, tu peux paradoxalement énormément apprendre sur le hip-hop. Mais maintenant, vous vous verriez en jouer ? Etcher : Ça dépend lequel (rires). Sven : Mais complètement, si l’humeur s’y prête. Ce n’est pas à proprement parler du hiphop, mais récemment j’ai terminé un show avec deux chansons de Prince. Magda : J’adore Prince ! Lesquelles ? Sven : Purple Rain et Kiss. La foule était en transe. J’ai terminé en coupant le son, et j’ai eu la fin complètement a cappella. C’est pour ça qu’on fait ce métier. 17
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LITTÉRATURE T
TARA LENNART
ENCRE NOIRE POUR NUIT BLANCHE
Blanche comme une page, la nuit s’inscrit aux abonnés absents. Pas de marchand de sable à l’horizon ni de pilules magiques pour baver dans les bras de Morphée. Ne cherchez plus,
lisez. Et dans votre lit, c’est encore mieux ! Vous aurez une bonne raison de commencer l’année en ne dormant pas.
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PLEIN DE LIVRES Avec un peu de chance, votre tante conservatrice ou votre oncle à l’ouest a fini par comprendre que vous préfériez des euros à des cadeaux inutiles à Noël. Acheter des livres avec serait un bon placement pour des insomniaques maniaques. Investir dans la box littéraire de Livres-Moi(s) serait idéal pour passer ses nuits en compagnie de charmant(e) s inconnu(e)s - je parle de livres et de pages, pervers(es). Tous les mois : un livre choisi par des libraires au flair d’expert en fonction de vos critères à vous. La meilleure découverte passe par la surprise, croyez-en l’avis d’une maniaque paranoïaque et insomniaque qui sait tout. Et qui a découvert un super livre grâce à ces super libraires ! www.livre-mois.fr Au-delà des Halos Laurent Banitz Neuf nouvelles qui flirtent avec l’étrange, le dérangeant, le gênant, sans jamais tomber dans l’excès, la surenchère ou même le trop concrètement explicite. Laurent Banitz nous promène dans une galerie d’énergumènes aux prises avec des problèmes à la fois peu ordinaires (comme ce type qui n’a pas conscience d’être mort) et pourtant logiques, quand on y pense. Son humour et son écriture travaillée et grinçante rajoutent une fine couche croustillante à l’ensemble. — Editions Antidata American Psycho Bret Easton Ellis lu par Pierre Tissot Si on ne présente plus vraiment cette fresque moderne sanglante et grandiose, monument de la littérature contemporaine, on salue l’initiative de cette maison qui a pensé aux flemmards, aux joggers, aux fans du casque ou aux habitués des longs trajets en voiture. Quand on ne peut pas lire, on peut toujours lire grâce à un livre audio. Pour se lancer dans l’aventure et lire encore plus rien qu’en écoutant, rien de tel qu’un bon classique magnifiquement mis en voix ! — Editions Thélème 20
Raw Power Stan Cuesta Sortez le perfecto, le jean sale et les clous ! Il n’y a pas qu’au pays de Sa Majesté que le pogo se dansait sous des douches de crachats et de bière. Cette « histoire du punk américain » retrace comme un feuilleton la trajectoire des Ramones, Stooges et autre Suicide. A travers la musique et les groupes, Stan Cuesta replace le débat dans son contexte : le punk, avant d’être une succession de riffs saturés qui accompagnent des piaillements faux, c’est un état d’esprit, une révolte. Un souffle dont on aurait bien besoin aujourd'hui. — Editions Le Castor Astral Des garçons bien élevés Tony Parsons Bien élevés ? Vraiment ? Si bien élevés qu’on retrouve les anciens étudiants d’une riche école pour privilégiés massacrés de façon très sale. Le tueur est fort, il ouvre les gorges avec une arme inconnue au bataillon, et il joue avec les nerfs des enquêteurs, écrivant "Porc" en lettres de sang près des cadavres qu’il laisse. Max Wolfe, flic comme on les aime, écorché vif, sûr de son flair mais profondément humain, mène l’enquête. Haletant, parfaitement ficelé, ce polar ne se lâche pas. On le dévore. — Editions de La Martinière Le Tout Va Bien Adrien Gingold En lisant cette anthologie de perles de titres de la presse française, on se demande si ce sont les journalistes ou si ce sont les gens qui déconnent. En tout cas, ça déraille bien dans le vrai monde. Exemple ? « Il recouvre sa petite amie de sauce piquante et tente de la mettre au four », ou « Il danse en léchant un crapaud : la police l’arrête ». Est-ce que tout va bien ? Oui oui, on vous assure, tout est sous contrôle. Sauf les fous rires qui ponctuent la lecture de ce précis d’humour absurde qui n’en est pas un. Et c’est bien ça qui est drôle ! — Editions Le Tripode
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CINÉMA T
PIERIG LERAY
Y’A QUOI AU CINÉ ?
LE BILAN 2015 Début d’année oblige, il est grand temps de faire le point sur mes plus brillantes interventions critiques mais aussi les plus foirées de 22
l’année 2015, signe d'une honnêteté intellectuelle certaine qui ne peut que m'honorer.
J'AI EU GRAVE RAISON, FRÈRE ! Love de Gaspard Noé est bien la trahison de l’année, un trash qui bande mou, effet pétard mouillé du téléfilm M6 du dimanche soir (années 90 spirit), Miguel Gomes et ses Mille et une nuits confirme bien ma foi aveugle envers ce futur grand, Emilie Lucchini (et son premier film Un début prometteur, je n’ose même pas le mot d’esprit) la "fille de" ratée de l’année, Mad Max : Fury Road et Star Wars VII, les deux bombasses qui suintent dans un décolleté ravageur, le Malick qui embarque les bas-fonds d’Hollywood pour conclure sa quête existentialiste (Knight of Cups), PT Anderson qui nous endort dans son esthétisme vieux jeu (Inherent Vice), Vice et Versa pas loin d’être le film de l’année tout comme Le Fils de Saul dont j’avais percé la profondeur visuelle Béla Tarrienne. PLANTADE COMPLÈTE, LA BITE À CÔTÉ DU GLORY HOLE Ok, j’avais annoncé Bird Man comme un four prétentieux et sans âme, il est toujours aussi vaporeux mais l’enflure a décroché ses Oscars. Deephan et ma côte de Palme à 5% récolte finalement le laurier doré, n’empêche que ça reste une escroquerie, je n’en démors pas. Youth et mon trip libidineux est en fait une réussite entière, Jurassic Park World pas si indigeste avec le nouveau blackos de service d’Hollywood (Omar Sy), The Lobster qui s’effondre malgré son pitch ravageur, et Tale of Tales de mon protégé Garrone qui lui s’écroule complet pour virer dans le potache en culottes courtes malgré mon enflammage et mon espoir naïf.
QUELQUES RÉCOMPENSES INDISPENSABLES… Le film 2015 sans scénario, qui t'explose la gueule comme un pet facial de Simon, le p'tit con facho qui t'a pris par surprise à 6h du mat’ en pleine descente : Mad Max Fury Road Le film 2015 qui te donne envie d’enfiler ton robot de cuisine : Ex Machina Le film 2015 qui te fait hurler tes vœux de chasteté et t’enfermer dans un monastère pour lécher des crânes chauves le restant de tes jours : It Follows Le film 2015 qui te donne envie de crier au génie devant la fin de Lost, allumer une bougie en toge Jedi pour J.J. Abrams qui devient d’un coup le plus grand réal’ de tous les temps devant Orson Welles et Hitchcock réunis : Star Wars VII, le réveil de la force Le film 2015 qui te rend bipolaire, schizophrène et maniaco-dépressif tout en te vendant une came genre « c’est pour les enfants » : Vice et Versa Le film 2015 qui te pousse à mettre un billet Donald Trump dans l’urne aux prochaines élections présidentielles françaises : American Sniper Le film 2015 qui te pousse à te foutre à poil, te faire des implants mammaires mais genre vitefait, et te taguer Femen sur le corps : Mustang
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Š Charlotte Cosmao
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ÉROTISME T
MPK P EVE SAINT RAMON
LOUISE DE VILLE — SUBVERSION SEXY
Figure de proue du burlesque "new-school", cette américaine originaire du Kentucky détourne depuis maintenant plus de 15 ans les codes traditionnels de la féminité. Mili-
tante ardemment féministe et activiste progender, c'est avec humour, charme et glitter qu'elle diffuse ses idées. Rencontre.
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“LE GENRE MASCULIN OU FÉMININ EST AVANT TOUT UNE CONSTRUCTION SOCIALE QUI NOUS MET DANS DES CASES LIMITATIVES.”
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Louise De Ville, tu es venue à Paris pour taffer dans la politique. Tu es devenue finalement une artiste/performeuse qui passe pas mal de temps à moitié nue. J'ai envie de te demander : mais qu'est-il arrivé ? A côté de mes études à Science Po, j'ai fait une audition pour m'amuser dans un petit cabaret, et ça s'est plutôt bien passé. La deuxième année, ce spectacle a pris de l'ampleur, et je me suis rendue compte qu'il y avait trop de photos de moi à poil sur Internet pour pouvoir continuer une carrière politique. Du coup, j'ai choisi cette vie de bohème. En ce qui concerne la politique, c'est quelque chose qui m'a toujours interpellée, je suis activiste féministe depuis que j'ai 14 ans. En fait, le point commun entre ces deux activités, c'est ton engagement. Oui, il y a une continuité. J'exprime des idées politiques par le biais d'un autre médium, qui est celui de la scène. Et puis mettre un peu de paillettes sur des concepts parfois arides, ça ne peut pas faire de mal. Comment fait-on de son corps une arme féministe, et non un objet de consommation ? L'important est justement de détourner avec humour tous les codes qui font du corps féminin un objet de consommation : pin-up, femme-objet, érotisme vintage, etc. Je m'attache à déconstruire ces images pour faire passer des messages plus profonds. Tes références idéologiques ? Judith Butler, Michel Foucault... Judith Butler a écrit que le genre est une performance. Je ne lutte pas pour une androgynie généralisée. Je ne soutiens pas le fait de dire qu'il faut être mi-homme, mi-femme, je préfère plutôt dire qu'on peut élargir les manières de s'exprimer. Il y a des réalités biologiques, et so what ? Un homme peut avoir un look de bûcheron et
aimer être homme au foyer ou faire des cupcakes. Le genre masculin ou féminin est avant tout une construction sociale qui nous met dans des cases limitatives. Moi je veux inviter les gens à pouvoir se libérer de ces constructions afin de s'épanouir. Je suis un drag-king, une femme qui se transforme en homme depuis 15 ans, et depuis 10 ans, je donne des ateliers aux femmes pour qu'elles expérimentent leur masculinité. On y apprend les codes du mâle alpha, la manière de se déplacer, de regarder, d'écouter... C'est très utile pour ne pas se faire marcher dessus dans la vie de tous les jours. Et mon rêve, c'est de faire aussi l'inverse, de permettre à des hommes d'explorer leur féminité. Tu viens de nous parler de la figure du drag-king. Peux-tu nous expliquer cette figure mal connue en France ? Historiquement en France, le drag-king est l'équivalent des "garçonnes" pendant l'entredeux-guerres : les femmes se libéraient des normes de l'époque, fumaient des cigarettes et allaient prendre du bon temps dans les cabarets. Dans les années 90, ce courant "dragking" a été réexploré aux Etats-Unis. Ce qu'il faut souligner, c'est que ces femmes se transforment en drag-king et non en homme, le drag-king, c'est vraiment une masculinité surjouée. Diane Torr a été la première à faire des ateliers qui s'appelaient Man for a day, où elle apprenait comment marcher, commander une bière au bar, etc. Faut-il être obligatoirement lesbienne pour être drag-king ? Non. Les femmes qui assistent à mes ateliers viennent de tous les horizons. Certaines sont comédiennes car il y a une vieille histoire du travestissement au théâtre, chez Shakespeare, par exemple. Il y a aussi des universitaires qui travaillent sur le questionnement du genre. D'autres sont là pour vivre une expérience ludique. On met vraiment en pratique l'idée du genre comme performance. 29
Cette règle des 3B pour les drag-king, ça signifie quoi ? Se transformer en drag-king, c'est beaucoup plus profond que de se coller une moustache et de se boire une bière. Il y a plusieurs étapes. Le premier B, c'est le binding. En anglais, ça veut dire "applatir", "attacher". On applatit nos seins, on les cache, ça permet d'avoir une posture particulière, d'être dans le contrôle. Le deuxième B, c'est la bite. On utilise des petits chaussons qu'on remplit de coton, et en le mettant entre nos jambes, ça change notre manière de marcher, de nous asseoir, etc... Le troisième B, c'est la barbe. C'est sans doute l'étape la plus longue car les femmes adorent s'adoniser. C'est aussi assez troublant : souvent, quand elles se regardent dans le miroir, elles voient l'image de leur père ou de leur frère. Comme quoi, il suffit de quelques artifices pour complètement changer son image de soi. On comprend alors que le genre ne tient pas à grand-chose une fois que l'on a vécu cette expérience. Comment est perçu "l'homme traditionnel" dans ton travail ? Je dois avouer que si je devais avoir un "supervilain", il serait représenté par un homme corporate, blanc, hétérosexuel, qui croit que le patriarcat est le seul système valable. Par contre, attention, je ne réduis pas tous les hommes à ces stéréotypes. Les hommes sont aussi complexes et variés que les femmes, c'est évident, et en tant que féministe, l'expérience des drag-kings m'a donné de l'empathie par rapport aux pressions qui sont exercées sur les hommes : devoir être performant, dans la maîtrise, le contrôle, la force, c'est aussi une aliénation. Les hommes sont dans une cage de fer, les femmes dans une cage d'or. L'homme moderne, pour toi, c'est quoi ? Encore une fois, je ne lutte pas pour l'androgynie. Pour moi, un homme moderne, c'est un homme qui peut jouer aussi bien avec les codes 30
virils que les codes féminins, comme la diplomatie, la douceur, la sensibilité. L'homophobie fait autant de mal aux homos qu'aux hétéros, parce que ça encadre ces derniers dans un truc hyper étouffant. D'ailleurs, je crois sincèrement que le sexe anal est un vecteur d'égalité homme-femme. Enfin, il faut que l'homme soit consentant et que la femme fasse preuve de dextérité... Si les femmes étaient au pouvoir, ça changerait quelque chose tu crois ? Ou bien seraient-elles aussi agressives, violentes, cruelles que les hommes ? C'est une bonne question. Mimer les codes de la dominance, ce n'est pas fait pour se transformer en connard, ce n'est pas ça le but. Mimer ces codes, c'est vraiment un outil pour arrêter de se faire réduire à néant. Et puis revenir au matriarcat, c'est n'importe quoi. Ce qu'il faut, c'est un équilibre. Je ne lutte plus pour la suprématie féminine. Tu te définis comme un activiste queer. "Queer" justement, ce mot est utilisé à toutes les sauces, quelle en est ta définition ? Ma définition la plus simple est : ne plus vivre dans les normes de la binarité homme-femme, et rendre ainsi les expériences hétéro, homo, bi, transgenres possibles. Le burlesque, après le phénomène de mode, ça en est où ? Certes, les médias s'intéressent moins au burlesque, mais c'est un genre qui marche très bien : il y a de plus en plus de spectacles burlesques et des troupes se montent partout en France. Et puis, il y a maintenant le "Boylesque", des garçons qui font du burlesque. Je trouve ça fascinant, ça peut être un nouvel axe de travail.
Louise De Ville sera le 8 janvier au Gibus pour la dernière Pretty Propaganda. louisedeville.com 31
CINÉ-CLUB T
NILS BOUAZIZ P NICOLA DELORME
LA SÉLEC’ DU POTEMKINE
Pour commencer cette année 2016 en beauté, quoi de mieux qu'une petite sélection de films à mater lors des prochaines longues soirées d'hiver, hein ? Sur ce coup, nous avons fait confiance à Nils Bouaziz himself, visage du très pointu magasin Potemkine, qui non content de vendre ses pépites, fait dans l'édition de coffrets rares et fouillés. Notons également que vous pourrez retrouver l'esprit 32
Potemkine lors d'une carte blanche à la Gaîté Lyrique, du 7 au 10 janvier. Au programme : projections, conférences et Dj sets (avec entre autres l'équipe du label Tigersushi), un must pour tous les cinéphiles mélomanes que nous sommes. — Le Potemkine - 30, rue Beaurepaire 75010. www.potemkine.fr
Kenneth Anger - The Magick Lantern Cycle, Kenneth Anger, 1947 - 1980 Une explosion de couleurs, de musiques, de provocations et de rêves : l’œuvre de Kenneth Anger a traversé le temps sans rien perdre de sa beauté subversive. Entre deux extases visuelles et psychédéliques, on y croisera des motards fétichistes, des ovnis, des divinités égyptiennes, le visage d’Anaïs Nin et la musique de Mick Jagger. Un coffret en forme de banquet pop et halluciné. Coffret Nicolas Roeg, Nicolas Roeg, 1973, 1976, 1980 Figure majeure du cinéma des années soixante-dix, à la fois culte et maudit, tour à tour méprisé et adulé, Nicolas Roeg fait partie de ces cinéastes inclassables dont l'histoire a relégué les films au rang de raretés. Son œuvre, teintée d'érotisme, toujours à la lisière des genres, s'imprègne de science-fiction (L'Homme qui venait d'ailleurs), de fantastique (Ne vous retournez pas), de drame psychologique (Enquête sur une passion) et développe un style narratif très particulier en entremêlant au montage passé, présent et futur. Son travail aujourd'hui méconnu a pourtant influencé plusieurs générations de réalisateurs, de Brian de Palma à Chrisopher Nolan. Coffret Werner Herzog Vol. 1, Werner Herzog, 1962 - 1974 Autodidacte, grand sportif, grand voyageur, Herzog va appréhender le cinéma comme une expérience artistique et physique, et toute son œuvre peut se voir comme une illustration du mythe de Sisyphe : un défi lancé à l’impossible. Herzog a filmé dans toutes les régions du globe, souvent les plus sauvages, les plus reculées et dangereuses. Il s’est souvent plongé dans un passé plus ou moins onirique sans jamais dédaigner, grâce au documentaire, le monde contemporain, pour dresser le portrait tragique d’une humanité en conflit permanent avec la société et la nature.
Tokyo Tribe, Sono Sion, 2014 Une comédie musicale manga/hip-hop. Sono Sion, ordonnateur du chaos, transforme Tokyo en block party apocalyptique ! Je ne saurais pas décrire ce film mieux que VICE : « Tokyo Tribe ressemble à un remake des Guerriers de la Nuit tourné par Chris Cunningham en pleine overdose de MDMA » Sorcerer, William Friedkin, 1977 Après le succès rencontré par French Connection et L’exorciste, William Friedkin adapte en 1975 Le salaire de la peur, roman de Georges Arnaud, d’ores et déjà brillamment mis en scène par Henri-Georges Clouzot. L'echec de l'époque (le film est sorti le même jour que Star Wars...) enterra le film jusqu'à aujourd'hui. Le chef-d'œuvre maudit de William Friedkin est enfin visible dans une magnifique version restaurée. Alice, Jan Svankmajer, 1988 Ce bon Svankmajer, génie du cinéma d'animation, qui nous anime un lapin mort pour nous faire le Jeannot en retard d'Alice, est une des nombreuses trouvailles mi-géniales miinquiétantes que l'on conseillera malgré tout et même surtout aux enfants (ainsi qu'aux parents). Le vrai bon cinéma pour les enfants est celui, à l'image de ce Alice, qui distille, sur ce merveilleux chemin de la connaissance de soi, un peu de l'étrangeté de ce monde, des morts qui reviennent sans cesse à la vie. L'étrange Couleur des Larmes de ton Corps, Hélène Cattet et Bruno Forzani, 2014 Présenté comme un hommage aux chefs d'œuvre du cinéma fantastique italien des années 70, le couple surdoué Hélène Cattet / Bruno Forzani nous embarque dans un thriller en forme de labyrinthe mental. 33
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MUSIQUE T
LÉO FERTÉ P PAIN SURPRISES
WHO THE FUCK IS JACQUE(S) ?
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Jacque(s) est vraiment un drôle de personnage. Le seul dans son genre en tout cas. En découvrant son EP Tout Est Magnifique, on s'imaginait - au mieux - un producteur techno un peu original, on avait déjà en tête les artistes à qui on allait le comparer, les questions qu'on allait lui poser... Jusqu'à tomber sur ses clips totalement improbables, ses conférences TEDx sur les chemins de la confiance, son univers entre Salut C'est Cool et le Dalaï-lama, ou ses recherches en quête du vortex. En creusant un peu, on se rend compte que la musique de Jacque(s) n'est que la partie immergée de l'iceberg, une vitrine. Finalement il fait plus penser à un gourou spirituel qu'à un producteur techno. Un gentil gourou. Fils d'une prof de yoga et d'un père musicien (Sébastien Auberger, qui a connu un certain succès dans les années 80), le garçon à "calvitie inversée" aime autant la musique que la méditation. « Mes parents m'ont évidemment beaucoup appris, je suis un peu un mélange des deux. D'ailleurs c'est eux qui ont trouvé mon blaz'. » Entre deux lives, il s'exile régulièrement pour aller méditer en Inde ou en Suisse, loin des excès et des tentations de la capitale : « Ce qui se passe en ce moment sur la scène techno parisienne, je trouve ça cool mais c'est une quête de plaisir immédiat. Moi je suis plus en quête d'équilibre. Là je sors plus trop, j'ai tout arrêté : l'alcool, la clope, le café... J'essaie de ne pas créer de désir. L'équanimité, on appelle ça » ("égalité d'âme, d'humeur, est une disposition affective de détachement et de sérénité à l'égard de toute sensation ou évocation, agréable ou désagréable", selon l'ami Wiki). Originaire de Strasbourg, Jacque(s) monte avec des potes le collectif Pain Surprises et déménage à Paris : « Le principe c'est que chacun projette ses ambitions dans le collectif et sur les autres, c'est à double tranchant d'ailleurs. » Quelques soirées de déglingue, des concepts 36
originaux, et puis BINGO : fraîchement autoproclamé label, Pain Surprises signe son premier gros succès : le groupe Jabberwocky, qui squatte le top 5 des ventes avec son morceau Photomaton, jusqu'à atterrir dans une pub Renault. « Ça a bien marché, on a trouvé des investisseurs assez vite, on a même pu organiser des soirées sur les Champs-Elysées. C'est un peu mon côté clean, présentable. » Ironie du sort, alors que ELLE et Glamour s'excitent au sujet de ce nouveau collectif qui a signé le groupe du moment, Jacque(s) s'adonne à une tout autre activité : l'ouverture de squats. Certains se rappellent encore des jams sans fin et des nuits blanches dans ces anciens locaux de la RATP sur la petite ceinture : « On était dans un vortex créatif sans fin, c'était fou. J'en reviens pas de ce qui s'est passé là-bas, j'y suis toujours un peu dans un coin de ma tête. D'ailleurs on y a tourné un documentaire. » (Chroniques d'un squat). Inévitablement, les nouveaux tenants du lieu se font déloger. Jacques et sa bande en rouvrent un au cœur des puces de Saint-Ouen, le Wonder. « C'est ma facette un peu plus alternative, je suis allé chercher ce que je ne trouvais pas dans Pain Surprises. Le fonctionnement d'un squat c'est le contraire d'un collectif : c'est une émulation autour d'un lieu, et puis quand ça ferme il n'y a plus personne. » D'ailleurs ça fait bien longtemps que Jacque(s) s'est affranchi des problèmes de loyer et de caution parentale : il investit et vit dans des squats depuis son arrivée à la capitale. On a du mal a ne pas aborder la question capillaire, tant sa coiffure fait parler d'elle et, bien souvent, le caractérise (« mais si tu sais le gars qui fait de la techno avec des vrais bruits, celui avec la coiffure de moine inversé ») : « On vit dans un monde hyper sensible à l'apparence, cette coiffure c'est une sorte d'humilité... comme un col Mao. En fait ça s'est fait progressivement, j'ai tout rasé et puis pour rigoler j'entretenais juste sur le haut du crâne du coup ça repoussait sur les côtés,
et c'est resté, voilà. Ça constitue un moyen facile de m'aborder vu qu'on peut pas ne pas le voir, c'est un ressenti immédiat. Je préfère qu'on me pose des questions là-dessus plutôt qu'on me demande ce que je fait dans la vie, ce genre de trucs. » Justement, en ce moment la vie du garçon est pas mal occupée par la musique, surtout depuis la sortie de Tout Est Magnifique, son tout premier quatre titres qui a déjà pas mal fait parler de lui et qu'il vient de défendre en live aux dernières Transmusicales. « Au début mon projet techno c'était un truc que je faisais pour me marrer, puis petit à petit c'est devenu mon projet principal, donc je me suis dit qu'il fallait que j'aille le défendre en live. Je me suis fait un clavier un peu comme celui qu'ils devaient utiliser dans Friends, avec des bruits d'animaux, de verre qui se casse, et tous les autres sons qu'on entend dans l'EP. Et à côté j'ai ma guitare, mes machines... » Un concert
de Jacque(s) implique très souvent la participation du public, à qui il demande de ramener des objets, n'importe lesquels, pour faire du bruit et l'intégrer directement dans son live. « La dernière fois que j'ai fait ça, il y avait 800 personnes, dans un bar qui peut en contenir 40, c'était dingue. Ça fait partie de mon délire de faire quelque chose d'interactif, je veux garder une certaine forme de proximité, faire en sorte qu'il se passe vraiment quelque chose quoi ! La scène, j'en fait depuis que j'ai 14 ans que ça soit au théâtre ou avec les groupes que j'ai eus avec mes potes. » Dernièrement, le gourou transversal a intégré le mystérieux Centre National de Recherche du Vortex et s'adonne à de curieuses expérimentations, notamment dans une série de vidéos dans lesquelles il défenestre des fenêtres ou balaye des balayettes. Un drôle de personnage, on vous dit. 37
MUSIQUE T
MPK ISMAEL MOUMIN & YOANN LEMOINE P
THE SHOES — FRÈRES CHIMIQUES En octobre 2015 sortait Chemicals, 3e album multipliant les références savantes et plutôt unanimement bien reçu par la presse spécialisée. En cette nouvelle année, Benjamin Lebeau et Guillaume Brière entament le cycle des lives avec comme premier grand rendez-vous leur concert le 14 janvier au Bata38
clan. Question : saviez-vous que The Shoes est très certainement le groupe sur scène le moins chatteux de l'univers ? Que ce sont des destructeurs de backstages et que l'un des deux est pris de troubles obsessionnels du comportement avant chaque représentation ? Non ? Eh bien lis cette interview. 38
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“EN BACKSTAGE, ON A DES ACCÈS DE CRÉATIVITÉ. L'AUTRE JOUR, ON A DÉMONTÉ DES LAMPES POUR SE FAIRE DES KIPPAS EN MÉTAL.”
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D'après des infos de première main, vous êtes un peu chat noir pour vos lives, non ? Benjamin : On a eu pas mal de galères, c'est vrai. Quand on est montés sur scène en Espagne par exemple, il y avait un vent de maboule, ça s'est transformé en tempête, tout le public était en panique et s'est cassé, et nous, on s'est retrouvés avec tout notre matos complètement trempé. Ensuite, on n'a rien trouvé de mieux que de se foutre sur la gueule dans la boue. Guillaume : Une fois, on s'est aussi fait braqués nos ordis. B : Aux Eurockéennes, notre camion avec tout le matériel est aussi arrivé hyper à la bourre, on n'avait rien pour jouer. Franchement, on a bouffé tellement de merde qu'il ne peut plus rien nous arriver. G : Non, Benjamin, à chaque fois qu'on a dit ça, il nous arrive des embrouilles, donc ne dis rien. Ça vous fait quoi de faire l'Olympia de Bruno Coquatrix ? B : La première fois qu'on l'avait fait, on était sold out. Là, vu que notre date a été reportée à cause des attentats du Bataclan, on espère vraiment que notre public va nous suivre. Après, vu l'ambiance générale, globalement, la fréquentation des spectacles a baissé. Tout le monde ramasse un peu là. Et bizarrement, j'ai pas l'impression que ce soit une histoire de peur, c'est plutôt une atmosphère générale. G : Oui, et étrangement, c'est surtout en province qu'il y a une baisse de fréquentation. Les backstages avec vous, ça ressemble à quoi ? B : C'est souvent le bordel et très dégueulasse. On est souvent un peu éméchés… G : D'ailleurs on s'excuse pour toutes les loges qu'on a saccagées. C'est vrai qu'on est un peu sales, y'a toujours un verre qui se renverse par terre, ça sèche, ça colle... Et puis des fois, on a des accès de créativité, l'autre jour par
exemple, on a démonté des lampes pour se faire des kippas en métal. Vous avez le trac ? G : M'en parle pas, et avec l'âge, ça ne s'arrange pas. J'ai des crises de panique, j'ai plein de tocs, je change au moins quatre fois de vêtements avant de monter sur scène. Je ne vomis pas par contre, et je n'ai pas la chiasse. B : Tandis que moi, pas du tout, c'est plutôt les interviews qui me bloquent. Faire de la musique dans une salle de concert avec des gens qui dansent à Paris, ce n'est plus vraiment anodin ces derniers temps. Vous encaissez tout ça comment ? G : Moi, ça s'est passé en bas de chez moi, donc j'ai pris cher. Par contre, quand on fait un concert, on n'y pense pas. D'ailleurs, le 13 novembre, on a fait une prestation chez Taddeï, qui pour nous était la plus belle prestation live qu'on n'ait jamais faite. On l'a fait sans ordinateur, comme un vrai groupe à l'ancienne, c'est une piste qu'on a vraiment envie de suivre. Pour l'anecdote, on commence à jouer, et au moment où il y a les attentats, on a senti une ambiance bizarre, tout le monde dans le public était en train de regarder son smartphone. Moi, j'étais à fond dedans, j'étais au courant de rien. On finit le morceau et personne n'applaudit. Et là, j'ai ressenti un sentiment étrange dont je me souviendrai tout ma vie. Évidemment, ce live n'a jamais été retransmis. On a attendu un mois avant de le diffuser sur les réseaux sociaux, parce que pour moi, c'était presque incorrect. Le premier truc que vous ferez si des terroristes débarquent dans la salle ? G : Moi, je me cache derrière Benjamin. B : Moi, je fais un slow, je fais un quart d'heure américain. Ça va les adoucir et ils vont s'embrasser. G : En vrai, on chierait dans nos frocs. 41
3 mois après la sortie de Chemicals, votre dernier album, quelles sont les critiques positives et négatives qui reviennent le plus souvent ? G : Franchement, on n'a pas eu trop de critiques négatives. B : La critique qu'on peut avoir, et qui est justifiée, c'est que c'est un disque qui part pas mal dans tous les sens. Et on est assez d'accord avec ça. Après tout, c'est notre style, on ne peut rien y faire, à chaque morceau, on a besoin d'inventer de nouvelles choses. G : Pour ce qui est des positives, c'est le mot "surprenant" qui revient. D'ailleurs, on est assez contents que les gens aient su détecter les influences sur chaque morceau. Si je vous dis que vous faites vraiment de la musique de "producteurs", vous le prenez comment ? B : Plutôt bien, parce que c'est qu'on est. Et le fait de jouer avec pas mal de codes peut rendre l'album difficile à écouter au début. G : Oui, c'est un album à plusieurs écoutes. B : Du coup, c'est vrai que ce n'est pas évident d'avoir un énorme succès populaire avec ce genre de "disque de producteurs", parce qu'il est difficile à expliquer. Et puis on passe la moitié de notre vie dans l'ombre. Tiens, je prends l'exemple de Christine and the Queens, ça cartonne parce qu'elle fait de la super musique et en même temps, elle incarne le projet d'une manière super forte, avec sa danse, son look, son visage, etc... Tandis que des producteurs comme nous, on ne peut pas se mettre autant en avant, ce n'est pas notre truc. Les gens ont besoin de s'attacher à un personnage... Forcément, il n'y a pas de recette, mais vous avez une théorie sur le pourquoi et le comment d'un tube ? B : Y'a quand même pas mal de hasard... Tu vois, nous, c'est Time To Dance qui a le mieux marché, on ne s'y attendait même pas, il ne devait même pas être sur le disque. 42
G : Oui, et c'est par le clip que c'est devenu un classique. Tout ça, c'est vraiment des paramètres qui sont incontrôlables. B : Et puis chaque fois qu'on se dit qu'on va faire un hit, c'est toujours des gros morceaux de merde. Faut pas trop analyser et réfléchir à ce genre de trucs. G : Par exemple, le premier single de Woodkid qui s'appelle Iron et que Benjamin a produit, la chanson était superbe, mais c'est aussi par le clip que le truc est devenu un carton. Vous avez enchaîné les promos. C'était laquelle la plus weird ? B : Je t'avoue qu'on a une énorme gueule de bois parce qu'on a fêté l'anniversaire de Guillaume hier. On est un peu dans une autre dimension là, donc j'ai envie de te dire que c'est celle-ci. Des journalistes ont tenté des calembours pertinents avec le nom de votre groupe ? G : On a un peu tout eu, comme « les deux font la paire », ou bien « Les Shoes, on ne s'en lasse pas. » B : La meilleure qu'on ait eue, c'est « les hommes à la tête de shoes. » Vos prochains projets ? G : Il y a un nouveau clip qui arrive sur un morceau qui n'est pas dans l'album, c'est un one shot. Ce sera un hommage à Rage Against The Machine. B : Le clip sera un hommage aux poulets. Sans poulets on serait rien. Le clip s'appelle la revanche du poulet. G : Franchement, c'est un des meilleurs clips qu'on ait faits. Votre remède "The Shoes" contre les gueules de bois atomiques ? G : Des frites. Du saumon Teriyaki. Et du Xanax. B : Pour moi, c'est rebelote.
The Shoes, en concert le 14 janvier au Bataclan. www.theshoes.fr 43
TECHNOLOGIE P
ANDREA AUBERT / TETRO
OX
UN PROJET TRÈS “BLADE RUNNERIEN” 44
Depuis toujours, la son, la lumière, l'espace et le temps ont été intiment liés, et cette relation s'est globalement élargie ces dix dernières années avec la représentation live des musiques électroniques : mapping, éclairage LED, hologramme, art cinétique, robotique ne cessent de se combiner au profit des artistes les plus créatifs. Révolutionnant l'art du Vjing, le projet OX initié et produit par THE ABSOLUT COMPANY CREATION permet une avancée majeure en proposant une installation capable d'ouvrir un nouveau champ spatio-musical : OX est la première machine sensible qui écoute et comprend la musique et qui est capable de la transcrire visuellement. A l'origine de cette création : Romain Tardy, jeune artiste spécialisé dans les installations numériques, pour qui le rapport entre la musique et les images a toujours été une source de questionnement et d'exploration des possibles. Ayant une expérience réelle dans le milieu du clubbing en tant que Vj, celui-ci a relevé le défi de faire pénétrer art contemporain et innovation technologique sur le dancefloor.
« Pour ce projet, nous explique-t-il, je me suis entouré de deux développeurs logiciel spécialisés dans l'analyse audio ainsi que d'un designer qui m'a aidé à concrétiser ces structures. L'originalité d'OX vient de la combinaison de trois éléments essentiels à son fonctionnement : la lumière, un logiciel spécialement développé pour l'installation, et les parties motorisées qui permettent une installation physique entre la musique et l'objet. » Et c'est par ces trois axes que sont assurées les avancées déterminantes d'OX : analyser la musique jouée par le Dj, anticiper ses intentions, et pouvoir les retranscrire de façon visuelle et lumineuse en temps réel. « Pour aller à la rencontre du public, ce projet sera présentée lors d'une tournée en France, allant de clubs de taille moyenne à de grands festivals de musique électronique. Son côté modulaire permettra de s'adapter à toutes ces situations » ajoute Romain. Un projet à surveiller de très près donc, et qui risque bien de vous faire envisager la pratique des dancefloors d'une manière complètement nouvelle. informations complémentaires sur www.theabsolutcompanycreation.com
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DIVAGATION P
SIDNEY VALETTE
RÊVE 270915 LA TABLE 2 VERRE Je suis une Pop Star, je vais accomplir ma performance dans le Grand Stade De La France. Tout le Monde m’attend. Je suis l’Elu, le sauveur de la masse informe se déployant devant moi à perte de vue, venant me voir pour ressentir un tant soit peu de bonheur dans leurs vies mornes d’ouvriers informatiques. Je suis en backstage, prêt à bondir sur scène, tel un lion sortant de sa cage, pour manger le public de ma puissance glorifiée. Je me prépare, je suis confiant. Rien ne peut m’arrêter. J’ai revêtu mon costume traditionnel, celui que je porte pour les grandes occasions, mon "ultime costume", celui qu’on met pour affronter les pires monstres : Une combinaison en cuir blanc, jambes pattes d’éléphant, échancrure prononcée sur le torse, laissant sauvagement libres mes poils de matador. Cheveux noirs dominés, ondulant dans le vent rageur porté historiquement par un public affamé ; regard noir, regard plus chaud que la plus chaude des laves refroidies : Je suis un Volcan en Rut, et le Public est ma Croix. CQFD. 46
Mais j’ai oublié quelque chose chez moi… Une pince de microphone… La boulette. Méga boulette. Je prends le RER D en panique… J’ai pas l’air con putain maintenant dans mon putain de costume. RER D Rah sa mèrrrrreee… Bref, j’arrive chez moi : un immense appartement meublé à St-Germain, que je viens de louer, décoré de la plus baroque des façons. A côté, l’appart de Salvador Dali ressemble à un chiotte, croyez-moi… Je n’en crois moi-même pas mes yeux chaque jour, tellement cet appart est incroyable : de grandes tables en verre montées sur bois de cerisier, des fauteuils blancs énormes en cuir d’autruche, une cheminée en marbre noir, une TV gigantesque, bordée de piliers en marbre rose, des tableaux de maîtres vénitiens aux murs, le tout baigné dans un exquis parfum de musc endiablé. Il faut quand même que je me dépêche, vont pas m’attendre mille ans au Stade j’imagine quand même… Mais bon, j’invite deux copains sympas prendre un coup quand même : un très grand copain et un petit copain. Arrivant, ils se posent sur mon lit à la cool : « allez-y les gars, mettez-vous à l’aise, je vais chercher de la picole au monop’, à toute ! ». Quand je reviens, les deux sont déjà bien bien bien bien bien : bouteille de champagne aux lèvres, un pochon
de plusieurs grammes de coke négligemment ouvert sur le bord du lit :
C’est vraiment pas du tout la réponse qu’ils auraient dû donner ces gros tocards.
« Ahaha, bande de salopards, vous êtes pas là pour coudre des mouffles ! - Héhéhé, tu nous connais Francis… - Ahlalala, qu’est-ce que vous me faites pas faire, comment je vais arriver au concert moi ! - T’inquiètes pas Francis, c’est toi la Star, reste tranx. - Ouais hihihi, t’as raison »…
Dans une folie furieusement ridicule, je me saisis de ma table en verre et la balance de toutes mes forces par ma fenêtre du 7e étage, directement dans la rue…
Mais soudain, quelque chose me semble bizarre, que je n’avais pas directement remarqué en rentrant : il semblerait que les meubles aient tous changé de place, notamment mon studio de musique, qui désormais se trouve dans l’entrée… Le studio que j’ai mis des semaines à mettre en place, avec des patchs, des pitchs et des putschs dans tous les sens, se trouve désormais dans la putain d’entrée, négligemment posé sur un putain de meuble IKEA blanc ! C’est ici que les choses se gâtent sévèrement, que le rêve se transforme en cauchemar absolu. Le changement de position des meubles a provoqué en moi une sorte de crise de schizophrénie : le monde ne semble plus être à sa place. L’univers entier me semble absurdement menaçant. Hors de moi, je reviens dans ma chambre où les deux hurluberlus tapent des clés tranquilles sur mon lit : « Putain de merde ! Bande de fils de putes de clochards de merde ! Vous avez changé de place tous mes meubles ! - Reste tranx Francis, c’est que des meubles mec. »
« Putain Francis, t’es complètement givré mec ! Putain de merde Francis !!!! Merde ! » C’est une catastrophe abominable : me penchant par la fenêtre, alors que le Ciel Bleu resplendit sur la tour Eiffel, je vois tout en bas, une femme allongée sur le dos par terre, hurlant de douleur, avec à ses côtés un petit enfant, lui déjà mort : la table leur est tombée dessus, sans qu’elle tue la femme sur le coup. Horrifié, au fil des minutes qui passent, je vois les cris de la femmes se transformer en gémissements, à mesure que les passants s’agglutinent autour d’elle et que la mare de sang dans laquelle celle-ci baigne s’étend… Jusqu’au gémissement final… Un laps de temps assez long sera. (Quelques jours après) Condamné, je suis condamné à être interné en hôpital psychiatrique, après que Michael Heinecke soit venu chez moi poser un diagnostic sévèrement cinématographique sur mon état mental. Ainsi, plusieurs années plus tard, je finissais mes jours dans un bocal rempli de vieux fous morts. Un jour, on nous injecta un sérum qui nous fit dramatiquement rapetisser, afin de nous transformer en nains, pour ensuite nous éliminer dans ledit bocal. CQFD.
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AGENDA
JEUDI 7 JANVIER 23h30 Badaboum 12 / 15€ D.KO Label Night w/ Gabriel, Mézigue, Mud Deep 00h La Java 5€ Jeudi Minuit x Flesh Front #2 w/ Rose & Rosée, Tim Dornbusch VENDREDI 8 JANVIER 23h Bus Palladium La Bonbon au Bus Palladium VENDREDI 15 JANVIER 20h30 Olympia 36 / 38€ Hungry Superband Party w/ N’TO, Perc & Joachim Pastor… 23h Le Batofar 12€ Live Session #2 w/ Sandro Paso, BrAque, Flabaire, Jim Irie 23h Bus Palladium La Bonbon au Bus Palladium SAMEDI 16 JANVIER 00h Machine du Moulin Rouge 16,50€ Féé Croquer w/ Slam, Flug, UZB, Singer Remco Beekwilder, Madley, KVD & Madoff G DIMANCHE 17 JANVIER 22h Chez Georges Gratuit L’anniversaire du Connétable w/ Larry Houl & The Flying Saucers
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MERCREDI 20 JANVIER 20h30 New Morning 10€ S.V.O Serious Intentions Release Party w/ Secret Value Orchestra, Gab, Theo (Mamie’s) VENDREDI 22 JANVIER 23h Bus Palladium La Bonbon au Bus Palladium SAMEDI 23 JANVIER 22h Wanderlust Gratuit / 10€ House Music (All Night Long) w/ Jovonn, Tom Akman, Joachim Labrande 23h45 La Confiserie 10 / 15€ D.KO Records à la Confiserie VENDREDI 29 JANVIER 23h Bus Palladium La Bonbon au Bus Palladium SAMEDI 30 JANVIER Parc Floral de paris 35 / 44€ Peacock Society w/ Theo Parrish, DJ Koze, MCDE, Levon Vincent, Clara 3000… 23h30 Faust 8 / 12€ Camion of the Paradise w/ Romain Play, Bazar Crew Nico100Coins, Jedsa Soundorom
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