Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Le Suricate N° 30
mensuel
Eté 2014
Magazine
Spécial festival 2014
Du 27 au 29 juin
Le Suricate Magazine a vécu avec passion et sueur le dernier jour du Graspop 2014 avec en tête d'affiche les fondateurs du heavy metal : Black Sabbath. Retour sur ce cru « graspopien ».
graspop Le Graspop, c'est un peu La Mecque des métalleux. Une fois sur place, il se dégage une ambiance que seul ce festival possède, une atmosphère de violence festive et de compréhension mutuelle. En effet, le festival représente un monde à part, un microcosme coupé de la réalité. C'est bien simple, sur la plaine de Dessel durant trois jours par an, le temps s'arrête et fait place à quelque chose de ... différent. Comme tous les ans, c'est donc avec un plaisir non feint que nous retrou-vons cette plaine chérie. D'autant plus que cette année, le Graspop a mis les petits plats dans les grands et s'est doté d'une seconde Main Stage juste à côté de la première. Très pratique afin de limiter au maximum les allées et venues des festivaliers entre les tentes et améliorer l'enchaînement entre les concerts. Ce troisième jour du Graspop était clairement placé sous un signe : celui du retour des vielles légendes. Entre Black Sabbath, Anthrax, Alice In Chains, Soundgarden et Rob Zombie, les papys sont bien présents à cette édition, qu'on se le dise !
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Mais entre ces vétérans sortis tout droit de la crypte du cimetière d'à côté, se glissaient quelques formations plus jeunes, à commencer par Comeback Kid. Le groupe venu tout droit du Canada était présent pour défendre la sortie de son dernier bébé : Die Knowing et l'a fait avec brio. Programmé tôt dans la journée, les cinq coreux menés par un Andrew Neufeld très en verve étaient visi-blement très content d'être là et qui plus est sur une des deux Main Stage du Graspop, une grande première pour eux. Enchaînant quelques titres du très bon nouveau CD (Die Knowing, Wasted Arrows, Should Know Better) et des anciennes chansons toujours aussi savoureuses (Talk is Cheap, False Idols Fall , All in a Year, Broadcasting, Wake The Dead) le groupe a ravi ses fans et s'en est sûrement fait de nouveaux. Grâce à son énergie et à la joie perceptible qu'ils dégageaient, le public ne pouvait que lui donner la réception qu'ils méritaient : celles de princes. Il faudra compter avec eux dans l'avenir. Avant eux, nous avions déjà eu deux amuses bouches sous la forme de Powerman
5000, un groupe de métal américain composé notamment de Michael Cummings, le frère de Rob Zombie et qui a su tirer un maximum du public par une prestation très sympathique. Nous avions aussi eu droit aux ricains de Black Dahlia Murder pour nous dispenser un Death Metal bien gras, du genre de celui qui colle aux cheveux. Malgré un chanteur dont le niveau de charisme approche celui du nouveau bassiste de Slipknot (oui oui, celui qui joue derrière les amplis là), le groupe nous offre une prestation satisfaisante et qui a le mérite de nous mettre en jambe pour le reste de la journée, un chouette petit échauffement avant le début des choses sérieuses en somme. Le sosie de Johnny Depp et Alice au Pays des Merveilles Et quand on parle de choses sérieuses, c'est un set très sérieux que nous a livré Soundgarden en fin de journée. Apparemment galvanisé par la reformation du groupe, Chris Cornell, qui s'était déguisé en Johnny Depp pour l'occasion, a bien réussis à captiver son
audience et réussit son pari de livrer un set rock dans un festival de pur metal, la performance est à saluer. Trêve de gentillesses, vous voulez de la violence ? Il nous en reste encore un peu en rab avec Suicide Silence. À l'approche du concert on se dit « tiens, un groupe avec deux chanteurs, sympa ! ». Mais non, tout faux. Car les californiens n'ont bien qu'un seul et unique hurleur pour satisfaire nos tympans délicats mais quel hurleur ! Hernan Hermida, ancien membre de All Shall Perish, nous livre une prestation remarquable de justesse et de puissance et le groupe nous donne la prestation la plus violente de ce festival, on en redemande. À l'opposé de ce déchaînement de cris et de borborygmes gutturaux, se trouve la prestation tout en classe d'Alice In Chains.
Très loin de la polémique qui avait entouré l'engagement de William DuVall à l'époque, les petits génies de Seattle ont tout simplement réussi à bluffer tout le monde, nous offrant un des meilleurs show de cette journée. D'une maîtrise parfaite, le groupe revisite son passé et nous gratifie aussi de plusieurs titres du dernier album : The Devil Put Dinosaurs Here. De Them Bones à Rooster un chose est sûre, on a pris notre pied. Et pourvu que ça continue. « Ouais, mais Bring Me The Horizon c'est que un groupe d'émos ! » Quand à parler de groupe mythique, comment passer à côté d'Anthrax ? Le groupe le plus honteusement méconnu du Big Four (Metallica, Megadeth, Slayer, Anthrax) est devenu un habitué de la Belgique et s'y produit toujours avec plaisir. Et c'est avec une
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énergie débordante et une joie qui fait plaisir à voir que la bande à Scott Ian s'est démenée durant près d'une heure pour nous fournir un show d'une générosité incroyable. À l'image de Joey Belladonna haranguant le public avec un sourire jusqu'aux oreilles, ils se sont fait plaisir et nous ont même donné une petite reprise d'AC/DC avec un TNT repris par toute l'assemblée. God bless trash metal ! Bien loin de toutes ces vieilleries, la moyenne d'âge avait bien diminué pour l'entrée en piste de Bring Me The Horizon. Certainement un des groupes les plus controversés du festival, BMTH (pour les intimes) déchaîne les passions pour son style musical et ses orientations très peu « underground ». Le dernier album Sempiternal a encore
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rajouté un peu de whisky sur le feu de par ses influences parfois electro et post hardcore bien loin des cris de goret que le groupe nous livrait jadis. Mais dès la venue sur scène d'Oli Sykes, chemise de bûcheron posée sur son corps maigrichon remplis de tatouages, merde, c'était bon ! Alors bien sûr, le groupe a le même public que Justin Bieber, d'accord, le chaos des concerts d'antan nous manque, c'est un fait, ils auraient dû commencer par Diamonds aren't forever mais ne boudons pas notre plaisir, les british nous ont servi un très bon concert en ce dimanche aprèsmidi. Durant un set composé presque exclusivement de chansons de Sempiternal, seul Chelsea Smile fera office de catharsis pour les coreux venus en quête de violence. Pourtant, on a aimé, on en redemande et on en a un peu honte.
de la bonne musique, ne cherchez plus, Rob Zombie fait ce que l'Antéchrist Superstar faisait mais en mieux. Après son passage de 2011, le roi du metal glauque nous revient accompagné de ses acolytes Piggy D (basse), John 5 (guitare) et Ginger Fish (batterie).
L'ancien guitariste d'Ozzy Osbourne, qui était de passage avec son groupe Black Label Society, fait partie des hommes des cavernes pour lesquels nous n'arrivons plus à distinguer où commence la barbe et où termine les cheveux.
Alors, avec Zombie on sait à quoi s'attendre : un concert plein, entier rempli de paillette, distillé avec passion et dans lequel le groupe va se livrer à 100%. Ce fût une nouvelle fois le cas. Malgré un public clairsemé et pas toujours très réactif, le roi du cinéma d'horreur nous en donne pour notre argent et même encore beaucoup plus.
Quoiqu'il en soit, lui et ses solos étaient très attendus cette année encore. Et à la fin, on ne peut s'empêcher de se demander « tout ça pour ça ? ».
Zakk, why ?
Entre maquillages horrifiques, ballons géants lancés dans le public, bains de foules et set list alléchante, nous ressortons du concert avec un sourire jusqu'aux oreilles. Un parfait mélange de show à l'américaine et de maison hanté de fête foraine. Et ce n'est pas ce gratteux de John 5 qui va nous contredire. Prends ça, Manson !
Si vous aimez les shows haut en couleur et que vous êtes fan de Marilyn Manson du temps où il faisait
Dans la famille des barbus aux longs cheveux, je demande le petit frère. Qui ça ? Mais Zakk Wylde voyons.
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Grâce à Black Label Society, ou plutôt devrait on dire « Zakk Wylde et ses faire-valoirs », nous avons assisté à un show vide de sens, un enchaînement presque mécanique de chansons entrecoupés de solos interminables sur lesquels nous avions plus envie de nous endormir que de nous extasier.
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«Papa, c'est qui Ozzy Osbourne ? » Bien loin des gesticulations de Zakk Wylde, se trouve un royaume de destruction massive d'une efficacité redoutable : le hardcore. Dans ce monde, les rois se nomment sans aucun doute Hatebreed. Habitués du Graspop, le quintet américain nous a donné sans doute le meilleur live de la journée. De l'arrivée sur scène d'un Jamey Jasta heureux comme un gosse à la montée de brutalité qui lui fait suite, les coreux originaires du Connecticut nous ont une fois de plus impressionné. Variant subtilement leur set list entre des nouveaux morceaux (quatre chansons du dernier album The Divinity of Purpose) et des grands classiques, ils nous en ont encore mis plein les yeux ou plutôt plein la face. Car Jamey Jasta n'a pas son pareil pour parvenir à chauffer une foule, à la faire sauter, pogoter, faire quelques circle pit ou mosh bien sentis. Bref, Disneyland pour les métalleux et fans de hardcore. Le groupe nous finit enfin avec un enchaînement Never Let it Die, This is Now, I will be heard et Destroy Everything dont personne ne ressort indemne. Les blessés se comptent par
milliers, les cadavres jonchent le sol. Hatebreed quoi. Et pour terminer la journée me direzvous ? Et bien pour finir, on l'espère, en beauté nous avions le privilège de pouvoir assister à un show de Black Sabbath, les fondateurs du heavy metal, rien que ça. Alors bien sûr, suite aux multiples déboires du prince des ténèbres Ozzy Osbourne, c'est avec suspicion que nous nous rendons à ce concert mais tout de même remplis d'espoir. Et soudain, la magie opère. Les quatre légendes vivantes, ou du moins en apparence, commencent le concert par un tonitruant War Pigs qui nous renvoie aux prémices de cette musique que l'on aime tant. On se retrouve alors transporté par la voix et les gesticulations d'Ozzy Osbourne, les solos magistraux de Tony Iommi, les beats dévastateurs de Tommy Clufetos et le groove de Geezer Butler. La magie perdure encore quelques temps et puis fait place à autre chose : l'ennui. Alors oui, ces musiciens sont tous incroyables et sont impressionnants de maîtrise mais quand on voit Ozzy Osbourne on a l’impression de voir une grand-mère atteint d’Alzheimer se promener. Il va un coup à droite, se ravise, un coup à gauche, se ravise, un coup à droite, et ainsi de suite.
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Finalement, il ne lâche son pied de micro qu'en de rares occasions pour venir communier avec la foule. Quant à Tony Iommi et Geezer Butler, s'ils étaient paraplégiques, on aurait pas vu la différence. Alors oui, nous sommes un peu dur mais qui aime bien châtie bien et consolons nous, ce ne fût tout de même pas un mauvais concert et le rappel qui le clôture a au moins eu le don de nous redonner le sourire. On se quitte en bons amis avec un petit Paranoid de derrière les fagots et tout le monde repart content tandis que les membres de Diablo Blvd tentent de mettre l'ambiance en jouant les DJ's dans une after party improvisée suite au désistement de Megadeth. Comme d'habitude, le Graspop nous aura enchanté, fait râler, fait mal et nous aura cassé la voix. Rendez-vous l'an prochain donc pour, très certainement, le retour d'Iron Maiden à Dessel. Il faut bien qu'ils remplissent leur quota d'une année sur deux de présence au Graspop ceux-là. Olivier Eggermont
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Du 4 au 6 juillet
Du 4 au 6 juillet a eu lieu la 26ème édition des Eurockéennes de Belfort, battant une nouvelle fois des records de fréquentation, et se déroulant comme à l'accoutumée entre orages et boue. Mais qu'importe, quand la musique est bonne ! Les aléas météorologiques n'ont pas l'air d'avoir dérangé les 102 000 festivaliers qui avaient fait le déplacement de la France entière, et même des quatre coins du monde. Les Eurockéennes se sont déroulées en suivant leur évolution : certes beaucoup moins rocks qu'à leur début, mais beaucoup plus éclectiques. La programmation oscillait entre grandes stars fédératrices telles que Stromae ou Gaëtan Roussel, et groupes émergents, puisqu'un tiers des artistes programmés n'ont pas encore fait d'albums. C'est probablement la présence de stars très connues qui ont fait que cette édition 2014 était complète longtemps avant d'avoir lieu, attirant un public jeune comme moins jeune, parmi lesquels des gens qui n'ont jamais fréquenté les festivals. Mais c'était aussi l'occasion de bonnes découvertes ! Retour sur ce festival boueux mais non moins parfait :
eurockéennes de belfort
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Vendredi 4 juillet, avant, pendant et après la pluie, le beau temps !
électro, rock et pop tout en mettant le feu.
Mofo Party Plan : belle découverte en cette ouverture de festival, ces quatre garçons plein d'avenir nous proposaient un « putain de bon plan de soirée » ! En trente minutes de show, ils ont réussi à mettre les festivaliers directement dans l'ambiance au son de leur musique hybride, mélangeant
Salut c'est cool : un (gros) brin déjantés, ou complètement géniaux, ça dépend des points de vue, les Salut c'est cool ont pris possession de la scène et du public à coups de branches trouvées dans les arbres alentour, de balai et de souffleur à feuilles, tout naturellement. C'est devant ce specta-
cle que les spectateurs amusés se sont demandé où ils arrivaient, puis se sont laissés happer par l'énergie épatante des 5 membres du groupe. The Pixies : Pour leur troisième fois sur la scène des Eurocks, les Pixies semblent n'avoir déçu personne. Interprétant principalement les chansons de leur dernier album, Indy Cindy, ils ont néanmoins remercié leur public avec
Photo: Lilian Ginet
ce qu'il attendait impatiemment depuis le début du concert : le tube Where is my mind, que tout le monde, jeune et moins jeune, a repris en choeur. Stromae : probablement l'artiste le plus attendu du vendredi soir et peutêtre même de l'édition 2014 des Eurocks. On a vite compris pourquoi (si on en doutait encore). Sous une pluie battante très vite oubliée, les yeux et les oreilles se sont régalés ensemble. Le show-man hyper perfectionniste a rendu ce concert magnifique, effaçant même le sentiment d'oppression provoqué par une foule de 30 000 personnes plus que compacte. Très blagueur, Stromae s'est doucement moqué des français et de leur équipe de football éliminée le soir même par l'Allemagne, établissant une connexion avec le public, et présentant un spectacle d'images, de tenues et de sons époustouflants. Chapeau l'artiste !
Détroit : On a changé d'émotions en écoutant Bertrand Cantat, qui a mélangé un peu de Détroit et un peu de Noir Désir réarrangé. Au début froid et langoureux, le chanteur s'est ouvert petit à petit pour communier avec le public. Il nous manquait même quelque chose, mais on ne sait toujours pas quoi. Casseurs Flowters : La soirée s’est terminée dans une ambiance folle ! Les Casseurs Flowters avaient déjà mis le feu dans le TGV Paris-Belfort puisqu'ils y avaient fait un concert quelques heures plus tôt. Ce qui, apparemment, n'a pas entaché leur énergie, car ils ont réussi à faire oublier au public la fraîcheur des vêtements mouillés, en les faisant danser et chanter ensemble des refrains tels que « change de potes » ou « j'ai tendance à bloquer ». Tout est bien qui finit bien (mais trop vite) !
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Photo: D. Allaux
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Photo: Jeremy Cardot
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Samedi 5 juillet, le soleil a rendezvous avec la boue ! D-Bangerz : Artistes de l'Opération Iceberg, les mulhousiens de DBangerz se sont accaparés la Green Room, deuxième scène des Eurockéennes pour 30 minutes de live hip hop survitaminé tout en énergie et en plaisir. Gaëtan Roussel : Pari réussi pour le chanteur de Tarmac et de Louise Attaque : ce concert, c'était le sien, pas celui des nostalgiques de ces groupes. Ce sont ses deux albums solo qu'il a interprété, reprenant aussi des chansons d'Alain Bashung et de Vanessa Paradis (Il y a, qu'il a écrit pour elle). Avec son histoire et son style, il parle à tout le monde, ou presque, c'est donc sans difficultés qu'il a fait chanter le public à tue-tête, même ceux qui ne connaissaient pas ce qu'il fait aujourd'hui. Très bonne ambiance ! Franz Ferdinand : la douce folie du chanteur britannique Alexander Krapanos a séduit les spectateurs, qui se sont exécutés lorsqu'il leur a par exemple demandé de s'asseoir par terre dans la boue (ou sur des bancs pour les chanceux), sans raison apparente. Super live, super énergie, super musique et super communion entre le public et les artistes. En un mot : super.
groupe, et a même fait une battle de drums avec le batteur. On en a pris plein les yeux et les oreilles ! Skrillex : Spectacle incroyable lorsque le DJ est sur scène à bord d'un vaisseau spatial, lançant lasers et fumées. Mais le spectacle ne fait pas tout, encore faut-il ne pas rendre le public sourd afin qu'il puisse continuer d'apprécier son festival le lendemain ! Dimanche 6 juillet, malgré les orages, le public sur un nuage Patrice : En route pour la « sweegae music » de Patrice qui nous a amené un peu de soleil dans le cœur (et dans le ciel). Dans un mélange de reggae, de roots, de soul, le chanteur a interprété ses succès, présenté son dernier album et même fait une reprise de « I like to move it », comme pour remercier son public nombreux malgré le fait qu'il soit encore tôt.
rock'n'roll mais tout aussi bon, place aux cheveux longs et aux tatouages, un mélange de rockabilly et de heavy metal, de quoi rappeler ce qu'étaient les Eurockéennes à leur début ! Robert Plant & the Sensational Space Shifters : pour beaucoup, c'était Le concert à voir ce dimanche. Et pour cause... Sa voix a peut être un peu vieilli mais sa musique n'a pas pris une ride depuis les Led Zeppelin. Il a repris ses tubes et interprété son nouvel album, devant un parterre de fans conquis. Le public envoûté a pu avoir la chance en plus du spectacle sur scène d'admirer un magnifique coucher de soleil au son des riffs connus et attendus de « Whole lotta love ».
Volbeat : Beaucoup plus
Parov Stelar Band : la chanteuse sexy du Parov Stelar Band a envoûté le public avec sa voix féline. A l'accompagner, ce furent deux cuivres, une guitare et une batterie, le tout sur fond d'électro pour faire swinguer les spectateurs qui sont tombés sous le charme, instantanément. Ça nous a fait le même effet ! Shaka Ponk : la soirée a suivi son cours avec un autre des groupes qui a participé aux fermetures des guichets longtemps avant l'ouverture du festival. Venus nombreux pour participer à ce concert, certains ont tout de même été déçus par un son moyen durant le concert. Ce qui n'était pas la faute des artistes, qui ont assuré pendant le show, mélangeant disco et métal, offrant un spectacle sans faille au public, entre autres grâce à Goz, le singe mascotte du groupe, qui apparaissait sur les écrans derrière le Photo: Lilian Ginet
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Photo: Alexis Briot
Photo: Lilian Ginet
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Fauve : Déjà présent lors de l'édition 2013 des Eurockéennes, le collectif Fauve a gravi une scène en 2014. Le Club Loggia était trop petit l'année passée, la Green Room l'était de nouveau cette année si on en croit l'ampleur croissante du public de ce phénomène.
Eurockéennes ce soir là. Ils n'ont pas réussi à captiver le public, qui, un peu déçu de ce show mais surtout triste que l'édition 2014 soit déjà terminée, attend avec empressement celle de l'année prochaine !
Beaucoup d'entre eux portait sur le visage l'emblème de Fauve : ≠ . Très heureux de revenir ce dimanche, comme ils nous l'expliquaient quelques heures avant le concert, ils ont mis le feu en interprétant leurs chansons avec toute la rage et le cœur dont ils font preuve, au plus grand bonheur de leurs fans.
Comme d'habitude, un camping très bien organisé avec entre autres de l'animation, des stands de nourriture, un espace internet et des préservatifs gratuits, et aussi la possibilité de dormir dans des tipis. Les Salut c'est cool y ont même fait un concert le samedi à midi ! Les intermittents du spectacle français venus sensibiliser les festivaliers à leurs problèmes et leur faire se rendre compte que sans eux, le festival n'existerait pas
The Black Keys : la déception pour un grand nombre de festivaliers qui attendaient ce concert avec impatience. Peu d'énergie, on se demande même s'ils étaient contents de jouer aux
Les Eurockéennes 2014, c'était aussi :
leurs faux chevaux à qui ils donnaient des leçons de dressage... hilarant ! Un regard bienveillant posé sur l'accessibilité des personnes à mobilité réduite, avec des espaces aménagés et des équipes dédiées Beaucoup d'autres choses, la liste est longue et elle va encore s'agrandir en 2015 ! Et surtout, des festivalier en or qui ont fait que cette édition 2014 comme les précédentes se passent toujours dans une bonne ambiance. Pauline Vendola
Des artistes de rue parmi lesquels les Horse Men qu traversaient la foule sur
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Pour conclure ce reportage sur les Eurockéennes 2014, nous avons souhaité aller à la rencontre de quelques festivaliers pour leur donner la parole et recueillir leurs impressions sur cette édition:
Fabien, 36 ans, Suisse, enseignant
Olivier, 30 ans, guitariste dans le groupe de rock alternatif Mirabo (www.mirabo.fr/)
Quel concert de ceux que tu as vu aujourd'hui tu as préféré, en attendant les Black Keys qui ne sont pas encore passés ?
Ludovic a 29 ans, il est responsable service à l’urbanisme de Saint Etienne. Qu'est ce qui vous a attiré aux Eurockéennes cette année ? O : C'est Robert (Plant, ndlr) qui m'a attiré. (rires) Non c'était avant tout l'opportunité de passer un bon moment avec mon pote. Après, je voulais voir Détroit, les Pixies, Shaka Ponk et surtout Robert Plant. L : Moi je voulais voir les Black Keys, qui passent ce soir, et Franz Ferdinand, que j'ai vraiment adoré. C'est aussi le côté hyper convivial, on rigole, donc ça va au delà de la musique, c'est un tout. J'étais déjà venu l'année dernière, la programmation était complètement différente, mais pour moi c'est surtout l'état d'esprit qui compte. C'est quoi le concert que vous avez préféré jusqu'à maintenant ? O : Pour le moment, je n'aurais pas mis un billet dessus mais c'est Franz Ferdinand. Il y avait un son de fou, une énergie de fou et on s'est éclatés ! Et je mettrais une petite mention négative pour le son de Shaka Ponk, concert extraordinaire, un show énorme, mais un son assez mauvais de là où on était. Et vous pensez que vous reviendrez ? O : Oui, c'est sûr, il y a une super bonne ambiance, sur le camping on s'est éclatés et je trouve qu'il y a une très bonne mentalité sur le site, on est très bien accueillis, il y a toutes les commodités.
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Tu as fait les trois jours de festival ? Non, je ne suis là qu'aujourd'hui, je voulais voir les Black Keys.
Le premier, Catfish, c'était très bien. Tu viens souvent en festival ? Non, je préfère voir les artistes en salle, parce que les concerts sont de meilleure qualité. Mais je suis déjà venu il y a quinze ans, alors je reviendrai peut être un jour aux Eurocks, je sais pas... Et au niveau de l'ambiance, ça te plait ? C'est super... Il manque un peu de pluie, non ? Alexandre, 26 ans, Lyon, gestionnaire immobilier Tu as l'air d'un habitué du festival, je me trompe ? C'est ma dixième édition des Eurocks, comme d'habitude il pleut un peu mais c'est la tradition. Qu'est ce qu'il fait que tu reviens chaque année depuis dix ans ? Avant tout l'ambiance, c'est très bon enfant. Il y a aussi une bonne programmation. C'est quoi le concert que tu as préféré pendant ces trois jours ? Stromae, sans conteste, comme tout le monde je pense, vraiment une très très grande représentation. Comme toujours, il y a de grands groupes, on a eu Amy Winehouse, Daft Punk, et aujourd'hui c'est Stromae. Tu reviendras l'année prochaine ?
Bien sûr que je reviendrai, même les dix prochaines années ! Fanny, 26 ans, Lyon, orthophoniste Pourquoi tu es venue cette année ? Parce que j'étais disponible, ça fait quatre fois que je viens, et puis il y avait Patrice. Qu'est ce que tu as préféré pendant ces trois jours ? Stromae, c'était vraiment super, l'ambiance, la mise en scène, c'était génial, et Patrice. Et la pluie ça ne t'a pas dérangée plus que ça ? Pas du tout, devant Stromae je n'ai même pas remarqué qu'il pleuvait ! Par contre, même si la pluie ne m'a pas gênée plus que ça, je trouve que c'était mieux quand il y avait un chapiteau à la Green Room. Pauline Vendola
Du 17 au 20 juillet
Une nouvelle édition du festival de musique alternative de Dour vient de se terminer. Sur les chemins dans le village de Dour, dans les gares parfois à l’autre bout de la France, dans les rues, on entend ce, désormais traditionnel, « Doureuh » (ou « Douré », selon l’accent) résonné une dernière fois avant le sommeil. Une édition comme toujours placée sous le signe des découvertes musicales, de la boue ET du soleil, de la course aux toilettes clean, de la malbouffe, des courbatures (pour les vieux de mon âge) mais aussi de l’amuuuur ! Un Dour plein d’amour qui s’exporte au-delà des frontières belges : à Toulouse, Nancy, Paris, Amsterdam, et encore d’autres noms de village inscrit au stiff sur les panneaux d’autostoppeurs (mais je n’ai pas compris le nom en HË estampillé Luxembourg). Revenons sur ces quatre jours d’amour.
dour L’arrivée est toujours laborieuse. Chaque année, j’ai l’impression d’être un mulet dans les montagnes tibétaines. Objectif camping, et puis « on verra ! ». Au final, j’arriverai quand même à voir quelques concerts. Détroit en ouverture sur la Main stage pour ma part ! Je ne sais pas si c’est le voyage, mais je baille. Le groupe interprètera quelques chansons de Noir Désir (« Comme elle vient », « Le vent l’emportera »,…), mais ça ne suffit pas pour me faire décoller. Pourtant force est de constater que les mines sont réjouies et que les bras se balancent. J’entends même les jours qui suivent « mon meilleur concert ». Je regrette, pour ma part, qu’il n’ait pas choisi de faire des versions live de sa musique : les langoureux moments d’instru me gonflent en live. Toutefois, la Main est pleine à craquer. Bertrand a retrouvé son public. The Subs dans la dancehall, c’est des centaines de gens qui lèvent les mains triangulées en l’air. Le groupe joue dans un filet, c’est conceptuel ! On
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aura droit aux incontournables du groupe comme par exemple « The face of the planet ». Mad Caddies fait danser la Cannibal (ndla : la Cannibalstage a changé de place et remplace désormais la Boombox de 2013. Sur le papier, la boombox a fondu avec la Jupiler Marquee de 2013. En vrai, j’ai l’impression qu’elle a été dispersée, bref). Mad Caddies, c’est notre premier coup de cœur : entre le ska, la danse de saloon, la country parfois. Les cuivres, les guitares, les voix et la batterie mettent franchement l’ambiance. Le rappel durera près de 5 minutes complètes, en vain. Bonobo a fait fort pour le premier jeudi du festival : la plaine devant la main est bourrée à craquer (j’ai même envie de dire que c’est à ce concert qu’il y avait le plus de monde même si je vous avouerai que je n’ai pas compté le nombre de personnes présentes ce soir là). Les gens sont agglutinés all over. Impossible de voir la scène où l’on suppose que le DJ anglais exerce.
Il y est accompagné d’une plantureuse chanteuse, Andreya Triana, selon moi, l'égérie du label Ninja Tune, pour lequel Bonobo bosse. A défaut de les apercevoir, on appréciera toutefois l’effort de mise en scène multimédia, et le trip-hop, hip-hop dont l’anglais a le secret. Sinjin Hawke envoie le bois sur la Jupiler. Sinjin c’est de l’électro-rock teintée de dubstep et de drum and bases, et ça à l’air de plutôt faire effet. Impossible de ne pas flancher le genou sur la musique frénétique et marquée du DJ. Des centaines de corps marquent le pas quasi uniformément sur les basses de la musique. C’est envoûtant. Le lendemain, c’est The Feater qui emboite le pas à la petite maison dans la prairie. The Feater, c’est un projet personnel de Thomas Médard, plus connu comme « chanteur de Dan San ». Thomas n’est pas parti seul sur ce projet : ils sont trois, à vue de nez, échappé de la formation « Dan San ». A sept sur scène (clavier, guitare,
Photo: Kmeron
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percu, batterie et basses), les membres du groupe ont trouvé dans cette salle chaussure à leur pied ou en tout cas un formidable public pour « tester » leur premier album « Invisible ». On ne niera pas les filiations entre The Feater et le groupe dont ils se sont détachés : les musiques pop calmes, mélancoliques et introspectives renforcent la comparaison. Kadebostany nous avait fait chanter dans nos chaumières, danser à SaintGilles, et les revoilà sur scène à Dour dans le caniar de l’après-midi. Le groupe ne part jamais sans sa mise en scène, ses deux cuivres, son DJprésident kadébostanien, sa chanteuse et sa guitare, mais pour le coup, le président a fait tomber la veste (il s’en excuse, mais on ne lui en veut pas vraiment). Amina donne tout ce qu’elle a malgré la chaleur, tant et si bien que c’est la syncope qu’elle frôle : rouge pivoine et aux bords des larmes pour l’hymne kadebostanien final, elle semble à bout de forces.
Skip the Use ne doit pas être plus au frais, en plein soleil sur la main à 17h. D’autant que le chanteur français n’est pas réputé pour sa torpeur. De fait, malgré la chaleur, il arpente la scène d’un bout à l’autre, il fait jouer le public (trois pas en avant, trois pas en arrière, on s’assied on se relève,..). Ils interprèteront, pour le plus grand bonheur des fans, les chansons phare Ghost, People in the shadow, Nameless. Epreuve réussie pour les rockeurs français. Notwist c’est une belle découverte électro rock, je dirais même indie électro rock, sinon, « new waves ». La musique n’est pas vraiment novatrice mais le show est agréable, introspectif et planant. On retrouve par moment l’ambiance de The cure. A suivre ! Sidilarsen a la Cannibal prend des allures de Mass Hysteria avec son métal industriel un tantinet teinté d’utopisme « Tant que l’humain s’adresse à l’homme, nous sommes
des milliards contre une élite, impossible qu’ils nous évitent ». Oui, on peut faire du métal et aimer les papillons ! Et à vrai dire, ça marche même assez bien. On souligne également une terrible reprise de Prodidgy « Smack my bitch up ». Musicalement, tout y est… Within Temptation peine a trouvé du public sur la main stage (ils sont par milliers quand même mais c’est peu par rapport à Bonobo !). Pour un vendredi soir, la plaine est dispersée. Et ni l’effort scénographique (des escaliers en guise de podium pour la chanteuse Sharon, deux gigantesques têtes de dragons pour encadrer la structure), ni la petite tenue de la chanteuse néerlandaise ne suffiront à faire rester les gens, qui prêtent une oreille rapide et continuent leur chemin. « Sale temps pour les gothiques » comme dirait l’autre. Atari Teenage Riot c’est ce qu’on appelle dans le langage courtois de la musique et de ses catégories du digital
Photo: Kmeron
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Photo: Nicolas Debacker
hardcore. En vrai de vrai, c’est comme si Sexy sushis avait pris énormément de drogues et que l’ingénieur son s’était enfuis laissant un sourd-muet aux commandes. Inaudible, monstrueusement faux et propagé à 10 kilomètres à la ronde. S’il restait une belette sur la plaine de la machine à feu, elle a certainement fait un arrêt cardiaque. Cela dit, ça fait 10 ans que le groupe travaille de la même manière, et ça fait dix ans qu’ils gardent leur public. Il faut donc supposer que la fraicheur vient du concept : « ON MET TOUT A FOND » ! Mountain bike lance les hostilités du samedi, et quand je dis lancer, c’est un euphémisme. Dans la petite maison dans la prairie, 4 gaillards en maillot de la NBA (Boston Celtics, Chicago Bulls, New York Knicks, et les Charlotte Hornets) et caleçons jouent quelque part entre le garage rock, le surf-rock et la pop, entre les Ramones et Ty Segall. C’est très bon, c’est très frais et punchy ! Stand for truth pour se donner un coup de chaud. Rien d’exceptionnel
dans la musique : du hardcore plutôt classique (enfin pour une oreille novice). Par contre, jumelé ça au public débridé de la Cannibal et le mélange est explosif. Sur les côtés de la salle, on voit une vingtaine de mecs qui dansent poing et pieds jetés comme au Taïbo, mais en beaucoup plus viril ! Le public est exceptionnel cette année, à toute heure, par tous les temps et dans toute les salles l’ambiance est à son comble ! 65daysofstatic a malheureusement perdu son chanteur ! Ah, en fait, il n’y en a pas, me dit-on. C’est un groupe de rock progressif instrumental. Au demeurant, ça passe plutôt bien, mais j’ai toujours eu du mal à comprendre l’instru dans les festivals. Du coup je reste sur ma faim. MLCD n’était pas super en forme en commençant à jouer, mais de fil en aiguille on a réussi à les chauffer un peu. Le chanteur avait un peu perdu sa voix et leur pop langoureuse avait du mal à convaincre. A cinq sur scène, avec trois écrans vidéos, ils interprètent leurs meilleures compositions, et
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puis les plus récentes comme par exemple « Rabbit hale ». Finalement, la formation reprend meilleure mine, et Redboy ira même jusqu’à prendre un petit bain de foule. Cypress Hill était un bon compromis pour attendre Jagwar Ma. Le bon gros rap made in Los Angeles et les morceaux cultes « Insane in te brain, man », « How I could just kill a man » ne sont habituellement pas à mon programme, mais le public est hyper emballé et l’enthousiasme est contagieux. Jagwar Ma, c’est une belle découverte pour ce 26e festival de Dour. Le groupe d’origine australienne verse dans l’électro rock puissant, psychédélique et nébuleux. Au début, les voix passent mal, le chanteur passe dans les aigus, et je me demande même s’il n’y a pas des ennuis avec le son. Ils ne sont pas non plus très communicatifs et assez statiques sur scène. Mais quand on prend le pli, c’est très digeste : des riffs enjoués et des revirements hypnotiques à faire tourner la tête ! J’en reprendrai encore !
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Maximo Park c’était mon coup de cœur de la soirée. Le leader charismatique, Paul Smith, de son petit nom, arpente la scène de long en large avec son micro et son chapeau vissé sur tête (impossible de savoir s’il a des cheveux, par ailleurs). Avec le reste du groupe, ils envoient de l’excellent rock, post-punk dans le genre des Franz Ferdinand. L’affiche de l’homme en noir et blanc sur fond rouge a également monopolisé mon attention une partie de la soirée : pourquoi se rase-t-il la langue ? Moaning Cities fût la « révélation 2014 à Dour » de l’avis général. A cinq sur scènes (2,5 guitares, 0,5 cithare, une basse et une batterie), ils ont fait l’unanimité dès l’ouverture, ce dimanche midi. L’attitude et les rouflaquettes du chanteur qui colle son nez contre le micro m’évoquent un milliard d’autres mecs du genre, mais la voix est charismatique et l’expertise est indéniable. Le groupe n’est pourtant pas super dynamique (la bassiste esquisse toutefois quelque mouvements déhanchés élégants) mais ça fonctionne parfaitement avec le genre rock psychédélique qu’ils interprètent. Le guitariste un peu fou se révèle en fait être un cithariste hors pair ! Et cette cithare donne un peu plus de profondeur encore aux morceaux. Ces petites touches exotiques évoquent un trip chamanique, un trip à l’opium dans une caravane du désert,... Et comme s’ils avaient, dans un langage mystique invoquer la pluie, un rideau d’eau s’abat sur la plaine. Juste deux minutes, le temps d’arroser suffisamment les légumes du potager, et coller un bon paquet de boue sur les pieds. Dalton Telegramme ouvre la main stage dehors. Il ne pleut plus, mais il faut du temps pour que dans le public, les rangs se resserrent. Dalton Telegramme, c’est un groupe de country ardenno-liégeois, fan de Lucky Lucke. Pluridisciplinaires, ils jonglent avec les plus improbables instruments sur scènes : banjo, contrebasse, guimbarde, cuillère en bois, boite de conserves, flute à bec, yukulélé,... Avec beaucoup d’humour et un petit che-
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veux sur la langue, le chanteur interprète « Baby face Nelson », « J’ai laissé devant ta porte », « Tequila », « J’ai tout mangé, j’ai tout bu », « Quand Sali s’allonge »,... Et Ô combien curieux mais au demeurant pas dégueulasse, le chanteur reprend deux vieux titres de R’N’B français (une femme like you et en bas de chez toi) qu’il fond en une seule chanson. Les paroles sont toujours aussi nazes, mais le rythme est enthousiasmant ! Une chose est sûre, ils ont l’air de s’amuser sur scène. Deap Vally au commande dans la petite maison dans la prairie. En mode WTF comme à leur habitude, les deux nanas tout droit échappées de « Melrose Place » se défoncent sur scène. La blonde est à la guitare et au chant, bardé d’une tenue léopard. La rousse à la batterie, a, elle aussi, une tenue des plus kitchissimes. Elles envoient, à elles deux, de quoi exploser les tympans des non-avertis : du punkrock bien fait teinté d’érotisme sauvage à la Courtney Coxx. Dub Inc en attendant Breton. C’était un passage obligé, au même titre que Cypress Hill. Le groupe multiplie les références au raggae traditionnels. Ils sont hypers chauds et boutent le feu à la plaine. Dans les rangs serrés près de la scène, ça commence même à sentir la Jamaïque. Breton ce sont des anglais. Je vous assure ! Du rock anglais comme on en fait trop plus trop. Ils ont des allures de Métronomy lorsqu’ils fricotent avec l’électro. Sympathique découverte du dimanche, résolument plus rock que les autres jours, à Dour. King Khan aussi fait partie des nouveaux venus sur mon carnet « découverte ». Il faut voir le type : bariolé dans une combinaison mauve moulante, affublé de plumes sur la tête, relayé dans sa tâche par un enfant… Je ne sais même pas si c’est légal de tringballer des mômes en festoch. Sa voix rappelle celle de James Brown et le style musical, celui des Black Rebel Motorcycle. Les cuivres adoucissent un peu le côté rocku de la chose. A
défaut d’être mon meilleur concert à Dour, il aura au moins eu le mérite de nous faire sourire. Punish Yourself a du bon. Même pour les non-initiés au métal industriel, le show passe. Il faut dire que c’est un groupe qui gagne à être vu. Peinturlurés de la tête au pied en silhouette macabre aux couleurs fluorescentes et accompagnés de danseurs à moitié nus qui se disquent mutuellement le bavoir métallique : ça fait pas mal d’étincelles sur scène et dans les oreilles ! Kaiser Chiefs le groupe de rock anglais indépendant a bien tenu la distance sur la main stage. Coincé entre Orelsan et Phoenix, ils se sont bien défendus sur scène, interprétant bien entendu leur tube « Ruby » histoire de faire péter les cernes sur les visages éprouvés par le long weekend et la chaleur. Un concert sympathique pour clôturer mon Dour. L’an prochain, disait Ponpon, dans le cadre de Mons 2015, le festival va s’étendre sur 5 jours. J’ai comme l’impression que ça sent le défi ! Claire Rigaux
Du 17 au 20 juillet
vieilles charrues A l'arrivée dans Carhaix, point de doute : le festival des vieilles charrues commence bien ce jour. Des milliers de festivaliers la tente sur le dos convergent vers le camping puis vers l'entrée. Deux mois et demi ont suffi aux milliers de bénévoles pour installer en plein champ 4 scènes dont deux très importantes en termes d’infrastructures, et toutes les installations tant de ravitaillement alimentaire que de boissons. Premier concert sur la scène Kerouac, Shantel & Bucovina Club Orkestar. Un mélange savoureux de trompette sur une tonalité quasi Yiddish. Une petite troupe 7 personnes qui mettent dans l'ambiance. Fin du concert, des bouteilles de champagne qu’ils font partager avec la foule déjà massée le long de la scène. Avant d'assister au concert donné par Vanessa Paradis, direction un nouvel espace aménagé sur le site : la scène Grall. C'est Hollisiz qui l'ouvre cette année. Une petite femme blonde avec une voix parlée et rythmée. Un peu de folk
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et pour finir un titre inédit spécifique pour les festivaliers. La scène est moins grande que Glenmor et Kerouac mais cela valait le détour. La première artiste attendue monte sur scène sur Glenmor. Vanessa Paradis, veste rouge, nouvelle coiffure entraîne aux premiers sons de sa voix sur ses tubes du moment (I don't know, Battements de mon coeur). Toujours aussi fine et sensuelle, elle est admirablement secondé par Benjamin Biolay qui alterne tous les instruments (piano, violon,...). Elle rassemble toutes les générations en n'oubliant pas ses premiers tubes comme Joe le taxi qu'elle n'oublie pas de dédier à ses fans venus nombreux. Elle est lancée dans la symbiose avec la foule, chantant et jouant parfois de l'harmonica. Sous un soleil de plomb, même en anglais, elle ravit le public. Changement radical avec Skip The Use où il suffit de se retourner pour directement le suivre. Avec l'énergie débordante et la chaleur, les chanteurs finissent torse nu. Le suivant, Black Keys donnent le ton
pop rock avec des jeux de lumière et un très bon batteur. Leurs tubes sont interprétés dont Say me. Fauve était attendu également en cette première journée. Pas de déception. Haut les coeurs unit le public en transe. Un fond de vengeance dans les chansons. Un bon rap calme dans jour et nuit ou casse-toi ou encore vieux frère : pas trop d'hystérie. Et on en redemande. Un chanteur assez humble devant son public qu'il remercie pour sa fidélité et présence. Dernière grosse affiche de cette journée : Indochine. Rien que le mystère avec un rideau blanc couvrant de haut en bas la scène en dit long sur ce qui nous attend. Un très bon moment entre « Je n'oublie pas, Tu te relèveras pas, Ca fait mal,... » : une belle mise en scène au service de textes emplis d'émotion, des espoirs amoureux (Je ferais tout pour être avec toi). Un hommage à un ancien artiste avec Roi des cons. Plein d'émotion avec J'ai demandé à la lune où Le chanteur est ému que la foule, dès les premières notes, chante.
Fin de la première journée pour 33 000 festivaliers qui en ont eu plein les yeux. Et ça ne fait que commencer. Rendez-vous dans une dizaine d'heures pour la deuxième journée. Deuxième jour. Arrivée au fur et à mesure des 55.000 festivaliers prévus. On commence doucement avec Christine Salem, un peu de blues, beaucoup de traditionnel. Quelques minutes de repos et direction la grande roue : une dizaine de minutes (4 tours) à quelques mètres du sol pour admirer l'étendue du site et le nombre de personnes. Le soleil est au rendezvous en plus ! Retour à Glenmor pour admirer Tinariwen. De vrais touaregs. On ne comprend pas tout mais on est vraiment transporté ailleurs. Changement radical avec Celtic Social Club qui porte bien son nom avec de l'harmonica et une impression des lacs d'écosse dans leur musique. C'est très vivant. Une star au-delà des stars, qui avait du annuler l'an dernier, se présenté sur la grande scène des Charrues : Sir Elton John. Tout de bleu pailleté et avec des chaussures rouges, il s'installe au piano après nous avoir fait découvrir le talent des deux violoncellistes qui excellent avec leur archet ou à la main. On reconnaît le maître incontesté avec Candle in the wind et Live on. Avec Sorry seems to be, on attendait qu'il se détache de son piano et aille saluer la foule, mais il se rattrapera à la fin. Un excellent concert de 2 heures clôturé par A Litte bit funny et I'm still standing. Autre tête d'affiche de la journée : Stromae. Là, c'était majoritairement les enfants de ceux qui admiraient Elton John. Il était très ému dès le début, a rigolé avec la foule sur ses origines belges. Dynamique et souple comme on le connaît, il enchaine les chorégraphies et les tubes repris par une foule, dont beaucoup avaient pris leurs billets pour lui. De Bâtard et Ta fête à V en passant par Cancer (chanson très poignante), Paulo (bien plus légère), Tous les mêmes et Formidable, ces 90 minutes s'achèvent avec Papaoutai et un MERCI affiché
en gros. Le public est en liesse. Dernier moment habituel aux Charrues: le set d'un DJ. Et ce soir, c'est Gesaffelstein. Dommage qu'une averse vienne perturber cela même s'il fait encore 24°C sur le site. 55.000 personnes se retrouveront dès demain pour la poursuite des concerts. En attendant, un peu de repos. Troisième jour: dès l'ouverture des portes, toujours le même nombre de festivaliers : environ 55 000. Le site est noir de monde mais qu'importe, l'ambiance unique qui caractérise ce festival est toujours excellente. Après une brève averse – on n'est pas en
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Bretagne pour rien – et un groupe électro pop Breton qui annonce la couleur, on attend Bertrand Cantat avec Détroit. 13 ans après Noir Désir, Null and void et Horizons sont vraiment la marque du groupe. Et il n'oublie pas Le vent nous portera. Dommage qu'il soit un peu raillé et boycotté. Mais on est là pour la musique, ne l'oublions pas! On change de scène et d'ambiance avec Julien Doré. Il est très ému et fait part de son souvenir d'être venu il y a 5 ans déjà. Enchaînant Viens, Kiss and follow, Quitter Paris ; il se met à descendre de la scène, traverser la foule et aller jusqu'à la régie et y projeter des confettis.
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Les fans sont aux anges, le voir de si près, le toucher. Une heure et demi passe tellement vite. Fin du concert avec plein d'émotion dégagée dans le ciel est bleu et on attendra l’hiver.
marche et Surface en rendant un hommage à Dominique A. Au milieu de la foule, on tente quelques slows sur Comme un boomerang et Le premier jour du reste de ta vie.
Artic Monkey était également attendu pour cette journée avec son rock class, une musique accélérée, des strombinoscopes et des lumières bleues et rouges.
Après avoir admiré le travail des bénévoles sur les stands des restos et des bars et s'y être rassasié, on retourne sur la grande scène pour Lilly Allen. Elle apparaît sur un rythme latino en pancho blanc à frange accompagné d'un shorty.
Fakear et ses sonorités orientales nous changent de climat. Il ne manquerait plus que la plage. Le vendredi c'est DJ ; le samedi c'est Fest-noz. Alors, on ne manque pas de s'immerger dans la culture du pays au son des gavottes et mazurkas et on se fait entrainer dans une ronde très nombreuse sous le chapiteau de Gerwing. Dernier concert de la journée : Chanca Punk. Encore beaucoup de monde et des jeunes cherchant à se faufiler pour être au plus près. On verra pourquoi ! Avec pleins d'effets spéciaux et d'animations et fond de scène avec un singe et des personnages fantastiques et 3D, ce groupe habillé en viking met tout le monde en transe. Les chansons sont rythmées, agréables à entendre, font bouger les corps. Et ils y mettent du leur. Régulièrement sur l'avancée de la scène au milieu du public, ils se déchainent jusqu'à serrer les mains et se jeter dans le public. Dernier jour déjà. Un tout petit peu moins de personnes (que 35 000 personnes!) Le milieu d'après-midi voit l'apparition pour la première fois de Christophe. Toujours aussi à l'aise au piano (droit ou à queue) malgré un visage marqué par les années, il nous enchante de ses tubes parmi Aline, Les mots bleus, Les marionnettes, Comme un interdit ou encore Succès fou. Tel un playboy, c'est Etienne Daho que l'on écoute après. Fier de revenir après 4 ans, il interprète L'homme qui
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Deux choristes l'accompagnent ainsi que 4 danseuses qui elles sont à la limite de maillot de bain, le tout dans des chorégraphies langoureuses. Les chansons passent et le pancho se change en veste puis la laisse en simple bandeau. Un corps bien fait avec une voix bien posée ! Fuck you et 22 font hurler les mâles présents. On entendait que le dimanche était une journée calme. FAUX, c'est plutôt hot ! Miles Kane était excusé pour raison de santé et les BBBrunes ont fait tout de même un carton. Il faut dire que leur tube sont bien ancrés dans les têtes : de Dis moi à 1ère fois en passant par Aficionado, l'heure de show passe à une vitesse grand V. On en aurait voulu un peu plus. Avant le dernier concert, un petit mot du directeur et président du festival pour remercier les bénévoles – au camping, à l'accueil, aux restos, aux bars,... et les intermittents (550) présents sur les 4 jours quasi H24 et les festivaliers qui ont élu le festival, le meilleur d'Europe. Dernier concert de cette édition: Thirty Seconds To Mars. Un peu hippie avec son double triangle et tout de blanc vêtu, les cheveux longs style Jésus, ces chansons telles que Never Forget ou King And Queens sont orchestrées de main de maître avec ballons géants dans le public ou paillettes. A laa fin, il choisit d'inviter certains à monter sur scène. Il termine avec un drapeau breton à la main. Il est déjà 1h du matin, ces 4 jours sont
passés si vite. Fin de cette 23ème édition qui a vraiment satisfait petits et grands et atteint aussi son seuil de rentabilité (les difficultés de l'an dernier sont du passé) : 175.000 entrées payantes et plus de 225.000 personnes sur le site (comptant les invités, la presse, la sécurité et les bénévoles,...) pendant ces 4 jours. Rendez-vous l'année prochaine, même lieu du 16 au 19 juillet 2015. Réservez déjà vos dates ! Olivier Sigman
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Du 1er au 10 août
festival interceltique de Lorient L'un des moments phares de la musique celte commence à Lorient en ce premier jour du mois d'août. Le temps de se poser tranquillement dans l'un des hôtels – à réserver avec plusieurs mois d'avance – ou arriver tranquillement en voiture – et prendre son mal en patience pour arriver à trouver une place de stationnement, on peut profiter en flânant sur le long des quais pas encore noir de monde. Immédiatement, les grands pavillons nous accueillent chaleureusement avec leurs musiques: l'Irlande, dont le pays est à l'honneur cette année mais aussi l'Acadie, très fidèle au FIL. Le village celte est le lieu pour se restaurer. Pour profiter au mieux des animations, on prend le badge officiel qui permet de soutenir ce festival. Il donne accès à une partie du quai la nuit et au fest-noz tous les soirs dans un gymnase pour 3 euros. On croise aussi des artistes de rue dont un spécialiste de diabolo Kum-kum. Et justement, direction le fest-noz qui, jusqu'à 2h du matin entraine dans une ronde de près de 200 personnes jeunes
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et moins jeunes, petits et grands, mince et ceux avec un peu d'embonpoint, bref des personnes qui ne se connaîssent pas mais dansent avec le petit doigt comme seul lien. Très bon enfant ! Le deuxième jour est celui du traditionnel concours de bagadou dans le stade du Moustoir. Les sonneurs des formations de chaque pays breton s'illustrent avec des créations qu'ils présentent devant un jury d'imminents spécialistes de chaque instrument. Et le vainqueur de cette année est celui de Kemper, déjà victorieux l'an passé. Les dernières passent en 2ème catégorie, les premiers de la 2ème catégorie montent eux en 1ère (un peu comme au foot si vous voulez). Les habitants des villes sont venus soutenir leurs bagad et ils le font bien entendre. Certains ont créé leur spectacle autour des 500 ans de la mort d'Anne de Bretagne, du centenaire de la Grande Guerre (Pontivy) ou d'autres autour du feu (Briec), de la modernité (Elven) ou ses montagnes (Vannes).
Chacun se reconnaît à travers la musique mais aussi des costumes étincelants et couleurs portées. Vient le concert de Bernard Lavilliers. S'excusant de n'avoir jamais pu venir malgré les sollicitations, il est ravi d'être ici et commence par Reste un homme. Le public dont certains jeunes sont venus de loin – une étudiante de Poitiers croisée au hasard – ont rendu ce concert sold out. Toujours avec un humour politique, il n'oublie pas entre deux chansons d'envoyer quelques phrases tant sur François Hollande avec Je veux m'enfuir que sur Marine Le Pen avec White. Enchainant Noir et Blanc, Certitude, Je l'aime encore ou On The Road Again (accompagné du biniou), il achève, acclamé, avec Mélody et Vivre Encore. Chaque jour a sa spécificité : le premier dimanche, c'est la Grande Parade des Nations Celtes. Du stade au port de pêche, ce sont 75 groupes de sonneurs et/ou danseurs de toutes traditions celtes : d'Irlande à la Galicie
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en passant par toute la Bretagne et les Asturies en faisant même un détour vers des pays de l'Est. Il y a une communion entre les citoyens de la ville et les citoyens des pays de traditions celtes venus applaudir leurs passages devant la foule. Si le Bagad de Lan Bihoué ouvre, les pompiers clôturent avec entre les deux toutes sortes de couleurs, coiffes, costumes traditionnels et chorégraphies réalisées sur le tracé. A l'issue de ces quatres heures, on se rend au marché Armor Argoat des producteurs bretons et on savoure une véritable glace à la fraise de Plougastel. Direction le port de pêche où sur le chemin une chorale, Les Gabiers d'Artimont, enchaîne les chants marins vêtue de leur marinière. Des bagads présentent ici au public munis du badge les prestations réalisées la veille dans le stade, lors du concours. Puis viennent Samifati et Raymond Lazer qui ont eu une folle idée, soutenue par Red Bull : affronter le Bagad de Lorient. Deux registres totalement différents et cela donne un mélange surprenant mais très agréable. Le public – venu nombreux même si l'electro n'est pas le registre de tous est comblé par ces 25 minutes de prestation inédite qui marquera les artistes présents pour ce duel. Magnifique ! Bluffant ! La journée est riche en événement et ce sont les sonneurs qui défilent oriflamme en tête jusqu'à la mairie. Un peu moins conséquent que la matin, c'est une grande émotion que l'on ressent en entendant jouer et se réunir au même endroit plus de 600 personnes en tenue toutes différentes les unes des autres. Le Président et le Directeur Du FIL remercient les participants et les festivaliers pour leur présence et rappellent leur soutien indéfectible à une réunification de la Bretagne. Une mention est également faite sur la nécessité des intermittents. Au Grand Théâtre, place à une création soutenue par le FIL qui se joue également à guichet fermé : un oratorio pour les 500 ans de la mort de la Duchesse Anne de Bretagne,
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deux fois Reine de France. Du premier livre imprimé en Bretagne, aux évènements joyeux de son accession au Duché puis à sa première lettre ou encore à son mariage et la récupération des droits et privilèges, un conteur et un chanteur sont accompagnés par un orchestre pour narrer et chanter sa vie. Une méticulosité remarquable par la qualité et les textes. A l'espace Marine, Gilles Servat se produit avec Donald, dont il regrette que ce dernier ne soit pas connu en France alors qu'il l'est partout ailleurs. Rappelant sa présence aux anciennes fêtes de cornemuse (ancêtre du FIL). Lundi, un petit tour sur l'un des quais et on découvre entre autres deux auteurs : Dominique Camus qui a rédigé de nombreux ouvrages sur le don et les paroles de guérisseurs et dans un tout autre registre Christian Blanchard, spécialiste reconnu des romans noirs, multiple nominé de festival du roman noir de Cognac. A ne pas lire avant de dormir ! Pour se détendre de ses quatre romans écrits en 2014, il s'amuse avec des petits livres très humoristiques. Je vous les recommande. Le spectacle a l'honneur ce soir est la Nuit de l'Irlande, pays à l'honneur pour cette 44ème édition. Deux groupes avec autant de couleurs sur eux que dans leur rythme et mélodies. Si on ferme les yeux, on est presque transporté autour des lacs. Mardi, après avoir découvert avec modération la cuvée XVII et Kalysie de Kystin et leurs mélanges savoureux entre la pomme et la châtaigne et entre la poire et le gingembre dans deux sevrages récompensés par la CCI, c'est au Grand Théâtre à guichet fermé que Suzanne Vega clôture sa tournée européenne. Dommage qu'elle n'accepte pas que le public puisse prendre une photo souvenir de ce moment. Pour ceux qui ne la connaissent pas, après des chansons calmes qui prêtent à la réflexion mystique et à la spiritualité (Full, Crack, Angel), elle a un effet très folk avec Touch, Black White, Liverpool ou encore Make noise. Souvent seule à la guitare ou quelques fois accompagnée d'un guitariste et exceptionnellement
d'un batteur, elle envoute. Très intéressant et entrainant ! Elle se confie aussi sur ses premières scènes au pied de Pete Seeger. Mercredi, changement total de décor pour le concert Dans l'univers des Bardes où deux groupes se produisent. Le premier est constitué depuis deux ans (50 concerts dont 2 en France) de Cathrin Finch et de Seckou Keita. Entre une harpe celtique bleue et un kora, instrument bizarre venu des lointaines plaines africaines, sans aucune parole mais avec une agilité sur les cordes de ces deux instruments, on assiste à un savant mélange de musiques traditionnelles qui leurs sont propres mais qu'ils jouent en même temps. Un grande complicité est visible entre deux. Pour leur dernier titre, ils chantent et c'est le summum. Peu connus en France, ils le méritent amplement pour ce duo improbable mais qui vous fera découvrir deux cultures musicales et vous laissera sans voix. Le second groupe est indien, assis en tailleur avec des instruments typiques. On arriverait presque en trans sur certains morceaux. Jeudi, on est déjà la moitié du festival. Que cela passe vite. Ce soir, c'est l'une des représentations de la Nuit Interceltique au stade du Moustoir. S'il y a bien un événement caractéristique du FIL, c'est bien cette nuit interceltique. Des représentations quasi tous les soirs dans ce stade du Moustoir, habitués aux rencontres footballistiques du FC Lorient. C'est un soliste irlandais qui ouvre la soirée avec la culture celte cosmopolite. Vient ensuite la très fameux Bagad de Lan Bihoué et les costumes traditionnels d'une ronde. Un rappel de la Première Guerre mondiale est fait avec des textes et des fresques projetés. Un groupe irlandais enflamme avec ses cornemuses et ses danseuses scintillantes de milles feux avec leur numéro de claquette. Puis un pipe band australien et un acadien rappelant l'histoire française de ce peuple. Quel courage, tous ces groupes ont, de jouer sous une pluie battante seulement couvert d'un k-way transparent protégeant leurs costumes et instruments. Les asturies entrent en scène avec leurs gaitas, leur rythme
très soutenu notamment au tambour et leurs danseurs traditionnels. Les highlanders d'écosse avec leurs grandes cornemuses ne laissent personne indifférent à l'air qu'ils entonnent. Après l'entracte, c'est une suite jouée par le Bagad de Lorient puis les galiciens et le pays de galles qui se présentent. Un hommage en choeur est rendu au 116ème régiment de ligne tombé lors de la bataille de la Somme pendant la Première Guerre. Le feu d'artifice en 8 tableaux emprunts de couleurs irlandaises animées par une musique qui met tout en valeur vient clôturer cette soirée. Vendredi, c'est Fest rock. A nouveau, un savant mélange de deux groupes quimpérois : un trio Red Cardell et le Bagad Kemper. Mais avant, la première partie est effectuée par Dixebra, un groupe espagnol déjà venu 7 fois grâce à leur 27 années d'expérience musicale. Si vous aimez les chansons revendicatives et identitaires, ce groupe rock est tout à fait à votre goût. En plus, avec l'énergie débordante qu'ils ont , ils ne restent pas en place : à courir sur la scène, à sauter ou faire des acrobaties. Changement de plateau et c'est le chanteur, le guitariste et le violoniste
de Red Cardell qui entre sur scène. De l'ethno-rock très bon et survolté. Et puis le Bagad qui donne une sonorité et une ambiance survoltée. Ces multiples récidivistes du championnat de bagadou mettent le feu. Un pipe-band irlandais est même convié sur scène pour accompagner ce petit monde. 1H30 de concert pour cette formation qui est née il y a un an lors d'un festival. Ca mérite vraiment le détour. Le CD s'arrache à toute vitesse à l'issue. Samedi, après un passage sur les quais puis la grande admiration des doigts effleurant les cordes des harpes pour le concours qui se déroule, on termine par le concert de clôture dans le stade aménagé pour l'occasion d'un chapiteau en son centre. C'est Lisardo Lombardia, directeur du FIL, qui s'adresse à tous pour les remercier de leur présence. Les Dublin Legend, 4 musiciens de 40 à 60 ans, font immédiatement référence aux premiers groupes s'étant produit au festival de la cornemuse (cf supra). Un duo étonnant nous surprend et laisse sans voix entre le plus jeune et le plus âgé du groupe. Le public tangue les uns aux autres en rythme avec la musique. Quel beau moment d'anthologie. Le
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deuxième groupe n'a rien à voir mais on le sait d'avance. Strypes, 3 jeunes pas tout à fait majeurs pour la plupart, déchainent déjà avec un musique rock effrénée. Des chanteurs qui prennent la pose, grattent les cordes et montrent leurs complicité pour la plus grande satisfaction des plus jeunes dans le public. D'autres sont plus suspects sur ce type de musique tout en sachant le caractère intergénérationnel voulu de ce concert. A recommander. Les prochaines années montreront tout leur potentiel. Dans le public, Pierre et son amie Pauline (21 et 24 ans) sont venus à ce concert pour Strypes et leur énergie. Ils ont réservé ce concert dès avril et ont entrainé leur mère (Laurence 48 ans) qui est séduite par Dublin Legend. Le troisième groupe – acadien – mené par Caroline Savoie bénéficie d'un temps plus court étant donné qu'ils doivent être le lendemain en Acadie pour le congrès mondial de cette province. Elle est étonnante, un peu folk, avec des paroles plus légères. Du même âge que le groupe d'avant, celleci fait preuve d'une voix posée et d'une musique qui accompagne et ne dépasse pas les paroles. Le dernier groupe Salsa Celtica arrive au moment où la pluie s'invite encore dans le stade.
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Vu l'heure et la météo, le stade se vide un peu même si pour les autres, ce style de musique amène à faire quelques pas sur cette pelouse recouverte pour l'occasion. La chanteuse est magnifique, subjuguante avec un voix totalement en adéquation avec ce style hispanique estival. La technicité réalisée pour l'occasion montre que le FIL peut organiser d'autres évènements tout au long de l'année dans ce stade aidé en cela par leurs 1 300 bénévoles.
Le succès populaire est de mise tant par les personnes dans les salles de spectacle (la meilleure billetterie depuis 2011) que sur les quais (au total plus de 750 000 visiteurs et plus de 45 000 badges collector permettant l'accès à certains lieux de festivités). Avantdernier événement, la confédération War'l permet au public lors du Kement tu de découvrir des groupes de certaines villes à travers costumes, musiques et danses traditionnels (Lorient, Clisson, Cesson, Larmor,... ).
Dernier jour des festivités ce dimanche et encore la pluie qui oblige à reporter le départ des 10 miles (16km) de course à pied dans la ville. Et la pluie a même fait rebrousser chemin à de nombreux participants (380 au total).
On termine avec une bière – consommée avec modération – au pavillon irlandais en écoutant la violoniste du groupe Bally Roan puis avec une galette saucisse au fest-noz en achevant par l'embrasement Kenavo an distro.
Vient ensuite la messe en breton dans une église comble.
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Rendez-vous est donné du 7 au 16
août 2015 pour célébrer au même endroit la Cornouaille et l'île de Man. Et nous y serons. Cela vaut le détour, réservez vos dates et hébergements. Olivier Sigman
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Du 2 au 3 août
Quel plaisir pour moi de revenir user mes All Stars, en foulant l'herbe des plaines du plan incliné pour cette nouvelle édition du Festival de Ronquières et ce, après une regrettable année sabbatique. Et c'est à un véritable déluge de festivaliers que j'ai pu assister durant les deux journées de cette troisième édition du Ronquières Festival.
ronquières festival Samedi, 14 heures. C'est sur la scène principale (Tribord) et sous un soleil estival que les bruxellois de Robbing Millions ont inauguré ce festival. Et ce fut une découverte en ce qui me concerne. Leur musique et leurs messages aux festivaliers – encore peu présents à cette heure- égayés par un lancer de «Bisous, Bisous» m'auront surprise et en l’occurrence marquée. Changement de scène, direction Bâbord pour aller découvrir un autre groupe belge originaire cette fois du Brabant Wallon, le trio Yellowstraps. Leur premier album intitulé Pollen aurait été écrit en un mois seulement. Les frères Murenzi et Ludovic Petermann produisent une musique trip-
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hop aux sonorités surprenantes, grâce à l’ajout de quelques entraînantes percussions. S’ensuivit sur la grande scène l’arrivée très acclamée de Yodelice, coiffé de son inséparable chapeau et la guitare à la main. Maxime a réussi à faire chanter les filles - mais aussi les mecs en lançant un petit concours de paroles entre les deux genres. Le chanteur a notamment interprété son tube Sunday with a flu. Yodelice a terminé son remarquable concert en faisant monter sur scène deux drôles d’énergumènes qui s'en sont donnés à cœur joie en faisant les pitres devant la foule en délire. Changement de cap, direction Bâbord pour aller acclamer la sublime Holly-
siz. Si c'était l'heure de la sieste pour certains, la chanteuse - très sexy dans son body rouge et son short en cuir noir - n'a pas pu s'empêcher de «casser la baraque» en enchaînant ses tubes Come Back To Me et Tricky Game ainsi que les titres issus de son premier album intitulé HollySiz, My Name Is. Cécile confiera volontiers au public qu'elle fut heureuse que les festivaliers soient venus cette fois en masse l'écouter car lors d'une précédente expérience de scène en Belgique, les belges l’avaient boudée, préférant regarder un match de foot. Quant à Bastian Baker, paré de ses lunettes noires et de son indispensable guitare, il a interprété quelques uns de ses titres les plus connus notamment ceux issus de son dernier album Too
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Old To Die Young et ce devant une foule - vous vous en doutez - survoltée et majoritairement féminine. Samedi, 19h30. Toujours en tournée, Julien Doré (le gagnant de La Nouvelle Star 2007), s'est lui aussi arrêté à Ronquières 2014. Julien était déjà présent lors de la première édition du festival. D’ailleurs, il ne manquera pas de remercier l'organisation de l'avoir réinvité. Pour son plaisir et le nôtre, Julien a passé en revue une majorité de titres de son dernier album LØVE, offrant au Ronquiérois un Paris Seychelles et un Viborg formidablement interprétés. Julien a encore conquis le cœur des demoiselles en interprétant de manière toujours aussi passion-nante ses titres pop rock ou ses ballades mélancoliques. Que du bonheur…
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C’est au tour de Puggy. Romain, Matthew et Zigy ont assurés comme des bêtes, comme toujours diront certaines. Il est vrai qu’ils auront enthousiasmé un bon nombre de festivaliers qui s'étaient déjà entassés sur le parterre devant la scène et ce bien avant la fin du concert précédent. La performance de Woodkid, le dernier groupe de cette première journée, en a époustouflé plus d'un. Durant près d’une heure et demie, Yoann Lemoine était dans une de ces formes olympiques qu’on lui connait. C’était une petite montée d’adrénaline juste avant d'aller retrouver sa tente ou son lit. En résumé, ce fût pour tous une véritable claque visuelle (écran géant HD) et musicale. Magique. Dimanche, 13h30. C'est sous un ciel gris et nuageux que Ron Pope a débuté la série de concerts. L'on
retiendra surtout une superbe interprétation du titre A Drop In The Ocean. Après les américains, Feel qui est un tout jeune groupe originaire d’Ath nous a donné une bonne dose de vitamines avec son rock alternatif. Le ciel s'étant peu à peu assombri, le parterre devant la scène Bâbord s'est considérablement vidé. Grosse frayeur. Le vent s'est brusquement levé, menaçant de faire des dégâts à la structure de la grande scène. Sécurité oblige, les festivaliers ont été invités par les organisateurs à s'éloigner en reculant de quelques dizaines de mètres à hauteur de la tour. Mais heureusement, plus de peur que de mal! Les School Is Cool sont arrivés survoltés sur la grande scène. Le public a eu droit à trois quart d'heure d'un rock vitaminé et acrobatique.
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Le groupe Intergalactic Lovers a lui aussi été acclamé par la foule. Le groupe néerlandophone a confié avoir apprécié de jouer dans un festival en Wallonie. Pour les découvrir, écoutez Islands et Relay. Cats On Trees, le talentueux duo français a fait sensation sur la petite scène à Bâbord. Avec Nina au piano et au chant et Yohan aux percussions, les toulousains nous ont offert leurs plus beaux morceaux dont le tube Sirens Call, Burn et leur sublime reprise de Mad World. C'est sous la pluie et avec Ben L'Oncle Soul que l'après-midi s'est poursuivie. Et comme on s'en doutait, avec Ben, son orchestre et ses chœurs, « ça a swingué », nous faisant même oublier que nous étions toujours sous la pluie!
Début de soirée, c'est devant une plaine comble que Suarez a pris le relais avec un concert certes pas très innovant, mais l'important c'est que « Qu’est-ce qu’on a aimé ça! ». Marc a fait son show devant un parterre majoritairement féminin. Une jeune fille entièrement recouverte d'un étrange costume vert a même eu la chance de le rejoindre sur scène pour chanter quelques couplets. Ensuite, ce fut au tour du groupe Hooverphonic de faire chanter et même danser les festivaliers. Noémie, toujours aussi charismatique et sublime dans une robe noire courte « so british » avec une coupe à la garçonne, a enchanté les festivaliers venus en couple en reprenant des slows comme Mad About You, Eden et Amalfi. Et comme toute bonne chose a - hélas - une fin, le festival s'est terminée en apothéose avec le tant attendu James
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Blunt. Tout au long de son show, l'artiste est resté fidèle à lui-même: tellement généreux avec le public, souriant et visiblement heureux d’être l’artiste qui clôture le festival. Lors des interviews, les artistes se sont exprimés positivement au sujet de l'accueil, l'organisation, du public. Des artistes comme Puggy, Julien Doré et Cats On Trees étaient particulièrement enchantés de se produire à Ronquières et ils n’ont pas hésité à nous le répéter en coulisses. Vous l’aurez compris, cette nouvelle édition du Ronquières Festival fut une énorme réussite. Et d’ores et déjà, je vous donne rendez-vous l’année prochaine! Céline Poissonnier
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Du 1er au 3 août
Le suricate magazine était au Suikerrock festival à Tirlemont ce vendredi premier août pour y prendre la température. Sous un soleil éclatant, rafraichi par une petite brise, c’est au pied de la grand place et de l’église Notre-Dame au Lac que prend place chaque année le Suikerrock festival. Pendant trois jours, il fait vibrer les pavés de cette cité historique au rythme rock de groupes dont la renommée n’est plus à faire.
Il faut néanmoins avouer qu’une ambiance plus que de sainteté régnait dans cette première partie de concert, malgré les efforts louables du groupe Puggy pour réveiller et faire bouger le public. Hormis un petit conglomérat de connaisseurs venus se délecter de la musique du groupe en connaissance de cause, le reste de la grand place semblait plutôt patiemment attendre, en discutant ou assis par terre, le groupe Simple Minds, tête d’affiche de ce jour d’ouverture du festival. Les applaudissements mous sont toutefois devenus plus enjoués une fois les tubes du dernier album du groupe, To win the world, plus largement connus du public ont été entonnés. Les nombreux intermèdes musicaux présents dans les morceaux joués montrent l’importance de la mélodie pour ce groupe de musiciens aguerris.
A l’affiche cette année : Puggy et notamment Simple Minds pour ce vendredi premier août. L’ambiance y était franchement débonnaire, avec un public de plus de trentenaire venus entre amis boire un verre et écouter de la bonne musique.
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Ils ont par la suite laissé la place aux vedettes de Simple Minds pour lesquels la grand place s’est incontestablement remplie. La foule plus compacte s’est donc densifiée et reboostée pour chantonner les paroles et esquisser des pas de danses sur les tubes du groupe tels que Promised you a miracle ou encore Waterfront.
Le groupe fait une entrée en scène un peu décevante cependant sur Love Song, où la voix du chanteur Jim Kerr ne porte pas et surchante le morceau que l’on entend passer derrière. Une fois la frayeur du playback dissipée avec le deuxième morceau joué, le public a pu saluer et profiter des tubes de ce groupe que l’on peut dire mythique. Un festival rock qui déménage donc, dans une ville à l’ambiance villageoise moyenâgeuse, où le parking est aisé et gratuit. Trois jours de musique actuelle et de légende à tenter ! Déborah Lo Mauro
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Du 8 au 17 août
Le Brussel Summer Festival, pour ceux qui ne nous ont pas suivis l’an dernier, c’est 10 soirées de concerts plein air sur deux sites prestigieux bruxellois : la Place des Palais et le Mont des Arts (pour un total de 3 scènes, 4 en comptant le BIP). Un festival qui transpire le « Made in Belgium » avec ses bonnes bières, sa bonne musique (programmation à 50% belge), son Palais Royal et une vue imprenable sur l’Hôtel de ville de la Grand Place bruxelloise. Evidemment, en dix jours, il y a de quoi faire, du très bon comme du moins bon, ou à perfectionner. Je m’explique:
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The Feather (on vous en parlait à l’occasion de Dour Festival, c’est le projet personnel de Thomas Médard, le liégeois, chanteur de Dan San qui met en scène des musiques pop calmes, mélancoliques et introspectives) ouvrira les festivités ce vendredi 8 août sur la Place des Palais.
M, sautant et susurrant ses tubes comme je dis j’aime qui pourtant n’a pas fait l’unanimité ce soir-là.
soigné (des projections psychédéliques sur grand écran). Le belge est chez lui !
Du côté Mont des Arts, le weekend est consacré à l’électro. Dans les artistes bien connus, on retrouve Aeroplane, Sound of Stereo et Dr Lektroluv.
Ils partagent l’affiche avec des artistes internationaux pas des moins connus ce soir : les français de Skip the Use (pop-punk-rock) qui arpentent nos scènes belges chaque été depuis trois ans presque avec leurs titres Ghost et People in the shadow, Patti Smith (l’artiste britannique a fait tourner bien des têtes avec son titre Because, impossible que vous ne l’ayez jamais entendue !) qui a fait chanter près de 10 000 personnes ce soir-là avec ses titres phares et qui finira son concert à genoux, suppliant le public de ne pas se laisser marcher dessus. Et last but not least, le chanteur parolier français
Pas de quoi vaincre mon agoraphobie en somme, même si 15 000 personnes n’ont pas été du même avis que moi. Les organisateurs saluent d’ailleurs cette Electrocity comme un gros succès. A la bonne heure, pourvu que ça dure !
Après, à être tout à fait honnête, Ozark Henry gagne à rester coltiné aux grandes salles de concerts : ses morceaux, pas vraiment caractérisés par leur dynamisme, lassent les badauds en quête de fièvre du samedi soir, ce qui n’est pas sans irriter les fans en quête de frissons, déconcentrés dans leur tentative d’entrer en symbiose par les 2500 personnes de passage ou de trop. Mais cela n’a eu aucune influence sur le show !
Samedi, c’est Ozark Henry qui tire la couverture à lui tout seul, sur la place des palais. A l’aise avec ses instruments comme dans la vie (pied nus sur scène, le cowboy, pas fou !), il interprète des morceaux du grands crus tels que Intersexual, Rescue, We are incurable romantics, etc. sur un fond
La place est, en somme, bien chauffée pour Suede. Ce groupe de pop-rock anglais, à la pointe du succès fin des années 90, s’est assez peu montré récemment. Pas étonnant que la place ait été prise d’assaut par quelque 10 000 personnes. Ils livreront un show sympathique interprétant évidemment quelque-uns de leur plus
grands single, comme Stay together. Le public était ravi et remuait les lèvres, les bras levés vers le ciel, ponctuant chaque nouveau titre par des cris stridents (c’est effrayant un soir où la lune brille pareillement !) alors que, pour être honnête, personne ne se souvenait vraiment des paroles des chansons. Peu importe, on a tous bien fait semblant ! Dimanche 10 août, c’était sans doute le soir des déchirures et des ruptures dans les couples, amateurs de rock : il fallait choisir entre Texas, le groupe de rock anglais représenté par la tendre figure de Sharleen Spiteri qui a marqué nos premiers pas sur la chaîne musicale MTV ou Channel Zero, l’excellent groupe de heavy metal belge, abonné aux meilleurs festivals
et aux très bonnes prestations. Choix trop cornélien, je m’assieds en boule dans un coin, en attendant que ça passe. Lundi 11 août, jour de la Sainte-Claire, c’est la dernière soirée, place des palais, c’est programme « gros sons qui tuent », ouais ! On commence par se faire saigner les oreilles avec PSY 4 DE LA RIME. Ca doit être mon côté un peu sadomasochiste. En plus, en une heure trente de set, on a dégusté ! Visage de la honte, Crise de nerfs, Les cités d’or,… On a par ailleurs appris que Soprano allait sortir un nouvel album. Je pensais qu’ils vivaient de leurs rentes, ces braves hommes. Mauvaise, que diable ! Vous comprendrez que je ne les porte pas dans mon cœur, mais j’ai près de 6000 bonnes raisons de croire que je suis dans le
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faux. Et puis, comme dit ce fameux dicton wallon (en version méchamment épurée) « chacun ses goûts » ! Coincé entre ses grosses machines du rap, on retrouve Patrice, plus posé avec sa musique empreintes de milles et unes influences, tantôt reggae, roots, acoustique, tantôt soul, hip hop, blues. Le bonhomme est un peu frêle avec son petit short en jeans et son petit bonnet rouge, mais sa voix est délicate. Le deuxième guitariste est affublé en permanence d’un sourire à s’en décrocher la mâchoire et danse énergiquement, abordant même quelques pas suggestif. Tout cela est tellement chaleureux ! Un peu de douceur dans ce monde de brutes ! C’est peu dire, puisqu’ils sont suivis de près par la machine IAM, hyper
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rodée ! Les marseillais ont carbonisé la Place des Palais en deux temps, trois mouvements avec leur titre : Ca vient de la rue, Petit frère, Je danse le Mia, Le coté obscure de la force, Tam-Tam de l’Afrique, L’école du micro d’argent, Comme un Samouraï, … la liste est longue. Une heure et demi de show bien maîtrisé et un public « chaud comme Marseille » ! Mardi 12 sur le Mont des Arts c’est plus difficile. Tuxedomoon est inaudible. D’habitude, je suis plutôt friande de musique expérimentale, underground à base de synthé, mais là c’est irritant. On retrouve tantôt des influences texanes country, tantôt un peu de new wave, tantôt on attrape juste une rage de dent. La soirée s’adoucit un peu avec FRONT 242, des petits belges que l’on pensait morts depuis tout ce temps ! Mais ils sont là ce soir, et bien vivants ! Dans leur costume situé entre l’habit d’éboueur et le costume d’extraterrestre de Jacques Villeret dans la soupe aux choux, ils ont la patate, nos compatriotes. Une preuve encore qu’en matière d’électro indus
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new wave, la Belgique a tout inventé (presque tout, d’accord !). Mercredi 13, tout était réuni pour une petite soirée nostalgique avec Déportivo. Le cadre charmant du Magic Mirrors, le public mûr qui a suivi les débuts des petits français au début des années 2000, et les bons tubes comme Parmi eux, La salade,... Et la bonne ambiance, évidemment. Cela dit, heureuse-ment que le public n’a pas été très difficile, parce que c’était tout de même archi-faux tout ça, tant que Jérôme Coudanne (le chanteur donc) s’en est plusieurs fois excusé. Il faut croire que nos oreilles et notre sens de la justesse ne se sont développés qu’en 2010, ou qu’ils n’avaient plus joué depuis quelques années. Jeudi 14 août, on se remet en mode reggae, hiphop man ! Avec Wild Boar et Bull Brass Band, d’abords, des belges qui mélangent subtilement le hip hop 90’s, le jazz et le funk, tout ça balancé à coup de mégaphone. Ensuite avec Dub Inc, le groupe français entre reggae et hiphop aux
multiples influences y compris aux chants traditionnels magrébins. Gentils toujours, les deux chanteurs filent de bons conseils. Les amis, c’est important, la guerre à Gaza ça craint. Bon si le message est parfois un peu mou, ils ont le mérite de s’engager et de faire shaker le Mont des Arts. La suite était encore bien prometteuse avec notamment Noa Moon, Renan Luce, Cascadeur, et MLCD, mais comme le temps automnal de cette édition du BSF a eu raison de moi, c’est depuis ma fenêtre que j’ai pu continuer à profiter des concerts. Une édition qui se termine sur une note plutôt positive puisque les organisateurs ont parlé d’un record d’affluence avec plus de 125 000 visiteurs cette année. Claire Rigaux
(Photos: Stéphane Kepenne)
Du 21 au 24 août
cabaret vert Toujours plus de monde (et de belges) Le 21 août dernier c'est ouverte la 10ème édition du Cabaret Vert, et pour ses dix ans, l’éco-festival des Ardennes françaises est entrée dans la cour des grands, avec pas moins de 94000 spectateurs sur les quatre de jours et près de 5 millions d’euros de retombées économiques pour Charleville-Mézières. Avec une éthique écologique, des produits régionaux de qualités, des bières provenant de brasseries indépendantes situées à moins de 200km du festival et des styles de musiques très variés, et des prix raisonnables pour tout cela, le Festival a su séduire plus de monde chaque année. Ajoutez à cela Metronomy, -M-, Placebo et Die Antwoord dès le premier jour des festivités et vous obtenez le succès de cette 10ème édition. Pour toute ces raisons ainsi que sa situation géographique, le Cabaret Vert est aussi devenu le plus belge des festivals français, et des bacs de Jupiler se promenant dans le camping aux bières spéciales vendues devant les scènes, en passant par les bénévoles, la belgique y est de plus en plus présente. JOUR 1 - Bêtes de sommes et bêtes de scènes
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Sur la grande scène, la soirée a commencée avec Metronomy, parfait pour mettre les festivaliers dans le bain avant d’attaquer les bêtes de scène avec -M-. Une semaine après son passage au Brussels Summer Festival, c’est à quelques kilomètres de la Belgique que Matthieu Chedid est venu faire l’avant dernier show de sa tournée : autant vous dire que lui et son équipe était à fond. Fidèle à son personnage, toujours a fond, exubérant et virtuose, c’est sans surprises qu’il embarque les foules du Cabaret. Pour être tout à fait franc, je ne sais pas trop quoi vous dire de Placebo sans vexer les plus fans d’entre vous, mais comme c’est mon job… Le rendu sur scène est aussi plat que les enregistrements studio.
artistes conquiert leurs publics est assez impressionnante et assez étrange aussi. De la musique, à leurs têtes, leurs physiques, leurs voix, leurs vidéos, leurs paroles, la multiplicité des langues utilisées, tout chez eux sert l’étrangeté. Et c’est justement ce caractère bizarre, qui devrait être repoussant mais qui en devient attirant et pousse tous les spectateurs à vouloir se taper les membres du groupe. Loin de l’anecdotique, cette dernière phrase est justement la plus parlante, car un concert de Die Antwoord met clairement tout le monde en trans. JOUR 2 - Du rock, du rap et The Prodigy
C’est mou, surfait, et il est difficile de sentir une réelle envie d’être avec nous à cet instant présent. La programmation les ayant placé entre -M- et Die Antwoord, leur fadeur n’en était que plus éclatante.
Dès le deuxième jour, les concerts commencent à partir de 15h, et qui dit après-midi de festival dit session de découverte. On commence d’abord avec Cloud Nothings, trio rock de Cleveland qui livre une musique bien efficace, parfaite pour réveiller les festivaliers dès 16h30, et il faut dire que c’est tôt.
Et puisque que nous y somme, parlons des sud-africains et de l’un des concerts qui restera dans les mémoires de ce Cabaret Vert 2014 : j’ai nommé Die Antwoord. La manière dont ces deux
Bien que ce ne soit pas la révélation du festival, le groupe envoie la dose d’énergie qu’il faut et le batteur tient son rôle à merveille en envoyant régulièrement des grosses phases bien
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rythmées. En parlant de révélation, on enchaine juste après sur la scène les illuminations pour Marmozets. Et là, ça réveille franchement. Les cinq britanniques envoient un rock, tantôt hard, tantôt punk, avec des morceaux à vous réveiller un groupe de spectateurs encore souls de la veille. Avec une présence sur scène incroyable, Betta la leader du groupe et ses quatre comparses nous mettent la première gifle du festival avec leur musique qui prend aux tripes en vous faisant headbanger malgré vous. Petit hommage ému à la batterie qui s’est vu perdre, impuissante et un à un, chacun de ses modules durant le dernier morceau, et ceux pour notre plus grand plaisir. Retour sur la grande scène pour The Struts, vendu principalement avec le charisme du chanteur Luke Spiller. Effectivement, une fois devant le concert, on ne peut que le comparer à des chanteurs tels que Freddie Mercury, Mick Jagger, David Bowie ou Prince
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comme le font sans sourciller ceux qui leur fond des louanges. Le souci est que l’on ne peut pas faire grand-chose de plus en parlant d’eux. Le personnage androgyne, exubérant et égocentrique est éculé et en devient ici fatiguant, d’autant plus qu’au niveau de la musique c’est la même chose. Autant regarder le live de Bowie à Berlin ou ceux des Rolling Stones. Côté hip-hop, sans révolutionner leur genre, The Cool Kids font un rap efficace marqué par un retour aux sources à base de deux très bon flow et d’instrumentales aux basses qui tapent bien dans la tête. Quant aux Casseurs Flowters, composé d’Orelsan et Gringe, aucune surprise malheureusement. Un rap enjoué qui a ravi les spectateurs mais qui reste quand même assez surestimé selon moi. Et si la bêtise des paroles peut être justifiée par le thème de leur concept-album Les Branleurs ces dernières sont parfois vraiment idiotes. Ce qui est particulier avec le groupe dont je vais vous parler maintenant
c’est qu’il est souvent identifier comme LA tête d’affiche des festivals où il passe, mais que ceux qui ont l’habitude de faire des festivals un peu partout les ont déjà vu au moins une fois voire quatre pour les musicofestivaliers les plus assidus. Ce groupe, c’est The Prodigy, et si une chose est sûr, c’est qu’ils mettent toujours le feu pour ceux qui ne les ont jamais vu et que tous les puceaux de Prodigy prennent carrément leur pied. Pour les autres en revanche, ça dépend, mais celui-la n’était certainement pas leur meilleur concert. JOUR 3 - Bonne humeur et son qui tape Une des caractéristiques qui ont fait du Cabaret Vert un événement incontournable et diffèrent des autres en quelques années est probablement son aspect familial et donc convivial, et l’affluence record de cette 10eme édition n’a pas altérée cette atmosphère. Les après-midi au Cabaret Vert sont des moments réellement agréables pour ceux qui ont le courage de braver
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la gueule de bois et la fatigue pour arpenter les scènes avant même qu’il fasse nuit. Cette remarque-ci va d’ailleurs de paire avec le fait que les concerts finissent assez tôt pour un festival (2h30 au plus tard). Qui dit festival dit drogues, tout le monde le sait, et dans certains plus que dans d’autres. Et le Cabaret Vert, pour les raisons que je viens de citer, est un festival de drogues douces, dont la principale est la bière artisanale, il faut bien l’admettre. Ce n’est donc pas un festival d’excités, pas un festival de clubbers, ni un festival de pilules, mais bien un festival vert dans toute sa splendeur, c’est-à-dire tout ce qu’il y a de plus détendu et donc accessibles aux familles également. C’est donc dans cette bonne ambiance que l’on a attaqué ce samedi après-midi avec Findlay, groupe britannique au rock très efficace. Les quatre membres du groupe s’entendent a merveille et prennent autant de plaisir sur scène qu’ils en transmettent aux spectateurs. Je suis d’ailleurs très attristé de voir comment Natalie Findlay, la leader, est vendue comme un produit marketing, pleine de maquillage, seule membre visible dans les clips vidéos, et ces derniers proches de publicités pour parfum. C’est d’ailleurs pour cela que je m’efforce de parler de groupe et non d’une artiste car c’est bien le groupe entier qui permet ce rendu si réussi : à ce sujet, leurs producteurs ferait bien de les voir en concert. Ensuite nous avons eu droit à deux groupes qui mettent la patate et un sourire aux lèvres pour toute la journée. Tout d’abord avec les musi-ciens de Tinariwen, rockeurs Toua-regs qui nous offrent à chaque concert une bonne humeur servie sur un plateau, tout en alternant des phases 100% Blues avec des danses africai-nes, le tout dans un mélange de pleins de style. Et je ne vous parlerais même pas du solo de basse a gros coup de slapping en plein milieu d’une musi-que touareg. On passe d’une scène à l’autre et d’un style à l’autre pour voir Airbourne, grosse référence Hard Rock, notamment pour leurs prestations en festi-vals. Et effectivement, c’est du bon gros Hard-rock des familles, sans surprises et sans déceptions, et qui vous fout une
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patate indescriptibles. Pour faire bref, quatre mecs aux cheveux long devant un mur de vingt-quatre amplis Marshall, une voix aiguë et criarde à la AC/DC, et des solos de guitares à perte de vue. Sans oublier Joel O’Keeffe, perché sur les épaules d’un molosse qui court dans la foule pendant ces cinq minutes de solo de guitare : plus gros fou rire du festival. Fauve ≠ est ce genre de groupe qui agace autant de personnes qu’il en fédère. C’est d’ailleurs afin de pouvoir dire du mal de ce groupe que j’avais écouté leur EP Blizzard il y a quelques mois, mais que j’avais à ma grande surprise écouté en boucle. Me voilà désormais à un concert de Fauve ≠, et c’est encore une excellente surprise. En live, leur musique est clairement plus rock, la voix du chanteur moins adolescente, et leur énergie embarque une grande partie de la foule, et même une partie des moins convaincus au départ. Groupe à suivre de près donc, qui marquera sans aucun doute sa génération, comme l’a fait à une petite échel-le Saez à l’époque, et peut-être même comme l’a fait Noir Désir, si leur musique évolue encore. Autre versant des groupes commerciaux et appréciés des radio : Shaka Ponk. Je ne m’étendrais pas sur ce groupe car je n’ai vu que la moitié de leur concert. Je dirais juste que c’est surfait de la musique au jeu de scène en passant par les « Vous êtes formidables » à la voix forcée et aussi sincère que celle d’un politique à la veille des élections et qu’ils ne trans-mettent aucune émotion. En gros, ce groupe m’énerve et leur succès m’échappe. Pour finir en beauté, je vais vous parler de Salut, c’est cool, que les festivaliers de ce Cabaret Vert ont eu la chance de voir deux fois en deux jours. Ce sont cinq mecs qui cultivent la beauf atti-tude en arborant leurs coupes mulets et leurs survêtements aux couleurs criar-des mais délavées, le tout pour chanter des paroles absurdes sur de la musique techno. Le premier s’est déroulé le vendredi sur la scène Le Temps des Cerises, toute petite scène accueillant habituellement du Raggae Dub et de l’électro pour de longs mix. Concert à petite jauge et en après-midi qui leur a permis de faire leurs tubes chantés tels
que Le Simulateur de pêche et Merci nature. Le lendemain, ce sont les déserteurs de Shaka Ponk qui ont eu l’honneur de vivre ce qui restera selon moi l’un des meilleurs concerts et en tout cas les cinquante minutes les plus efficaces et les plus jouissives de ce festival. Pour leur concert sur la scène Les Illuminations (la plus petite des deux grandes), les membres de Salut c’est cool ont tout misé sur des sons techno qui tabassent, ravissant les festivaliers jusqu'ici en manque d’électro qui remue vraiment. Il est assez difficile d’expliquer comment cela peut fonctionner aussi bien, mais Salut c’est cool a bel et bien retourné le Cabaret Vert, accompagné d’une trentaine de festivaliers dansant avec eux sur scène pendant près de vingt minutes. LE RESTE et l’avenir En plus de tous ces concerts, il y avait aussi Triggerfinger, Editors, The Parov Stelar Band, Jagwar Ma, Kavinski, Thee oh sees, Kaiser Chiefs, Patrice et bien d’autres. Nous n’avons malheureusement pas pu assister au quatrième jour de concerts et ne pouvons pas non plus parler de tous ceux que nous avons vu. Pour moi qui n’en était qu’à mon deuxième Cabaret Vert, la différence avec l’année dernière était visible dès les premières heures du Festival, et j’ai, pour la première fois en tant que festivalier, eu l’impression d’assister à l’explosion (positive) d’un festival. Par exemple, le temps d'attente pour accéder au camping est passé de 15mn à environ trois heures pour les plus sages qui ne doublent pas, et les temps d’attentes aux toilettes, aux buvettes et aux contrôles étaient bien supérieur à l’année dernière. Je ne dis pas cela afin de mettre du négatif dans l’article, mais la question de l’avenir du festival se pose bel et bien à partir de cette année. Le festival doit-il déménager pour s’agrandir ou les organisateurs préféreront-ils conserver l’esprit du Festival en en faisant un événement à réserver à tout prix ? Baptiste Rol
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Le 6 septembre
Dans la cadre romanesque et champêtre du château de Beloeil, les Musicales nous emmènent de bosquet en bosquet nous délecter de dix heures de musique classique, dans le plus bel écrin que ces riches partitions n’auraient pu rêver. Au travers huit scènes répartis dans la parc, organisé en jardin à la française, musiciens et acrobates ravissent petits et grands à chaque instants de l’après-midi. Tout est pensé pour le bien-être du spectateur qui peut, dès 12h et l’ouverture des grilles, se glisse dans le par cet profiter d’un panier pique-nique proposé par le service du festival. Cette pause gastronomique permet d’apprécier d’un premier coup d’œil le
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cadre historique dans lequel se produiront les musiciens, ainsi que d’étudier le programme des concerts de l’aprèsmidi. Malgré la foule présente, les différentes scènes permettent une fluidité du public et les espaces répartis partout dans le parc évitent aux spectateurs de se piétiner. Le parc est organisé en huit scènes, réparties autour de l’étang central. Chaque artiste s’y produit trois fois, afin de laisser la possibilité au public de voir plusieurs artistes sur l’aprèsmidi. La première scène, le bassin vert, laisse le champ libre aux membres de la Chapelle Reine Elisabeth afin de
continuer à s’exercer à jouer devant un public et à se familiariser avec la scène. Se sont alternés un violoncelliste, Ori Epstein, dans un récital d’œuvres de Beethoven en duo avec le pianiste Julien Brocal, avec des chanteurs sur des œuvres et opérettes autour du Danube : Diana Gouglina, Denzil Delaere et Sarah Laulan qui a emporté le public par son enthousiasme et son bagout. Le champs des roses, deuxième scène, a laissé quant à lui la place aux membres de la musique de chambre : Woo Hyung Kim au violon, Lilit Grigoryan au piano et Kacper Nowak au violoncelle, pour un trio passionné et envoûtant.
Christophe Pauly
Le Malibran String Quartet et Irina Lankova ont quant à eux enflammé le parc avec leurs mélodies bohémiennes de Dvoràk. La scène du vivier aux poissons rouges et la bassin des dames ont laissé la place à l’école du cirque de Bruxelles et à la petite école du cirque et de musique pour des animations pour les enfants. La grande scène a permis aux élèves de dernières années du Conservatoire royal de Mons de se produire en premières scènes, avec l’orchestre royal de chambre de Wallonie. Nous avons pu entendre dans des œuvres de Gluck, Doppler et Beethoven la pianiste Pauline Oreins, les flûtistes Min Young Park et Charlotte Brun,
dirigés par Jean-François Chamberlan. L’orchestre National de Belgique a ensuite joué des œuvres de Handel, Haydn, Rossini, Beethoven et Strauss, avec Lev Solodovnikov au violon, Pau Codina au violoncelle et Christopher Warren-Green à la direction. Le cloître offrait pour sa part une évasion autour du jazz et de la musique du monde avec Soledad, groupe formé par un accordéon, un piano, un violon, des percussions et une contrebasse ; ainsi que Philip Catherine et Nicola Andrioli Duo.
Philippe Collard pour Beethoven et Brahms. Saluons le jeu de ce grand pianiste qui a su transporter un public quelque peu indiscipliné jusqu’à l’extase musicale. Entre les partitions qui s’envolent, les feuilles mortes qui atterrissent sur les instruments, la fraicheur et l’humidité du parc, les applaudissements en différé d’une scène à l’autre, rien ne remplace l’expérience d’un après-midi musical au château de Beloeil, que ce soit pour le public que pour les musiciens. Déborah Lo Mauro
Le bassin des dames a fait l’éloge du piano, avec Julien Libeer autour de Bach et de Beethoven, suivi de Jean-
Spécial festival 2014
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