LUNDI 31 MAI 2021 / MONDAY MAY 31, 2021
SCIENCES PO PARIS, CAMPUS DE MENTON Discrepancies between the associative student body, Mentonese administration, and the Paris campus. P. 70-73
2020-2021
N˚5
d’abord, breathe. 14 mois se sont écoulés depuis mars 2020, mais vous n’avez pas seulement survécu, vous avez prospéré— which is pretty incredible. now: come sit, read, and
f*cking conquer.
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I’ve never sworn in Le Zadig before, but I thought now is the time to be real with our emotions after everything we’ve been through as students during this pandemic. No sugarcoating. No beating around the bush. Unpack everything—and dig deep. And when you do, you too will surely utter a “f*cking” here or there, whether in anger or relief. “I forgot to fill out the f*cking attestation.” “I’m so f*cking done with Zoom.” “I finally got my f*cking first vaccine dose!” “Where is my f*cking e-mail reply from the administration?” (mais celui-ci n’est pas spécifique à la pandémie, désolé). As 2021 rolled around, I stumbled on Good F*cking Design Advice (GDFA), a company that gives you, indeed, good f*cking design advice. “Believe in your f*cking self,” “Be f*cking persistent,” “Don’t f*cking quit.” Perhaps we already believed these (sometimes overly stated) messages, but when you see it first thing in the morning on your Google Chrome homepage in all in large, white letters against a blood red background, it does resonate with you in a special way. Ou peut-être que j’aime lire tout ça pour m’aider à croire que Le Zadig arrive vraiment à son terme cette année. Dites-moi, vous avez fait quoi lors de la dernière conférence ou de la dernière réunion de votre association ? Vous avez pleuré ? Vous avez ri une dernière fois avec vos collègues ? Vous n’avez pas pu digérer le fait que la fin arrive effectivement, et vous n’avez donc rien fait, jusqu’à ce que vos émotions prennent le dessus plus tard ? Malheureusement, Sciences Po ne nous donne pas un pdf d’un règlement de la scolarité qui peut nous dire ce qu’il faut faire. But just as you could have cried, laughed, and/or been in denial during your association’s last moments together, everyone will experience this last edition of Le Zadig differently. Vous pourriez sourire en voyant votre visage dans un article dans la section « La vie étudiante » (did I mention we split Le Zadig into sections for the first time?), vous pourriez vous demander si vous connaissez vraiment bien Menton après avoir lu un article dans la section « Menton Démasqué », or you may shed a tear as you read one of the “Final Words” of this edition. Yet still, we’ll all be left wondering: what truly are the appropriate final words? La traduction anglaise de “au revoir” me paraît trop dur : “goodbye”? Perhaps the “good” in the first half tries to compensate for the inevitable feeling of separation and missing that special one, but if so, it does a rather poor job: we still end with bye. Par contre, “au revoir” transmet un meilleur message. Literally translating to “until we see each other again”, it lets us bask in the knowledge that, in this ever so interconnected world, peu importe where, how, or when, we can one day meet again—and so, we click our drinks while we can and say cheers until then. Dans cet esprit-là, avant de vous montrer tous les articles de cette dernière édition, sur lesquels nous avons beaucoup travaillé et dont nous sommes très fiers, je vous présente une rencontre très spéciale. Revenons en arrière en 2011, shall we? Because after all, as GDFA advises: finish where you f*cking start(ed). 125 pages before officially signing off, yours truly, Santosh MURALIDARAN Rédacteur-en-chef / Editor-in-chief
ÉDITION N˚5 | AVRIL/MAI 2021
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2021
Scannez pour voir la toute première édition du Zadig / Scan to see Zadig’s very first edition
2012
(re)bonjour J
,
e suis ravi de savoir que ce que j’ai lancé en 2012 avec Marine ZAGAR, ma co-rédactrice en chef, soit encore en bonne forme et puisse passionner les nouvelles générations de mentonnais. Le journal est en effet une très bonne école. Dans le journalisme comme dans la vie, il est fondamental de bien vérifier les sources, connaître les bons chiffres et ne pas trop se fier. Surtout, le Zadig nous avait donné un espace de débat et d’opinion, dans lequel les étudiants pouvaient exprimer leurs propres points de vue sur tout sujet. J’avais d’ailleurs écrit plusieurs articles qui avaient fait fureur, auxquels d’autres anciens étudiants, à travers des articles, des simples commentaires sur la première version du site (assez rudimentaire à vrai dire) ou bien lors des soirées débat, avaient décidé de répondre en exposant leur propre point de vue. Je serai sincère, je trouve émouvant de penser au fait que presque dix générations d’élèves de Sciences Po, Campus de Menton aient pu travailler, stresser et passer des nuits blanches sur quelque chose que nous avons lancé Marine, le reste de l’équipe et moi par simple passion et envie d’innover. Dix générations de personnes qui, de près ou de loin, ont vécu des expériences similaires à ce que nous avons vécu, grâce aussi à ce projet lancé il y a presque 10 ans, petit mais ambitieux. Pour le faire connaître, dans sa première édition, on avait organisé un lancement avec goûter offert par notre premier sponsor officiel, McDo. J’étais personnellement allé chercher les muffins et autres choses dans la petite place dont je ne me souviens plus du nom.
En 2011, Le Zadig n’existait pas encore, car le journal étudiant de l’époque s’appelait Medinat Ashabaab et ressemblait plutôt à un blog étudiant. En 2011, le Zadig n’existait pas encore, du moins dans la première partie de l’année, car le journal étudiant de l’époque s’appelait Medinat Ashabaab et ressemblait plutôt à un blog étudiant. C’était un site bien fait, qui manquait de plusieurs options. Quand nous sommes rentrés en deuxième année, Marine, le reste de l’équipe et moi avons décidé de fonder ce journal comme (plus ou moins) nous le connaissons aujourd’hui, même si à vrai dire les dix générations qui ont suivi ont sûrement apporté d’énormes améliorations. Nous avions commencé à faire des versions papiers en 2012, et je me souviens que, dans l’une des éditions, j’avais écrit un article assez polémique sur la situation libyenne. Le hasard veut que je vous écrive ce message dans cette édition du Zadig exactement de Tripoli. Bonne chance pour l’avenir, que ce journal continue à vivre !
bon vent, Roberto Saverio CAPONERA Premier co-rédacteur en chef du Zadig
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2011 et avant
https://medinatashabaab.wordpress.com/
maintenant que
we paid homage to nos racines,
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let’s get the ball
f*cking rolling.
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contents p. 14 • le procès de Nasser • par Noa Chasles p. 16 • conférence : l’Europe après 2020 par / by • Elza Goffaux p. 18 • interview with Marco Iarocci p. 20 • first Ramadan away from home • by Ismaeel Yaqoob p. 24 • environmenton garden • by Olivia Jenkins p. 26 • les élections de LPF • par Noa Chasles et Selma Sisbane p. 32 • greece-turkey SPRH conference • by Bianca Bartolini and Orianna Merer
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la vie étudiante
art & satire 36
p. 36 • the suez (c)anal jam • by Madeline Wyatt p. 38 • SDF, a limerick • by Olivia Jenkins and Audrey Kost p. 39 • une série de dessins • par Meriem Smida p. 40 • sofagate • by Philipp Frank p. 42 • levons-nous contre la contre-révolution qui vient • par Joseph Siraudeau p. 46 • what we owe to each other • by Meriem Smida
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men unmask
p. 50 • menton is sunny...sometimes • by Maryam Alwan p. 54 • white fragility on our campus • by Caroline Søgaard p. 56 • je cherche mes mots...mais sont-ils propres ? • par Ada Baser p. 58 • results to SSA mental health survey • by Tuna Dinçer and Vanessa Wedick p. 60 • poem for Palestine • by Maryam Alwan p. 62 • unaccompanied minors at French-Italian border • by Edoardo Oldani p. 66 • thoughts from an American in Menton • by Nicholas Flood p. 68 • lessons from James Baldwin • by Yusef Bushara p. 70 • discrepancies between the associative student body, Mentonese administration, and Parisian campuses • by Daniel Santana p. 74 • students at the banned pro-palestine protest in Nice • by Madeline Wyatt
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final words
nton ked
p. 114 • 0A advice column p. 116 • “Ask Le Zadig” advice column
opinion
p. 118 • best memes this year • by Noa Chasles and Selma Sisbane p. 120 • clap de fin • par Joseph Siraudeau p. 122 • on leaving Menton. • by Angie Weitz
76 p. 76 • why can’t we speak more Arabic as Arabs? • by Aliaa Mohamed p. 78 • l’abolition de la police • par Joseph Siraudeau p. 82 • compassion: an op-ed • by Barbara Kuza-Tarkowska p. 84 • first to sign, first to withdraw • by Ecem Olanca p. 86 • la génération de la peur sociale • par Mariem Ben M’Rad p. 88 • pourquoi faut-il être progressiste en 2021 ? • par Bechar Benmoumen p. 90 • the fall of the German Social Democratic Party • by Lionel Chambon p. 94 • peut-on être contre le féminisme actuel ? • par Nolwenn Ménard p. 98 • the arms trade tready: a feminist perspective • by Johanna Grabert p. 102 • water: a tool for autonomy? • by Ada Baser p. 106 • la superleague : quel avenir pour le football ? • par Samy El Maloui
e t n a i
d u t é ie e f v i l t La n e d u St
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PHOTO BY OSKAR STEINER
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LE PROCÈS DE NASSER : l’é
Né en 1918, Gamal Abdel Nasser a été le second président de la République d’Egypte à pa de l’Égypte, il a mené une politique socialiste et panarabe qui le fait demeurer aujourd’h panarabisme, de la modernisation de l’Égypte et de l’anti- impérialisme, certains lui repr créer
NOA CHASLES
CHRONIQUEUSE
Le 12 avril dernier, la Fabrique Politique organisait son premier procès fictif. Le concept ? Faire revivre une figure historique contestée le temps d’une soirée afin de la faire comparaître en justice. L’heureux élu de cette première édition n’était autre que l’ancien président égyptien Gamal Abdel Nasser, dont l’image balance encore aujourd’hui entre leader adulé et dirigeant aux pratiques autoritaires. Le procès prenait place dans un passé imaginaire dans lequel ce dernier n’aurait pas succombé à une crise cardiaque, quelques semaines après la Ligue Arabe de septembre 1970. Les chefs d’accusation étaient les suivants : « s’être attaqué aux juges et à leur indépendance jusqu’au point culminant de 1969 », « avoir limité plusieurs libertés publiques et violé les droits de ses opposants » et «
avoir entraîné une crise internationale et une intervention militaire étrangère sur le sol égyptien en nationalisant le Canal de Suez en violation du droit international ». Des étudiants du campus endossaient les rôles des différentes parties : l’accusé était ainsi interprété par Lounis Jahidi et la victime, l’écrivain égyptien Son Allah’ Ibrahim arrêté en 1959 pour s’être engagé dans le parti communiste, par Inès Ben Taher. Une libraire égyptienne, jouée par Jenna Leguellec, passait également à la barre suivi d’un second témoin ingénieur sur le canal de Suez, Ivan Realli. Bechar Benmoumen et Basile Rochet endossaient quant à eux le rôle de l’avocat de l’accusation et de l’avocat de la défense. Le jury était composé de 5 membres : Jean Baptiste Kefalas, ancien Secrétaire Général de l’association d’art oratoire de la Sorbonne, Nathalie Bernard-Maugiron, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement et spécialiste du droit constitutionnel des Etats de la région d’Afrique du Nord et Moyen Orient, Greazi Abira, co-fondateur de Graine d’Orateur 93, une association ayant pour but de donner aux jeunes de Seine-Saint-Denis les clés pour s’exprimer et être à l’aise devant un public, Lubna Al-Kasasbeh, professeur à Sciences Po et doctorante travaillant sur les écrits de Son’Allah Ibrahim et Selma Sisbane, étudiante de 1ère année à Sciences Po et membre de la Arab Student Organisation. A l’issue du procès, des prix étaient remis aux meilleurs orateurs par le jury : un pour le meilleur personnage a ainsi été remis à et un pour le meilleur avocat à … Juges don-
naient des conseils aux apprentis étudiants pour progresser. Noa Chasles : Merci pour ton temps Nour ! L’objectif de cette interview serait de revenir rapidement sur le procès fictif organisé par La Fabrique Politique le 12 avril dernier. Pour commencer, qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’organiser cet évènement ? Nour Chérif : Pas de soucis ! Il s’agit en fait d’une idée qui date de l’année dernière mais que la Fabrique Politique n’avait pas pu organiser à cause de la crise sanitaire et du confinement. Le président actuel (Pierre Le Brigand) m’avait parlé de ce projet dès
évènement de la Fabrique Politique
artir de 1956. Après une carrière militaire, il a organisé le renversement de la monarchie et accédé au pouvoir. À la tête hui comme l’un des dirigeants les plus influents du XXème siècle. Symbole de la dignité arabe du fait de sa défense du rochent néanmoins une pratique du pouvoir autoritaire et populiste, la violation des droits de l’homme et son échec à r des institutions civiles durables. le début d’année et il se trouve que j’avais déjà participé à l’organisation de procès fictifs au lycée. L’immersion dans un tribunal fictif, bien qu’elle ne soit pas totalement conforme à la réalité, m’avait beaucoup plu et j’avais trouvé l’expérience particulièrement enrichissante parce qu’elle mêle art oratoire et passion pour le droit. Ce format a également l’avantage de permettre à ceux qui s’intéressent moins au droit, matière complexe, de l’appréhender de façon plus ludique. Noa Chasles : Pourquoi avoir choisi Nasser pour ce premier procès fictif ? Nour Chérif : Nous (l’équipe de LFP) avons beaucoup réfléchi sur la personnalité idéale et nous avons longuement hésité, notamment avec Charles de Gaulle, mais notre choix s’est finalement arrêté sur Gamal Abdel Nasser. En effet, notre campus étant spécialisé dans le Moyen Orient, ça nous tenait à cœur de faire comparaître une figure historique de la région. Ensuite, il s’agit encore aujourd’hui d’un personnage très controversé dans le monde arabe : les discours à son sujet balance encore entre critique et admiration. , dont l’image balance entre leader adulé et dirigeant aux tendances autoritaires. Connaître l’ère nassérienne est d’ailleurs très utile pour comprendre l’actualité égyptienne de ces dernières années. Noa Chasles : L’organisation de l’évènement nécessitait la participation de plusieurs étudiants du campus pour entrer dans le rôle des différents personnages. Comment les avez-vous choisi ? Nour Chérif : Nous avons organisé des
sélections sur la base d’un Google Form sur lequel les volontaire devaient argumenter sur le personnage qu’ils souhaitaient et sur leur expérience dans les domaines de l’éloquence et du théâtre. Nous avons ensuite réparti les rôles et entamé une préparation en partenariat avec Sciences Polémiques. Une équipe a de 4 assurait les séances de coaching pour que les discours soient de la meilleure qualité possible. J’étais très contente de l’équipe à la fin, ils ont tous fait du très bon travail et ont permis à ce procès d’être d’une grande qualité. Noa Chasles : Le jury du procès était également composé d’experts dans leur domaine. Comment les avez-vous contactés ? Nour Chérif : J’ai commencé par les sélectionner en fonction de mes contacts au sein de la Fédération francophone de débat. Notre but était vraiment que le jury soit composé de représentants de l’art oratoire mais également du droit et du collège universitaire de Sciences Po. On a donc fait appel à deux professeures de l’école, l’une spécial-
iste de l’affaire Son’Allah Ibrahim (Lubna Al-Kasasbeh) et l’autre spécialiste du droit constitutionnel des Etats de la région d’Afrique du Nord et Moyen Orient (Nathalie Bernard-Maugiron). J’ai également contacté deux spécialistes de l’art oratoire, Greazi Abira, co-fondateur de Graine d’Orateur 93 et Jean Baptiste Kefalas, ancien Secrétaire Général de l’association d’art oratoire de la Sorbonne. Selma Sisbane, étudiante de première année et membre de l’Arab Student Organization, faisait également partie du jury. Noa Chasles : D’autres idées de figures historiques à faire comparaître ? Nour Chérif : J’aimerai beaucoup à titre personnel organiser le procès de Golda Meir, en veillant à ce que ce ne soit pas le procès d’Israël. Ça n’engage que moi et on en discutera bien sûr avec le board en début d’année prochaine pour décider de la personnalité à juger ! ■
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L’Europe après 2020: vers une fédération Européenne ? Retour sur la conférence de la European Society avec Enrico Letta. ELZA GOFFAUX CHRONIQUEUSE
Le 7 avril dernier, la European Society du Campus de Menton invitait Enrico Letta pour discuter de l’Union Européenne et de ses institutions en période de crise sanitaire. La discussion s’est articulée autour de la question l’Europe après 2020 : vers une fédération Européenne ? Marco Iarocci, président de l’association, a ouvert la conférence en présentant l’invité. Enrico Letta est une figure centrale du paysage politique italien et européen, puisqu’il a été ministre, parlementaire puis premier ministre italien pour le parti démocrate et élu au Parlement Européen. Aussi doyen de la Paris School of International Affairs (PSIA), son parcours politique et personnel fait de lui le parfait invité pour discuter de l’intégration européenne. L’idée de cette conférence fait suite à l’annonce par les dirigeants européens de la mise en place d’un « plan de relance pour l’Europe », ou Next Generation EU Package. Nouvel outil financier et économique, pour Enrico Letta il est symptôme d’un élan de
solidarité inédit. Face à l’échec de la gestion de la crise de 2008 et la montée des réponses nationalistes à la crise sanitaire, ce plan de relance pourrait être le « moment Hamiltonien », comme formulé par les présentateurs : ses dimensions économiques et sociales pourraient former la base d’une Europe plus solidaire et même fédérale. Si elle est concluante, cette solidarité économique pourrait être un outil de long terme qui fonderait la prochaine génération européenne. De ce constat a découlé un échange sur la possibilité de la mise en place d’une telle solidarité et d’une intégration régionale plus forte, telle que prônée par Enrico Letta.
Face à l’échec de la gestion de la crise de 2008 et la montée des réponses nationalistes à la crise sanitaire, ce plan de relance pourrait être le « moment Hamiltonien », comme formulé par les présentateurs
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En effet la European Society a questionné l’invité sur la cohésion d’un demos européen sur lequel une Europe fédérale pourrait reposer. Pour ce qui est de l’identité et des valeurs européennes, l’ancien parlementaire a appuyé sur l’importance d’une approche collective de l’éducation. Des politiques éducatives doivent être réfléchies à l’échelle européenne. La démocratisation des institutions européennes est aussi un élément central dans l’élaboration d’une Europe fédérale. Si les institutions européennes ont plus de pouvoirs et de compétences, elles se doivent d’être plus démocratiques. Aujourd’hui l’instance la plus influente est le Conseil Européen qui réunit les chefs d’Etats. En revanche, c’est le Parlement Européen qui est une expression directe de la volonté des citoyens européens. C’est pourquoi Enrico Letta affirme qu’il est nécessaire de donner plus de pouvoir au parlement et propose une réforme de l’institution pour plus de représentativité au niveau européen. Il préconise la mise en place d’un scrutin à la fois transnational et national pour développer une approche européenne et non de multiples ap-
proches nationales. Des institutions européennes plus représentatives est une solution pour renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté Européenne. La démocratisation des institutions serait aussi un moyen de garantir le respect des valeurs défendues par l’UE. Enrico Letta a été questionné sur son approche de l’immigration en tant que premier ministre Italien. Il affirme que la gestion des flux migratoires doit se faire au niveau européen et non national. C’est le manque de politique migratoire qui a mis les institutions européennes en échec sur la question en 2015. Une politique migratoire commune ainsi que des institutions plus démocratiques permettraient de placer les droits humains et les valeurs européennes au premier plan quand il s’agit d’immigration, au dépend des différents nationaux.
C’est le manque de politique migratoire qui a mis les institutions européennes en échec sur la question en 2015.
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“Europe after 2020”: an interview with European Society President, Marco Iarocci
ELZA GOFFAUX
COLUMNIST
On April 7th, the European Society of the Menton Campus invited former Italian prime minister Enrico Letta for a discussion via Zoom to discuss the question of European integration. Below is a transcription of an interview with Marco Iarocci, president of the European Society and one of the moderators of the conference.
Who is Enrico Letta and why did you choose him to organise this conference? Enrico Letta is a former Italian prime minister, but before that he had a long career in Italian and European politics. He started as a minister of foreign affairs, and he had also been a member of the European Parliament in the 2000s. He has also written several books on the European Union and was the Dean of the PSIA (Paris School of European Affairs) where he taught several courses about the European Union. I feel like his life experience, his academic profile and his political career made him the perfect person to talk about Europe and the future of Europe.
Why did you choose the theme of federalism and the EU after 2020? The idea for the theme came from the Next Generation EU Recovery Package that was approved by the European Union in 2020. It came out of the contradiction of the European response to Covid-19. With the Next Generation EU Recovery Package, the European Union had shown incredible solidarity, and it marked such a turning point in European history. I felt that, as the European Society, it would be very important to investigate where this moment might lead us. In general, federalism is at the top of our agenda in the sense that it is the main point that
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we want to discuss as an association… we want to discuss the future of Europe. It just seemed to be the natural theme for the conference, it was going to be the highlight of this year’s events.
Can you explain the Hamiltonian moment you were talking about in the conference, and what the Next Generation EU Recovery Package is? Basically, the reason why the Next Generation EU Package has been defined potentially as a Hamiltonian moment for the European Union because Hamilton, the US secretary of the treasury, engineered the political agreement for the states to put their debt together as the basis for the US to form a federal union. The idea is that the different member states of the European Union would issue common debt on the market. At the national level, each state has their credit ratings. Through this common issuing of debt, even countries like Greece or Italy can have access to money at a very low interest rate. The principle that underlined that package was one of solidarity, one of the main principles on
which the European Union was founded, however it has become a controversial debate whether this solidarity was just theoretical or real after the 2008 financial crisis. The package could be the basis for a more integrated, federal union.
said that the problem with migration is not that European immigration policy has failed but that there is no European immigration policy. Immigration policy is held at the level of member states. Letta has called for a European continental approach to the issue that needs to be based on human rights.
What approach of democratisation of European institutions did you discuss But how can we have a collaborawith Enrico Letta? tion between member states in EuThe idea is that when you look at it from the political science rope when we have such differences point of view, the European Union is democratic, most de- between European countries on the cisions are made by actors that have been democratically sequestion of immigration? lected. In the end, there is supposedly the accountability of EU leaders. In practice, however, we all know that European citizens do not feel like their ideas and their voices are represented at the European level. The problem is that parliament would not have the power to hold the European commission accountable, which is part of the reason that there is this feeling of unaccountability at the European level. That’s why we have to democratise the European Union: a European Union based on democracy cannot have such a democratic deficit and it is in its interest to democratise itself so it can hit Euro-scepticism at its very roots. Letta had some very interesting suggestions on how to deal with this problem, and he mentioned the idea that more power should be given to the EU parliament and heading transnationalist for the EU parliament. That would also address another issue: a lack of a European demos, a European identity, a common feeling of belonging. It correlates to the idea that if we have a European parliament that represents European people, Europeans could also feel more as a part of a whole.
Obviously, we all like to think of the European Union future when Europe can act as a single power. But, obviously there are big differences on how states deal with certain issues, and states still behave in a selfish manner. But I think the message Letta wanted to give is a message of hope: as we have seen with the Next Generation EU Package, there is also space for solidarity and common sense. I think that immigration should be the one thing the EU focuses on the following years. To practically bring a common European response ties back to the point of democratising the union, and it should not be up to heads of government to decide how the European Union approaches immigration.
What perspective did Letta offer on the European immigration policy? Regarding immigration issues, we wanted to question some of the things Letta has been saying in his books and in his speeches. He talks about the European Union and the values that make us a single population as Europeans. It was just a few days ago that 130 migrants were left to die at sea. European institutions knew, but they did not do anything. We wanted to ask him how these things can go together, it is a paradox. His response was interesting, he
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My first Ramadan
ISMAEEL YAQOOB
COLUMNIST
away from home When my non-Muslim friends hear that Ramadan is approaching, they often approach the subject with hesitancy, assuming I’m probably looking on with an air of dread at the month ahead. Speak to any Muslim and you will see it is in fact quite the opposite; Ramadan is the month I look forward to the most and an onset of dread only occurs in its last few days. Ramadan is never the same, having its own ratio of spirituality, exhaustion, and indigestion. It is also a time where I am able to have God at the forefront of my mind, my tongue and my actions, bringing me closer to my religion and renewing my
faith. The holy month is sure to be a time full of festivity, family and good food, giving back to the community, and breaking fast with new people. This Ramadan, however, was always going to be particularly unique given the fact that for the first time in twenty years I would not be the recipient of my mother’s freshly fried pakoras, floury rotis, and greasy handis. Instead I would be recreating these recipes in my own kitchen in Menton, while being the only person holding myself to the five daily prayers and waking up for suhoor. Having spoken to 2As and 3As about their experiences observing Ramadan in Menton, I had been fearful but also hopeful for the possibilities provided to me with
my newfound freedom. The month was from start to finish filled with special moments, bringing together friends old and new, making salat, and enjoying iftars spreads with dishes from across the world. My days ended with bellies stuffed from bricks and saalans, religion discussed with both religious and non-religious friends, nasheeds sung from London to Rabat. My most memorable moments from the month are definitely big iftar and Eid parties that were plentiful in vibes, food, and good company. It was also an incredible experience working with other Muslim students on our Ramadan project, feeding the homeless once a week in Menton by providing three course hot meals for the Croix Rouge.
To celebrate these moments in this article I decided to interview five fellow Muslims observing Ramadan, many of whom I was able to share the month with, with many an iftar night spent eating and talking into the night. INTERVIEWEES Zineb Belmahjoubi, Casablanca Morocco, 1A Ines Ben Taher, French Tunisian living in Cote D’ivoire, 1A Nour Cherif, French Tunisian, 1A Maryam Alwan, Virginia USA, half Syrian half Palestinian, 1A Nour Aljowaily, Egyptian, 2A
20 PHOTO COURTESY OF THE INTERVIEWEES
What are your Ramadan traditions? Every Ramadan, the whole family gets together to make food and it’s a moment we are very close with [them]. Here in Menton I like to eat all together at an iftar with the Villa girls. I don’t particularly have traditions but we used to eat iftar together as a family and afterwards watch Tunisian shows together over a cup of mint tea. My Ramadan traditions are to eat with my family. For example, in Tunisia we do huge meals with the family and with my family at home we do the same, cooking together for the iftar meal. [My traditions back home were] iHop at 4 a.m. for suhoor, mosque iftars and henna nights, Muslim family friend groups rotate off iftars. [Our traditions included] fasting, breaking fast with family, late night suhoor, staying up all night
and sleeping all day, breaking my fast with dates and milk, and praying with family.
Have you tried to recreate these in Menton? Have you got any new Menton Ramadan traditions? In Menton it is kinda difficult, especially because I don’t really find time to make food for myself even but I try to make something that reminds me of back home. My parents sent me a few things from Morocco that give me a bit of home here. I’ve been having a few friends over, even if it’s just for a tea after iftar. Not really possible to do more given the workload currently though. I kind of try to recreate this in Menton by doing iftar with friends and cooking together whilst enjoying a cup of mint tea afterwards, which has been nice. My new traditions [were the] Villa eating iftar at
the same time made me closer to some of the girls I didn’t know as well before. Also the dinners at Ismaeel’s have been magical; it’s crazy to remember that I didn’t know Ismaeel and everyone that well a month ago but Ramadan made us friends. Honestly, the Ramadan here is more special than the ones before because with independence, you can do more. It’s also the first time I fast for the full Ramadan.
What is your go-to meal for suhoor?
[I’ve been] recreating [traditions] in Menton by having iftar every day with at least one other person. [Some] new traditions are having a party right after iftar and [eating] before bed because waking up is too difficult.
My suhoor meal is a typical breakfast. I don’t really like to eat sweet things before sleeping.
[My] go to meal for suhoor is not really a meal, just a bit of nuts, a date, and this Moroccan dish called Fuloo, and it is very good. I don’t have a meal for suhoor. I don’t tend to eat much because eating at 4 a.m. makes me a bit sick so usually just a glass of water and some fruit.
I don’t eat suhoor and didn’t do it a single time even though I often stay up through fajr. My go-to suhoor [meal] is cheese and bread, Foul, or iftaar leftovers.
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and festivities. However it has been more calming and less stressful. I think it’s not harder but very different being away from home. I am trying to call [my family] more and Menton has become an almost family with a lot of Muslims, which makes it easier It’s not hard to be away from family. [It is] hard to be away from family, but it is nice to have my new family here in Menton. Nothing compares to the moments spent in Egypt with my immediate family.
Do you stay up, wake up or sleep through suhoor? I wake up, not stay up, because of 8 am classes. I mostly wake up for suhoor, but since I have been so tired recently, I have just slept through. I stay up during the night [and try] to eat before I go to sleep because I just can’t wake up in the middle of the night.
Has it been hard being away from your family during this month? It has been very difficult being away from my family, probably because it’s my first time being away from my family and Morocco during Ramadan. It doesn’t feel the same and the vibe isn’t really there like it is in Morocco. It has been quite hard because it’s usually a time I get closer to my roots, [my] culture, and my family, but being away from home I have felt a bit apart from the celebrations
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Has this Ramadan felt more/ less spiritual being away from home? Well in a certain way this Ramadan has been more and less spiritual. I have been questioning myself seeing as also how now one is telling me to fast; I am doing this because I want to. However, [it’s also] less as there are things that I would usually do in Morocco that I’m not really continuing to do here. It’s definitely feeling a lot less spiritual as I’m not really in an environment that encourages me to practise my religion a
lot more. I think this Ramadan has felt more spiritual, not because I am far from home but whilst I am growing, I feel more and more spiritual and want to become closer to my God. This Ramadan has felt more spiritual as it’s me pushing myself not my family; however, the consistency in my practise has been lesser. Inside myself however my spirituality has been strong.
I can’t focus as well as usual, and can’t eat at iftar time during the 24 hour exams. But the administration won’t do anything, so there’s no point in asking.
Has fasting impacted on your studies at all? Is there anything admin could do to make your life a bit easier during this month?
Fasting makes it a bit harder. First of all, I like to sleep later and then I excuse my tiredness in the afternoon, which can get hard especially with dry mouth during presentations. If the admin could respect iftaar time to be free time for us to not have classes, [it might be better].
I would say that fasting impacted my studies because I felt less energized, particularly waking up for 8 a.m. classes and the lack of sleep waking up for suhoor, but I don’t think there’s much I can do. I feel more tired and less productive, but we’ll have to see what happens with the finals to tell for sure. I don’t feel impacted by my studies; it is more due to the fact that fasting doesn’t affect me in that way.
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My experience creating the campus garden OLIVIA JENKINS
COLUMNIST
ON BEHALF OF
ENVIRONNEMENTON
There is a new addition on campus this year, and no, I do not mean the foosball table the BDE graciously added to the Éspace Etudiant. Above the petit amphi, Environnmenton has set up a campus garden in order to grow fruits and vegetables for a more sustainable campus.
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The roots for the garden project go back to the fall, when Environnmenton Presidents, Edoardo Oldani, Eren Işiktaş and Angelina Gutierrez first discussed the idea with Campus Director Yasmina Touaibia. Both the club presidents and Director Touaibia were excited about bringing fresh food to students while utilizing the vast greenspace on campus. When I heard that Environnmenton was looking to start it’s own garden at a club meeting, I was very excited about the initiative and wanted to get involved. Like many others, I had looked for activities to fill my time during the spring confinement of 2020. I had returned to my home in North Carolina, USA in March, which is the start of the growing season for many plants. I had seen on Instagram that my local farmer’s market was selling tomato plants and herbs, and I thought it might be nice to start a garden in my backyard. I loved planting and maintaining my garden throughout the spring and summer. Although there were certainly a few bumps in the road like bugs and deer eating my plants, I found the experience to be incredibly rewarding. In addition to the enjoyment gardening can bring, growing your own food can also have nutritional, environmental, and mental health benefits. Just being outdoors and around greenspaces can bring mental health benefits. According to researchers A.L. McFarland, T.M. Waliczek and J.M. Zajicek, university students who used campus green spaces more frequently reported a higher quality of life compared to those who used green spaces less frequently.
involved so that everyone feels that they contributed to the garden in some sense. So far, we have planted an herb garden along with strawberries, tomatoes, peppers and more. We hope that by the end of the semester some of the plants will have fruited and that there will be some yield. However, gardening is always a bit of a trial and error, especially when setting up a new garden in a new space. Regardless of our planting success this year, we hope we have established an infrastructure for students to take advantage of next fall and in the coming years, further developing the project on their own and making Menton a healthier, greener and more sustainable campus.
Given the multiple benefits of having a garden on campus as well as my interest in gardening, I volunteered to help spearhead the project for Environnmenton. Working alongside the presidents of Environnmenton, we decided it would be best to start the garden in the spring semester in order to have enough time to gather all the materials needed. Lucky for us, we had the incredible support of both the Menton Administration and Sciences Po Environnement, making the project much easier to implement. With the help of José, Edoardo and I went to Nice in February to pick up the garden beds, soil, and plants. We have also been fortunate to have a team of student volunteers to water the plants everyday. Our goal is to have as many students
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Les élections présidentielles par la Fabrique Politique NOA CHASLES
CHRONIQUEUSE
SELMA SISBANE
RESPONSABLE COMMS.
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Du 12 au 1er Avril dernier, la Fabrique politique, association mentonnaise visant à promouvoir le débat démocratique sur le campus, organisait ses toutes premières élections présidentielles. L’objectif ? Élire un président à l’issue d’un processus de campagne rigoureux permettant aux prétendants de présenter leurs idées. Bien que l’ensemble des étudiants du campus puissent participer à l’événement, seuls 6 étudiants, tous des hommes, se sont présentés : Ivan Realli représentait ainsi le Front Populaire Socialiste, Lucien Ouvrard l’Union de la Gauche et des Ecologistes, Nour Aljowaily le Parti Islamo Gauchiste, Victor Wauters l’Alliance Royale pour le Retour de notre Légitime Souverain, Lounis Jahidi la République en marche et Albéric de Carrère l’Alliance Nationale. Certains programmes étaient à visée humoristique mais la majorité défendaient des engagements personnels de longue date. Chaque candidat a même réalisé un clip de campagne en exposant ses objectifs (tous disponibles sur le compte Instagram de LFP). Les élections ont véritablement commencé le 12 avril lors du premier débat rassemblant les candidats. Encadré par deux membres de l’association, il était également diffusé en direct sur Zoom afin de permettre au maximum de personnes d’y assister. L’organisation était simple : d’abord, une présentation rapide des prétendants à l’Elysée, suivie de questions reflétant les préoccupations des Français. Les thèmes abordés étaient donc particulièrement riches, du COVID à la laïcité en passant par l’égalité femmes-hommes et l’économie, mais les réponses aux questions devaient tenir sur un temps limité, conformément aux réels débats électoraux. Intense en réflexion, l’échange s’est terminé sur une rapide conclusion durant laquelle chaque candidat devait convaincre les membres du corps étudiant de voter pour lui en 30 secondes. A l’issue du débat, la Fabrique Politique a partagé à l’ensemble du campus un Google Form permettant de voter anonymement, dans une limite de temps de 24h. Avec respectivement 44,8% des voix et 18,9% des voix, les candidats l’Union de la Gauche et des Écologistes et du Parti Islamo-Gauchiste se sont qualifiés pour le second tour des élections. Avant le vote final, un second débat a été organisé et mené par Pierre Le Brigand, Président de La Fabrique Politique (LFP), et Issey Baravian, chargée du pôle Politiqueries à la LFP. Le but était de questionner les deux candidats sur leurs futures mesures en cas de victoire, ainsi que sur la posture de leurs partis respectifs sur certains enjeux stratégiques comme l’écologie, la place de la France dans le monde, la sécurité ou encore l’immigration. Le Parti islamo-gauchiste prônait une politique court-terme/ long-terme ayant pour but de parvenir à une France totalement « islamique et gauchiste ». Ses candidats reprochaient notamment à l’UGE de ne pas être assez « radicale » et rejettaient une modération politique qui ne leur permettrait pas d’atteindre les objectifs du parti à l’échelle mondiale. Ce dernier se disait également issu de la crise de la représentation en France et aspirait à représenter la majorité qui l’aura élu. Les grands changements portés par le PIG en termes de politique intérieure visait donc à répondre à cet objectif, notamment à travers la mise en place de trois nouveaux ministères, dont ceux de la Propagande et de la Conversion forcée. Une réforme du système éducatif a également été suggérée pour remplacer l’école laïque, qui mettrait en avant l’histoire chrétienne française par une école enseignant le multiculturalisme. L’aboutissement final serait d’instaurer une formation d’oulémas et l’étude du Coran de façon obligatoire. Dans le domaine de la sécurité, le PIG souhaitait renouveler l’institution policière et son mode de formation dans le cadre de débats dénonçant un racisme des policiers. La grande nouveauté exprimée était la création d’une police d’internet qui aurait eu pour mission de sélectionner les publications délivrées en ligne, pour extraire les discours considérés d’extrême droite au profit des idées islamiques ou d’extrême-gauche. En ce qui concerne la question écologique, le Parti islamo-gauchiste n’en a fait pas une priorité en raison de ce
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“L’organisation était simple
d’abord, une présentation l’Elysée, suivie de question tions des Français. Les thè particulièrement riches, du sant par l’égalité femmes-h les réponses aux questions limité, conformément aux ré
Intense en réflexion, l’écha rapide conclusion durant la vait convaincre les membres pour lui en 30 secondes.”
qu’il perçoit comme un désintérêt des Français dans ce domaine, dès lors que les réformes touchent à leur confort. Le parti n’a pas non plus privilégié les mesures économiques, bien que des projets de taxation comme celui de la djizia, traditionnellement collectés auprès des hommes adultes non-musulmans, aient été présentés. Les candidats du PIG défendaient cette absence de mesures à court terme par leur projet de nationalisation de toutes les institutions économiques sur le long terme, favorisant un contrôle de l’État qui permettrait une réduction des inégalités et une aide aux minorités. « Islamisme et gauchisme ne peuvent être séparés », a affirmé Nour Aljowaily.
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rapide des prétendants à ns reflétant les préoccupaèmes abordés étaient donc u COVID à la laïcité en pashommes et l’économie, mais devaient tenir sur un temps éels débats électoraux.
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En matière de politique internationale, le PIG semblait avant tout aspirer à exporter et étendre sa « révolution islamo-gauchiste » en Europe comme dans le reste du monde. Le parti a avoué se sentir dans une impasse ce qui concerne les relations entre la France et la Chine, car s’il dit partager l’orientation d’extrême gauche de la Chine communiste, la répression systémique à l’encontre de la communauté musulmane des Ouïghours au Xinjiang est opposée à sa doctrine islamique. Ses candidats ont d’ailleurs tenu à rappeler l’importance du respect des droits de l’homme sur le court-terme, pour faciliter l’installation de l’islam dans ce pays d’Asie où « le gauchisme ne suffit pas ». Le Parti islamo-gauchiste a par ailleurs déclaré que l’Union Européenne était trop faible et qu’il se voulait plus proche des États-Unis comme allié intellectuel, en raison de l’importance de la cancel culture et de la culture identitaire sur le territoire américain, jugées particulièrement utiles par le parti. Ce dernier a cependant pointé du doigt le système économique capitaliste de l’allié américain et a souligné son ambition de mettre en place un État au croisement de l’URSS et de l’Arabie saoudite. Enfin, pour ce qui est de la politique migratoire, Nour Aljowaily préconisait le respect des droits des migrants, et notamment du droit d’asile, ainsi qu’une indulgence du personnel policier aux frontières. Cette mesure s’accompagnait d’une augmentation de la part de la population immigrée en France pour atteindre en finalité un « Grand Remplacement ». Son concurrent, Lucien Ouvrard, n’a pas manqué de rappeler l’origine de ce terme apparu dans les discours d’extrême-droite pour dénoncer un « remplacement » de la population européenne par une population issue de l’immigration, non-européenne et non-blanche. Le PIG l’envisage cependant comme une fin désirable permettant une islamisation de la France. Qu’en est-il du second candidat, Lucien Ouvrard ? Celui-ci a affirmé sa détermination à vouloir convaincre l’électorat et a soutenu, à cet égard, les mesures voulues par l’UGE à l’aide d’une multitude de données empiriques. Le parti voulait orienter sa politique de début de mandat autour de trois axes principaux : la lutte contre la précarité par la mise en place d’un revenu universel d’existence pour tous les Français majeurs, la lutte écologique par l’instauration d’un Fond d’investissement pour l’écologie qui permettrait l’installation d’infrastructures, et enfin la lutte contre les inégalités des chances par le renouvellement des cartes scolaires qui ne faciliteraient pas une application réelle du principe de méritocratie aujourd’hui. Afin de porter ces projets, l’UGE n’excluait pas un gouvernement de coalition qui permettrait aux idées de la gauche de s’exprimer, et notamment avec le Front Populaire Socialiste (FPS) représenté par Ivan Reali au premier tour des élections. Lucien Ouvrard a par ailleurs précisé durant le débat sa volonté de mettre en place un gouvernement d’abord choisi pour ses compétences et respectant le principe de parité comme valeur forte et non pas comme obstacle, afin que les « femmes puissent accéder aux postes qu’elles méritent ». L’UGE souhaitait également replacer le vote de l’électeur au cœur des élections par l’établissement de scrutins proportionnels. À l’échelle nationale, le parti revoyait la physiologie des assemblées en proposant un Parlement plus représentatif et l’abrogation du Conseil économique, social et environnemental (CESE) au profit d’une troisième chambre. Celle-
ci incarnerait la nation de façon permanente et pourrait être consultée en cas de conflit entre les électeurs et une institution étatique, pour la validation de certains projets ou encore dans le cadre de questionnements sociaux. Concernant sa politique écologique, l’UGE a déclaré soutenir la gratuité des transports publics dans la majorité des agglomérations françaises, notamment par le biais d’ investissements massifs dans les transports en commun, par exemple en Outre-mer où certains territoires restent très enclavés. Le parti aspire également à réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de l’État par l’aménagement de plus de pistes cyclables. La place du nucléaire comme source majeure d’énergie en France a également été discutée. Si Lucien Ouvrard rappelle que cet outil énergétique affecte davantage la santé que l’environnement, il n’a pas oublié de mentionner le caractère non renouvelable de l’uranium qui permet sa production. Le candidat a affirmé envisager de quitter le nucléaire et l’ensemble des sources d’énergies non renouvelables de façon progressive, tout en saluant le travail des chercheurs qui ont œuvré à cette innovation. Enfin, le parti souhaitait interdire les pesticides nocifs pour la santé humaine tout en garantissant une rente viable aux agriculteurs. Une des mesures proposées défend l’harmonisation du label Bio au niveau européen afin de mettre un terme à la concurrence déloyale à l’encontre du label français AB. Au sujet de l’économie, un renforcement du contrôle des impôts a été suggéré afin de réduire la fraude fiscale qui participe à l’accroissement de la dette publique. Cependant, puisque celle-ci est détenue par la Banque Centrale européenne, en mesure de supprimer la dette en cas de grandes difficultés de paiement, l’UGE n’en fait pas sa priorité. D’autre part, le parti a répondu de façon claire au débat public autour des violences policières. Lucien Ouvrard a notamment rappelé que si « Les violences policières existent » et qu’« il ne faut pas les nier comme l’a fait Monsieur Macron », il ne faudrait pas catégoriser l’ensemble de l’institution policière qui est, pour le candidat de l’UGE, un corps républicain constituant un service public à ne pas présenter comme illégitime. Lucien Ouvrard a donc proposé différentes réformes, comme la mise en place d’une instance administrative dans la police, formée de façon spécifique, le contrôle psychologique des officiers de police avant leur recrutement, ou encore la légalisation du cannabis. Cette dernière mesure permettrait un gain de temps considérable pour les policiers, puisque d’autres acteurs en prendraient la responsabilité. En matière de politique internationale, l’UGE prônait une prise d’indépendance de la France vis-à-vis de ses alliés, afin de maintenir un cadre pacifié tout en restant assez autonome. Lucien Ouvrard a précisé, sur le sujet de la position de Joe Biden face au cas des Ouïghours en Chine, que l’enjeu n’est pas d’agir systématiquement par jeu d’alliance aux politiques du Président américain. Cependant, le candidat a appelé à agir par la mise en place de clauses en matière de droits humains et par la réforme d’accords économiques pour réduire un financement facilité de crimes de guerre et des génocides. L’UGE souhaite par ailleurs voir évoluer l’Union européenne vers une politique à deux vitesses qui permettrait aux États d’Europe de l’Ouest de faire avancer les mesures refusées par certains États-membres des pays de l’Est. Le parti perçoit en effet l’Union comme un outil fédérateur qui doit, cependant, savoir servir de troisième voix, au sein de la rhétorique des deux blocs, portée par les États-Unis, tout en restant indépendante de l’OTAN. Par cette prise d’autonomie au rang européen, le parti souhaite engager des mesures à l’encontre des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) par l’instauration d’une taxe imposée par l’UE afin de compenser la faible taxation de ces grandes firmes au sein de certains États-membres. Cette sanction s’inscrirait dans une politique plus large qui inclurait également une application effective de la loi
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sur les plateformes numériques, qui y permettrait une réduction des comportements portant atteinte à autrui. Enfin, la politique migratoire de l’UGE consiste en la conservation et l’application du droit d’asile de façon stricte, en excluant le principe de quotas en faveur d’une aide aux réfugiés en besoin grave. Au niveau européen, le parti soutient l’harmonisation de ce droit et de la répartition du nombre de migrants par pays. Lucien Ouvrard appelle à « plus d’humanité ». À l’issue de ce débat riche en échanges, 137 étudiants ont voté, portant Lucien Ouvrard et l’UGE à la présidence du campus avec un total de 65 % des suffrages exprimés hors votes blancs, et 55 % votes blancs compris. Les résultats ont été une nouvelle fois rendus publics sur le compte Instagram de LFP, par la publication d’une vidéo très formelle avec un petit bonus final : le discours de remerciement du nouveau président. Ce titre est évidemment seulement honorifique mais la réussite de cet événement devrait conduire à l’organisation d’un nouveau scrutin dès l’année prochaine.
INTERVIEW AVEC LUCIEN OUVRARD : Pour quelles raisons as-tu décidé de candidater ? Notre association (l’UGE) a pour but de promouvoir les valeurs et idées de la gauche et de l’écologisme et cette élection représentait l’occasion idéale de les défendre. J’ai toujours été intéressé par la politique et ses différents enjeux et ça semblait cohérent que je candidate. J’ai été le seul à me présenter au sein de l’association et le reste des membres a accepté de me donner l’investiture du parti. Comment as-tu préparé le débat ? Je ne l’ai pas préparé seul mais avec l’ensemble de l’association. Ce travail s’est déroulé en plusieurs temps : dans un premier temps, nous nous sommes concentrés sur le développement d’idées sur un doc, notamment concernant les orientations générales de notre mouvement lors de cette campagne, dans le cadre d’un programme assez détaillé. Ensuite, nous avons organisé plusieurs réunions, certaines en présentiel mais la majorité en Zoom. Elles visaient à établir un débat réel sur notre avancée, à clarifier les thèmes que nous allions aborder ou encore à quantifier en matière de budget et de quantités. As-tu pour projet de t’engager en politique par la suite ? Oui parfaitement, c’est un peu l’idée. Je suis venu à Sciences Po parce que rentrer en politique constituerait la finalité de mon objectif de travailler dans les Affaires publiques. Je considère en effet que, au fond, ceux qui contrôlent la chose publique, ce sont les politiques, en tout cas en France et plus globalement en démocratie. Je pense que c’est important et je trouve ça extrêmement intéressant de défendre des idées de manière générale. Ça amène à plein de choses, que ce soit à la construction d’un raisonnement ou à la confrontation avec d’autres modes de pensée. Ce dernier élément est particulièrement important, que ce soit en science ou de manière générale en politique puisque cela permet d’avoir une idée beaucoup plus évoluée et beaucoup plus cohérente. Ca ne signifie pas que l’on possède une vérité pure évidemment mais c’est à mon sens plus instructif que de se réduire à un point de vue unique : c’est d’ailleurs ce qui rend le débat essentiel à la vie démocratique et à la pensée. Mon engagement est également motivé en partie par la nécessité d’un renouvellement de la vie politique parce que je pense qu’actuellement elle est un peu à bout de souffle et qu’il faudrait faire en sorte qu’il y ait de nouvelles têtes plus jeunes sur la scène politique française, potentiellement nous, dans l’objectif que la population reprenne espoir dans la chose publique et dans la démocratie.
The Greece-Turkey borde A Reflection on the past fi A look back at the SPRH conference BIANCA BARTOLINI
GUEST COLUMNIST
ORIANNA MERER
GUEST COLUMNIST
Nadera Aboud is the name of a Syrian woman who died crossing the border into Greece. She was following her children, whom she had just witnessed being shot by local authorities as they finally heaved themselves out of the Evros river onto the Greek shore: Europe. This story gives voice to many migrants, but it is just one among that of 120,000 asylum seekers and refugees in Greece. In fact, the violence they escape usually does not cease upon arrival to Europe. Generally hailing from Afghanistan, Syria, Iraq, Somalia, or Congo, migrants face a standardized procedure for asylum with a 45% success rate in Greece. This so-called “fast track” starts with a vulnerability assessment (minor, tortured, rape victim) and triage by a governmental medical agency, before administrative procedures with the Frontex police. NGOs provide legal support, but they are dramatically understaffed. Essentially, migrants face significant administrative delays, waiting in sordid living conditions in overpopulated camps called “hotspots.” In the camps, poverty is exacerbated by corruption, sexual exploitation, and crime, but a decision to clandestinely leave would dramatically delay refugees’ asylum application in the next country, due to the Dublin III Regulations. The locals have shown inspiring solidarity and humanitarian assistance but the unsustainability of the situation has led to increasing xenophobia and tension. What’s more, COVID-19 has worsened the dire reality of migrants with a lockdown and limited access to basic services.
On March 30th, in order to gain insight into the legal dimension of the crisis, we had the opportunity to discuss the Greek migration matter with Domitille Nicolet and Adriana Tidona. Nicolet is a Human Rights Lawyer who has worked in administrative detention centers to provide free legal aid. In 2017, she moved her focus to Greece and today she is Project Development Officer of Equal Legal Aid in Thessaloniki. Tidona, a Migration Researcher at Amnesty International, is specialized in the human rights consequences of the EU-Turkey deal. These are the points to take home.
er: A Migration Crisis? five years (2015-2020)
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1. What does “right to asylum” mean cant concentration of migrants. They were legally defined and planned in the deal with Turkey, which outlined five in and what is its legitimacy? Under the Geneva Convention of 1951, a refugee is defined thus: a migrant with a “well-founded fear of being persecuted for reasons of race, religion, nationality, membership of a particular social group or political opinion, [who] is outside the country of his nationality and is unable or unwilling to avail himself of the protection of that country” (Article 1). Most evidently, the issue in this definition lies in the term “well-founded,” giving significant leeway for countries to determine who deserves asylum. In all cases, however, the signatories of this Convention are obligated to provide the possibility of application to asylum. In Europe, humanitarian lawyers turn to the European Court of Human Rights to denounce abuses of the rights and freedoms outlined in the Convention.
2. On a European scale, what is the Dublin Procedure? Within Europe, asylum-seeking migrants are submitted to the Dublin III Regulation. This procedure mostly aims to prevent applicants from applying to multiple European Member States at once. Essentially, it stipulates that the country in which an asylum seeker first submits an application is responsible for the whole process and this seeker may not restart the process in another country.
Greece: Lesbos, Samos, Kios, Leros and Kos. Hotspots were originally conceived as open camps, centers for migrants to rest and eat upon arrival in Greece and while waiting to be directed to their administrative procedure. In practice, they are “open-air prisons,” closed-off, with poor sanitary conditions, where asylum-seekers are detained for months or even years.
5. What is push-back? “Push-back” encompasses state measures by which migrants are forced back over a border, without any opportunity to seek asylum. In many cases, this process is met with psychological and physical abuse, materialized through tear-gas, physical violence (punches, kicks), and unjustified detainment, accompanied by degrading treatment and refused access to the asylum procedure. “It represents a bundle of violations,” explains Tidona. Most significantly, Article 33 of the Convention prohibits the expulsion or “refoulement” under any circumstance “where his life or freedom would be threatened.” Greece officially denies this illegal practice, but since November 2020, the body of the Council of Europe established the credibility of the existence of pushbacks in Evros. Still, Europe praised Greece for being the shield of Europe.
6. Are there any new European laws affecting the situation?
3. What were the terms of the EU-Turkey deal? There are no new laws, although there has been an The EU-Turkey deal aims to curb the entry of migrants in the EU by returning to Turkey asylum-seekers irregularly arriving in Greece. In exchange, the EU provides funding to the Turkish government. Although the EU claims that this financial support gives asylum seekers access to healthcare and education, this is generally not the case. The impact of the deal was massive: arrivals to the EU were significantly reduced and Turkey is, as of today, the country that hosts the most refugees in the world. This deal has established a dynamic of instrumentalization of migrants for the interdependent geopolitical interests of Turkey and the EU. Tension culminated in the spring of 2020 when Turkey unilaterally declared its borders with Greece open.
4. What are hotspots and how are they implemented? Essentially, hotspots are areas characterized by a signifi-
attempt to reform them, in vain. The New Pact on Migration, adopted by the EU in November 2020, introduces the screening regulation, which should be a pre-entry phase, filtering people through either the asylum procedure or the re-enter procedure. This would avoid people being stuck in the screening phase. The screening process will be conducted in detention centers, where there is low access to lawyers, however it should introduce a monitoring system on the violation of human rights. The Greek government has also signed with the EU a memorandum of understanding according to which the EU commission will co-manage the Moira camp. A new introduction in the Greek law has established that the access to camps will also be monitored and controlled. The concern is that this will be used as a label for a form of detention on a wider scale.
7. What could be an alternative to the Dublin Procedure? “We have to stop the hotspots,” Nicolet said. The fire that erupted in the Moira camp is a clear demonstration that there has to be more solidarity between European states. Most people from Africa arrive as regular migrants in Turkey with VISAs and there are many tools that could be implemented by politicians to facilitate immigration into the EU. For example, Adriana Tidona considers “community sponsorship; label-migration; more places for re-settlement….” She concludes that “the tools are definitely there, this is an issue of political willingness.”
8. To what extent is political censure affecting NGO work? In recent years there has been a criminalization of solidarity to refugees, a phenomenon observed in Italy as well. The prospect of prosecution now represents a real threat and disincentive to volunteers. New rules have also made it harder for NGOs to operate. There is also an issue of criminalization of asy-
lum-seekers themselves: “There is a lack of discussion about it in Greece which is really concerning” added Nicolet. The Covid-19 pandemic worsened an already-dramatic situation in Greece, which urged further action to improve the situation at the Greek-Turkish border. However, one must not look too far to see many of the same issues: close to our Menton campus, in Ventimiglia, hundreds of migrants sleep on the street. With the closure of the camp led by the Italian Red Cross in July 2020, refugees and asylum-seekers rely on the help of local associations for food. Dozens of migrants are pushed back every day, and the sanitary facilities, the admission to health care, and legal aid to start the asylum procedures, are no longer accessible services. Women are also exposed to the risk of sex-trafficking, hundreds of them integrated into prostitution networks in Marseille. Now more than ever, it is essential to engage in the reality nearby, providing humanitarian assistance to refugees and asylum seekers in Ventimiglia and at the French-Italian border: the priority of the SciencesPo Refugee Help team.
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Doctors Recommend Boot-shaped Enema to the “SUEZ (C)ANAL JAM” ; Sen. Graham offers to do it himself. MADELINE WYATT
COLUMNIST
art & satire
In a blockage reminiscent of the build-up to a coffee-andTaco-Bell-induced Defcon 5-level blowout, the rectum of global capitalism is racing for the toilets as neolibs fret over a global supply chain meltdown—entrails running down the backs of legs like Yohann Diniz’s bloody 50km olympic speed-walking performance. When asked for solutions to this debilitating disease, doctors in the American College of Gastroenterology recommend bending the patient over at the waist before inserting a clean-licked boot-shaped enema up the rectum. In order to sterilize for future use, the boot must be licked clean by only the purest neoliberal saliva. Patients with Suez (C)anal Jam are sexually fragile so it is essential to remain completely silent in order to avoid perceived homosexual intentions if it is male-doctor-on-malepatient. If the patient is named Greg it is recommended to sedate him; Gregs additionally suffer from G.I. Joe hallucinations and may be armed with a weapon they are incompetent to use. Doctors advise saying “All Lives Matter” three times in a row in order to relax the (C)anal muscles in the patient.
Up on Capitol Hill, Senator Lindsey Graham (R-SC) commented on the situation stating, “back in my day, all you needed was a knuckle and a thumb and it was as good as new.” When asked to clarify what he meant, Graham amended his comment to specify that he was in fact referring to [daddy] capitalism. Senator Bernie Sanders (I-VT) commented, “Yeah, I’ve got a solution: let them pay. No health insurance? Too bad. You should’ve signed up for my Medicare for All. It’s about time capitalists take it up the keister like the millions of American workers do everyday.” In the event that the aforementioned remedies are unsuccessful, organ failure is imminent. But don’t fret, doctors will transplant new organs to ensure the patients’ survival. But alas, capitalism will go on, colon hanging out and all, because the left is reliably too busy gatekeeping tankies and champagne socialists to notice the monster limping down the hall, ready to bankrupt more cancer patients. ■
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AUDREY KOST
COLUMNIST
OLIVIA JENKINS
COLUMNIST
She once took a fish shoe for free
Until Soundproof said: The shoe is sacred
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a limerick. And banned from parties she’d be.
MERIEM SMIDA
CHRONIQUEUSE
une série de dessins.
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SOFA Just this month (April), a wave of outrage erupted from Istanbul, rolled southwards through the Aegean, westwards through the Mediterranean, northwards through the Tyrrhenian Sea before crashing onto the shores of Rome. The Turkish President Erdogan—rightfully—accused Italian Prime Minister Mario Draghi of acting with “impertinence and disrespect” after the latter had mislabelled him a “dictator!” As is well known, the current Turkish ruler bears the title of “Sultan”—a title president Erdogan has worked very hard in the last years to live up to: he led Turkey to score a
that went almost unnoticed—in fact, it was the one that had triggered the “dictator” incident and was called “sofagate.” What had happened?
jectivity, a complete picture of Juncker’s handling of protocol should be given:
he is the
During an official state visit to Istanbul of the President of the European Council, Charles Michel, and the President of the European Commission, Ursula von der Leyen, only two chairs were prepared in the room in which they were received by president Erdogan and his foreign minister Mevlut Cavusoglu. Michel immediately took the seat offered to him by Erdogan while Von der Leyen stood mumbling “uhm…,” seemingly surprised and annoyed by the missing chair, and took a seat on a nearby sofa with Cavusoglu.
respectable 32/100 in the 2020 FreeAfter another wave of public outrage (this dom House Ranking time in the E.U., not in Turkey) over Von and to reach the
der Leyen’s allegedly disrespectful treat-
of the NGO “Reporters without Borders.” According to another NGO, the “Committee to Protect Journalists”, Turkey under his sultanship has also claimed the title of the world’s second worst jailor of journalists right behind China, and Erdogan’s prosecutors have just this March moved to ban the HDP, the pro-Kurdish, third largest and main opposition party of the Turkish parliament.
protocol is a very complicated system of hierarchy and manners. A very formalist interpretation of it places the President of the European Council, Michel, above the President of the European Commission, Von der Leyen—similar to a distinction between the head of state and the head of government. Jean Claude Juncker, Von der Leyen’s predecessor as president of the European Commission, explained that he had also been treated as “No. 2” during his time in office, and had to sit on a sofa (notably, he did get an equal seat when visiting Erdogan together with Donald Tusk, the predecessor of Michel). However, for the sake of fairness and ob-
admirable 154th spot of ment, both Michel and the Turkish gov180 on the 2020 World ernment later defended themselves by Press Freedom Index referring to the E.U. protocol. Now, the
Thus, it is evident what grave “disrespect” prime minister Draghi showed when calling Erdogan, the world’s most successful sultan, a simple “dictator.” Yet, there was another incident this month
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same guy who publicly slapped Viktor Orbán,
Hungary’s Prime Minister, in the face after publicly calling him a dictator, and
GATE
PHILIPP FRANK
COLUMNIST
he is also the same guy who gave out unsolicited kisses – including on Charles
Michel’s bald head. The sharp distinction between Council President and Commission President is in fact controversial within the E.U. itself and the Commission has, after reaffirming that Von der Leyen should have been given an equal
seat, announced plans to find a new modus vivendi with the European Council so that incidents like this will not repeat themselves. Several questions have been arising in the last weeks to both the Turkish president and Charles Michel over their respect for manners and women. As far as the former is concerned, it was quickly pointed out that if Turkey had actually interpreted the protocol in formalist fashion as it claimed to have done, it probably should have respected the clear hierarchical distinction between the President of the European Commission and the Turkish Foreign Minister—who shared the exact same seating arrangement on that day. Apart from that single incident, critical voices have even started arguing that Erdogan generally treats women in a way that will not make it easier for him to cement himself a place in history as an advocate for women’s rights: In the past, he called gender equality “against nature” and has withdrawn from the Istanbul Convention, a treaty aiming to combat domestic violence against women. Moreover, as it later turned out after “sofagate,” Von der Leyen was generally not supposed to have an equal seat not only in the reception room, but also later in the dining room (which the E.U. delegation was able to change in advance), and she was not supposed to be a part of the official photo (which Michel was able to change just in time). Despite feverish expectations from many, “sofagate” has pushed the day that Erdogan declares himself an intersectional
feminist further into the future. As far as Michel is concerned, he did not face allegations of being a dictator, but some members of the E.U. Parliament called for him to resign (unlike the Sultan who did not face resignation calls). In fairness, Michel admitted feeling bad for the incident, not being able to sleep after it, and said he was determined to prevent it from happening again—which, as an excuse, does not seem really satisfying.
That said, we need to remember that the realm of politics has always been full of people pulling off breathtakingly bad excuses.
Unforgotten remain, for example, former Italian Prime Minister Silvio Berlusconi’s comments on allegations of child prostitution of a 17-year-old Moroccan woman (from which he was eventually found not guilty): “It’s better to like beautiful girls than to be gay.” Nevertheless, it is clear that “sofagate” has shown the world that a lot of work remains to be done in the field of gender equality and protocol transparency. What do we recommend for next time? Charles Michel, show support for women in a country in which they need support, and offer your seat to the woman who is—despite whatever protocol—constitutionally equal to you (and de facto more powerful than you)! And president
Erdogan, learn to count to three! ■
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Levons-nous contre la contre-révolution J’écris aujourd’hui à l’adresse de tous les parias angoissés de ce siècle. Jour après jour, ils nous déclarent la guerre, sans rémission. Jour après jour, la petite musique de l’oppression gagne en intensité. Ils jouent avec nos peurs, les alimentent et prospèrent dessus. La peur tire en somme toutes les ficelles. La peur pour restaurer l’ordre et la peur pour soutenir l’ordre. Tout est dilué ; l’infrastructure nous étreint et la superstructure, parfait duplicata, nous soumet. Mais qui sont-ils ? Peut-on les désigner distinctement ? Devons-nous seulement en prendre la peine ? Est-il judicieux de gaspiller du temps et de l’énergie, dont nous commençons à manquer cruellement, pour une cause dénuée de noblesse ? Ils, ce sont tous ceux qui jurent à tout bout de champ sur le réel sans le connaître. Ils, ce sont tous ceux qui manient la langue pour nous faire taire. Ils, ce sont tous ceux qui domestiquent l’espace pour mieux contenir les retours de flammes. Ils, se sont tous ceux qui se sont arrogés le droit d’aliéner nos existences à leur préceptes.
démasqués. Plus le temps passe, plus se dévoilent leurs intentions. Bien sûr, tout cela était prévisible. D’aucun l’avait pressenti. Mais d’aucun n’a su l’empêcher. Quand la machine se met en branle, elle ne s’arrête pas. Tout au plus, elle s’emballe. Et c’est précisément cette phase d’emballement, d’accélération échevelée, que nous traversons. Ils ont toujours dicté le pas. Se sachant sur le point de céder, ils serrent la vis et, forcément, secousse s’ensuit. Cela violente les corps, stigmate et tue mais peu importe. Pour continuer à tourner, la machine infernale fait peau neuve. Ils sucent les derniers battements du vivant et saturent les ondes. Ils inondent nos coeurs d’un grand bain de sang.
Cela ne peut que nous saisir La terreur douce, qui s’ébruite, il est d’effroi. Et vous vrai, mais qui, tel un claquement Nous en payons le plus voyez que la peur dans l’histoire, s’institue. lourd tribut, pour la m'agrippe égalesimple et bonne raison ment le cou. J’inque nous dérangeons (ou démangeons ?). siste sur ce phénomène de peur, levier ultime de la servitude. Nous n’avons nullement notre place parmi ceux qui désirent Peu à peu, elle resserre son étau, devient de plus en plus per- l’indésirable. Nous incarnons la variable d’ajustement. Ils ceptible et croît, de fait. La camisole défigure ce qui n’avait ajustent par la terreur. La terreur douce, qui s’ébruite, il est déjà plus rien d’humain, les chaînes lacèrent les chairs et la vrai, mais qui, tel un claquement dans l’histoire, s’institue. cage se referme. Le renoncement n’a jamais été aussi proche. Ce genre de peur qui vous poursuit comme votre ombre, qui Pour mieux vous en convaincre, tendez l’oreille ou plissez les vous persécute et qui se dote, de fait, d’une insidieuse capacyeux. Leurs mots, leurs choix, leurs mimiques, leurs silenc- ité de détournement : vous êtes habité.e par elle, mais vous es : tous participent, de près ou de loin, à planter ce décor l’habitez aussi, à l’aune d’un tout monstrueux. de terreur. Et ils peinent même à dissimuler leurs joies, sous des airs de réussites économiques et de poignées de main Aux ils, il convient d’opposer un nous. Nous, les citoyen. officielles censées sauver l’humanité. Désormais, ils sont ne.s quand ça les arrangent ; les camé.e.s, les détraqué.e.s, les
e n qui vient
apeuré.e.s, les victimes systémiques, les souffle-courts, les poches-vides, les abattu.e.s, les ordinaires, le reste du temps. Nous, qui pâtissons de leurs politiques délétères. Eux, qui battent la mesure, imposent et punissent, sans jamais subir. Ainsi le résumait l’écrivain Edouard Louis, au micro de l’émission Boomerang, sur France Inter, jeudi dernier : “On vit dans un monde fou où ceux qui font la politique ne sont pas touchés par la politique : les décisions qu'ils prennent sur les allocations sociales, sur les retraites, sur les salaires, n'ont pas d'impact sur leur propre vie”. Ceux-là, ce sont ceux qui ne créent rien ni n’en perdent une miette mais qui transforment à tour de bras pour mieux nous
JOSEPH SIRAUDEAU
CHRONIQUEUR
enterrer. Pas sous terre, non. Ils nous inhument sous le caniar, au vu et au su de ce monde devenu étranger - qui n’a jamais cessé de l’être -, qui nous glisse entre les doigts. C’est bien, tout compte fait. C’est calculé, finement, méthodiquement, diaboliquement. C’est dans la continuité. La continuité d’un univers parallèle, juché sur on-ne-sait-quoi de réel - oui, le réel joue, ici, un rôle crucial -, depuis lequel tout découle. Tout n’y prend pas vie, non. Ils dévorent la vie. Ils la bouffent. La seule différence, c’est qu’ils surplombent leur basse création, tandis que nous sommes condamné.e.s à y mourir. Opposer un nous, un nous totalisant, engloutissant, serait
d’une part servir leur dessein et d’autre part se méprendre clinons les silences silencieux. Quels sont nos défauts ? A la complètement. Les servir, car nous refusons la rhétorique suite, seulement, de cette ébauche, nous pourrons prétendre de la peur. Faire fausse route, car le nous est avant tout mar- à nous organiser. Organiser, dans le sens de se structurer, de queur de pluralité et non d’unité. Ce monde qu’ils érigent mettre en commun, de faire corps. est par essence déséquilibré. Sinon, comment tiendrait-il ? La tension, la division, L’étape d’après consiste la multi-polarisation, la Ainsi le résumait l’écrivain Edouard Louis, au dans l’apprentissage du corde raide, le porte-à- micro de l’émission Boomerang, sur France conflit. Ou plutôt, dans faux, sont ses uniques de la contre-offenInter, jeudi dernier : “On vit dans un monde celui fondements. Alors, si sive. Nous le voyons, nous nous ne voulons pas fou où ceux qui font la politique ne sont pas sommes acculés et vidés sombrer une nouvelle touchés par la politique : les décisions qu'ils de nos dernières forces. fois dans leur logique prennent sur les allocations sociales, sur les Ils tentent, de plus en plus faustienne des choses retraites, sur les salaires, n'ont pas d'impact distinctement, de museler vivantes, prenons son le moindre espace de nos sur leur propre vie”. contre-pied. Interroexistences ; ces espaces geons cette protéiforoù l’entraide, le lien et la mité et approprions-nous la. Pourquoi le pauvre, l’immigré, simplicité formaient des lieux communs. Autant de commule cassé social ou l’autochtone, s’aligneront-ils en premier nisme qu’ils redoutent par-dessus tout. Cela contreviendrait devant le peloton d’exécution ? Procédons à l’introspection. à leur ordre désordonné, qu’ils décrivent comme seul équiliComment mieux communiquer, se réunir et inclure ? Dé- bre ontologique imaginable.
De la nécessité de la déconstruction, donc. Et de la destruction, par ailleurs. Ultima ratio regum, clameront les plus fervents. A ceux-là, je répondrai qu’ils n’ont ni tort, ni raison. Le fait de contre-attaquer perdrait de son allure belliqueuse - et admettons que, chez nous, elle a de quoi séduire -, légitimement perçue comme allant de soi quand il s’agit de repousser l’ennemi. Et légitime, de fait, car nulle méthode n’est à proscrire au moment de l’affrontement. Si, en face de nous, se dresse Goliath, nous autres, David, même à mains nues, devrons nous battre.
coller à la peau, en nous censurons, entre autres choses. Mais comment bâillonner l’étranger ? Là réside l’une de nos forces méconnue : nous savons des choses qu’ils ne connaissent pas. Qu’ils ne peuvent connaître. Nos retrouvailles, ici et ailleurs, parviendront à triompher de l'innommable. Je me lève, chaque jour, avec la boule au ventre. Je m’enquiert de l’état de mes camarades. Quand est-ce que l’un d’eux cessera de montrer signe de vie ? Cette torpeur, vous la sentez, vous aussi. Je réfléchis, chaque heure, avec l’incertitude au cœur. J’imprime et me projettes. Comment résister, maintenant et demain ? La lutte s’expose encore mais tend à la dissolution. A nouveau, cela s’inscrit dans leur stratégie, soit celle de la mise sous cloche de tous les contradicteur.euse.s malheureux.euses.
Mais un organisme est pourvu, par définition, de diverses fonctions. La concertation relie les différents canaux et nous unifie, dans un second temps ; les uns au front, les autres sous terre. La clandestinité, par un travail de sape, éreinte l’adversaire. Ainsi, dans une logique à fronts multiples et à l’usure, l’ennemi se fragilisera. Mais ne Lorsque j’aspire à d’autres réalités, sombrera pas. on me qualifie mesquinement d’uto-
Je pense, à chaque instant, aux échappatoires. Ils sont partout, en réalité. Mais piste. A l’inverse, lorsque j’étale leur guerre est également une guerre du désapprentissage, de l’expurgation et du mes inquiétudes, on me raille désenchantement qui nous confine, de et me méprise. Pessimiste, va. fait, à nous mouvoir dans leur réalité. Ensemble, seulement, en cultivant le partage, le savoir, le rire et la solidarité, nous Cette résilience - au secret serons en mesure de la contrecarrer et d’ériger un nouvel bien gardé - ne doit pas imaginaire. nous effrayer. Au contraire, elle doit faire s’exprimer A la rage qui me broie, j’ai troqué la lucidité. Je commence à notre créativité insurrec- peine à sortir de l’ornière, sans trop savoir où je vais, où nous tionnelle. Si la friction fait allons, collectivement - mais sans eux. Pourtant, cela n’a rien partie intégrante du conflit, d’une chose facile. Lorsque j’aspire à d’autres réalités, on me le détachement constitue qualifie mesquinement d’utopiste. A l’inverse, lorsque j’étale un de ses aspects oublié. mes inquiétudes, on me raille et me méprise. Pessimiste, va. Loin de ses bases, bien qu’omniprésentes, retrou- Cette clairvoyance, la voici brossée à grands traits : guérilla, vons-nous et oublions-les. insurrection, contre-contre-révolution, soulèvement, révolte Certes, ils se débrouille- sociale, appelez cela comme vous le souhaitez. Nous ne seront pour toujours nous rons plus sages. Je ne parle pas de cette sagesse impure, qu’ils cherchent par tous les moyDe la nécessité de la déconstruc- ens à nous affubler. Gardez simplement à l’esprit qu’une tion, donc. Et de la destruction, par génération de feu prend vie ailleurs. (...) Si, en face de nous, se dans un monde qui crame. Et dresse Goliath, nous autres, David, qu’elle ne tardera pas à débormême à mains nues, devrons nous der, de toutes parts.
battre.
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What we owe to each other They say we are one, when we are not together They say we share love, when we are far away They say we protect each other, wherever we stay You are the unknown, yet you smell like home You are a face amongst others, but one that looks like mine When I listen to you talk for a while I can hear my voice in your tone You are a window to a place That only exists in my memories And when I gaze at your face You breathe life into dreams There, they tell me you are a stranger And everywhere I go, they yell « danger! » They tell me you could hurt me. Here, they tell me you are a brother And that you are no longer « the other » They tell me I should trust you blindly. Why are you this mirror Stained with nostalgia and reminiscence ? Why do you suddenly trigger Recollections that come fill the absence ? Is it difference ? No, we cherish it. Is it fear ? No, it goes beyond coping. It is longing, This burning desire A consuming fire For a place we call “home.”
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MERIEM SMIDA
COLUMNIST
MENTON DÉ U N U
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Menton is Sunny... 50
Som
MARYAM ALWAN
COLUMNIST
Are you even a Menton student if you haven’t posted a sunrise/sunset story with a caption along the lines of, “This view makes 8am/8pm French/Math worth it”? Indeed, living in a fairytale seaside town makes it tempting to constantly show off our picturesque surroundings; the very nature of social media is to flex what you have, and for us, a mere snapshot out our windows is a flex. While every Instagram user struggles to reconcile highlight reels with reality, the battle is only amplified in our paradise nestled between the Alps and the Mediterranean---both for alienated students on campus and those stuck daydreaming at home.
metimes
Social media played a larger role in my own decision to come to SciencesPo than I’d like to admit---a 2A’s TikTok on my For You Page was my “sign” to commit, and when I was debating starting the year online in September, the influx of 1A posts convinced me to book a plane ticket a few days in advance. In the end, it was one of the best choices I ever made, but that did not spare me the disillusionment of the first few months. The orange-infused architecture, winding cobblestone streets, and cerulean water were all
real, but there was more to the picture than met the eye. Captions proclaiming a “typical day in Menton” excluded the hours spent at the prefecture or dozing off in excruciatingly long lectures; despite the magical setting, life still had the same highs and lows as anywhere else. Of course, profiles are designed to display only the best moments no matter where you are in the world---but the frequency and jealousy-inducing tone with which people post is heightened in Menton. By virtue of our luck to be in such a unique and beautiful place, it is all too easy for all of us to fall into the trap of sounding smug when posting. In fact, halfway through the year, I went through my own story highlights and deleted cringy photos bragging about how cool it was to study in the South of France. So how do we balance between sharing special experiences and skewing reality? Is there a way to express awe and gratitude without boasting? I interviewed two students---one on campus and one at home---to find out their thoughts on the matter.
PHOTO BY MANON BLOSSIER
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Nicholas Flood Nicholas Flood is a first-year student who was driven to delete social media in October. For Nick, the disenchantment with Instagram and its ilk ran deep---“I couldn’t remember the last time I went on Instagram and felt good about myself... you’re addicted to it, but it feels bad.” The constant self-comparison only worsened upon arriving at SciencesPo, as he watched people go on weekly trips and began to feel as if he wasn’t making the most of his time abroad---a sentiment shared by much of campus. Every time he opened the app to people’s escapades, he couldn’t help but wonder, “How do you have the money, the mental capacity, or the time? What if I’m spending too much time studying? Am I being too slow?” Nick concurred that this toxicity was an inevitable side effect of the digital world, but pointed out that it felt worse in Menton because of its prevalence: “I feel like people post even more now that they’re here. They feel the need to show this place off---which makes sense---but it’s constant, constant, constant [...] Only about 50 of the 600 people I was following on Instagram were from SciencesPo, yet I feel like pictures of Menton were the only thing I saw on my feed!” It wasn’t just the frequency, but the tone conveyed by the posts. Filters made the sky even more mesmerizing, video compilations caused severe FOMO, and---worst
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of all---captions sometimes seemed almost deliberately crafted to evoke envy with statements like, “Casual reminder that I’m in the South of France!”, or “Have I mentioned that this is the view from my campus?” The barrage of such declarations, intentional or not, can alienate students whose experiences don’t live up to the pristine package put forth. Nick sums it up by saying, “When people post on their Instagrams about how everything is just perfect---living the best life in the South of France---it’s not the case for everyone. Like I know people are struggling--I’m struggling. We’ve been here for over half a year and I still feel like I haven’t completely adapted yet. I don’t know how people seem to be doing so well… I feel like maybe they aren’t... they just show that they are.” The combination of bombardment and bragging quickly became too much to bear and Nick permanently deleted his account, a decision he did not regret. For the first few days after the fact, he absentmindedly clicked on his phone where the app used to be, but soon enough, he got used to it: “Getting to the point of deleting it is so hard but afterward I didn’t care at all, and I thought I would care so much---but I really didn’t. If you don’t know what you’re missing out on,
you’re not missing out on it.” Since then, he’s cultivated a closer circle through more personal contact. Whether he has good news or bad, he
without a second glance.”
In 11th grade AP Lang, we learned that everything is rhetoric---from the clothes we wear to the punctuation we use, we send an implicit message. Similarly, in Sociology this semester, we discussed Goffman’s dramaturgical theory, wherein every action we take is part of a carefully-conducted theatrical performance meant to present ourselves in a certain way. No matter how hard we try to break the social confines of Instagram, at the end of the day, we will always texts or calls his friends directly for support instead of pick apart our pages to ensure flexing or complaining on Ins- we create the right image. ta or Finsta: “It means so much Logically, no one will ever more if I just go out of my way to post a picture of themselves text people individually because that they don’t like, making if you post something you’re just, it so that, as Nick put it, “The first impression you get of like, sharing it with the masses. It’s kind of like you’re separated someone is never real---you can’t from whom you’re sharing with; see their quirks or any of the you put it out there and whoever mannerisms they have in real life. And I’d rather people base wants to see it sees it.” When their perception of me on who pressed about the drawbacks I am rather of not stay“When people post on their Instagrams about than who ing connecthow everything is just perfect---living the best they think ed, Nick life in the South of France---it’s not the case I am before pointed out for everyone. Like I know people are strug- meeting that if he gling--I’m struggling. We’ve been here for me.” On the really cared over half a year and I still feel like I haven’t subject of about his completely adapted yet...” people atrelationship with the people he only talked tempting to “make Instagram casual again,” a trend visible to on Instagram, he would in Menton, he mused, “Honprobably have their numbers or interact with them more in estly I think the whole thing is, like, they post funny pictures of the first place. He explained themselves rather than beautiful that, for him, “The only good pictures. [...] Although people thing was the validation from kind of started it as a way to be likes or comments on posts. But more real, if Instagram itself is when you think about it, if you inherently fake, then whatever have 500 people that you don’t you put on it is fake [...] Even really know putting a heart on if you’re taking a video to begin your post, what does it even with, you consciously decided really mean? [...] Showing the people I actually care about is so to take that video, so, like, is the much more validating than 500 quirky moment even real? Is random people on my Instagram sharing stuff even real?” In the end, Nick remained who will like it and then scroll
pessimistic about the merits of social media as a whole, emphasizing the addictive features like endless scroll: “I feel like there’s no healthy relationship with the app... you either don’t use it or care about it or you have it and use it a lot.” Nothing worked for him prior to complete removal; when he deactivated temporarily he would just log back in, and he would not obey the time limits he set unless he had his friend keep the password secret to lock him out. The best solution for Nick was to leave social media, but he recognized that this might not be feasible or desirable for everyone: “Personally I think, consciously, it’s almost impossible to put the real you out there... but you can try.”
popped, leaving her struggling to post without feeling complicit in propagating the same narrative. “When I posted in November it was literally the only good photos I had and everyone was like ‘Oh my gosh, main character vibes!’ but I feel like a side hoe, not a main character at all,” she
don’t need constant reminders of you living your best life---which, don’t get me wrong, is great. Just live your best life without telling everyone in the world about it nonstop.” After all, there’s a difference between a basic highlight reel and an unending, manufac-
Many things can be true at once. You can be very grateful for the opportunity to be there and also convey that it’s kind of shit sometimes... because life is kind of shit sometimes! [...] Nobody takes pictures of Menton when it’s overcast and gray because the water looks like shit. The water is so blue only when it’s sunny.”
quipped. Ultimately, however, she found that there are ways to recognize, accept, and mitigate the drawbacks of Instagram while still indulging in its benefits, like the memes
tured spool of greatest hits.
It’s clear that the digital campus culture has to change, whether it’s through Nick’s approach, Zainab’s tips, or a method of your own. Personally, I’ve intertwined the two. I deleted Instagram for over a month, forcing myself not to check the website, and observed a marked improvement in my productivity, happiness, and social activity. I’ve made Facebook my personal playground instead, engaging in stalking wars and finding levity in the seriousness of social media. Eventually, I felt ready to redownload Instagram, and since then I’ve tried my best to consider my audience’s perspective with every brilliant skyline I post. After all, to echo Zainab’s caption from a November post... Menton is only sunny sometimes.
Zainab Sayedain Menton’s romanticization on social media affects not just those on campus, but those watching from afar. Zainab Sayedain is a 1A who first came to Menton a couple of weeks late and then left during confinement, attending class virtually since November. Initially, as a student whose only understanding of SciencesPo was forged by Instagram, she believed in the same illusion I did: “When I booked my ticket in September there was no part of me that was anxious to go---only excited---because of what I saw on social media.” But this bubble was quickly
plastered across her explore page. For her, the best strategy is to employ self-awareness. She noted, “When I was in Menton, I tried to be really conscious of the tone I was posting with because I knew what it felt like to be on the other end [...] Just be aware of the words you use and how it could affect people.” It’s not necessary to avoid posting or to delete our accounts outright like Nick if we don’t want to---but we can at least try to keep our captions balanced and neutral, if we include them at all. Monitoring the frequency of our posts is just as imperative: “People
Since going home, Zainab has felt traces of the same FOMO that plagued her at the start of the year, but remembering the true version of Menton---the magic and the messiness together---keeps her grounded: “I really want to go back but for different reasons; social media plays much less of a role now that I know the reality---I’ve seen the beauty but I want to go see the people, which is what matters.” That said, she could never deny the appeal of the sea-and-sun-imbued city itself, declaring, “
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Dear fellow white pe I have written an article just for you, given the ongoing behaviours on this campus of clear racism and white fragility. We have a lot to learn, so why not start here—or maybe you want a refresher? This article will not justify why talking about race is an important topic. It is not a “La Fabrique Politique” pros and cons list of anti-racism. We simply are beyond the point of debating the merits of anti-racism and we need to instead question how to be anti-racist. I know, I know. Your feelings are probably thundering at the moment. Maybe you are already writing a response to me about how you don’t see colour. Perhaps you even stopped reading because I called you racist. But this is just your white fragility speaking, so don’t shy away. It is okay to be uncomfortable. Actually, it is our duty to be uncomfortable and learn. Breathe in the discomfort and keep reading. This small article is an attempt for us
to continue learning about our white fragility, summarising some of the ideas from the book “White Fragility” by Robin DiAngelo. So what is white fragility and where does it come from? Before discussing the behaviour of white fragility, we need to take a step back to understand the underlying structures of this behaviour. Because Western societies are built on white supremacy and a history of slavery, colonization, and racial exclusion in legislation, etc., white people are also socialized into a feeling of white supremacy. This also means that we are socialized into an internalized racist pattern, as DiAngelo puts it. The issue, however, is that most white people in Western societies, including on this campus, do not accept this inherent racism. This is because Western society holds meritocracy so deeply, claiming that the individual is unique, objective, and able to withstand socialization processes. That is simply not true. This “hyper-attachment” to individualism and the illusion of objectivity instead fuels the perception that racism is an individual behaviour; one that is only associated with “bad” people and “intentional racial discrimination.”
WARNING: This article is not a “La Fabrique Politique” pros and cons list of anti-racism. We are simply beyond the point of debating the merits of anti-racism. We need to instead question 54 how to be anti-racist.
And this is where white fragility comes in. Due to societies structured on white supremacy and our very skewed perception of racism, we do not have racial stamina. White fragility is simply our discomfort with speaking about race and our inability to admit or even be aware of our deeply internalized sense of superiority. Thus, when we are confronted with acts and ways of thinking that are racist, we simply become fragile. White fragility is deeply detrimental because we enter conversations about race already misconstruing the calling out of racism as a moral offence. What do we do instead? Well, we perpetuate a white supremacist society and we don’t leave room for growth. So what is the unconstructive behaviour of white fragility? Due to our low racial stamina, when
eople,
CAROLINE SØGAARD
COLUMNIST
we are called out for racist behaviour by a Person of Colour or other white people, white fragility often plays out in various ways. These may be feelings of being attacked, judged, singled out, and accused “just because of your race.” This comes out in behaviours such as denial, emotional withdrawal, arguing, avoiding, crying, and a focus on intentions and tone. Often, white people don’t know how to react to such feelings and instead respond with defensive claims like; “I know People of Colour,” “The real oppression is class,” “You are judging me just because of my race,” as well as “You misunderstood me,” “The problem is your tone,” “You are being racist towards me,” “I [or white people] have suffered too.”
In order to show the very reality of such behaviours on this campus, La Fabrique Politique’s video is a good example to analyse. “L’antiracisme : plus de tolérance ou de communautarisme ?” clearly contained racist content and white fragility was ever so present in the comments afterwards. When various people called out the racist content of the video, these were some responses from white people: I totally disagree with the notion of white privilege, it simply does not resist the experience of reality [of class struggle] At least in France, the racial fracture is definitely not as worrying as it may be in the US for example I’m really keen on listening to your arguments being quiet since you have experiences and I have no one. Please don’t generalize using expressions such as ‘rich kid’. Even when you are a white person, you can suffer from other discrimination (ex. economic).
These comments showed clear white fragility as well its assumptions behind such responses. These, according to DiAngelo, include an entitlement to have such a conversation on the terms of a white person, an assumption that white people undergoing other forms of discrimination are relieved from racial privilege and that the society is fine the way it is, without problems. These responses, as earlier stated, are not only detrimental and unconstructive but also act to uphold the current system giving supremacy to white people. Only with an acknowledgement of our internalized racist patterns as white people can we work on our white fragility. What are ways we can work on our white fragility? DiAngelo suggests various methods to better respond to feedback when confronted with our race and racist patterns. Instead of stirring unconstructive behaviour, we may instead look at feedback with gratitude, humility, reflection, and interest to understand. Such feelings can allow responses including “I appreciate this feedback,” “This is very helpful,” “It’s my responsibility to resist defensiveness and complacency,” “It is inevitable that I have this pattern. I want to change it,” and“I need to build my capacity to endure discomfort and bear witness to the pain of racism.” With a little less sarcasm, let's revisit the start of this article: We simply are beyond the point of debating the merits of anti-racism. The debate can really no longer be about whether anti-racism creates communautarisme. That is not a debate but an act of white supremacy, something we uphold intentionally or not. We have a lot to learn and education to undergo. Working on our white fragility is the least we can do. CHANGING THE TOPIC THROUGH THE MENTION OF CLASS STRUGGLE, trying to refer to it as the “real struggle”. BEING HYPER-INVESTED IN A SYSTEM that one is socialized to think is fair. TONE POLICING. CLAIMING WHITE PEOPLE ALSO SUFFER to silence or deny the suffering and discrimination that people of colour face.
mais so Je suis venue à Sciences Po pour améliorer mon français. Donc, pas seulement pour cette raison la. Mais mon idée, mon rêve était de pouvoir communiquer avec une confiance, une fluidité comme si c’était ma langue maternelle. Ce n’est pas que je n’ai pas essayé de l’améliorer. De coup, dans la classe C1 j’étais une des plus actives, j’ai fait tout mes devoirs. J’ai choisi de faire mon atelier artistique en français. J’ai même essayé de trouver un seminaire francais, mais au moment que j’aurais dû choisir entre mes intérêts académiques et douze classes en francais, j’ai choisi le premier. Ceux qui me connaissent (même ici j’ai dû réfléchir… connaître ou savoir ? Une faute sûrement plus attendue parmi les uns qui n’ont pas commencé le français à 6 ans)
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savent que je fais des efforts pour pratiquer la langue. Même bourrée, j’essaie de parler en français avec ceux qui m’écoutent. Cependant, avec le COVID aussi, c’est tout à fait plus difficile de se faire des amis dans “French Track”, avec qui nous n’avons aucun cours magistraux. Nos fêtes sont différentes, nous écoutons de la musique variée (sauf sons entendus dans les soirées à Soundproof). Ça me parait parfois que c’est seulement notre ville et quelques ennuis avec l’administration qui nous unissent. Mais de toute façon, nous sommes ici ensemble, non ? Pour plusieurs d’entre nous, c’est notre première fois si loin de la maison, nos premiers soirs tout seul, pensant à quoi cuisiner entre une boîte de pâtes et deux oignons. Si on commence avec la question “D’d’où viens-tu” il y a une grande possibilité d’une conversation qui en résulte. Avec la fin de l’année scolaire, pourquoi pas réfléchir un peu à ma relation avec la langue française ?
Ce que j’ai appris: 1. Personnellement, en parlant la langue, je ne pense pas en anglais et puis je fais une traduction mentale. En fait, si je parle le plus vite que possible, je n’ai pas de temps pour y réfléchir. Ce n’est pas tout à fait le cas dans l’écriture. Comme si j’étais dans une classe de français, mon dialogue interne est comme ça : où est-ce que je peux ajouter le subjonctif? Il faut que je montre ma compréhension grammaticale. Gérondif ? Conditionnel passé ? 2. La fluidité d’une langue n’est pas forcément liée à la précision, mais dans les fautes. Dès que je réussi à me corriger moi-même (ou peut-être seulement à identifier mes fautes), je serai contente. 3. Entre gimes, les profs de français nous conseillent : Lisez en français, regardez les films. Oui, c’est important. Mais quand je suis arrivée à Menton, les français avec qui j’ai parlé ont remarqué que je parlais de façon trop professionnelle. Jamais en laissant le “ne” pour dire ne pas, je me trouve en cherchant les formulations les plus correctes parmi les gens qui essaie de laisser plus de syllabes que possible.
p o r pr ? ont-ils es Donc mon conseille ? Pour apprendre le français, tu te mets dans les situations où tu dois le parler. Commencer des conversations avec Marc et Albert quand tu as du temps avant d’entrer dans la biblio. Pendant la semaine d’intégration, t’introduire (en français) avec tous ceux que tu peux. Si tu fais des erreurs durant ta première interaction ? Au pire, tu rigoles et essaye encore une fois de t’exprimer. Il y a ce stéréotype que les français n’aiment pas parler aux américains. Je ne peux pas parler pour eux, bien sûr, mais ce que j’ai remarqué, c’est qu’ils ont le même souci que nous. Et réfléchis toi-même - dans le cas où quelqu’un t’approche et fait un effort de te parler en anglais, est-ce que tu le jugeras, pour ses fautes, pour son accent ? Après tout, les accents sont comme les nuances des couleurs. Mon prof d’atelier de scénario m’a donné d’avis : (en fait, il m’a beaucoup conseillé mais une pièce m’a plus influencé) essayer d’être plus au courant,
moderne et pertinent au présent. J’aurais dû l’attendre, j’ai nommé mes personnages “Antoinette” et “Delphine”. Mais c’est bizarre, non ? Qu’un homme plus âgé que moi devrait me conseiller concernant la culture populaire ? Quelque chose dont je suis fière ? C’est que j’ai évité d’ouvrir Wordreference qu’une fois (pour la mot “nuance”) au fur d’écrire cet article. Pour ça, je dois aussi demander pardon à Saad, qui devra peut-être lire quelques phrases bizarres. En plus, cette petite réflexion personnelle n’est plus qu’un essai pour sortir de ma “zone de confort” comme on dit on anglais (je dois vraiment sortir de mon habitude de faire des traductions directes entre le français et l’anglais). Peut-être qu’un jour je pourrai écrire un article plus informatif, politique, satirique, ou artistique en français aussi. Mais pour aujourd’hui… je pense que c’est quand même (j’ai juste appris que c’est écrit “kan même” sur les textos) un défi surmonté.
ADA BASER
DESIGNER
Avant de venir à Menton, ma famille et mes amis m’ont dit “tu vas toujours parler en français quand tu reviens!”. Peut-être que ce n’est pas la réalité. Mais, dire que cette année en France ne m’a rien apporté serait un mensonge (par exemple, j’ai commencé à écrire la date du jour 27-042021 au lieu de 04/27/2021). Mes objectifs pour l’année prochaine ? Pouvoir écrire un article comme celui la… mais en prouvant le contraire.
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Results to Mental Healt 75% of students strongly agree or agree that their mental/emotional health has been “worsened by the conditions put in place by the school.” 75% des élèves sont tout à fait d’accord ou d’accord pour dire que leur santé mentale/émotionnelle a été “aggravée par les conditions mises en place par l’école”. When asked to rate their overall mental health, 56% chose “fair” or “poor” Lorsqu’on leur a demandé d’évaluer leur santé mentale globale, 56 % ont choisi “passable” ou “mauvaise”
At the time of the survey 72.4% of students felt sa often or extremely often
Au moment de l’enquête dernières semaines, 72,4 déprimés (assez souvent vent). 70% of respondents stro rienced imposter syndro
70 % des personnes inte cord pour dire qu’elles o
At the time of the survey, in the past two weeks, 61% of respondents have been bothered by feelings of nervousness, anxiety, or jitters (43% say almost every day). Au moment de l’enquête, au cours des deux dernières semaines, 61 % des personnes interrogées ont été gênées par un sentiment de nervosité, d’anxiété ou de nervosité (43 % disent presque tous les jours).
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th Survey
y, (April 28) in the past two weeks, ad or depressed (somewhat often, very n)
e (le 28 avril), au cours des deux 4 % des élèves se sont sentis tristes ou t, très souvent ou extrêmement sou-
ongly agree or agree that they have expeome
errogées sont tout à fait d’accord ou d’acont connu le syndrome de l’imposteur.
TUNA DINCER
GUEST COLUMNIST
VANESSA WEDICK
ON BEHALF OF
STUDENT SUPPORT ALLIANCE (SSA)
GUEST COLUMNIST
By far the two biggest mental/emotional health issues students have faced in the past month are anxiety (82%) and difficulty managing stress (67%)
101 respondents: 48% - 1A 49% - 2A 2% - 3A 1% - échange
Les deux plus grands problèmes de santé mentale/émotionnelle auxquels les étudiants ont été confrontés au cours du dernier mois sont de loin l’anxiété (82 %) et la difficulté à gérer le stress (67 %) • •
Depression, social isolation or loneliness, and difficulty managing emotions were chosen equally (42% each) La dépression, l’isolement social ou la solitude et la difficulté à gérer ses émotions ont été choisis à parts égales (42 % chacun). • 26% suffer from an eating disorder and 8% from OCD • 26 % souffrent de troubles alimentaires et 8 % de TOC. Mental health, academics, and social life were the top three concerns for students (72.4%, 71.4%, and 57.1% respectively) La santé mentale, les études et la vie sociale sont les trois principales préoccupations des étudiants (72,4%, 71,4% et 57,1% respectivement). • Finances, family/relationship problems, and physical problems were also concerns (about 28-39%) • Les finances, les problèmes familiaux et relationnels, les problèmes physiques étaient également préoccupants (environ 28-39 %).
At the end, a complete report of the results will be sent to the administration. Enfin, un rapport complet des résultats de l’enquête sera envoyé à l’administration.
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A poem for Palestine I want to tine but all I sit here, And isn’t
write a poem for Palescan bring myself to do is holding my heavy heart. that the same thing?
How do I vacuum myself out of this vacuum? How do I siphon the splinters from our hearts? All I have are my words and I’m throwing them at the Israeli tanks and international media vans and they’re bouncing off onto the ground and getting crushed under their wheels. To be Palestinian is to scream in outer space. There’s no oxygen to carry the sound of our collective cry; there’s no air to fuel the inferno trapped in our throats. Cigarette smoke chars my lungs as fire chars their homes I slam my fist into the wall while the IDF slams their heads into the concrete. You never get used to seeing your people suffer. Can I even write anything that hasn’t been said before? ...Would it even make a difference? If a Palestinian is murdered, and no one is around to hear the gunshot, did they ever really die? What if everyone can hear it, but chooses to ignore it? A glass broke in 1948 and its shards are lodged in my arteries
two generations later. People ask me why I care so much— How do I tell them that I see my grandfather’s lined face on every wailing old man? That every bullet flies across the Mediterranean and lodges itself in my gut? Zionists colonized my grandparents’ olive farm 73 years ago and now they’ve colonized my brain. Every time I close my eyes, I see corpses that would have been mine in another life. I smell skunk water. I smell burning flesh. I smell silence. This American passport is all that separates me from life and a soldier’s boot--I’m not so sure if it’s a blessing anymore. Do you deserve to feel survivor’s guilt if you never even survived it yourself? Bass bumps in Tel Aviv clubs while bombs blow Gaza up. Do you not feel our village ashes grinding under your Converse? Westerners mute our Instagram stories. Do your chests not tighten the way that mine does? I disparage politicians for being too uncaring, but can I really blame them? The alternative is too much to bear. Your heart can either shrivel in self-defense or balloon and eventually burst— I’m not sure which is worse.
MARYAM ALWAN
COLUMNIST
I hear Jerusalem (funeral) bells a-ringing, the athan’s melody intertwines with city sirens, the “Allahu akbar” of Eid prayer blends with the “Allahu akbar” of mourning parents. Over the horizon, the sky is bursting orange. Is it another building exploding or the sun finally rising? Only time will tell.
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Non, ce pays n'est pa Violations of the rights of unaccompanied minors at the French-Italian Border EDOARDO OLDANI GUEST COLUMNIST
The Italian-French border of Menton is a place of injus- Menton-Pont-Saint-Louis ought to be closed. tices. A place where migrants’ dreams and expectations of reaching the destination of their long and painful travels are However, another set of injustices takes place at the border: crushed by a strict application of the Dublin Regulations the constant violation of the rights of unaccompanied miand the suspension of the Schengen Agreements. A place grant minors. The violations of their rights at the border are where migrants are unlawfully detained in the so-called illegal, yet they continue to take place out in the open. They “cages” of Pont-Saint-Louis for time intervals exceeding the often take place in the trains between Ventimiglia and Menlegal 4 hours and in conditions not worthy of a Europe of ton, right outside the Menton Garavan station, right next to human rights (the “cages” lack a ceiling and often food is not the three-Michelin-stars Mirazur Restaurant and in front of distributed to migrants, on top of the recurrent reports of the Eurodrink store of Menton-Pont-Saint-Louis. police brutality). Unfortunately, this situation of injustice is mostly perpetuated through the protection of unjust laws. Italy and France are signatories of the United Nations ConThe Dublin Regulations allow countries to send back mi- vention on the Rights of the Child as well as a number of othgrants to their first country of arrival, where they often lack er international and European regulations for the protection a support system or don’t speak the language, and where the of the rights of children (here and in such regulations demigrant hospitality system is overflowed and unable to pro- fined as anyone below the age of 18). The status of unaccomvide the necessary services. On the 23rd of April 2021, the panied migrant minor was first defined by a UNHCR docFrench Conseil d’Etat refuted ument of 1994 The Dublin Regulations allow countries to the claims of the NGOs Méentitled Refugee decins du Monde and l’Associa- send back migrants to their first country of Children: Guidetion Nationale d’Assistance aux arrival, where they often lack a support sys- lines on ProtecFrontières pour les Étrangers tem or don’t speak the language, and where tion and Care (Anafé) that the “cages” of the which defines the migrant hospitality system is overflowed them as “those Police aux Frontières (PAF) of and unable to provide the nec- who are separated from both paressary services. ents and are not
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as pour les enfants being cared for by an adult who, by law or custom, is responsible to do so.” Being at the same time a minor, a foreigner, and unaccompanied deems the conditions of these individuals extremely fragile, which, by l og i c ,
should be matched with a strong system of protection. However, this found has not been reflected in adequate action by the internation- guilty by the Administraal community and is definitely not reflected in the experi- tive Tribunal of Nice. However, the illegal refoulement of ences of unaccompanied minors at the Italian-French bor- migrants has not since stopped, only the methods have. der. The unaccompanied minors that arrive in Ventimiglia have often escaped the Italian centers for minors due to ei- Minors are constantly stopped by the French Police at Gather inadequate living conditions and support or due to the ravan or at the end of the Pas de la Mort (the path used by desire to reach France. Minors (as well as migrants in gener- migrants to walk over the border in the mountains). Once al) do not wish to arrive in France for trivial reasons. Many stopped, the French police reportedly fails to verify the want to reach France because they speak French and hope to minors’ age (even when their underage status is evident), integrate better, or have already established networks in the throws out the evidence proving their minor age, detains the country — both of which are essential for building a new minors (in the aforementioned inadequate conditions, sharlife and navigating the asylum system. It is very important to ing the same spaces as their adults counterparts) and then note that the Dublin Regulation rule that migrants can only falsifies the minors’ age on their refus d’entrée document berequest asylum in fore sending them their country of In 2018, a number of Italian and French associations back to the Italian first arrival does sued the PAF for the conduction of these illegal police headquarters not apply to un- practices, for which the PAF was found guilty by the at the Menton-Pontaccompanied miAdministrative Tribunal of Nice. However, the ille- Saint-Louis border. nors, who cannot The Italian border for any reason be gal refoulement of migrants has not since stopped, police is supposed refouled (sent only the methods have. to verify every reback) across the fouled migrant’s staborder. Unactus with fingerprint companied minors who wish to seek asylum in France have checks and note if any is a minor. If the Italian police follows the right to cross the border and be taken into the protection this procedure and finds illegally refouled minors, it has the of the Aide sociale à l’enfance. However, since the summer of right to bring the minors back to the French police who are 2015, minors are often refouled back to Italy by the French then forced to accept them and finally refer them to the Aide police. Initially, the minors would be simply stopped in the sociale à l’enfance. However, the Italian police often fails to station of Menton Garavan and sent back to Italy on the next perform these checks and minors are released back into Italy. train without appropriate document checks. In 2018, a num- The minors often return to Ventimiglia, where they are forced ber of Italian and French associations sued the PAF for the to live on the streets as they continue to attempt to cross conduction of these illegal practices, for which the PAF was the border. In Ventimiglia, they are exposed to a number of
dangers, ranging from crime to exploitation. In Ventimiglia, Ventimiglia to attempt crossing the border again until the unaccompanied migrants are also abandoned by the Italian operators of an NGO offer her a temporary shelter. The last state and are only helped by a number of NGOs present on story is that of C. and her child. the territory, such as WeWorld, Diaconia Valdese, and Save the Children. The NGO operators are the only form of sup- C. is a mother and has two children. She talks to me in a port Europe offers to unaccompanied minors at the border, confusing and despairing tone, she is clearly emotionally unthey are the only positive face of Europe migrants meet in a stable and has not slept in a long time. She tells me that she context of injustice and abandonment. The NGOs support and a number of other women had paid traffickers to bring the minors with her and her children across the border primary necessi- B. has a baby, and she tells me that she hidden in trucks. Her truck was stopped ties and explain has not told the French police that she at the border and she was sent back to to them that they Italy. However, once in the custody of is a minor because she was threatened have the right to the French police, she realized that one cross the border by the police that her baby would be of her children was in another truck without being re- taken away from her — a scenario which was not stopped and had confouled. NGO op- which she is terrified of. tinued its journey to Paris. This means erators often also that her child is currently alone in Paris accompany miand she is neither able to go reach him nors to the Italian police after being illegally refouled so that or ask him to return to Italy, given the risks associated with their age is verified and they are returned to French police. a 10-year-old crossing France and the border alone. Until she will be able to cross the border to France, her son will I want to conclude this short picture of the injustices faced be an unaccompanied minor in France, exposed to all the by unaccompanied minors with three stories I witnessed risks associated with this status. Stories like these three are during my time as an NGO operator at the border, though very common and are part of the daily reality of minors at they are only a few taken from the daily stories of human the French-Italian border. They provide just a glimpse of the rights violations. lack of a support system and the constant violation of minor migrants’ rights. The first story is that of A., a minor from the Ivory Coast. A. tells me that when he arrived in Italy, he was registered as a As I mentioned in the beginning of the article, the injustices minor. After being registered as a minor, he was transferred faced by minors are just some of the many that constantly to a center for minors where materialize at this place he met inadequate living She talks to me in a confusing and de- of injustice. I hope that conditions and struggled spairing tone, she is clearly emotionally this article will shed light to understand and learn the in our community on unstable and has not slept in a long time. language. Indeed, A. is fransome of this injustice. cophone (the Ivory Coast As students living right was a French colony until 1960) and wishes to demand asy- next to these human rights violations, we cannot be blind lum in France, which he has the right to do as a minor. He to them. We need to study and understand them, and then tells me that he was stopped on the train in Menton Garavan mobilize, using our voices for all of those who, in the midst and was not allowed to talk or show evidence of his age to of inhumane experiences, cannot use theirs. the French police. He was then brought to the PAF “cages” and detained for the whole night without being offered any food. I met him again after he was refouled many more times, and as far as I know, he has still not been able to cross the border and is stuck to live on the streets in Ventimiglia. The second story is that of B., a 17 year-old minor from the Ivory Coast. B. has a baby, and she tells me that she has not told the French police that she is a minor because she was threatened by the police that her baby would be taken away from her — a scenario which she is terrified of. Thus, this 17-year-old unaccompanied minor is left to the streets of
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Thoughts from a Moving to France, I’ve learned that so many of my normal activities and habits as an American are viewed as strange by Europeans. Apparently, dinner at 6 or 7 PM is incredibly early, not knowing how to speak multiple languages is weird and a sign of ignorance, and giving hugs is an oftentimes overly intimate act, not necessarily used between friends. People have laughed at me multiple times for either eating peanut butter out of the jar with a spoon or for being overly friendly since my arrival here, and of course this is not that big of a deal, I’ve always taken it lightheartedly and have not put much thought into it. There’s this funny side of it, but there are also some things that have concerned me during my time in Menton. Growing up in the United States, certain things were normal for me, but moving to France, and specifically this campus, my American “culture” became a personal problem based on how I saw the other students reacting to the Americans here. Yes, one could argue that Western Europe and North America are quite similar, which is true in many ways, but there are
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still many differences in our cultures and our ways of life in general — differences that are continually mocked. I noticed a sort of “American-shaming” immediately when I got to the campus, and I did exactly what most other people would do in this situation: I tried to blend in. My French level was good enough, so that helped me quite a bit. I tried avoiding the other Americans on campus in order to dissociate myself from them. I even spent a good part of the first semester trying to distance myself from my American identity, and I laughed along when students would make fun of Americans. Some even seemed to bond over their distaste for the Americans on campus, and I was complicit. My plan worked so well to the point where some other people would refer to me as “the only good American on campus,” saying, “yeah, Nick doesn’t count as an American.” Thinking back on this now makes me feel quite uneasy. Why did I have to make fun of my home in order to gain acceptance from Europeans? A distaste for “American culture” is understandable in many ways. The rise in America’s political and cultural hegemony is an indisputable fact, and people have a right to be upset about it. But it is important to understand that
these issues come from political systems and unchecked capitalism within our country which lead to the globalization of many American enterprises. This really is not the result of the American people itself, and a lot of American culture that is spread to other places is often Hollywood/ New York City stereotypes that aren’t true everywhere in the States. A lot of the stereotypes that are given to Americans are taken from music, film, and other forms of entertainment, or are only seen in big cities like these, which inherently leads to a misunderstanding of exactly what life for us is like for most people in the USA. I’m in no way saying that I feel oppressed as an American on this campus, but rather that there are a lot
AMER in MEN of misunderstandings that the Europeans have about us.
After being here in These rope for a while, an misfrom all over the w under- that there are nice people in every cou stand- on the contrary fro ings can thought before, Am lead to not worse in any w offensive assumptions about people. For example, about ninety-nine percent of the time,
an
NICHOLAS FLOOD
GUEST COLUMNIST
monly associated with Americans on campus include: the ability to only speak English, a lack of geography skills, and a lack of general culture of other countries. These stereotypes are not only hurtful, but they’re also inaccurate for the majority of Americans. The Americans I have met here are some of the most brilliant people that I have ever met, and this experience abroad has only brought us even closer together.
RICAN NTON
whenever I tell people that I was born in the state of Alabama, I n France and Euget the nd meeting people world, I’ve realized ree people and mean sponse, untry, and that, “Oh, so om what I had merican people are are your way. parents siblings?” a joke that was never funny to me and never will be. A few examples of traits com-
However, when these criticisms are made, it’s important to understand the context and reasoning of why Americans might be this way. As I am sure the other Americans can attest, when you grow up in the States, leaving for another country is not an idea that is
highly valued or discussed. For a lot of us, it’s not even seen as an option. If it hadn’t been for the Columbia program, I would have never even thought about getting my degree abroad because it just didn’t even occur to me. When it comes to knowledge of other languages and other cultures in general, it comes down to the inner workings of the US education system. I didn’t start learning a foreign language until high school because before that I didn’t have the option to. And when I got to high school, I only needed to take 2 years of a foreign language in order to fulfill the requirement to graduate. I ended up taking 3 years of French, a choice that was out of the norm in my school. For the most part, the only multilingual people in the United States are immigrants or children of immigrants, and other than within the family, these people don’t really use this second language. When it comes to knowledge of culture and geography, personally, I have never been able to take a geography class in my life, nor have I studied modern history for any country outside the United States because it was never offered in my school. Before France, I had never really been proud to be an American, and moving here and experiencing this “American-shaming” only made this feeling worse. Before coming here, I had
viewed Americans as inferior to people from other countries in multiple ways, but most specifically, politically. But after spending a few months here in France, my opinion has changed almost completely. I have been disappointed in the things I have heard French students say, just like back home in the United States. I have heard homophobic, racist, sexist, and Islamophobic remarks. After being here in France and Europe for a while, and meeting people from all over the world, I’ve realized that there are nice people and mean people in every country, and that, on the contrary from what I had thought before, American people are not worse in any way. Problems like racism, homophobia, sexism, and Islamophobia exist practically everywhere, and moving across the Atlantic Ocean hasn’t changed that. Today, I can not say to you that I am necessarily proud to be American, but what I can say is that I am proud to be from where I am from and proud to be raised the way that I was raised. I have a unique perspective as an American that I can bring to this campus and with the background that I have, having received a fully-American education. It’s important to take advantage of the fact that, on this campus, we have such differing perspectives, having people from all over the world, and we shouldn’t let ourselves play into stereotypes that can limit what we learn from others.
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YUSEF BUSHARA
COLUMNIST
Everyday, I try to wear what was James Baldwin’s favorite accessory during his stints in France:
A disarming half-smile that invited curiosity from white gaze, but not interrogation.
It placated and didn’t provoke; that’s the first lesson I’ve learned from James “Jimmy” Baldwin. At all costs, keep the whites à l’aise. I chalk it up to fate that both Baldwin and I ended up in villages on the Coté D’Azur. Him, St-Paul-deVence. Me, Menton; separated by a brief, winding bus and train ride. Our circumstances differ more than slightly, yet still, I ascribe my being here as something deeply connected to the trail he left behind. I live his legacy every time my mouth curves into his half-smile. Usually, I notice that I’m wearing it when the world around me suddenly softens. The looks I receive, less interrogative. Strangers pay me the decency of feigning curiosity. However, brandishing Baldwin’s grin renders me, at the very least, more at ease, if not passersby. In this village constituted by citrus, sunlight, and prejudice—a Black man’s secular trinity when living in the South of France—there are a few of us lemons who are exceptionally noted for our bitterness. Lemons who are often rumoured to begin ripening at an altogether different time than the rest.
Bitter lemons: you know who you are.
I am one, and unfortunately, we’ve been delegated the task of becoming sweeter. But for whom are we becoming more palatable is the question Baldwin struck.
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Lessons from J Never relinquish your zest, not for anyone, is what Baldwin would say to us “bitter” lemons, deep and drawn out in his cigarette tone. The chimes of racial tumult have been sounded to deaf ears time and again in the course of American history. Like a vacuum attuned to injustice, the United States has repeatedly confiscated hope from those who, despaired, have tried to salvage what’s left of the “Dream.” Among those are leaders, great men and women, who have made it their mission to salvage the promise that the idea of America affords.
to be rationalized. Baldwin saw in France the chance to revel in the
Baldwin was a man of great conviction. But he was equally a man averse to the treatment leveled on him by these convictions. His departure from American life forged a critical distance between himself and his 1,000 sponsored cuts endured at the hands of a withering America. He no longer operated within the throes of his identity. France let Baldwin bask in the relief of being himself without his Blackness, in the eyes of whites, beginning with a deficit: The idea that Blackness needs remedying, that it’s a web of pathology begging
beauty of Black life and the contents of its
James Baldwin creative engine. That is, in part, what delivered me here: my
The genius of Baldwin was in his ability to transcribe the textures of reality for all readers, not just Black ones. He envisaged an America which would one day exercise discretion when posed the question of choosing itself or choosing justice. He knew that a truly remorseful America couldn’t shoulder the burden of its harms. So that’s why he didn’t demand much but introspection. A gutting of the American psyche, he thought, would provide the tools to destroy incrementalism—democracy’s termite— and give way to something necessarily radical. He saw racism as everyone’s cause. “God gave Noah the rainbow sign/No more water, the fire next time,” Baldwin presaged in his 1963 non-fiction book The Fire Next Time. These words were my first exposure to his pen. He wielded truth as though he saw what nobody else could see. A clairvoyant for suffering. He wrote with a supernatural perceptiveness; he held a grip on the present that silhouetted tomorrow’s adversities. But he didn’t do it alone, for he was a man of faith—in God and those who paved his way.
faith in becoming a more creative me.
indulge their corruption, the Ark’s story punctuates our inevitable demise when collective conscience is abandoned. More pertinently, it’s a diagnosis on the contemporary state of race relations; his title warning that the fire next time will burn indiscriminately, leaving behind it nothing but scorched earth. I came to France with premature expectations of the way this place would make me feel. Since being here, though, poring over Baldwin’s work has set me back in time. When counsel eludes me, I turn to his pages. Yet, I know that my France is not Baldwin’s France, nor is it the France of any other Black man. However, the vestiges of Baldwin’s time here howl into posterity. The last lesson I’ve learned from this man is a subtle one. I resonate with his telling of tension through silence. It’s a phenomenon perceivable when Black faces dot any one of the many white canvases of this country. I imagine that Baldwin would find fault in neglecting the fullness of the silence which inflates tension because, for him, it is a sentimental mistake in believing that the past is dead.
I walk alongside the memories of James Baldwin everyday, with his half-smile at the ready. ■
The book’s namesake quote is a lyric from African-American spiritual “Mary Don’t You Weep,” and it draws allusion to Noah’s Ark. Previewing the consequences of God’s wrath when humans
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The promises and (lack of) involvement of the ad to the associatiative student body, DISCREPANCIES campuses, and calls for HOW The Arab Student Organiza- If you could recommend something bally — and we believe they do have great for next year’s intercourse between intentions — that they support us in evtion the administration and your association, what would it be?
How was your relationship with the administration during this year? “The ASO’s relationship with the administration has been turbulent, to say the least. We have received no support from it on any of our projects, which in itself is not a problem since we are an independent organization. However, in one of our previous conferences, the administration willingly tried to hinder and cause an inconvenience as our conference would’ve overlapped with its theme as well. This was very disheartening, since it was coming from our very own administration that is supposed to be supportive and proud of its students for organizing such impressive events. The administration has never once accepted our invite to anything and rarely responds to our emails regarding our desires to host events. In preparation for one of our events where the guest had asked for numeration, the administration took ages to respond back, and when it did, it refused with minimal explanation. As a result, we’ve adopted a very laissez-faire attitude, choosing to depend on the student community, which has been of incredible support. While the administration does not aid its student associations, the students definitely make up for that.”
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“I would recommend that there be a direct line of contact/reference between the association heads and the administration. They tried to establish that this year with the association heads meeting held on campus with the directrice, but unfortunately, the meeting was of no avail. What we need is palpable action and support, and this can start with the administration staying up-todate with each association’s events. For example, there were many guests that we would have loved to have for the ASO but were unable to reach, and the administration could have been the direct line of contact for that, because being contacted by the Dean of SciencesPo Menton can do more wonders than simply being contacted by a student. Additionally, the administration should improve its communication methods, specifically related to email response. We have had to send multiple emails over the span of weeks simply to get a short reply back, saying they’ll “look into it.” If the administration truly cares about the student community as much as it claims it does, the first task at hand would be to improve its communication techniques so that associations don’t feel in the dark and self-dependent for everything.”
Anonymous association How was your relationship with the administration during this year? “Our relationship with the administration is good in principle, as they affirm ver-
erything. In practice, however, there is a long series of disappointments, and the relationship is clearly defective. Ever since the beginning of the year, we noticed a disparity of treatment between the associations well-known by the new direction and the others. Indeed, it took over a month for us to actually manage to get an appointment with the administrative staff. Now, we have a regular relationship with them as do other associations, but it was an odd start. In our appointment, a number of things were promised, things which included specific deadlines which were never ever met by the administration despite our extremely regular solicitations. This really delayed and hindered our work, including to external partners to which we had transmitted those promises. The outcome of breaking those promises is shameful for our and Sciences Po’s image. Moreover, in practice of implementing certain activities, we were met with, if not quasi-passivity, antipathy from certain administrative members. Again, these interactions included external actors. This confirmed the disappointment we felt as we would have thought that, even if the administration could not hold to certain standards in their ‘internal’ relationship with us, they could uphold a standard when it regarded their public image. This wasn’t even the case. Lastly, it is important to mention that we still have not received the essential funding that was promised to us to finance some of our essential activities. This is, again, disappointing.” If you could recommend something
dministration of Sciences Po Menton S between REGIONAL and PARISIAN DANIEL SANTANA W TO IMPROVE? COLUMNIST
for next year’s intercourse between the administration and your association, what would it be? “What we just described reflects the overall campus situation of an understaffed team with no long-term, ‘rooted’ Menton Campus administration staff. These failures are, on the one hand, a result of this year’s administration’s lack of experience, as we lost our previous spokesperson from the admin, and with her, her contact with our external partners, which oddly was not passed on to the current admin. Moreover, the cruel lack of organization and rigor, and the discrepancy between what is said/what we should normally expect from Sciences Po — a great institution of which student associations are a central, renowned and prideful part — and what is actually done, is disastrous and deeply disappointing. Even worse, this situation has set in over the months to become the new normality, and we have accepted it with resignation, which is not okay. As students, we urge the Menton campus to re-staff and reorganize with more means and a better team and campus spirit. That way, all of the functions which are supposed to be fulfilled and were previously fulfilled between the admin and the associations can actually take place, and the flourishing campus life can embark on a much more serene course.”
Bureau des Elèves How was your relationship with the administration during this year?
“It would be qualified as complicated, to say the very least. For starters, although there has been a quite positive response from the part of the administration to the projects that we have proposed so far, there is a clear discordance between the theoretical excitement and the practical support that we were supposed to receive. For instance, since last year we have pointed out that the Espace Étudiant should undergo a series of improvements in order to become a more useful and interesting communal space, yet until today, the administration has not even fixed the broken-for-almost-two-years water fountain. It goes without saying that this attitude could be inscribed on a broader gap between what the administration says and what it ends up doing. In front of many challenges that our campus has suffered since the beginning of the year — an example that stands out being the homophobic graffiti in Rue Longue — there is always an intention from the part of the administration to act and to help. However, up until now, there has rarely been any practical solution, any real, tangible consequence that contributes substantially to improving the student life. In addition, there is a general delay in the actions of the administration, something that can be reflected in both the slow rhythms of answering a simple email or the 2-year wait from our part to receive the annual subventions for permanent associations — although I should note that the subventions fall under the responsibilities of Paris, and not Menton.
ginning of this academic year, when the BDE had to plan the — unfortunately cancelled — integration week and was already in contact with the lab as a way to prevent, as much as possible, the spread of COVID-19 within the student community. The only thing missing was a place to host the testing rounds, but SciencesPo denied us the use of a room on campus and justified this decision by saying that it would lead to the stigmatisation of the students by the city of Menton. This resulted in an ongoing partnership with the Town Hall of Menton which provided us with spaces to do the tests. However, when the time came for our last testing sessions, after the Christmas vacation, SciencesPo not only refused, once again, to host the testing round, but had now cut our relationship to the Town Hall; when we tried contacting them, they said that all communication should only happen through the Director of Menton, with whom the Town Hall had been in continuous contact. When I asked the administration to convince the Town Hall to offer us a place, the response I got was that they were working themselves on a testing alternative and that we should cancel the testing rounds. However, if I am not mistaken, the administration’s testing solution was introduced on March 8, approximately one and a half months after the return of students to Menton. This led us to host the tests at Soundproof (big shout out to the SPF boys who offered their beautiful residence and helped the student community).”
One additional problem that I believe is essential to mention is the obstacles that appeared with regard to student COVID testing. This started at the be
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If you could recommend something for next year’s intercourse between the administration and your association, what would it be? “One realistic suggestion would be a more systematic communication between SciencesPo and the student associations of our campus. This could be achieved through a monthly meeting between the administration and the presidents of the different associations to discuss the projects, needs, and challenges that each of them face. However, there is an issue that is even more crucial: responsiveness and efficiency. Nowadays, with or without a monthly meeting, most presidents (myself included) make known to the administration important issues that their associations face, via messages, emails, and in-person meetings. The problem is that, in most cases, our concerns and demands are “taken into consideration” but, as I have mentioned earlier, this is not necessarily followed by a practical solution. And to this problem, I am afraid I have no solution to offer for the very simple reason that this is a systemic problem. In order to remedy this, there should first be a facilitation of communication between
the different branches of the administration; I understand that on numerous occasions, the main reason why the administration cannot respond to a problem or a request is because of its dependence to Paris, which can lead to a time-consuming ‘telephone’ game. In addition, as the speed of response from the part of the Mentonese administration needs to be ameliorated as well, there could be a person in Menton in charge of the associative life.”
Anonymous association How was your relationship with the administration during this year? “We benefited from being a big association, and one that contributes largely, in the eyes of the administration, to the campus’ visibility to future Sciences Pistes, or just generally anyone outside Menton. This means that the administration started the year off by answering our emails very quickly and being generally very responsive to our demands for meetings with them. But we quickly realised that they were in no way accountable to what they would promise us. So we understood that we had to continue the association’s activities by relying purely on ourselves or on other associations / other Sciences Pistes. Since then, the administration has never once responded to invitations to our events, and has willingly tried to stop our work in one specific example of an event (that I will not name): trying to blame us for not communicating the time of the event, embarrassing us minutes before the event in front of prominent speakers, and not once thanking us for the visibility we gave the campus.” If you could recommend something for next year’s intercourse
between the administration and your association, what would it be? “Treating them like children to whom you have to repeat everything multiple times for them to understand; making sure you communicate what you need by email AND in person to MULTIPLE members of the administration; not hesitating to remind them blatantly that your work is contributing to students’ intellectual development as much as our classes; having only ONE person of the association ensuring contact with the administration so that it is not confused and thus not unresponsive.”
La Fabrique Politique How was your relationship with the administration during this year? “La Fabrique Politique had a busy year; the administration did not make it any easier. On one hand, our events do not always need administrative help; we are an autonomous association, especially for the “Politiqueries” and the “Billet d’humeur.” On the other hand, on several occasions, our demands for equipment have received no answer. We did not expect it to be that hard to simply borrow a desk or a mic… getting an appointment with the dean can be far more challenging than it’s supposed to be. To be honest, what we felt was more disinterest than rejection, and that was coming from an organization which is supposed to support us. Moreover, the administration can prove itself completely unpredictable. We had to change the program of a princess’ intervention because of this. Nevertheless, these facts alone do not summarize our relation
with the administration. It is important to underline the freedom we profit from for our initiatives. The administration never undermines or limits our creativity, and we appreciate it. They have been helpful when about technical support. The provided technical support is of great quality and is essential for some of our prestigious conferences.“ If you could recommend something for next year’s intercourse between the administration and your association, what would it be? “The administration should show more interest, without interfering in our events. They should stop ignoring our requests, and we should be able to count on them quite naturally to help us invite important guests. We could all benefit from it; it’s a win-win situation! Above all, the administration should be ready to welcome the events back on campus. We successfully made our transition via Zoom, but when we will be back on campus, the administration has to be there to provide us with the necessary room and equipment. We do not want unjustified refusal for in-person events. All in all, we want an administration which supports the associations’ creativity and shows its good will by being more accessible and flexible.”
The Feminist Union How was your relationship with the administration during this year? “The FU has a particular relationship with the admin. On one hand, we are extremely grateful for the support and listening the director showed throughout the year and the interest in the
survivors’ lives that was demonstrated. We truly believe that Madame Touaibia has a pure heart and deeply cares about student well-being. Accompanying survivors to speak with her was always a pleasant experience. However, the FU deplores the lack of actions taken by the administration following the Duhamel and #sciencesporcs scandals as well as the different surveys conducted by the FU. These surveys clearly show a significantnumber of survivors of sexual assault and rape in the campus community and a lack of trust in the administration and the doctors provided by the campus. Unfortunately, not a lot of actions have been taken, no radical change has been put into place, and we regret it profoundly. Together with the FU and the willingness displayed by the administration, we could have set an example for all SciencesPo establishments on how to prevent sexual violence, how to accompany survivors, and how to punish aggressors, but we are in a situation where no radical action has been taken.” If you could recommend something for next year’s intercourse between the administration and your association, what would it be? “We would recommend that the next FU board keeps the administration in check. It is sad that we have come to this point where we need to police the adults who are supposed to take care of us, but the only way to get anything done is to make sure that they are acting on their promises. The problem of this administration does not lie in an unwillingness to support, but rather in an incapacity to follow-up. If we want adequate prevention of sexist and sexual violence, and support for the victims, we will need to continue pressuring the administration. We would also like more participation of the administration in our events, to show support and help the association as much as
they can, for conferences with contacts, or other events with financial support.”
Sciences Palestine How was your relationship with the administration during this year? “Sciences Palestine is an association that mainly functioned without the admin-
istration this year. Our association recognizes that the administration had many hardships this year. Moreover, all of its members were new. We quickly learned that it would be more productive to function separately from the administration. We learned this with the slow and often non-transparent communication when applying for a honorarium to be sponsored by our association along with the ASO. The other communication we had had with administration was for a conference in which the date was moved by administration without our knowledge.” If you could recommend something for next year’s intercourse between the administration and your association, what would it be? “Sciences Palestine would recommend that there be a direct contact within the administration that deals with associations. This would include support for association events on- and off-campus as well as help applying for funding. Most of all, it is important to note that it is most productive to work independently from the administration.” ■
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Protestus In Protests Interdit
PHOTOS BY JOSEPH SIRAUDEAU AND NOUR ALJOWAILY
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nterruptus: In what can only be made it feel like a revolution.” described as yet another overt Bartolini and Gandini were display of racist, misplaced understandably more hesitant Islamophobia, it should have to attend the protest as there come as no surprise to anyone were risks that they were unwhen the French governsure were worth it. Although ment banned The thing about Western culture Alwan was Pro-Palestinianis that civil liberties and defense initially protests from of disobedience is only done with hesitant for happening similar reareference to certain groups. in Nice and sons, when Paris. To have she thought imagined the French to have of her people in Palestine, she reacted in any other argued, “who am I to be too manner would have scared of the French police been a naive break from when my people back home reality: the French eduare literally dealing with brucation minister himself tality from the IDF.” But it was has launched a perperhaps said best by Bushara: sonal war on “radical” “the choice wasn’t really a Islamo-gauchisme; the choice to make: we had to be French government banned there.” the hijab in public institutions; and serious Presidential Although the protests were candidate, Marine Le Pen, formally banned, the actions wants to ban “Islamic Ideoloof the police during the progies” because “they’re violent test didn’t necessarily reflect and murderous.” this. That is to say, while the police kettled protestors and By and large it can be underharassed them, the expectastood that the French ban tion was undoubtedly that on protest was a mechanism they would be brutalized in to suppress protest turnout, a more severe fashion. Assoespecially with threats of fines ciation leaders of Sciences and detentions. However, this Palestine warned Sciencepisintention in practice did not tes against wearing makeup necessarily have the intended and contact lenses out of an effect. Alwan argued instead abundance of caution-- and that when she found out the “that they didn’t tear gas us ban happened, “it honestwas the bare-f-cking minily invigorated me even mum, but it was still progress,” more-- I was like ‘f--said Alwan. Of the four people you’... banning it interviewed, miraculously
only one received fines in spite of heavy police presence. Gandini recalled that when she was issued the fine, the police officer said, “you will learn not to protest next time.” The thing about Western culture is that civil liberties and defense of disobedience is only done with reference to certain groups. Alwan cited the hypocrisy to the French “La culture de Manifestation,” how “you see these anti-vax, anti-maskers prancing around in these dumb-ss costumes” and yet they are not banned. “We’re not terrorists,” she said, “we just want justice and peace.” Bushara was not in the least bit surprised by the ban. “These are trends that are so easily identifiable within French society,” he started,
citing the ban as a direct culmination of French racism and Islamophobia-- “there’s an overwhelming sense of Islamophobia that sort of permeates through every aspect of life here.” The problem is that “this is classic French behavior from the state” that has become normalized within society. And that this is being framed in an Islamophobic context belies the real issue, claims Alwan: Western media is making this an Islamic issue when this is in reality about an ethnic group that is being systematically displaced and brutalized by a foreign occupation. And this, is at the crux of it why the protests were as much about the aforementioned narrative building as it was about supporting Palestinians.
Albert Einstein once said, “insanity is doing the same thing over and over again, but expecting different results.” It is in this same vein that we find another truth: we have seen time and time again how France treats its Arab brethren-- fear, ignorance, otherness-- so it would be insane to expect them to have reacted any differently, especially when a neocolonial ally is at stake. Sure, France is the land of manifestation and fraternite, but make no mistake, these are reserved for certain people.
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Farah Emara, an our parents did what any Egyptian influencer and parent would do: they sought all-around fashion guru, social mobility for themselves recently posted a video of her and their kids through foreign Ramadan gathering on her curriculum since public Instagram story. She filmed schools have been low-funded a dinner table replenished for years. However, a sinister with “oriental” foods, as she side-effect of this is that these called them very and wrote in At the end of the day, kids the caption, when faced with glodevelop balization, our cultures, the sen“made a suhoor table habits and traditions timent for every- morph. But without Ar- that one!” To the abic, what will be left Arabic non-Egyp- of us in this world? is an tian Instainferior gram follower, Emara could be language, that it’s not cool mistaken for a Muslim living anymore to speak Arabic. abroad trying to bring her cul- In Egypt, I remember how ture back home. However, the my friends and I would only case is far from so. Emara has exclusively read books in lived her whole life in Egypt, English. We would even look went to Egyptian schools, and down on the other kids who speaks Arabic very well. Still, would write their texts in she constitutes a significant Arabic script instead of the fraction of Arab society nowstandard and agreed upon adays which merely prefers to “Franco-Arabic” with English speak in English. This fraction alphabets and numbers to is not a recent phenomenon connote the letters that didn’t but rather the product of years exist in the English language. and years of Westernization The slang nickname for those and classist upbringing. Parwho wrote in Arabic was that ents send their kids to private they were schools all over the Arab world with hopes of them learning foreign languages and or unsophisticated, for not being provided with the best speaking the language of all opportunities the globalized the movies, shows, and music world has to offer. we listened to. It is imperative to state that
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me how to pronounce brand names such as Nike or Canon with the American English accent. Nowadays, Facebook is flooded with English language teachers teaching Egyptians American pronunciation. Meanwhile, our level of Arabic and our fluency in our mother tongue has declined drastically. My father told me of how his colleague’s grandchild can’t speak a word of Arabic as he only goes to American schools and his parents are so proud of the level he’s reached at such a young age. This anecdote sums up the state of disarray that my language has reached in its home-land. English has taken precedence over Arabic in our daily lives, and it is up to the younger generations to turn this around.
When I was in middle school, I remember my friends coming up to me and asking
Of course, parents play an instrumental role in this phenomenon, and it’s up to them to teach their kids the beauty of our language, the specificity and uniqueness of our words. Arabic is a beautiful language,
opinion
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khaa
and it took me coming to SciencesPo and watching foreigners eager to learn it, to realize how much we take our mother tongue for granted. In the last reel of her Instagram story, Emara took a shot of a Middle Eastern dish she made, kunafa, and wrote the following as a caption: “also made this giggly healthy kanaka with coconut oil instead of ghee and honey syrup instead of sugar.” This influencer phenomenon needs to be contested; we must write our stories in Arabic, describe our recipes in Arabic, film our videos in Arabic, and be proud of our mother tongue. At the end of the day, when faced with globalization, our cultures, habits and traditions morph. But without Arabic, what will be left of us in this world?
ا ق ه ع م ي ن خ ص ش ك
اوملكتي برعلا شعفنيم هيل ؟مهتغل Why Can’t We Speak More Arabic As Arabs? ALIAA MOHAMED
GUEST COLUMNIST
ON BEHALF OF
ARAB STUDENT ORG. (ASO)
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Quand la police gaze, mutile et soumet (1), la question de l’abolition se doit d’être soulevée. Ce débat, particulièrement vivace aux Etats-Unis, commence à faire son nid au sein de la réflexion militante française. Horizon extravagant pour la plupart, penser cette utopie est plus que jamais d’actualité. Quand la mort de George Floyd, en mai 2020, scandalisait le monde entier, c’est la légitimité de toute une institution qui se voyait remise en cause. A Seattle (Etat de Washington), environ deux cents habitant.e.s d’ascendance afro-américaine fondaient, en écho à ces évènements, la Capitol Hill Autonomous Zone (CHAZ) : une communauté libertaire - anarchiste, de facto -, où l’auto-gestion a pris le pas sur l’encadrement politique et policier. Alors que ses membres s’organisaient pour fournir gratuitement les besoins de première nécessité et donner des cours, les différents quartiers concernés se retrouvaient dépourvus de tout dispositif policier. Pour pallier ce manquement, des volontaires se sont constitué.e.s en groupes d’intervention opérant sur la base de tactiques d’apaisement en cas de situation conflictuelle (désescalade, prévention du vandalisme…). Un mois après sa création, l’expérience prenait fin manu militari. Mais, passé le mépris de ceux qui n’y voient qu’une brèche dans l’idéalisme, la simple existence de la CHAZ démontre à quel point débattre sur un hypothétique démantèlement de la police n’a rien de déraisonné.
Les raisons de l’abolition Le combat pour l’abolition provient des Etats-Unis. Il s’agit purement et simplement de mettre à bas à la conception du maintien de l’ordre tel que nous la
connaissons, c’est-à-dire exercé par des corps armés et des outils de surveillance. Ici, d’autres systèmes de sécurité se substituent aux services de police traditionnels. Transposer le cas américain au cas français en froissera certainement plus d’un.e, alors même qu’il n’en est rien. D’une part, si l’institution policière nord-américaine apparaît comme rongée par un racisme systématique, les défenseur.euse.s de “l’universalisme républicain” se refusent à faire un tel comparatif entre les deux pays. Ces dernier.ère.s préfèrent l’euphémique et dédouanant terme de “bouc émissaire” afin de traduire les (nombreux) faits de racisme chez les fonctionnaires français. Rafraichissons-nous la mémoire. Outre-Atlantique, la police actuelle puise ses origines dans les “slaves patrols” (patrouilles d’esclaves), mis en place au cours du XVIIIe et du XIXe siècle. Comme le souligne Gwenola Ricordeau dans un entretien pour le média ACTA, “la police n’a pas été créée pour répon-
dre au phénomène du crime. Elle a été établie pour défendre la propriété privée et défendre le suprématisme blanc” (2) En France, bien que l’esclavage soit définitivement aboli en 1848, les encadrements stricts des personnes noires deviennent effectifs durant la traite négrière. En 1777, Louis XVI ratifie une “Déclaration pour la police des Noirs”, qui interdit “à tous noirs, mulâtres ou autres gens de couleur de l’un ou de l’autre sexe [...] d’entrer à l’avenir dans notre royaume, sous quelque cause et prétexte que ce soit.” Le sacre de Napoléon Ier, en 1804, symbolise non-seulement le retour de la police des Noirs, mais également l’institutionnalisation du racisme d’Etat “dans les pratiques des forces de police et de gendarmerie” (3). Autrement dit, une brève rétrospective historique permet de saisir le caractère pro-
fondément raciste et colonialiste de la police, aussi bien étasunienne que française. D’autre part, penser la police sous un prisme atomisé est erroné. Et cela rejoint la controverse autour des “violences policières” - que certain.e.s se permettent d’atténuer par le terme de “bavure”. La police, comme tout autre corps de métier, est avant tout une institution. Elle est chargée d’assurer l’ordre public. C’est là que le bât blesse. La police subjectivise l’Etat, en ce sens qu’elle fait d’un agrégat d’individus distincts - par le RIO, en France - et formellement responsables au nom de la loi, un instrument de la sécurité de toutes et tous. Cependant, les violences filmées et diffusées par les médias, nous forcent à renoncer à l’idée d’une police qui agirait pour le bien-être du.de (la) citoyen.ne. En réalité, l’institution protège un ordre, plus insidieux, celui des classes dominantes - blanches et patriarcales. Mettre en lumière, donc, un racisme systémique, revient à s’en prendre à l’Etat lui-même, lequel, rappelons-le, s’est érigé sur des fondements coloniaux. Aujourd’hui, le dernier rempart du capital traverse une crise de légitimité. Alors, drapé.e.s d’illusions, des politicien. ne.s, intellectuel.le.s, universitaires, brandissent le totem de la réforme. Citons, entre autres choses, le développement de la police de proximité ou l’investissement dans les caméras portatives. Dans le premier exemple, plus de police communautaire signifie une augmentation de la présence policière, et ce, en particulier dans les quartiers noirs et démunis où, précisément, le degré de défiance des autorités est élevé. Dans le second, inutile de mettre en exergue la dimension profondément liberticide d’un outil qui se veut transparent. Les risques d’une captation d’images - complètement tributaire du bon vouloir du policier, qui
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dispose de la liberté d’actionner ou non la caméra - à l’insu du citoyen.ne n’est pas à exclure, loin s’en faut. Ironie du sort, l’article 21 de la Loi pour une sécurité globale - adoptée définitivement en avril dernier - ne vient pas contrôler les agissements du policier mais, au contraire, préserver un peu plus leur intégrité, « lorsque la sécu-
rité des agents […] ou la sécurité des biens et des personnes est menacée » (4).
nent un meurtre. Pire, en étant mobilisée seulement après que les faits ont eu lieu, la police témoigne de son inutilité mais accentue aussi le risque de débordements. Depuis 1977, 676 personnes sont en effet décédées à la suite d’une intervention policière (5).
Justice partout, prison nulle part
La récente condamnation de Derek Chauvin, meurtrier de G. Floyd, a pu en satisfaire le plus grand nombre et se doit d’être saluée. Mais cela ne doit pas occulter la volonté des réformistes de raffermir la justiciabilité du policier fautif ou suspecté de l’être. Ainsi, cette proposition renforce l’individualisation du maintien de l’ordre, en désignant des brebis galeuses, et nous éloigne d’une vision en système de la police. Surtout, revendiquer l’abolition de la police, c’est interroger son utilité même. Dans les faits, la police dessert plus qu’elle ne garantit la sécurité. Plusieurs arguments étayent cette thèse. Les quartiers les mieux dotés en termes de ressources sont ceux où les taux de criminalité et de délinquance sont les moins importants. A l’inverse, les zones faiblement bénéficiaires se retrouvent plus exposées à ces phénomènes. Afin d’y remédier, les effectifs policiers y sont décuplés. Or, ladite criminalité ne diminue pas et a tendance à se concentrer au sein de ces espaces-là. En outre, il est nécessaire de désenchanter l’imaginaire policier. Non, le recours à la police ne s’opère pas, la plupart du temps, dans un cadre d’urgence, à l’instar des crimes ou des délits. Oui, la majeure partie du temps d’un officier est consacrée à des incidents relevant de l’infraction non-criminelle. Quand 85 % des interventions des forces de l’ordre ne nécessitent aucune arme, 0,05 % d’entre-elles concer-
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De ce constat d’inutilité de la police, percevoir dans le mouvement abolitionniste une lutte monolithique est éminemment réducteur. Les militant.e.s qui se réclament de ce courant aspirent également à l’abolition de la prison. Le système carcéral, comme construit historique et traitement du crime à huit-clos, est tout aussi problématique. Mais, à nouveau, les pouvoirs politiques ont gravé dans les esprits une conception de la prison qui s’avère fausse. D’après l’Observatoire international des prisons (OIP), 50 % (6) des détenu.e.s ne le sont pas pour des faits de violences (vols, possession de drogues…). La composition sociologique des prisons a aussi de quoi surprendre l’imaginaire collectif. La grande majorité des personnes incarcérées est de genre masculin, a des trou-
bles psychiatriques et est issue des classes les plus défavorisées (7). L’enfermement reproduit ces formes de domination, alors même qu’au début de la chaîne du système pénal, se situe... la police. “C’est elle qui
procède aux arrestations et elle dispose d’un grand pouvoir discrétionnaire (par exemple, choisir d’effectuer ou non un contrôle d’identité dans la rue)”, explique G. Ricordeau à ACTA. En clair, la prison est la résultante d’une criminalisation toujours plus soutenue du quotidien. Une société que Michel Foucault définit comme une société de contrôle, où le pouvoir laisse finalement très peu d’interstices de liberté à l’administré.e. A cette impasse, les arguments ne manquent pas. L’un d’entre eux, la justice réparatrice ou restaurative, mérite notre attention. Cette notion a émergé concrètement dans les peuples Amérindiens et a été traduite théoriquement par H. Zehr à la fin du XXe siècle. Elle s’inscrit en faux et humanise la justice punitive traditionnelle. Les victimes sont intégrées au processus de production et de délibération, crues et leurs besoins - d’information, de responsabilisation - sont entendus et satisfaits. Le contrevenant, quant à lui, est évidemment jugé et puni, mais dans une volonté de prise de conscience, de reconnaissance du tort causé et de dédommagement, avec, in fine, une éventuelle réinsertion dans la communauté. A la vue de la structure du crime dans nos sociétés actuelles et des violences pléthoriques notamment à l’égard des femmes - qui le constituent, penser un tel système relève de l’absurde. Pourtant, c’est justement en introduisant des alternatives à la police et au traitement de la conflictualité que ces utopies deviendront hétérotopies (8).
A la recherche de l’alternative L’utopie, par définition, est impalpable.
Du moins, nous pouvons nous y projeter, l’effleurer par petites touches, mais jamais la réaliser pleinement. C’est tout le paradoxe qui en ressort. Pourquoi, si elle paraît inatteignable, tant l’envisage voire réussisse à lui donner vie ? Au-delà de la croyance benêt, l’utopie, bassement surnommée idéal, se façonne au gré du temps, de la détermination et de la reconstruction. Bâtir l’utopie, c’est anéantir les structures existantes.
7. Soutenir les organisations qui viennent en aide à votre communauté/ quartier.
Pour ce faire, la pensée militante et notamment américaine - les Black Panthers figurent, à ce titre, parmi les pionniers de l’engagement émancipateur - regorge de propositions pour se libérer du carcan policier. Je recense ici neuf attitudes traduites et issues de l’article “10 Action Ideas for Building a Police-Free Future” du projet MPD 150 (9) - à adopter face à l’omniprésence policière :
Ces réflexes, que chacun peut facilement appliquer à son échelle, ne doit pas passer sous silence les besoins de changements structurels que l’abolition de l’institution policière requiert. Au lieu, comme le prévoit Emmanuel Macron d’ici 2022 (10), d’allouer toujours plus de fonds au maintien de l’ordre et, ce faisant, empirer la situation, il est primordial de suspendre, au fur et à mesure, son financement (“defunding the police”). En cas de comportements jugés néfastes ou de fautes graves, il s’agit d’annuler les pensions et les congés payés des agents en question ou d’abandonner les efforts budgétaires faits en matière d’amélioration de la relation police-citoyen.ne. Cette prétendue perte est un gain pour les zones en déficit de ressources de bien-être, puisqu’elle permet de redistribuer l’argent dans des politiques éducatives, de logement ou de santé. Au sujet de la gestion des tensions, investir dans des services spécialisés - et bien mieux qualifiés que la police - dans la désescalade ou la prise en charge des victimes est aussi une piste à privilégier.
1. Cesser d’appeler la police lorsque cela est inutile. 2. Se former aux gestes de premiers secours, savoir gérer les situations de crise, apprendre de la justice restaurative, etc. 3. Créer des liens de solidarité au quotidien, pas seulement en temps de crise. 4. Si vous avez besoin de la police, rendez-vous directement au poste au lieu, dans la mesure du possible, de les appeler. 5. En cas de crise de santé mentale, essayez, avant toute demande d’aide extérieure, de canaliser la personne en question. 6. En complément du point n°5 : faire une liste des services sociaux ou de lignes directes que vous pouvez appeler à la place de la police.
8. Trouver des solutions à l’échelle locale, auprès des militant.e.s, des associations de parents d’élèves, des enseignant.e.s... 9. Engager un travail qui peut prévenir, plutôt que simplement punir, le crime.
Avant même la création de la police, les communautés pratiquaient en effet l’auto-gestion et ne dépendaient pas de ce type de dispositifs coercitifs. Aujourd’hui, encore, ces formes indépendantes de contrôle n’ont rien de farfelu. Il suffit de jeter un oeil aux quartiers populaires, où des mères s’organisent en groupes dans le but de créer du lien, de maintenir les jeunes à flot, en les initiant, par exemple, à l’écol-
ogie, à l’image de l’activisme de la politologue Fatima Ouassak. A nous, désormais, de réfléchir aux manières de (re)nouer avec une solidarité éprouvée et oubliée. Et, plus que jamais, apprendre à se défendre et à riposter, car, comme dans toute lutte, il s’agit, à la fin, d’abattre l’ennemi. ■
Notes : (1) Rocher, P. Gazer, mutiler, soumettre : politique de l’arme non létale. Paris : La Fabrique Éditions, 2020, 200 p. (2) ACTA, “Les violences policières ne sont qu’une partie des problèmes suscités par l’existence de la police”, ACTA, juin 2020. (3) Pierrot, G. “Aux racines du racisme systémique de la police”, Libération, juin 2020. (4) Proposition de loi nº 599, adoptée, dans les conditions prévues à l’article 45, alinéa 3, de la Constitution, par l’Assemblée nationale, pour une sécurité globale préservant les libertés. (5) Analyse conjoncturelle des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie à la fin du mois d’avril 2020. (6) Observatoire international des prisons (OIP-SF), “Pour quels types de délits et quelles peines les personnes détenues sont-elles incarcérées ?”, OIP-SF avril 2020. (7) Observatoire international des prisons (OIP-SF), “Qui sont les personnes incarcérées ?”, OIP-SF, février 2021. (8) Concept forgé par Michel Foucault et qui désigne une localisation physique de l’utopie. Ce sont des espaces concrets qui hébergent l’imaginaire, tel qu’un théâtre. (9) MPD150, “10 Action Ideas for Building a Police-Free Future”, Enough Is Enough: A 150 Year Performance Review of the Minneapolis Police Department, mai-juin 2020. (10) Brézet, A., de Mallevoüe, D., Cornevin, C. et Leclerc, J.-M., “Emmanuel Macron au Figaro : «Je me bats pour le droit à la vie paisible»”, Le Figaro, avril 2021.
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why
an
compassion
BARBARA KUZA-TARKOWSKA
COLUMNIST
In our fast-paced world, so intently focused on individualism, productivity, and achieving goals, it is easy to forget about the people who we interact with and consider their daily struggles. One would think an ex-CIA spy’s memoir is the last place to find an underlying message of why compassion and empathy matter. When I reached for the book, I merely expected twists and turns, life or death situations, and matters of national security. And yet, Amaryllis Fox’s “Life Undercover: Coming of Age in the CIA” offers a surprising message of how being humane, not outsmarting the enemy, can help save the world once in a while. While the memoir of the former American intelligence officer did keep me in suspense, it also got me thinking about how often compassion and empathy are dismissed as feelings that are often overshadowed by the need to
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display power. Imagine you’re on your daily commute back from school or work, pre-pandemic. In the metro, train, or bus, you see a kid wailing, which automatically puts you in a bad mood. You can’t even commute back home in peace. Once you walk out on your stop, a homeless person sits on the stairs, holding a cap turned upside down, hoping someone might drop a coin or two in there. But there’s such a crowd, they seem to be partly blocking the exit. You sigh in frustration, longing to get home, thinking Why couldn’t they sit anywhere else? Once you’re finally home, in the corridor of your floor you see that old woman, your neighbour, opening her door, beginning to pester you. You don’t have the energy to talk to her, you neither had it yesterday nor a few days ago. You try to escape the conversation by mumbling something about being very busy. The importance of compassion and empathy can be traced back to the principles
of Buddhism. The Pali word for compassion is karuna, which is classified as one of the Four Sublime States of Buddhism. Wisdom (prajna), and karuna are believed to be deeply intertwined, one leading to the other, eventually resulting in enlightenment. According to the fourteenth Dalai Lama, compassion is a fundamental law of nature - no human being or organism can truly function alone, so it is in our nature to be interdependent. Thus, he claims that since all human beings have a need for love - closely connected to interdependence - compassion, which manifests itself through sharing someone’s pain or alleviating it, is one of the keys to achieving personal happiness. But despite that, compassion and empathy continue to be seen as signs of weakness around the world. In case Buddhist philosophy is not convincing enough,
science also provides its explanation. Dacher Keltner of The Greater Good Science Center states in his talk that
Charles Darwin theorized that “sympathy is a stronger instinct than self interest” in his groundbreaking (for its time) 1871 work, entitled “The Descent of Man.” On top of that, a recent study by L. Rowland and O.S. Curry reported that performing acts of kindness for seven days increased happiness of the subjects who performed those acts. The informational video of the Random Acts of Kindness Foundation claims that kindness and compassion release oxytocin and serotonin which in turn help relieve stress, anxiety and even depression. It seems as though
nd
matter
empathy
the positive effects of compassion, empathy and kindness have already become common knowledge. Nevertheless, politics seems to be one of those fields that compassion can hardly infiltrate. It remains a male-dominated field, where toxic masculinity is omnipresent: emotions are rarely ever displayed and coldness takes precedence. Empathy and compassion in politics are often perceived as a weakness. The precedent of leaders being as devoid of compassion as possible, has been set centuries ago - it was in fact Niccolo Macchiavelli who claimed “it is better to be feared than loved.” They are seen as strong when they do not let themselves be affected by suffering. Nonetheless, most leaders who did not care about their citizens rarely ever lived to see a happy ending, they were eventually toppled, or simply not re-elected. Be it Nero, Louis XVI, or Donald Trump. Jacinda Ardern, a modern politician perceived as the pioneer of actively implementing compassion in her office, on the other hand, has recently been re-elected as
New Zealand’s Prime Minister. In a 2018 interview with BBC news she stated that “It takes courage and strength to be empathetic.” Furthermore, she remarked on the adversarial nature of the Westminster-style politics in her country, saying that “we teach kindness, empathy and compassion to our children, but then we somehow, when it comes to political leadership, want a complete absence of that.” Ardern then went on to admit that her style of engaging in politics will attract critics. Indeed, it did - ones who no longer have much sway on the political scene, such as the former president of the United States. Ardern has not only led the nation through its darkest times after it witnessed a terrorist attack on the Christchurch mosque in 2019, but she has also been praised for her management of the Covid-19 pandemic, the record high of the pandemic
having been 89 cases on the 5th of April 2020. New Zealanders have since witnessed life go back to normal, all
sectors of the economy have fully reopened and masks are no longer compulsory. For France, this still seems like an alternate reality. Frankly, most countries could have followed in New Zealand’s footsteps had they not haphazardly and prematurely reopened all sectors of the economy, blinded by desire to keep economic growth numbers high. All it took was a little compassion for the more vulnerable for things to look different than they do for us today. We wouldn’t open the news each morning dreading to see the death toll and call our loved ones to make sure they are okay if only the “nous sommes en guerre” mentality had been discarded in place of a more compassionate one. Now imagine you’re on your daily commute again. You see the child wailing, but you offer them the most genuine smile possible. They fall silent, intrigued, and smile back. Your smile might have been the highlight of their day, and the comments about their appearance from their bully earlier that day have escaped their mind for at least a few moments. Once you arrive at your stop you make your way
to the stairs and you see the homeless person, clutching the cap in their hands. They look at each passerby with eyes filled with hope, perhaps one of them might drop a coin. No one else does, but you decide to. They fervently thank you and hold the coin between their fingers. They haven’t eaten in days, but now they finally will. They have been wandering from one station to another, hoping that these places bustling with people will eventually bring them some luck. They might have grown up on the streets, not knowing what having a secure home even feels like. And finally, when you get home and see your old neighbour, you decide to ask how her day has been. She tells you about the cake she baked and the embroidery she made of the flowers her late husband used to give her. You tell her about yours, and the woman feels like she isn’t that lonely for a while. Why do you do all this? Because compassion and empathy matter. You never know whose day you could brighten or life you can change with a smile or a helping hand. In the words of the Dalai Lama, “Compassion is by nature gentle, peaceful and soft, but it is very powerful.”
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FIRST to sign
FIRST to withdraw ECEM OLANCA
GUEST COLUMNIST
What is the Istanbul Convention?
Violence against women in Turkey
The Istanbul Convention is a human rights treaty also known as The Council of Europe Covention aimed at combating violence against women and domestic violence. It was opened for signature on the 11th of May 2011, in Istanbul, Turkey. On the 12th of March 2012, Turkey became the first country to sign the convention and on the 1st of August 2014, the convention came into force. As its name indicates, its goal is to prevent violence against women, protect the victims, and punish the perpetrators. But its purpose is not limited to these goals. It contributes to the elimination of all forms of discrimination against women and promotion of substantive equality between women and men, including empowerment of women
In recent years, violence against women in Turkey has reached frightening levels and is getting worse and worse by the minute. Today, femicide is widespread and physical and sexual violence are very common. 90% of Turkish women express experiencing violence at the hands of their husbands and boyfriends in both physical and psychological forms. Many women report that their husbands beat them on their wedding night. Despite the gravity of the situation, very few women report the issue to the authorities, and the ones
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(Article 1). It establishes and states precisely the acts and offences identified as violence against women. Those offenses include but are not limited to: psychological violence, stalking, physical violence, sexual violence (i.e. rape and other non-consensual sexual acts), forced marriage, female genital mutilation, forced abortion, forced sterilisation, and crimes committed in the name of “honour,” a phenomenon that Turkish women are familiar with.
that do claim that the police are not sensitive, attempt to find a compromise between the husband and wife, and advise them to “not waste their marriage.” On top of that, when a complaint is filed, the punishments are usually weak, if there is any punishment at all. Some women stay silent but others don’t even have a chance to ask for help since they are cold-bloodedly killed. In 2020, 300 women were victims of femicide. Let’s have a look at some numbers from (only) the month of March 2021: 28 women were murdered in Turkey in March 2021 and 19 more women were found suspiciously dead. Seven of them were killed while trying to make a decision about their own life, such as wanting to divorce, refusing to make peace, refusing to marry, and rejecting a relationship. 13 of them were killed by the men they were married to, four of them were killed by someone they knew, three of them were killed by the men
they were with, three of them were killed by the men they were married to, two of them were killed by their relatives, two were killed by their siblings, and one was killed by the man with whom she used to be together with. 1 1 Kadın Cinayetlerini Durduracağız Platformu Mart 2021 Raporu (We will stop violence against women platform March 2021 report)
power which he is losing little by little. First of all, it will help Erdoğan and the AKP to regain their conservative voter base, which has been dissatisfied with the economic downturn. Other than that, Erdoğan is looking for new allies, such as the Islamist Felicity Party (SP), because he is scared of a potential electoral defeat. Since July, lots of organisations and associations are trying to raise awareness
Turkey’s withdrawal from the Convention As these cruelties continue, Turkey decided to withdraw from the İstanbul Convention. Since July 2020, The Istanbul Convention is facing a lot of controversies. The attackers of the convention repeatedly claimed that it encouraged “homosexuality,” that it was an attack on our “values.” They also declare that the convention encourages divorce and threatens traditional family values. Although Erdoğan’s old party, AKP (The Justice and Development Party), supports and promotes these claims, conservative women’s groups supporting the AKP defended the treaty. Recent surveys and polls also show that 84% of the Turkish public opposed withdrawing from the Istanbul Convention and a great majority of conservative women are in favour of it. Nevertheless, withdrawing from the Convention gives Erdoğan political advantages that will help him retain
to prevent the withdrawal. Hashtags such as “İstanbul Sözleşmesi Hayat Kurtarır” (Istanbul Convention saves lives) and trends such as the black and white photos have been all over social media platforms, and women all around Turkey, especially in Istanbul, Ankara and İzmir, have been protesting. However, these movements were not enough to prevent the withdrawal announced via presidential decree by Recep Tayyip Erdoğan on 20th of March 2021 at 2AM. Within the first 24 hours following the announcement, 6 women were murdered…
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La génération de MARIEM BEN M’RAD
CHRONIQUEUSE
Bon, allez, soyons francs : Arrêtez tout. TOUT. Les masques. Les confinements. Excepté face à vos parents très fragiles (quand ils le souhaitent, ce qui n’était pas le cas de mon père, meurtri à mort d’être privé de notre amour). Vivez à fond, tombez malades, allez aux restaurants, engueulez les flicaillons, contredisez vos patrons et les lâches directives gouvernementales. Nous devons désormais vivre, quitte à mourir (nos aînés ont besoin de notre tendresse davantage que de nos précautions). On arrête d’arrêter. On vit. On aime. On a de la fièvre. On avance. On se retire de la zone grise. Ce n’est pas la couleur de nos cœurs. En ce monde de pisse-froid, de tweets mélodramatiques et de donneurs de leçons, ce texte sera couvert d’afronts, mais peu m’importe : mes aînés vous le diront : Vivons à fond, embrassons-nous, crevons, ayons de la fièvre, toussons, récupérons, la vie est une parenthèse trop courte pour se goûter à reculons. - NICOLAS BEDOS
La crise du COVID semble pour moi la consécration d’un problème qui apparaît de plus en plus dans notre société actuelle. L’angoisse perpétuelle de l’autre. Comprenez-moi bien, je ne parle pas de racisme; mais plutôt du résultat d’une hypersensibilité à tout. En effet, la liberté d’expression et les combats diverses pour défendre les droits de plusieurs communautés sont absolument fondamentaux. Nous n’avons jamais été aussi proche d’une égalité des
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genres, le racisme est tout de même profondément condamné dans plusieurs pays, de même pour l’homophobie… Tous ces mouvements doivent être soutenu et il n’est plus question d’émettre un jugement face à une personne pour son sexe, son orientation sexuelle, ou ses origines. Cependant, est ce qu’il n’y a que du bon dans tous ces combats ? Ne transformez pas mes paroles, je ne pense pas qu’il faille reculer, bien au contraire, j’essaye seulement d’émettre la possibilité que toutes ses actions n’apportent peut être pas que du bon à notre société.
En effet, en discutant avec des personnes d’une voire deux générations différentes, je me suis rendu compte à quel point j’étais à cran. A quel point tout était interdit, tout était déformé et n’avait de sens que la bonne parole, la dictature de la bonne conscience. Mais pour ne pas m’arrêter à ma perception des choses, j’ai préféré me tourner vers des élèves de Sciences Po Menton : comprendre leur manière de voir les choses car tous les avis se valent. J’ai donc recueilli deux témoignages qui reflètent chacun une vision différente de la question.
Premier témoignage d’un élève de deuxième année :
“Je ne parlerai pas vraiment d’hypersensibilité mais de dogmatisme surtout. Quand on arrive à Sciences Po, on est tous porté par des valeurs, des convictions que l’on souhaite défendre et qui nous animent. Le problème de ça c’est qu’après dans les débats le relativisme est exclu, les gens restent sur leur position et une certaine forme de dogmatisme s’installe. Les gens ne veulent absolument plus bouger de leurs positions et il n’est plus possible d’entendre la critique. Et le pire dans tout ça, je dirais que c’est un dogmatisme qui s’entretient : si je vois que l’autre n’a pas envie de faire de concessions et ne prend même pas la peine de réfléchir à l’argument que j’annonçais, et bien moi non plus ca ne va pas m’encourager à faire un pas vers lui et à comprendre son raisonnement. Donc en fait ce n’est pas une hypersensibilité mais un dogmatisme qui est d’ailleurs présent dans les deux camps et le pire dans tout ça c’est que c’est un dogmatisme qui s’auto entretient. Il faut penser comme l’autre, ou alors on reste sur nos positions et on est confiné au
e la peur sociale silence. Moi j’ai une vision un peu pessimiste du débat sur le campus, il y a vraiment deux camps qui sont irréconciliables : ces deux camps la se parlent sans s’entendre. Il y a des divergences qui sont tellement importantes que le consensus n’est pas possible, surtout sur des sujets qui sont aussi clivants que l’identité, le genre…”
Deuxième témoignage d’un élève de troisième année :
“Bien sûr ça pose certaines limites qui n’étaient pas là auparavant parce que dans tous ces combats, il y a d’une part le combat par la justice mais aussi par le langage. Du coup on peut dire moins de
l’intolérance. C’est la non tolérance du racisme, du sexisme, de l’homophobie et de toutes ces formes de haine. On est plus limité dans ce qu’on peut dire parce qu’on doit faire attention et faire at-
choses mais les choses “qu’on ne peut pas dire” pour une fois auront des conséquences : ce sont parfois des remarques racistes, sexistes, homophobes et il y aura des répercussions. Personnellement je pense que c’est une bonne chose parce que c’est une intolérance de
tention c’est un signe d’empathie et d’amour. Parce que les mots qu’on utilise ne viennent pas uniquement de notre attention mais correspondent aussi à comment ils vont être perçus.
Il faut aussi se dire mais pourquoi ces choses sont blessantes ? Pourquoi on ne peut plus rien dire ? Et pourquoi les choses qu’on disait avant et que certaines personnes disent encore sont problématiques et rentrent dans ce système de racisme, de patriarcat et d’homophobie ? Il faut d’abord prendre le temps de s’éduquer, de lire, de discuter avec des personnes si ces personnes sont d’accord pour échanger sur ces sujets la. Mais je pense que souvent c’est une incompréhension de pourquoi c’est problématique. Il faut comprendre que l’impact que ça peut avoir sur une autre personne, c’est pas seulement un impact émotionnel ou hypersensible, mais c’est un ressenti qui est valide et qui a tout son droit d’être là, qui enfin à sa parole.”
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POURQUOI
FAUT-T-IL ÊTRE
“Féminisme, Anti-racisme, Écologie, Décolonialisme, Intersectionnalité...”
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2021 ?
PROGRESSISTE
EN
BECHAR BENMOUMEN
CHRONIQUEUR INVITÉ
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Ces mouvements agitent aujourd’hui l’espace politico-médiatique et sont, sans conteste, à l’origine d’une impression de polarisation des sociétés occidentales. Les violents affrontements entre partisans de Donald Trump et groupes antifascistes aux Etats-Unis, les zones “sans idéologie LGBT” en Europe de l’Est ou encore la récente polémique autour de l’islamo-gauchisme en France sont autant de preuves de la fracturation sociétale qui agite les Etats les plus prospères de notre globe. Même, notre bien-aimée “Oummah”(1) ne semble pas échapper à la norme, c’est dire si la situation paraît grave. Les “progressistes”, tour à tour cloués au pilori ou érigés au rang de messies, sont compris et analysés comme un bloc monolithique, à la pensée unique, et dévoué à la destruction (ou plutôt à la déconstruction) de tous les fondements des communautés humaines. Mais, audelà de cette vision caricaturale, il semble indéniable qu’il existe en effet un cadre idéologique commun à des mouvements aussi différents que l’écologisme ou le décolonialisme : le progressisme. Qu’est-ce donc que cela ? Wikipedia le définit comme “une philosophie politique favorable à certaines réformes sociales, fondée sur l’idée de progrès selon laquelle les avancées dans les domaines de la science, de la technologie, du développement économique et de l’organisation sociale sont essentielles à l’amélioration de la condition humaine”. Je le conçois à titre personnel, comme une attitude caractérisée par une volonté de modifier certains états de fait, afin d’améliorer les conditions de vie de mes congénères dans une perspective empathique et solidaire. N’ayant pas fait partie de groupes minoritaires (jusqu’à très récemment avec mon arrivée en France), ma manière d’adopter des idéaux progressistes ne s’in-
carnent bien évidemment pas de la même manière que pour celles et ceux qui luttent au quotidien pour l’acquisition de leurs Droits fondamentaux. Je ne crois pas, toutefois, être disqualifié à lutter aux côtés de ces individus, et ce, pour des raisons que j’exposerai ultérieurement. J’ai donc l’intime conviction qu’il faut être progressiste en 2021. Si d’aucun estime que les mouvements progressistes incarnent la quintessence du nihilisme occidental n’ayant pour but que son autodestruction, que ces derniers ne sont composés que d’esthètes de la bien-pensance, ou qu’ils sont le pur produit au choix, d’une ultra-libéralisation ou d’une américanisation de nos sociétés, il importe que nous n’adoptionspas une vision homogénéisante et partiale, tout en regardant en face, les critiques, parfois légitimes, adressées au progressisme. Oui, certains individus, éloignent et opposent plus qu’ils ne rassemblent. Oui, il est primordial de ne pas calquer les problématiques étasuniennes sur des sociétés à l’histoire et à la culture différentes. Oui, il faut faire preuve de pédagogie et de bienveillance à l’égard du plus grand nombre. Oui, il faut s’attacher à adopter une attitude proactive qui ne se baserait pas sur le rejet systématique des évolutions jugées insatisfaisantes. Oui, à tout cela, selon moi. Néanmoins, ces aspects négatifs justifient-ils le rejet absolu de valeurs profondément universelles comme la tolérance, la solidarité ou le respect de la dignité humaine ? Faut-il pour autant, sous prétexte que l’on puisse s’opposer parfois aux positions des militants les plus vocaux, s’affranchir de l’engagement pour la préservation de notre planète ou contre les discriminations racistes ? Dans un monde consacrant la réussite matérielle comme aboutissement de l’existence humaine, au prix de l’individualisme (et pas l’individualisation), de l’indifférence aux autres et de la désidéol-
ogisation, je crois, peut-être naïvement, qu’il faudrait remettre au goût du jour la morale. Je crois, que nous gagnerons collectivement à voir la bonté, l’empathie et la solidarité, non plus comme des marques de faiblesse ou des valeurs anachroniques à l’ère du capitalisme sauvage, mais plutôt comme les fondations des solutions qui nous permettront d’agir, en tant que communauté, pour résoudre les problématiques d’un monde toujours plus complexe. Dire qu’il faut être progressiste, ne veut bien évidemment pas dire qu’il n’y aurait qu’une seule manière de l’être, ou de s’en revendiquer, il me semble, au contraire, pertinent d’avoir la possibilité de confronter différentes manières d’aborder par exemple, la question climatique, la crise migratoire ou encore les héritages coloniaux. Dire qu’il faut être progressiste, ne justifie pas non plus les croisades morales menées par certains, dont le but affiché est de jeter l’opprobre sur les tenants d’opinions divergentes, sacrifiant par la même occasion l’écoute mutuelle, sur l’autel d’une pensée unique. Aujourd’hui, plus que jamais, le progressisme a besoin de gagner la bataille des idées, de se confronter à l’altérité, et ce, nonobstant la sensibilité des enjeux qu’il se propose d’adresser. Il se doit de le faire avec la conviction du bien-fondé de son message et avec le respect le plus absolu des valeurs démocratiques. C’est par l’échange et l’écoute que nous pourrons réinventer le monde d’après, car le progressisme n’est pas le combat des minorités, mais celui de l’Humanité. ■
Notes : (1) Sobriquet utilisé par les étudiants de Sciences Po Menton pour faire référence à la communauté estudiantine (dans le langage communautaire musulman).
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The Great Decline End of the German Crises are times of Critical Junctures. Indeed, the past few weeks of German politics have been all but tranquil. Not only has the current great coalition government come under fierce criticism for an appalling vaccination rollout against Covid-19, but overall pandemic management was sluggish, incoherent, and painfully bureaucratic. In the midst of these prevailing uncertainties, the ruling Christian Democratic Union (CDU) and German Social Democratic Party (SPD) have suffered from poor polls and disappointing national election results over the past two years, while a new adversary is set to take them on in the battle for the chancellery: The Green Party. The Greens have consistently polled at 20 percent or more — in striking distance of the CDU — while it has comfortably overtaken the SPD ever since it was buoyed by the Fridays for Future movement in 2019. According to current polls, 2021 could carry them and their leader, Annalena Baerbock, all the way to the chancellery, possibly ending decades-long domination by the CDU and SPD, traditionally known as the Volksparteien, the “People’s Parties.” Since the creation of the Federal Republic in 1949, federal governments exclusively included the CDU and the SPD, who used to alternate coalitions with the centrist Free Democratic Party (FDP). CDU and SPD would consistently achieve between 30 and 40 percent of the vote and thus were called Volksparteien not only because at least one of them has led the country for 72 years, but because it was believed they represented a distinct yet sizable portion of society. The CDU would represent the more conservative, industrious middle class that
LIONEL CHAMBON
GUEST COLUMNIST
emerged from Germany’s post-war economic boom. The SPD would court the lower and middle classes, branding itself as the party of the commoners. Now, both of them might have hit rock bottom. How could this happen?
The Fall of a Giant In 2009, the SPD achieved a shocking 23 percent of the vote, followed by 25.7 percent in 2013 and 20.5 percent in 2017. The party has failed to bounce back, far away from its
e: 2021 and the n Volksparteien? historical 30+ percent results. To understand this dynam- goals: the introduction of housing subsidies for families with ic, consider what the SPD used to stand for. Imagine a man children, a minimum wage, higher unemployment benefits, working as a miner in the 70s. Or a restaurant owner emigrat- and a minimum pension. However, in practice, the German ed from Greece. Poswelfare state makes it difficult to find a job when unOld German Social Demsibly a single woman employed, as all additional income is deducted from working two jobs to ocratic Party’s (SPD) plat- benefits – reducing any incentive to find a job in the raise her children. Or form: “here is a ladder you first place. The minimum pension has been proven a kid from Germany’s can use, and if you slip, we ineffective, as only 10 percent of recipients are acchallenged commutually at risk of poverty after retirement. Germany is will catch you.” nities hoping to one also not the business-friendly environment it used to day live a life his or be. While multi-billion-euro airlines received state her parents can be proud of. The SPD used to be the party support during the pandemic within weeks, small- and mefor all these men and women. It embodied the social market dium-sized enterprises, shops, local businesses, restaurants economy as an instrument to deliver equal opportunity and and the like were left waiting for months. And the SPD consocial mobility, whilst fighting for the most vulnerable. No tinues to stand by silently. matter where you came from – it mattered what you wanted to achieve in life. Not in a “pull yourself up by your boot- Angela Merkel’s Legacy: A Party in Disstraps” kind of way – more like “here is a ladder you can use, array? and if you slip, we will catch you.” Under Willy Brandt and Helmut Schmidt, the SPD pushed for equality of the sexes, Where does the CDU fit into this? After all, it has governed female emancipation, a strong welfare state, and educationwith the SPD for the last 12 years. Merkel has undoubtedly al reform. Under its leadership, more and more children moved her party to the left by accepting welfare policies by with immigrant backgrounds finished high school. Workthe SPD mentioned above. But this is not the reason why er’s rights were increased. An ideal society rewarded hard the CDU will struggle work, but provided also for the weakest. to fill Merkel’s shoes. Solidarity comes from the strength of the However, in recent years, the SPD The main watershed to individual, after all. has changed course. It distanced keep in mind is the miitself more and more from its gration wave of 2015 However, in recent years, the SPD has and the rise of the farchanged course. It distanced itself more semi-meritocratic roots it had emright Alternative for and more from its semi-meritocratic roots bodied so successfully Germany (Af D). it had embodied so successfully. Social problems were to be fixed by the redistribution of outcomes When the European border crisis that year erupted, contrary instead of means. The party veered further to the left, away to her Hungarian counterpart, Merkel opted to keep the borfrom market economics and equality of opportunity, which ders open for humanitarian reasons and permit a large intake alienated the working middle-class Germans that once beof Middle Eastern and North African refugees. However, longed so firmly to its base. Through its overly redistributive the Af D soon exploited immigration to stir xenophobic and course, tax rates have soared. As of 2017, 50% of the country’s racist fears, and when Islamist terror attacks struck France entire tax revenue was carried by the wealthiest ten percent, in November, the public mood shifted. Germany’s public with the maximum income tax rate of 42 percent taking efbecame fearful, resentful, and sceptical towards Islam, and fect at an income above 57.000 euros (!). One trillion Merkel was soon put under pressure for opening a gap to the euros are spent each year on welfare, just right of the CDU which the Af D could fill. The much more above 30 percent of GDP. Paradoxicalconservative base slowly began asking what it meant to be ly, the party did achieve notable policy
conservative in this party; a question she was more or less unable to answer. The consequence was a 33 percent election result in 2017, compared to 41 percent four years prior. Lacking a clear stance on migration, a growing welfare state, and a middle class suffering from high taxes, as advocated by the SPD, the CDU base soon rebelled, and Merkel faced increased criticism.
In any case, the steadfast domination of conservatives and social-democrats as “People’s Parties” is likely coming to an end, and so is the idea that they each distinctively represent parts of the population. The state the SPD helped to create arguably does not reward individual efforts, and it does not provide an efficient social safety net. By alienating the German businessmen, they have betrayed the backbone of the economy to which an incredible amount of prosperity and employment is attached. Taxes have been collected, but results not delivered.
And even though the party elected a candidate for the federal elections just recently, the moderate Armin Laschet is unlikely to satisfy the already disgruntled right-wing of the party, and internal divisions are increasing. The CDU is equalIn April, Laschet had to battle the Governor ly responsible for The CDU is equally responsiof Bavaria, Markus Söder, for the candidapoorly managing the cy to the chancellery, demonstrating an in- ble for poorly managing the Covid-19 pandemner-party schism between moderates like Covid-19 pandemic, and by ic, and by side-lining him and traditional hardliners like Söder. side-lining its conservative base, its conservative base, As a consequence, the CDU is now polling it has lost much of its traditional it has lost much of far below 30 percent just six months beits traditional profile fore the voting booths open – well behind profile which made it historically which made it historithe Greens. The CDU’s poor public image successful in the first place. cally successful in the among young people concerning climate first place. change, social policies and education have put it in a dire predicament which will be difficult to resolve The bottom line is that, by steering away from their core idebefore September. als, the CDU and SPD have failed to articulate who they are and what they stand for, something the Greens have skilfully To make matters worse, the party was hit by a corruption mastered. Voter demographics have changed, and the CDU scandal under which several MPs apparently benefitted from and SPD were slow to respond, which is also why the Greens negotiating higher prices for medical products, like masks, were immediately successful in branding themselves as the manufacturers could sell to the federal government, thereby “authentic” ecologist party during the 2019 Fridays for Fugaining a hefty commission bonus. Since the German pan- ture movement – a key concern for voters in 2021. demic response was already in a difficult state, public outrage against the CDU has only increased – and buoyed the After 16 years of Angela Merkel’s leadership, succession is Greens. all but certain. The CDU and SPD have until September to figure it out.
What to Expect from the 2021 Election Even though anything can happen until September, especially during a pandemic, it is likely that the CDU and SPD will suffer another crushing defeat. While many feel that they have gotten out of touch with their traditional constituents, the Greens have Voter demographics have changed, and managed to present themselves as a unified the CDU and SPD were slow to respond, party with a vision for a more equal, ecolog- which is also why the Greens were immeical, and sustainable Germany. The Greens diately successful in branding themselves have a real shot at taking the chancellery, and it is impossible to predict which coa- as the “authentic” ecologist party during litions could form a new government. The the 2019 Fridays for Future movement – a FDP should not be discounted as a possi- key concern for voters in 2021. ble junior partner, either, as its popularity during the pandemic has increased, too.
While many feel that they have gotten out of touch with their traditional constituents, the Greens have managed to present themselves as a unified party with a vision for a more equal, ecological, and sustainable Germany. The Greens have a real shot at taking the chancellery, and it is impossible to predict which coalitions could form a new government.
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Peut-on être contr féminisme actuel ? NOLWENN MENARD
CHRONIQUEUSE INVITÉE
En septembre 2020, La Fabrique Politique, association de débats politiques de SciencesPo Menton, s’interrogeait sur la question “peut-on être contre le féminisme actuel ?” Sujet clivant que le féminisme, sujet difficile parce qu’on ne peut ignorer les biais négatifs des français envers ce mouvement mais aussi parce qu’on ne peut nier son importance et sa nécessité dans nos sociétés contemporaines. Le Larousse définit le féminisme comme un “mouvement militant pour l'amélioration et l'extension du rôle et des droits des femmes dans la société.” Les féministes ajouterons que le féminisme, c’est la volonté d’atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes dans la société, mais aussi l’élimination des violences sexistes et sexuelles, envers les femmes comment un féminisme actuel, me les hommes. Les définitions un féminisme d’aujourd’hui sont claires, simples, et n’appellent Pour mieux comprendre ce féminisme ? Est-il fondamentalement en aucun cas à la supériorité de la “actuel”, il faut d’abord définir le différent de celui d'hier, ou femme par rapport à l’homme. féminisme en tant que tel. La définition bien le féminisme d’aujoComment alors peut-on expliquer du Larousse ignore une partie fonda- urd’hui est-il seulement une que le féminisme ait si mauvaise évolution permanente des réputation ? Comment peut-on mentale du mouvement, celle de l’égal- différents courants qui le comprendre que certaines per- ité entre les hommes et les femmes. constitue ? sonnes ne sont pas féministes aujourd’hui ? Tout d’abord, intéressons-nous à ce féminisme “actuel”. Il aurait commencé autour des années 2010, avec plusieurs événements Les critiques semblent se concentrer sur ce qu’on appellerait importants. Quand, en 2016, Donald Trump est élu président le “féminisme actuel”, un féminisme moins pur et plus extrême des Etats-Unis, une vague de mouvements féministes déferla sur qu'avant, qui aurait des revendications différentes et une vololes états progressistes du pays. Ce nouveau président était l’innté de soumission et de haine envers l’homme. Existe-t-il réellecarnation de la classe privilégiée qui encourage les inégalités de
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1. 2. 3.
Enquête Cadre de vie et sécurité Insee-ONDRP 2018, sur la période 2011-2017 Enquête Virage (nouvelle ENVEFF) Collectif Féminicides par (ex)compagnon. https://www.facebook.com/feminicide/
4. 5. 6.
Observatoire national des violences faites aux femmes, 2015 INED (Institut national d’études démographiques) ONU
re le ?
le droit d’ouvrir un compte bancaire, de travailler… Pourtant il subsiste encore des inégalités contre lesquelles se bat ce féminisme “actuel”. Les féministes d’aujourd’hui réclament l’arrêt des violences faites aux femmes, l’égalité de salaire, l’accès aux mêmes opportunités professionnelles ou encore le congé paternité.
Pour mieux comprendre ce féminisme toutes sortes et ses remarques misogynes étaient parmi les plus célèbres. Trump “actuel”, il faut d’abord définir le féminisme soutient “grab’em by the pussy”, les fémin- en tant que tel. istes et les femmes étaient scandalisées. La définition du Larousse ignore une parA la tête du pays se trouvait un homme tie fondamentale du mouvement, celle de qui incarnait la culture du viol, Il est infiniment plus simple de délégitimle machisme, er le combat féministe en invoquant les le besoin pour FEMEN ou les “folles hystériques” que de un renouveau se questionner sur les petits actes sexféministe.
istes que nous faisons tous les jours, de En 2017, les remettre en question son comportement.
vagues de dénonciation du harcèlement sexuel au travail, du viol et des agressions sexuelles commencèrent avec l’affaire Weinstein. Le mouvement “Me Too” fut relancé et pendant des mois, des centaines de milliers de femmes témoignèrent sur les réseaux sociaux et dans les médias, brisant l’omerta autour de ces violences sexistes et sexuelles. En France, Sandra Muller lança “Balance ton porc”, qui cartonna également sur Twitter et autres réseaux sociaux. Finalement, cette nouvelle vague, ce féminisme “actuel”, se caractérise par une libération de la parole et une médiatisation intense du mouvement. Il ne se bat plus pour l’égalité civique comme la première vague, ni pour les droits reproductifs et de contraception comme la deuxième, mais pour des droits et une égalité de faits et non plus seulement légale. En effet, dans la plupart des pays démocratiques occidentaux, les femmes sont égales aux hommes face à la loi. Elles ont le droit de vote, le droit à l’avortement, le droit à la contraception, 7.
l’égalité entre les hommes et les femmes. En effet, le féminisme n’est pas simplement un “mouvement militant pour l'amélioration et l'extension du rôle et des droits des femmes dans la société.” Le but de cette idéologie n’est pas l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes pour le simple fait d’améliorer. C’est l’égalité qui est l’objectif final du combat, le seul objectif qui compte. Cette égalité de fait est cruciale, chaque être humain a le droit d’être égal aux autres et les femmes aussi. De plus, cette définition ignore une partie fondamentale du féminisme, qui est le choix et la liberté. Il n’existe pas un féminisme, mais des féminismes, il n’existe pas de féminisme idéal mais des féminismes imparfaits qui se battent tous à leur manière pour rendre leur liberté aux femmes par leur égalité avec les hommes. Une femme parfaitement égale à l’homme est libre de faire les choix qu’elle entend.
Chaque femme et chaque homme, dans la mesure où ils font un choix conscient, ont un comportement féministe. Une femme qui veut être mère au foyer peut faire un choix féministe, si c’est véritablement le sien et que personne ne lui a imposé. La notion d’égalité va de paire avec la liberté, puisque la première donne accès à la dernière et puisque la liberté, c’est le pouvoir de faire des choix. De plus, l’égalité entre les hommes et les femmes est encore très loin d’être atteinte. Certes, depuis 1944 les femmes ont le droit de vote, depuis 1967 elles peuvent utiliser une contraception choisie et depuis 1974 elles peuvent avorter. Cependant le féminisme d’aujourd’hui se bat pour une cause encore différente, la fin des violences faites aux femmes et des violences sexistes et sexuelles. Chaque année en France, 94 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol. C’est une femme sur 10 qui est victime de violences conjugales au cours de sa vie en France et 151 femmes qui ont été tuées par leur ex ou leur conjoint en 2019. Seulement 10% des victimes portent plainte après avoir été victime de violences sexuelles. De plus, on estime qu’il y a 53 000 femmes qui ont été excisées sur le territoire français. Enfin, dans le monde, une femme sur trois sera ou est victime de violences. Devant ces chiffres, comment ne pas déplorer le manque d’égalité entre les sexes, comment ne pas se révolter face à cette souffrance féminine ? Sans oublier qu’à ces crimes dont tout le monde s’accordera à rejeter la violence, s'ajoute le sexisme latent et quotidien que vivent les femmes chaque jour. Entre le harcèlement de rue, l’outrage sexiste, l’injure sexiste publique, notre législation française a bien décrit les situations affligeantes du quotidien en théorie puni par notre système judiciaire. Pourtant, on sait
Sondage Ifop, 2018
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la difficulté de prouver ces délits ou contraventions devant un tribunal, on sait l’impossibilité de se rebeller devant ces agresseurs dont très peu finissent par être punis. Une violence quotidienne qui s’étend au milieu du travail puisque une femme sur trois est victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail en 2018. Ces micro-agressions, ces violences quotidiennes encouragent ce que l’on appelle la culture du viol, cette culture du sexisme et de normali-
Devant ces chiffres, comment ne pas déplorer le manque d’égalité entre les sexes, comment ne pas se révolter face à cette souffrance féminine ?
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sation du viol qui mène au crime mais qui en fait aussi son apologie. Et être féministe aujourd’hui, c’est aussi vouloir mettre en avant cette volonté de mettre fin aux violences et c’est aussi une nécessité dans nos sociétés contemporaines. En allant plus loin, oublions l’idée que le féminisme veut dire “la fin de l’ère de la drague”, “ l a supériorité féminine” ou encore la “haine des hommes”. L’égalité entre les hom-
mes et les femmes bénéficie aussi à l’homme, qui se retrouve libéré des stéréotypes dans lesquels il est enfermé. Imaginons un monde où l’homme n’a pas besoin d’être viril, peut montrer ses sentiments, pleurer, n’est pas vu comme une bête contrôlée par ses hormones et ses pulsions sexuelles. Imaginons un univers où l’homme partage tout avec la femme, où il peut être père, père au foyer, aimer la cuisine, le ménage, jouer avec ses enfants. L’homme peut draguer, avec le consentement de la femme en face de lui, respecter la femme et la traiter comme une égale. Imaginons un monde où, finalement, les deux sexes sont libérés par leur égalité et peuvent être parfaitement libres. Enfin, abandonnons l’idée que le féminisme est extrême et non-représentatif des populations qu’il défend. Quand on entend
“féminisme” on imagine les FEMEN, on pense aux féminazies, on pense aux quotas, à la discrimination positive, à Marlène Schiappa et ses cris. Il faut commencer par accepter que le féminisme n’est pas un bloc de femmes uniforme et homogène : les féministes sont divisées, elles n’ont pas le même avis sur tout. Il est infiniment plus simple de délégitimer le combat féministe en invoquant les FEMEN ou les “folles hystériques” que de se questionner sur les petits actes sexistes que nous faisons tous les jours, de remettre en question son comportement. Le féminisme actuel se bat pour la protection des femmes face aux violences sexistes et sexuelles. Qui pourrait dire qu’il est contre la protection de sa mère, de sa sœur, de sa copine face au viol ? Il se bat pour une plus grande démocratisation du savoir du corps de la femme. Qui pourrait dire qu’il est contre faire jouir sa copine ou savoir comment l’aider pendant le sixième du mois où son utérus la cloue au lit ? Certains diront, FEMEN, féministes hystériques, extrémistes, ça ne me concerne pas et ce n’est pas mon féminisme.
Ça peut être vrai, mais et alors ? Définissons ensemble et chacun le féminisme que l’on veut voir et que l’on veut porter. On peut être contre le féminisme actuel parce qu’on peut décider que le viol, l’agression sexuelle, l’injure sexiste, le plaisir féminin, les règles, ça ne nous concerne pas. Mais dire qu’on est pas féministe aujourd’hui, c’est dire qu’on On peut être contre le féminisme actuel parce ne croit pas en l’égalité entre les qu’on peut décider que le viol, l’agression sex- hommes et les femmes. Et justifier cette distance du féminisme uelle, l’injure sexiste, le plaisir féminin, les règles, par les FEMEN ne sert qu’à déça ne nous concerne pas. Mais dire qu’on est pas placer le problème. On peut ne féministe aujourd’hui, c’est dire qu’on ne croit pas aimer les FEMEN et ˆétre pas en l’égalité entre les hommes et les femmes. féministe. On peut être féminet ne jamais être activiste. Et justifier cette distance du féminisme par les iste Mais on ne peut pas abandonner FEMEN ne sert qu’à déplacer le problème. l’espoir d’égalité pour la moitié de la population mondiale parce que des filles sans t-shirts dans la rue, ça nous fait flipper.
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The Arms Tra Treaty: A critical fem perspective 98
JOHANNA GRABERT ON BEHALF OF AMNESTY INTERNATIONAL
GUEST COLUMNIST
ade
minist Instead of regulating arms, it legitimizes liberal militarism. A feminist lens helps to think outside the box.
Armed violence is gendered; Eighty percent of those killed in armed conflict are male, yet women and LGBTQI+ suffer disproportionately from gender-based violence (GBV). GBV springs from unequal power relations in society and is committed because of one’s constructed sex or gender. Although this form of violence is the most prevalent one worldwide, it has been overlooked for decades. The Arms Trade Treaty (ATT) is not only the first international regulation on conventional arms, it also breaks with the historic invisibility of gender based violence. It came into existence in 2014, has been ratified by more than 100 states, and signed by 30 more. The treaty intended to pull the reins on a roaring global arms market. It was praised by states and NGOs alike. The ATT requires states to carry out risk-assessment procedures which are supposed to ensure that the arms trade does not contribute to human rights violations or GBV. This is a revolutionary humanitarian approach because GBV includes psychological, emotional and economic violence. While the approach seems pioneering on paper, its realisation remains disappointing. The assessment criteria are weak and further diluted in the Treaty’s implementation procedure. This combination makes the ATT a tool to legitimize the arms trade of the Global North.
The US “gold standard”
that, compared to UK policy, the treaty “would not add anything on top of that.” Similarly, the US’ intention was to raise everyone else to its “gold standards of export control.” This level of Western arrogance and hypocrisy is simply repelling. The British regulations did not stop their weapon exports to Egypt in the wake of the Arab Springs—not to mention, state involvement in illicit arms trade. The British government encouraged the private company Sandline to ship 35 tons of arms from Bulgaria to Sierra Leone’s government. At the same time, two retired military officials who held close connections to foreign secretary Robin Cook organised direct shipments of weapons to the opposing war party, the Revolutionary United Front (RUF). Most other states transported arms to neighbouring countries, usually Liberia, knowing that their weapons would be sold to the fighting parties in Sierra Leone. Adding to this the Treaty regulates low-tech weapons fairly strictly, while overlooking high-tech weapon systems that are—surprise, surprise—predominantly produced in the Global North. The risk-assessment procedure of the ATT levels the playing field for Western arms trade and allows them to put an “approved” stamp on their deals. In case someone questions France’s arms exports to Saudi Arabia, this comes in handy. The ATT therefore serves to distract, depoliticize and mute criticism against the Global Norths’s arms trade. It legitimizes liberal militarism.
Fighting global crime on a national level Another major flaw of the Treaty that explains its failure to effectively fight the spread of arms is its implementation. Tragically, ATT has no enforcement mechanism whatsoever — no court, no controlling institution, no review procedure. States are supposed to translate the ATT’s regulations into their national law and enforce it on a national level. This has led states to interpret the ATT in their national conditions as suits them. Although the European Union has a “com-
The procedure by which states are supposed to assess the risks of gender-based violence through arms trade holds many loopholes. It is extremely hard to foresee the humanitarian consequences of arms trade. Even if not directly involved, weapons often facilitate crimes. For example, an armed guard reduces the The ATT requires states to carry out risk-assessopportunities to escape from sex crime. ment procedures which are supposed to ensure Overall, the presence of weapons severely aggravates the subjection of marginalized that the arms trade does not contribute to human groups. These ways in which weapons fa- rights violations or GBV. This is a revolutionary hucilitate GBV are not included in the ATT’s manitarian approach because GBV includes psyrisk-assessment guide. chological, emotional and economic violence. Even besides the GBV-dimension, the ATT regulations look very pale. In fact, the treaty’s initiator, the UK, only aimed at committing illiberal states to its standards. The government promised Middle Eastern customers
mon position on arms export control,” the implementation has happened differently in its 27 different member states. According to the EU Parliament deputy Hannah Neumann, Belgium has even adopted three different versions of arms
regulation: The Flemish version is strict, but they have hard- ing on state security, they move human security to the centre ly any arms export, while the Walloonian is lenient and they of attention. A state’s military might does not ensure its cithave a lot of arms export. izens’ security – by contrast, it is often the source of insecurity for women, POCs and other marginalized groups. For National implementation and persecution are blunt swords example, the number of femicides in the US are particularly against today's arm trafficking, which is global organized high. crime. The ATT even fails to regulate official companies; the German corporation Rheinmetall produced cannonballs in To create more human security, feminists demand more repItaly. Neither the German nor the Italian state saw itself as resentation of women, marginalized groups and those affectresponsible and hence the firm could export their weapons ed on the ground at the negotiation table. For example, out wherever they liked. Arms traffickers have woven compli- of 16 members in the EU’s Group of Personalities on Decated firm constructs, they mingle other cargo with arms fence Research, only two are female and ten have links to the shipment and there is intersection with human trafficking, arms industry. Overall, a change in the patriarchal discourse drugs, corruption, money laundering, and other organized is desperately needed; militarisation is still portrayed as a racrime. In the face of these realities, the ATT’s doctrine of tional necessity whereas demilitarisation is seen as naïve. It national implementation reflects the lack of commitment is frustrating that the international power dimensions force among states to address the issue. us to deal with patriarchs from Iran, Russia or Saudi Arabia who keep bombing their way to the negotiation table. Of feminist visions and bombing patri- Still, liberal militarisation and legitimation of arms trade is the wrong track and only perpetuates violence, conflict, and archs domination. Instead, risk assessment standards and international or EU-wide implementation would be crucial steps. Feminist perspectives offer approaches to think outside the They would make the ATT a stepping stone towards arms box of economic and geopolitical interests. Instead of focuscontrol and not only a pipe dream which is misused to legitimize liberal militarism.
Tragically, ATT has no enforcement mechanism whatsoever — no court, no controlling institution, no review procedure.
Out of 16 members in the EU’s Group of Personalities on Defence Research, only two are female and ten have links to the arms industry.
ADA BASER
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ater: How movemen
and why it can
w separatists nts use it as a tool
n be dangerous ÉDITION N˚5 | AVRIL/MAI 2021
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become Water has an important
tool for the Syrian Kurds, a minority group in northern Syria who have been pushing for status as an independent state or region. Indeed, demands for control over water sources is not exclusive to their ethnic group, nor is it a new phenomena in what used to be Mesopotamia over 2,000 years ago. Tensions over control of the Tigris and Euphrates river, the first recorded water conflict, date back to 25 B.C. between the Umma and Lagash. Even today, what was then Mesopotamia is now riddled with questions over water control. With the source of the Euphrates in Turkey and Iran, an age-old, ever-prevalent question arises: does Turkey and Iran deserve more access to the water than countries through which a majority of the river flows? How have tensions over water control transformed into fuel for separatist movements in the modern age? The topic of controlling waterways recently met judges of the International Court of Justice in a case between Bolivia and Chile over access to the Pacific Ocean. Bolivia, a landlocked country since the redrawing of borders following the 1884 war with Chile, called for negotiations for sovereign access to the Pacific through waterways that originate in its modern boundaries along the Atacama border. The 2018 trial concluded in favor of Chile, stating that there
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was no legal obligation under the jurisdiction of the court for negotiations between the two, all while promoting peaceful talks between the involved parties. It is well established that water conflicts can even impact countries’ relations with one another, as today, Bolivia and Chile lack full diplomatic relations. However, the problem of water (as with the allocation of any resource) is compounded when ethnic minorities are introduced. Would giving minority groups control over their water resources enable regional politics to become a key actor in policy-making? Or could this lead to a future at the negotiating table, redrawing national boundaries? Herein it is important to highlight different pushes for autonomy. Whereas some minority groups vy for autonomy vis-à-vis policy decisions, Syrian Kurds constitute a separatist movement, pushing for their own independence. Other minorities should also be consulted for policy impacting them, but giving more water control to marginalized communities that are driving for increased political power or even independence is a significantly more nuanced discussion. An ethnic minority group wanting more control over water is in no means unique to
the Syrian Kurds; it can also be examined through the Catalan and Iraqi Kurdish cases.
the Euphrates river basin
Catalonian Case of the The example 2007-2008 drought
crisis, the Catalan government published a formalized Special Plan for Droughts in 2016, hinting towards the region’s push towards long-term planning. Although the region has not experienced a massive drought since, its dedication to breaking the Spanish model of reliance on hydraulic paradigms can provide backing for claims for control over water management.
The Kurdish Regions’ Case
In
the Kurdish autonoin Barcelona and under the mous region of Iraq, Catalan government adthe mismanagement of dressed Catalonia’s ability and water resources proves to be scope in water management. a far greater threat than even The Catalan government’s climate change, with underdeemergency response revealed veloped distribution networks historical inefficiencies in and failing ecological regulaemergency water management tions.3 Worsened by its status in the area, with previous as a downstream country, policies described as “looking as Turkey and Iran do not up to the sky” and “waiting.”1 enhance their downstream Due to politicization and the water treatments, Iraq faces decentralized nature of govpoor-quality water. This renernment in Spain, “productive ders the previous solution of diasimply Would giving minority groups logue building control over their water resources dams in [was] enable regional politics to become renearly a key actor in policy-making? Or sponse impossible,” could this lead to a future at the ne- to water further gotiating table, redrawing national shortagbolboundaries? es as no stering longer territorial tensions. sufficient. Instead, the “centralization of water manageSuch evidence would point ment institutions is highly towards autonomous regions recommended” in face of being a hurdle for efficient limited resources.4 water security management as the Catalan government had Looking at the Iraqi govno set drought management ernment for efficient water program.2 Yet, since the 2008 management is also limiting, 1 “(PDF) ‘Praying for Rain’: A Case of Drought Mismanagement in ....” 24 oct.. 2020, https://www.researchgate.net/ publication/344409880_’Praying_for_ Rain’_A_Case_of_Drought_Mismanagement_in_Barcelona_2007-2008. 2 Ibid.
3 “Water Resources Management in the Kurdistan Region of Iraq.” https://auis. edu.krd/iris/sites/default/files/Water%20 Policy%20Report%20IRIS_FINAL%20 ES.pdf. 4 Ibid.
however, not only for the dependence of the semi-autonomous region but additionally due to the government “struggling to develop its institutions and implement any water framework directive.”5 Instead, recommendations for implementing the European Union’s Water Framework Directive (WFD) offer a means for the region to implement a new regulatory mechanism on the regional level, enabling the Kurdish Regional Government (KRG) to maintain further control and accountability.
Syrian Kurds: Water to Advance Their Movement cases of How dothetheCatalan peo-
ple in Spain and Kurds in Iraq, who welcome some autonomy regarding policy, apply to the Syrian Kurds as they push for more political independence? The Syrian Kurds provide an instance of a minority ethnic group demanding for more autonomy over water management. Water scarcity is especially daunting to Rojava, the Kurdish region of Syria, because agriculture remains one of its major sources of income. However, in order to sustain economic independence, a great change in water policy would be necessary. For years, the regime has “dragged its feet” for the modernization of the sprinkler system, which would greatly decrease the overall consumption of water 5 “(PDF) Sustainable Water Management in Iraq (Kurdistan) as a ....” 5 nov.. 2018, https://www.researchgate.net/ publication/328948460_Sustainable_Water_Management_in_Iraq_Kurdistan_ as_a_Challenge_for_Governmental_Responsibility.
for irrigation.6 In this instance, it can be argued that increasing Syrian Kurds’ involvement in water management would not only provide immediate benefits to the region, but would also serve in creating a more economically independent region better equipped for autonomy. Yet, fragmentation of a country, especially among sectarian lines, brings with it the issue of sharing resources that transcend boundaries (namely, water).7 More generally, movements for autonomy entertain more success in situations where the territorial region contains fewer natural resources. This is definitely not the case regarding water, which is anything but a resource with limited demand among the overall population of the country. The international dispute between Syria, Turkey, and Iraq concerning control over water security of the Euphrates has only caused further difficulty for Syrian Kurds. With water’s instability as a diplenishing resource, Turkey’s indirect political and economic control over the region arguably augments.8 In this regard, there is great need for cooperative, international agreements.
6 “Fabrice Balanche - The Washington Institute.” https://www.washingtoninstitute.org/media/4137. 7 Ibid. 8 “Water Scarcity and Conflict in the Euphrates-Tigris River Basin.” https://digitalcollections.sit.edu/cgi/viewcontent. cgi?article=3621&context=isp_collection
Giving control of water to a minority ethnic group like the Syrian Kurds will serve to allow for entry into not only national but also international political spheres as the topic of water security becomes further intertwined with foreign actors. The resulting increase in legitimacy can serve as further justification for demands of autonomy. However, would a newly autonomous region be able to hold its ground on the international field (such as the EU’s Water Framework Directive or Turkey’s GAP exerting soft power influence on regional policies), given the transcending nature of water scarcity? Moreover, if the distribution of resources is used as a key argument for autonomy, in the instance where the newly autonomous region fails to deliver on such claims, does the very legitimacy of autonomy come into question? Although it might benefit Syrian Kurds to have control over their water resources, one must be cautious in framing water as a tool for autonomy.
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SAMY EL MALOUI
CHRONIQUEUR
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Précision : cette brève n’a pas vocation à être exhaustive et se veut être une explication quelque peu sommaire d’un sujet qui peut paraître ésotérique à certains égards pour les non-initiés. Elle souhaite donc donner des outils d’analyse et les clés de compréhension avant de basculer vers, d’une part, les éclaircissements bienvenus d’un spécialiste de l’histoire du football et ses tenants par la personne d’Yvan Gastaut dans le cadre d’une interview, et d’autre part, le témoignage d’étudiants du campus de Menton afin de donner une pluralité argumentaire sur ces questions importantes à mon sens. « Le football est le sport du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Cette dérivée de la sentence originelle d’Abraham Lincoln relative au fait démocratique a ressurgi comme problématique passionnelle et les discussions ayant découlé d’un événement extraordinaire ont remis une myriade d’enjeux sur la table du sport roi. En effet, dans la nuit du 18 au 19 avril, un véritable coup de tonnerre (et c’est un euphémisme) s’abattait sur le monde footballistique. De nombreux médias spécialisés européens reprenait une information provenant du New York Times, par le biais de son journaliste Tariq Panja, qui annonçait la création d’une nouvelle compétition européenne fermée, la « Super League » et son annonce officielle dans les prochaines heures. En pleine nuit, un élan de panique ubuesque s’est alors emparé des réseaux sociaux, où les spéculations alambiquées et les diatribes teintées de prénotions sur le sujet allaient bon train sans vouloir s’arrêter, au gré des nouvelles informations jaillissants toutes les secondes de médias plus ou moins fiables. Une exclamation effrayante et quasiment solennelle se répétait alors dans la bouche de ceux qui animent l’espace de débat collectif : « le football est mort ». Pour sortir de ces galaxies d’incertitudes fantasmatiques qui ne semble mener à rien d’autre qu’un brouillard informatif (qu’il convient de rejeter en tant que bon journaliste qui se respecte), il devient nécessaire de se pencher sur les mécanis-
mes qui font constitution de cette nouvelle compétition et qu’il faudra absolument traiter avec prudence. Sur le papier, la Super League se présente comme une ligue fermée, dans le sens où sur le papier, elle compterait dans son organisation 20 clubs à priori dont 15 fixes et 5 invités (en comparaison, 80 clubs participent chaque année aux compétitions européennes conventionnelles). À l’annonce du projet, 12 membres fondateurs permanents avaient accepté de le rejoindre, se trouvant être les institutions les plus influentes et ancrées dans le paysage footballistique européen. Ce projet est mené, en tête de gondole, par les présidents du Real Madrid et de la Juventus de Turin, respectivement Florentino Pérez et Andrea Agnelli, et rejoint par les dirigeants invités de ces autres grands clubs, à savoir deux autres clubs espagnols, le FC Barcelone, l’Atlético Madrid, deux autres clubs italiens avec les voisins milanais de l’Inter Milan et l’AC Milan et six clubs anglais (le Big Six) comprenant Arsenal, Chelsea, Manchester City, Manchester United, Tottenham et Liverpool. Malgré des propositions tenaces, les mastodontes munichois du Bayern et le Paris Saint Germain, par le biais de Karl-Heinz Rummenigge et Nasser al-Khelaïfi avaient formellement refusé de faire partie de ces clubs au centre du projet. Pour le poids des traditions et le respect du football populaire même si sans être mauvaise langue, se mettre à dos l’UEFA et la FIFA en soutenant un tel projet mettant en danger la Ligue des Champions (dont les droits avaient été récupérés par beIN Media Group, dont Nasser al-Khelaïfi est le dirigeant) et dans la perspective de la Coupe du monde 2022 au Qatar aurait été quelque peu contre productif.
deuse ?» Eh bien, mesdames et messieurs, quel autre spectre que celui de l’argent, le cash, la money, le pognon ou sous toute autre appellation, devenu le nerf de la guerre et principale source de conflits stratégiques dans nos sociétés ultra néolibérales. Le football n’est malheureusement pas épargné. La raison invoquée est la suivante : « Les clubs fondateurs de
la Super League pensent que les solutions proposées par les institutions ne permettent pas de résoudre les enjeux fondamentaux comme la nécessité de proposer des matchs de meilleure qualité et d’engendrer des ressources supplémentaires pour toute la pyramide du football. ». La causalité se retrouve donc dans des sphères économiques, dans un contexte de crise globale adjacente à la pandémie du COVID-19, qui a touché le monde du football de plein fouet. Selon une étude du cabinet de conseil anglo-néerlandais KPMG sortie début d’année 2021, la pandémie a causé une baisse fantasmagorique des revenus d’exploitation pour les clubs européens, atteignant le seuil symbolique du milliard d’euros. Les mesures gouvernementales visant à empêcher les rassemblements de masse ont mis à mal la manne financière des billetteries pour ces clubs qui attirent en général pléthore de spectateurs au sein de stades gargantuesques. Ces pertes sèches, additionnées à la mauvaise gestion générale des clubs (instituant l’idée d’un facteur endogène avant d’être exogène), ont entraîné des soubresauts cataclysmiques dans les finances qui ont entraîné l’accélération de la mise en place de la Super League. Florentino Pérez disait lui-même : « Nous sommes tous ruinés. Le football est un ensemble, et la télévision est le moyen de changer les choses pour Nous pouvons désormais nous poser la quess’adapter à notre temps. ». tion suivante : « Mais pourquoi diable En effet, le principal actionnaire économique ces clubs prennent-ils du projet, par le biais de la banque américtant de risque en défiant aine JP Morgan, promet un financement à les grandes instances hauteur d’un montant compris entre quatre pour une finalité hasar- et six milliards de dollars tout en assurant un
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pactole de 350 millions d’euros à chaque équipe pour sa seule participation, quand la Ligue des Champions de l’UEFA rapporte environ 19 millions d’euros environ à son vainqueur, une somme famélique en comparaison aux chiffres exorbitants de cette nouvelle compétition. Du fait de sa privatisation, cette ligue fermée permet aux grands clubs européens de s’assurer des revenus colossaux sur des décennies et de réduire les risques de perte. En effet, dans le système actuel, ces entités doivent se qualifier pour les ligues européennes par des moyens sportifs, par le biais d’un bon classement dans leurs championnats respectifs ou un succès en coupe nationale. Ici, leur place étant assurée, les revenus le sont également de facto. De grands clubs européens accueillent donc cette compétition dans un moment de désert performatif et ce mode de hiérarchisation privatisé et immuable du football vient donc à point nommé. On peut prendre l’exemple de l’AC Milan, puisque les rossoneri ne se sont pas quali fiés pour la plus prestigieuse des compétitions depuis près de 7 ans et la saison régulière 2013-2014. Cela fonde alors une des principales critiques de cette Super League basée sur des variables de légitimité sportive dont la clarté n’est pas toujours flagrante. Pour quelles raisons des clubs qui n’ont jamais gagné la Ligue des Champions (comme l’Atlético Madrid) ou qui n’y ont participé qu’à de rares reprises (Tottenham voit en la campagne 2020-2021 sa 7ème participation seulement) devraient prendre la place de clubs qui ont écrit l’histoire de la compétition comme l’Ajax Amsterdam, quadruple vainqueur
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ou des clubs emblématiques comme Galatasaray, l’Olympiakos le Pirée, l’AS Roma, le PSV Eindhoven, et la liste est encore longue. Si le principal enjeu est économique, cela s’inscrit également dans des perspectives politiques. La création de la Super League s’est inscrite en même temps que l’annonce de l’adoption juridique de la nouvelle réforme de la Ligue des champions, qui élargit le nombre de clubs qualifiés. Il n’est pas nouveau que les géants du football européen tendant depuis une dizaine d’années vers une émancipation totale des règles édictés par la principale instance régulatrice et les transgressions du fair-play financier, instauré par l’UEFA en mai 2010 pour lutter contre les excès pécuniers de clubs devenus richissimes, face à une bulle spéculative sur le marché des transferts qui amenait vraisemblablement à des potentialités funestes. Mesure frivole, puisque les montants de transf e r t ont littéralement explosé c e s dernières a n nées avec en point d’orgue le transfert le plus onéreux de l’histoire en 2017 où Neymar Jr quittait le FC Barcelone pour le Paris Saint Germain pour près de 222 millions d’euros. Dans cette dynamique, les clubs ont appliqué empiriquement leur
souhait de se débarrasser d’un intermédiaire devenu gênant qui récupérait près de la moitié des revenus générés par la LDC. Les enjeux de cette Super League dépassent donc largement le cadre du sportif et viennent s’insérer dans des conflictualités politico-économiques, dans un paysage institutionnel morcelé et sujet aux élucubrations incendiaires. Face à ce climat insoutenable, de nombreuses critiques se sont élevées en provenance du monde footballistique et audelà, montrant l’importance de ces pourparlers. La réaction de l’UEFA ne s’est pas fait attendre et les sanctions dissuasives annoncées pour les clubs engagés étaient importantes, que ce soit pour les clubs ou les joueurs : exclusion des compétitions européennes conventionnelles, sanctions économiques, interdiction aux joueurs de participer aux compétitions continentales et internationales… La réponse vindicative de la principale instance du football sur le Vieux Continent s’est également exprimée par les différentes déclarations provenant de ses acteurs et notamment son président, Alexander Ceferin : « Tout le monde devra
désormais assumer les conséquences de cet événement et ne surtout pas prétendre que rien ne s’est passé. Ce que ces clubs ont fait n’est pas correct et nous prendrons des mesures dans les prochains jours. ». Ainsi, si la réponse institutionnelle ne
s’est pas fait attendre mais elle ne fut pas la seule. Le monde du football dans son entièreté fut touché dans sa chair, et c’est assez logiquement que les ressentiments furent multiples. Comme expliqué au début de votre consommation de ce document textuel, les supporters furent au centre de la « contestation » et un élan assez prodigieux, d’autant plus extraordinaire du fait de sa temporalité à savoir en plein milieu de la période nocturne, s’est emparé des réseaux sociaux mais pas seulement. Si l’on prend un exemple empirique avec le réseaux social Twitter, l’hashtag #SayN o To S u p e r League fut rapidement propulsé dans les sujets les plus discutés sur la plateforme en réaction à la masse d’informations (parfois assez catastrophistes voire totalement erronées) qui s’écoulait sur cet espace de discussion. Les clubs non-concernés par cette ligue fermée n’ont également pas hésité à apporter leur contribution avec plusieurs exemples, au sein
d’une revendication variée. D’un côté, certains clubs ont engagé de réelles actions de volte-face face à la Super League et l’on peut prendre spécifiquement l’exemple du club anglais de Leeds dont les joueurs ont porté un
T-Shirt spécial durant l’échauffement de leur match contre Liverpool (membre fondateur de cette Super League justement) avec la locution ô combien symbolique « Football is for fans ». D’autres ont préféré aborder le sujet avec un humour à la frontière du sarcasme caustique, où cela s’étendait de la Lettonie, où un club de deuxième division annonçait renoncer à participer à la Super League jusqu’à l’Angleterre, avec le club de Wolverhampton dont le community manager avait changé la biographie du compte twitter du club en s’autoproclamant champion d’Angleterre de la saison 2018/2019 (où les wolves avaient bouclé le championnat à la 7ème place derrière les 6 clubs anglais fondateurs de la Super League). Si les supporters se sont mobilisés virtuellement, le fait contestataire s’est également mis en évidence dans des lieux de fréquentation devenus désertés du fait des mesures étatiques de coercition visant à combattre la pandémie. Le 20 avril
2021, des centaines de supporters
du club anglais de Chelsea se sont ainsi rassemblés devant le stade de Stamford Bridge pour clamer leur mécontentement. Si le monde intrafootballistique s’est particulièrement impliqué dans ces polémiques, le rejet s’est également exprimé bien au-delà du football par le biais d’acteurs gouvernementaux, ancrant ainsi ces délibérations dans des galaxies de conséquences assez remarquables. L’Élysée avait formellement condamné par le biais du président de la République, Emmanuel Macron, qui avait déclaré «
L’État Français appuiera toutes les démarches de la LFP, de la FFF, l’UEFA, et de la Fifa pour protéger l’intégrité des compétitions fédérales qu’elles soient nationales ou européennes » en louant de manière dithyrambique les clubs français, qui avaient refusés de participer à ce projet, tandis que la ministre déléguée aux Sports exprimait son ressentiment par ces mots : « Un système sans critère sportif d’accession qui réunit un club VIP de quelques puissants représente non seulement la négation du mérite sportif mais aussi un véritable danger pour le monde du foot ». En Angleterre, le ministre des Sports Oliver Dowden déclarait devant le Parlement britannique que les clubs en question avaient « annoncé
c e tte décision sans aucune concertation avec les autorités du football, ni avec le gouvernement » et que ce « mouvement » allait « à l’encontre de l’esprit même du jeu » affirmant le caractère
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désapprobateur de son monologue. Le son de cloche fut le même du côté de la péninsule ibérique, où le gouvernement espagnol s’est fendu d’un communiqué où était indiqué de manière claire le rejet de la Super Ligue, quand trois clubs espagnols étaient concernés ou encore dans la botte italienne, au sein de laquelle le premier ministre transalpin réaffirmait son soutien pour les autorités décisionnelles du football italien et européen. Après avoir vu les réactions par une approche concrète, il devient nécessaire de se pencher sur les fondements de ces critiques. L’une des principales diatribes est rattachée au caractère fermé de la compétition, qui met en exergue l’élitisme exacerbé qui tend à s’installer dans le football et ce depuis quelques années. Le fait d’instituer un conglomérat de clubs de manière immuable sur des critères aussi troubles mettent en perspective un danger tentaculaire, à savoir la culture de l’entre-soi, devenu élément constitutif du football. L’entre-soi se définit comme une fréquentation réservée à un certain type d’entités sans ouverture possible et le fait d’avoir 12 clubs qui tendent à s’installer de manière définitive en haut de la pyramide hiérarchique, s’y rapporte dans une exactitude effrayante pour les supporters faisant face à cette vague novatrice. L’on retrouvait par ailleurs une idée de rareté nécessaire des matches, où la lassitude viendrait s’installer face à des affiches exceptionnelles devant peu à peu banales puisque fréquentes. Il était possible d’avoir un écho particulier parmi le nuage de condamnations à savoir la disparition d’un football populaire , qui appartient au peuple, les dominés, et qui est peu à peu accaparé par les dominants, à savoir les classes les plus aisées des grands propriétaires. Cela s’inscrit alors dans un processus important, à savoir la pleine entrée dans le virage ultra capitaliste qu’a pris le football dans les années 2000. Cela me permet d’introduire une critique de ce schéma de pensée. Cette critique d’un changement dans les valeurs que devrait
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posséder le football et semblant être mis en danger par la création de cette Super Ligue me paraît être anachronique, dans le sens où “l’élitisation” du football se fait depuis la réforme de la Ligue des Champions de 1993, où ce n’était alors plus seulement les champions nationaux qui détenaient le droit d’aborder la compétition, mettant fin à cette idée de méritocratie totale (du moins sur le papier). L’arrêt Bosman de 1995 va s’inscrire dans cette dynamique, ouvrant une nouvelle ère par la facilitation des transferts et donc l’accaparement des jeunes talents de clubs plus modestes par les clubs les plus puissants sur l’échiquier footballistique. L’idée d’une Super Ligue européenne n’est également pas un fait nouveau, ses premiers balbutiements remontant à 2005 et prenant une importance bien plus importante ces dernières années avec, en point d’orgue, son annonce officielle ce 19 avril 2021. L’UEFA a donc failli à ce niveau, en étant davantage dans la réaction naïve que la prévention mesurée, et cela fait lien de causalité avec la gestion folklorique qui règne au sein de cette instance entre corruption intériorisé, conflits d’intérêt et délibérations économiques éhontées qui dépassent largement le cadre du football. La solution semble passer par une refonte totale des organisations de ces institutions et des changements systémiques réels, ce qui pose alors la question d’un processus lent et semé d’embûches certes, mais bien nécessaire pour permettre au football de réellement s’inscrire dans cet idéal méritocratique et populaire. Est-ce que cette réaction globale est trop tardive et alea jacta est ? Rien n’est moins sûr, et le futur risque d’être mouvementé, que ce soit au sein des sphères décisionnelles ou de l’entité supportériste, qui semble avoir vécu une certaine renaissance, en ce début d’année
2021 en forçant, quelques jours après son annonce officielle, certains clubs à quitter la Super Ligue sous cette pression étouffante mettant alors du plomb dans l’aile à ce projet. ■
Vous n’êtes pas sans savoir que grands clubs européens, d’une n
Honnêtement, j’aurais du mal à dire pas favorable dans le sens où il y a un équitable mais quand même, l’idée m équité et il faut en garder un tant soi leurs, toujours les mêmes, qui sont d toujours les mêmes clu
On
Oui exactement l’Ajax, on avait égal éliminatoires, dans les phases de pou quasiment impossible de le voir. Cett équipes… Alors bien sûr, pour les éq voir ici. Le football doit reposer sur tandis que dans le même temps, dan Féroés, Chypre ou Malte ne soient p
Ironie du sort, à l’heure où je vo semble mort dans l’œuf du fait ers, ainsi que les menaces des in la renaissance d’un supportéris déconvenues ces derniers temp
Alors, oui en effet, il me semble qu’i parce que le public, les supporters, n c’est que d’emblée cela était annonc
Yvan Gastaut est un spécialiste de l’histoire du football ainsi que de l’immigration en France et ses liens avec le fait sportif. Il est maître de conférence à l’université de Nice et professeur sur le campus mentonnais de Sciences Po Paris pour le séminaire « histoire de l’immigration ». Il est également membre de l’URMIS, l’Unité de Recherche Migrations et Société et du conseil scientifique du musée national du sport. Il est fait chevalier de l’ordre national du mérite le 15 novembre 2018. Bonjour Monsieur Gastaut, tout d’abord permettez-moi de vous remercier de répondre à mes quelques questions ! Bonjour Samy, avec plaisir.
e l’actualité footballistique a été marquée ces derniers jours par l’émergence, sous l’influence d’un conglomérat de nouvelle compétition, à savoir la Super Ligue, qui a engendré moult polémiques. J’aimerais, pour commencer, connaître votre pensée sur ce projet en lui-même. Y étiez-vous favorable ?
oui, d’autant plus qu’aujourd’hui le projet a été sabordé (ndlr : le jour de l’interview, la Super Ligue a été suspendue). Non, je n’y étais n côté qui enlève toute saveur à ce qui est l’esprit de la compétition. Même si je ne dis pas qu’aujourd’hui la compétition est totalement même qu’un club soit indéboulonnable dans une compétition élitiste est quelque peu insupportable parce que cela enlève alors toute it peu selon moi. Je pense qu’à réfléchir à une équité totale, le système actuel est dans une configuration où ce sont toujours les meildans les derniers tours des grandes compétitions. Quand on regarde les huitièmes de finale de la Ligue des Champions, on retrouve ubs mais il y a toujours une porte ouverte potentielle, un peu comme la Coupe de France (à degrés moindre, bien sûr).
n peut penser au cas de l’Ajax Amsterdam lors de la campagne 2018/2019, par exemple.
lement le FC Porto qui était peut-être un peu en dessous, des clubs comme Rosenborg, des clubs qui figurent dans les tableaux des ules, et c’est déjà une forme de succès. On a quelques clubs qui peuvent apparaître et qui apparaissent, et avec cette Super Ligue, c’est tte idée de ligue très fermée enlève le nerf du football, à savoir le côté compétition, l’incertitude, le danger potentiel pour les grandes quipes phares, c’était un facteur d’instabilité mais je crois qu’il faut l’accepter, sinon le public ne répond pas présent et on a bien pu le des règles simples, assez égalitaires. Bon, on voit bien que dans certains championnats, on a 4 clubs qui sont en ligue des champions ns certains pays, les champions nationaux n’ont pas le droit d’y être même si effectivement, on peut comprendre que les clubs des Îles pas forcément directement en Ligue des Champions. Malgré tout, il y a là cette idée d’un système qui parvient à mettre en concurrence les clubs, et là, cette Super Ligue ne le permet pas.
ous interviewe, la Super Ligue a connu de derniers rebondissements importants dans son cheminement et le projet de l’abandon de certains clubs anglais et italiens. Les mobilisations d’un acteur fondamental, à savoir les supportnstances auront totalement dissuadé certaines institutions d’y participer. Pensez-vous que cet événement a permis sme militant qui peut aboutir de réels changements systémiques par ruissellement, cette entité ayant subi bien des ps sans vraiment réagir (les différentes réformes de la ligue des champions ou la pluralité exacerbée des diffuseurs) ?
il y a une sorte de lien qui est important avec l’engagement des supporters. Ce que l’on a bien vu, c’est que le projet a été aussi étouffé n’étaient pas partants et on peut le comprendre. Quelque part, c’est un peu rassurant, parce qu’il semblerait que s’il y a eu ce couac, cé comme un échec populaire et par ce biais, on peut être rassuré sur le fait que l’on retrouve la possibilité de s’exprimer dans les
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milieux de supporters, en l’occurrence ici de montrer qu’ils n’étaient pas favorables. Les supporters jouent un rôle de régulateur, entendus par les dirigeants de club (en tout cas une voix qui tombe, je ne sais pas s’ils sont toujours vraiment entendus) et du coup oui, le supportérisme, grâce à cet épisode et peut-être d’autres, peut gagner des points. On l’a longtemps considéré comme la pire des choses et j’ai l’impression qu’aujourd’hui, cette notion a tendance à évoluer et on en parlait notamment pendant la conférence sur l’Algérie en début d’année (cf. la conférence « supporterisme et engagement politique » du 1er octobre 2020). On le voit avec un certain nombre de comportements où le monde des tribunes commence à être vu différemment, et c’est peut-être l’occasion de le prouver, pas forcément uniquement des tribunes, mais également des gens qui aiment le football en général qui ont tout de suite réagis, dans tous les pays d’ailleurs, à ce projet qui ne correspondait pas à leurs aspirations. Il y a une sorte d’intelligence collective pour comprendre ce qui est de l’ordre de ce qui peut plaire à ce public et là, ce genre d’entre-soi n’est pas de nature dans le monde du football à être positif. On peut envisager que ce sport soit quelque chose d’ouvert aux yeux des supporters, en permettant à ces derniers de se montrer parfois réactif comme c’est le cas ici. Comme vous le dites dans votre question, il est vrai que le monde des supporters est souvent de nature à avaler des couleuvres et il semblerait que ce soit la couleuvre de trop puisque ces supporters paient des droits de diffusion, parfois jusqu’à se ruiner, sans grande reconnaissance. Il semblerait qu’aujourd’hui cela change grâce à ça. J’ai pu lire un article, ma foi fort intéressant, sur la vision des liverpuldiens vis-à-vis de la Super Ligue, qui retraçait dans les grandes lignes le passé ouvrier de la ville et l’émergence des « Scousers », les supporters les plus passionnés de Liverpool. Le Liverpool Football Club est
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désormais une institution puissante financièrement, par la main de ses propriétaires, le groupe « Fenway Sports Group ». Ainsi, dans des clubs à l’héritage prolétaire et ouvrier, pensez-vous que la cohabitation, entre une base supportérisme dont le socle idéologique baigne dans le socialisme et la lutte des classes telle que théorisée par Karl Marx et ces nouveaux propriétaires richissimes ayant émergé en même que le football s’est pleinement ancré dans notre société ultra capitaliste, est possible et viable ? Cela pose la question des différentes approches qu’il est possible de faire du football. Ce n’est pas nouveau que l’entreprise capitalistique du sport et en particulier du football est un élément qui est à la base du football professionnel puisque, si on fait de l’histoire du sport, on se rend vite compte que le football qui émerge au XIXème siècle, les grandes rencontres, les grands clubs, sont tous des clubs financés par de grands chefs d’entreprises, des capitaines d’industrie montrant qu’il y a donc ici un système capitaliste qui est valorisé et que les amateurs qui vont au stade sont très tôt des prolétaires, surtout en Angleterre. Il y a donc effectivement un grand écart mais qui permet quelque part de rejouer différemment le jeu du monde industriel ; vous avez des patrons, vous avez des employés, et bien là, même si le rapport est absolument différent, vous avez des supporters qui sont des gens lambda, un peu des « besogneux » du club tout en étant attaché à ce dernier puis vous avez les grands magnats qui vont développer tous ces clubs en bourse ou ailleurs, et je crois qu’un club existe par ces deux biais. Un grand club comme Liverpool ou autre, c’est des grands dirigeants certes mais c’est aussi des grands supporters, enfin en tout cas des mouvements ou des groupes de supporters puissants, des stades pleins, et je pense que c’est cela la synthèse du football et du sport en général, c’est d’arriver à mettre derrière un projet commun toutes
les classes sociales. Ce n’est pas le cas avec la Super Ligue, qui a oublié ce dispositif propre aux clubs qui sont très verticaux en terme de fonctionnement (on peut avoir le président du club qui rencontrera les supporters de base pour valoriser ce club) et un grand club se mesure à ça, une verticalité efficace qui fonctionne, et si cette verticalité ne fonctionne plus, il se retrouve en difficulté. S’il n’y a pas de bons dirigeants, les supporters n’y trouvent pas leur compte et vice-versa, induisant une idée de partage des tâches, de partage des rôles. En ce qui concerne la base idéologique marxiste, alors oui et non. Chez les supporters, on retrouve aussi des hooligans néonazis qui ne reflètent pas forcément cette pensée mais disons que ce sont des prolétaires qui ont des options politiques plus ou moins différentes et aujourd’hui c’est moins net, du moins du côté des supporters qui sont dans un renouveau des idéologies, l’ancrage ultra capitaliste des dirigeants étant affirmé. « Le football est mort ». Cette tirade au caractère quelque peu catastrophiste a souvent été répétée suite à l’annonce officielle du départ du projet Super Ligue, pour signifier que les valeurs populaires du football allaient disparaître avec cette élitisation planifiée. Êtes-vous d’accord avec cette idée de basculement soudain ou le football est-il déjà mort depuis qu’il s’est privatisé économiquement ? Non, je ne pense pas que le football soit mort. La preuve est qu’il est bien vivant puisqu’on a de plus en plus de gens passionnés. Je comprends qu’on puisse dire
que le football est « mort » parce que cette Super Ligue aurait sans doute été une étape supplémentaire dans quelque chose qui n’est pas très acceptable, c’est certain, et qui a tendance à détourner le football de ses propres réalités. Il existe, heureusement, des événements comme la Coupe de France, des possibilités données à des amateurs pour rencontrer des professionnels qui représentent une perspective importante. La Super Ligue aurait probablement empêché cela et aurait donc porté atteinte à l’essence même du football. Personnellement, je prônerais, comme beaucoup, la possibilité d’apporter plus de souplesse au monde du football pour le rendre plus accessible et éviter à tout prix cet élitisme parfois insuppor table. Bien sûr, il faut des élites et la possibilité de grands matchs, de grandes rencontres, et ça se fait assez naturellement depuis longtemps mais par contre, l’installer comme étant quelque chose d’intangible et d’inoxydable est sûrement un élément de la mort du football. J’aurais tendance à considérer, et c’est ce qui était le plus inquiétant dans ce projet, que nous avons des dirigeants inconscients et qui ont l’air d’être un peu en dehors des réalités du football, qui instrumentalisent le football. Heureusement, ce n’est pas le cas de tous, et du coup, un bon dirigeant c’est quelqu’un qui, sans doute, va faire prospérer un club y compris sur un plan économique tout en gardant des valeurs importantes. Je crois qu’on a aujourd’hui un avenir potentiel autour de ça, des dirigeants qui ne tuent pas le football et qui le gardent dans sa dimension peut-être pas totalement originelle, pas qu’il y ait une origine formidable, mais en tout cas, j’ai
tendance à penser que le système du sport et du football n’a pas tué ce jeu et qu’il est bien vivant, et extrêmement populaire aujourd’hui. Il suffit de voir la somme des matchs consommés pendant les confinements et autre, qui montre bien cela. Bien sûr, on peut avoir peur d’une éventuelle décrue qui mettrait en péril tout cela mais aujourd’hui le football n’est pas mort et peut-être que le fiasco rapide de cette Super Ligue en est un bon exemple.
essayant de moins voir le côté capitaliste du projet. En tout cas, les deux ne vont pas sans dissociation et sont forcément liés. Alors évidemment, il y a le bienfait de toute cette capacité de communiquer dans le monde à travers le football au prix de quelques concessions capitalistes et je crois que c’est un enjeu important, parce que le football sans capitalisme, sans ses dirigeants, est aussi peut-être quelque chose qu’on ne peut pas penser autrement.
La mondialisation du football et l’émergence de nouveaux marchés à conquérir (je pense au lucratif marché asiatique par exemple) n’at-elle eu un caractère négatif finalement, en encourageant l’avidité chez les dirigeants face à une manne financière toujours plus importante ou au contraire a permis une démocratisation bienvenue du football dans d’autres contrées malgré les altérités ?
Pensez-vous que l’UEFA et la FIFA ne sont-elles pas devenues uniquement des instances symboliques face à des clubs de plus en plus puissants ?
Alors oui, vous avez la réponse dans la question. J’aurais aussi une vision très nuancée parce que d’un côté, oui il y a une gourmandise, parfois presque ridicule, que de vouloir à tout prix couvrir les nouveaux marchés. On a vu des matchs joués à certains horaires pour le public asiatique avec des formes un peu exagérées de la volonté du monde du football, européen en particulier, de mettre en œuvre des marchés extrêmement juteux et pour les dirigeants de se détourner quelque peu des objectifs centraux du football. Je retiendrais cependant surtout le côté positif de tout cela avec effectivement une mondialisation du football qui s’accroît de plus en plus, qui fait qu’il n’y a quasiment plus aucun pays qui ne soit touché par la passion du football, certains sont encore des territoires de conquête mais la planète foot est de plus en plus rassemblée avec des originalités. On peut citer le rapport de l’Inde ou des États-Unis au football, et également certains pays d’Asie du Sud-Est. Le football a tout à gagner de ces ouvertures et je verrais plus le côté ouverture en
C’est une bonne question. Effectivement, c’est l’idée que l’on a pu se faire au moment où l’on a appris l’existence du projet de Super Ligue. Il y a des sécessions potentielles et l’autorité incontestable de la FIFA et de l’UEFA qui sont d’ailleurs parfois concurrentes et en opposition mais c’est un tout autre sujet. Je ne dirais pas qu’elles sont devenues symboliques parce qu’il suffit de regarder la capacité de sanction qu’a eu l’UEFA pour réagir à ce projet mais cela dit la menace de sécession, de scission, si elle venait de manière plus profonde et de manière plus construite, pourrait exister et je pense que c’est un réel danger. Ces instances restent fortes mais elles doivent sûrement réfléchir à leur manière d’exercer le pouvoir et le rapport notamment avec les clubs pour envisager un avenir serein. Là, nous avons vu une crise qui, même si elle se résout assez rapidement, fait état de pas mal de difficultés avec ces clubs de plus en plus puissants, moins enclins vis-à-vis de se soumettre à la FIFA et à l’UEFA en particulier, et c’est peut-être de plus en plus compliqué en sachant que d’autres projets vont peut-être émerger dans le futur. Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions, ce fut très intéressant ! C’est moi qui vous remercie !
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0As ASK LE Z What’s something you wish you had packed / brought with you that you didn’t bring?
Santosh: When classes are in person again, go sit in the front seats, always!
Celeste: Black beans.
Madeline: Honestly (most of) the professors are really chill to talk to if you take the initiative. Like during class breaks, for example (if in person), it’s a great opportunity to talk to them. On zoom, don’t be afraid to use the chat feature
Madeline: Black beans. Food diversity is poor here. Santosh: Pizza cutters. They will not cut the pizzas for you here. How is the best way to befriend our professors/ Sciences Po Staff? / C’est quoi la meilleure façon de nouer des relations avec nos professeurs et le personnel de SciencesPo? Celeste: Reach out, participate, be friendly. According to fellow 1A Lionel Chambon, “Don’t be afraid to talk to professors if anything about their class or background interests you or if you want to discuss further most are more than happy to see that students engage with them, so go for it!”
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(especiallywith the seminars).
done by 5:30. Depending on the week also you might have various association meetings scattered throughout, and then sometimes you’ll find yourself doing dinner with friends (but if you’re on your own, that’s okay too!).
Ne pas être bilingue est-il un problème pour étudier à Menton? Celeste: Nope! I know it is common for people to feel like the French track and English track are segregated, but with regard to courses, administrative work, and social life, the language barrier does not have a huge impact. There will just be certain people and clubs where you won’t be able to communicate as easily as you would on a French-only campus, but honestly if you put in the effort to bridge the gap, you can always make it work.
Comment se passe la vie sur le campus?/Describe a normal day at the Menton Santosh: L’anglocampus. phone Madeline: perdu It completely depends on the en France day. Sometimes you might que je suis, je have four classes back-to-back, vais sauter sur other days you might have la chance pour one class. Most days it’s like répondre à votre two or three classes per day, question en in which case you can expect français : en to start anywhere from 8 in général, the morning or potentially non, not have your first class until mais 3:30 in the afternoon. You’re je vous guaranteed to be done by conseille de vraiment ré7:45, but most times you’re fléchir à ce que vous voulez
dire quand vous dites “bilingue”. En vrai, la majorité des étudiants mentonnais ne parlent pas couramment les deux langues, mais nous réussissons quand même à non seulement communiquer entre nous, mais aussi forger des amitiés au-delà des barrières linguistiques. Oui, il y aura quelques obstacles (allez sur pages 56 pour lire l’article de ma collègue, Ada Baser :)), mais si j’y suis arrivé, ayant pris la direction d’un journal bilingue et ayant même écrit un article en français, je suis certain que vous y arriverez aussi. Et en tout cas, vous verrez bientôt que le “franglais” fait l’affaire 99% of the time;).
A typical weekend at Menton? Celeste: Partying, hiking, studying, visiting Nice, Monaco,Ventimiglia (all-you-can-eat Sushi!!), or another nearby town on the Cote D’Azur such as Cannes or Antibes. In your view, what are some misconceptions about SciencesPo Menton?
ZADIG Celeste: That we’re all Arab or Middle Eastern — there are so many people with no affiliation to our regional specialty that are simply here to learn new cultures!
Hors COVID, quelles sont les activités disponibles dans la ville et avec le reste des étudiants? Celeste: We have a sailing club with the Centre Nautique which runs courses twice a week (it also provides free paddleboarding and kayaking to members), a lot of students are passionate hikers, many SciencesPistes also jog to Italy as regular exercise, there is a movie theater and a plethora of restaurants to choose from (but you will notice that ethnic cuisines besides Italian are quite limited — even black beans are a rare resource in Menton), and there are always studentand association-run events going on in Menton. Est-ce que le contact entre étudiants est fort? Celeste: Yes, we are constantly in contact via Messenger and you’ll see that infinite group chats are always buzzing all at once. Even if you try to take a social break, you will inevitably
bump into half of SciencesPo on your grocery run, so avoiding contact is quite hard.
A quelle point est-ce un campus international? Madeline: Ehhh… cela dépend de l’année. Bien sûr il y a des gens de partout, mais la majorité vient du Maroc, France, ou des Etats Unis (le double diplôme avec Columbia). L’autre facteur est que beaucoup de gens ne vivent pas dans leur pays d’origine.
What are the best places to go shopping for living necessities near campus? (toiletries, towels/linens, that type of stuff). Celeste: There’s a store called Domus Mea which has home supplies and tools of all sorts. Right next to it, there is another store which has cheap home supplies for the kitchen, bathroom, dining, etc. If you’re willing to go a bit further, there is MiniMax which has the cheapest options and has plenty of supplies for the home hidden downstairs. And finally, if
CELESTE ABOURJEILI
NOA CHASLES
HEAD OF STAFF WRITERS
CHRONIQUEUSE
SANTOSH MURALIDARAN
COLUMNIST
MADELINE WYATT
EDITOR-IN-CHIEF
you’re looking for something a little fancier, you can pop in to Muy Mucho, but the options are a little limited. If none of this satisfies your need for home supplies, you can always venture into Nice where the options are endless — just remember that in-person options tend to beat Amazon in price and variety in Menton!
How strict is the grading at SciencesPo Menton? Is it common to fail courses? Celeste: No, it isn’t common to fail but there are certain teachers that are known to fail some students on certain assignments each semester. This is exceptional though, in general it is difficult to fail if you are putting in effort. For the English track, the grades in the core classes ranged from 10.4 to 18.3 in the first semester of this past school year, but it is said to be less strict for English track than for French.
Noa: En général, c’est difficile d’obtenir d’excellentes notes mais pas de valider, sauf avec certains professeurs particulièrement exigeants.
Where should we find a place to live? Any tips on housing or roommates that we wouldn’t typically think of? Celeste: Look on Rue Longue or in the Old Town! The casino/ train station is nice too but a bit far from the school. As for roommates, I suggest sticking to 1 roommate because finding a place for 2+ in Menton is super hard unless you venture far away from the school.
Noa: Il ne faut pas oublier de regarder sur le site des logements de Sciences Po ! Les annonces sont sûres et vérifiées et c’est vraiment pratique, c’est comme ça que j’ai trouvé mon logement de cette année.
Time management/planning tips? Celeste: Google Calendar! It’s easy to schedule your social plans alongside your school schedule. One major tip for planning your work? Sign up for presentations and assignments strategically so that they don’t overlap.
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ASK LE ZADIG CELESTE ABOURJEILI
BARBARA KUZA-TARKOWSKA
HEAD OF STAFF WRITERS
MADELINE WYATT
CHRONIQUEUR
COLUMNIST COLUMNIST
SAMY EL MALOUI
SANTOSH MURALIDARAN
EDITOR-IN-CHIEF
CAROLINE SØGAARD
COLUMNIST
WHAT are the best online planners, from one procrastinator to another? For me planning everything the traditional way, with pen and paper, works best but this doesn’t often work for everyone. I know a lot of people use the Google planner and engage in calendar blocking, which is basically planning every minute of every day in advance and then following that schedule. It’s pretty convenient since you can transfer your Sciences Po schedule onto it, and then calendar block around your classes. But one online planner that I have heard very good opinions about is Notion. It’s an app you can download onto your computer and your phone, it’s free if you log in with your student account. Basically, you can create pages with to-do lists, calendars, notes, images, engrain videos or other documents into it. It’s not only used as a planner but also a tool to make inspiration boards or even class notes. All in all, it’s versatile and there’s downloadable templates that help you structure your plan and you can find numerous extensive YouTube videos
Barbara
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MAY EDITION
explaining how to use Notion most efficiently. So, I would definitely give this one a try!
the inspirational quotes really help me get in a productive mood, as cheesy as it sounds.
I love Momen- celeste tum because it’s essentially a home screen for every new tab you open on Google Chrome, and it allows you to customize the page with your ToDo list on the side. It also has a very minimalist format which helps me clear my mind, and the background images along with
HOW to avoid being gossiped about in Menton?
said than done). What other people think or say about you, doesn’t define
Barbara This is a tough one - even if you stay at home doing nothing people will gossip about how you’re probably a hermit. I think the gossip is an inherent part of Menton. Unfortunately, it comes with the town being so small and the community so close-knit. The best thing you can do is stick to the principles of karma and “what goes around comes around.” Try to stay out of the drama and don’t gossip yourself. On top of that, surround yourself with people who you know avoid gossiping too, and even if there are rumours about you travelling through the streets of Menton, I would recommend distancing yourself from it (of course, it’s easier
who you are, so don’t cry over spilled tea. Miley Cyrus once said “you’re always gonna make people talk, might as well make people talk for 2 weeks rather than 2 minutes”. And give them something juicy to talk about, they have a lot of reasons to be jealous of you anyway;).
santosh
WHAT’S your best moment in Menton? There’s a lot of madeline really great moments… sometimes it’s catching the sunrise over the Italian coast, or playing spy with the Mentonese police after curfew. Honestly, I have many great memories with my friends, and I think all of them are special in their own way.
BEST spot in Menton? There’s a spot right by the cemetery which overlooks Menton — this spot is gorgeous! But there are also hidden spots in the Old Town itself with public seating which looks like a private terrace… those spots are always nice and private to sit on with friends and a coffee, or to get some work down. Another cool spot is the park by Garavan which is underrated — it has sheep that roam freely for you to feed! madeline Definitely Bastion. I think that atop the wall even on the other side of the wall completely takes you out of Menton. It’s an escape from the city in the most efficient way possible-they also have the best sunset and sunrises there. The wall cancels the noises of the city bustle, and it’s just me and the waves remaining. I cannot recommend it enough.
celeste
caroline The villa terrace. The place where you always find a few people talking, sharing a cigarette, watching a lecture or just being present. It is the place where you forget that you are in Menton with mountains covering the landscape. It is the place of Menton, I will never forget.
DO you have a favorite studying spot?
celeste The library has an amazing view and is always full of
students, which makes it a nice place to study without feeling isolated. I always find myself super productive there! Alternatively, I love going to Monaco or Nice to study at a café with friends — sometimes getting away is the solution to working more effectively. The library madeline or an empty classroom are fantastic places to study because being surrounded by an academic atmosphere places a certain amount of pressure on me to also work equally hard. The silence of it
helps as well as the illusion that everyone else is working (even if they actually aren’t). I know a lot of people also like to study at the beach but it’s not
for everyone because distractions are abundant there.
QUEL bilan tirezvous de cette année ?
SAMY Ce fut à mon sens une année très riche en émotions, qu’elles soient positives ou négatives, et qui n’a laissé personne indifférent. La problématique du COVID-19 a fortement remodelé notre année
académique et sociale. Les moments de doute étaient fréquents et cette nouvelle charge de travail n’était pas toujours simple à gérer, dans
un environnement totalement nouveau. Mais malgré ces aspérités, avec notamment ce premier semestre à moitié confinée et ce deuxième semestre sous le joug d’un couvre-feu qui ne semble pas vouloir finir, j’ai passé une excellente année, à tout point de vue. J’ai fait des rencontres incroyables, découvert des choses que je ne pensais pas voir un jour dans ma vie et j’ai acquis des compétences dont je n’aurais même pas imaginé l’existence (finir vivant une semaine avec 2182 deadlines par exemple). J’ai maintenant hâte d’aborder l’année prochaine, la dernière année sur ce beau campus mentonnais, l’année de la maturité, de la raison peut-être ? Je l’espère moins contraignante et moins marquée par les mesures étatiques incohérentes et liberticides (j’étais bien obligé de marquer mon propos
idéologiquement, en tant que bon science piste qui se respecte). À l’année prochaine, j’ai hâte de vous revoir !
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NOA CHASLES
COLUMNIST
SELMA SISBANE
COMMS. MANAGER
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Toute aventure a une fin. La mienne s’achève ici, à travers ces dernières lignes, avec vous, en vous. Je ne prétends pas vous avoir transporté.e.s par mes prises de position iconoclastes, ni même vous avoir enchanté.e.s. Seulement, j’espère avoir enclenché le levier de la conviction, ouvrage que d’autres se chargeront de poursuivre. J’espère avoir allumé cette braise, qui se tapis aux tréfonds des âmes et qui, coagulée avec ses sœurs, fait chavirer les temps mornes. Désobéissance civile, black bloc, abolition, tout un programme ! Rassurez-vous : jamais je ne ferai de la politique, au sens propre du terme. Autrement, je crains faire ployer quiconque s’interposera entre moi et le peuple souverain. Mais cela n’empêche. Ces visions du monde sont issues d’une culture militante et donc d’idées, de personnes, auxquelles je dois l’entièreté de ces écrits. La radicalité s’apprend. Ma visée, en rejoignant l’équipe du Zadig, au-delà d’exercer mon unique fascination pour le journalisme, était avant tout de nature didactique. Introduire les ferments de la révolte dans le cœur de mes camarades politisé.e.s me réjouissait au plus haut point. Mais j’aimerai porter mon regard sur le lointain. Si je vous évoque toutes ces choses, ce n’est pas pour qu’elles croupissent dans le placard des utopies. Non. La radicalité se vit, s’éprouve, se corporalise. Si je vous évoque toutes ces choses, c’est pour que vous passiez, à votre tour, à l’action. Bien sûr, il ne s’agit pas de calciner les institutions et de briser la glace du capital, enfin, pas tout de suite, chaque chose en son temps. L’enjeu, ici, était de faire prendre conscience du potentiel d’action de celui.celle qui n’en aurait pas encore pris la pleine mesure. Je crois dur comme fer à l’ardeur révolutionnaire qui sommeille dans tout un chacun. Oui, camarade, vous pouvez désobéir ! Oui, camarade, vous pouvez changer vos présupposés sur la tactique du black bloc ! Oui, camarade, un monde sans police est possible ! Loin des parois hiémales de la politique, qui tranchent les débats aussitôt que le clivage fait surface, ma démarche se voulait fédératrice, mais pas pacificatrice. Le monde perdrait de sa teneur, de même que de son sens, si, d’un battement de cil, le blanc recouvrait les êtres. Alors, par-dessus tout, consoeurs, confrères, réformateur.trice.s, révolutionnaires, rêveur.euse.s métaphysiques, pragmatiques chevronné.e.s, engagé.e.s, passif.e.s, amoureux.euses, tristes, j’implore, cette nuit, demain, quand le cadran affichera 12:00, votre sagesse tourmentée et vos passions philosophiques : n’attendez pas que la lutte se déploie autour de vous et dérobez les armes, courrez les rassemblement nocturnes, paralysez l’habitude et clandestinez la vie ! Pour le pire et pour le meilleur, Joseph Pelé-Siraudeau, chroniqueur déchu le 4 mai 2021.
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On leaving Menton Disclaimer: My personal experience in Menton is inherently shaped by my whiteness and the privilege attached to it, which makes it possible for me to romanticize my time here to the extent that I do. On a very practical level, and especially due to Menton’s location at the border of Italy, this privilege manifests (for example) in interactions with the police and border control, the often-conservative older residents of our little town, as well as intra-campus dynamics.
ANGIE WEITZ
GUEST COLUMNIST
The ideal of Menton as an educated, orat least open-minded, bubble/echo-chamber is just that: an ideal. Whether on the topic of race, sexuality or gender (not to mention the lack of diversity regarding students’ socio-economic backgrounds), our community still has a lot of work to do. That being said, please enjoy my attempt to talk about the thing I’ve been denying the most: leaving. How do you find the words to say goodbye? To describe what you lived, what you are leaving behind, and what you are taking with you? The classic attempt would be the quote in the 2018 Gala video : “one day all of us will get separated from each other. We will miss our conversations about everything and nothing, and the dreams we had. Days, months and years will pass. One day, our children will see our pictures and ask “Who are these people?” And we will smile with invisible tears, and say: “It was with them that I had the best days of my life…” I love the dramatic cheesiness and honestly I also wrote some stuff that sounds like “each of us is part of this experience, therefore each of us will leave with a part of it. And it will connect us throughout all our life. We will meet again and smile because we both, we all were witness to this time, this place and those people,” but it is a bit too much and certainly unrealistic, so I’ll try to find other, more nuanced words. I combed my diaries, looking for how I used to describe this Menton experience, and realized I started writing so early on about the pain that would come with leaving. For example, 2018-Angie wrote about how “feeling nostalgic over something that has yet to happen is one of my most recurrent feelings and it is horrible because instead of fully living in the moment and creating memories, I get sad because it will be one day gone.” This preemptive nostalgia is recently getting
triggered whenever someone plays Angela by Hatik :) On an October night of 2019 (I actually have no clue what happened in order to put me in that specific mood), 2A-Angie attempted to express a different type of feeling: “It truly is a movie-set town. I wouldn’t know how to describe it to anyone outside. [...] It isn’t because of the school, or the town, or the people. It is the spirit that we pass on. It lives in the school, in the town and within people’s hearts. [...] And my heart will be broken when I leave. I don’t know if I will ever be able to go back. It is a movie-set town but I don’t know if I can bear being only a spectator.” Fun fact, the first time I heard someone call Menton a “movie-set town,” it was my amazing friend/roommate Ian Christensen. I recently asked how he came up with it and he told me it was “because of how the buildings look at night time when the streets are empty and the light shines on them in a plastic fake whimsical kinda looking way.” We could probably collectively add so many more reasons as to why Menton looks and feels so idyllically unreal, (and certain substances might even lead you to realize you are trapped in a painting) but
I just want to point out that it was LITERALLY a movie set on several occasions. I’m serious, just Google “never say never again motorbike chase scene” and you can see James Bond cruising down the stairs of Rue Longue :)
countries) and the sweet CROUS funding allowed me to fit in quite easily, which in retrospect was maybe not the best approach.
The main recurring theme whenever I try to think or write My incapability to describe my Mentonese life to someone about leaving this place is basically I don’t know if I can ever on the outside is certainly due to the fact that I’m bad at ex- go back to Menton (without sobbing the entire fucking time plaining stuff in general, but comes mainly from the unique- because it will never be the same again). I think about visitness of the experience, or rather our overblown perception ing this place years in the future, with family or friends, walkand romanticization of that uniqueness. Don’t get me wrong, ing through these streets soaked in memories, and the sheer Menton is not normal in any way (a bunch of international emotion that will probably overpower me. But even though students trapped between Monaco, Italy, the mountains and I can attempt to imagine the pain of coming back, I think I’m the sea? What did they expect lol), but I think that we tend still in denial about the concept of being away, so I will rely to get used to this idea that Menton is a “bubble” or a “mi- on the words of those who already left. crocosm,” somehow untouched by whatever is going on on a larger scale. But Menton does not exist in a vacuum and During all of my 1A, there was this one compliment pinned I’ve come to realize how dangerous that perception can be. on the SSA group, and I kind of kept going back to it, underDuring my two years, I have often felt like, even though we standing more and more what this “random 3A” (who must study political now be a 5A) was talking about: “I miss science and are you guys. I miss the Rue Longue Fun fact, the first time I heard somegenerally supwalk up to school and saying bonone call Menton a “movie-set town,” posed to be well jour to everyone, having a quick educated on so- it was my amazing friend/roommate chat with Albert at the gate, even cial issues, the Ian Christensen. I recently asked how waiting in line for a shitty espreselitist character he came up with it and he told me it so at an 8 am class. I miss seepresent within ing you guys hang out in front was “because of how the buildings the institution of the EE, having tons of bake (as well as the look at night time when the streets sales per week, passing c o m m u n i t y ) are empty and the light shines on by Frites City to enables this de- them in a plastic fake whimsical always tachment from kinda looking way.” reality. And even though I don’t necessarily share the same socio-economic background as the majority of this campus, my ‘international background’ (which is not really international, it’s literally two neighboring
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find some of you just chilling there (I'm looking at you Manny and Jeremy), and even rushing to College Vento for practices. You have all been amazing people, and my only regret is not having the time to get to know you all better. 1As, take this advice from a fellow 3A: Menton is all about your experiences, not your grades. Enjoy classes, but don't stress over them. Cherish your friendships and cook chez your amis as frequently as you can. For the haram ones out there: drink wine (but not too much! seriously ends up badly otherwise) and rum (with moderation....). Always remember to walk on the beach with people you already love and with people you want to love. The weather is always nice for a walk, even when it snows! With lots of love, a random 3A hbbt.” The Manny mentioned in that post is one of the people that shaped my (and many others) first year in many ways, so I think it’s only fair
I believed it to be over already, and I don’t know if this time will hurt even more. I don’t know who I will be once this is over. I DON’T KNOW WHO I WILL BE ONCE THIS IS OVER.” that I share (with permission) his crisis/breakdown/reflection about being away, which reassured me that I’m not the only crazy bitch out here romanticizing Menton to the EXTREME: “I would trade ANYTHING. ANYTHING. To be back in Menton with everyone right now. There isn’t even a WORD TO DESCRIBE this deep panic and nostalgia. I f*cking miss it and life was literally perfect (calm and dramatic at the same time) and the PEOPLE. MY GOD. THE PEOPLE. What the F*CKCKCKCCKCKCK how was that only two years of my life. Looking back at photos gives me this NEED for the past life I’m starving. And I don’t know how to describe this visceral longing but it’s like, you don’t feel it when you don't think about it but as soon as something reminds you are drawn into this memory whirlpool, and no way Menton is even f*cking real, like HOW. And everything in your present life loses meaning and you just want to go back home to Brothel one last time and cook and dance and film silly videos with your friends because deep down Men-
ton represents your CORE and unfiltered true self, and everything that has come after has felt like a race or a competition. And even though there were trying times, Menton was a place where you were truly unequivocally HAPPY and you just have a NEED for this feeling again. Conclusion: Menton is a drug and I’m done being sober.” The thought of Menton being my unfiltered true self was cute at first, but it deepend when exchange student Aoife asked me this crazy question: “If there was a person that is exactly like you, has the same mindset as you, etc. (and lived the same life up until the moment you met), would you like that person and want to be friends with them?” Sitting next to the rocks and looking at postcard-perfect-Menton, I took some time before I came up with my final answer: No. I’m in a moment in my life where I am reflecting on the past three years in Menton and trying to hold myself accountable because I know that I f*cked up and did not necessarily apply the concepts I believe in and participated/perpetuated (in) a culture that is harmful and toxic on various layers, and did so often uncritically. So I would be disappointed, angry and resentful towards that person and express those feelings in order to maintain a certain pressure for change. But I would also be gentle and understanding with that person because dwelling in guilt is exactly what has immobilized me in the past so I’d really just tell that person “okay, do better,” because I believe in the fact that I can do better. I’m glad my third year here ended with that reflection, even though I really thought that coming back would kind of make things easier, because I had more time to get used to the idea of Menton coming to an end, which wasn’t really given to us last March. But the truth is that I only accumulated more memories, love, and relationships with amazing people that I now need to leave behind. The last time I arrived at Menton by train after winter break, I had this deep panic I tried to express in the following words: “I try to not dwell in the imagination. I try to not dwell in the realization. that this time, it is really the last time. It will be over, for good. I believed it to be over already, and I don’t know if this time will hurt even more. I don’t know who I will be once this is over. I DON’T KNOW WHO I WILL BE ONCE THIS IS OVER.” I’m happy to announce that I am indeed still terrified :)
Putting my existential crisis on the side, I think what helps me is the fact that what we call “spirit of Menton” (which, for me, breaks down into an appreciation of Menton and it’s beauty, the forging of strong bonds between people and the intensity of the experience) has been passed down, even though this year was different in many ways. This shared experience has another consequence that my dear friend Paul pointed out to me when he visited a month ago: “There is a beauty in this nostalgia because it isn’t individual but collective”. The hereditary character of this “Mentonese spirit” might sound like a stretch, but it really isn’t: Abhinav Shetty found a ten-year-old WordPress blog by SciencesPo students, and specifically an article called “In the Quest of the Spirit of Menton,” published in February 2011 by someone named Isaac Chan. The article starts with the question “What do we take away with us above all when we remember the days in Menton?” — and ends with — “A community spirit in Menton might not be what we had expected, but it exists! It might not be the same communal pride we see in American universities, or the intellectual solidarity of British colleges, but our cultural, diverse character is unique in its own right. It will take the effort of everyone to sustain this feeling and enrich our university life with memories we will not soon forget. ALLEZ LES MENTONNAISSSS!!” If you scroll through the blog and the various articles in the category “vie de campus,” you should quickly realize that we still have the same issues: complaints about the administration, the BDE, and these terrible stairs, resentment over the English/French track divide and the lack of contact with the IUT, and even poems about Menton that Lamiss Azab had people write in her Arabic class. (just ask Abhi about the link and go discover it on your own, I don’t want to spoil it anymore than I am already doing). These similarities encourage me to believe that there is a community spirit that survives past our own experience with it, but this apparent lack of change is also very wor-
rying. As the intellectual community we pretend to be, we should have moved past the issues addressed ten years ago and our understanding of “Mentonese spirit” should have evolved since then, because instead of simply passing it on we should actively shape it and try to do better. I understand and, to a certain extent, share the attachment to expressions and celebrations of this “Mentonese spirit” in chants, traditions and phrases such as Ummah, but I don’t think that this attachment can or should be used as an excuse for their often racist and Orientalist character, even if it is supposedly ironic (Lamiss Azab literally called us out publicly — albeit jokingly — on our Orientalism last year). I’m using the example of the chants because it is a recurring issue being rightfully addressed, but it is also simply an illustration of deeper issues that are present on our campus and in society at large, so the work doesn’t start nor stop there. We need to question our understanding of Mentonese culture and spirit critically because each of us also shapes that culture, and is responsible for the direction in which we push it. On a personal note (let’s pretend this whole thing was not written like a diary entry for one second), I cannot continue to use my romaniticization of the Mentonese experience as an excuse to blind myself from the reality and systemic presence of rape culture, Orientalism, racism, Islamophobia etc. within our institution AND our community. So I want to thank and give credit and praise to the FU, ASO, SPRH, SciencesPalestine but especially Alwanat for the incredible and necessary work they have been doing this year. Fighting for change in a community that thinks of itself as progressive while holding onto this ideal of the “Mentonese spirit” and the Orientalist attitudes permitted by it is incredibly challenging, as we have seen in the resistance and mockery faced by Alwanat as an anti-racist association. I also want to thank and give credit to the people that put time and effort into holding me and others accountable. I appreciate you and I’m working on it. And now I’ll get back to writing this terrible essay I haven’t submitted yet before focusing on spending these last two weeks walking on the beach with the people I love.
wow, what a
f*cking wild ride that was!
je rêve ou j’écris ça sur la 126e page, ce qui nous donne un grand total de
396 pages
du Zadig de novembre 2020 à mai 2021 ?
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I pinched my nose and felt it, so I can’t be dreaming. C’est vrai. 396 pages. Wow. But it is only grâce à
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ÉDITION N˚5 | AVRIL/MAI 2021
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