Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Le Suricate N° 24
mensuel
octobre 2013
Magazine
À la une
Rencontre exclusive avec Thomas Fersen
Mais aussi...
20 films à voir Scène sur Sambre Une tonne d’anniversaires
Samantha Bailly Rencontre avec une jeune écrivaine de talent qui présente son dernier livre : A pile ou face
Sommaire
Evènements au Suricate Magazine p. 5 La voix d’une sorcière
Littérature
Cinéma Gibraltar Jimmy P. American Nightmare Riddick La Grande Bellezza Diana Prisoners La Vie d’Adèle 1 & 2 Malavita Turbo Les invincibles/The East 2 Guns/Le Volcan Mr Morgan’s/Au bonheur ogres La tendresse/9 mois ferme T.S. Spivet/Gabrielle Actualités ciné Top 5 des biopic ratés ou pas Musique Rencontre avec Thomas Fersen Scène sur Sambre An Pierlé - Strange ways Avenged Sevenfold - Hail Queensrÿche/Tarja Suicidal Tendencies - 13
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Interview de Carina Rozenfeld Interview de Samantha Bailly Sentinelles du futur/A pile ou face Liberté sans condition/Muette À l’eau de rose La mort dans l’âme Interview de Nathy Le chevalier-vampire Cendrillon me perdra Le sang de dragon 80 tons de bleu/amour naufragé Aime-moi demain/CosmoZ
Au-delà du réel Seaquest X-Files Les Accusés Le Fugitif Lois et Clark Da Vinci Code La caravane de l’étrange Cold Case Johnny Cash
Honteusement oublié par Jean de La Fontaine
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p. 42 p. 43 p. 44 p. 45 p. 46 p. 47 p. 48 p. 49
Happy Birthday Mr Suricate
Cotations Rien à sauver Mauvais Mitigé Bon Très bon Excellent
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octobre 2013
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Le terrier du Suricate
Edito
La voix d’une sorcière Au détour d’une vision, celle de Hansel & Gretel : chasseurs de Sorcières, une idée saugrenue m’est venue à l’esprit. Pourquoi une sorcière parle-telle très doucement avec une voix rauque ? Cette question, vous ne vous l’êtes jamais posée et c’est justement pour cela que vous lisez ces quelques lignes car, en y réfléchissant un peu, il y a peut-être une logique derrière tout cela. Première partie de mon enquête, j’ai sonné à la porte de ma voisine de palier. Du haut de ses 165 ans, il faut avouer qu’elle a une voix rocailleuse, le genre de femme à qui la vie n’a pas fait de cadeau et dont les deux derniers maris sèchent probablement dans le grenier (n’importe quoi, il n’y a pas de grenier dans un appartement, vous entend-je dire). Bref, mon questionnaire fût infructueux. À la question de savoir si elle mangeait les enfants qui passaient dans la rue, elle m’a répondu par la négative. À savoir si elle connaissait une formule magique qui fonctionne, elle m’a répondu sincèrement qu’elle avait maintes et maintes fois utilisé le C22H30N6O4S. Un produit certes bien chimique mais dont la sorcellerie ne s’avère pas fatale… enfin quoique… Bref, j’ai donc tenté d’appeler Jeanne Moreau mais elle était occupée à doubler Hulk dans la prochaine version des Avengers. Pas de chance pour moi ; Je me suis donc tourné vers des élucubrations plus ou moins tangibles qui me permettraient de comprendre un peu mieux le phénomène et pouvoir répondre à cette question existentielle.
Une publication du magazine
Le Suricate © http://ww.lesuricate.org Directeur de la rédaction : Matthieu Matthys Rédacteur en chef : Loïc Smars Directeur section littéraire : Marc Bailly Directeur section musicale : Christophe Pauly Directeur section théâtre : Baptiste Rol
Il en est ressorti ceci : Premièrement, la sorcière de base est vieille, ce qui n’aide pas à obtenir une tonalité des plus parfaites. Ensuite, celleci vit dans une antre (grotte, vieux donjon troué, cabane au milieu des bois avec une cheminée qui fume et un corbeau qui guette, etc). Il faut savoir qu’un endroit confiné où la lumière passe difficilement est propice à une incursion d’humidité dans les murs. Ce qui tend à nous faire croire qu’elle souffre d’une bronchite chronique douloureuse, donc elle parle bas et pas très clairement. Mais un autre aspect de la sorcière interpelle : sa verrue sur le nez. C’est un VPH, un virus très contagieux pouvant se muter en cellule cancéreuse. Pourquoi notre sorcière n’aurait dès lors pas développé des métastases non soignées qui ne la tueront pas puisque c’est une sorcière, mais qui lui donneront irrémédiablement une irradiation de la gorge. Cela expliquerait alors l’acariâtreté de la bonne femme, son rire sarcastique, sa toux chronique et le corbeau (charognard) qui lui rôde autour. Puis, alors que je semblais toucher à mon but et définir le mal dont souffrent les sorcières, on me souffle à l’oreille que les sorcières de Charmed ne parlent pas comme cela et qu’elles n’ont pas de verrue. Ah ouais… pas faux. On en conclura donc qu’il faut distinguer la jolie sorcière de la moche.
Evènements au Suricate Magazine ! Après avoir ouvert les bouteilles pour la première bougie du magazine, on arrive vite au numéro du mois d’octobre. Mois d’anniversaires, de naissances, de mouvements, etc. dans l’équipe. Je tiens d’ailleurs à féliciter Matthieu pour le joyeux évènement qui va avoir lieu d’une heure à l’autre au moment où vous lisez ces lignes. D’un point de vue culturel, le théâtre reprend et vous retrouvez les premières pièces, critiquées sur le tout nouveau site web que l’on a lancé au début du mois de septembre. Le cinéma se taille la part du lion avec pas moins de 20 critiques dans ce numéro et les quelques critiques publiées tous les mardis sur le site web. Je vous souhaite à tous un excellent mois d’octobre culturel et je prépare ma fête d’anniversaire ! Et du côté de chez vous, un joyeux évènement en perspective ?
L.S.
M.M.
Crédits Webmaster : Benjamin Mourlon Secrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre Relation clientèle : redaction@lesuricate.org Régie publicitaire : pub@lesuricate.org
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Ont collaboré à ce numéro : Marylise Dufour, Matthias Mellaerts, Quentin Geudens, Frédéric Livyns, Cécile Marx, Cynthia Tytgat, Léopold Pasquier, Philippe Chapelle, Olivier Eggermont, Véronique De Laet, Inès Bourgeois, Jérémie Piasecki, Jean-François Baus, Ivan Sculier, Emmanuelle Melchior, Marc Van Buggenhout, Christope Corthouts, Emilie Lessire
Octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Cinéma
Gibraltar de Julien Leclercq Inspiré d’une histoire vraie, Gibraltar nous narre l’histoire d’un expatrié français devenu informateur infiltré. Une bonne histoire desservie par certains acteurs en sous-régime.
©Victory Productions
La critique chant à ne pas vouloir ancrer le personnage d’un côté ou de l’autre de la barrière séparant le bien et mal par refus de manichéisme, il en ressort un personnage complètement impalpable, tombant dans une pathétique représentation d’un Benicio Del Toro anticharismatique des mauvais jours (même si le plaisir de la formule est là, je pèse mes mots). Autour de ces trois personnages centraux gravite une multitude de seconds rôles, pertinents à l’évolution de l’histoire, mais qui ne bénéficient que d’une attention minime et qui, n’étant pas dans un film choral mais bien dans un film à la linéarité académique, ne trouvent aucune profondeur. Une superficialité de personnage qui n’arrange probablement pas la qualité des prestations peu convaincantes de Raphaelle Agogué et Mélanie Bernier. Alors que Leclercq maîtrise habilement son sujet d’un point de vue de la réalisation, nous proposant un découpage très posé, loin du « fast-cutting », le scénario de Abdel Raouf Dafri (Mesrine, Un Prophète) manque cruellement de rythme et nous impose quelques longueurs scénaristiques qui peinent à tenir le spectateur en haleine malgré la croissance du suspens qui devrait accompagner les événements de plus en plus dramatiques dans lesquels s’embarque le protagoniste. Le montage très (trop ?) peu dynamique n’est pas davantage soutenu par la bande originale composée par Clinton Shorter. Pour sa deuxième collaboration au 7ème art français (après
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Jappeloup), le compositeur Canadien, bien moins inspiré que pour District 9, n’apporte réellement qu’une plusvalue très ponctuelle, se contentant la plupart du temps de cantonner la partition à un rôle strict d’esthétisme extradiégétique. Bref, Gibraltar, polar dramatique penchant vers le thriller (ou l’inverse), peine à convaincre de bout à bout, souffrant de certaines longueurs évidentes, mais propose cependant une nouvelle prestation impeccable de Gilles Lellouche et offrira sans nul doute une nouvelle courbe de croissance à la notoriété de Tahar Rahim.
Quentin Geudens Gibraltar déjà à lʼaffiche
Inspiré librement des mémoires de Marc Fievet, ancien « aviseur » des douanes françaises, Gibraltar, c’est l’histoire de Marc Duval, expatrié français au célèbre détroit britannique. Devenant informateur afin de régler ses dettes, Duval met les pieds dans un engrenage de trafic de stupéfiants qui ne tarde pas à le dépasser complètement et à menacer sa famille. Projet international au niveau de la production, du casting et, intrinsèquement, du scénario, Gibraltar est le nouveau film de Julien Leclercq (Chrysalis, L’Assaut). Pour son troisième long métrage, le réalisateur français s’offre un casting très hétéroclite réunissant Gilles Lellouche (A bout portant, Les Infidèles), Tahar Rahim (Un Prophète, A perdre la raison) et la star italienne Riccardo Scamarcio (Romanzo criminale, Mon frère est fils unique). Si Gilles Lellouche ne fait aucune fausse note dans son interprétation de Marc Duval, personnage instinctif et quelque peu naïf complètement mené en bateau (n’y voyez pas là un mauvais jeu de mots), et que Tahar Rahim maîtrise totalement son personnage de Redjani Belimane, douanier français et instrument malgré lui, perdu entre son empathie et son devoir patriotique, on ne peut pas en dire autant de Riccardo Scamarcio. Sans contester le talent certain de l’acteur italien, ce dernier hérite d’un personnage flirtant maladroitement entre la caricature du mafieux insensible et le méchant au cœur d’or. Cher-
Thriller de Julien Leclercq Avec Gilles Lellouche, Tahar Rahim
« Toujours mentir. Jamais trahir. » Afin de mettre sa famille à l'abri du besoin, Marc Duval, un français expatrié à Gibraltar, devient agent d'infiltration pour le compte des douanes françaises. De petits trafics en cargaisons troubles, il gagne progressivement la confiance de Claudio Lanfredi, un puissant importateur de cocaïne associé aux cartels Colombiens.
Jimmy P. d’Arnaud Desplechin Desplechin étonne, une fois de plus, avec un classicisme cinématographique presque déstabilisant, un esthétisme ambiant et surtout la magnificence de deux grands acteurs.
©Lumière
La critique contextuel de supériorité supposé des américains sur les indiens, que l'histoire de ces deux hommes est traité à l'écran. Passant de ses souvenirs de guerre à ses maux d'enfance, Jimmy P. se livre, pudiquement mais sûrement au très peu orthodoxe George Devereux. Leur lien se tisse passant du test constant, à la confiance absolue puis au doute, en somme, à tout ce qui constitue une relation prenant le biais de la thérapie pour se construire, évoluant vers une improbable amitié, emplie d'une affection sincère. Le rapport à la femme est en arrière plan, constant. Il nous permet d'humaniser et de percevoir la profondeur et la complexité de ces deux personnages, différente mais éminemment complémentaire. L'esthétisme enfin, brut par moment, de gros plans « disgracieux » presque gênant d'un Benicio Del Toro magnétique, pour ensuite nous aspirer avec une force tranquille et contemplative, dans des séquences rendu poétiques par leur lumière, tiède et pur, d'une beauté simple et sans prétention. Jimmy P. est le neuvième long métrage du réalisateur Arnaud Desplechin. Et il faut croire que le nombre d'années s'écoulant entre chacun de ses films avec une équivalence quasi exacte lui donne l'ampleur, la fraîcheur et la réflexion idéale pour délivrer une fois de plus un étonnant bijou du cinéma Français. Jimmy P. a comme dénominateur commun avec de nombreux films d'Arnaud Desplechin, Mathieu Amalric, une des plus importantes
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muses masculines du cinéaste. Plus déséquilibré et touchant que jamais, l'acteur incarne le fondateur de l'ethnopsychatrie avec une malice positivement grotesque et sincère. Que ce soit par amour de l'histoire, de sujets rarement évoqués au cinéma et qui éveillent votre curiosité, par l'envie de voir réunis sur écran deux immenses acteurs, ou simplement pour passer un moment de cinéma important, qui continuera à résonner en vous une fois sorti de la salle, Jimmy P. saura vous captiver, à la hauteur de l'attente que l'on peut avoir du dernier film d'un de nos plus grand réalisateur français.
Cécile Marx
Jimmy P. déjà à lʼaffiche
Jimmy Picard est un indien Blackfoot, qui après avoir combattu en France pendant la Seconde Guerre Mondiale, n'arrive pas à guérir d'handicapants symptômes. L'examen physiologique de Jimmy étant parfait, les médecins le diagnostiquent schizophrène. Mais la direction de l'hôpital demande l'avis d'un ethnologue et psychanalyste français : Georges Devereux. Le premier quart d'heure de ce film ferait étrangement penser à la genèse de l'histoire du « Chef », l'inoubliable indien géant de Vol au dessus d'un nid de coucou. On découvre Jimmy P., meurtri de souvenirs et de blessures troubles, survivre sans conviction dans le ranch de sa sœur. La douloureuse profondeur du regard du personnage, interprété par Benicio Del Toro éveille la curiosité. Difficile de garder en tête que l'on est spectateur d'un film de Desplechin, l'histoire se met en place de façon classique, jusqu'au point où l'on est presque déboussolé de ne pas apercevoir le ton loufoque d'ordinaire inhérent au réalisateur. Mais lorsque Mathieu Amalric fait son entrée, il nous rassasie de bizarrerie tendre en habitant le personnage de George Devereux. Jimmy P. est tiré d'une histoire vraie, elle est l'adaptation du livre publié par l'ethnologue Devereux lui même en 1951. Les séances de l'analyse y étaient reportées dans les moindres détails, une première dans le monde de l'édition psychanalytique. C'est sans misérabilisme, sans mettre d'accent trop prononcé sur le rapport
Drame dʼArnaud Desplechin Avec Benicio Del Toro, Mathieu Amalric
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Jimmy Picard, un Indien Blackfoot ayant combattu en France, est admis à l’hôpital militaire de Topeka, au Kansas, un établissement spécialisé dans les maladies du cerveau. Jimmy Picard souffre de nombreux troubles : vertiges, cécité temporaire, perte d’audition... En l’absence de causes physiologiques, le diagnostic qui s’impose est la schizophrénie.
octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
American Nightmare, la purge du futur Dans la catégorie « home invasion », American Nightmare était très attendu. Peu décevante concernant son originalité, l’histoire reste néanmoins cousue de fil blanc.
©Universal
La critique ont supplanté de manière arbitraire l’entraide, le respect d’autrui et le partage. N’y voyez cependant pas la signature d’un film de mauvais goût, voyez-y plutôt une transposition habile de l’ère actuelle. La purge règle tout mais dans le même temps ne règle rien. La famille que nous propose de suivre la narration est un cliché de cette époque postapocalyptique. Favorable à la purge, occultant volontairement une violence aveugle, indécemment riche, croyante et probablement raciste, cette famille a tout de la famille détestable mais métaphorise à merveille les dérives autoritaires de cette société fictive. Cependant, si l’histoire de fond est originale, la manière de la présenter l’est beaucoup moins. C’est un fait, James DeMonaco s’est un peu embourbé dans sa propre mélasse. En voulant nous installer un contexte politique en décrochage total avec les principes fondamentaux de la société que nous connaissons, le réalisateur a oublié de nous servir un film plausible. Ce manque de crédibilité se retrouve dans de nombreux aspects du film. Tout d’abord, et surtout, dans les personnages. Cette famille aisée n’est pour ainsi dire pas crédible pour un sou. Aucun ne suscite d’empathie et surtout, trois d’entre eux surjouent ou sousjouent (c’est selon l’acteur). En face d’eux, la tribu de jeunes tueurs ne semble pas plus charismatique. Seul le leader du groupe interprété par Rhys Wakefield est crédible. C’est d’ailleurs le seul bon acteur du film.
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Ensuite, que dire de la mise en scène. Sans trop entrer dans les détails, nous déplorerons tout de même le choix de la réalisation d’avoir fait de la maison, certes grande, un labyrinthe. De fait, de nombreux personnages se perdent et se retrouvent sans trop de véracité. Bref, American Nightmare est un film de science-fiction dont l’histoire est intelligente mais dont la manière de la transposer n’est pas intelligible. C’est dommage car il aurait fallu peu de choses pour faire de cet opus une référence du Home Invasion.
Matthieu Matthys déjà à lʼaffiche
Direction 2022 dans un monde futuriste où l’homme n’a pas encore inventé la voiture volante, n’est pas encore aux services des robots mais a une nouvelle politique : celle de La Purge, un exutoire de douze heures où tout est permis. Au premier abord, le film nous plaisait. Son pitch, aussi angoissant qu’intriguant, avait attisé notre curiosité. De fait, dans le genre horreur, le Home Invasion est un phénomène prisé où les nerfs du spectateur sont souvent mis à rude épreuve. Pourtant, après une heure et quart de bobine, nous sommes restés sur notre faim, mal assis entre d’une part un message louable et pamphlétaire, et d’autre part un film trop caricatural aux personnages peu empathiques. Explications. Premièrement, il faut souligner l’admirable détermination que James DeMonaco a mis dans son film. Construite tel un pamphlet de la société américaine contemporaine, cette histoire où s’entremêlent religion, violence, argent et origine ethnique, est une réussite. Par le biais de l’horreur et l’excuse de la science-fiction, le cinéaste nous offre sa vision d’un pays en proie au mal et donc au doute. Dans American Nightmare, on retrouve tous les clichés mais aussi les vérités de la société d’aujourd’hui. Avec la purge, le scénario nous propose une solution misérable aux problèmes sociétaux. À l’instar de bon nombre de dictatures actuelles et passées, la société dans laquelle nous plonge l’histoire est une société où l’égoïsme, la violence et la richesse
American Nightmare Horreur de James DeMonaco Avec Ethan Hawke
Dans une Amérique rongée par une criminalité débridée et des prisons surpeuplées, le gouvernement a donné son accord pour qu’une fois par an, pendant 12 heures, toutes activités criminelles, meurtres inclus, soient légalisées. La police ne peut intervenir. Les hôpitaux suspendent leurs services. Une nuit durant, les citoyens sont à même de définir leurs propres règles et de faire leur propre loi, sans avoir à craindre de sanctions.
Riddick de David Twohy Treize années se sont écoulées depuis les débuts de Vin Diesel sous les traits de Riddick dans «Pitch Black». Dans ce nouveau film, David Twohy ressert plus ou moins la même sauce.
©KFD
La critique
Laissé pour mort par ses compatriotes éphémères les Nécromongers (NDLA : et par Hollywood) sur une planète aussi inconnue qu’hostile, Riddick se retrouve une nouvelle fois seul, devant faire face à des créatures affamées et à un environnement peu accueillant. Malheureusement pour lui, ses années au sein de la flotte Nécromonger l’ont quelque peu « civilisé » (ses mots, pas les miens) et il se doit donc de retrouver son instinct animal. Bref, une version de Seul au Monde sous stéroïdes aliens qui ferait rougir Tom Hanks (ou pas).
Un pitch très simple qui amène un prologue assez long (mais il faut l’avouer très peu ennuyeux voire ludique) et muet, hormis quelques flashbacks et une voix over de fumeur de gitanes (alias Riddick). Notre antihéros en profite même pour se flanquer d’un sidekick animal, mélange hybride d’une hyène et d’un dingo. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Après les joyeuses retrouvailles de Riddick avec son instinct bestial (autrement dit : le massacre de bestioles très peu amicales), les choses se gâtent : la planète semble ne pas vouloir le laisser séjourner aussi facilement. Sans issue de secours, il se signale luimême auprès de chasseurs de primes afin de s’offrir un chemin vers la liberté. Arrive alors ce qu’il doit arriver : un Riddick stratège qui massacre peu à peu des chasseurs de prime stéréotypés avec plus ou moins d’ingéniosité et de « trashitude » (mention spéciale tout de même pour l’ « hémi-décapitation » à la machette) et une course contre la montre pour ramener des générateurs au vaisseau spatial afin de s’échapper (euh, attendez, c’était pas le scénario de Pitch Black ça !?). Sans grande originalité mais à l’aide d’effets spéciaux assez réussis, notamment au niveau des créatures autochtones, Riddick ne révolutionne pas le genre mais réussit, malgré de (trop) grandes similitudes scénaristiques avec Pitch Black, à maintenir un certain
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rythme sans provoquer quelconque bâillement chez le spectateur. Même s’il plaira davantage aux amateurs de science-fiction, de série B et de dialogues raffinés, Riddick, devrait probablement bénéficier du côté bankable de Vin Diesel, récemment étoilé sur la prestigieuse et surfaite Walk of Fame, et rencontrer un succès suffisant pour apporter une suite à la honteuse happy end plus édulcorée qu’un Walt Disney sous antidépresseurs que nous propose le réalisateur.
Quentin Geudens 25 septembre 2013
Entre deux aventures survoltées de Fast & Furious, Vin Diesel, ou Mark Vincent Sainclair pour les intimes (ah, oui, on comprend mieux le choix d’un pseudonyme), s’est trouvé un peu de temps pour reprendre le rôle de Richard B. Riddick qui l’a dévoilé au grand public au début du millénaire. Treize années après Pitch Black et près d’une décennie après le deuxième opus Les Chroniques de Riddick, l’acteur américain rechausse ses lunettes solaires de soudure et nous revient dans un troisième épisode intitulé très sobrement Riddick. Et c’est David Twohy, déjà réalisateur et co-scénariste des deux premiers films (mais aussi connu pour avoir scénarisé Waterworld et Le Fugitif), qui est de corvée pour ressusciter l’antihéros qui pensait sans doute ne jamais reprendre du service au vu de la contre-performance commerciale des Chroniques de Riddick.
Riddick Science-Fiction de David Twohy Avec Vin Diesel, Karl Urban, Katee Sackhoff
Riddick a été laissé pour mort sur une planète brûlée qui semble exempte de toute vie. Pourtant, il se retrouve rapidement obligé de lutter pour sa survie contre des prédateurs aliens plus mortels que tous les humains qu’il a affrontés au cours de sa vie. Il trouve un refuge précaire dans une ancienne gare de transit interstellaire désaffectée.
octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
La Grande Bellezza, un chef-d’oeuvre Présentée en compétition lors du dernier festival de Cannes, « La grande Bellezza » marque la cinquième réalisation de Paolo Sorrentino après « This Must be the place ». Une réussite totale.
©Universal
La critique
Film en compétition pour la Palme d’or de cette année, La Grande Bellezza du réalisateur italien Paolo Sorrentino est une quête existentielle sur fond de décadence mondaine. Quand on cherche à filmer ce type d’abîme, le risque, c’est justement de tomber dedans et de sortir un film aussi vain que les décadents qu’il prétend dépeindre. Le film aurait pu être insupportable, mais c’est au contraire à une splendide
odyssée aussi intelligente que mélancolique à laquelle nous assistons.
se en scène du film. Au bout du compte, derrière toute la beauté plastique de ce spectacle auquel Jep participe sans en être dupe, c’est l’ombre de la décrépitude et de la mort qui plane. Mort de ses amis, de son amour de jeunesse, de sa carrière d’écrivain. En définitive que restera-t-il quand tous les trucs cinématographiques et tout le bla-bla cynique seront tombés ? Un certain sens de l’amitié et de l’amour, et cette aspiration à la grande beauté qui traverse tout le film.
Dresseur de girafe, poète muet, mafieux en col blanc, dramaturge dépressif, princesses de Rome, strip-teaseuse mourante, sainte et ecclésiastiques dandys ne sont que quelques-uns des protagonistes qui déambulent dans une mise en scène haute en couleur, presque baroque, qui évoque autant une ville qu’un cirque, et qui rappelle sans conteste le répertoire de la Dolce Vita. Rome, filmée dans les décors de ses palais et ses lieux historiques, y apparait dans toute sa majestuosité, mais également dans toute son artificialité. Les dialogues font superbement écho à cet univers théâtral dans lequel évoluent Jep Gambrardella et ses amis. Ils sont grandiloquents : « Ma vie, c’est le néant » ; absurdes : « Il ne faut pas prendre les auteurs russes au sérieux » et acerbes : « Ma plus grande découverte à 65 ans ? Découvrir que je ne veux plus perdre de temps à faire ce qui me déplait », que Jep balance avec un sourire de masque de cire. À l'aide d'une panoplie hallucinante de mouvements de caméras, dont de longs plans contemplatifs en travellings et à la steadycam, Sorrentino nous fait voyager au bout des nuits romaines au gré des introspections mélancoliques de Jep. Ces mouvements de caméras, trop aériens, trop souples, trop longs, viennent souligner l’artificielle beauté de l’ensemble de la mi-
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Un chef-d’oeuvre !
Mathias Mellaerts 25 septembre 2013
Rome, le Colisée en toile de fond, dans la chaleur de l’été italien, sur un toit, une fête bat son plein. Les convives ne sont plus jeunes, ils ont entre 45 et 65 ans. Ils dansent sur le rythme frénétique d’un tube dance. La sueur dégouline sur leurs joues cramoisies. Leurs corps usés, dégradés par les excès et lissés par le botox s’enlacent et se caressent en évoquant le prélude d’une orgie antique. Soudain dans la foule, on aperçoit un homme qui ne danse pas. Nonchalant, il sourit à la caméra en s’allumant une cigarette. Cet homme, c’est Jep Gambardella (Toni Servillo), critique littéraire cynique, vieux beau et instigateur de la fête. La finesse de son esprit et le tranchant de sa repartie en font l’empereur des soirées romaines. Dans sa jeunesse, il a écrit son unique roman : « L’Appareil humain » dans lequel il a essayé de mettre en scène la comédie du néant. Aujourd’hui, devenu spectateur désabusé de sa propre vie, tiraillé entre le souvenir d’un amour de jeunesse et son dégoût de lui-même, il rêve de se remettre à écrire.
La Grande Bellezza Drame, Comédie de Paolo Sorrentino Avec Toni Servillo
Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée.
Diana d’Oliver Hirschbiegel Diana est le biopic de l’année pour bon nombre de cinéphiles. Pourtant, outre-Manche, le film a déjà fait couler beaucoup d’encre, certains qualifiant ce film de deuxième mort pour la princesse.
©Cinéart
La critique
En septembre 1995, la Princesse de Galles, incarnée par Naomi Watts (21 grammes, King Kong) et le docteur Hasnat Khan, joué par Naveen Andrews (Lost, Le Patient anglais), sont présentés l'un à l'autre par Oonagh Toffolo amie et confidente de cette dernière. Récemment séparée et bientôt divorcée du Prince Charles, la princesse tombe sous le charme du cardiologue. Cette relation est beaucoup moins connue que celle entre Diana et Dodi alFayed (Cas Anvar). D’après le scénariste Stephen Jeffreys, la passion et l’amour qui liaient Diana à Hasnat étaient d’une incroyable intensité. Il s'est inspiré notamment du best-seller de Kate Snell, Diana: Her Last Love, publié en 2001. D’après le film, la relation entre Diana et Dodi al-Fayed n'aurait été qu'un prétexte pour rendre jaloux le cardiologue. Une affirmation rejetée avec vigueur depuis toujours par les proches de la princesse… Oliver Hirschbiegel, qui avait déjà réalisé le film polémique sur Hitler Der Untergang (La Chute) et le très surprenant The Invasion, nous livre un biopic fort attendu et considéré comme la découverte de l’automne 2013.
Ne s’intéressant qu’aux deux dernières années de la vie de Diana, Oliver Hirschbiegel s’écarte du contexte protocolaire et traditionnel. Pas de famille royale britannique, pas d’environnement politique. Le film est centré sur la relation entre la princesse et le chirurgien. Certains seront surpris ou déçus. En effet, la reine Elizabeth II et le prince Charles sont absents du film, de même que les princes William et Harry. Ceux-ci n'apparaissent que dans une seule et unique scène. C’est un drame sentimental à découvrir ni plus, ni moins. Il est facile de se laisser emporter par la passion qui anime cette princesse généreuse au grand cœur. Dans ce film, c’est tout le côté humain qui est mis en avant. Qui est Lady Di ? Une solitaire fragile en manque d'amour à la recherche du bonheur. Une femme comme beaucoup d’autres finalement… La Diana qui nous est dévoilée est belle, simple et attachante malgré son côté dépressif. L’œuvre pourrait paraitre intrusive, mais elle nous livre toute l’authenticité d’une relation entre deux personnes que tout sépare et les difficultés qui les fragilisent. Comment ne pas avoir un drame sentimental sans dialogue saupoudré de guimauve ? Parfois vides, parfois à la limite du cliché, certains échanges sont à regretter… C’est la principale faiblesse du film. Ce qui n’entache en rien la performance des acteurs. De façon nuancée, humble et sans carica-
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ture, Naomi Watts tente d’incarner cette icône internationale. Malgré une ressemblance physique peu éloquente, le résultat final est plutôt convaincant. En résumé, Diana nous touche par son côté sentimental et humain. On en oublie presque qu’il s’agit de l’histoire d’une princesse qui aurait pu accéder un jour au trône d’Angleterre. Le film met en avant une nouvelle prestation réussie de Naomi Watts et peut-être une nouvelle notoriété pour Naveen Andrews.
Cynthia Tytgat 25 septembre 2013
Belle, riche, célèbre… et pourtant si seule. Voilà le portrait sans appel que nous dresse le film du réalisateur Oliver Hirschbiegel. Intitulé simplement Diana, le film se focalise sur les deux dernières années de la vie de Diana jusqu’à sa fin tragique le 31 août 1997.
Diana Biopic dʼOliver Hirschbiegel Avec Naomi Watts, Naveen Andrews, Douglas Hodge
1er Septembre 1995 : La princesse de Galles et le docteur Hasnat Khan sont présentés l’un à l’autre par Oonagh Toffolo, amie de Diana, au Royal Brompton Hospital de Londres. Officiellement séparée du prince Charles depuis décembre 1992, Diana a connu plusieurs aventures amoureuses décevantes. Alors qu’elle s’interroge sur le sens à donner à sa vie, elle s’éprend du chirurgien pakistanais et, pour une fois, parvient à garder quelques temps secrète leur liaison.
octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Prisoners, un thriller bien ficelé Quoi de plus horrible qu’un rapt d’enfants ? Denis Villeneuve y répond par un long métrage plein de subtilité mais surtout doté d’une brochette d’acteurs époustouflante.
©BelgaFilms
La critique fait quelques fois penser à The Pledge de Sean Penn, toutes proportions gardées). Là où Denis Villeneuve et son scénariste Aaron Guzikowski ont fait fort, c’est qu’ils ont agrémenté une histoire d’enlèvement somme toute banale d’un labyrinthe judiciaire mais aussi psychologique. C’est certain, ce film possède d’innombrables qualités mais la plus remarquable d’entre elle est l’aspect psychologique des personnages et la perception du spectateur face à leurs réactions. Sans en dévoiler l’histoire, nous pouvons vous assurer qu’il nous a été difficile de lire dans les pensées des personnages que l’on voyait évoluer à l’écran. Qui est réellement coupable ? Qui est ce policier au passé sombre et au présent opaque dont les tatouages et les tics sèment le doute sur son intégrité ? Jusqu’où est prêt à aller ce père pour retrouver sa fille, jusqu’à la folie ? Autant de question qui vous viendront à l’esprit tant l’architecture de cet opus a été travaillée. Cependant, cette consistance scénaristique n’aurait pu être aussi bien transposée à l’écran sans les prestations impeccables de tous les acteurs présents au casting. Tout d’abord Jack Gyllenhaal qui signe ici l’un de ses plus grands rôles. Toujours juste, parfaitement installé dans la peau de son personnage, d’un professionnalisme époustouflant, il est bluffant. Ensuite, il faut également souligner l’admirable prestation de Hugh Jackman qui est, il faut l’avouer, à contre-emploi de ses rôles habituels. Le charisme et l’empa-
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thie qu’il a réussi à faire transpirer de son personnage nous ont laissé de marbre tant cela parait véridique. On compatit avec lui même si l’on doute de ses choix. Enfin, honorons également Paul Dano qui, dans la peau d’un jeune homme attardé, nous a subjugué. En résumé, courez voir ce thriller construit tel une pyramide, avec ses angles extérieurement parfaits mais dont l’intérieur recèle d’innombrables labyrinthes riches en enseignements. Seules les évidences contextuelles un peu trop facilement amenées empêchent ce film d’être un chef-d’oeuvre.
Matthieu Matthys 2 octobre 2013
Denis Villeneuve est un réalisateur très peu connu du grand public. Malgré cela, l’année 2013 marquera probablement l’ascension du cinéaste québécois. En nous offrant deux thrillers de bonne facture, An Enemy et Prisoners, ce dernier devrait connaître un futur des plus enviables d’autant que Prisoners est d’ores et déjà un grand film. Prisoners, c’est l’histoire d’une disparition d’enfants. Un sujet souvent traité au cinéma et qui fait mouche auprès des spectateurs, car s’il y a bien une chose qui nous touche quasiment tous, c’est le rapt d’un bambin. Cet enlèvement présumé arrive très tôt dans l’histoire. Et pour cause, la mise en place du récit est brève et abrupte. Le contexte est flou et les personnages nous sont encore inconnus. Un choix délibéré du réalisateur qui nous laisse, par ce brouillard scénaristique, le plaisir d’enquêter en même temps que les deux acteurs clés de ce récit : le père de l’une des deux fillettes, Keller Dover, interprété par Hugh Jackman, et l’inspecteur en charge de l’affaire, Loki, incarné par Jake Gyllenhaal. Ces deux protagonistes qui se font face sont des personnages charismatiques et, dans le même temps, étranges. L’un cherche par tous les moyens de retrouver sa fille et l’autre est embrigadé par sa position de représentant de la loi même si l’on voit au travers de ses tics et ses pulsions qu’il cache une colère intérieure. Et oui, Prisoners est un thriller complexe, haletant et intriguant (qui nous a
Prisoners Thriller, Policier de Denis Villeneuve Avec Jake Gyllenhaal, Hugh Jackman
Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller.
La Vie d’Adèle, chapitres 1 & 2 Récemment lauréat de la Palme d’Or à Cannes, «La vie d’Adèle» est le film attendu par tous les cinéphiles confirmés. Unanimement acclamé sur la Croisette, il sort début octobre.
©Cinéart
La critique
Adèle, adolescente nature issue de la classe moyenne tombe amoureuse d'Emma, plutôt Méta quant à elle (tellement d'ailleurs qu'elle teint ses cheveux en bleu) étudiante aux beauxarts. La vie d'Adèle chronique ce grand amour, de sa naissance à sa perte dans un même élan : celui d'une jeunesse dévorante. Adèle a de l'appétit pour la vie comme dans une pub Yop; elle bouffe, baise, s'alimente selon ses envies. Les huîtres? non merci je n'aime pas la texture, en revanche les croutes je grignote volontiers. Kechiche filme un personnage profondément organique son homosexualité vaut ici comme affirmation d'une appétence viscérale et nous rappelle que l'adolescent est un corps en demande, fait de chair tendue, de seins qui pointent et de lèvres gonflées. Kechiche fait d'ailleurs évoluer son intrigue à même l'épiderme de son héroïne, y posant sa caméra la majeure
partie du film. À l'écran, Adèle rougit, jouit, pleure, évacue un torrent de morve,... Kechiche dresse le portrait d'Adèle comme une surface vivante, nivèle le personnage en une peau où se confondent chair et affects.
généreuse d'un bout à l'autre, et de l'autre Léa Seydoux, parfaite dans un rôle sensiblement différent de ceux auxquels on la relègue habituellement. Malgré les propos acerbes tenus par les deux actrices sur les conditions de tournage éprouvantes, nul doute que la palme d'or attribuée à La vie d'Adèle vise une idée du cinéma vérité, radical et renversant.
Toute la sensualité du film se situe ainsi dans ces gros plans où Adèle s'exprime avec ses tripes à défaut de savoir s'exprimer avec des mots. Vertige de l'amour naissant parce que ça fait comme une boule à l'estomac. Or c'est justement là que se situe les limites d'Adèle : aux contours du sensible. Ce qu'elle ne ressent pas, elle ne le comprend pas. D'où son impuissance vis à vis de l'écart se creusant avec Emma dans la deuxième partie du film, et le sentiment de solitude qui vient l'habiter à partir de là. La vérité, c'est que plus Emma entre dans l'âge adulte, plus elle s'éloigne d'Adèle. Le film fait alors voguer Adèle hagarde au gré des vagues et de la vie qui continue. Au final, La vie d'Adèle réussit en grande partie ce qu'entreprend de nous montrer le titre : la vie de son héroïne, que Kechiche filme avec un naturalisme poussif, parfois pas très heureux (la scène du coup de foudre, plutôt ratée, s'appuyant sur une citation 'à propos', vieux truc du cinéma français (ici Marivaux)). Mais un naturalisme porté surtout par deux actrices remarquables : d'une part Adèle Exarchopoulos,
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Léopold Pasquier
9 octobre 2013
Une chose que l'on aime chez Abdellatif Kechiche, c'est une certaine bienveillance pour les gens voraces. On se rappelle dans la graine et le mulet de la savoureuse danse du ventre sauvant miraculeusement un couscous se faisant trop attendre. Y voir la nécessité de rester en appétit. Dans son dernier film, Kechiche livre son personnage le plus boulimique. Boulimie qu'il filme comme avant tout l'expression d'un corps.
La Vie dʼAdèle Drame dʼAbdellatif Kechiche Avec Léa Seydoux, Salim Kechiouche, Adèle Exarchopoulos
À 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...
octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Malavita, le grand retour de Luc Besson Adapté d’un livre de Tonino Benacquista, la dernière réalisation de Luc Besson est une véritable baffe dans la gueule…
©BelgaFilms
La critique
Putain quel bon film ! Une ambiance à couper au couteau, des acteurs au sommet de leur art, une très bonne histoire et un réalisateur qui a retrouvé le feu… Un film qui fera passer Les Affranchis ou la trilogie du Parrain pour des Walt Disney… Jimmy est un ancien de la Mafia. Il a trahi les siens et est en fuite. Il déménage tout le temps avec sa famille. Il se cache actuellement en Normandie, dans un petit village. Cette famille américaine ne passe pas inaperçue. Et c’est malheureusement pour cela qu’ils doivent déménager tout le temps. Jimmy, Robert De Niro, est un pur, un dur, un à qui il ne faut pas la faire. Un regard de travers, une parole qui ne lui plait pas et il vous bute, tout simplement. Sa femme, Michelle Pfeiffer, sous des dehors d’une bonne mère de famille n’est pas en reste. Elle fait exploser les épiceries si on ose se moquer de son accent. La fille de 17 ans, Dianna Agron que l’on a pu voir dans Glee, n’est pas en reste. On l’ennuie, elle frappe, c’est tout. Et pas une petite baffe, non non, à coups de raquettes de tennis s’il le faut. Et le jeune frère de 14 ans, John D’Leo, rackette, vole, produit des faux-papiers… Bref, une famille bien
sous tous rapports, comme on en rencontre partout !
vous” … C’était un honneur pour nous. »
Le FBI qui protège la famille Blake a toutes les peines du monde à les surveiller tant ils sont imprévisibles. Le « parrain » italien qui vit aux ÉtatsUnis les recherche activement par le biais de ses tueurs qui, eux non plus, ne font pas dans la dentelle.
La scène finale du film est tout simplement époustouflante. Le rythme, la tension, la violence, le jeu des acteurs qui en découlent sont distillés avec talent. Malavita est tout simplement un Grand film, avec de Grands acteurs et réalisé par un Grand Luc Besson.
L’humour est omniprésent tout au long du film. Les situations sont cocasses tant elles sont poussées à l’extrême.
Marc Bailly
Le casting est tout simplement fabuleux, Robert De Niro, Tommy Lee Jones, Michelle Pfeiffer dans des rôles qu’ils interprètent à merveille. Tonino Benacquista, l’auteur du livre, n’est pas un inconnu. Les morsures de l’aube, La boite noire ou Holy Money sont déjà des adaptations de son œuvre. Le film est un hommage évident à Martin Scorsese. Comme le dit Luc Besson, le réalisateur : « Je suis un fan de Scorsese et de de Coppola. J’ai grandi en regardant Le Parrain, Scarface et Les affranchis. Quand nous avons décidé de prendre Robert De Niro, nous avons contacté Martin Scorsese pour lui demander d’intégrer l’équipe. Nous lui avons envoyé le script et il nous a dit “Je suis avec vous, je suis avec vous, je suis avec
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23 octobre 2013
Adapté d’un livre de Tonino Benacquista, la dernière réalisation de Luc Besson est une véritable baffe dans la gueule…
Malavita Thriller, Drame de Luc Besson Avec Robert De Niro, Tommy Lee Jones, Michelle Pfeiffer
Fred Blake alias Giovanni Manzoni, repenti de la mafia new-yorkaise sous protection du FBI, s’installe avec sa famille dans un petit village de Normandie. Malgré d’incontestables efforts d’intégration, les bonnes vieilles habitudes vont vite reprendre le dessus quand il s’agira de régler les petits soucis du quotidien…
Turbo, un DreamWorks enfantin Depuis ses débuts, DreamWorks a bien évolué et est devenu un studio d’animation incontournable en signant des films d’animation à l’humour so adult. Mais pas dans «Turbo».
©20th Century Fox
La critique « garçon » maladroit qui va passer d’anti-héros à héros), celle-ci reste bon enfant. Passée cette trame qui transpire le manque de prise de risque de la part du réalisateur David Soren, il faut avouer que l’on s’ennuie un peu. Serait-ce justement parce que nous sommes trop âgés pour visionner ce film ? Peut-être, car les facéties de notre gastéropode ricochent à merveille sur les zygomatiques des quelques enfants présents dans la salle. L’objectif de la production est donc atteint : les enfants y trouvent leur bonheur.
L’histoire en elle-même est intéressante à suivre. Sans trop sortir des carcans habituels du film d’aventure (un jeune
Hormis cela, nous soulignerons le magnifique travail architectural des animateurs de DreamWorks qui ont une
Mais d’un point de vue plus critique, ce récit nous a irrémédiablement fait penser à une autre réalisation qui a connu un succès retentissant : Cars de Pixar. Et pour cause, comment ne pas penser lorsque l’on voit Turbo à Flash McQueen, le héros du diptyque de Disney. Ce film avait rapporté une somme colossale dans le monde et, sept années plus tard, les cartables et autres goodies à l’effigie de ce film d’animation ornent encore les allées des grands magasins. Faut-il dès lors voir une sorte de plagiat de la part de DreamWorks, probablement pas car le déroulement de l’histoire est tout autre mais parlons plutôt de « surfer sur la vague ». Si les bolides animés envahissent les cœurs des enfants, offronsleurs une histoire similaire où s’entremêlent course, humour et amitié.
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fois de plus mis les grands moyens pour nous offrir un rendu visuel d’une qualité rarement atteinte. En résumé, Turbo ne sera pas le film d’animation de l’année par son côté trop conventionnel et ses airs de déjàvu. Néanmoins, le petit gastéropode amusera probablement vos enfants par la gentillesse et la maladresse qui le caractérisent. Reste à savoir si vos bambins seront sensibles aux vocalises de Snoop Dogg, Pitbull ou encore Pharrell Williams, un choix de bande originale un peu surprenant au regard du public ciblé.
Matthieu Matthys 23 octobre 2013
Pour un cinéphile et même pour le spectateur lambda, une production DreamWorks rime souvent avec un bon moment de détente et de rigolade. C’est un fait, depuis de nombreuses années maintenant, la société californienne est passée maitresse dans l’art de pondre des films d’animation tout public, c’est-à-dire des dessins animés en images de synthèse qui conviennent aussi bien aux plus petits par leur aspect enfantin qu’aux plus âgés pour leurs nombreuses connotations et privates jokes. Après Shrek, Madagascar, Kung Fu Panda et Les Cinq Légendes, voici l’histoire de Turbo, un jeune escargot aussi lent que ses congénères mais dont le plus grand souhait est de devenir rapide comme son idole, le pilote de course Guy La Gagne. Ce choix contextuel volontairement masculinisé vise clairement à ravir un public constitué de jeunes garçons. Et oui, vous avez bien lu, il s’agit bel et bien de contenter les jeunes et seulement eux. Dans ce long métrage, les connotations et autres blagues sournoises auxquelles nous avait habitué DreamWorks passent à la trappe (sauf l’une ou l’autre trouvaille). De fait, ce dessin animé est destiné avant tout à nos jeunes petites têtes blondes et non pas à leurs parents. Un choix qui n’est pas à blâmer, bien du contraire, mais qui est à souligner.
Turbo Animation de David Soren
Turbo est un escargot qui n’a qu’un seul rêve en tête : être incroyablement rapide ! Son obsession pour la vitesse l’a rendu quelque peu impopulaire chez les siens, où lenteur et prudence sont de rigueur. Mais il est hors de question pour lui de se conformer. C’est alors que se produit un étrange accident qui lui donne soudainement le pouvoir de foncer à toute vitesse.
octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Les Invicibles de Frédéric Berthe sortie le 25 septembre 2013 Comédie (95ʼ) Avec Gérard Depardieu, Edouard Baer, Atmen Kelif
Jacky, Zézé et Momo, trois potes qui vivent (survivent plutôt) de leurs petites combines. Des combines exclusivement centrées sur le jeu de boules. Momo est doué, très doué .. mais sa maman se plaît à le lui dire: que peut-il attendre de la vie à traîner ainsi avec Jacky ... en dehors de la descente? Une info qui passe à la télévision risque de tout faire basculer. Le jeune et insolent Darcy propose un tournoi international de pétank (sic). Sponsorisé par les Émirats, il est doté d'un prix de 500000€. Voilà de quoi relancer leur vie ... encore faut-il être sélectionné... Sur la base de ce début, je craignais vraiment de voir s'enliser le film dans les sempiternelles scènes de sélection, d’entraînement et de gaudriole «à la française». Alors on suit tout le cheminement de Momo pour être sélectionné, puis pour être intégré, lui Français dans une équipe française. Intégré? Vous avez dit intégré? Comme c'est étranger. On est loin de la gauloiserie, et la comédie devient quelque peu douce-amère. Sans prétention aucune, le film agit un peu comme un miroir. Soyons honnêtes, qui n'a pas de temps en temps eu une réaction ... qualifions-la d'épidermique? C'est Louis de
The East de Zal Batmanglij sortie le 25 septembre 2013 Thriller (117ʼ) Avec Alexander Skarsgard, Brit Marling, Ellen Page
Thriller coup de poing de la rentrée, The East suit de près les adeptes du freeganisme, les catastrophes écologiques et l’éco-terrorisme. Le freeganisme est un mode de vie alternatif qui consiste à se débrouiller avec ce qui est gratuit, ce qui est disponible grâce aux réseaux d’entraide, généralement pour dénoncer la surconsommation et le gaspillage. Squats de vieux bâtiments, fouilles des poubelles, etc. font partie de la vie quotidienne des freeganistes. Brit Marling (actrice, co-scénariste et productrice) et Zal Batmanglij, couple officiel en dehors de leurs films communs, sont d’ailleurs partis, pour apporter plus de crédibilité à leur film, vivre comme ces communautés auto-suffisantes. Une expérience qui les aurait particulièrement marqués. À défaut d’avoir pu entreprendre un documentaire, Batmangij s’est lancé dans le thriller. Nous suivons la mission d’infiltration de Sarah Moss, ex-agent du FBI travaillant pour une compagnie privée qui protège les multinationales. Son but ? Retrouver les activistes de The East, société secrète composée d’adeptes du freeganisme, qui réalisent des opérations de sensibilisation à la limite du
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Funès, qui interviewé après Rabbi Jacob disait que lui aussi avait eu des préjugés et que le film lui avait quelque peu décrassé les couches de l'intolérance. Ce qui est est truculent dans le film est d'avoir pris le problème à rebours. Momo se retrouve réfugié en Algérie, dans un pays qu'il ne connait pas. Jacky (Depardieu) demande sa naturalisation en Algérie. Un Français d'origine algérienne n'est pas un vrai Français, dixit un sponsor arabe! La femme qui fait preuve d'intelligence est blonde (Virginie Efira)... À défaut d'un grand film, on a un film attachant, tout en douceur, comme les lumières des paysages de cette région: Istres, Fos ou Miramas . Alors d'aucuns parleront de ratage, d'acteurs jouant dans la caricature, bref d'un film à oublier. Mais il est des films dont on ne comprend pas pourquoi on se sent mieux après! Tout simplement parce que certains films parviennent à pénétrer le coeur. Et avec le sourire... Les invincibles? Une belle petite surprise de fin d'été, à consommer sans a priori... comme un pastis.. en regardant le soleil se coucher!
Philippe Chapelle terrorisme (injecter son propre médicament à un PDG d’une entreprise pharmaceutique véreuse par exemple). Après avoir sauvé de la police l’un de ces jeunes marginaux, Sarah est intégrée dans une communauté qui semble être celle recherchée. Elle tombe sous le charme de son jeune et charismatique leader… Le gros avantage de ce film est qu’il sort totalement des sentiers battus habituels à Hollywood (méchants vs gentils). Ici personne n’est totalement méchant ou gentil. Le but du réalisateur est de se faire poser des questions aux gens, de laisser le spectateur décider de la bonne ligne de conduite. Jusqu’où peut-on aller pour dénoncer les multinationales qui abusent de leur puissance ? Œil pour œil et dent pour dent, n’est-ce pas jouer le même jeu que l’ennemi ? Les jeunes promesses que sont Brit Marlin ou Alexander Skarsgard s’en sortent à merveille. Seuls les effets scénaristiques parfois trop facile pour faire avancer l’histoire (comment Sarah peut-elle se faire accepter aussi vite d’une organisation si méfiante ?) sont à déplorer dans un thriller malgré tout plus que convenable sur l’éco-terrorisme.
Loïc Smars
2 Guns de Baltasar Kormakur sortie le 2 octobre 2013 Action (109ʼ) Avec Mark Wahlberg, Denzel Washington, Paula Patton
Eyjafjallajkökull (Le Volcan) dʼAlexandre Coffre sortie le 2 octobre 2013 Comédie (100ʼ) Avec Dany Boon, Albert Delpy, Valérie Bonneton
2 Guns, de l’action sous infiltration. Non non, je ne suis pas en train de vous parler ici d'un film sur le cyclisme mais d'un film d'action pur et dur. L'histoire est la suivante : Bobby Trench (Denzel Washington) est un agent de la DEA infiltré dans un cartel de drogue mexicain au même titre que Marcus Stigman (Mark Wahlberg), un militaire envoyé pour se racheter d'avoir agressé un supérieur. Ce qui est drôle par contre c'est que Bobby ne sait pas que Marcus est infiltré et inversement. Par contre le boss de Marcus sait qui est Bobby et le boss de Bobby le sait peut être également. Ce qui est sûr c'est que la CIA, elle, sait qui ils sont tout les deux après que ces Bad Boys version Arme Fatale leur aient volé 43 millions de dollars sur un de leur compte caché. Vous suivez toujours ? Vous rajoutez au tableau un baron de la drogue particulièrement vicieux : Papi Greco (Edward James Olmos) et une jolie flic des stups plus ou moins amoureuse de Bobby : Deb Rees (Paula Patton) et vous avez la nouvelle réalisation de Baltasar Kormàkur. Après Contrebande, qu'il avait également tourné avec Mark Wahlberg, Kormàkur s'enfonce un peu plus dans le cinéma hollywoodien facile : beaucoup de fusillades, des
dialogues assez caricaturaux et des personnages attachants mais qu'on a l'impression de voir pour la centième fois au cinéma. Rajoutez à cela un Denzel Washington, qui retrouve un film d'action bien bourrin après avoir enthousiasmé la critique pour son rôle dans Flight, et un Mark Wahlberg, sur tous les fronts en ce moment (Broken City, No Pain No Gain et prochainement Lone Survivor), et vous obtenez un film d'action divertissant faute d'être surprenant. Adapté des romans graphiques de Steven Grant, le film se déroule tout du long en mode mineur et n'arrive jamais réellement à se décoller de son étiquette de superproduction pas originale pour un sou. Alors bien sûr, on prend du plaisir à voir ces belles scènes d'action bien réalisées et on sourit de temps à autres aux traits d'humour de Mark Wahlberg mais ça ne va jamais plus loin. On ne peut s'empêcher de sortir de la salle avec un goût de trop peu.
Pour les voyageurs du monde entier, l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull est un coup dur. Pour Alain et Valérie, c’est une catastrophe. Car pour arriver à temps dans le petit village de Grèce où se marie leur fille, ce couple de divorcés, se vouant l’un l’autre une détestation sans borne, va être amené par la force des choses à prendre la route ensemble.
gues tombe à plat tandis que la plupart des gags visuels empeste le déjà-vu et le déjàfait.
Après Une pure affaire en 2011, Alexandre Coffre s’offre un duo de luxe avec Dany Boon, l’un des acteurs les plus bankable du cinéma français, et Valérie Bonneton (Les Petits mouchoirs, Fais pas ci, fais pas ça) pour son deuxième long métrage, Eyjafjallajökull (Le Volcan). Malheureusement, à l’écran, le binôme Bonneton-Boon ne fonctionne pas vraiment et sombre, la plupart du temps, dans des tentatives de complicité fébriles sans atteindre l’alchimie idéale qui aurait, éventuellement, pu porter le film. Même si l’une ou l’autre scène, pour la majorité déjà présente dans la bandeannonce, fait mouche, l’essentiel des dialo-
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Bref, si vous cherchez un divertissement pendant lequel vous ne voulez pas trop réfléchir ce film est fait pour vous, autrement vous aurez gaspillé près de deux heures.
Olivier Eggermont
Hormis le choix de ce titre imprononçable qui ne manquera pas d’énerver les spectateurs dyslexiques (et les autres) tentant de prendre une place au cinéma, le film marquera autant les esprits que la qualité du jeu de Valérie Bonneton. Road movie à la sauce française, teinté de grimaces boonesques et d’humour beauf, Le Volcan, à l’instar de l’avion des deux protagonistes du film, ne décolle jamais et s’ajoute à la longue liste des comédies françaises contemporaines aussi euphorisantes que l’écoute d’un album d’Helmut Lotti sous Xanax.
Quentin Geudens
octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Mister Morganʼs Last Love de Sandra Nettelbeck sortie le 2 octobre 2013 Drame (116ʼ) Avec Michael Caine, Gillian Anderson, Clémence Poésy
Au Bonheur des Ogres de Nicolas Bary sortie le 16 octobre 2013 Drame (92ʼ) Avec Bérénice Bejo, Emir Kusturica, Raphaël Personnaz
Matthew Morgan est un Américain veuf et solitaire vivant à Paris. Il vit autour de ses habitudes jusqu’au jour où, malmené dans un bus, Pauline prend sa défense. Jeune, jolie, professeur de cha-cha-cha, Pauline devient la lumière de ses jours, poussant le vieil homme à sortir de sa dépression, à trouver un sens à sa vie.
Clémence Poésy porte son nom avec tout son sens : la poésie du film, c’est elle, ses regards d’une pureté, d’une innocence et d’un naturel (déjà vue dans le double dernier Harry Potter dans le rôle de Fleur Delacour ou dans 127 heures). Parfaitement bilingue, cette jeune femme fera encore beaucoup parler d’elle dans le cinéma anglo-saxon.
Résolument optimiste et enjouée, Pauline offre son amitié au vieux monsieur, lui qui n’a jamais osé dire la vérité sur la mort de leur mère à ses propres enfants.
Le projet, adapté d’une nouvelle de Françoise Dorner La douceur assassine, a été construit autour de la personne de Caine et est le résultat d’une association germanobelge pour la production.
À l’occasion de la tentative de suicide de Matthew, Pauline rencontre ses deux enfants et ne pense qu’à ressouder cette famille, elle qui n’en a plus. Michael Caine est époustouflant : dire que cet homme a 80 ans ! Quel acteur ! Quelle carrière y compris plusieurs films récents comme ceux de Nolan (Batman Begins, The Dark Knight, The Dark Knight Rises, Inception et bientôt Interstellar) ou le sensible Les fils de l’homme. Un très grand du 7e art, multiprimé et ayant tourné sous la direction des plus grands.
Benjamin Malaussène a la trentaine, il travaille dans un grand magasin, il vit à Belleville avec ses frères et sœurs tous de pères différents et leur chien Julius. Leur mère est en perpétuel vagabondage avec son nouvel amoureux, et Benjamin est donc bien obligé de s’occuper de tout ce petit monde. Mais voilà, ils sont tous un peu excentriques dans la famille, ou du moins ils ont tous le petit truc qui fait que tous réunis, ils deviennent difficiles à gérer. Le moyen s’amuse à fabriquer des bombes et la plus jeune tirent les cartes pour annoncer les morts et les naissances, et cetera et cetera. Alors que tout se passe bien, enfin pas forcément bien mais comme d’habitude, une série d’explosions a lieu au Grand magasin en pleine période des fêtes, et faisant un mort à chaque fois. Les inspecteurs mis sur l’affaire vont vite se pencher sur le cas Malaussène qui n’est autre qu’un bouc émissaire. En effet, le métier de Benjamin est Boucémissaire, il est là pour se faire engueuler par son patron devant les clients venus porter plainte, et ce de manière tellement forte qu’ayant pitié de lui ces derniers s’en aillent sans engager aucune procédure. Voilà l’histoire d’Au Bonheur des ogres
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Un film en nuances, en douceur et en sentiments, un film positif sur le hasard qui change la vie.
Véronique de Laet (1985), le premier des six romans de la saga Malaussène, écrite par Daniel Pennac. Le roman a plein de qualités. Le concept du boucémissaire y est employé sans retenue aucune et avec extrêmement d’humour. La famille est totalement barge, le quartier de Belleville est si vivant que l’on s’y croirait, et Tante Julia, l’amour que Benjamin rencontre dans le magasin est une journaliste qui n’a peur de rien. L’adaptation qui en est faite ici, est comme qui dirait un film de producteur. Il n’est pas mauvais, et il est même l’occasion d’un moment plutôt agréable. En revanche, les personnages sont tout à coup beaucoup plus lisses que ceux de Pennac, les évènements dramatiques sont suggérés et le casting fait pour plaire. Tante Julia par exemple, qui dans le roman a couvert plusieurs guerres et a été poursuivie par des trafiquants, a dans le film besoin de Benjamin Malaussène, un homme, pour l’aider à descendre. Le film est réussi pour un divertissement d’un dimanche après-midi pluvieux mais il ne faut pas y aller en espérant retrouver toute la force du roman de Daniel Pennac, car l’adaptation n’a pas été faite dans ce but.
Baptiste Rol
La tendresse nous dépeint un tableau classique : celui d’un homme et d’une femme autrefois mariés et à nouveau réunis, le temps de quelques jours, histoire de rapatrier leur enfant blessé au ski. Les occasions de retrouvailles d’un couple séparé tournent invariablement autour d’un mariage ou d’un évènement moins joyeux et suscitent inévitablement des sentiments contrastés. Un thème qui devrait, à coup sûr, envelopper le spectateur d’une ambiance fortement chargée en termes de « sensation émotive »… La tendresse de Marion Hänsel sortie le 16 octobre 2013 Comédie (80ʼ) Avec Olivier Gourmet, Marylin Cantot
Dans ce road movie, tout est placide et calme comme la mer à l’étal… : c’est fade, pâle, vide et ennuyeux de bout en bout. L’allerretour autoroutier est monotone à mourir, les dialogues sont plats et sans intérêt. Entre les bandes de bitume et quelques arrêts sur les aires d’autoroute, on arrive finalement à la montagne où le goudron fait place aux chambres d’hôtel. La nature et les paysages traversés sont vraiment très peu exploités, c’est dommage. Oui, le film est on ne peut plus linéaire. Si Marion Hänsel a voulu nous transmettre un Ariane Felder est enceinte ! Et pas de n’importe qui : de Bob Nolan, un criminel poursuivi notamment pour des faits de « globophagie ». Ne se souvenant absolument de rien, Ariane tente dès lors de comprendre comment cela a bien pu arriver… On n’en attendait pas moins du pitch de 9 mois ferme, le nouveau film commis par le déjanté Albert Dupontel (Bernie, Enfermés Dehors). Surtout (re)connu pour ses rôles souvent tordus (et c’est un euphémisme), le français en est déjà à son 5ème long métrage en tant que réalisateur.
9 mois ferme dʼAlbert Dupontel sortie le 16 octobre 2013 Comédie (80ʼ) Avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Philippe Uchan
Habitués des délires de Dupontel, Nicolas Marié (99 francs, Un jour mon père viendra) et Philippe Uchan (Le Château de ma mère, Le Vilain) font une nouvelle fois partie de l’aventure, l’un en tant qu’avocat bégayant aussi confiant qu’un homard devant une casserole d’eau bouillante, et l’autre comme bouc émissaire victime de running gag pour le moins douloureux. Sandrine Kiberlain (Mademoiselle Chambon, Les Gamins), elle, s’essaye pour la première fois à l’exercice « dupontelesque » avec une certaine réussite dans ce rôle qui lui colle à la peau.
message teinté d’émotions diverses comme la nostalgie, l’amour ou la tendresse, rien de tout cela ne transparaît durant les 78 minutes de projection. Peu de dialogues profonds dans ce film à l’atmosphère intimiste. Si elle a voulu aborder également les relations parents-enfants de divorcés, ici encore, rien de très perceptible n’en ressort non plus : du convenu d’une banalité déconcertante. Le tableau manque totalement de relief et les couleurs sont mauvaises. Dommage, dommage, car je trouve que le thème non plus n’a pas été exploité comme il aurait pu l’être… On espère pourtant encore un dénouement original, mais le clap de fin est sans appel. En conclusion, si l’idée de départ est bonne et constitue une source propice à la réalisation d’un film rempli d’émotions, celui-ci ne tient pas ses promesses à ce sujet. Rien de touchant dans cette réalisation : que de l’ennui. Les acteurs ne sauvent malheureusement pas la faiblesse des dialogues.
Inès Bourgeois Outre quelques caméos plus ou moins remarqués, mais toujours remarquables (de Jean Dujardin en traducteur pour sourds et malentendants à Gaspar Noé et Jan Kounen en prisonniers malsains en passant par Terry Gilliam et Yolande Moreau), le scénario manque quelque peu d’homogénéité, alternant sans cesse entre saynètes délirantes et moments (trop) calmes et (presque) sérieux. Demeurent quelques coups d’éclats véritablement désopilants tels que la scène entre Bouli Lanners et Sandrine Kiberlain ou encore les récits hypothétiques de Bob, gores, délirants et jouissifs à point (âmes sensibles s’abstenir). En bref, Albert Dupontel fait du … Albert Dupontel ! Sans véritable renouvellement de ce style qui lui est propre, il affiche une maîtrise incontestable de la réalisation et de la direction d’acteurs tout en nous offrant tout de même, soyons honnêtes, quelques bonnes tranches de franche rigolade.
Quentin Geudens
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octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
T.S. Spivet vit dans un ranch du Montana avec sa mère obsédée par la morphologie des coléoptères, son père, cow-boy né cent ans trop tard, et sa sœur de quatorze ans qui rêve de Miss America. T.S. est un enfant prodige de 10 ans, passionné par la cartographie et les inventions scientifiques. Un jour, il reçoit un appel inattendu du musée Smithsonian lui annonçant qu'il a reçu le très prestigieux prix Baird pour la découverte de la machine à mouvement perpétuel et qu'il est invité à venir faire un discours. Le prodigieux T.S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet sortie le 16 octobre 2013 Aventure (105ʼ) Avec Helena Bonham Carter, Judy Davis, Callum Keith Rennie
À l'insu de tous, il décide alors de traverser les États-Unis dans un train de marchandises pour joindre Washington D.C... Mais là-bas personne ne se doute qu'il n'est qu'un enfant. Muni d'un télescope, de quatre compas et d'un squelette de sansonnet, T.S. entreprend un voyage initiatique qui lui permettra peutêtre enfin de comprendre comment marche le monde... Et puis il y a aussi Layton, son petit frère qui est mort dans un accident avec un fusil dans
Martin et Gabrielle ont envie d’être comme les autres et de pouvoir s’aimer. « Gabrielle » est plus qu’un film émouvant. Tout comme il n’y a pas d’âge pour aimer, la différence ne peut être un frein à l’amour car, naturellement, tout le monde peut et veut vivre l’amour à sa façon et dans la mesure de ses moyens.
Gabrielle de Louise Archambault sortie le 23 octobre 2013 Drame (104ʼ) Avec Gabrielle MarionRivard, Mélissa Désormeaux-Poulin, Alexandre Landry
Il pose, expose toute la problématique des besoins affectifs des déficients mentaux et de l’accueil que réserve notre société bien formatée à leurs désirs. Il nous montre avec efficacité l’immense souffrance et l’injustice qu’ils peuvent ressentir lorsque qu’ils se trouvent incompris et murés au sein de leur structure d’accueil. Il traite également de la place que l’on veut bien leur accorder au sein de notre collectivité mais aussi de toute la difficulté que cela peut entraîner au sein d’une fratrie. Quiconque à un frère ou une sœur dans cette situation se sent une responsabilité et ressent parfois une grande difficulté à vivre « sa propre vie » sans culpabiliser. Ce rôle est superbement interprété par Mélissa DésormeauxPoulin.
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la grange, dont personne ne parle jamais. T.S. était avec lui. Il ne sait pas ce qui s’est passé. Quatre ans après Micmac à tire-larigot, JeanPierre Jeunet nous propose son nouveau long métrage. Chaque film de Jeunet porte indéniablement sa patte, sa griffe, sa fantaisie, son imagination. Ici, le film est un peu décevant. De belles images certes, le gamin est attendrissant c’est sûr, la maman, jouée par Helena Bonham Carter, est excellente, mais l’histoire en elle-même est lente. Le voyage initiatique n’est en fait qu’un long voyage en train où il ne se passe pas grand-chose. On sourit parfois, mais on s’ennuie souvent. Rien à voir avec la fraîcheur d’Amélie Poulain, la truculence de Micmac à tire-larigot, la folie de Delicatessen ou le renouveau d’Alien, la résurrection. Je n’aurais jamais pensé dire du mal d’un film de Jeunet, mais là, je ne peux faire autrement, malheureusement… N’oublions pas de dire que le film est tiré du roman L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Reif Larsen.
Marc Bailly La performance de l’acteur Alexandre Landry est remarquable elle aussi : il se coule dans le rôle avec justesse et pudeur tout en ayant construit une solide complicité avec Gabrielle. Gabrielle, quant à elle, dans son propre rôle, est belle et unique…Le film a d’ailleurs été tourné pour la plupart non pas avec des acteurs mais avec des déficients mentaux. Ce travail de réalisation est suffisamment inhabituel pour être souligné. Le rôle de ces parents d’enfants est malheureusement sous-exploité dans le film : on se limite, et c’est dommage, au rôle infantilisant que peuvent avoir certains parents à l’égard de ces jeunes adultes. Le film pose question mais n’ouvre pas vraiment le débat. Un petit bémol encore : les scènes traînent parfois en longueur, et même si le film aurait pu être plus dense et resserré. Le scénario reste un peu en « superficie » : il aborde les sujets sans les creuser. Un film à voir sans préjugés : il traite d’un sujet tabou et emmène souvent le spectateur dans l’émotion.
Inès Bourgeois
©DR
l’actu cinéma
Martin Scorsese et Léopold II
©Zylo
«Paris n’existe pas» en DVD
Plus de vingt années ont passé depuis le décès de l’une des icônes de la scène culturelle française, Serge Gainsbourg. Personnage aussi créatif que déjanté, il a su conquérir le cœur des français malgré des idées contestataires et un goût incommensurable pour la démesure et la décadence. De son œuvre, beaucoup retiennent aujourd’hui sa discographie qui continue d’influencer de nombreux groupes. Outre cela, Serge Gainsbourg a exercé ses talents dans d’autres disciplines comme l’écriture ou le septième art. Cette dernière facette de la star est probablement l’une qui a été la plus vite oubliée par le temps. Pourtant, Serge Gainsbourg peut se targuer d’avoir joué dans une trentaine de films tout de même. Aujourd’hui, Zylo a décidé d’éditer pour la première fois en DVD Paris n’existe pas de Robert Benayoun. Dans ce film surréaliste sorti en 1969 (année chère à Gainsbourg), l’acteur y incarne un second rôle et donne la réplique à Richard Leduc. De plus, c’est Serge Gainsbourg qui signe la bande originale de ce long métrage qui l’est tout autant. Un DVD à voir qui sortira le 6 novembre. M.M.
Box office Belgique Du 11 au 15 septembre 2013
1. Weʼre the Millers 2. White House Down 3. The Conjuring 4. Les Schtroumfs 2 5. Le Majordome 6. Pain and Gain 7. Now You See Me 8. Elysium 9. Youʼre Next 10. Despicable Me 2
Le FIFF démarre à Namur Cette année encore, Namur fait place à l’un des plus prestigieux festival de cinéma en Belgique, le FIFF. Pour sa 28ème édition, ce seront près de 150 films qui auront l’honneur d’être projetés. Comme son nom l’indique, les films sélectionnés sont tous issus de la francophonie. La vie d’Adèle, lauréat de la Palme d’Or au dernier festival de Cannes ouvrira le bal le 27 septembre en présence de nombreux artistes comme Olivier Gourmet, président de la cérémonie. À l’issue du festival, le 4 octobre, le jury devra définir le grand gagnant du Bayard d’Or 2013 et ses 30000 euros de gains. Selon les spécialistes, celui-ci pourrait revenir à Yolande Moreau pour son film Henri.
Source : Box Office Mojo
DVD - Blu ray
M.M.
C’est une information à prendre avec des pincettes mais il semblerait selon de nombreuses rumeurs que le réalisateur américain Martin Scorsese s’intéresserait de très près à notre plat pays et plus particulièrement à notre royauté. De fait, le réalisateur de Taxi Driver, Les Affranchis ou encore Shutter Island amasserait actuellement de nombreux documents relatant les années de terreur qu’a exercé Léopold II sur le Congo. À la fin du 19ème siècle, le roi bâtisseur, comme le surnommait son peuple à l’époque, exploitait les richesses du territoire congolais de manière vile et cruelle, n’hésitant pas à faire couler le sang pour que ses propres intérêts soient conservés dans cette région riche en matières premières comme le caoutchouc. Roi charismatique et habile négociateur, il fit régner sa loi sur l’un des pays les plus riches d’Afrique sans que personne ne s’y oppose puisque ce territoire n’était autre que le royaume privé du roi. Le Congo n’étant annexé à la Belgique qu’en 1908. Bref, cette vingtaine d’années d’esclavagisme intéressent grandement le cinéaste à succès qui en ferait une adaptation sous la forme d’une série de grande envergure. Dans cette optique, les écrits de Sir Arthur Conan Doyle et Mark Twain devraient probablement l’aider. M.M.
Gatsby le Magnifique de Baz Lurhmann
Printemps 1922. L'époque est propice au relâchement des mœurs, à l'essor du jazz et à l'enrichissement des contrebandiers d'alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s'installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit
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désormais entouré d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s'étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble.
octobre 2013
Top 5 du biopic raté Le biopic au cinéma est un art assez compliqué ! Il est facile d’être ridicule ou de ne simplement pas être crédible une seconde. On retrouve ici, pour la plupart actuels, des biopics qui pensent que c’est facile de prendre une histoire que tout le monde connaît avec une star dans le rôle principal ...
hitchcock
alfred hitchcock
de Sacha Gervasi avec Anthony Hopkins, Helen Mirren Les prothèses faciales ou partout sur le corps sont ridicules et Hopkins est en mode automatique. Le stéréotype du biopic raté.
jobs
10 janvier 2013 - 20h
steve jobs
de Joshua Michael Stern avec Ashton Kutcher, Dermot Mulroney Rien de particulièrement mauvais ici mais rien de vraiment bon non plus. Tout est trop lisse, Kutcher est limité. Sûrement trop tôt.
diana
12 janvier 2013 - 20h Argo
lady di
de Olivier Hirschbiegel avec Naomi Watts, Naveen Andrews La série de clichés mièvres et dégoulinants : c’est Diana ! Naomi Watts fait ce qu’elle peut mais le film n’intéressera sûrement pas grand monde. (critique page 11)
la dame de fer
margaret thatcher
de Phyllida Lloyd avec Meryl Streep, Jim Broadbent Le maquillage est perturbant mais heureusement Meryl Streep donne tout ce qu’elle a. Ils ont juste oublié le scénario après avoir travaillé le personnage principal.
alexandre
15 janvier 2013 - 20h 14 janvier 2013 - 20h
alexandre le grand
de Oliver Stone avec Colin Farell, Angelina Jolie Malgré le souffle épique qu’apporte Oliver Stone, Colin Farrell en perruque péroxydée et Angelina Jolie qui joue sa maman. Fallait bien que ça tourne en eau de boudin.
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films/ambiance/dvd/photos/nouvelle/critiques/tops/interview
Top 5 du biopic réussi Malgré tout, le cinéma a cela de beau, c’est que tout est possible. La vie de gens ayant existé peut donner des chefs-d’oeuvre. En voici 5 choisi par la rédaction. Et vous ce serait quoi, votre top 5 des biopics réussis ?
la liste de schindler
oskar schindler
de Steven Spielberg avec Liam Neeson, Ralph Fiennes On a pu reprocher à Spielberg d’hollywoodiser la Shoah mais il n’en reste pas moins l’un des films les plus poignants sur le sujet. A voir et revoir et surtout à se souvenir.
lawrence d’arabie
10 janvier 2013 - 20h
lawrence d’arabie
de David Lean avec Peter O’Toole, Omar Sharif La grande époque des grands films épiques ! David Lean frappe fort avec l’histoire (romancée) de Thomas Edward Lawrence. Laissez-vous emporter !
les chariots de feu
12 janvier 2013 - 20h Argo equipe olympique 1924
de Hugh Hudson avec Ian Holm, Ben Cross Suivre un juif anglais et un écossais bigot qui courent pour accéder aux JO 1924 ? Et oui, cela fait même un excellent film à voir ou à revoir ! Surtout pour la musique magique de Vangelis.
braveheart
william wallace
de Mel Gibson avec Mel Gibson, Sophie Marceau Mel Gibson s’empare du héros écossais pour en faire sa deuxième réalisation. A l’arrivée une aventure passionnante et les meilleures scènes de bagarres de ces dernières années.
les hommes du président
15 janvier 2013 - 20h 14 janvier 2013 - 20h
woodward et bernstein
de Alan J.Pakula avec Robert Redford, Dustin Hoffman Film politique sur deux journalistes qui enquêtent sur le Watergate. Grâce à une excellente documentation, on suit le travail haletant de deux journalistes à la recherche de la vérité.
Loïc Smars
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Octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Musique
Rencontre avec Thomas Fersen Toujours plus surprenant, Thomas Fersen nous revient avec un superbe album : Thomas Fersen & The Ginger Accident (chez Tôt ou Tard). Un album résolument différent de ce que l'on avait l'habitude d'entendre chez le dandy. Thomas nous révèle quelques secrets sur la fabrication de cet album...
La rencontre Thomas Fersen, bonjour et merci de nous accorder cette entrevue. Tout d'abord pourquoi ce titre « Ginger Accident » ? Parce que c’est le nom du groupe. C’est l’identité de ce disque et c’était indispensable de l’appeler comme ça parce que c’est l’aventure de ce disque c’est la rencontre avec cette formation qui a donné ce son à mon disque. Après, c’est vrai que j’aurais pu donner un titre en plus mais ça fait beaucoup de bla-bla (rires)
c’est arrivé comme ça.. Et on a donc décidé de ré-enregistrer entièrement l’album. C’est assez particulier comme démarche... Oui, c’était beaucoup de travail, mais je pense que ce projet était aussi plus prometteur.
Comment avez-vous répartis les rôles au niveau de la composition ?
Comment s’est passé cette rencontre ? C’est un hasard. Je tournais avec l’histoire du soldat cet hiver. (Qui est un conte de Stravinsky). Et puis je passe par Villefranche Sur Saone au théâtre Et là, après le spectacle, à l’entrée, un ami me parle d’un festival de musique actuelle qu’il organise. Et il me donne une compilation avec les gens qu’il avait invité cette année là. Et les Ginger Accident étaient en 15 eme position À ce moment-là, j’avais déjà enregistré mon disque et j’étais en train de réfléchir à des arrangements supplémentaires. Et je tombe sur eux. Je me demande alors « Est-ce que je leur demande de collaborer sur mon disque? ». Et plus j’écoute, plus j’aime le son du groupe. Il y a une cohésion et une identité de groupe qui est là, etc... Du coup, j’ai retrouvé la trace de ce mec sur internet, je suis tombé sur leur tourneur, etc.. Puis je l’ai appelé et je lui ai confié quatre chansons. Et voilà,
gistrées à Calcutta, les choeurs de voix d’adolescents,... Ils avaient déjà fait ça sur un premier album (c’est d’ailleurs comme cela que je les ai connu) où l’on retrouvait déjà ces voix d’adolescents et surtout cette dynamique avec des arrangements qui partaient dans tous les sens. C’est essentiellement cela qui m’a appelé. De plus, je trouvais que la texture de leur son et de ma voix pouvaient bien se marier.
Je me suis chargé de composer la musique et les textes et ils ont fait les arrangements et habillé les choses. Justement, suite à cet album et ce son particulier, comment va se passer la prochaine tournée? Allez-vous tourner avec eux?
Cet album sonne plus années 60. Etes-vous nostalgique de cette époque? Non, je ne pense pas non plus que les Ginger le soient plus d’ailleurs. Ils ont une façon de jouer qui n’est pas non plus à la manière d’un musée, d’une réplique de ce qui se faisait exactement à cette époque. Ils ont parfois de curieux mélanges avec les cordes enre-
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Non, les Ginger Accident ne sont pas un backing band. D’ailleurs, c’était la première fois qu’ils participaient à un projet comme celui-ci. Ils ont leurs propres projets, ce qui fait que l’on ne tournera pas ensemble. Mais par contre, ils m’ont aidé à constituer l’équipe. Celle-ci est composée d’un batteur et d’un bassiste qu’ils connaissaient (et qui fait d’ailleurs des remplacements chez eux de temps en temps). Puis, il aura des cuivres et aussi Pierre Sangra à la guitare comme d’habitude. Et d’un claviériste.
Le graphisme de la pochette est aussi très différent Cela se voit tant que ça ?! (rires) Oui, en effet, mais cette fois, on revient à la photo. C’est quelque chose que je ne peux contrôler mais en même temps je me reconnais dans cette photo pour plusieurs raisons. Il y a tout d’abord les chaussures : symbole de mon attachement à cette civilisation compliquée qui est la nôtre. Au départ, c’est simplement destiné à protéger les pieds. Et c’est devenu autre chose : un objet fantasmé et érotique. Je trouve que c’est vraiment la cristalisation d’une civilisation dans un objet. Donc je suis content de les montrer. Et puis il y a cette danse qui indique qu’il va y avoir du mouvement, que ça va bouger. Il y a un côté sixties dans la photo. Et enfin, le pantalon qui est un peu le fil rouge de ce projet que l’on fait sur scène. Pour une fois ce n’est pas un thème récurrent, ici, c’est les vêtements. Car j’y suis très attaché.
Propos recueillis par Christophe Pauly Vous utilisez souvent le ukulélé dans vos chansons…
Vous mettez d’ailleurs beaucoup en avant ce côté raffiné...
Oui, il est là depuis 1997 sur mes disques. Parfois juste pour m’accompagner, mais il est toujours là.
Oui, je trouve qu’on est une civilisation à la fois très raffinée et compliquée. Et on est beaux en ça. C’est ma façon de peindre ma culture, ma civilisation. Et puis j’aime amuser et faire voyager les gens.
Il y a quelques années, vous avez fait une tournée avec Pierre Sangra dans laquelle vous proposiez de jouer votre répertoire au Ukulélé. Est-ce que l’on peut s’attendre à vous voir de nouveau sur scène avec ce concept ? Non , je ne pense pas. Du moins, pas sous cette forme. A l’époque, on avait fait une grosse tournée et c’était drôle de faire ces 80 dates en tout petit. D’où tirez-vous l’inspiration pour vos textes ? C’est quelque chose que je ne choisis pas. Mais je me rend compte de quelques singularités de notre civilisation qui révèlent un côté humain qui me plait beaucoup et me fait sourire. (La passion que l’on peut avoir pour les chaussures par exemple.) Il y a des raffinements qui sont touchants.
Thomas Fersen se produira le 13 mars 2014 au Cirque Royal
Toujours avec un regard décalé... Oui, parce que je pense que c’est ça aussi qui fait entrer de l’air frais dans la vie des gens. C’est ça qui est séduisant y compris pour moi parce que je voyage avec eux. Il y a une cassure avec l’album précédent où vous peigniez une ambiance baroque avec des personnages plus 19eme siècle … En effet, celui-ci est beaucoup plus moderne. Tous ces personnages sont allés se reposer. Ici, il est peut-être plus question de mon personnage paresseux qui avait été évoqué dans Deux pieds, Les pies ou encore Les cravates.
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Son nouvel album est disponible chez Tôt ou Tard
octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Festival
Ces 30 et 31 août, l'Abbaye d'Aulne, près de Thuin, site abritant les ruines d'une ancienne abbaye et de nombreuses écluses, a accueilli pour la troisième année un festival peu ordinaire. Le festival des Barges... Scène sur Sambre. En effet la scène de ce festival est littéralement sur la Sambre. Une scène flottante qui a déjà vu défiler quelques bons groupes les années précédentes. Cette année, on remet le couvert!
C'est la volonté des organisateurs, à Scène sur Sambre, chacun y trouve son compte, c'est ainsi que se mêlent fans de rap et fans de rock, mais également amateurs de musique electro. Le tout dans une convivialité hors du commun. Plusieurs festivaliers nous ont confiés venir à Scène sur Sambre sans regarder l'affiche, sûrs de trouver une ambiance digne de Dour. "Aucun incident notable cette année et plus de 13.000 entrées vendues, sans compter les Bistr'offs et les enfants de moins de 12ans qui eux ont la gratuité." Nous confie Mr Monnoye, l'organisateur de l'événement.
Vu de l'intérieur, on retrouve les ingrédients habituels à Scène sur Sambre: ses deux bars, ses nombreuses tentes où s'abriter, son marché, ses stands de nourriture, une large place dédiée aux dédicaces de beaucoup d'artistes et son imposante scène flottante. Quelques nouveautés cependant cette année: des ballons géants aux effigies des boules du lotto, le fameux bateau des Maes Music Cargo où vous pouvez vous faire tatouer, de maniere provisoire évidemment, gratuitement, ainsi qu,un "port de plaisance", comprenez une vaste étendues d'herbe oū poussent les chaises longues. L'idéal pour se reposer et profiter de la musique. Seule la pluie n'a pas montre le bout de son nez, et personne ne s'en est plaint!
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Pour le reste, du rap carolo avec CLAN D'ESTIME, que je vous conseille vivement. Du rock avec LUSSI IN THE SKY, l'ancienne chanteuse du groupe neo métal MyPollux, captive l'assemblée de sa voix. On ne vous présente plus ROSCOE, groupe belge présenté comme un mélange de System of a Down et Serge Tankian.
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Nous avons également eu le plaisir de revoir PEGASUS, ce groupe Suisse nous avait déjà fait forte impression plus tôt dans le mois et nous avons donc décidés d'aller leur poser quelques questions, voici ce qu'ils nous ont dit... Qu'est ce qui vous a donné envié de faire cette musique, ensemble? On a une forte influence de rap si tu analyse notre musique, fort hiphop et rnb. On veut faire de la musique simple que les gens peuvent chanter, de la musique populaire, facile. On veut pas être un mouvement alternatif, tellement de gens le font et au final ne sont pas compris. On veut vraiment faire de la musique que les gens comprennent. C'est votre deuxième date en belgique, que pensez vous de l'acceuil du public belge? C'était super, on a commencé à Ronquieres, et c'était notre premier concert en dehors de la Suisse en terme de festival et on a jamais espère des réactions aussi fortes. Aujourd'hui c'était un peu plus difficile car c'était le début du festival et il y avait moins de gens je pense. Mais on a revu des gens et ça fait plaisir de savoir que des gens qui nous ont vu à Ronquieres sont
revenus nous voir ici. On est vraiment content! Une tournée belge, vous l'envisager? On revient en novembre, en première partie de Hurts a l'Ancienne Belgique. Et on espère qu'on pourra faire une tournée en Belgique le plus vite possible. On a beaucoup de travail car on est entré en studio pour enregistrer un album, on a aussi un projet avec un orchestre et la tournée avec Hurts donc on a peu de temps cette année. Dans cinq ans, le groupe vous l'imaginez où ? (Rires). Je sais pas, c'est difficile à dire, car les choses arrivent vite, ça peut casser vite mais j'espère qu'on pourra faire ce qu'on veut, construire et partager notre musique avec les gens en dehors de la Suisse aussi. Si vous deviez définir le groupe en trois mots ? Pop, innovateur, énergique. La scène de rêve pour le groupe?
Un mot sur le festival, sur l'accueil ? Super! La Belgique a la réputation de raffoler de musique. J'ai entendu que d'autres pays veulent plus de vedettes alors que les belges aiment la musique et comprennent la musique très vite et c'est rare ça. À Ronquieres comme ici, les gens ont vite compris, ont vite dansés, chantés, et réagis. C'est un super pays pour être musicien ! Merci et à très bientôt ! À bientôt oui ! Pour suivre, le coach de la nouvelle saison de The Voice, BASTIAN BAKER nous montre ce dont il est capable et "chante pour nous". On monte encore d'un cran lorsque LENKA, la belle du célèbre Everything At Once nous invite dans son monde et nous offre un set hors du commun. Retour au calme pour cette fin de première soirée, RAPHAËL nous fait redécouvrir ses plus grands succès tandis que ALEX HEPBURN nous envoûte de sa voix éraillée.
Moi j'aimerai jouer au Hollywood Bowl, ou au Red Rocks Stadium.
Bastian Baker
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Le samedi nous réserve aussi quelques surprises, tout d'abord les Bistr'offs. Comme l'an dernier, une pléiade de groupes belges, THE MAGICAL CANDIES, VINTAGE DINOSAUR, OVER ME, pour ne citer qu'eux, s'enchaînent sur sept scènes réparties dans le village. C'est sur la grande scène que MAÎTRE GIMS et ses invités lancent les hostilités. L'interprète de Bella nous donne tout ce qu'il a et le public lui rend bien. Après le rap, place au rock, entre ANTOINE HENAUT, STÉRÉO GRAND, MONTEVIDEO et
ELVIS BLACK STARS, on ne sait plus ou donner de la tête. Surtout que nous avons à peine le temps de reprendre un peu de souffle que notre "chanteur Bio" bien de chez nous est déjà la! SAULE nous fait "jumper", "pogoter" sur ses morceaux endiablés. Pour la suite, c'est BOULEVARD DES AIRS et ses sonorités cuivrées aux influences ska, qui nous fait danser dans la fraîcheur de la nuit déjà bien entamée. Ces français sont inépuisables !
Retour du rap au festival des barges, pour clôturer dignement cette troisième édition, Scène sur Sambre nous offre rien de moins que PSY4 DE LA RIME accompagnes de SOPRANO, ALONZO, VINCENZO ET SYA STYLE. Du rap qu'il est inutile de présenter aux amateurs du style. C'est aux premières lueurs du jour que nous vous disons à l'année prochaine pour d'autres aventures au festival le plus barge, Scène sur Sambre !
Texte: Jean-François Baus Photos: Jérémie Piasecki
Maître Gims
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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Pop Hard Rock
Hard Rock
3 avril 2013
An Pierlé «Strange Ways»
{Pias}
Nous vous avions parlé de son dernier album Strange Days dans notre onzième numéro. Cette fois, An Pierlé nous revient avec un minialbum intitulé Strange Ways. Celui-ci est décrit comme le compagnon de Strange Days et comporte sept nouveaux morceaux dans des registres assez différents. Lorsque nous l’avions rencontrée (voir Suricate Magazine n°12), An nous avait dit qu’elle avait été obligée de faire une sélection parmi les morceaux qu’elle avait composé et qu’elle allait en retravailler prochainement. « Quelques morceaux n’étaient pas encore tout à fait terminés, mais je les jouais déjà sur scène. Les fans me parlaient souvent de ces chansons, et c’est ainsi qu’est née l’idée de les terminer et de les enregistrer assez rapidement. » En effet, vu les réactions enthousiastes du public, l’arrivée d’un tel disque
devenait presque comme une évidence. Et on peut dire que An a été une fois de plus généreuse en proposant des morceaux avec ce même style épuré (voix-piano) aux atmosphères très particulières et parfois surprenantes. Cela commence avec Cold Song, une chanson tirée d’un opéra de Purcell qui commence par une diminution d’accords au piano et le souffle de An. Sa voix s’installe peu à peu comme si elle avait réellement froid. Une atmosphère aussi oppressante avec cette voix apeurée qui va crescendo jusqu’à pousser des cris et enfin des murmures. Wounded Heart est un morceau que An jouait depuis longtemps sur scène avec les White Velvet mais qui ne figurait pas encore sur un disque. Le ton y est dramatique et la voix tantôt agressive, tantôt tendre et touchante. L’histoire de Weather Chemistry est assez particulière puisque An bloquait sur la composition de cette chanson depuis longtemps.
Lorsqu’elle vit le festival Pukkelpop ravagé par des orages violents en 2011, le déclic se fit et An acheva alors de composer la musique et d’écrire le texte qui évoque les tornades et autres phénomènes naturels violents. On mesure ici la puissance qui se dégage de sa voix soulignée par des cordes menaçantes. On a droit aussi à de la fantaisie (voire de la folie ?) dans Acting Modestly que An décrit comme un genre de « Alice au pays de l’Enfer »… tout un programme. Le reste du disque est une pure merveille. On notera au passage que cette fois, la guitare de son compagnon, Koen Gisen, est plus présente que dans Strange Days. Au final, on est tout aussi séduit par ce mini-album qui offre un panel très intéressant d’ambiances et des compositions très bien travaillées. La prestation vocale d’An Pierlé y est très touchante et la pureté du son renforce le côté intimiste de ce disque.
Christophe Pauly
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Metal Hard Rock
Hard Rock
3 avril 2013
Avenged Sevenfold «Hail To The King»
Roadrunner Records
Les leaders de la scène NWAHM (pour New Wave of American Heavy Metal) sont de retour avec Hail to the King, un album très attendu. D'autant plus qu'il est le premier à être composé entièrement sans la participation de The Rev, leur batteur décédé fin 2009. C'est aussi avec un suspicion palpable que nous entamons l'écoute de ce nouvel opus. Il faut bien être honnête, après deux premiers jets prometteurs et un City of Evil d'excellente qualité, le groupe avait pris l'habitude de nous offrir des produits pseudo-mélodiques à deux balles composés avec leurs intestins à défaut de l'être avec leur cœur. Autant Avenged Sevenfold que Nightmare avaient été de cuisantes déceptions. Et le verdict est : passable. Non, cet album n'égale pas la médiocrité des deux précédents, mais il n'atteint pas non plus la qualité des premiers. Le constat est qu'il n'arrive finalement jamais à vraiment décoller. Après une bonne accroche sur Shepherd Of Fire on assiste à un enchaînement de morceaux « bouche-trous ». Ces derniers ne sont pas de mauvaise qualité mais sont assez quelconques, à l'ima-
ge du premier single du groupe : Hail to the King. Les californiens ont tout de même changé un peu leur musique et opté pour une sorte de groove metal mixé avec de l'alternatif, très perceptible sur des morceaux comme Doing Time et Requiem. Bien sûr on a toujours droit à leurs traditionnels hurlements de guitares et à la voix nasillarde de M. Shadows mais celle-ci est moins mise en avant que par le passé et c'est une bonne chose. Cette prépondérance donnée à une guitare plus lourde et à une batterie plus présente confère un côté plus lisse et moins irritant à leurs compositions. Au milieu de cela nous trouvons aussi le titre This Mean War, qui pourrait être parmi les meilleurs de l'album si il n'était pas à Sad But True de Metallica ce que James Franco est à James Dean : une copie bon marché à laquelle on a oublié d'injecter le talent de l'original.
S'ensuit malheureusement Coming Home, très (trop) typée Iron Maiden et où M. Shadows tente de se prendre pour Bruce Dickinson, sans succès. Fort heureusement le groupe réussit à terminer en beauté avec Planets : un brin plus trash metal que les autres et à la rythmique ravageuse et Acid Rain : une fausse balade intéressante qui pourrait résulter du mariage entre les Guns N'Roses et Alice In Chains. En conclusion on pourra regretter un manque flagrant d'originalité ainsi que des inspirations qui se font parfois beaucoup trop sentir mais la bonne nouvelle est que le groupe en a fini avec sa musique émo aux mélodies écœurantes et sentant mauvais le metal pour minettes à la Bullet For My Valentine. Trêve d'acidités, concluons sur ce constat presque positif et espérons que cela ira en s'améliorant.
Cependant, après la ballade ratée qu'est Crimson Day le quintet réussit à relever notre intérêt avec Heretic. Une batterie pesante et un riff de guitare bien placé font de cette chanson une des meilleures de l'album.
Olivier Eggermont
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octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Metal
Metal Queensrÿche
Tarja
«Queensrÿche»
«Colours In The Dark»
Century Media
Edel Music
Voici le dernier album de Queensryche qui est sobrement resté éponyme. Et que nous réserve-t-il ? Au vu des dernières productions du groupe qui, depuis le départ de Chris DeGarmo s’apparentait plus à un projet solo de Geoff Tate qu’autre chose, on était en droit de craindre le pire. Et ce n’est pas Frequency unknown qui me contredira.
Tarja Turunen nous livre un excellent album solo poétiquement nommé Colours in the dark. Le premier morceau, Victim of ritual, est également le premier single extrait de l’album. D’entrée de jeu, le ton est donné. La voix magnifique de Tarja n’a rien perdu de sa splendeur. Ce morceau aurait très bien pu figurer sur un album du Nightwish de la grande époque.
Actuellement, deux groupes Queensryche coexistent suite à un conflit avec Geoff Tate concernant l’utilisation du nom du groupe. Lorsque j’ai vu que Todd La Torre, qui ne m’avait que moyennement convaincu en reprenant la place de Midnight au sein de Crimson Glory, prenait la place de Geoff Tate je dois avouer que j’ai eu peur également. A tort ou à raison ?
500 letters continue sur la lancée avec son refrain entrainant avant de laisser la place à l’enivrant Lucid dreamer tout simplement magnifique ! Mais la démonstration ne s’arrête pas là car Never enough et son riff lourd et puissant se mêle habilement aux envolées lyriques de Tarja. Assurément l’un des morceaux de choix de cet album.
Et bien, la réponse est très simple : à tort ! Les performances vocales de Todd sont tout simplement surprenantes sur cet album et, par moments, on a l’impression d’entendre le Geoff Tate de la grande époque, celle de Empire ou Operation: Mindcrime. Car oui, il n’y a pas à tergiverser, cet album est bien le digne successeur de Empire, celui que tous les fans attendaient depuis plus de vingt ans ! Le départ de DeGarmo avait été préjudiciable durant toutes ces années car il était l’âme du groupe mais force est de constater que le génie et l’inspiration qui avaient fait de Queensryche le groupe phare du métal progressif sont de retour pour notre plus grand bonheur !
Ensuite, Mystique voyage, qui porte bien son nom vous emmènera vers des horizons lointains, à la limite du rêve. Fermez les yeux et laisser vous bercer par les chœurs envoutants, le refrain extraordinaire de classe et de mélodie, vous ne pourrez qu’être dépaysé ! A l’image de certaines compositions de cet album, le morceau dure plus de sept minutes mais jamais vous ne verrez le temps passer, trop absorbé par la magnificence de l’expérience proposée ici. Darkness et son intro toute en sonorité électronique tranche nettement avec ses guitares lourdes et ses changements imprévisibles mais on se laisse guider, sourire aux lèvres, ébahi de bonheur face à tant de finesse.
Une excellente surprise pour les fans de la première heure que les errances de ces dernières années avaient fini par lasser ! Tour à tour rageurs ou harmonieux, les compositions sont tout simplement irréprochables.
Deliverance, véritable poésie symphonique de plus de sept minutes à nouveau, nous fait virevolter avant de livrer aux riffs tranchant de Neverlight, véritable chef d’œuvre de heavy-métal classieux au rythme saccadé. Until silence et Medusa viennent clôturer de fort belle manière cet album qui est, pour moi, un véritable coup de cœur !
11 titres (en incluant l’intro et un instrumental intermédiaire) qui sont enfin digne de Queensryche ! Puissance, mélodie, créativité retrouvée, autant de raisons de vous jeter sur cet album.
Frédéric Livyns
Frédéric Livyns
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Metal Hard Rock
Hard Rock
3 avril 2013
Suicidal Tendencies «13»
Suicidal Records
Treize ans. Il aura fallu treize ans pour que Suicidal Tendencies nous ressorte un nouvel album. Leur dernière mouture datait de 2000 (Free Your Soul and Save My Mind ). Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et le groupe a bien changé. Exit Josh Paul (Basse - 2001), Brooks Wackerman (Batterie – 2001) et plus récemment Mike Clark (Guitare – 2012). Ne restent donc plus que Mike Muir (Chant – depuis les débuts du groupe) et Dean Pleasants (Guitare – depuis 1997) du Line-up du dernier album. Pour les accompagner les petits nouveaux qui viennent garnir la liste déjà longue (29!) des musiciens ayant joué dans la formation de Venice sont Nico Santora (Guitare), Eric Moore (Batterie) et Tim « Rawbiz » Williams (Basse). Mais trêve de bavardages, passons au concret et à ce nouvel album judicieusement baptisé... 13! Et il faut bien dire que malgré les changements incessants de Line-up, le groupe a gardé les mêmes influences. Toujours ce même mélange de punk hardcore, de trash metal et de funk dans des chansons magnifiées par des solos vibrants et une ligne de basse omni-
présente qui dicte le rythme. Si il laisse entrevoir des influences heavy et trash plus présentes sur certains titres (Shake it Out, Make Your Stand, This World) et son bon vieux punk sur d'autres (Smash It!, Who's Afraid?, Living the Fight et Cyco Style), la formation réussit parfois aussi à innover et à mettre un peu plus en avant un côté funky sur Slam City,God Only Knows...Who I Am et Life (Can't Live With It ... Can't Live Without It). Sur ces trois titres on retrouve une ambiance planante qu'on a parfois négligé chez Suicidal. Mais les trois titres les plus intéressants de l'album sont sans conteste This Ain't A Celebration, Show Some Love...Tear It Down et Till My Last Breath. Le premier par son rythme très catchy ne pourra faire que des heureux lors des concerts et ravira les fans de la première heure par son côté old school. Magnifiquement conclut par un refrain répété en boucle sur fond de solo, la bande de Mike nous montre là ce qu'elle a dans le ventre. Sur Show Some Love...Tear It Down après un début typé AC/DC on arrive à un refrain d'une excellente facture qui fait même penser à du Alice In
Chains. Mais ce qui fait la beauté du morceau c'est ce petit break qui précède un dernier refrain dantesque. La beauté est dans les détails et les californiens l'ont bien compris. Un début très planant, un couplet trip-hop appuyé par un slapping de basse impressionnant, ajoutez à cela un solo de guitare et un solo de basse qui montrent tout le talent des musiciens et vous avez la dernière perle de cet album: Till My Last Breath. En conclusion ce nouvel opus de Suicidal Tendencies fera le bonheur des aficionados et aidera de nombreux jeunes à découvrir leur musique. Mais on ne peut pas parler ici d'une révolution, voir même d'une véritable évolution. Suicidal is back, et avec ce qu'ils font le mieux, qu'on se le dise.
Olivier Eggermont
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octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Littérature A la rencontre de Carina Rozenfeld
Comment t’est venue l’idée de ce roman ? Toujours difficile de trouver l’origine d’une idée tellement les éléments se mêlent. Je pense que c’est parti de l’idée d’avoir des cours du futur. Je pensais à cela par rapport aux cours d’histoire de mon fils au collège. Je me disais que ce serait drôle une histoire où l’on a des cours d’histoire du futur. Après, il faut trouver un sens et une utilité à ce point de départ. Ensuite, le reste s’est tricoté un peu à mon insu, les choses se mettant en place naturellement une fois que je suis partie de là. Tes personnages semblent de plus en plus vivants de roman en roman, tu les retravailles beaucoup ? Pas tant que cela, je ne crois pas. Je pense qu’ils ont toujours été vivants dans ma tête, mais que j’ai appris à maîtriser les outils pour que ça se ressente plus dans les romans. Il me semble aussi, et surtout, que j’ose plus. J’avais peut-être un peu peur de me dévoiler à travers mes personnages et j’ai réussi à dépasser cette pudeur pour les libérer et les laisser vivre au-delà de mes propres limites. Tu distilles certaines idées dans ton roman : écologie, entraide entre peu-
ples, mutation de la société... Ce sont des idées qui te sont chères, auxquelles tu crois ? Ce sont des idées qui sont à la fois importantes parce que notre monde est à la limite de ce qu’il peut endurer mais également, cela découle d’un avenir presque inévitable. Si on imagine notre futur, on ne peut pas mettre de côté la menace du changement climatique qui semble être un élément incontournable. Donc ensuite à moi de tenter d’imaginer des éléments positifs qui peuvent éclairer ce futur qui paraît très sombre, quand on y pense. Je suis une incorrigible optimiste, j’ai envie de croire que les choses peuvent s’améliorer. Et puis en tant que fan de Star Trek, il fallait bien qu’un jour, l’entraide entre des peuples très différents rejaillisse ! Des pouvoirs encore et toujours, comme presque chacun de tes héros. Toujours bercée par les super héros ? Toujours et encore. J’aime aborder à chaque fois ce que les pouvoirs entraînent : pas seulement le côté cool, mais surtout le fait d’être responsable de ses choix, peut-être plus encore que les autres, la solitude entraînée par la différence que cela crée. C’est toujours passionnant.
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Tes projets ? Une nouvelle duologie pour la Collection R, très très différente de Phænix. Moins de pouvoirs, mais toujours la différence, le sentiment de solitude et d’enfermement, la capacité à briser ses barrières et changer le cours de la vie… Ensuite j’attaque une nouvelle aventure de Zec et Eden, les héros de la Quête des livres-monde reparue dans son intégralité chez l’Atalante. Ce ne sera pas une suite puisque la trilogie est achevée, mais effectivement une nouvelle aventure. D’autres idées sous le coude également, on verra où elles me mènent !
Propos recueillis par Marc Bailly Critique de Les Sentinelles du futur en page 42
A la rencontre de Samantha Bailly
Premier thriller, est-ce une évolution naturelle dans ton écriture ? Cette évolution découle d’un concours de circonstances : les éditions Rageot cherchaient de nouveaux auteurs pour leur collection thriller jeunesse. Guillaume Lebeau, le directeur de collection, m’a proposé de soumettre un synopsis et c’est ainsi que l’histoire a commencé ! Je ne me serais pas naturellement tournée vers ce genre dans l’immédiat, mais j’ai saisi l’occasion en me disant que c’était une nouvelle expérience, un challenge. Comment t’est venue l’idée de ce roman ? Pour la première fois, ce n’est pas un roman qui est né d’une idée obsédante, mais je devais trouver une idée pour faire naître un roman. C’était une situation inédite et j’étais assez déstabilisée. Après quelques mois à tourner et retourner certains axes, j’ai finalement opté pour ce que je fais toujours : empoigner une question viscérale. Le Livre des Mutations étant revenu plusieurs fois comme un motif de mes recherches, j’ai donc décidé d’écrire un roman centré sur l’ambiguïté entre hasard et synchronicité. Le Yi-King, Le livre des mutations, est indispensable dans ton roman. L’utilises-tu dans ta vie personnelle ? Comment en as-tu pris connaissance ? J’ai découvert Le Livre des Mutations durant mon Master en Littérature Comparée, lors de la rédaction de mon mémoire sur « Les représentations de la mort dans Peter Pan, L’histoire sans fin et À la croisée des mondes ». En épluchant divers ouvrages théoriques sur À la croisée des mondes, j’ai appris que l’Aléthiomètre de Lyra avait été inspiré par ce manuel chinois. Je me souviens avoir lu et relu ce passage sur les liens entre le Yi-King et Pullman, puis j’ai
poursuivi ma rédaction. Ensuite, au cours des années suivantes, j’ai retrouvé plusieurs fois des allusions à cet ouvrage. Je l’ai alors étudié et je me suis en parallèle inscrite à un séminaire sur Jung, Freud et Lacan en rapport avec la pensée chinoise. Une façon d’observer et de comprendre une culture différente sous le prisme de la psychanalyse, mais aussi d’aborder Jung, bien connu pour ses théories de l’inconscient collectif et de la synchronicité, et qui a beaucoup utilisé le Yi-King. Si je l’utilise dans ma propre vie personnelle ? J’ai d’abord fait de nombreux tests pour À pile ou face, afin de tenter de saisir l’ouvrage d’une très grande complexité. C’était un réel défi de parvenir à intégrer le Yi-King dans un roman jeunesse aussi calibré. Contrairement à mon personnage, je n’attends pas une réponse d’une force supérieure. L’aspect divinatoire n’est pas le plus important du Livre des Mutations. Il s’agit plutôt d’une sorte d’amas de réflexions et de maximes sur l’existence. À mon humble avis, il est plus intéressant de voir le Yi-King comme un support permettant de faire jaillir des réflexions. Philip K. Dick l’a aussi utilisé dans son Maître du Haut-Château, t’en es-tu inspirée ? Eh bien non, puisque je viens d’apprendre quelque chose… Mais du coup, je sais quelle est ma prochaine lecture !
la question du public. Un concept me frappe, des images viennent et j’écris. Pour À pile ou face, le contexte était différent : je savais que le roman allait être estampillé jeunesse et qu’il y avait également une contrainte de format dans la collection. Cela pose évidemment la question de l’efficacité, de l’économie narrative, du rythme. En revanche, il était essentiel pour moi de conserver un sujet de fond. Tu écris dans plusieurs genres, un atout, une difficulté ? Une préférence pour un genre en particulier ? Ni l’un ni l’autre : une nécessité. J’aime naviguer entre différentes zones, expérimenter des atmosphères, des enjeux. En revanche, j’apprécie d’alterner entre des récits ancrés dans la réalité et d’autres se déroulant dans un monde imaginaire. Cela permet d’actionner des ressorts différents et de faire appel à une autre énergie mentale. Tes projets ? Stagiaires est un roman contemporain à paraître en 2014 chez Milady. Il s’agit d’une tranche de vie : un roman, six mois de stage. Dans un tout autre genre, Souvenirs Perdus est une trilogie de fantasy jeunesse dont le premier tome paraîtra en 2014 chez Syros.
La vie de Samantha Bailly est-elle régie par le hasard ?
Propos recueillis par Marc Bailly
Je dirais que ma vie est régie par la passion et que je tente de composer au mieux avec les circonstances !
Critique de A pile ou Face en page 42
Est-ce difficile d’écrire pour les adolescents ? Honnêtement, je ne me pose que rarement
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Octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Il y a des auteurs que l’on découvre alors qu’ils sont encore des « bébés » écrivains et qui nous séduisent dès les premières lignes et l’on ne rate aucun de leur livre. Carina Rozenfeld est de ceux-là. Je l’ai découverte il y a quelques années maintenant, son livre m’a plu immédiatement. Depuis je lis tout ce qu’elle publie et je suis à chaque fois sous le charme… Et c’est encore le charme avec ce nouveau roman.
Les Sentinelles du futur de Carina Rozenfeld Editions Syros, 297 p.
2359. La Terre est à l’agonie. Les erreurs passées de l’humanité l’ont menée au seuil de sa propre disparition. Pourtant, à New York, les Sentinelles du Futur, une poignée de femmes et d’hommes habilités aux voyages temporels, l’ont promis : l’avenir est radieux, il faut y croire, ils l’ont vu de leurs propres yeux. Mais cet espoir auquel s’accroche l’humanité est brutalement anéanti quand les Sentinelles du Futur reviennent d’une de leurs missions avec ce terrible message : dans trois cents ans, des extraterrestres attaquent la Terre, une
On connaissait Samantha Bailly pour ses romans de fantasy comme Oraisons. Elle se lance aujourd’hui dans le thriller pour ados pour notre plus grand plaisir. Alors qu’Emma tente de se remettre de la mort de son frère aîné, Maxime, elle reçoit des mails posthumes de ce dernier, où il lui confie une application permettant de pratiquer la divination à partir du Livre des Mutations.
A pile ou face de Samantha Bailly Editions Rageot, 258 p.
Sceptique, Emma procède à des essais concluants ! Simple coïncidence ou expression de son pouvoir à lire l’avenir ? Un thriller psychologique sur l’ésotérisme, qui se joue des frontières entre raison et sciences occultes. Le Livre des Mutations ou Yi King est un livre qui donne des réponses à des questions qu’on lui pose. Il suffit de jeter des pièces en l’air à six reprises par question, et suivant comment elles retombent, elles donnent un idéogramme dans le Yi King à la signification légèrement ésotérique. C’est grâce à ce livre
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Terre sans défense car pacifiée. Le Passé pourra-t-il alors sauver le Futur ? On est non seulement pris par la trame de l’histoire que nous a ficelée Carina Rozenfeld, mais aussi et surtout par la philosophie qu’elle nous propose. De cette Terre au bord de l’agonie, qui, grâce à l’entraide, la solidarité, le pacifisme, le rapprochement avec la nature va, non seulement se relever d’une fin toute proche, mais aussi devenir plus mature et plus réfléchie. Rien que pour cela je voulais remercier Carina Rozenfeld et ses héros qui, à chaque roman, à chaque nouveau récit, se font de plus en plus humains au sens noble du terme. Carina Rozenfeld est sans conteste un auteur jeunesse à suive, mais un auteur à lire tout court.
Marc Bailly
qu’Emma, traumatisée par la mort de son grand frère, va tenter de retrouver Claire qui a disparu. Le livre se lit, heureusement, comme un thriller, mais pose aussi des questions quant à l’avenir. Est-il bon de connaître l’avenir ? L’avenir est-il écrit ? Pour cela, chapeau bas à Samantha Bailly qui a su mélanger rythme et réflexion avec talent. On sent qu’elle maitrise son sujet. L’ambiance est oppressante, les personnages totalement crédibles, la construction de la trame est excellente. Inutile de lancer les pièces pour savoir s’il faut lire ce roman ou pas, il le faut, il vous fera passer un agréable moment.
Marc Bailly
Liberté sans condition de Seth Morgan Editions Sonatine, 400 p.
Bienvenue dans un nouveau quotidien ! La rue, les prostituées, la drogue et la prison sont les protagonistes de Liberté sans condition, aux côtés de Cliquette, Darcy, Spencer, Baby Bijou, Tarzon, Earl et surtout de l’attachant bad boy Joe Speaker. Aboyeur dans une boîte de strip-tease où sa petite amie vend son corps, Joe est un junkie qui passe sa vie à dealer entre camés et truands. Jusqu’au jour où un vol tourne mal, et où il se retrouve derrière les barreaux. Mais avant d’être enfermé, le jeune homme a mis la main sur le joyau de Baby Bijou. Mauvaise idée, et il va vite s’en rendre compte. En prison, il est plus en danger encore qu’en liberté, au milieu de gros caïds et surtout de gardiens auxquels on ne peut pas faire confiance... Liberté sans condition de Seth Morgan est une merveille d’humour et d’amour sur fond de violence sauvage. C’est un monde trash, qu’on a l’habitude de côtoyer en littérature et au cinéma, mais jamais de façon aussi drôle. On ne s’ennuie jamais aux côtés des protagonistes, tous aussi délurés les uns que les autres. L’auteur alterne le récit de leurs vies,
Muette, c’est son prénom et son caractère. Elle n’a jamais eu la possibilité de s’exprimer face à ses parents qui ne la désiraient pas et lui font peser sa naissance depuis le début. Elle est jeune, et pourtant déjà si adulte. Elle parle peu, mais elle est remplie de voix internes. Des voix qu’elle ne peut faire sortir. Alors elle fugue. Elle ne va pas loin et pourtant elle revit.
Muette de Eric Pessan Editions Albin Michel, 224 p.
Muette dépeint la fuite d’une adolescente qui ne supporte plus de ne pas exister, qui a besoin de vrai, de se rapprocher de la nature et des vraies valeurs de la vie. Ce roman n’est pas le récit d’une fugue héroïque comme on a l’habitude d’en voir dans les films. La jeune fille ne part pas très loin, ne va pas dans une métropole, ne s’abandonne pas à la drogue, mais va s’installer dans une grange, à quelques kilomètres de chez elle, au milieu de la végétation et des animaux. Elle se retrouve seule, face à ses souvenirs, à son passé, au fait qu’elle aimerait que ses parents réagissent face à son absence. Elle se libère, mais reste ce petit être naturel et sensible aux sensations qu’elle éprouve.
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consacrant chaque chapitre au point de vue d’un personnage différent. Il est possible que le lecteur soit choqué par le vocabulaire, qu’il doive relire une phrase plusieurs fois avant d’en comprendre le sens, car le récit se passe aux États-Unis donc les références sont différentes. Cependant, coup de chapeau à la traductrice Aude Pasquier qui a su retranscrire fidèlement l’humour de l’auteur et nous offre à la fin du livre un glossaire americano-mexicano-drogué, très utile pour mieux appréhender le texte. Seth Morgan vivait avec Janis Joplin depuis quelques mois lorsqu’elle a trouvé la mort. Il a ensuite écrit ce roman depuis la prison de San Quentin où il purgeait une peine pour attaque à main armée. Il est mort la même année que la sortie américaine du livre, en 1990. Il est dommage que les lecteurs français aient dû attendre plus de vingt ans avant de découvrir cette merveille !
Pauline Vendola
Éric Pessan utilise avec beaucoup de soin et de talent un vocabulaire toujours parfait, au travers duquel passent des émotions fortes et le fil d’une intrigue qui tient le lecteur en haleine jusqu’au dernier mot. Ce texte démontre la complexité des relations parentsenfants et nous plonge dans une profonde réflexion sur la vie, la fuite et le renoncement. « Il y a des histoires qui ne peuvent pas se dire. Parce que les mots n’existent pas pour les raconter. Les mots ne feraient que les affaiblir ou les banaliser. Les mots ne feraient qu’effleurer la surface de l’histoire, sans rien pouvoir atteindre de ses strates innombrables ». Muette.
Pauline Vendola
Octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts !
A l’eau de rose de Gwyn Cready Editions Milady, collection Central Park
La critique « Lorsque la critique littéraire Ellery Sharpe, journaliste à la plume acerbe, commet un impair dans les pages du Vanity Place, son chef lui inflige la pire des punitions : rédiger un article élogieux sur la romance, un genre qu’elle méprise. Pour ne rien arranger, son ex est engagé pour l’épauler sur ce projet, et il prend cette mission très à cœur. D’une part, parce que le magazine est prêt à doubler son salaire s’ils arrivent à se mettre les lectrices dans la poche, et d’une autre, parce qu’il y a la possibilité de reconquérir Ellery. Se pourrait-il que la jeune femme change d’avis sur les romans d’amour ? Et sur son ex ? ». Écrivain, Gwyn Cready est aussi responsable marketing. Comme beaucoup de femmes, elle adore les belles chaussures et elle est lauréate du RITA Award qui est une récompense accordée aux fictions romantiques. Célèbre outre-Atlantique pour ses romans historiques, elle s’essaye ici à la romance contemporaine. La traductrice, Mathilde Roger, est diplômée de l’École Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs de Paris. Elle dispose d’un master de traduction éditoriale, économique et technique obtenu en 2007. Elle a déjà traduit plusieurs romans pour les éditions Milady (les 2 volumes des révélations de Riyria, 2 romans de Dawn Cook et 1
tome du Seigneur des Isles). Une petite anecdote, elle est une inconditionnelle de Sherlock Holmes. La première chose qui m’a attirée ? Le titre. Il est rempli de promesses que viennent renforcer la couverte et lé résumé. L’histoire débute dans les bureaux du Vanity Place (magazine culturel) à Manhattan avec le personnage d’Axel. On apprend dès le début que son rêve est de racheter une micro-brasserie à son meilleur ami. Cependant, il rencontre des difficultés pour rassembler la somme manquante. On comprend dès lors que la proposition de doubler son salaire tombe à pic. Quant à Ellery, elle doit écrire un article élogieux sur la romance, un style qui, pense-t-elle, n’a pas sa place dans la littérature. Dès les premières lignes l’auteur m’a kidnappée. Un style fluide, direct, rafraîchissant et prenant. Il n’est pas avare de détails, ce qui nous permet de mieux cerner les personnages principaux et secondaires. L’intrigue est riche de rebondissements et d’actions. Les personnages évoluent dans leurs caractères et dans leur façon de cerner les choses. Je dois avouer que j’ai eu du mal à arrêter ma lecture et encore plus de résister à la tentation d’ouvrir mon tiroir au travail pour connaître la suite.
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Le lecteur aborde la romance sous une autre face. Nous accompagnons Ellery dans sa découverte. Elle passe de la romance paranormale à la romance historique tout en se surprenant de revoir ses idées préconçues sur le genre. Elle découvre que le public est varié : hommes, femmes diplômées ou non. Les profils sont variables. L’auteur ne nous épargne pas les caricatures du genre ce qui n’empêche pas qu’à la fin l’amateur du genre ou le passionné n’aura plus honte. La différence entre « littérature » et « romance » s’amenuise pour totalement s’évanouir. Le chemin parcouru par l’héroïne pour arriver à cette conclusion est très enrichissant. Des regrets ? Ne pas avoir l’article final d’Ellery et de ne pas pouvoir lire les livres cités. J’ai passé un excellent moment de détente. Je dois avouer que mon cœur a vibré pour les héros. J’ai adoré les suivre et le referai avec plaisir.
Marylise Dufour
!
La Mort dans l’âme : Le Prince des ténèbres, Tome 1 de Jeaniene Frost Editions Milady, collection Bit-Lit
La critique Leila dispose d’un pouvoir terrifiant : elle voit les secrets les plus sombres des gens qu’elle touche. Raison pour laquelle des créatures de la nuit l’enlèvent et la forcent à entrer en contact télépathique avec le plus célèbre vampire du monde. Lorsque Leila rencontre Vlad, la passion menace de les consumer. Mais un vieil ennemi de ce dernier rôde dans l’ombre, bien déterminé à les voir littéralement brûler. Jeanine Frost est née en 1974. Elle a une préférence pour les vêtements noirs et pour les grasses matinées. Elle est mariée et vit en Caroline du Nord. Elle se passionne pour les cimetières et la poésie. Ses romans sont traduits dans 19 langues. Outre la série Chasseuse de la nuit, la trilogie sur Vlad. Elle a aussi écrit deux spin off sur Spade et Mencheres. Son site internet : http://jeanienefrost.com/ Le traducteur, Frédéric Grut, est si on peut dire un habitué de Jeanine Forst. En effet, il a déjà traduit les romans de la saga Chasseuse de la nuit de cette auteure. Anne-Claire Payet, l’illustratrice, est connue pour son univers féerique et fantastique. Un monde invisible qu’elle s’efforce de matérialiser. Son univers, bien que teinté de noir, est aussi empreint de romantisme et de délicatesse. Illustratrice pour Bragelonne, elle a réalisé de
nombreuses couvertures avant de rejoindre les éditions Milady en août 2008. Pour la découvrir, n’hésitez pas à aller faire un tour sur son site : http://brume.ultra-book.com/ L’auteure ne m’est pas inconnue. En effet, j’ai beaucoup apprécié sa série Chasseuse de la nuit, qui d’ailleurs, devrait trouver une fin avec le tome 7. Selon, les informations que l’auteure donne sur son site internet, cette nouvelle saga sera une trilogie dont le dernier tome paraitra en 2014 aux U.S.A. Je retrouve ici, un personnage de la chasseuse de la nuit, notre grand et célèbre vampire Vlad. On a le plaisir d’en apprendre plus sur le personnage et sur ces origines. Attention mes dames, garder du chocolat à côté de vous... certaines scènes ne manquent absolument pas de chaleur... pour notre plus grand plaisir. Le récit est très agréable à lire et ajoute du piquant. On rentre dans le vif du sujet dès les premières lignes. Le personnage de Leila est comme Cat, forte. Elle apprend à tirer de la force de ses faiblesses. Elle est protectrice envers le peu d’amis qu’elle a dans son entourage.
Quant à Vlad, il est égal à lui-même : charismatique, protecteur envers sa lignée et il ne recule devant rien pour la défendre. Son côté froid et impitoyable apporte un autre regard sur leur relation, relation emprunte de plus de respect et d’attirance que de bons sentiments. Malgré tout, on sent que si l’on gratte derrière la façade de Vlad, on pourrait trouver quelque chose de bien plus troublant. Le duo Vlad/Leila fonctionne aussi bien que celui de Cat/Bones. J’ai apprécié que le développement de leur relation n’empiète pas sur l’histoire centrale. Histoire principale, qui même si elle est vieille comme le monde (un ennemi resurgit du passé), fonctionne parfaitement grâce au talent de l’auteure qui maîtrise l’art subtil de doser avec perfection l’action, l’amour, les moments de doute et les retrouvailles. J’ai pris autant de plaisir à découvrir l’histoire de Vlad que celle de Bones et Cat. J’attends avec impatience les deux prochains tomes.
Marylise Dufour
D’ailleurs, un des personnages secondaires, Marty, joue un rôle non négligeable dans sa transformation et son acceptation d’elle-même.
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Octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
A la rencontre de Nathy
Bonjour Nathy. Pourrais-tu te présenter brièvement à nos lecteurs ? Bonjour, merci de m’accueillir pour cette interview. Bien sûr même s’il n’y a pas grand-chose à dire. J’ai plusieurs casquettes, celle de graphiste en premier lieu depuis douze ans, celle d’auteur et finalement celle d’éditrice depuis mars 2013. Mais ma principale activité, c’est l’illustration et la création de contenu 3D. Tu viens de sortir ton nouveau roman, Dark-Side. Pourrais-tu nous en parler ? Dark-Side est en réalité le premier roman que j’ai écrit et terminé avec deux autres en suivant : Anamorphose et SombreRêve. Cependant la version qui est sortie en ebook et la brochée qui est actuellement en précommande sont des réécritures complètes du premier jet écrit en 2009. J’ai conservé la même trame, mais je suis passée d’une narration à la première personne (Nelly) à une à la troisième personne. J’ai recommencé cette réécriture cinq fois avant cette version. Dark-Side, le Chevalier-Vampire est donc le premier tome d’une trilogie mettant en scène Cathal, un chevalier-vampire, ses péripéties tant guerrières qu’amoureuses. Quelles sont tes influences ? Littéraires ou autres ? En général, ma préférence va vers la littérature du XIXe, mais en réalité je lis de tout. Ça dépend de mon humeur. Sinon pour écrire, j’écoute de la musique. Sinon je peux être influence par tout et n’importe quoi souvent les images. Ton univers vampirique est fort sombre, violent. Très loin des productions actuelles. Quel regard portes-tu sur le courant bit-lit qui envahit les écrans et les librairies ?
Il y a des bonnes choses, mais à mon avis beaucoup de déchets, ça c’est mon avis de lectrice. Trop de romans dont les auteurs se cachent derrière une appellation pour en réalité écrire plutôt de l’érotique que du fantastique. J’en ai un peu ras-le-bol des gentils vampires, pas trop méchants pour ne choquer personne. C’est l’impression que j’en ai et je lis relativement peu de bitlit par rapport à tout ce qui sort. As-tu un rituel spécifique lié à l’écriture ? Un rituel pas vraiment, mais j’aime écrire au calme, je suis incapable d’écrire dans le bruit donc je me coupe de l’environnement où je suis, je mets le casque sur les oreilles et de la musique, ma tasse de thé et de préférence le matin de bonne heure ou la nuit. Y a-t-il un genre auquel tu aimerais t’adonner, mais que tu n’as jamais encore fait ? En fait j’ai envie d’écrire de la dark fantasy et du thriller/épouvante. Tu es active au sein des maisons d’éditions Cyngen et Lune Écarlate. Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de tenter cette aventure ? Quels genres de manuscrits recherchez-vous ? L’envie de donner une chance supplémentaire à des auteurs et des graphistes. En fait nous cherchons de tous les genres, mais pas trop emballés par tout ce qui est bit-lit et assimilé. Tu es également une illustratrice talentueuse. Tu as réalisé, outre tes propres couvertures, celles d’ouvrages d’autres auteurs auprès de divers éditeurs (Rivière Blanche…). Y a-t-il une passion qui prend le dessus sur l’autre ou les deux sont-elles étroitement liées ?
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L’illustration restera mon premier amour, si je dois arrêter l’un, ça sera l’écriture : autant je peux rester des mois sans écrire mais je ne peux pas rester longtemps sans faire une image. J’ai toujours dessiné, puis fais de la peinture et maintenant de la 3D, c’est juste un autre moyen de s’exprimer, mais ça reste de l’image et ça, je ne peux pas m’en passer. Si j’ai juste un bout de papier et un crayon, je ne peux pas m’empêcher de griffonner des formes. Tu as également fondé le collectif Belisam’art qui donne la chance aux jeunes auteurs d’être chroniqués et/ou interviewés. Un petit mot sur cette initiative ? Oui, mais malheureusement faute de temps, j’ai dû y renoncer, je n’arrivais plus à m’en occuper comme j’aurais voulu alors la décision a fini par s’imposer et j’ai au final fermé le site. Quels conseils donnerais-tu à un auteur qui désirerait se lancer dans l’aventure ? L’écriture comme toute occupation artistique est une dévoreuse de temps, et il ne faut pas avoir peur de recommencer des dizaines de fois un texte. Il faut écrire encore et encore pour s’améliorer. Ne pas hésiter à se faire lire par des inconnus et accepter la critique même parfois virulente. Si on veut être édité, on se doit de s’améliorer pour le lecteur. Et puis je crois qu’il ne faut pas hésiter à se laisser aller à ses propres idées et ne pas tenter de copier untel ou untel.
Propos recueillis par Frédéric Livyns
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Le Chevalier-vampire, Dark Side, Tome 1 de Nathy Editions Lune Ecarlate
La critique « De nos jours. Les vampires vivent toujours dans l’ombre, mais pourquoi certains disparaissent-ils sans laisser de traces ou presque ? L’ordre de la Miséricorde est-il responsable ? Et si c’était toute autre chose ? À toutes ces questions, Cathal, chevalier-vampire, sera chargé de trouver les réponses. Une nuit, dans un parc, Cathal et Nelly se rencontrent. Saura-t-il faire face à la violence de ses émotions ? La jeune femme fuira-t-elle cet être qui la terrifie ? En réalité, ne sont-ils pas chacun le pire cauchemar de l’autre ? » Voici la première publication de Lune Écarlate. Dark Side est le premier tome d’une trilogie faisant partie de l’univers d’Invictus Tenebrae. Pour rappel, Nathy avait déjà sorti un premier roman extrait de cet univers, aux éditions Rebelle, Anamorphose, qui mettait en scène Dante. Dans Dark Side, nous suivrons Cathal, le chevalier-vampire. Amateurs de Twilight et autres mièvreries, passez votre chemin ! Les vampires présents ici sont violents, sauvages, sanguinaires. Bien plus proche de leurs origines que les produits édulcorés qui ont envahi nos écrans et bibliothèques ces dernières années. Le public est différent également, plus adulte. Les amateurs de vampires plus du
genre de Lestat que d’Edward seront conquis. L’univers mis en place par Nathy, et qui ne cessera de s’étoffer au fur et à mesure des tomes à venir, est sombre mais fascinant. On voit que l’auteure maîtrise parfaitement son sujet et nous fait entrer de plein pied dans un univers que nous, pauvres hommes, ne soupçonnons même pas. Tout est pensé, réfléchi. Les rouages d’une gigantesque machine se mettent en place pour notre plus grand plaisir. Cathal a en lui une sauvagerie et une violence liée à ses origines. Mais il a également un profond sens du devoir, un guerrier dans tous les sens du terme. Lorsqu’il s’éprend de Nelly, qui est humaine, leur relation prend une tournure à laquelle il ne s’attendait pas. On passe d’une rencontre banale à l’introduction dans un monde gigantesque, ou comment un fait anodin peut faire basculer une existence.
Nathy a également eu l’idée géniale de nous faire découvrir l’univers en direct mais également via des archives. Ce qui nous permet de cerner facilement tous les tenants et aboutissants de son intrigue. Il y a de l’action, du sang mais aussi des sentiments. Que demander de plus ? La plume de Nathy est simple mais envoutante, un vrai régal. Que vous conseiller de plus, si ce n’est de le lire ? Personnellement, je suis conquis et j’attends avec impatience le second tome !
Frédéric Livyns
Les personnages sont extrêmement bien développés, même les secondaires, ce qui est assez rare pour être mentionné. Leur personnalité, leur vécu, rien n’a été laissé au hasard ! Vous ferez la connaissance de l’Ordre de la miséricorde et du Conseil des vampires. Entre les deux, difficile de choisir qui est le plus manipulateur, le plus monstrueux.
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Octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts !
Cendrillon me perdra de Cindi Madsen Editions Milady, collection Central Park
La critique « Qu’on ne me parle plus de contes de fées. Terminé ! Depuis ma dernière rupture, j’ai décidé de ne plus croire à l’amour éternel promis par Cendrillon. Et je le vivais très bien. Non, vraiment. Du moins, jusqu’à ce que je croise Jake, mon voisin sexy, qui est accessoirement le propriétaire de mon restaurant préféré. Mais après ces expériences foireuses avec de prétendus princes charmants, je me suis fixée des règles strictes. Et accepter de sortir avec Jake impliquerait de toutes les enfreindre. Pourtant, il semblerait qu’il ne soit pas prêt à lâcher l’affaire ». Je suis très vite tombée sous le charme de l’auteur, de son style fluide et accrochant. Très vite, on apprend les positions de Darby. Et tout aussi vite ou presque, nous avons droit à la « rencontre ». Comme vous voyez, cela démarre sur les chapeaux de roue. J’ai aimé le cynisme de Darby et l’évolution de son regard sur les relations amoureuses. Rires et larmes sont au rendez-vous. Au fil de notre lecture, nous en apprenons plus sur les anciennes relations amoureuses de Darby et comment elle en est arrivé à ne plus croire en l’amour à longue durée. Elle s’est forgée une armure afin de ne plus souffrir. J’ai particulièrement apprécié ces études de cas (comparaison d’un ex avec un prince charmant Dis-
ney ... On passe du Prince Philippe à la Bête en passant par Aladin). Sous ces allures de femme moderne, on sent la souffrance qui l’a fermée aux autres. Cette souffrance que l’on a toutes déjà ressentie nous rapproche de Darby. Les principaux héros de cette histoire sont attachants et Jake est d’une patience d’ange... Il est un peu stéréotypé mais je suis tombée sous le charme. Il montre ses défauts sans complexes mais a tout du prince charmant. Le roman étant centré sur Darby, nous ne faisons que survoler son histoire mais nous en apprenons assez que pour se construire une bonne idée du personnage. En parlant de personnages, tournonsnous sur les autres personnes de roman. D’abord, la meilleure amie, Stéphanie. Elle est comme la sœur que Darby n’a pas eue. Elles se connaissent depuis le lycée. J’ai aimé son côté franc. Ensuite, nous avons la famille de Darby : sa mère, son beau-père et ses demi-frères. Bien que nous ne faisons que survoler ses relations familiales, nous devenons aisément les liens forts qui les unissent tous. Un excellent livre Milady qui ne dépare absolument pas dans la collection Central Park. Je prendrai plaisir à le relire et le recommande à toutes .... L’auteur vit dans le Colorado avec son mari et leurs 3 enfants.
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Site internet : http://cindimadsen.com/About.html et son blog : http://cindimadsen.blogspot.be/ Anne-Claire Payet, l’illustratrice, est connue pour son univers féerique et fantastique : un monde invisible qu’elle s’efforce de matérialiser. Son univers, bien que teinté de noir, et aussi empreint de romantisme et de délicatesse. Illustratrice pour Bragelonne, elle a réalisé de nombreuses couvertures avant de rejoindre les éditions Milady en août 2008. Pour la découvrir n’hésitez pas à aller faire un tour sur son site : http://brume.ultra-book.com/
Marylise Dufour
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Le Sang de dragon de Patricia Briggs Editions Milady, collection Fantasy
La critique L’heure est venue pour Stolon de rebâtir sa forteresse et son royaume. Hélas, Hurog attire les convoitises, à commences par celle du roi des Cinq Royaumes, Jakoven. Or ce tyran dispose à présent d’une arme terrible ; une arme à laquelle il ne manque, pour accomplir son œuvre meurtrière, que du sang de dragon ! Et c’est justement le sang qui coule dans les veines de Stolon...Face à cette menace Patricia Briggs a étudié l’histoire et l’allemand. Elle publie son premier roman de fantasy en 1993 et commence l’Urban fantasy en 2006 avec la série Mercy Thompson. Aujourd’hui, elle compte 17 romans à son actif. Elle vit dans l’État de Washington avec son époux et ses enfants. Pour en découvrir plus, je vous invite à aller naviguer sur son site : www.patriciabriggs.com. Le traducteur, René Baldy, possède plusieurs cordes à son arc. Professeur émérite des Universités Psychologie du Développement, Membre du Laboratoire Epsylon de Montpellier et de SaintEtienne, il est aussi enseignant et auteur. Traducteur de plus de 17 romans, il dirige le laboratoire de psychologie de l’Université. Magali Villeneuve, l’illustratrice, travaille pour des entreprises telles que Wizards
of the Coast, Lucasfilms, Middle Eartg Enterprises et Milady/Bragelonne. Illustratrice de l’imaginaire, elle se tourne aussi vers l’écriture avec la saga de dark fantasy : La dernière Terre. Vous pouvez retrouver son travail sur son site internet : http://magali-villeneuve.blogspot.be/ L’histoire se déroule quatre ans après les évènements du premier tome. Et en quatre ans, nos personnages ont évolué et muri. Stolon est devenu habile en politique et encore plus conscient de son rôle en tant qu’Hurogmestre.
présente. La présence de Tisala apporte un regard légèrement plus féminin et une note de romance qui manquait au premier. Rassurez-vous, ce soupçon de romance n’est pas excessif mais au contraire, il fait l’objet d’une juste proportion par l’auteur. Certains adoreront, d’autres s’en détourneront, le trouvant, sans doute, trop classique du genre.
Marylise Dufour
Contrairement à ces sagas bit-lit, je trouve son style d’écriture plus sombre. Les descriptions sont plus nombreuses et, à mon sens, alourdissent parfois l’intrigue. Le scénario est fidèle à l’univers de l’héroïc-fantaisie : un méchant, de la magie, une rébellion, un héros soutenu dans ces actes par de fidèles compagnons. Pourtant, malgré cela, j’ai eu quelques difficultés à m’immerger complètement dans ce monde. Il a fallu que j’attende la moitié du livre pour enfin ressentir l’envie de connaître la fin, que, paradoxalement, je trouve un peu rapide. L’avantage de ce second tome est que nous en apprenons plus sur les dragons et les peuples des Cinq Royaumes. La magie est également beaucoup plus
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Octobre 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts 50 nuances de Grey, 50 nuances plus sombres, 50 nuances plus claires. J’en entends parler depuis des mois, des copines les lisent et semblent subjuguées. Bon c’est un phénomène de société, c’est certain. On en fait des produits dérivés, des accessoires érotiques, et même un film en préparation. Bref il y en a sur tous les fronts, de quoi aiguiser n’importe quelle curiosité… Donc, quand sort 80 notes de bleu la suite de 80 nuances de jaune, je me dis, allez pourquoi pas, essayons de comprendre pourquoi tant de personnes sont attirées par ce genre de livres. 80 notes de bleu de Vina Jackson Editions Milady, collection romantica 416 p.
Derrière cet ouvrage se cachent deux écrivains dont le nom reste un mystère. Pâle copie du célèbre Grey ? Voyons voir de quoi il en retourne. Le livre est un succès dans le monde. Summer a intégré un grand orchestre newyorkais. Grâce aux multiples talents de Simón, son charismatique chef d’orchestre, sa carrière
Échoué sur une rive inconnue, Adam n’a aucun souvenir de ce qui lui est arrivé. Il est toutefois ravi d’apprendre que cette beauté aux cheveux d’or penchée sur lui pour soigner ses blessures n’est autre que son épouse. Au moment où Mariah prie pour trouver un moyen de se débarrasser d’un encombrant prétendant, elle ne s’imagine pas que la solution va apparaître brusquement au pied de sa demeure. Convaincre Adam qu’il est son mari se révèle étonnamment simple. Résister à la tentation de se comporter comme son épouse à tous égards est une autre histoire...
Pour l’amour d’un naufragé : La confrérie des Lords, Tome 1 de Mary-Jo Putney Editions Milady, 504 p.
Marie Jo Putney est née dans l’État de New York. Elle a obtenu un diplôme de littérature anglaise et de design industriel à l’université de Syracuse. Elle a déjà publié plus de 20 romans et plusieurs nouvelles. Elle écrit des romances historiques et des contemporaines. Elle a remporté deux RITA Awards et quatre Golden Leaf Awards. J’ai apprécié la découverte de la personnalité d’Adam qui se fait avec délicatesse au fur et à mesure que les souvenirs lui reviennent. Ce processus nous permet de tisser petit à petit
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décolle. Mais à nouveaux succès, nouvelles tentations. La jeune femme cède une fois de plus aux attraits d’un monde sensuel et dangereux qu’elle croyait avoir laissé derrière elle. Tout change encore lorsque Dominik, le séduisant professeur de littérature rencontré à Londres, découvre qu’il ne peut vivre sans elle et s’installe à New York. Pourtant, bien qu’il tente de la protéger de ses pulsions vénéneuses, ses propres passions risquent de les détruire tous les deux… Grisante, charnelle et audacieuse : une histoire d’amour qui vous laisse le souffle court. Bon, je ne peux pas dire que ce livre soit mal écrit, loin de là, mais j’avoue humblement que cette histoire de soumission, de fantasmes à 5 euros me laisse de glace, et c’est un comble pour un livre qui est censé vous aguicher, vous titiller, vous exciter. Rien de tout cela pour moi, je n’accroche vraiment pas du tout…
Marc Bailly
des liens avec les personnages principaux. Nous sommes des témoins privilégiés de la naissance et de l’évolution de leurs relations. Les retrouvailles et leurs conséquences avec ses amis sont tout à fait plausibles. C’est justement ce ton de véracité qui rend la lecture plus agréable. Parallèlement, nous suivons les recherches menées par les amis d’Adam pour le retrouver. Leurs personnalités respectives se dessinent lentement et nous mettent en appétit. L’auteure ne se repose pas sur un simple dénouement qui pourrait se conclure par la fin de l’amnésie et prend plaisir à étoffer le récit en rebondissements et ce jusqu’aux dernières pages. Le style est fluide quoique soutenu par la densité du texte. Le réalisme des scènes, de l’interaction des personnages, de leur caractère rajoute une saveur d’authenticité particulière à la lecture. J’ai hâte de découvrir les tomes suivants.
Marylise Dufour
Aime-moi demain de Ingvar Ambjornsen Editions Gaïa, 320 p.
Elling a la quarantaine et habite la belle ville d’Oslo. C’est un pauvre type sans boulot, ni petite amie, qui est plus que probablement toujours vierge. À part un vieil ami à qui il rend visite de temps en temps à la maison de retraite, il n’a pas vraiment de contacts sociaux, même pas avec Kjell Barne, son ex-meilleur ami et colloc’ de l’asile psychiatrique, qui vit à l’étage du dessus avec sa compagne. Il est sur le point de rechuter dans la démence et passe son temps à manger ces « saucisses de Frankfurt avec tout » commandées à la charmante vendeuse de la caravane, dont il est secrètement tombé amoureux. Elle semble fascinée par les histoires d’ovnis, Elling tient donc là un prétexte imparable pour l’aborder. C’est alors qu’il va également renouer avec son ami Kjell Barne qui, lui, s’y connaît en femmes. Dès les premières pages, les pensées sombres d’Elling nous assaillent, comme la crasse dans son appartement. Au premier abord le personnage semble attachant, l’auteur a une manière à la fois poétique, vulgaire, philosophique et drôle de traiter son héros et son roman, et la lecture promet donc d’être Avec CosmoZ, Christophe Claro propose une histoire pour le moins peu commune. Peu commune et peu commode, qu’il faut tâcher d’apprivoiser de ligne en ligne pour se maintenir à flot. Dès la première phrase du prologue, on croit que le ton est donné : « Tu t’appelles Dorothy, tu es une petite fille et tu vis au Kansas, au milieu des grandes plaines grises, avec ton oncle et ta tante, eux aussi gris, et seul ton petit chien Toto n’est pas gris, son poil est noir et soyeux, il te fait rire, d’un rire dont on aurait du mal à déterminer la couleur, mais qui, correctement nuancé, devrait pouvoir t’aider à surmonter tout ce gris ». Pourtant, rien n’est si sûr, et la suite ne tarde pas à le démontrer. Le pays d’Oz, c’est la terre de l’arc-en-ciel, des routes pavées d’or : le gris ne domine guère longtemps ce roman haut en couleurs.
CosmoZ de Christophe Claro Editions Babel, 608 p.
Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier un tel objet littéraire. Les premiers qui nous viennent sont bizarre et différent, drôle et innovant, onirique et cauchemardesque à la fois. L’écrivain, loin d’utiliser la langue calme et posée des académiciens, livre une écriture bataille où les mots, inépuisables, s’entrechoquent avec vacarme. Mais de quoi retourne-t-il ? On peut considérer CosmoZ comme une revisite de l’histoire du magicien d’Oz, quoique ce serait là un point de vue réducteur. Certes les principaux personnages
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bien agréable, on s’attend même à un coup de cœur ! On se dit « tient c’est décalé, léger et aussi très profond, ça va le faire » ! Mais rapidement l’auteur nous donne la nausée. Les états d’âme et sentiments d’Elling, qui au départ sont intéressants et bien ficelés, deviennent de plus en plus lourds et des pensées vulgaires inutiles viennent de temps à autres s’immiscer dans le récit, sans aucun intérêt. Une histoire qui aurait donc pu être simple, fluide, satyrique, agréable et légère, à la manière d’un Arto Paasilinna, se trouve être indigeste et finir le livre se fait péniblement ; par exemple, la scène où Elling parle de son dégoût pour les œufs est tout simplement très « lourde », tout comme ses mensonges quant à son enlèvement par des ovnis. Ce livre est apparemment le dernier d’une trilogie sur le personnage d’Elling, mais peut très bien se lire de manière indépendante sans avoir les autres. Mais une déception donc, alors qu’Ingvar Ambjørnsen a une plume absolument exceptionnelle et de qualité.
Emmanuelle Melchior du roman s’y retrouvent, mais de nouveaux s’y ajoutent, les influences sont nombreuses et les univers se confondent jusqu’à égarer le lecteur dans une poésie prosaïque indémêlable. L’une des grandes interrogations du roman est de savoir comment le monde a-t-il bien pu commencer. À défaut de répondre à cette question existentielle en dévoilant l’origine du monde, ce livre apporte au moins quelque sombre éclaircissement ou obscur éclairage sur la genèse de l’univers étrangement féérique sorti tout droit de l’imaginaire de L. Frank Baum. Sous la plume de Claro, Nick Chopper et Oscar Crow deviennent des invalides de guerre, la sorcière de l’Ouest, une aviatrice épileptique, les munchkins, des nains exploités dans une troupe de freaks, et ainsi de suite. Ce cabinet de curiosités ambulant sillonne le monde, de l’Europe aux États-Unis, en vivant des aventures plus extravagantes les unes que les autres, sans même en apercevoir le sens. Pourtant, leurs péripéties ont un sens. Un sens caché, satirique. Contestataire même. Un portrait allégorique des grands événements du XXe siècle, aussi ravageurs et destructeurs que le cyclone qui emporta la maisonnette de la jeune Dorothy.
Ivan Sculier
Octobre 2013
Happy Birthay Mr. Suricate Au-delà du réel
1963
©D.R.
Est-ce que vous vous souvenez de cette série télé qui prenait le contrôle de votre téléviseur ? Sortie en 1963 aux États-Unis, elle n’est arrivée sur nos écrans qu’en 1972 sur la première chaine de l’ORTF. Tout au long des 49 épisodes en noir et blanc de 52 minutes, cette série originale nous captivait déjà rien qu’avec son générique : Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur, ne cherchez donc pas à régler l’image. Nous avons le contrôle total de l’émission : contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu’une image pure comme le cristal. Pour l’heure qui vient, asseyez-vous tranquillement. Nous contrôlerons tout ce que vous verrez et entendrez. Vous allez participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère avec «Au-delà du réel». Créée par Leslie Stevens et Joseph Stefano, cette série de sciencefiction proposait toujours de nouvelles histoires mettant en œuvre des extraterrestres, des monstres, d’étranges créatures, des personnes douées de pouvoirs ou des savants fous. Les thèmes principaux se focalisaient sur les contacts avec d’autres civilisations, l’utilisation de la technologie et les questions que cela posait à notre propre civilisation. La peur était omniprésente dans cette série, et les réalisateurs s’appuyaient sur celle-ci pour captiver le spectateur. À l’époque, on
était en pleine guerre froide et le sujet revenait régulièrement. Les idées ne manquaient pas et pour ceux qui seront attentifs en la visionnant, ils remarqueront que pas mal de thèmes seront repris plus tard dans des productions pour grand écran. Par exemple, l’épisode Le soldat fait penser à Terminator de James Cameron. Faute d’effets spéciaux comme on les connait aujourd’hui, ce sont les costumes, le maquillage, l’ambiance et surtout le jeu des acteurs qui étaient privilégiés. Et des acteurs, il y en a eu : Donald Pleasance, Robert Duvall, Martin Landau, Martin Sheen, David McCallum, Robert Culp, Dabney Coleman, Henry Silva, Barry Morse, Sally Kellerman, James Doohan, William Shatner ou Leonard Nimoy (trois acteurs de Star Trek). On ajoute à cela le fait que c’était tourné en noir et blanc et que les contrastes étaient particulièrement exploités pour dramatiser les scènes et obtenir une série qui mélangeait science-fiction, fantastique et terreur. À la fin de chaque épisode, on avait droit à un dernier message : Nous vous redonnons maintenant le contrôle de votre appareil de télévision jusqu’à la prochaine émission de «Au-delà du réel». Au-delà du réel (The outer limits en anglais) est sorti en 1963 sur les petits écrans après la diffusion de La quatrième dimension (The Twilight zone). Elle n’a connu que deux sai-
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sons, la seconde étant interrompue à cause du coût de chaque épisode. ABC, la chaine qui la produisait, a réduit les budgets et a placé la série dans une case horaire qui lui a fait perdre ses spectateurs, d’où son abandon en pleine saison 2. On a donc 32 épisodes dans la saison 1 et 17 épisodes dans la saison 2. Un demi-siècle plus tard, cette série se regarde toujours, au même titre que La quatrième dimension, Les envahisseurs ou Star Trek. Entretemps, elle est revenue en 1995 sous la forme d’une série, étalée sur 7 saisons, qui comprenait 144 épisodes de 42 minutes. Elle était en couleur et abordait plus de thèmes que dans l’originale. Au-delà du réel a contribué à l’essor de la science-fiction sur le petit écran. C’était une série originale qui posait des questions de société, sans chercher à moraliser le spectateur. Aujourd’hui, c’est en coffret DVD que la série peut encore toucher un public amateur de vieille sciencefiction. Si vous avez l’occasion de la voir, n’hésitez pas, car bon nombre d’idées restent exploitables dans les films d’aujourd’hui.
Marc Van Buggenhout
Seaquest
1983
©D.R.
Les aventures de Monsieur Splash et du Capitaine Gloups. C’est à grand renfort de publicité que la chaîne NBC annonce, pour la rentrée 1983, une ambitieuse série d’aventures et de science-fiction produite par le wonder boy d’Hollywood en personne : Steven Spielberg. En réalité, Seaquest DSV (Seaquest police des mers sous nos latitudes francophones) est un concept imaginé par Rockne S. O’Bannon qui intéresse le réalisateur des Aventuriers de l’Arche perdue. Il accepte donc un poste de producteur exécutif sur la série, davantage pour y apporter sa caution qu’un réel poids artistique. Reste que, pour le grand public, une histoire qui se déroule sous l’eau, avec Roy « Chef Brody » Scheider dans le rôle principal, cela rappelle immédiatement Les dents de la mer. D’autant plus que les premières images, soigneusement choisies, dénotent d’une certaine qualité de mise en scène et d’un look particulier, presque documentaire dans la façon de présenter l’univers sousmarin. Dommage que la suite s’avère au mieux divertissante... Au pire catastrophique... Et digne d’une série « Z » peuplée de crocodiles géants en caoutchouc. Mais revenons aux prémices. Seaquest DSV se déroule en 2018, alors que les dernières ressources encore exploitables par l’homme se situent au fond des mers. Après une série de tensions internationales qui ont failli déboucher sur un nouveau
conflit mondial, l’UEO, sorte d’ONU aquatique voit le jour. Nathan Bridger, scientifique et militaire, offre le Seaquest DSV, un sous-marin hyper sophistiqué, à la jeune institution, afin de surveiller les nombreuses colonies bâties sur les fonds marins. Selon le schéma classique, l’équipage du Seaquest est composé de nouvelles recrues, de vieux briscards, d’un jeune surdoué et d’un dauphin, Darwin, capable, grâce une série de capteurs de haute technologie, de communiquer avec les humains. Dans sa première saison, la série aborde des thématiques liées à l’environnement, la surexploitation des ressources, les dangers d’un capitalisme galopant, d’une science sans conscience... Tout en y mêlant les ressorts dramatiques habituels chers au public : relations amoureuses impossibles, tensions entre les aînés et les jeunes recrues, sacrifice d’un seul pour le bien du plus grand nombre, etc. Bref une version aqueuse de Star Trek, dotée certes de quelques séquences en images de synthèse étonnantes pour la télé de l’époque... mais qui braconne surtout sur des terres déjà bien visitées. La seconde saison n’arrangera rien, puisque les producteurs, afin de tenter d’attirer un public rapidement parti voir ailleurs après les premiers épisodes, décident de rajeunir une partie du casting et de renforcer le côté science-fiction de l’ensemble... sans que les moyens suivent. Les
scénarios flirtent avec le grand n’importe quoi et Roy Scheider commence à perdre patience. La vedette déclare même lors d’une interview : « J’ai l’impression de tourner dans un mauvais remix entre Star Trek et 21, Jump Street ! Les producteurs ont changé l’esprit même de la série ! C’est ridicule ». Le public est d’accord avec lui puisque les chiffres d’audience plongent dans la fosse des Mariannes. Et pour ajouter l’incohérence au ridicule, certains épisodes sont diffusés dans un joyeux désordre chronologique et des personnages meurent puis ressuscitent sans aucune forme d’explication. Au terme de cette deuxième saison, Scheider décide de quitter le sousmarin et c’est Michael Ironside, « gueule » incontournable du cinéma d’action qui reprend le gouvernail... après avoir négocié clairement les termes de son contrat : pas question pour lui de se coltiner des poulpes géants ou de tenir le crachoir avec un dauphin qui fait des castagnettes. Les scénarios reprennent pied dans la réalité, la série est rebaptisée Seaquest 2032 et se déroule dix ans après la fin de la saison 2. Mais rien n’y fait et le navire est torpillé en pleine mer, après seulement 13 épisodes d’une saison 3 qui regagnait pourtant peu à peu les faveurs du public. La preuve, peut-être, que même le nom d’un réalisateur prestigieux, la présence d’acteurs de renom et de clinquants effets spéciaux ne peuvent pas compenser les recettes trop convenues.
Christophe Corthouts
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octobre 2013
Happy Birthay Mr. Suricate X-Files
1983
©Sci Fi
Le 10 septembre 1983, lorsque les premières notes du générique de X-Files résonnent sur les écrans des téléspectateurs branchés sur la chaîne FOX, personne ne sait qu’un véritable phénomène mondial est en train de voir le jour. Au départ pourtant, l’idée semble évidente... Tellement évidente qu’il est surprenant que personne ne s’y soit frotté plus tôt : mêler dans un même univers, les codes de la série policière (le duo mal assorti, les enquêtes qui rebondissent d’indices en indices, les personnages secondaires récurrents...) et ceux de la série fantastique, comme La quatrième dimension. À cette synthèse, le créateur/producteur/scénariste Chris Carter va ajouter un ingrédient supplémentaire, la petit touche d’originalité qui va rendre les fans de la planète entière à moitié fous : la théorie du complot. Sans doute pour la première fois dans l’histoire de la télévision (à moins de compter Les envahisseurs où les « bad guys » étaient clairement identifiables à leurs auriculaires raides !), les héros sont plongés tête la première dans une atmosphère paranoïaque quasi permanente. Et les alliés d’hier peuvent devenir, à la faveur d’un retournement de situation, les ennemis de demain. Fox Mulder (David Duchovny), le « croyant » convaincu que sa sœur Samantha a été enlevée par des extraterrestres en cheville avec des humains acquis à leur cause, et Dana Scully (Gillian Anderson), l’éternelle sceptique, tentent donc de
résoudre des dossiers « X »... Et de comprendre ce que cachent de nombreux phénomènes inexpliqués. Médium, vampires, télépathes, manipulateurs en tout genre, créatures innommables, épidémies inexpliquées... Le duo d’agents du FBI découvre au fil des saisons ce que notre univers renferme de plus extraordinaire. Dans le même temps, certains épisodes des X-Files – soixante en tout – font avancer ce que les spécialistes appellent « la mythologie du complot », liée aux extraterrestres et leur influence sur notre monde. Ces épisodes sont généralement plus haletants que les enquêtes « solo » et mettent en scène une série de personnages énigmatiques (comme l’homme à la cigarette) dont les allégeances ne sont variables. Après un démarrage correct et une première saison en légère progression, la série devient un phénomène lors de la deuxième saison. Avec un final en forme de cliffhanger, dans Anasazi. À partir de cet instant, le phénomène X-Files, dont la diffusion commence dans d’autres pays, va prendre de l’ampleur... Et la cinquième saison sera suivie par près de 19 millions de téléspectateurs américains en moyenne. Romans, bandes dessinées, convention, jeux vidéo... Les X-Files se muent en une entreprise d’envergure toujours menée d’une main de fer par Chris Carter. En 1998, entre la cinquième et la sixième saison (qui marquera le déplacement de l’équipe de production vers la Cali-
fornie et une différence dans le look des épisodes, au départ tournés à Vancouver, souvent sous la grisaille et la pluie), la série a l’honneur du passage au grand écran, avec XFiles, le film, qui se concentre essentiellement sur la préparation de l’invasion de notre planète par les extraterrestres... L’intrigue s’inscrit dans la « mythologie du complot ». Plutôt bien reçu par les fans, le film commet tout de même « la » bévue que Chris Carter avait toujours voulu éviter : Mulder et Scully échangent un baiser, brisant par là même l’éternelle tension qui ne manquait jamais d’apporter un certain piment à la série. Plus tard, cette relation évoluera encore... Mais pas question, dans cet article, d’entrer dans le domaine du « spoiler » ! Au terme de la septième saison, David Duchovny, qui interprète Fox Mulder avec brio, décide de voguer vers d’autres horizons et d’alléger sa présence dans la série. La série se clôture en mai 2002 par un double épisode au titre évocateur « La vérité est ici ». Phénomène indiscutable, X-Files aura introduit dans le monde télévisuel de nombreux concepts qui perdurent encore aujourd’hui, tel le mélange entre épisodes simples et « mythologiques », la paranoïa envers les autorités, la mise en scène soignée ou encore un personnage féminin fort et complexe. Une formule remise au goût du jour avec brio par l’excellent J.J. Abrams dans la série Fringe.
Christophe Corthouts
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Les accusés
©D.R.
1988
Jodie Foster : Oscar de la meilleure actrice en 1988, prix de la meilleure actrice par la National Board of Review, meilleure actrice dans un film dramatique aux Golden Globe Awards, prix David di Donatello de la meilleure actrice étrangère en 1989… 1988 aux USA et 1989 en Europe, les grands écrans sont bouleversés par ce film sensation. Sarah Tobias (Jodie Foster) est une jeune femme au passé compliqué de drogues, rapines et alcool. Elle vit dans une caravane avec Larry et un soir de grosse dispute, elle file boire quelques verres au bar où travaille sa meilleure amie. Alcool, stupéfiants, elle flirte avec quelques hommes et se donne en spectacle en dansant lascivement. Entrainée dans la salle à côté, elle est violée par trois hommes alors que la foule autour encourage les criminels, et un homme en particulier exhorte la folie. Sarah, blessée, vêtements en lambeaux, s’enfuit dans la nuit. Elle porte plainte, contre tous les avis. Kathryn Murphy (Kelly McGillis) est procureur et elle voudrait voir les agresseurs punis mais le passé de Sarah se retourne contre elle et bientôt, ce n’est plus le procès des violeurs mais celui de la victime qui se dessine. Sarah s’enfonce dans sa défense et le chemin sera long pour lutter contre l’idée scandaleuse « qu’elle l’a bien cherché ».
Kelly McGillis a tenu à prendre ce rôle, ayant été victime de viol. Jodie Foster a commencé le tournage (6 semaines sur Vancouver) par la scène du viol « pour la mettre dans l’esprit », a dit Jonathan Kaplan, le réalisateur. Kaplan signe ici son plus grand succès et il a eu l’audace sensible et intelligente de construire son film en finissant par la scène principale. En effet, tout au long du récit, des portions du viol sont diffusées mais ce n’est que vers la fin que le spectateur est quasi assommé par tous les sentiments de détresse de Sarah, qu’il voit la scène comme elle l’a vécue. Inspiré d’un fait divers réel, ce film a peut-être été un révélateur pour certains hommes, ceux qui encore aujourd’hui pensent que c’est un fantasme féminin, le « viol » – ignorant la caractéristique du fantasme qu’est le contrôle complet du déroulement et des participants.
filles, des frères de sœurs, des fils de mère) se servent du viol comme d’une arme, y compris pour faire « aimer l’homme » aux lesbiennes… 8 viols sont déclarés par jour en Belgique et seuls 4% des violeurs finissent en prison. Si Jodie Foster, en portant le film dans la qualité de son jeu et plus tard dans son coming-out, a ouvert les yeux aux « pauv’ mecs », il s’agit là d’un film essentiel, même si 25 ans plus tard, son image et sa façon d’être filmé ont, eux, un peu vieillis. Après la scène de Romy Schneider dans Le vieux fusil, voici des films quasi éducatifs dans une société qui a fait de l’industrie du porno la première source de (dés)information des jeunes. N’oubliez jamais, messieurs, que vous êtes fils et/ou frère et/ou père d’une femme !
Véronique de Laet
Voir ce film sans émotion, ou avec excitation, devrait vous faire envisager de voir un psy ! Sarah, ivre, droguée, a beau dire non et crier, la foule reste insensible et même Sally, son amie, consciente qu’il y a un problème, baisse les bras. Jodie Foster a mérité les nombreux prix, dont son premier Oscar, pour ce rôle qui révolte toutes les femmes, alors que par le monde entier, des hommes (pire ! Des pères de
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octobre 2013
Happy Birthay Mr. Suricate Le Fugitif
1993
©Warner Bros
Indiana Jones prend la fuite ! Dans la seconde partie des années 1980, Harrison Ford s’est employé à briser son image d’action héros, acquise à la suite de ses aventures dans la peau de Han Solo et d’Indiana Jones. Avec des films comme Mosquito Coast, A propos d’Henry ou encore Frantic, il surprend le public... mais voit aussi sa cote de popularité au box-office s’amenuiser quelque peu. En 1992, il repart donc à la « conquête » de sa couronne avec Jeux de guerre, dans lequel il interprète (après Alec Baldwin qui l’avait remplacé dans A la poursuite d’Octobre Rouge) le personnage de Jack Ryan, analyste de la CIA plongé en plein conflit entre la Grande-Bretagne et les indépendantistes irlandais. Le film est un honnête thriller, mais c’est l’année suivante que Ford va surprendre tout le monde avec le film qui nous intéresse aujourd’hui : Le fugitif. En 1993, il n’est pas très courant de voir des séries télé prendre le chemin du grand écran. Des romans, il s’en adapte à la pelle, les premières bandes dessinées poussent timidement le bout de leur nez... Mais les séries télé ? A cette époque, le petit écran est encore considéré comme le parent pauvre du cinéma, un diablotin qui a bien failli avoir la peau des grands studios lors de l’explosion des années 1960. Alors s’inspirer d’un scénario du petit écran pour en faire une production
d’envergure... C’est pourtant ce qui va arriver avec Le fugitif. Au départ donc, une série télé à succès, lancée dans les années 1960 : l’histoire du docteur Richard Kimble, accusé à tort du meurtre de sa femme, fuit à travers les ÉtatsUnis, avec l’espoir de retrouver le véritable meurtrier. Dans chaque épisode, il joue les redresseurs de tort dans l’une ou l’autre petite ville de l’Amérique profonde, avant que la police, incarnée par le Lieutenant Philip Gerard, ne l’oblige à s’enfuir à nouveau. Le film, mis en scène par Andrew Davis (à qui l’on doit la mise sur orbite d’une certain Steven Seagal dans Nico et Piège en haute mer), reprend exactement les mêmes prémices. Harrison Ford endosse le rôle de Richard Kimble. Accusé du meurtre de sa femme, il parvient à s’échapper lors de son transfert en train, suite à un déraillement qui constitue la pièce de résistance de la première partie du film. A la différence de la série, le docteur Kimble incarné par Ford est presque totalement démuni face à la situation et doit surtout compter sur son opiniâtreté et son intelligence afin de comprendre dans quelle situation il se trouve. Le film prend également la peine d’élargir son propos et d’inscrire son histoire dans des préoccu-
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pations plus modernes, abordant, entre autres, la problématique des puissants lobbies pharmaceutiques... Et des pressions que peuvent subir les médecins face à ces monstres de la recherche brassant des milliards de dollars chaque année. Second atout de poids de cette adaptation : Tommy Lee Jones. Dans le rôle du Marshal Samuel Gerard, il transcende allègrement son rôle de « chasseur » pour le transformer en une personne perspicace, drôle et avant toute chose humaine. Là où les scénaristes et les metteurs en scène américains basculent souvent dans le manichéisme, l’équipe du Fugitif version cinéma prend le temps de peindre la situation avec un rien plus de subtilité. Cette performance vaudra d’ailleurs à Tommy Lee Jones l’Oscar du Meilleur Second Rôle, une récompense particulièrement surprenante pour un film à la fois populaire et inspiré d’une série télévisée. La « suite » du Fugitif, intitulée U.S. Marshal et centrée sur le personnage de Gerard sera également un succès commercial... malgré des qualités cinématographiques nettement moins évidentes.
Christophe Corthouts
Lois et Clark, les nouvelles aventures de Superman
1993
©D.R.
Série de science-fiction consacrée à Superman et Lois Lane. Le choix du titre est judicieux, dans le sens où Lois Lane est effectivement un des deux éléments moteurs de cette série qui ne verra que quatre saisons. C’est l’occasion de découvrir une journaliste autrement plus intéressante que celle interprétée par Margot Kidder dans la série de films. Ici, c’est Teri Hatcher qui s’en donne à cœur joie pour se retrouver au milieu du danger. Heureusement pour elle, Clark Kent, sous l’apparence de Superman, est presque toujours là pour la sauver. Je dis presque, car parfois, malgré ses pouvoirs, il est dans l’incapacité de la sauver.
Perry White sympa et un peu déjanté qui adore Elvis Presley. On l’avait précédemment vu dans la série V les visiteurs. Les personnages de Martha et Jonathan Kent sont conformes à l’idée qu’on se fait d’eux. Par contre, Jimmy Olsen, interprété par deux acteurs différents, manque sérieusement d’intérêt. C’est le larbin de Perry White. Il est aussi dommage que le personnage de Cat Grant n’ait duré qu’une saison. D’un autre côté, on est content de voir l’actrice Tracy Scoggins quitter cette série pour se retrouver en commandant de Babylon 5. Elle n’y a pas perdu au change.
Série originale, qu’on pourrait presque considérer comme une romance étalée sur quatre saisons. La rencontre ne se fait pas sans difficulté pour le couple qui doit travailler ensemble. On découvre un Clark très gentil, très perspicace, qui a du mal à gérer la personnalité de Lois Lane. Cette dernière a un tempérament très intéressant. Belle fouineuse par nature, elle a l’art d’attirer le danger. Dans la première saison, c’est face à Lex Luthor qui veut l’accaparer. On retrouve John Shea dans le rôle du méchant, qui a oublié pour l’occasion de se raser la tête. On lui préférera Gene Hackman (Superman le film), Kevin Spacey (Superman Returns) ou Michael Rosenbaum (Smallville). Par contre, Perry White n’est pas dénué d’intérêt. Lane Smith joue un
Même si cette série n’a pas été jusqu’au bout des objectifs de sept saisons, elle n’en reste pas moins une référence concernant Superman. D’abord parce que Lois Lane est vraiment excellente. La seule à pouvoir faire jeu égal à Teri Hatcher, c’est Erica Durance dans Smallville. Ensuite parce Clark Kent ne joue pas le maladroit de service qu’il joue dans les films. Cela ne colle pas avec sa personnalité. Dean Cain rentre bien dans la peau du personnage, même si au début on a dur à l’imaginer dans le costume bleu et rouge du superhéros. Je pense que le principal défaut de Superman, c’est d’avoir une sorte de sixième sens qui lui indique que Lois Lane est en danger. Ce sixième sens n’existe pas dans la bande dessinée, pas plus que
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dans les films. Dommage que les producteurs en ont usé et abusé. Le fil conducteur de cette série, ce sont les sentiments que Lois et Clark éprouvent l’un pour l’autre. L’attachement professionnel, amical, se transforme petit à petit en amour. Amour empêché par tous les ennemis du superhéros, en commençant par Lex Luthor. Même dans la tombe (ou assimilé), ce vilain arrive encore à interférer sur le bonheur des deux journalistes. Les producteurs sont d’ailleurs arrivés à fausser le mariage que tous les spectateurs attendaient. Une révélation inattendue qui permettait de refaire le mariage. Dans la quatrième saison, c’est bien un couple qu’il faut suivre. Lois n’est rien sans Clark et l’inverse est vrai aussi. Une belle romance qu’on aurait aimé voir continuer, si les producteurs n’avaient pas commis des erreurs qui ont fait partir le public. Un bon souvenir, une série qui se regarde toujours, et qui est le précurseur de Smallville. Dans la dernière saison de Smallville, on retrouve d’ailleurs pour un épisode Terri Hatcher dans le rôle de la mère de Lois Lane. La série va de 1993 à 1997 et contient 88 épisodes.
Marc Van Buggenhout
octobre 2013
Happy Birthay Mr. Suricate Da Vinci code
©JC Lattès
2003
L’important n’est pas ce que l’on écrit... Mais ce que l’on en dit ! Lors de sa sortie en 2003, c’est certainement Stephen King qui a défini avec le plus de... pertinence le Da Vinci Code. Selon le roi de Bangor, le roman de Dan Brown est « l’équivalent littéraire d’une barquette surgelée de macaronis au fromage ». Pour quelqu’un qui décrit ses propres romans comme des « Frites Big Mac », la remarque prend tout son sens ! De fait, le Da Vinci Code, comme les autres romans de Dan Brown par ailleurs, sont de ces lectures parfaitement calibrées qui se laissent dévorer sans effort une fois la saison d’été venue et qui rejoignent ensuite le carton destiné à la librairie de seconde main du coin... Reste que, après quelques romans au succès commercial évident, Dan Brown déboule en 2003 avec un phénomène qui, au dernier comptage, s’est vendu à plus de 85 millions d’exemplaires. Ce qui, vous en conviendrez, représente quelques tonnes de macaronis au fromage ! Alors la question se pose... Pourquoi celui-là ? Pourquoi à ce moment-là ? Avant tout de chose, il faut savoir que Dan Brown n’est pas un petit auteur réfugié chez un éditeur courageux mais désargenté. Derrière l’homme à l’inusable veste de ve-
lours brun, la machine Doubleday/ Random House/Bertelsman tourne à plein régime. L’un des plus gros éditeurs du monde peut, sans soucis, faire savoir dans quasi toutes les chaumières qu’un roman est en passe de prendre place sur les étagères des librairies. Imaginez maintenant cette machine de guerre promotionnelle au service d’une histoire qui vient titiller les fondements même du dogme catholique et vous commencez lentement à comprendre que la réussite du Da Vinci Code ne doit pas grand-chose au hasard. Enfin si, pour couronner le tout, vous laissez savamment planer le doute sur la véracité historique qui sous-tend la trame romanesque offerte aux yeux ébahis du public, vous obtenez une délicieuse recette que les lecteurs américains se sont empressés de dévorer, mi-fascinés, mi-scandalisés d’entendre que Jésus aurait pu s’envoyer en l’air avec Marie-Madeleine et faire d’elle la détentrice de son message messianique. Rappelons enfin que malgré tous les hauts cris que l’on peut entendre ici et là, le grand public francophones a tendance à réagir comme un seul homme face à un succès venus des States (faut-il rappeler les vagues successives de Twilight, ou encore de 50 nuances de pan-pancul-cul, dont les qualités littéraires étaient encore plus discutables...).
Sans compter nos voisins français qui raillaient d’un côté les déplorables erreurs et les stéréotypes plombant le roman... avant de se précipiter dans les librairies pour en faire le cadeau incontournable de Noël 2004 ! Le roman attirera bien entendu l’attention des producteurs hollywoodiens et c’est Tom Hanks et sa moumoutte qui donneront corps à Robert Langdon, symbologiste et personnage central des romans de Brown depuis Anges et Démons en 2000. Il serait par contre heureux de rappeler une fois encore, dix ans après sa sortie donc, que Da Vinci Code s’inspire en partie des écrits du Prieuré de Sion, un document forgé de toute pièce dans mes années 1950 par Pierre Plantard, extrémiste de droite et antisémite notoire... Et non d’une quelconque vérité historique dissimulée sous les aisselles de l’Homme de Vitruve. Trop heureux d’avoir mis au jour ce filon, Dan Brown remettra le couvert en 2009, avec Le symbole perdu, décortiquant cette fois l’influence maçonnique sur la fondation des États-Unis, puis Inferno en cette année 2013... Le roman de trop, qui se résume à un catalogue touristique de Florence, Venise ou encore Istanbul, entrecoupé de scènes d’action et de « résolutions d’énigme » terriblement répétitives.... À coup sûr, celui-là, on n’en reparlera pas dans 10 ans !
Christophe Corthouts
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La caravane de l’étrange
©HBO
2003
Une production de HBO, cette série – ovni télévisuel comme souvent chez HBO après des séries comme Six Feet Under, Les Soprano ou le récent Trône de fer – a révolutionné le petit écran lors de sa sortie. S’inspirant pour la photographie comme pour le surréaliste du travail d’un David Lynch (d’ailleurs la série fait beaucoup penser aussi à Twin Peaks, par ses côtés Bien/Mal, ses personnages décalés et les situations qu’on doit accepter sans avoir d’explication, une sorte de mythologie imperméable), il s’agit d’une allégorie du combat du Bien contre le Mal. Hélas, Carnivàle en VO, projet sur 6 saisons, fut annulé après deux saisons, malgré les 50.000 mails de contestation reçus par le président de la chaîne. Daniel Knauf, son créateur, nous narre la vie d’un cirque itinérant. Riche de personnages tous plus bizarres et flirtant avec les « Freaks » (monstres en anglais, telle la femme à barbe, l’hommeserpent etc.), nourri de références historiques à la période des tempêtes de poussière en Oklahoma dans les années 1930, La caravane de l’étrange est une sorte de voyage initiatique. Ben Hawkins est hébergé par un cirque itinérant après le décès de sa mère et son évasion des prisons de la police. Désemparé, ce jeune homme faisait peur à sa propre
génitrice bigote à cause de ses pouvoirs de guérison et de résurrection. Petit à petit, avec ses nouveaux amis, il se voit être envahi par des rêves du Bien et du Mal, rêves qu’il partage à l’identique en mode « miroir » avec un prêcheur/ arnaqueur, Justin Crowe (Clancy Brown, excellentissime). Qui est le Bien, qui est le Mal ? Qui va provoquer l’autre ? Nick Stahl joue Ben et parmi la grande équipe, on retrouve le Belge Patrick Bauchau (Le caméléon) dans le rôle du professeur Lodz et Michael J. Anderson (1m09 et déjà présent dans le film Twin Peaks) dans celui du directeur du cirque, le nain Sanson, celui qui guidera partiellement Ben, non sans un peu le manipuler. Série envoutante, exigeante, esthétique, construite et lente mais en fait si ces qualificatifs sont bien choisis, c’est qu’ils illustrent le rythme donné par le cheminement de cette étrange caravane dont chacun des membres est un monstre physiquement et un être plein d’humanité pour qui ne s’arrête pas aux apparences. À l’image du générique, limite psychédélique, le décor est planté au milieu du sable qui vole, d’une musique lancinante. Rien n’y est laissé au hasard, certains détails se révèlent essentiels, comme construits en boucle narrative.
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La série va crescendo, la saison deux étant beaucoup plus rapide que la première et nous faisant regretter une annulation arbitraire. Ce n’est pas une série de tout repos : elle est exigeante, elle demande à être apprivoisée, suivie et aimée telle qu’elle est. Elle est addictive quand vous avez enfin percé sa carapace et accepté ses différences. Elle ne laisse personne indifférent, du méga fan à celui qui n’a pas réussi à entrer dans l’ambiance. Son esthétique est à rapprocher d’un film culte le Bagdad Café, qui partage avec lui le décor de désert, de vent, une lenteur léchée et la présence de personnages hors normes. « Ce n’est pas du fantastique, ce n’est pas du documentaire, ce n’est pas uniquement historique et ce n’est pas une fiction de mœurs. C’est tout à la fois » nous résume Pierre Sérisier sur le site du Monde, section Blog des Séries. C’est probablement à la fois clair et complexe et la raison qui a fait courir à sa perte une des séries les plus inclassables des dernières années.
Véronique de Laet
octobre 2013
Happy Birthay Mr. Suricate Cold Case
2003
©CBS
Happy Birthday Cold Case : Affaires Classées ! Cela fait dix ans que Jerry Bruckheimer, maxi producteur de cinéma (de Top Gun au Lone Ranger en passant par Pirates des Caraïbes et Armageddon...) lançait sur les ondes américaines les aventures de Lilly Rush et ses collègues des enquêtes oubliées. A cette époque, les séries policières ont à nouveau le vent en poupe après le succès monstrueux des Experts, également produit par Jerry La Main d’Or. Les téléspectateurs sont friands d’intrigues tortueuses résolues grâce à la sagacité des héros, mais aussi grâce à l’arsenal technologique mis à leur disposition. Avec Cold Case, Bruckheimer a le nez fin. Les personnages ne sont pas seulement des policiers, ce sont aussi des redresseurs de tort d’un genre nouveau : ils vont réparer les erreurs du passé, rendre leur dignité à des cadavres oubliés, prouver l’innocence de malheureux accusés à tort et laver la mémoire de personnes parfois disparues depuis des décennies. Chaque épisode fonctionne sur un schéma identique : un ou plusieurs éléments nouveaux provoquent la réouverture d’une enquête rangée dans les cartons blancs, typiques des archives de la police. Interrogatoires, devoirs supplémentaires, retour sur les lieux du drame, emploi de techniques inimaginables à l’époque des faits... Lilly Rush et son équipe utilisent tous les outils à
leur portée pour faire éclater la vérité. Les épisodes sont construits comme des allers-retours entre le temps présent et le temps du crime. Parfois, la différence est anecdotique... Un ou deux ans. Parfois, les éléments mis à jour offre la possibilité à l’équipe de revoir des crimes commis entre le début du XXe siècle et l’époque contemporaine. Avec cette possibilité, riche, de confronter notre société d’aujourd’hui, ses codes, ses réalités sociales, économiques, ses mœurs... à celles du passé. Dans divers épisodes, les scénaristes peuvent ainsi aborder avec un regard pertinent des phénomènes comme le racisme, l’homophobie, la violence conjugale ou encore le comportement des adolescents. Mais là où la série atteint un niveau « supérieur » à bien des polars télévisuel classiques, c’est dans son utilisation tout à fait particulière de la bande sonore. Chaque épisode est agrémenté de morceaux rock/ pop tout droit sortis de l’époque traitée... Et savamment choisis pour entrer en raisonnante avec l’intrigue. De Bruce Springsteen à Elvis, de Nirvana aux Rolling Stones, de Pearl Jam à Johnny Cash, c’est un véritable défilé de stars qui s’invitent sur la bande sonore. Triste d’ailleurs qu’aucune version française ne prenne la peine de soustitrer les paroles de ces chansons, qui apportent toutes une force supplémentaire à la narration. Et enco-
re plus triste que le casse-tête juridique que nécessiterait la récolte des droits pour toutes ces perles de la culture musicale populaire exclue à jamais toute sortie en DVD ou en Blu Ray des sept saisons des enquêtes de Lilly Rush. Difficile aussi d’évoquer Cold Case sans parler de sa mise en scène. L’usage de la caméra à commande numérique, qui rend possible de tourner deux plans aux mouvements parfaitement identiques, permet aux divers metteurs en scène de la série de proposer des « glissements », entre les personnages dans leur incarnation « ancienne » et contemporaine. Un procédé qui atteint son apogée lors de la classique scène finale où dans un ballet ralenti parfaitement chorégraphié, les coupables, les agents de police et les victimes se croisent dans une ambiance quasi onirique, où le personnage de Lilly Rush (interprété à la perfection par Kathryn Morris) sert de point d’ancrage au téléspectateur. Annulée en 2010, à la fois pour des raisons d’audience mais aussi de coûts de production, Cold Case continue de faire les belles soirées de nombreuses chaînes américaines... Et réapparait ponctuellement sur l’une ou l’autre chaîne francophone à la faveur d’une programmation de soirée. Si d’aventure vous croisez Lilly Rush, posez-vous et laissez-vous emporter. Vous ne serez pas déçus !
Christophe Corthouts
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Johnny cash : la légende de la country
©D.R.
2003
Nous rendons hommage ce mois-ci à une véritable légende qui a révolutionné la musique country. Chanteur, guitariste et auteur-compositeur, Johnny Cash a également apporté sa petite touche personnelle au rock and roll, au rockabilly, au blues, au folk et au gospel. Zoom sur la vie mouvementée d’un chanteur qui a côtoyé les plus grands. Né en 1932 dans l’Arkansas, il s’est éteint à l’âge de 71 ans en 2003 à Nashville, Tennessee. À sa naissance, ses parents n’arrivent pas à se mettre d’accord sur un prénom et se contentent donc d’initiales : J.R. Ce n’est qu’à son entrée dans l’armée de l’air qu’il décidera de s’appeler John. Depuis tout petit, Johnny est passionné par la musique et, avant d’être sorti du lycée, il passe déjà à la radio. I Walk the Line, Folsom Prison Blues, Ring of Fire, Get Rhythm, Man in Black et Jackson (où lors d’un concert live à Londres, il demande June Carter en mariage sur scène) sont quelquesuns de ses plus grands tubes. Tout au long de ses cinquante ans de carrière, il a connu le succès et a vendu près de 90 millions d’albums pour une discographie officielle de 61 albums. Son comportement et ses tenues de scènes sombres lui ont valu le surnom de man in black (« l’homme en noir ») et, s’il
collectionne les scènes de toutes sortes, il affectionne tout particulièrement de chanter devant un public carcéral. Il aidera d’ailleurs un détenu à se lancer comme chanteur et à sortir de prison. En plus d’être chanteur, Johnny Cash a également animé sa propre émission de télévision sur ABC : The Johnny Cash show où il reçoit des artistes comme Neil Young, Louis Armstrong , Kenny Rogers and The First Edition, James Taylor, Ray Charles, Eric Clapton, Kris Kristofferson et Bob Dylan. Il a d’ailleurs aidé Bob Dylan à relancer sa carrière, après son accident de moto, en chantant avec lui sur l’un de ses albums. Il enregistrera également des albums avec Roy Orbison, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, U2 et fera des reprises des chansons d’artistes d’horizons très variés comme Depeche Mode, U2, Leonard Cohen,Nick Cave, Soundgarden ou Nine Inch Nails. En plus de côtoyer de grandes pointures artistiques, Johnny intervient également en politique, principalement pour défendre la cause des détenus, connaît tous les présidents à partir de Richard Nixon et deviendra un ami très proche du président Jimmy Carter.
riques. Tout au long de sa carrière, il en consommera à forte dose et se vantera d’avoir essayé toutes les drogues existantes. Suite à une tentative de suicide sous l’influence de la drogue, Johnny affirme avoir eu une révélation surnaturelle et redécouvre sa foi religieuse. June Carter, sa future femme, et sa maman l’aideront à sortir de ces dépendances en l’enfermant pendant 1 mois entier chez elles pour le sevrer. Suite à cet épisode, Johnny ajoutera une corde à son arc en se transformant également en écrivain en rédigeant deux ouvrages autobiographiques. La vie de Johnny Cash est fidèlement retracée dans le film Walk the Line de James Mangold, sorti en 2005, où Joaquin Phoenix interprète à merveille le rôle principal. Les œuvres de ce grand monsieur s’entendent encore actuellement un peu partout comme par exemple dans les bandes originales de films telles que Kill Bill, Jackie Brown ou Un monde parfait et resteront encore longtemps, parce que nous, on ne s’en lasse pas !
Emilie Lessire
Mais l’homme aux milles talents cache un côté sombre empreint de fortes dépendances, principalement aux amphétamines et aux barbitu-
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octobre 2013