Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Le Suricate N° 21
Bi-mensuel
25 juin 2013
Magazine À la une
Retour sur Man of Steel et Henry Cavill
Mais aussi...
Damien Chemin City’zik Festival Rencontre avec Philip Le Roy
Michael Dufour, l’interview Retrouvez le parcours et les projets du créateur du spectacle à succès Faites l’amour avec un belge !
Sommaire
Music-market - Partie 2 Prêt pour le changement
p. 5
Littérature
p. 6 p. 7 p. 8
Interview de Philip Le Roy p. 30 Baroque’n’roll p. 31 Red Code - La Brigade des fous T2 p. 32 p. 32 Impurs p. 33 Frontière barbare p. 33 Comme chez toi
Cinéma Man of Steel Les Petits princes Pour une femme Shokuzai A Pelada Frances Ha Disconnect Les Reines du ring A Late Quartet Kapringen Marius Fanny Crazy Joe / Joséphine Actu ciné Interview de David Chemin
p. 9 p. 10 p. 10 p. 11 p. 11 p. 12 p. 12 p. 13 p. 13 p. 14 p. 15 p. 16
Musique City’Zik Festival - Interview Interview d’Anwar Daft Punk Jenifer - Ma déclaration Thy Art is Murder - Hate Anciientss - Heart of Oak Powerworld - Cyberteria Frank Michael
p. 20 p. 22 p. 24 p. 24 p. 25 p. 25 p. 26 p. 26
Johnny Depp Dead Like Me
p. 34 p. 35
Cotations Rien à sauver Mauvais Mitigé Bon Très bon Excellent
Avec une cape, plus de classe que Superman
Scènes Interview de Michael Dufour
Happy Birthday Mr Suricate
p. 28
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25 juin 2013
Edito
Le terrier du Suricate Music-market (partie 2) Vous vous en rappelez peut-être, nous vous parlions dans notre édition précédente du featuring. Ce principe à la mode en musique qui consiste à accoupler (parfois sexuellement) deux stars de la chanson pour créer un morceau qui cartonnera sur nos ondes. Bref, le cobranding du monde de la musique. Cette fois-ci, parlons d’une autre pratique très en vogue et populaire dans le milieu de la chanson, le plagiat ou la reprise dans un français plus politiquement correct. Car, il est utile de distinguer les deux termes même s’ils se ressemblent beaucoup. Le plagiat est une copie illégale et illégitime d’une création intellectuelle, quel que soit le domaine. La reprise, en musique, c’est comme le remake en cinéma, c’est une version copiée et adaptée sciemment d’un original. Vous en avez peut-être cure, mais la nuance est importante en ces temps de reprises à gogo. Entre Garou qui reprend les standards du jazz, Tal et M Pokora qui s’attaquent à la discographie de Jean-Jacques Goldman, nombreux sont les artistes qui reprennent des chansons ayant déjà connu le succès pour les mettre à leur sauce. Dans de nombreux cas, ceux-ci marquent l’évidence même du désert artistique que traverse un artiste au niveau de l’écriture, lui qui est soumis aux obligations de sortie imposées par les maisons de disque, peu regardantes au bonheur de leurs protégés. Pauvres troubadours en détresse, eux qui auraient voulu être
chanteurs (ça, c’est du plagiat ou moquerie, selon le point vue). À ce jeu de dupes, certains sont passés maitres. C’est le cas pour l’instant de Jenifer Bartoli, celle qui nous avait été dévoilée par l’émission télévisée Star Academy (l’ancienne version, avec le château, les primes, l’audience, les jeunes gens à poil et Armande Altaï). Depuis plus de dix ans, elle a su se construire une belle carrière et s’attirer un public, si bien qu’elle possède aujourd’hui sa statue au musée Grévin (pas Armande Altaï hein ! Jenifer). Actuellement en pleine promotion de son album de reprises des chansons interprétées par France Gall, la Niçoise doit faire face à l’ex-compagne de Michel Berger mais aussi à la presse people qui la place comme une usurpatrice. De plus, un groupe français à la notoriété quasi inexistante, Audrey Jungle, a déclaré que la pochette de l’album était plagiée sur la leur. De fait, on y voit sur les deux une chanteuse qui se mordille les lèvres de manière alléchante et dont l’une donne plus envie que l’autre, mais nous ne dirons pas laquelle. Bref, rien de bien détonnant. En résumé, l’industrie du disque, c’est un peu comme la télé réalité. À l’instar de Top Chef, c’est à celui qui réinventera le mieux une vieille recette que reviendra l’honneur, la notoriété et les euros qui vont avec.
Prêt pour le changement ? Comme déjà annoncé, la cadence va diminuer pendant les vacances et faire la part belle aux numéros spéciaux. Numéro spécial festivals ou numéro spécial Avignon. Mais il est temps de vous l’annoncer, on est pas resté inactif en coulisses. Le numéro va devenir officiellement mensuel. Ne faites pas de scandale, ne nous envoyez pas de dizaines de mails d’appels à l’aide. Si nous avons pris cette décision, c’est dans un but précis. Courant du mois de juillet sortira notre nouveau bébé : un site web pour nous permettre d’être encore plus présent et actif dans l’actualité culturelle. Comment cela va se passer techniquement ? L’actualité à chaud, les critiques de dernière minute paraîtront sur le site. L’actualité à froid, les dossiers et les critiques non urgentes paraîtront dans le magazine. Pour que vous puissiez partager un article seul, chaque article des différents numéros paraîtront, une semaine ou deux après publication, sur le site internet. Le Suricate Magazine vous proposera donc deux fois plus de moyen de découvrir la culture en Francophonie.
M.M.
Une publication du magazine
Le Suricate © http://ww.lesuricate.org Directeur de la rédaction : Matthieu Matthys Rédacteur en chef : Loïc Smars Directeur section littéraire : Marc Bailly Directeur section musicale : Christophe Pauly Directeur section théâtre : Baptiste Rol
Crédits Webmaster : Benjamin Mourlon Secrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre Relation clientèle : redaction@lesuricate.org Régie publicitaire : pub@lesuricate.org
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L.S.
Ont collaboré à ce numéro : Elodie Kempenaer, Mathias Mellaerts, Florence Cassart, Claire Rigaux, Julien Sterckx, Quentin Esser, Frédéric Livyns, Lise Francotte, Chris de Savoie, Elaine Voglaire, Véronique De Laet
25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Cinéma
Man of Steel, un héros trop déifié C’est l’une des sorties les plus attendues de cette année, le nouveau film de Zach Snyder devait faire redécoller la saga Superman. Au final, un résultat en demi-teinte qualitativement parlant.
©Warner Bros Pictures
La critique
Dès les premières minutes de bobine, le parti pris du réalisateur nous est dévoilé sans pudeur, nous assisterons aux prémisses de la vie de Clark Kent alias Kal-L. De fait, c’est sur Krypton, planète surexploitée par ses habitants, que démarre l’histoire de l’homme au grand «S». En suivant cette logique narrative, Zach Snyder ne se perd pas car il replace son héros et permet aux profanes de comprendre les origines du phénomène. Un travail contextuel autorisant par la même occasion le travail futur d’une franchise en plusieurs épisodes.
Passé cette épisode très fantastique et déshumanisé, direction la Terre et la longue lutte psychologique que doit subir Clark, jeune homme possédant des super-pouvoirs qui sèment la crainte et le doute autour de lui. Parallèlement à ce conflit psychosocial, c’est à une grande menace venue directement de Krypton que va devoir faire face l’homme qui deviendra Superman. Autant le dire d’emblée, l’histoire évolue un peu de manière arythmique. Et pour cause, les pérégrinations héroïques du protagoniste principal sont mélangées volontairement à un récit plus sentimental et politiquement correct. Ces deux aspects un peu antagonistes ne créent pas une alchimie parfaite. D’un coté, le film nous montre des scènes bourrées d’effets spéciaux et de prouesses pyrotechniques à vous donner la nausée et, de l’autre, le scénario tente de nous narrer l’évolution psychologique et sentimentale du personnage. Un effet paradoxal un peu dérangeant. Hormis cela, Man of Steel est une réalisation très propre même si la profondeur du scénario aurait pu être plus creusée. De plus, les scènes de baston s’enchainent à n’en plus finir sans pour autant être explicitement violentes. A contrario, l’aspect redondant du récit moralisateur est désagréable à souhait.
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Outre cela, il est cependant utile de saluer la prestation de Henry Cavill. Un acteur bien plus en phase avec son personnage que ne l’était Brandon Routh. Au bilan, nous sommes ressortis de la salle avec un léger sentiment de déception. Si la technique et les effets spéciaux ont été au rendez-vous et nous en ont balancé plein les mirettes, nous avons été surpris par un scénario cousu de fil blanc, sans originalité et exacerbant à de nombreuses reprises notre sentiment de déjà-vu.
Matthieu Matthys Man of Steel déjà à l’affiche
Superman est certainement l’un des super-héros les plus populaires du cinéma. Depuis la version de Richard Donner en 1978 et la consécration de l’acteur, aujourd’hui décédé, Christopher Reeves, cinq films ont vu le jour pour le plus grand bonheur des fans (hormis le quatrième volet dirigé par Sydney Furie). Si les années nonante avaient quelque peu laissé Clark Kent tranquille, la Warner Bros, propriétaire des droits de DC Comics, avait relancé la machine en 2006 avec Superman Returns signé Bryan Singer. Même si le film n’était pas une daube en soi, ce dernier avait cependant déçu les amateurs de science-fiction qui y voyaient une esquisse mal assise entre deux époques. Au lieu de continuer dans cette voie, la Warner a choisi de refondre son histoire et de la confier à Zach Snyder, le réalisateur à succès du péplum nouvelle génération 300.
Fantastique de Zach Snyder Avec Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon
Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité.
Un film de foot, oui mais un bon Le football, un thème peu abordé au cinéma ou trop exploité sous son angle le plus simple : l’aspect sportif. Dans «Les petits princes», le fond est plus riche même si cela reste du foot.
©BelgaFilms
La critique
Ce n’est pas un chef-d’œuvre, loin de là. Mais si on regarde derrière soi, les bons films de foot ne font pas légion dans le cinéma francophone. Le récent Je suis supporter du standard n’était pas trop mal, mais ça ne traitait pas vraiment du foot. Les Seigneurs est une catastrophe qui ne fait rire que lorsqu’un guest entre à l’écran toutes les dix minutes. 3 zéros est selon moi le meilleur de tous mais cela est un point de désaccord avec le spécialiste des films de foot du magazine (Cf dossier « Le cinéma et le football » par Loïc Smars, Le Suricate n°2). Et quand au film Les Collègues, venant moi-même du sud de la France, il m’est interdit de ne pas l’aimer. Mais je dois tout de même reconnaître que ces deux derniers films cités n’ont pas vraiment fait l’unanimité.
Mais revenons-en à ceux qui gambadent sur des étendues d’herbe pour se nourrir, j’ai nommé les footballeurs. Ici nous suivons JB (Paul Bartel), jeune prodige qui sort de sa campagne française pour se rendre en centre de formation pour devenir footballeur professionnel. Tout est bien qui commence bien donc, sauf que pour en arriver là, le jeune JB a caché ses résultats d’examens médicaux qui ont décelé une malformation du cœur, l’interdisant de pratiquer le sport de haut niveau. Passé les moqueries de ses camarades venant du fait qu’il est le seul blanc, il se lie d’amitié avec son camarade de chambre et part en soirée la nuit tombée où il rencontre Lila, une jeune bobo en devenir à la blanche peau et à la chevelure blonde comme le blé en gerbe, qui prend des polaroïds des collages qu’elle fait en vandale sur les murs des squats (houhou la rebelle). Du côté des entraineurs, il y a le vieux bougon excellemment campé par Eddy Mitchell, assisté d’un jeune coach qui n’a pu réussir dans le foot professionnel pour des raisons obscures, joué par Reda Kateb, découvert dans Un Prophète de Jacques Audiard. Alors là vous devez vous dire « mais il a vraiment aimé le film, parce que ça à l’air bien cliché quand-même ». Je ne vais rien vous cacher, ça l’est. Mais d’une, quand les clichés sont durs à voir, c’est parfois parce qu’ils sont trop proches de nous. De deux, c’est très bien filmé, c’est bien joué, la musique
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est bonne, les conflits que JB doit gérer avec son père, ses amis et Lila en raison du secret qu’il porte sont aussi très bien amenés et très bien menés. Pour finir, si l’on en croit Stéphane Pauwels animateur de 100% foot sur RTL qui a côtoyé les centres de formations de l’intérieur, c’est aussi très fidèle à la réalité de ces lieux clos. Toutes ces raisons me poussent à mettre une note excessive. C’est la note que l’on met à un élève bon mais pas top pour l’encourager à faire du très bon la prochaine fois.
Baptiste Rol Les Petits Princes 26 juin 2013
La surprise de la semaine viendra d’un film de foot. Et oui, c’est comme ça. Je ne dis pas que le foot n’est pas fait pour le cinéma mais il faut quand même dire que jusque là, les doubles amateurs du ballon rond et du grand écran n’avaient pas vraiment de quoi conjuguer leurs deux passions. Alors attention, je ne veux pas créer de faux espoirs non plus et risquer de recevoir des lettres de menaces en mode « tu n’es qu’un c**, c’est un mauvais film pour adolescent, avec des petits bobos aux cheveux longs qui prennent des photos et des petites racailles qui font du foot et jouent à la Play. »
Drame de Vianney Lebasque avec Paul Bartel, Reda Kateb
JB, jeune prodige de 16 ans, est le dernier à intégrer le centre de formation où évoluent les plus grands espoirs du ballon rond. Entre l'amitié, la compétition, les rivalités et son attirance pour Lila, une jeune fille passionnée de street art, JB va devoir se battre malgré le lourd secret qui pourrait l'empêcher d'atteindre son rêve.
25 juin 2013
Pour une femme de Diane Kurys Diane Kury avec Pour une femme, tente d’expliquer ou d’exorciser ses propres secrets familiaux.
©BelgaFilms
La critique
Ce n’est pas la première fois que Kurys parle de son histoire. Elle abordait son adolescence dans Diabolo Menthe, son enfance dans Coup de Foudre et sa mère, déjà, dans la Bauleles-Pins (on retrouve le peignoir rouge à pois blancs que portait Isabelle Huppert, sur le corps de Mélanie Thierry). Ana, alter ego de Diane Kurys, joué par Sylvie Testud, trouve dans les années 80, une photo ancienne qui va lui faire découvrir un oncle mystérieux que ses parents ont recueilli après la guerre. Au moyen de flash-backs, nous découvrons l’histoire de Michel qui s’est marié à Lena pour lui sauver la vie. Reconnaissante, elle reste vivre avec lui et tombe enceinte. Alors que Michel est actif au sein des cellules communistes, Jean, son frère revient d’entre les morts. Une tension amoureuse va réunir le frère et la belle-
soeur. Pourtant, Jean est recherché par la police et cache une activité secrète qui pourrait le voir disparaître du jour au lendemain : il traque les anciens nazis.
l’aise dans le costume du chef de cellule trop sérieux pour sa femme. Malgré tout, Pour une femme, ne marquera pas durablement les esprits. Tout est trop lisse, trop propre, la reconstitution impeccable enlève l’âme du film et fait qu’à peine nous ayons quitté la salle, le souvenir de cette jolie histoire s’envole.
Redoutant la simple historiette amoureuse, nous avons été agréablement surpris de voir le film aborder les questions parfois douloureuses de la reconstruction des individus après la Seconde Guerre mondiale, qui n’a épargné personne. Que se soit l’envie de Michel de construire une famille tout en militant pour le communisme, que se soit la soif de vengeance de Jean, déçu de ce qu’il a vécu en Russie et rescapé des camps et qui est devenu chasseur de nazis. L’autre force de ce film est de s’appuyer sur l’interprétation passionnée de ces comédiens. On retrouve toute une pléiade d’acteurs et actrices français connus comme Benoît Magimel (impeccable mais se trahit par sa voix quand il interprète son personnage vieilli), Nicolas Duvauchelle (qui aurait engagé un coach pour approcher le parlé de l’époque), Mélanie Thierry (tout en grâce), Sylvie Testud (alter ego de la réalisatrice), Julie Ferrier (bien plus sobre que dans La Fleur de l’âge) ou encore Denis Podalydès, à
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Loïc Smars
Pour une femme 3 juillet 2013
5 ans après le téléfilm remarqué Sagan avec Sylvie Testud, Diane Kurys revient au cinéma avec de nouveau une chronique familiale inspirée de sa propre histoire. Après avoir découvert une photo de ses parents et son oncle juste après la guerre et avoir appris leur dispute depuis cette époque, elle va, par le biais du cinéma, tenter de trouver une explication romancée à son secret de famille.
Drame de Diane Kurys avec Benoît Magimel, Mélanie Thierry
A la mort de sa mère, Anne fait une découverte qui la bouleverse : une photo ancienne va semer le doute sur ses origines et lui faire découvrir l'existence d'un oncle mystérieux que ses parents ont accueilli après la guerre. En levant le voile sur un secret de famille, la jeune femme va comprendre que sa mère a connu un grand amour, aussi fulgurant qu'éphémère…
25 juin 2013
Shokuzai de Kyoshi Kurosawa Le cinéma asiatique reste relativement marginal dans les salles obscures occidentales. Celui-ci recèle parfois de surprises mais aussi des films de 4h30 comme Shokuzai, le marathon du drame.
©Lumière
La critique
Quinze ans plus tard, on revient sur les quatre fillettes. Shokuzai est un film de 4h30 divisé en cinq chapitres. La vision de ce film laisse un goût amer de solitude. La solitude est le lien faisant tenir chaque partie et chaque protagoniste entre eux. Unis dans cette quête insensée d’une pénitence suffisante pour un crime qu’aucun n’a réellement commis. Le premier chapitre est concis, sec. Après le meurtre d’Emili, les quatre petites témoins restent muettes, sous le choc. Six mois après la mort de la fille d’Asako, l’enquête stagne et l’assassin n’a toujours pas de visage. En plein désarroi, Asako réunit les quatre fillettes et leur fait promettre de faire pénitence si elles ne se souviennent pas du meurtrier. Scène très violente psychologiquement parlant. On peut la comprendre, compatir à sa douleur mais on ne peut accepter qu’elle fasse subir cela à ces quatre fillettes. Et cette
gêne va venir peser sur tout le film. On ne cessera de se demander l’utilité de ce vœu de culpabilité à vie.
Et ce n’est pas dû à la longueur du film en lui-même mais c’est inhérent à ce dernier chapitre.
Quinze ans plus tard, nous retrouvons les quatre petites filles. Grandes mais pas forcément grandies.
La mère qui se dressait en juge impartiale toute puissante se fait prendre à son propre jeu. Et alors qu’elle cherche dans la justice un moyen de se faire pardonner, elle ne trouve qu’un refus. Condamnée à vivre avec son péché et à ne jamais pouvoir faire pénitence suffisante. Idée brillante, fin pseudo-philosophique…on se pose encore la question à la fin du film.
Comme un carcan, la culpabilité imposée par la mère – froide, vengeresse, manipulatrice, et triste - les enferme dans une vie où l’homme prend la place d’un démon à exorciser. Traumatisées chacune à leur manière. Chaque chapitre en soit constituerait un court-métrage de haut vol avec une belle photographie. Mais la répétition du même canevas lasse. Ce qui est bien dommage. Il y a dans les décors une recherche du minimalisme pour souligner plus fortement les protagonistes dans leurs douleurs respectives. Minimaliste voire stéréotypé. La femme-ours vit dans une sorte de ‘tanière’, la professeur sévère dans un endroit parfaitement rangé…. Le décor se confond avec le caractère de celle qu’il entoure. Pour finir, le dernier chapitre se veut rédempteur. Chaque fillette a fait pénitence, l’histoire se dénoue et on comprend que la mère vengeresse ne cherche simplement qu’à expier sa propre faute, son propre péché à travers les autres. Mais ce dernier chapitre est laborieux. À trop vouloir expliquer tout, les longueurs fatiguent.
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Elodie Kempenaer Shokuzai 24 juillet 2013
Dans un village sans histoire au Japon, la petite Emili est assassinée devant ses quatre amies. Les petites fillettes sont sous le choc et aucune n’arrive à se souvenir du visage de l’assassin. La mère, Asako Adachi, tellement bouleversée par la mort de sa petite, fait jurer aux quatre petites filles de faire pénitence tout le long de leur vie si elles ne souviennent pas du tueur.
Drame de Kiyoshi Kurosawa Avec Kyoko Koizumi, Sakura Ando, Chizuru Ikewaki
Dans la cour d’école d’un paisible village japonais, quatre fillettes sont témoins du meurtre d’Emili, leur camarade de classe. Sous le choc, aucune n’est capable de se souvenir de l’assassin. Asako, la mère d’Emili, désespérée de savoir le coupable en liberté, convie les quatre enfants chez elle pour les mettre en garde : si elles ne se rappellent pas du visage du tueur, elles devront faire pénitence toute leur vie.
25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
A Pelada de Damien Chemin sortie le 26 juin 2013 Comédie (82’) Avec Bruno Pêgo, Kika Farias, Tuca Andrada, Karen Junqueira
Dans une ville oubliée de la province brésilienne, la jeunesse vit au rythme des amours et des amitiés. Issu d’un milieu populaire, Caio est un gentil macho narrant à qui veut bien l’entendre ses nombreuses « fausses » conquêtes amou-reuses.
Par son côté exotique, cette histoire d’amour « à la méditerranéenne » est d’une légèreté appréciable. Par le biais de l’humour, le scénario nous montre la vie du Brésilien moyen vivant dans une région non touristique comme peut l’être Rio de Janeiro par exemple.
Alors qu’il se fait passer aux yeux de tous pour un don Juan, le jeune homme vit une période délicate dans son couple. C’est alors que Sandra, sa compagne, décide de pimenter leur vie sexuelle provoquant l’angoisse chez Caio.
Bien entendu, le personnage de Caio est une caricature et les caractères y sont exacerbés mais Damien Chemin a réussi le pari de faire d’une petite production, une référence. De fait, par son côté modeste et son humilité, le film n’en est que plus réaliste. Cette mise à nu de la société brésilienne actuelle est d’une richesse humaine incroyable.
Le cinéma brésilien n’est pas des plus connus en Europe. Dans les quinze dernières années, seuls deux longs métrages ont traversé l’Atlantique jusque nos salles : La Cité de Dieu de Fernando Meirelles et Central Do Brasil de Walter Salles. C’est dès lors dans la peau d’un explorateur que nous sommes allés à la rencontre de l’histoire d’A Pelada. Réalisé par le Belge Damien Chemin mais tourné intégralement au Brésil avec des comédiens brésiliens, ce film fut une agréable surprise.
Avec Frances Ha, le réalisateur Noah Baumbach nous emmène dans le New York des jeunes artistes. Issus des milieux privilégiés, ils sculptent leur vie comme leur look, collectionnent les appareils photo vintage et portent des chapeaux années trente par-dessus leurs lunettes aux montures démesurées. Ils font de la danse, de la peinture ou du cinéma en parlant de Proust et de Virginia Woolf. Leurs ambitions ? Construire leur carrière et posséder un pied-à-terre à Paris, tout cela en gardant leur propre personnalité. Frances Ha de Noah Baumbach sortie le 3 juillet 2013 Comédie dramatique (86’) Avec Greta Gerwig, Michaela Mickey Sumner, Adam Driver
Écrit par le réalisateur et l’actrice principale (Greta Gerwig) qui interprète le rôle de Frances, le scénario a le mérite de nous immerger d’entrée de jeu dans cet univers. Nous suivons donc les pérégrinations de Frances, une danseuse plutôt paumée, remplie de désirs et de frustrations. Absorbée par ses échecs passés autant que dans ses projets d’avenir, elle voudrait tout, mais obtient peu et observe avec légèreté et fasci-nation son présent lui échapper des doigts. fond de musique pop et par l’entremise des dialogues qui forment l’axe central autour
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Maintenant, tout n’est pas parfait dans cette production et les pérégrinations sexuelles des deux protagonistes principaux sont parfois trop présentes. Mais passé cela, on se complait à suivre une comédie à la fois simple et efficace, à la fois drôle et touchante. Servi par un duo d’acteur talentueux, A Pelada est, avant même sa sortie, une réussite.
Matthieu Matthys duquel est construit le film, nous assistons au flux ininterrompu des pensées et des émotions de Frances. Une épreuve d’écoute qui ne ménage pas le spectateur, mais qui se révèle cinématographiquement intéressante par cette proximité douce-amère qu’elle permet d’instaurer avec la jeune femme. Tourné en noir et blanc et en lumière naturelle, le film évoque visuellement les premiers Woodie Allen ou certains Jim Jarmush. On s’étonne alors de voir des lecteurs MP3, téléphones mobiles et ordinateurs portables, créant un contraste intéressant. Cependant, à l’instar des états d’âme de Frances, les images coulent sans vraiment marquer. Elles évoquent ainsi ces blogs internet compilant de nombreuses photos à l’esthétique noir et blanc maniérée, piochées un peu partout sur la toile. Si le film flirte avec une réflexion sur l’amitié, l’ambition et l’échec, il en reste au stade de l’ébauche évanescente. C’est ainsi que du début à la fin, on flotte dans un univers flou, voire niais, que l’on n’est pas mécontent de quitter une fois le film terminé.
Mathias Mellaerts
Disconnect de Henry Alex Rubin sortie le 3 juillet 2013 Thriller, Drame (115’) Avec Jason Bateman, Alexander Skarsgard, Paula Patton, Max Thériot
Dans la vie quotidienne de l’Occidental, internet est devenu plus qu’une plateforme informative, c’est devenu une sorte de seconde vie où chacun et chacune puise ses ressources, oublie ses problèmes et y construit sa vie sociale. Ce monde virtuel prend de plus en plus de place dans la vie des gens, pour le meilleur mais souvent pour le pire. Bienvenue dans le nouveau film d’Henry Alex Rubin. Disconnect nous narre une histoire frappante de réalisme où l’internet et ses dérives sont montrés du doigt de manière directe et abrupte. Même si l’ensemble est exacerbé, le réalisme des histoires qui s’entremêlent est magistral. Lors de la projection de ce film, nous avons été scotchés par la vision objective du cinéaste (mais aussi du scénariste Andrew Stern) face à un phénomène de société. En croisant les vies de plusieurs personnages, le réalisateur a su habilement nous montrer un constat d’impuissance. Face à ce film d’une qualité exceptionnelle, nous nous sommes retrouvés face à un miroir dont le reflet nous inflige une gifle. Sans trop en dévoiler, la façon dont nous sont présentées les différentes histoires nous amène à réfléchir Rose est une jeune femme sortant tout juste de prison. En médiation familiale avec son fils de 11 ans, elle constate que celui-ci ne l’apprécie pas vraiment. Après avoir trouvé un emploi de caissière, elle nourrit l’idée de monter une équipe de catch avec ses collègues afin de renouer le dialogue avec son fils, fan de la WWE. Un pari loufoque, risqué et déjanté qui va provoquer un engouement dans toute la région.
Les reines du ring de Jean-Marc Rudnicki sortie le 3 juillet 2013 Comédie (97’) Avec Marilou Berry, Nathalie Baye, André Dussolier, Audrey Fleurot
De prime abord, nous étions forts réticents à l’idée de voir ce film. Et pour cause, les comédies populaires françaises s’érigent le plus souvent en navets de première catégorie. De plus, en installant un réalisateur quasiment inconnu derrière la caméra en la personne de Jean-Marc Rudnicki et en apercevant le nom de Thomas Langmann en minuscules sur l’affiche, l’aventure s’avérait risquée. Pourtant, c’est avec un sentiment de satisfaction que nous sommes ressortis de la salle. Et pour cause, nous avons ri à de nombreuses reprises des frasques belliqueuses de nos quatre caissières. Car, même si le sujet et l’environnement du film prêtent à satisfaire un public populaire, les blagues et autres
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sur notre propre vision de ce monde ultraconnecté dans lequel nous évoluons constamment. Et là où réside la force du film, c’est que la réalisation a su éviter les clichés mais aussi et surtout un côté moralisateur qui aurait pu en énerver plus d’un. De plus, ce sentiment n’aurait pas eu autant d’impact sans la prestation impeccable des nombreux acteurs de cet opus. Jason Bateman est époustouflant de professionnalisme et arrive à faire tourner le récit autour de lui alors que son personnage n’offre qu’un seul angle de vue dans ce kaléidoscope dramatique. De même, le jeune Max Thériot nous a bluffé par un jeu d’acteur rare à cet âge. Toujours en phase avec son personnage à la fois désinhibé et torturé, il signe sa meilleure prestation cinématographique. En résumé, ce film est une petite merveille qui nous emmène de manière perversive au travers de la vie de personnes extérieurement banales mais intérieurement complexes, comme tout être humain au final. Un long métrage bien réalisé agrémenté d’une bande originale magistrale.
Matthieu Matthys trouvailles humoristiques sont tout bonnement hilarantes. D’une sobriété efficace, ce film suit son cours sans pour cela nous ennuyer. Bien au contraire, on se complait à suivre cette histoire drôle à défaut d’être réellement originale. De plus, il ne faut pas être fan de catch pour apprécier ce long métrage, bien au contraire. Cependant, nous avons été déçus de constater une baisse de rythme allant de crescendo au fur et à mesure que la bobine se déroule. En nous montrant des scènes absurdes et décapantes dès le départ, la réalisation a vite fait d’emmener les spectateurs dans la bonhommie. Mais, passé la première demiheure, le film pêche dans la facilité. Les surprises sont dévoilées et l’intrigue est cousue de fil blanc. En résumé, ce film nous a positivement surpris. Le quatuor d’actrices présenté devant nous en est pour quelque chose car celui-ci incarne de belle manière des personnages magistraux. La découverte fût même au rendez-vous avec Corinne Masiero, révélation incontestable d’une comédienne à l’humour contagieux.
Matthieu Matthys
25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
A Late Quartet de Yaron Zilberman sortie le 10 juillet 2013 Drame (105’) Avec Philip Seymour Hoffmann, Christopher Walken, Catherine Keener
Nous voici dans l’intimité d’un quatuor à cordes. Cela fait vingt-cinq ans que The Fugue tourne dans le monde entier avec la formation. Ils sont inséparables et se connaissent mieux que personne. Entre tensions et passions, ils sont restés ensemble tout ce temps et comptent bien continuer. Mais, alors qu’ils répètent pour le quatuor à cordes n°14 en ut dièse mineur op. 131 que Beethoven a composé six mois avant sa mort, Peter, le violoncelliste du quatuor annonce aux autres qu’il est atteint de la maladie de Parkinson. Dans la foulée, il leur annonce qu’il souhaite que le concert qu’ils donnent pour leur vingt-cinquième anniversaire soit son dernier. La répétition est interrompue et les ennuis ainsi que le film peuvent enfin commencer. Écoutons le réalisateur : « Je voulais raconter l’histoire d’une famille, me pencher sur les liens forts et uniques qui unissent ses membres, l’amour et la dévotion qui sont toujours accompagnés d’émotions refoulées, de ressentiments, de jalousie et de rivalité. J’ai pensé qu’un quatuor à cordes constituerait le cadre idéal étant donné le temps que ses membres passent ensemble. »
Le cinéma danois m’a toujours fait l’effet d’une réalité brute perçue à travers une sensibilité exacerbée par le froid. Telle une table chirurgicale où seraient disséqués les sentiments humains. Kapringen (Hijacking) deuxième long métrage du Danois Tobias Lindholm me conforte dans cette impression.
Kapringen de Tobias Lindholm sortie le 10 juillet 2013 Thriller, Drame (100’) Avec Pilou Asbaek, Soren Malling, Dar Salim
Connu pour avoir réalisé la série Borgen ainsi qu’écrit le scénario de La chasse (2012), Lindholm nous livre ici une véritable histoire de vikings à la dérive. En plein océan Indien, le cargo danois Rozen est pris d’assaut par une minuscule navette remplie de pirates somaliens, kalachnikovs entre les dents. Ils réclament un trésor de 15 millions de dollars au directeur de la compagnie. C’est une véritable guère psychologique qui s’enclenche. D’un côté le bateau brûlant, empestant la sueur, l’urine et la peur ; de l’autre, les bureaux aseptisés par les cloisons capitonnées et les courbes de budget de la compagnie scandinave. Par le jeu des oppositions formelles habilement mises en scène, Lindholm orchestre la rencontre entre ces deux
Le quatrième personnage de ce quatuor est l’op. 131 que « Beethoven a décidé d’écrire pour qu’il soit joué sans interruption (Attacca), ce qui signifie que les instruments se désaccordent au fur et à mesure, chacun de manière très différente, sans moyen de les réaccorder. C’est une formidable métaphore de la vie et des relations qui s’altèrent inévitablement au fil du temps, et qui vous mettent inévitablement à l’épreuve et nécessitent une adaptation constante à la multitude des changements que nous traversons au fil du temps. » Malgré le travail de recherche et de documentation très important et très intéressant mené pour la construction tant du scénario que de la réalisation, le film ne parvient pas à convaincre. L’histoire est belle, les relations entre les personnages le sont aussi et les acteurs sont remarquables. Cependant, les évènements sont trop prévisibles et l’on se laisse difficilement surprendre. À partir de là, l’ennui se fait un peu sentir. Cependant, le film tient quand même la route et la scène finale est pour le coup bien menée. C’est pourquoi je mets la moyenne.
Baptiste Rol mondes et n’hésite pas à mettre le feu aux poudres. Dans le tourbillon affectif d’une prise d’otages, l’élément le plus anodin peut se révéler d’une importance capitale. Le scénario est intelligemment construit autour de ces actes insignifiants, qui semblent commander le gouvernail des négociations, au grand dam de ses protagonistes. L’expertise, le sang froid et les stratégies se liquéfient à mesure de la prise de conscience de leurs limites. Au moindre faux pas, l’ensemble de l’édifice prend l’eau et tout le monde retient son souffle. À travers un jeu d’acteurs vibrant (notamment Pilou Asbaek et Søren Malling) capté par une caméra à l’épaule sans concession, le film analyse la façon dont le stress et la tension se transmettent d’une personne à l’autre, d’une pièce à une autre, d’un continent à l’autre. A la manière d’une onde sonore, que vient d’ailleurs souligner une percutante bande son. Un film qu’il serait dommage de manquer, surtout si vous êtes pirate, marin ou GRH.
Mathias Mellaerts
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Daniel Auteuil se fait un petit plaisir en retournant à celui qui l’a fait connaître du grand public, Marcel Pagnol. C’est en effet en incarnant le rôle d’Ugolin dans Jean de Florette et Manon des Sources réalisés par Claude Berry qu’il obtient le César du meilleur acteur en 1986 et qu’il démontrera ces talents d’interprète dramatique. Cette fois-ci il s’attaque à la réalisation pour deux films qui sortiront à une semaine d’intervalle, Fanny étant la suite de Marius. Marius Marius de Daniel Auteuil sortie le 10 juillet 2013 Comédie dramatique (93’) Avec Daniel Auteuil, Raphaël Personnaz, JeanPierre Darroussin
Marius, vingt ans, vit et travaille avec son père César, dans le Bar de la Marine, que celui-ci tient sur le Vieux-Port de Marseille. Il est très proche de Fanny, son amie et amour d’enfance, et quand cette dernière se voit demander sa main par Panis un commerçant de cinquante ans, ami de son père, ils se déclarent leur amour. Seulement, Marius est tenu depuis toujours par l’envie de parcourir le monde sur un des voiliers qu’il voit s’amarrer à sa porte depuis toujours, et il se voit contraint de choisir entre son amour pour Fanny et son envie du large. Fanny
Fanny de Daniel Auteuil sortie le 17 juillet 2013 Comédie dramatique (102’) Avec Daniel Auteuil, Raphaël Personnaz, JeanPierre Darroussin
Marius est parti parcourir le monde à bord de La Malaisie, un voilier dont le voyage est prévu pour deux ans. César, le père de Marius, vient d’apprendre la nouvelle alors que Fanny le lui avait caché afin qu’il n’empêche pas son fils de partir. Les voilà donc tout deux, à devoir faire le deuil d’un homme qui est parti pour plusieurs années et que tous les deux aimaient plus que tout. Comme si ça ne suffisait pas, Fanny est enceinte. Entre la pression des mœurs et de la famille et Panis toujours prêt à prendre sa main, Fanny va devoir continuer sa vie en tentant tant bien que mal d’oublier son grand amour. Mon avis Dans l’écriture et la réalisation de ces deux films, Daniel Auteuil a choisi la carte du classicisme : vêtement très proches de ceux des versions de Pagnol, accent marseillais, pas de modernisation du texte. Les décors sont restreints et les deux histoires se passent
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dans quelques lieux précis. On ne sort que trop rarement de ce petit périmètre et le voyage en bateau n’est pas du tout exploité. Tout se déroule du point de vue de ce qui habitent le village uniquement et cela peut se justifier assez facilement. Les autres choix sont par contre beaucoup plus discutables. Le choix de l’accent marseillais est très difficile à encaisser. Encore, Daniel Auteuil tient assez bien le rôle de César ainsi que son accent. Pour les autres acteurs, l’exercice semble déjà beaucoup plus dur. La palme du pire accent marseillais revient selon moi à Marie-Anne Chazel, très peu convaincante dans son rôle. Pour la plupart des acteurs c’est un combat entre l’accent marseillais et l’accent parisien qui se joue tout au long des deux films. La grande question que l’on se pose est « pourquoi ce projet ? ». Que Daniel Auteuil ait l’envie de réaliser ces deux films dont il est un grand amoureux, cela est tout à fait compréhensible. Mais à quoi cela sert de le faire si c’est pour ne rien y apporter de nouveau et y mettre un casting pas ambitieux pour deux sous. Autant remastériser et rediffuser les versions réalisées par Marcel Pagnol. Les soucis de Fanny, par exemple, sont à dix mille lieues de nos problèmes familiaux contemporains et il est difficile de trouver un réel intérêt à ces remakes à part de découvrir les expressions typiques marseillaises des années 1930, qui sont quand même très drôles. De plus les deux films se suivent exactement au plan près, ce qui est un format assez risqué pour le cinéma. De l’ensemble des deux films se dégage vraiment l’impression d’un téléfilm, que ce soit par le format choisi ou les décors. On passe un bon moment au début mais les films s’essoufflent rapidement.
Baptiste Rol
25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
À croire que le film d’action pur et dur ne lui suffisait plus. Après Le Transporteur, Hyper Tension, Bank Job/ Braquage à l’Italienne, The Expendables et j’en passe, l’acteur sous testostérone s’attèle au thriller saupoudré de drame. Toi, cher lecteur, je te sens soucieux à la lecture de cette introduction, et tu as raison de l’être. Ne t’inquiète cependant pas trop, Jason alias Crazy Joe continue de casser des gueules.
Crazy Joe de Steven Knight sortie le 10 juillet 2013 Action, Thriller (100’) Avec Jason Statham, Vicky McClure, David Bradley
L’histoire : Joey Jones, ex-soldat des forces spéciales britanniques, se retrouve à la rue dans Londres après s’être enfui pour échapper à un procès en cour martiale. Poursuivi par des malfrats des rues qui raquettent les SDF, il finit sa course dans un appartement que son propriétaire a quitté pour quelques mois. Faisant comme chez lui, il va alors pouvoir commencer une nouvelle vie. Alors que Joey Jones, alias Crazy Joe, est à la recherche de son ancienne petite amie qui vivait avec lui dans les rues de Londres, il devient plus proche de sœur Christina. Le malfrat et la none, quelle belle histoire ! Alors que lui, gagnant de l’argent, est pris de crise de bonnes actions, la sœur est prise
Joséphine ou les tribulations d’une Bridget Jones à Paris…
Joséphine d’Agnès Obadia sortie le 26 juin 2013 Comédie (95’) Avec Marilou Berry, Mehdi Nebbou, Berengere Krief, Amelle Chahbi, Bruno Podalydès
La vie est dure quand on a 30 ans, pas de mec, de grosses fesses et une sœur parfaite qui réussit partout où vous avez échoué. Voici réunis les grands malheurs de Joséphine incarnée par une Marilou Berry pétillante dans cette comédie romantique de Agnès Obadia. Lorsque sa petite sœur annonce ses prochaines fiançailles, c’en est trop, Joséphine lui pique la vedette et s’invente un mariage somptueux avec un Brésilien chirurgien « cardiaque » super riche et super beau ! C’est bien joli sur papier tout cela mais c’est plus compliqué à faire qu’à dire. Mal barrée, Joséphine va devoir assumer ses mensonges et la voilà embarquée dans une aventure peu commune. Adaptation de la bande dessinée de Pénélope Bagieu, également auteur de Ma vie est tout à fait fascinante, Joséphine est un film coloré et agréable. Fidèle à la BD, l’ambiance « girly » est assurée. On pourra néanmoins regretter l’effet un peu trop Bridget Jones, reprenant trait pour trait certains clichés comme le meilleur ami gay, les tonnes de
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d’une crise de foi terrible. Est-ce mal de voler de l’argent pour faire le bien ? Est-ce mal d’utiliser la violence pour aider les plus faibles ? Une sœur a-t-elle le droit de s’attacher à quelqu’un ? Peut-elle surtout aimer quelqu’un qui fait le bien avec de l’argent probablement sale ? Peut-on aimer quelqu’un qui répare les injustices en cassant des gueules ? Voilà toute la profondeur philosophique de Hummingbird, telle que la représente admirablement la réplique de sœur Christina que je vous retranscris pêle-mêle « Pour être un homme bien, il faut être un homme bien ». Vous l’aurez peut-être compris, et si ce n’est pas le cas je détaille ma pensée, ce n’est pas le thriller de l’année, ni même le film d’action du mois, à la limite celui de la semaine. Et selon moi, Jason Statham devrait se cantonner à des films où l’on rit (un jeu de mot s’est glissé dans cette phrase) et où l’on frissonne de ses exploits virils. Au-delà d’être un peu neuneu c’est quand même bien réalisé et bien produit, on se repose et on rit des répliques qui se veulent sérieuses.
Baptiste Rol glace pour se remettre du chagrin d’amour, l’obsession du poids,… la clope et le journal en moins. Agnès Obadia reprend ici les codes classiques de la comédie romantique et propose une première partie peu originale, assez prévisible et gonflée aux répliques banales. Mais passée cette première demiheure, le film commence réellement à montrer sa vraie personnalité. Une fois l’intrigue mise en place et que Joséphine se retrouve au beau milieu des emmerdes qu’elle s’est créés, le film commence à devenir intéressant. Les seconds rôles sont peu convaincants et n’ont pas vraiment l’occasion de se mettre en valeur car toute l’attention est centrée sur Marilou Berry. Exception faites pour Bérengère Krief, qui réalise ici une très jolie performance en meilleure copine un peu langue de vipère et très girly sur les bords. Avec Joséphine, Agnès Obadia ne révolutionne pas le genre de la comédie romantique mais offre une histoire sympa sur les tribulations d’une trentenaire en quête d’amour. Rien de nouveau donc mais le film se regarde avec plaisir.
Florence Cassart
La famille Tenebaum
©Liberationfilms
l’actu cinéma
Bruxelles refera son cinéma
Owen Wilson dans «Loomis Fargo» Owen Wilson ne s’arrête pas de tourner depuis près de vingt ans et cela ne semble pas le fatiguer. Bientôt à l’affiche du dernier film de Shawn Levy, Les Stagiaires, l’acteur américain vient de s’engager pour tourner un nouveau film aux côtés de Jim Carrey. L’acteur canadien est, lui, plus discret depuis l’échec de Monsieur Popper et ses pingouins. Pour cette nouvelle production, les deux comédiens feront renaitre une histoire de braquage raté ayant réellement eu lieu. Loomis Fargo, titre provisoire du film, relatera l’histoire de quatre malfrats un peu gauches et surtout très mal préparés se lançant dans l’attaque d’un transporteur de fonds. À la réalisation, on retrouvera Jared Hess qui s’est fait connaitre en 2004 pour son film Napoleon Dynamite, film qui avait rapporté plus de 100 fois l’argent investi initialement dans le projet. C’est également Jared Hess qui était à l’origine du film Super Nacho avec Jack Black. Le film en préparation sera dès lors une grande énigme pour les cinéphiles en terme de qualité. M.M.
Box office Belgique
LEGO, le film évènement
Du 5 au 9 juin 2013
2. Star Trek Darkness 3. Fast & Furious 6 4. Epic 5. The great Gatsby 6. Only god forgives 7. Le Passé 8. Scary Movie 5 9. The Iceman 10. Iron Man 3 Source : Box Office Mojo
DVD - Blu ray
©Warner
1. Very bad trip 3
On connaissait le film en stop motion avec des personnages en pâte à modeler ou tout autre objet à la texture particulière. Mais ces derniers temps, un film pourrait bien changer quelque peu la donne.
LEGO, film basé sur les jouets pour enfants du même nom, devrait arriver sur nos écrans au début de l’année prochaine. Si l’idée semble un peu saugrenue et totalement loufoque, la première bande annonce qui vient d’être dévoilée par les studios Warner promet un récit très humoristique, à mille lieues de ce que les cinéphiles redoutaient. De fait, l’histoire nous narrera la vie de super-héros sensés sauver le monde de la destruction. Le tout en LEGO et en humour. M.M.
Que les cinéphiles ouvrent leurs agendas, « Bruxelles fait son cinéma » refera son apparition dans les différentes communes de Bruxelles. L’organisateur réitère l’expérience du cinéma itinérant en vous proposant une sélection de 11 films projetés en plein air du 9 au 19 juillet. Ces séances débuteront à 22h10 mais des stands gastronomiques seront ouverts dès 21h30. Pour commencer, le 9 juillet à Auderghem, la Place de l’Amitié recevra Camille Redouble de Noémie Lvovsky. Le lendemain, Les femmes du bus 678 de Mohamed Diab enchanteront Watermael-Boitsfort, place Gilson. Jeudi 11 juillet, direction la place Cardinal Mercier à Jette pour La désintégration de Philippe Faucon. Vendredi 12, à Molenbeek, le film El Gusto sera montré. Le samedi, c’est Renoir de Gilles Bourdos qui sera mis à nu sur la place de Jamblinne de Meux à Schaerbeek. Soirée dominicale pour Omar m’a tuer de Roschdy Zem au parc de Wolvendael à Uccle. Lundi 15, on démarrera la semaine avec Dans la maison de François Ozon à l’Espace Toots à Evere. Mardi, place de l’Eglise à Berchem-Ste-Agathe sera projeté Et si on vivait tous ensemble? Mercredi à Wolubilis, Goodbye Morocco tentera de ramener la foule. Jeudi 18, Le fils de l’autre de Lorraine Levy ravivera les Anderlechtois. Enfin, St-Josse accueillera Le Capital de Costa-Gavras. M.M.
Lincoln de Steven Spielberg
Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme
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doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.
25 juin 2013
Interview
Rencontre avec Damien Chemin (A Pelada)
©Victor Balde
La rencontre A Pelada, c’est l’histoire d’un don Juan pris à son propre jeu. Une histoire brésilienne avec un réalisateur pourtant bien de chez nous. Rencontre avec le très sympathique Damien Chemin. A Pelada est votre premier long métrage. Pourquoi avoir choisi de nous présenter une comédie et pourquoi avoir pris pour cadre le Brésil, plus précisément Aracaju ? Au départ, c’est un téléfilm que j’ai écrit pour la télévision brésilienne. Par après, de fil en aiguille, nous avons pu le co-produire en Belgique où il sortira. J’ai toujours été attiré par la comédie et surtout la comédie liée aux éléments du quotidien. Quelle situation tragicomique peut-on rencontrer dans notre quotidien ? C’est ça la question qui m’intéresse le plus. Par exemple, l’un de mes courts métrages précédents qui est un peu dans l’esprit de A Pelada, Poulet-Poulet, situe deux personnages dans un resto chinois qui n’arrivent pas à se décider sur leur commande et finissent par se disputer. C’est ce genre de situation qui me plait. Il est vrai que j’ai toujours été attiré par le cinéma plutôt populaire. Ou alors les grands films d’aventure mais c’est autre chose comme production au niveau budget. (Rires)
Maintenant, pourquoi le Brésil et pas la Belgique. Et bien tout d’abord parce que je m’intéresse énormément à la musique traditionnelle - j’ai produit quelques disques parallèlement aux films - et ensuite, parce que j’avais fait un documentaire au Brésil sur un bandit local appelé Lampiao, une sorte de Robin des Bois. C’est lors de cette première production au Brésil que je suis tombé admiratif devant la région du Nordeste, plus précisément Aracaju. C’est la capitale du plus petit Etat du Brésil. Après cela, je suis retourné plusieurs fois au Brésil pour faire des enregistrements musicaux et c'est aussi là que j’ai rencontré ma femme. J’y ai donc habité pendant sept ans. Je travaillais principalement dans la publicité. Aracaju est une ville un peu délaissée. Le tourisme n’y est pas développé, il n’y a pas vraiment de lieu digne d’intérêt selon le Lonely Planet. Mais, c’est justement ce côté conservateur qui m’attirait. Comme rien n’y avait été tourné auparavant, je me suis dit : «Pourquoi ne pas faire quelque chose qui traite du quotidien des habitants de cette ville en prenant des acteurs locaux ?». Evidemment, il ne s’agit pas d’une grande production en terme de moyens mais j’espère que ce film fera son chemin dans les salles belges où il sera projeté.
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Sa sortie est prévue au Brésil également ? Oui, il sortira au Brésil en septembre normalement. Ce sera une sortie plus importante là-bas qu’en Belgique forcément car, en plus d’être fait dans le pays, il y a deux ou trois acteurs très connus à la télévision brésilienne. A Pelada, c’est quoi ? Alors, cela a deux sens. D’un côté, c’est une partie de football improvisée et informelle sur un terrain vague. Mais cela veut également signifier la nudité. Pour le lusophone, il y a dès lors un jeu de mot sur la nudité et le football assez marrant. A Pelada, c’est l’histoire d’un jeune couple en crise identitaire. Auriezvous pu transposer cette histoire partout dans le monde ? En Espagne par exemple... Je pense que oui. A priori, cela touche à des préoccupations de la majorité des couples, que ce soit les doutes ou la routine qui peut s’installer ou autre. Evidemment, dans le contexte actuel du Brésil, cela résonne encore un peu plus. Les corps sont très voyants, de même que la nudité. Il y a énormément de facilité d’en parler, de jouer avec, etc. Rien que dans la publicité, c’est l’une des facettes du Brésil la plus utilisée.
Un contraste dans le pays le plus catholique au monde, comme on peut le voir dans le film... Tout à fait, c’est un paradoxe dans lequel les Brésiliens sont pris. C’est très curieux vu de l’extérieur. D’un côté, on a le maillot «fil dentaire» qui est très courant sur les plages et d’un autre côté, les personnes qui les portent vont trouver la nudité totale choquante. C’est une relation d’amour-haine avec la sexualité. On le voit d’ailleurs dans la relation des deux personnages principaux du film. Justement, comment se vit la relation homme-femme au Brésil ? Globalement, les hommes aiment généraliser l’image du macho mais la figure maternelle reste cependant très forte. Je pense que, comme dans beaucoup d’autres sociétés, l’homme n’a pas le pouvoir mais il essaie de maintenir cette idée. Pour le personnage de Caio, il est inimaginable que sa femme veuille changer et se pose des questions sur sa sexualité. C’est quasiment un affront pour lui. Au final, c’est plutôt elle qui prend les rennes du couple. Vous parlez également abondamment d’homosexualité dans votre film. Est-ce un tabou de la société brésilienne ? Non pas vraiment. Au Brésil, il n’est pas rare de croiser des personnes homosexuelles qui s’affichent ouvertement. La population n’y prête même plus attention. Même si c’est un pays très religieux, les mentalités sont assez ouvertes concernant l’homosexualité. Je n’ai pas fait un film pour choquer. Comme je l’ai dit, j’ai simplement repris des situations et des personnages que je pouvais croiser en rue. Avant de faire mon film, je regardais ce qu’il se passait autour de moi et je notais les anecdotes et les comportements. Bien entendu, je les ai un peu accentués dans le film. C’est pourquoi l’on voit de nombreux homosexuels, car ils font partie intégrante de la société là-bas.
Concernant les acteurs, vous nous installez un duo détonnant avec Bruno Pêgo (Caio) et Kika Farias (Sandra). Comment avez-vous trouvé ces deux acteurs, excellents de surcroit ? Je souhaitais avant tout faire un film vrai, c’est-à-dire un film qui nous montre les vraies facettes du Nordeste. Pour cela, il fallait trouver des acteurs de la région. C’est assez difficile car la majeure partie des stars brésiliennes viennent du Sud. Kika, je la connaissais déjà via le film Rêves volés (Ndlr : réalisé en 2009 par Sandra Werneck). C’est une excellente actrice connue dans tout le Brésil. J’ai tout de suite pensé à elle pour le rôle de Sandra. C’est une actrice qui est à la fois mystérieuse et fragile, parfaite pour son personnage. De plus, elle vient de Recife, une grande ville du Nord du Brésil. Pour Bruno Pêgo, cela s’est fait autrement. En fait, je cherchais au départ un homme grand et bien musclé pour incarner le stéréotype du don Juan. Mais, lorsque j’ai casté Bruno, je me suis dit que c’était lui qui allait jouer le rôle. Pourtant, il n’avait rien d’un homme grand et musclé, bien au contraire, mais il avait un côté comique naturel. Il y avait une sorte de bonne humeur qui se dégageait du personnage. Je me suis dit qu’il serait parfait dans le rôle du flambeur qui fait croire à de multiples relations inexistantes rien que pour se faire mousser auprès des copains. De plus, il était également de la région, il venait de l’Etat de Bahia, juste à côté. Caio est un menteur, faux Don Juan, qui se fait prendre à son propre jeu. Est-il le stéréotype même du jeune Brésilien moyen ? Un style méditerranéen fasciné par les blondes pulpeuses ? Oui, on peut le dire, même si je ne souhaite pas en faire une généralité. Je pense que le Brésil est resté assez machiste dans l’ensemble comme on le disait précédemment. Maintenant, j’ai volontairement grossi les traits du personnage. À côté de cela, il y a une réalité indéniable, celle d’une classe moyenne qui émerge tout doucement
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dans le pays. Elle vient du milieu populaire avec ses bons et ses mauvais côtés. Concernant les blondes, représentées dans le film par Karen Junqueira, c’est effectivement un fantasme pour beaucoup de Brésiliens. Un peu comme les métisses chez nous. C’est surtout vrai dans le Nord. De fait, le Nord est plus noir de peau car c’est là qu’arrivaient les esclaves africains à l’époque. Les blondes à la peau claire descendantes souvent de l’immigration allemande ou italienne viennent du Sud du Brésil. C’est d’ailleurs le cas de Karen. Dans le Nord, les blondes ne courent pas les rues et c’est donc une perle rare en quelque sorte. D’ailleurs, beaucoup de Brésiliennes se teignent les cheveux en blond. De plus, les mannequins brésiliens connues internationalement sont souvent claires aux yeux bleus comme Gisele Bündchen par exemple. Comment cette histoire à la fois tragique et drôle vous est-elle venue à l’esprit ? Depuis un petit moment, je notais tout ce que je trouvais cocasse ou drôle dans ce que j’apercevais de la vie quotidienne au Brésil. Au fur et à mesure, j’ai commencé à connaitre ses habitants et à vivre comme eux. Comme j’ai fait une comédie, j’ai gardé ce qui me paraissait vraiment comique. Il faut savoir que les personnages du film viennent de la classe populaire et, au Brésil, il n’est pas rare de voir les gens mettre des glaçons dans le vin rouge par exemple. C’est inouï de faire ça pour un Européen ou tout simplement pour un Brésilien d’une classe plus riche. Il y a beaucoup d’anecdotes que j’ai pu reprendre dans le film pour en faire une comédie sincère. Par exemple, le moment où l’un des amis se vante d’avoir fait l’amour à une hôtesse pendant 45 minutes alors que le vol ne dure que 30 minutes, c’est réellement arrivé ! (Rires) À part cela, l’histoire en elle-même est universelle et peut s’appliquer à n’importe quel couple. J’avais envie de montrer un couple en crise où
25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts l’homme se fait prendre à son propre jeu. Cette dichotomie entre la femme et l’homme, c’était très intéressant à travailler. Lorsqu’on lit le dossier de presse, vous qualifiez vous-même le tournage comme assez difficile, avec des conditions «cocasses et incongrues». Pouvez-vous nous en dire plus ? Oui, il y en a eu pas mal. C’est déjà très différent de faire un film au Brésil par rapport à la Belgique par exemple. De plus, la région dans laquelle nous tournions n’était pas préparée à cela. Et alors, nous avons eu beaucoup de problèmes techniques aussi. Par exemple, nous avons tourné une scène dans une ruelle pendant la nuit. Etant donné nos moyens, nous avions placé des spots afin d’éclairer un minimum, le reste étant assuré par les lumières de la ville. Sauf que, lorsque nous avons allumé les spots, toutes les lumières de la rue se sont éteintes. On a mis plusieurs heures à se rendre compte qu’en réalité, les lumières de la rue s’allumaient en fonction de la tombée de la nuit. Sur ce, nous nous sommes aperçus que l’un de nos spots se trouvait juste au dessus du capteur qui croyait alors que nous étions en plein jour.
Sinon, il y a eu beaucoup de petits soucis comme avec la scène où on voit Bruno en mobylette. Nous avons du utiliser trois motos car chacune d’elles sont tombées en panne. Nous avons du aller voir dans les cafés du coin pour voir si quelqu’un pouvait nous prêter sa moto le temps du tournage et boire un verre avec nous en attendant. Vous qui en connaissez un rayon, le cinéma au Brésil en 2013, c’est quoi ? Alors, le cinéma est encore en pleine expansion et fonctionne plutôt pas mal. Maintenant, il faut savoir que la télévision est sacrée au Brésil, bien plus que le cinéma. Là-bas, tout le monde regarde les feuilletons à partir de 17h jusque 22h. Cela fait partie de leur quotidien, ils l’allument même sans la regarder pour autant. Les stars de la télévision sont bien plus populaires que celles du cinéma. D’ailleurs, ce sont souvent les mêmes personnes. Pour cela, il y a une télévision qui s’appelle Globo. Elle est toute puissante et est en position de quasi-monopole. C’est une institution au Brésil.
se trouve Aracaju, on ne trouve qu’un seul cinéma. Mais c’est un marché ouvert, ça c’est certain. Quelle sera votre actualité après A Pelada ? Alors, j’ai deux projets qui me tiennent à coeur pour le moment : l’un en Belgique et l’autre au Brésil. Au Brésil, ce sera un film axé sur un tueur à gages mais très maladroit. C’est aussi une réalité du Brésil hélas. Dans les campagnes, il existe encore des colonels qui font un peu la loi à leur façon. En Belgique par contre, ce sera l’histoire d’un bourgmestre qui ne veut pas partir. Tout le monde souhaite le voir partir mais il s’accroche. Je n’en sais pas encore beaucoup plus mais ce sont mes projets pour l’avenir.
Propos recueillis par Matthieu Matthys
Le cinéma, cela reste pour une certaine élite. Il ne faut pas oublier que le pays reste assez pauvre dans l’ensemble. Pour preuve, dans l’état de Sergipe, où
©A Pelada / Tarantula
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D’APRÈS UN SCÉNARIO DE DAMIEN CHEMIN. AVEC BRUNO PÊGO, KIKA FARIAS, TUCA ANDRADA, KAREN JUNQUEIRA, PISIT MOTTA, KIKO MONTEIRO, MARIANA SERRÃO, EDMILSON BARROS, LUCI PEREIRA, LION PASSOS & ORLANDO VIEIRA DE BACKER SON DIRECT NICOLAS HALLET ET SIMONE DOURADO CHEF MONTEUR PIERRE HABERER SOUND-DESIGN MARC BASTIEN ET VINCENT HAZARD MIXAGE GARETH LLEWELLYN CHEF DÉCORATRICE EVERLANE MORAES CHEF COSTUMIÈRE DIANA MOREIRA CHEF MAQUILLEUSE JACIRA LIMA MUSIQUE ORIGINALE DUDU PRUDENTE DIALOGUES PORTUGAIS PAULO LOBO FERNANDA BELING DIRECTRICE DE PRODUCTION NAH DONATO PRODUCTION EXÉCUTIVE PAULA GOMES. EN COPRODUCTION AVEC FUNDAP - TV APERIPÊ ET MPOINTPRODUCTION. PRODUCTEURS JOSEPH ROUSCHOP, VALERIE BOURNONVILLE ET WILSON GOES, PRODUCTEURS ASSOCIÉS LUCIANO CORREIA, GUY & WILFRIED VAN BAELEN, MICHEL DE BACKER.
DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE MARC PREMIÈRE ASSISTANTE RÉALISATION
AVEC L’AIDE DU CENTRE DU CINÉMA ET DE L’AUDIOVISUEL DE LA FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES ET DE VOO, AVEC L’AIDE DE BANESE - INSTITUTO BANESE, AVEC L’AIDE DE LA PRÉFECTURE MUNICIPALE D’ARACAJU - FUNCAJU DÉVELOPPÉ AVEC LE SOUTIEN DU PROGRAMME MEDIA DE L’UNION EUROPÉENNE, RÉALISÉ AVEC LE SOUTIEN DU TAX SHELTER DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL BELGE, DE MOLLYWOOD ET DE SES PARTENAIRES
Interview Le City’zik Festival va enflammer les abattoirs
©City’zik
La rencontre Pour sa première édition, le City’zik Festival va envahir le temps d’un soir les abattoirs d’Anderlecht. L’occasion pour K.I.F Radio, organisatrice de l’évènement, de mettre en avant la scène hip-hop.
qui nous permet aujourd’hui d’organiser un évènement de ce genre.
afin qu’il soit organisé chez eux. Dès lors, l’endroit était trouvé.
Quel est votre objectif avec ce festival ? Quels buts concrets vous êtesvous fixés ?
De plus, les abattoirs ont déjà une infrastructure adéquate qui permet d’accueillir les gens en toute sécurité.
Rencontre avec Beba, animateur de la chaîne, mais aussi avec Anwar, l’un des grands talents du rendezvous bruxellois.
Comme je l’ai dit, c’est avant tout de faire connaitre la culture du hip hop et tout ce qui gravite autour. Montrer également qu’il y a de nombreux talents en Belgique. Maintenant, nous étions réalistes sur le fait qu’il fallait mettre à l’affiche des noms français, plus connus, afin de remplir au maximum les abattoirs d’Anderlecht.
Est-ce un défi de faire venir le public vers ce lieu ?
Beba, comment vous est venue l’idée de créer un festival axé sur le hip hop ? Sur quoi travailliez-vous avant cela ? Je suis avant tout animateur sur KIF Radio, c’est elle qui organise l’évènement dans son ensemble. Elle soutient le mouvement hip hop bruxellois et francophone depuis longtemps. Notre radio a été fortement sollicitée à certains moments pour organiser des évènements au sein même de la radio. Nous, nous voulions plutôt tabler sur un gros évènement, d’où l’idée de ce festival. Nous voulions également changer l’image du hip hop et son côté urbain. Nous avons lancé ce projet récemment malgré que l’envie se faisait sentir depuis quelques temps déjà. Cela part d’un constat simple, le hip hop est en constante évolution et de plus en plus de gens, de tous âges, écoutent ce genre de musique. Une musique devenue très commerciale
Justement, combien de personnes attendez-vous ? Le plus possible évidement. Nous pensons qu’il y aura entre 3000 et 4000 personnes. D’ailleurs, je pense que nous sommes bien partis pour y arriver. Les abattoirs d’Anderlecht, était-ce une évidence pour vous ou bien avez-vous du vous adapter à l’endroit ? En fait, nous cherchions un endroit un peu insolite où l’on pourrait faire un festival sans être dépendant du climat belge. Alors, un endroit assez grand couvert, il n’y en a pas des centaines. En discutant avec les abattoirs d’Anderlecht, ils ont été très réceptifs par rapport au projet et ont poussé celui-ci
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Je comprends que le quartier peut faire peur mais au final, nous avons constaté que les gens ne sont pas choqués de venir là. C’est un endroit très connu à Bruxelles et d’autres soirées totalement différentes de celle que nous allons organiser s’y déroulent déjà depuis pas mal d’années. Pour les néophytes, on connait Mokobe et Jessy Matador, pourra-t-on s’attendre à d’autres grandes surprises ? Oui, bien sûr. Prenons par exemple Anwar. Nous nous sommes rencontrés via un ami de la radio mais je ne le connaissais pas du tout. Lorsque nous avons commencé à booker le festival, Anwar était un des noms à mettre sur l’affiche absolument car c’est une révélation incontestable. Pour prendre un autre exemple, il y aura Christian Aines. Peu de gens connaissent son nom mais c’est tout de même un mec qui a fait l’émission The Voice et qui est arrivé en demi-finale. C’est un artiste bruxellois qui devrait également en étonner plus d’un.
Ce sera un mélange de genres et de talents. Maintenant, il y aura des surprises dans le festival que je ne peux pas dévoiler aujourd’hui. (rires) Comment cela des surprises, des personnalités ? Oui, il y aura des personnes qui ne sont pas prévues initialement mais aussi un voyage à gagner par exemple. Je promets aux gens que des surprises seront au rendez-vous. Comment avez-vous sélectionné les artistes ? Il est vrai que nous les avons sélectionné en fonction de leur affinité avec notre radio. Ceux qui croient en nous depuis le début, nous leur avons donné la priorité. À côté de cela, nous avons ouvert la porte à tous les artistes belges talentueux. Pour les artistes français, c’est un peu différent. C’est notre directeur qui possédait de très bons contacts en France qui a négocié leur venue au festival. Cela dit, ceux-ci étaient déjà passé par notre radio auparavant, que ce soit Rym’K, Mokobe ou Jessy Matador par exemple. KIF Radio est un point de chute pour ces artistes lorsqu’ils passent à Bruxelles. En tout cas, tous les artistes sont investis dans le projet et souhaitent qu’il y ait une suite à cela. Vous avez donc comme objectif de faire d’autres éditions par la suite… Ah oui, tout à fait. C’est un objectif clair de notre part. Nous espérons pouvoir programmer le festival dans les prochaines années et même augmenter le nombre de jours s’il le faut. Combien d’artistes seront présents à cet évènement ? Je ne sais plus exactement mais il y aura plus d’une vingtaine d’artistes présents. Il y aura également un groupe de danse. Des activités extérieures sont-elles prévues ?
Il y aura plein d’échoppes, notamment celles des différents partenaires du festival. Des kiosques boissons et nourriture comme dans tout festival en fait. Mais à part la scène, il n’y aura pas d’autres activités. Vous avez tout prévu pour que le public vienne en transport en commun. Une volonté écologique ou vous attendez-vous à un public très jeune ? Non, toute la famille peut venir et est la bienvenue. D’ailleurs, nous constatons que de plus en plus de personnes plus âgées écoutent la radio. Ce sera convivial et familial. Nous avons un accord avec la Stib surtout pour la facilité d’accès. Pour les personnes à mobilité réduite, tout a été pensé afin qu’ils puissent vivre le festival de la meilleure manière qu’il soit. Pouvez-vous nous parler de la scène hip hop bruxelloise ? Est-elle développée ou mérite-t-elle encore d’être améliorée ? Elle en est nulle part. (rires) En Belgique, le rock est beaucoup plus évolué que le hip hop. Nous sommes dans un pays où le hip hop n’a pas grand-chose à dire. Aucune infrastructure n’est réservée à ce genre de musique. Je pense sincèrement que si la radio KIF n’existait pas, aucune radio ne passerait exclusivement du rap ou du hip hop.
problématique belge. Quand tu parles dans tes chansons de ghettos ou de cités, il faut arrêter, il n’y en a pas vraiment en Belgique et à Bruxelles. C’est stupide. J’ai déjà reçu des artistes qui parlent de Sarkozy et de Marine Le Pen avec pour cadre la Belgique. C’est n’importe quoi. C’est une influence française qui n’est pas toujours bonne. Ces artistes représentent très mal le genre hip hop. Il faut arrêter de parler de violence ou de ghetto, il y a tellement d’autres sujets à traiter. Même aux Etats-Unis, les artistes ne parlent plus que des problèmes de quartier. Par exemple, Lil Wayne parle de fric et de filles mais pas de ghetto. Le seul endroit où cela fonctionne encore c’est en France où effectivement les cités sont une réalité, de même que l’extrême droite. Le festival a pris le parti de programmer des artistes avec un réel potentiel qui font évoluer les mentalités, c’est très important pour moi et pour la radio. Le Festival ouvrira ses portes ce 26 juin à partir de 19h30. Pour un prix très modique, il sera possible d’acheter encore des billets sur place.
Preuves en sont les nombreux artistes qui frappent à notre porte pour nous proposer leurs créations en nous disant de les écouter et de les passer si cela nous plait. Non, la scène hip hop est au point mort actuellement. Prenons l’exemple de Stromae. Au départ, c’est un artiste de hip hop que je connaissais il y a dix ans déjà. Avant Alors on danse, personne ne prêtait attention à lui alors que ses textes étaient déjà très bons. Mais comme ses musiques de l’époque étaient plus axées vers le hip hop, cela ne fonctionnait pas. Le problème de la scène belge, c’est qu’il y a de nombreux talents mais les textes ne parlent pas toujours d’une
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25 juin 2013
Interview City’zik Festival : Anwar, un futur grand ?
©Anwar
La rencontre Toujours dans le cadre du City’zik Festival, nous avons eu la possibilité de rencontrer un artiste qui ne laissera personne indifférent : Anwar. Encore jeune, fraîchement débarqué sur la scène pop soul, l’artiste revient avec nous sur son parcours et ses influences. Anwar, vous avez commencé votre carrière au Maroc en jouant de la musique gnaoua, une musique traditionnelle saharienne, c’est bien cela ? Non, la musique gnaoua est une musique qui regroupe plusieurs styles de musiques africaines. C’est un mélange de musique soudanaise, nigérienne, malienne, sénégalaise, tchadienne et tous les pays de la région subsaharienne. À l’époque, les esclaves venaient de ces pays et débarquaient dans une ville située au sud du Maroc appelée Mogador, aujourd’hui Essaouira. Ces esclaves aimaient raconter des histoires sur leurs souffrances et leurs malheurs. C’est en quelque sorte du blues avant-gardiste. C’est un peu similaire au blues sauf que les sujets sont différents et les dialectes également. C’est une musique africaine qui s’est particulièrement développée au Maroc. Cela a laissé des traces jusqu’à aujourd’hui.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de quitter la musique gnaoua pour faire de la pop soul, genre dont vos morceaux actuels se rapprochent le plus ?
suis resté quelques temps là-bas pour finir mes études et ensuite, je suis revenu en Belgique pour continuer ma carrière. Cela fait six ans que je suis revenu.
Je fais de la musique depuis longtemps maintenant. Avant de commencer la musique gnaoua, je faisais du rap avec un groupe. C’est là que j’ai commencé à écrire des textes. Mais attention, pas des textes haineux comme on peut l’entendre chez certains artistes connus. C’était du rap relatant la vie actuelle mais sans pour cela critiquer bêtement ou se révolter.
Quelles sont vos influences ? Ben Harper ? Jack Johnson ?
Petit à petit, je suis rentré dans le milieu de la musique gnaoua. J’ai fait plein de festivals et de concerts au Maroc, comme le festival d’Essaouira par exemple où l’on a joué devant 20000 personnes. Après cela, j’ai découvert d’autres choses, j’ai évolué et j’en suis arrivé à me lancer dans un style plus soul, plus pop. Pour moi, un artiste doit toujours évoluer, que ce soit dans ses textes ou dans son style musical. Pourquoi avoir choisi la Belgique plutôt que l’Espagne par exemple ? Car j’ai grandi en Belgique. J’ai une culture belge, je parle un peu le néerlandais, j’ai été à l’école ici. Après, mes parents sont retournés au Maroc et je les ai suivis tout naturellement. Je
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Ben Harper m’a beaucoup inspiré pour faire ce que je fais actuellement. Grâce à lui, j’ai compris que pour exprimer ses sentiments et donner au public quelque chose, il ne faut pas aller au plus compliqué. Comme lui, il est possible de dire les choses avec une grande simplicité et une grande sincérité. En outre, musicalement parlant, c’est quelqu’un qui a réussi à combiner la musique afro-américaine avec des ambiances électroniques ou autres. Un savant mélange. Dans mes influences, il y a aussi Bob Marley. J’ai beaucoup écouté les musiques de Bob Marley. Je ne suis pas pour autant un fan de musique jamaïquaine ou de reggae pur et dur. Ce que j’aime chez lui, c’est le côté populaire. Des belles mélodies, une structure impeccable qui permettent de plaire au grand public. À côté de cela, j’adore plein d’autres artistes. Mon artiste préféré, c’est James Brown. Au niveau du rythme, ça tue. Tu ne peux pas t’empêcher de bouger en écoutant Sex Machine ou Night train. Il a une puissance que je n’ai pas mais je le fais à ma façon.
Vous jouez à la guitare pendant vos représentations. Avez-vous suivi des cours dans une académie ou autre ?
cinq titres ensemble. On travaille pas mal en France et en Belgique.
J’ai été dans une académie mais assez brièvement. Je sais lire une partition mais je ne sais pas jouer en même temps. La guitare, j’ai appris cet instrument sur le tas. Un jour, je me suis senti dépendant des autres qui faisaient la musique afin que je puisse y insérer mes textes. Dès lors, je me suis mis en tête de savoir jouer d’un instrument. Lorsque j’ai décidé cela, je me suis donné une semaine pour savoir en jouer. Finalement, c’était un peu utopique mais, après deux ou trois semaines, je savais faire des accords simples.
Selon certaines rumeurs, vous auriez signé dans une nouvelle maison de disques…
J’ai procédé de la même façon avec tout le reste. Pour les montages vidéos, j’ai appris les programmes, tout comme pour les arrangements sonores, etc. C’est important pour un artiste de s’y connaitre dans de nombreux domaines. Dans ce monde, il faut compter avant tout sur soi-même. Vous avez travaillé avec les membres du groupe Suarez si je ne me trompe ? Oui, c’est assez récent. On a travaillé sur une chanson qui est passée sur les radios nationales et on a fait un EP de
Non. En fait, j’ai signé chez deux producteurs de spectacles. En Belgique chez 33 Tours, avec qui on doit encore régler les derniers détails, et j’ai également signé chez Peabox, en France, la semaine dernière. Cela me crée de nouvelles opportunités pour travailler avec d’autres artistes comme Zaz par exemple. Elle a été voir un de mes concerts à Paris et elle a beaucoup aimé. Depuis, elle a proposé que je fasse ses premières parties quand elle tournera en France. J’ai également des accords de principes avec Corneille et autres. Pour l’instant, je reste très discret en France mais on a invité pas mal de maisons de disque comme Pias, Barclay, Universal et d’autres, afin qu’ils viennent voir le spectacle. Ils sont venus, il y a déjà des propositions mais on va voir, rien n’est encore décidé. On finalise cela pour le moment. Vous participez au festival City’zik ce 26 juin, est-ce le début d’une saison de festivals pour vous ? Où serez-vous cet été ?
Oui, c’est mon premier festival cette saison. Après, je serai également présent au cultuurmarkt à Anvers, à Ottignies, le festival maritime et un festival à Bruxelles mais je ne peux pas encore le confirmer à l’heure actuelle. Pouvez-vous nous parler du Festival City’zik justement ? Un festival hiphop pour un artiste plus soul, un mélange astucieux des genres ? Oui, il y aura d’autres personnes que celles du milieu du hip hop. L’organisation a essayé de diversifier les genres et d’avoir une mixité sociale et ethnique. Prévoyez-vous de sortir un album dans les prochains mois ? Pour l’instant, on essaie de finaliser les accords avec les maisons de disque pour partir vers un projet d’album. Notre objectif est d’en faire un pour la fin de l’année voire le début de l’année 2014. Côté artistique, je fais actuellement du tri pour savoir ce que l’on va garder et ce que l’on ne gardera pas. Maintenant, on sortira peut-être un morceau pour créer un peu le buzz et faire la promo d’un éventuel album en devenir.
Propos recueillis par Matthieu Matthys
©Anwar
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25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Electro Daft Punk «Random Access Memories»
Sony Music
Voici venir l’album qui divisa les fans des Dafts Punk en deux. Randoms Access Memories est le quatrième album studio des Daft Punk. Une semaine après la sortie officielle de l’album (21 mai 2013), l’album s’était vendu aux Etats Unis à pas moins de 339 000 exemplaires, se positionnant ainsi en tête des ventes. Une aubaine (ou une habitude) pour le duo électro français qui avait décidé de se la jouer «new mind» en choisissant de collaborer avec des artistes tels que Nile Rodgers, Paul Williams, Giorgio Moroder, Pharrell Williams, Todd Edwards, DJ Falcon, Chilly Gonzales, Panda Bear et Julian Casablancas et d’utiliser de vrais instruments de musique en limitant au minimum les interventions des machines électroniques. Et c’est là que ça coince. Car le changement, c’est bien connu, ne plaît pas à tout le monde. Il faut être honnête, lors de la première écoute, le premier réflexe c’est de vérifier qu’il s’agit bien du bon album, ensuite, vient cette grimace. Une moue abominable qui traduit l’espèce de frustration : « A quel moment on danse ? », « Quand est-ce qu’ils font leur truc avec leurs voix, là ? », « C’est pas possible, c’est quoi ça ? Qu’est-ce qu’il leur a pris ? ». Oui, car ça manque de « gros sons », c’est fade, insipide, et honnêtement, il n’y a pas de quoi faire décoller un stade ! Sans parler de Get Lucky, numéro un
dans tous les recoins de la planète. Trop pop, trop commerciale, trop propre… Un délire disco-funk qui maintient l’auditeur dans une ambiance de série des années ’70-80, où une pin-up à la crinière blonde réplique « Bonjour Charlie ». C’est comme si Jamiroquaï avait été absorbé dans l’album, et ingéré avec les autres influences (il est vrai innombrables et très certainement pointues). NOOOOON !!! Il ne peut pas s’agir des mêmes Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ! Où sont passés mes héros d'antan ? Et pourtant si, il s’agit bien des mêmes. Et force est de constater que ça plait. Alors, on sèche ses larmes et on se force pour une deuxième, troisième, quatrième écoute. Et là, surprise… Quand on fait abstraction du fait que ce soit les DaftPunk à l’origine de l’album que l’on écoute, ça passe assez bien. L’électro disco-funk, ambiance patin à roulette, mini short, paillettes et boule à facette, c’est tendance. La force du disque c’est les morceaux tels qu’Instant Crush avec la voix androgyne de Julien Casablancas (le meilleur morceau de l’album selon beaucoup de personnes et très certainement futur single), Doin’it right avec Panda Bear (d’Animal Collective) franchement harmonieux, l’excellent Giorgio By Moroder presque slammé par son homonyme, le dynamique et croissant Contact qui reconstruit l’atmosphère
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d’un F-zéro (jeux vidéo de courses) où les moteurs crient et les pneus crissent, et le fameux Within où l’on retrouve ce cher vocoder, marque de fabrique de nos amis. (Cela dit, quitte à changer de style, et à prendre des risques, pourquoi ne pas avoir laisser celui-ci au garage ?). Mis à part Touch, qui pourrait véritablement entrer en compétition pour la pire comédie musicale de tous les temps, l’album n’est vraiment pas mauvais (à conditions d’aimer les 70’). Au final, il est donc très difficile de se positionner. Certes, il y a indéniablement un effort des deux acolytes pour nous faire remonter le temps (c’est d’ailleurs comme ça qu’ils avaient eux-mêmes décrit leur démarche). L’album est aussi, avouonsle, un beau bricolage d’une tripotée de célébrités et une prise de risque audacieuse, mais ce n’est pas le coup de foudre. Peut-être est-il temps de se souvenir des Daft Punk comme d’une belle histoire d’amour de vacances, que l’on retrouve dix ans après.Un pincement au cœur, en se rendant compte que les choses ont changé, que ce n’est plus pareil… Et puis d’enterrer définitivement cette passion pour une autre.
Claire Rigaux
Metal
Variété Jenifer «Ma Déclaration»
Thy Art Is Murder
Fontana
Nuclear Blast
Si il y a bien un album dont on parle en ce moment, c'est Ma déclaration, le fameux album de reprises des plus célèbres chansons de France Gall par Jenifer. Inutile de vous rappeler tout le bien que France Gall pense de cet album « hommage », les autres médias s'en sont déjà bien assez chargés. Inutile également de vous parler de mes doutes concernant la sincérité artistique de Jenifer . Elle aura beau clamer que cet album n'est qu'un hommage à une artiste qu'elle adore, on aura du mal à croire qu'il n 'y a pas un « tout petit » aspect financier à cette sortie. Mais bref, comme dirait un célèbre trio hexagonal, cela ne nous regarde pas et passons donc plutôt à l'aspect musical de la galette.
La scène deathcore est un monde à part au sein de la grande famille du métal. En effet, elle est encombrée, submergée de nouveaux groupes qui gravissent les échelons et dégringolent aussi vite. On ne trouve aucun réel leader de ce genre, à quelques exceptions près. Thy Art Is Murder fait partie de ces exceptions. Depuis 2006 ce groupe australien nous offre un deathcore de qualité. A tel point qu'il figure sur l'affiche du Hellfest depuis plusieurs années.
«Hate»
Il s'était fait remarquer grâce à deux EP provocateurs et misogynes mais qui ont réussi à susciter l'intérêt des fans dès le premier hurlement. Après deux années de tournée effrénée et pour causes de divergences quant à sa vision de l'avenir du groupe, Brendan Van Ryn quitta Thy Art Is Murder en 2008 et laissa la place de chanteur et de leader à Chris MacMahon en 2009. Après The Adversary, sorti en 2010, c'est au tour de leur nouvel album, Hate, de nous offrir à nouveau un concentré de violence et de destruction.
Une question s’impose pour commencer: Faites-vous partie des amateurs (voir fans) de France Gall? Ou ne connaissez-vous que très peu cette grande artiste et/ou êtes vous fans de Jenifer ? Si vous faites partie du premier groupe, je ne peux que vous conseiller de passer votre chemin. Car, même si on sent sur certaines (trop rares) chansons («Si maman Si» par exemple) une volonté de bien faire et une réelle émotion, le reste de l’album n’est constitué que de reprises bien ternes et tristes. Jenifer ne chante pas mal, certes, mais n’amène quasi jamais d’émotion particulière. Et musicalement, ce n’est quasi que du copié-collé des mélodies originales, jouées de manière souvent insipide.
Avec des titres aussi subtils qu'une brique lancée en pleine tête, le groupe arrive tout de même à nous hypnotiser, à nous faire headbanger sans fin. MacMahon nous emmène dans un monde de testostérone, de sang et de brutalité, tandis que les autres membres du groupe, soutenus par une maitrise et une technique sans accrocs. Ils nous offrent des rythmes brutaux, des solos qui font mouche et une ambiance apocalyptique.
Si vous faites partie du second groupe, sans doute trouverez-vous votre bonheur sur l’une ou l’autre chanson. Car soyons honnête, Jenifer ne détruit pas non plus l’œuvre de France Gall. Et puis, même chantées par Jenifer, des chansons composées par Michel Berger ou par Serge Gainsbourg restent toujours intéressantes à écouter. Pour terminer, je remercierai tout de même Jenifer car grâce à elle, j’ai ressorti mon best-of tout poussiéreux de France Gall et le réécoute avec plaisir.
Sans aucun réel défaut mais sans aucune réelle originalité non plus, Thy Art Is Murder nous offre un album qui atteint et satisfait son public. Vivement le prochain!
Julien Sterckx
Quentin Esser
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25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Rock
Metal Anciients «Heart Of Oak»
Powerworld «Cybersteria»
Season of Mist
SPV
Après son départ de Freedom Call en 2005, le bassiste Ilker Elsin créa son projet: Powerworld. En lisant la biographie du groupe, on se rend compte de la complexité de monter un projet solide avec des musiciens qui s’impliquent sur du long terme. Certes, Powerworld a eut l’occasion de sortir plusieurs disques et de tourner avec des groupes comme Axel Rudi Pell. Mais leur notoriété stagnante et diverses raisons entraînèrent beaucoup de changements au sein de la formation. Aujourd’hui, le line up semble s’être stabilisé et nous présente un troisième album, fruit d’un travail acharné.
Anciients est une formation qui ne laissera personne indifférent. Ce groupe de Vancouver propose une musique tantôt douce et envoûtante, tantôt un metal plein de furie et de rage. Heart Of Oak est leur premier album et l’on y trouve toutes sortes de styles et d’influences : du stoner en passant par le psychédélique, le sludge metal et autres genres. Il suffit de prendre le premier titre, Raise The Sun, pour se rendre compte de l’énorme voyage musical dans lequel nous emmène Anciients. Il débute sur une mélodie assez douce en son clair. On est de suite séduit par cette suite d’accords mélodieux et mystérieux. La répétition fait monter peu à peu la tension avant un passage plus calme. Puis le tempo change et l’atmosphère devient plus électrique. Les deux guitaristes entament alors un riff plus entraînant et la voix douce de Kenneth Paul Cook vient se poser naturellement. On arrive à la fin du premier couplet, et là, SURPRISE ! Tout s’emporte et on obtient encore un changement de style! Les guitares nous servent des power chords bien fichus et Chris Dyck, le second guitariste reprend la barre en délivrant un chant puissant. La suite réserve encore bien des surprises.
Le thème de cet album-concept est Cybersteria, un monde dans lequel les humains sont devenus esclaves de la technologie. Il est intéressant de voir que ce thème avait été aussi abordé par Riverside dans leur dernier album: Shrine Of New Generation Slaves. Il semblerait qu’à l’heure des smartphones et autres tablettes, de plus en plus d’artistes prennent du recul et nous font prendre conscience des dangers de la technologie. Au delà de son thème, Cybersteria offre aussi une qualité musicale extaordinaire et place la barre très haut! Le son de ce disque est digne des meilleures productions de métal et on remarque de suite que Elsin s’est entourré de musiciens de qualité.
On retrouve parfois des similitudes dans leur démarche avec Opeth par exemple qui a aussi l’art de combiner ces différents styles avec beaucoup de maîtrise. Outre sa musique, le groupe semble entretenir un fort rapport à la nature comme en témoigne le titre de l’album et de certaines chansons comme The Longest River, Flood and Fire,…
Children Of The Universe ouvre le bal. Après une intro au clavier, le groupe entre en piste avec une suite d’accords habilement concoctée par Andreas Rippelmeier. Des accords mélodieux et clairs. La mélodie ainsi que les prouesses techniques sont au rendez-vous tout au long de l’album. La voix de Michael Bormann est également très efficace et mélodieuse. On retrouve aussi beaucoup de très bons morceaux mêlants le power métal et le métal mélodique.
Il est très difficile de chroniquer un tel disque tellement il est riche et doté d’une multitude d’ingrédients qui plairont à un public extrêmement large. Espérons que le groupe aura un succès mérité et qu’il viendra nous présenter ses superbes compositions en live ! (Leur réputation en live étant déjà fortement appréciée outre-Atlantique)
Powerworld est pour moi l’une des valeurs sûres du métal allemand, leur technicité s’alliant parfaitement avec des mélodies originales et un réel message Christophe Pauly
Christophe Pauly
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Variété Frank Michael «Quelques Mots D’Amour»
Warner Music
Chroniquer le dernier Frank Michael n'est pas une mince affaire. Il est en effet typiquement le genre de chanteur, adulé par les uns, moqué par les autres, dont il s'avère assez difficile d'apprécier la musique lorsqu'on est pas un adepte du genre. Mais soit, le tout juste sexagénaire (et oui il n'est pas si âgé que ça notre chanteur de charme) nous revient avec sa nouvelle offrande pleine d'amour, intitulé sobrement Quelques mots d'amour. Composé de 11 chansons, cet album ne révolutionne en rien le genre de
notre ami Frank, subtil mélange de douceur, d'amour et de mélancolie. Cela dit, pourquoi celui qui chante pour ceux qui croient en l'amour, qui sont seuls et qui attendent toujours, changerait son fusil d'épaule ? Frank Michael sait ce que son public aime et attend de lui et avec cet album, il sait qu'il fera plaisir à ses fans. Dans un monde où les artistes hype changent de style comme de chemise en fonction de la mode, Frank lui croit à l'amour, à la beauté du monde et continue son chemin de douceur envers et contre les critiques des plus moqueurs.
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La plupart des chansons traite donc du même thème, mais certaines comme Tendres Rockeurs et son tempo plus rapide ou encore Un refrain au fond de moi sortent (très légèrement) des sentiers battus et font appel à la nostalgie des plus âgés d'entre nous. L'album se conclut par une chanson nostalgique sur sa propre fille où il chante « la vie que je t'ai donné, l'amour va me la voler ». Et oui, les années passent, les filles quittent le cocon familial mais Frank Michael ne change pas, et j'en connais quelquesunes qui en seront bien heureuses.
Julien Stercks
25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Interview
Rencontre avec Michael Dufour
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La rencontre Son actualité, c’est Faites l’amour avec un Belge, spectacle qui fêtait sa dernière représentation en Belgique le 22 juin dernier. Un spectacle mais aussi une vie publique trépidante. Rencontre avec un humoriste à la bonne humeur contagieuse qui a plus d’une corde à son arc. Votre actualité, c’est la radio mais surtout votre spectacle, Faites l’amour avec un Belge ! Un spectacle déjà rôdé qui fait toujours salle comble et que vous avez joué une dernière fois en Belgique. Alors, la pièce existe depuis quatre ans, je l’avais créée pour le festival d’Avignon. Avant cela, je faisais des one man show, principalement en France. À cette époque, les gens m’appelaient sans cesse «le Belge». À force de me le dire, une histoire de couple a mûri dans ma tête et à partir de là a été créée la pièce. Le titre, Faites l’amour avec un Belge a été d’une grande efficacité. Les gens retenaient ce nom et grâce au boucheà-oreille, nous avons pu tourner avec ce spectacle pendant quatre années, ce qui est très bien. Nous avons voyagé dans toutes les villes de France mais nous avons aussi été en Suisse, à la Réunion, etc. En Belgique, nous avons rempli le Centre Culturel d’Auderghem une dizaine de fois si je ne me trompe pas.
Aujourd’hui, je sens qu’en Belgique, je me suis un peu enfermé dans cette pièce. Les gens ne voyaient plus que cela en moi. À partir de ce moment, j’ai décidé de faire une dernière représentation afin de tuer définitivement le spectacle chez nous. Il continuera cependant en France mais sans moi. Ce sont d’autres comédiens qui interprèteront mon personnage.
Cela a été assez rapide en fait. De mémoire, je dirais cinq mois. Mais évidement, après cela il fallait améliorer le tout. Le spectacle que je joue sur scène aujourd’hui n’est plus le même qu’à ses débuts. Puis, j’ai décidé de faire évoluer le texte avec l’actualité également, je trouve cela beaucoup plus dynamique et c’est cela qui permet à un spectacle de durer.
Attention, c’est déjà le cas aujourd’hui. De nos jours, je joue encore dans de grandes salles pour le plaisir mais plus dans toutes les dates de la tournée. Il faut savoir qu’en France, on joue une pièce du mardi au samedi pendant un ou parfois deux ans sans interruption. C’est un rythme qui ne me permettait pas d’écrire autre chose, de faire autre chose. C’est pour cette raison que j’ai décidé de tuer le spectacle.
Dans celui-ci, vous inversez les rôles homme-femme en quelque sorte. C’est un choix déjà comique en soi...
Comment vous est venue l’idée de cette histoire ? Une expérience personnelle ? Votre femme est-elle française ?
La femme porte la culotte dans le couple. Elle s’énerve plus vite, l’engueule régulièrement, un côté plus méditerranéen.
Pas du tout. Cela remonte plutôt au temps où j’étais plus jeune et où je draguais pas mal de Françaises. À l’époque, on m’appelait le point G de la Belgique. (rires) Plus tard, lorsque j’ai écrit la pièce, je me suis remémoré certains points divergents entre les Français et les Belges ce qui a donné ce que l’on connait aujourd’hui.
C’est un peu une question bateau, mais vous attendiez-vous à un tel succès ?
Combien de temps avez-vous mis pour écrire ce spectacle ?
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Oui, je voulais un Belge assez gentil et sympa car je pense que, sans le dire de manière péjorative, le Français est plus revanchard, il ne se laisse pas faire. Le Belge est plus gentil, plus cool et ce rôle d’homme de ménage qui s’occupe de tout, cela lui colle parfaitement.
Non pas du tout. J'espérais faire le même chemin qu’avec mes one man show, c’est à dire faire des dates pendant un an ou deux, quelques festivals et c’est tout. En parlant de succès, je pense aussi que la pièce a été portée par la bonne réputation des Belges en France de manière générale.
Votre partenaire de planche n’est autre que France Renard, comment l’avez-vous dénichée ? Qu’estce qui vous a plu en elle ?
Je jouerai un personnage francophone qui sera marié avec une Anglaise. Et j’ai déjà trouvé l’actrice anglaise pour jouer ce personnage.
En fait, je n’ai pas commencé avec elle. Au départ, je jouais avec une autre actrice qui a du partir pour une raison d’agenda et de temps à consacrer à la pièce.
À vous entendre, c’est plus qu’un projet...
Pour France Renard, lorsque l’on s’est rencontrés, cela a été directement une évidence. Pour la Belgique, ce devait être elle. Elle a le tempérament nécessaire, elle est très classe, elle a un prénom prédestiné, bref, une femme parfaite. Votre spectacle a démarré en Belgique mais fait salle comble aujourd’hui en France, est-ce que le public est aussi réceptif que le belge ? Rigole-t-il des mêmes choses ? Oui, c’est la même culture à peu de choses près. Evidemment, certaines choses font plus rire là-bas qu’ici et inversement. Par exemple en France, lorsque je me présente en disant que je suis belge, on sent déjà des rires arriver. Je peux même avouer que le public démarre plus vite en France qu’en Belgique. Vous présentez de nouveau votre pièce à Avignon si je ne me trompe ? Oui, tout à fait. C’est la cinquième fois qu’elle sera présentée dans ce festival. Cela dit, ce n’est pas non plus exceptionnel, il y a un grand nombre de pièces qui sont jouées beaucoup plus longtemps. C’est exceptionnel pour la Belgique mais en France, cela n’a rien de surprenant. Pourriez-vous l’adapter sous un format télévisuel ou cinématographique ? Elle a déjà été projetée sur la RTBF et sur RTL. Au cinéma, pas du tout. Par contre, je suis occupé à la traduire en anglais pour pouvoir aller la jouer à Londres. C’est quelque chose que je souhaitais faire pour voir si ça fonctionne. Maintenant, je vais peutêtre changer le titre en Faites l’amour avec un français car le belge, cela ne parle pas vraiment aux anglais.
Oui, c’est déjà bien avancé. Je vais le faire. Maintenant, est-ce que cela va fonctionner, je n’en sais rien du tout. En tout cas, c’est un vrai défi. D’ailleurs, je dois faire un effort pour que mon anglais soit bien compréhensible car ce n’est pas vraiment le cas pour le moment. (rires) Après ce succès grandissant, vous serez probablement attendu au tournant, êtes-vous déjà sur un autre projet de spectacle. Une suite ? Pour l’instant, je gère la programmation de deux théâtres, un à Lille et l’autre à Avignon. Je n’y programme que des comédies, je resterai donc dans le même créneau. Alors, la question se pose de savoir si j’ai tout intérêt à refaire un one man show ou autre chose, je ne le sais pas. Maintenant, il y aura autre chose, cela c’est certain. Parallèlement à cela, vous continuez vos frasques radiophoniques le matin sur Radio Contact... Oui, tout à fait. Je bosse dans le Good Morning où je campe un envoyé spécial qui ose tout. Mais attention, c’est toujours gentil. Par exemple, ils m’ont lancé le défi de ramener le noeud papillon d’Elio di Rupo, d’aller demander deux places à Marc Wilmots pour un match, d’aller apporter des moules à François Hollande, etc. Bref, ils me lancent des défis, je m’en invente aussi pas mal et le but c’est de rencontrer des gens. Cela me correspond bien. Avant de faire tout cela, j’étais chauffeur de salle et je rencontrais pas mal de gens, je me retrouvais au milieu de la foule, j’adore ça ! Cela vous a tout de même valu une arrestation parait-il ? Oui tout à fait. C’était lors du sommet européen. Mais, je le savais à l’avance,
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la seule chose, c’est que je ne pensais pas qu’ils allaient aller jusqu’au bout de l’arrestation. La seule chose que je n’avais pas prévue, c’était de tomber sur des policiers néerlandophones qui ne me connaissent pas et qui n’écoutent jamais Radio Contact. Alors, je me suis fait embarquer, ils m’ont fouillé mais cela s’est très bien passé, c’était drôle. Finalement, ils m’ont libéré après une heure. Au regard de toutes ces frasques, ne pensez-vous pas être un éternel enfant ? J’ai 41 ans et je pense que du moment que l’on reste gentil, cela reste bon enfant. Je n’aime pas les blagues méchantes gratuites. Jeter du ketchup sur quelqu’un, cela ne me fait pas rire. Pour finir, vous vous êtes fait un nom sur la scène belge en participant à diverses émissions radiophoniques et télévisuelles et en créant vos propres one man show. Aujourd’hui, quel bilan tirez-vous de votre ascension ? J’ai eu une chouette carrière. Déjà en tant que chauffeur de salle dans une émission comme Le Juste Prix, c’était génial. J’ai pu rencontrer de nombreuses personnalités publiques, voir les coulisses d’une émission télévisée. Ensuite, j’ai pu animer moi-même une émission. C’était un rêve et une belle expérience même si cela n’a duré que quelques mois. Au niveau de la radio, je m’amuse comme un fou et je suis dès lors très heureux de pouvoir continuer cette aventure. Pour le reste, je ne peux pas dire que je sois au sommet de ma carrière. Pour cela, il faudrait que tout le monde me connaisse, ce qui n’est pas le cas. Cela dit, je suis content de mon parcours et d’avoir pu faire des choses originales et décalées. Et puis, Faites l’amour avec un Belge m’a beaucoup apporté. Maintenant, comme nous parlions de cinéma, je ne suis pas de ceux qui estiment qu’il faut faire du cinéma pour réussir. Je suis content avec le théâtre qui est mon premier amour.
Propos recueillis par Matthieu Matthys 25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts
Littérature A la rencontre de Philip Le Roy
Pour la 2e fois, on retrouve La brigade des fous, qu’est-ce que cela te fait de leur redonner vie ? Je suis comme dans la peau du docteur Frankenstein en train de faire revivre six petits monstres.
monde imaginaire. Te documentes-tu beaucoup avant d’écrire un livre ?
Cela dépendait du succès de la mission BLACKZONE !
Je me documente sur tout. En ce qui concerne La brigade des fous, cela va de la technique d’application du fond de teint sur la peau d’une jeune fille à la méthode de fracturation hydraulique pour l’exploitation du gaz de schiste en passant par la façon de rester en vie dans New Super Mario Bros 2.
Une telle Brigade existe-t-elle dans la réalité ?
Une troisième aventure est-elle prévue ?
Oui, mais son existence est aussi secrète que les comptes en Suisse de nos ministres.
Cela dépendra du succès de la mission RED CODE
Quand tu avais écrit le 1er tome, tu pensais déjà à une suite ?
La menace terroriste, les risques écologiques sont des thèmes récurrents chez toi. Dans la vie de tous les jours, es-tu aussi sensible à ces problématiques ? Primo : le monde que nous laissons à la génération suivante est une poubelle explosive. Secundo : culturellement, on prend les jeunes pour des cons. Je me bats contre ces deux fléaux, avec mes armes. Cela explique pourquoi les enjeux de La brigade des fous ne porteront jamais sur l’idylle entre deux vampires niais ni sur la pérennité d’un
Et Angelina Jolie dans tout ça ? En plus d’être mon icône, elle ne s’est jamais plainte du rôle que je lui ai offert à son insu dans La dernière frontière. Tes projets ? Après La dernière frontière, je me suis donné un nouveau défi. Ecrire une histoire qui blufferait tout le monde, que personne n’avait jamais eu l’idée d’écrire ni même osé imaginer. J’étais dans le même état d’esprit que Night Shyamalan quand il a commencé à écrire Sixième sens ! Plus de trois ans de travail ont été nécessaires pour aboutir au résultat que je voulais. Je peaufine encore quelques détails avant de remettre le manuscrit qui est encore top
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secret. Voilà pour la littérature. Pour le cinéma, j’ai écrit un scénario à rebondissements et à « twist final » que j’espère voir se transformer en film en 2014. En musique, les OC Brothers sortent ce mois-ci un quatrième album dont j’ai écrit quelques chansons. Enfin, j’ai accepté la présidence de l’association « Libérons Eric Sommer » dont je parle sur mon blog. Eric est un type bien dont les médias ne parlent jamais et qui est en train de crever dans un cachot de Sainte-Lucie.
Propos recueillis par Marc Bailly (critique de La Brigade des Fous T2, page 32)
!
Baroque’n’roll de Anthelme Hauchecorne Editions Midgard
La critique Quinze univers, autant de portes en attente d’être poussées. Une seule clé. Celle qui se languit entre vos doigts. Suivre le procès opposant un diablotin syndiqué à son sinistre patron, jouer à réveiller les morts, vous laisser bercer par la fée des mauvais rêves, aider deux enfants à se défaire d’un croquemitaine ou vous mettre au vert avec le Diable luimême... Un aperçu des voyages auxquels Baroque’n’Roll vous convie, quinze nouvelles insolites portées par un rythme effréné, alternant humour et grotesque, merveilleux et fantasy urbaine. J’ai pris un immense plaisir à lire Baroque‘n’roll. J’ai été littéralement soufflé par le talent de Anthelme Hauchecorne. L’auteur s’amuse à nous balader d’un univers à l’autre, pourtant parfois diamétralement opposés, avec un égal talent. Le quatrième de couverture nous prévient pourtant quant à la diversité des « portes en attente d’être poussées ». Et c’est bien de cela qu’il s’agit. On aurait toutefois pu nous prévenir que la porte ne disposait d’une poignée que pour entrer. En effet, dès que la lecture d’une histoire est commencée, il est proprement impossible d’en sortit avant la fin.
Le style de l’auteur est « ébouriffant ». Il n’y a pas d’autre mot. Il se permet de jouer avec tous les genres sans jamais montrer le moindre signe de faiblesse. Son style change également. Par moment, il prend le lecteur à témoin tandis qu’à d’autres son écriture se veut plus classique. Vous serez assaillis de diverses émotions au cours de votre lecture. L’auteur brasse une très large palette d’émotions et nous fait vibrer au gré de sa plume. Vous aurez droit à deux introductions avant de vous plonger dans les nouvelles proprement dites. La première, On the rails again, est l’avertissement de l’auteur tandis que Backstages est l’explication de la genèse de chacun des récits. Dans Nuage rouge, vous ferez la connaissance de Babaal. Ce démon sans importance va rencontrer un syndicaliste qui lui fera prendre conscience qu’il se fait exploiter par Satan. Il assignera donc ce dernier devant le Tribunal des enfers. Impossible de ne pas rire en voyant les 7 péchés capitaux devenir autant de vertus ! Permission de minuit vous fera rencontrer un comte vampire qui relèvera le pari de jouer le rôle de… baby-sitter. Un texte complètement décalé franchement hilarant.
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A mourir de rire également, la petite nouvelle Cons comme les blés qui tangue de Roswell aux enfants du maïs pour finir en éclat de rire. Le jardin des peines nous montre une vision cauchemardesque du jardin d’Eden. Même dans l’au-delà, la nature humaine est cruelle et violente. Madone Nécrose est, selon moi, le texte plus dérangeant de ce recueil. Entre l’horreur humaine ordinaire et le fantastique le plus sombre. Une véritable perle ! Six pieds sous terre nous met face à la cruauté enfantine sur fond de trame d’outre-tombe. Fée d’hiver est l’un de mes textes préférés. Je ne peux pas trop en parler de crainte d’en dire trop mais c’est une franche réussite ! Le diable en noir nous donne en pâture à un bateau diabolique. Une nouvelle classique d’excellente facture ! Je ne vais pas passer en revue mais, vous l’aurez compris, ce recueil est un véritable coup de cœur ! Il me tarde maintenant de me plonger dans le nouveau roman de l’auteur Ame de verre aux éditions Lokomodo.
Frédéric Livyns
25 juin 2013
Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Ce qui est certain, c’est que quand on ouvre un livre de Philip Le Roy, on a envie de le lire jusqu’au bout en une seule fois… Cet auteur possède un talent rare, le talent de nous donner envie de suivre les aventures de ses personnages. On a envie de connaître la suite de l’histoire, de tourner les pages…
Red Code, La Brigade des fous T2 de Philip Le Roy Editions Rageot Thriller, 256 p.
On suit ici la suite des pérégrinations de la Brigade des fous qui avaient commencé avec Blackzone dans la même collection. On retrouve tous les protagonistes que l’on avait appris déjà à connaître. Notre Brigade de 6 adolescents surdoués (Sem, Gwendoline, Méline, Laurie, Adrien, Diego) doivent s’infiltrer dans trois lycées du Sud de la France et espionner trois élèves afghans que l’on soupçonne d’être des terroristes prêts à commettre un crime encore indéfinis, mais à gros risques écologiques… Ils doivent infiltrer, observer et neutraliser la menace.
Tandis que sa mère semble se perdre dans un simulacre de vie parfaite et s’accroche à des souvenirs idéalisés, Galen, lui, s’échappe de la réalité en s’adonnant des expériences extrasensorielles et mystiques – quand il n’est pas en train de penser à sa cousine.
de David Vann Editions Gallmeister, 278 p.
Un volume qui possède la force de l’Aventure, l’intelligence et la maîtrise de la narration. On aime la cohésion du groupe, le rythme endiablé, l’attachement des personnages. Philip Le Roy est un auteur s’est lancé dans la littérature en 1997. Avec Le dernier testament (un chef-d’œuvre), il gagne le Grand Prix de la Littérature Policière. Depuis, il n’arrête plus de publier et son incursion dans la littérature jeunesse avec sa Brigade des fous est une véritable réussite.
Marc Bailly
Dans Red Code, Philip Le Roy redonne vie à sa bande de fêlés pour notre plus grand plaisir. Evidemment, l’aventure avec un grand A est au rendez-vous. Les adolescents mettent la rue à feu et à sang, démolissent
Eté 1985, dans la chaleur torride et malsaine de la vallée californienne. Galen, 22 ans, vit avec son étouffante mère dans la demeure familiale, éloigné de tout. Sa vie oisive est ponctuée des visites de sa tante et de sa jeune cousine sexy, Jennifer.
Impurs
une boite de nuit, parviennent à avoir une mafia internationale sur le dos et mettent à jour un complot qui va polluer la planète.
C’est lors d’un séjour dans leur vieille maison de campagne avec la tante, la cousine et la riche grand-mère sénile que les langues se délient et que les tensions et les vieilles rancœurs refont doucement surface. Ce qui semble d’abord être un épisode de vie tranquille et sympathique se transforme peu à peu en un drame psychologique, où les relations entre les protagonistes deviennent de plus en plus glauques et la tension de plus en plus palpable. Avec cette histoire angoissante et hallucinée, David Vann happe le lecteur et le plonge bien profondément dans le portrait de cette famille
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américaine torturée et pleine de vices. Les pages – et surtout la grande finale – resteront à jamais gravées dans les esprits, c’est certain. Après deux ouvrages salués par la critique (Sukkwan Island, qui reçut le prix Médicis étranger en 2010), l’auteur américain David Vann signe ici son troisième roman. Dans la même lignée que les précédents, il traite de la profondeur et de la violence des sentiments humains… et ne laissera pas le lecteur indemne.
Lise Francotte
Pour ne plus dévaster la surface des planètes, les guerres sont devenues souterraines. Dans d’immenses espaces aménagés à cet effet, les peuples se retrouvent pour s’exterminer. Pour améliorer leur potentiel de destruction, ils recourent aux exomorphes, des créatures monstrueuses. Lorsque ces dernières menacent d’échapper au contrôle de leur propriétaire, des exovétérinaires comme David Sarella interviennent.
Frontière barbare de Serge Brussolo Editions Folio SF, 432 p.
David vient d’être embauché pour se rendre sur une zone de conflit, mais sa femme refuse de l’abandonner. David se résout donc à partir pour Memoriana avec Ula, mais sa femme est très particulière. Son sang bouillonne et les combats l’attirent inexorablement. Le couple se retrouve rapidement dans une situation très délicate alors que politique et religion gênent la résolution du conflit.
L'occasion d'explorer les joies et les diverses formules de la colocation (plus ou moins heureuse) entre trentenaires, et surtout de brosser une savoureuse galerie de portraits féminins que l'on devine saisis sur le motif : Anouk et son jeune fils Loulou, d'une franchise et d'une spontanéité désarmantes, Sophie dont la mère, fraichement divorcée, est revenue s'imposer chez sa fille, Jo la fashionista, Fanny qui vient tout juste de changer de mec...
de Carole Maurel Editions Casterman, 132 p.
Ce nouveau roman SF de Serge Brussolo surprend peu, la trame du scénario étant assez prévisible. Même la révélation finale a été plusieurs fois utilisée auparavant pour expliquer l’inexplicable. Restent quand même quelques trouvailles intéressantes, comme la création de copies constituées d’énergie, et un récit qui contient des passages assez drôles. Un texte agréable mais qui manque d’envergure.
Chris de Savoie
David est un héros malgré lui, bousculé par les événements, mis à mal par son épouse, son entourage, puis par ses propres créations. Il reste cependant sympathique, même si son comportement surprend rarement. Le final laisse un peu sur la faim car il n’apporte pas
Montée à Paris pour s'y installer, Stef est successivement hébergée par plusieurs de ses vielles copines, pour de courtes périodes, en attendant de pouvoir enfin intégrer son propre appartement.
Comme chez toi
de conclusion. David se retrouve confronté à ses fantômes, sans qu’on comprenne vraiment ce qui l’anime.
Carole Maurel nous propose sa première bande dessinée, Comme chez toi, en traitant un sujet qu'elle a l'air de maitriser : les déboires des jeunes femmes trentenaires et célibataires. Les ingrédients essentiels s'y retrouvent pour une bédé féminine au goût « doux-amer » : les copines indispensables mais sur le dos desquelles on n'hésite pas à casser du sucre, les soirées arrosées et les gueules de bois du lendemain, les petits copains et les mamans dont on se passerait bien mais dont on n’arrive pas à se séparer. Bref, l'hypocrisie féminine dans toute sa splendeur !
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Contrairement à son label, KSTR, qui se dit « vif, rapide, énergétique et parfois provocateur (...) accueillant toutes les bandes dessinées de création inspirées par le désir de bouger et faire bouger », Comme chez toi tire de temps en temps en longueur et les gags ne font pas sourire autant qu'espéré par le style humoristique auquel le récit veut appartenir. La lectrice est néanmoins encouragée à connaitre la suite de ces histoires dans certaines desquelles elle se retrouve, grâce aux quelques planches mieux réussies que les autres et aux références à hier et aujourd'hui qui ne manquent pas et ancrent ce récit dans notre époque. On retrouve clairement l'ambiance de Julie, Claire et Cécile, mais dans un dessin plus épuré et très accrocheur, soutenu par une palette étroite de couleurs bien choisies. On attend donc la suite des déboires de Stef, Jo, Anouk, Sophie et Fanny, mais avec un nombre réduit de gags mieux choisis.
Elaine Voglaire
25 juin 2013
Happy Birthay Mr. Suricate Johnny Depp
1963
©Caroline Bonarde
Johnny Depp est à lui seul l’incarnation de la réussite à l’américaine. Il met un terme à ses études à l’âge de 16 ans et rejoint un groupe de rock qui assurera la première partie de la tournée d’Iggy Pop. Il gagne ensuite Los Angeles mais est obligé de prendre des petits boulots pour survivre. Cependant, la chance va finir par frapper à sa porte. Car Johnny Depp a toujours eu une bonne étoile quand on observe les personnes qui ont croisé son chemin ! Tout démarre quand son ex-épouse lui présente Nicolas Cage, qui lui fournira le coup de pouce nécessaire pour lancer la fabuleuse carrière que tout le monde connait aujourd’hui. Johnny décrochera alors un rôle, son premier, dans le mythique Les griffes de la nuit de Wes Craven. Il incarnera ensuite durant 4 saisons Tom Hanson dans la série 21 Jump Street qui fera un véritable carton à l’époque (et à mille lieues de la bouse que l’on nous a servi récemment au cinéma) auprès des adolescents. Il se consacrera ensuite exclusivement au cinéma et aura le rôle principal du film Cry Baby de John Waters qui nous offre un revival musical satirique des fifties avec de nombreux clins d’œil à Elvis ou James Dean ! Cette année-là, il croisera la route d’un véritable génie du cinéma : Tim Burton ! Il lui offrira le rôle de la consécration dans le sublime
Edward aux mains d’argent. Leur collaboration sera fructueuse car ils tourneront alors de nombreux chefd’œuvre ensemble : Charlie et la chocolaterie (tirée du superbe roman de Roald Dahl), Ed Wood, Sleepy Hollow, Sweeney Todd, Alice ou, plus récemment, l’adaptation cinématographique de la série télévisée Dark Shadows. Autant de collaboration, autant de cartons pleins au box-office. Mais Johnny aime également les projets artistiques loin des grosses productions. On le retrouvera alors à l’affiche de films artistiquement exceptionnels : Arizona Dream de Emir Kusturica, le génialissime Las Vegas Parano de Terry Gilliam, le surprenant Dead Man de Jim Jarmursch… Johnny s’essaie à tous les genres, tous les styles et, à chaque fois, son jeu d’acteur est époustouflant de justesse ! Véritable caméléon, il incarne n’importe quel personnage et le rend vivant sous nos yeux ! L‘une des dernières preuves en date, son interprétation magistrale de John Dillinger dans Public ennemies de Michael Mann. Ces dernières années, il a endossé un rôle qui l’a remis sous les feux des projecteurs du monde entier : le capitaine Jack Sparrow ! Tout au long des 4 films (pour le moment) composant la série Pirates des Caraïbes, il incarnera à merveille ce pirate sans foi ni loi, cupide, fourbe, bourré d’humour. Mélange
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du Long John Silver de Stevenson et de la vision fantastique de William Hope Hodgson de la mer et des horreurs qu’elle recèle, les films sont un pur régal pour les amateurs du genre ! S’il est fort prolifique du côté cinématographique, Johnny n’en a pour autant jamais abandonné son amour pour la musique. Ainsi, au fur et à mesure des années, on le voit faire des apparitions studios sur des albums de Vanessa Paradis, Shane MacGowan, Oasis… Il jouera également sur scène, le temps d’un morceau, aux côtés de Alice Cooper, Patti Smith, Marilyn Manson et, plus récemment, Aerosmith. Il collabore d’ailleurs à un morceau sur le dernier album du groupe. On le voit, Johnny Depp a d’ores et déjà marqué de son empreinte le monde du cinéma. Mais gageons que cet acteur génial, l’un des plus éblouissants de ces dernières années, nous surprendra encore dans un futur pas si lointain que cela.
Frédéric Lyvins
Dead like me, série iconoclaste
2003
©Showtime Network Inc.
29 épisodes de 42 minutes dont le pitch initial est l’incarnation de la poisse : qui peut dire qu’il a été assassiné par la chute de la lunette des WC de la station MIR ? Ben, notre héroïne, Georgia Lass dite George ! 18 ans à peine et la voilà réduite à occuper un autre corps et à ramasser les âmes pour les aider à passer dans l’autre monde. Car George est « entredeux », une faucheuse qui récolte les âmes des mourants. Voilà une série dont le thème morbide (la mort, le destin, la fatalité d’une mort prédéterminée) se traite par l’ironie et l’humour. Dès le générique, les images populaires de la grande Faucheuse avec sa cape noire et sa faux sont exploitées à fond et nous entrainent dans un monde surréaliste. Fictivement à Washington – mais en fait tourné sur Vancouver qui abrite une florissante industrie de la série télé –, Dead like Me fait grincer les dents avec un thème difficile (encore que la série de HBO Six Feet under avait aussi réussi à rendre cette étape au moins divertissante par son humour noir) sans tomber dans la mièvrerie. Ellen Muth interprète cette très jeune femme morte avant d’avoir vécu et qui doit encore découvrir le monde du travail et les amours alors qu’elle n’est qu’en transit, destinée elle-même tôt ou tard à passer dans « l’autre monde ». Les situations de récolte d’âmes sont
souvent truculentes car les morts arrivent dans des circonstances risibles (un journaliste face à un ours échappé d’un zoo se pisse dessus et s’électrocute, un homme harponné par un espadon empaillé qui lui tombe dessus…). Les responsables de certaines morts nous apparaissent ressemblant aux Golems : les sépulcreux ont pour rôle de faire tout ce qui est possible pour faire succomber la victime. Les personnages principaux sont : George, 18 ans ; sa sœur, Reggie, persuadée que George est toujours là quelque part sous une forme encore inconnue ; Rube, sorte de coordinateur paternel des faucheurs ; Daisy, comédienne dans les années 20, faussement superficielle ; Mason, dragueur et voleur, bad boy qui fait craquer les femmes ; Roxy, policière qui se fait passer pour une source de bon sens alors qu’elle ne sait pas vraiment qui elle est et Joy, la mère de Georgia, qui culpabilise énormément car elle pense avoir raté sa relation mère/fille.
post-it avec l’heure estimée de la mort, un nom ou un lieu et chacun des faucheurs est prié de trouver l’âme qu’il doit emporter. Ca laisse des scènes comico-tragiques ! L’axe secondaire est celui de la « vie » des faucheurs : leur emploi, leurs amis, leurs amours. La fin de la série a laissé les fans médusés… La chaîne a produit un long métrage Life after Death qui reprend une partie du casting (Mandy Patinkin, Rube, était retenu ailleurs) pour présenter quelques réponses aux questions laissées en suspens. On gardera à l’idée que loin de parler de la mort, Dead like Me est une série qui parle de comment vivre après la mort, comment faire le deuil et se reconstruire, qu’on soit dans ceux « qui restent » ou dans ceux « qui passent dans un autre monde ».
Véronique De Laet
Reste Crystal, la cheffe de George, une femme obèse et aigrie qui terrorise son monde, sauf George qui la prend pour quantité négligeable et ne lui obéit pas au doigt et à l’œil. Même qui lui ment effrontément et finit par devenir « la chouchoute de la cheffe ». L’épisode standard se partage en deux axes : Ruben distribue des
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25 juin 2013