7 minute read
Quand la BD... S’aventure dans la forêt québécoise
Parce qu’il y a de ça, dans nos forêts : du mystère. L’esprit et l’imaginaire carburent à l’inconnu… et, audelà de l’exploitation et de l’occupation humaine, il y en a du mystère dans les bois. Au cinéma, dans la littérature, à la télévision… et en bande dessinée! Tiens : petit plongeon dans ces étendues québécoises, par le truchement du 9e art.
La lancée nous amène, d’entrée de jeu, vers le genre historique. La forêt québécoise, on la trouve superbement dessinée, autour du village un brin perdu au fond d’une vallée de la série Magasin général de Jean-Louis Tripp et Régis Loisel (Casterman). On s’y laisse également entraîner à de multiples reprises au gré de la plume de Louis Rémillard – d’abord dans le récit engagé et muet Voyage en zone d’exploitation (Les 400 coups), puis, dans ses récents albums consacrés à l’histoire des Premières Nations : Le Retour de l’Iroquois et Traces de mocassins (Moelle graphik). Canoteur passionné, Rémillard a exploré ces étendues par les réseaux des rivières et, au fil des planches, sur des sentiers de terre et d’eau, il y entraîne ses personnages, et recrée brillamment les paysages qu’ils traversent.
La forêt, on la trouve aussi comme décor de La Petite Russie de Francis Desharnais (Éditions Pow Pow). Et son côté oppressant y fait belle figure : l’ouvrage réussit incontestablement à en saisir l’esprit et le communiquer au lecteur. En effet, si vous avez l’occasion de feuilleter cet album, prenez le temps de vous arrêter aux premières planches. Dix pages de bois, d’arbres, tassés les uns sur les autres, sans horizon. Assez pour nous faire comprendre à quel travail étaient confrontés les bûcherons et les agriculteurs de Guyenne, en Abitibi, au cœur de cet ouvrage au caractère social et historique. Un passage nécessaire en début de récit, question de teinter la lecture du reste, qui se consacre pour sa part à la mise en place d’un village coopératif, à la fin des années 1940.
LA FORÊT TROUBLE ET OPPRESSANTE DE JOURS D’ATTENTE
Côté ambiance, en plongeant résolument vers le suspense, il est difficile de ne pas mentionner Jours d’attente, de Thomas Desaulnier-Brousseau et Simon Leclerc (La Pastèque). D’entrée de jeu, les couleurs de l’ouvrage donnent le ton : Leclerc, avec force gouache et pastel à l’huile, offre des ambiances saturées, fortes, troubles.
Ici aussi, on se retrouve dans les années 1940. En Europe, la Deuxième Guerre mondiale fait rage. Au Québec, c’est la conscription. Jérôme, personnage central de l’ouvrage, est déserteur. Voulant éviter l’armée, il s’est réfugié chez un oncle qui vit comme un ermite en plein cœur des bois. Les jours passent, sans que rien n’arrive – au-delà de l’ordinaire. Les deux hommes se rapprochent, une relation amicale s’installe, entre les visites toujours trop brèves de la fiancée de Jérôme… jusqu’au jour où le mystère rattrape le récit.
Ainsi, du contemplatif, on fait un virage vers le fantastique. Le passé sombre de la demeure se révèle peu à peu tant à Jérôme qu’au lecteur : un feu dévastateur, des morts, une présence dans les bois… Le genre de mystère qui appelle à être élucidé, mais à ses risques et périls. Tout ça au service d’un ouvrage qui en a séduit plus d’un à sa sortie et qui, pour les amateurs du genre, mérite amplement le détour.
L’ESPRIT DU CAMP
| QUAND LA BD… S’AVENTURE DANS LA FORÊT QUÉBÉCOISE
REPÈRE D’ÊTRES FANTASTIQUES ET MYTHOLOGIQUES
Évidemment, Jours d’attente n’est pas le seul à aborder la forêt sous l’angle du fantastique : après tout, il n’y qu’un pas à franchir pour plonger de plain-pied dans les contes et légendes! Par exemple? Le triptyque de La Bête du lac, de François Lapierre et Patrick Boutin-Gagné (Glénat), qui fait le plein de récits ancestraux, entre les légendes québécoises, les récits autochtones et la mythologie celtique. Sirènes, gobelins, monstre marin s’y côtoient, alors qu’une porte doit être refermée, pour éviter le cataclysme… Un ouvrage à mettre aux côtés des précédentes créations de Lapierre : Chroniques sauvages (Glénat) ou encore les deux tomes de Sagah-Nah (Soleil), qui nous y entraînent également, en lien avec des mythes issus des Premières Nations.
Tout cela, sans oublier les contributions d’Axelle Lenoir, notamment avec les deux tomes de L’Esprit du camp (Front Froid) où le suspense et le fantastique agissent comme trame de fond d’un récit initiatique, dans l’esprit d’une quête de soi. Élodie se retrouve animatrice de camp de vacances – un brin malgré elle. Elle atterrira au camp du lac à l’Ours, où elle accompagnera un groupe d’enfants turbulents, se liera d’amitié avec quelques collègues de travail, tout cela sous le regard d’un directeur excentrique. Ça, c’est le jour. La nuit : des rêves de créatures, d’un esprit animalier, d’un mystère à dénouer au fil d’un été. En résulte un récit réussi, inspiré autant qu’inspirant, aux dialogues dynamiques, dans un univers coloré.
Bref, autant d’exemples qui démontrent que, bien que « nos » forêts ne soient pas si présentes dans les publications BD québécoises des dernières années, plusieurs auteurs ont su se les approprier, avec leur part de mystère.
V.O.F. LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT
Un film de Emmanuel Mouret | Du même réalisateur : Changement d’adresse FRANCE | 2020 | 122 MIN
LA FEMME DE MON MEILLEUR ENNEMI
ÉTATS-UNIS � ROYAUME-UNI | 2021
Comédie d’action réalisée par Patrick Hughes. | Int. : Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson, Salma Hayek, Frank Grillo, Morgan Freeman, Antonio Banderas. Le garde du corps Michael Bryce et le tueur à gages Darius Kincaid, sont de retour! Bryce se voit forcé de reprendre le boulot par la femme de Darius, l’explosive Sonia Kincaid. Le trio sera entraîné dans un complot international où il sera l’ultime chance pour l’Europe d’éviter le chaos total.
« En brouillant les lignes du temps et en alternant le passé et le présent, le cinéaste tisse une toile amoureuse complexe […] quelque peu teintée d’ironie. » (P. Lonergan)
Drame romantique écrit et réalisé par Emmanuel Mouret. Int. : Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne.
SYNOPSIS : Daphné, enceinte de trois mois, est en vacances avec son compagnon François. Lorsque ce dernier doit la quitter pour le travail, Daphné se retrouve seule à la campagne, mais pas pour longtemps. Elle accueille Maxime, un cousin de François qu’elle n’a jamais rencontré auparavant. En attendant le retour de François, Daphné et Maxime apprennent tranquillement à se connaître et, plus le temps passe, plus ils se confi ent des secrets intimes sur leurs histoires d’amour. Non seulement celles du passé, mais également celles du présent…
NOTES : L’amour, le désir et tous les casse-têtes émotifs que ces deux thèmes peuvent provoquer chez l’être humain sont au cœur du nouveau fi lm d’Emmanuel Mouret. En brouillant les lignes du temps et en alternant le passé et le présent, le cinéaste tisse une toile amoureuse complexe qui, comme le titre du fi lm l’annonce, est quelque peu teintée d’ironie. Pour les éternels romantiques. (P.L.)
D’OÙ L’ON VIENT
ÉTATS-UNIS | 2021
Comédie musicale réalisée par Jon M. Chu. | Int. : Stephanie Beatriz, Anthony Ramos. Au cœur de la communauté dominicaine aux États-Unis, Usnavi épargne le moindre dollar dans l’espoir d’une vie meilleure. Son ami Benny, souhaite quant à lui monter sa propre entreprise. Malgré le quotidien parfois diffi cile, les habitants de Washington Heights restent unis grâce à leurs rêves les plus fous.