Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Le Suricate N° 13
Bi-mensuel
5 mars 2013
Magazine À la une
Antifreeze Solution Tomassenko s’invite au Varia
Mais aussi...
Les Oscars Le PPM Fest L’interview de Eths
The Sessions Le coup de coeur pour un film plein d’humanité. L’excellence signée Ben Lewin
Sommaire
Découvertes Edition numérique / traditionnelle
p. 5
Littérature
p. 6 p. 8 p. 9 p. 10
Les désorientés Passionnément Le Sanctuaire du coeur Froid Mortel Syrli Top100 des chansons à connaitre Je vous trouve beaux Un homme trop facile Contes et légendes de France Mein Kampf, histoire d’un livre
Cinéma The Sessions Jappeloup Broken City The Master - Foxfire Gambit Sorties du 6 mars Sorties du 13 mars Oscars 2013 Actualités cinéma
p. 11 p. 12 p. 13 p. 14 p. 15
Rencontre Eths PPM Fest 2013 In Solitude Indochine - Camille Mr Mississippi - Alpha Tiger Jamie Lidell Psychopunch - Bullet for Valentine
p. 16 p. 18 p. 20 p. 21 p. 22 p. 23 p. 24
Scènes Antifreeze Solution Toutes nos mères sont dépressives Terrain vague La peur Joséphina - Les rustres Sur la route de Montalcino Danseur de cordes
3
p. 41 p. 42 p. 42
p. 44 p. 45
Cotations Rien à sauver Mauvais Mitigé Bon Très bon Excellent
p. 26 p. 28 p. 29 p. 30 p. 32 p. 33 p. 33
p. 38 p. 39 p. 40
Happy Birthday Mr Suricate La planète des Singes Star Trek Nemesis
Musique
p. 34 p. 35 p. 36 p. 37
Aucun lien avec le furet
5 mars 2013
2 0 e l s e d e t n e v En
3 1 / /04
Edito
Le terrier du Suricate Le public boude-t-il le cinéma ? Le mois de février est, comme à l’accoutumée, le moment idéal pour faire le point sur l’année écoulée. De fait, les chiffres de fréquentation arrivent au compte-gouttes et donnent un aperçu indiscutable de la santé du septième art. En Europe, c’est la morosité qui est de mise cette année. Et pour cause, les chiffres sont décevants voire calamiteux. Dans l’Union Européenne, la fréquentation a baissé de 2,4% en moyenne, ce qui est encore honorable. Cependant, des disparités existent bel et bien entre les pays qui la constituent. Si les chiffres de la Belgique ne sont pas encore tout à fait connus, ceux de France (-5,9%) et d’Italie, (-9,9%) sont probablement les plus alarmants. Mais tout n’est pas noir pour autant car les pays de l’Est mais aussi ceux d’Europe du Nord s’en sortent plutôt bien. La palme revenant à la Bosnie-Herzégovine qui a annoncé une hausse spectaculaire de 37,9%. Le cinéma va-t-il mal en Europe et dans le monde en général ? Sûrement. Pourtant, en Belgique, les productions belges n’ont jamais été aussi nombreuses et n’ont jamais connues autant de succès auprès du public (+72%). Ceci est dû en grande partie par le très avantageux tax shelter qui permet aux producteurs de lever des fonds bien plus importants qu’auparavant.
Une publication du magazine
Mais cela n’est qu’une infime lueur d’espoir. Si le monde du cinéma, et en particulier Hollywood, continue de mettre en cause le téléchargement illégal (ce qui n’est pas faux), ce dernier occulte sciemment la masse de films qui inondent les salles toutes les semaines. Rien que dans notre petit royaume, près de dix films sortent sur les écrans chaque semaine. Faire fonctionner un film d’auteur dont l’affiche apparait au milieu de blockbusters aux budgets pharaoniques relève du vrai parcours du combattant. Autre problème auquel va devoir faire face le secteur : la crise. Alors que l’économie peine à re-démarrer, le prix des places ne cesse d’augmenter. Un précieux sésame frôle aujourd’hui les dix euros sans compter les friandises vers lesquelles vos estomacs pourraient être attirés. Dans ce contexte, une sortie en famille peut coûter facilement 40 à 50 euros. À ce prix-là, on a plus vite fait de s’acheter cinq dvds et de constater que, au final, le cinéma n’est peut-être pas fait pour tout le monde.
M.M.
Directeur de la rédaction : Matthieu Matthys Rédacteur en chef : Loic Smars Directeur section littéraire : Marc Bailly Directeur section musicale : Christophe Pauly
Tenir un magazine bénévole, c’est parfois difficile. On n'est pas payé, on manque d’argent pour nos projets. Mais d’un autre côté, on a une certaine liberté d’action. C’est cette liberté, conjuguée avec une volonté de professionnalisme qui nous guide. Une de nos principales libertés est de pouvoir découvrir et faire découvrir des spectacles, des films ou des artistes moins connus. Qui peut se permettre de publier une double page d’interview de Slim Riché (voir numéro 11) ou dans ce numéro, d’accorder la couverture à une pièce de théâtre du Varia, qui plus est, montrée dans la petite salle de ce théâtre bruxellois ? Vous retrouverez bien sûr les articles d’évènements faisant la une, comme les Oscars ou Jappeloup avec Guillaume Canet. Finalement, on peut dire qu’il y en a pour tous les goûts ! Et ce n'est pas fini. On ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
L.S.
Crédits
Le Suricate Magazine © http://ww.lesuricate.org
Découvertes
Webmaster : Benjamin Mourlon Secrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre Régie publicitaire : pub@lesuricate.org
5
Ont collaboré à ce numéro : Véronique De Laet, Roxane De Quirini, Elodie Kempenaer, Marie Vandenberg, Emilie Lessire, Lise Francotte, Julien Sterckx, Quentin Esser, Baptiste Rol, Sontiu Falguière, Noelia Gonzalez, Anastasia Depauld, Marylise Dufour, Nathalie Beauport, Nele De Smedt, Frédéric Livyns, Marc Van Buggenhout
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Cinéma
The Sessions, une leçon d’humanité Le réalisateur polonais Ben Lewin sort du petit écran pour s’attaquer au grand. Une aventure qu’il avait déjà tentée auparavant, sans réel succès. Pourtant, The Sessions pourrait être une révélation
©20th Century Fox
La critique
Eduqué dans un milieu catholique, il confie ses peines et ses réflexions au père Brendan (William Macy).
érections dans une église !), ni dans les corps… Helen Hunt se déshabille sans la jouer « prostituée » ni pudeur déplacée. Elle prend des poses sexuelles sans que cela ne semble être voyeuriste ou exhibitionniste, sans donner à l’ensemble un côté graveleux de soft porno. Même les petits ratés de départ trop rapide de Mark O’Brien ne sont ni répugnants ni ridicules.
Son obsession, comme tout humain : connaître l’amour. Il publie une annonce : « Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir... ». Mais bien sûr, pas évident de trouver cette perle rare.
- sa délicatesse : malgré un vocabulaire sexuel explicite, tout se passe avec une bonne humeur, une douceur et même souvent une pudeur qui sert merveilleusement le film. Les scènes sont suggérées, jamais exposées. Tout passe par les mots et les mouvements qu’un adulte averti décode.
Conseillé par les membres d’une association d’aide aux handicapés et conforté par le père Brendan, il se résout à faire appel à une assistante sexuelle. 6 séances sont remboursées, au cours desquelles il va « éveiller son corps », « pratiquer une pénétration », etc.
- le jeu d’acteurs : Helen Hunt joue la nuance, entre la femme qui pratique un métier délicat mais qui reste aussi un être humain, touchée par la situation, parfois limite de tomber dans une relation plus que simplement professionnelle. John Hawkes lui est impressionnant. Très maigre, immobile en permanence, il joue un homme qui a presque 20 ans de moins que lui, un homme fragilisé par cette peur commune à tous : mourir sans avoir aimé, d’amour et de sexe.
Alors entre dans sa vie cette femme au métier peu commun, Cheryl Greene (Helen Hunt), qui va prendre soin de ce corps meurtri avec une précision, un savoir-faire, une délicatesse peu commune. Inspiré d’une histoire vraie décrite par Mark O’ Brien dans un article intitulé « Rencontrer une assistante sexuelle », ce film est un petit bijou. Pour diverses raisons d’ailleurs mais je vais épingler quelques aspects :
- les seconds rôles : William Macy en prêtre qu’on ressent à la fois compatissant et un peu remis en question dans son choix de chasteté, qui lutte entre son rôle de confident et le fait de parler de quelque chose qu’il ne peut partager… Les soigneurs complices et amicaux, Véra, Amanda et Rod…
- Sa liberté : il n’y a pas de tabou, ni dans les propos (quelle audace, parler de ses
- le rythme : quand on a compris jusqu’où irait Helen, l’histoire prend un tournant,
6
avant de virer pour ne pas tomber dans le pathos. Et ainsi de suite. La fin, on s’en doute mais on se sent heureux pour cet homme qui a connu et partagé cette expérience de vie, on sourit quand il évoque devant une jeune femme qui lui plait « qu’il n’est pas puceau ». Bref, on sort de là non plombé par une histoire glauque mais charmé et convaincu qu’il faut faire ce qu’il convient pour aider les handicapés physiques à assumer une sexualité naturelle à tout humain adulte.
Véronique de Laet
The Sessions 6 mars 2013
Mark O’Brien (John Hawkes) est un polyhandicapé, victime de la poliomyélite. Ses nuits se passent dans un poumon d’acier, ses jours aussi car il a un respirateur à batteries dont l’autonomie est limitée à 4h.
Comédie dramatique de Ben Lewin Avec John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy Mark fait paraître une petite annonce : "Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage sʼabstenir...". Lʼhistoire vraie et bouleversante dʼun homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre dʼaimer, "comme tout le monde".
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Jappeloup, chevalement vôtre La belle histoire de Pierre Durant, incarné par Guillaume Canet, de son cheval surnommé Jappeloup et de leurs nombreuses victoires et médailles
©Jérôme Prébois
La critique
Après un premier scénario, Guillaume Canet, le génial créateur des Petits mouchoirs et de Ne le dis à personne, a réécrit le tout. Il n’a pas réalisé le film, mais y joue le rôle principal. Il incarne Pierre Durand. Terrain connu pour lui. En effet, l’acteur avait arrêté sa carrière de cavalier à l’âge de 18 ans, suite à une mauvaise chute. Et pour le besoin du film, Guillaume Canet s’est remis sérieusement à l’équitation. Le tournage s’est déroulé principalement au Cap Ferret, à Bergerac (Dordogne), à Fontainebleau, à Séville pour le décors des Jeux Olympiques de Séoul et à Palma de Majorque pour Los Angeles. Christian Duguay, le réalisateur, s'éloigne radicalement de ses réalisations précédentes puisqu’il était surtout connu pour son travail avec la télévision (Coco Chanel, Hitler : la naissance d’un mal, Anna Karenine…) pour renouer avec
l'une de ses passions de jeunesse : l'équitation. En effet, comme il a fait partie de l'équipe d'équitation du Canada, Pierre Duguay partait avec un avantage certain : la connaissance de son sujet.
et consciencieux ? Est-ce mon père et la peur de le décevoir qui m'y oblige ? » Un film agréable à regarder qui s’adresse aux amateurs d’équitation évidemment, mais à tous les autres également. On y parle d’amour, de choix de carrière et des sacrifices qu’il faut parfois concéder, de la relation entre un cheval et son cavalier. Un film qui ne tombe par dans le côté larmoyant que l’on pourrait attendre. Bref une belle réussite.
«Une histoire qui parle à Guillaume Canet, lui-même ancien cavalier» Histoire véritable puisque Jappeloup et Pierre Durant ont réellement existé. Ils ont gagné la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988, de nombreuses médailles d’or en Coupes du monde et en Championnats du monde. Un duo qui a fait le fierté de la France. Fierté que l’on retrouve en partie dans ce film au casting irréprochable. Un Daniel Auteuil qui joue le père de Guillaume Canet ; Marina Hands qui joue la femme du héros ; Lou de Laâge qui émerge de manière convaincante, mais aussi Donald Sutherland ou Jacques Higelin. Et Guillaume Canet évidemment. Car qui d'autre pouvait interpréter ce cavalier, qui avait été vilipendé sévèrement aux Jeux Olympiques de Los Angeles après une mauvaise chute, puis porté aux nues après sa médaille d'or aux JO de Séoul ? Guillaume Canet a, en effet, renoncé à une carrière de cavalier pour privilégier celle d'acteur, décevant ainsi son père, propriétaire d'un haras. Pierre Durant a longuement hésité entre une carrière d'avocat et sa carrière de cavalier, puis sous l'influence de son père, a repris la compétition. « Pourquoi devrais-je vouer ma vie à l'équitation et ne pas profiter de la vie confortable d'un avocat débonnaire
8
Marc Bailly
Jappeloup 13 mars 2013
Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval dans lequel personne ne croit vraiment : Jappeloup. Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais une détente et des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Avec l’aide de Nadia, sa femme, et de Raphaëlle, la groom du cheval, Pierre va regagner la confiance de Jappeloup et construire une relation qui va les mener aux JO de Séoul en 1988.
Drame, Biopic de Christian Duguay Avec Guillaume Canet, Marina Hands, Daniel Auteuil Au début des années 80, abandonnant une carrière dʼavocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut dʼobstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup. Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais une détente et des aptitudes remarquables.
Broken City, un scénario bâclé Scénario peu original mais acteurs de marque, Allen Hugues pense-t-il pouvoir nous bluffer ?
©KFD
La critique
L’intrigue de cette œuvre ne possède pas une once d’originalité et c’est sans surprise que nous découvrons minute après minute ce nouveau thriller politique. Nous y suivons tout d’abord le Maire Nicolas Hostetler (Russell Crowe) dans sa campagne de réélection et rencontrons en parallèle Billy Taggart (Mark Wahlbergh), un ex-policier qui fut, quelques années auparavant obligé de démissionner étant impliqué dans une sombre histoire de meurtre. Billy, s’étant réorienté et devenant ainsi détective privé, est donc contacté par Nicolas afin d’effectuer un petit boulot. Le maire aimerait en effet savoir si oui ou non, son épouse, Cathleen (Catherine Zeta-Jones), entretient une relation avec le chargé de communication de son concurrent direct au poste de maire. L’affaire semble facile à régler, pourtant Billy se retrouve bien vite impliqué dans ce qui s’avère être un réseau de manipulations qui le dépasse plus qu’il ne peut l’imaginer. Démarrant par un possible adultère, Broken City s’éparpille dans tous les sens et nous entraine dans les tréfonds bien sombres de la politique et des magouilles qui, malheureusement, y sont souvent associées. Si le film reprend des têtes d’affiche tel que Mark Wahlberg, Catherine ZetaJones ou encore Russell Crowe, il ne marque cependant pas le Cinéma d’une pierre blanche.
Certes, on ne s’ennuie pas durant la séance (on ne peut pas vraiment dire qu’on s’amuse non plus), malgré un scénario très prévisible, mais Broken City n’est définitivement pas un film dont on gardera un souvenir inébranlable. La relation entre politique, manipulations et pot de vin, a malheureusement déjà trop fait parler d’elle au cinéma et, à moins d’une idée vraiment originale, devient petit à petit une association usée jusqu’à la corde.
s’avèrera probablement être une des grosses déceptions de cette année 2013. Le premier film d’Allen Hughes en solo (pour rappel, il travaillait auparavant en compagnie de son frère) est une erreur. Comme s’il venait nous rappeler que toute histoire n’est pas bonne à narrer.
Roxane de Quirini
L’histoire est plate et les comédiens semblent se battre avec plus ou moins de vigueur afin de se dépêtrer d’une intrigue si peu originale. Wahlberg, producteur du film, s’est assuré lui la solution de facilité, se délimitant ainsi une zone de confort non négligeable. Quand à Russell Crowe, il est malgré tout délectable de le retrouver dans le rôle d’un mégalomane maniaque du contrôle. Enfin, si Catherine Zeta-Jones reste une femme sublime, sa prestation l’est beaucoup moins. Comportant quelques incohérences et plusieurs dialogues improbables, Broken City, certes se laisse regarder, mais il est pourtant bien vite oublié.
Broken City 6 mars 2013
Broken City attire par ses têtes d’affiche, certes, mais dans la salle, le film enchaine les erreurs et transforme notre enthousiasme en déception.
Thriller de Allen Hughes Avec Russel Crowe, Mark Wahlberg Engagé par le maire pour enquêter sur la possible infidélité de sa femme, un ex-flic devenu détective se retrouve au cœur d'une vaste machination politique.
Manque de profondeur, impression de déjà-vu, boulot bâclé par le scénariste, acteurs moyennement bons… nombreuses sont les raisons qui pourraient expliquer un tel désastre. Dommage pour un film dont les têtes d’affiche avaient engendré énormément d’attente et d’impatience auprès des cinéphiles et qui
9
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
C’était l’une des plus grandes attentes de l’année, The Master du réalisateur, scénariste et producteur Paul Thomas Anderson. Après There Will Be Blood et Magnolia, il revient avec ce nouveau film porté par un trio d’acteurs de choix, Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman et Amy Adams. L’affiche a de quoi faire saliver.
The Master de Paul Thomas Anderson sortie le 6 mars 2013 Drame (137ʼ)
Avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams
Le vétéran Freddie Quell (Joaquin Phoenix), après avoir combattu dans le Pacifique, revient en Californie. C’est un alcoolique notoire distillant sa propre bibine ultra relevée (tout y passe, et quand je dis tout, c’est tout ce qui peut dégommer la gorge) et un violent compulsif qui n’arrive pas à contrôler ses accès de colère. Il croise par hasard la route de Lancaster Dodd dit « Le Maître » (Philip Seymour Hoffman). C’est le meneur charismatique d’un mouvement se nommant « La Cause ». Y trouvant une stabilité les premiers temps, Freddie se retrouve très vite entièrement sous la coupe du Maître et de sa femme (Amy Adams). The Master fait partie de ces films qui me laissent perplexe. Ne sachant trop que penser à la fin.
m’a semblé durer bien moitié plus. Généralement, ce n’est pas bon signe. Trop rares sont les moments où l’image me garde en alerte, où les situations me tiennent en haleine. Trop souvent sont les moments où je pense plus aisément à ce que je vais bien pouvoir dire du film qu’au film lui-même. L’histoire pourrait être passionnante, on pourrait se perdre avec Freddie, on pourrait adhérer à la Cause et à sa théorie des vies antérieures, on pourrait plein de choses qui n’arrivent pas. Tant pis. Je me jure toujours de trouver du bon dans chaque film que je vois (parfois, ça relève du miracle, de l’effort herculéen), ici ce sera la performance des acteurs. Et je le dis sans aucun effort pour le coup. Véritablement, les trois acteurs servent avec ferveur leurs rôles. Ce qui rattrape plus que bien ce manque d’intérêt que j’ai ressenti durant toute la durée de la vision. Conclusion pour The Master, les acteurs ne font pas tout mais ils rattrapent la sauce de bien belle manière.
Elodie Kempenaer
Première constatation, ce film de 137 minutes
village...
Dans les années 50, dans un petit
Des jeunes filles font le triste constat que, souvent, les hommes prennent le dessus sur elles. Tout naturellement, pour celles ayant des testicules compris avec le service de base, elles se rebellent contre cette inégalité. Margaret Sadovsky, dite Legs, mène avec une force et un acharnement émouvant son combat, son utopie, souhaitant en faire un idéal de vie pour toutes. Elle crée une sorte de milice secrète exclusivement féminine : Foxfire.
Foxfire de Laurent Cantet sortie le 13 mars 2013 Drame (143ʼ) Avec Raven Adamson, Katie Coseni, Claire Mazerolle, Madeleine Bisson
Foxfire ne regarde jamais en arrière, Foxfire brûle et brûle, Foxfire veut suivre ses propres lois mais Foxfire n’est pas invulnérable et bientôt se cogne à la réalité de la vie, des choses, des hommes et de la société. Comment poursuivre son idéal quand la société dit le contraire ? Comment garder entier le feu de vengeance ? Pourquoi le garder allumé ? Comment ne pas s’y brûler les ailes, provoquant une chute irrévocable ? Foxfire est puissant. Laurent Cantet pour dénicher ses actrices a misé sur le casting sauvage. Sous le charme de ces jeunes filles. On
10
ne peut s’empêcher de tantôt applaudir leurs actions tantôt déplorer que leurs soifs de vengeance les plongent dans une déraison destructrice. Parfois même, on ne peut s’empêcher de ressentir les deux, d’être à notre tour plongé dans cette folie. Coup de cœur pour l’interprète de Legs et pour son personnage. La beauté d’une âme qui s’acharne à faire de son utopie une réalité, qui puise dans ses réserves d’énergie pour faire tenir le groupe. Beauté de l’actrice… particulièrement dans la seconde partie du film où elle crève l’écran par un charme mélancolique. Je m’attendais à un bon film et je n’ai pas été déçue.
Elodie Kempenaer
Dans la catégorie très prolifique des navets du cinéma, Gambit, arnaque à l’anglaise, promet d’obtenir une très belle place dans le classement 2013. Tout avait pourtant bien commencé avec une affiche sympathique mais, à l’arrivée, Michael Hoffman nous a signé une comédie niaise et abondemment ridicule qui ne mérite même pas l’honneur de figurer sur une affiche de cinéma.
Gambit, arnaque à lʼanglaise de Michael Hoffman sortie le 20 février 2013 Comédie, Policier (89ʼ) Avec Alan Rickman, Cameron Diaz, Colin Firth, Stanley Tucci
Dans cette histoire, on suit Harry Deane (Colin Firth), un expert en oeuvres d’art travaillant pour le très fortuné Lionel Shabandar (Alan Rickman). Afin de tromper son excentrique patron et de se faire un maximum d’argent, l’homme va tenter de vendre un faux Monet à son employeur. Pour cela, il lui faut l’aide d’une texane délurée (Cameron Diaz) afin de faire croire à la découverte accidentelle du tableau manquant. Il faut l’avouer, nous n’étions pas entièrement dupes. Nous savions que ce récit était tout sauf novateur mais nous espérions une comédie assez réussie rehaussée par la présence de l’excellent Colin Firth et agrémentée d’une divine couche d’humour dont seuls Joel et Ethan Cohen (les scénaristes)
11
ont le secret. C’était sans compter sur la bêtise de Cameron Diaz, véritable ortie dramaturgique de cette réalisation. De fait, si le duo Rickman-Deane fonctionne plutôt bien, la présence de la bimbo californienne fait retomber la qualité du jeu à un niveau proche du déplorable. Passé le premier quart d’heure de bobine, Michael Hoffman (Le songe d’une nuit d’été) n’a plus rien à offrir au spectateur. Et pour cause, après la mise en place de l’histoire, tout est connu, tout est ficelé, tout est attendu. Dès cet instant, on se sent obligé d’assister à des dialogues stériles et inintéressants entre les acteurs car l’histoire tourne en rond. Comme dans beaucoup de productions hollywoodiennes, l’intrigue ne réside que dans les pouvoirs de séduction du bout de viande féminin présent sur le plateau. En résumé, Gambit est une production à fuir si vous aimez le cinéma. Avec une idée de base aussi stéréotypée, le réalisateur aurait dû nous proposer un scénario bien plus travaillé. Une chose est certaine : Gambit est bien une arnaque.
Matthieu Matthys
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Films à l’horizon (sorties du 6/3) Great Expectations Drame, Romance de Mike Newell
20 ans dʼécart Comédie de David Moreau
Avec Jeremy Irvine, Helena Bonham Carter
Avec Virginie Efira, Pierre Niney, Charles Berling
L'histoire de Pip, apprenti forgeron, qui reçoit d'un bienfaiteur anonyme une importante fortune. Pip attribue cette générosité à Miss Havisham, étrange vieille dame recluse dans son manoir depuis que son fiancé l'a abandonnée.
Alice Lantins a 38 ans. Elle est belle, ambitieuse et fait preuve d’une impeccable conscience professionnelle au point d’en oublier sa vie privée. Bref, elle a tout pour devenir la prochaine rédactrice en chef du magazine «Rebelle», tout sauf son image de femme coincée.
Inspiré de l’oeuvre de l’écrivain Charles Dickens, ce film est une romance non dénuée d’intérêt même si elle a déjà été portée à l’écran. Côté casting, le choix est judicieux d’avoir été rechercher le talentueux Jeremy Irvine, acteur en pleine ascension pour le moment.
Il est toujours agréable de voir une actrice belge crevé le paf français. Lorsque cette dernière a du talent comme Virginie Efira, cela nous pousse irrémédiablement à aller admirer ses films en salles. Cette comédie romantique a tout pour plaire surtout ses acteurs.
12
Pas
vus
!
Films à l’horizon (sorties du 13/3) This is 40 Comédie de Judd Apatow Avec Paul Rudd, Leslie Mann, Megan Fox
Le monde fantastique dʼOz Fantastique de Sam Raimi
Pas
vus
! Paradise : Faith Drame de Ulrich Seidl Avec Maria Hofstatter
Avec James Franco
Seul homme à la maison, Pete est marié depuis des années à Debbie avec qui il a eu deux filles, Charlotte et Sadie, âgées de 8 et 13 ans. Pete aura bientôt 40 ans et le bilan est rude.
Lorsque Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie.
Son Paradis, c’est Jésus. Anna Maria, une femme d’une cinquantaine d’années a décidé de consacrer ses vacances d’été à prêcher l’amour du Christ. Accompagnée de la statue de la Vierge, elle sillonne son voisinage.
Judd Apatow est le réalisateur attitré de la ménagère de moins de 50 ans. En effet, il a déjà réalisé de nombreux longs métrages sur la crise de la quarantaine dont 40 ans toujours puceau. Ce bilan nous fait apercevoir un film sympathique à regarder mais qui sent la naphtaline. Quoique, il parait que c’est tout de même bien...
Après la saga Spiderman, Sam Raimi s’attaque à un titre phare de la littérature enfantine, Le Magicien d’Oz. Doté d’un budget pharaonique, l’histoire s’axera davantage sur l’avanthistoire, autrement dit, c’est un prequel. Comment Oscar Diggs le magicien est arrivé à Oz, voilà le vrai sujet de cette nouvelle production signée Disney.
Pour ce deuxième volet de la trilogie «Paradis», Ulrich Seidl s’intéresse aux croyances et leurs conséquences sur la vie de bon nombre de fervents à travers le monde. Après Paradis : Amour, il faut avouer que nous avions été refroidis par le voyeurisme assumé de cette saga. Un docu-fiction bien ancré dans la réalité mais lourd à regarder.
Le mur invisible
Le dernier exorcisme : Part II
Elefante Blanco
Drame de Julian Pölsler Avec Martina Gedeck, Wolfgang Maria Bauer, Karlheinz Hackl
Epouvante de Ed Gass-Donnelly Avec Ashley Bell, Spencer Treat Clark
Drame de Pablo Trapero Avec Ricardo Darin, Jeremie Renier
Une femme se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit.
Nell est retrouvée à la NouvelleOrléans sans aucun souvenir. Alors qu'elle tente de se reconstruire, les forces maléfiques l'attaquent à nouveau, plus féroces que jamais.
Dans la banlieue de Buenos Aires, Julian et Nicolas, deux prêtres et amis de longue date, oeuvrent pour aider la population. Julian se sert de ses relations politiques pour superviser la construction d'un hôpital.
Pour son premier long métrage, le réalisateur ne s’est pas facilité la tâche. De fait, cette histoire de Robinson des temps modernes est assez complexe. Le tournage a duré très longtemps pour un film de cette envergure, 14 mois dans l’ensemble. Un film intéressant à voir.
Ah bon, il y a eu un premier volet ? Et oui, comme vous, nous ne l’avons même pas vu passer. Il faut l’avouer, le premier film n’avait pas très bien fonctionné. Pour ce second opus, le réalisateur a souhaité abandonner la technique du found footage qu’il avait employé dans le premier. Mouais...
Jérémie Renier dans un film hispanophone, en voilà une bonne nouvelle. Depuis Cloclo, l’acteur semble prendre de l’envergure et s’envole vers l’excellence. Nul doute que ce film aura des attraits indiscutables. Nous le verrons et nous en ferons une critique prochainement.
13
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
En direct des Oscars C'était le 24 février dernier en direct du Dolby Theater à Los Angeles et 40,3 millions d'Américains l'on suivit sur ABC. Sobrement appelée « The Oscars » cette année, la 85e cérémonie des Academy Award a clôturé la saison des awards en atteignant le plus grand taux d'audience en 3 ans. Présentée par Sam MacFarlane, la cérémonie a commencé vers 19 h à Los Angeles (3 h en Belgique) et a duré près de 3 h. Depuis, tout le monde en a parlé, tout le monde a entendu le nom d'au moins 2 ou 3 gagnants de la précieuse statuette, mais qui connait vraiment la genèse et le fonctionnement de cette prestigieuse cérémonie. Comment ça marche ? Décernés chaque année depuis 1929, les Oscars sont destinés à saluer l'excellence des productions cinématographiques mondiales, mais surtout américaines. Ils sont les plus prestigieuses et les plus anciennes récompenses dans le domaine des médias et du spectacle. C'est l'association professionnelle Academy of Motion Picture Arts and Sciences (l'AMPAS a été créée par Louis B. Mayer, à l'époque patron de la MGM, Métro-Goldwyn-Mayer) qui organise, gère et contrôle l'attribution de ces awards. L'élection des gagnants s'organise en deux tours. « Le premier tour sert à élaborer les nominations. Les membres de l'Académie (plus de 6000 répartis en 15 catégories : acteurs, producteurs, réalisateurs...) choisissent les candidats uniquement dans la ou les catégories des Oscars à laquelle (ou auxquelles) ils sont apparentés : les comédiens votent pour les comédiens, les réalisateurs pour les réalisateurs, les techniciens pour les techniciens, etc. En revanche, tous proposent cinq titres pour l'Oscar du meilleur film. Les nominations pour l'Oscar du meilleur film étranger et du meilleur film d'animation font l'objet d'une exception : elles sont statuées par un comité spécial de l'AMPAS, composé de membres issus de tous les collèges de votants. Les lauréats sont ensuite désignés, dans toutes les catégories, par un second tour de vote auquel participe la totalité des membres, sans distinction professionnelle cette fois. » (Source : Oscars) Et la cérémonie de 2013 alors ? Longue. C'est le mot qui qualifie le mieux cette 85e cérémonie pour beaucoup. Mais ce que les téléspectateurs
retiendront également, c'est la piètre performance de Seth MacFarlane à la présentation cette soirée normalement classe et prestigieuse. Peu connu en Europe, MacFarlane est un acteur, producteur et réalisateur américain. Créateur, entre autres, des shows « Familly Guy » et « American Dad! », il a récemment écrit et réalisé le film « Ted » (sorti fin 2012), racontant l'amitié entre un jeune homme et un ours en peluche vivant amateurs de grossièretés, de prostituées et d'alcool. Ce dernier film donne directement un indice sur la façon, dont l'acteur/réalisateur à mener la soirée. Entre blagues scabreuses et références presque homophobes et antisémite, MacFarlane a donné le ton dès le début avec sa prestation de la chanson « We saw your boobs » parlant des actrices dont on a vu la poitrine dans des films. Terminant toutes ces « blagues » douteuses par un rire appuyé ou un « That's a joke » (c'est une blague), le créateur de Ted a presque voulu transformer la soirée des Oscars en « Seth MacFarlane Show ». Récoltant un nombre de tweets négatifs impressionnant durant la soirée, les critiques tv ont également exprimé leur mécontentement à son égard le lendemain. Conclusion : Seth MacFarlane ne présentera plus jamais les Oscars. Plusieurs stars se sont également succédées dans la présentation des awards. Certains avec facilité et d'autres... Tout ce que l'on peut dire c'est qu'un bon acteur n'est pas forcément un bon présentateur et que lire un prompteur, c'est tout un art ! Mais le clou de la soirée, qui a malgré tout fait polémique, c'est la présentation du meilleur film par Jack Nicholson et... Michelle Obama, en direct depuis la Maison-Blanche. On ne s'étendra pas sur notre avis personnel concernant cette apparition surprise de la première dame, mais on peut quand même dire que l'on en a pas bien compris l'intérêt. Plusieurs pauses musicales étaient également prévues lors du show. Après un hommage vidéo aux cinquante ans de James Bond, c'est Shirley Bassey qui a interprété, plus ou moins correctement, la bande originale de Goldfinger. Un peu plus tard, John Travolta, connu pour ces prestations dans des comédies musicales, a présenté un « Brodway movies break » où Catherine Zeta-Jones a repris un des titres de Chicago, Kelly Rowland un titre de DreamGirls et l'entièreté du cast des Misérables un titre du film éponyme qui a immédiatement recueilli une standing ovation. Ensuite, c'est Jennifer Lawrence
qui a présenté Skyfall, interprété par Adèle. Performance attendue par tous puisqu'il s'agissait de sa première chanson live depuis sa grossesse. Malheureusement, la balance n'avait été faite correctement et la voix d'Adele lors du refrain était complètement masquée par une musique trop forte. Pour finir, c'est Georges Clooney qui a présenté « In Memoriam », clip vidéo rendant hommage aux membres de l'Industrie décédés cette année, suivi par la prestation de Barbara Streisand de « The way we were ». Et le palmarès (sélectif) dans tout ça ? Meilleur acteur dans un second rôle : Christoph Waltz pour Django Unchained. C'est le deuxième Academy Award pour l'acteur qui avait gagné le premier pour son second rôle dans Inglorious Basterd. Ayant gagné ces deux awards suite à ces rôles dans des films de Quentin Tarantino, il l'a longuement remercié lors de son discours d'acceptation. Meilleur film d'animation : Brave de Mark Andrews et Brenda Chapman Meilleur film étranger : Amour de Michael Haneke qui malgré son nom est automatiquement catégorisé « film autrichien ». C'est donc le deuxième film autrichien a gagné un Academy Award dans cette catégorie. Meilleure actrice dans un second rôle : Anne Hathaway pour Les Misérables Meilleure musique : Life of Pi/l'Odyssée de Pi par Mychael Danna Meilleur réalisateur : Ang Lee pour Life of Pi/l'Odyssée de Pi. C'était sa quatrième nomination et son deuxième Academy Award dans cette catégorie (Brokeback Mountain) Meilleure actrice (présenté par Jean Dujardin) : Jennifer Lawrence pour Silver Linings Playbook/Happiness Therapy. A 22 ans, c'était déjà sa deuxième nomination pour l'Oscar de la meilleure actrice (Winter's Bone). Meilleur acteur (présenté par Meryl Streep) : Daniel Day-Lewis pour Lincoln. Il est le seul acteur à avoir obtenu 3 fois l'Academy Award du meilleur acteur (My left foot et There will be blood) Meilleur film (présenté par Jack Nicholson et Michelle Obama) : Argo de Ben Affleck, Grant Heslov et George Clooney.
Marie Vandenbergh
14
l’actu cinéma
Quvenzhané Wallis dans «Annie»
©ARP Sélection
En 2012, la jeune actrice Quvenzhané Wallis avait époustouflé les professionnels du cinéma en signant une prestation cinq étoiles dans Beast of the Southern Wild de Benh Zeitlin. Dans ce long métrage, elle incarne Hushpuppy, une fillette de six ans vivant dans le bayou et élevée à la dure. Le film décrochant de nombreux prix et records, comme celui de la plus jeune actrice nommée aux Oscars, la jeune Quvenzhané est convoitée de toutes parts. Une aubaine pour cette fille issue de la classe populaire de Louisiane, l’un des états les plus pauvres des Etats-Unis. Après avoir obtenu un rôle dans 12 years a slave de Steve McQueen, c’est Will Smith et Jay-Z qui serait tombé sous le charme de la petite afro-américaine. Leur prochain film intitulé Annie, remake de la comédie musicale du même nom transposée à l’écran en 1982 par John Huston, devrait voir Quvenzhané s’ajouter au casting. De fait, elle remplacerait purement et simplement Willow Smith (I’m a legend) devenue trop agée. En outre, le film devrait être plus axé hip hop que l’original.
M.M.
Box office Belgique
Steven Spielberg, président
1. Die Hard 5 2. Les Misérables 3. Django Unchained
©Romain Dubois
Du 20 au 24 février 2013
Après Nanni Moretti l’an dernier, c’est le très populaire Steven Spielberg qui a été choisi pour présider la 66ème édition du festival de Cannes qui aura lieu du 15 au 26 mai prochains.
Le réalisateur et producteur américain a déclaré à la suite de cette nomination : « C’est pour moi un grand honneur et un immense privilège de présider le jury d’un festival qui ne cesse de prouver, inlassablement, que le cinéma est le langage du monde ».
4. Hansel & Gretel 5. Frits & Franky 6. Flight 7. Lincoln 8. The Impossible 9. Hotel Transylvania
Le choix de ce cinéaste légendaire marque la volonté du festival de rester le plus grand rendez-vous du cinéma européen voire mondial. Pour rappel, Steven Spielberg a été nommé une seule fois à Cannes pour son film Sugarland Express qui a, au passage, remporter la palme du meilleur scénario.
10. Zambezia Source : Box Office Mojo
DVD - Blu ray
DreamWorks en déficit Pour la première fois de son histoire, DreamWorks Animation SKG est financièrement dans le rouge. Pour son exercice 2012, elle a accusé une perte sèche de 87 millions de dollars en grande partie due à l’échec commercial de leur dernière production, Les cinq légendes. À lui seul, Jack Frost, héros du dessin animé, a fait perdre 36,4 millions de dollars. Après Disney l’an dernier et l’échec cuisant de John Carter, c’est au tour de la société californienne de manger son pain noir et de faire le ménage dans les couloirs de ses studios. Pour ce faire, Jeffrey Katzenberg, patron de DreamWorks, a annoncé la suppression de 350 emplois au sein de la société afin de faire face aux mesures d’économie que lui ont imposé les membres du comité de gestion. En outre, ce remaniement se fera également ressentir dans les futures sorties de DreamWorks. Me and my shadow, un des projets du studio, est suspendu jusqu’à nouvel ordre. Le patron jugeant la production de ce long métrage trop longue et onéreuse. De même, le très attendu Mr Peabody and Sherman est reporté à l’an prochain alors que sa sortie était initialement prévue pour novembre prochain aux Etats-Unis. Enfin, les actionnaires espèrent un succès pour The Croods qui sortira en mars. Si certains pensaient les studios hollywoodiens invulnérables après avoir compris la leçon avec la faillite de la MGM, il semblerait que l’avenir apportera encore d’autres surprises.
M.M.
M.M.
Skyfall de Sam Mendes
Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité
15
chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre.
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Entretien
, le début d’une ère nouvelle On l’avait appri en septembre dernier, Candice Clot, la chanteuse de Eths avait décidé de mettre sa carrière de côté. Un choix mûrement réfléchis suite à sa maternité et qu’elle a annoncé au groupe après l’enregistrement de III, leur dernier album. Depuis lors, Virginie Goncalves (Kells) et Nelly Wood ont pris les commandes pour assurer le chant pendant la tournée. Nous avons rencontré Nelly et Staif (guitare) pour parler de ces récents changement.
La rencontre Bonjour, tout d'abord, vous avez rejoint le groupe après le départ de Candice. Comment s'est passée votre rencontre avec Eths? Nelly : Bonjour ! Et bien j’ai d’abord était contactée par Staif, auditionnée à distance sur des morceaux de Eths. Ensuite a eu lieu la rencontre, en répète, et ça s’est très bien passé vu que je suis là aujourd’hui. Avez-vous dû vous adapter vis-à-vis du groupe? Nelly : Je n’ai pas eu de « ligne de conduite » à suivre. Il était important pour Virginie comme pour moi de garder nos personnalités, conserver l’âme et l’esprit de Eths sans offrir une vulgaire copie de Candice. Mais d’y apporter notre touche aussi. Tout s’est fait vraiment naturellement. À ses débuts, Eths (et surtout Candice), Kells et quelques autres ont prouvé qu'être chanteuse ne se limitait pas a chanter du Céline Dion et que les femmes avaient aussi une place a prendre dans la scène métal. Que donneriez-vous comme conseil à une jeune souhaitant suivre votre parcours? Nelly : Je n’ai pas trop de conseils à donner, je me considère et me considèrerai toujours «en apprentissage ». Mais je lui dirai de vivre à fond sa passion, de lâcher prise. Il n’est pas toujours évident d’être une nana dans le métal alors je lui dirai aussi de se battre trois fois plus et de faire super attention, sans technique et mal placé, le scream peut être fatal pour sa voix. Vous avez rapidement chanté sur scène avec eux.
Comment se sont passé ces premières dates? Très bien, la toute première date ensemble a eu lieu à Ciral au Blizz’art Fest en compagnie d’Aqme. Je ne pouvais pas rêver meilleure ambiance entre les groupes pour une première scène. Le public était réceptif, on s’est régalé et on a remis le couvert le lendemain à St Nazaire. Eths est aussi passé en Belgique, qu'avez-vous pensé du public belge? Est-il aussi différent que certain l'affirment ? Staif : Les belges ont étaient parmi les premiers à apprécier Eths, dans nos premières années nous faisions nos plus grosses scènes là bas et ils nous le rendent toujours ! Une longue histoire d'amour entre eux et nous . Avez-vous laissé votre autre groupe de côté? Ou est-ce que vous comptez alterner selon les tournées et enregistrements de chacun? Nelly : Je n’ai laissé aucun groupe de côté. Tout en tournant avec Eths j’ai continué à jouer avec mon groupe Nel Wood and the Charlatans (Rockabilly) et avec Eightfist (Metal Rock Fusion) nous avons sorti notre toute première démo. Il était hors de question pour moi de privilégier un groupe plutôt qu’un autre. Je m’investis à fond dans ces trois projets actuellement. Autant dire que je n’ai pas le temps de m’ennuyer! Vous êtes deux chanteuses à présent, comment ça se passe? Vous vous répartissez les paroles? Ou plutôt les intonations? Nelly : Virginie s’occupe des parties mélodiques en chant clair et je m’occupe
16
des parties de chant saturé. On inverse aussi les rôles parfois, on ne se contente pas de faire du 50/50 Avez-vous déjà pensé au prochain album? (Ou écris de nouvelles chansons?) Staif : Le départ de Candice est encore frais et nous avons tellement donné sur III que nous préférons continuer à le défendre sur scène pour l'instant, tout en continuant à chercher la perle rare qui restera définitivement dans le groupe. Eths va ressortir deux disques prochainement, pourriez-vous nous en dire plus sur ces futures sorties? Staif : Notre label Season Of Mist ressort «Autopsie» et «Samantha» (nos deux premiers EP) en édition unique, il y aura en plus quelques bonus inédits, plus d'info sur le site de SOM. Est-ce que les autres membres voudraient essayer quelque chose de différent? (Quelque chose qu'ils n'aurait pu faire auparavant..) Staif : oui, comme à chaque album de eths, j'ai envie d'essayer encore pas mal de choses et bien entendu une nouvelle voix donnera une teinte différente à l'ensemble. Quel regard porter vous sur la scène Metalcore aujourd'hui en France et ailleurs? Et sur les groupes qui se lancent dans le métier ? Nelly : J’habite à Montpellier et on a une bonne scène metal. Je pense notamment à Weaksaw et à mes copains de Breed Machine qui vont sortir leur quatrième album.
Je soutiens à mort les groupes, jeunes ou non. Je me déplace énormément en concert, je pense que c’est là qu’on apprend le plus. Quels sont vos projets pour cette année? Nelly : Toujours plus de musique et de nouveaux projets. Staif : La même chose, j'ai envie d'essayer de nouveaux projets dans différents styles et surtout de la musique !!! Avez-vous un message a transmettre à vos fans? Nelly : J’aimerai remercier ceux qui nous ont soutenus, qui n’ont pas enfoncé le groupe après le départ de Candice. Les curieux, les sceptiques qui ont quand même fait l’effort de venir découvrir la nouvelle formation en live. Et ceux qui n’aiment pas mais ont l’intelligence et la délicatesse de ne pas déverser leur venin gratuitement sur nous. Staif : Merci à tous pour votre soutient dans les bons comme les mauvais jours, c'est grâce à vous que le groupe perdure. Merci beaucoup pour votre gentillesse! Nelly : Merci à toi, à bientôt en live Staif : Merci et RDV sur scène !
Propos recueillis par Christophe Pauly © Nicolas Delpierre
17
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Entretien
En route pour le PPM 2013 Du 13 au 14 avril prochain se tiendra le PPM Fest au Lotto Mons Expo. Cet évènement est le plus gros festival de Power, Prog et Metal de wallonie. Cette année encore, l’affiche promet d’être alléchante. Nous avons donc décidé de demander à Grégory, l’un des organisateurs, de nous en dire plus sur cette édition
La rencontre Bonjour, Grégory! Tu es l'un des organisateurs du festival PPM, à Mons. Tout d'abord, que veux dire PPM et que peut-on trouver dans ce festival? Le PPM est avant tout un festival à Power Prog et metal. L'idée est de faire un vrai gros festival metal en Wallonie . Nous avons des festivals mais pas un vrai festival dans ce genre indoor et spécialisé . Le coté familial, bon enfant, l'atmosphère ont fait que les gens s'y sentent bien et ont envie de revenir aussi bien les festivaliers que les groupes. Tout cela c'est notre marque de fabrique et on veut la garder même si le festival grandit ce qu'on espère tous. Comment a commencé l'aventure? En fait, l'aventure a commencé en 2009 , Tony Carlino a voulu donné la chance à de nombreux groupes de prog peu connus en Belgique mais également à de nombreux groupes de la Communauté Française de se produire dans de toutes bonnes conditions, dans un grand lieu et sur une belle scène. Il a donc commencé à contacter de nombreux groupes qu'il apprécie et à monter une affiche. Il loue le Lotto Mons Expo et puis et bien cela prend une grande ampleur car pour permettre à tous ces groupes d'avoir un vrai public il recherche un gros groupe. Par des personnes interposées, on se rencontre et je décide de rejoindre son challenge et de travailler avec lui car le projet me tente. C'est après de nombreux essais qu'on réussit à convaincre Scorpions de commencer sa "tournée d'adieu" par le PPM Fest à Mons. La suite on la connait , aussi bien le public que les agents et groupes soutiennent le projet et nous demandent de continuer et pour notre part, on ne pouvait pas laisser cette première édition sans suite...
Il y aura-t-il des nouveautés cette année? La vraie nouveauté c'est l'ouverture du Festival sur de nouveaux styles de metal. En effet, Behemoth sera bel et bien notre tête d'affiche du samedi. Après, l'introduction du pagan l'an passé voici une étape supplémentaire avec le Black symphonique de Behemoth. Ils seront épauler par les grecs Rotting Christ et les croates d'Inferna Tenebra. Cette demande d'ouverture a été faite par une partie de nos festivaliers et donc nous nous lançons dans l'aventure. Autre nouveauté c'est l'agrandissement du camping du festival avec l'arrivée des Flexotels au coté des Festihuts et un agrandissement de l'espace pour les tentes des festivaliers. Dans le Metal village c'est le nombre d'échoppes et de marchands qui augmentera fortement. Bref, beaucoup de choses qui montrent que le festival grandit et essaie de s'améliorer sans cesse. Au fil des ans, le PPM a gagné en popularité et bâti une solide réputation au delà des frontières. Oui le festival est devenu vraiment populaire au delà de nos frontières . Les festivaliers viennent de partout . Les pays frontaliers évidemment : France, Pays Bas, Angleterre, Allemagne mais ils viennent de plus loin, Italie, Espagne, Chypre et parfois meme de très loin, Québec,Russie, Corée du Sud, Argentine, Brésil et même Australie !!! Nous sommes vraiment impressionné et heureux de voir qu'on a réussi à créer qqch d'important et reconnu. Combien de visiteurs comptez-vous avoir cette année? Cette année on compte attendre 15.000 festivaliers, cela représente un objectif
18
réaliste en tenant compte de la qualité de l'affiche et des groupes qui d'année en année nous font de plus en plus confiance. Parmi les retours qui vous sont parvenu du public, qu'est-ce que les gens avaient préféré pendant ce weekend de folie? Je pense que les gros plus que les festivaliers aiment c'est le coté " familial" et "bon enfant" et puis tous les avantages d'un vrai festival sans les inconvénients : en ville, proche des moyens de communication, en indoor , le festival au sec sans se préoccuper des conditions climatiques c'est vraiment chouette aussi et puis surtout une affiche qu'ils ne retrouvent nul part ailleurs car les autres festivals sont tous devenus très mainstream , ici on propose des groupes qu'on voit également très peu sur des scènes aussi importantes. Avez-vous des projets pour les prochaines éditions? Des projets, il y en a toujours, il faut toujours penser au futur mais on essaie de prendre année par année et on va déjà se pencher à fond sur l'édition 2013 que nous espérons vraiment excellente à tout point de vue . Nous espérons aussi que vos lecteurs seront conquis et aimeront aussi notre festival. Merci pour le soutien !!! Nous vous remercions d'avoir répondu à ces quelques questions et vous souhaitons un franc succès pour cette édition 2013 du PPM!
Propos recueillis par Christophe Pauly
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
In Solitude «In Solitude»
Season Of Mist
Vous l’aurez sans doute remarqué, depuis quelques temps, la mode est au vintage. Cela touchait principalement les vêtements ou les objets de décoration. Mais voilà, depuis quelques temps, le vintage a aussi fini par apparaître en musique. On ressort donc ses vinyls et quelques vieilles formules qui ont fait leurs preuves dans le passé en les adaptant quelque peu au goût du jour. Il est vrai qu’au fond, à force de toujours chercher à créer quelque chose de nouveau et de vouloir paraître éternellement jeunes et frais, certains se sont perdus dans la médiocrité au fil des ans (cf: Metallica et consorts). En jouant la carte du vintage, In Solitude a prit le risque de dépoussiérer un style que beaucoup reléguaient au passé. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela marche du tonnerre! En mariant Black Sabbath, Mercyful Fate et Iron Maiden, ces jeunes suédois on réussi le paris de faire redécouvrir le métal lorsque celuici en était à ses débuts. Cet album est en fait la réédition du premier opus de In Solitude, parut en 2008 alors que leur chanteur, Pelle Ahman, n’a que 16 ans! Certes, sa voix manque de conviction par moment mais
assure quand même sur la longueur et ne dérange pas finalement. Les morceaux sont de très bonne facture et les guitaristes semblent vraiment assurer un maximum avec des riffs solides et des solos très efficaces. Le son joue en grande partie sur ce disque. On retrouve des distos qui sonnent très vintage, une voix avec beaucoup de réverbération tout comme la batterie. In Solitude vous emmène dans divers univers. Par exemple, «Winches Sabbath» sonne un peu comme du King Diamond avec ses voix chantées et d’autres, plus basses, qui répondent. Notez aussi le changement de tempo très osé et qui amène le solo au note à note magnifique. Ensuite, «Kathedral» commence un peu à la manière de Judas Priest avec ces changements de rythme très intéressants. Le chanteur prouve aussi qu’il sait pousser dans les aiguës avec efficacité. Les guitares font souvent des mélodies ensemble ce qui amène toujours un plus dans des compositions déjà plus que satisfaisantes. On aurait presque droit à un disque de huit titres (comme auparavant) si cette
20
réédition n’était pas accompagnée de deux bonus. L’un est une chanson inédite («Hidden Dangers (In The Nighy) au son plus musclé et faite de riffs puissants entrecoupés de mélodies jouées sur plusieurs clefs. Le disque se termine par la démo de «Faceless Mistress» qui donne un aperçu du mordant de ce jeune groupe au talent indiscutable. A écouter sans modération!
Christophe Pauly
Indochine
Camille
«Black City Parade»
«ilo Lympia»
Sony Music
Season of Mist
Pour son 12e opus, sorti en février 2013, Indochine a pris pour thème les séjours du groupe dans plusieurs villes européennes. Contrairement à la facilité d’écriture qui a dominé la création de leur album « Paradize », « Black City Parade » a nécessité près de 14 mois de travail acharné. De grandes villes telles que Paris, Berlin, Bruxelles et New York auront, entre autres, été nécessaire pour le réaliser, l’enregistrer et le mixer.
Un matin dans le train, un ami m’a parlé de Camille : “Elle est incroyable, elle chante comme une déesse et elle fait de la musique avec son corps”. Le soir-même, mon voisin m’a fait un portrait plus qu’élogieux de la chanteuse et m’a fait une copie de son album “Le fil”, à la seule condition que je l’achète et l’offre à quelqu’un d’autre. J’ai écouté le disque, je suis tombée sous le charme. J’ai acheté l’album, je l’ai gardé pour moi (honte sur moi)… et j’ai acheté une place pour aller la voir en concert au Cirque Royal.
Cet album qui compte 13 titres, comprend deux collaborations, une avec le chanteur Lescop et l’autre avec Tom Smith du groupe Editors. Un des thèmes chers au groupe, l’homophobie, qui avait déjà donné naissance à la chanson « 3e sexe » est à nouveau abordé dans « College Boy » en réponse aux manifestations en France contre le mariage gay. D’autres évènements actuels tels que la manifestation pour la scolarité au Québec en 2012 abordée dans la chanson « Le fond de l’air est rouge » ou encore « Wuppertal » basée sur un documentaire de Pina Bausch qui retrace la vie d’adolescents qui se trouvent et s’affirment grâce à la danse viennent agrémenter cet album. Selon leur leader, Nicola Sirkis, c’est l’album le plus optimiste et le plus lumineux du groupe. En outre, le style musical des trois derniers albums a été remarquablement enrichi avec l’arrivée d’Oli de Sat, guitariste, compositeur et producteur.
Et c’est bel et bien sur scène que Camille révèle toute sa folie. Parce que, en effet, elle chante incroyablement bien, faisant virevolter sa voix dans tous les sens, mélangeant bruitages farfelus et paroles singulières avec des mélodies extrêmement efficaces. Mais sur scène, malgré un côté parfois un peu trop théâtral, elle donne une autre dimension à ses albums. Une scénographie étonnante, des costumes, des effets sonores bizarres, la participation massive du public, … Depuis septembre 2011, la chanteuse parisienne est en tournée, et c’est en octobre 2012 qu’elle enregistre Ilo Lympia – si vous ne l’aviez pas encore deviné – à l’Olympia. Cet album live (cd/dvd ou cd/Blu-ray) n’est pas un simple concert enregistré, c’est une vraie expérience musicale et scénique. Elle reprend pas mal de morceaux présents sur son dernier album Ilo Veyou, mais aussi des précédents succès (Ta Douleur, Paris, … ) qu’elle bricole et transforme brillement tout en mettant le feu à la salle.
Le groupe prévoit pour « Black City Parade » une longue tournée avec, fleur sur le gâteau, le stade de France en 2014. Un film sur la genèse de l’album devrait être proposé au printemps et pourrait même être projeté au cinéma.
Avec des effets vocaux parfois énervants (des répétitions de syllabes, des cris étranges pas forcément agréables à écouter, …), Camille confirme qu’en plus d’être une artiste douée, elle est complètement barrée. Mais en même temps, c’est aussi pour ça qu’on l’aime. À écouter absolument !
Fans d’Indochine, vous y trouverez très certainement votre compte !
Emilie Lessire
Lise Francotte
21
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Alpha Tiger
Mister Mississippi
«Beneath The Surface»
V2 Music
Century Media
Mister and Mississipi est un jeune groupe hollandais formé par 4 étudiants de la Herman Brood Academie. Inspiré par des groupes comme Sigur Ros ou Fleet Foxes, ceux-ci évoluent dans un style assez particulier, calme et folky. Le quatuor se démarque du cliché habituel du groupe pop-rock «chant basse-batterie-guitare» en formant un ensemble beaucoup plus complexe. Dés le début, une véritable alchimie s’est créée entre eux, ce qu’on peut croire aisément à l’écoute de leur album. Petite particularité enfin, le studio d’enregistrement du groupe est une vieille église, assez original comme lieu d’enregistrement vous en conviendrez.
Très remarqué lors de la sortie de leur premier album (Man Or Machine), Alpha Tiger n’a pas tardé à gagner de la popularité auprès des fans de métal des années 80. En effet, étant fort proches des sonorités de groupes comme Queensryche ou Iron Maiden, ce quintet allemand a de suite été très demandé et a pu participer à des festivals tels que le Headbanger Open Air, le Rock Hard Festival ou le Hellfest. S’étant ainsi forgé une réputation solide sur scène, les revoici avec un second disque : Beneath The Surface. Le disque s’ouvre par une introduction. Contrairement à beaucoup de groupes qui envoient une mélodie vite fait au synthé, Alpha Tiger a ici choisi la voie de l’authenticité en créant une mélodie à plusieurs guitares sur fond de guitare acoustique et d’harmoniques. Ensuite, le premier «vrai» morceau («The Alliance») a de quoi vous faire bondir de votre chaise et headbanger comme un dingue tellement c’est bon! Un tempo rapide, des guitares assurent et une voix très haute qui nous rappellent un certain Iron Maiden dans ses meilleurs jours.
Dés la première écoute de ce Mister and Mississipi, on se laisse directement embarquer dans l’atmosphère particulière de l’album. La musique est assez simple, mais calme et envoutante. Les parties de chant, tout aussi reposantes quel les parties instrumentales, sont assez diversifiées (chant masculin, féminin, à une seule ou plusieurs voix) et très bien exécutées. Les morceaux s’enchainent sur un tempo généralement assez lent, ce qui accentue cette impression de sérénité qui envahit l’auditeur. Autre point fort, le son de la guitare et son effet « reverb » constant participe également grandement à l’ambiance du disque. Toutes les chansons forment un mélange homogène, mais cela n’est pas pour cela qu’on s’ennuie, loin de là ! En fait, Mister and Mississipi est typiquement le genre d’album quand on a envie d’écouter pour souffler, évacuer le stress d’une journée harassante.
On a droit ainsi à quelques morceaux superbes dans la même veine comme «From Outer Space». Il y a aussi des chansons très réussies comme, «Waiting for a Sign». Celle-ci commence en balade et se métamorphose et s’électrifie sans perdre de sa mélodicité. Peter Langforth et Alexander Backasch forment un couple inséparable à la guitare et nous servent des solos exquis! Ils jouent aussi énormément de parties à deux dans tous les morceaux. Le nouveau batteur, David Schleif assure aussi une variété de rythmes très intéressante et sa batterie sonne juste comme il faut pour nous rappeler les années 80 sans être trop cliché.
En résumé, c’est un très beau voyage que nous propose Mister and Mississipi, et j’attends donc impatiemment la prochaine escale de ce jeune groupe prometteur.
Julien Sterckx
Une vraie réussite donc pour ce jeune groupe qui joue la carte du vintage avec brio!
Christophe Pauly
22
Jamie Lidell
Warp / V2 Records
Depuis son récent déménagement à Nashville, l’anglais Jamie Lidell n’est pas resté les bras croisés et en a profité pour composer un nouvel album éponyme. On le connait pour ses talents vocaux de beatbox qui l’ont permis de collaborer avec des artistes comme Feist ou Beck (qui lui avaient rendu la pareille en contribuant à Compass, son dernier album en 2010). Mais il faut reconnaître que Jamie Lidell est aussi doté d’une superbe voix et d’un très bon peeling. Ici, Lidell ne s’est entouré que de neuf personnes (contrairement au 24 musiciens qui avaient joué sur Compass). Parmi ces talents cachés, Matt Chamberlain, un batteur très doué qui a collaboré avec énormément de monde dont Tori Amos depuis 1998. Dès le premier morceau («I’m Selfish»), on sait tout de suite où on met les pieds. Lidell nous plonge vingt ans en arrière quand Prince délivrait un punk mêlé d’életro. Des synthés délirants, un beat
particulier et surtout cette façon de chanter qui rappèle furieusement celle de «The Artist». «Big Love» en étonnera plus d’un avec ces sons très typiques des années 80 dont on ne se lasse jamais. «What A Shame» est beaucoup plus moderne avec ses voix au pitch très trafiqué. «Do yourself a faver» est plus funk avec sa basse qui domine tout le long du morceau.
«You Know my name» et «So Cold» nous replongent dans l’univers de Prince avec leurs synthés très présents. Dans l’ensemble, cet album est surprenant et très réussi. Son approche est osée mais le résultat est à la hauteur et prouve que Jamie Lidell est un chanteur qui sait innover de façon réussie.
Christophe Pauly
«You Naked» nous embarque dans un univers bizarre fait de basses au son robotique. Là aussi, les arrangements vocaux de Lidell sont très réussis et accompagnent parfaitement Jamie dans ses excentricités. Le titre «Why ya why» suggère déjà quelque chose de particulier. En l’écoutant, on se rend compte de le chanteur s’est vraiment fait plaisir en modifiant les voix rappèlent ce que l’on obtenait en ralentissant un 45 tours en 33 tours.
23
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Psychopunch
Bullet For My Valentine
«Smakk Valley»
«Temper Temper»
SPV
Sony Music
Revoici les suédois de Psychopunch. Durant leurs quatorze ans de carrière, ce groupe de punkrock n’a cessé d’écumer les scènes des clubs et des festivals. Malgré ce planning chargé, ils sont parvenu à composer et enregistrer pas moins de neuf albums studios et autres EP.
Bullet For My Valentine est un groupe de heavy metal qui fait parties des références du genre. Loin d'être des débutants car ils écument la scène musicale depuis 1997, nous étions donc en droit d'attendre de leur quatrième album, Temper Temper, que celui-ci soit de bonne voir très bonne qualité. Il en est malheureusement autrement. Le groupe a navigué parmi les genres, passant par le metalcore à ses débuts pour ensuite ajouter des touches de trash lors de leur second album et enfin arriver au heavy metal. Il nous avait habitué à des paroles recherchées, des mélodies profondes, et tout ce que nous retrouvons ici ce sont des miettes de ce qu'il était. On pourrait presque les confondre avec la bande originale d'un film pour pré adolescentes. Ils se veulent heavy mais tout ce que leur quatrième album nous apporte c'est 11 pistes qui semblent bâclées, le tout emballé dans un joli packaging.
Smakk Valley est leur dixième album et on peut dire qu’il déménage! Cela commence avec «Back of my car», un titre qui vous envoi une bonne dose d’adrénaline avec son tempo rapide et son riff entraînant. JM, le chanteur, assure aussi avec sa voix rauque. «So Jaded» est aussi un titre sans fioritures suivit par «Last Night» qui calme quand même un peu les esprits avec moins d’agressivité. En fait, vous pouvez deviner le genre de chaque morceau en lisant les titres. Par exemple, «Kick in the head» est du genre à vous entraîner dans une mêlée occupée à pogoter. Tandis que «Sitting by the railroad» est une semi-balade avec des coeurs très présents pendant le refrain.
Certes cet album se laisse écouter, mais on n'y prête qu'une oreille et une fois qu'on l'a écouté le mot qui nous vient à l'esprit c'est : "déception". On a envie d'y croire, on cherche les points positifs, mais tout ce qu'on entend c'est la voix corrigée et sans conviction du chanteur Matt Tuck et les lyrics de pauvre qualité. Le tout est accompagné d'une guitare molle et d'une batterie aussi agitée qu'une personne âgée sous sédatif. Difficile de parler de "metal" tout court quand on écoute Temper Temper. Des paroles aussi recherchées qu'une rédaction d'élève de primaire, un chanteur qui ne croit même pas à ce qu'il dit. Un album commercial qui n'innove pas et qui ne réussit même pas à réutiliser les recettes qui ont fonctionné pour leurs trois précédents opus. En résumé, je ne conseillerai même pas cet album aux fans de la première heure de peur d'être déçus eux aussi.
Si vous aimez le punkrock brut et dur, sans complication, un disque qui passe bien, des refrains sympas, et bien ce disque est fait pour vous! Bien entendu, le mieux est de voir de quoi est capable le groupe en concert. Allez donc vous faire une idée pour les apprécier à leur juste valeur!
Christophe Pauly
Quentin Esser
24
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Scènes
Antifreeze Solution au Varia
La critique Avec ce nouveau spectacle, Tommassenko nous embarque dans un univers étrange, parsemé d’humour et de poésie. Munis de leurs voix et de leurs instruments incongrus, les trois protagonistes inventent un langage, tout en dissonances, rythmes et mélodies. Ils chantent et enchantent les sens et les non-sens. Tommassenko nous propose un spectacle savoureux, une musique vivante, intime et singulière. Mots, onomatopées, borborythmes, sonorités surprenantes mettront votre imagination sans dessus dessous. La musique de Tommassenko est un peu comme de la peinture. Des couleurs, des sons et des mots qui se frottent les uns contre les autres, du rythme et des mélodies qui se croisent, des onomatopées, des sons mis en mots qui donnent vie à une sorte de langue du monde, de la voix et du cor, du bazar aussi, du texte avec des histoires parfois, du brol, du recyclage, du sciage, min chorale et duo percussif, guitares et fanfare, un pouce de soli-
tude, un doigt de sel, et puis on prend le tout, on secoue… Comme une fresque peinte où l’on mélange les couleurs pour en esquisser de nouvelles.
C’est là tout l’art de Tommassenko qui explore les sous-couches de la langue. Les mots sont placés dans des structures de phrases totalement déstructurées.
Une musique vivante, singulière, intime, où la fête est à l’honneur, la poésie aussi, le calme et l’humour, avec des musiciens dont le plaisir de jouer ensemble s’affiche sur les visages.
On pourrait presque qualifier leur travail de surréaliste, tant les cadavres deviennent exquis. Liberté est donnée aux auditeurs/spectateurs qui se créent des univers, qui entendent ce qu’ils ont envie d’entendre.
« Une musique vivante, singulière, intime, où la fête, la poésie, le calme et l’humour sont à l’honneur, avec des musiciens où le plaisir de jouer s’affiche sur les visages. »
Chez Tommassenko, il n’y a pas de partition, c’est la voix orale qui prime, aidée par des instruments divers et variés : grelots, plaquàpieds, likembés, cor de basset, organetta, scie musicale, demi clarinettes, capteur dentaire, fantôme sonore, petite et grande guitare, aimant, pinces croco…
Antifreeze Solution, ce n’est pas de la chanson française. Les sons racontent tout autant quelque chose que le propos. Les mots sont frappés d’étrangeté. Comment peut-on raconter avec des mots sans que le sens de ce mot soit apparent ?
26
Les textes sont touchants, à la fois drôles et sévères, poétiques et sarcastiques. On décloisonne la musique, le théâtre et l’écriture. C’est du théâtre musical, de la musique théâtrale.
Comme le dit Olivier Thomas en parlant de ses influences : « Je ne me suis pas réellement inspiré des auteurs surréalistes, mais la pratique surréaliste, à savoir l’écriture automatique et le côté décalé, m’a clairement influencé. Ce que je fais est en-dehors des critères de classement habituel. Ce que je fais se situe dans un endroit alternatif car on ne sait pas dans quel tiroir le mettre. C’est certainement pour cela qu’on rapproche souvent mon travail du surréalisme.
avec toi-même, ça ne peut qu’être différent. » En trio cette fois avec Catherine Delaunay (Premier prix de Conservatoire) et Laurent Rousseau (autodidacte qui invente des Machines Improbables à rentabilité Limitée), Antifreeze Solution est un petit bijou qu’il ne faut surtout pas rater, sous aucun prétexte…
Marc Bailly
Au niveau musical, j’ai été très clairement influencé par des chanteurs comme Albert Marcoeur ou Dick Annegarn, chanteurs eux-mêmes inclassables.
ju
« Au niveau musical, j’ai été très clairement influencé par des chanteurs comme Albert Marcoeur ou Dick Annegarn, chanteurs euxmême inclassables. »
s
’a u u q
09
/1 3 0 /
3
Antifreeze Solution Petit Varia
Ecriture et composition : Olivier Thomas - Tomassenko
Je me suis émancipé, je fais quelque chose de différent, mais ils m’ont marqué, ne serait-ce parce qu’ils ne sont pas en accord avec ce qui se fait autour.
Avec : Catherine Delaunay, Laurent Rousseau, Olivier Thomas
En quelques mots, voici comment on qualifie le travail de Tommassenko : « c’est un orchestre de poche qui joue de la musique de chambre pas bien rangée ». Et les gens se débrouillent avec cela ! La singularité ne se fabrique pas nécessairement, mais si tu es honnête
27
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Toutes nos mères sont dépressives au TTO Le cocktail quotidien des questions d’argent et des non-dits, le tout sur fond de repli sur soi.
La critique Les relations humaines, quelles plaies ! En particulier au sein d'une même famille, lors de ces interminables repas à la maison familiale, sacrés aux yeux maternels, méprisés par la descendance.
Remuez le tout. Faîtes revenir à feu doux pendant une heure vingt minutes, et vous obtiendrez un moment de théâtre unique, fait d’accidents, d’improvisations, de révélations fracassantes et d’émotion.
Un oubli pardonnable à tout moment pour les uns, quand les autres y voient un dénigrement complet de leur personne et des liens familiaux. Si l'argent est, en outre, une composante de l'équation, la porte du psychanalyste et du coach comportemental est soit très vite poussée, soit redoutée et négligée.
« Ceux qui ont été surpris, voire décontenancés, par la fin de la pièce, lors des saisons précédentes, peuvent revenir faire un petit tour au buffet familial de la pièce. »
Voilà, en quelques lignes, la trame qui pousse les comédiens Quentin Marteau et Thibaut Nève à présenter, à nouveau, leur pièce au TTO, en ce mois où la Femme est largement mise à l'honneur. Leur propre cocktail de mise en valeur, ou comment célébrer la femme la plus importante à vos yeux, j’ai nommé votre maman, en dix leçons, complète la recette de l'humour du TTO : Soit 83 kg de votre meilleur ami ; 4 perruques bien fagotées ; 2 paires de talons aiguilles ; 1 bouteille de rhum en faïencerie de Baudour ; 5 personnages dont un coach ; 1 pantalon taille basse à fin lignage noir.
Ce moment de théâtre est vraiment unique, dans le sens où le rire chasse le questionnement, et inversément et ce binôme emporte le spectateur dans le vortex émotionnel ressenti par la maman de Quentin, si bien symbolisé par cette boule disco, incongrue dans ce décor blanc et noir. L'unicité de cette pièce est également renforcée par le jeu des deux comédiens. Quentin Marteau, si léger et si appliqué dans ses petits sauts d'entrée de scène, donne toute sa retenue maladive à sa maman. Son acolyte, Thibaut Nève, prend un malin plaisir à prendre toute la place laissée par le personnage maternel, et endosse, avec talent et excès, les différents rôles qui la feront peut-être
28
avancer dans sa quête pour renouer les fils de sa relation avec son fils. Où, devrais-je plutôt dire, la mèneront à dénouer les fils de sa bourse… Ceux qui ont été surpris, voire décontenancés, par la fin de la pièce, lors des saisons précédentes, peuvent revenir faire un petit tour au buffet familial de Toutes nos mères sont dépressives : depuis 2011, l'équipe a retravaillé la fin de la pièce et le tout donne une toute autre dimension à cette pièce qui semblait en avoir besoin, au vu des critiques de l'époque. La prescription du TTO - où le Prozac et le Xanax côtoient la pilule à rigoler, chère à ce théâtre - est donc la bienvenue en ce début du mois de mars, que vous connaissiez déjà la pièce ou que vous découvriez seulement maintenant le travail de toute cette équipe sainement dérangée.
Adeline Delabre
Terrain Vague au Marni et intérêt similaire
La critique « 1982. Liège. Une femme perd la vue et donne naissance à une fille, Céline. Entre déni et abandon, la gamine devient les yeux de sa mère : au marché, sur la mobylette, pour s’habiller.
L’espace scénique est divisé en deux. Le salon sur la scène, et en contre-bas une chaise à proximité des spectateurs qui sont assis en arc de cercle par rapport à elle.
Elle sent les regards des autres sur elle, intrigués, tranchants, gênés. Céline quitte sa mère, rencontre un homme, et tombe enceinte.
Le salon est le quotidien de Céline, celui qu’elle n’arrive pas à gérer donc à affronter, et qu’elle fuit en se plongeant dans ses pensées, dans lesquelles elles se rapproche du public pour lui raconter son enfance afin que l’on comprenne, et elle en même temps, pourquoi elle n’arrive pas à faire face à son rôle de mère. De la description de sa mère elle en arrive très vite à l’imitation ou l’incarnation suivant les moments.
C’est une fille. Comment être mère quand on a joué à être la mère de sa mère ? Comment ne pas reproduire, ne pas salir ? Comment aimer ? Elle manque d’air. Son rôle la pèse, la submerge, l’engloutit. » Voici le texte de présentation et c’est là toute l’essence de la pièce. Céline est dans le salon, le père de son enfant n’est pas loin, il s’occupe de la petite. Entre un bain, une histoire et des trajets jusqu’à sa fille qui réclame sa mère, Quentin essaye tant bien que mal de parler à Céline mais cette dernière n’est pas d’humeur, elle n’y arrive pas. Elle n’arrive pas à s’occuper de sa fille, à aller la voir quand elle entend son nom crié à travers le babyphone, à répondre à sa mère qui la harcèle au téléphone, mais elle n’arrive pas non plus à ne plus penser à cette dernière. C’est d’ailleurs pourquoi elle la raconte.
« Cependant, au-delà de l’humour cynique maitrisé et des deux comédiens parfaitement dans leurs rôles, il est difficile de trouver à ce spectacle un intérêt évident. »
Le spectacle est plutôt bien rythmé et l’on ne s’y ennuie pas. L’alternance du réel et de l’imagination partagée avec le public est bien exécutée, et la rencontre des deux univers lors de la lecture de Blanche-Neige faite par le père est un bon et beau moment.
29
Cependant, au-delà de l’humour cynique maitrisé et des deux comédiens parfaitement dans leurs rôles, il est difficile de trouver à ce spectacle un intérêt évident. Une mère qui raconte son enfance pour expliquer ses problèmes ne suffit pas à faire un sujet, sauf si cela est parfaitement maitrisé, mais bien d’autres auteurs contemporains font cela de manière à la fois tout aussi personnelle mais bien plus magistrale. Il reste à la fin du spectacle une petite impression de vide, de ne pas avoir vu de début et de fin, de ne pas avoir suivi une histoire réellement construite autour d’une intrigue. Il manque selon moi un prétexte, un élément perturbateur ou un événement quelconque qui provoquerait à Céline le besoin de faire le point. Hors j’ai eu l’impression d’être dans une journée normale de quelqu’un ayant des problèmes, dont la source n’est peut-être pas commune, mais dont le mal-être provoqué est montré tel quel avec trop peu de recherche supplémentaire.
Baptiste Rol
5 mars 2013
La Peur d’Amel Roussel au National
© Alice Piemme
La critique « J’ai envie d’explorer comment la peur construit la société. La peur dans tous ses aspects, multiples et contraires : peur d’aimer ou de ne pas être aimé, peur de la mort ou... de la vie. Comment, à cause de la peur de ne pas être accepté, on met en place des mécanismes inconscients qui, au final, nous empêchent d’être libres. » Impressionnante performance que La Peur. Tout le monde connait la peur, la touche du doigt. Il y a les grandes peurs qui nous semblent presque irréelles, il y a les petites peurs, les petites phobies, il y a les peurs irrationnelles, existentielles. Des peurs qui nous emprisonnent malgré nous dans des mécanismes de protection, d’autodéfense, qui nous empêchent de vivre pleinement. Nous allons voir la peur dans nos personnages rongés par celle-ci, nous allons la voir prendre diverses formes. A travers des moments de pures folies, des instants drôles, émouvants, des déclamations de textes puissants, des moments oniriques. Des hommes et des femmes se retrouvant dans un centre de rééducation comportementale tenue par un « pion » sexy en diable, enfermé comme les
autres, voir peut être plus. Une vie bien huilée, bien réglée, sans accroc, dans les ordres.
Ce propos est magistralement mis en scène. De la scène d’ouverture à la scène de clôture.
Le jour… La nuit, les personnages se perdent en eux-mêmes, ils se dévoilent, ils s’apprivoisent, ils nous parlent en demi-teinte de leurs peurs. La nuit, l’intime est poignant. On ose les larmes, on ose les confidences, on ose le laisser-aller. Puis revient le jour.
Imaginez une sorte de kamikaze se demandant s’il est au paradis puis soudain imaginez-vous plusieurs femmes se lever du public et se mettre à chanter puis des boxeurs venir taper sur le rideau de fer cachant le décor. C’est assourdissant et saisissant.
« Des peurs qui nous emprisonnent malgré nous dans des mécanismes de protection, d’auto-défense, qui nous empêchent de vivre pleinement. »
La peur n’explose pas au regard de tous, elle s’immisce parmi chaque personnage qui au fur et à mesure se rend compte de son propre carcan de peur.
Imaginez aussi une plaque de Plexiglas descendre sur la scène, le public se reflétant dedans puis les personnages ce dévêtir et venir inscrire à la peinture la fin du chapitre. Saisissant, absolument saisissant. Une superbe mise en scène, un propos intelligent. La Peur, affrontez-là, ça vaut largement le coup.
Elodie Kempenaer
Et au final, se pose la grande peur universelle, celle de ne pas être ce que l’on est. De ne pas être ce que l’on est à cause d’une société restrictive, de ne pas être ce que l’on est à cause de ses propres mécanismes, conscients ou inconscients, qui nous fournissent de fausses excuses pour ne pas être libre.
30
5 mars 2013
u a s r a c m r 0 a 3 P u u a ’ d u e q r s Ju e at Th
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Ju
s
’a u u q
30
/1 /03
3 !
Encore un véritable succès présenté par le Théâtre en Liberté !
Théâtre des Martyrs Les Rustres de Carlo Goidoni Mise en scène de Daniel Scahaise Avec Toni D’Antonio, Isabelle De Beir, Dolorès Delahautn Jaoued Deggouj, Bernard Gahide, Bernard Marbaix, ...
Ju
u u’a q s
30
/0
3 3/1
!
C'est avec un humour stéréotypé et une ironie espiègle que ce chef-d'oeuvre de Goldoni nous amène à un réflexion sur le respect et la liberté.
amis, ne sont les bienvenus que sous leur autorisation et où les belles parures sont défendues même pour de grandes occasions. Or, leurs femmes veulent tout le contraire : se pomponner, aller à l'opéra et participer au carnaval qu'elles seulement peuvent admirer derrière leur fenêtre.
Le rôle des femmes et son émancipation sont de grands sujets historiques et bien que les avancées du féminisme ont changé la situation de la femme autant dans la société que dans le foyer, il en est du moins que ce n'est pas le cas partout et qu'il y a encore des progrès à faire.
Pourtant, c'est avec fous rires que nous assistons au complot de ces femmes pour faire entendre justice, sensibilité et bon sens. Et ces pauvres messieurs, par leurs faiblesses, ne peuvent résister. Il ne faut pas croire que ces hommes si fiers et hargneux ne peuvent pas être domptés !
La pièce nous montre donc une contradiction entre d'une part quatre hommes autoritaires aux règles tyranniques rejetant les plaisirs, les modes et autres futilités auxquels leurs femmes respectives voudraient s'adonner, et d'autre part ces dernières qui aspirent désespérément à ce que leur voix soit entendue, à être plus libres et surtout comprises.
Voilà encore une pièce sublime à ne pas manquer pour passer une très agréable soirée !
En effet, les maris essayent d'imposer à leurs épouses de rester à la maison, dans leur demeure close où les invités, famille ou
Surprenant et fascinant! Voilà ce qui convient de dire au sujet de ce spectacle présenté par la Compagnie ChaliWaté qui a fait le tour du monde avec succès et a été primé au Canada, en Amérique Latine et en Espagne. Tout commence, en entrant dans une petite salle du théâtre de la Place des Martyrs. Dès que l’on arrive, on est envahit par une forte odeur d’oignons. A cette odeur vient s’ajouter le décor méditerranéen, où cuisine et atmosphère chaude mettent tout de suite le spectateur dans l’ambiance.
Théâtre des Martyrs Josephina de et avec Sandrine Heyraud et Sicaire Durieux Dramaturgie de Katya Montaignac
Sontiu Falguière
Le comédien est déjà placé, assis sur une chaise haute, il coupe des oignons, de façon mécanique et pensive. Derrière lui, une femme qui anticipe ses moindres gestes. Au début, on est un peu surpris car la pièce est principalement gestuelle. Le rythme des mouvements varie, tantôt rapide tantôt lent, il surprend le spectateur qui est comme envahi, absorbé. Aux gestes se greffent quelques paroles qui permettent d’imaginer une histoire, tout en laissant libre cours à l’imagination du spectateur : s’agit-il d’un flashback, d’un cauchemar, d’une relation passée ou même imaginée ?
32
C’est un spectacle singulier où Sandrine Heyraud (Joséphina) et Sicaire Durieux (Alfredo) accomplissent une performance originale. Le mime revisité nous permet de découvrir deux acteurs/mimes en parfaite symbiose. Sandrine Heyraud est époustouflante, elle transmet les sentiments avec justesse et sa gestuelle est irrésistible dans la sensualité appuyée par la résonance des tangos. Spectacle à voir absolument. Envoûtement garanti.
Noelia Gonzalez
C'est la seconde fois que la pièce est présentée à l'Atelier Théâtre Jean Vilar et on comprend facilement pourquoi ! Grâce à la mise en scène très réaliste d'Olivier Leborgne, on est emporté sans difficulté dans cet intermède philosophique créé par Jean-François Viot.
Atelier Théâtre Jean Vilar Sur la Route de Montalcino de Jean-François Viot Mise en scène d’Olivier Leborgne Avec Grégoire Baldari, Michaël Manconi, Maud Pelgrims, François Sikivie et Alexandre von Sivers
Un chanoine belge, Georges Lemaître, et son plus farouche opposant, l'Anglais Fred Hoyle ainsi que sa femme tombe en panne sur le chemin du Vatican. Trouvant refuge dans une auberge typique de Toscane, ils passent la nuit à se quereller sur leurs croyances, la philosophie, la métaphysique et les questions existentielles de la vie. Les néo-louvanistes apprécient et nous aussi. Premièrement, parce que la pièce est basée sur une vérité historique, la rivalité entre Lemaître et Hoyle concernant l'explication à donner au début de l'univers. En effet, en 1927, Monseigneur Georges Lemaître, cosmologiste belge et professeur à l’Université de Louvain, affirme que l'univers est en expansion et propose une évolution de l'univers à partir d'un « atome primitif ».
« Quatre musiciens, deux violonistes (Jean-Claude Camors et Laurent Vercambre), un alto (Pierre Ganem) et un violoncelliste (Jean-Yves Lacombe), usent de leurs archets pour se jouer des chefsd’œuvre classiques et détourner joyeusement des tubes contemporains. », c'est le pitch du spectacle. Lorsqu'on lit cela, on s'attend à tout et on n’a pas tort. On ne peut pas nier que ces quatre musiciens savent se servir magnifiquement bien de leurs instruments cependant, ce spectacle ressemble plus à une improvisation sans queue ni tête qu'à un réel spectacle musical. Atelier Théâtre Jean Vilar Danseur de cordes par Le Quatuor Mise en scène d’Alain Sachs Avec Jean-Claude Camors, Laurent Vercambre, Pierre Ganem et Jean-Yves Lacombe
Sans début, sans milieu, sans fin, sans histoire, la mise en scène d'Alain Sachs semble être une suite de tableaux sans explication.
Une vingtaine d’années plus tard, Fred Hoyle, cosmologiste britannique issu de l’Université de Cambridge, considère que cette théorie résiste au bon sens et met au point l’idée d’un univers globalement stationnaire. Hoyle, qui entendait ridiculiser la théorie de Lemaître en faisant un bon mot, rebaptisa celle-ci « Big Bang » en 1949, au cours d'une émission de la BBC. Deuxièmement, malgré une vérité historique, Jean-François Viot n'a pas hésité à s'écarter un peu de celle-ci pour permettre aux spectateurs d'apprécier cette querelle philosophique et scientifique comme on s'amuse d'une dispute entre deux enfants. C'est donc sur un ton léger que Grégoire Baldari et Michaël Manconi « s'affrontent » et nous entraine dans une véritable réflexion sur l'existence.
Marie Vandenberg
De plus, ce spectacle qui se veut tout public est en réalité réservé aux personnes averties. En effet, bon nombre d'effets de comédie sont dus au comique de situation, mais également à la reconnaissance du morceau joué. Un spectateur non mélomane aura alors beaucoup de mal à reconnaître les titres et donc à comprendre la situation comique. Malgré tout, on s'accordera sur le fait que la maîtrise des instruments est stupéfiante et qu'on en ressort tout de même amateur d'instruments à cordes.
Marie Vandenberg
On assiste donc à une suite de morceaux classiques ou modernes sans trop savoir pourquoi ils sont joués à ce moment-là et avec telle ou telle chorégraphie. Comédie qui fait tout au plus sourire, Danseur de cordes n'est pas à la hauteur de la réputation du Quatuor déjà récompensé par trois Molières et une Victoire de la Musique.
33
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts !
Littérature
Les désorientés d’Amin Maalouf Editions Grasset
La critique Adam. C’est le nom du premier des hommes. Pourtant, notre personnage se voit plutôt comme le dernier. Le dernier d’une lignée d’enfants baignés d’illusions au Liban et dans le monde entier. Les désorientés c’est l’histoire d’une préparation de retrouvailles entre d’ « anciens » amis. La mort de Mourad fait revenir les immigrés et rassemblent les opposants. Mais de l’eau a coulé sous les ponts du « Levant » et des tensions sont nées entre ceux qui ont quitté le pays et ceux qui sont restés. Fallait-il quitter le pays natal lorsqu’a commencé guerre ? Ce livre nous raconte l’histoire de chacun de ces personnages, tous plongés dans un dilemme avec leur conscience. On retrouve un moine, un islamiste, un ingénieur, une hôtelière, mais aussi de nouvelles nationalités. On ne parle plus du juif, du musulman ou du chrétien, mais du Brésilien, de l’Américain ou du Français. Ainsi, le roman nous affiche une multitude de sentiments d’exil, sans doute, partagés en partie par l’auteur. Cela nous ramène à une question connue et aimée d’Amin Maalouf : l’identité. Qui est Adam depuis qu’il a quitté son pays ? Etranger au Liban ? Etranger en France ? Ou bien enfant des deux patries ? C’est parce qu’il a vécu l’exil qu’il peut nous écrire ce roman poignant. Il parvient à nous faire entrer, avec brio, dans les pensées d'Adam, mais aussi
dans celles de ses amis. La narration du livre basée essentiellement sur le « je » rend les différentes histoires plus intimistes et souligne le côté relatif du livre. Effectivement, chaque récit est personnel et si l’auteur s’y retrouve dans tous, il n’en soutient aucun pour autant. Il n’y pas de parti pris, ni de bien ou de mal. Ce n’est que réflexion : réflexion sur nous-mêmes.
Derrière cette absence, et derrière tout ce récit, on sent que la conscience de l’auteur n’est pas tout à fait tranquille, qu’elle se sent entre deux rivages…
« La narration du livre basé essentiellement sur le « je » rend les différents histoires plus intimistes. »
Qu’en ressort-il de notre lecture ? Notre écrivain semble avouer sa peur pour l’Europe, pour les pays arabes, pour le monde peut-être tout entier. Si cela peut paraitre défaitiste, l’auteur pourtant ne met pas de point final à l’espoir. Son personnage porte le nom du premier des hommes mais se trouve être le dernier d’une lignée : mais alors qui suivra après ? Le premier d’une nouvelle lignée ? Amin Maalouf a beau être désorienté, son combat pour un monde meilleur, au final, n’a pas changé de cap…
Pour le reste, on peut voir ce roman comme un résumé des ouvrages précédents d’Amin Maalouf. C’est de la romance, de l’histoire comme il sait si bien la raconter, mais c’est aussi un essai sur les identités et sur le monde en devenir. On rencontre donc des pistes de réflexions philosophiques à chaque ligne, tout en vivant une agréable fiction faite d’amour et d’anecdotes historiques. Mais il ne s’agit pas d’un simple résumé de carrière ! L’apport nouveau, et peutêtre tant attendu par ses lecteurs, est l’explicitation d’un mal-être. Son malêtre. Amin Maalouf n’a pas pour habitude de se livrer de manière explicite. Or ici, on sent un cœur s’ouvrir. L’auteur ne cite jamais le nom de son pays natal, le Liban, et cela représente bien les sentiments qui s’y cachent encore.
34
Il s’agit de son histoire. Un jeune idéaliste qui disparait pour laisser place à un homme mûr (trop) réaliste. Le livre revêt donc un côté nostalgique et pourtant on ne sombre pas dans une mélancolie rose et clichée.
Anastassia Depauld
!
Passionnément de Jill Shavis Editions Milady, collection Central Park
La critique Et si on jouait au docteur ? Mallory en a assez d’être la gentille petite infirmière dévouée. Elle rêve du grand frisson. Ty traîne dans les parages de Lucky Harbor et pourrait bien exaucer son rêve le plus cher… Le « beau gosse » de service n’est que de passage, ce qui convient parfaitement à Mallory. La jeune fille bien rangée laisse place à une séductrice délurée et réveille en lui des désirs inavouables. Pour la première fois de sa vie, Ty ne peut se résoudre à mettre les voiles. Depuis quand le hasard fait-il si bien les choses ? À Lucky Harbor, tous les espoirs sont permis… Voici le premier tome de la seconde trilogie, l'auteur se penche sur un nouveau trio féminin : Amy, Grace et Mallory. Le prologue nous amène à découvrir le personnage masculin principal, Ty. Nous plongeons directement dans son quotidien et dans ses blessures de l'âme. Nous quittons le prologue pour plonger droit sur les trois héroïnes et leur club « Les Accrocs du chocolat ». D'ailleurs chaque chapitre commence par une de leur citation, comme par exemple : « Le chocolat ne vous laissera tomber ». On replonge avec joie dans la ville de Lucky Harbor et de ses habitants animés des meilleures attentions. D'ailleurs, on
retrouve Lucille des premiers tomes qui n'a rien perdu de son ton direct et juste.
C'est une romance qui combine humour, sentiment, virilité et sensualité.
Le style qui m'a tant plu dans la première trilogie est toujours aussi vivant, fluide et trépidant. Et si on a déjà un aperçu des tourments qui hantent Ty, ce n'est pas le cas de notre trio.
Je conseillerai l'ouvrage aux jeunes femmes et femmes averties. Et attention, on devient vite accrocs du livre. Il m'a été difficile de le laisser de côté la journée.
Trio qui se forme dans des circonstances légèrement dramatiques. En effet, rien de tel qu'une tempête et qu'un gâteau au chocolat pour amener trois femmes à se confier et à créer un club « Les Accrocs du chocolat » pour s'entraider à changer de vie.
Et pour toutes les amatrices de chocolat, l'auteur nous livre sa recette d'un gâteau à tomber...
« Pour toutes les amatrices de chocolat, l’auteur nous livre sa recette d’un gâteau à tomber ... »
Pour ma part, je suis impatiente d'avoir le second tome de cette saga.
Un dernier mot pour celles qui auraient des a priori sur les sagas, je rassure, l'auteur ne s'essouffle pas, au contraire, elle se renouvelle sans lasser.
Marylise Dufour
En tant que femmes, on ne peut que se sentir proches des sentiments, des émotions et des épreuves que traversent notre personnage principal, Mallory. La différence par rapport à la première trilogie ? Il me semble que les personnages principaux sont plus fouillés, plus approfondis. Tout comme dans la première, des indices nous sont donnés pour le second tome.
35
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts !
Le Sanctuaire du Coeur de Duong Thu Huong Editions Livre de Poche
La critique La fugue de Thanh plonge dans la stupeur ses parents, un couple de professeurs respectés, ainsi que toute la petite ville proche de Hanoi où vit cette famille modèle. À seize ans, le jeune homme était promis à un brillant avenir et n’avait jamais donné le moindre signe de trouble ni de rébellion. Quand on le retrouve quatorze ans plus tard, il est devenu gigolo, entretenu par une femme d’affaires rencontrée dans la maison close de Saigon où il exerçait ses talents de prostitué. Comment et pourquoi ce jeune homme sans histoires en est arrivé là, c’est ce que dévoile ce roman diaboliquement construit. Duong Thu Huong est l’auteure de 6 romans à ce jour. Au début de sa carrière, Duong travaille dans une troupe de théâtre itinérante où elle écrit des poèmes et des chansons avec pour slogan « Chanter plus haut que les bombes ». Son premier roman, Les Paradis aveugles a vu toutes ses copies confisquées lorsque la romancière, ayant décliné une invitation à diner avec l’un des chefs du Parti, a fait comprendre qu’elle ne se laisserait pas acheter par une belle maison ou un poste prestigieux. A partir de ce roman, elle a officiellement cessé d’exister comme romancière, a été exclue du Parti et emprisonnée puis placée en résidence surveillée. Depuis, elle est interdite de publication au Vietnam.
Au travers de ses six ouvrages Terre des oublis, Itinéraire d’enfance, Au zénith, Roman sans titre, Les paradis aveugles et Le sanctuaire du cœur, Duong Thu Huong dresse un portrait sans appel d’une société vietnamienne déstabilisée et corrompue dominée par le sexe, le pouvoir et l’argent.
chevauchent sans se ressembler, les histoires s’entremêlent et les personnages se croisent et s’entrelacent permettant à la romancière de nous faire découvrir toutes les facettes de la société vietnamienne et d’explorer l’histoire du pays comme l’ont vécue les différentes générations.
« Le roman illustre et questionne le positionnement de la jeune génération dans une société encore marquée par la guerre. »
Cette œuvre prodigieuse l’est également par la place qu’elle laisse aux saveurs, aux couleurs et aux parfums. L’auteure nous emmène d’un coin à l’autre du Vietnam, des grands hôtels prestigieux et luxueux de Saigon aux petites masures au fin fond de forêts oubliées, de restaurants étoilés d’Hanoi aux petits marchands ambulants en nous détaillant les scènes, les saveurs et les atmosphères avec maestria.
Le Vietnam a longtemps été en guerre et le retour à la normale a fait resurgir des phénomènes anciens comme les conflits de générations et les tensions dans les relations familiales, sujets qui occupent une place fondamentale en Asie. Dans un pays où l’on considère que la vie personnelle ne compte pour rien par rapport à la famille ou la patrie, Sanctuaire du cœur illustre et questionne le positionnement de la jeune génération dans une société encore marquée par la guerre. Ce roman est un réel petit bijou. Ses 800 pages se dévorent comme un Musso ou un Lévy pour les amateurs du genre. Le style narratif de l’auteure est en forme de poupées russes, une porte qui s’ouvre, une trappe se referme, les chapitres se
36
Amis lecteurs, il est grand temps de vous offrir quelques heures de pur bonheur qui vous rappelleront peut-être, pour les férus du genre, ceux que vous avez vécus en lisant ou voyant Geisha. Sanctuaire du cœur est un monument de la littérature, un chef-d’œuvre que vous dévorerez. Et pour ceux qui prennent les transports en commun, attention à ne pas louper votre arrêt !
Emilie Lessire
!
Froid mortel de Johan Theorin Editions Albin Michel
Une école maternelle à Valla, en Suède, baptisée La Clairière. Un centre de détention psychiatrique pour adultes. Entre les deux, un couloir souterrain… que les enfants franchissent régulièrement pour rendre visite à leur parent interné. Jan Hauger, qui a réussi à se faire embaucher au sein de ce dispositif expérimental étroitement surveillé, ne rate pas une occasion d’être leur accompagnateur. Mais que cherche-t-il ? Et que se passe-t-il réellement dans les sous-sols obscurs de la clinique ?
La critique Une ville de banlieue suédoise, cernée par la forêt et surplombée par les hauts murs et clôtures du centre de détention psychiatrique Sainte-Barbe. De sombres échos, rumeurs ou histoires sur l’internement d’Alice, ex star de la chanson, ou encore d’Ivan Rössel, tueur en série qui a défrayé la chronique quelques années auparavant. Un projet de réhabilitation, cher au Docteur Högsmed, associant un hôpital et une école maternelle accessible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Un couloir sombre qui relie les enfants à leur parent interné. Autant d’éléments qui nous font entrer, sous l’écriture de l’auteur doué, dans un univers trouble et envoutant. Il n’y a pas de hasard ! Quand on est jeune puériculteur, travailler dans une crèche est un idéal. Quand un certain passé nous poursuit, quand un fantasme nous habite, quand c’est la vengeance qui nous tient en vie, travailler à Sainte-Barbe peut devenir le but ultime. Chaque membre de l’équipe a quelque chose ou quelqu’un à cacher, un passé qui les poursuit, un idéal à atteindre. Jan et ses collègues ont fait le choix de s’occuper d’enfants, d’accord ! Mais
c’est une communauté plus machiavélique qui les unit dans une alliance terrifiante autour des enfants. Claustrophobie De l’appartement de Jan, des rues de Valla, des couloirs de la crèche, c’est la sensation d’enfermement qui nous colle à la peau, sensation de claustrophobie irrépressible et angoissante.
« (...) une sensation d’enfermement qui nous colle à la peau, sensation de claustrophobie irrépressible et angoissante.
de l’impact de ces événements sur sa vie d’adulte. Un récit qui alterne trois moments de la vie du jeune puériculteur et qui de cette manière entraine le lecteur dans une course haletante vers les événements qui se préparent. Petit bémol Alors que la présence d’Ivan Rössel, le tueur en série, est ressentie à chaque moment de l’histoire, le personnage reste superficiel, comme si l’auteur s’y était moins investi, par rapport aux autres protagonistes de l’histoire. Un thriller sombre et machiavélique qui révèle une nouvelle facette du maître du thriller suédois. L’auteur
Sentiment encore plus présent tant le silence est devenu la règle pour les travailleurs de l’institution psychiatrique, qui se reconnaissent entre eux, mais ne font pas la publicité de leur emploi avec les « Autres ». Nous ne sommes que la somme de ce qui nous avons vécu La folie a toujours été une source d’inspiration pour les auteurs de thrillers. Cette fois, l’auteur fait évoluer la personnalité de Jan, personnage complexe, en fonction des traumatismes vécus dans l’enfance et l’adolescence et
37
Né en 1963 à Göteborg, ancien journaliste, Johan Theorin est l’auteur de trois thrillers parus chez Albin Michel : L’heure trouble (2009), L’écho des morts (2010) et Le sang des pierres (2011) – tous numéro un sur la liste des bestsellers en Suède. Prix du meilleur roman policier suédois pour L’heure trouble, Johan Theorin a également été récompensé en 2010 par le prestigieux prix anglais CWA international Crime Dagger pour L’écho des morts, finaliste en France pour le prix SNCF du polar.
Nathalie Beauport
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts !
Syrli de Meagan Spooner Editions Milan
La critique Syrli Ainsley n’a jamais vu le ciel. Son monde se termine au bord de la barrière en forme d’immense dôme d’énergie qui entoure tout ce qui reste de l’humanité. Pendant des siècles, la ville a nourri cette barrière en puisant l’énergie magique que ses enfants engendrent quand ils atteignent l’adolescence. Lorsque c’est au tour de Syrli, elle apprend qu’elle est plus qu’une adolescente, qu’elle appartient à la légende elle-même : Syrli est une « renouvelable », capable de régénérer sa propre énergie magique après qu’elle en a été dépouillée. Contrainte de fuir pour éviter de devenir à vie une sorte de batterie humaine, Syrli doit se battre et quitter son monde. Elle est traquée. Mais elle sait que d’autres adolescents semblables à elle ont fui et se cachent dans le bois de Fer. Elle survivra, les rejoindra et découvrira à la fois l’amour et d’où elle vient vraiment. Meagan Spooner est un vrai pigeon voyageur : l'Egypte, l'Afrique du Sud, les Iles Galápagos... Elle s'est installé pendant plusieurs années en Australie avant de déménager pour la Virginie du Nord. Syrli est son premier roman et le premier tome d'une trilogie. C'est la couverture qui m'a d'abord conduite à choisir ce livre, la quatrième de couverture en a ensuite renforcé l'attrait. L'auteur a choisi de diviser son livre en 3 parties : La première commence avec la rencontre de l'héroïne, Syrli, et la
découverte de son monde. Cette partie, même si elle nous permet de découvrir la ville et la société plus en profondeur, est la plus dure à lire. Pourquoi ? Car il n'y a presque pas de dialogue, ce qui, personnellement, alourdit la fluidité de la lecture. Même si l'auteur développe son propre monde avec brio, la longueur, le peu d'action de cette partie ont failli me faire décrocher et abandonner ma lecture ce qui aurait été dommage.
« Le lecteur ne doit pas avoir peur de persévérer sa lecture au-delà de la première partie, il en sera récompensé. »
La seconde partie nous permet de faire plus ample connaissance avec la personnalité de Syrli et de son combat pour vivre en dehors de sa ville. Deux personnages clés y sont découverts : Oren et un oiseau mécanique qui portera le nom de Nixe. Bien que plusieurs détails soient communs à notre terre, la présence de « magie » arrête la comparaison aux paysages. Arrivée à la moitié de cette partie, on ne voit plus le nombre de pages défiler grâce à un rythme qui s'installe et nous tient en haleine. En effet, suivre Syrli dans la découverte de ce nouveau monde et les épreuves qu'elle endure rend le livre plus vivant et plus intéressant que dans la première partie.
38
La troisième est très forte en révélations et bouleversements. Le fait que certains d'entre eux soient tout à fait inattendus renforcent l'envie de lire le second tome. La richesse de cet ouvrage, tient dans cette dernière partie. L'auteur y a enfin, je pense, trouvé son rythme, sa fluidité d'écriture. Personnellement, cette partie a déterminé mon envie de lire le deuxième tome. Conclusion : le lecteur ne doit pas avoir peur de persévérer sa lecture au-delà de la première partie, il en sera récompensé. Je ne dirai pas que j'attends le second tome avec impatience mais je le lirai avec plaisir. Public cible : selon l'éditeur cet ouvrage est destiné aux enfants à partir de 13 ans. Personnellement, je le conseillerais à partir de 15 ans. L'identification à Syrli sera dès lors d'autant plus facile qu'elle est âgée de 16 ans.
Marylise Dufour
!
Le Top 100 des chansons que l’on devrait tous connaître par coeur de Baptiste Vignol Editions Didier Carpentier
La critique Baptiste Vignol, né en Tunisie, a étudié les Sciences Politiques. Il devient programmateur pour Pascal Sevran pendant trois ans et crée un salon du livre sur la chanson francophone en Auvergne à Randan. Il écrit plusieurs livres sur la musique et la chanson française (Cette chanson que la télé assassine aux Editions Christian Pirot, Tatassin avec Renaud aux Editions Tournon ou encore Cette chanson qui emmerde le Front National aux Editions Tournon), ainsi que sur l’île de la réunion où il réside, éditée par les Editions du Boucan, dont il est le fondateur. Il est aussi très actif sur internet avec son blog d’actualité politique, sportive et culturelle : Mais qu’est-ce qu’on nous chante ? et la création de sites web conceptuel comme Dans les yeux d’Alain Delon ou Be Borg.com. Il revient l’actualité livre sur désormais vres.
en ce début d’année dans avec la sortie d’un nouveau la chanson française et le classique classement d’oeu-
Mais Vignol n’est pas un spécialiste comme un autre ! Au lieu de publier un classement ou Top 100 nébuleux ou purement subjectif, il assume justement la subjectivité de son palmarès et laisse la décision à plusieurs artistes de la scène francophone. Quelles sont les 100 chansons préférées des artistes francophones de la chanson ?
Il en a contacté la plupart en amont de son ouvrage, 276 ont répondu à la question suivant : Pourriez-vous me confier la liste de vos dix chansons préférées, celles qui vous accompagnent, que vous auriez aimé écrire, enregistrer, peu importe vos critères. Etablir ce genre de palmarès étant mission quasi impossible si l’on veut être sincère et sérieux, trop de chansons étant liés à d’innombrables souvenirs, je vous conseillerai peut-être de le faire dans l’urgence, en prenant un quart d’heure. Vos dix chansons de chevet ! Quelles sont-elles ? En sachant très bien qu’une liste rédigée aujourd’hui serait sûrement légèrement différente demain ...
de Gérard Lenorman ou encore de plus anciens artistes. A contrario, les grands gagnants ne sont pas forcément (même si ils sont évidemment bien placés) les habituels Ne me quitte pas, L’hymne à l’amour ou Mistral Gagnant. Nous laisseront évidemment la surprise au lecteur curieux.
« Il assume justement la subjectivité de son palmarès et laisse la décision à plusieurs artistes de la scène francophone. »
Le livre est agrémenté d’analyses judicieuses de chaque chanson, des scans des classements originaux de certains chanteurs, de toutes les chansons qui ont eues au minimum 4 votes, tous les classements des différents chanteurs et celui des différents spécialistes.
69 spécialistes venu du monde journalistique ont été appelé à la rescousse pour départager les premiers résultats.
Livre agréable et facile à lire, le Top 100 des chansons que l’on devrait tous connaître par coeur est le titre idéal pour sa bibliothèque à partir du moment où l’on adopte le concept original du classement organisé par Baptise Vignol.
La méthode utilisée par Vignol donne des résultats parfois surprenants. On remarque l’absence de chansons comme Prendre un enfant par la main d’Yves Duteil ou La Ballade des gens heureux
39
Malgré tout, le classement est très symbolique des artistes qui ont inspiré les auteurs encore vivant (Brassens, Brel, Gainsbourg, Ferré, etc.), et surprend par la présence de Camille en bas de classement ou un Alain Bashung de plus en plus considéré par ces pairs comme ayant été un monstre de la chanson française.
Loïc Smars
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts « Quand on s'est retrouvés dehors, ma fille avait une main dans la mienne et, dans l'autre, son doudou lapin réveillé. J'adore lui tenir la main dans le rue. C'est doux, très doux même, potelé, et ça vient se caler dans ma paume qui me paraît d'un coup immense. C'est une des situations où je me sens le plus père, peut-être à cause de la fragilité que ça évoque. Je regardais notre reflet dans les vitrines, et je nous trouvais beaux tous les deux habillés pareils. » On peut avoir 40 ans, une femme, deux enfants, un métier et se conduire comme un ado plus que border line. Surtout quand on a été élevé par des parents soixante-huitards, qu'on vient de perdre sa grand-mère adorée et que son propre fils vient de fuguer. Je vous trouve beaux de Cyril Montana Editions Albin Michel 200 p.
Michel La vie quotidienne de Michel, à l’âge de la crise, des remises en question. Passionné par sa fille Claire, qu’il gâte un peu beaucoup à la folie, et père patient d’un fils de 16 ans, qu’il a eu d’un premier mariage et qui teste les règles de la crise d’adolescence.
concurrence attisé par le boss, qui croit encore au boum immobilier des années 80, quitte à démarcher à l’étranger. Les femmes de Michel Michel compte trois femmes dans sa vie : sa psy, sa femme, sa grand-mère. Sa femme ? Il l’aime ! Une partie de jambes en l’air avec une autre de temps en temps, ce n’est pas de l’infidélité ! Ce n’est pas la même chose que si elle le trompait lui ! Ca n’a pas la même importance ! De toute manière, il n’est pas doué pour l’adultère ! Sa mémé ? Sa disparition est un des pires moments de sa vie ! Les funérailles ? Un vrai scandale qui le fait sortir de son calme face à des parents qu’il a jugés inaptes depuis longtemps Dans un style parlé et léger (parfois trop ?), l’histoire reflète la vie, la vraie vie.
Nathalie Beauport
Agent immobilier affrontant quotidiennement « le gros Michel » dans un match à la
Un ouvrage sur le changement écrit par un professeur « Lejoyeux » se devait d’être lu et votre magazine préféré l’a bien entendu fait pour vous ! Il existe beaucoup de livres qui abordent les différents aspects du changement ainsi que leur faisabilité en fonction des personnes, des profils, des situations, des astres, des périodes de vie, de la couleur de nos chaussettes, etc. Mais Changer… en mieux se différencie par un grand nombre d’approches différentes, tant scientifiques que psychologiques, afin d’aider le lecteur à comprendre, appréhender, accepter et provoquer le changement par la voie qu’il préfère et qui lui parle le plus.
Changer... en mieux. Les dix chemins du changement positif. de Michel Lejoyeux Editions Plon 384 p.
Michel Lejoyeux est un psychiatre, spécialiste des addictions et auteur de cinq ouvrages. Selon lui, il serait possible de changer en profondeur et de vaincre nos plus profondes résistances au changement telles que nos habitudes ou nos peurs et ce, de manière durable et sans aucun regret. En plus de nous livrer la formule du philtre d’amour, à toutes fins utiles, l’auteur démontre que le changement est nécessaire et est avant tout un plaisir, et c’est la biologie de notre cerveau qui le prouve. Pour illustrer ses propos, il s’appuie sur les modèles les plus récents de psychologies psychanalytique, cognitive et motivationnelle.
40
Ainsi, mettre fin à des addictions, à des tocs, arrêter de se disputer avec son conjoint ou briser la routine est possible à condition d’activer ce que l’auteur appelle les « leviers du changement » : plaisir, défi, amour, travail, technologie, corps, voyage, foi, humour et hasard. Agrémenté d’histoires et d’exemples de personnages qui ont osé ces métamorphoses, ce livre nous prend par la main et nous montre le chemin. On apprécie également le jargon simple, la facilité de lecture, les tests et les exercices pratiques pour mesurer notre aptitude à la nouveauté et identifier nos blocages ainsi que les nombreuses idées proposées telles que tenir un carnet des plaisirs, comme les Geishas autrefois, voyager en dépassant ses limites ou trouver un loisir inutile et sans contraintes. Didactique et agréable à lire !
Emilie Lessire
Comédien adoré du public, Alex, homme aimable et tolérant, s’apprête à entrer en scène pour la première du Misanthrope lorsque Alceste, l’homme aux rubans verts de Molière, lui apparait dans le miroir de sa loge. La stupeur passée, la conversation s’engage mal entre celui qui voudrait changer le monde et celui qui l’accepte tel qu’il est. Qui triomphera, de l’idéaliste en colère qui s’indigne de la vie ou du libertin indulgent qui en rit ? Et lequel des deux gagnera les faveurs de l’insaisissable Célimène ?
Un homme trop facile de Eric-Emmanuel Schmitt Editions Albin Michel 210 p.
Dramaturge, romancier, nouvelliste, essayiste, cinéaste, traduit en 50 langues et joué dans autant de pays, Eric-Emmanuel Schmitt est un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés dans le monde. Un nouvel opus dans l’œuvre majeure de ce grand écrivain. Une pièce de théâtre de plus, après Le Journal d’Anne Franck, Kiki van Beethoven ou encore Milady. Il n’y a pas à dire, Eric-Emmanuel Schmitt sait écrire, et
Ce livre n’est pas un livre comme les autres… Sa particularité ? Il propose à la lecture plusieurs formes narratives. On peut ainsi s’y immerger de manière aléatoire, tel un glossaire, ou de façon linéaire, tel un livre de contes.
Billy Brouillard T1 - Le Don de trouble-vue de Guillaume Bianco Editions Soleil - Collection Métamorphose 142 p.
16 ans, S.O.S. Chocolat de Sue Limb
Sa trame principale - la bande dessinée relate les pérégrinations de Billy Brouillard, un petit garçon d’apparence ordinaire qui possède un drôle de don, celui de troublevue. Sans ses lunettes, il re-découvre le monde : décors oniriques, êtres fantasmagoriques… La magie de l’indicible ! Cette bande dessinée est ponctuée par un éventail de bestiaires, de gazettes, et de poèmes révélant toute l’étendue et la richesse de l’univers imaginé par Guillaume Bianco.
très bien en plus. Une démonstration nous en est encore faite avec ce nouveau titre. Il rend ici hommage au Misanthrope de Molière et fait vivre le personnage principal de cette pièce, Alceste, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Une écriture fine, intelligente et élaborée, des personnages à la limite de la caricature, Eric-Emmanuel Schmitt semble s’être amusé à nous dépeindre une situation cocasse juste avant la première du Misanthrope. Amusant oui, mais les propos exposés ici sont un peu légers… Eric-Emmanuel Schmitt nous avait déjà habitué à plus profond. Mais bon, qui suis-je pour oser critiquer un écrivain à la plume aussi talentueuse. Prenons cette pièce de théâtre pour ce qu’elle est, un heureux divertissement…
Marc Bailly
nous plonge dans son univers rempli de poésie, de naïveté, qui nous procure une sacrée bouffée d'air frais ! Le fait d'avoir un livre à la fois BD mais aussi avec des parties tantôt en forme de petits articles, tantôt avec un style grimoire, apporte une plus value à ce petit bijou de livre. Billy Brouillard, c'est LA parure à se procurer pour les amateurs d'histoires enfantines saupoudrées de poésie et d'humour dans un style propre à Bianco qui ne nous lasse pas, que du contraire ! C'est simple, ce livre est la porte par laquelle il faut passer pour s’enivrer d'imaginaire. Tout comme les récits précédents de ce petit garçon au pouvoir si fascinant. On ne peut être qu'admiratif devant le travail de Bianco sur ce livre et on en redemande encore !
Le résumé décrit parfaitement le livre ! Billy Brouillard est un véritable bonheur à lire. Il
Nele De Smedt
Jess Jordan est un peu spéciale, limite fofolle. Là elle laisse tomber son petit ami, Fred, sur un coup de mauvaise humeur et espère qu’il va s’excuser… Jusqu’à ce qu’elle croise son nouveau voisin…
C’est à la fin que j’ai découvert qu’il s’agissait d’une série, dont les « 15 ans » ont 2 volumes, les « 16 ans », 3, dont celui-ci.
Rien à voir avec le fantastique, j’ai embarqué dans cette histoire un peu comme dans un blog : c’est la vie et les hésitations d’une ado. Le genre de chose qu’on a toutes connu…
C’est très amusant, tout à fait décalé, on y passe 3 bonnes heures « lave-la-tête ».
Véronique De Laet
Editions Gallimard Jeunesse, Collection Scripto, 48 p.
41
5 mars 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Une nouvelle collection 100% terroir !
Nele De Smedt
Découvrez ou redécouvrez certains des contes et légendes les plus intrigants de cette région mythique : la fée de l’Arc, Nostradamus, les santons du diable, la légende de la Tarasque, le miracle des reliques de Sainte-Anne... Écrit par Richard D. Nolane (Millénaire, Wunder Waffen, Démon...) et illustré par Suro, Arnoux, Le Berre, Sentenac, Le Bras et Del Rivero. Couverture par Cossu et Sentenac.
Contes et légendes des régions de France T1 - Provence de Richard D. Nolane Editions Soleil : Collection Générale 46 p.
Une sélection de contes et légendes issus de cette fascinante région : le Hans Trapp et la petite fille, le Moulin du Diable, la légende de l’horloge, la légende du bailli, la rose d’argent, les pierres de Lachtelweiher... Écrit par Lassablière et David (Les Voies du seigneur, Servitude...) et illustré par Serrière, Minguez, Acunzo, Filippo, Ouali et Hodjgaard. Couverture par Cossu et Sentenac. Rien de tel qu'une bonne BD relatant des légendes du terroir français... surtout quand c'est par région! Enfin une occasion de laisser la possibilité d'impliquer plusieurs légendes sans en négliger pour autant. Ou de réunir les plus connues alors que d'autres ont tant de mérite d'être citées.
Journaliste et réalisateur de documentaires, Antoine Vitkine s’attaque en 2008 à un projet ambitieux et novateur : raconter l’histoire et les conséquences passées et futures, non pas du nazisme, mais d’un livre : Mein Kampf. Ce qui, pour la partie postérieure à la Deuxième Guerre, est inédite. Le documentaire, d’à peu près 50 minutes bien que très réussi n’aborde que peu de choses sur un sujet pourtant exhaustif. En 2009, sort un livre en complément du film, reprenant le thème de base qui avance que tout était écrit. Le livre permettant bien sûr de développer plus largement le sujet et de pouvoir utiliser toutes les sources et informations récoltées. Mein Kampf, histoire d’un livre d’Antoine Vitkine Editions Flammarion : Champs Histoire 332 p.
Un des grands points forts du livre de Vitkine est sa facilité de lecture : passionnant et loin des écritures pompeuses de certains historiens. Après avoir retracé l’historique de Mein Kampf de sa création jusqu’à l’accession au pouvoir, Vitkine enquête aussi sur ce que les Allemands ont pensé du livre à l’époque, si ils l’ont lu mais aussi la campagne de propagande d’Hitler et son équipe pour
42
Contes et légendes des régions de France T2 - Alsace de Fabrice David et Lassabliere Editions Soleil : Collection Générale 46 p.
changer de discours suivant l’actualité. Se revendiquant pacifique ou guerrier suivant qu’il doit emmener avec lui un peuple plutôt pacifiste ou de manifester son ambition, le pouvoir total obtenu. L’autre originalité du livre et qu’il aborde la question de Mein Kampf après la guerre. Pour cela, Vitkine a réalisé une énorme enquête à travers le monde et à travers les archives de maisons d’éditions, bibliothèques, etc. Quel pays publie légalement Mein Kampf ? Est-ce que les éditeurs de ce livre sont d'extrême droite ? Que signifie le nombre incroyable d’exemplaires vendus dans certains pays ? En ce début 2013, sort dans la collection Champs Histoire de Flammarion une réédition revue, augmentée et en poche à lire par tout passionné d’histoire ou de lecteurs un peu curieux. Et de compléter visuellement par le documentaire si vous ne l’avez pas encore vu.
Loïc Smars
Depuis Janvier 2013 en librairie !
Happy Birthay Mr. Suricate La planète des singes de Pierre boulle
1963
La planète des singes est le roman culte de Pierre Boulle, plus que Le pont de la rivière Kwaï. Ecrit en 1963, c’est une œuvre au succès planétaire dont tout le monde a entendu parler. Une expédition, composée du Professeur Antelle, du second Arthur Levain et du journaliste Ulysse Mérou, se dirige vers le système de Bételgeuse. Des traces de civilisation, routes et agglomérations, sont visibles à sa surface. Leur curiosité leur fera rencontrer les maîtres de la planète répartis en trois espèces simiesques : gorilles, chimpanzés et orangs-outangs. Ils s’apercevront que l’espèce humaine est également présente mais peu évoluée, ses représentants sont esclaves, cobayes pour les expériences voire trophée de chasse. Ulysse Mérou est fait prisonnier et rencontrera deux chimpanzés, Zira et Cornélius, qui le prendront sous leur protection. Ulysse trouvera l’amour avec Nova, une jeune captive, et aura un fils, Sirius. Le roman, au style simple et efficace, foisonne d’idées. Le côté le plus jouissif est le regard de l’auteur sur notre société, comme un observateur extérieur. Les lignes majeures de notre société sont caricaturées à merveille. Le mépris de l’homme vis-à-vis des espèces inférieures, les dérives d’ordre politique et religieux, tout cela laisse au lecteur un arrière-goût de de déjà vécu. C’est dans cet aspect quelque peu dérangeant que réside la grande force du roman, qui n’est pas très long. Un certain humour est présent avec des scènes telles que les singes faisant du golf... Et la scène finale, que je tairai, est une mise en abime
cauchemardesque, renvoyant l’homme à ses démons. Magistral ! Le roman a fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques avec des bonheurs différents. Qui a oublié le premier opus interprété à merveille par Charlton Heston ? Dans les films, seuls le concept de base et les grandes lignes sont respectés. Exemple ? Dans le deuxième volet, le réalisateur fait référence à la peur américaine de l’époque : la catastrophe nucléaire et les radiations. Comment ne pas sourire face aux adorateurs de la bombe ? Cinq volets seront tour-nés et feront référence à différents passages de l’œuvre avec quelques digressions pour les besoins des films. Plus proche de nous, le génial Tim Burton a fait son remake de l’œuvre de Pierre Boulle. C’est peut-être ce film qui respecte le plus l’œuvre car elle se déroule sur une autre planète mais il est, selon moi, loin d’atteindre le niveau d’excellence de l’original en dépit d’effets spéciaux convaincants. En 2011, un film destiné à relancer la franchise voit le jour : La planète des singes – Les origines. Il est la préquelle au roman en se penchant sur l’origine de l’intelligence des singes. Œuvre ambitieuse de qualité, elle a séduit le public et les admirateurs du roman de Pierre Boulle. A épingler : sa suite est prévue pour 2014. Suite au succès du film, une série télévisée de 14 épisodes a vu le jour dans les années septante. D’un intérêt plus que dispensable, elle mettait en scène des humains doués de parole et de raison, contrairement au roman. Un dessin animé, Retour à la planète des singes, est sorti en 1975.
44
La planète des singes a été décliné en multiples bandes dessinées ! Entre 1977 et 1978, 19 BD verront le jour auprès des éditions LUG/Semic, filière francophone de Marvel, responsables des mythiques parutions de Strange, Titans ou encore Nova et Dark Horse suite au film de Burton. En 2012, une adaptation BD devient une trilogie sous la houlette du talentueux Daryl Gregory (nominé pour le Dick Award avec The Devil’s alphabet) au scénario et Carlos Magno au graphisme. Un roman incroyable, un univers riche qui traverse les années sans prendre une ride et qui séduit toutes les générations !
Frédéric Livyns
Star trek némésis
©UIP
2003
Dixième film de la franchise Star Trek, Némésis est sorti sur les grands écrans en 2003. Il renoue avec l’équipage de l’Enter-prise-E, celui qui a été attaqué par les Borgs dans Premier contact. Aux commandes de ce film, Stuart Baird, un réalisateur qui n’était pas un habitué de l’univers Star Trek. Il s’est fait aider par Jonathan Frakes qui joue le rôle de Ryker (numéro Un), mais qui a aussi réalisé deux des films de la saga. Alors que le cycle commençait à s’essouffler, voilà que les producteurs de Star Trek nous proposent un nouvel opus qui met le capitaine Jean-Luc Picard face à Shinzon, le nouveau prêteur romulien. Mais revenons à l’histoire. Les sénateurs romuliens sont tués grâce à une bombe au talaron, ce qui permet à Shinzon, un Rémien, de prendre le pouvoir et devenir le nouveau préteur. Pendant ce temps, Deanna Troi et William Ryker se marient et fêtent l’événement avec les autres membres d’équipage de l’Enterprise. Après cette cérémonie, le vaisseau fait route vers Betazed, la planète de Deanna Troi. Mais en cours de route, un signal positronique attire l’attention de l’équipage. Il est émis par un androïde créé par le concepteur de Data. Il a été démembré et est reconstitué à bord du vaisseau. Il se nomme Proto et est une version simplifiée de Data. L’amiral Jenaway contacte Picard et lui assigne une nouvelle mission : se rendre dans le système romulien pour négocier un nouveau traité de paix. L’Enterprise change à nouveau de cap et prend la direction de l’empire romulien. Picard y découvre Shinzon,
un clone raté de lui-même qui a survécu dans les mines rémiennes. Le prêteur tente d’influencer Deanna Troi, puis invite Picard avant de vouloir le capturer. Proto est un espion de Shinzon. Il a pour but de piéger Picard. Et Shinzon veut détruire la Terre. Commence une course poursuite entre l’Enterprise et le Cimeterre de Shinzon, qui est beaucoup plus grand et puissant. S’engage une bataille spatiale dans laquelle l’Enterprise est en danger. Malgré l’aide de vaisseaux romuliens, il est presque impossible de vaincre le Cimeterre. C’est probablement un des meilleurs films de l’équipe Next Generation (avec Premier contact). Jean-Luc Picard est confronté à un clone qui veut se servir de lui pour survivre, tandis que Data doit former l’androïde qui lui a servi de prototype. L’un est le clone de l’autre, en quelque sorte. Et la Terre est en danger, face à un vaisseau qui possède une arme fonctionnant au talaron. Même si Picard sacrifie l’Enterprise pour endommager le vaisseau de Shinzon, ce ne sera pas suffisant pour arrêter la menace de la destruction de toute vie sur Terre.
dixième film nous propose une fin originale à laquelle les fans ne s’attendaient pas. Data va devoir se sacrifier pour sauver l’équipage de l’Enterprise et la Terre. Et Proto sera réactivé dans l’espoir un jour de prendre la place de Data. Belle fin qui clôt un chapitre important du cycle Star Trek. Il faudra attendre huit ans pour qu’un nouveau film réapparaisse sur grand écran. Mais ceci est une autre histoire…
Marc Van Buggenhout
On retrouve un bon dosage entre réflexion et action, ce que les fans de la série aiment. Mais il y a un problème qui n’aura échappé à personne : les acteurs sont vieillissants. C’est un paradoxe pour Data interprété par Brent Spinner. Un androïde qui vieillit comme un humain, quel étrange phénomène ! Si cela avait fonctionné pour l’équipage de James T. Kirk, c’est plus difficile à accepter avec l’équipage de Jean-Luc Picard. C’est bien dommage. Néanmoins, ce
45
5 mars 2013