Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Le Suricate N° 27
mensuel
janvier 2013
Magazine À la une
Jérôme de Warzée nous parle sous « Haute Tension »
Mais aussi...
18 films à voir La Revue 2014 au TRG Nouvelle saison Michel Vaillant
Interview de Corey Beaulieu Voilà maintenant trente années que le guitariste fait le bonheur du groupe de metalcore Trivium
Sommaire
Le Suricate au cinéma et à la télé Bye bye 2013
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Cinéma Le Hobbit : désolation de Smaug Walking with Dinosaurs 3D La vie rêvée de Walter Mitty Le loup de Wall Street Philomena Homefront Twelve years a slave Oldboy Battle of the year/When saw you Tempête de boulettes 2/Manoir Amazonia/Tip Top Suzanne/Le géant égoïste La nuit qu’on suppose/Fruitvale Prêt à tout/Juliette Vol au-dessus d’un nid de coucou Actualités ciné
p. 6 p. 7 p. 8 p. 9 p. 10 p. 11 p. 12 p. 13 p. 14 p. 15 p. 16 p. 18 p. 19 p. 20 p. 22 p. 23
Musique Maître Gims - Subliminal Interview de Trivium
p. 24 p. 27
Scènes Interview de Fabian Le Castel La Revue 2014 Les lois fondamentales de la stupidité humaine Les Monologues de la Marijuana
p. 32 p. 34 p. 35 p. 35
Littérature Rééditions de François Boucq Sympathy for the Devils 80 photos expliquées Michel Vaillant : nouvelle saison Sisco - Tome 7 Achille Talon - Best of 60’ Les Cobayes Sugar Le Journal de Jules Renard Un Amour de Geek Un Siècle de cinéma Bruxelles La Ducasse de Mons Les Nouveaux Essentiels Fauché Gourmand
p. 36 p. 38 p. 39 p. 40 p. 41 p. 42 p. 42 p. 43 p. 43 p. 44 p. 44 p. 45 p. 45 p. 46 p. 47
À ne pas mettre près du feu
janvier 2014
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Le terrier du Suricate
Edito
Quels films ou séries ont invité le Suricate ? (réponses dans le prochain numéro)
Bye bye 2013 Encore une année, encore une année de passée ... et on fait tourner les serviettes ... Non non ! Je n’ai pas chanté Patrick Sébastien ! Ou alors pas trop fort. Cette période de l’année est généralement marquée par les bons vœux de tout le monde. Même si vous ne croyez pas en la fête de Noël et que, le jour de la Saint-Sylvestre, vous allez dormir, rien ne nous empêche de vous souhaiter nos meilleurs vœux pour l’année 2014 ! La publication a été un peu décalée, suite à ces fameuses fêtes, mais vous aurez ici de quoi lire en attendant la soirée de l’année. Le prochain numéro paraîtra normalement, le dernier mercredi du mois de janvier. Sinon, sachez que le site web, lancé en septembre, ne se porte pas trop mal et attire en moyenne entre 500 et 1000 visiteurs par jours. On est loin des millions de visiteurs annuels avancés sans gènes par un concurrent. Vous avez raison : c’est la fin de l’année, on ne médit pas contre les injustices, mais on célèbre la famille, les amis et le bonheur. Et bien, prenez beaucoup de bonheur à nous lire et de continuer à nous lire encore et encore ! Ce serait le plus cadeau que vous puissiez nous faire pour cette nouvelle année 2014, qui sera, je l’espère, riche en nouveautés et projets !
L.S. Une publication du magazine
Le Suricate © http://www.lesuricate.org Directeur de la rédaction : Matthieu Matthys Rédacteur en chef : Loïc Smars Directeur section cinéma : Matthieu Matthys Directeur section littéraire : Loïc Smars Directeur section musicale : Christophe Pauly Directeur section théâtre : Baptiste Rol
Crédits Webmaster : Benjamin Mourlon Secrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre Relation clientèle : redaction@lesuricate.org Régie publicitaire : pub@lesuricate.org
janvier 2014
Ont collaboré à ce numéro : Quentin Geudens, Olivier Eggermont, Léopold Pasquier, Cynthia Tytgat, Nicolas Bruwier, Mathilde Schmit, Marie-Laure Soetart, Cécile Marx, Shaheena Kassam, Anaël Munsch, Ivan Sculier, Astrid Flahaux, Noelia Gonzalez, Edouard Jacqmin, Alexis Hotton,
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Cinéma
Le Hobbit, la randonnée continue Pour ce deuxième volet des aventures fantastiques de Bilbon Sacquet et des treize nains qui l’accompagnent, Peter Jackson continue sur sa lancée sans réelle surprise de taille.
©WarnerBros Pictures
La critique
Cette difficulté de taille n’a pas été totalement effacée par le cinéaste. Le premier volet nous avait offert des scènes inédites et inventées qui n’avaient que peu d’intérêt (prenons l’exemple du combat entre les montagnes). Néanmoins, malgré ces patchworks contextuels, le premier film restait une production de bonne facture, nous permettant en outre de renouer avec l’univers si singulier de Tolkien. Dans La Désolation de Smaug, pas de véritable surprise, on prend les mêmes et on continue. Ce deuxième opus nous narre la suite de la quête entreprise par Bilbon Sacquet et les treize nains dirigés par Thorin «écu-de-chêne». Ceux-ci ont pour but de déloger le dragon Smaug
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de la montagne solitaire d’Erebor, l’ancien fief des nains qui recèle d’innombrables richesses. Comme cité plus haut, la surprise n’est plus vraiment au rendez-vous pour ce second long métrage. Le principe est identique : avancer à travers les régions hostiles pour aller déloger Smaug. Sorte de road movie fantaisiste, The Hobbit continue de nous offrir des scènes d’action techniquement irréprochables et une quête se rapprochant à s’y méprendre de celle de Frodon Sacquet. Cependant, même si les scènes de combat et la somptuosité des décors restent bluffants, il faut bien admettre que la sauce commence à coaguler légèrement. Et pour cause, après une heure de bobine et les sempiternels dialogues entre les différents protagonistes, on s’ennuie un peu de nouveauté. Dans The Hobbit, tout est attendu et tout est tiré en longueur. Cet effet de lassitude est indubitablement dû à la saga du Seigneur des Anneaux qui nous en a trop expliqué sur le passé des personnages et sur la genèse de l’anneau. L’histoire de The Hobbit résonne en nous comme une impression de déjà-vu. Mais, de notre point de vue, un autre aspect de cette nouvelle saga dérange encore plus que son côté redondant. C’est sans conteste le manque de charisme et d’empathie dont souffrent les nains. Que ce soit Thorin ou les autres petits hommes bourrus, le spectateur n’arrive pas à s’identifier à leurs per-
sonnages. Ce manque d’empathie est plus que certainement dû à une erreur de casting car force est de constater que Richard Armitage n’a pas le pouvoir charismatique d’un John RhysDavies (acteur qui incarnait le nain Gimli dans la saga précédente). Hormis ce manquement identitaire et les longueurs scénaristiques, il faut toutefois dire qu’une fois de plus, Peter Jackson a réussi à donner de l’entrain à l’épopée de nos héros. Toujours plus affuté en terme de qualité visuelle, ce film plaira à ceux qui ont aimé le premier et qui aimeront sans aucun doute le troisième. Matthieu Matthys
Le Hobbit 2 déjà à lʼaffiche
La saga The Hobbit, ce n’est plus vraiment une surprise en soi. Depuis la sortie du premier volet l’an dernier, le public a pu découvrir que Peter Jackson n’avait en rien perdu de son talent pour nous offrir des effets spéciaux à couper le souffle et une histoire fantastique aux multiples rebondissements. Véritable prequel de la saga du Seigneur des Anneaux, The Hobbit était très attendu par les fans de Peter Jackson mais aussi par ceux de Tolkien. Si la capacité du réalisateur néozélandais à réaliser The Hobbit ne souffrait d’aucune contestation, ce n'était pas le cas concernant le scénario en lui-même. De fait, comment faire une trilogie sur un bouquin de 300 pages ?
Aventure, Fantasy de Peter Jackson Avec Benedict Cumberbatch, Martin Freeman
Les aventures de Bilbon Sacquet, paisible hobbit, qui sera entraîné, lui et une compagnie de Nains, par le magicien Gandalf pour récupérer le trésor détenu par le dragon Smaug. Au cours de ce périple, il mettra la main sur l'anneau de pouvoir que possédait Gollum...
Walking with Dinosaurs, the movie 3D L’univers de la préhistoire et plus précisément la période des dinosaures, continue de passionner les petits et les grands. Pour les fêtes, retour au jurassique et ce, en 3D s’il vous plait.
©KFD Distribution
La critique
Adapté de la célèbre et plébiscitée série télévisée britannique éponyme de 1999, Sur la terre des dinosaures arrive pour la première fois en 3D et sur grand écran, un format plutôt commode pour ces héros gargantuesques. Neil Nightingale, surtout connu pour ses talents de producteur de documentaires, et Barry Cook, coréalisateur de Mulan, de Mission : Noel et animateur sur La petite sirène, La Belle et la Bête ou encore Aladdin, prennent les rênes de cette fable « dinosauresque ». Une collaboration à double face qui se reflète directement dans le long métrage, combinant malicieusement fiction et aspects pédagodocumentaires. L’encyclopédie des dinosaures du parfait néophyte se complète d’ailleurs : gorgosaures, edmontosaurus, chirostenotes, pachyrhinosaures et autres créatures aux noms alambiqués (re)prennent vie et s’ajoutent à la liste des dinosaures déjà rendus célèbres au
cinéma, notamment par la trilogie des Jurrassic Park, tels que les tricératops, tyrannosaurus rex et autres vélociraptors. Par ailleurs, de manière très pertinente et efficace, l’animation des dinosaures et des autres créatures est intégrée à l’intérieur même de prises du vues réelles et ajoute par la même occasion une dimension de crédibilité supplémentaire à ces images pourtant tout à fait improbables. En ce sens, Sur la terre des dinosaures se différencie largement de ses prédécesseurs animés tels que Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles (Don Bluth, 1988) ou encore Dinosaure (Eric Leighton & Ralph Zondag, 2000). Mais si l’animation et les effets visuels impressionneront toutes les audiences, l’histoire n’aura probablement d’attrait qu’auprès du jeune public, malgré un essai audacieux mais trop naïf d’utilisation originale et décalée de la voix narratrice. Autre effet bénéfique de ce film hybride, surfant entre fiction et documentaire, c’est l’utilisation de la voix over personnelle. Concrètement, dans Sur la terre des dinosaures, les protagonistes animaliers ne « parlent » pas au sens d’un Walt Disney. Une voix over à la première personne permet les échanges de dialogues entre les différents animaux, à l’image de
janvier 2014
L’Incroyable Voyage (Duwayne Dunham, 1993) et de sa suite. Emmanuel Curtil, la voix française attitrée de Jim Carrey, interprète d’ailleurs les dialogues de Patchi avec le dynamisme qu’on lui connaît. Outre un prologue et un épilogue aux intervenants humains aussi utiles qu’une paire de chaussures à un cul-de-jatte, Sur la terre des dinosaures s’avère une véritable réussite visuelle, à l’instar de la série de la BBC de l’époque, qui émerveillera les plus jeunes et époustouflera les amateurs de dinosaures. Quentin Geudens
déjà à lʼaffiche
Il y a 70 millions d'années, au temps où les dinosaures régnaient en maîtres sur terre, Sur la terre des dinosaures – le film 3D, suit les aventures de Patchi, le plus petit pachyrhinosaure de sa portée, mais sans nul doute le plus aventureux. Sur le long chemin qui le mènera à l’âge adulte, il devra survivre dans un monde sauvage et imprévisible, et faire face aux plus dangereux prédateurs.
Walking with Dinosaurs Famille, Animation de Neil Nightengale
Située il y a 70 millions d'années, au temps où les dinosaures régnaient en maitres sur terre, notre histoire suit les aventures de Patchi, le dernier né de sa famille. Sur le long chemin qui le mènera vers l’âge adulte, il devra survivre dans un monde sauvage et imprévisible, et faire face aux plus dangereux prédateurs. Quand son père est tué, le jeune Patchi, son grand frère Roch, et son amie Juniper sont séparés du reste de la horde pendant la grande migration.
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Cinéma
La vie rêvée de Walter Mitty de Ben Stiller Et de cinq pour Ben Stiller derrière la caméra. Dans cette comédie romantique aux accents rocambolesques, le réalisateur et acteur a manqué une chose : le retournement de situation.
©20th Century Fox
La critique
Pour sa cinquième réalisation long métrage, Ben Stiller était attendu au tournant. De fait, l’acteur et réalisateur américain fait partie des artistes du septième art qui ne font pas l’unanimité. Beaucoup l’aiment mais nombreux sont ceux qui ne peuvent pas le voir en peinture. Si l’on peut aisément lui trouver une qualité dramaturgique indiscutable, il est vrai que les films dans lesquels il joue (ou ceux qu’il réalise) sont souvent déjantés voire complètement loufoques au point de flirter avec le ridicule. La vie rêvée de Walter Mitty ne fera pas vraiment exception à la règle. Au menu, une histoire somme toute assez banale agrémentée de folies scénaristiques dont Ben Stiller raffole. Néanmoins, on sent dès les premières scènes du film que le New Yorkais a vou-
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lu montrer une certaine maturité artistique en nous dévoilant un personnage sensible et surtout proche des gens. Et pour cause, qui ne s’est jamais senti un jour l’âme d’un Walter Mitty ?
Ben Stiller est excellente comme à son habitude, l’acteur arrivant avec toujours autant d’aisance à alterner le dramatique et l’humoristique. À ses côtés, Kristen Wiig lui sert habilement de partenaire. Présentant un jeu sobre mais efficace, elle évite de tomber dans le surjeu et le pastiche. En résumé, La vie rêvée de Walter Mitty ne nous a pas vraiment fait voyager à défaut du road movie qu’il présente. Via les aspirations héroïques et imaginaires du protagoniste, ce nouveau film a sonné en nous comme une œuvre alambiquée, une histoire ambitieuse qui ne dégage au final que peu de prétention. Matthieu Matthys
Cependant, Ben Stiller ne partait pas de zéro. Et pour cause, ce film est un remake d’un film éponyme datant de 1947 et réalisé par Norman Z. McLeod, qui lui-même s’inspirait d’une nouvelle écrite par James Thurber. Aidé par les effets spéciaux actuels, Ben Stiller ne devait dès lors pas s’inquiéter du probable succès du film. Quoique… Hélas, alors que la première demiheure et les facéties rêvées de Walter Mitty nous avaient charmés, on se surprend à trouver la quête de ce timide maladif assez lassante. Sur fond d’histoire d’amour un peu mielleuse, le récit suit son cours sans nous surprendre un seul instant. Si quelques blagues fusent ici et là, les rebondissements sont totalement absents du scénario. Ce manque d’entrain et d’originalité est d’autant plus dommageable que le road movie auquel participe Ben Stiller permet de nombreux retournements de situations. Bref, même si les fumisteries habituelles du cinéaste nous ont fait rire à certains moments, force est de constater que l’ossature de l’histoire est d’une friabilité préjudiciable. Hormis cela, le film se laisse suivre dans son ensemble sans être désagréable pour autant. La prestation de
25 décembre 2013
Walter Mitty est un employé modèle mais très effacé. Sa vie privée est à peu près similaire, elle se résume à une longue traversée désertique où l’amour et l’aventure sont totalement absents. Pourtant, Walter Mitty n’est pas un imbécile et sait très bien ce que les gens pensent de lui. Pour pallier à son handicap et s’échapper quelque peu de son quotidien, Walter Mitty s’imagine, le temps d’un instant, être dans la peau d’un héros voire d’un super-héros. Mais alors que la société pour laquelle il travaille, le magazine Life, est au seuil d’une restructuration sans précédent, Walter va se retrouver confronté à une aventure bien réelle cette fois-ci.
La vie rêvée de Walter Mitty Aventure, Comédie de Ben Stiller Avec Ben Stiller
Walter Mitty est un homme ordinaire, enfermé dans son quotidien, qui n’ose s’évader qu’à travers des rêves à la fois drôles et extravagants. Mais confronté à une difficulté dans sa vie professionnelle, Walter doit trouver le courage de passer à l'action dans le monde réel. Il embarque alors dans un périple incroyable, pour vivre une aventure bien plus riche que tout ce qu'il aurait pu imaginer jusqu’ici. Et qui devrait changer sa vie à jamais.
Le Loup de Wall Street, du grand Scorsese Pour sa nouvelle réalisation, Martin Scorsese s’attaque au monde des requins de la finance via la vie de Jordan Belfort. Force est de constater que Jordan Belfort surpasse Gordon Gekko.
©KFD Distribution
La critique
Ce nouveau film du pape du cinéma respecte un enchaînement habituel dans la progression du héros : ascension – apogée – chute. Ce schéma est presque devenu la marque de fabrique de Scorsese dans sa filmographie (Raging Bull, Les Affranchis, Casino). Cependant, là où les films de l'américain restaient souvent graves et sérieux, The Wolf of Wall Street arrive à prendre un ton totalement décalé qui vire même souvent au comique. On va suivre durant près de trois heures l'ascension d'un gars moyen et doté d'un sens moral pour devenir un des traders les plus riches d'Amérique, une machine à pognon totalement dépravée. Certaines scènes, comme celle où Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio) vend sa camelote de manière risiblement efficace par téléphone, font tout le génie du film et nous font rire de manière presque honteuse. De par ce côté décalé, incarné notamment par les moments où le narrateur s'adresse directement au spectateur, on arrive à percevoir le monde totalement
irréaliste dans lequel ces traders vivaient. Le réalisateur de Taxi Driver arrive à rendre parfaitement cette impression d'un univers totalement différent du nôtre, déconnecté de toute réalité.
pher Nolan, Clint Eastwood ou encore Quentin Tarantino. Rien que le meilleur. Mention spéciale également pour un Matthew McConaughey méconnaissable et sa scène délirante mais exceptionnelle.
Si le début du film est saccadé et s'enchaîne très rapidement ; vers la moitié, le tempo ralentit. Alors, on entre plus profondément dans la tête et dans la psychose de Belfort, véritable Patrick Bateman (American Psycho) sans l'instinct meurtrier, un sociopathe des temps modernes. Ce qui impressionne vraiment c'est cette sensation de l'enchaînement logique des événements, comme si tout nous dirigeait vers cette chute inéluctable.
Scorsese reste donc une véritable valeur refuge dans le monde du cinéma et nous vend son film comme une obligation ; mais là, aucune perte et tout profit pour le spectateur.
Scorsese arrive à nous guider, sans fausse morale, à travers ce monde artificiel jusqu'au déclin total de ce dernier. Il est aidé en cela par un casting qui, si il n'est pas très « bling-bling » sur papier, joue de manière parfaitement juste. Entre un Leonardo DiCaprio aussi crédible en courtier débutant qu'époustouflant en véritable loup de la Bourse et un Jonah Hill aux airs ahuris mais véritable arriviste beau parleur, on ne pouvait rêver mieux pour interpréter ces rôles. D'ailleurs, il serait étonnant de voir ce DiCaprio, au sommet de son art ces dernières années, manquer l'Oscar du meilleur acteur cette fois-ci. Il faut dire que ces derniers temps, Leo a su parfaitement choisir ses réalisateurs, jugez plutôt : Sam Mendes, Ridley Scott, Christo-
janvier 2014
Olivier Eggermont
8 janvier 2014
Quand on parle de Martin Scorsese, on ne peut s'empêcher de le lier de manière presque automatique avec Robert De Niro. Mais c'est sans compter que ces derniers temps, l'acteur fétiche du génial réalisateur se nomme Leonardo DiCaprio. Le duo nous revient en ce début d'année 2014 avec The Wolf of Wolf Street, inspiré de la vie du trader américain Jordan Belfort.
Le Loup de Wall Street Drame, Policier de Martin Scorsese Avec Leonardo DiCaprio
L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Cinéma
Philomena, entre rires et larmes Stephen Frears n’en est plus à son coup d’essai. Après The Queen et Tamara Drewe, l’anglais nous revient avec une histoire vraie. Un film entre rires et larmes qui sonne juste de bout en bout.
©Paradiso Films
La critique
Réalisé par l’excellent Stephen Frears, Philomena est une production d’une qualité incontestable sous plusieurs aspects. Car, outre la capacité du récit à fournir de l’émotion, Steve Coogan et Jeff Pope ont agrémenté le scénario d’un humour « so british » se couplant merveilleusement bien avec le côté dramatique du sujet. De fait, l’exercice était digne d’un numéro d’équilibriste. Comment raconter une histoire tragique et réelle en y insérant de l’humour ? Difficile de ne pas tomber dans le pathos ou pire, dans la farce de mauvais goût. Mais force est de constater que nos scénaristes ont su trouver le juste milieu, celui qui permet à ce long métrage de pouvoir être qualifié de chef-d’oeuvre. En jouant sur la dualité antithétique d’un journaliste cherchant le scoop et une vieille dame souhaitant retrouver sa progéniture, la réalisation a travaillé
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en clos fermé. Et pour cause, rien ni personne ne semble venir déranger nos deux acolytes dans leur quête respective. Tel un double chemin de rédemption, ces deux histoires nous touchent et s’entrecroisent sans pour autant se mélanger. Dès lors, pour le spectateur, ce duo improbable devient agréable à écouter. La finesse ironique des dialogues est croustillante de fraîcheur et d’originalité. Un côté drolatique contrastant, comme dit précédemment, avec la gravité émotionnelle du sujet qui est avant tout, et il faut le souligner, une histoire vraie. C’est un fait, Philomena ne nous a pas seulement fait rire, bien du contraire. Alors que l’on se complait à suivre les facéties de nos deux anglais, on trouve également dans ce film plusieurs signes pamphlétaires sur la société irlandaise et catholique du milieu du siècle dernier. Par le biais d’un road movie, Stephen Frears nous propose de s’interroger sur notre propre passé mais aussi sur notre perception des gens. En cela, le personnage de Philomena est époustouflant. Dans sa poursuite de la vérité et sa volition à retrouver l’être cher à ses yeux, Philomena nous ouvre une porte sur sa vision de la vie mais aussi sur sa vision du monde. Faut-il pardonner ? N’est-il jamais trop tard ? Quel sens a la vie ? Quelle place a l’Eglise dans le monde actuel ? Comment appréhender quelqu’un dont on ne sait rien ? Toutes ces questions ne sont qu’un aperçu non exhaustif des tribulations de notre héroïne.
En cela, Philomena est aidée dans son rôle grâce à la prestation magistrale de Judi Dench. L’actrice britannique a mis toute son expérience au profit d’un film qui lui doit en grande partie son éclat. Le brillant Steve Coogan n’est pas en reste car, même si son jeu est plus sobre, son personnage est le sextant de l’aventure initiée par Philomena. En résumé, Philomena est d’ores et déjà la comédie dramatique de l’année 2014. Une histoire émouvante aux personnages à la fois drôles et touchants, incarnés avec brio par deux diamants du septième art. Matthieu Matthys
Philomena 8 janvier 2014
En 1952, Philomena, alors adolescente, tombe enceinte. Comme d’autres adolescentes ayant commis le péché de la chair, elle est envoyée dans un couvent où elle passera sa grossesse mais aussi une partie de sa vie en compensation des soins prodigués. Celle-ci travaille à la blanchisserie du couvent, un boulot dur et ingrat qui lui permet cependant de voir son fils une heure par jour. Mais un jour, l’amour de sa vie est adopté sans son consentement par une famille originaire des EtatsUnis.
Comédie dramatique de Stephen Frears Avec Judi Dench, Steve Coogan, Michelle Fairley
Irlande, 1952. Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Rejetée par sa famille, elle est envoyée au couvent de Roscrea. En compensation des soins prodigués par les religieuses avant et pendant la naissance, elle travaille à la blanchisserie, et n’est autorisée à voir son fils, Anthony, qu’une heure par jour. À l’âge de trois ans, il lui est arraché pour être adopté par des Américains. Pendant des années, Philomena essaiera de le retrouver.
Homefront de Gary Fleder Des films avec Jason Statham, il en sort une kyrielle tous les ans (trois en 2013). Le hic, c’est que ceux-ci présentent une particularité : on y casse des gueules. Ici, c’est pareil... mais en mieux.
©KFD Distribution
La critique
Au fil des années, il est devenu l’un des acteurs phares qui cassent des gueules, et sa présence au casting de The Expendables en 2010 est arrivée comme une sorte de consécration de ce statut-là. Jason est un casseur de gueule, un peu voyou mais souvent contre son gré. Seulement, après quinze années de carrière, son registre semble s’essouffler quelque peu, et il faut bien avouer que les productions s’enchaînent et se ressemblent. Fast and Furious 6 en 2013, et pour ses projets à venir en 2014 sont annoncés Fast and Furious 7, The Expendables 3 et peut-être même Le transporteur 4. Depuis quelques années, il tente cependant d’approfondir un peu son personnage. L’exemple qui me vient à l’esprit est Hummingbird (Crazy Joe) du mois de juin dernier. Vaine tentative de la création d’un personnage plus complexe, et plutôt ratée, nous offrant une splendide histoire d’amour impossible entre un ex-militaire alcoolique et une nonne en crise de foi : film à oublier.
En cette période des fêtes, Jason Statham nous offre son nouveau film : Homefront. Et pour être tout à fait sincère, c’est de mon point de vue un plutôt chouette cadeau que celui-ci et la réussite d’une combinaison entre gros cassages de gueule et thriller.
sa carrière de flic infiltré chez les bandits. Cela lui permet une séquence « MacGyver » dans laquelle il piège un entrepôt en deux temps trois mouvements alors qu’il était arrivé les poches vides. Et je vous en passe pour ne pas tout vous dévoiler quand même.
Le pitch est le suivant : un agent de la DEA se retire dans un endroit calme, où les drogues et la violence sont rares. Du moins c’est ce qu’il pense. Seulement, un trafiquant de drogue du coin, joué par un James Franco mi sympathique, mi fou, découvre sa véritable identité. Maintenant que sa petite famille est menacée, il doit replonger dans l’action contre son gré. Je traduis : maintenant que plusieurs méchants veulent sa peau, il doit se remettre à casser des gueules et briser des jambes, tout cela sans alerter sa fille ni les gens du village.
Alors certes, ce n’est pas une cure d’originalité à laquelle nous convient Fleder, Statham et Stallone. C’est même un peu cliché par moment, mais cela reste franchement bon. Bref, c’est un excellent moment de cinéma avec du suspens et des coups de poings dans la gueule. Baptiste Rol
Du côté de la réalisation, Homefront est le septième film de Gary Fleder. Dans les précédents, on peut retenir deux thrillers, Le Collectionneur (Kiss the Girls) de 1997 et Le Maitre du jeu (Runaway Jury) de 2003, le deuxième très bien accueilli par la critique à l’époque. Le film est un condensé de codes de différents genres. On y retrouve les films de gang, avec le motard sanguinaire et sans pitié qui se balade toujours suivi de ses dix potes en cuir. Le personnage de Statham a un côté débrouillard qu’il doit probablement à
janvier 2014
15 janvier 2014
Découvert en 1998 dans les films de Guy Ritchie Arnaques, Crimes et Botanique (Lock, Stock and Two Smoking Barrels) et Snatch, Jason Statham enchaine alors les réalisateurs réputés et/ou bankables dans le genre de l’action tels que John Carpenter, Michael Mann, Louis Leterrier et connaitra de gros succès comme Le Transporteur et Hyper Tension.
Homefront Action, Thriller de Gary Fleder Avec Jason Statham, James Franco, Winona Ryder
Ancien agent de la DEA (Brigade américaine des stupéfiants), Phil Broker se retire dans un coin tranquille de la Louisiane avec sa fille pour fuir un lourd passé… Mais Broker ne tarde pas à découvrir qu'un dealer de méthamphétamines, Gator Bodine, sévit dans la petite ville et met en danger sa vie et celle de sa fille. Face à la menace et à la violence croissantes, Broker n'a d'autre choix que de reprendre les armes…
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Cinéma
Twelve Years a Slave de Steve McQueen La question de l’esclavagisme aux Etats-Unis est un fait historique que le cinéma hollywoodien semble avoir pris à coeur ces derniers temps. C’est au tour de Steve McQueen.
©Belga Films
La critique
L'histoire est celle de Solomon Northup, violoniste afro-américain originaire de Rhode Island. Né libre de parents affranchis, il se retrouve à 31 ans enlevé, séquestré puis vendu comme esclave en Louisiane. Il lui faudra cacher sa bonne éducation pour rester en vie et espérer un jour retrouver les siens. Pendant douze ans, Solomon cherchera à survivre à la barbarie qui l'entoure. Steve McQueen filme comme à son habitude la soumission vécue dans la chair, ici celle d'esclaves traités comme du bétail. Le cinéaste travaille son pathos en surface (la cicatrice) se montrant habile à illustrer son propos à travers un large éventail de châtiments corporels, imagerie indéniablement douloureuse. La question de l'image et de son ultra lisibilité n'est pas anodine, c'est même l'enjeu majeur de Twelve years a slave : montrer ce que l'histoire du cinéma ne s'était pas encore décidée à montrer. Travail délicat qu'Hollywood prend manifestement très au sérieux : on ne
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plaisante pas avec la question noire, Django Unchained en faisait les frais aux derniers Oscars. Reconsidérer l'esclavagisme dans une œuvre grand public ne pourrait se faire -selon l'éthique hollywoodienne- sans une extrême rigueur historique, ce à quoi prétend Twelve years a slave via le principe suivant : plus l'horreur se montre hyper réaliste, plus elle gagne en exactitude historique. Or cette déontologie populiste est en réalité doublement problématique puisque non seulement Hollywood légitime par là ses effets racoleurs et spectaculaires au nom d'un devoir de mémoire (Brad Pitt débarquant dans les dix dernières minutes pour sauver la situation), mais en cherchant l'indignation immédiate, il stérilise toute vraie compréhension de cette atrocité. L'erreur étant de figurer ces images comme un 'tout' indiscutable là où la complexité historique devrait s’acquérir plutôt par le détail, l'image incomplète. Là se trouve le vrai défi cinématographique. Il faut revenir alors sur Django Unchained et son approche de la question noire jugée inconséquente à tort. D’abord parce que le point de vue historique y était traité avec le plus grand sérieux, comment comprendre autrement cette pudeur - surtout venant de quelqu'un comme Tarantino - à montrer la violence physique faite aux noirs ? (scène des chiens rompant avec
le récit par sa soudaine gravité et sa violence non frontale) Mais aussi parce que Django Unchained trouvait dans cette politique de l'image manquante (sans doute la plus sensée pour une œuvre de fiction, comme vu plus haut) sa plus belle idée : la substitution par le cinéma. Plutôt qu'un misérabiliste portrait d'esclave, Tarantino offrait à la cause noire - et au cinéma - cette image : un noir à cheval, et c'était déjà bien plus. Ceci dit, Twelve years a slave devrait remporter sans peine le pactole aux Oscars tant ses dents raillent le parquet. Léopold Pasquier 22 janvier 2014
Un an après Lincoln et Django Unchained, Hollywood relance la question de l'esclavagisme au cinéma. Si Steve McQueen semble tout désigné, trouvant dans le sujet matière exemplaire pour son habituelle figure d'homme soumis, pas sûr que Twelve years a slave se montre plus malin que ses prédécesseurs.
Twelve years a slave Drame de Steve McQueen Avec Brad Pitt
Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…
Oldboy de Spike Lee Remake du film éponyme du Sud-Coréen Park Chan-Wook, Oldboy ne révolutionnera pas par son originalité. Néanmoins, Spike Lee n’est pas un néophyte, la curiosité était donc de mise.
©Paradiso Filmed Entertainment
La critique
L’histoire d’Old Boy est loin d’être inconnue. Né sous les traits du mangaka Tsuchiya Garon à la fin des années 90 et adapté à l’écran avec brio par le sudcoréen Park Chan-Wook en 2003, le « vieux garçon » change cette fois-ci de continent et se retrouve sous la houlette de Spike Lee. Si le réalisateur américain a largement démontré son talent il y a quelques années avec des films tels que Malcom X, La 25ème heure ou encore Do The Right Thing, il demeure assez stérile en terme d’œuvres de qualité ces dernières années, au contraire de ses remarques aussi prolifiques qu’acerbes dans les médias. Ce remake est donc peut-être l’occasion de repartir sur de bonnes bases, à commencer par tenter de captiver le public. Et c’est avec un casting plutôt éclectique, mais non moins efficace, que Lee part au combat. Josh Brolin (No Country For Old Men, W), qui a accepté le rôle après les refus de Daniel Craig et Will Smith, Elizabeth Olsen (oui, la petite sœur des populaires jumelles), Samuel L. Jackson (qu’on ne présente plus) et le talentueux
Sharlto Copley, révélé il y a quelques années dans District 9, font partie de l’aventure.
majestueuse qui ne trouve aucun écho dans cette nouvelle adaptation. Sans véritable raison, le cinéaste américain s’attribue donc la tâche audacieuse de s’approprier un chef d’œuvre du cinéma asiatique (vieux d’à peine plus de dix ans) sans jamais parvenir à flirter avec la grâce de Park ChanWook, ni même à présenter une version qui lui est propre. Un remake « américanisant » parmi d’autres, véritable aveu de manque d’inspiration de la part de Spike Lee qui, décidément, devient un « vieux garçon » du cinéma américain. Quentin Geudens
Le scénario, relativement et tout logiquement, semblable à la version de 2003, demeure efficace et surprendra les néophytes. Mais c’est au niveau de la réalisation que le bât blesse. Si Chan-Wook avait atteint un summum dans le choix des plans, la mise en scène et le montage, le réalisateur américain, lui, s’embourbe dans des plans qui se veulent audacieux mais qui n’atteignent aucunement le résultat escompté. À l’image de la scène mythique en plan-séquence, orchestrée parfaitement dans la version sudcoréenne, que Lee tente de plagier (pardon, de s’en « inspirer ») et de rendre plus intense et plus longue, mais ne parvenant qu’à proposer un ersatz de fan film à gros budget. Heureusement, le directeur de la photographie, Sean Bobbitt, redresse un peu la barre en installant diverses ambiances très brutes, mais diablement efficaces, grâce à l’utilisation de différentes pellicules, jouant sur le grain et la texture de l’image. Pour cette version 2013, Spike Lee reprend donc une série d’éléments inévitables qui ont fait le succès de Old Boy en 2003 (ultraviolence, aspects très crus,…) mais sans y ajouter la magie que Chan-Wook avait su insuffler, notamment via une bande originale
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22 janvier 2014
Début des années 90, Joe Doucett, un père de famille, est enlevé et séquestré sans raison. Depuis sa cellule en forme de chambre d’hôtel, il apprend par la télévision qu'il est accusé du meurtre de sa femme. Relâché 20 ans plus tard, il est contacté par celui qui l'avait enlevé...
Oldboy Thriller de Spike Lee Avec Josh Brolin, Elizabeth Olsen, Sharlto Copley
Fin des années 80. Un père de famille est enlevé sans raison et séquestré dans une cellule. Il apprend par la télévision de sa cellule qu'il est accusé du meurtre de sa femme. Relâché 15 ans plus tard, il est contacté par celui qui l'avait enlevé...
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Cinéma
Battle of the Year de Benson Lee déjà à lʼaffiche Musical (110ʼ) Avec Josh Holloway, Laz Alonso, Josh Peck
Battle of The Year (BOTY) est un film sur le Break dance… et oui il fallait oser ! C’est ce que le réalisateur Benson Lee a fait en explorant une réelle compétition internationale de Break Dance. Un film de danse (et oui encore !) qui, malgré la panoplie de lieux communs attendus, s’avère sympathique et regardable.
à l’implication des acteurs étant de véritables danseurs. En effet, au niveau de la danse, on en prend plein les yeux ! Une mention spéciale aux chorégraphies de la battle finale.
BOTY s’inspire du championnat mondial de break dance qui se tient chaque année et met en lice les meilleures équipes du monde entier. Dante (Laz Alonso), ancien danseur de hip-hop devenu magnat du secteur aux EtatsUnis, est bien résolu à positionner son pays en tête de liste. Il engage alors Blake (Josh Holloway) pour coacher et former l’équipe gagnante. Ils mettent sur pied un groupe composé des meilleurs b-boys venus de tous les USA. Blake devra user de son expérience pour coacher et souder les 12 danseurs en trois mois…
Attention une avalanche de stéréotypes est signalée ! Le film nous offre une flopée de clichés mélodramatiques et patriotiques sans oublier les discours du « dernier espoir » et autres joyeusetés comme le dépassement de soi et la fraternité dans l’adversité. On regrette aussi le placement à répétition de produits. On en vient à se demander si le film n’est pas sponsorisé par une célèbre marque de vêtements de sport…
Inspiré de son documentaire Planet B-Boy, Benson Lee présente Battle Of The Year avec une certaine perspicacité que l’on n’attendait pas pour un film de cette catégorie. Le film se révèle être un minimum intéressant grâce
Présenté dimanche 8 décembre en avant-première au Bozar dans le cadre du dernier Festival du Cinéma Méditerranéen, When I saw You est sorti mercredi 18 décembre dans les salles.
When I Saw You dʼAnnemarie Jacir déjà à lʼaffiche Drame (93ʼ) Avec Mahmoud Asfa, Ruba Blal, Saleh Bakri
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When I saw You, c'est l'histoire de Tarek, un gamin palestinien d'une dizaine d'années qui se retrouve déporté avec sa mère dans un camp de réfugiés en Jordanie alors qu'ils sont sans nouvelles de son père. Le décor est planté en 1967, lors de la guerre de Sept Jours, qui fait rage dans toute la région. Tarek est intelligent mais il ne fait rien de bon à l'école. Ses rapports avec le professeur se dégrade et il finit par lui interdire de venir à l'école. En réalité, ce n'est pas l'école le problème. C'est le camp. Tarek ne veut pas être un réfugié, il veut rentrer chez lui, en Palestine. Quand il apprend que certaines personnes sont là depuis 20 ans, il se décide à quitter le camp pour rentrer chez lui. Il entreprend alors son voyage... Un voyage fait d'embuche et de rencontres, peut-être même que ce voyage lui sauvera la vie.
Si vous aller voir BOTY pour le scénario, c’est comme regarder The Artist pour ses dialogues… L’histoire est simple et basique.
Battle of The Year n’est pas le film de l’année mais il sait se distinguer dans sa catégorie par une approche différente. Josh Holloway est convaincant et les prouesses des danseurs sont à souligner. Mais, à éviter si vous êtes allergique aux clichés, vous risquez d’y rester… Cynthia Tytgat
À travers ce deuxième film, la jeune réalisatrice palestinienne Annemarie Jacir (ayant elle-même grandi en Jordanie) nous invite à suivre les aventures de ce garçon plein de vie, tout un symbole de la diaspora de plusieurs millions de personnes qui ne demande qu'une chose : rentrer chez eux. Comme l'expliquait Annemarie Jacir lors de la rencontre qui a suivi la projection: "Tarek ne veut pas être une victime, il veut prendre son destin en main". Trop jeune pour avoir une opinion sur la guerre et la politique, il porte avant tout le message de la détermination, de l'envie de s'assumer et de revenir vers ses racines. La réalisatrice expliquait également lors de la rencontre que, en ne filmant pas d'images de la guerre, elle a tenu à rendre le message plus universel, certainement plus représentatif de tous les exilés. Un film porteur d'un message positif, plein d'humour et de vie. Assez rare pour être mentionné ! La preuve que tout arrive, à l'heure où nous écrivons ces lignes, il neige sur tout la Palestine et Israël. Nicolas Bruwier
Flint Lookwood reçoit une invitation de son idole Chester V pour venir travailler avec lui dans sa société. Seuls les meilleurs inventeurs du monde entier peuvent y travailler afin d'y développer des technologies avancées. C'est un véritable rêve pour Flint, qui a toujours rêvé d'être reconnu comme grand inventeur. Malheureusement, il se rend vite compte que sa plus célèbre invention (qui transforme l'eau en nourriture) fonctionne toujours mais qu'elle crée à présent des Miam-nimaux, des croisements entre des aliments et des animaux… Tempête de boulettes 2 de Cody Cameron Sortie le 25 décembre 2013 Animation (95ʼ)
Tempête de boulettes géantes 2 - L'île des Miam-nimaux est la suite directe de Tempête de boulettes géantes (ou Il pleut des hamburgers pour nos amis québécois) sorti en 2009. Contrairement au premier épisode qui était directement inspiré d’un livre illustré pour enfants, la suite est une œuvre originale, créée de toutes pièces pour le cinéma et réalisée par Cody Cameron (surtout connu pour avoir prêté sa voix dans des films comme Shrek ou Madagascar) et Kris Pearn, déjà animateur sur le premier volet des aventures de Flint Lookwood.
Tonnerre, un jeune chat, a été abandonné par sa famille. Seul et perdu, il trouve refuge dans un mystérieux manoir appartenant à Lorenz, un magicien retraité. Très vite, Tonnerre se sent comme chez lui dans cette maison enchantée, remplie de petits personnages aussi étranges qu'amusants... Mais lorsque son hôte, Lorenz, est envoyé à l'hôpital, son neveu essaie par tous les moyens de vendre la maison sans que son oncle ne s'en aperçoive. C'est alors que Tonnerre organise la résistance avec ses petits compagnons … Le Manoir Magique de Ben Stassen Sortie le 25 décembre 2013 Animation (85ʼ)
The House of Magic ou Le Manoir Magique, c’est la nouvelle réalisation de Ben Stassen … en 3D-relief bien entendu ! Habitué de la technique, le cinéaste belge avait déjà fasciné les spectateurs avec les mouches astronautes de Fly me to the Moon et les deux opus de l’adorable petite tortue Sammy. Et pour son quatrième long métrage d’animation en seulement six petites années, le réalisateur augmente encore une fois son niveau de maîtrise de l’animation et de la 3D avec l’aide de Jérémie Degrusson, coréalisateur. La « rigidité » des mouvements et
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La force de ce nouveau film d’animation signé Sony Pictures (à qui l’on doit notamment Les Rebelles de la forêt, Mission : Noël et Hôtel Transylvanie) réside sans nul doute dans l’écosystème généré par l’invention de Flint et mis en images de manière très créative et originale. Les tacodiles, cheddaraignées, pastéquéléphants et autres miamnimaux composent un véritable gardemanger vivant visuellement impeccable et jubilatoire. Quelques faiblesses scénaristiques, redondances évitables et autres effets déjà-vus viennent malheureusement entacher le film, ôtant toute l’originalité qui avait fait la réussite du premier opus. Si l’adage « On ne joue pas avec la nourriture » avait été largement bafoué, au plaisir des grands et des petits, dans le premier épisode, Tempête de boulettes géantes 2 demeure une suite un peu légère (un pléonasme vous avez dit ?) qui n’assouvit pas entièrement notre appétit même si l’on s’émerveille volontiers devant les bananassprints et autres flamangues. Quentin Geudens
l’aspect trop lisse des textures que l’on pouvait reprocher aux précédents films font désormais partie de l’histoire ancienne. D’un point de vue de l’histoire, Stassen n’a plus rien à envier à Pixar ou Dreamworks. Utilisant à la perfection les codes des dessins animés et autres films d’animation, Le Manoir Magique surfe sur la vague des réalisations d’outre-Atlantique, non sans s’en inspirer, mais sans jamais les copier. Toy Story, La Belle et la Bête ou encore The Haunted House pour ne citer qu’eux s’avèrent être des références incontestablement présentes dans le film du réalisateur du plat pays. Si Ben Stassen tente délibérément d’immerger le spectateur dans la 3D, il s’égare parfois brièvement dans cet exercice en surexploitant les effets superflus de « sortie d’écran » et les plans subjectifs à tel point que nous nous croyons parfois dans un cinéma 4D de parc d’attraction. Le Manoir Magique s’avère au final une belle réussite technique pleine d’inspiration, magique à souhait, et qui sera sans nul doute un beau cadeau de Noël pour les plus jeunes … et les autres ! Quentin Geudens
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Cinéma À la suite d’un accident d’avion, un jeune singe capucin né en captivité se retrouve brutalement seul et désemparé au cœur de la forêt amazonienne. Malgré lui, il devient le héros d’une extraordinaire aventure qui lui fera affronter non seulement ses semblables mais aussi des prédateurs redoutables …
Amazonia de Thierry Ragobert Sortie le 25 décembre 2013 Documentaire (83ʼ)
Après son documentaire La Planète Blanche, Thierry Ragobert change radicalement d’environnement et de climat et s’attaque à la forêt amazonienne avec son nouveau long métrage, Amazonia. Habité par la volonté de faire découvrir aux spectateurs le « poumon vert de la terre », le réalisateur français ne se réduit pas au simple exercice de l’observation documentaire, mais s’attelle bien à la construction d’un véritable film de fiction dont les animaux sont les seuls acteurs. Il faut évidemment souligner la prouesse technique d’un tel projet : pas moins de deux ans de tournage auront été nécessaires à l’équipe pour récolter les images fascinantes de ce casting d’animaux-acteurs (la plupart ayant été recueillis après avoir été victimes de braconnage) au cœur de ces 6 millions de
Tip Top de Serge Bozon
Isabelle Hupert et Sandrine Kiberlain jouent deux inspectrices de la police des polices envoyées à Villeneuve, petite ville près de Lille pour enquêter sur la mort d’un indic algérien. La première c’est Esther Lafarge, grande inspectrice crainte de tous les flics qui ont quelque chose à se reprocher. La seconde est Sally Marinelli, son assistante, une « placardisé » pour cause de « comportement contraire à l’éthique de la police ». Bonnaire est une mateuse et Hupert une violente sexuelle qui récupère avec sa langue les gouttes de sang lui dégoulinant le long du nez en plein interrogatoire. En clair, c’est un beau duo de tarées que nous offre Serge Bozon pour son quatrième film en tant que réalisateur.
Sortie le 25 décembre 2013
Mais qu’est ce qui cloche alors avec ce film ?
Thriller, comédie (106ʼ)
Dès la première scène du film, ça tombe à plat, et ce qui semble être fait pour être drôle ne l’est pas. En fait, à lire les interviews, Serge Bozon se défend d’avoir fait une comédie, il considère plus son film comme un thriller déjanté. Et c’est d’ailleurs comme cela que les critiques français(e)s l’ont défendu,
Avec Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain, François Damiens
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m² de forêt. Cependant, le film trouve ses limites assez rapidement, notamment via l’absence délibérée de voix off qui n’aide aucunement à établir une réelle mise en fiction de cette découverte polysensorielle de « l’enfer vert ». Si cette aventure s’avère, d’une certaine manière, très ludique, le film de Ragobert peine à s’inscrire comme un véritable film de fiction et demeure, avant tout, un magnifique témoignage documentaire. Quelque part entre L’Ours et Microcosmos, Amazonia surprend par ses plans époustouflants au plus proche de la faune amazonienne (aussi hétéroclite qu’elle soit) mais s’essouffle à dramatiser une histoire simpliste afin de démontrer, sur un ton écologiste à peine dissimulé, la plaie que représente la déforestation par l’être humain. Un véritable cadeau de noël pour les amis des animaux. Quentin Geudens
comme un OVNI dans le paysage cinématographique français. À lire la critique du Monde, le moindre plan, le moindre éclairage et la moindre molécule placés dans le champ de la caméra sont des coups de génie purs. Mais il faut croire que l’originalité ne fait pas forcément la qualité. Et en effet, on s’ennuie à mourir devant ce film. Quant à François Damiens c’est toujours pareil, on lui fait faire deux-trois mimiques, son accent et terminé bonsoir. Je ne vous parlerai même pas des conversations au bord de l’eau sur l’élégance de Rachida Dati et de tous ces moments genre « je vous montre la vie de la communauté algérienne » dont l’écho devient « par ici les financements ». En bref, excepté le duo Huppert/Kiberlain, c’est un film qui tombe à plat, ennuyant, et dans lequel on ne comprend rien de ce que l’on est censé voir. Mais comme apparemment c’est normal que l’on ne comprenne pas, alors tout va bien. Baptiste Rol
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Cinéma L’histoire est assez classique : deux sœurs qui ont perdu leur maman doivent affronter la vie comme des grandes car leur papa, bien que très attentionné, est souvent absent. L’une d’entre elles, Suzanne, se retrouve enceinte à 15 ans. Le film trace alors le parcours de cette enfant, devenue mère très jeune. La performance des acteurs et la mise en scène originale font du film, mon dernier véritable coup de cœur cinéma.
Suzanne de Katell Quillévéré Sortie le 8 janvier 2014 Drame (90ʼ) Avec Sara Forestier, François Damiens, Adèle Haenel
Le géant égoïste de Clio Barnard Sortie le 15 janvier 2014 Drame (93ʼ) Avec Conner Chapman, Shaun Thomas, Sean Gilder
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Ce sont les femmes qui portent le film. Les rôles masculins sont, quant à eux, secondaires. Sarah Forestier (Hell - Gainsbourg vie héroïque) interprète Suzanne. Elle est impulsive, parfois violente mais toujours authentique. Elle suit son cœur, quitte à blesser les gens qu’elle aime. Pourtant, on la comprend. Son personnage répond, avec brio, à une question universelle : à quoi est-on prêt par amour ? L’autre grande surprise du film est l’interprétation de François Damiens, plus que crédible dans son rôle de camionneur veuf et père de deux petites filles. Il s’efforce de bien les éduquer mais, malgré toute sa bonne volonté, il est dépassé par les événements. Il est parfois difficile de voir François Damiens autrement que comme le mec un
C’est une fable contemporaine que nous livre la réalisatrice Clio Barnard. Après avoir réalisé plusieurs documentaires, dont The Arbor, elle nous présente son premier long métrage contant l’histoire de deux jeunes adolescents anglais sur fond de misère sociale. Etrangers dans leur propre quartier et exclus de l’école, Arbor, 13 ans, et Swifty croisent le chemin de Kitten le ferrailleur, énigmatique géant incarné par Sean Gilder. Les deux adolescents commencent à collecter de la ferraille pour le compte de ce dernier à l’aide d’un cheval et d’une charrette. Le jeune Swifty possède un don naturel avec les chevaux. Ce qui suscite l’intérêt du ferrailleur qui passe son temps libre à faire concourir son cheval trotteur contre celui d’un rival. De son côté, Arbor semble plus soucieux d’impressionner Kitten et surtout, d’amasser de l’argent. Quand Kitten commence à favoriser Swifty, Arbor se sent blessé et exclu. Cette situation détériore l’amitié solide qui liait alors les deux amis. La quête toujours plus grande du profit d’Arbor augmente la tension entre eux jusqu'à provoquer un événement tragique... Clio Barnard nous propose un film façon Dickens. C’est dans le nord de la vieille Angle-
peu crado à l’humour déjanté. Pourtant, dans Suzanne, il porte avec une grande sincérité et sensibilité le rôle de père de famille désemparé. La réalisatrice Katell Quillévéré fait de chacun des personnages des êtres complexes : certains essayent de se sortir du déterminisme social, d’autres le renforcent. Toutefois, on est loin du jugement cliché des gentils VS les méchants et c’est ce qui fait la force du récit. Malgré quelques longueurs dans la deuxième moitié de l’histoire – le rythme s’essouffle par moment – le film construit comme une succession d’événements à des âges différents de la vie de Suzanne est très bon. L’esthétique et les personnages évoluent au fur et à mesure que le temps passe. Entre chaque ellipse, le spectateur est amené à imaginer ce que Suzanne a vécu. On reste donc attentif toute la durée du film et en sortant de la salle, il nous faudra encore quelques temps pour retrouver nos esprits tant l’histoire était captivante et émouvante. Mathilde Schmit
terre, dans un décor industriel et de pauvreté baigné dans la brume que la tragédie se noue. Un contexte qui ferait presque fuir le spectateur… Et pourtant ! Quelques répliques, d’un anglais quelque peu barbare, suffisent pour se sentir embarqué dans cette histoire tragique remplie de tensions et d’émotions. Les personnages sont aussi authentiques qu’attachants. Arbor, proche du cliché du sale gosse débrouillard, n’a peur de rien ni de personne. Swifty, doté d’un caractère faible, est un garçon rêveur et sensible. Une combinaison qui aurait pu être gagnante, mais qui mènera finalement l’un des deux à sa perte… Kitten, le géant, est un personnage rude, difficile à cerner mais dont on découvre en définitive la part d’humanité. Les acteurs sont simplement prodigieux. Ils portent avec énergie ce conte contemporain aussi tragique que cruel. Bref, The Selfish Giant est un film sobre qui raconte l’histoire de plusieurs vies qui s’entrecroisent, ou plutôt s’entrechoquent, sans jamais en rajouter. Les chevaux sont comme une bouffée d’oxygène dans ce monde triste où précarité rime avec désespoir. Cynthia Tytgat
Selon Jorge Luis Borges, « Le monde de l’aveugle n’est pas la nuit qu’on suppose. » L’écrivain argentin, devenu aveugle assez jeune, s’était livré à quelques prédictions dans une de ses nouvelles: « Tu deviendras aveugle. Mais ne crains rien, c'est comme la longue fin d'un très beau soir d'été. »
La nuit quʼon suppose de Benjamin dʼAoust Sortie le 15 janvier 2014 Documentaire (73ʼ) Avec Saïd Gharbi, Hedwige Goethals, Brigitte Kuthy Salvi, Danielle Montet, Bertrand Verine
Fruitvale Station de Ryan Coogler
Brigitte, Danielle, Hedwige, Bertrand et Saïd ont perdu la vue à différents stades de leurs vies. Tour à tour, ils témoignent de leur quotidien et nous ouvrent les portes de leurs uni-
Avec beaucoup de sensibilité, le réalisateur belge sonde l’humain tout en nous livrant une méditation sensorielle. En filmant l’écoute, en jouant notamment sur les flous et la profondeur de champ, il emperle les images et les sons pour en modifier la perception du monde. Le long-métrage se veut résolument optimiste, sans touches de voyeurisme ni de pathos. Pour Benjamin D’Aoust, l’objectif du film n’a jamais été de traiter du handicap comme une fin en soi. « Je voulais filmer la perte de la vue comme possible renaissance… comme dans une forêt dévastée par un incendie où quelques mois plus tard la vie a repris le dessus : autre, mais tout aussi vive, puissante, complexe ». Un documentaire qui secoue, charme et chamboule, et qui nous permet de réaliser qu’un monde, à la fois riche et sensible, est possible par-delà les images. Marie-Laure Soetaert
Oscar Grant a 22 ans. Au matin du 1er janvier 2009, dans la station de métro Fruitvale à San Francisco, une violente rencontre l'oppose à des policiers. Le film parcourt les vingt-quatre heures précédant la confrontation.
à la performance de cet acteur sensationnel qu'une fois sorti de la salle. Les défauts du personnage sont paradoxalement dosés avec perfection, sa richesse et sa complexité ne donne que plus d'ampleur à la fin tragique et attendue de son existence.
Fruitvale est l'adaptation d'un fait divers qui bouleversa les États-Unis quelques années plus tôt.
En effet, Ryan Coogler, honore le pari délicat de ne pas tomber dans la mièvrerie et le manichéisme primaire.
Une bavure policière qui affectera les foules, éveillant en eux une petite part d'empathie, ceux-ci se disant : « cela aurait pu m'arriver ».
Certes, Fruitvale ne bouleverse pas le monde du septième art en inventivité. Ni dans le débat, ni dans la narration. Cependant, tous les ingrédients sont réunis pour que ce film provoque en nous une effervescence durable.
Et pourtant, dans l’imaginaire commun et collectif, le monde de l’aveugle reste souvent associé à une nuit sans fond. Un noir qu’on se représente profond et tenace car, sans nos repères visuels, le monde nous parait illisible et effrayant. Dès la fin de l’enfance, les diktats de nos yeux occultent les autres sens et règnent en maitre sur nos représentations mentales. À quoi ressemble le monde pour ceux qui ne le voient plus ? C’est la question que s’est posée Benjamin D’Aoust en se plongeant dans l’univers particulier des malvoyants.
Drame (90ʼ)
Le voyage dans l'intimité d'Oscar Grant jusqu'à sa fatale rencontre avec l'adage « se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment », nous est conté par Ryan Coogler, dans un admirable premier long métrage.
Avec Michael B. Jordan, Melonie Diaz, Chad Michael Murray
Michael B Jordan, a notamment été vu dans la brillante série The Wire. Il incarne dans Fruitvale, Oscar Grant.
Sortie le 15 janvier 2014
vers artistiques et créatifs. En découlent des images saisissantes où l’on découvre la richesse des nouveaux rapports sensoriels qu’ils ont développés, et où l’on est frappé par leurs « visions » pleines d’esprit.
La justesse du rythme élève déjà ce premier essai cinématographique à la catégorie des films à ne pas manquer cette année. Ryan Coogler ouvre le bal des films hivernaux avec mérite et grâce. Fruitvale, de son accessibilité, devrait trouver sans difficulté un public affable. Cécile Marx
Rapidement immergé dans le quotidien et les paradoxes du jeune Oscar, nous ne penserons
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Cinéma Prêt à tout nous plonge dans la vie de Max (Max Boublil), un trentenaire qui, plus jeune, était loin d’être fait pour les études mais qui est arrivé finalement à faire fortune en créant un site de rencontre sur internet avec deux de ses amis de fac. Son succès financier le pousse à quitter la France et à profiter de ses millions engrangés loin, au soleil.
Prêt à tout de Nicolas Cuche Sortie le 22 janvier 2014 Comédie (99ʼ) Avec Max Boublil, Aïssa Maïga, Patrick Timsit, Chantal Lauby
Juliette de Pierre Godeau Sortie le 22 janvier 2014 Comédie dramatique (81ʼ) Avec Astrid Berges-Frisbey, Féodor Atkine, Yannik Landrein
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prise ne soient dévoilés. Cette manoeuvre lui permettra de se faire engager dans l’usine en tant qu’ouvrier et ainsi de travailler aux côtés de son amour de jeunesse. Un véritable engrenage de dépenses faramineuses se met alors en place car il est prêt à tout pour qu’Alice soit heureuse et lui porte enfin de l’estime, chose qu’il désire depuis tant d’années.
Malgré cette vie remplie de faste et de luxe, il n’arrive pas trouver un sens à sa vie et par dessus tout, à oublier son amour rencontré à l’université, Alice (Aïssa Maïga), et finit par se lasser de cette existence nonchalante. Mais Alice est à l’opposé de Max. Elle est pétillante, engagée et surtout pleine d’idéaux. Et cette différence n’aidera en rien Max à ce qu’elle lui porte de l’intérêt.
Bien que le film reste décevant de par son scénario « mâché d’avance » et sans surprise dont on peut d’ailleurs déjà imaginer le dénouement après les dix premières minutes, on en retiendra la performance débordante d’énergie d’Aïssa Maïga. Rien de neuf par contre dans le rôle de Max Boublil qui garde dans le film, l’image du jeune décontracté, un peu bobo sur les bords, en quête de sens à sa vie.
Cette situation est loin de le décourager et pour arriver à se rapprocher d’elle, il tente le tout pour le tout en rachetant l’usine en faillite dans laquelle elle travaille et milite pour les droits des ouvriers. Il veillera cependant à ce que ni son secret sur sa fortune, ni celui sur son statut de nouveau patron de l’entre-
Mais la déception vient surtout de la présence de thèmes trop récurrents : la lutte des classes, l’opposition des styles de vie des personnages, et finalement la « solution » au problème grâce au « sauvetage financier » du héros envers son amour de toujours. Shaheena Kassam
Pour son premier long-métrage, le jeune cinéaste Pierre Godeau nous conte les errances d’une jeune fille en fleur. À 25 ans, Juliette (Astrid Berges-Frisbey) est toujours très occupée sans avoir rien à faire. Jolie, fraîchement diplômée, habitant dans un chic appartement avec son père qui vient d’être hospitalisé, papillonnant d’un amant à l’autre, elle craint de quitter l’enfance et refuse d’entrer dans la vie active. En langage psy, on dirait qu’elle est « adulescente ».
deux âges, elle fait partie de ces jeunes pour qui choisir une voie se révèle impossible. Le réalisateur français guète ses émotions, palpe ses sensations, notamment grâce à une bande-son percutante. À partir de ce destin personnel, il réussit à lier, avec une certaine justesse, l’intime à l’universel. Car, au fond, ce genre de mal-être, on l’a tous un peu vécu, ou on le vivra, un jour.
En brossant le portrait d’une jeune fille en quête de repères, Pierre Godeau a voulu porter à l’écran une jeunesse incapable de se projeter dans l’avenir. Être ou ne plus être chez ses parents, telle est la question du moment pour une bonne partie des 20-30 ans. Essentiellement pour des raisons économiques et affectives, ces jeunes velléitaires évitent les attaches et veulent se faire cocooner le plus longtemps possible. Mais la carte jouée par le jeune réalisateur français n’est pas tout à fait celle-là. Godeau se focalise principalement sur l’état de latence de Juliette, son besoin de s’évader ou de se réfugier dans son monde particulier. Entre
Cependant le film n’est pas exempt de défauts. Il manque cruellement de ressort dramatique et fait l’éloge du vide. Des flashbacks peu inspirés d’enfance balisent l’histoire. Juliette nous emmène aussi trop souvent dans ses fantasmes littéraires (bricolés avec du carton façon Michel Gondry) dont on se fiche éperdument. Le récit est également jalonné d’épisodes peu crédibles. Dans l’univers de Juliette, il suffit d’envoyer un cv pour trouver un travail. De même, l’envoi de son manuscrit se soldera directement par un succès. À cause de ces scènes désaccordées, certains ne manqueront pas de qualifier ce film de drame petit bourgeois tournant à vide. Marie-Laure Soetaert
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Rétro : Vol au-dessus d’un nid de coucou Reflet de la société totalitaire soviétique, Vol au dessus d'un nid de coucou est un hymne à la liberté. Une claque cinématographique. Un classique à (re)voir.
©United Artists
Rétrospective
L'histoire de Vol au dessus d'un nid de coucou est assez simple : accusé de viol et voulant échapper à la prison, Randal McMurphy (incarné par l'excellent Jack Nicholson) choisit de se faire interner dans un hôpital psychiatrique. Il croit en effet qu'il sera moins pénible de purger sa peine dans un asile que derrière les barreaux. Il prendra conscience, trop tard, que dans ce milieu, la liberté ne dépend pas d'une décision de justice mais du bon vouloir du corps médical. L'intégralité du film se déroule donc dans un asile et nous plonge dans le quotidien de ses habitants; des malades vivant sous l'autorité de la froide infirmière en chef Ratched (jouée par Louise Fletcher). L'histoire nous est racontée du point de vue de McMurphy et se concentre sur sa révolte contre l'ordre établi par le personnel médical. Alors qu'au début, cette rébellion s'apparente plus à un jeu pour défendre ses propres intérêts, McMurphy se transforme petit à petit en véritable défenseur de droits pour ses camarades. Ainsi, malgré les faits qui lui sont reprochés, on ne peut s'empêcher
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d'éprouver de l'attachement à l'égard de ce personnage qui, dans sa révolution, va peu à peu se prendre d'amitié avec les autres patients. Touché par leur détresse, il va en effet mettre une sacrée pagaille dans l'hôpital, ce qui donnera lieu à des situations assez cocasses. Vol au dessus d'un nid de coucou est cependant loin d'être une comédie. En effet, les actes de rebellion de McMurphy et de ses comparses seront automatiquement accompagnés de représailles sévères... voire dramatiques. Vol au dessus d'un nid de coucou est un de ces films coup de poing dont on ne ressort pas indemne. La performance des acteurs y est sans doute pour beaucoup. Jack Nicholson incarne à merveille ce fauteur de trouble au tempérament rebelle. Louise Fletcher est quant à elle bluffante en infirmière dure et impassible. Les seconds rôles ne sont pas en reste : Will Sampson, Dany De Vito ou encore Brad Dourif pour ne citer qu'eux ont en effet donné naissance à des personnages vraiment attachants. L'histoire est aussi intense et captivante : aux travers des troubles causés par McMurphy, le spectateur se retrouve embarqué dans une véritable lutte pour les libertés les plus fondamentales. La qualité de ce film a été reconnue par plusieurs récompenses en particulier cinq oscars en 1976 dont ceux du meilleur acteur et de la meilleure actrice pour Jack Nicholson et Louise
Fletcher. Par son réalisme et son aspect documentaire, le film a marqué les esprits et est considéré par de nombreux cinéphiles comme un classique du cinéma. Bref, vous l'aurez compris, ce film est tout simplement excellent et n'a pour ainsi dire pas pris une ride malgré les années. Vol au dessus d'un nid de coucou est donc le film que nous vous conseillons vivement de (re)voir. Un grand film et une belle leçon d'humaAnaël Munsch nité.
1 mars 1976
Sorti en 1976, ce film réalisé par Milos Forman (Amadeus, Larry Flint ou encore Man on the moon) est l'adaptation d'un roman écrit par Ken Kesey qui est paru en 1962 sous le titre La machine à brouillard et réédité en 1975 sous le même titre que celui du film.
Vol au-dessus dʼun nid de coucou Drame de Milos Forman Avec Jack Nicholson, Louise Fletcher
Rebellion dans un hôpital psychiatrique à l'instigation d'un malade qui se révolte contre la dureté d'une infirmière.
l’actu cinéma
Dhoom 3 fait trembler Bollywood
©United Artists
Tom Cruise ne sera pas un mercenaire
Selon une information de The Wrap, site américain spécialisé sur le « tout Hollywood », Tom Cruise abandonnerait le remake des Sept Mercenaires, film culte de 1960 avec notamment Yul Brynner et Steve McQueen. Ce film, inspiré lui-même des Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa (sorti cinq années auparavant), était l’un des projets en cours de la MGM. Alors que Tom Cruise avait soi-disant signé pour y incarner un rôle, ce dernier se serait rétracté pour une raison encore inconnue. En outre, la MGM a fait savoir que le film devait être réécrit et a, pour cela, fait appel à John Lee Hancock qui deviendra, par la même occasion, réalisateur du remake. Les Sept Mercenaires raconte l’histoire d’une petite ville mexicaine attaquée fréquemment par une horde de bandits dirigée par Calvera. Dépités, les habitants décident de faire appel à Chris, un excellent tireur, et six autres hommes ayant chacun leurs motivations. M.M.
Box office Belgique
Joan Fontaine est décédée
1. The Hobbit 2 2. La Reine des Neiges 3. Hunger Games 2 4. Marina 5. Capitaine Phillips 6. Casse-tête chinois 7. Gravity 8. Evasion
©D.R.
Du 11 au 15 décembre 2013
Dimanche 15 décembre, un décès allait passer un peu dans l’anonymat. Et pour cause, la veille, le grand acteur Peter O’Toole décédait également, une information qui allait faire de l’ombre au décès d’une autre actrice moins connue, Joan Fontaine.
Joan Fontaine est décédée à l’âge de 96 ans. Si les cinéphiles d’aujourd’hui la connaissent peu, il s’agit pourtant de l’une des plus grandes muses du cinéaste Alfred Hitchcock. Nommée aux Oscars dans la catégorie Meilleure actrice en 1940 pour son rôle dans le film Rebecca, elle remportera la récompense l’année suivante pour Soupçons, deux films signés par Hitchcock.
9. Het Vonnis 10. Last Vegas Source : Box Office Mojo
DVD - Blu ray
M.M.
S’il y a bien une industrie du cinéma qui est délaissée en Europe, c’est bien celle de Bollywood, le cinéma made in India. Pourtant, Bollywood reste le plus prolifique au monde en matière de productions cinématographiques. Cependant, il est vrai que le style très musical de bon nombre de films ne plait pas à un public européen déjà peu enclin à voir une comédie musicale classique. Dans le pays de Gandhi, un film défie pour l’instant toutes les statistiques, il s’agit de Dhoom 3 de Vijay Krishna Acharya dont le budget était de 15 millions de dollars, ce qui est encore raisonnable vu les prix exorbitants des réalisations d’Hollywood. Pourtant, celui-ci est l’un des plus chers jamais produit. Mais pour le troisième volet de ce buddy movie, on peut dire que l’investissement a été rentable. De fait, Dhoom 3 a été rentabilisé en un week-end seulement en Inde. Le meilleur démarrage de tous les temps. Même chose aux EtatsUnis où il est devenu le film bollywoodien le plus vu. L’histoire de Dhoom est celle de Sahir, un prestidigitateur de Chicago déterminé à accomplir un casse de grande envergure (ce qui n’est pas sans rappeler Insaisissables de Louis Leterrier). Bref, le cinéma asiatique continue son ascension et pourrait bien se retrouver dans nos cinémas plutôt que dans les bacs à 1€ de la FNAC. M.M.
Byzantium de Neil Jordan
Clara (Gemma Arterton) est une mère célibataire qui travaille comme prostituée pour prendre soin de sa fille Eleanor (Saoirse Ronan). Clara, rencontre le solitaire et triste Noël, qui les accueille dans son hôtel décrépit : "Byzantium". Quand Eleonor se lie d’amitié avec Frank, janvier 2014
elle lui raconte son grand secret: elle et sa mère ont 200 ans et vivent du sang de leurs victimes. Quand ce secret se répand, elles sont rattrapées par leur passé et doivent se battre pour rester en vie.
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Musique
Rap
Hard Rock
Hard Rock
Maître Gims Subliminal (La face cachée)
Sony Music
Après le succès de Sexion d'Assaut, c'est en solo que Maître Gims, le leader incontesté du groupe parisien, accumule les succès. C'était prévisible, tant on ressentait que l'influence de Gandhi Djuna, de son vrai nom, sur le groupe, était énorme. En cette fin d'année 2013, le rappeur ressort son album, Subliminal, dans une réédition « exclusive ». L'occasion d'analyser de plus près le phénomène Wati-B et la qualité intrinsèque de l'album en général. Alors, arnaque ou génie ? Tout d'abord, soyons clair. Si ce que vous recherchez dans la musique, ce sont des textes travaillés, une prédominance du message sur le son et un rejet du conformisme vulgaire, passez votre chemin, vous allez détester Maître Gims. Réécoutez-vous l'intégrale de MC Solaar ou plongez vous dans les textes de Stromae. Subliminal, c'est l'apogée du commercial, une machine à tubes et à sons dansants, qui ont fait et feront un carton en boîte. Le chanteur d'origine congolaise y utilise toutes les ficelles du genre afin de faire en sorte que ses chansons restent en tête et soient le plus efficace possible. Et il faut bien
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constater que ça marche. Avec plus de 320 000 albums vendus en France, le succès est au rendez-vous. On retrouve deux catégories de chansons dans ce disque : les tubes commerciaux et les chansons dispensables. Dans les tubes, on découvre tout d'abord « Meurtre par strangulation », qui ouvre la danse. Un rap assez agressif et un refrain grossièrement anglicisé distinguent ce titre mais la qualité, même commerciale, en est assez discutable. Car les deux blockbusters de cet album sont J'me tire et Bella. Si la victimisation vulgaire du premier prête à sourire, force est de reconnaître que ce fut une des chansons de l'été. Dans celle-ci, Gims nous prouve également qu'il possède des qualités vocales impressionnantes. En effet, sa voix profonde et forte, mais néanmoins juste, apporte une qualité indéniable au single. Pour Bella, que l'on ne présente plus, tant on l'a entendue cet été, c'est encore différent. On est ici avec une chanson faite à 100% pour les boîtes de nuit ; son côté dansant, simple mais incroyablement efficace en ont
fait un succès. Ne mentez pas, nous connaissons tous un ami qui a réussi à emballer cet été sur Bella. À côté de ça, on a Vq2pq, moins connue, mais à tort. Avec son beat plus classique et son rap bien mis en place, elle fait plaisir à entendre. Il reste alors One Shot, à l'ambiance plus africaine et hip-hop que rap. On se rapproche ici de l'univers de Sexion d'Assaut. Pour Ça Marche, le featuring avec The Thin Sekaï nuit clairement à la qualité de la chanson. Au contraire, avec Changer, on tient un titre un peu moins commercial avec un piano mélancolique et un effort d'interprétation visible. À part ça, on peut distinguer du bon avec À la base, Outsider ou le tube de l'été prochain: Pas Touché en collaboration avec Pitbull ; mais également des titres qui laissent indifférent : Laisse tomber, Freedom, Où est ton arme et Épuisé. Dans le rayon du très mauvais, on rangera La Chute qui porte bien son nom.
Hard Rock
Et cette réédition alors ? me demanderez-vous. Apporte-t-elle quelque chose ? C'est déjà la seconde fois que Gims nous sort ce procédé discutable, à savoir ressortir un album avec quelques titres en plus. La première fois, c'était pour L'Apogée. Sincèrement, à part Zombie, qui possède un potentiel intéressant, et You Lose, qui aura un grand succès dans le monde de la nuit, le reste est visiblement bâclé.
Hard Rock
CONCOURS Remportez l’un des 10 exemplaires de l’album Subliminal: La face cachée!
Il y a De Marseille à Paris, une collaboration multiple avec Bedjik, Dr. Beriz, H Magnum et Soprano, dont le seul but est de tenter de toucher le public le plus large possible. Close your eyes nous confirme bien que Maître Gims choisit bien mal ses featurings. Et pour finir, on citera Monstre Marin et Warano-Style qui, de leur côté, sont carrément risibles. Une réédition effectuée, donc, dans le seul but de faire un peu plus d'argent, sans offrir rien de plus. Si vous aimez l'artiste, un conseil : achetez l'album original sous peine d'être plus déçu par ces bonus que le contraire. Si vous n'aimez pas à la base, épargnez-vous le supplice.
Olivier Eggermont
Pour gagner l’un des albums de Maître Gims, répondez à cette question: De quel groupe de rap célèbre Maître Gims était le leader? Inscrivez-vous ensuite à notre Newsletter sur notre site www.lesuricate.org et « likez » notre page Facebook. Les gagnants seront connus le 10 janvier 2014 ! Bonne chance ! * Concours réservé à la Belgique
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Musique
Rencontre avec Après l’énorme succès de In Waves, les quatre comparses de Trivium remettent le couvert avec Vengeance Falls, leur nouvel album. Nous avons rencontré le guitariste Corey Beaulieu lors des Lokerse Feesten pour parler de ce nouvel album et de l’immense tournée qui allait suivre.
L’interview Bonjour, Corey! Merci de nous accorder cet interview. Votre nouvel album, Vengeance Falls est sorti en octobre. Pour ce nouveau disque, vous avez décidé de collaborer avec David Draiman (Disturbed). Pourquoi ce choix? Et comment s'est passée cette collaboration? Nous avons travaillé avec un tas de gens au fil des ans. La plupart du
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temps, il faut se mettre d'accord sur l'agenda, car la plupart de producteurs est occupée tout au long de l'année et n'est donc pas toujours libre quand tu dois enregistrer un nouvel album. Nous connaissons David Draiman depuis un certain temps, puisque nous l'avons rencontré en 2004 lorsque nous tournions avec Danzig. Et on n'avait plus eu l'occasion de se revoir depuis lors. Mais il aimait nos shows, notre musique. Puis nous nous sommes revus en tournée. Quand In Waves (notre précédent album) est sorti, nous
l'avons passé à David pour qu'il l'écoute. Et il est revenu en disant qu'il l'adorait. Il adorait notre son et la manière dont évoluaient nos chansons. Disturbed allait être en hiatus pendant un certain temps. Et David était à la recherche d'autres moyens de créativité. Et comme il était dingue de In Waves, il voulait absolument travailler avec nous sur notre prochain album. Il sentait que ça allait être un album très important.
Certains fans pourraient craindre que nous allions sonner comme Disturbed. Mais ce n'est pas le cas. Ca reste du Trivium mais avec une perspective différente. Surtout vis à vis de Matt (Heafy) qui a pu travailler sa voix avec David, pour obtenir une plus grande gamme de tonalités. David lui a expliqué quelques astuces et exercices pour améliorer sa voix. On a d'abord travaillé en pré-production en regardant ensemble la structure des morceaux. Il nous a proposé beaucoup de chouettes idées pour améliorer le tout. Dès le début, on a pensé pareil et on allait dans la même direction. Pour nous, il était inconcevable de faire cet album avec quelqu'un d'autre. Et quand j'écoute le résultat, je me dis qu'on a fait le bon choix. C'était sans doute la seule occasion pour nous de travailler avec lui avant que Disturbed ne revienne, car c'est quelqu'un de très occupé. Avez-vous ressenti de la pression en faisant ce nouveau disque suite à l'énorme succès de In Waves?
Non. Quand nous écrivons une chanson, nous ne pensons à rien d'autre. Notre musique doit avant tout nous plaire, avant que qui que ce soit ne l'entende. Nous n'écrivons jamais en nous demandant ce que les fans pourraient en penser. Si nous aimons le morceau, à priori, les fans devraient l'aimer également. On est très exigeants et on ne voudrait pas sortir un mauvais album! (rires) Je crois que pour nous, la véritable pression vient du fait qu'on espère avoir assez de bonnes choses pour arriver à faire un album. Comment composez-vous vos chansons? Ecrivez-vous en tournée? Oui, la plupart des chanson des deux derniers albums furent écrites en tournée. Nous faisons cela parce que, depuis The Crusade, nous sommes constamment en tournée. Et donc, nous écrivons dans nos loges. Beaucoup de groupes ne foutent rien en tournée. Ils se disent que la tournée de leur album est terminée et pensent seulement qu'il faut écrire pour le suivant. Et ils se retrouvent à devoir
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travailler pendant huit mois après leur tournée pour obtenir quelque chose. Au final, notre manière de faire est géniale, parce que chaque chanson a son histoire. On peut se dire " Tiens, ce riff, je l'ai écris quelque part en Allemagne, etc.." et c'est chouette de se dire que chaque partie nous rappelle un endroit en particulier. Grâce à nos portables et un programme d'enregistrement, on peut travailler nos morceaux pendant les six à huit mois que nous passons à promotionner l'album. Et au final, on a une idée précise de ce que sera le prochain album. Parfois la chanson écrite à la dernière minute peut être la meilleure de l'album. Mais en général, on aime être bien préparés. On ne laisse pas beaucoup de temps entre les tournées et l'enregistrement des albums suivants.
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On peut gagner beaucoup de temps en évitant toute cette partie d'écriture avant d'entrer en studio et en ayant beaucoup de choses prêtes à l'emploi. Et vous écrivez en commun ou plutôt de façon individuelle? On écrit chacun dans notre coin Matt et moi. On fait des démos et un peu de programming pour rendre le tout présentable. Puis, on fait écouter le résultat aux autres pour voir ce qu'ils en pensent. Et c'est à ce moment que chacun va apporter ses idées et proposer des changements jusqu'à ce que nous obtenions ce que nous voulons réellement. Généralement, je propose des solos de guitares et Matt s'occupe plutôt des paroles et d'autres choses. On rassemble nos idées sur un tableau et tout le monde contribue en proposant d'autres choses. Est-ce que vous jouerez de nouvelles chansons ce soir? Oui, nous allons jouer deux nouvelles chansons. Brave The Storm qui est
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sortie depuis un petit temps. Et une autre chanson que nous avons jouée lors de nos deux derniers shows et qui sera le premier single officiel : Strife. Nous avons aussi tourné un clip pour cette chanson. Nous avons eu de très bonnes réactions par rapport à ce morceau. C'est toujours chouette de jouer de nouvelles chansons et visiblement, ça se passe bien ! Pensez-vous que le public européen soit différent du public américain? Ca dépend. Parfois, certains endroits aux USA sont géniaux. La plupart de nos shows sont assez fun. Cela fait trois ans que l'on tourne en tête d'affiche là-bas, donc ça se passe plutôt bien. En Europe, je pense qu'il y a une autre manière d'apprécier le métal. Surtout en festivals, on remarque que les gens vivent à fond pour ça. Ils ont des tas de patches sur leur veste. Ils sont saouls et à fond dans l'ambiance. C'est très
marrant de tourner en Europe, parce que les gens sont à fond dedans. Votre musique semble de plus en plus techniquement compliquée. Est-ce que vous aimez repousser vos limites? On m'a posé une question de ce style. Du genre "quelle est la chanson qui vous semble la plus dure à jouer?" (rires) Mais sincèrement, je ne vois pas les choses ainsi. Si nous avons écrit ces chansons, c'est que nous savons les jouer. Bien sûr, certains solos sont plus faciles à jouer en étant assis dans le studio plutôt que debout sur scène. Mais je pense qu'il est surtout plus compliqué d'apprendre une chanson d'un autre groupe plutôt que de jouer ce que l'on a écrit. En fait, le plus difficile est de se souvenir de tout! (rires) Parfois on se dit "bordel, mais comment est-ce que tu jouais ça déjà?"
Vous explorez souvent des thèmes assez sombres dans vos chansons. Pensez-vous que ce soit nécessaire dans le métal?
un superbe travail sur ce nouvel album. Et je pense que les gens se reconnaitront en lisant ses paroles.
Disons que c'est vrai qu'on n'est pas du genre à chanter des trucs "peace & love" dans nos chansons. Mais bon, c'est un peu l'apanage du métal. Tu dois aller chercher des pensées sombres et ton ressenti pour avoir de l'inspiration. Et il ne faut pas toujours chercher loin. Il suffit de regarder les news comme CNN et voir toutes les saloperies que les gens s'infligent dans le monde. Toutes ces atrocités qui arrivent chaque jour. Tu peux écrire à propos de pratiquement tout.
Depuis In Waves, le public a fait connaissance avec Nick Augusto, votre nouveau batteur. Comment est-il arrivé dans le groupe et comment s'est passée son évolution au sein du groupe ?
En plus, le métal convient parfaitement pour parler de ces choses-là. Je pense que si les chansons de Bieber parlaient de meurtre, cela sonnerait bizarre. Matt a écrit la plupart de nos paroles et il le fait de façon intelligente. Il a fait
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C'est assez bizarre car, au départ, Nick était le technicien de notre ancien batteur. Et Paulo (le bassiste) le connaissait depuis longtemps car ils ont joué ensemble quand ils étaient ados. Il nous a donc tout de suite persuadé de lui faire confiance et de tester Nick plutôt que de faire des auditions. Il a donc été trouver Nick en lui donnant une liste de chansons à apprendre. Et au final, on a été de suite convaincu
de son talent. Parce que ce gars sait jouer pratiquement n'importe quoi. Dès lors, on l'a accueilli et on savait qu'à chaque show, on n'aurait aucun problème de tempo. Pour le dernier album, on a poussé ses limites en jouant les morceaux de différentes manières et il a joué des trucs complètement dingues! Il a une grande capacité d’adaptation, ce qui fait que l'on a gagné beaucoup de temps quand on a enregistré l'album. Il vous a donné quelques idées pour votre rythmique ou certains riffs? Sur certains morceaux, oui. Il y a des riffs où tu sais ce que la batterie va jouer dessus. Mais il nous a beaucoup aidé en faisant beaucoup de propositions au fur et à mesure. Il improvise beaucoup et donc a beaucoup d'idées différentes concernant le rythme.
On avait donc une panoplie de choix à notre portée à chaque fois, ce qui est vraiment bien. Vous allez être fort occupés durant les prochains mois, je suppose? Oui, nous allons tourner deux semaines en Europe, puis nous reviendrons pour faire des journées pour la presse. Puis, après une semaine de repos, on entamera la tournée américaine avec Devildriver. Puis, on aura des festivals au Japon, en octobre. Ensuite, une deuxième tournée aux USA de novembre à décembre. Puis après les fêtes, on reviendra en Europe en janvier et février.
Trivium reviendra le 12 février au TRIX d’Anvers. Ils reviendront également en juin pour le Hellfest et le Graspop! Vengeance Falls est disponible chez Roadrunner Records depuis octobre.
On n'a pas encore tous les détails pour l'année prochaine, mais on devrait revenir en juin pour les festivals. Bref, on sera bien occupés, donc les gens auront tout le temps de nous revoir. Propos recueillis par Christophe Pauly Photos prises par Christophe Pauly aux Lokerse Feesten 2013
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Scène
Jérôme de Warzée est sous ‘Haute Tension’
©Jérôme de Warzée
L’interview Autodidacte complet, Jérôme de Warzée est devenu au fil des années l’un des humoristes incontournables de notre plat pays. Plus belge que lui, ce n’est pas possible, et il le prouve chaque matin à l’antenne de Vivacité. Mais ses talents d’humoriste ne s’arrêtent pas seulement à la radio, Jérôme de Warzée est également une bête de scène mais aussi une plume affûtée pour de nombreux autres artistes belges. Rencontre avec ce personnage à la fois drôle et sympathique pour qui la vie rime avec humour avant tout. Jérôme de Warzée, si je ne me trompe votre père est directeur d’un théâtre ? Mon père est directeur de la Comédie Claude Volter, à Bruxelles. Il est, par ailleurs, également comédien puisqu’il joue dans ses pièces. Cela fait maintenant quinze années qu’il a repris ce théâtre où il s’amuse comme un petit fou. Dès lors, est-ce lui qui vous a donné l’envie de faire la scène ? Non, pas du tout. Je n’ai jamais été dans les coulisses de ses pièces ou été au théâtre avec lui. Je me souviens d’ailleurs que le premier spectacle que j’ai été voir c’était André Lamy, j’avais
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16 ans, c’est pour dire. Je pense d’ailleurs que s’il avait voulu me faire faire du théâtre, ma mère l’en aurait empêché afin que je fasse d’abord des études. (rires) C’est plutôt par l’écriture que la scène est venue vers moi. Beaucoup de gens me disaient d’écrire des sketchs humoristiques et, un jour, je me suis lancé. Vous n’avez donc jamais fait de théâtre, dans le sens classique du terme ? Non. D’ailleurs, c’est amusant car bon nombre de personnes du métier me disent régulièrement que c’est un atout. Alors que pour ma part, je pense que cela aurait été plutôt bénéfique. Mais je n’ai finalement jamais pris le temps de prendre des cours d’art dramatique, d’essayer de poser ma voix, de suivre des cours de déclamation ou autres. Je suis un autodidacte complet. Vous avez présenté votre premier spectacle en 2004 intitulé première crise. 2014 sera, de fait, une année anniversaire en quelque sorte ? J’essaie de ne pas y penser. En fait, pour être honnête, entre 2004 et 2007, je n’ai pas vraiment eu une carrière puisque c’était plus amateur. Je me suis professionnalisé réellement en 2007 lorsque j’ai commencé à avoir une structure derrière moi qui me per-
mettait d’aller jouer en France et d’aller dans des festivals. Votre deuxième spectacle The chauve must go on a été une consécration. Est-ce à ce moment précis que votre carrière a décollé que ce soit sur scène ou à la radio ? En fait, de septembre 2009 à février 2010, je suis parti jouer à Paris car on m’avait donné l’occasion de pouvoir présenter mon spectacle dans un caféthéâtre. Je ne savais pas à quoi m’attendre, c’était un peu comme si je partais à la guerre tout nu et sans biscuit. Pas de réseau, pas de contact, pas de presse, personne avec moi,… Bref, le mec qui y va en touriste. Alors, après six mois, je me suis dit « soit je continue comme ça pendant 17 ans, soit j’arrête complètement, soit je me renouvelle et je fais autre chose ». Je me suis dit à ce moment-là que ma force était l’écriture avant tout et que je pouvais encore faire une chose, c’était des chroniques. J’aimais beaucoup ce que faisait Stéphane Guillon et Didier Porte en France mais en Belgique, personne ne faisait cela. Mais je voulais faire cela en public et pas tout seul dans mon coin. J’ai alors pris mon téléphone et j’ai contacté Patricia Bonaventure qui est la directrice du Koek’s Theatre. Je lui ai parlé de mon envie d’enregistrer des chroniques devant un pupitre et elle m’a ouvert son théâtre deux mardi par mois.
Au total, j’y ai présenté 115 chroniques pendant quatre à cinq mois. Dans le même temps, je donnais ces chroniques à FooRire FM, qui était le pendant belge de Rires et Chansons en France. Je m’entendais bien avec Marc Vernon (Ndlr : le directeur d’antenne de FooRire FM) et je lui ai proposé cinq capsules par semaine, ce qu’il a accepté sans problème. C’est là que l’aventure a commencé. Car, après ces chroniques faites en public, passées à l’antenne et misent sur Youtube, Vivacité est venue me chercher. Seulement, Vivacité voulait des chroniques sur l’actualité du jour, il fallait donc que je vienne en studio. Et le jour de mes quarante ans, j’ai fait ma première chronique en studio avec Thomas Van Hamme. C’était un an avant qu’il ne parte.
de programmation. En Belgique, on vient vous démarcher pour venir jouer. Je suis par exemple ravi que le Centre Culturel de Welkenraedt ait acheté mon spectacle. En France, c’est différent, il faut souvent payer pour jouer. En Belgique, je suis donc la demande. De plus, j’ai déjà joué dans des petites salles, par exemple à Vyle-et-Tharoul, et c’était rempli, ce qui est génial pour un artiste. Aussi, je pense être plus connu en Wallonie qu’à Bruxelles tout simplement parce que Vivacité est plus implantée en Wallonie. Ensuite, personnellement, jouer devant 250 personnes ou 1000 personnes, mon plaisir est identique.
En fait, quand je suis arrivé à Vivacité, ils sont tous partis. Thomas Van Hamme, Stéphane Pauwels, etc. Ils se sont tous cassés. Maintenant, je m’attaque à Benjamin Maréchal pour qu’il se casse mais il s’accroche, on n’arrive pas à le virer, c’est dingue ! (rires)
C’est alors que j’ai demandé à ma fille de huit ans : « Pour toi, qu’est-ce qui pique ? », et elle m’a répondu directement « un cactus ». Et voilà la genèse du titre. Aujourd’hui, vous tournez avec votre spectacle, Haute Tension, que vous allez présenter dans quasiment toute la Belgique francophone. Estce une volonté pour vous d’aller au plus près des gens ? En Belgique, il y a une grande différence par rapport à la France en terme
Bref, dans ce spectacle, les spectateurs verront le chroniqueur radiophonique mais aussi une série de sketchs humoristiques. Dans ce spectacle, tout comme en radio, vous lancez des piques à certaines personnes, pensez-vous être un trublion ? Non pas du tout. Je n’ai pas vocation à faire du mal à qui que ce soit. Bien évidemment, je lance l’une ou l’autre blague sur telle ou telle personne, mais mon but est avant tout de faire rire le public, sur scène ou à la radio. Je n’ai pas du tout l’envie que l’on me pose une étiquette. Maintenant, je comprends que certaines choses peuvent toucher la susceptibilité de certains, mais ce n’est pas mon objectif. En tout cas, je cherche avant tout à faire de l’humour.
Parlons justement de votre chronique sur Vivacité qui s’intitule Un cactus dans le waterzooi. D’où vous est venu l’idée de ce titre ? Je voulais une chronique qui aille dans le même sens qu’un cheveu dans la soupe. Mais je voulais quelque chose d’original. Le waterzooi, j’aimais bien car c’est un plat typiquement belge qui brasse plein de choses. Il fallait encore que je trouve quelque chose à mettre dedans pour l’épicer. Et là, j’ai cherché assez longtemps mais je ne trouvais pas.
L’actualité est un vivier. Sur un sujet, on peut faire six chroniques différentes. Et vu qu’il y a 25 sujets par jour, c’est inépuisable.
Dernièrement, nous avons appris que vous écriviez pour Fabian Le Castel mais aussi pour d’autres humoristes. Ce sont eux qui sont venus vers vous ?
Haute tension, c’est une série de sketchs sur différents thèmes et notamment sur la politique, que vous abordez beaucoup… Je ne dirais pas cela. La politique ne représente qu’une petite partie de mon spectacle. Haute tension, c’est une série de cinq à six sketchs avec des personnages, entrecoupée par du stand-up où je parle de politique mais aussi de sport, d’actu people et plein d’autres choses. J’essaie, en outre, de rester un maximum dans l’actualité, ce qui m’oblige à réécrire fréquemment avant de monter sur scène.
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Oui. En 2008, les frères Taloche m’ont proposé de co-écrire deux de leurs émissions et l’aventure a commencé à ce moment-là. Depuis, j’écris régulièrement avec eux mais j’adapte mon style en fonction du leur étant donné que ce que j’écris pour la radio ne convient pas forcément. De là a découlé le spectacle de Virginie Hocq intitulé Pas d’inquiétude. Et puis, Fabian Le Castel maintenant. J’espère d’ailleurs qu’il va cartonner avec son spectacle. Matthieu Matthys
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Cinéma / Musique /
/ Littérature / Arts
25 décembre 2013
scène
La Revue 2014 au Théâtre Royal des Galeries Comme chaque année, le Théâtre Royal des Galeries nous présente La Revue. Un regard décalé sur l’année écoulée, avec sketchs, danse et chansons.
La critique
Le menu de fête de 2014 se calque très fort sur celui de l’année précédente. Le décor modulable avec écran géant, qui remplaçait le grand escalier central, est toujours de mise. Maria Del Rio et Bernard Lefrancq ont été reconduits dans leurs fonctions respectives, à notre plus grand bonheur. Le rythme de cette farce théâtrale est toujours aussi enlevé grâce aux nombreux numéros qui s’enchainent et se déchainent sur une musique entrainante, avec des chorégraphies bien ancrées dans le présent. La grande nouveauté se situe essentiellement au niveau du répertoire musical avec la présence d’une nouvelle recrue : Olivier Laurent, un chanteur-imitateur-humoriste belge de renommée internationale. Cet artiste parfait trilingue français-néerlandaisanglais - ne se contente pas de manier différents sens de l’humour, il illumine la scène en interprétant Brel. Il y amène beaucoup d’émotions et de tendresse, et contribue fortement au succès de la soirée.
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Au chapitre des représentations mémorables, on épinglera le personnage très attachant d’Albert II, incarné à merveille par un Bernard Lefrancq très en verve. On n’oubliera pas de sitôt ses réflexions sur la méthode Coué et sur les aménagements de Bruxelles ! Naturellement les tensions filiales n’ont pas été mises de côté : Delphine Boël (la confondante Manon Hanseeuw) se trémousse sur « Papa où t’es ? », Philippe et Laurent sont également dans les parages mais essentiellement pour causer des tourments à leur paternel. Le volet politique belge est plus restreint qu’à l’accoutumée. A l’approche des élections de 2014, les hommes politiques se sont plutôt faits discrets cette année. On a décelé moins de passes d’armes sur la scène politique. Nous avons tout de même droit à la présence récurrente d’Elio in vlaams, formidable en Premier ministre (c’est lui qui le dit), et à un Bart version allégée, présenté sous un profil plutôt avantageux lors d’une interview menée par une journaliste politique de la Rtbf. De Nabilla au tandem SenesaelDepardieu en passant par la météo de Luc Trullemans et à Belgium’s got talent, les cartes people et variétés font recette. Quelques numéros avec moins d’éclat : les assurances, l’enseignement, les nuisances de Zaventem. Un brin simpliste, avec des airs de déjà vu, ces
sketchs déclinaient moins l’actualité et manquaient de mesure. Cette folle machine de rire qu’est la Revue n’a pas que des qualités mais elle a le mérite de nous offrir, avec ses bulles de rires et ses paillettes, un petit moment d’apesanteur bien mérité pour terminer l’année en beauté. Marie-Laure Soetaert
Théâtre des Galeries
Au théâtre Royal des Galeries, les fêtes de fin d’année se conjuguent depuis très longtemps avec la Revue, un spectacle haut en couleurs qui prend l’année écoulée à rebours et livre à un public averti un exutoire humoristique toujours très attendu. Cette fois encore, la troupe de David Michiels a concocté une rétrospective décapante mariant sketchs, danses et chansons aux feux brûlants de l’actualité.
La Revue 2014 du 4 décembre 2013 au 26 janvier 2014
Mise en scène : Bernard Lefrancq & David Michels Avec Maria del Rio, Bernard Lefrancq, Marc De Roy, Angélique Leleux, Pierre Pigeolet, Anne Chantraine, Manon Hanseeuw, Maïté Van Deursen, Kylian Campbell, Frédéric Celini et Olivier Laurent Décor Francesco Deleo Costumes Ludwig Moreau, Fabienne Miessen / Lumières Laurent Comiant Chorégraphies Alexandra Verbeure
Les lois fondamentales de la stupidité humaine n’était, à la base, pas destiné à être adapté aux planches. Il ne s’agit en effet ni d’une pièce de théâtre, ni d’un roman, ni d’une fiction d’aucune sorte, mais bien d’un essai dont l’auteur, Carlo M. Cipolla, fut un professeur d’université et historien de l’économie de renommée mondiale. Lorsqu’on lit cette œuvre, on y trouve certes de quoi s’amuser, mais pas de quoi s’esclaffer. Aussi, transposer une œuvre pareille au théâtre, et qui plus est pour en faire une pièce comique, était donc un défi de taille. Les lois fondamentales de la stupidité humaine Du 17 décembre 2013 au 5 janvier 2014 Mise en scène Marc Weiss Avec Emmanuel Dekoninck & Eric De Staercke 1h15
Après quelques préliminaires plutôt douteux, le spectacle proprement dit débute. Deux hommes vêtus à la mode des savants du début du siècle dernier s’avancent sur scène. Le ton est vite donné. Le duo rappelle celui formé par Laurel et Hardy : l’un pansu, autoritaire, l’autre frêle, l’air un peu nigaud. Ensemble, parodiant le ton professoral, ils présentent à l’assemblée en quoi consistent ces fameuses lois fondamentales de la stupidité humaine. Voici la première :
« Chaque individu sous-estime toujours inévitablement le nombre d’individus stupides existants dans le monde. » Chaque loi – elles sont au nombre de cinq – se voit suivie de plusieurs petites saynètes illustratives. Lors de ces interludes, nos deux professeurs quittent leur rôle de savants excentriques pour endosser des identités diverses et variées. Ces sketchs épisodiques ne sont pas de qualité égale : certains sont indéniablement mieux réussis que d’autres. Si certains sont drôles ou touchants, d’autres s’avèrent décevants. À force de se vouloir comique, la pièce tend parfois à basculer dans la rigolade, au détriment de la finesse du texte original. Heureusement, l’ensemble est remarquablement interprété. Les deux acteurs répandent une énergie positive qui a tôt fait d’effacer ces petits bémols. Le bon public passera un très bon moment. Ivan Sculier
Théâtre des Martyrs
Arrivée dans la salle un peu avant le début de la pièce, l’ambiance est au rendez-vous. Musique de Bob Marley, salle légèrement enfumée, les premiers signes ne trompent pas je vais bien voir une pièce sur la Marijuana. Trois hommes bien sérieux en costume cravate entrent en scène, chacun assis sur un tabouret en hauteur. Ils fixent le public et commencent leurs monologues sur la Marijuana.
Les monologues de la marijuana Du 26 novembre au 31 décembre Mise en scène Tilly Avec James Deano, Blaise Ludik & Riton Liebman 1h15
Théâtre de Poche
Sérieux mais à la fois comiques, les trois comédiens font participer le public dans leurs histoires. La pièce se joue en différentes anecdotes illustrant le monde de la Marijuana. Un humour à prendre au second degré par les fumeurs comme les non fumeurs. ″L’autre jour j’étais tellement pété que… …Je me suis rendu compte que les feux de circulation étaient aux couleurs rasta.″ La Marijuana dans le monde, à travers les différents continents. La Marijuana pour les amoureux. Lettre à la Marijuana. La Marijuana expliqué par le père à son fils.
La Marijuana et ses petits noms tel que haschisch, joint, marie-jeanne, H… Un slam à la Marijuana, une chanson dédicacée à la Marijuana. Mais aussi le guide et le code de la Marijuana. Les gros clichés de la Marijuana. Ce que j’aime faire par-dessous tout quand je suis stone… Et bien plus encore !!! Une comédie, en mélangeant histoires, poèmes, jeux de mots et anecdotes. 1h15 d’amusements, de fous rires, ou le public ne cesse de rire. 1h15 passée tellement vite tellement que les acteurs sont prenant. Une pièce créée en 2003 à New York par trois auteurs américains. Ils se sont inspirés des célèbres Monologues du vagin. Un spectacle joué en français à guichets fermés dès sa création en décembre 2011. Des places réservées à l’avance. Un spectacle qui connait un succès fou et qui annonce Soldout quelques jours après son ouverture. ″Attention mec, celle-là elle tue…″ Astrid Flahaux
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Cinéma / Musique / Scène /
Littérature
/ Arts BD
La dérisoire effervescence des comprimés de François Boucq
La critique
Celle-ci est composée de 11 histoires courtes, surprenantes et ponctués de situations où l’absurde tend à faire ressortir des aspects de la société vraiment ridicules. Ainsi, dès la première histoire Le tigre du Bengale contre la créature nous voyons apparaître un homme accoutré comme un tigre qui se présente chez une prostituée sulfureuse à laquelle il finira par vendre une assurance. Avec Briefing on assiste à une réunion sur la stratégie commerciale et de communication à adopter pour soutenir une campagne humanitaire. Il faut revoir le look et repenser le concept alors pourquoi ne pas peindre les éthiopiens en bleu, « c’est quand même plus gai comme ça, c’est plus frais », cela intéressera plus de monde et puisqu’on y est, pourquoi ne pas introduire les cours d'alphabétisaschtroumpf avec ces éthiopiens peints en bleu. C’est ainsi pour toutes les histoires, il dissèque une situation et il en retire
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l’essence pour démontrer combien l’humain a tort de se prendre au sérieux. Il le fait grâce à ses dessins caricaturaux et à ses textes qui s’harmonisent parfaitement. Dans cet album, il amplifie particulièrement les sensations cyniques et parfois violentes quoique adoucies par le burlesque. Mais comme l’a dit l’auteur dans une interview accordée en janvier 2008 à Matthieu Laviolette-Slanka pour Evene.fr lors du festival d’Angoulême, « Je suis un peu hybride. J’aime bien l’art, mais j’aime aussi l’aspect charcutier de la vie, son aspect organique. J’essaie de faire un trait d’union entre l’art et la cochonnaille. ». Et effectivement, cet album est très corsé, très expressifs et s’articule constamment aux frontières de la vulgarité. Les thèmes qu’il choisit sont des scènes de la vie courante dans toute leur bassesse. Ce sont des thèmes d’actualité qui interpellent par la façon burlesque avec laquelle ils sont racontés. Pour ceux qui ne connaissent pas cette BD, les éditions Le Lombard nous donnent l’opportunité de le découvrir et pour ceux qui le connaissent déjà, voilà une belle occasion de le revoir et le relire. On aime ou on n’aime pas mais ce qui est garanti c’est qu’on ne reste pas indifférents car les dessins sont beaux à force
d’être diaboliquement détaillés et les textes qui les accompagnent sont d’une justesse stupéfiante. Par exemple dans L’eau à la bouche, on voit les personnages s’empiffrer de façon plus vraie que nature et les dialogues sont savoureux à souhait. Une BD pour adulte à conseiller. Noelia Gonzalez
déjà paru
En cette fin d’année, les éditions Le Lombard rééditent 2 bandes dessinées de François Boucq, « La dérisoire effervescence des comprimés » et « La pédagogie du trottoir». Pour « La dérisoire effervescence des comprimés » c’est une réédition de la BD créée en 1991.
La dérisoire effervescence des comprimés de François Boucq Editions Le Lombard 70 p.
Redécouvrez l'humour surréaliste et déjanté de François Boucq à travers ses histoires courtes parues initialement dans la mythique revue « À suivre ».
La pédagogie du trottoir de François Boucq
La critique
Il parle de la religion dans La tentation de sœur Cécile et dans Mea Culpa. Dans ce dernier, il décrit un chômeur alcoolique qui va se confesser avec une arme à la main. Le prêtre lui donne l’absolution et lui inflige la pénitence d’aller boire. Ce petit conte est presque divin d’absurdité et de lecture à double sens. Tout au long de l’album, il passe en revue les aspects de la société comme les forces de l’ordre et leur attitude dans Le rebelle. Les militaires aussi sont largement représentés avec La voie du guerrier, Menace dans le ciel, L’horreur des tranchées et là aussi, la superposition de situations est délirante. Les snobs ne sont pas épargnés non plus, il les mets en scène dans Le péril jaune, avec deux amies d’âge mûr qui se retrouvent en ville et qui décident de passer l’après-midi ensemble pour faire du shopping. Elles se sentent en sécurité grâce au robot défenseur dernier cri qui les accompagne partout jusqu’au moment où...
L’association des dessins et des textes ainsi que les situations décrites sont tout à fait singulières. L’aplomb et le cynisme sont partout, on dirait presque que c’est un règlement de comptes envers une société ultra organisée, qui vise toujours plus de contrôle et qui brime la fantaisie. La pédagogie du trottoir, le 11ème conte de l’album du même titre est absolument loufoque. L’histoire se passe dans une rue d’une ville où une classe déambule avec le professeur. Soudain, le professeur aperçoit une mendiante assise, un écriteau posé devant elle. La maîtresse arrête la classe et demande d’analyser cet écriteau qui s’avère être rempli de fautes, elle décide de lui attribuer la note de 2/20 tout en expliquant que « vous mettre une meilleure note équivaudrait à faire la charité ». Ces situations de la vie quotidienne narrées de façon choquante et qui laisse perplexe sont ici aussi la source d’inspiration de François Boucq. Il les met en scène, les analyse et les dissèque jusqu’à obtenir cet univers bien à lui, où la fantaisie, l’humour et le cynisme ont une grande place. L’absurde vient tout naturellement et spontanément, on n’en est même pas choqué, pour peu, on trouverait la situation logique, dans cette société déshumanisée et sur ordonnée mais si pleine de bêtises. On finit par communier avec ce monde absurde et étrange si bien représenté dans Le janvier 2014
miracle de la vie où les tortues géantes des Galapagos vivent en appartement, et où les pilotes de chasse de Menace dans le ciel sont plus oiseaux qu’humains. François Boucq a le génie de nous rappeler que nous vivons dans un monde où l’être humain ne doit pas se prendre au sérieux ou il se retrouvera dans une de ces situations. A lire absolument pour en rire. Noelia Gonzalez
déjà paru
L’autre réédition, une BD de 1987 s’intitule « La pédagogie du trottoir ». Cette bande dessinée compte aussi 11 histoires courtes et décrit aussi la société sans complaisance. François Boucq le fait grâce aux textes et aux dessins qui sont beaux de laideur, tout en juxtaposant des situations qui renforcent la sensation d’absurde, il le fait tout naturellement, avec aplomb et cynisme.
La pédagogie du trottoir de François Boucq Editions Le Lombard 70 p.
L'inspiration de Francois Boucq a quelque chose de démoniaque. Il se gausse de notre société, disséquant le quotidien avec la précision d'un médecin légiste. Des histoires riches et variées, humour vitriol.
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature Littérature
/ Arts
Sympathy for the devils de Raf Willems
La critique
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Sympathy for the Devils (en référence à la chanson quasi éponyme des Rolling Stones) nous plonge dans le passé de ces petits gars aux pieds en or qui ont décidé de traverser la Manche pour y exercer leur talent. Il ne faut pas se leurrer, ce livre abondamment documenté est destiné aux fans plus qu’au lecteur lambda. En nous relatant les vies de nos footeux, Raf Willems leur donne un côté plus humain et nous fournit également de nombreuses informations sur leur entourage. Outre cela, il est agréable de sortir, une fois n’est pas coutume, ces hommes de leurs godasses à crampons. Vincent Kompany, Simon Mignolet, Marouane Fellaini, Eden Hazard, Kevin Miralas et bien d’autres, vous raconte leur parcours via la plume affutée de l’auteur. Les textes sont admirablement bien retranscrits et les histoires sont agréables à lire. Rien n’y est complexe, ce qui rend la lecture encore plus aisée. Pourtant, il y a deux points qui font un peu défaut à cet ouvrage. Premièrement, alors qu’il est sorti il y a à peine six mois, le livre semble déjà un peu obsolète sous certains aspects. Et pour cause, la carrière relativement courte, les transferts fréquents des joueurs mais aussi le côté éphémère du succès rendent quelques fois les propos tenus comme désuets. Et oui, certaines infos sont déjà dépassées. Pour exemples, Simon Mignolet, Marouane Fellaini et Romelu Lukaku ne sont plus dans les clubs cités dans la préface. Même si ce n’est pas très
dommageable, cela déclasse un peu le livre car certains joueurs ne font plus l’unanimité dans leur club et sont tout doucement sur la sellette. Mais soit... Deuxièmement, et ce point est certainement le bât qui blesse, les vies qui nous sont narrées sont trop courtes pour être mises en exergue. C’est indiscutable, la vie d’un jeune homme de 22 ans n’est pas longue et riche au point de s’y attarder. Certains récits paraissent dès lors un peu lassants par leur côté banal. De fait, on parle ici de l’ascension de footballeurs belges et non pas camerounais, un pays pris en exemple car le parcours aurait été tout Matthieu Matthys autre.
déjà paru
L’univers du football fascinera toujours par son côté populaire mais aussi par son côté people. Ce microcosme interroge à bien des égards car il est le symbole même du paradoxe de la société dans laquelle nous vivons. De fait, alors que ce sport est pratiqué essentiellement par des personnes issues de la classe populaire, c’est aussi celui par lequel le plus d’argent transite quotidiennement. Entre les contrats faramineux des stars du ballon rond et les milliards injectés sans aucune décence par des milliardaires russes ou qataris, le monde du ballon rond à de quoi faire tourner bien des têtes. En Belgique, le football est le sport le plus populaire. Pourtant, on ne peut pas dire que le foot belge ait pu un jour inspirer le monde entier comme ce fût par exemple le cas il y a peu avec le tennis. Mais, à l’aube de la prochaine coupe du monde qui se déroulera au Brésil, un espoir renaît dans les entrailles des supporters des Diables Rouges : redorer le blason d’une nation ayant récemment touché le fond, footbalistiquement parlant. C’est un fait, les joueurs de l’équipe nationale ont le vent en poupe partout en Europe et plus particulièrement en Angleterre où nombre d’entre eux évoluent. Raf Willems, déjà auteur de nombreux bouquins sur le football, nous emmène cette fois-ci à la rencontre de ceux qui sont devenus des stars. Une génération dorée qui entend bien faire trembler les plus grandes nations dans un peu plus de six mois.
Sympathy for the devils de Raf Willems Editions Racine 176 p.
Les footballeurs belges ont la cote en Belgique mais aussi en Angleterre. Ils y font la pluie et le beau temps au sein des plus grands clubs et y sont encensés par les fans et les coaches. Comment expliquer cette invasion ? Par quelle merveilleuse génération spontanée cette levée de Diables Rouges est-elle aussi performante ? Quel est leur secret ? Le talent seulement ?
Pourquoi est-ce un chef d’oeuvre ? 80 photographie expliquées
La critique
Ma curiosité m’a poussé à me plonger dans l’exemplaire consacré à la photographie : Pourquoi est-ce un chef d’œuvre ? - 80 photographies expliquées. Comme le titre l’explique, on a donc une analyse sommaire de chacune des photographies. Jusque-là, pas de surprise, on s’attend même à se dire que ce livre n’est qu’un ouvrage de plus sur le sujet et qu’il n’apporte rien aux connaisseurs. Mais au-delà du contenu, il faut aussi s’intéresser à la manière dont cela a été fait. Et c’est là que Val Williams, l’auteure de ce livre, a su créer quelque chose de différent. En effet, dès les premières pages, on s’aperçoit que ces œuvres n’ont pas été placées de façon chronologiques (comme on le fait ordinairement dans les livres consacrés à l’Histoire de la Photographie), mais que les auteurs
ont choisi de classer les 80 clichés en 10 thèmes. Ainsi, on retrouve le thème du travail, l’Histoire, la beauté, les relations, le quotidien, le foyer, le conflit, l’insolite, le mouvement et enfin l’extérieur. Chacun de ces thèmes sont partagés en sous-genres. Par exemple, dans celui de la beauté, on retrouve la poésie, la courbe, l’autoportrait et bien d’autres. Ce livre se veut un guide pratique dans tous les sens du mot. Ainsi les plus grands noms de la photo ainsi que leur styles propre y sont rassemblés en 224 pages. On retrouve donc Edward Weston et son esthétisme abstrait, André Kertész et son sens aigu de l’observation, Dorothea Lange , Man Ray, Marc Riboud, … On a donc les artistes les plus connus dans un petit livre au format de poche. De plus, après ces superbes photographies, une biographie sommaire de chaque photographe est proposée ainsi que la chronologie de ces œuvres et la liste des principales galeries ayant contribués au développement des artistes dont il est fait mention.
est bien plus important qu’on a tendance à le penser actuellement. Derrière son appareil, le photographe reste le témoin de notre société et de notre époque. Christophe Pauly
déjà paru
En cette fin d’année qui approche, les éditions Eyrolles nous proposent une série d’ouvrages un peu particulière consacrée aux arts plastiques intitulée : Pourquoi est-ce un chef d’œuvre ? Ces ouvrages ont pour particularité de reprendre 80 œuvres qui ont marqué l’Histoire de l’Art dans un domaine bien précis et de les analyser. Grâce à ce livre, le lecteur pourra comprendre pourquoi telle ou telle œuvre a laissé une trace dans la mémoire collective et est entrée dans l’Histoire.
Pourquoi estce un chef d’oeuvre ? de Val Williams Editions Eyrolles 224 p.
L'inspiration de Francois Boucq a quelque chose de démoniaque. Il se gausse de notre société, disséquant le quotidien avec la précision d'un médecin légiste. Des histoires riches et variées, humour vitriol.
Cette série de livres constitue un outil très efficace et ludique pour apprendre la photographie et comprendre la démarche d’un photographe. On remarque ainsi que beaucoup de ces clichés ont influencés les artistes actuels et que le rôle du photographe
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Cinéma / Musique / Scène /
BD
/ Arts
Nouvelle saison pour Michel Vaillant
La critique
La série a été reprise par quatre auteurs, dont le fils de Jean Graton, Philippe Graton. Ce dernier, qui assistait déjà son père au niveau des repérages et de l’édition à l’époque, a en 2012 commencé à écrire de nouveaux scénarios pour une nouvelle saison. Au niveau du scénario, on retrouve aussi Daniel Lapière, et pour les dessins il s’agit de Marc Bourgne et de Benjamin Benéteau. Le premier tome est sorti en novembre 2012, et le deuxième tome vient de sortir ce 8 décembre. La saison est publiée aux éditions Dupuis. Dans cette nouvelle saison, le clan Vaillant est confronté au nouveaux enjeux économiques et stratégiques mondiaux. Il doit faire face aux évolutions de l’industrie automobile. L’entreprise est dans les mains de trois générations : Michel Vaillant, son père, et son fils. Comme toujours, on retrouvera dans ces deux tomes des courses automobiles qui ont faits le succès de la série et qui régaleront les fans de Formule 1 ; mais si les courses automobiles sont un enjeu important pour Michel Vaillant, ce n’est pas la partie la plus importante du scénario. En effet, dans
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cette nouvelle saison, Michel Vaillant et son équipe essayent de trouver des solutions pour garder la marque Vaillante à échelle mondiale. La concurrence est rude sur le marché de l’automobile, et il est nécessaire de trouver de nouvelles façons de se démarquer en tant que marque de voiture de sport. Le scénario est fort construit autour des nouvelles technologies, des enjeux concernant la « voiture de demain ». Dans ces deux tomes, une grande dimension est accordée à la famille, et aux problèmes relationnels auxquels doit faire face Michel. La relation avec son père reste plus professionnelle que familiale, et celle avec son fils adolescent en pleine rébellion contre l’autorité parentale est compliquée. Enfin, l’arrivée d’une certaine femme dans la série ne tardera pas à remuer la relation de couple qu’a Michel avec sa femme. Dans cette nouvelle saison, Michel tentera de battre le record du monde de vitesse avec une voiture qui fonctionne à l’électricité. Ce record est très important pour la publicité que pourrait leur apporter l’évènement pour leur marque. L’histoire s’étale au fil des tomes, et à la fin de chaque tome, les auteurs arrivent toujours à amener une information nouvelle qui donne envie de lire le tome suivant. Le scénario est bien ficelé, et si on a parfois l’impression que les auteurs amènent trop de sous histoires à la fois,
celles-ci finissent toujours par se rejoindre ensemble pour amener à un « climax ». On peut voir une évolution dans les dessins de cette nouvelle saison, comparativement à ceux que l’on retrouvait dans la précédente. Globalement, les dessins sont plus « modernes », à la limite plus proche de la photographie que de la bande dessinée. Les couleurs sont nettement plus appuyées, et la couverture connaît un nouveau design avec une finition mate et non plus brillante. Edouard Jacqmin
déjà paru
La célèbre série de bande dessinée « Michel Vaillant » sort une nouvelle saison. La série, crée en 1957 par Jean Graton, raconte l’histoire d’un pilote de course automobile Français qui court pour la marque « Vaillante » créée par son père.
Michel Vaillant : Tome 2 - Voltage de Graton, Lapière, Benéteau et Bourgne Editions Dupuis 56 p. Interdit de course jusqu'à la fin de la saison après les événements de la course de Portimão, Michel Vaillant traverse une période de doute. Troublé par la détermination de son fils, engagé dans une entreprise qu'il juge incompatible avec les valeurs de la famille, Michel Vaillant décide de relever un nouveau défi : battre le record de vitesse avec une voiture électrique sur le Lac salé de Bonneville, aux États-Unis.
sortie le 10 janvier 2014
Cinéma / Musique / Scène /
/ Arts BD
Achille Talon a 50 ans ! Ce Best-of nous offre les meilleurs gags imaginés par Greg entre 1963 et 1969, alors que son héros n'occupait encore qu'une ou deux planches du journal Pilote. Ce best-of des années soixante nous rappelle les débuts d'Achille Talon. Né en 1963 de l'imagination fertile d'un Greg particulièrement inspiré dans l'art du dialogue et du gag, ce personnage bedonnant, doté d'un petit chapeau et d'une canne, est la caricature du Français moyen : tempérament râleur et verbe facile. Il partage son temps entre son pavillon coquet et la rédaction du journal Pilote pour lequel il est censé travailler en qualité de « héros »... Achille Talon : Le Meilleur des années 60 de Greg Editions Dargaud, 192 p.
Cet album réunit une sélection de gags d'Achille Talon initialement parus dans Pilote ; ce recueil d'humour est complété par un dossier – signé Rodolphe – qui présente plusieurs documents rares. Achille Talon est un classique de la BD d'humour.
et qui ont lu les aventures du petit personnage de Greg. On y retrouve tous les gags qui ont fait le succès de la série. L’album est complété par des pages expliquant l’histoire de la bande dessinée, l’historique du personnage. Ces parties satisferont les vrais amateurs de la série et ceux qui veulent en savoir plus sur le travail qu’il y a derrière la bande dessinée. On ne conseillera certainement pas à une personne n’ayant jamais lu Achille Talon d’acheter cet album. En effet, la bande dessinée pourrait être considérée aujourd’hui comme un peu « vieillotte » par un lecteur contemporain. Les gags qui faisaient rire dans les années soixante ne font certainement plus rire de la même façon aujourd’hui. De plus, la série dépeint l’époque à laquelle elle a été écrite. Un lecteur appartenant aux années 2000 aura du mal à s’identifier au personnage, à rentrer dans l’univers de la bande dessinée. Edouard Jacqmin
Ce best-of s’adresse clairement aux fans d’Achille Talon, aux adultes d’aujourd’hui qui étaient enfants dans les années soixante
Les Cobayes de Caroline Vermalle Editions Dargaud, 90 p.
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Seriez-vous prêt à gober n’importe quelle pilule pour 3500 euros ? Après une première collaboration sur les deux albums « Dieu n’a pas réponse à tout » le duo Benacquista et Barral se reforme pour Les cobayes, une saga policière qui s’annonce excellente et dont le premier tome paraitra à la mi-janvier 2014. Curieux, Le Suricate y a jeté un coup d’œil en avant-première. Ça commence par une petite annonce dans le journal, puis une salle d’attente bondée de candidats et pas mal de tests de médicaux (prise de sang, analyse d’urine, électrocardiogramme)… Bienvenue vous avez été sélectionné par les laboratoires pharmaceutiques Scott-Dumaz pour effectuer les premiers essais cliniques du M2 C2 T. Le deal est simple. Pendant 21 jours les cobayes devront vivre en isolement au rythme de leurs trois prises quotidiennes de ce nouvel anxiolytique plus que prometteur (enfin du moins sur les rats). Le tout pour 3500 euros… Ce deal, Moïra, Romain et Daniel vont l’accepter. Trois antihéros que rien ne prédisposait à vivre ensemble, si ce n’est un même besoin : voir le tiroir-caisse se remplir rapidement. Au fil des jours leurs trajectoires individuelles se dévoilent, tout comme les effets du M2 C2 T. S’agit-il vraiment de la
pilule miracle capable de vaincre leurs angoisses les plus intimes et de leur offrir la vie dont ils rêvent ? Explorant les méandres de l’adage acide popularisé par Oscar Wilde, « Il n'y a que deux tragédies dans la vie : l'une est de ne pas avoir ce que l'on désire ; l'autre est de l'obtenir. », Tonino Benacquista propose une intrigue dense et haletante qui déjoue habilement les attentes du lecteur. On retrouve dans Les cobayes son style caractéristique entre polar psychologique et humour noir qui a fait son succès en littérature (La boîte noire, Les morsures de l’aube, Malavita) comme au cinéma (De battre mon cœur s’est arrêté, Sur mes lèvres). Le trait simple et intense de Nicolas Barral épouse bien cet univers où personne n’est jamais tout à fait innocent. Si l’on peut regretter une mise en page quelque peu conventionnelle, son sens du cadrage donne un véritable relief aux émotions et découpe les gestes sans dénaturer leur dynamisme. À noter que Nicolas Barral signe aussi une mise en couleur particulièrement réussie. L’album Les Cobayes, publié chez Dargaud, est prévu pour le 17 janvier 2014. Alors, ça vous branche une petite pilule du bonheur ?. Alexis Hotton
« Cet album est dédié à mes chats ». C’est ce qui est indiqué en préface de cette bande dessinée. C’est donc une bande dessinée qui raconte la vie d’un chat, ou de plusieurs chats pour être exact. On pourra donc suivre « Tim », « Jeff » ou encore « Cassonade » à travers leurs aventures. La bande dessinée est en noire et blanc et majoritairement composée de dessins, il n’y a pas beaucoup de texte. À première vue, on pourrait penser que l’histoire a été écrite pour un public assez jeune, et qu’elle plaira aux enfants. Il y a beaucoup de mouvements, le chat se retrouve dans des situations marrantes comme dans une caisse en carton, dans un train, accroché à des rideaux, etc. Sugar, ma vie de chat de Serge Baekent Editions Dargaud, 80 p.
La bande dessinée fera certainement rire son public, mais passé la barre des 10 ans, il sera difficile de rire des « gags » mis en place par l’écrivain et dessinateur.
de Fred Editions Dargaud, 54 p.
Pour pouvoir prétendre apprécier cette bande dessinée, il est certainement nécessaire d’avoir un chat, ou du moins de les aimer. C’est un pré-requis. Sans cela, aucune chance de se lier d’affection pour les personnages de l’histoire. Et même si l’on a un chat, on trouvera certainement le sien plus mignon que ceux dessinés pas l’auteur. Au niveau du scénario, on ne voit pas vraiment où l’auteur veut en venir. Ce sont des dessins de chats, oui. Est-ce qu’ils racontent une histoire, non. Edouard Jacqmin
Le problème est qu’alors qu’une bande dessinée racontant la vie d’un chat a comme public quasiment désigné par défaut les enfants, l’auteur y incorpore des scènes de sexe, ce qui éliminent les enfants comme lecteurs potentiels. Ce qui pose donc la Cette nouvelle version dessinée du Journal de Jules Renard, rééditée dans son format original, a tout d’une balade d’hiver pour âmes blessées. Le dessinateur Fred, né Othon Aristidès, a réussi dans les années 80 à saisir le paysage moral de l’auteur de Poil de carotte dont le journal révélait une écriture par essence désenchantée .
Le Journal de Jules Renard
question : à qui s’adresse cette bande dessinée ? Elle n’est pas pour les enfants vu qu’elle contient des images que les enfants ne devraient pas voir à leurs âges, et elle ne fera pas forcement rire un adulte.
Pour cette lecture en images, il a réalisé une fable aux accents mélancoliques. Et puisque Jules est né Renard, Fred a crayonné un corbeau à ses côtés. Mais dans ses planches, l’oiseau au plumage noir ne tient pas un camembert dans son bec ; il est libre de parole et interroge son acolyte quand bon lui semble. Renard et corbeau sont tous deux à égalité et partent pour une promenade hivernale en pleine campagne. La route est parsemée de bons mots et de réflexions tantôt mélancoliques, tantôt cyniques sur les hommes. L’écrivain manie l’art de la litote, il jette aussi un regard amusé et sans complaisance sur ses pairs. Dans une langue ciselée, à la fois tendre et acérée, on le poursuit dans ses errances (« j’aime la solitude même quand je suis seul »). C’est à la demande du quotidien Le Matin, dans les années 80, que Fred décide
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d’illustrer le Journal de Jules Renard (une planche publiée par semaine). A cette époque, selon ses proches, il est à une période clef de son parcours : il traverse une période sombre après avoir décidé de mettre de côté son personnage fétiche, Philémon. En proie à des doutes, Fred a revisité graphiquement les pérégrinations de Renard dans un état d’esprit proche de l’auteur. Son trait simple transpose avec justesse les humeurs de l’écrivain et dépeint bien son intérêt poétique pour la nature. Edité en 1988, en petit format, par Flammarion, l’album ressort cette année dans son format original avec une mise en couleurs réalisée par Dargaud. Cette nouvelle version rend hommage au dessinateur Fred, mort en avril de cette année à l’âge de 82 ans, mais célèbre aussi les 150 ans de naissance de Jules Renard. Un album remarquable qui réunit deux grands artistes à l’esprit un peu misanthrope sur une route constellée d’aphorismes dont le suivant n’est pas le moins beau : « il faut toujours casser la glace qui se reforme dans le cerveau pour l’empêcher de geler ». Marie-Laure Soetart
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature Littérature Thomas est un adolescent comme on en voit beaucoup en ces temps de développement technologique et autres gadgets informatiques, Thomas est un geek. Un geek dans toute sa définition... Plus attentif à sa vie sur WoW ou sur Dofus qu'à ce qui l'entoure, sa vie IRL n'a aucun intérêt jusqu'au jour où son regard croise celui d'Esther. La plus jolie fille de son école qui est aux antipodes de la vie qu'il mène, elle aime les chevaux, la voltige et l'amour courtois. À son plus grand étonnement, Esther s'intéresse à lui et va lui demander de se débrancher totalement de sa vie HD pour preuve de son amour envers elle. Cette histoire va mener Thomas à faire et vivre des choses dont il n'aurait pas soupçonné l'existence. Un amour de geek de Luc Blanvillain Editions Livre de Poche jeunesse, 224 p.
Par le biais d’anecdotes, ce livre retrace l’histoire des films qui ont marqué leur temps. Tout commence avec le film historique italien Cabiria (1914) film muet en noir et blanc, pour terminer en apothéose avec The Artist (2011), film muet en noir et blanc. Un prélude et un épilogue qui se rejoignent comme si le temps était éternel et que le cinéma n’avait pas d’âge.
de Paolo d’Agostini Editions Prisma,
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sortent pas d'un livre de Baudelaire mais ce n'est pas ce qui est recherché par nos petites têtes blondes. De plus, ne vous y trompez pas, un vocabulaire digne d'un geek de 15 ans n'est pas à la portée de tout le monde. Luc Blanvillain nous fait voguer sur différents sujets communs à tout un chacun... Le premier amour rencontré dans la cour de l'école, un couple parental à la dérive, une jeune sœur animée par l'amour des poneys et des histoires à l'eau de rose et un adolescent raide dingue de son écran d'ordinateur. En résumé, la lecture de ce roman est facile mais agréable, détendante et attachante d'autant plus si on est une fille de 14 ans. Maïté Dagnelie
Ce livre de Luc Blanvillain n'est pas son premier essai et sa cible n'est autre que les adolescentes fleurs bleues qui remplissent les bancs de sa classe. Pour notre professeur des écoles, écrire sur la vie d'adolescents est un sujet riche, varié et ô combien accessible. L'écriture de ce roman est adaptée à sa cible tant du point de vue de l'histoire que du vocabulaire choisi. Les mots et les phrases ne
En cette fin d’année 2013, on peut dire que les éditions Prisma ont mis les petits plats dans les grands en nous préparant un véritable petit bijou pour les amateurs de cinéma. Construit comme un almanach séculaire du septième art, ce beau livre consacre les meilleurs films du siècle écoulé.
Un Siècle de cinéma
/ Arts
De fait, c’est ce qu’il ressort de ce livre abondamment illustré. On ressent au travers des textes remplis d’anecdotes et de secrets de tournage que la volonté des auteurs était avant tout de nous présenter le cinéma dans toute sa richesse et sa splendeur. Pas de contenu exhaustif, que du sur mesure. Au fil des pages, on se surprend à apprendre de films méconnus aujourd’hui et pourtant adulés à l’époque. On cherche les anecdotes
croustillantes à raconter lors d’une soirée entre amis ou alors on se complait à trouver des parallèles entre les films d’autrefois et certaines sorties récentes. En nous montrant que le cinéma a évolué au fil du temps, les auteurs nous poussent à devoir également se pencher sur le passé. Et pour cause, peu de films de l’avant-guerre nous parlent. Certains noms connus effleurent notre esprit mais c’est surtout face à l’ignorance que nous faisons face. Quoi de mieux dès lors que de posséder une bible de la sorte pour pouvoir enfin combler nos carences de cinéphiles avisés. La force de cet ouvrage de près de 700 pages est avant tout son côté sélectif qui pourra cependant en rebuter certains. Il est vrai que de nombreux puristes pourront y voir une présélection basée essentiellement sur certains prix de renom (en particulier les Oscar), ce qui efface certaines autres belles productions plus indépendantes ou plus discrètes. Mais quoiqu’il en soit, ce livre reste une belle référence où le texte, très fluide, redonne vie à des images quelques Matthieu Matthys fois surannées.
Bruxelles n'a rien à envier à ses consœurs que sont Paris ou Londres. En termes d'histoire, de passé glorieux, marchand ou festif, cette capitale a de quoi alimenter des pans entiers de bibliothèques. Bruxelles, son histoire et son patrimoine n'a aucun mal à trouver sa place dans les plus fournies d'entre elles.
Bruxelles, son histoire et son patrimoine de Nicolas Carlier Editions Weyrich, 196 p.
Dans cette aventure, le professeur d'histoire Nicolas Carlier est accompagné de deux photographes : Jean-Marie Lecompte et Marc Paygnard. Ensemble, ils font découvrir les grands traits de l'histoire de la capitale belge, tout comme les légendes et les mythes fondateurs, notamment les fameuses sept collines et grandes familles, jusqu'au Plan Manhattan et les politiques de « bruxellisation » qui éventrèrent le cœur de la ville. Contrairement à bon nombre de monographies sur le même sujet, ce livre est très facile d'accès et donne une idée exhaustive de la seule ville réellement bilingue de Belgique. Chaque jalon historique, clairement expliqué, apporte sa pierre à l'édifice pour comprendre la complexité de Bruxelles. Que serait Mons, sans la chanson du Doudou, sans le Car d'Or et le combat épique de Saint-Georges contre le Dragon ? Cette ville est, en effet, associée à ce folklore depuis huit siècles et l'UNESCO a inscrit, en 2005, cet événement en tant que chef d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'Humanité, dans la Liste des géants et dragons processionnels de Belgique et de France. Pour continuer dans les chiffres, plus de deux cent mille personnes circulent dans les étroites rues de la ville le temps du week-end de la Trinité.
La Ducasse rituelle de Mons : La Sainte, le Chevalier et le Dragon Sous la direction de Benoît Kanabus Editions Racine, 242 p.
La Ducasse de Mons se devait donc d'avoir son œuvre de référence pour répondre à des questions comme : « Qui était Sainte Waudru ? Que sait-on de Saint-Georges ? Pourquoi une fête de dédicace à Mons ? D'où vient l'air du Doudou ? Quelle est la symbolique du Dragon ? » C'est à toutes ces questions, et bien d'autres encore, que veut répondre cet ouvrage collectif, sous la direction de Benoît Kanabus. Docteurs en philosophie, en théologie, sciences sociales, sciences bibliques ou anthropologie, licenciés en histoire ou sciences politiques, ingénieurs ou présidents de l'Assocation Sainte-Waudru, de la
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Seule ombre au tableau : des crédits photographiques peu explicites, voire complètement absents. Dans son ensemble, l'iconographie illustre parfaitement les propos de Nicolas Carlier et nous plonge dans les méandres de l'histoire, tout comme dans le sillon des ruelles bruxelloises et du sillage de la Senne. Pourtant, seuls des Bruxellois, ou des touristes très curieux, pourront reconnaître chacun des endroits photographiés, car le manque de détails –qu'ils soient accolés aux légendes ou en annexe – est un obstacle assez difficile à surmonter, pour retrouver chacune des perles de cette ville aux mille visages. Bruxelles, son histoire et son patrimoine est un livre à recommander, à toute personne, de passage ou bien habitant la Région depuis des années. La clarté des explications et la sélection des illustrations font de cet ouvrage un compagnon idéal, pour arpenter les pavés de cette ville-village aux mille ans d'histoire. Adeline Delabre
compagnie montoise des Hallebardiers ou de l'Association Procession du Car d'Or, tous ont participé à la rédaction des multiples chapitres couvrant l'histoire, la Procession, le Combat et les protagonistes de cet événement folklorique. Si la liste des collaborateurs et des contributeurs ne convainc pas les lecteurs de l'exhaustivité de cet ouvrage, les sources et notes, foisonnantes, permettent de prendre mesure de l'ampleur de la tâche, une fois achevée. Par des subdivisions claires et courtes et par les encarts dans les différents chapitres, ou même dans les notes, cette œuvre donne à découvrir tout ce qui fait la Ducasse de Mons, dans sa complexité et son engouement parmi la population montoise. La Ducasse rituelle de Mons est l'ouvrage à consulter - que dis-je ! - à dévorer pour devenir incollable sur cet événement et pour pouvoir entonner, en cœur avec tous les Montois, : C'est l'doudou c'est l'mama C'est l'poupée, poupée, poupée C'est l'doudou, c'est l'mama C'est l'poupée Saint Georg' qui va Adeline Delabre
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La collection de National Geographic continue son relooking avec un format agrandi et des nouvelles couvertures. Une véritable bible visuelle, un ouvrage de référence, précis et complet, l’impression de détenir toute l’Histoire du Monde, si facilement accessible, dans le creux de sa main ! Huit chapitres parcourent les grandes périodes, de la préhistoire à nos jours, chacun d’entre eux comprenant une frise chronologique et des encadrés thématiques. Des photos et des illustrations mettent en lumière le texte et permettent de visualiser les évènements et les personnages les plus marquants.
La collection de National Geographic continue son relooking avec un format agrandi et des nouvelles couvertures. Véritable bible visuelle, c’est un ouvrage de référence, précis et complet, qui donne l’impression de détenir toute l’Histoire de la Bible, si facilement accessible, dans le creux de sa main ! Ce livre couvre l’histoire de l’architecture depuis la Préhistoire jusqu’à aujourd’hui et lève le mystère sur les grandes prouesses techniques. Cet ouvrage est un outil indispensable pour comprendre et mieux connaître l’architecture religieuse, l’urbanisme, l’habitat, ainsi que les plus fous, sous oublier les artistes qui ont collaboré avec les architectes : peintres, sculpteurs, paysagistes…
Fauché Gourmand : petit budget, timing serré, équipement minimal et produits frais
La critique
Il est, en effet, très rare de trouver un livre de cuisine avec une couverture aussi austère et un tel choix dans la typographie, comme dans les couleurs. Pourtant, à le feuilleter, l'on découvre des photos alléchantes, donnant envie de s'arrêter sur les astuces, pour découvrir les coups de pouce de l'auteure, mais, et c'est là le plus important, sur le contenu des recettes. Finalement, sans s'en rendre compte, l'on se prend à dévorer ce livre de recettes, pour toutes les idées dont il regorge, et pour la créativité dont il fait preuve. Contrairement à ces cousins, l'on ne trouvera pas de prix de revient accolé à la liste des ingrédients, mais plutôt des tours de mains et des astuces bien pensées qui font du bien aux estomacs et, surtout, aux portefeuilles des bourses plates et autres budgets très serrés. Outre sa mise en page très aérée et son design si reconnaissable, l'on découvre, en annexe, une table des recettes, toutes en images, qui donnent, en un coup d'œil, l'eau à la bouche et envie d'essayer chacune des recettes proposées.
L'auteure a vraiment pensé à tout puisque la foison de petits trucs et astuces permet aux fauchés de s'équiper pour peu de frais et de réaliser la multitude de recettes « en deux coups de cuiller à pot » ! Jamais, personne n'a mieux pris, au pied de la lettre, cette expression que Sylvia Gabet, au vu de la liste de courses, tant en petits ustensiles qu'en produits de réserve de première nécessité. Elle réussit le tour de force de donner envie aux néophytes de se mettre aux fourneaux, mais, également, aux cuisiniers du dimanche de s'améliorer et de proposer des Brunchs et des Révisions collectives stimulant les papilles, même si le chapitre Fête à la baraque (recettes pour dix personnes ou plus) aurait pu être plus étoffé. Quelques recettes, comme le filet de poisson blanc sauce piquante et fondue de poireaux ou le poisson en papillote de légumes et en entrée, la roquette avec ses œufs, tomates confites et artichauts, ne seraient pas en reste sur les tables des dîners familiaux les plus copieux, sans oublier des desserts aussi bons que des poires au miel et aux épices, des panna cotta à la cardamone, kiwi et gelée multivitamines, et, cerise sur le gâteau, des profiteroles « C'est toi qui les as faites ? » . L’auteure pense même à l’après-repas familial avec son chapitre Pause tendresse où la tisane anti-g... de bois
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et le smoothie détox tiennent le haut du pavé. En 80 recettes, plus quelques bonus et recettes de base, Fauché Gourmand se veut le manifeste de la cuisine pour les gastronomes sans le sou, qui n'ont pas envie de passer des heures devant les plaques de cuisson. Après lecture, le pari de la bonne chère, à peu de moyens, est gagné haut la main. Adeline Delabre
déjà paru
Un poing levé, rouge, tenant une fourchette, noire, avec au bout des piques, une tomate : par le choix des couleurs de la couverture, l'auteure, Sylvia Gabet, et les éditions de La Martinière, ont voulu marquer les esprits !
Fauché Gourmand : 80 recettes de Sylvia Gabet Editions de La Martinière 223 p.
Marre du régime riz/spaghetti/ pommes de terre et des surgelés trop chers ! Voici enfin comment improviser des petits plats économiques, rapides et gourmands avec ce que l'on a sous la main !
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