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Entrevue avec Joëlle Arseneau et Garance Chagnon-Grégoire
PIERRE BLAIS
ENTREVUE
EN TÊTE DE LIGNE&JOËLLE ARSENEAU GARANCE CHAGNON-GRÉGOIRE
EN TÊTE DE LIGNE, c’est le titre du documentaire coréalisé par Joëlle Arseneau et Garance ChagnonGrégoire qui porte sur André Chagnon, l’homme derrière Vidéotron. Cet homme d’affaires passionné, longtemps considéré comme un visionnaire dans le domaine des télécommunications peut voir dans ce film son portrait et en parallèle celui de sa famille, de sa fondation et de l’essor du Québec (surtout des années 60 aux années 90) dans le domaine de la câblodistribution et de la télévision. Les deux cinéastes nous expliquent leur désir de rendre hommage à ce bâtisseur aujourd’hui âgé de 93 ans.
Clarifions les choses d’entrée de jeu, Garence, avezvous un lien de parenté avec André Chagnon? Garance Chagnon-Grégoire Oui, c’est mon grand-père (rire). Et je ne sais même pas si c’est souligné dans les infos qu’on donne sur le film, mais oui, Qvous un lien de parenté avec André Chagnon? le lien familial est bien là.
Il s’agit ici de votre première réalisation pour un long métrage documentaire qui propose à la fois le portrait d’un visionnaire, le portrait d’un père de famille et le portrait du Québec de l’époque. Votre film a-t-il une saveur un peu testamentaire à travers tout ça?
Qmétrage documentaire qui propose à la fois le portrait d’un visionnaire, le portrait d’un père de famille et le portrait du Québec de l’époque. Votre film a-t-il une saveur
EN TÊTE DE LIGNE nous fait découvrir un homme d’affaires très visionnaire et aussi très rassembleur.
Garance Chagnon-Grégoire
La genèse du film est liée, à la base, sur la méconnaissance d’une grande partie de la population, surtout notre génération, de qui est André Chagnon. Du même coup, on se disait que son histoire est hyper intéressante parce qu’elle parle de l’évolution du Québec sur plusieurs décennies. Le cheminement de mon grand-père, comme bâtisseur, est important. On lui a parlé de ce projet un peu fou qui allait raconter sa vie et, bien qu’il soit très humble de nature, il a été très réceptif et a collaboré avec joie à notre documentaire.
Joëlle Arseneau
À 93 ans, il y a effectivement un beau bilan de vie à faire. Mais tout ça, c’est venu de nous deux, du désir de faire sortir de l’ombre toute sa carrière et ses accomplissements.
Joëlle Arseneau Quand on a interviewé le « club des cinq », c’est le nom qu’on donne aux fondateurs de Vidéotron, à chaque Qfaires très visionnaire et aussi très rassembleur. rencontre, chacun de ces hommes était excité de nous parler de ces années où l’entreprise grandissait. À l’époque, André Chagnon a convaincu tout le monde d’embarquer dans cette drôle d’aventure. Vidéotron a été un véritable laboratoire pour tous ces gens.
CRÉDIT PHOTO : JULIE ARTACHO
QTrouver les images d’archives, car elles sont nombreuses dans votre documentaire, ça a dû être une tâche titanesque?
-Garance Chagnon-Grégoire
Oui, ça a été très ardu. Avant et pendant le tournage, nous avons fait de nombreux appels. On est allé fouiller chez Radio-Canada, chez TVA. Nous avons fouillé les vieux journaux régionaux pour mieux illustrer toute l’histoire. C’est étonnant ce sur quoi on est tombé, sur des archives vraiment incroyables.
-Joëlle Arseneau
Même en montage, on poursuivait nos recherches. Notre quête prenait l’allure d’une chasse au trésor pour retrouver les coupures de journaux et les extraits vidéo liés à Vidéotron, des années 60 jusqu’aux années 2000.
JOËLLE ARSENEAU (À GAUCHE)
GARANCE CHAGNON-GRÉGOIRE (À DROITE)
QD’aborder la maladie d’Alzheimer dont Lucie, l’épouse d’André Chagnon, était affligée, puis de souligner aussi les critiques entourant la mise sur pied de leur fondation, c’était inévitable pour tracer le portrait le plus humain et le plus juste possible du personnage?
Joëlle Arseneau
D’aborder les controverses, c’était important. Dans une vie, il y a des hauts et des bas, il fallait le montrer avec honnêteté. Mais la partie visionnaire était la plus importante du projet et, au final, on avait du matériel pour faire une minisérie en entier.
Garance Chagnon-Grégoire
La maladie l’Alzheimer, il fallait en parler, car c’est très important dans notre famille. Mon grand-père, encore aujourd’hui, est préoccupé par la recherche d’un remède. Cette partie nous donnait la chance de le voir comme un époux entêté et inquiet pour sa conjointe. ENTREVUE JOËLLE ARSENEAU ET
GARANCE CHAGNON-GRÉGOIRE
-QAvez-vous découvert des choses inattendues sur André Chagnon? Garance Chagnon-Grégoire Ça revient toujours au même, je dirais. À force de parler à ceux qui l’ont connu, de constater leur joie quand ils évoquent leurs souvenirs, on a bien vu à quel point tout le monde a aimé travailler avec mon grand-père, à quel point il était un rassembleur! De Lucien Bouchard en passant par Pierre Bruneau, tous voulaient témoigner devant la caméra. En plus, c’est qu’André a toujours été très discret sur sa carrière. C’était donc fascinant de les entendre raconter leurs histoires.
-Joëlle Arseneau
De mon côté, j’ai redécouvert tout l’aspect technologique lié à Vidéotron. J’ai vu à quel point le service de Videoway était précurseur au moment où Internet n’était pas dans nos vies. Monsieur Chagnon était invité partout dans le monde pour parler de Vidéotron et de toutes les innovations en câblodistribution. Vidéotron s’est implanté en Angleterre et au Maroc. C’est très méconnu.
«D’ABORDER LES » CONTROVERSES, C’ÉTAIT IMPORTANT
La scène d’ouverture de votre documentaire nous montre André Chagnon couché dans une bulle vitrée translucide devant laquelle des images de la nature sont Qmontre André Chagnon couché dans une bulle vitrée translucide devant laquelle des images de la nature sont projetées et qui rappellent mystérieusement la fin du projetées et qui rappellent mystérieusement la fin du film de science-fiction Soleil vert. Vous pouvez m’en dire
plus? Garance Chagnon-Grégoire C’est le moment où il reçoit un traitement à l’oxygène. On aimait la scène, mystérieuse et novatrice, comme sa personnalité. André est très curieux et méticuleux côté santé. Sa vision est très optimiste face à la vie, et l’exemple du traitement à l’oxygène rejoint son discours général. Il est déterminé, il veut se rendre à 100 ans!