La Visite des ombres chinoises
Hé, Anjin.
Comment ça, "toi aussi tu descends" ?
Ce n’est pas gentil de descendre sans prévenir. Toi aussi tu descends ?
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Ah bon...
Chez toi... Pourquoi tu descends dans ce village insignifiant ?
Tu as fini ton voyage, alors ?
On se dit au revoir maintenant.
Non, c’est à trois heures d’ici.
Je rentre chez moi.
C’est donc ça ton village natal ?
Trois heures ?
En bus ? A pied...
A pied...
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Je me demande pourquoi.
tam tam tam...
tam tam...
... s’il ne la recrache pas, elle reste dans ses poumons jusqu’à sa mort.
C’est mon grand-père qui disait ça.
L’air, bien sûr.
... tu ne ressens pas quelque chose comme de la haine ou un désir de vengeance ?
Quand un être humain naît, la première bouffée d’air qu’il respire...
Tu fais encore ton ignorant.
Quand tu penses à ta région natale...
Je ne ressens pas ça, donc je ne sais pas.
C’est pour cela que l’homme n’oublie jamais l’air de sa région natale.
La région natale, c’est l’air.
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Ça résonne.
Ouaoooh
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Il y en a encore pour deux heures, non ?
Anjin, reposonsnous un peu.
Deux heures, ce n’est rien. Nous sommes bientôt arrivés.
...
J’ai du mal à saisir ta vision des choses.
pom pom pom...
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Dis. Dis. Quel genre de personne tu es ?
... Je ne sais pas pourquoi, mais tu m’intrigues.
Je suis banal.
C’est un genre que tu te donnes ?
On dirait que tu es en éveil spirituel.
Je suis banal.
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Je ne penses pas que tu sois banal.
... tu as dû recevoir bien des plaies et des bosses...
Tu ne pourrais pas faire cette tête, sinon.
Pour pouvoir faire cette tête...
Ou bien tu es fou.
Lequel des deux ?
Dis-le, rien qu’à moi. Que t’est-il arrivé dans ta jeunesse ?
Rien.
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Je suis sûr qu’il y a quelque chose.
Il ne m’est rien arrivé dans ma jeunesse.
... c’est quelqu’un comme moi, qui n’a rien vécu dans sa jeunesse.
Je vivais avec une femme banale, qui est tombée enceinte, puis on s’est mariés...
Ha ha, et moi je me retrouve tout seul.
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Ce n’est pas possible.
Quelqu’un de banal ...
La seule chose qui me soit arrivée, c’est de me marier.
Cette même femme s’est dégoté un homme...
Mais bon, en allant dans ta région natale, je pourrai comprendre qui tu es.
Allons-y !
Que fais-tu, Anjin ?
Dépêchons.
Je dois aller chez quelqu’un sur le chemin.
Non, c’est tout ce que j’ai.
Ah, tu veux aller manger ?
Non.
Tu peux m’en prêter ?
Je n’ai que ça...
J’ai un peu d’économies.
Kirihito, tu as de l’argent ?
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Tu ne veux pas y aller les mains vides, c’est ça ?
Je t’emprunte 10 000 et 500 yens.
Bon, d’accord.
Ta maîtresse ?
Oups.
S’il te plaît, je te les rendrai.
Au fait, tu vas chez qui ?
Oui, une femme.
Elle est mignonne ... ?
Ha ha ha, quelle franchise.
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Elle est très mignonne.
Le soleil couchant est ĂŠnorme.
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...
Oh... une grue.
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Elle me salue.
...
Chut.
Mais qu’est-ce que tu fais, Anjin ?
...
Oh, un escargot.
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Merci.
Aïe aïe aïe.
... Cette fois, c’est un escargot plus petit.
Hop. Hop. Hop.
Oh, une colombe.
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Maintenant, un lapin.
Une colombe sur un rocher.
Ouaah...
Hop.
Un renard.
Flap flap flap.
Et maintenant, un canard.
Comment vas-tu, Sachiko ? Comment te senstu ?
Cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus.
Hop...
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Je suis venu de loin...
... sur le dos de mon cheval.
Qui est-ce ?
Je vais enlever mon chapeau pour te dire bonjour.
Ah !
Ha ha ha, Anjin !
Oui. Tu as meilleure mine que la dernière fois.
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Tu es vraiment venu.
Anjin.
Tu as enfin ri, Sachiko.
Vous êtes de la même famille... ?
Non, on est amis.
On s’est rencontrés alors que Sachiko se promenait.
Oui.
C’est là qu’on s’est rencontrés.
Mais ce jour-là, je me sentais bien et je suis sortie.
Je dois rester allongée d’habitude...
Au cours d’un voyage d’Anjin.
Ah.
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Tes médicaments.
Il y a la notice d’utilisation à l’intérieur.
Je le pose ici.
Allonge-toi, maintenant.
Koff.
Oui.
Merci.
... c’est un médicament très efficace.
Tu vois ...
Oui.
Et il t’a laissé un médicament ?
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Je ne connais que son nom. Je ne sais pas.