Charlotte Salomon "Vie ? ou Théâtre ?"

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C H AR L OT T E S AL O M O N

Vie ? ou Théâtre ?



UN CHEF-D’ŒUVRE POUR LA PREMIÈRE FOIS au monde dans une édition intégrale

Charlotte Salomon (1917 - 1943) fut la dernière étudiante juive des Beaux-Arts de Berlin. Fin 1938, le danger devient si grand pour elle que sa famille décide de lui faire quitter l’Allemagne. Elle rejoint en décembre ses grands-parents maternels, réfugiés dans la région de Nice depuis déjà plusieurs années. Le début de la guerre rompt cet équilibre. Le 20 mars 1940, bouleversée par le déclenchement des hostilités et paniquée par la violence nazie qui déferle sur l’Europe, la grand-mère de Charlotte Salomon se défenestre sous les yeux de sa petite-fille. Peu de temps auparavant, son grand-père avait révélé à la jeune femme un terrible secret familial : elle est la dernière d’une lignée maternelle dont tous les membres, depuis trois générations, se suicident. Elle apprend ainsi que sa propre mère – qu’elle croyait morte de la grippe en 1926 – s’était jetée dans le vide, ou encore qu’elle doit son prénom à une tante morte noyée avant sa naissance, en 1913. Charlotte Salomon, isolée dans un pays dont elle ne parle pas la langue, et avec pour unique parent un vieil homme amer qui la rejette, doit faire face à la menace d’une guerre et d’une malédiction familiale qui programment toutes les deux sa mort. À cette situation tragique, elle décide d’apporter une réponse extraordinaire, et transcende son destin en mettant en scène son histoire à l’aide de peintures, de textes, de musiques. En moins de deux ans, entre 1940 et 1942, elle peint plus d’un millier de gouaches et en retient 781 qui formeront, avec le long texte qu’elle rédige simultanément, le roman de sa vie, sa grande œuvre : Vie ? ou Théâtre ? Charlotte Salomon donne un sous-titre à cet ensemble : ein Singespiel, une opérette. L’œuvre est réalisée exclusivement à partir des trois couleurs primaires et présente, de fait, des peintures fréquemment accompagnées de calques où sont calligraphiés le récit, des dialogues et des annotations musicales. L’ensemble se lit comme un roman graphique virtuose et teinté d’une ironie mordante. Étonnant mélange de tragédie et de comédie, où le lecteur suit le chemin bouleversant d’une femme qui, consciente des dangers qui pèsent sur elle, interroge le sens de l’existence et la vocation de l’art. À la fin du mois de septembre 1943, Charlotte Salomon et son compagnon Alexander Nagler sont arrêtés dans une villa de Villefranche-sur-Mer, après une dénonciation. Ils sont déportés à Auschwitz le 7 octobre. Charlotte Salomon – alors enceinte de cinq mois – y est assassinée dès son arrivée, le 10 octobre. Mais les gouaches et les calques sont miraculeusement sauvegardés, d’abord grâce à son médecin, puis à Ottilie Moore, l’amie américaine qui l’avait protégée pendant son séjour en France. L’ensemble est finalement remis en 1947 à son père, Albert Salomon, et à sa belle-mère, Paula Lindberg. Le couple a échappé de peu à la déportation et vit désormais à Amsterdam, il fait envoyer l’œuvre dans sa demeure aux Pays-Bas. Conscients de l’importance de ces peintures, Albert et Paula décident en 1971 de les confier au Jewish Historical Museum d’Amsterdam. C’est à ce musée que l’on doit depuis la préservation d’une œuvre qui reste absolument inclassable, à la croisée de la peinture, de la littérature, de la musique et du document historique. La présente édition est la première au monde à donner Vie ? ou Théâtre ? dans son intégrité, en reproduisant notamment les calques conçus par l’artiste et la transcription d’une lettre finale inédite. Ainsi, nous espérons que ce livre s’approche au plus près de ce que Charlotte Salomon aurait voulu.


UNE œuvre fulgurante Vie ? ou Théâtre ? est la seule œuvre de Charlotte Salomon. Elle a été conçue entre 1940 et 1942, alors que l’artiste avait entre 24 et 26 ans, avant qu’elle soit déportée à Auschwitz.

UNe aventure artistique Vie ? ou Théâtre ? porte l’empreinte d’un enseignement reçu aux Beaux-Arts de Berlin, de l’expressionisme allemand et d’artistes comme Marc Chagall. Mais la solitude et l’urgence dans laquelle Charlotte Salomon a travaillé confèrent à l’œuvre une liberté extraordinaire. Il suffit pour s’en convaincre de comparer l’une des toutes premières et des toutes dernières gouaches, celles où l’artiste représente la défenestration de sa mère puis celle de sa grand-mère (voir double-page suivante). Quelques mois à peine séparent les deux peintures.

UN Roman graphique

Quelques gouaches calligraphiées.

Vie ? ou Théâtre ? devance incroyablement le travail de certains grands maîtres du roman graphique contemporain comme Edmond Baudoin. La traduction d’Anne Hélène Hoog et Michel Roubinet, compte près de 200 000 signes, soit la taille d’un roman. Cette masse textuelle, orchestrée sur des calques que Charlotte Salomon juxtapose aux gouaches mais aussi directement sur les peintures, fait de Vie ? ou Théâtre ? une œuvre d’une originalité radicale.


Un OUBLI D’un demi-Siècle Conçu par une artiste allemande dans le sud de la France, Vie ? ou Théâtre ? s’est retrouvé par les aléas de l’histoire confié au musée d’histoire du judaïsme d’Amsterdam. Ces aléas ont fortement influé sur son destin. Ainsi, ce n’est qu’en 1992 que la France accueille une première et modeste exposition de gouaches, dans la salle d’art graphique du Centre Pompidou. La première exposition d’importance n’a lieu qu’en 2006, au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris. Malgré ces expositions et l’admiration de grands artistes comme Roland Topor ou d’écrivains comme Jonathan Safran Foer, l’œuvre demeure globalement méconnue.

« Charlotte » de DAVID FOENKINOS

une partie de son récit.

L’année 2014 marque un tournant avec la publication du roman Charlotte de David Foenkinos. Ce texte biographique sur Charlotte Salomon, qui obtient le Prix Renaudot et le Goncourt des lycéens, est un des plus grands succès de l’année. Le public découvre enfin le destin de Charlotte Salomon.

Une page du livre et une présentation de la même gouache avec son calque superposé.


une édition intégrale Vie ? ou Théâtre ? n’avait jusqu’à présent été éditée que de façon partielle, le plus souvent sous la forme de catalogue d’exposition. La présente édition est la première au monde à reproduire, en plus de la totalité des gouaches, les calques sur lesquels Charlotte Salomon a calligraphié son récit. Cette édition reproduit aussi un document inédit et capital, qui révèle très vraisemblablement une « conclusion » à l’œuvre dissimulée par Paula Lindberg, la belle-mère de Charlotte Salomon.

une création graphique La conception graphique de Vie ? ou Théâtre ? répond à la fois aux exigences d’un livre d’art et d’un roman graphique, mais aussi aux particularités de l’œuvre. Un grand format carré (28 cm de côté) permet la reproduction de chaque gouache sur une seule page, quasiment à son format originel et quelle que soit son orientation. Les équilibres de la maquette, dessinée par Margaret Gray, donnent par ailleurs une stabilité  à la lecture conforme aux exigences d’un roman graphique d’une telle nature. Enfin, la dimension très brute de l’œuvre originale (des gouaches sur canson peintes exclusivement à partir des trois couleurs primaires) a conduit à des choix de photogravure spécifiques.

Deux gouaches de l’œuvre : en haut, la défenestration de la mère de Charlotte Salomon ; en bas, celle de sa grand-mère. Quelques mois séparent les deux peintures.


Une équipe ad hoc La volonté d’éditer Vie ? ou Théâtre ? est née en 2012, suite au conseil de l’écrivain Jonathan Wable. Face à l’ampleur inédite du projet, Le Tripode a constitué une équipe ad hoc associant l’expérience de la graphiste Margaret Gray et celle de la spécialiste en fabrication Margherita Mariano. Margaret Gray est responsable de la section typographie de l’École Estienne et travaille régulièrement pour des expositions conduites par le Centre Pompidou, le Musée d’Orsay, Le Louvre, la Fondation Cartier, etc. Margherita Mariano, de l’atelier Ex Fabrica, partage son savoir-faire avec des éditeurs d’art et des institutions comme Parismusées, le Palais de Tokyo, les éditions Texuel.

Le livre en chiffres Plus de 1 100 reproductions. Format : 28 x 28 cm Pagination : 820 pages Poids : 4 600 g Papier : Magno Natural 120 g (intérieur) et Brossulin 360 g (couverture) Reliure toilée, tranche-fil. Livre présenté dans un étui. La maison d’édition remercie la Fondation Charlotte Salomon et le Jewish Historical Museum (Amsterdam) pour leur confiance. Les autres institutions qui soutiennent ce projet sont signalées sur le site www. le-tripode.net Collection Jewish Historical Museum, Amsterdam © Charlotte Salomon Foundation Charlotte Salomon ®

L’ultime gouache et calque de l’œuvre.


www.le-tripode.net

978-2-37055-073-6


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