DOSSIER LIGHT GRAFF

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Dossier technique

Les Francas 2010


Le Light Graff ou Light Painting Un article inspiré par Wikipédia, l'encyclopédie libre, et quelques sites Internet dont tu trouveras les références sur l’Agora des Francas 31. Le light painting (littéralement « peinture de lumière » en français) est une technique de prise de vue photographique. Elle consiste à utiliser un temps d'exposition long dans un environnement sombre et en y déplaçant une source de lumière ou en bougeant l'appareil photo. La photographie obtenue révèle alors toutes les traces lumineuses dues soit à l'exposition directe du capteur à la source lumineuse, soit aux objets éclairés.

Description

Mouvement de sources lumineuses créant un effet de light painting

Le terme « light painting » recouvre à la fois des photos dont la scène est éclairée de l'extérieur que celles exposées par des sources de lumière dans l'image, par exemple tenues à la main et dirigées vers l'objectif. La photo est donc largement déterminée par le jeu de lumières produit pendant le temps d'exposition, donnant l'impression de peindre la scène avec de la lumière. L'utilisation de lumières de différentes couleurs élargit encore le spectre des possibilités. La mise en pratique de cette technique requiert un appareil photo disposant d'un temps de pose d'au moins une seconde, et de plusieurs minutes pour des scènes évoluées. Tout comme la photographie de nuit, cette pratique a gagné en popularité avec l'avènement de la photographie numérique, entre autres parce que le photographe peut contrôler immédiatement le résultat de ses prises de vues.

Histoire Le photographe américain Man Ray a réalisé plusieurs œuvres utilisant cette technique : A Man With Moving Light et Space-Writing, en 1937. Pablo Picasso et le photographe Gjon Mili ont réalisé une série de photographies en 1949 en faisant un rapide crayonné dans l'air.


Le peintre Georges Mathieu fit une photographie pour une couverture de magazine japonais dans les années 1950.

Images obtenues En déplaçant la source lumineuse Le light painting est en général pratiqué : •

soit en étant devant l'appareil et en déplaçant une ou plusieurs sources lumineuses dans une scène pendant que l'appareil photo est sur pose longue. Le résultat ressemble alors au tracé d'un crayon clair sur un fond sombre, soit en étant derrière l'appareil et en éclairant durant le temps de pose des parties spécifiques d'un objet ou d'une scène pendant que l'appareil photo est réglé sur pose longue. Cette technique est utilisée notamment en exploration urbaine dans le cas de la photographie de vastes lieux obscurs où le flash ne convient pas.

En déplaçant l'appareil photo Le light painting obtenu en déplaçant l'appareil photo, également nommé « camera painting » ou « camera toss », consiste à peindre une source de lumière sur le capteur de l'appareil photo en déplaçant ce dernier. Le mouvement relatif du boîtier par rapport à l'objet éclairé donne un résultat approchant celui qu'on pourrait obtenir avec un appareil fixe ; mais le mouvement doit être d'amplitude beaucoup plus faible et le résultat est plus difficile à prévoir.


Technique et équipement Le point et la profondeur de champ ne sont pas aisés à modifier pendant que la photo est en cours d'exposition. On règle donc généralement l'ouverture du diaphragme aussi petite que possible, ceci ayant l'inconvénient de limiter la quantité de lumière, déjà rare dans un environnement sombre. Les lampes de poche associées à des filtres colorés permettent de varier les teintes de lumières, leds, néons, flashs portatifs, frontales ou stylos lumineux, tisons enflammés, écrans de téléphones portables peuvent servir pour créer des formes insolites, dans une gamme de couleurs variées. Il existe même des sources lumineuses créées spécifiquement pour cet usage, comme le « Hosemaster », qui utilise une fibre optique pour créer un point lumineux précis. D'autres sources telles que bougies, allumettes, briquets et objets luminescents type cyalume sont aussi couramment employés. Un trépied est généralement nécessaire pour garder le boîtier immobile durant le long temps de pose, mais l'appareil peut être posé sur tout support stable et donner le même résultat. Un déclencheur à câble, évitant toute vibration causée par l'appui sur le déclencheur du boîtier, un déclencheur à minuteur ou une télécommande infrarouge à distance peuvent être utilisés pour parfaire les photos. Une mise au point manuelle est souvent employée car la mise au point automatique est difficile dans un environnement sombre. De plus, le photographe en light painting utilisera un film à faible sensibilité, ou un réglage à faible niveau ISO pour éviter le bruit (100 ISO). Évaluer l'exposition correcte de l'image requiert de la pratique et varie selon l'intensité des lumières utilisées et l'intensité de l'environnement lumineux. Dans le cas d'une photo avec déplacement de l'appareil, la moindre lumière ambiante conjuguée à des temps de pause trop long causeront rapidement une image délavée.

Applications en vidéo et film d'animation Image par image Plusieurs collectifs se sont emparés de la technique pour réaliser des films d'animations image par image : le collectif allemand lichtfaktor, le collectif pika pika, le collectif lightgraff. Une campagne de publicité de Numéricable propose une animation avec ce principe.


En vidéo lors du montage La conservation des traits de lumières dessinés dans l'espace peuvent être réalisés grâce au logiciel Adobe After Effects avec un effet écho appliqué au film original. On retrouve cette technique utilisée dans une publicité pour le iPod nano, et dans la pub d'Yves Saint-Laurent pour le parfum Elle. Le clip vidéo Fortune Faded du groupe de musique les Red Hot Chili Peppers réalisé par le français Laurent Briet, est également une application du light painting en vidéo.

En vidéo en temps réel Musique dans le noir, une installation sonore de light painting interactif de Jean-Robert Sedano et Solveig de Ory utilisant la vidéo en temps réel. Le collectif Urbn-buzz composé de Sangeeta, danseuse et chorégraphe indienne de Bharatanatyam, Cyrille Brissot, musicien-chercheur à l’Ircam spécialiste de la captation de geste, et Marko-93, a monté un spectacle nommé Mayakkam Oxymore.

TECHNIQUE POUR LIGHT PAINTING Attention ? C’est technique !!!

;-)

Disponible également plus complet dans le livre “Light painter, histoires lumineuses” (LME)

Le principe (il faut du temps pour que le décor soit capté, mais les lumières le sont instantanément, ce qui permet de faire des traits, et masque le “painter” qui bouge tout le temps) La technique du light painting drawing consiste à utiliser des sources de lumières mobiles ou fixes afin de peindre des formes lors de la prise de vue. Pendant les plusieurs secondes voir minutes de temps de pose, le capteur de l’appareil photo enregistre les déplacements des lumières instantanément tout en intégrant la scène environnante. Etant en mouvement et portant des vêtements sombres, je n’apparais que rarement de façon fantomatique sur les photographies réalisées.

Le matériel - Les différents types de boitiers et objectifs qui peuvent convenir (numérique, argentique) et des fonctions importantes qu’ils doivent posséder (au niveau vitesses, cellules, ouverture, etc.)


Il est possible de réaliser du light painting avec n’importe quel appareil permettant la gestion du temps de pose qui correspond au temps disponible pour réaliser les light painting. Il est intéressant de plus de pouvoir régler la sensibilité (ISO) ainsi que l’ouverture de l’objectif. Il est expliqué ci après l’importance de ces trois valeurs dans la réalisation du light painting. Les objectifs seront choisis en fonction de la scène choisie. Un téléobjectif polyvalent type 18-200 permet de couvrir un très large type de scènes et ici il n’est pas nécessaire de posséder un objectif lumineux (type F/2.8…) puisqu’il faut au contraire maximiser le temps de pose en diminuant l’ouverture. Pour ma part, je réalise souvent les light painting avec une seule et même combinaison : boitier et 35-70mm. Seul, il peut de plus être risqué dans des endroits fréquentés de trop s’éloigner de son matériel pendant la prise de vue ! Le flash permet de figer des éléments de la scène et de les rendre clairement visibles sur la photo. Ainsi, sur la photo intitulée « Light soccer », le flash a été déclenché en début de prise de vue afin que j’apparaisse sur l’image. - Les choix éventuels de pellicules (papier, diapos, iso, etc) Dans le cas d’utilisation d’appareil photo argentiques, il est judicieux d’utiliser des pellicules à faible sensibilité (ISO 100-200) afin de pouvoir si besoin régler un temps de pose aussi long que nécessaire tout en minimisant la présence de bruit sur l’image. Si l’appareil photo numérique le permet, il est judicieux et important d’enregistrer les images au format RAW, fichier résultant d’un minimum d’altérations informatiques et restituant les données brutes de l’image enregistrée par le capteur. Il existe différents types de fichiers .RAW propres à chaque fabricant. Enregistrer les images dans ce format permettra par la suite, si besoin, d’effectuer des corrections précises sur les images sans aucune altération au niveau de la qualité du fichier ce qui n’est pas le cas avec les fichiers compressés de type .jpg. Il faut veiller à posséder un logiciel compatible avec le type de fichier .RAW à traiter. Le fichier .RAW peut être considéré comme le négatif d’une photographie réalisée avec un appareil photo numérique.


- Les lampes qui vont bien (pour faire des traits fins, des “pinceaux”, des couleurs différentes, etc) Le choix des lampes se fait principalement en fonction de l’épaisseur du trait voulu ainsi que de la couleur. L’intensité du faisceau a également son importance mais il n’est pas nécessaire dans le cadre de light painting à proximité de l’appareil d’utiliser des lampes puissantes. Quand le light painting est réalisé à une distance importante de l’appareil, une lampe puissante est recommandée afin d’optimiser la visibilité du light painting sur l’image. Pour obtenir des traits de couleur, ils existent des lampes avec ampoules colorées et des filtres applicables sur le devant des lampes. Utilise des bouchons colorés de bouteilles de soda qui s’appliquent parfaitement à une Maglite classique. Les accessoires importants (pied, flash éventuel, etc) Le trépied est l’accessoire indispensable dans le cas où la scène doit être nette avec de longs temps de pose. Il existe une multitude de types de trépieds ; en choisir un en fonction du poids de l’appareil à supporter et en fonction de la longueur des pieds voulue. Ainsi, pour réaliser les scènes de ce livre, j’ai mis l’appareil à hauteur de regard d’adulte dans la plupart des cas afin de montrer des scènes telles que je les voyais. Il est possible d’effectuer du light painting à main levée, par exemple en bougeant l’appareil photo devant un point lumineux fixe afin de peindre. On peut alors parler de « camera painting ». Une télécommande (filaire, sans fil) ou une fonction de retardateur sur l’appareil permet de déclencher la prise de vue sans manipuler l’appareil ce qui minimise les vibrations éventuelles (flous de bougé) et permet au light painter d’être correctement placé dès le début de la prise de vue. J’utilise une télécommande filaire qui possède un bouton permettant de bloquer l’obturateur ouvert ; en mode « bulbe » je peux ainsi avoir des temps de pose aussi longs que nécessaires. (Nikon MC-30) Porter des vêtements sombres minimisera les chances d’être visible sur les photographies.

La pratique - préparer ce que l’on va faire (par exemple : lieu qui permet de bouger, cadrage qui élimine des objets trop brillants, prendre des repères car on ne verra pas ce qu’il y a dans le viseur, etc) Il est important de faire des prises de vue avant la réalisation du light painting afin de déterminer quels seront les réglages optimaux qui donneront le temps nécessaire à la réalisation ainsi que le rendu du décor souhaité. Cela permet par exemple d’éviter les surexpositions, les flous, les hors cadre etc


La balance des blancs doit être réglée en fonction du rendu recherché. En milieu urbain, la lumière provenant des lampadaires est généralement à dominante jaune. Afin d’obtenir une balance des blancs la plus correcte possible, le light painter peut utiliser une charte de gris neutre portable qui devra apparaitre sur la scène pendant les essais de prise de vue afin de pouvoir par la suite régler la balance des blancs à l’aide d’un logiciel approprié. J’ai toujours dans mon sac la charte de gris portable de TrueColors Card, compacte et parfaitement fonctionnelle. Le light painting se réalisant exclusivement dans un endroit sombre, il peut arriver que la scène soit à peine visible dans le viseur. Il faut alors penser à prendre des repères (marques au sol, éléments de la scène visibles…) afin de ne pas sortir du cadre. Pour la mise au point, il est possible par exemple de la réaliser automatiquement en éclairant une zone de la scène avec une lampe puis en passant la mise au point en mode manuel. La mise au point ajustée le restera ainsi pendant les prises de vue de la même scène. Il peut être intéressant d’intégrer dans la scène des sources de lumière mobiles telles que phares de voitures, trains… il faut alors penser à déclencher au bon moment afin que l’élément apparaisse sur la scène pendant la prise de vue. Dans l’exemple ci-dessous, les prises de vues ont été réalisées à quatre minutes d’intervalle, les feux de la voiture permettent de mettre en lumière le décor.

Lors de la réalisation du light painting, il est important de penser à pointer la source de lumière (lampe…) vers l’objectif afin de rendre le trait de lumière le plus apparent possible. Notez que le capteur de votre appareil photo ne sera pas endommagé par les faisceaux de lampes, lasers etc. le pointant directement. Etre le plus souvent en mouvement pendant la prise de vue limite, au même titre que le port de vêtements sombres, l’apparition du photographe sur l’image. - Calculer l’ouverture, le temps de pose Ils existent trois réglages qui influent directement sur le rendu de la scène photographiée. La sensibilité (ISO), l’ouverture (F/) et le temps de pose. Les boitiers proposent généralement la possibilité d’effectuer ces différents réglages. La flexibilité de ces derniers dépend bien évidemment du type


d’appareil photo utilisé. Il y a parfois certaines restrictions comme par exemple un temps de pose maximum de 30 secondes. - La sensibilité (ISO) : Dans le cas du light painting, la sensibilité doit être basse (ISO 100-200) afin que le capteur de l’appareil photo soit moins sensible à la lumière permettant des scènes correctement exposées malgré le long temps de pose. Par ailleurs, plus la sensibilité est basse, moins le bruit est apparent sur la photographie. - L’ouverture (F/) : Plus le diaphragme est ouvert plus la lumière est captée et moins la profondeur de champs est importante. L’ouverture doit être réglée en fonction de la profondeur de champs recherchée et de façon à pouvoir utiliser le temps de pose voulu. La valeur F/ de l’ouverture est contraire à l’ouverture physique du diaphragme de l’objectif utilisé. Ainsi une grande ouverture sera par exemple de F/2.8 alors qu’une petite ouverture sera de l’ordre de F/16.

- le temps de pose : A déterminer en fonction du light painting à réaliser ainsi qu’en fonction des réglages de la sensibilité et de l’ouverture. Afin d’obtenir des filés d’étoiles par exemple, il est nécessaire d’avoir un temps de pose de plusieurs minutes ce qui n’est pas réalisable sur tous les appareils et il est dans ce cas nécessaire de pouvoir bloquer l’obturateur ouvert aussi longtemps que souhaité.

EN RESUME … Pour faire du Light Painting, il est nécessaire de remplir certaines conditions. Dans un premier temps, vous aurez besoin d’un environnement le plus sombre possible. Un tunnel, une pièce mal éclairée ou un endroit visité en pleine nuit feront parfaitement l’affaire. Ensuite, dans un second temps, il vous faudra une ou plusieurs sources lumineuses quelconques, comme une lampe torche, une flamme, les phares d’une voiture... Côté réglages, il faudra opter pour un temps d’exposition long et vous devrez donc utiliser soit un reflex numérique, soit un appareil photo numérique ou un bridge proposant ce type d’option. Dans tous les cas, il vous faudra du matériel de bonne qualité pour obtenir un rendu optimal.


Mais ce n’est pas tout. Car pour que l’effet soit vraiment saisissant et intéressant sur le plan artistique, il est nécessaire de créer un mouvement. Ainsi, il faudra que la source lumineuse soit déplacée ou que vous bougiez votre appareil photo pour que le résultat soit à la hauteur de vos attentes. Notons que la meilleure solution est d’opter pour une source lumineuse mobile et d’utiliser un trépied pour que l’appareil photo reste parfaitement en place. Précisons en outre que le Light Painting peut parfaitement être adapté à la vidéo.

Bibliographie

G.J. Plisson (textes et photographies), Rézine (Calligraffiti), Hassan Massoudy (Calligraphe), Julien Breton/Kaalam, Marko93, Deter, LightGraff, Graff it productions, 2007 (ISBN 2-9147-1404-1) Nicholas Bourquin, Sascha Thoma, Ben Wittner, Arabesque: Graphic Design from the Arab World and Persia, Die Gestalten Verlag, 2008 (ISBN 3899552067)

Christopher Hibbert (photographies et tutoriel), Gilles Garidel (textes), Light painter, histoires lumineuses, La Maison d'éditions, 2009 (ISBN 978-2-

36026-001-0)


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