Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms
Le Suricate Magazine
Spécial Avignon Le Festival dit le « IN » et le circuit parallèle du festival : le « OFF »
Sommaire
Je vais «à Avignon» ou «en Avignon» ?
Le OFF / Le théâtre des Doms
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Le théâtre des Doms Ici s’écrit le titre de la pièce... In Vitrine La Petite évasion Smatch 1 Combat avec l’ombre Me, Myself and us [Weltanschauung]
Le festival Le Festival d’Avignon In Le OFF Dans les rues
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Le Festival d’Avignon In Partita 2 Germinal Place du marché 76 Le Pouvoir des folies théâtrales Rimini Protokol Faust 1+2 Cour d’Honneur La Parabole des papillons Bilan du In
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Nés Poumon noir La Rentrée d’Arlette Homaj à la chonson française To be Hamlet or not Les Volets Clos Italie - Brésil 3 à 2 Le Petit Poucet Amour et jambes cassées AFAG théâtre
N’a pas eu le temps de danser sous le pont ...
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p. 20 p. 21 p. 22 p. 23
Le OFF / Les autres spectacles
Cotations Rien à sauver Mauvais Mitigé Bon Très bon Excellent
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18 août 2013
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Le terrier du Suricate
Edito
Je vais «À Avignon» ou «En Avignon» ? Grande question que celle-là. L’expression « en Avignon » n’est-elle qu’une marque de snobisme parisien ? Est-elle l’expression grammaticalement juste ? Est-elle une aberration injustifiée et indélébile ? Et comme le demande le chanteur Frédéric Frommet « Ceux qui vont en Avignon vont-ils aussi en Arcachon ? ». Concernant l’expression, voici ce que l’on peut lire sur le site de la Mairie d’Avignon : « La formule "en Avignon", si elle permet d’éviter un hiatus quelque peu dissonant, est toutefois incorrecte lorsqu’elle s’applique à la ville contenue dans ses limites communales. Son emploi dans ce cas est souvent le fait de l’ignorance ou d’un certain pédantisme basé parfois sur des nostalgies d’Ancien Régime. » De ce point de vue là, vous pouvez parler de «En Avignon» lorsque vous évoquez Avignon avant 1791, vous pouvez donc de nos jours vous rendre en Andorre, en France, en Provence, mais pas en Avignon. Mais pour être plus précis, tout dépend de ce que vous comptez y faire, à Avignon. Je m’explique. Si vous venez uniquement dans la ville, et que vous comptez restreindre votre séjour à cet espace géographique, vous irez alors « À Avignon ». En revanche, si vous venez dans la région d’Avignon et que pour vous, cela intègre des promenades dans les villages alentours ou par exemple dans le Luberon, vous avez alors le droit
de venir « En Avignon », entendu comme la région d’Avignon. Pour finir et pour aller plus loin, on peut considérer que durant le festival, la ville se transforme, change de population et acquière un statut tout particulier, celui d’un lieu de théâtre à part entière. On peut alors suggérer qu’Avignon est, le temps du mois de juillet, un territoire de théâtre, et alors s’accorder le droit, en faisant fi de toute règle grammaticale, de venir « En Avignon » pour le festival. Et puisque j’y suis à rétablir les vérités sur Avignon, abordons-en deux autres. Sachez qu’à l’origine de la célèbre chanson Sur le pont d’Avignon on ne dansait pas sur le pont mais «sous le pont d’Avignon» car l’on faisait cela sur les berges du Rhône. Et pour finir, le non moins célèbre tableau de Picasso Les Demoiselles d’Avignon, ne représente pas les femmes de notre chère cité. En effet, il représente les prostituées d’une rue de Barcelone se nommant la carrer d'Avinyò (rue d'Avignon), que Picasso fréquentait à ses vingt ans. Maintenant que vous savez tout cela, pour pourrez aller vous faire mousser dans les réceptions branchées et autres vernissages, tout en réfléchissant à la manière dont vous vous rendrez à Avignon l’été prochain.
B.R.
Avignon, mon amour. Ce mois-ci je vous fais partager mon amour du festival d’Avignon. Enfin du Festival d’Avignon avec des majuscules et du OFF. Enfin du festival en général. Et voilà, ça commence, on y comprend déjà rien. Comme vous allez le voir, durant le mois de juillet à Avignon, le théâtre investit la ville, des affiches poussent sur les murs, il y a aussi des tracteurs qui vous harcèlent tous les deux mètres pour prendre leurs flyers, des rues d’habitude vides qui deviennent pleines, et des théâtres qui poussent dans tous les coins. Et de nombreuses questions comme : un garage sur le sol duquel l’on met cinquante coussins est-il un théâtre? Y-a-t’il un ou deux festivals? Et cætera, et cætera. Fans de théâtre contemporain, fans de one man show, fans de débats endiablés, fans de spectacles de rue, fans de glace à la vanille, de pastis et de pac à l’eau, il y en a pour vous tous en juillet à Avignon. Profitez donc bien de vos dernières semaines de vacances, de vos lieux de travail fraichement retrouvés ou de vos rattrapages en feuilletant ce magazine. Et surtout, n’oubliez pas que le premier amour de David Hasselhoff était à Avignon (My first love was in Avignon), et si ça, ce n’est pas un argument de choc, et bien je ne peux plus rien pour vous.
B.R. Une publication du magazine
Le Suricate © http://ww.lesuricate.org Directeur de la rédaction : Matthieu Matthys Rédacteur en chef : Loïc Smars Directeur section littéraire : Marc Bailly Directeur section musicale : Christophe Pauly Directeur section théâtre : Baptiste Rol
Crédits Webmaster : Benjamin Mourlon Secrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre
A élaboré ce numéro : Baptiste Rol
Relation clientèle : redaction@lesuricate.org Régie publicitaire : pub@lesuricate.org
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18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms
Le Festival d’Avignon dit Le «In» Le festival officiel, créé en 1947 par Jean Vilar
L’explication Le Festival d’Avignon est le festival officiel, que les festivaliers surnomment le «In». Il a été créé par Jean Vilar en 1947. Ce festival se déroule dans les monuments historiques du centre-ville d’Avignon qui sont principalement des lieux en extérieurs ainsi que dans des salles polyvalentes et autres lieux des alentours. La programmation est centrée sur la création contemporaine et on y trouve du théâtre, de la danse, de la performance ainsi que des expositions comme celles de Sophie Calle ces deux dernières années.
d’Avignon. C’est un espace de débat dans lequel les spectateurs livrent leurs impressions, font part de leur joie ou de leur mécontentement et discutent de certains éléments du spectacle. Le Festival est, de ce point de vue, un réel espace de liberté dans lequel on peut dire que ce spectacle « a changé ma vision du monde», que ce spectacle «est une insulte que l’on m’a faite» ou tout
Les spectacles qui y sont présentés font partie de ce que l’on nomme le théâtre subventionné. Ce sont des spectacles à gros budget, ce qui explique que le prix des places est parfois élevé. Cependant les tarifs pour les jeunes sont très avantageux et parfois moins élevés que dans le OFF. Dans les clichés qui collent au In, on peut entendre que les places coûtent 100 euros (ce n’est pas vrai), que les spectacles durent 10 heures (c’est parfois vrai) et que les spectateurs se permettent tout, même partir en plein milieu d’un spectacle en empruntant le chemin le plus long et en criant que «c’est de la merde» aux comédiens en train de jouer (c’est vrai).
Cette édition 2013 était la dernière des co-directeurs Hortense Archambault et Vincent Baudriller. Pour cette dernière, ils ont établi la programmation avec la collaboration de deux « artistes associés » : l’auteur, metteur en scène et comédien camerounais Dieudonné Niangouna, et l’auteur, metteur en scène et comédien français Stanislas Nordey. Le In se caractérise donc par une programmation artistique et une volonté de rendre compte de la création contemporaine dans le domaine des arts de la scène. Mais une de ses caractéristiques propres est son public. En effet, l’importance accordée au public n’a fait qu’augmenter avec les années. Ainsi, à chaque création présentée dans le cadre du In, une rencontre avec l’équipe artistique et technique du spectacle est organisée à l’école d’art
ci-dessus), les émissions de France Inter et France Culture en direct et bien d’autres évènements tout au long du Festival.
simplement que «ce spectacle est nul». Je vous conseillerais cependant d’avoir quelques arguments à avancer pour soutenir ces jugements. Cela facilitera l’arrêt des sifflets que certains pourront émettre à votre égard. Au-delà de ces rencontres, il y a aussi les conférences de presse avec les directeurs du Festival et les artistes qui se font aussi en public au Cloitre Saint-Louis (photo
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En tout cas, c’est un festival auquel on s’attache et qui ne laisse pas indifférent. À partir de l’année prochaine, Olivier Py prendra la tête du Festival d’Avignon, ce qui changera probablement des choses. Le seul moyen de savoir quoi est de vous y rendre en juillet 2014.
Le OFF Le festival qui s’est construit en marge du Festival d’Avignon
L’explication En marge du Festival d’Avignon, et ce dès la fin des années 1960, ont commencé à apparaitre des spectacles, joués dans d’autres lieux de la ville. C’est le directeur du théâtre des Carmes, André Benedetto qui lance ce festival non officiel en 1966. Ce festival s’est depuis agrandi et institutionnalisé. Il est maintenant dirigé par l’association Avignon Festival et Compagnie et dirigé par Greg Germain (rien d’autre que la voix française de Will Smith pour la petite anecdote). Le OFF se déroule dans des dates proches de celles du In, et se déroule dans toute la ville. Tout espace est prétexte à devenir une salle de spectacle (théâtre, collèges, cours, garages, etc.). Le nombre de compagnies accueillies augmente chaque année, puisqu’il n’y a aucune régulation opérée. Toute compagnie qui trouve un lieu de représentation peut venir au OFF. Pour cet été 2013, ce sont 1066 compagnies et 1265 spectacles qui ont fait le OFF.
Pour s’y retrouver, l’association publie un programme qui répertorie l’ensemble
des spectacles du OFF. Finalement, je ne suis pas sûr que cela aide à s’y retrouver, mais au moins, ça vous donne l’impression de choisir parmi tous les spectacles présentés.
Pour avoir une chance d’être repérées dans cette fourmilière, les compagnies font chaque année la course au tract le plus original ou le plus utile. Du dessous de verre, à la boite d'allumettes, en passant par le très intelligent tract imprimé sur un sac en papier dans lequel vous pouvez y ranger les autres tracts. Voici alors quatre stratégies pour choisir un spectacle dans Le OFF. 1. La stratégie du «je m’en fous». Voici probablement la plus risquée de toutes mais la plus facile à réaliser. Vous prenez votre programme de 300 pages, vous fermez les yeux, vous l’ouvrez au hasard et posez votre doigt sur un endroit de la page. Vous ré-ouvrez les yeux et vous découvrez ce que vous irez voir ce soir. Cette stratégie a une variante nommée «tient ! Il est 16h10 je vais voir
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n’importe quel spectacle qui se joue à 16h20». 2. La stratégie du «ça a l’air cool». Moins risquée que la première, elle consiste à se balader dans les rues ou à boire un coup en terrasse et à attendre d’être séduit par une compagnie qui fait la promotion de son spectacle. 3. Le «je ne vais pas n’importe où». Parce qu’en effet, certains théâtres sont réputés pour faire une réelle sélection et ne pas prendre n’importe qui. Par exemple, Le Théâtre des Doms spécialisé dans les spectacles belges francophones (voir page 18). 4. Le «Bouche-à-oreille». C’est certainement la plus pratiquée et la plus sûre en termes de qualité du spectacle que vous irez voir. Cependant, vous serez certain de voir les mêmes spectacles que tout le monde. Depuis quelques années, Le OFF est critiqué par certains théâtres et certaines compagnies qui reprochent une gestion de plus en plus commerciale et de moins en moins respectueuse pour les spectateurs et les compagnies. Notamment parce qu’il ne propose aucune solution pour réduire le nombre de compagnies, et ne cherche donc pas à éviter la faillite des compagnies qui prendront alors deux ans pour se remettre de leur festival. Sur ce point-là, la réponse du directeur Greg Germain est claire. Il précise que Le OFF n’est pas un festival mais un marché, où les programmateurs viennent acheter les spectacles.
18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms
La phase de transformation de la ville Le mois de juillet à Avignon, la ville se transforme entièrement. Les grilles et murs d’habitude vides, se retrouvent recouverts d’affiches. Des théâtres poussent à chaque coin de rue, alors que durant l’année il n’y en a pas plus d’une dizaine. De même des dizaines de snacks et restaurants ouvrent pour le mois de juillet. Et certaines rues d’ordinaire dénuée d’intérêt deviennent des points centraux de la ville l’espace d’un mois.
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La playlist : festival d’Avignon o «Tout est normal» - Frédéric Frommet Une chanson très drôle et très satirique pour vous expliquer ce qu’est le festival : les locations trop chères, les 1200 spectacles, la différence In et Off, etc. o «Le Monologue Shakespearien» - Vincent Delerm Un spectacle du In trop ennuyant, contraint Vincent Delerm à quitter les gradins et faire un tour dans Avignon la nuit. o «Avignon» - David Hasselhoff Son premier amour était à Avignon, si si écoutez. o «L’Auto-stoppeuse» - Renaud Il prend une autostoppeuse. Manque de pot, c’est une punkhippie qui se rend à Avignon pour en rejoindre d’autres Place de l’horloge. o «Danser» - Herma Vos Dansons sur le pont d’Avignon. o «La ronde des quatre chansons» - George Brassens Les damoiseaux et demoiselles de la chanson ont bien changés, et l’oncle Georges se fait virer d’Avignon comme un malpropre. o «Les Marchés de Provence - Gilbert Bécaud Un petit air du sud de la France, tout simplement.
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18 août 2013
Germinal de Halory Goerger et Antoine Defoort Déjà vu au Kunstenfestivaldesarts, on y est retourné, on ne s’en lasse pas.
La critique « Et si on avait la possibilité de repartir de zéro, même à l’intérieur de huit mètres par huit, on ferait comment ? » Le spectacle commence. La lumière baisse côté public, les spectateurs arrêtent de parler, puis la lumière se rallume un peu, puis elle se ré-éteint. Un projecteur s’allume très progressivement sur la scène, puis s’éteint puis se rallume et se ré-éteint jusqu’à s’allumer totalement. Quatre personnes sont assises sur un côté de la scène, une console à la main et testent les boutons, allumant tantôt un éclairage à droite, tantôt un autre à gauche, et cetera. Au bout d’un moment, l’un d’eux se lève et teste un bouton sans comprendre à quoi il sert. Il pousse le bouton et derrière lui un sous-titre s’affiche : « il marche pas ce bouton ! ». Puis « il est assigné à quoi ce bouton-là? ». Jusqu’à ce qu’il se rende compte que le bouton lui permet justement de traduire ses pensées à l’écrit et donc de les transmettre à d’autres. Il montre sa trouvaille aux autres, et c’est là que, communiquant par cet outil tout nouvellement trouvé, ils commencent à interagir et à découvrir cet univers de la taille d’une scène ainsi que ses possibilités. Le postulat de base et donc le suivant : supposons que quatre individus soient les premiers d’un univers, et qu’au lieu de naître/d’apparaître dans un univers entouré de nature, ils apparaissent dans un univers numérique. Qu’au lieu de cailloux comme premiers outils, ils aient entre leurs mains des consoles.
Je ne veux pas en dire plus tellement la découverte du spectacle au fur et à mesure est un plaisir de tous les instants. Je vous dirais seulement que ce spectacle est génial et je pèse mes mots. Les personnages vont découvrir la communication, par geste, puis par l’écrit, puis orale et ainsi de suite. La dose d’humour est très forte et la dose de réflexions sous-jacentes l’est tout autant, et c’est ce qui est la grande réussite de ce spectacle : c’est à la fois très intelligent et très bête, et c’est génial. Je vais alors parler d’Antoine Defoort, celui des deux créateurs de Germinal dont je connais un peu le travail. Il avait
« C’est à la fois très intelligent et très bête, et c’est génial. » présenté Cheval, avec son acolyte Julien Fournet au Festival d’Avignon il y a quelques années. Antoine Defoort est un habitué des expérimentations à base de numérique, de musique et de tout ce qui lui vient à la main, le tout baigné dans beaucoup d’humour et de n’importe quoi ou presque. Tout comme le moment de Cheval, ou l’un des comédiens joue un morceau classique à la flûte à bec (avec sa narine si je m’en souviens bien) et qu’il fait les chœurs ou l’un des instruments avec des extraits de commentaires footballistiques qui respectent les bonnes tonalités. Pendant le Festival d’Avignon, il était
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possible de découvrir un jeu créé par Julien Fournet et qui s’intitule Le Jeu de l’oie du spectacle vivant. C’est un jeu de loi s’inspirant de toutes les étapes nécessaires à la création d’un spectacle. Encore une fois, c’est drôle et intelligent. Exemple: «Présence d’animaux de la jungle et d’une chorale d’adolescents nus sur le plateau» Lancez le dé: PAIR - bonne ambiance, avancez étape 2. IMPAIR - Problèmes juridiques, retournez étape 1. Je vous invite maintenant à faire un tour sur le site Internet de l’Amicale de production : http://www.amicaledeproduction.com/ Autre point important l’Amicale production sera à la rentrée 2013 associée au Beursschouwburg (Bruxelles). N’oubliez pas cela, et jetez-vous sur les présentations de travaux, les rencontres ou tout moment qui sera proposé dans ce lieu en leur compagnie.
Prochaines dates : - le 3 octobre 2013 au Budakunstencentrum (Kortrijk) - les 10 et 11 octobre 2013 au Vooruit (Gand) Prochaines dates : le 3 octobre 2013 au Budakunstencentrum de Kortrijk les 10 et 11 octobre 2013 au Vooruit de Gand.
18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms Dans une mise en scène déjantée ponctuée d’humour noir et de scènes à faire frémir les âmes sensibles, la compagnie flamande Needcompany nous raconte, au travers d’un spectacle musical, l’histoire d’une « communauté de villageois qui doit faire face à des évènements malheureux, venus de l’extérieur comme de l’intérieur. » Est-il possible d’oublier des évènements douloureux autrement que par la désignation d’un coupable ? Et que faire lorsqu’à chaque horreur en succède une autre encore plus difficile à oublier ? Place du Marché 76 de et par Jan Lauwers Needcompany Avec Grace Ellen Barkey, Anneke Bonnema, Hans Petter Dahl, Julien Faure, Yumiko Funaya, Benoît Gob, Sung‐Im Her, Romy Louise Lauwers, Emmanuel Schwartz, Maarten Seghers, Catherine Travelletti, Jan Lauwers & Elke Janssens
De mon côté, je trouve le spectacle entrainant. Pour commencer, les parties chantées et dansées sont plutôt bien faites. Bien qu’à la première chanson, le côté kitsch de la scène fasse un peu peur pour la suite, l’atrocité des évènements racontés vient rapidement contre-balancer ces passages que l’on aurait pu croire naïfs au début. La scène de viol, alternant suggestion et représentation partielle, mettra d’ailleurs les cœurs et les estomacs sensibles à l’épreuve. Il y a du rythme, des passages drôles, des passages durs et le tout est assez bien équilibré.
faire passer la compagnie atteint sa cible. Et l’on se demande en fait, s’il y a un message ou des questions posées à l’intérieur du spectacle. Parce qu’une fois que l’on s’est demandé si l’est possible de surmonter et d’oublier des évènements horribles autrement qu’en reproduisant d’autres évènements, le spectacle ne raisonne pas plus longtemps dans le ventre ou dans la tête. Entre les spectateurs qu’une scène de viol fait partir à la moitié du spectacle, ceux que l’alternance de chansons et de scènes tragiques réjouit et ceux qui ne comprennent pas où se trouve le message au milieu de toutes ces horreurs, il est difficile de trouver un point d’accord à la sortie du spectacle. Ce qui est sûr, c’est que le spectacle en laisse peu indifférents. Prochaines dates : les 12 et 13 novembre au Kaaitheater de Bruxelles.
En revanche, en creusant un peu, on se demande si le message que tente de nous Jan Fabre et le Festival d’Avignon, c’est une grande histoire d’amour et de haine. Cet artiste flamand est connu pour faire du théâtre performance très radical. C’est à dire qu’il est connu pour faire du théâtre qui n’en est pas vraiment, et ce depuis ses débuts au théâtre, en 1982. Depuis l’année dernière, Jan Fabre a fait passer des castings dans plusieurs pays européens afin de remettre en scène ses deux premiers spectacles : Du théâtre comme il était à prévoir et à espérer (1982) et Le Pouvoir des folies théâtrales (1984). Le Pouvoir des Folies théâtrales de Jan Fabre Avec Melissa Guerin, Kasper Vandenberghe, Maria Dafneros, Piet Defrancq, Nelle Hens, Sven Jakir, Carlijn Koppelmans, Georgios Kotsifakis, Dennis Makris, Lisa May, Giulia Perelli, Gilles Polet, Pietro Quadrino, Merel Severs, Nicolas Simeha
N’ayant pas du tout aimé ses spectacles récents et étant de nature curieuse j’ai décidé d’aller voir ces deux reprises lorsqu’elles sont passées à Bruxelles, pour savoir si sa renommée me paraissait justifiée. Et effectivement, elle l’est plutôt. En effet, lorsqu’il présente ses spectacles au début des années 1980, il est le premier à amener sa pratique des arts plastiques et de la performance dans le monde du théâtre et de manière aussi poussée. Les deux spectacles sont un enchaînement de performances, le premier pendant 8h et le second pendant 4h. Les comédiens/performers courent tout en
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récitant un texte, ils se mettent des claques, ils font des performances physiques plus que d’acteurs. Mais le tout se fait dans une certaine poésie, avec beaucoup d’humour et de fraicheur. En replaçant ces spectacles dans leur contexte de sortie, ils étaient novateurs et intelligents. Bien que ce soit une bonne chose de pouvoir les revoir maintenant, il faut avouer qu’ils ont largement perdu leur pouvoir subversif et qu’ils sont par-dessus tout, extrêmement misogynes. Et cela n’est malheureusement pas très nouveau. Si vous êtes adeptes de la performance ou de l’expérience théâtrale, je vous les conseille fortement (avec une grande préférence pour celui de 8h, mieux développé et encore plus hypnotisant). Au fait, je voudrais signaler au journaliste qui a trouvé ce spectacle « d’une puissante contemporanéité » qu’il se trouve probablement dans une faille spatio-temporelle et qu’il devrait essayer de revenir parmi nous le plus rapidement possible.
Rimini Protokoll Une compagnie aux oeuvres participatives, ancrées dans le territoire et engagées.
La Compagnie Rimini Protokoll est une compagnie fondée par Helgard Haug, Stefan Kaegi et Daniel Wetzel et traitant des rapports entre la réalité et la fiction. La plupart de leur spectacles intègrent les spectateurs au cœur du dispositif ou mettent en scène des personnes dans leur propres rôles. Les œuvres de la compagnie sont d’ailleurs très difficiles à faire rentrer dans des cases. Théâtre, théâtre-documentaire, théâtre participatif, etc. Déjà, il y quelques années, Stefan Kaegi avait présenté, dans le cadre du Festival d’Avignon, Radio Muezzin, spectacle qui mettait en scène quatre muezzins du Caire nous racontant leurs métiers, leurs trajets quotidiens, et nous faisant profiter de leurs chants religieux. C’était un spectacle fort et très intéressant. Ici, ils reviennent avec deux spectacles qui brouillent encore plus les frontières : le premier étant sans comédiens, et le deuxième étant avec des comédiens qui n’en sont pas. Mais ce que j’adore avec Rimini Protokoll c’est que, lorsque l’on m’explique le principe du spectacle, je me demande à chaque fois en quoi cela est du théâtre. Et en ressortant du spectacle, je suis à chaque fois obligé de reconnaitre que c’est du théâtre.
Remote Avignon
Lagos Business Angels
C’est en quelques sortes une visite de la ville telle que vous ne pourrez la voir autrement. Personnellement, j’ai vécu à Avignon jusqu’à mes 23 ans, et nous sommes passés par des rues où je n’étais jamais allé ou alors par des passages que seuls les avignonnais «pure souche» empruntent.
Imaginez un salon de commerce dans lequel des hommes et femmes d’affaires vous présentent l’activité qu’ils mènent à Lagos au Nigéria. Voilà, vous êtes dans la nouvelle création de Rimini Protokoll et ici plus que jamais, il est très difficile de dire en quoi c’est du théâtre.
Partant du cimetière, en passant par l’université puis en traversant la ville pour finir à l’opéra. Durant cette promenade de deux heures, une voix électronique nous guide et nous fait exécuter des actions. Imaginez la réaction des passants lorsque quarante personnes disséminées sur une place s’accroupissent en même temps, imitent des jumelles avec leurs mains, improvisent une manifestation au milieu des voitures ou se mettent à faire la course en pleine rue.
Les spectateurs passent d’un stand à l’autre, du vendeur de chaussures vous montrant en quoi ses créations pourraient très bien être portées par des occidentaux, au pasteur évangélique vous priant de reconnaitre le talent et l’esprit d’initiative qu’il y a en vous, en passant par une femme qui après avoir été victime d’une escroquerie et devenue membre du conseil nigérien contre les arnaques. Le plus étonnant est qu’à la fin, vous pouvez venir leur parler et acheter leurs produits, prendre leur carte et les contacter plus tard. Ce ne sont pas des comédiens. C’est déroutant et intéressant, comme toujours avec Rimini protokoll.
L’expérience est drôle, intelligente et unique. Prochaines dates : Remote Bâle du 18 au 21 et du 25 au 28 septembre.
Ici, le dispositif est simple. Le spectacle se présente sous forme de déambulation dans la ville. Les spectateurs forment un groupe de quarante personnes, chacune avec un casque sur la tête, et elles doivent suivre les directives que leur donne la voix dans le casque.
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18 août 2013
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FAUST 1 & 2 par Nicolas Stemann L’Allemand déjanté Nicolas Stemann porte l’intégrale de FAUST à la scène
La critique Ce qui est génial avec Nicolas Stemann, c’est qu’il se permet tout. Après un passage remarqué l’année dernière au Festival d’Avignon avec Les Contrats du Commerçant, il revient avec un pari encore plus fou : monter l’intégrale de Faust écrit par Goethe alors que les metteurs en scène s’arrêtent généralement à la première partie. C’est donc huit heures de spectacle dans lesquelles le public est embarqué pour le meilleur et pour le meilleur. Afin que vous compreniez un peu mieux le personnage, je vais tout d’abord revenir sur le spectacle qu’il avait présenté l’année dernière, Les Contrats du commerçant. Une comédie économique est une pièce allemande écrite par Elfriede Jelinek. La pièce n’est jamais fixe et l’auteure elle-même la réécrit régulièrement en fonction de l’évolution de la crise économique. Le texte est très riche, contient des références, des citations et n’est vraiment pas un texte facile, ni à entendre ni à mettre en scène. Ce que Nicolas Stemann avait décidé était d’en faire ce qu’il voulait. C’est accompagné de musiciens, de techniciens, de vidéastes, et du dramaturge que Nicolas Stemann réinventait le texte sous nos yeux interloqués, dans un grand foutoir musical et joyeux. Pour être vivant, le théâtre de Nicolas Stemann est vivant, et même plus que cela. Il est libre, sans contrainte, ni pour les acteurs, ni pour les spectateurs puisqu’un bar équipé d’une télé retrans-
mettant la pièce était installé à l’extérieur de la salle et que les spectateurs étaient invités à sortir et revenir à leur guise durant les quatre heures de spectacle. D’ailleurs il n’y avait pas vraiment de temps défini, puisqu’un compte à rebours des pages lues était installé sur la scène, et que commençant à 100 le spectacle s’arrêtait lorsque nous atteignions 0. C’est donc avec sa pratique libérée du théâtre qu’il s’attaque à l’intégrale du Faust de Goethe, qui n’est toujours que partiellement monté, tant il est réputé infaisable en entier.
« Bref, c’est un vent de fraicheur et de liberté qui traverse le théâtre durant près de huit heures. » Comme un des premiers soucis de Nicolas Stemann est de ne pas contraindre le public, les huit heures sont entrecoupées de trois pauses, ce qui ne fait en fait que six heures de théâtre. Faust 1 est joué d’une seule traite en trois heures, avec trois comédiens qui se relayent en interprétant chacun l’ensemble des rôles. Alors dis comme cela, ça parait assez confus mais un petit écran qui surplombe la scène indique à chaque entrée ou sortie de personnage lesquels sont représentés sur scène. Ce principe est d’ailleurs maintenu tout au long du spectacle et permet une clarté simple et
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efficace au milieu du foutoir que Nicolas Stemann adore. Cette première partie est impressionnante tant la simplicité et la sobriété de la scénographie suffisent à l’acteur pour tenir les spectateurs en haleine. C’est du théâtre tout ce qu’il y a de plus simple et de plus jouissif. Le Faust 2 est quant à lui divisé en trois parties durant une heure à une heure et demi chacune. Et c’est ici que commencent les festivités. Le Faust 2 est l’occasion d’un déploiement de costumes, de peintures, de projections vidéo, d’accessoires loufoques, de trips visuels, le tout dans un jeu libre de toutes contraintes. Bref, c’est un vent de fraicheur et de liberté qui traverse le théâtre durant près de huit heures. Le comédien interrompt sa tirade pour aller démarrer la musique de fond sur son ordinateur, les techniciens débarquent sur scène déguisés en fleurs et en chantant, une marionnette représentant grossièrement un fantôme est en fait l’esprit de Jean Vilar venu participer au spectacle, ou encore un vieillard s’incruste dans une scène pour nous parler de la post-post-post-dramatique, et caetera, et caetera. Et voilà comment faire d’un texte réputé indigeste, un spectacle de huit heures jouissif et se terminant par une «standing ovation» générale de près d’un quart d’heure, séduisant spectateurs aguerris comme spectateurs débutants.
Voici un spectacle unique en son genre, qui ne pourrait pas exister ailleurs qu’à Avignon et qui ne sera d’ailleurs pas repris après. Le metteur en scène Jérôme Bel à l’habitude de mettre en scène des personnes dans leur propre rôle : de Véronique Doisneau racontant sa carrière de ballerine du Ballet de l'Opéra de Paris, aux acteurs handicapés mentaux du Theater Hora basé à Zurich racontant leur expérience de la scène.
Cour d’Honneur de Jérôme Bel Avec les spectateurs : Virginie Andreu, Elena Borghese, Vassia Chavaroche, Pascal Hamant, Daniel Le Beuan, Yves Leopold, Bernard Lescure, Adrien Mariani, Anna Mazzia, Jacqueline Micoud, Alix Nelva, Jérôme Piron, Monique Rivoli, Marie Zicari et les interprètes : Isabelle Huppert, Samuel Lefeuvre, Antoine Le Ménestrel, Agnès Sourdillon, Maciej Stuhr, Oscar Van Rompay
Cette fois-ci, il a décidé de mettre en scène les souvenirs des spectateurs du Festival d’Avignon. Pour cela il a, durant les deux derniers étés, reçu tous les spectateurs qui avaient un souvenir précis à raconter pendant un spectacle à la Cour d’Honneur du Palais des Papes, le lieu originel et mythique du Festival. Il en a ensuite sélectionné certains qu’il a mis en scène dans cette même Cour d’Honneur. Le déroulement du spectacle est simple : les 14 spectateurs sont assis sur des chaises sur la scène de la Cour d‘Honneur, et ils se lèvent chacun leur tour pour raconter un ou plusieurs souvenirs qui les lient à ce lieu. Déjà les récits en eux-mêmes sont drôles et très émouvants. Mais là où le spectacle devient selon moi génial, c’est lorsqu’il recrée le souvenir. Par Voici sûrement mon coup de cœur surprise du Festival d’Avignon. Le spectacle que je suis allé voir sans rien en attendre et dont je suis ressorti le plus enthousiaste. La metteuse en scène est une Avignonnaise dont la compagnie Mises en scène est, depuis sa création en 1985, basée dans les quartiers dit sensibles de la ville. Ayant débuté son activité avec des ateliers d’improvisation et de paroles, la compagnie multiplie les interventions mêlant amateurs et professionnels, et dans des lieux les plus divers (bus, hôpitaux, jardins, marchés...).
La Parabole des papillons de Michèle Addala Avec Ana Abril, Pascal Billon, Mardjane Chémirani, Mylène Richard, Cheikh Sall, Maria Simoglou et des habitant(e)s d'Avignon
La Parabole des papillons est le fruit d’un travail de quatre mois mené par Michèle Addala auprès des habitantes de la périphérie urbaine. Accompagnée de la poète Valérie Rouzeau et de l'écrivain Jean Cagnard, ils ont parlé et fait parler des habitantes sur la manière dont elles perçoivent leur situation de femmes et la manière dont elles le vivent. Le spectacle débute par une scène de conversation entre femmes autour d’un thé. Elles sont entre elles, elles parlent librement, elles se rebellent contre leurs maris et les hommes qui les oppressent avec leurs
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exemple, le médecin Yves Léopold raconte qu’après une soirée horrible à réanimer tout le monde dans les gradins, la tirade d’Isabelle Huppert à la fin du spectacle était une de ses plus belles émotions. C’est alors que Isabelle Huppert apparait en conversation Skype (en direct) sur le mur du Palais des Papes pour nous refaire la tirade. Ou encore, un couple de Bruxellois nous raconte un spectacle horriblement ennuyeux durant lequel les spectateurs s'engueulaient entre eux, obligeant les comédiens à s’arrêter. Après leur histoire, un comédien présent sur scène ce même soir vient raconter l’histoire à sa manière. Etc. Etc. À première lecture, ce spectacle peut apparaitre comme «réservé aux habitués» et il est vrai que l’on se plait à revoir ce que l’on avait vu il y a quelques années, ou à voir ce dont on a entendu parler pendant toutes ces années (comme l’alpiniste qui escalade le mur de la Cour d’Honneur). Cependant, je pense que c’est avant tout un spectacle qui donne envie d’être spectateur avant de nous rappeler que l’on en est un. Et il est une belle démonstration de ce qui donne envie de retourner au Festival d’Avignon.
paroles. Et à force de discours, une voix masculine commence à protester dans le public, puis une deuxième et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’une dizaine d’hommes interviennent sur le plateau refusant d’être ainsi critiqués. Ces hommes sont ceux du groupe de jeunes « steppeurs » qui pratique cet atelier avec Cheikh Sall au cours de l’année. Et d’un discours féministe sans contre-avis, on débouche sur une réelle confrontation des points de vue. Tout n’est pas dans un sens ni dans l’autre. Les avis sont toujours remis en question, mais surtout ce qui est dit est sincère. Le spectacle dans son entièreté transpire la sincérité et ça fait réellement du bien. On sent la joie de pouvoir s’exprimer par le biais du théâtre, l’émotion que cela leur procure, et en sortant je disais « Ça c’est du théâtre!!! ». Et même si ça parait un peu démago et bien oui, c’est aussi à ça que sert le théâtre, à s’exprimer, à se libérer et à se faire plaisir. Et quand on sent ce plaisir d’être là sur la scène, on le partage immédiatement.
18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms
Petit Bilan du festival In Les autres spectacles en bref, les artistes associés, les coups de gueules.
Les spectacles Cette page est destinée à compléter les précédentes, à rectifier les oublis et à ouvrir sur le prochain Festival d’Avignon. N’allez pas croire, au vu des pages précédentes, que j’aime tout ou que tous les spectacles sont excellents. Non, c’est juste que sur 23 spectacles vus dans le In, j’ai choisi de sélectionner. La sélection que j’ai opéré est quelque peu arbitraire, ou du moins personnelle. En effet, elle ne contient pas les deux artistes associés de cette édition 2013. Elle ne contient aucun spectacle africain alors que cet édition intégrait pour une fois de nombreux artistes de ce continent. Et elle ne contient pas non plus les coups de gueule, les choses vraiment nulles. Rectifions tout cela. Parlons d’abord des artistes associés. Ils sont là pour aider les co-directeurs à l’établissement de la programmation artistique, et créent eux-mêmes des spectacles, qui de fait, sont parmi les plus attendus. Cette année il y en avait deux : l’auteur, metteur en scène et comédien congolais Dieudonné Niangouna, et l’auteur, metteur en scène et comédien français Stanislas Nordey. Avec Dieudonné Niangouna, le Festival s’est ouvert à l’Afrique, ce qui n’était pas le cas des précédentes éditions. Cela a permis à plusieurs compagnies africaines de venir, et à des compagnies européennes de centrer leur travail sur ce continent. L’artiste associé congolais a créé le spectacle Shéda, à la carrière de Boulbon, le second lieu mythique du Festival après la Cour d‘Honneur du Palais des papes. La première partie de
ce spectacle a correspondu pour moi à la découverte d’un grand metteur en scène. Les personnages et l’univers créés forment une mythologie contemporaine dynamique, triste et réjouissante. La seconde partie du spectacle était selon moi en trop, mais il est possible que les deux heures de pluie n’aient pas aidé à maintenir mon attention jusqu’au bout. Les spectacles Au-delà et Sans Doute, étaient également basés sur des textes de Dieudonné Niangouna et ce dont je suis sûr c’est que je l’adore en tant qu’auteur, et que sa manière de faire parler ses personnages me touche presque à chaque à fois. Le second artiste associé pour cette 67ème édition Stanislas Nordey avait, lui décidé de monter Par les Villages de Peter Handke dans la Cour d‘Honneur du Palais des Papes. Pour s’attaquer à ce texte magnifique mais très difficile d’accès, le choix est clair : tout pour le texte. La scénographie se résume à des cabanes d’ouvriers en métal réparties sur la scène et pour le deuxième acte, ces mêmes modules retournés. Les déplacements des comédiens sont très limités et ils s’expriment la plupart du temps debouts, en devant de scène au centre et face au public. Face à ce parti pris quelque peu radical, soit vous passez les quatre heures les plus longues de votre vie, soit votre concentration est maximale et vous entendez un des plus beaux textes du vingtième siècle. J’ai personnellement pris la seconde option. En dehors de cela, il y a les deux spectacles à l’issu desquels j’ai débattu
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durant 30 minutes avec d’autres spectateurs à deux doigts de se battre. Le premier est ma palme du scandale de l’édition 2013 qui revient à l’artiste Pippo del Bono, qui pour ce spectacle ne mérite pas le nom d’artiste, et c’est à peine si ça mérite le nom de spectacle. En résumé, le plus gros foutage de gueule qu’il m’ait été donné de voir au In. Pas de travail, pas de considération du public, juste se reposer sur sa notoriété pour faire de la merde et qu’on vous dise bravo. Le deuxième est un très beau spectacle, celui de Roméo castellucci qui revient avec un spectacle lyrique très maitrisé, rempli d’émotions et comme d’habitude qui divise le public en deux à la sortie. Pour finir deux déceptions. Le Kabaret Karrzawski de Krzysztof Warlikowski dont la deuxième partie est une adaptation théâtrale du film Shortbus avec le caractère subversif en moins, ce qui enlève le gros de son intérêt. Et King Size de Christoph Marthaler, qui m’a permis de me retrouver une fois de plus à deux, consternés au milieu d’une salle hilare. Mais comme m’a répondu une spectatrice ayant adoré, «mais c’est subtile comme humour vous savez». C’est donc cela, c’était sûrement trop subtil pour moi. Et c’est là la marque de fabrique des spectateurs du Festival d’Avignon, la franchise avant-tout. On peut se traiter d’imbécile si c’est pour parler théâtre. Et on aime ça.
(Suite) du petit Bilan du festival In Parce que 2013 marque le changement de directeurs au Festival d’Avignon
Les Directeurs actuels Depuis 2003, Hortense Archambault et Vincent Baudriller sont codirecteurs du Festival d’Avignon, et cette 67ème édition marque leur dernière à la tête de cette institution. Ils l’auront donc dirigé durant deux mandats et demi. En effet, le troisième mandat de seulement deux ans leur avait été accordé afin qu’ils mènent à bien le projet d’une salle de répétition avant leur départ. De ces deux directeurs, il en reste une volonté de confronter un public le plus large et divers possible à des oeuvres les plus radicales. Malgré des débats très agités et des critiques très vives sur leur programmation dès leur première édition, le public n’a jamais déserté les gradins et le taux de remplissage des spectacles est cette année de 95% ce qui est énorme. Une des raisons de cette réussite est probablement le lien qu’ils ont tissé avec les spectateurs. Les conférences de presse publiques et les rencontres entre les équipes artistiques et le public existaient déjà, bien que leur fréquentation n’était peut-être pas aussi accentuée, mais leur force est d’avoir créé un lien fort avec les publics avignonnais. En effet, leur première mesure a été d’installer les bureaux administratifs du festival d’Avignon à Avignon. Cela peut paraître évident, mais jusqu’à leur arrivée, ça ne l’était pas du tout, car les bureaux avaient toujours été à Paris en dehors du mois de la période du Festival. En venant dans la région, ils ont permis aux avignonnais et aux habitants de la région de s’approprier le Festival. Chaque mois, le festival organisait une rencontre durant laquelle un des artistes de la prochaine édition venait présenter son projet de spectacle, encore en cours d’élaboration. En plus de cela il y avait aussi les conférences de presse, la présentation du programme, un bilan du festival en septembre avec un échange entre directeurs et spectateurs. Tout cela a contribué à faire adhérer un public à une programmation qui ne suscite justement jamais l’adhésion de tous, mais qui
Le prochain
permet d’échanger et de débattre à chaque fois. Pour finir, ils ont fait revenir un public jeune qui avait déserté le Festival depuis quelques années. En regardant cette 67ème édition, on peut se dire que c’est une belle édition de départ. La FabricA, le nouveau lieu de création que les directeurs ont créé avant de passer le relais s’est ouvert. Et sur un spectacle à l’image du Festival : Faust, un texte difficile, un spectacle de huit heures mais une mise en scène qui embarque tout le monde dans l’histoire. En regardant la programmation, on a aussi l’impression que cette dernière édition a été l’occasion pour eux de corriger des oublis ou des erreurs et de répondre aux critiques qu’on leur a régulièrement fait durant ces dix ans. Il y avait quasiment que des spectacles européens? Il n’y avait pas de jeunes du côté de la création artistique? Il n’y avait pas d’Avignonnais du côté des artistes? Il n’y avait pas de spectacle de rue? Et bien en 2013 la programmation était axée sur l’Afrique, un metteur en scène de 26 ans était invité, le Festival s’est ouvert sur le spectacle de Michèle Addala dont la compagnie et le travail sont reconnus à Avignon depuis des années, et le spectacle Remote Avignon est une déambulation dans la ville. Face à ces remarques, il y a les sceptiques qui pensent que c’est trop facile de se rattraper la dernière année et qu’il aurait fallu le faire bien avant. Ou il y a les convaincus, qui trouvent que c’est bien de rectifier le tir tant qu’on le peut. À vous de voir. En tout cas, la bilan public du 67ème Festival d’Avignon s’est terminé par une standing ovation de plusieurs minutes que Vincent Baudriller et Hortense Archambault ont dû eux-mêmes interrompre, la larme à l’oeil.
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À partir du 1er septembre, le directeur du Festival d’Avignon sera l’auteur, metteur en scène, comédien et ancien directeur du théâtre de l’Odéon à Paris : Olivier Py. «Mon dieu mais je dis déjà des choses sur le projet d’Avignon alors que j’avais promis que je me tairais jusqu’au mois de septembre.» Cette phrase a été prononcée par Olivier Py lors d’une interview réalisée le 26 juillet 2013 à Radio Campus Avignon à laquelle le Suricate magazine a participé et dont voici de petits extraits. Ces prédécesseurs ont réussi à augmenter la proportion de jeunes dans les publics jusqu’à 16% de moins de 15-24 ans, qu’en pense-t-il? «Je ne sais pas si je ferai mieux mais on ne peut pas se contenter de ces chiffreslà. (...) En 68 il y avait 60% de moins de 30 ans, aujourd’hui je pense que l’on arrive pas à 20. La démographie est différente, mais métisser socialement les salles et rajeunir les salles, ça va ensemble et c’est important. Et ça reste 70 ans après un très très grand combat. » Donc dans la série des scoops obtenus, nous voulions savoir s’il comptait conserver le concept d’artiste-associé mis en place par les anciens codirecteurs. Olivier Py : «je voudrais que tous les artistes soient des artistes associés. J’ai envie d’un rapport plus démocratique avec les artistes qui seront invités. Il seront peut-être un petit moins nombreux mais ils joueront un peu plus longtemps.» Toujours en scoop, il a évoqué le fait qu’il ne ferait pas de spectacle dans la Cour d’Honneur pour cette première année. Et, pour finir dans les révélations, il y a la très probable présence de l’artiste Joël Pommerat. Ce grand habitué du Théâtre national de Bruxelles, ayant beaucoup travaillé avec Olivier Py pourrait être à Avignon dès 2014. «Ce serait dommage que Joël ne revienne pas à Avignon sous ma mandature.» nous confie-t-il avant de rajouter «je lui ai déjà demandé».
18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms
Le Théâtre des Doms Un lieu 100% belge en plein coeur d’Avignon
Le Lieu Voici un lieu bien particulier d’Avignon : le Théâtre des Doms. Créé en 2002, ce lieu a pour but de promouvoir la création contemporaine de Belgique francophone. Principalement financé par la fédération Wallonie-Bruxelles, ce théâtre a pour mission de favoriser la diffusion des créations belges, et ce principalement en France. Le plus gros de son activité a lieu chaque mois de juillet, durant le festival à Avignon. La programmation est effectuée en Belgique et a pour but de refléter le mieux possible, la création contemporaine belge francophone des arts de la
scène. Du théâtre à la danse, en passant également par la musique et le cirque. Durant le festival, son activité ne se limite d’ailleurs pas au lieu même du Théâtre des Doms, puisque l’association entretien plusieurs partenariats avec des lieux comme l’AJMI, les Hivernales ou encore Espace Saint Vincent de Paul / L’ilot Chapiteau, respectivement spécialisés dans la musique, la danse et le cirque. Durant ce festival 2013, chacun de ces trois lieux accueillait un spectacle en partenariat avec le théâtre des Doms. Et pendant le festival, le Théâtre des Doms c’est aussi une cour intérieure où l’on peut manger, boire des bières belges
et se rafraîchir sous les brumisateurs autour de la fontaine. Et quand il fait près de 40° à l’ombre, c’est on ne peut plus précieux. Mais l’association qui gère le théâtre ne limite pas son action au seul temps du festival. Le Théâtre des Doms est aussi un lieu de résidence pour les compagnies belges, qu’elles soient ou non programmées durant l’été. De plus, il programme des spectacles choisis en Belgique dans divers festivals de la région Provence-Alpes-Côtes-D’Azur tout au long de l’année.
Les spectacles Dans les 9 spectacles présentés cet été au Théâtre des Doms, c’est un presque carton plein que le Suricate magazine a opéré. Nous en avons en effet vu 7, sachant que le spectacle musical Antifreeze solution de la compagnie Tomassenko de Belgique avait déjà fait l’objet d’une critique de notre part et même plus que cela puisqu’il avait fait la couverture du magazine. Quant au spectacle Vision de Pierre Megos, il se jouait à 11h du matin. Oui, je sais que ce n’est pas une excuse valable, mais pendant le festival ça l’est presque et dites-vous que j’en ai moimême un peu honte.
Alors, pourquoi aller à Avignon si c’est pour aller dans des théâtres qui ne diffusent que des spectacles belges? me direz-vous. Eh bien, je vous répondrais que premièrement, c’est l’occasion de vous faire découvrir un lieu bien sympathique à la programmation tout aussi sympathique. Que deuxièmement, cela permet à la fois de rattraper notre retard sur les spectacles que l’on n’aurait pas pu voir cette année, et de prendre de l’avance sur ceux qui tourneront en Belgique durant l’année à venir, ou encore ceux qui combinent ces deux caractéristiques. Pour cette édition 2013 au Théâtre des
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Doms, il y a de la danse loufoque et intelligente, du cirque faussement raté mais vraiment taré, un spectacle scientifique mais pas trop, deux soirées d’anniversaires mais pas vraiment dans le même genre et de l’évasion pour petits et grands. Sur ce, entrons dans le vif du sujet avec les critiques spectacle par spectacle.
(c) Chloé Houyoux Pilar
Ici s’écrit le titre de la pièce qui nous parle d’Ante Mise en scène de Jérôme Nayer texte de Ivor Martinic traduction Emilie Lansman Avec François Delcambre, Marion Hutereau, Aurore Latour, Juan Martinez et Delphine Veggiotti
L’histoire est celle d’Ante. Il fête ses douze ans. Orphelin de sa mère, il vit avec son père, Josip. Cela fait douze ans que la maman est morte, et le papa vit une tristesse insurmontable. Ante développe une tristesse similaire. La relation fusionnelle père-fils qui en découle les empêche de se mettre en mouvement. Jela, amoureuse de Josip, Ljubica, la camarade d’école d’Ante, et la Voisine, sa grand-mère de substitution, tentent de leur faire prendre d’autres chemins relationnels. Voilà l’état d’esprit des personnages au début de cette fête d’anniversaire. Tout se déroule bien. Les amis d’Ante sont présents, il a reçu beaucoup de cadeaux, son père discute avec Jela une jeune femme très attentionnée, et la voisine est comme toujours là pour superviser et s’occuper des deux garçons de la maison. Mais voilà, la tristesse qui submerge le père et le fils va à nouveau les empêcher de nouer des relations à l’extérieur de leur relation fusionnelle et parce qu’Ante ne supporte pas de voir son père parler à une autre femme.
un très beau spectacle que nous offrent Jérôme Nayer et ses comédiens. Le texte de Ivor Martinic, ne s’arrête pas à l’histoire racontée, il dissèque le relationnel en rendant toujours plus floue la frontière entre les acteurs et les personnages. Le texte intègre en effet les didascalies aux dialogues. Les personnages se parlent, se racontent et se mettent en scène. Et la scénographie, réduit à un échiquier sur le plateau, laisse au spectateur le soin de se faire ses propres images. C’est un spectacle qui peut paraître un peu déroutant au début par le fait que narration et jeu se mélangent. Cependant, on se laisse très rapidement embarquer dans cette fête d’anniversaire que les sentiments vont venir chambouler. Prochaines dates: 10 et 11 octobre au Waux Hall (Nivelles) ; 15 et 19 octobre au Théâtre de la vie (Bruxelles) ; 22 octobre au centre culturel (La Louvière) ; 24 et 25 avril 2014 au centre culturel Les CHiroux (Liège)
Au-delà de cette histoire tout ce qu’il y a de plus banale, celle d’une famille tentant de se reconstruire après la mort de la mère, c’est Encore une fête d’anniversaire ! (Cf. ci-dessus) Sauf que pour celle-là, tout a été prévu. En effet, pour l’anniversaire d’Alice, Marie et Hervé lui ont réservé une surprise. Ils ont invité des gens (le public) et prévu un programme. La surprise, les moments de joie, les discussions sans intérêt, le repas, le gâteau, les jeux, les cadeaux, tout est prévu et minuté.
In Vitrine de et avec Alice Hubball, Marie Lecomte et Hervé Piron Création lumière Raphaël Nöel Création sonore Maxime Bodson Image Zvonock Travail chorégraphique Maria Clara Villa-Lobos
Au début du spectacle, Alice, Marie et Hervé viennent nous présenter le programme de la soirée minute par minute à l’aide d’une magnifique présentation power point. 20h45 on boit l’apéritif - 20h50 l’excitation retombe, les gens discutent entre eux - 21h cadeau surprise - 21h05 discours - 21h15 on parle des projets d’avenir - et ainsi de suite. À la fin de la présentation, Alice part et la soirée commence. 20h30 on attend Alice. Quoi de plus horrible qu’une soirée où tout est prévu? Que peut-il se passer de plus alors que tout ce qui doit se passer est écrit? Comment ce qui prévu à 21h va bien pouvoir arriver? Ce sont les questions que l’on se pose au début de In Vitrine.
velle partie du programme, un compte à rebours se met en route, et cela crée des choses très intéressantes. Lorsqu’ils doivent faire un jeu pendant 5 minutes, ils ne peuvent arrêter tant que la sonnerie de fin du jeu n’ait retenti, mais ils ne peuvent pas non plus regarder le chronomètre. De même quand ils mangent, quand ils discutent, etc. Le dispositif met donc les acteurs en difficultés (ou en fausse difficulté) mais c’est cela qui est intéressant. De plus, ce système de temps défini rend certaines scènes très drôles. Cependant, le dispositif s'essouffle quelque peu au milieu du spectacle et il y a selon moi dix minutes un peu moles et qui n’étaient pas forcément nécessaires. Mais l’ennui fait partie des soirées où tout est prévu me rétorquerez-vous. En tout cas, l’idée de départ et le dispositif qui en découle font toute l’originalité de In Vitrine, et malgré le petit bémol, c’est un spectacle réjouissant, drôle et un peu taré que nous offre le collectif Rien de spécial.
Le dispositif mis en place par ces trois acteurs est vraiment génial. À chaque nou-
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18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms Suite à une injustice subie par l’un d’eux, trois enfants songent à quitter la cour de récréation et à se lancer sur les routes, à la découverte du monde. Voulant rejoindre l’Amérique pour y rejoindre la mère de Gus, ils vont être plongés dans un monde qu’ils ne connaissent pas, ou du moins pas de façon autonome. Leur amitié va alors être mise à l’épreuve, mais va aussi être leur seul point de repère et leur seul échappatoire face à leurs peurs et appréhensions.
La Petite évasion de et par Daniela Gnievro Théâtre de la guimbarde Atelier de l’éphémère Avec Laurent Denayer, Cachou Kirsch et Olivier Prémel
SMATCH[1] Si Vous désespérez un singe vous ferez exister un singe désespéré Avec Messieurs Delmotte, Raoul Lhermitte, Dominique Roodthooft et le chien Noisette. Dramaturgie Vinciane Despret, Anne-Cécile Vandalem, Mieke Verdin, Dominique Roodthooft
« Ce jour-là, c’était la seule fois dans ma vie coupée en deux où j’avais l’impression d’être tout entier. Alors du coup, on ne peut pas dire que c’était trop grave. On peut même dire que ça valait le coup. » Dans cette aventure, chacun des enfants nous raconte tour à tour la manière dont il a vécu son évasion, les raisons qui l’ont poussé à faire cette chose folle, la façon dont il voit les adultes, les enfants de son âge, et cetera.
ou un ninja. Le texte est simple, les acteurs sont justes dans leurs personnages. Le vocabulaire n’est ni trop soutenu, ni trop familier, il «fait» vraisemblable. Mais surtout, le texte ne prend pas trop de place, et de longs moments sont laissés à la musique, au mime, à la chorégraphie et à la vidéo. Autant de techniques différentes qui permettent d’illustrer les différents points de vue, mais aussi les différents moments. Des moments d'excitation et de joie, aux moments de peur ou de dispute entre nos trois protagonistes. Le spectacle nous parle d’injustice, d’amitié, du fait de grandir avec ses parents ou sans ses parents, du fait d’être exclu par certains et accepté par d’autres. Il nous parle de nombreuses thématiques essentielles dans la vie en société sans être à aucun moment moraliste ou cucul la praline.
À travers ces récits, le spectacle nous emmène dans l’imagination de ces enfants, dans leur évasion réelle et leur évasion fantasmée. La course poursuite sur le toit d’un train afin d’échapper au contrôleur ou encore les combats armés tel Robin des Bois
Prochaines dates : - les 8 novembre 2013 au Centre Culturel Local de Momignies - les 25 et 26 mars 2014 au Centre Culturel de Sambreville «CRAC’S» (Auvelais)
«SMATCH : C’est un mot qui ne veut rien dire à priori mais qui pour moi prend tout son sens : c’est la contraction ou l’assemblage de deux verbes en anglais qui s’opposent. Smash : casser, briser, bousiller, défoncer, s’écraser. Match : correspondre à, s’accorder avec, (faire) correspondre, égaler, être assorti. C’est aussi une allumette !»
La compagnie nous invite dans son laboratoire, le temps de traiter les questions soulevées par ces entretiens filmés.
SMATCH [1] fait partie d’une série de trois spectacles, dont les deux premiers ont été respectivement créés en 2009 et 2011. Le troisième sera créé en décembre prochain à XX. Cette série a pour principe de porter à la scène des concepts et théories scientifiques et de les mettre en relation afin de soulever des thématiques particulières. Dans celui-ci, «Les spectateurs croisent deux parcours: le premier est celui d'une chercheur/philosophe (Vinciane Despret) qui s'est essentiellement intéressée à la manière dont les scientifiques ou spécialistes étudient les animaux. Le second est celui d'un chercheur/ physicien (Stéphane Douady) dont la tâche est d'étudier le chant des dunes».
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Malgré mon emballement avant le spectacle, j’avoue avoir été très déçu par le résultat. Je trouve en effet que les vidéos des entretiens avec les chercheurs prennent énormément de place pour finalement peu d’action sur la scène. De même, le fait que «le spectateur reste plongé dans la fabrication artisanale d'un propos» est très superficiel et la scène n’apporte pas grand-chose. Les performances qui occupent l’espace sont selon moi anecdotiques ou faciles. Les propos avancés sont très intéressants, mais le spectacle ne se laisse ni le temps de questionner réellement le sujet, ni les moyens de le rendre intelligible d’une autre façon que par le visionnage des entretiens. Mais comme le concept de départ est très intéressant, nous nous invitons et vous invitons par la même occasion à retenter l'expérience avec le SMATCH [3] qui sera créé à Mons en décembre 2013 pour être ensuite présenté au KVS (Bruxelles) et au théâtre de Liège en janvier et février.
Combat avec l’ombre de Frédéric Dussenne Le roman «Le Boulevard périphérique» de l’auteur belge Henry Bauchau est adapté à la scène dans un spectacle pas toujours facile mais très beau.
La critique «Pendant l’occupation allemande, deux trentenaires, démobilisés après la débâcle des dix-huit jours, se retrouvent régulièrement pour faire de l’escalade sur le rocher de Freyr. Le premier n’est pas nommé mais est le double presque avoué de l’écrivain ; le reflet de sa mémoire profonde. Le second s’appelle Stéphane. Une amitié aux limites d’un amour qui demeurera à jamais informulé se tisse entre eux à la faveur de ces rencontres lumineuses en pleine nature. Stéphane s’engagera le premier dans la résistance et sera exécuté dans des circonstances atroces. Le narrateur voudra savoir et se lancera dans une enquête qui l’entraînera, dans les zones les plus obscures de son inconscient, à la rencontre de Shadow, un officier nazi.» Combat avec l’ombre est une adaptation à la scène du roman Le Boulevard périphérique de Henry Bauchau. Le choix de ce texte est directement lié à l’histoire du metteur en scène Frédéric Dussenne comme il l’explique luimême «L’action du Boulevard périphérique ne pourrait pas se dérouler à Glasgow ou à Marseille... Malines, Louvain – ville natale de ma grand-mère – Bruxelles – mon port d’attache - le rocher de Freyr où mon frère a tenté – vainement – de m’initier à l’alpinisme dans notre adolescence, font partie de ma géologie intime.» Du roman, Frédéric Dussenne n’en a conservé que quelques scènes, ne recherchant pas une adaptation exhaustive. Ou pour reprendre ses mots « Dans
mon travail de metteur en scène je cherche à transmettre l’émotion qui m’a traversée à la lecture.»
« Dans mon travail de metteur en scène je cherche à transmettre l’émotion qui m’a traversée à la lecture. » Quant à la mise en scène, elle se place sous le signe de la sobriété. La scénographie se résume à un cadre de porte, une chaise, un cerceau posé au sol et un dispositif vidéo projetant en fond
résultante d’une volonté de mettre avant toutes choses le texte en avant. De même, les acteurs effectuent peu de déplacements et ils incarnent leur personnages avec retenue, permettant alors au texte de nous parvenir de la manière la plus directe, sans interférence. Quant à la vidéo, elle appuie des expressions, nous amène au plus près des comédiens. Les cadrages effectués par le caméraman sont pour l’essentiel des gros plans sur les visages, filmés depuis le côté de la scène. L’aspect statique et sobre du spectacle en rend l’accès quelque peu difficile, et il faut parfois s’accrocher un peu pour garder toute son attention, notamment au début du spectacle. Cependant, lorsque le rythme s’est installé, et que l’on a réussi à y accorder le sien, la retenue dans le jeu des acteurs se transforme en tension, et l’on se retrouve embarqué dans l’intimité des personnages.
de scène les images prises en direct. Aucunes couleurs vives ne sont présentes et seuls les corps sortent de l’obscurité qui recouvre le plateau. L’ensemble de ces choix semble être la
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C’est en cela que je trouve que ce spectacle n’est pas forcément facile à apprécier. En revanche, si vous arrivez à vous laisser embarquer, c’est un très beau texte qui s’offrira à vous, et un spectacle chargé d’émotion qui ne vous laissera pas indifférent.
18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms
Me, myself and us de la cie Tête d’Enfant Trois jeunes hommes réuni par hasard vont tenter l’impossible : cohabiter.
La critique L’un est fixe, perplexe, se regardant dans le miroir à la recherche d’une imperfection ou pensant y voir la perfection. Un autre, avec son grand manteau et ses cheveux frisés, prend soin de ses quilles et ses cannes comme s’ils étaient ses enfants. Pour lui une quille n’est pas égale à une autre, chacune a sa personnalité. Et il y en a un troisième, un peu à l’ouest, lunaire, moins fou que les deux autres peut-être mais moins avec nous. Son trapèze est sa maison et ça lui va.
une première petite compagnie fondée avec d’autres comparses de l’école, ils sont engagés par la troupe québécoise Les 7 Doigts de la Main pour créer le spectacle Psy qui les emmènera pour plusieurs saisons et sur plusieurs continents. Après cette expérience, Naël Jammal, Guillaume Biron et Florent Lestage fondent la Compagnie Tête d’Enfant et créent leur premier spectacle Me, Myself and us.
Voilà trois personnages bien particuliers. Avec leurs névroses et leur qualités, comme tout le monde, mais ici particulièrement exacerbées. Et ces trois-là doivent cohabiter. On ne sait pas s’ils sont obligés mais c’est en tout cas ce qu’ils tentent de faire. Avons-nous à faire à trois amis de longue date? À trois personnes paumées qui se sont bien trouvées? À trois êtres ayant atterris là par hasard, ne sachant ni où ni pourquoi? Et d’ailleurs, attendentils quelque chose? Chacun de son côté, avec sa lubie, ils vont finir par se croiser et chacune des personnalités va donner au contact de l’autre une nouvelle proposition. Les trois circaciens qui sont sur scène, sont trois amis de longue date. Deux se connaissent depuis le lycée, à l’École Nationale de Cirque de Châtellerault. C’est en se rejoignant en 2004 à l’École Nationale de cirque de Montréal, qu’ils font la connaissance du troisième. Avec
Dans Me, Myself and us, le cirque émerge du chaos, et chacun amène son caractère en même temps que sa discipline. Florent Lestage effectue une impressionnante phase de jonglage qui mélange des quilles et des cannes, rattrapant les quilles avec les cannes et les reséparant et ainsi de suite. Traitant ces
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objets de manière individuelle et leur reprochant de tomber lorsque l’une d’entre elles tombe (accidentellement ou intentionnellement?). Guillaume Biron se suspend au trapèze et en sort par un salto, puis il réitère cela jusqu’à épuisement. Naël Jammal s’exprime quant à lui en équilibre sur les mains à la croisée du cirque et de la danse contemporaine. Ce spectacle se situe à la croisée des genres, entre cirque, performance et danse, à quoi se rajoute l’omniprésence et la diversité de la bande-son, contrôlée par les personnages sur scène. De Creedence Clearwater Rivival à Frédéric Chopin en passant par Quizas, quizas, quizas de Paco de Lucia. Le bémol vient de l’imperfection des tours. Si une quille tombe, ce n’est pas grave, d’autant plus que l’erreur est justifiée par le caractère du personnage, mais il faut avouer qu’à répétition, c’est un peu dommage. Mais comme le disent les trois compères, «l’essence de la scène de la jonglerie est plus importante que la jonglerie elle-même» Rien n’est caché et tout est sincère, et il est vrai que c’est justement cela qui fait la force de ce Me, Myself and us. C’est rempli d'énergie, d’émotion, de passion et ça fait un bien fou.
[Weltanschauung] de Clément Thirion
La critique [Weltanschauung] De l’allemand Welt (le monde) et Anschauung (l’idée, la vue, l’opinion, la représentation) : terme désignant la conception du monde que chacun peut avoir selon sa sensibilité particulière. Clément Thirion débute le spectacle par le rappel d’une découverte scientifique. Cette découverte a eu pour objectif de comparer les silex bruts et ceux qui étaient polis de manière à en faire un « double face ». Après comparaison, les chercheurs en ont conclu que le silex brut était tout aussi tranchant que le silex poli. La question qui se pose alors est pourquoi s’embêter à tailler le silex. Pour la démonstration du savoir-faire ? Pour des raisons esthétiques ? Pour la postérité ? Affublés de lycra et de moonboots en fourrures, ces deux énergumènes nous embarquent dans leurs délires sans aucune difficulté au travers de ce spectacle composé de plusieurs scènes aussi décalées les unes que les autres. Dans une scène, un homme et une femme préhistoriques qui tentent de faire comprendre à l’autre leur intention de dessiner sur le mur et qui, sans le faire vraiment exprès, créent le langage chorégraphique. Dans une autre, ils inventent la chorégraphie de fin du monde à partir de Klaus Nomi. Sous ses airs de blague, ce spectacle se
révèle très intelligent et humble. Cet enchaînement de scènes courtes, jouées et dansées par ces deux comédiens totalement loufoques, faisant comme si elles n’étaient pas vraiment terminées. Les liens entre les différentes scènes sont bien plus intelligents qu’évidents, même s’il n’hésite pas à casser eux-mêmes leur structure dans cette fausse nonassurance qui les caractérise.
autres coproduits par L’L (Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création de Bruxelles). L’un comme l’autre, ces deux spectacles posent la question de la création et de la communication, de comment la communication est nécessaire à la création de concept et d’objets artistiques et comment le besoin de création est lié avec le besoin de communication. De plus, ils s’inscrivent tous deux dans une remise en question de l’espace scénique, et pardessus tout, ils sont tous deux de grands moments de divertissements et un grand bol d’air frais dans un monde artistique qui sent parfois un peu trop le renfermé. [Weltanschauung] est donc un spectacle à voir absolument, et puisqu’il passe en septembre à Bruxelles, je ne vois pas pourquoi vous vous en priveriez.
Prochaines dates : du 12 au 14 septembre 2013 à l’Atelier 210 (Bruxelles).
Par de nombreux aspects, [Weltanschauung] fait songer à Germinal (voir p.11). Ce qui n’est pas très étonnant puisque les deux spectacles sont en
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18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms
Nés Poumon Noir de Mochelan et Rémon Jr Quand le slam nous raconte ce que c’est d’être carolo, enfin, carolorégien.
La critique « Si la Belgique était un corps humain, Charleroi en serait le poumon, un poumon noirci par la fumée. » Dans ce spectacle mélangeant slam, musiques électroniques et vidéo, ce sont les habitants de Charleroi qui sont Nés Poumon noir. Cependant, le slameur Mochelan n’en fait pas une maladie ; il en fait une particularité et une fierté. À la musique, on y trouve Rémon Jr, qui nous offre une composition et une interprétation musicales assez impressionnantes, alternant et combinant piano, harmonica et console électronique, le tout dans une décontraction déconcertante. Pour que les amateurs de ce genre de musique puissent se faire une petite idée du rendu musical, suivant les morceaux, on peut comparer les instrus à celles d’Abd Al Malik, d’Hocus Pocus ou encore La Rumeur. Des sons mécaniques du monde ouvrier, des passages à l’harmonica teintés d’Ennio Morricone, des morceaux purement électro ou encore des accompagnements au piano, c’est tout cela qui fait de Rémon Jr un musicien polyvalent aux choix toujours judicieux.
mais on regrette un ou deux textes qui sont assez en-dessous des autres. Quand à Notre ville et Résignation, elles s’écoutent en boucle sans aucun problème. Les deux comparses sont mis en scène avec justesse. Ils se répondent, se disputent, ne se comprennent pas, sont complices, se complètent. Chacun a sa personnalité et joue le jeu de l’histoire, et bien qu’ils ne soient pas comédiens, le tout est bien balancé.
Et que ceux que le mot slam rebute n’aient pas peur et osent aller au spectacle, car Nés Poumon noir va audelà du simple concert de slam. Et comme l’a dit une dame d’à peu près soixante ans à son ami, à la sortie du spectacle : « Je sors de Nés Poumon Noir, le truc belge avec du slam. Attends, (dit-elle face à la mine réprobatrice de son ami) c’est du slam, mais franchement, c’est vraiment bien».
Textes et interprétation Mochélan Musique Rémon Jr Mise en scène Jean-Michel Van den Eeyden Création vidéo Dirty Monitor & Productions Nécessaires Graphisme Juliette Delpech Dramaturgie Olivier Hespel / Assistanat à la mise en scène Camille Husson Création lumières Virginie Strub Régie générale et vidéo Christian François Régie son Steve Dujacquier.
« Moi j’ai six mille bonnes raisons d’aimer ma ville, tout d’abord y a ma maison, un cordon, mon nombril. » Du côté de Mochelan, il parle de lui, de sa ville et son histoire, des ouvriers, des filles, de l’école, etc. Il parle de toutes les choses qui font ce qu’il est maintenant. Le flow et les lyrics sont vraiment bons
rappelant les cheminées de leur ville de naissance. Le dispositif vidéo est également très intéressant, avec trois moniteurs qui tantôt se complètent, tantôt s’opposent. Rien dans la mise en scène et la scénographie n’est anecdotique, tout est justifié.
© Juliette Delpech
L’ambiance est très bien construite. La machine à fumée, loin d’un simple accessoire, est le moyen permettant aux deux amis carolos de prendre régulièrement une bonne bouffée d’air leur
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Prochaines dates : - du 11 au 14 février 2014 à l’Eden (Charleroi) - du 18 au 22 février 2014 au Théâtre National (Bruxelles) - le 30 avril 2014 à la Maison de la Culture de Tournai
La Rentrée d’Arlette Pour son premier festival d’Avignon, une Interview au soleil avec l’humoriste Zidani
La critique Cette année, ils sont environ vingt-cinq de l'émission On ne demande qu'à en rire (ONDAR) à présenter un spectacle à Avignon, mais celle qui nous intéresse est bien sûr Zidani. Dans La rentrée d’Arlette, Zidani nous raconte l’histoire d’une école en Belgique. De la prof dépressive se shootant au tube de colle en plein milieu du cours à la mise en place de la chorégraphie pour la fête de l’école, on rigole, on participe et on se retrouve même à regretter nos professeurs les plus excentriques et les plus tyranniques. Pour sa tournée en France, l’humoriste belge a préparé un spectacle spécial : « Vas-t-en savoir, c’était un spectacle sur l’enseignement et la suite c’est La rentrée d’Arlette, parce qu’à la fin de Vas-t’en savoir, la directrice prend sa retraite et Arlette reprend l’école. Et alors ici en France, en fait, on a fait un mix entre les deux spectacles. On a pris la structure de La Rentrée d’Arlette avec pour personnage principal Arlette Davidson, mais c’est un mélange de sketchs des deux spectacles. Pour la France, il y avait des sketchs qui étaient trop belges, par exemple la Wallonne et la prof de flamand, je ne les mets pas en France parce qu’ils ne vont pas comprendre. » Comment tu es arrivée au ONDAR ? « Je devais jouer dans une salle parisienne, et le directeur du théâtre n’a pas tenu sa parole et donc je me suis retrouvée avec beaucoup de temps libre dans mon agenda, fatalement. Comme j’avais déjà été approchée par On ne demande qu’à en rire, je me suis dit que j’allais profiter de ce
temps pour le faire. Parce qu’il faut vraiment avoir du temps : ça prend la tête, c’est quelque chose de très difficile, l’exercice est périlleux et le trac bouffe beaucoup aussi dans la créativité » « C’était difficile, mais ça nous a donné à tous un grand coup d'accélérateur, je pense qu’en faisant ONDAR on a tous gagné certainement dix ans. Cela donne à l’artiste une base de public pour démarrer. » Cela t’a apporté beaucoup plus de public en France et en Belgique ? « Cela m’a fait connaitre en France. En Belgique, j’avais déjà de toute façon mon public à Bruxelles mais ça m’a permis de me faire connaitre d’un public beaucoup plus large parce qu’il faut dire que les médias belges n’ont parfois pas assez confiance en leurs artistes, et je ne suis pas la moins bien servie. Et malheureusement, c’est souvent un passage par Paris qui leur donne confiance. » Alors c’est ton premier festival à Avignon ? « Oui, premier festival d’Avignon. J’avais déjà fait un festival il y a longtemps au Canada, j’avais fait des festivals de rue. En fait la rue ne me dérange pas, j’adore être avec les gens, discuter avec eux, mais ce qui est difficile c’est la chaleur. » Et bien-entendu, le spectacle s’inspire de son vécu : « Je suis devenu prof de religion protestante par hasard, un remplacement de deux mois qui a finalement duré dix ans. Je pense que les profs se retrouvent dans le spectacle, parce que c’est aussi ma marque de fabrique, le réalisme. J’aime vraiment copier jusque dans les moindres détails. Et donc je pense que ça leur parle, parce qu’à
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un moment donné dans un certain désespoir, les profs finissent vraiment par péter un câble. » Ce qui marque et qui enchante aussi dans La Rentrée d’Arlette, c’est le jeu permanent avec le public, qui devient de plus en fort en avançant dans le spectacle. « C’est un spectacle très interactif, c’est le principe du truc parce que comme c’est l’école, c’est bien que le public se retrouve comme élève. En fait, dans toutes les écoles, il y a toujours une fête de fin d’année, toujours un petit moment assez important qui est aussi une surface d’aération pour beaucoup de professeurs et donc la fête de fin d’année finit toujours un peu comme ça. Et c’est justement ce que cela rappelle de finir le spectacle par ce truc un peu ouf, et puis moi j’aime bien, je trouve ça gai. Les gens sont contents. Mais si je vois dans le public qu’il y a une personne ou deux qui ne le fait pas, je n’insiste pas. » Donc que ceux qui ne sont pas enclins à la participation se rassurent, vous ne serez forcés de rien. Et de toute façon, vous verrez que c’est une participation contagieuse et que même les plus réfractaires à ce genre de pratiques s'étonneront euxmêmes d’être embarqués avec les autres dans le tourbillon Zidani. Prochaine dates : - le 26 septembre 2013 au Centre Culturel de Berchem/Bruxelles - le 7 novembre 2013 à Nivelles Et aussi «C’est la fête» au Cirque Royal de Bruxelles le 16 novembre 2013.
18 août 2013
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms
Homaj à la chonson française de Blond & Blond & Blond Collaboration artistique Mathieu Boulet
Trois suédois débarquent en France pour rendre leur hommage à la « chonson » française. NTM, Jean-Jacques Goldman, Barbara, la Compagnie créole, tous les genres passent à la moulinette de ce trio pour le moins excentrique. Seulement, le choix des styles et le goût des blagues laissent à désirer ou ne sont en tout cas pas adaptés à mon sens de l’humour. Le problème de ce spectacle vient de l’écriture. En effet, les acteurs sont plutôt très bons et ont un sens du comique évident. Les trois caractères sont aussi complémentaires qu’antithétiques et de ce point de vue là, ça fonctionne très bien.
enfant. Le trio en fait une prise façon chanson pour enfant, avec les costumes d’arbres et tout le toutim. Si nos trois suédois en étaient restés là, la blague aurait presque été subtile. Au bout d’une minute, Glar entre en scène dans un costume d’aigle plutôt ridicule et rudimentaire, en exécutant un mime tout aussi ridicule et drôle. Seulement, puisque la subtilité n’est pas leur crédo, l’aigle, à partir de la deuxième minute de la chanson, essaie de prendre le guitariste et la chanteuse par derrière. Oui, oui, Glar mime un aigle sodomite, transformant ainsi la belle et morbide métaphore de Barbara en une blague vulgaire et gratuite.
En revanche, les reprises ne brillent pas par leur originalité. La reprise de standards de la chanson française changeant le style musical est en fait une chose répandue depuis quelques années. Si vous voulez vous pencher sur la question je vous recommande les groupes Francis et ses peintres (Philippe katerine) ou encore Didier Super et sa Discomobile.
Quand on se retrouve de marbre au milieu d’une salle hilare, on se dit que l’on est peutêtre passé à côté de quelque chose. Je pense personnellement que je ne fais pas partie du public cible. Je vous conseille cependant d’aller vous-même faire un tour sur www.blondandblondandblond.com et peutêtre que vous aimerez.
Pour ne prendre qu’un exemple : la reprise de L’Aigle Noir de Barbara. Cette chanson, vous le savez peut-être, raconte par la métaphore de l’aigle noir, le viol qu’a commis son oncle sur elle lorsqu’elle était Hamlet, personnage shakespearien, est prince du royaume du Danemark. Son père, le roi du Danemark, est mort récemment, et c’est Claudius, le frère de ce dernier qui a pris sa place. Le spectre du roi décédé est apparu à Hamlet, l’informant que Claudius est son meurtrier et qu’il doit le venger. Hamlet est dans sa chambre, à se morfondre et à accuser la fatalité. Il attend que les évènements se déroulent tout en sachant pertinemment que sa mère boira du vin empoisonné, qu’il tuera son oncle mais sera lui-même tué par Laërte qu’il tuera en retour, qu’Ophélie mourra noyée et que ses deux amis seront exécutés. Mais il attend.
To be Hamlet or not de et par Charlotte Rondelez Avec Paul Canel, Pauline Devinat, Céline Esperin, Julien Le Provost, Harold Savary
C’est à ce moment-là qu’un personnage entre dans sa vie, et lui fait prendre conscience qu’il n’est pas normal de mourir plus d’une centaine de milliers de fois et qu’il n’est qu’un personnage de livre dont le destin est écrit par un certain Shakespeare. Hamlet décide alors de partir à l’aventure, pour essayer de réécrire son histoire afin de stopper cette tragédie et de ne plus mourir. Mais la volonté ne suffit pas toujours, et la force de l’écriture amène les autres person-
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Je pense aussi que le problème vient du fait que je suis un grand passionné de variété française, et j’adore m’en moquer mais pour mieux lui dire que je l’aime, et non pas pour l‘insulter.
nages de son histoire à accomplir coûte que coûte leur destin, le forçant à voyager là où il n’aurait jamais pensé mettre les pieds. Comme vous pouvez le constater, le texte de Charlotte Rondelez tente de chambouler les codes, et sa mise en scène appuie d’une belle manière cette idée. Certains passages sont d’un comique implacable comme la scène où les membres de l’entourage d’Hamlet essayent de mourir coute que coute pour respecter le cours de l’écriture malgré un discours leur demandant d’arrêter cette tragédie stupide. Un plateau tournant, des bruitages à la bouche et une bande son pour nous faire imaginer le reste. La mise en scène est avant tout basée sur le mouvement et le jeu des acteurs, sans décors superflus. Les acteurs sont très bons avec un fort potentiel comique. C’est drôle sans être hilarant, mais on passe un très bon moment. C’est un spectacle divertissant, au texte intelligent, et aux répliques et références bien placées et drôles.
Festival(s) / Le IN / Le OFF / Théâtre des Doms Manuel Pratt fait partie des habitués du festival. Il est connu d’un certain public mais totalement inconnu pour les autres. Il faut dire que contrairement à tout le monde, il n’a pas d’affiche, pas de tract, il mise tout sur le bouche à oreille et sur ceux qui le connaissent.
Les Volets Clos écrit, joué et mis en scène par Manuel Pratt Compagnie Manuel Pratt Chargée de communication Valérie Duburc Régisseuse Audrey Anselm
Il était une fois... Le Petit Poucet Mise en scène Emmanuel Besnault Cie L’éternel été Avec Johanna Bonnet, Benoît Gruel, Lou de Laâge, Schemci Lauth, Maïa Liaudois, François Santucci, Manuel Le Velly texte Gérard Gélas
Cet habitué du festival n’a que des bonnes habitudes. Tout comme l’année dernière, il présente en 2013 quatre spectacles dont deux créations originales. Deux le matin en alternance jour pair/ jour impair et deux le soir sur le même principe. Tout comme l’année dernière, l’entrée de chacun des quatre spectacles est gratuite, et vous versez la somme que vous voulez dans un chapeau en sortant. Manuel Pratt est un humoriste français dont vous pourrez difficilement entendre parler dans les grands médias. Son humour, trop corrosif pour l’autocensure qu’appliquent les médias de nos jours, il a par exemple été banni de Rire et Chanson mais ne met plus les pieds à la télé ou la radio non-plus. Il est réellement ce que je considère comme un artiste engagé. Dans chaque spectacle, il se plait à aborder des sujets dont tout le monde a peur. Mais il le fait de manière
intelligente, à l’issu de nombreuses recherches, de lectures et d’entretiens. Dans le spectacle Les Volets Clos, il aborde le sujet de la prostitution. Il se fait conteur d’histoire pour nous transmettre les fruits de sa documentation. Il nous conte l’histoire d’une fille, débarquant de sa Bretagne natale, pour s'installer à Paris et y rejoindre une amie. Seulement, son amie ne l’a pas prévenu de la nature de son travail. La jeune fille se retrouve sans le savoir dans une maisonclose et va être contrainte de devenir prostituée. Son incarnation du tenancier est glaçante. Il nous fait rire, et aborde juste après une scène de viol, sans la raconter mais juste en suggérant le début. La prostitution est montrée sous un visage que l’on voit rarement, mais Manuel Pratt le fait toujours de manière neutre, il ne fait que conter, il ne juge pas. De plus, il ne condamne pas «ce mal nécessaire» mais bien ceux qui en profitent sur le dos des filles forcées à le faire.
Il était une fois un marquis. Mais ce marquis, avant de l’être, était tout autre chose. Il était le Petit Poucet. Seulement, il est le seul à ne plus se rappeler de son histoire. Les valets et l’entourage du marquis décident de lui rafraîchir la mémoire. Aidés de leurs instruments de musique, ils vont revivre ensemble l’histoire du Poucet.
Et là, vous vous dites que ça chante, que ça raconte un conte et que ça n’est pas pour vous mais pour les enfants. Erreur.
Voici un Petit Poucet dépoussiéré par la compagnie de l’Eternel été. Accordéon, guitares et chant redynamisent le conte pour faire bouger les petits comme les grands. Les chansons sont entrainantes et je peux vous assurer que l’une d’elles vous restera dans la tête longtemps après le spectacle.
Et si tout le monde ne comprend pas toujours l’intérêt de tout, tout le monde y trouve son compte, et l’on comprend que ce spectacle ait fait salle comble à de nombreuses reprises durant le festival et avec un public d’âges très différents selon les représentations.
Dans ce Petit Poucet là, les parents ne sont pas des monstres. Enfin, bien-sûr, ils abandonnent leurs enfants dans la forêt afin qu’ils soient mangés par des bêtes sauvages et autres créatures imaginaires. Mais s’ils les abandonnent, c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens de subvenir aux besoins de la famille au complet. Cela n’est pas fait de bon cœur.
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Des dialogues aux mimiques des personnages en passant par les gags, l’ensemble du spectacle s’adresse tantôt aux adultes, tantôt aux enfants, tantôt aux jeunes.
En plus, les comédiens se font plaisir sur scène et cela se sent à l’arrivée. On sort de la salle après un applaudissement énergique et le sourire jusqu’aux oreilles.
AFAG Théâtre Une compagnie de capes et d’épées créative et engagée Avec Jean-Baptiste Guintrand, Grégory Bron, Benjamin Dubayle, Charlotte Rondelez, Vincent Dubos, Virginie Rodriguez, Philippe Ivancic, Serge Balu
La Compagnie
Dom Juan
L’AfAg Théâtre (Au Fond À Gauche) a été fondée par Bernard Martin, professeur au département théâtre de l’université Paris 8 lorsque les différents individus qui composent la compagnie se sont rencontrés.
Pour l’AfAg, reprendre Dom Juan est l’occasion de mettre fin aux croyances sur le couple. Celles que l’on nous vend comme innées mais qui ne sont qu’acquises, et contre les amalgames que nous faisons quand il s’agit d’amour.
Après une première tentative avec L’Épidémie d’Octave Mirbeau, ils se lancent dans leur première création originale, écrite par Gregory Bron, auteur principal de la compagnie et notamment des deux spectacles que nous présentons dans cette page.
Le dialogue durant lequel Léonard et Florence se querellent sur le thème de la fidélité est un petit joyau. Florence y demande à Léonard de lui être fidèle et donc de n’aimer qu’elle, ce à quoi il répond : « Je crois qu'vous confondez et ce dont vous parlez c'est l'exclusivité, je ne la puis souffrir car elle empêche l'autre’ de prendre du plaisir et je ne pourrais pas donner le nom d'ami à qui n'est pas content lorsque moi je le suis. »
En réécrivant des histoires connues de tous ou faisant en tout cas partie de la culture populaire, l’AfAg théâtre prend du théâtre son pouvoir de rébellion pour monter et démonter les carcans de notre société. Dans deux spectacles écrits, ils combattent le sexisme et le couple tels qu’on nous les impose avec La Botte secrète de Dom Juan et taillent les pouvoirs sécuritaires avec D’Artagnan Hors-la-loi. Voilà une compagnie qui n’a ni les épées et ni les langues dans les poches.
Et bien que ce spectacle soit en tous points utiles dans un débat sur le féminisme ou une querelle avec votre moitié, ne croyez pas qu’il soit moraliste et ennuyeux. Il pose des questions, met le doigt où il faut mais avec toujours plein d’humour et d’autodérision, et sans jamais s’enfermer dans l’espace de la scène.
D’Artagnan On prend les mêmes et on recommence, et c’est toujours aussi bon. Cette fois-ci ils sont huit et jouent une vingtaine de personnages. Les affrontements entre les mousquetaires et les hommes de Richelieu sont impressionnants tellement le passage d’un camp à l’autre est fluide et la compréhension des changements de personnages facile. Le thème de ce spectacle est la nuance entre loi et justice. « La loi n’est pas la justice quand elle ne fait qu’armer le bras des puissants, la loi n’est pas l’honneur quand elle appelle la délation...» nous dit l’auteur. La désobéissance n’est-elle pas, suivant le contexte, la bonne voie à prendre? Encore une fois, l’humour n’est pas en reste, et pour ne raconter que le début, après avoir fouillé les spectateurs à l’entrée des gradins, le vigile demande à d’Artagnan de lui montrer à son tour le contenu de son sac.
Entre les combats à l’épée plutôt impressionnants et le comique omniprésent, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Courez-y donc, c’est un sans-faute pour petits et grands, et même les autres.
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18 août 2013