Magazine Le Clap #193 - Spécial 30e anniversaire

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N° 193

NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 2015

POUR SES 30 ANS, LE CLAP VOUS GÂTE! DÉTAILS PAGE 40



ÉDITION SPÉCIALE

JANVIER NOVEMBRE ET ET FÉVRIER DÉCEMBRE 2015 2015

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N° 193

CINÉ-BIÈRES

NOUVELLE CHRONIQUE

UN FILM DE LENNY ABRAHAMSON ADAPTÉ DU ROMAN À SUCCÈS

+

LE CINÉMA VU PAR

FRANÇOIS GIRARD

30

nouveautés à l’affiche

+

CINÉ-PSY

LES ÊTRES CHERS

+

ARTS DE LA SCÈNE

CHOIX DE SORTIES

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VALEUR SÛRE

CAROL

LE GA RAG I STE � L A G UER RE D ES TU Q U E S LE S Ê TRES CH ERS � CA ROL


PROGRAMMATION ALTERNATIVE MERCREDI 路 19 H

JEUDI 路 15 H

18 novembre 2015

19 novembre 2015

6 janvier 2016

7 janvier 2016

27 janvier 2016

28 janvier 2016

17 f茅vrier 2016

18 f茅vrier 2016

9 mars 2016

10 mars 2016

13 avril 2016

14 avril 2016


MOT DE LA RÉDACTION

DE BONHEUR!

Depuis le 15 novembre 1985, nous avons eu l’immense plaisir de vous proposer le meilleur du cinéma. Trente années de cinéma de qualité de tous les genres et de toutes les nationalités... C’est l’équivalent du quart de l’existence même du cinéma que nous vous avons fait découvrir! À l’époque de l’ouverture du Clap, les médias annonçaient régulièrement la disparition de salles au profit des clubs vidéo apparaissant partout en Amérique. Plus de 10 000 films et plus de 10 000 000 de cinéphiles plus tard, le succès du Clap démontre à quel point le cinéma en salle maintient sa vitalité malgré les innovations technologiques qui contribuent à multiplier les modes de diffusion. Nous ne saurions jamais trop vous remercier de votre remarquable assiduité et nous vous convions à la célébration de cet anniversaire tout au long du mois de novembre.

UNE PROGRAMMATION RICHE ET DIVERSIFIÉE ROOM : LE MONDE DE JACK est une adaptation cinématographique du best-seller d’Emma Donoghue qui a aussi écrit le scénario du long métrage. Gardée en captivité pendant 24 ans, Elisabeth Fritzl a donné naissance à sept enfants tous procrées par son père Josef, son geôlier. Son fils Jack vit seul avec elle. Elle lui apprend tout de la vie et du monde malgré le confinement auquel ils sont condamnés. Succès critique unanime, ce film est considéré par plusieurs comme l’un des meilleurs des dix dernières années. CAROL de Todd Haynes a reçu cette année la récompense hors compétition du Festival de Cannes qui distingue le film traitant le mieux des questions homosexuelles, bisexuelles ou transgenres. La présidente du jury de la Queer Palm, Desiree Akhavan, a déclaré : « CAROL, que nous avons choisi de récompenser, est bien plus qu’un simple film : c’est un moment d’histoire. La première histoire d’amour entre deux femmes traitée avec le respect et l’importance que l’on accorde à toutes les autres romances cinématographiques ».

SORTIES QUÉBÉCOISES

L’année 2015 se termine de belle façon avec plusieurs sorties attendues : LES ÊTRES CHERS d’Anne Émond, avec Maxime Gaudette et Karelle Tremblay, est une œuvre tout en nuances qui décrit sans complaisance le cheminement en cas de deuil. Sensible et touchant.

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MAGAZINE LE CLAP N° 193 · NOVEMBRE ET DÉCEMBRE · 2015

LE GARAGISTE de Renée Beaulieu, dans lequel Normand D’Amour est troublant de vérité dans le rôle d’un homme qui, confronté à la maladie, lutte pour sa survie. Le film se déroule dans le splendide décor du Bas-du-Fleuve. LES BRASSEURS de Pierre-Luc Laganière est un fascinant documentaire sur cette passion bien québécoise pour la fabrication de bière artisanale. HÔTEL LA LOUISIANE, réalisé par le grand directeur photo Michel La Veaux, est un documentaire sur cet hôtel mythique de Paris qui a hébergé les plus grands artistes de ce monde. Que vous connaissiez ou non cet hôtel, vous serez assurément charmés. LE CŒUR DE MADAME SABALI de Ryan McKenna, avec la toujours étonnante Marie Brassard, a récolté dernièrement le Grand Prix Focus décerné par le Festival du nouveau cinéma. Drôle et touchant à la fois. LA GUERRE DES TUQUES de Jean-François Pouliot et François Brisson nous ramène 31 ans en arrière, alors que la série des Contes pour tous nous offrait ce qui allait devenir le plus grand classique du cinéma pour enfants. Cette fois-ci, il s’agit d’une version animée en 3D qui ravira à coup sûr toute la famille.

AUSSI À NE PAS MANQUER

LES AVENTURIERS VOYAGEURS Vous serez heureux d’assister à la deuxième partie de la saison 2015-2016 et d’y découvrir le Maroc, la Thaïlande, le Costa Rica, la Croatie, le Népal et l’aventure à vélo sur 5 continents. Bon dépaysement! FESTIVAL DU FILM ROUMAIN Pour votre plus grand plaisir, le très couru Festival du film roumain est de retour cette année avec sept films représentant bien la production actuelle de cette cinématographie d’une étonnante richesse. CINÉMA VU PAR… FRANÇOIS GIRARD Ce grand metteur en scène québécois parcourt la planète pour travailler avec les meilleurs comédiens de cinéma et de théâtre. Il raconte à Serge Pallascio sa découverte et son amour du cinéma. Passionnant! OPÉRA NATIONAL DE PARIS Nous vous offrons toute une programmation : La Vie parisienne, Robbins / Millepied / Balanchine et La Damnation de Faust, qui fut présenté pour la première fois à l’Opéra National de Paris. Vive le cinéma! (M.A.)

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VALEUR SÛRE

SOMMAIRE MAGAZINE N° 193

9CAROL

CAROL est une œuvre d’une grande sensibilité, un drame passionnel certes, mais aussi un film de réflexion autour de cette morale intempestive dont peut faire preuve la société.

DANS CE NUMÉRO 7 20 24 33 36 42

En couverture Room : le monde de Jack Documentaires Info-ciné Page pour enfants

Festival du film roumain Index

CONSULTEZ NOTRE HORAIRE :

418 653-2470, poste 1 CLAP.ca ou via notre application mobile M.CLAP.CA

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LE CINÉMA VU PAR...

CINÉ-PSY

NOUVELLE CHRONIQUE!

CINÉ-BIÈRES

LIVRES

VERSIONS ORIGINALES

ARTS DE LA SCÈNE

ANNIVERSAIRE

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BANDE-ANNONCE

Festival international du film de Toronto de 2015 – People’s Choice Award - Lenny Abrahamson

ROOM : LE MONDE DE JACK

EN COUVERTURE

« Ce film sur la captivité se mue en une extraordinaire et puissante métaphore sur l’attachement maternel. » (N. Petrowski, La Presse)

Un film de Lenny Abrahamson Du même réalisateur : Frank

IRLANDE · CANADA GÉNÉRIQUE : Irlande · Canada. 2015. 118 min (V.O.A. et V.F. de Room). Drame réalisé par Lenny Abrahamson. Scén. : Emma Donoghue, d’après son œuvre. Mus. orig. : Stephen Rennicks. Int. : Brie Larson, Jacob Tremblay, William H. Macy. SYNOPSIS : Gardée en captivité depuis l’adolescence, une jeune mère élève son fils de cinq ans dans une toute petite cabane d’arrièrecour où tous deux sont confinés par leur séquestreur. Cette promiscuité forcée, cruelle et injustifiable, a nourri et fortifié le lien unissant la mère et l’enfant. Ce dernier, qui ne connaît que le quotidien entre ces quatre murs, conçoit sa vie tel un bébé dans le ventre de sa génitrice.

NOTES : L’écrivaine irlandaise Emma Donoghue adapte elle-même son roman Room, paru en 2011 et devenu depuis un immense succès en librairie. Inspiré d’une histoire similaire survenue en 2008, en Autriche, ROOM semble presque invraisemblable tellement cette vie en captivité apparaît douloureuse et surréaliste, pétrissant jour après jour l’union de l’enfant à la mère. Du livre au film, le passage est réussi, l’œuvre demeurant aussi claustrophobique qu’émotivement intense. (P.B.)

PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F. CLAP.CA

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« FATIMA est un film si délicat qu’il est difficile d’en parler sans l’abîmer. » (T. Sotinel, Le Monde)

FATIMA

Un film de Philippe Faucon QUÉBEC · FRANCE GÉNÉRIQUE : Québec · France. 2015. 79 min (V.O.F.). Drame

LES ÊTRES CHERS

Un film de Anne Émond · De la même réalisatrice : Nuit # 1 QUÉBEC

réalisé par Philippe Faucon. Scén. : Philippe Faucon, d’après l’œuvre de Fatima Elayoubi. Mus. orig. : Robert Marcel Lepage. Int. : Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza Noah Aïche.

GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. 102 min (V.O.F.). Drame écrit et réalisé par Anne Émond. Mus. orig. : Martin Léon. Int. : Maxim Gaudette, Karelle Tremblay, Valérie Cadieux.

SYNOPSIS : Séparée de son mari, Fatima voit sa vie centrée autour de ses deux filles de quinze et dix-huit ans, l’une rebelle, l’autre étudiante studieuse en médecine. Dans la France actuelle, les origines maghrébines de Fatima ne lui portent pas toujours bonheur, surtout qu’elle maîtrise mal le français et s’intègre plus difficilement que ses filles. Forcée à un arrêt de travail après une chute accidentelle, Fatima se plonge à la fois dans des cours d’alphabétisation et dans l’écriture d’un journal intime relatant son arrivée au pays.

SYNOPSIS : Milieu des années 70. Un père de famille se suicide, laissant dans le deuil sa femme et ses cinq enfants. L’un d’eux, David, digère mal la cause du décès, lui qui incarne la force tranquille auprès de ses proches. Des années plus tard, découvrant le talent d’écriture de Laurence, sa fille adolescente, David retrouve une forme d’espoir, poussant celle-ci à aller au bout de sa passion. Mais malgré cela, une grisaille psychologique le mine toujours de l’intérieur.

NOTES : Le cinéaste Philippe Faucon démontre beaucoup de finesse en

abordant dans son film, sans jugement de valeur, la problématique de l’intégration des immigrants et les conflits générationnels qui souvent s’ensuivent. Coproduit avec le Québec, FATIMA est doté d’une mise en scène sobre et réaliste dans laquelle évolue des actrices méconnues, mais au jeu d’un naturel désarmant. (P.B.)

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« Ce film est empreint de nostalgie, mais il est aussi traversé d’une formidable chaleur humaine. » (M.-A. Lussier, La Presse)

NOTES : S’étalant sur près de 25 ans, cette histoire familiale dresse un portrait touchant de l’endeuillement. Bercé par les ballades d’Elliot Smith, ce deuxième long métrage d’Anne Émond (qui tourne présentement un film inspiré de la vie de Nelly Arcan) met en évidence le jeu sensible de Maxim Gaudette et le charisme de Karelle Tremblay, vue dans Corbo, une jeune comédienne douée qui crève littéralement l’écran. (P.B.)

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Festival de Cannes 2015 – Prix d’interprétation féminine - Rooney Mara Festival de Cannes 2015 – Queer Palm - Todd Haynes

CAROL

VALEUR SÛRE

Un film de Todd Haynes · Du même réalisateur : I’m not There ÉTATS-UNIS · ROYAUME-UNI · FRANCE GÉNÉRIQUE: États-Unis · Royaume-Uni · France. 2015. 118 min (V.F. de Carol et V.O.A.). Drame réalisé par Todd Haynes. Scén. : Phyllis Nagy, d’après l’œuvre Patricia Highsmith. Mus. orig. : Carter Burwell. Int. : Rooney Mara, Cate Blanchett, Kyle Chandler. SYNOPSIS : Mère de famille, Carol subit un mariage de convenance dénué d’amour, caractérisant bien des unions ancrées dans l’Amérique pudique des années 50. Sa rencontre avec Thérèse, jeune vendeuse dans un grand magasin new-yorkais, réveillera en elle des pulsions enfouies qui devront demeurer secrètes sous peine de subir l’opprobre de son conjoint méfiant et de ses proches.

« Un drame magnifique, d’une grande maîtrise, dans lequel les deux actrices, Cate Blanchett et Rooney Mara, livrent de magnifiques performances. »

PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

(M.-A. Lussier, La Presse)

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NOTES : Todd Haynes nous offre à nouveau un film singulier et audacieux, abordant, comme il l’avait fait dans Far from Heaven, les tabous sociaux des années 50 sur fond de relation amoureuse illicite. Après la question raciale, il nous entraîne cette fois dans un drame saphique avec beaucoup de doigté, misant pour ce faire sur deux actrices exceptionnelles, Cate Blanchett et Rooney Mara, menant à bon port ce récit sensible doté d’une mise en scène d’une rare et fine intelligence. (P.B.)

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Festival du nouveau cinéma – Grand Prix Focus - Meilleur long métrage

« Ce film se faufile de manière très touchante entre le drame et l’humour. Sandrine Kiberlain y est impeccable et c’est du Jean Rochefort pur jus. » (P. Vavasseur, Le Parisien)

FLORIDE

Un film de Philippe Le Guay Du même réalisateur : Molière à bicyclette FRANCE GÉNÉRIQUE : France. 2015. 110 min (V.O.F.). Comédie dramatique réalisée par Philippe Le Guay. Scén. : Philippe Le Guay, Jérôme Tonnerre, d’après l’œuvre de Florian Zeller. Mus. orig. : Jorge Arriagada. Int. : Jean Rochefort, Sandrine Kiberlain, Anamaria Marinca.

LE CŒUR DE MADAME SABALI

Un film de Ryan McKenna Du même réalisateur : The First Winter QUÉBEC

GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. 80 min (V.O.F.). Drame écrit et réalisé par Ryan McKenna. Mus. orig. : Amadou et Mariam. Int. : Marie Brassard, Youssef Camara, Francis La Haye.

jour en jour. Confus à souhait, il semble s’obstiner à vivre dans un passé idéalisé. Carole, sa fille aînée ayant repris les rênes de l’entreprise familiale, peine à se décider à l’envoyer dans une « maison pour vieux ». Claude lui, n’a qu’une idée obsessive en tête, prendre l’avion pour aller retrouver son autre fille exilée en Floride depuis des années.

SYNOPSIS : Guichetière dans une gare, Jeannette mord dans la vie malgré une relation amoureuse qui bat de l’aile et de graves problèmes cardiaques, elle qui est en attente d’une greffe. Mais le hasard l’amène à recevoir le cœur tant espéré, celui d’une femme d’origine malienne récemment assassinée. À la suite du succès de la transplantation, Jeannette rencontre inopinément le jeune fils de la victime qui croit dur comme fer qu’elle est maintenant devenue la réincarnation de sa défunte mère.

NOTES : FLORIDE fait la part belle à un Jean Rochefort jubilatoire, qui incarne avec désinvolture un être attendrissant, mais aussi très irritant. La réalisation de Philippe Le Guay, elle, se déploie à travers une mise en scène imaginative constituée de scènes douloureuses liées aux oublis et de celles, irréelles, sortant de l’imaginaire de Claude aux prises avec ses lubies enfantines de vieillard insouciant. (P.B.)

NOTES : Teinté d’une touche de réalisme magique, LE CŒUR DE MADAME SABALI se présente comme une sorte de fable humaniste à laquelle se greffe un humour très candide. Produite avec peu de moyens mais beaucoup de cœur, cette fiction mise sur le talent comique de l’ineffable Marie Brassard qui, dans le rôle de Jeannette, s’insère avec une belle élégance dans ce récit intimiste délicatement enrobé de la musique d’Amadou et Mariam. (P.B.)

SYNOPSIS : Octogénaire, Claude voit sa mémoire s’effriter de

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« Un film porté par un bel imaginaire et le comique naturel de Marie Brassard. » (Le Clap)

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PAR SERGE PALLASCIO

LE CINÉMA

VU P R…

« LE RÉALISATEUR EST D’ABORD UN SPECTATEUR »

FRANÇOIS

GIRARD Édition 2022 du Petit Larousse. On y lira peut-être la notice suivante. « François Girard. Cinéaste québécois dont la démarche créatrice explore également la mise en scène au théâtre et à l’opéra. Son œuvre (32 films brefs sur Glenn Gould, Le Violon rouge, Soie) est inspirée par une curiosité sans frontières et une soif intarissable de culture. Le cinéma, selon François Girard, n’est pas l’affaire d’un seul individu, c’est un lieu de rencontres ». Québec. Un dimanche de 2015. Le cinéaste parle avec passion du Québec, d’évasion dans les nuages et de l’avenir de la planète. Propos d’un enfant du siècle. ÉDITIONS LE CLAP : Quel est ton premier souvenir cinémato-

graphique?

FRANÇOIS GIRARD : Le samedi, mon père allait reconduire mes deux sœurs et mon frère au cinéma mais, moi, j’étais trop jeune. De deux à cinq ans, je les ai donc vus partir et revenir tout excités. J’imaginais que la salle de cinéma s’était élevée dans les nuages. Le jour où je les ai accompagnés, j’ai été extrêmement déçu. Il n’y avait ni magie ni nuages. Cette idée que des gens puissent s’évader dans le rêve et l’impossible continue de m’habiter. E.L.C. : Que demandes-tu à un film? F.G. : Ce que je recherche, c’est d’être transporté dans des lieux, des émotions, des pays, des géographies qu’il ne me serait pas possible de visiter autrement. Le premier paysage qu’on peut observer, c’est celui de l’expérience humaine. Je cherche des choses qui me font respirer et vibrer. Je suis curieux de tout.

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E.L.C. : Quel genre de réalisateur es-tu?

F.G. : Le réalisateur est d’abord un spectateur. C’est le premier public de la performance d’un acteur. C’est vrai pour le cinéma, le théâtre ou l’opéra. C’est vrai partout. La réalisation est un travail d’observation et de senti. E.L.C. : Qu’est-ce qui te motive à faire du cinéma?

F.G. : Je ne me sens aucune obligation de produire à un rythme régulier. On parle au cinéma quand on a quelque chose à dire par le cinéma et quand on n’a rien à dire, on se tait. Essentiellement, lorsque je me lance dans l’aventure cinématographique, c’est parce que je sens que j’ai quelque chose à dire. E.L.C. : Quels sont les trois films qui rendent le mieux compte de ton continent intérieur? F.G. : Je n’ai pas de palmarès, mais je dirais 2001 : l’odyssée de l’espace (1978) de Stanley Kubrick pour sa réconciliation du cinéma d’aventures et de la réflexion philosophique. La Notte (1961) de Michelangelo Antonioni pour son romantisme et sa sensualité. Enfin, Short Cuts (1993) de Robert Altman qui a ouvert une brèche dans la façon de raconter une histoire. J’aimerais pouvoir nommer 35 films plutôt que 3. J’ai l’impression d’exclure ceux qui m’ont marqué tout autant. E.L.C. : Y a-t-il dans l’histoire du cinéma un réalisateur qui serait pour toi une source d’inspiration?

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Chronique

Le cinéma vu par...

F.G. : Orson Welles, dont l’œuvre est gigantesque, et Terrence Malik pour son lyrisme. E.L.C. : Toutes époques confondues, y a-t-il dans l’histoire du cinéma un film que tu aurais aimé réaliser? F.G. : Le film que j’aurais aimé faire, j’essaie de l’écrire depuis le début de ma carrière. Je ne suis pas un écrivain naturel. Je suis un metteur en scène qui écrit. Ce film, il est devant moi, il n’est pas derrière. E.L.C. : Ton refus de te confiner au cinéma correspond à ton refus de ne pas te limiter à un pays puisque tu voyages à travers le monde, tout comme tu as choisi de ne pas te limiter à une seule langue dans ta création, futelle le français. F.G. : Il faut distinguer deux choses. D’abord, je suis profondément Québécois. J’appartiens au Québec. Mes racines sont ici. Mais dans le travail, le cinéaste n’a qu’une liberté, celle de choisir son sujet. Si mon violon atterrit en Chine, il faut qu’on parle le chinois. Glenn Gould a vécu à Toronto. Il faut donc qu’on parle l’anglais. Ce n’est pas une prise de position politique. La langue n’est pas un a priori, c’est la conséquence de ton choix narratif. J’aime les humains. J’ai soif de rencontrer l’autre. J’ai le rêve et l’ambition de montrer cela à l’écran. E.L.C. : Si tu n’avais pas été cinéaste, qu’aurais-tu aimé être? F.G. : J’aurais aimé être chef d’orchestre. Le métier de cinéaste lui ressemble d’ailleurs. Mais je ne crois pas tellement au messie. Je crois plutôt à la communauté. E.L.C. : Et si le cinéma n’existait pas... F.G. : Le cinéma est le plus grand moyen de communication entre les cultures. Il est au-delà de l’actualité. Si le cinéma n’existait pas, il faudrait construire des ponts et multiplier les vols d’avion pour que les gens puissent voyager et se rencontrer.

Avant-hier à Lyon. Hier à New York. Aujourd’hui à Montréal. Demain à Venise. François Girard parcourt la planète à la rencontre des hommes, ses semblables, ses frères. Politiquement nationaliste, mais culturellement mondialiste, le cinéaste ne cache pas son inquiétude. Il s’interroge. « Notre planète a-t-elle un avenir? ». Et de poursuivre. « La planète, c’est notre bateau, notre véhicule commun. On ignore ses cris de douleur. Cette ignorance va nous rattraper très rapidement ». Malgré ce futur incertain, François Girard peaufine son œuvre sans compromis, tel un Rimbaud des temps modernes. « Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien ».

LE MUSÉE IMAGINAIRE DE FRANÇOIS GIRARD

UN AUTEUR : Fiodor Dostoïevski. Il m’a fait découvrir le pouvoir de la littérature. UNE ŒUVRE LITTÉRAIRE : Le Maître et Marguerite du Russe Mikhaïl Boulgakov. Une fresque « spiritualo-magique ». UN MUSICIEN : Jean-Sébastien Bach. Pour moi c’est l’infini. UNE ŒUVRE MUSICALE : Parsifal de Richard Wagner. On y passe du romantisme à la musique atonale. UN ARTISTE VISUEL : Bill Viola. C’est le grand prêtre de la vidéo d’art. Il m’a beaucoup influencé. UNE ŒUVRE VISUELLE : Le Retour du fils prodigue de Rembrandt. UN LIEU GÉOGRAPHIQUE : Rome. CLAP.CA

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« Normand D’Amour trouve dans ce personnage de garagiste tourmenté, miné par la maladie, son rôle le plus touchant au grand écran. » (Le Clap)

LE GARAGISTE

Un film de Renée Beaulieu QUÉBEC

GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. 87 min (V.O.F.). Drame écrit et réalisé

par Renée Beaulieu. Mus. orig: Erik West Millette. Int. : Normand D’Amour, Louise Portal, Pierre-Yves Cardinal.

SYNOPSIS : Dans une petite municipalité du Bas-du-Fleuve, Adrien voit son quotidien de garagiste bouleversé par la maladie et ses nombreux traitements de dialyse. En attente d’une greffe rénale, il perd peu à peu l’envie de se battre tout en laissant son couple se désagréger. L’arrivée au garage d’un nouvel employé, un jeune homme de la région, le ramènera inévitablement vers des souvenirs qu’il pensait enfouis dans sa mémoire. NOTES : Pour sa première réalisation, Renée Beaulieu s’est inspirée d’une histoire vraie qui l’a fortement marquée, au point de livrer sa propre bataille afin de la porter au cinéma. Son long métrage doit sa réussite au grand talent de Normand D’Amour, formidable dans la peau d’un homme en perte de repères et menant un vain combat. Le comédien, bien appuyé par Louise Portal, Michel Dumont et PierreYves Cardinal (vu dans Tom à la ferme), prouve encore une fois qu’il est l’un des meilleurs de sa génération. (P.B.)

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« Cela faisait des mois qu’on n’avait pas été aussi heureux, serein, complice au cinéma » (A. Ferenczi, Télérama)

COMME UN AVION

Un film de Bruno Podalydès Du même réalisateur : Bancs publics (Versailles rive droite) FRANCE

GÉNÉRIQUE : France. 2015. 105 min (V.O.F.). Comédie écrite et réalisée par Bruno Podalydès. Int. : Bruno Podalydès, Agnès Jaoui, Sandrine Kiberlain, Vimala Pons. SYNOPSIS : Prisonnier d’un quotidien qui laisse peu de place aux sensations fortes, Michel achète un kayak qu’il monte lui-même, rêvant de grandes traversées solitaires. Un jour, il met son désir à exécution et descend une rivière le long de laquelle il découvre une auberge habitée par des personnages aussi accueillants que loufoques. Il s’y installe pour une nuit. Finalement, il aura beaucoup de mal à s’en aller. NOTES : Sur fond de crise existentielle, COMME UN AVION prend la forme d’un récit d’aventure nautique à travers lequel un quinquagénaire las renoue avec le goût de la vie et ses passions inassouvies. Au fil de pérégrinations savoureusement fantaisistes et de rencontres singulièrement attachantes (notamment un duo d’hurluberlus soûlés à l’absinthe), le film nous emporte dans son mouvement et contamine par sa mélancolie, sa fraîcheur et sa drôlerie enchanteresse… Une réjouissante échappée signée Bruno Podalydès! (S.G.) MAGAZINE LE CLAP N° 193 · NOVEMBRE ET DÉCEMBRE · 2015

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PAR MARCEL GAUMOND

CINÉ-PSY

COMMENTAIRE SUR LE FILM

LES ÊTRES CHERS

DE ANNE ÉMOND

LA TRISTESSE ET LA COLÈRE, CE SONT MES ENFANTS

Avec des cinéastes québécois de la trempe des Bernard Émond (Le Journal d’un vieil homme), Matthieu Denis (Corbo), François Delisle (Chorus), Xavier Dolan (Mommy), Denis Villeneuve (Ennemi), Sébastien Pilote (Le Démantèlement), Philippe Falardeau (Monsieur Lazhar), Léa Pool (La Dernière Fugue), Benoit Pilon (Ce qu’il faut pour vivre) et Luc Picard (L’Audition) – pour ne nommer que ceux dont les films qui leur sont associés entre parenthèses furent tous l’objet d’une chronique du Ciné-psy au cours des dix dernières années, nous n’avons plus – vous l’admettrez avec moi! – à nous sentir complexés face aux créations cinématographiques qui nous viennent des États-Unis, de la France et des autres pays. J’oserai ajouter : bien au contraire (!), en vous laissant le loisir d’établir vous-mêmes la comparaison.

« L›AMOUR ET LA HAINE CE SONT MES ENFANTS MAIS CE SONT MES CHAÎNES PERDRERAI-JE MA PEINE? » Extrait de la chanson J’ai planté un chêne de Gilles Vigneault.

INVITATION

Vous êtes cordialement invités à une rencontre du Ciné-psy sur le film LES ÊTRES CHERS au cours de laquelle sera lancé un deuxième ouvrage sur ces causeries : Le Cinéma du XXIe siècle. Des hommes et des femmes à la recherche de leur âme perdue (Éd. de L’instant même). L’échange sur le film d’Anne Émond sera amorcé par quatre des coauteurs de l’ouvrage : Florence Piron et Nicolas Vonarx, anthropologues; Martin Gauthier et Marcel Gaumond, psychanalystes. Le mardi 8 décembre 2015, de 18 h à 19 h (buffet) et de 19 h à 21 h 30 (lancement de l’ouvrage suivi de l’échange sur LES ÊTRES CHERS), au Studio P, situé au 280, rue Saint-Joseph E., Québec. (http://www.librairiepantoute.com/lestudiop). Réservations : de préférence par courriel (cinepsy1@gmail.com) ou par téléphone 418 683-0711. Coût d’entrée : 20 $ (incluant l’admission et le buffet). WWW.CINE-PSY.COM

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Car si le zeitgeist (l’esprit du temps) fait que toute cette ribambelle de films mettant en scène zombis, vampires, robots, survivants de l’apocalypse et autres histoires assassines, technologie à l’appui, envahit nos écrans, il n’en demeure pas moins que pour qui cherche dans le septième art ce que nos ancêtres, depuis la nuit des temps, cherchait dans les contes, mythes et légendes, à savoir des histoires reflétant de manière éclatante les variantes de la comédie/tragédie humaine vécue par tout un chacun, c’est bien dans des films comme ceux mentionnés ci-avant qu’il est possible de trouver une matière qui ne relève pas d’une insignifiante fiction. LES ÊTRES CHERS de la jeune cinéaste québécoise Anne Émond s’inscrit dans le registre de ces films-là et ajoute à son tour une pierre précieuse à l’édifice « cinéma d’ici » dont nous avons toutes les raisons d’être fiers. J’entends certains me dire qu’ils n’apprécient pas voir de tels films, parce qu’on y trouve justement l’évocation de tout ce « difficile » et de tout ce « douloureux » de la vie qu’un certain cinéma aurait comme fonction bénéfique de nous faire oublier : un peu comme « le pain et les jeux » qui dans l’Empire romain permettait de maintenir une paix servile, hors de l’engagement? LES ÊTRES CHERS débute avec le suicide inattendu d’un membre important d’une famille. Et tout comme j’ai pu, au cours de toutes ces années d’accompagnement passées auprès des gens qui ont entrepris une démarche d’analyse avec moi, être le témoin des effets terribles des traumatismes vécus par ceux-ci, le film d’Anne Émond sait avec tact et intelligence nous illustrer de tels effets. Rien de réjouissant là-dedans, mais si un tel contact avec le drame et par la suite, une telle réflexion, nous valaient de faire éclater le noyau dur de la répétition jalousement gardé par l’inconscient, estce que la patiente recherche de la vérité, aussi complexe soit-elle, ne pourrait pas avoir comme résultat la sereine et libératrice acceptation de soi? Après avoir visionné LES ÊTRES CHERS avec une amie, j’ai eu la surprise de recevoir d’elle, le lendemain, un texte que je reproduis ici intégraMAGAZINE LE CLAP N° 193 · NOVEMBRE ET DÉCEMBRE · 2015

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Chronique

Ciné-psy

lement avec sa permission. On y trouve un écho émouvant et éclairant au drame que ce film évoque avec tant de sensibilité… UN SUICIDE DANS LA FAMILLE, ÇA SUFFIT! « “Un suicide dans la famille, ça suffit!”, m’a écrit ma sœur alors que je traversais une période difficile. Voilà comment j’ai appris, plusieurs années plus tard, que mon frère de 23 ans n’était pas mort accidentellement. On me l’avait caché. J’étais loin, c’était plus simple… Il ne fallait pas que ça s’ébruite… pas dans mon milieu très catholique. Je venais de lui écrire pour qu’il soit le parrain de ma plus jeune fille. Il n’a jamais reçu la lettre. Maman m’avait “informée” par lettre. Lettre que j’ai reçue une semaine plus tard, le jour même où on enterrait mon jeune frère dans le caveau familial au sud de la France. Je n’ai jamais pu le revoir, il m’a été impossible de partager cette peine avec eux et, d’une certaine façon, de commencer à faire mon deuil. Jacques, il s’appelait Jacques, restera toujours jeune. Il restera toujours, pour nous, celui que nous avons connu et tant aimé. Le poète, le musicien, l’infiniment sensible. Il savait aimer les autres et donner. Il était doux, toujours souriant, gentil et généreux, aimé de tous. Le seul, presque, qui arrivait à faire sourire notre père, même avec une plaisanterie un peu grivoise! Comment aurions-nous pu prévoir cet évènement dramatique alors qu’il nous semblait mieux armé que nous tous, ses frères et sœurs, car naturellement heureux et apprécié! Aucun conflit important ne semblait évident. Il était croyant… pourquoi n’a-t-il pu se sortir d’un problème qui lui semblait insoluble sur le plan amoureux? Personne ne l’a jamais su… mais, en ce qui me concerne, après avoir vécu une révolte sans nom pendant les premières années suivant son décès, ce fut la culpabilité qui vint remplacer la révolte en apprenant son suicide. Nous portons tous le poids des suicides de nos “êtres chers”! Nous voyageons avec lui, repensant sans cesse aux manques que nous avons eus, à ce que nous aurions pu faire, dire, plus tôt, avant… Jacques n’a pas eu le temps de “planter un chêne au bout de son champ” mais, d’une certaine façon, “l’amour et la haine étaient ses enfants1” ou la détresse et l’enchantement. La détresse qui habite certains tout au long de leur vie est parfois bien cachée mais son travail de sape est continu. Se peut-il que sinon la haine, la colère soit essentielle à notre survie? Et que nous devions parfois accepter de la montrer pour éviter de la retourner contre nous? » 1. Paroles tirées de la chanson de Gilles Vigneault « J’ai planté un chêne », chanson que l’on retrouve dans le film LES ÊTRES CHERS de Anne Émond.

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Festival du film de Cannes 2015 – Un certain regard - Prix du jury

PRÉSENTÉ EN

V.O.S.-T.F. « Dalibor Matanić tend un miroir émouvant et sans complaisance des conséquences de la xénophobie sur la vie des gens au quotidien. » (Le Clap)

SOLEIL DE PLOMB

Un film de Dalibor Matanić Du même réalisateur : Papa

CROATIE · SERBIE · SLOVÉNIE

VALLEY OF LOVE

Un film de Guillaume Nicloux Du même réalisateur : L’Enlèvement de Michel Houellebecq FRANCE

GÉNÉRIQUE : Croatie · Serbie · Slovénie. 2015. 123 min (V.O. croate avec S.-T.F. de Zvizdan). Drame écrit et réalisé par Dalibor Matanić. Int. : Tihana Lazović, Goran Marković.

GÉNÉRIQUE : France. 2015. 92 min (V.O.F.). Drame écrit et réalisé par Guillaume Nicloux. Mus. orig. : Charles Ives. Int. : Gérard Depardieu, Isabelle Huppert, Dan Warner.

SYNOPSIS : Trois histoires d’amour différentes qui ont lieu dans deux villages voisins des Balkans à travers trois décennies consécutives : 1991, 2001 et 2011. À la suite des guerres de Yougoslavie, la haine interethnique s’est installée.

SYNOPSIS : À la suite du suicide de Michael, leur fils photographe, et à la demande posthume de ce dernier, Isabelle et Gérard se rendent dans le désert de la vallée de la Mort, en Californie. Séparés de longue date, ils devront s’enfoncer dans un étrange pèlerinage conçu spécialement par Michael, et ce, malgré la douleur encore vive qui pèse sur eux.

NOTES : Le cinéaste Dalibor Matanić a tourné SOLEIL DE PLOMB en 2014 dans l’arrière-pays dalmatien, là où il constate que les conséquences des guerres de Yougoslavie restent encore visibles. Par souci d’authenticité, il choisit des acteurs peu expérimentés qui interprètent des rôles différents dans chacune des décennies. Puisant dans ses propres expériences, Matanić tend un miroir sans complaisance des conséquences de la xénophobie sur la vie des gens au quotidien. Il ose poser la question, comment la haine peut-elle venir d’un cœur heureux? SOLEIL DE PLOMB se veut également le premier volet de ce que le cinéaste appelle sa « Trilogie du Soleil ». Il tourne présentement son prochain projet intitulé L’Aurore. (P.L.)

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« VALLEY OF LOVE est à la fois un mirage et un vertige. Un film qui dit que, de toute façon, bien plus que la mort, la vie nous échappe. » (P. Vavasseur, Le Parisien)

NOTES : Guillaume Nicloux réussit l’exploit de réunir à nouveau Gérard Depardieu et Isabelle Huppert sur grand écran, eux qui s’étaient donné la réplique dans Les Valseuses et dans Loulou dans les années 70. Il nous présente un Depardieu portant toute sa lourdeur physique dans un désert suffocant, pour mieux nous faire ressentir le poids de son deuil. Et ce rituel mortuaire frappe sans contredit l’imaginaire quand on sait à quel point la perte de son fils, Guillaume, a meurtri cet acteur plus grand que nature. (P.B.)

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L’ADN DU CEVICHE

Un film de Orlando Arriagada QUÉBEC

GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. 86 min (V.O. espagnole avec S.-T.F de L’ADN du Ceviche). Documentaire réalisé par Orlando Arriagada. Scén. : Louis-François Grenier. Avec Javier Wong, Pedro Miguel Schiaffino, Gaston Acúrio. SYNOPSIS : Le ceviche est encore trop méconnu au Québec, mais au Pérou, ce plat national est devenu un véritable joyau de l’art culinaire local. Marinade de fruits de mer servie froide, le ceviche met en valeur des crustacés et des poissons du littoral sud-américain. Le documentaire nous invite à découvrir ses origines millénaires. NOTES : Au Pérou, le ceviche est préparé et consommé depuis l’époque précolombienne. Pour mieux comprendre son importance historique et ses différentes déclinaisons, le réalisateur recueille les témoignages de pêcheurs, de grands chefs et de gastronomes afin de nous initier à un plat traditionnel mythique des plus savoureux. (P.B.)

DOCUMENTAIRE PRÉSENTÉ EN

V.O.S.-T.F.

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HÔTEL LA LOUISIANE

Un film de Michel La Veaux QUÉBEC

GÉNÉRIQUE: Québec. 2015. 90 min (V.O.F.). Documentaire écrit et réalisé par Michel La Veaux. Mus. orig : Chantal De Villiers. Avec Juliette Gréco, Albert Cossery, Robert Lepage. NOTES : Reconnu comme un brillant directeur photo (Le Démantèlement, Ce qu’il faut pour vivre), Michel La Veaux signe ici à titre de réalisateur ce documentaire sur La Louisiane, un hôtel mythique du quartier Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Depuis dixsept ans, La Veaux y séjourne régulièrement pendant ses nombreux voyages dans la capitale française. L’endroit, qui a abrité au fil des époques Juliette Gréco, Jean-Paul Sartre et Miles Davis pour ne nommer qu’eux, l’a véritablement marqué. Son film tente de saisir ce qui fait la particularité de ce lieu, voulant comprendre pourquoi les artistes et les visiteurs en tous genres s’y sentent chez eux. Avec de nombreux témoignages et d’épatantes images d’archives, le cinéaste démontre toute l’authenticité de cet îlot de résistance, vestige de la légendaire rive gauche parisienne. (P.B.)

DOCUMENTAIRE PRÉSENTÉ EN

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HITCHCOCK / TRUFFAUT

Un film de Kent Jones

FRANCE · ÉTATS-UNIS GÉNÉRIQUE : France · États-Unis. 2015. 80 min (V.O.S.-T.F.). Documentaire réalisé par Kent Jones. SYNOPSIS : En 1962, Hitchcock et Truffaut s’enferment pendant une semaine à Hollywood pour mettre à jour les secrets de la mise en scène au cinéma. À partir des enregistrements originaux de cette rencontre qui ont servi à élaborer le livre mythique Le Cinéma selon Hitchcock, ce film met en images la plus grande leçon de cinéma de tous les temps, et nous plonge dans l’univers de l’auteur de Psychose, Les Oiseaux et Sueurs froides. NOTES : D’une modernité incroyable, l’art d’Hitchcock est éclairé et expliqué par les réalisateurs d’aujourd’hui : Martin Scorsese, David Fincher, Arnaud Desplechin, Kiyoshi Kurosawa, Wes Anderson, James Gray, Olivier Assayas, Richard Linklater, Peter Bogdanovich et Paul Schrader. CLAP.CA

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PAR VINCENT ROUSSY & SIMON RIOUX

CINÉBIÈRES GRIVOISE DE NOËL DU TROU DU DIABLE Inspirée par la tradition des bières de Noël que les brasseurs belges servaient à leurs meilleurs clients, la microbrasserie le Trou du diable de Shawinigan nous présente chaque année sa Grivoise de Noël, disponible jusqu’à épuisement des stocks pendant la période du temps des fêtes. Qu’est-ce qu’une bière de Noël, me demanderez-vous? Il s’agit d’une bière de couleur brune à laquelle est ajoutée une panoplie d’épices de Noël et qui possède des saveurs et des arômes de fruits secs et confits. Chaque gorgée rappelle les noix, le sucre d’orge, les cerises, les oranges, les raisins secs, la cannelle, le clou de girofle, l’anis… C’est pratiquement un pain d’épice liquide!

Nous sommes emballés par cette nouvelle chronique dans le Magazine Le Clap. Mon équipe et moi avons la bière comme passion depuis de nombreuses années et nous vous invitons à plonger dans le monde effervescent de la microbrasserie québécoise.

NOTRE APPRÉCIATION : Nous l’aimons particulièrement parce qu’elle est une belle interprétation de ce style de bière, épicée à souhait. Elle offre une expérience intéressante tout en restant facile à apprivoiser. La Grivoise de Noël affiche un réconfortant 7,5 % d’alcool, peu détectable au goût, qui saura vous égayer lors des froides soirées d’hiver. (S.R.)

Le Québec compte maintenant 128 microbrasseries, soit quatre fois plus qu’en 2002. Plusieurs autres brasseurs viendront s’ajouter dans les prochaines années, et ce, dans les quatre coins de la province. Ce bataillon de petites et moyennes entreprises a déjà commencé à ébranler les géants établis. Il ne s’agit pas seulement d’hectolitres ou de parts de marché, nous faisons face à une toute autre façon de brasser des affaires. Un vent de jeunesse entrepreneuriale où le savoir-faire est partagé, la collaboration est mise de l’avant et le succès ne se calcule pas en dollars. Quelques années seulement ont suffi aux talents québécois pour faire pleuvoir les distinctions sur la scène brassicole mondiale. Avec très peu de traditions à préserver, nos brasseurs frappent à grand coup d’audace et d’inventivité. Ils nous offrent une diversité et une qualité de produits qui pourront réjouir les passionnés de saveurs et de nouveautés. Plus de 600 produits sont embouteillés par les microbrasseries du Québec sur une base régulière et quelques centaines d’autres nous sont proposés au fil des saisons. J’ai le plaisir de travailler avec une équipe de spécialistes du plaisir en bouteille, de vrais professionnels du bonheur liquide. Nous vous invitons à nous suivre dans nos découvertes et à partager notre enthousiasme. À vous d’en profiter! Vincent Roussy Propriétaire de la Boîte è bières

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ROUTE DES ÉPICES DE DIEU DU CIEL! La Route des épices de Dieu du ciel! est une bière de seigle brassée avec du poivre. Elle arbore une couleur rousse ambrée et un mince collet de mousse. Son profil gustatif met de l’avant les accents épicés à la fois du seigle et du poivre, le tout sur un corps malté qui apporte des saveurs de caramel et de pain légèrement rôti. C’est la bière rêvée pour essayer différents accords mets et bières ou même pour incorporer dans vos recettes. De plus, comme toutes les bières courantes de Dieu du ciel!, elle est pratiquement disponible en tout temps, en caisse de six ou à l’unité!

EN VENTE AU CLAP POUR UN TEMPS LIMITÉ!

NOTRE APPRÉCIATION : Je vous la recommande fortement puisque c’est une bière unique au Québec. Elle reste très facile d’approche, mais elle est surprenante! Vous verrez, son effervescence doublée par un petit picotement poivré est très agréable! Santé! (S.R.) FLACATOUNE DE LA MICROBRASSERIE CHARLEVOIX La Flacatoune de la Microbrasserie Charlevoix est une bière blonde d’inspiration belge qui affiche 7 % d’alcool. À titre d’information, « flacatoune » est un mot tiré de l’ancien français qui signifie « bière ». Visuellement, elle possède une gazéification prononcée et un énorme collet de mousse qui tient bien. Au nez, celle-ci dévoile de délicats arômes de miel et de pain frais. En bouche, la levure belge ponctue chaque gorgée par ses notes fruitées et poivrées. Un léger houblon floral et citronné ressort en finale. Elle est disponible toute l’année. NOTRE APPRÉCIATION : La Flacatoune, un des nombreux produits phares de la Microbrasserie Charlevoix, est une bière de qualité, appréciée par un grand nombre d’amateurs. Sa levure belge caractéristique et ses saveurs franches de malt en font un véritable délice. C’est une bière conviviale autant que de dégustation, rafraîchissante et facile à boire! En format de 500 ml, on peut la partager en bonne compagnie ou la siroter à table. À la vôtre! (S.R.)

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BRASSEURS

Un film de Pierre-Luc Laganière QUÉBEC

GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. 75 min (V.O.F.). Documentaire réalisé par Pierre-Luc Laganière. Scén. : Martin Parrot, Pierre-Luc Laganière. Mus. orig. : Johannes Groene, Frédéric Brunet. Avec Martin Grant, Karine Courcy, Jean-Pierre Boutin. NOTES : Depuis plusieurs années, les microbrasseries se multiplient au Québec. Il y en aurait plus de 125 actuellement. On y brasse de la bière et on y accueille une clientèle de curieux et d’amateurs, et ce, dans toutes les régions de la province. La tradition étant presque inexistante, les expériences sont nombreuses et étonnantes. Elles donnent lieu à la création de produits québécois qui aujourd’hui remportent des prix à l’international. Dans un style direct, sans narration, le documentaire part à la rencontre de ceux qui passent leurs journées à brasser le houblon, donnant la parole à ces incroyables druides du milieu brassicole, jeunes, innovateurs et déterminés. (P.B.)

« Peut-on oser dire que BRASSEURS est un film qui donne soif? » (Le Clap)

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INFO-CINÉ

CARTE ABONNE-CLAP TAXES INCLUSES

9 FILMS 76,95 $ 69 ,95 $ 59,95 $

Adulte 65 ans et plus Étudiant Ajoutez l'option PRESTIGE pour 19,95 $ (détails au clap.ca) Des frais de 3 $ par film s’appliquent pour les représentations en 3D.

ADMISSION TAXES INCLUSES RÉGULIER

3D

Adulte lundi au vendredi avant 17 h (sauf les jours fériés) lundi au jeudi dès 17 h (sauf les jours fériés)

11,25 $ 9,75 $ 10 ,75 $

14 ,25 $ 12 ,75 $ 13 ,75 $

Âge d’or (65 ans et plus)

8,50 $

11,50 $

Étudiant dès 21h (carte d’étudiant exigée) en tout temps

6,75 $ 8$

9,75 $ 11 $

14 ans et moins

7 ,50 $

10 ,50 $

GRATUIT

0-18 mois Prix sujets à changement sans préavis

6 75 $

DERNIÈRE CHANCE à , Pour un temps limité, le mercredi et le jeudi, le prix d’entrée pour les films qui quittent nos écrans au cours de la semaine est de 6,75 $*. *Certaines conditions s’appliquent. Détails au guichet du cinéma.

RÉDUCTION ÉTUDIANTS

Sur présentation de la carte de leur établissement d’enseignement, toutes les représentations dès 21 h sont au tarif de 6,75 $ pour les étudiants.

CINÉMA POUR GROUPE

Réservez une salle du Cinéma Le Clap et profitez de nos tarifs avantageux. Nous serons heureux de vous présenter le film de votre choix*. Réservations : 418 653-2470, poste 127. * Certaines conditions s’appliquent.

CINÉMA PARENTS-BÉBÉS PRÉSENTÉ PAR

Parents, prenez l’air ! Évadez-vous avec vos petits sans avoir à vous inquiéter. Lors de ces représentations adaptées, nous vous offrons un environnement tolérant. (Gratuit pour les 0-18 mois)

FÊTE D’ENFANT

Essayez nos nouveaux forfaits fête d’enfant! Offrez à votre enfant un événement cinéma hors du commun à peu de frais! Détails au clap.ca. Plusieurs forfaits disponibles.

RÉDUCTIONS ABONNE-CLAP

Les cartes Abonne-Clap et VIP vous permettent d’obtenir des réductions de 10 à 25 % dans plusieurs établissements de Québec. Consultez la liste complète au clap.ca.

JOURNÉE DES ABONNÉS

Tous les lundis et jeudis, sauf les jours fériés, vous verrez votre invité admis au tarif privilège à la projection pour laquelle vous vous procurerez un billet.

LÉGENDES

V.F. V.O.A. V.O.S.-T.F. V.O.S.-T.A.

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CLASSEMENT DES FILMS

ESPACE PUBLICITAIRE Les lecteurs du Magazine Le Clap ont un niveau de scolarité supérieur et un revenu annuel élevé. Source : sondage SOM. Faites connaître votre entreprise et vos services. Réservez votre espace publicitaire dès maintenant en communiquant avec l’un de nos représentants! Steve Poulin, 1 800 361-2470, poste 132. Cell. : 418 997-3741 · steve.poulin@clap.ca Sabrina Castonguay, 1 800 361-2470, poste 128. Cell. : 418 956-3729 · sabrina.castonguay@clap.ca Éditeurs : Michel Aubé, Robin Plamondon · Coordonnateur du contenu : Simon Leclerc · Directrice artistique : Martine Lapointe Infographistes : Catherine Ducharme, Elena Jacome · Responsable de la programmation : Michel Aubé · Réviseure : Marie Chabot Chroniqueurs : Pierre Blais, David Cantin, André Caron, Marcel Gaumond, Sami Gnaba, Jean Labrecque, Éléna Laliberté, Patrick Lonergan, Pier-Hugues Madore, Serge Pallascio, Simon Rioux, Vincent Roussy. Plus de 500 points de distribution · Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, 3 trimestre 1987 ISSN : 1209-7012 Le Magazine Le Clap est publié 6 fois par année par les Éditions Le Clap. e

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En attente de classement. Peut être vu par des personnes de tous âges. Ne peut être vu que par des personnes âgées de 13 ans et plus ou accompagnées d’une personne majeure. Ne peut être vu que par des personnes âgées de 16 ans et plus. Ne peut être vu que par des personnes âgées de 18 ans et plus.

LE MAGAZINE LE CLAP DANS VOTRE BOÎTE AUX LETTRES! Pour la modique somme de 29,95 $ (taxes incluses) par année, vous pouvez recevoir le Magazine Le Clap à votre domicile. Contactez Alexandre Girard au 418 653-2470, poste 130, pour plus de détails.

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Festival international du film policier de Beaune 2015 – Prix du jury - Susanne Bier

UNE SECONDE CHANCE

Un film de Susanne Bier DANEMARK

GÉNÉRIQUE : Danemark. 2015. 105 min (V.F. de En Chance Til). Thriller réalisé par Susanne Bier. Scén. : Anders Thomas Jensen. Mus. orig. : Johan Söderqvist. Int. : Nikolaj Coster-Waldau, Ulrich Thomsen, Maria Bonnevie. SYNOPSIS : Bons amis, Andreas et Simon travaillent ensemble au sein du même corps de police. Si le premier mène une vie familiale des plus tranquilles auprès de sa femme et de leur jeune enfant, Simon, divorcé, est davantage attiré par les sorties nocturnes. Mais leur relation est bouleversée lorsqu’Andreas commet l’irréparable après une intervention délicate survenue auprès d’un couple en crise, jeunes junkies parents d’un nouveau-né.

« Le film est porté par la puissante performance de Nikolaj CosterWaldau, vedette de la série télé Game of Thrones. » (K. Muir, Times)

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NOTES : Bien connue pour ses drames sentimentaux tourmentés, Susanne Bier poursuit dans cette veine en explorant l’abysse dans lequel on peut se retrouver après la perte d’un être cher, ajoutant au passage un parfum de suspense à son film. Dans la peau des partenaires étourdis par ce tourbillon anxiogène sur le bien et le mal, Nikolaj Coster-Waldau (Jaime Lannister dans Game of Thrones) et Ulrich Thomsen (Festen) jouent leurs partitions avec beaucoup d’intensité. (P.B.)

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PAR ÉLÉNA LALIBERTÉ

LIVRES PAR DAVID LAPOINTE

GRAND-PÈRE ET LA LUNE, Stéphanie Lapointe

Si les auteurs qui polarisent la critique sont si intéressants, c’est qu’ils mettent souvent sous tension au moins deux grands types de sensibilité. D’aucuns regardent ainsi le travail de Haneke comme une incitation à voir le verre à moitié vide; son cinéma serait profondément pessimiste, glacé et dénué d’empathie pour ses personnages. La thèse de Sarah Chiche, dans son dernier ouvrage (que l’on aurait pu appeler 71 fragments d’une chronologie de l’œuvre de Haneke!), vise à renverser cette hâtive conclusion. S’il existe un mal croupissant et persistant dans les films du cinéaste autrichien, il nous permettrait, par un procédé de contraste, d’atteindre la consolation et, de cet état d’esprit, l’appréhension potentielle d’une éthique qui nous rendrait meilleur. Rien n’est gratuit dans le cinéma de Haneke; il se fait un point d’honneur de respecter l’intelligence du spectateur. Et si on trouve chez lui un traitement si épuré, indifférencié et fragmentaire (en un mot, objectivant), c’est par honnêteté envers l’opacité du monde. Ses films commandent ainsi à être résolu extra-muros, dans l’intimité du vécu du spectateur. C’est aussi parce qu’ils sont essentiels que les enjeux abordés par Haneke ont le pouvoir de rendre – et parfois même physiquement – inconfortables. Éthique du Mikado, en référence à ce jeu de hasard et d’adresse, nous invite alors à braver cet inconfort pour accéder à son potentiel salvateur.

PAR BRUNO LAPOINTE

PAR CHRISTIAN LALIBERTÉ

VILLA DES FEMMES, Charif Majdalani

Charif Majdalani nous raconte la vie d’une famille libanaise à partir des années 1960 jusqu’à la venue de la guerre civile. Par l’entremise du personnage de Noula, narrateur du roman, nous assistons à la grandeur et au déclin de la famille de Skandar Hayek. Ce dernier règne en maître sur son clan, sur son usine de fabrique de tissus et sur ses terres, tout en entretenant de bonnes relations avec les autres grandes familles chrétiennes et musulmanes. Ainsi, tout va pour le mieux pour les Hayek jusqu’au jour où Skandar disparaît. Noula, chauffeur et homme de confiance du disparu, raconte les déboires de cette famille au moment où le Liban s’enfonce dans une période sombre de son histoire. Avec ce roman, Majdalani nous décrit avec finesse la société libanaise.

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ÉTHIQUE DU MIKADO. ESSAI SUR LE CINÉMA DE MICHAEL HANEKE,, Sarah Chiche

Deux histoires s’entremêlent dans cette nouvelle illustrée. D’une part, celle du grand-père, qui semble avoir perdu sa raison de vivre à la mort de sa femme, puis celle de sa petitefille, à côté de laquelle il s’assoit toujours lors des repas de famille. Au milieu des festivités entourant le Concoursde-qui-ira-sur-la-Lune, le vieil homme somnole chez lui, n’ayant pu se rendre chez son barbier à cause de la foule. Pourtant, c’est sa petite-fille qui remporte le concours. Ne devait-elle pas devenir quelqu’un? N’est-ce pas un excellent moyen d’y parvenir? On l’acclame, on l’envie... Puis, arrive le jour du décollage. Elle se retrouve dans l’espace, seule. Elle n’a comme compagnons que le silence et le vide. Elle n’y était pas préparée. À ce moment, elle réalise qu’il n’y a « peut-être rien de mieux à faire que de réfléchir ». Alors, avant même d’atteindre sa destination, elle s’éjecte de la fusée. En la voyant redescendre au bout de son parachute, les gens comprennent que personne n’ira sur la Lune. Chacun retourne chez lui, reprend sa routine. Heureusement pour la jeune fille, un vieil homme l’attend tranquillement, assis dans sa Chrysler grise en forme de boîte à savon. Ainsi se termine l’histoire, laissant le champ libre à la réflexion. Quelles sont les valeurs qui habitent notre société? Quelle considération avons-nous socialement pour les personnes âgées? Que signifie « devenir quelqu’un »? Quel poids accordons-nous au regard d’autrui? Par son propos, ce livre fait partie de ceux qui nous obligent à un temps d’arrêt, à une remise en question. Adolescents comme adultes y trouveront leur compte.

JE NE TIENS QU’À UN FIL MAIS C’EST UN BON FIL,,

Sylvie Laliberté Sorj Chal La mémoire humaine enregistre des moments marquants de la vie d’une personne. On ne peut pas, de toute évidence, se rappeler chaque instant de ses 20, 30, 40, 50 ou 60 années d’existence. Mais dans Je ne tiens qu’à un fil mais c’est un très bon fil, l’auteure Sylvie Laliberté nous livre certains des moments qui font le fil d’une vie. Elle remonte dans ses souvenirs, dans le lointain de ceux qui ont marqué son enfance et de ceux qui montrent les étapes d’une vie. Une maîtrise des mots qu’elle organise en phrases qui prennent la forme d’une maxime qu’on ne veut pas oublier. Artiste multidisciplinaire, elle illustre ses propos avec force, originalité et créativité. Un petit livre dont on ne veut pas se départir. Un petit livre de rien du tout qui justifie l’importance d’écrire. Un petit livre objet pour nous aider à vivre.

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Nos versions

ORIGIN LES

« EVERY THING WILL BE FINE prouve que, 40 ans après ses débuts, Wenders reste un merveilleux conteur et un styliste raffiné. » (J.-A. Gili, Positif)

PRÉSENTÉ EN

V.O.A.S.-T.F.

UN MEILLEUR TEMPS VIENDRA

Un film de Wim Wenders Du même réalisateur : Les Ailes du désir

ALLEMAGNE · CANADA · NORVÈGE · FRANCE · SUÈDE GÉNÉRIQUE : Allemagne · Canada · Norvège · France · Suède. 2015.

115 min (V.O.A.S.-T.F. et Every Thing Will Be Fine). Drame réalisé par Wim Wenders. Scén. : Bjørn Olaf Johannessen. Mus. orig. : Alexandre Desplat. Int. : James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze.

SYNOPSIS : Écrivain dépressif, Tomas tente de trouver un nouvel élan littéraire dans le nord du Canada. Mais sa vie bascule lorsque, accidentellement, il tue un enfant avec sa voiture. Il quitte alors sa femme, tente de se suicider puis pond un roman à succès, le drame lui ayant fourni l’inspiration tant désirée. Si la célébrité est au rendez-vous, elle s’accompagne aussi pour le romancier d’un sentiment de culpabilité dont il ne pourra se défaire. NOTES : Après la sortie du documentaire Le Sel de la terre, Wim Wenders nous propose un second film en moins d’un an. Il retourne à la fiction avec cette histoire de destinées douloureuses sur fond de crise existentielle. Filmé en 3D et tourné en partie au Canada avec une distribution internationale comprenant les Québécois Marie-Josée Croze et Robert Naylor, cette œuvre présente une succession de tableaux somptueux bercés par la luminosité si particulière du Nord canadien. (P.B.) CLAP.CA

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« Deux vedettes de la série télé Game of Thrones, Gwendoline Christie et Natalie Dormer, se joignent à une distribution éminemment féminine aux côtés de Michelle Forbes, Julianne Moore, Jena Malone et Jennifer Lawrence, prêtant à la gouvernance du District 13 des allures de matriarcat, en opposition au patriarcat du Président Snow. » (Le Clap)

PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

HUNGER GAMES :

LA RÉVOLTE – DERNIÈRE PARTIE

Un film de Francis Lawrence Du même réalisateur : Hunger Games : la révolte – partie 1 ÉTATS-UNIS

GÉNÉRIQUE : États-Unis. 2015. (V.O.A. et V.F. de The Hunger Games : Mockingjay – Part 2) Drame de science-fiction réalisé par Francis Lawrence. Scén. : Danny Strong, Peter Craig, d’après le roman de Suzanne Collins. Int. : Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Jena Malone, Julianne Moore, Gwendoline Christie, Natalie Dormer. SYNOPSIS : La révolte amorcée par le District 13 s’est mutée en guerre ouverte contre les dirigeants du pays. La courageuse Katniss Everdeen prépare avec ses troupes d’élite un dernier assaut contre le Président Snow qui a failli détruire Peeta Mellark et reprendre le contrôle de Panem. NOTES : Avec ce dernier volet issu du roman Mockingjay, la saga des Hunger Games s’apparente de plus en plus à une relecture moderne de Spartacus, l’héroïne Katniss Everdeen se substituant au gladiateur révolté contre les Romains. Sauf qu’ici, les rebelles parviennent à s’emparer de Rome et à vaincre l’empereur. Mais personne ne sort indemne d’un tel conflit et la sublime Jennifer Lawrence s’investit dans cette déchirure psychologique avec une grande intensité. (A.C.)

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JOY

Un film de David O. Russell Du même réalisateur : American Hustle ÉTATS-UNIS

PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

GÉNÉRIQUE : États-Unis. 2015. (V.O.A. et V.F. de Joy). Drame biographique réalisé par David O. Russell. Scén. : David O. Russell, Annie Mumolo. Int. : Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Bradley Cooper. SYNOPSIS : Mère célibataire avec trois jeunes enfants, Joy Mangano erre d’un petit boulot à l’autre après des études en administration jusqu’à ce qu’elle invente, au début des années 90, un prototype de balai à vapeur nommé Miracle Mop. Au départ, si le succès de vente de l’appareil se fait attendre, il deviendra phénoménal dès l’apparition de Joy à la télé, alimentant l’American dream et faisant de cette femme une icône nationale de l’entrepreneuriat. NOTES : S’inspirant de la vie de Joy Mangano, une Italo-Américaine vivant à New York,

David O. Russell (The Fighter, American Hustle) replonge avec bonheur dans le film d’époque. Le réalisateur met en scène, sur plusieurs décennies, des personnages truculents, incarnés par un trio d’acteurs qu’il connaît par cœur, avec en tête une Jennifer Lawrence des plus inspirées dans le rôle d’une battante idéaliste et tenace. (P.B.)

PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

LÉGENDE

Un film de Brian Helgeland Du même réalisateur : Payback

ROYAUME-UNI · FRANCE GÉNÉRIQUE : Royaume-Uni · France. 2015. 131 min (V.O.A. et V.F. de Legend). Drame policier biographique réalisé par Brian Helgeland. Scén. : Brian Helgeland, d’après l’œuvre de John Pearson. Mus. orig. : Carter Burwell. Int. : Tom Hardy, Emily Browning, Christopher Eccleston.

THE 33

Un film de Patricia Riggen De la même réalisatrice : Girl in Progress

PRÉSENTÉ EN

V.O.A.

ÉTATS-UNIS · CHILI GÉNÉRIQUE : États-Unis · Chili. 2015. 120 min (V.O.A.) Drame réalisé par Patricia Riggen. Scén. : Mikko Alanne, Craig Borten, Michael Thomas, d’après l’œuvre d’Hector Tobar. Mus. orig. : James Horner. Int. : Antonio Banderas, Lou Diamond Phillips, Cote de Pablo, Juliette Binoche, James Brolin, Rodrigo Santoro, Bob Gunton. SYNOPSIS : En 2010, à Copiapó, au Chili, 33 ouvriers demeureront coincés pendant 69 jours dans une galerie à 688 mètres sous terre, à cinq kilomètres de l’entrée de la mine d’or et de cuivre qui s’est effondrée, avant qu’un plan soit mis en œuvre pour les sortir de là. NOTES : Cette reconstitution prend des allures de drame social en se concentrant sur l’impact de la catastrophe sur les familles des mineurs pris au piège, sur le peuple chilien, sur le gouvernement central de Santiago et sur la perception internationale des opérations de sauvetage qui s’ensuivent. Une solide distribution fait vivre aux spectateurs des moments d’émotions intenses. (A.C.)

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SYNOPSIS : Leaders cruels d’un gang criminel appelé The Firm, les frères jumeaux Ronnie et Reggie Kray imposent leurs lois dans le Londres des années 60. Il n’y a rien à leur épreuve : vols à main armée, assassinats, gérance de boîtes de nuit, escroqueries en tous genres. Devenus les gangsters les plus craints de leur époque, leur chute n’en sera que plus fatale. NOTES : Tom Hardy ne cesse d’accumuler les rôles de personnages souvent dérangés, hors normes, comme dans le troisième volet de Batman ou dans le nouveau Mad Max. Ici, sa performance est d’autant plus éclatante qu’il interprète lui-même les deux légendaires jumeaux avec une formidable cohésion. L’acteur réussit avec beaucoup de nuances à saisir toute la folie schizophrénique qui rongeait Ronnie, et l’aveuglement de Reggie face au sillon autodestructeur creusé par la folie de son frère. (P.B.)

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« Dans le rôle du scénariste marginalisé, Bryan Cranston se révèle stupéfiant. » (Le Clap) PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

TRUMBO

Un film de Jay Roach Du même réalisateur : Austin Powers ÉTATS-UNIS GÉNÉRIQUE : États-Unis. 2015. 124 min (V.O.A. et V.F. de Trumbo). Drame biographique réalisé par Jay Roach. Scén. : John McNamara, d’après l’œuvre de Bruce Cook. Mus. orig. : Theodore Shapiro. Int. : Bryan Cranston, Elle Fanning, Diane Lane, Helen Mirren. SYNOPSIS : Scénariste très estimé à Hollywood dans les années 40, Dalton Trumbo voit sa carrière prendre abruptement fin en raison de ses positions politiques. Black-listé, emprisonné, voire forcé à l’exil, durant le maccarthysme, il continuera néanmoins à travailler sous divers pseudonymes. Durant cette période de clandestinité, il remporte l’Oscar du meilleur scénario à deux reprises… Il sera finalement réhabilité au tournant des années 60. NOTES : De cette histoire ahurissante et véridique, Jay Roach (jusque-là connu pour ses comédies populaires comme Meet the Parents) tire un film passionnant. Riche en détails historiques et en anecdotes, TRUMBO repose sur une mise en scène élégante, dévouée de bout en bout à la vie de cet homme d’exception qui se sera battu avec obstination pour sa liberté de penser et ses convictions. Dans le rôle du scénariste marginalisé, Bryan Cranston se révèle stupéfiant. (S.G.)

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« SPOTLIGHT démontre l’importance primordiale des enquêtes journalistiques dans une société démocratique. » (É. Moreault, Le Soleil)

PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

SPOTLIGHT ÉDITION SPÉCIALE

Un film de Tom McCarthy Du même réalisateur : The Station Agent ÉTATS-UNIS

GÉNÉRIQUE : États-Unis. 2015. 118 min (V.O.A. et V.F. de Spotlight). Drame d’enquête réalisé par Tom McCarthy. Scén. : Tom McCarthy, Josh Singer. Mus. orig. : Howard Shore. Int. : Mark Ruffalo, Michael Keaton, Rachel McAdams. SYNOPSIS : Au début des années 2000, des journalistes du Boston Globe se lancent dans une enquête concernant de nombreux pasteurs ayant abusé et agressé sexuellement de jeunes enfants. Leurs recherches journalistiques prendront une tournure révoltante lorsqu’ils découvriront que l’Église catholique américaine mène une opération de camouflage des incidents avec la complicité de hauts dignitaires du gouvernement et de la justice. NOTES : Véritable leçon de journalisme d’enquête, qui offrira à ses

scribes un prix Pulitzer, SPOTLIGHT met en relief un drame qui n’est pas sans rappeler chez nous celui des orphelins de Duplessis. Le film se démarque par sa trame narrative forte et dénonciatrice face à une institution religieuse fragilisée par le scandale. Mark Ruffalo et Michael Keaton dominent une distribution de haut calibre au cœur de ce long métrage qui se retrouvera assurément à la prochaine cérémonie des Oscars. (P.B.)

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«Né en 1819, Herman Melville est un enfant lorsque le désastre maritime de l’Essex se produit. Il a donc 30 ans lorsqu’il écrit Moby Dick et c’est pourquoi l’acteur britannique Ben Whishaw (le « Q » de Skyfall), qui a 35 ans, l’interprète au début et à la fin du film. » (Le Clap)

PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

AU CŒUR DE L’OCÉAN

Un film de Ron Howard · Du même réalisateur : Rush ÉTATS-UNIS GÉNÉRIQUE : États-Unis. 2015. 121 min (V.O.A. et V.F. de In the Heart of the Sea). Drame réalisé par Ron Howard. Scén. : Charles Leavitt, d’après l’œuvre de Nathaniel Philbrick. Int. : Chris Hemsworth, Frank Dillane, Cillian Murphy, Tom Holland, Ben Whishaw, Brendan Gleeson. SYNOPSIS : En 1820, pendant un dur hiver, le baleinier Essex de la Nouvelle-Angleterre est attaqué par un gigantesque cachalot en plein océan Pacifique. L’équipage est décimé en mer et tente de survivre aux intempéries, à la faim et au désespoir pendant près d’une année entière. NOTES : Basé sur des faits réels, ce récit a inspiré Herman Melville pour son grand roman Moby Dick, écrit en 1851, sur la plus célèbre des baleines géantes. Au-delà de l’anecdote, le réalisateur Ron Howard (Le Code Da Vinci, Frost/Nixon) s’intéresse au sort des membres de l’équipage et à tous les choix déchirants qu’ils doivent faire pour survivre en mer. Pour l’occasion, Howard retrouve Chris Hemsworth (le pilote James Hunt dans Rush), acteur habitué à provoquer luimême les tempêtes dans le rôle de Thor dans Les Avengers. (A.C.)

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LOVE

Un film de Gaspar Noé · Du même réalisateur : Enter the Void FRANCE · BELGIQUE GÉNÉRIQUE : France · Belgique. 2015. 134 min (V.O.F.). Drame érotique écrit et réalisé par Gaspar Noé. Int.: Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin. SYNOPSIS : Murphy, 25 ans à peine, reçoit un coup de fil de la mère de son ancienne amante. Inquiète de la disparition de sa fille, elle lui demande s’il sait où elle se trouve. Cet incident ramènera Murphy dans un passé torride, lui faisant se remémorer avec nostalgie sa relation érotique, ardente et excessive avec celle qui se prénommait Electra.

« Le nouveau film de l’éternel enfant terrible Gaspar Noé impose son romantisme charnel gonflé à la 3D. » (D. Péron, Libération)

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NOTES : Seul contre tous, Irréversible, Enter the Void : chaque film de Gaspar Noé désarçonne et divise l’opinion publique. LOVE est à son cinéaste ce que Lunes de fiel fut à Pascal Bruckner, un mélodrame où le sexe sert de carburant passionnel à deux êtres qui se vautrent dans un paradis charnel inévitablement éphémère, voire destructeur. Forgé de plans très étudiés magnifiés par la technologie 3D, le sexe cru qui inonde le film prend ici l’allure d’un prétexte pour nous faire ressentir la fusion brûlante qui consume ces amants romantiques. (P.B.)

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PRÉSENTÉ EN

V.O.S.-T.F.

COURTS MÉTRAGES

THE EMBARGO PROJECT CANADA

PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

YOUTH

Un film de Paolo Sorrentino ITALIE · FRANCE · SUISSE · ANGLETERRE GÉNÉRIQUE : Italie · France · Suisse · Angleterre. 2015. 118 min (V.O.A. et V.F.). Comédie Dramatique écrite et réalisée par Paolo Sorrentino. Int. : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda, Alex MacQueen, Paloma Faith, Ed Stoppard.

GÉNÉRIQUE : Canada. 2015. 73 min (V.O. multilingue avec S.-T.F.). Courts métrages réalisés par Caroline Monnet, Zoe Hopkins, Elle-Máijá Tailfeathers, Lisa Jackson, Alethea Arnaquq-Baril. NOTES : Le projet regroupe cinq courts métrages réalisés dans différents endroits au Canada, touchant autant à la fiction qu’au documentaire et conçus à partir de directives précises que chacune des cinéastes s’est vu imposer. Tournées en français, en anglais, en mohawk et en inuktitut par des réalisatrices d’origine amérindienne, ces œuvres s’inscrivent dans une démarche visant à refléter le quotidien de membres des Premières Nations. (P.B.)

SYNOPSIS : Fred et Mick, deux vieux amis approchant les 80 ans, profitent de leurs vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre désormais à la retraite, n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps, tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, s’empressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble. Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe...

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Un film de Steve Martino

Un film de

Jean-François Pouliot et François Brisson GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. (V.O.F.). Film d’animation réalisé par Jean-François Pouliot et François Brisson. Scén. : Normand Canac-Marquis. Mus. orig. : Éloi Painchaud, Jorane. Voix. : Mariloup Wolfe, Sophie Cadieux, Gildor Roy. SYNOPSIS : L’hiver est arrivé tout comme les congés du temps des fêtes... Et les enfants d’un petit village, eux, mettent en branle leur traditionnelle bataille de balles de neige. Luc et Sophie sont les chefs des deux clans qui se feront face. Autour de la forteresse de neige construite pour l’occasion, ils élaborent des stratégies pour remporter le combat, jusqu’à ce qu’une tragédie vienne changer le cours des choses.

GÉNÉRIQUE : États-Unis. 2015. 93 min (V.O.A. et V.F. de The Peanuts Movie). Film d’animation réalisé par Steve Martino. Scén. : Bryan Schulz, Charles M. Schulz, Craig Schulz, Cornelius Uliano. Mus. orig. : Christophe Beck, David Benoit. NOTES : Cette série est mieux connue au Québec sous le titre de Charlie Brown, du nom du célèbre petit garçon créé par Charles M. Schulz. Comic strip publié dans les journaux dès 1950, PEANUTS s’anime aujourd’hui sur grand écran. Vous retrouverez inévitablement dans ce long métrage tout l’univers du dessinateur, peuplé de personnages attachants et drolatiques comme le chien Snoopy et le duo frère/sœur formé de Lucy et Linus. (P.B.) PRÉSENTÉ EN

V.O.A. ET V.F.

NOTES : Il aura fallu 31 ans pour que l’on revisite ce classique du cinéma québécois qui lança à l’époque la belle aventure des Contes pour tous. Aujourd’hui, avec cette version animée en 3D, une nouvelle génération, habituée aux films en images de synthèse, sera transportée dans un récit ludique et touchant avec des personnages toujours aussi attachants. (P.B.)

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CELLE QUI VA

PAR DAVID CANTIN

RTS DE

LA SCÈNE

Avec l’aide de ses complices des Écornifleuses, Édith Patenaude ne se gêne surtout pas afin de prendre l’espace qui lui revient dans le milieu théâtral de Québec. Également sortie du Conservatoire en 2006, donc tout juste un an après Marie-Hélène Gendreau, cette autre figure de la relève se présente en novembre au Trident pour se mesurer à l’adaptation du célèbre roman d’anticipation 1984 de George Orwell. En plus d’un spectacle en itinérance au Périscope, Le Monde sera meilleur, elle assume aussi la direction artistique du 5e Festival du Jamais Lu Québec au 2, rue Crémazie Est (du 3 au 5 décembre).

CRÉER UN

BUZZ

Mise en scène de Marie-Hélène Gendreau Au Théâtre de la Bordée Du 27 octobre au 21 novembre

Qui ne se souvient pas du film culte Trainspotting du réalisateur anglais Danny Boyle, ayant fortement marqué l’esthétique de même que l’imaginaire cinématographiques des années 1990? En 2013, Marie-Hélène Gendreau se risque à l’adaptation de Wajdi Mouawad et de Martin Bowman, à Premier Acte, avec beaucoup de succès. Deux ans plus tard, La Bordée l’invite à poursuivre l’expérience devant un tout nouveau public. Soulignons aussi que la jeune comédienne et metteure en scène revient, du même coup, à Premier Acte cette saison dans une pièce d’Anne-Julie Royer qui a pour titre Sur la montagne, nue (du 17 novembre au 5 décembre).

CRÉDIT PHOTO : MARIANNE NOËL-ALLEN

Trainspotting d’Irvine Welsh.

CRÉDIT PHOTO : MAUDE CHAUVIN

CRÉDIT PHOTO :NICOLA-FRANK VACHON

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1984 de George Orwell. Mise en scène d’Édith Patenaude Au Trident, du 3 au 28 novembre

ENCORE FABIEN CLOUTIER

Issue du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2005, Marie-Hélène Gendreau a joué au cinéma dans Les 3 P’tits Cochons de Patrick Huard, et dans quelques téléséries comme Les Hauts et les bas de Sophie Paquin, Rumeurs ou encore Chabotte et fille. Au théâtre, elle monte sur les planches sous la direction, notamment, de Frédéric Dubois, Christian Lapointe et Martin Genest. Pour Trainspotting, elle dirige cette fois le spectacle avec des tableaux qui s’enchaînent à une vitesse folle, quelque part entre l’urgence de la parole, une jeunesse abandonnée à elle-même, les ravages de la drogue, ainsi qu’un certain haut-le-cœur social. Pas nécessairement joyeux comme objet théâtral, l’ensemble résonne néanmoins beaucoup dans le contexte actuel où un regard aussi lucide sur la toxicomanie s’avère tout à fait pertinent. Autour d’un groupe d’amis, cette grande odyssée sous adrénaline ne recule devant rien pour nous faire vivre un état de dépendance, mais surtout d’amour fraternel.

Société de surveillance, réduction des libertés individuelles et fraternité clandestine sont quelques-uns des aspects du monde selon 1984. Sorti la même année, le long métrage de Michael Radford impressionne grâce aux performances d’acteurs sidérantes de John Hurt et de Richard Burton. Cette fois, Patenaude revisite ce classique criant d’actualité avec une distribution qui compte sur des interprètes tels Maxim Gaudette, Alexis Martin, Réjean Vallée, de même que Véronique Côté. Une coproduction avec le Théâtre Denise-Pelletier qui s’annonce franchement très virulente.

Lauréat d’un prix Gémeaux en septembre dernier pour son rôle de soutien dans Les Beaux Malaises, Fabien Cloutier est de retour à Québec pour présenter son premier one-man show, Assume, où le stand-up franchit l’étape du conte urbain pour mieux mettre en valeur son style aussi cru que décapant. Après quelques supplémentaires de Scotstown et de Cranbourne au Théâtre PetitChamplain, le comédien et dramaturge originaire de Sainte-Marie de Beauce se lance dans le spectacle d’humour avec comme but avoué un nécessaire brassage collectif. Toujours en période de rodage, après avoir ouvert pour la tournée de Keith Kouna à la fin 2013, Cloutier frappe fort grâce à une prise de parole sans compromis. Aucun doute qu’il atteindra plusieurs cibles lors de cette série « Drôlement drôle » qui met de côté son personnage du « chum à Chabot ». Provocateur Fabien Cloutier, sûrement!

Assume de Fabien Cloutier

Au Théâtre Petit-Champlain, les 17 et 18 novembre

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« Le spectateur ne peut rester insensible à cet hymne à l’amour qui confronte la mort à la vie. » (Le Clap)

LA DERNIÈRE LEÇON

Un film de Pascale Pouzadoux De la même réalisatrice : La Croisière FRANCE

GÉNÉRIQUE : France. 2015. 115 min (V.O.F.). Drame réalisé par Pascale Pouzadoux. Scén. : Pascale Pouzadoux, Laurent de Bartillat, d’après l’œuvre de Noëlle Châtelet. Int. : Sandrine Bonnaire, Marthe Villalonga, Antoine Duléry, Gilles Cohen. SYNOPSIS : Madeleine a 92 ans et elle a fait son choix. Elle décide de fixer la date et les conditions de son grand départ vers l’éternité. À la suite de l’annonce à ses proches, les conflits latents prennent peu de temps à s’enflammer. Pour eux, c’est le choc. Diane, la fille de Madeleine, respecte son choix et embrasse l’opportunité de vivre ces derniers moments avec humour et amour. NOTES : LA DERNIÈRE LEÇON est une adaptation du récit autobiographique homonyme écrit par Noëlle Châtelet, qui raconte le suicide de sa mère, en décembre 2002. Le film arrive à temps au Québec puisque le sujet du droit de mourir dans la dignité fait couler beaucoup d’encre et soulève les passions actuellement. La chimie entre Marthe Villalonga et Sandrine Bonnaire opère, et le spectateur ne peut rester insensible à cet hymne à l’amour qui confronte la mort à la vie.(P.L.)

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30 OCTOBRE ET 31 OCTOBRE : Venez rencontrer la productrice et réalisatrice Oana Giurgiu.

POURQUOI MOI? / DE CE EU? Un film de Tudor Giurgiu

30 OCTOBRE ·19 H 30

GÉNÉRIQUE : Roumanie. 2015. 125 min (V.O.S.-T.F.). Drame réalisé par Tudor Giurgiu. Scén. : Tudor Giurgiu, Loredana Novak. Int. : Dan Condurache, Virgil Ogasanu, Emilian Oprea, Andi Vasluianu, Mihai Constantin. SYNOPSIS : Inspiré de faits réels, POURQUOI MOI? raconte l'histoire de Cristian (Emilian Oprea), un jeune procureur idéaliste qui tente de dénouer un réseau sociopolitique complexe d’affaires de corruption en Roumanie. Cependant, son enquête a des implications au plus haut niveau de la hiérarchie. En essayant de découvrir la vérité, Cristian entre dans une zone dangereuse et est exposé à des révélations douloureuses et inattendues.

QUELQUE PART À PALILUA / UNDEVA LA PALILULA Un film de Silviu Purcarete

31 OCTOBRE ·17 H

GÉNÉRIQUE : Roumanie. 2012. 145 min (V.O.S.-T.F.). Drame écrit et réalisé par Silviu Purcarete. Mus. orig. : Vasilé Sirli. Int. : Horatiu Malaele, Razvan Vasilescu, George Mihaita, Constantin Chiriac, Ilie Gheorghe, Paul Chiributa. SYNOPSIS : Serafim, diplômé de l'École de médecine, est affecté à l'hôpital de Palilula, une ville fantôme, perdue au milieu de la plaine valaque. C’est un sanatorium-cambuse, improbable clinique gynécologique dans un endroit où aucun enfant ne vient au monde. Palilula est un endroit où des choses ridicules coexistent avec charme. La population de la ville est isolée pour l'éternité dans l'ivrognerie, les fêtes et les orgies. Le film suit le parcours du docteur Serafim à travers les années et les saisons.

Q.E.D.

Un film de Andrei Gruzsniczki

1ER NOVEMBRE ·19 H 30

GÉNÉRIQUE : Roumanie. 2014. 107 min (V.O.S.-T.F.). Drame écrit et réalisé par Andrei Gruzsniczki. Int. : Virgil Ogasanu, Ofelia Popii, Florin Piersic Jr., Sorin Leoveanu, Medeea Marinescu, Tora Vasilescu. SYNOPSIS : Roumanie, année 1984. Un mathématicien publie un article dans une revue d'une université américaine sans demander la permission des autorités communistes. Il déclenche une chaîne d'événements qui vont changer la vie des gens autour de lui. Une décision n’est jamais sans conséquences …

EN DIRECT / LIVE

Un film de Vlad Paunescu

JE NE SUIS PAS FAMEUX, MAIS JE SUIS AROUMAIN / NU SUNT FAIMOS, DAR SUNT AROMAN

3 NOVEMBRE ·19 H 30

Un film de Roma Enache

GÉNÉRIQUE : Roumanie. 2013. 115 min (V.O.S.-T.F.). Drame romantique réalisé par Toma Enache. Scén. : Adrian Conerth, Carmen Dîrvariu, Toma Enache. Mus. orig. : Petru Leftarache. Int. : Toma Enache, Linda Taylor, Rudy Rosenfeld, Teodora Calagiu Garofil SYNOPSIS : Drame romantique qui décrit le voyage de Toni Caramusat, célèbre metteur en scène parti à la recherche de la vérité absolue sur les origines de sa nation.

L’AMOUR MALADE / LEGATURI BOLNAVICIOASE Un film de Tudor Giurgu

4 NOVEMBRE ·19 H 30

GÉNÉRIQUE : Roumanie. 2006. 84 min (V.O.S.-T.F.). Drame réalisé par Tudor Giurgiu. Scén. : Razvan Radulescu, Cecilia Stefanescu. Int. : Tudor Chirila, Mircea Diaconu, Maria Popistasu, Ioana Barbu. SYNOPSIS : L'amour n'a pas de règles. Aux yeux de tous, Alex et Kiki sont de bonnes amies. Or, elles vivent une amitié plus profonde ou plutôt une autre forme d’amour. Kiki a un frère nommé Sandu. Pour leur famille, Kiki et Sandu se disputent comme il arrive parfois entre frère et sœur. En réalité, ils sont amants. Ce premier long métrage de Tudor Giurgiu raconte leur histoire.

LES ÉLUS / CEL ALES

Un film de Cristian Comeaga

5 NOVEMBRE ·19 H 30

GÉNÉRIQUE : Roumanie. 2015. 125 min (V.O.S.-T.F.). Drame écrit et réalisé par Cristian Comeaga. Mus. orig. : Marius Leftarache. Int. : Olimpia Melinte, Nicodim Ungureanu, Bogdan Stanoevici, Laura Cosoi. SYNOPSIS : Années 80. Des gens associés au pouvoir vont faciliter le désir du citoyen X de fuir la Roumanie. Des années plus tard, en échange de ce service, on lui demande une faveur, soit de commettre un assassinat. Il accepte à reculons et ses hésitations lui coûtent cher. Il est déclaré mort, il doit quitter son pays d'adoption, abandonner son identité, sa famille, bref faire table rase de toute sa vie passée. Il pense dès lors avoir tout perdu, mais il découvre qu'il a encore beaucoup à perdre.

2 NOVEMBRE ·19 H 30

GÉNÉRIQUE : Roumanie. 2015. 107 min (V.O.S.-T.F.). Suspense réalisé par Vlad Paunescu. Scén. : Mihai Manescu, Vald Paunescu. Mus. orig. : Petru Margineanu. Int. : Rodica Lazăr, Tudor Chirilă, Vladimir Gaitan, Valentin Teodosiu, Mircea Badea. SYNOPSIS : Emma est une présentatrice de télévision bien connue, animatrice d'une populaire émission d'enquêtes. L’une d’entre elles l’amène au centre d'un scandale qui va changer sa vie de façon spectaculaire. Emma sera prise au milieu d'une énorme et dangereuse machination qui expose les personnalités politiques les plus controversées du moment.

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ET PAS DE POUSSIÈRE! PAR PIERRE BLAIS

ÉVOLUTION DU LOGO DU CLAP!

1985

1990

1995

2002

2005

2012

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MAGAZINE LE CLAP N° 193 · NOVEMBRE ET DÉCEMBRE · 2015

UNE AFFAIRE DE PROGRAMMATION ET DE PASSION! Le Cinéma Le Clap fête ses 30 ans cet automne. La belle longévité de ce lieu consacré au 7e art peut paraître étonnante compte tenu du fait que, depuis le milieu des années 80, Québec a été témoin de la fermeture de nombreux cinémas, du Starcité au Cinéma de Paris, en passant par le Laurentien. Le Clap, lui, fort d’une programmation ciblée, jouit d’un public qui lui est demeuré fidèle et qui se renouvelle au fil des années. C’est le programmateur actuel du Clap, Michel Aubé, en compagnie de sa conjointe et d’un couple d’amis, qui s’est lancé dans cette aventure, après avoir renoncé à poursuivre celle de la Boîte à films à Limoilou. « On était arrivés à la conclusion que l’avenir, à cette époque, ne passait pas par Limoilou. On constatait que notre clientèle provenait à plus de 30 % des alentours de l’Université Laval. Donc, on voulait se rapprocher d’elle. On a loué le sous-sol de la Pyramide, et ce, même si le lieu n’était pas évident pour y faire des salles, mais sachant que c’était le meilleur endroit pour s’installer. Le 15 novembre 1985, on a ouvert deux salles en conservant le même mandat que celui de la Boîte à films, soit d’offrir principalement du cinéma européen et québécois. » Le projet du Clap n’a jamais fait peur à Michel Aubé, même si, en 1985, on prédisait la mort prochaine des salles à cause de la popularité des magnétoscopes et du VHS. Et pourtant : « Au moment de l’ouverture, le plus surprenant, ç’a été le succès instantané! Il n’y a pas eu de période d’adaptation; en ouvrant les portes, c’était plein. Je me souviens de la présentation du Baiser de la femme araignée, un beau film, mais pas très blockbuster : eh bien, la file partait du sous-sol et remontait jusqu’à la porte d’entrée de la Pyramide! Là, on a compris que ce serait un succès. Je me souviens aussi du phénomène des Ailes du désir : c’était des salles continuellement pleines », de se remémorer avec bonheur Michel Aubé.

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Cette popularité du Clap est aussi due à sa formule centrée sur des œuvres moins commerciales, agrémentée d’un magazine mettant en valeur la programmation et de l’Abonne-Clap, fidélisant sa clientèle. Le Clap est rapidement devenu le lieu par excellence pour voir les nouveautés du cinéma mondial. « Notre modèle est assez unique au Québec. On est souvent comparés à ce qui se fait à Londres ou à Berlin. Nous avons travaillé fort au cours des années pour développer l’identité du Clap, et ce, sans avoir beaucoup de moyens. On a ajouté des salles peu à peu et élargi notre créneau pour inclure du cinéma américain de qualité. »

nioni. Aujourd’hui, sur une affiche, le nom du réalisateur est rarement mis en évidence. Même Woody Allen n’a plus le même attrait avec ses nouveaux films. Le vedettariat des acteurs a pris toute la place et on ne peut contrer cette façon de faire la mise en marché. » Michel Aubé n’est pas prêt pour la retraite, lui qui se réjouit de l’arrivée de Robin Plamondon comme directeur général du Clap. « C’est une réussite en soi d’avoir trouvé une relève, quelqu’un avec la même passion, et prêt à poursuivre l’aventure au Clap », de conclure Michel Aubé, plus heureux que jamais à l’idée de continuer son travail de programmateur au sein d’une petite équipe passionnée de cinéma!

Sans être nostalgique, le programmateur avouera que, s’il y a une chose qui a changé dans le lien unissant le cinéma aux spectateurs, c’est l’aura des réalisateurs, qui disparaît peu à peu. « On a perdu cette habitude de s’attacher à des maîtres du cinéma, d’aller voir tous les Fellini ou les Anto-

PENDANT CE TEMPS, DANS LA CABINE DE PROJECTION

CORRIDOR DES SALLES 1 ET 2 ·1985 PREMIER MAGAZINE LE CLAP NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 1985

Le 15 novembre 1985, Richard Gouge assistait à l’ouverture des deux salles du

NOTRE SALLE 1 EN 1985

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Clap, mais en tant que projectionniste, poste qu’il occupe toujours 30 ans plus tard. « On travaillait à l’époque avec des projecteurs 35 mm. Dans la salle 1, c’était un projecteur avec le film en entier sur une seule et unique bobine, et dans la 2, on travaillait à l’ancienne avec deux projecteurs et environ six bobines de vingt minutes chacune pour un film d’une durée habituelle. Aujourd’hui, le film est devenu un fichier numérique et ça, ç’a été tout un changement pour moi, car je viens d’une famille qui a couvert un siècle d’histoire de la pellicule. Mon grand-père était projectionniste de 1917 à 1922 au cinéma Le Français, l’un des premiers de la ville de Québec. Mon père a aussi été projectionniste tout comme mon oncle qui m’a montré le métier. » Richard Gouge ajoute que le changement vers le numérique s’est fait de façon graduelle, mais qu’il a aussi provoqué, inévitablement, un réel changement dans le travail du projectionniste. « Le vieux métier a disparu, nos tâches se passent du côté de l’informatique; il faut savoir qu’il y a autant de bogues aujourd’hui avec le numérique qu’avec la pellicule, c’est juste que le problème est informatique plutôt que méca-

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nique », de préciser Richard qui aimait beaucoup la pellicule pour son grain, pour sa texture et qui décrit l’image numérisée comme plus stable, mais aussi plus froide. Celui qui se rappelle avec plaisir le succès au Clap de Cinéma Paradiso, film qui mettait en lumière le travail de projectionniste, conclura en ajoutant que, même si la technologie évolue, le cinéma est là pour durer : « Les gens veulent toujours s’évader, ils désirent encore se faire raconter des histoires ». Et heureusement, c’est ce que le Cinéma le Clap entend leur proposer, pour au moins les 30 prochaines années. Et qui sait, plus loin encore?

CATHERINE PARÉ EN POSTE AU GUICHET LORS DE LA SOIRÉE D’OUVERTURE DU 15 NOVEMBRE 1985

MAGAZINE LE CLAP N° 193 · NOVEMBRE ET DÉCEMBRE · 2015

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POUR SES

30 ANS,

LE CLAP VOUS GÂTE! CALENDRIER DE NOVEMBRE 2015

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Courez la chance de gagner une paire de billets pour le spectacle de Judy Garland à la SALLE ALBERT-ROUSSEAU! Journée FF PIZZA : 30 chanceux recevrons une carte cadeau de 10 $. Journée OSQ. À l’achat d’un billet de cinéma, courez la chance de gagner une paire de billets pour le concert L’Europe à la découverte du Nouveau Monde. Courez la chance de gagner une paire de billets pour la pièce Moby Dick à la SALLE ALBERT-ROUSSEAU! Dégustation des CAFÉS 7 ÉTOILES!

Journée ARCHIBALD : plusieurs prix à gagner. Journée sucrée avec la confiserie LA BRICOLE. Sucreries offertes aux enfants qui viendront voir LA GUERRE DES TUQUES.

Surveillez nos festivités du 30e anniversaire tout au long du mois de novembre et laissez-vous gâter!

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Surprise de LA BOULE MICHE offerte aux premiers clients! Journée IMPÉRIAL. Obtenez un gobelet de notre fameux maïs éclaté gratuitement. On se prépare à la prochaine saison de baseball avec LES CAPITALES DE QUÉBEC. Courez la chance de gagner des billets! Journée 2 pour 1 avec PEPSI ALEX COULOMBE. Obtenez deux boissons en fontaine pour le prix d’une seule. Journée CHEZ VICTOR : surprises offertes toute la journée. Gâterie sucrée à l’achat d’un café avec LE PANETIER (quantités limitées). Cadeau de la LIBRAIRIE LA LIBERTÉ. Obtenez 5 $ de réduction sur un achat de 30 $ chez notre partenaire. Courez la chance de gagner une surprise THERAVIE centre de santé!

DU 3 AU 30 NOVEMBRE

DU 21 AU 26 NOVEMBRE

Courez la chance de gagner l’un des 28 brunchs pour 2 personnes au MONTEGO. Un tirage par jour parmi les clients.

LA SEMAINE DES ABONNÉS Pour l’occasion, faites découvrir Le Clap et prélevez deux entrées en même temps sur votre carte Abonne-Clap.

Courez la chance de gagner un panier cadeau de l’Ère du Vrac, une valeur de 125 $. Tirage le 1er décembre 2015.

Utilisez votre carte Abonne-Clap pour vous gâter au comptoir de friandises. Détails au Cinéma Le Clap.

GRAND TIRAGE DU 30e ANNIVERSAIRE Remplissez un coupon chaque fois que vous vous présentez au Clap entre le 1er novembre et le 14 décembre 2015 et courez la chance de gagner l’un des 2 paniers cadeaux remplis de surprises de nos partenaires d’une valeur de 1 000 $ chacun. Consultez les règlements des concours au Cinéma Le Clap ou sur notre site Internet à clap.ca/reglements.

POUR NE RIEN MANQUER, SUIVEZ-NOUS SUR FACEBOOK! VOUS CONNAÎTREZ TOUS LES DÉTAILS DE NOS ACTIVITÉS!

MERCI À NOS PARTENAIRES POUR LEUR GÉNÉROSITÉ À L’OCCASION DES DIFFÉRENTES ACTIVITÉS QUI SERONT PRÉSENTÉES DANS LE CADRE DE NOTRE 30E ANNIVERSAIRE!

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MAGAZINE LE CLAP N° 193 · NOVEMBRE ET DÉCEMBRE · 2015

CLAP.CA


TOUJOURS À L’AFFICHE BRÛLÉ : UN CHEF SOUS PRESSION

Un film de John Wells GÉNÉRIQUE : États-Unis. 2015. (V.O.A. et V.F. de Burnt). Comédie dramatique réalisée par John Wells. Scén. : Steven Knight. Int. : Bradley Cooper, Sienna Miller, Jamie Dornan, Omar Sy, Uma Thurman.

ANNA

PAUL À QUÉBEC

Un film de François Bouvier GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. 98 min (V.O.F.). Comédie dramatique réalisée

par François Bouvier. Scén. : François Bouvier, Michel Rabagliati. Mus. orig. : Benoît Charest. Int. : François Létourneau, Gilbert Sicotte, Julie Le Breton.

SICARIO

Un film de Charles-Olivier Michaud GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. (V.O.F.). Drame écrit et réalisé par CharlesOlivier Michaud. Mus. orig. : Michel Corriveau. Int. : Anna Mouglalis, Pierre-Yves Cardinal, Pascale Bussières.

Un film de Denis Villeneuve GÉNÉRIQUE : États-Unis. 2015. 121 min (V.O.A.S.-T.F. de Sicario). Drame policier réalisé par Denis Villeneuve. Scén. : Taylor Sheridan. Int. : Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin.

LES DÉMONS

GUIBORD S’EN VA-T-EN GUERRE

Un film de Philippe Lesage GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. 118 min (V.O.F.). Drame écrit et réalisé par Philippe Lesage. Mus. orig. : Pye Corner Audio. Int. : Édouard Tremblay-Grenier, Pascale Bussières, Bénédicte Décary.

CLAP.CA

MAGAZINE LE CLAP N° 193 · NOVEMBRE ET DÉCEMBRE · 2015

Un film de Philippe Falardeau GÉNÉRIQUE : Québec. 2015. 108 min (V.O.F.). Comédie écrite et réalisée par Philippe Falardeau. Mus. orig. : Martin Léon. Int. : Patrick Huard, Suzanne Clément, Irdens Exantus.

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INDEX

FILMS À L’AFFICHE N° 193

ADN du Ceviche, L

Un film de Orlando Arriagada ..................................................... à partir du 13 novembre ..... p. 20

Anna

Un film de Charles-Olivier Michaud ............................................ toujours à l’affiche ............... p. 41

Au cœur de l’océan

Un film de Ron Howard............................................................... à partir du 11 décembre .... p. 30

Brasseurs

Un film de Pierre-Luc Laganière ................................................. à partir du 11 décembre ..... p. 23

Brûlé : un chef sous pression

Un film de John Wells ................................................................. toujours à l’affiche ............... p. 41

Carol

Un film de Todd Haynes.............................................................. à partir du 11 décembre .........p. 9

Cœur de madame Sabali, Le

Un film de Ryan McKenna .......................................................... à partir du 4 décembre ....... p. 10

Comme un avion

Un film de Bruno Podalydès ....................................................... à partir du 25 décembre ..... p. 14

Démons, Les

Un film de Philippe Lesage ......................................................... toujours à l’affiche ............... p. 41

Dernière Leçon, la

Un film de Pascale Pouzadoux .................................................. à partir du 11 décembre .... p. 35

Êtres chers, Les

Un film de Anne Émond .............................................................. à partir du 20 novembre .........p. 8

Fatima

Un film de Philippe Faucon ......................................................... à partir du 27 novembre .........p. 8

Festival du film roumain

Du 30 octobre au 5 novembre .................................................... à partir du 30 octobre ......... p. 36

Floride

Un film de Philippe Le Guay ....................................................... à partir du 27 novembre ..... p. 10

Garagiste, Le

Un film de Renée Beaulieu ......................................................... à partir du 6 novembre ...... p. 14

Guerre des tuques, La

Un film de François Brisson, Jean-François Pouliot.................. à partir du 13 novembre ..... p. 33

Guibord s’en va-t-en guerre

Un film de Philippe Falardeau..................................................... toujours à l’affiche ............... p. 41

Hitchcock / Truffaut

Un film de Kent Jones ................................................................. à partir du 18 décembre ..... p. 21

Hôtel La Louisiane

Un film de Michel La Veaux ........................................................ à partir du 18 décembre ..... p. 21

Hunger Games - La révolte - dernière partie

Un film de Francis Lawrence ...................................................... à partir du 20 novembre .... p. 27

Joy

Un film de David O. Russell........................................................ à partir du 25 décembre .... p. 28

Lions de Cannes

Le meilleur de la pub................................................................... à partir du 4 décembre ....... p. 32

Légende

Un film de Brian Helgeland ......................................................... à partir du 27 novembre ..... p. 28

Love

Un film de Gaspar Noé ............................................................... à partir du 27 novembre .... p. 31

Peanuts : le film

Un film de Steve Martino............................................................. à partir du 6 novembre ....... p. 33

Paul à Québec

Un film François Bouvier ............................................................. toujours à l’affiche ............... p. 41

Room : le monde de Jack

Un film de Lenny Abrahamson ................................................... à partir du 6 novembre ...........p. 7

Soleil de plomb

Un film de Dalibor Matanic.......................................................... à partir du 27 novembre ..... p. 18

Spotlight : édition spéciale

Un film de Tom McCarthy ........................................................... à partir du 13 novembre ..... p. 30

Sicario

Un film de Denis Villeneuve ........................................................ toujours à l’affiche ............... p. 41

The 33

Un film de Patricia Riggen .......................................................... à partir du 13 novembre ..... p. 28

The Embargo Project

Court métrages de Caroline Monnet, Zoe Hopkins, Elle-Máijá Tailfeathers, Lisa Jackson, Alethea Arnaquq-Baril ................................................................. à partir du 6 novembre ....... p. 32

Trumbo

Un film de Jay Roach .................................................................. à partir du 27 novembre ..... p. 29

Un meilleur temps viendra

Un film de Wim Wenders ............................................................ à partir du 4 décembre ....... p. 27

Une seconde chance

Un film de Susanne Bier ............................................................. à partir du 4 décembre ...... p. 25

Valley of Love

Un film de Guillaume Nicloux...................................................... à partir du 13 novembre ..... p. 18

Youth

Un film de Paolo Sorrentino ........................................................ à partir du 25 décembre ..... p. 32

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