Dame Cochon, messire l'ours et le lynx chantant

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Dame Cochon, messire l’Ours et le Lynx chanteur Traduit du finnois par Kirsi Kinnunen et Emmanuelle Lavoix


Remerciements à Leena Koivisto et Sirpa Wahlqvistpour leurs connaissances historiques et à Cassius, Satu, Heli et Sami pour leurs commentaires sur les illustrations. Texte © Aira Savisaari 2004 Illustrations et maquette © Janne Harju 2004 Traduit du finnois par Kirsi Kinnunen et Emmanuelle Lavoix (remerciements au FILI + logo) WSOY


Dame Cochon, messire l’Ours et le Lynx chanteur Ou comment Ilmari, l’Ours forgeron, en forgeant, martelant et battant pendant trois jours, transforma l’argent de l’eau en bonheur.


Il était une fois une forêt verte qu’une rivière sinueuse traversait. Dans l’un de ses méandres, elle se transformait en un petit rapide qui dansait et chantait en cascadant ; sur sa rive s’élevait un bouleau à trois cimes, et sous le bouleau se dressait une maison. C’était là, il y a 1000 ans en Finlande, qu’habitaient Annikki, Ilmari et Ilves. Annikki dame Cochon était la maîtresse du logis, Ilmari messire l’Ours s’occupait des travaux de la forge et le Lynx chanteur détenait le secret des chants puissants et magiques. C’était l’été et une douce brise du sud courait à travers le feuillage du bouleau. Annikki chemina pleine d’espoir vers sa barque pour aller pêcher. La faim la dévorait car ils n’avaient eu que deux petits oignons cuits en guise de petit-déjeuner, aussi minuscules que l’anneau qui ornait sa queue. Le long hiver avait presque épuisé leurs provisions. Annikki tira son lourd filet gorgé d’eau dans sa barque, mais il était vide. Saperlipopette ! Comment remplir sa marmite maintenant ? Durant la matinée, Ilmari et Ilves avaient durement travaillé et bientôt, ils se mettraient à table.



Annikki s’en fut alors dans le cellier où elle entreposait ses vivres. Heureusement qu’il lui restait encore un peu de farine d’orge dans son coffre. Elle sortit prestement une grande jatte, y versa quatre tasses de farine, ajouta un peu d’eau et se mit à pétrir. En un tournemain, la pâte à pain fut prête. Elle en confectionna des galettes qu’elle fit cuire sur des pierres chauffées par un feu de bois. Puis elle courut le long du sentier jusqu’à la forge en hélant ses compagnons : - À table !


La porte de la forge était ouverte. Le dos tourné, Ilmari martelait le fer avec une telle force que la sueur dégoulinait de son front sur son cou, et de son cou sur l’enclume. Ilves le barde mage actionnait le soufflet de sa patte énergique, en fredonnant des chansonnettes comme susurre un moustique. Annikki s’arrêta sur le seuil de la porte et leur demanda : - Savez-vous quel serait le plus grand bonheur sous le soleil, les étoiles et notre bouleau aux trois cimes ? Ilmari retint son marteau et Ilves mit sa patte à terre. - C’est l’argent. Croyez-moi, annonça Annikki, si j’avais eu quelques pièces dans ma bourse, je serais partie au bourg pour acheter un beau brochet que j’aurais vidé, écaillé et mis à cuire dans ma marmite. Mais sans argent, du brochet, je n’ai même pas une dent à cuisiner. Nous devrons nous contenter de pain et de lait caillé. - Est-ce l’argent le plus grand bonheur du monde ? s’étonna Ilves. - Est-ce l’argent qui apportera le bonheur dans notre maison ? demanda Ilmari. - C’est bien là ce que je pense, répondit Annikki.



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