SUPERNATURE
SUPERNATURE ANTHOLOGIE DE LA SCÈNE PASTORALE
VOLUME 5 PAYSAGE ANTIQUE
1
2
SUPERNATURE
SUPERNATURE
SUPERNATURE Publié par le Vilain pour Nœud édition.
INTRODUCTION Collectif artistique, le Vilain se construit au sein du contexte rural de son lieu de création, le pays foyen, Aquitaine, France.
CONTENU La série d’éditions Supernature se concentre sur une étude contemporaine des thèmes de la scène pastorale, sa tradition, son éthique, son esthétique. Cinquième volume, Paysage Antique.
CONTRIBUTEURS Chloé Cappelli, Fanny Garcia, Sylvain KLN Garcia, Yann Monteil
1
2 Ci-dessous, de haut en bas : salle Marcel Duchant, Saint-Avit-Saint-Nazaire rue Paul Verlaine, Prigonrieux Page 3, de haut en bas : rue Albert Camus, Prigonrieux rue Marcel Pagnol, Pineuilh
SUPERNATURE
SUPERNATURE
3
4
SUPERNATURE
SUPERNATURE Page 4, de haut en bas : rue Jules Verne, Castillon-la-Bataille résidence Montaigne, Sainte-Foy-la-Grande
Ci-dessous : allée Ingres, Pineuilh
5
6 Ci-dessous, bas : rue Paul Cézanne, Prigonrieux Page 7, de haut en bas : résidence Élie Faure, Sainte-Foy-la-Grande rue Armand Got, Bergerac
SUPERNATURE
SUPERNATURE
7
8
SUPERNATURE
SUPERNATURE Page 8, de haut en bas : rue Georges Brassens, Bergerac rue Émile Zola, Castillon-la-Bataille
Ci-dessous : rue Pablo Picasso, Prigonrieux
9
10 Ci-dessous, bas : rue Pablo Neruda, Prigonrieux Page 11, haut : rue des Frères Lumière, Pineuilh
SUPERNATURE
SUPERNATURE
11
12
SUPERNATURE Ci-dessous : Léon Régnier, Sainte-Foy-la-Grande
SUPERNATURE Ci-dessous : Michel de Montaigne, Ponchapt
13
14
SUPERNATURE
Bernard Deyres
Cave coopérative de Landerrouat 24 septembre 2009
Quel est votre lien avec le pays foyen ? Je suis un ancien joueur de rugby de Sainte-Foy. Et j’ai passé mon bac à Sainte-Foy. C’était en 65. Autrement je suis libournais, donc je suis pas loin.
À chacun de vos tableaux il y a une référence à un tableau classique ? Oui. (En observant l’un des tableaux illustrant une scène de rugby) Là y’a un clin d’œil…
À quel âge avez-vous commencé à peindre ? Tout le temps. Mais je peins beaucoup plus maintenant que je suis à la retraite.
… Le Radeau de la méduse ? Le visage et la main là. C’est l’Arrestation de Samson par les Philistins. Un tableau du Caravage.
Quel était votre métier ? J’étais professeur d’EPS. Alors nous savons que vous peignez des tableaux notamment sur le thème du rugby. Quelles sont vos influences ? La peinture espagnole. J’ai traité la gestuelle du rugby par rapport à une approche classique, c’est-à-dire le clair-obscur, en essayant de dégager la beauté du geste. Par exemple j’ai fait un tableau en m’inspirant d’un tableau de David, La Mort de Sardanapale, mais c’est du rugby. C’est une approche particulière. En voyant une scène de rugby, on pourrait se dire que c’est une scène biblique ou théologique, mais ça pourrait être n’importe quoi. Au lieu de faire une scène de massacre ou de bataille, et bien on peut faire une scène de combat de rugby. Pourquoi ce choix ? C’est un peu à contre courant de la mode qui est de jeter des couleurs violentes, faire des effets flash.
Vous maîtrisez aussi l’anatomie. Justement je pars en guerre contre certains artistes contemporains qui font des trucs très colorés, les personnages n’ont pas de visages, n’ont pas de pieds. Je trouve ça un peu facile. Moi, je ne recule pas devant les difficultés. (Arrêt sur un autre tableau représentant une scène de rugby) Et Là, vous voyez le clin d’œil ? Le geste, ça vous inspire rien ? Toutes proportions gardées bien sûr… La chapelle Sixtine. Le doigt de Dieu et d’Adam. Et sur ce tableau, est-ce que celui-ci envoie ou reçoit le ballon ? Ah, il y a trois paires de mains qui ont un rôle différent. Y’en a un qui envoie, l’autre qui reçoit et le troisième est plaqueur. Quel est le passeur, quel est le réceptionneur, quel est le plaqueur ? La solution ? Déjà, y’ a une solution très simple, c’est qu’il y en a deux en maillot rouge et l’autre en vert. Ceci étant, lui, c’est le passeur. Parce que quand on passe,
SUPERNATURE
on fouette le ballon. Et lui c’est le plaqueur, parce qu’en fait, quand on passe, c’est très technique, pour ne pas se retourner les doigts dans le short, on serre les doigts. D’où le titre : Jeu de mains. Quand vous allez voir un match, vous avez plutôt l’œil de l’artiste ou du sportif ? Quand je vais voir un match, je vais voir un match. Pour tout vous dire, quand je vais voir un match, c’est surtout pour voir mes amis. Mais une grande partie de votre travail reste quand même les copies ? Ah oui, je suis copiste. On voit quand même que vous maîtrisez la technique, notamment dans les drapés. En étant copiste, c’est ce que l’on acquière, la technique. Vous vous rappelez de votre première copie ? Oui, c’était à la gouache scolaire, sur papier Canson classique. Je devais avoir 16 ans.
Est-ce que vous étudiez la technique du peintre avant de reproduire son tableau ? Oui, oui. Sur ce tableau de Pollock, tout ça, c’est fait au tube. On voit bien avec l’expérience que c’est pas possible avec un pinceau. Ici, c’est à l’éponge avec de la térébenthine. C’est des pochoirs. Est-ce que pour cette raison, il y a des tableaux qu’il est indispensable de voir en vrai ? Ah bein, tous. Donc vous devez beaucoup voyager ? Absolument. Vous peignez sur le lieu même de l’exposition ? Non, je prends des notes. Sinon, je veux bien, mais faut rester un mois à Amsterdam, prendre rendez-vous. On rentre avec la toile vierge. On la fait tamponner, et on s’en va en laissant la toile. Vous n’avez jamais pensé à signer vos copies du nom de l’artiste d’origine, pour l’expérience ? Non, non. Ça tombe sous le coup de la
15
16
SUPERNATURE
loi. D’abord parce que ça ne trompe pas les experts. Et vous pensez que la cave coopérative de Landerrouat peut accueillir 4 Van Gogh ? Non, y’a des règles dans la copie. Déjà, il faut que l’œuvre soit passée dans le domaine public. Ensuite il faut qu’elle ne soit pas tout à fait de la taille de l’originale. Et surtout il faut que le peintre soit mort depuis plus de 70 ans. Avez-vous une maxime ? Je me rends compte que quoi qu’on fasse, on le fait à partir de quelque chose. Soit on y fait référence, soit on l’améliore, parfois on le détruit. On part de quelque chose. On n’invente rien. Toute création est inspirée de quelque chose qui existe déjà. Ça c’est trop scientifique. C’est Lavoisier qui a dit ça… « Rien ne se perd, tout ce transforme ». Voilà, en art comme en science, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Par exemple, vous prenez l’Infante, un tableau de Vélasquez, vous isolez un morceau de la robe, vous prenez un cadre, vous l’exposez… Ça tient la route. Ça peut passer pour de la peinture moderne.
Il n’empêche qu’une création va dévoiler plus de votre personnalité qu’une copie ? Ah oui, complètement. En tant que joueur de rugby, j’étais plutôt dans l’ombre que dans la lumière. Mais on retrouve aussi des émotions dans les copies. Des émotions qu’on essaie de retransmettre. On y met de soi.
SUPERNATURE
19
20
SUPERNATURE
© 2010 le Vilain, tous droits réservés