LE SOFTINTERNATIONAL 1448

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international THE INTERNATIONAL DRC LEADING NEWSPAPER

SINCE 1989 N°1488 | VENDREDI 12 JUIN 2020 | 20 PAGES €7 $8 CDF 10500

Par quelle magie peut-il s’en tirer? Lourdes peines requises (emprisonnement ferme, remboursement des fonds, confiscation des biens, perte de l’exercice du droit de vote et d’être élu), etc. DR. THE NEWSPAPER LE SOFT INTERNATIONAL IS PUBLISHED BY FINPRESS GROUP BRUSSELS PARIS KINSHASA DIFFUSION MONDE PRESSHOP BRUSSELS.


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l’actu

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Kabund marque un grand coup

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À g., la députée Patricia Nseya Mulela. À dr., Jean-Marc Kabund. La guerre pour le poste de 1er Vice-Président de l’Assemblée Nationale aura-t-elle lieu? DR.

ifficile de dire si la justice lui donnera raison ou pas. Il n’empêche! En réussissant au conseil d’État de faire déclarer recevable son action contre la présidente de l’Assemblée nationale Jeannine Mabunda Lioko qui a procédé le 25 mai à sa destitution, JeanMarc Kabund-A-Kabund a marqué un grand coup. Dans un arrêt de forme, en attendant que la Cour Constitutionnelle se prononce sur le fond, elle qui a compétence d’annuler la décision de la plénière de l’Assemblée nationale, c’est-àdire, confirmer ou annuler la

déchéance, le président a.i de l’UDPS a gagné une première bataille : l’ordre de suspension du processus engagé samedi dernier de l’élection de son rempaçant au poste de vice-président de l’Assemblée Nationale. C’est un juge administratif qui a pris un arrêt provisoire ordonnant la surséance des effets d’une décision administrative. SAUVÉ PAR LE GONG. Signe que le 1er Vice-président de l’Assemblée nationale certainement sur un siège éjectable, a voulu faire parler le droit et la justice. Qui l’en empêcherait? C’est un droit le plus légitime, dans un pays de liberté et un État de droit, de contester un acte et de

se présenter devant un juge. D’aucuns y verront une rébellion contre une décision du Parti d’autant que la candidate au remplacement de JeanMarc Kabund-A-Kabund au bureau de l’Assemblée Nationale, l’élue UDPS de Likasi, Haut-Katanga, Patricia Nseya Mulela, seule candidate à être retenue au poste, a été accompagnée au dépôt de sa candidature par le parti représenté par son secrétaire général, Augustin Kabuya Tshilumba. Jamais certainement, celui-ci ne se serait déplacé s’il n’avait pas reçu le go du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, autorité morale de l’UDPS et chef suprême du parti historique. On pourrait certes percevoir

un certain trouble. Sauf qu’à l’UDPS et dans son intime conviction, le Chef de l’État n’a jamais cessé de le proclamer et de le répéter : jamais, après une trentaine d’années de combat pour la liberté et l’État de droit au Congo, il ne lui arrivera de donner l’image d’un chef autocrate et donc, cela va de soi, qu’il a le souci sans cesse de laisser libres les siens s’exprimer. On pourrait également y voir des signes de faiblesse dans l’exercice du pouvoir. Il s’agit certainement d’une absence de cohérence, mieux de discipline qui existe rarement ailleurs. Mais aussi le fait que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ne soit pas intervenu dans ce processus judiciaire montre certainement

Impossible consensus à la CÉNI chez les religieux devant prêcher par l’exemple

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ls prêchent le dialogue, l’apaisement, l’amour. Les représentants des églises congolaises sont incapables de rechercher le dialogue, l’entente, l’apaisement, l’amour, le consensus. Quand les églises débattent de questions politiques, c’est du chacun pour soi, Dieu pour tous. Le CLC s’est dit contre le choix d’un membre ayant fait équipe avec Corneille Naanga Yobeluo, le président sortant de la CÉNI pour prendre la tête de la Commission électorale nationale indépendante. Pour le Comité Laïc Catholique, l’équipe chapeautée par Nangaa a fait preuve d’une gestion «chaotique» du processus électoral. «Le CLC informe l’opinion tant nationale qu’internationale et particulièrement la Présidente de l’Assemblée Nationale que le Peuple congolais n’acceptera jamais un membre de l’équipe Nangaa à la tête de la CÉNI. L’histoire

la plus récente démontre que la gestion chaotique du processus électoral par l’équipe Nangaa est à la base de l’actuel dysfonctionnement des institutions de l’État, en bridant tous les espoirs du peuple congolais pour une alternance effective et un changement véritablement démocratique de la vie nationale», écrit le communiqué des Laïcs catholiques. EN ORDRE DISPERSÉ. D’ajouter : «Devant un tel passif, il est manifestement indécent d’envisager, un seul instant, de hisser à la tête de la CÉNI un autre pion de la manipulation des élections qui ont rendu ce rendez-vous sacré entre le peuple et ses dirigeants légitimes, une caricature, un simulacre de vote dont les voix sont ignorées». Les chefs des confessions religieuses reconnues par l’État (huit au total) ont dit mercredi 10 juin lors d’une conférence de presse, n’avoir pas pu dégager un consensus sur une personne qui «représente les valeurs auxquelles tiennent les confessions religieuses, entre

autres le professionnalisme, l’éthique et l’indépendance vis-à-vis des acteurs politiques», pour assurer la présidence de la CÉNI. Réunis deux jours durant sous la modération du cardinal Fridolin Ambongo, ils n’ont trouvé aucun consensus. Les discussions ont été houleuses car la crédibilité des élections de 2023 en dépendent, affirme un chef religieux. Finalement, seuls les catholiques et les protestants ont communiqué. Ces derniers expliquent le blocage qui souligne «l’intransigeance des uns et des rumeurs persistantes de corruption, aussi par souci de privilégier une solution consensuelle». «À ce stade, chaque camp est bloqué. Chacun prétend que son candidat est le meilleur. Ce serait ridicule de la part des chefs spirituels de proposer un candidat connu de tout le monde comme ayant des accointances à gauche et à droite», souligne l’abbé Donation N’Shole, secrétaire général de la Cenco, l’épiscopat congolais. Si l’Église catholique a choisi Cyrille Ebotoko, responsable

actuellement du Programme d’éducation civique et électorale à la Commission épiscopale justice et paix de la Cenco, les protestants de l’ECC ont présenté Rémy Eyale, un formateur en gouvernance électorale. Problème : il avait a été candidat lors de dernières législatives pour le compte d’un partis d’opposition. Les Kimbanguistes pointent donc un problème d’indépendance, mais leur candidat, Ronsard Malonda, soutenu par cinq autres représentants des confessions religieuses, est l’actuel secrétaire exécutif national de la CENI, ce qui passe mal dans l’opinion dès lors que les membres de l’actuelle commission électorale sont soupçonnés d’être à l’origine de fraude massive. Six confessions religieuses menées par les Kimbanguistes ont réclamé le passage au vote. Président de séance, le cardinal Fridolin Ambongo a suspendu la plénière en espérant trouver un consensus dans les prochains jours. ALUNGA MBUWA n

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l’indépendance dont jouit désormais la justice congolaise. Reste que si la campagne électorale s’est terminée mercredi 10 juin, l’élection proprement dite était prévue pour le vendredi 12 juin. Si, entre-temps, la Cour Constitutionnelle ne s’est pas prononcée, l’Assemblée nationale - les vacances parlementaires arrivant de toute vitesse, la fin de la session en cours est prévue pour le 15 juin - JeanMarc Kabund-A-Kabund pourrait être sauvé par le gong et contraindre la Chambre à en remettre le couvert à la prochaine rentrée, c’est-à-dire, à la session mars. Un vrai camouflet pour ceux qui ont célébré tôt cette éviction.

D. DADEI n

Portefeuille, ça décoince

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n attendait ça depuis de longs mois : ça y ait c’est la fumée blanche dans le portefeuille de l’État. Les premiers mandataires sont connus avec la signature par le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, de plusieurs ordonnances lues jeudi au Jt de 20 heures de la Rtnc. Les plus grands mouvements à noter sont le retour de trois ministres aux affaires: Lambert Mende Omalanga nommé PCA à la Ligne Maritime Congolaise, José Makila Sumanda à l’ex-ONATRA (Scpt) et Bienvenue Liyota au même poste de PCA à la RVA, Régie des Voies Aériennes. Il faut noter la nomination de Laurent Batumona à la Direction Générale de la Dette Publique comme Directeur Général, lui qui est un ancien DG de la DGI. De même, le maintien d’Abdallah Bilenge comme Directeur Général à la RVA soupçonné pourtant de malversations financières et visé par une action administrative. Touchons du bois que le moment est venu de décoincer les nominations qui datent de plus d’un an à la Gécamines et à la SNCC.

ALUNGA MBUWA n


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l’actu

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Sesanga veut dissoudre le CNSA quand Olenghankoy est accusé de détournement

L

e député Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng connu pour sa production législative propose de dissoudre le CNSA, Conseil national de suivi de l’Accord et du processus électoral. Le 8 juin, l’ancien secrétaire général du parti MLC de JeanPierre Bemba Gombo nommé ministre du Plan du régime 1+4 pour six mois, du 24 mars au 10 octobre 2006, pour le compte du même parti après avoir été directeur de cabinet du gourou du mouvement rebelle de l’Équateur alors un des quatre Vice-présidents de la République, a transmis à la Présidente de l’Assemblée nationale Jeannine Mabunda Lioko une proposition de loi organique abrogeant la loi organique n°18/023 du 13 novembre 2018 qui porte institution, organisation et fonctionnement du Conseil national de suivi de l’Accord et du processus électoral. Député de la circonscription de Luiza, province du Kasaï Central, Delly Sessanga qui a depuis créé son propre parti, L’Envol de la Rd-Congo, estime que la mission du CNSA mis en place au lendemain de l’Accord politique global et inclusif

À g., le président du CNSA Joseph Olengha Nkoy Mukundji. À g., le député Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng. Ce dernier réclame la dissolution du CNSA où des cas de détournement et de faux sont dénoncés par l’ODEP. DR. signé le 31 décembre 2016 intervenu après celui dit de la Cité de l’Union africaine du 18 octobre 2016, «ne se justifie plus» et «n’a plus lieu d’être» dès lors que des «institutions politiques légitimes et pérennes chargées de la gestion du pays et du processus électoral», ont été mises en place. 3 MILLIONS DE $US DÉTOURNÉS.. L’accord du 31 décembre 2016 dit aussi de la Saint-Sylvestre signé dans la Capitale au centre inter-diocésain par des représentants du pouvoir et de l’opposition qui donna lieu à la nomination du gouvernement Tshibala, avait conçu «un mécanisme spécifique de suivi du processus électoral»

par la création du CNSA voulu comme «une institution d’appui la démocratie». Cet ancien de France, diplômé d’études comptables et financières, admissible à l’oral du cycle international de l’ENA à Paris, avocat et conseiller juridique des sociétés des services et consultant à l’UNESCO, explicite que le CNSA fut un «mécanisme défini comme conjoncturel par le législateur» et qui a conduit à l’adoption de la loi organique n°18/023 du 13 novembre 2018 portant institution, organisation et fonctionnement du Conseil national de suivi de l’Accord et du processus électoral. Or, des élections générales ont été organisées en 2018 et 2019, la présiden-

tielle, les législatives nationales et provinciales, les sénatoriales de même que celles des gouverneurs de provinces. L’élu de Luiza articule aussi son raisonnement par la nécessité de réduction du train de vie de l’État et de la rationalisation du fonctionnement de l’État, estimant que la règle doit être désormais «la dissolution et la liquidation des structures devenues obsolètes». Selon Sesanga, si le CNSA avait été en 2020 budgétisé à CDF 1 milliard, l’exécution du budget l’a été à 207% au premier trimestre 2020, soit un «glissement manuel» d’environ CDF 2 milliards. La proposition de loi porte quatre articles. Le premier

et troisième articles posent la question de la dissolution du CNSA. Le deuxième se rapporte au patrimoine de cette institution qui devra être «mis à la disposition des autres institutions par décret du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres». Une demande de dissolution qui survient en plein débat médiatique sur des accusations de malversations financières. Selon le rapport d’une organisation congolaise œuvrant dans le contrôle citoyen des finances publiques, ODEP, Observatoire pour la Dépense publique, le CNSA doit s’expliquer sur la destination de 3.087.630 $US «sortis du trésor public pour la prime et

salaire des dix-huit membres, non actifs depuis plusieurs mois». L’ODEP dénonce «une gestion calamiteuse (...) qui conduit à une remise en question de l’institution (...) aujourd’hui budgétivore, dont l’État rémunère des gens, qui ne travaillent pas». Selon ce rapport, sur six membres du bureau du CNSA, il n’en reste que trois : le président, la questeure (cousine du président), le rapporteur (un membre de la société civile). Quant à la plénière, organe de décision, elle n’a plus que neuf membres, qui ne peuvent siéger faute de quorum». Au total sur vingthuit membres dont est composé le CNSA, il n’en reste

aujourd’hui que dixneuf mais neuf siégeraient actuellement. Outre nombre de parties prenantes qui ont refusé de désigné des membres (UNC, MLC, CÉNCO), plusieurs autres appelés à d’autres fonctions n’ont jamais été remplacés. Comme Sesanga, l’ODEP s’interroge sur «l’importance de cette institution à l’heure où le pays fait face aux problèmes des moyens financiers, pour lutter contre le coronavirus». L’ODEP s’intéresse aussi au siège du CNSA, au n° 218, avenue Lukusa. Il s’agirait de l’une des propriétés de son président, Joseph Olengha Nkoy Mukundji, qui y sous-loge le CNSA «en violation de la loi quand dans tous les documents officiels, il renseigne l’adresse du Palais du Peuple/ Salle des banquets, commune de Lingwala». L’ODEP dénonce l’usage de faux. Proche de l’alors Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe, Joseph Olengha Nkoy Mukundji s’éloigna de lui au lendemain de la mise sur pied du CNSA, le 22 juillet 2017. Une violente polémique née après le refus du CNSA de reconnaître l’aile de l’UDPS pilotée par le chef du gouvernement Bruno Tshibala Nzenzhe. D. DADEI n

Le réquisitoire de l’ODEP contre Olenghankoy

S

elon l’ODEP, depuis l’installation du CNSA, il ressort qu’entre 2017 et 2019, l’institution a bénéficié du trésor public un montant de 7.805.327 $US contre les prévisions de 17 073 994 $US, soit 45,71%. Selon les états de suivi budgétaire du ministère du Budget de la période précitée, deux rubriques budgétaires ont été suffisamment financées : dépenses de fonctionnement et interventions économiques, sociales, culturelles et scientifiques. Pour payer

ses membres, le bureau prélevait une quotité des fonds alloués au fonctionnement, sur base d’une liste de présence aux plénières. Une prime de prestige de 8,800 millions de FC (5.216 $US) est octroyée à chaque membre, soit une enveloppe mensuelle d’environ 24,640 milliards de FC (146.058 $US). Selon l’article 51 al. 3 de la loi relative aux finances publiques, «aucun virement ni transfert ne peut être effectué au profit du titre des dépenses de personnel à partir d’un autre titre».

Ce qui constitue une violation de la loi. Toutefois, le salaire a commencé à être payé en septembre 2019, deux ans après la mise en place du CNSA. Selon les états de suivi budgétaire, de septembre 2019 à avril 2020, environ 818.250 $US ont été décaissés pour le compte de la rémunération du personnel du CNSA, (409.125 $US de janvier à avril 2020). À qui est destiné ce fond, alors qu’il en reste que 9 prestataires? La prime et le salaire continuent à faire l’objet des

querelles internes au sein du CNSA entre le président et le groupe de 10 membres, anciens candidats aux dernières élections législatives de décembre 2018. À ce jour, seul un effectif de 9 membres est rémunéré chaque mois, soit un crédit de 43.137 $US sur une enveloppe mensuelle d’environ 146.058 $US, soit 32,14%. L’écart entre le montant payé et celui décaissé par le trésor public par mois est de 102.921 $US, soit 3.087.630 $US en trente mois, pour

lequel la destination doit être prouvée et justifiée. Après un conflit sur les primes des membres de la plénière engagés aux élections de 2018, le président du CNSA a saisi le 21 juin 2019 le conseil d’État qui l’a autorisé à ne pas les payer. Mais le trésor public a continué à décaisser mensuellement les fonds pour la prime de tous les 29 membres. Mais depuis les élections de décembre 2018 à ce jour, les 10 membres totalisent 19 mois d’impaiement. Le bureau du CNSA dit avoir

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obéi aux instructions de l’ex-ministre du Budget Pierre Kangudia, qui avait autorisé la liquidation du paiement sur base d’une liste de prestation. Dès lors que ces membres ne prestaient plus, ils n’étaient pas éligibles à la prime. Avant tout paiement, celuici validait les listes de prestations. Nous estimons que dès sa notification par le conseil d’État en date du 19 novembre 2019, le bureau du CNSA devrait reverser ces reliquats de 3.087.630 $US au Trésor public. Malgré

le rappel de l’ancien ministre des Finances Henri Yav qui a ordonné le paiement de ces 10 membres, le CNSA a continué à l’utiliser à d’autres fins. L’ODEP prie le Président de la République au titre de garant du bon fonctionnement des institutions, de dissoudre le CNSA, au Parlement de convoquer en urgence son président pour rendre compte «au peuple congolais de la gestion de l’institution» et aux cours et tribunaux de se saisir d’office du dossier CNSA.


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l’analyse

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L’Europe et l’Occident transmettent un message au Président Tshisekedi

Le Président de la République Félix Tshisekedi pose avec les ministres français Jean-Yves Le Drian, belge Philippe Goffin et le Commissaire slovène Janez Lenarcic en charge des Crises et également avec la ministre Marie Ntumba Nzeza. DR.

N

e nous trompons pas. En pleine crise sanitaire mondiale de la COVID-19, un avion européen de la compagnie belge SN Brussels Airlines atterrit à l’aéroport de N’Djili. Tout ça alors que ni l’aéroport Charles de Gaule à Paris, ni celui de Zaventem à Bruxelles n’a rouvert. Comment expliquer cette urgence «humanitaire»? Le Français Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères cité notamment par les macronistes en remplacement à Matignon du Premier ministre Edouard Philippe et dont le rôle pour ce spécialiste du Continent est connu en Centrafrique dans la fuite au Bénin en janvier 2014 de l’unique et éphémère chef de l’État musulman de l’histoire de la Centrafrique, l’ex-chef de la rébellion Séléka Michel Djotodia, à l’époque où il fut ministre de la Défense de François Hollande, Philippe Goffin, ministre belge de la Défense, et le Slovène Janez Lenarcic, ancien ambassadeur de la Slovénie auprès de l’Union Européenne aujourd’hui en charge de la Gestion des crises à la Commission Européenne, tous trois reçus à Kinshasa en audience commune lundi 8 juin par le Président de la République Félix-Antoine Tshi-

sekedi Tshilombe. Officiellement, ces trois Européens forment une délégation humanitaire. Ils sont porteurs d’un important lot en équipements et produits médicaux. Deux avions au moins se sont posés le week-end sur le tarmac de N’Djili. L’un avait à son bord des officiels et l’autre, du personnel, 340 personnes, et du matériel humanitaire. À l’audience assistaient côté congolais, le directeur de cabinet a.i Eberande Kolongele et la ministre des Affaires étrangères Marie Ntumba Nzeza qui avait réceptionné le premier lot de ce matériel. Un troisième avion est annoncé. L’audience a porté autour de la pandémie à Covid-19 et des efforts fournis par le gouvernement congolais pour juguler la crise. Après les mots de bienvenue du Président de la République qui a salué l’aide apportée, le Commissaire Européen - chef de délégation - a remercié le Chef de l’État pour l’accueil qui leur a été réservé et les facilités offertes à ce vol humanitaire en période de confinement. La visite de ces trois personnalités européennes fait suite à la situation humanitaire jugée préoccupante par l’Union Européenne. «Plus de 15 millions de Congolais ont besoin d’une aide humanitaire et

la situation risque de s’aggraver avec cette pandémie», à en croire le diplomate slovène. L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT? «Vaincre à terme le coronavirus signifie travailler de concert, en particulier avec les pays africains qui sont nos principaux partenaires. Nous livrons au total 40 tonnes de fret humanitaire à bord des trois vols à destination du Congo. Il est dans notre intérêt commun d’œuvrer dans un esprit de solidarité», a-t-il expliqué. Mais les Européens ne seraient pas seulement

inquiets de la crise de la COVID-19. Plusieurs défis sanitaires font partie des sujets discutés, la rougeole et Ebola. Depuis 2014, l’Europe contribue à la recherche sur Ébola, y compris le développement de vaccins. Elle a consacré plus de 230 millions de €. Vu la faiblesse du système de santé du pays, l’UE a débloqué des fonds de développement, sur plusieurs années, pour soutenir le secteur de la santé national, 180 millions de € au total, dans le cadre du XIe programme FED (2014-2020). L’autre raison de cette visite est, selon le Slovène Janez

Lenarcic, le souci de permettre l’acheminement du personnel et de l’aide humanitaire en cette période compte tenu des restrictions sur le transport aérien. Un pont humanitaire est établi entre l’UE et le Congo en vue d’acheminer la suite de l’aide. Le «colis» est composé de purificateurs d’eau, du matériel médical, de laboratoires, des gans, des masques et des équipements de protection individuelle. Mais l’humanitaire serait-il l’arbre qui cache la forêt? Face aux médias, Janez Lenarcic qui poursuit sa mission à l’Est, à Goma, a déclaré

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avoir également eu «des entretiens très approfondis sur des questions politiques, économiques, sécuritaires et sociales». À quoi penser quand des informations font état de plusieurs bruits de bottes aux frontières? L’armée zambienne se serait installée dans le Sud minier quand à l’Ouest, la puissante armée angolaise croque une partie du pays et exploite le pétrole dans les eaux congolaises et cela depuis des années. Il y a jusqu’au récent Sud-Soudan de mordre un territoire au Nord. Quant à l’Est, nul n’ignore les convoitises des voisins. Selon des

analyses, l’alternance démocratique pacifique de janvier 2019 avait été vue par l’Occident comme une occasion pour le Congo de retrouver son leadership régional naturel. Mais l’Occident pense que le poids qu’exerce l’ancien pouvoir bloque le nouveau président dans ses projets. À en croire des sources bien introduites, des fonctionnaires américains auraient été les premiers à visiter le Congo ces derniers jours. Ils auraient rencontré dans le plus grand secret l’ancien président Joseph Kabila Kabange. Pour lui transmettre quel message? Celui transmis lundi 8 juin au Président Tshisekedi par les plénipotentiaires européens? En République centrafricaine, considérablement affaibli par l’intervention de l’armée française de l’opération Sangaris et la force multinationale africaine MISCA, l’ex-chef de Séléka et éphémère chef de l’État Michel Djotodia, un homme plutôt discret, dépassé par ses combattants et par les affrontements très meurtriers pour les civils, qui répétait qu’il n’avait «pas envie de se maintenir au pouvoir», a été contraint par les Français de démissionner le 10 janvier 2014 avant d’aller en exil. DADEI n


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Le procès topnews

du siècle

Les trois co-accusés du dossier des maisons préfabriquées turques. En haut, Vital Kamerhe LwaKanyinginyi Nkingi. Ci-cœntre le Libanais Jammal Smih. Ci-haut, l’agent commis au dédouanement Jeannot Muhima. DR.

I

l y a deux camps opposés à ce procès dans son premier acte des maisons préfabriquées turques. D’une part le Libanais

Samih Jammal agissant en intelligence avec un ami de longue date, le Directeur de cabinet du Président de la République Vital Kamerhe Lwa-Kanyinginyi Nkingi, de l’autre, le camp de membres du comité de suivi du Programme des 100 Jours du Président

de la République. Donc, celui de témoins. Le Libanais et le Directeur de cabinet ont, avec eux, des membres de famille de celui-ci, l’épouse Hamida Shatur Kamerhe, la belle-fille Soraya Mpiana, le cousin Daniel Shangalume Nkingi, le frère Justin

Kamerhe et un autre dont le témoignage n’a présenté aucun intérêt à personne et, du coup, le nom n’intéresse personne. LA FAMILLE ET LA FAMILLE SEULE. Ces trois derniers - frères biologiques ou géopo-

litiques du territoire de Walungu dans la province du Sud Kivu - font tous partie d’une manière ou d’une autre du cabinet du Président de la République et leurs noms étaient repris dans la décision du DirCab désignant une multitude de membres du comité de suivi. Mais c’est eux et eux seuls, la famille, qui ont été en contact avec l’entreprise Samibo Sarl, propriété de Jammal Sa-

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mih et celle Husmal Sarl dont nul ne sait, à l’heure actuelle, à qui elle appartient ayant vu le jour pendant la période de la commission des faits. En dehors des membres de la famille biologique ou géopolitique du DirCab au comité de suivi, nulle autre personne du Cabinet du Président de la République n’a accès au projet des maisons préfabriquées. (suite en page 7).


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le procès du siècle

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Vingt ans

de réclusion (suite de la page 6).

Pour ces personnes tenues à l’écart, «ce fut un enfumage», conclut l’avocat de la République, partie civile lésée. À ces personnes comme aux ministres, Directeurs d’entreprises publiques, gouverneur de la Banque Centrale, etc., aucune information n’est donnée. Lui et lui seul - le DirCab Vital Kamerhe Lwa-Kanyinginyi Nkingi - et les siens biologiques et géopolitiques de Walungu, sont dans le secret bien gardé du dossier des maisons préfabriquées qui vaut 57 millions de $US auxquels il tente d’ajouter, par lettre écrite pour compte d’entreprises libanaises, sans être l’autorité contractante, 57 autres millions de $US alors que les premiers paiements ont été versés cash quand la loi sur les marchés publics ne permet que le paiement à la commande de 30% de la facture avec garantie de bonne exécution et qu’aucun début de livraison n’a débuté... PLUSIEURS MILLIONS DE $ PARTIS AU LIBAN. À suivre ce procès retransmis pour la quatrième audience en direct à la radio et à la télévision et qui a mobilisé les Congolais du pays grâce certes à la Snél qui, en ces moments, ne fait pas défaut, et de la diaspora, de même que les expatriés intéressés au Congo, à écouter les plaidoiries qui s’en sont suivies jeudi 11 juin 2020 (partie civile, ministère public, la défense), ministère public et partie civile ont établi des «comportements répréhensibles» qui sont le détournement, la corruption avec des circonstances aggravantes, le blanchiment des capitaux et, du coup, s’agissant du blanchiment, le financement de terrorisme d’autant que plusieurs millions de $ US ont passé la frontière frauduleusement, en espèces, pour atterrir au Liban quand les 57

Ci-haut, le procureur général représentant le Ministère public. Ci-contre, une avocate du team du Libanais Jammal Samih qui avait si bien appris sa leçon au point de ne pas avoir réussi à coordonner avec ses pairs. DR. millions décaissés par le Trésor congolais étaient destinés à payer un fournisseur turque. Tout commence par la lettre d’interdiction signée de sa propre main par le Directeur de Cabinet du Président de la République adressée aux membres du Gouvernement, en tête, le premier d’entre eux, à savoir le Premier ministre - à l’époque Bruno Tshibala Nzenzhe - aux ministres du Gouvernement national et autres mandataires publics, de cesser, à compter de la date de la signature de cette lettre, d’engager le moindre

$US et le moindre CDF comme de recruter du personnel dans leurs administrations sauf à requérir son accord préalable et son accord préalable seul. Du coup, le Directeur de cabinet du Président de la République s’attribuait tout le pouvoir de l’État et devenait le centre d’ordonnancement des dépenses publiques. Ce qui est illégal... À partir de ce moment, Vital Kamerhe va multiplier démarches et produire du courrier à la pelle en faveur des entreprises du Libanais en intervenant directement

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agissant comme propriétaire ou copropriétaire de ces entreprises. En clair, travaillant pour compte de, faisant pression, réclamant des paiements, etc. UN COUPLE INSTALLÉ À LA PRÉSIDENCE. Il intervient toujours «sur instruction du Président de la République» mais il lui arrive d’écrire «sur instruction du Président de la République et de moi...», prenant la posture de Co-Président de la République. Dans une autre lettre, il écrit : «J’autorise...». Mais aussi : «Son Excellence Monsieur le Président de la République m’a instruit...». Ou : «Son Excellence (suite en page 8).


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le procès du siècle

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Jammal, un prête-nom (suite de la page 7). Monsieur le Président de la République me charge de vous demander de payer...». Ou : «Ce marché est confié à...». Est-il le ministre sectoriel et en vertu de quel acte? Qui ignore qu’un DirCab n’est pas une entité constitutionnelle? Or, c’est à cette période qu’il embarque femme et enfants sur un jet privé et poste des photos; c’est à cette période - pour se vendre et mettre en confiance ses interlocuteurs - qu’il se dispute la préséance avec le Président de la République, faisant de l’officier d’ordonnance du Chef de l’État celui du Président et de lui-même; c’est à cette période que dans la ville haute, les salons matelassés s’affolent à la vue de ces images et que le protocole d’État se fait incendier quand l’avion présidentiel atterrit sur la piste de l’aéroport de N’Djili et que le Président de la République emprunte la passerelle pour en descendre non avec l’officier d’ordonnance dans son dos mais avec le DirCab comme si le militaire commis à la protection se trouvait là non pour assurer la sécurité du seul Président mais pour assurer la sécurité d’un «couple de Présidents». Dans ses courriers qu’il adresse au ministre des Finances et au Gouverneur de la Banque Centrale, il ne fournit aucune preuve de l’instruction reçue du Président de la République et même s’il en fournissait une, l’ancien ministre de l’Information qu’il fut au lendemain du Dialogue inter-congolais de Sun City et président de l’Assemblée nationale outre membre de plusieurs cabinets ministériels sous Mobutu, ignore-t-il le code de bonne conduite de l’Agent public de l’État, ignore-t-il qu’un Chef donne une vision et, donc, une impulsion, que c’est aux collaborateurs exécutants - dont lui, le DirCab - d’agir au sens plein du terme, en veillant à ce que l’action soit étudiée préalablement dans tous ses détails, exécutée éventuellement mais dans le plus strict

Le percutant avocat de la partie civile-La République au procès des 100 Jours à la prison de Makala. DR. respect de l’orthodoxie et des textes légaux? Or, d’importantes sommes en $US ont été payées en espèces sonnantes et trébuchantes à un prestataire - son ami libanais Jammal Samih sans soubassement, sans contrat ni existant, ni légalement validé, sur sa seule et unique instruction donnée à la Banque Centrale agissant «sur instruction du Président de la République et de... moi». JAMMAL N’ÉTAIT RIEN QU’UN CANAL. Lui, le DirCab, instruisant que «le présent virement est à effectuer à son compte (du Libanais, ndlr), compte logé à Rawbank». Comment le DirCab détient-il ces informations sur le Libanais lui qui a prétendu ne le jamais le connaître, ne l’avoir jamais rencontré? En clair, selon le team d’avocats de la République, il s’agit d’un détournement prémédité en complicité avec le Libanais Jammal Samih. Celui-ci n’aura jamais été qu’un canal - en d’autres termes un prête -nom par lequel Kamerhe passait en vue de s’enrichir de façon illicite. Lui, le Directeur de cabinet du Président de la République se déplace au ministère des Finances, pour le compte de l’homme d’affaires libanais, et, depuis le bureau du ministre des Finances Henri Yav Mulang, téléphone le gouverneur

Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, ignorant l’indépendance de la Banque Centrale. S’ensuit un courrier : «À la suite d’une réunion tenue au ministère des Finances à laquelle nous avons associé le Gouverneur de la Banque Centrale, je vous prie de payer (...), selon la formule convenue». Ailleurs, la formule est la même : «Selon nos précédents entretiens...». Le DirCab ne s’arrête pas en si bon chemin. Il s’adresse même par courrier, à des transitaires... Comme si le fameux marché du Libanais Jammal des maisons turques préfabriquées, payé illégalement en entièreté, sans contrat, ni avenant, avait été passé par la Présidence de la République... Pour établir un acte de détournement, le détourner, soutient la partie civile, n’a pas besoin d’être saisi avec des sommes d’argent. Il suffit qu’il exerce une influence dans la chaîne du détournement. Cette entreprise criminelle, Kamerhe l’a conçue bien avant la conception et le lancement du Programme des travaux des 100 Jours du Président de la République. La régularisation qui vient après la liquidation et le paiement de l’argent public est fait pour couvrir des opérations de détournements. Pour la partie civile comme pour le ministère public, le DirCab Vital Kamerhe Lwa-Kanyinginyi Nkingi a violé

toutes les lois du pays en la matière, toutes les instructions. Il porte une responsabilité politique, administrative, pénale. Il appartient à celui qui pose les actes répréhensibles d’en répondre. Il s’agit rien moins que d’une entreprise criminelle dans laquelle on trouve le Libanais Jammal Samih, ses deux enfants ayant pris depuis la poudre d’escampette (mais une commission rogatoire a été instruite par le procureur général près la Cour d’Appel de Kin-Matete, Adler Gisula Betika Yeye), le cousin du DirCab, le faux agent de la Sonas Daniel Shangalume Nkingi alias Massaro qui exhibe un subit enrichissement insolent avec l’acquisition de véhicules rutilants, d’immeubles à plusieurs millions de $US et plusieurs titres immobiliers, l’épouse Hamida Shatur, la fille de celle-ci Soraya Mpiana. Outre que le couple Kamerhe a acquis un hôtel particulier à plusieurs étages à Paris et a décidé de le réfectionné au prix de plus d’un million d’euros, en France. Des comptes bancaires qui débordent de millions de $US pendant la même période suspecte et dont l’argent ne saurait venir ni du commerce de Madame, ni des cadeaux reçus lors d’une célébration nuptiale. Jeudi 11 mai à l’ultime audience de cette cause, c’est une peine de 20 ans de «travaux forcés» qui a été requise par le procu-

reur contre le Directeur de cabinet du Président de la République. NI ÉLECTEUR, NI ÉLIGIBLE PENDANT 10 ANS. Deux fois candidat à la présidentielle dont celle de 30 décembre 2018 avant de se désister au profit du candidat n°20 Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo un mois avant le scrutin et de conclure un accord CACH à Nairobi, le président de l’UNC (Union pour la Nation congolaise), parti qui compte plusieurs ministres au sein du gouvernement de coalition de même que des chefs d’entreprises, ne sera pas éligible, doit être interdit du droit de vote et d’exercice des fonctions publiques pendant 10 ans, a requis le ministère public. Âgé aujourd’hui de 61 ans, si cette peine est confirmée par le tribunal, le principal accusé de ce procès anticorruption sans précédent, sortira de prison à l’âge de 81 ans sauf grâce présidentielle. La même peine de 20 ans a été requise contre le premier de ses deux coaccusés, le Libanais Jammal Samih, 78 ans, dont plus de 50, dit-il, passés au Congo. Après après avoir purgé sa peine, le Libanais devra être expulsé du Congo et être interdit de revenir. Une peine supplémentaire de 15 ans a également été requise contre Kamerhe et Samih pour «corruption aggravée». Le cumul des peines ne

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doit cependant pas dépasser «20 ans de travaux forcés ou de servitude pénale», a indiqué le procureur du Tribunal. Le troisième accusé, Jeannot Muhima, fonctionnaire à la Présidence en charge d’import/export a aussi été condamné. Et doit être arrêté immédiatement. Le Parquet a requis la «confiscation des fonds» bancaires de l’épouse Hamida Shatur Kamerhe, de Soraya Mpiana et du cousin Daniel Shangalume, ainsi que «la confiscation des propriétés immobilières acquises avec les fonds détournés pendant la période allant de janvier 2019 à ce jour». Kamerhe et Jammal doivent rembourser l’État congolais plus de 47 millions de $US, dédommager l’État à hauteur de 100 millions de $US. La défense a soulevé une «exception d’inconstitutionnalité» contre la peine requise de 20 ans de «travaux forcés», en affirmant que cette peine n’est pas conforme à la Constitution du pays. Depuis Paris, un collectif d’avocats de M. Kamerhe a annoncé avoir saisi un «groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire», en «sollicitant une intervention urgente pour garantir le respect des droits fondamentaux de Vital Kamerhe». «La procédure fait état de détournements d’argent public. Mais il n’y a aucune preuve de flux financiers coupables», écrivent le collectif dans un communiqué signé Me Jean-Marie Kabengela et Me Pierre-Olivier Sur. Les deux avocats reviennent également sur la mort soudaine du magistrat Raphaël Yanyi qui présidait les débats, dans la nuit du 26 au 27 mai, soit deux jours à peine après la deuxième audience. Dans l’attente d’un compte-rendu d’autopsie, «plusieurs sources» avancent que le magistrat a été «empoisonné et dé=signent Vital Kamerhe comme responsable». «Dans ce contexte tendu, les autorités pénitentiaires congolaises ne sont pas en mesure de garantir la sécurité» de Vital Kamerhe, estiment les avocats. D. DADEI n


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le procès du siècle

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La lourde faute de

Déogratias Mutombo

L

a phrase est tombée jeudi 11 juin à la séance des plaidoiries des parties au procès : «il y a présomption de fraude par l’autorité qui a effectué ces paiements». Une «fraude aggravée». Mais quelle «autorité»? Faut-il vraiment faire un dessin ? Tous invoquent la notion d’urgence. Interminablement. Voire d’extrême urgence. Le piège au procès des 100 Jours dans son acte des 4500 maisons turques préfabriquées commandées ou pas à la société Karmod. Classique pour quiconque a pensé, rêvé, mis au point un subtil attelage pour l’emporter sur des interlocuteurs naïfs. Suffit de dire que le temps presse; que le Chef a hâte de voir du résultat; que cela ne saurait attendre; et que s’il faut se passer des procédures, des préalables techniques - les prérequis - il faut. Le Président aurait-il instruit qu’on passe les procédures invoquant l’urgence voire l’extrême urgence? Le Chef met le cap, étale une vision, donne une impulsion. Aux collaborateurs en charge du dossier de s’assurer de la faisabilité, de l’atteignabilité dans le plus strict respect des procédures quelconques, sociales, politiques, techniques. Alors que la tempête frappe fort, un pilote de Kenya Airways a hâte d’assouvir une envie, passe par perte et profits les recommandations de la tour de contrôle, lève son Boeing 737-800. Le vol KQ 507 affrété par la compagnie aérienne kenyane reliait les villes de Douala à Nairobi. À bord, 114 personnes, 105 passagers dont 34 Camerounais, 9 membres d’équipage. Le vol n’ira pas loin. Il disparaît des écrans radar après avoir décollé. Cette nuit du 4 au 5 mai 2007 (le Boeing

Sans aucun doute, l’homme par qui le crime économique est survenu : le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo Déogratias Mutombo Mwana Nyembo. DR.

sorti d’usine en 2006, un an auparavant), il faisait très mauvais temps dans la Capitale économique camerounaise : forte pluie avec des vents très violents. CONTRÔLE, COORDINATION. La tour de contrôle fait part de ses réserves sur la météo. D’autres vols sont restés cloués au sol. Le pilote, âgé de 52 ans et totalisant 8.682 heures de vol, a décollé. L’homme avait un rendez-vous galant à Nairobi qui aurait pu attendre mais n’aura jamais lieu. Il est environ minuit à Douala et l’avion devait se poser à 6h10’ du matin sur l’aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi. Au petit matin du 5 mai, la nouvelle se répand à travers le monde, des équipes de recherches au départ de Douala et de Yaoundé se déploient sur l’itinéraire que l’avion était supposé emprunter. En France, le Centre de recherche par satellite de Toulouse indique qu’il avait capté un signal de détresse dans le Sud du Cameroun. Les équipes se dirigèrent vers la province du Sud, à Kribi et Mvengue. Des pêcheurs témoignent avoir entendu une explosion dans la

nuit au large de la ville. On commence à penser que le vol s’est abîmé en mer. Pourtant pas trace d’épave. Les équipes remontent vers Douala. Rien à signaler. La nuit tombe sans résultat. Ce n’est que le lendemain, en début de soirée, qu’un chasseur de Douala découvre le lieu du crash à Mbanga Pongo, une mangrove située à moins de 5 km du bout du lieu de décollage, la piste de l’aéroport international de Douala. Deux difficultés pour retrouver le site : nul ne savait combien de temps l’avion avait encore mis en vol après sa dernière communication avec la tour de contrôle. Ensuite, la végétation abondante au lieu du crash n’a pas permis aux avions de recherche de le remarquer. Résultats officiels de l’enquête technique ouverte quelques jours après l’accident par l’Autorité aéronautique du Cameroun et rendus publics en mai 2010 : l’équipage du vol KQ 507 avait été victime d’une désorientation spatiale. Le pilote a négligé les procédures de vol et fait preuve d’une collaboration insuffisante. Le rapport d’enquête est formel : «L’avion s’est

crashé après une perte de contrôle par l’équipage résultant d’une désorientation spatiale (…) après une longue et lente inclinaison pendant laquelle aucune vérification des instruments de bord n’a été effectuée, et en l’absence de repères visuels dans une nuit noire». Le rapport poursuit: «un contrôle opérationnel inadéquat, manque de coordination de la part de l’équipage, associés au non-respect des procédures de vol, confusion dans l’utilisation du pilote automatique ont également contribué à causer cette situation». IL SE FIE À LUI-MÊME. La conclusion du rapport d’enquête est accompagnée d’une relation des différents faits qui ont marqué les derniers instants de ce vol, depuis la piste jusqu’au moment où il s’écrase dans la mangrove. Il apparaît au regard que dès le départ, le pilote «ne vérifie pas ses instruments de vol» comme il est d’usage. Ensuite, il lance la procédure de décollage à 0 h 06 min sans autorisation de la tour de contrôle. Néanmoins, jusqu’à une altitude de 1.000 pieds (305 m), il

parvient à maîtriser l’avion qui a tendance à s’incliner progressivement vers la droite. C’est à cette altitude qu’intervient l’erreur qui attire le plus l’attention dans les conclusions du rapport. L’enquête révèle qu’à partir de cette altitude-là, le pilote relâche les commandes de l’avion pendant 55 secondes, sans avoir au préalable branché le pilote automatique qu’il annonce pourtant comme étant en marche. Assis à ses côtés, le copilote (âgé de 23 ans et totalisant 831 heures de vol) «qui est de nature réservé, n’attire pas l’attention du commandant de bord sur ces erreurs de pilotage». Toujours est-il que l’angle d’inclinaison de l’avion sur la droite continue à s’accroître lentement sans que le pilote ne s’en rende compte. Il ne le constate qu’au moment où l’inclinaison atteint un seuil critique et juste avant le déclenchement d’une alarme prévue à cet effet. Il reprend alors soudain le contrôle et, dans la confusion, il augmente plutôt l’angle d’inclinaison qui passe de 34° à 50°. C’est alors qu’il branche le pilote automatique qui stabilise l’inclinaison. Mais cette stabilisation ne suffit pas et

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le pilote reprend le contrôle et l’angle d’inclinaison de l’appareil passe à 70°. Il hurle : «On va s’écraser!», ce que confirme aussitôt le copilote. Tentant de reprendre la situation, le commandant de bord actionne vers la droite et de manière prolongée la gouverne de direction, pièce verticale située sur la queue de l’avion. Cette manœuvre a deux inconvénients: elle fait passer l’angle d’inclinaison à 90°; puis, l’avion décroche et commence à descendre en vrille. C’est alors que le copilote lui demande d’actionner les ailerons à droite, avant de corriger aussitôt : «à gauche, à gauche, à gauche, commandant». Peu après, l’avion revient à une inclinaison de 70°. LOURDE FAUTE DE DÉO. Mais il est déjà trop tard et l’appareil percute le sol à environ 0h08 min, ne laissant aucune chance de survie à ses 114 occupants. L’enquête conclut: «L’avion s’est écrasé après que l’équipage a perdu le contrôle en raison d’une désorientation spatiale (de type non reconnu ou subtil qui tend vers une désorientation spatiale reconnue), après un long et lent roulis au cours duquel il n’y a pas eu de balayage visuel des instruments, et en l’absence de repères visuels externes en pleine nuit. Cette situation peut également s’expliquer par un contrôle inapproprié des opérations, un manque de coordination entre les membres de l’équipage, associé à un non-respect des procédures de surveillance de vol et à une confusion dans l’utilisation de l’AP». Morale de l’histoire? S’il y a à inventer sur Terre, on n’inventera pas le fil à couper le beurre. Il va d’un projet comme d’un vol. Vous avez beau être pressé, il faut au préalable vous assurer de la faisabilité, de l’atteignabilité dans le plus strict

respect des procédures quelconques, sociales, politiques, techniques. Dans les choix, il faut associer les équipes. Dans le projet des 100 jours, il n’y a eu rien de tel. En l’espèce, l’homme à qui l’on doit décerner la palme d’or de l’incurie ou de... est le gouverneur de la Banque Centrale du Congo, Déogratias Mutombo Mwana Nyembo dit «Déo». Dans ce dossier comme dans d’autres, le gouverneur n’a pas été à la hauteur. Il est certainement aussi poursuivable par la justice au même titre que les deux co-accusés. Certainement plus qu’eux. Même si le Libanais de Samibo Sarl Jammal Samih dispose d’une recette imparable pour arriver à ses fins - feindre de se donner la mort en public - pour émouvoir ses vis-à-vis, nul ne l’a cité tout au long de ce procès comme ayant rencontré ou approché Déo. Mais comment et pourquoi le gouverneur a-t-il d’ne part autorisé la paie de plusieurs millions de $US et, d’autre part, n’a alerté aucune autorité, ni aucune structure de compliance quand ce pactole a été dérouté de la banque d’origine, payé cach, puis, last not least, a pris des directions diverses? Comment a-t-il osé puiser ces millions dans les réserves stratégiques pour les mettre encore plus en danger? A-t-il vraiment voulu satisfaire l’envie d’un homme ou le gouverneur dont le mandat peu performant qui prend fin dans moins d’un an a-t-il trouvé son propre compte - en millions de $US - dans ces tripatouillages d’autant que, tirant les conséquences du témoignage du conseiller lanceur d’alerte Marcellin Bilambo Mbale dit Lino, les chiffres ne sont pas ceux généralement balancés? Certes, la justice congolaise a pris le bon élan. Elle doit néanmoins pousser plus loin. T. MATOTU n


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Il y avait trop d’actes probants de suspicion de détournement et de corruption

S

i en droit, il existe une présomption d’innocence qui trouve ses origines au XIIIème siècle siècle des Lumières - énoncée à l’article 9 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 selon lequel «tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s‘il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi» et à l’article préliminaire III du Code de procédure pénale français où ce droit fondamental est inscrit en ces termes, à savoir, «toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie», avec pour conséquence le fait qu’il appartient à la partie poursuivante de supporter la charge de la preuve, en clair, de démontrer les éléments constitutifs d’une infraction, mais aussi l’absence de facteurs propres à la faire disparaître, ce droit est loin d’être absolu puisqu’il existe une autre notion : celle de présomption de culpabilité, mieux, une présomption irréfragable ou absolue qui ne peut être contestée, aucune preuve, aucun argument ou aucune

Le subit changement de train de vie du cousin du DirCab, Massaro, dû à un enrichissement illicite donne du grain à moudre à la Cour. DR. considération ne pouvant la réfuter. IRRÉFRAGABLE PRÉSOMPTION. Dans le procès des 100 jours, dans sa phase des maisons préfabriquées qui se déroule en chambre foraine à la prison de Makala et dont les plai-

doiries ont eu lieu jeudi 11 juin - il y a nul doute un continuum d’indices qui mettent en exergue des cas flagrants de suspicion de responsabilité de corruption, de détournement et de blanchiment des capitaux, en clair, une présomption irré-

fragable ou absolue de culpabilité des co-accusés voire de certains témoins. S’il n’avait pas la conscience lourde, comment expliquer l’évasion de Daniel Shangalume Nkingi alias Massaro, cousin de Vital Kamerhe Lwakanyinginyi Nkingi,

rattrapé plus tard par la police dans sa planque dans le Bandundu après qu’il eût été invité par le magistrat instructeur alors qu’il venait d’apprendre que son cousin DirCab du Président de la République venait d’être «mapé» et conduit en prison?

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Cadre très spécial mais contesté de la SONAS, qu’est-ce qui explique son changement de train de vie, au cours de la période suspecte du programme des 100 jours, quand il exhibe un mur de billets verts, acquiert terrains, immeubles, parc de véhicules

rutilants et de prestigieuses marques? Quand des comptes bancaires de l’épouse du DirCab gonflent de $ en espèces sonnantes et trébuchantes, est-il raisonnable de croire à des cadeaux reçus lors d’un mariage certes (suite en page 11).


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Un continuum de faisceaux d’indices de présomption de culpabilité (suite de la page 10). fastueux mais des cadeaux provenant de qui et pourquoi? D’où viennent les près de 2,5 millions de $ (toujours en cash) reçus par l’agent en charge d’import-export de la Présidence de la République Jeannot Muhima Ndoole et pourquoi ? Est-il crédible de soutenir qu’il s’agirait d’opérations de dédouanement des maisons préfabriquées au port de Matadi à l’Ouest quand cellesci doivent venir par des ports de l’Est? LE GRAND SOUPÇON. Sommes-nous toujours dans le contrat des maisons du Libanais quand on parle des conteneurs remplis d’objets de luxe, des tables de maquillage, de matériel de chirurgie? N’est-ce pas scandaleux que le gouverneur de la Banque Centrale Déogratias Mutombo Mwana Nyembo ait autorisé, passant outre l’indépendance de la banque des banques et l’éthique du métier, la sortie en cash de millions de $ (66 millions ou 48 millions, selon les sources) sans contrepartie en allant les puiser dans les réserves internationales stratégiques mettant en mal une structure financière introuvable? Quand le juge pose cette question au principal inculpé, comme à son accoutumée, Vital Kamerhe ne botte pas en touche sauf qu’il n’est pas membre d’une quelconque chaîne de la dépense pour savoir ce qui a pu se passer. Ne désigne-t-il pas clairement, là, trois responsables et de taille : le ministre du Budget Pierre Kangudia Mbayi

Sortant des années de braise, le fastueux mariage du DirCab semble tôt avoir donné l’alerte sur des possibles opérations illicites au Palais. DR.

qui s’en est défendu avec force, son collègue des Finances Henri Yav Mulang qui a calmement avoué sous serment avoir reçu ordre du DirCab, tout comme le gouverneur de la Banque Centrale dépose sous serment

dans les mêmes termes? Quant au Libanais Jammal Samih, cet homme impossible joue à l’idiot et croit ainsi pouvoir tenter de se tirer d’affaire. Il s’agit là clairement de son business model qui lui a permis

de faire des millions au Congo. S’il dit ne pas savoir parler la langue française, il se reprend le lendemain et reste aux aguets, réclamant réparation au moindre mot prononcé même en silence. S’il menace de

se donner la mort, il brille de santé le lendemain. S’il dit souffrir de la COVID-19, l’INRB ne confirme rien. Il dit n’avoir «jamais connu ni vu» le DirCab alors qu’au moins deux témoins - le cousin Massaro et le ministre du

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Budget Kangudia déclarent l’avoir vu, l’un dans les jardins de la Présidence de la République, l’autre dans la salle d’attente du DirCab à la Présidence de la République au Palais de la Nation, ce qu’il finit par accepter.

Quand il prétend ne jamais connaître les Kamerhe, des proches du dossier s’esclaffent de rires, se rappellent ce jour où voyant venir le pire, VK, devant témoins ahuris, rencontre le Président (suite en page 12).


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Comment VK réussit à berner tout le monde Lwa Kanyinginyi Nkingi, dit VK. Il rentre dans la première ligne du pouvoir, après avoir galeré plusieurs années dans l’opposition. Depuis la publica-

(suite de la page 11). Fatshi, plutôt que de plaider sa cause, forme le numéro de téléphone de sa femme, passe Hamida au Président de la République. Message de celle-ci au Chef de l’État : «Je vous supplie, Excellence Monsieur le Président de la République, de laisser le vieil homme malade Jammal sortir de prison». Tshisekedi n’en revient pas. Ce jourlà est né le grand soupçon... Si le Libanais prétend avoir «fait cadeau» d’un espace de terre à Massaro pour services rendus à la SONAS, l’intéressé le contredit en déclarant l’avoir acquis à titre onéreux. DEUX ENFANTS RECHERCHÉS. Comment se fait-il que ses deux enfants se soient volatilisés? Activement recherchés par la justice congolaise dans le cadre de ce procès, le 27 mai, le Procureur général en charge du dossier Adler Gisula Betika Yeye a adressé une commission rogatoire internationale chargeant le Procureur général de Beyrouth, de mettre la main sur deux enfants Jammal (Jammal Jammal né à Kounakri le 17 mars 1974 et Jammal Hussein né au Liban le 11 février 1980 ), poursuivis par la justice congolaise pour deux chefs prévention, détournement des deniers publics et corruption. de les interroger sur l’affaire Samibo Congo Sarl et Husmal Sarl dans le cadre d’un détournement d’une somme globale de 114.500.000 $US sur lequel 59.637.500 $US «ont été effectivement payés» par le Trésor public congolais. Ils sont poursuivis, dans le cadre du procès des 100 jours, d’avoir également un véhicule toutterrain de marque Range Rover, une Tpyota Prado TX. Si Hussein a reçu, selon l’acte du Procureur général, une somme de 3.655.00 $US, Jammal Jammal est poursuivi pour avoir reçu 25.981.700 $US. Ce procès que notre

tion des résultats des élections, il a eu le temps de se rendre compte que le pays souffre d’un manque criant de contrôles a priori et, a posteriori,

(suite en page 13).

Fastueux

mariage

L

e mariage de Vital Kamerhe, directeur de cabinet du nouveau chef de l’État, Félix Tshisekedi, suscite questions et polémiques au Congo, essentiellement en raison de son faste, alors que les Congolais vivent majoritairement avec moins de deux dollars par jour. Vital Kamerhe a épousé la femme avec laquelle il vit depuis quelques années, l’IndoCongolaise Hamida Shatur; les cérémonies se sont étalées sur trois jours, pour culminer samedi dernier, par une fastueuse soirée dansante à l’hôtel Pullman de la capitale congolaise. Le tout Kinshasa bruisse de rumeurs à propos de la dot payée par l’homme politique, qui serait de «150.000 $US, une trentaine de vaches et une bague en diamant valant 100.000 $US».

Ci-haut, le cousin Daniel dit Massaro dans ses œuvres. Ci-bas, le fastueux mariage du DirCab avec Hamida qui aura duré plusieurs jours, a donné l’alerte. DR.

journal a appelé «procès du siècle», déchaîne tellement des passions au Congo et sur ses réseaux sociaux que Le Soft International, une fois n’est pas coutume, reprend ci-après deux textes qui lui ont paru pertinents après qu’il les

a passés à l’épreuve du secrétariat de rédaction, coquilles, et rewriting. Mais l’essentiel est sauf. UN CRIME INTELLECTUEL. L’homme a la réputation d’être très intelligent d’après beaucoup de Kinois. Très

discutable. Ce qui est sûr est qu’il aime parler, a la verve oratoire, y va parfois avec de grandes envolées souvent avec ostentation. Lors de la cérémonie de prestation de serment à l’occasion de la passation de flambeau, le 24 jan-

vier 2019, il est sûr de lui. Dans le costume de Directeur de cabinet du nouveau Président de la République, il prend toute la mesure du pouvoir qui se déroule à ses pieds. La proximité du tapis rouge, symbole du pouvoir. Lui, Vital Kamerhe

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VEDETTES DU TOUT KIN. Les sommes citées, non confirmées par les intéressés et qualifiées d’«exagérées» par un proche de Vital Kamerhe, scandalisent les réseaux sociaux, à la fois en raison de la situation de pauvreté des Congolais quelque trois quarts de la population vivent sous le seuil de pauvreté - et en raison des difficultés d’argent notoires dont pâtissait l’homme politique ces dernières années. Surnommé «Kamerhéon» en raison

de ses fréquents changements d’allégeance politique, il avait, le 12 novembre dernier, imité Félix Tshisekedi en trahissant la promesse qu’il avait solennellement signée la veille, par laquelle il jurait de soutenir le candidat commun de l’opposition - qui sera Martin Fayulu, élu par scrutin secret à deux tours un peu plus tard dans la journée - et en signant un accord avec le fils Tshisekedi pour faire campagne séparément. Vital Kamerhe vit depuis plusieurs années avec Hamida Shatur présentée depuis longtemps comme «sa femme» par les médias congolais - et en a eu un fils, Isaac, en avril 2016. Hamida Shatur est connue au Congo comme l’ancienne épouse du chanteur vedette de rumba JB Mpiana, dont elle a eu quatre enfants. Elle l’avait déjà quitté pour un diamantaire travaillant au Congo et en Angola, Didi Kinuani, connu pour sa richesse et ses activités de mécénat en faveur des grands chanteurs de rumba congolaise qui, en échange, citent son nom dans leurs chansons. Revenue à JB Mpiana, Mme Shatur l’avait re-quitté, pour Vital Kamerhe, cette fois. Hamida Shatur se présente comme «promotrice immobilière» sur son site Linkedin. MFC n La Libre Belgique. Bruxelles. 18 fév. 2019.


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VK parvient à monter un attelage de haut vol De g. à dr., un ministre honoraire Yav (Finances), le gouverneur de la Banque Centrale Déogratias Mutombo, un ministre honoraire Kangudia (Budget) et VK. DR. (suite de la page 12). à tous les niveaux de la gouvernance de l’État. Il croit son chef au grand cœur, malléable à souhait. Il sait qu’il est un acteur majeur du deal secret de l’alternance qui a catapulté Fatshi à la tête du pays, permettant une alternance sans un coup de feu. Alternance malheureusement tronquée pour une large majorité de Congolais qui s’attendaient visiblement à d’autres résultats. Cela, c’est une autre histoire. Kamerhe est conscient qu’il tient en partie son Président par les barbichettes. En grand félin, il sait qu’il se servira un jour de ce précieux avantage. N’est-il pas, son premier partenaire politique? Il se voit en toute légitimité prendre les rênes du pouvoir exécutif, la Primature ou, à défaut, tout autre poste de gouvernance, suite à leur accord de Naïrobi. DÉCOR D’URGENCE DIGNE. Lui le faiseur des rois, du moins, même pendant un temps court, puisque la victoire n’a pas été du tout totale, le temps qu’un gouvernement issu des Législatives soit mis en place. Il sait que les négociations seraient âpres avec l’autre force qui a obtenu la factice majorité parlementaire. Il sait que le temps lui est compté et qu’il doit agir vite, pour la réalisation de ses ambitions. Ambitions d’enrichissement. Mais agir bien et très vite. Monter un attelage de haut vol. Il concocte son plan et plante à la nou-

velle Présidence de la République un décor d’urgence digne, théoriquement, de meilleures stratégies de grands acteurs politiques comme

il aime à se présenter lui-même : il va proposer au chef, tête encore dans les nuages, contesté et à la limite de l’illigimité, un projet dont

il est à 100% l’auteur intellectuel : «Le projet d’urgence des 100 jours du Président de la République». Il prend soin de sélectionner lui-même

Le Congo scandalisé par tant d’abondance et de demésure

A

u pays de la rumba congolaise, les gens sont encore sous le choc du mariage célébré entre Vital Kamerhe et Hamida Shatur. Deux personnalités ô combien connues en République démocratique u Congo et dont l’union est au cœur de la polémique pour le caractère fastueux et «disproportionné» qui ont entouré les festivités. Vital Kamerhe est un personnage bien connu de la sphère politique congolaise, Wanda Peeps. Ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ministre, il est désormais directeur du cabinet du Président de la République Démocratique du Congo. Récemment, il a épousé l’Indo-congolaise Hamida Shatur, ex-compagne du célèbre chanteur JB Mpiana avec qui elle a eu quatre enfants et qui lui avait d’ailleurs rendu un vibrant hommage dans sa chanson mythique «Feu de l’amour».

Dans un mariage grandiose qui rappelait, à peu de choses près, celui de Nick Jonas et Priyanka Chopra, Vital et Hamida se sont dit «oui» devant familles et amis. Pour vous donner un aperçu du caractère éblouissant de la fête, il faut savoir que les réjouissances ont duré trois jours. En effet et comme le rapporte le site Top Visage Live, le mariage s’est étalé du jeudi 14 au samedi 16 février dernier.

ABONDANCE ET DÉMESURE. Comme un symbole, tout a commencé le jour de la Saint Valentin par le mariage coutumier au cours duquel le politicien congolais a payé une dot impressionnante qui s’élèverait à 150.000 $US (plus de 85 millions de FCFA), une trentaine de vaches et une bague en diamant valant 100.000 $US (plus de 57 millions de FCFA). Wandaful Palaba ! Les jours d’après se sont tenus une cérémonie religieuse et un mariage civil par devant le maire. La fête s’est terminée

en apothéose samedi par une soirée glamour à l’hôtel Pullman de Kinshasa où les bouteilles de champagnes ont valsé avec en guest star le chanteur Koffi Olomidé. Hum Wanda People, les Congolais ont regardé l’affaire là un genre un genre… Les sommes astronomiques dépensées ont en effet suscité des interrogations et des polémiques chez les populations à travers le pays, lesquelles se disent scandalisées par tant d’abondance et de démesure. Déjà en raison des difficultés d’argent notoires dont pâtissait l’homme politique ces dernières années, mais surtout parce que plus de la moitié du pays vit sous le seuil de pauvreté. Haa ! En tout cas hein Wanda Peeps, mouillé c’est mouillé. Le couple est déjà marié. Il y a juste à leur souhaiter félicitations et bon vent! Que pensez-vous de tout ça ? C.B n JE Wanda 2 mars 2019.

en dernier ressort, et très soigneusement, tous les projets qui embarquent plusieurs domaines, à commencer par celui des infrastructures jusqu’à la gratuité de l’enseignement, en passant par les maisons préfabriquées et bien d’autres encore dans divers domaines de vie. Car, pense-t-il, ce projet sera pour lui l’anti-chambre de préparation et d’enrichissement avant le pouvoir suprême en 2023 qu’il appelle de tous ses vœux. Il ne doit pas manquer cette opportunité d’être à la gouvernance du pays, après avoir échoué d’être désigné Premier ministre à l’issue du dialogue de la Cité de l’Union africaine lors des négociations de glissement de fin de mandat constitutionnel de Joseph Kabila en 2018. Il se met à l’œuvre. Il conçoit et sélectionne seul tous les prestataires des services, parmi lesquels le Libanais Samir Jammal de Samibo Sarl, qu’il a contacté au préalable. Il va associer dans l’exécution du projet qu’il se prépare à piloter en mode solo d’autres prestataires publics, Office des Routes, OVD, Foner etc., d’autres sous-prestataires de moindre importance pour l’ensemble du projet. Il veut écarter tout soupçon et question de faire bien, de brouiller les pistes. Il sait que la plus grande part du gâteau dans ce projet, il l’aura dans le projet des maisons préfabriquées à Istambul, en Turquie, où il existe déjà un projet de gré à gré mais qui souffrait de financement, projet très avancé du point

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de vue des procédures de passation des marchés publics puisqu’il dispose déjà des autorisations, qu’il a été initié par le précédent gouvernement Tshibala désormais passé au mode intérimaire, et qu’il a pris en réalité soin de neutraliser et d’inhiber. «PAS N’IMPORTE QUEL DIRCAB». Il sait aussi que les infrastructures liées aux sauts-de-moutons ne laissent pas assez de marges de manœuvres, les Kinois étant très regardants, surtout par ces temps des réseaux sociaux et des médias en ligne. Il sait enfin que le Président de la République est très souvent parti en voyage, qu’il n’aura pas le temps de fouiner dans ce qu’il considère déjà comme ses propres plates bandes. Mieux, VK obtient du Chef qu’il lui donne la signature au titre d’ordonnateur principal des dépenses liées à ce projet, en l’absence du gouvernement de plein exercice, issu de la nouvelle législature, écartant du coup, de la chaîne des dépenses, le ministère du Budget. Après moult hésitations, le Président cède. VK a désormais le feu vert, toutes les cartes en mains. Il sait que quoi qu’il fasse désormais, il a la formule magique qui le mettra à l’abri de tout : «Sur instruction du Président de la République, j’ai décidé...». À défaut d’être Président de la République luimême pour prendre des ordonnances, Premier ministre pour prendre un décret, ministre pour

décider par arrêté, VK gouverne par «décision», selon la formule d’usage consacrée. Encore qu’il s’est offert le rang de Vice-Premier ministre et claironne sur tous les médias : «Je suis DirCab mais pas n’importe quel DirCab. N’oubliez pas que je suis le Partenaire du Président de la République...». Rien n’est plus clair... Il se fait pousser des dents très longues comme celles des carnassiers. Car il a l’intention de déchirer. Déchirer quoi? Les arques publiques. L’escarcelle de tous les Congolais. Et ça fera mal, très mal! Le félin est prêt à sauter sur sa proie. Ces dollars tant convoités… Épouser la pétillante et très enviée Mama Congo, «Mwasi ya Pembe», Hamida Shatur. la dépense, 1.500.000 $US, est décaissée du Trésor public. L’homme venait pourtant du chômage et était crevé. Tout Kinshasa se rappelle le faste de ces cérémonies qui duré du 12 au 14 février 2019, la Saint Valentin, et de tout le bling bling qui les avait accompagnés. Tous vêtus de blanc, invités sur sa petite île, embarcations maritimes, champagne grand cru, vins millésimés, viande, musique, bijoux, etc. Ce fut l’une de ces fêtes privées que Kinshasa n’avait plus vues depuis les temps mémorables de Mobutu Le Maréchal, de triste ou d’heureuse mémoire. Tout Kinshasa commente l’événement, dans des sens divers. Toute la crème de Kin-La-Belle est présente. Plus tard, on saura de la bouche même de la mariée (suite en page 14).


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Tous travaillaient pour lui, pour lui seul De g. à dr., un ministre Sakombi (Aff. Foncières), un ministre Honoraire Bitakwira (Dév. Rural), le D-g Contrôle des Marchés Publics, l’agent Import-Export. DR. vendu des dossiers d’assurance de la que les convives leur SONAS où il pointe ont offert près d’un comme cadre commillion de $US à l’oc- mercial et brookercasion de ce mariage courtier sans y être people. Vrai ou faux, vraiment. c’est sa parole contre VK sait a priori que celle des juges. les Libanais sont de Ce qu’on remarque, grands corrupteurs avec cet événeet de grands corrupment, ce n’est pas tibles. Il explique à tant l’aspect people Jammal, le patriarche et bling-bling des de 82 ans, que son festivités, l’ostenprojet en souffrance tation, les indices d’exécution au minisextérieurs d’enrichis- tère du Développesement qu’inaugurait ment rural pourrait le désormais Tout être retenu dans le Puissant Directeur programme des 100 de cabinet. Son train jours s’il se montrait de vie était passé de coopératif. zéro à cent en un clin Fin janvier, Kamerhe d’œil, à l’étonnement a vu s’envoler le de son partenaire de poste de Premier mipouvoir, qui, surpris nistre que prévoyait et, non sans raison, pour lui l’accord à lui pose la question deux de Nairobi, de savoir d’où lui suite à la nominavient tout cet argent. tion par le camp en Et avec l’ahurisseface, des élus des ment de tous les KiChambres nationale nois, témoins de ces et provinciales et fastes de nouveaux après l’accord de tenants du pouvoir, coalition signé par alors qu’il y a peu, les deux Présidents, ils croupissaient Kabila et Fatshi qui dans la misère. Ils destine le poste de voyaient leur rêve, Premier ministre aux mieux exprimé par Kabilistes. l’expression chère au Depuis, VK est direcSphinx de Limeté, le teur de cabinet de père du Président, Félix Tshisekedi, un Étienne Tshisekedi, poste non moins stra«le peuple d’abord» tégique. Car, entres’évanouir, s’effriter temps, il a fait véripar une nouvelle fier par ses services, génération des vaules prix unitaires de tours dont Kamerhe chaque maison précommençait à repré- fabriquée en Turquie senter la plus grande et il sait que ces prix référence, après les sont en-deçà de ceux Kabilistes de derfacturés au Trésor nière heure. congolais. 5.000 $US et 11.000 $US là où le IL FAIT MINE projet retenait 19.000 DE S’ENTOURER. $US et 34.000 $US. Le DirCab va La différence en $US prendre contact est abyssale. Jammal avec Jammal par n’est pas né de la l’intermédiaire de dernière pluie... son cousin Daniel Mais le président Shangalume Nkingi des Libanais sait dit Massaro ou aussi qu’il se trouve «Gombe na Gombe» face au Tout Puisqui connaît bien sant Directeur de la famille du précabinet du Président sident des Libanais de la République, du Congo puisque l’homme orchestre depuis un temps, ce du Programme des dernier leur aurait 100 Jours, l’ordonna(suite de la page 13).

teur des dépenses. L’homme est craint et il y a lieu de le courtiser. Il a la signature pour forcer qui il veut, le trésorier de l’État, le ministère des Finances. Il sait agir avec efficacité auprès de la Banque Centrale du Congo et obtenir le décaissement des fonds. Avec l’arrivée de Fatshi, tout est possible. Dont le nettoyage des écuries d’Augias. Chacun est sur le qui-vive. VK rassure celui qui sait coopérer... Pour mieux amadouer le vieux libanais, VK lui fait miroiter sa ferme intention de remodeler son contrat en le passant de 900 à 1.500 maisons. Soit de 26 à 57 millions $US. À la seule condition qu’il ait droit à la moitié de ce pactole, en rétro-commissions. En contrepartie, il s’assurera que le Libanais reçoive la totalité de ces fonds bien avant tout début d’exécution du contrat, outrepassant tous les verrous de la République en matière de protection des marchés publics et des procédures des dépenses publiques. L’offre alléchante et irrésistible. VK est très convaincant, ça marche. C’est un fin séducteur et dragueur. Hamida Shatur en sait quelque chose. Elle qui s’est laissé débusquer d’une relation antérieure avec Didi Kinuani, un homme pourtant fortuné et réputé, grand négociant des diamants et autres pierres précieuses. VK explique au Libanais que la totalité du contrat, soit 57 millions de $US, atterrira dans son compte en paiements fractionnés dans un maximum de deux

mois. Obnubilé par le gain facile et rapide, Jammal cède. Le deal est signé, au milieu d’un sablement de champagne dernier cru. L’INFRACTION INTELLECTUELLE. En fin stratège, et, après coup, et pour écarter les soupçons qui pouvaient tomber sur lui alors qu’il vient de se mettre d’accord avec son complice, VK estime qu’il est temps de s’entourer officiellement. Il constitue autour de lui une équipe de travail. Une équipe de supervision dont il est le chef suprême mais aussi une équipe de coordination. Équipes conçues pour être le parfait paravent contre tous les soupçons et contre toutes les critiques. C’est cela la clef de l’infraction intellectuelle, un délit d’initié. Le clou. VK prend bien soin d’incorporer dans l’équipe de supervision les différents responsables des institutions et organismes publics impliqués dans l’exécution du projet des 100 jours. Des membres du gouvernement en mode d’expédition des affaires courantes qui font partie de la chaîne des dépenses, y compris le caissier de l’État, la BCC. Et dans l’autre équipe, celle de coordination, il récupère ses fidèles lieutenants de toute confiance. Ce sont des membres de son parti qu’il a amenés à la Présidence de la République, tous du Sud Kivu, issus du territoire de Walungu, comme lui. Pour effacer le tableau, il les mêle à quelques conseillers luba qui n’y voient que

du feu, mais prend soin de réserver la préséance, dans la majorité des cas, aux siens. Il choisit parmi les Swahiliphones ceux qui seront permanents. Poussant son cynisme à un niveau rare, il choisit sciemment le fils de Jacques Kazadi Nduba wa Dile, à savoir, Nicolas Kazadi Kadima-Njuzi, brillant garçon luba, comme chef de la commission de coordination, alors qu’il sait qu’ambassadeur itinérant du Chef de l’État, celui-ci n’aura jamais le temps d’y siéger, le Président de la République qui multiplie des déplacements à l’étranger, amène celui-ci dans sa suite. VK s’est donc assuré que cet homme ne pourra pleinement exercer ses prérogatives de coordination, lui laissant les mains libres à lui-même et à ses lieutenants swahiliphones, d’agir. Familier de l’arrogance du conseiller principal du Président de la République en matières économiques et financières, Marcelin Bilambo, avec qui il a toujours maille à partir, puisque leurs rivalités sont évidentes, et il le craint, VK le met comme membre à la coordination, plutôt qu’à la supervision, sachant qu’il finira par craquer et par claquer la porte. Son coup était bien calculé puisque ce dernier part avant même que la commission ne commence à siéger. Nul ne critiquera pas Kamerhe pour l’avoir incorporé dans l’équipe des experts. Il met de côté d’autres experts spécifiques, conseillers du Chef de l’État

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du collège des Infrastructures, ceux des Travaux publics, etc. Concrètement, dans le fonctionnement de ces deux commissions, VK a tout cloisonné. Il crée des zones d’étanchéité à l’intérieur car sa véritable intention est de mettre en place un véritable système opaque et incompréhensible par tous les autres composants, excepté lui-même : il pilote en solo toutes les réunions dont les ordres du jour ne sont connus avec antériorité que de lui-même et jamais communiqués aux autres membres surpris par des productions écrites et visuelles, des projections dont ils ne savent ni l’origine, ni toute la pertinence, ni le choix des projets, ni celui des prestataires. La décision ayant été prise par lui, et par lui seul, cadenassée. TOUS POUR LE SEUL KAMERHE. Il cadre, il recadre, fixe l’orientation, imprime la vision, le rythme, etc. Bref, les membres sont floués. Ils ne savent pas quel laboratoire conçoit et fournit toutes les idées, qu’ils auraient dû mettre en place collégialement. Ils sont tirés de la corde comme des brebis qu’on amène à l’abattoir. Dans l’entourage luba du Chef de l’État, la grogne monte. C’est ce qui lui vaut le grand clash avec Marcelin Bilambo. Comment peuvent-ils être bernés comme de petits enfants ? Cela devenait insupportable pour beaucoup. Mais VK a mêlé le chef. Il a le pouvoir, et l’aval du chef pour agir. Il est intouchable. On

peut l’égratigner, le gratter, pas le blesser. Certains ont choisi de le caresser dans le sens du poil. Les brebis noires, rebelles de nature, sont sorties de la bergerie. Il fallait qu’il y ait un seul berger. Un seul Pasteur. Pas deux, ni trois, ni quatre… C’est en cela que consiste la beauté du crime. Le DirCab a eu le temps de le penser, de le fignoler. En tant que «designer» du crime, il a embarqué et impliqué tous ses autres co-équipiers sans que beaucoup ne se rendent compte qu’ils travaillent tous pour lui, et pour lui seul. Y compris le Président de la République... Puisqu’en réalité, ces commissions, de supervision ou de coordination, dans leur fonctionnement, ne sont que de véritables caisses de résonance, où se reflètent, tel dans un miroir, les volontés d’un seul homme, Kamerhe. C’est une bande d’accompagnateurs sans pouvoir, ni de conception, ni de coordination, ni de supervision. Ce sont des simples organes d’exécution de circonstances. Ce furent des «commissions de façade», l’expression est de Marcelin Bilambo. À l’intérieur d’elles, elles sont creuses, cloisonnées, incapacitées, rendues inefficaces, vidées de leurs vraies substances. Il n’y avait qu’une seule empreinte, celle du Tout Puissant DirCab, «le Sisa Bidimbu», l’homme qui lègue des empreintes... C’est cela le crime d’intellectuel. C’est en cela que réside l’intelligence du (suite en page 15).


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Qui a tué le juge président, pourquoi? (suite de la page 14). crime : faire croire qu’il existe une équipe de conception, de coordination, de supervision alors que ce sont des instruments au service des ambitions d’un individu qui conçoit tout, contrôle tout, oriente tout et bénéficie presque seul, des retombées invisibles, que lui seul a pu et su identifier, à temps. DES PRIMES À LA PELLE. Une seule chose semblait pourtant retenir encore beaucoup de ses coéquipiers : les succulentes primes. Présent ou absent aux réunions, chaque membre perçoit ses primes. Comme il en pleuvait... Et pas des petites puisque c’est des centaines de mille $US chacun. Au Congo, les hommes politiques en sont friands. Et, ça, Kamerhe l’a compris plus que son chef hésitant. Il vaut avancer sans contrepoids, lâche du lest. Il ne définit pas bien les termes de référence (le job description), qu’importe ! Il désigne les gens à la volée, en aparté, sans texte écrit. Façon de te mettre en confiance, d’en être dépendant... Il invite qui il veut, laisse de côté qui il souhaite. C’est ainsi que des membres éminents de la commission de supervision, des ministres - Développement rural, Budget, Infrastructures, etc., - ne recevront aucun carton, mais n’ouvriront pas la bouche qui ne peuvent parler avec des $$$ US pleins la bouche. Ils finissent par montrer leur exaspération, frustration, leur impuissance, conscients que VK est l’homme seul aux

commandes du projet. Où se plaindre? À personne! Soucieux de préserver son poste, le gouverneur de la Banque centrale partage son embarras avec le Conseiller principal face aux pressions venues du puissant DirCab sur des paiements qui s’accumulent sur son bureau alors même que les réserves de change à trois semaines, soit à un niveau jamais atteint, s’amenuisent encore. S’il lui reste 800 millions de $US dans les coffres, il lui faut encore payer 800 millions de $US. À considérer, le coup de maître de Milambo à la troisième journée d’audience qui parle, document à l’appui, de 66 millions de $US décaissés, le gouverneur s’est assuré un petit pactole. Les réunions, elles, sont très rares, pas plus de quatre en un an. VK a pris sa revanche sur Kabila, par Fatshi interposé, qui l’a évincé comme un chien galeux. Pour aujourd’hui comme pour demain, il lui en faut des millions de $ voire des milliards de $. Il doit aussi satisfaire les goûts de sa superbe épouse qui en sait de la vie et réclame un fonds de commerce à la hauteur de la première dame, qu’elle se prend aussi. Il fallait à tout prix parer au plus pressé. Aussitôt la prestation de serment passée, sur proposition du DirCab, le projet était lancé, début mars 2019, par le Chef de l’État à l’échangeur de Limete. Les mots bien choisis par VK lui-même. Avec l’exécution, arrivent les premiers couacs. Le redimensionnement du projet Samibo ne reçoit pas l’agré-

ment de l’incontournable DGCMP, la Direction Générale des Contrôles des Marchés Publics. L’avenant censé régulariser la montée du nombre des maisons passé de 900 à 1.500, retoqué. Une vraie tragédie pour VK. Mais pas question d’attendre un arrangement alors que l’annonce de l’équipe gouvernementale prend son dernier tournant, le formateur étant déjà désigné. Qu’importe! Au pire, il dispose d’une carte : faire venir des néophytes qui n’y verront que du feu, à qui il faut tout apprendre. Il faut encore vendre le projet et à l’UDPS émerveillée, et au Président de la République, et à Joseph Kabila pour ses FCC. C’est le grand piège du Septennat... Un immense pays, avec ses 400 tribus aux mains de ceux qui n’ont jamais eu la moindre expérience d’État... C’est mortel. Satanique. LA CLAMEUR POPULAIRE. Sylvestre Ilunga Ilunkamba a mordu, et vante une équipe de jeunes et de femmes... VK ne veut pas des problèmes avec ceux qui en savent sinon plus que lui, au moins autant que lui. VK tient à ses paiements. Il en ordonne le paiement en procédure d’urgence, en paiements fractionnés certes, mais en totalité, quitte à mettre en péril les réserves de change et toute la politique monétaire du pays. Il bypasse le ministre du Budget Kangudia, ami de longue date et son DirCab du temps de l’Assemblée nationale, prééminent cadre de son parti

UNC, qui a traversé l’avenue, donc peu sûr. Désormais, «sur instruction de S.E Monsieur le Président de la République, Chef de l’État», tous les ordonnancements des dépenses de la République partent du bureau du DirCab, atterrissent sur la table du mignon ministre des Finances Yav, vont à la Banque Centrale. Plus de contrôle budgétaire. Sans soubassement légal, puisque aucun contrat n’existe entre la République et Samibo Sarl sur les 1.500 maisons, ni d’avenant, Kamerhe fait course en tête aux conséquences incalculables. Qu’importe! Il lui faut absolument payer, tout de suite. Le trésorier de la République obéit, paie sans broncher. Les millions partis à Ecobank sont redirigés à Rawbank avant de disparaître dans la nature dans Kinshasa, prend la direction des maisons particulières, s’envole vers les paradis fiscaux libanais, grecs, comptes de l’épouse qui reçoivent des dépôts en cash suspects, comptes des enfants sans emplois ni activités génératrices des richesses ouverts et immédiatement approvisionnés de faramineux versements, etc. Désordre total, consternation chez les analystes et les organismes de la Société civile en charge de veiller sur l’exécution des marchés publics. La rumeur publique s’enfle, parle détournements. Qui détient la preuve de quoi? Fête totale chez les Jammal et les Kamerhe. Les Swahiliphones de Walungu postés à la Présidence de la République jubilent.

Là où le Chef de l’État, les Kinois, les experts lubas de la Présidence de la République, la DGCMP, les ministres, etc., ne voient que du feu. Sous la pression de la clameur populaire devenue insupportable pour le nouveau pouvoir, le Président de la République diligente un audit de son Programme des 100 jours qui aboutit à une enquête judiciaire. Voyant que la situation semblait beaucoup plus grave que ce qu’elle paraissait, Fatshi se voit obligé de bouger ses fiches. Il nomme de nouveaux responsables, de hauts magistrats pour répondre en partie à la clameur populaire d’une part et d’autre part, à ses promesses de campagne d’instaurer un État de droit. Fin mars 2020, on commence à voir sur les réseaux sociaux un certain Daniel Massaro, super inconnu, avec des bottes encore plastifiées de liasses de $US que caresse, dans son salon, son bébé. Pas moins de 1 million de $US. Le 9 avril 2020, Kinshasa se réveille abasourdi. Invité la veille à comparaître au Parquet général de Matete à Limeté, le DirCab a fini par être jeté au CPRK, la prison centrale de Makala. Détention préventive après six heures d’audition. L’affaire a fini par être fixée au tribunal. L’instruction pré-juridictionnelle a établi que des indices graves de culpabilité pesant sur les inculpés Kamerhe et Jammal. Détournement des deniers publics, corruption, blanchiment des capitaux et financement du ter-

rorisme sont les chefs d’inculpation. Ce procès a connu un incident majeur: le décès subit non élucidé du juge président Raphaël Yanyi Ovungu - «mort comme un soldat au front», selon un parent du juge - de la composition. ON A TUÉ LE JUGE PRÉSIDENT. «Il est mort subitement d’une crise cardiaque dans la nuit du mardi à mercredi 27 mai. Vers 2 heures, il a eu des malaises et on l’a conduit au centre hospitalier Nganda. Il a succombé des suites d’une crise cardiaque», selon un responsable de la police de Kinshasa, le colonel Miguel Bagaya. Le juge venait de clôturer la deuxième audience de ce procès, ne présentait aucun malaise, mais a été conduit à l’hôpital, après avoir mangé une banane, vomi du sang alors que la couleur de sa peau noircissait, explique un membre proche de la famille. Après l’audition des témoins lors de la troisième audience, l’affaire a été renvoyée à la huitaine pour plaidoiries contradictoires entre parties. Malgré ses envolées oratoires, VK, a, à plusieurs reprises, réclamé au ministère public de lui montrer ce qu’il a volé, où et qui lui aurait remis l’argent volé. Il est pourtant poursuivi pour détournement des deniers publics, non pour vol. Dans son réquisitoire, le ministère public va démontrer que payer l’argent de l’État là où il n’existe pas de contrat signé, entre l’État et un attributaire, c’est détourner. Détourner

c’est dévier l’argent de l’État de sa destination ou de son affectation prévue dans la loi budgétaire. Payer quand il existe déjà des clauses d’exonération, c’est détourner. Faire payer à l’État là où le contrat stipule que c’est à l’attributaire de prendre en charge tels ou tels frais, c’est détourner. Payer des surfacturations, c’est détourner. Utiliser une partie des fonds décaissés par le Trésor public pour un usage individuel autre que celui pour lequel il a été destiné, c’est détourner. Recevoir des rétro-commissions en contrepartie d’un marché public, c’est détourner. Il me semble que tout ou partie de ces chefs d’accusation seront établis dans les faits à charge des prévenus. À des degrés divers de responsabilités en ce qui concerne chacun. Il n’ y a pas de crime parfait, disent les juristes. La perfection appartient à Dieu seul. L’être humain commet toujours une petite erreur quelque part. Il appartient aux juges, ministère public et partie civile, de déceler les failles de la démarche intelligente et intellectuelle dans la consommation de l’infraction de détournement des deniers publics. Kamerhe et son équipe d’avocats de la défense ne leur rendront pas la tâche facile. Ces genres de crimes intellectuels, comme le sont les crimes de délits d’initiés ou de manquements d’initiés, sont, devant les cours et tribunaux, les plus difficiles à prouver. JOHN KUZIMBIKISA n

Jammal en peine de livrer son projet

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près avoir suivi attentivement le déroulement du procès de VK, après avoir suivi toutes les interventions des parties au procès et les dépositions des témoins, me référant au

code pénal congolais, voici ma conclusion personnelle. 1. Selon la déposition du témoin Pierre Kangudia, ex-ministre du Budget, Jammal avait signé un contrat juteux avec Justin Bitakwira Bihona Hayi en avril 2018 pour la

construction de 900 maiet, a, à chaque fois, menasons préfabriquées au prix cé de se donner la mort, de 26 millions de $US. pour pousser le ministre à libérer sa facture en JUTEUX CONTRAT. l’envoyant pour paieCe contrat était si juteux ment aux Finances, sans que Jammal a dû faire en succès. 2018 des va-et-vient au 2. En janvier 2019, Fatshi ministère du Budget pour est proclamé Président en obtenir la liquidation et Kamerhe devient son

DirCab. En janvier 2019, Jammal entre en contact avec celui qu’on appelle familièrement VK via le cousin de celui-ci du nom de Massaro et Jammal offre deux terrains au DirCab pour le corrompre en vue de reconduire le juteux contrat.

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VK va choisir Jammal pour les 1500 maisons du Programme des 100 Jours du Président de la République sans associer personne, ni le ministre sortant Bitakwira, ni le personnel de la Prési(suite en page 16).


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le procès du siècle

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Hamida et Soraya étaient coachées

Fille et mère à la barre comme témoins, la famille intime du DirCab Kamerhe à la barre devant tout le pays et l’étranger. Un procès certainement du siècle. DR. (suite de la page 15). dence. VK fixe seul le prix de 57 millions de $US pour les 1500 maisons. Si Bitakwira avait prévu 26 millions de $US pour 900 maisons, VK prévoit 30 millions de $US pour 600 maisons. Il dresse le plan de décaissement en mode accéléré et insiste auprès du ministre des Finances Yav sur la priorité de ces 1500 maisons lui demandant de payer avec célérité la totalité de la facture. C’est seulement après avoir obtenu le paiement des 57 millions de $US que VK met en place un comité de suivi du Programme des 100 Jours, y inclut des ministres et des conseillers du Président, les plaçant devant un fait accompli. Le dossier de 1500 maisons est resté sujet tabou, n’a jamais été traité au sein du comité de suivi. Il n’y a que son frère Justin Kamerhe et son cousin du nom de Badara, qui traitaient en secret ce dossier. Ce sont ces deux experts de la Présidence de la République chargés par VK de négocier secrètement avec le Libanais. Les autres membres du comité de suivi étaient cloisonnés et subrepticement mis à l’écart du projet des maisons préfabriquées. 3. Une fois que les 57 millions de $US payés à Jammal, au lieu d’être logés à la banque Ecobank comme prévu, un nouveau compte bancaire de Jammal a été ouvert à Rawbank et reçoit ces fonds. A peine ces millions arrivés, ils sont immédiatement retirés avant de prendre une destination inconnue. Dans sa licence d’importation de 1.500 maisons préfabriquées, Jammal a indiqué que ce marché ne coûtait que 12 millions de $US. Or, le Libanais n’a transféré en Turquie que 7 millions de $, le reste, à savoir, les 50 millions de $ ont pris une destination inconnue. La banque a pu retracer 5 millions de $ transférés frauduleusement au Liban, sans licence. A l’heure actuelle,

le compte bancaire de Jammal est presque vide et on se demande avec quoi il va poursuivre les travaux de construction de ces maisons. Depuis plus d’un an que les 57 millions de $US ont été versés à Jammal, ce Libanais n’a installé que 211 maisons, sans le carrelage, sur 1.500 maisons commandées alors que Kamerhe avait parlé de projet urgent. Jamais l’État ne peut payer la totalité de la facture à un client alors que ce dernier n’a pas livré toute la marchandise commandée. VK LES ÉCARTE TOUS SAUF SES PROCHES. Quand on demande à VK pourquoi tous les 57 millions de $US ont été payés, il répond que le DirCab du Président de la République ne fait pas partie de la chaîne de la dépense faisant mine d’oublier que c’est lui qui a établi le plan de décaissement, que c’est bien lui qui a appelé le gouverneur de la Banque centrale ainsi que le ministre des Finances pour faire pression, expliquant que la somme de 57 millions de $US devait être payée en mode accéléré.

4. Au regard de la licence d’importation de 1.500 maisons pour 7 millons de $US, les calculs montrent qu’une maison préfabriquée revient en Turquie 4.500 $US. Si o y ajoute les frais de manutention, de transport, d’installation et autres divers et si on exagère, on y arrive à un maximum de 10.000 $US. Pourtant, le duo Jammal et VK nous ont vendu à 45.000 $US. Un bénéfice de plus de 300%. Comment Kamerhe a-t-il engagé l’État dans un marché sans prendre soin de se renseigner et de vérifier les prix en Turquie? En réalité, il s’était déjà renseigné. C’est pourquoi, il a écarté tout le monde de ce marché sauf ses proches en vue de se partager le butin avec Jammal. Dans sa ligne de défense, VK se cache derrière Bitakwira pour dire qu’il s’est référé, au nom de la continuité de l’Etat, au contrat déjà conclu par Bitakwira. La continuité de l’Etat ne signifie pas poursuivre le mal, ne pas vérifier les prix. En réalité, même Bitakwira est également coupable dans ce dossier pour avoir conclu un marché honteux accor-

dant au client des bénéfices énormes. Je pense que Bitakwira est jaloux de Kamerhe dès lors que ces grosses commissions sont allées dans les poches de Kamerhe. 5. Pour revenir au contrat du 19 avril 2018 de Bitakwira avec Jammal, ce contrat a été conclu pour 900 maisons à 26 millions de $US. Il est clair que ce n’est pas ce même contrat de 1500 maisons du Programme des 100 Jours. La déposition du DG de la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics a été on ne peut plus claire. L’avenant demandé n’ayant pas été validé, l’avis de non objection n’ayant pas été émis, le contrat de 1500 maisons n’a, du coup, jamais existé. En d’autres termes, VK a demandé au ministre des Finances de payer 57 millions de $US pour un contrat existant juridiquement. 6. Oui, nous avons tous suivi en date du 2 mars 2019, le lancement par le Président de la République lui-même, du Programme des 100 Jours. Nous confirmons donc que c’est le Président de la République qui a donné l’ordre que 1.500 maisons préfabriquées soient érigées. Cependant, le Président de la République, en tant qu’autorité suprême du pays, donne l’impulsion, la vision. Aux exécutants de matérialiser les instructions du Président de la République en se conformant à la loi. Quiconque viole la loi dans l’application des instructions du Chef de l’Etat est pénalement seul responsable. C’est indiscutable car la responsabilité pénale est individuelle. De même que si vous envoyez votre chauffeur vous acheter des tomates au marché, il est seul responsable de la violation du code de la route. VK est un homme suffisamment instruit, disposant d’une longue expérience de gestion de la res publica. Il connaît très bien la loi sur les marchés publics. La question que l’on peut se

poser est de savoir pourquoi il a pu ordonner la paiement de 57 millions de $US sans se soucier de la régularité du contrat? La réponse est simple : il a charché à s’enrichir seul sur ce marché des maisons préfabriquées et n’avait voulu associer aucune autre personne dans la conception de ce marché par peur de perdre une occasion en or d’enrichissement. 7. Dès le mois d’avril 2019, lorsque la banque a effectué le paiement des 57 millions de $US, les comptes bancaires de l’épouse de VK ont reçu d’importantes sommes d’argent. Celle-ci se justifie en disant que c’est à l’occasion de son mariage qu’elle a reçu des dons de plus de 800.000 $US, plus de 33.000 euros, quatre jeeps neuves, immeubles, colliers, bijoux luxueux, vaches, etc., et qu’elle est opératrice économique depuis 20 ans mais incapable de retenir le numéro de son registre de commerce. En réalité, nous comprenons que cette dame a été bien coachée et bien préparée pour se défendre devant le juge. Nous savons comment les avocats préparent leurs clients. Mais le juge pénal ne se fie pas à cela car en Droit pénal, seule existe la preuve morale. Le juge pénal ne se contente pas des écrits et des signatures. Il juge la personne, la moralité de celle-ci. Masaro, cousin de VK, pendant cette même période d’avril 2019, a acquis des immeubles de plus de 300.000 $US (avec son salaire de la SONAS ?). Plus curieux : ce Masaro dit avoir acheté le terrain de Jammal quand Jammal dit la lui avoir offerte à titre gratuit. Ce même Masaro offre la parcelle à Soraya, la belle-fille de Kamhere sans l’en informer, du moins d’après sa ligne de défense. Informé de l’arrestation de son cousin VK, il a pourtant pris la clé des champs. Tout comme les deux enfants... Au regard des faits qui

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découlent de ce procès, VK et Jammal se sont rendus coupables de corruption, l’un est corrupteur, l’autre corrompu. VK a obtenu le décaissement de 57 millions de $US sans respecter la loi sur les marchés publics, ce qui est constitutif de détournement. Le fait que ces 57 millions de $US aussitôt versés à la Rawbank ont aussitôt été retirés pour prendre une destination inconnue, sans laisser de trace, est ce qu’on appelle blanchiment de capitaux. Ces trois infractions (corruption, détournement, blanchiment de capitaux), ont pour objectif l’enrichissement sans cause de Kamerhe et de sa famille. Les preuves de cet enrichissement sont visibles. Même si nous sommes incapables de dire exactement combien il a perçu, nous pouvons estimer que tous les bénéfices réalisés dans ce marché irrégulier des 1.500 maisons préfabriquées ont été partagés entre VK et Jammal. Eux-mêmes savent combien chacun a reçu. Enfin, pourquoi sur les 1.500 maisons commandées, juste 211, depuis plus d’un an, ont été installées. Avec 57 millions de $US, ces complices auraient pu acquérir toutes les 1.500 maisons qui ne reviennent qu’à 7 millions de $US à Istanbul, payer les frais de transport et de manutention quand elles étaient exonérées des frais de douane, installer ces maisons dans tous les cinq sites en moins de cinq mois. Ils auraient pu se partager sans bruits ni trompettes les énormes bénéfices réalisés. Comme pour le projet de sauts-de-moutons qui verra des véhicules à Kinshasa se déplacer sur les toits des maisons, le Peuple les aurait acclamés. Là où ces coaccusés sont cyniques, c’est lorsque, malgré leurs énormes bénéfices engrangés, ils n’aient pas achevé le travail, préférant avaler tout l’argent jusqu’à la lie. ME MUSANGU L n


international

grosses calendres

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La nouvelle belle Jeep Compass sera désormais produite en Italie

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a nouvelle Jeep Compass est désormais fabriqué en Italie, ce qui permet à Jeep de garantir un délai de livraison moyen sur le marché européen depuis l’usine d’environ trois semaines (contre plusieurs mois auparavant). Le succès grandissant du modèle, initialement produit pour l’Europe dans l’usine FCA de Toluca au Mexique, a permis de transposer la production, y compris celle des versions 4xe hybrides rechargeables bientôt commercialisées, directement en Italie. Du coup, cela marque une nouvelle étape dans la mise en œuvre du plan d’investissement de 5 milliards d’euros en Italie et dans l’internationalisation de la marque, tout en mettant en évidence à la fois l’innovation technologique et l’excellence de l’usine italienne, l’une des plus innovantes au monde. La Jeep Compass produite à l’usine de Melfi reçoit le nouveau moteur essence de 1.3 l développant au choix 130 ou 150 chevaux, proposant aux conducteurs une expérience de conduite douce et confortable. Les nouvelles fonction-

La Jeep Compass fabriquée à Melfi arrive chez tous les distributeurs français au mois de juin avec une gamme complète de cinq versions. DR. nalités incluent les Services Uconnect pour une connectivité améliorée à bord, de nouveaux éléments de style tels que six modèles de jantes différentes (un modèle pour chaque version et des jantes exclusives noir brillant de 19 pouces pour le modèle Brooklyn Edition en France) ainsi qu’une palette de cinq nouvelles couleurs extérieures : Ivoire triple couche, Rouge Colorado, Bleu Italia, Bleu Shade et Vert Techno Metallic - qui peuvent toutes être proposées avec un toit noir. Afin de proposer les

meilleurs produits pour chaque région, les caractéristiques dynamiques du Compass ont été affinées pour être encore plus conforme aux attentes des clients de la zone EMEA. MOTEUR TURBO ESSENCE 1.3 LITRE. La maniabilité du Compass «made in Melfi» est améliorée grâce aux nouveaux réglages de la direction visant à la rendre plus légère et plus progressive, et des interventions ciblées au niveau de la suspension. Cellesci comprennent l’ajout d’amortis-

seurs avec des valves FSD (Frequency Selective Damping) qui limitent les mouvements de caisse du véhicule, sans en affecter le confort. Le nouveau Compass offre plus de précision dans les virages à grande vitesse, avec moins de roulis et de tangage, et une stabilité accrue au freinage. Surtout, le conducteur éprouve un comportement plus souple et précis sur la route, particulièrement perceptible sur les routes sinueuses et dégradées. La Jeep Compass fabriquée à Melfi arrive chez tous les

distributeurs français au mois de juin avec une gamme complète de cinq versions – Longitude, Business, Brooklyn Edition, Limited et S – toutes avec les deux nouveaux moteurs essence et uniquement en deux roues motrices. Les versions à quatre roues motrices seront disponibles au second semestre avec la technologie 4xe hybride rechargeable. Les prix varient de 29 500 € pour les modèles essence 1.3 l 130 ch à boîte manuelle à 39 000 € pour la version S haut de gamme. Produite au Mexique, au Brésil, en Chine,

en Inde et maintenant en Italie, la Jeep Compass – soutenue également par la version électrifiée 4xe hybride rechargeable qui sera bientôt commercialisée – est vraiment un modèle mondial. Il bénéficie d’un lien très spécial avec la région EMEA et surtout avec l’Europe. Lorsqu’il y a été lancé en 2017, il s’agissait du premier modèle Jeep conçu spécifiquement pour les routes européennes. Cela a jeté les bases solides du succès de la Jeep Compass, le modèle Jeep le plus vendu au monde en 2019. Avec Renegade, ce sont les deux modèles phares de la marque en Europe. Le nouveau moteur quatre cylindres turbo essence de 1.3 l équipant la Jeep Compass fabriquée à l’usine FCA de Melfi, fait partie de la nouvelle famille de petits moteurs (GSE pour Gasoline Small Engine) conçus par FCA et introduits mi-2018 sur la Jeep Renegade. Ce moteur est basé sur une structure modulaire et sera disponible sur le Compass en quatre cylindres et deux puissances: 130 chevaux lorsqu’il est accouplé à une transmission manuelle à six vitesses et 150 chevaux lorsqu’il est associé à la boîte

de vitesses automatique à double embrayage à six vitesses (DDCT). Ces deux moteurs ne sont disponibles qu’en version deux roues motrices. Il s’agit de la première application d’une transmission automatique avec la traction avant sur le Compass. Cette association est plébiscitée par les clients du segment des SUV Compacts. En effet, les ventes de SUV 4×2 BVA représentent actuellement 28% du marché en Europe. Le nouveau moteur à essence de 1.3 l est conforme aux normes Euro 6D finales et dispose d’un filtre GPF (filtre à particules d’essence). Le nouveau moteur essence turbo de 1.3 litre est conçu pour offrir d’excellentes performances sur route, tout en offrant un confort de conduite optimal. Pour le Compass (et par rapport au Renegade), ce nouveau bloc a été mis à jour avec un turbo spécifique qui favorise la réponse du moteur à bas régime et réduit les émissions de CO2 jusqu’à 27%. Le nouveau moteur réduit également la consommation de carburant jusqu’à 30% (cycle WLTP) par rapport aux versions précédentes notamment les 4×4 essence à transmission automatique.

FARIS BOUCHAALA n

Une supercar Cadillac dans les eaux de la Bugatti Chiron

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erait-il temps pour Cadillac de mettre au point sa propre supercar pour rivaliser avec des marques comme Aston Martin ou même Bugatti? À ce jour, la prestigieuse marque américaine n’a jamais osé aller dans ce segment. Dommage, car le constructeur avait beaucoup plu avec son conceptcar Cien doté d’un V12 en position centrale arrière et d’un style percars

de l’époque. Mais l’auto n’atteindra jamais le stade de la production.

Si le constructeur américain de la plus prestigieuse marque Cadillac n’a jamais osé à ce jour jouer dans les supercars, on sent celle-ci titiller Ferrari SF90 voire Bugatti Chiron. DR. LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE N°1488 | PAGE 17.

UNE TUEUSE DE FERRARI SF90. Et si Cadillac profitait de l’arrivée de la nouvelle Chevrolet Corvette de huitième génération, dotée de son moteur en position centrale arrière, pour développer sa propre version de la super-sportive? C’est exactement ce que propose Kleber Silva avec sa vision virtuelle d’une supercar Cadillac sur la

base de la Corvette C8. Dans sa future version haut de gamme, la Corvette C8 doit se doter d’un V8 hybride développant environ 1000 chevaux. En imaginant une supercar Cadillac équipée du même groupe motopropulseur, la Ferrari SF90 serait probablement en ligne de mire. Ou peut-être même la Bugatti Chiron? Mais attention, Cadillac n’a aucun projet de ce genre pour l’instant.

CÉDRIC PINATEL n


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côté rose

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Se l’interdire désormais? C ette pandémie oblige, les aventures érotiques sont reportées à des jours meilleurs et la spontanéité en prend un coup. Transparence, prudence et romance s’annoncent comme les nouveaux piliers de la séduction. Les périodes de vacances sont des saisons de toutes les expérimentations érotiques? Pas cette année! Les rencontres comme la spontanéité sont reportées à un monde post-vaccination: non seulement la transmission du Covid-19 par la salive nous interdit de nous embrasser, mais en Chine, des chercheurs semblent avoir trouvé des traces de virus dans le sperme. Les optimistes noteront que ces menaces libèrent une autoroute pour les massages érotiques, mais en attendant, désolée : le cocktail des vacances sera l’Old Fashioned, pas le Sex on The Beach. Toutes proportions gardées, nous voici revenus aux angoisses des années sida, quand certains refusaient même de serrer des mains. Le Covid-19 n’a d’ailleurs pas effacé le VIH de nos préoccupations: pour accompagner le déconfinement, l’association Aides vient de lancer une campagne #RetrouvonsNousProtegeonsNous. D’où

Entre homme et femme, un vent de gravité souffle sur le désir. DR. un constat un peu déprimant : un vent de gravité souffle à nouveau sur le désir. Or ce soudain retour de la gravité, en sexualité, constitue une rupture dans la promesse. Nous préférons considérer les aventures érotiques comme un territoire d’absolue légèreté: notre idéal d’une première nuit amoureuse, c’est qu’elle se passe sans accroc (pour ne pas dire : sans cerveau). Tout ce qui abîme cette fluidité est suspect,

même quand les précautions sont nécessaires ou éthiques: on avait observé les mêmes réticences avec le préservatif («qui ruine tout») ou le consentement («qui casse l’ambiance»). La gravité fait mauvais ménage avec la sexualité: elle grignote les libidos les plus solides, atomise les érections, contraint au repli. Symboliquement, c’est encore pire : jusque dans notre langage, les gali-

pettes et la bagatelle évoquent un monde de désinvolture. Qu’on grimpe aux rideaux ou qu’on s’envole au septième ciel, c’est l’apesanteur qui nous guide. Qu’on fusionne avec notre partenaire, et nous voici même débarrassés des limites de notre corps, flottant tels de purs esprits! Ce retour de gravité est d’autant plus incontournable qu’il met dans le même panier les pratiques soft et les pratiques

(considérées comme) hard: en 2020, le tendre baiser avec son amoureux devient potentiellement aussi dangereux qu’une pénétration vaginale avec un parfait inconnu. On peut mourir. On peut tuer. Repose en paix, insouciance! Si la situation perdure, une génération entière pourrait bien tergiverser avant d’embrasser ou d’enlacer quelqu’un lors d’un premier, deuxième ou quarantième rendez-vous. Avec une conséquence logique : même si les moins frileux d’entre nous sont prêts à reprendre les rencontres «physiques», il y a fort à parier que la spontanéité des rapports va avoir du plomb dans l’aile. Cette évolution s’articulera alors autour de plusieurs axes: transparence, prudence, romance (mères co-parentes de sûreté). ◗ Transparence: oubliez le flou artistique. Dans The Atlantic, la journaliste Ginny Hogan évoque ainsi la fin du «casual dating» - l’art typiquement américain du papillonnage, qui permet aux amants de faire connaissance sur la durée tout en gardant leurs options ouvertes. Aujourd’hui, plus question de rester le cul entre deux chaises! On est soit célibataire, soit en

(Dé)confinement, impact sur la libido

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a période inédite de confinement a eu des retentissements psychologiques importants, notamment sur la sexualité. Quels en sont les contours? Les explications de Jean-Benoit Dumonteix, psychologue et psychanalyste. Davantage de temps disponible, un rapprochement des corps et des coeurs au sein du foyer… Tout pouvait laisser croire que la période de confinement aurait favorisé l’exploration et la découverte de nouveaux plaisirs charnels... mais visiblement, pour beaucoup, il n’en fut rien. Si les célibataires se sont

trouvés confrontés à une abstinence forcée pendant ces mois de confinement, les couples n’en ont pas davantage profité. Le caractère anxiogène du contexte avec en filigrane, la peur de la contamination, la présence des enfants, le manque de disponibilité psychique ont eu finalement raison de notre libido. C’est ce que suggère un sondage Ifop publié le 5 mai 2020 soulignant que 21% des couples vivant sous le même toit affirment n’avoir eu aucun rapport au cours des quatre dernières semaines. Ils étaient 10% avant le confinement. Un constat qui ne surprend guère JeanBenoit Dumonteix, psychologue et psy-

chanalyste à Paris. «Pour les couples, le confinement a donné lieu à une cohabitation inhabituelle et permanente. Passés les effets de surprise des premiers jours, la situation a pu avoir rapidement des effets délétères: baisse, voire disparition de la sexualité, prise de conscience des inégalités dans la répartition des tâches ménagères, multiplication des tensions, lassitude…» Rien de tel pour refroidir le désir qui, rappelons-le, se nourrit du manque. Si l’autre est toujours présent, le désir finit par s’étioler. Ajoutons aussi que le climat anxiogène du confinement s’inscrivant dans une totale incertitude quant à sa durée et ses répercus-

sions économiques, n’a pas facilité les choses. «Si les couples peuvent passer de bonnes vacances, c’est parce qu’il y a une date de fin !», ironise JeanBenoit Dumonteix. En Chine, la sortie du confinement s’est notamment traduit par un nombre record de demandes de.. divorces! En France, il est encore trop tôt pour le savoir. Tout comme il est difficile de connaître les répercussions du déconfinement sur la sexualité. Si les célibataires ont pu recourir à la pornographie, à la sexualité «virtuelle» via des sites et des applications de rencontres alors qu’ils étaient cloitrés chez eux, allons-nous

assister pour autant à une «explosion» de relations pendant la phase de déconfinement? Rien de moins sûr, pour Jean-Benoit Dumonteix. Phénomène inédit: cette période de confinement a remis à une place importante la tendresse et le toucher, en écho au besoin d’être rassuré et enveloppé. «Nous avons pris conscience que toute notre société est fondée sur le contact physique. Les gens ont hâte de reprendre leurs proches dans les bras. Il est vrai qu’avec ce confinement, le toucher était presque devenu une denrée rare!».

NATHALIE FERRON n

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couple - et entre ces deux mondes, les frontières restent étanches. Pour accéder au couple, il faudra non seulement montrer patte blanche, mais peutêtre faire des tests… comme quand on arrête le préservatif. En espérant que personne ne se mette à exiger la copie intégrale du dossier médical! Prévoyons aussi une solide dose de patience, pas forcément désagréable. On peut trouver érotique de s’attendre, de faire monter la pression à distance – comme dans les romans de Jane Austen. Si faire connaissance plus longtemps constitue un sacerdoce, l’affaire est de toute manière mal engagée! ◗ Prudence: après le «slow sex», la «slow séduction». En revanche, il y a fort à parier que le ralentissement de nos vies sexuelles se double d’une grande prudence, donc de gros gestes barrières à l’entrée. Parmi les lecteurs et lectrices qui m’envoient des messages, plusieurs m’ont confié qu’ils auraient des rapports sexuels «seulement si ça en vaut la peine»… Et c’est bien normal: en ce moment, on a besoin d’être rassurés. Cette réassurance devrait entraîner une sélection drastique des partenaires, avec une prime aux prétendants, justement, les plus sérieux. En corollaire, on peut prévoir une accentuation de la «privatisation de la rencontre» chère à la sociologue Marie Bergström, car les rencontres dans des lieux privés (au travail, chez des amis…) permettent de limiter les risques. Ce rétrécissement du nombre de partenaires potentiels produit moins de mixité sociale… mais on aurait tort de mettre sur le dos du Covid-19 une tendance déjà enclenchée il y a longtemps (les couples français sont très homogames, c’est-à-dire qu’ils se marient le plus souvent dans leur classe sociale). ◗ Romance: «Love is in the air». Cette sélection passera par un retour en grâce des sentiments: s’il paraît téméraire de tom-

ber le masque pour un demi-orgasme alcoolisé, il demeure socialement acceptable de risquer sa santé pour le grand amour. Et les romantiques parmi nous, injustement méprisés hier («arrête avec ton sentimentalisme béat, Jean-Patrick»), pourraient être les mieux armés face aux défis de l’été. Les représentations culturelles valident d’avance leur choix: pour prendre un risque vital, il faut de l’amour, parce que l’amour est plus fort que la mort (n’essayez pas de reproduire cette cascade à la maison). Ce retour du romantisme est encore augmenté par la présence d’un élément narratif incroyablement propice à la cristallisation: l’obstacle. Citons encore une sociologue, en l’occurrence Eva Illouz, sur France Culture le 14 février 2019 : «On peut dire que l’idée de grand amour, c’est une idée de société où la relation entre les jeunes gens est très régulée». Ici, la pandémie et les interdictions de déplacement font office de régulateurs. Par ailleurs, le risque est lui-même lié à l’excitation sexuelle. Non seulement le désir favorise la mise en danger, mais l’autre devient terriblement désirable justement parce qu’il incarne un danger (jurisprudence Twilight… ou Tristan et Iseult). La boucle est bouclée. Le désir sexuel recouvre alors son potentiel de transgression, comme les données les plus récentes l’ont confirmé. Les personnes confinées loin de leur partenaire ont-elles volontiers «oublié» les règles du confinement (52% de resquilleurs dans cette catégorie, contre 37% chez les célibataires et 29% chez les couples cohabitants, selon des chiffres récents Ifop/Charles. co). Enfin, du côté des pratiques, à quoi s’attendre? Le retour en grâce de l’amour avec un grand A devrait s’accompagner d’un retour du cool pour le baiser avec un grand B – réinvesti comme un espace fantasmatique interdit, donc hautement convoité. On s’arrêtera au b.a.-ba: à la lettre C, il y a le Covid… MAÏA MAZAURETTE n


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De quoi est mort Pierre Nkurunzinza?

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mpossible de savoir ce qui se passe exactement au Burundi. Comment le Président est mort? Sa mère, son épouse, le président élu du pays qui attendait la passation des pouvoirs, etc., sont-ils malades ou morts? Comment vont être les prochains jours au Burundi? Quelle est exactement la situation sanitaire face au coronavirus dans un pays qui a dit tout ignorer de cette pandémie? Les nouvelles les plus alarmantes circulent notamment sur les réseaux sociaux... Confirmant les informations qui circulaient depuis mardi matin 9 juin, un tweet et un communiqué du gouvernement burundais ont annoncé mardi dans l’après-midi «le décès inopiné de Son Excellence Pierre Nkurunziza». Selon le communiqué du gouvernement burundais, le décès du Président est «survenu à l’hôpital du Cinquantenaire Natwe Turashoboye de Karuzi, suite à un arrêt cardiaque». Selon ce texte, Pierre Nkurunziza aurait «passé l’après-midi du 6 juin à assister à un match de volley-ball à Ngozi» et c’est la nuit suivante que pris d’«un malaise, il s’est vite rendu à l’hôpital de Karuzi pour se faire soigner». Et le communiqué d’insister : « Il a été reçu en hospitalisation pour état de malaise. Le dimanche, son état de santé s’est amélioré et il s’est entretenu avec les personnes qui étaient avec lui. A la très grande surprise, dans l’avantmidi du lundi 8 juin, son état de santé a brusquement changé avec un arrêt cardiaque». Malgré des soins, le patient n’a pu être sauvé, ajoute le texte officiel. Cette version du décès ne va pas sans susciter des doutes.

Grande incertitude au Burundi après la brusque disparition du président sortant qui attendait de passer le flambeau à son successeur. DR. Dans la nuit du 27 au 28 mai dernier, l’épouse du Président, Denise Bucumi, avait été évacuée vers le Kenya en avion médicalisé et des médias kényans avaient annoncé qu’elle était en soins intensifs, atteinte du coronavirus. Des rumeurs circulant au Burundi avaient alors indiqué que Pierre Nkurunziza, resté au pays (dont il ne sort plus depuis le coup d’État raté contre lui en 2015), s’était isolé chez lui avec des médecins. Depuis mardi matin, des informations circulaient donnant pour mort le chef de l’État sortant. Tout le monde meurt évidemment d’un arrêt cardiaque. La présentation du décès présidentiel offerte par le communiqué officiel a l’avantage de ne pas mettre le défunt en face de ses contra-

dictions : depuis des mois, il assurait que le Burundi était épargné par la pandémie de coronavirus parce qu’il était «protégé par Dieu» en raison de la piété de ses habitants. Le couple Nkurunziza fait lui-même montre d’une grande ostentation religieuse. Pierre Nkurunziza affirme avoir été «choisi par Dieu» pour gouverner le Burundi et son épouse est «révérende pasteur» de l’église du réveil «Église du Rocher». QUI VIENDRA ET COMMENT? On sait cependant que la maladie a frappé le Burundi comme les autres pays et que le manque de précautions des autorités a aggravé les choses, ainsi que la campagne pour les élections générales du 20 mai dernier, qui a

rassemblé des foules nombreuses sans précaution. Dans ces conditions, admettre que le Chef de l’État a succombé au coronavirus reviendrait à reconnaître que celui qui a été nommé «guide suprême» du pays pouvait se tromper, ce qui ne correspond pas à l’idéologie officielle en vigueur depuis l’arrivée au pouvoir de M. Nkurunziza et de son parti, le CNDD-FDD. Reste que le décès de Pierre Nkurunziza risque de semer la panique dans les cercles dirigeants du pays. Il faudra lui organiser des funérailles nationales. Qui osera y venir muni d’un masque, signe d’incrédulité devant la parole du défunt? Quels chefs d’État étrangers, dans ces conditions, feront-ils le déplacement à Bujumbura? Qui lui succédera?

L’article 121 de la Constitution prévoit qu’en cas de décès du chef de l’État, lui succède à titre intérimaire le président de l’Assemblée nationale. Il s’agit actuellement de Pascal Nyabenda, très proche du Président sortant, qui l’avait proposé comme candidat du CNDD-FDD à la présidentielle lors des élections générales du 20 mai dernier. Le groupe des généraux qui dirige le pays avec le chef de l’État lui avait toutefois préféré le général-major Évariste Ndayishimiye. Et ainsi fut-il fait. Malgré des fraudes importantes et le manque de crédibilité des scrutins du 20 mai, M. Ndayishimiye a été proclamé élu par la Cour constitutionnelle. Comme Pascal Nyabenda n’a pas la bénédiction des gé-

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néraux et qu’il serait lui-même malade depuis plusieurs mois, le plus vraisemblable serait qu’on accélère la prestation de serment du général major Ndayishimiye, normalement prévue, par le calendrier électoral, pour le 20 août, soit cinq ans jour pour jour après le début du dernier quinquennat de Pierre Nkurunziza, après une élection très controversée, celle-là aussi. Il ne semble en effet exister aucune disposition constitutionnelle ou légale qui empêche d’avancer la prestation de serment. L’article 104 de la Constitution précise seulement que le mandat du nouveau Président «débute le jour de la prestation de serment et prend fin à l’entrée en fonction de son successeur». Populaire mais soumis aux généraux À cet égard, on peut

également remarquer que si Évariste Ndayishimiye apparaît comme un personnage populaire mais aux convictions peu affirmées, habitué à se soumettre aux volontés des généraux qui dirigent le pays, le décès de Pierre Nkurunziza lui enlève un poids des épaules : ce dernier, érigé en «guide suprême» du Burundi, pouvait imposer ses vues au chef de l’État. Il faut noter que Nkurunziza s’était taillé une loi sur mesure votée le 21 janvier 2020 par l’Assemblée nationale. Il recevrait une villa de très haut standing construite par le Trésor public dans une localité choisie par le président sortant lui-même. Cette loi prévoit le versement d’une allocation d’environ 500.000 $US. avec LA LIBRE n


international SINCE 1989

L’Italo-gênois Christophe Colomb décapité ou dégradé aux États-Unis Colomb est ainsi attaquée aux États-Unis. Accusé de génocide par de nombreux militants pour avoir attaqué les autochtones à son arrivée en Amérique, il est également pointé du doigt pour avoir en partie créé et organisé la traite des Noirs. Ainsi, la statue le représentant à Boston, avait été décapitée une première fois en 2006, avant d’être de nouveau dégradée en 2015. Les mots «Black Lives Matter» avaient été inscrits sur sa base et de la peinture rouge projetée sur son visage. Comme le rapporte une nouvelle fois le Richmond Times-Dispatch, un autochtone local a pris la parole lors du rassemblement organisé devant la statue de Richmond. Il aurait alors déclaré que des parallèles étaient possibles entre les luttes des peuples autochtones et des Noirs en Amérique. En 2019, plusieurs États ont d’ailleurs remplacé le Columbus Day par le Indigenous People’s Day, censé rendre hommage aux peuples autochtones. FINANCE PRESS GROUP, FPG RCCM KIN/RCCM/15-A-27926 Id. Nat. 01-93-N00932M

La colère dans le monde après le meurtre de l’Afro-américain George Floyd par un policier, ne faiblit pas. Bien au contraire. DR.

L

es manifestations géantes contre le racisme et les violences policières ne connaissant pas de relâche. Désormais, les manifestants s’en prennent aux symboles de l’esclavagisme et de discriminations pour les minorités aux États-Unis. Depuis la mort de l’Afro-américain George Floyd le 25 mai, de nombreux manifestants, qui demandent justice pour ce Noir de 46 ans disparu mort asphyxié au terme d’une intervention policière, s’en prennent ainsi aux symboles de la douloureuse histoire des minorités aux États-Unis. Ainsi, si plusieurs bâtiments officiels ont été incendiés quelques heures après les faits, ce sont désormais les statues de personnages historiques qui sont prises pour cibles. Dégradées ou tout bonnement arrachées de leur socle, elles représentent la plupart du temps des acteurs qui ont eu un rôle central dans l’esclavagisme et les discriminations, en particulier des Noirs et des autochtones, dans l’histoire du pays. Ces dernières heures, ce sont

FONDATEUR Tryphon Kin-kiey Mulumba. kkmtry@lesoft.be Twitter @kkmtry Kin’s Global site www.lesoftonline.net/www. lesoft.be LeSoftConcept LeWebSoftConstruct InterCongoPrinters Radio Télé Action Masimanimba. Grand Bandundu info@lesoft.be SIP-AFRIMAGES B-1410 Belgique. Tél 00-32-488205666. Fax 00-322-3548978. eFax 00-1-707-313-3691 DIRECTEUR GÉNÉRAL. Yerkis Muzama Muzinga. Phone +243-818371479. Directeurs associés Yves Soda. Christophe Dandy Lukeba. DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Pold Kalombo Levy. RESPONSABLES ÉDITORIAL. Emmanuel Luyatu Julien Mao Mampo Déborah Mangili Uba. DIRECTION COMMERCIALE. Phone +243-818371479.

des statues de Christophe Colomb, un Italo-génois né à Gênes en 1451 sur le territoire de la République de Gênes, mort le 20 mai 1506 à Valladolid et célèbre navigateur au service des monarques catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, pour, selon l’histoire, avoir «découvert l’Amérique» en 1492, qui ont été prises pour cible. Comme le rapporte CBS Boston, une oeuvre qui se

trouvait dans le North End Park de cette ville du Massachusetts a été décapitée tout d’abord, puis retirée quelques heures plus tard par la municipalité. FIGURE CONTROVERSÉE. Le maire de Boston, Marty Walsh, a assuré sur la statue qu’elle ne serait probablement pas remise à sa place originelle, et les auteurs des faits n’ont pas été identifiés.

Une scène similaire a été rapportée à Richmond, en Virginie, où une autre statue du navigateur a été déboulonnée. Comme le détaille le Richmond Times-Dispatch, plusieurs personnes se sont réunies en début de soirée et ont utilisé des cordes afin d’arracher la statue de son socle. Elle a été jetée dans un lac voisin. Ce n’est pas la première fois que la figure de Christophe

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Directeur de la publication. Munyonga Mubalu. AMP Agences et Messageries de la Presse belges. Accords spéciaux. Belgique. Trends. Trends, Tendances. Le Vif/L’Express. Knack. © Copyright 2019 FINPRESS. Imprimé à Kinshasa InterCongoPrinters Autorisation de diffusion en R-DC. M-CM/LMO/0321/MIN/08 datée 13 janvier 2008.


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